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Le projet scientifique et culturel de l'Inguimbertine :

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<strong>Le</strong> <strong>proj<strong>et</strong></strong> <strong>scientifique</strong> <strong>et</strong> <strong>culturel</strong> <strong>de</strong> l’Inguimbertine :grant celles <strong>de</strong>s autres filières <strong>culturel</strong>les,notamment celles en vigueurdans les musées.<strong>Le</strong>s gran<strong>de</strong>s lignesdu <strong>proj<strong>et</strong></strong> <strong>scientifique</strong><strong>et</strong> <strong>culturel</strong> <strong>de</strong> CarpentrasUn <strong>proj<strong>et</strong></strong> symboliqued’envergureLa ville <strong>de</strong> Carpentras (30 000 habitants)porte un <strong>proj<strong>et</strong></strong> symboliqued’envergure 2 : la réhabilitation <strong>de</strong>l’ancien hôtel-Dieu en vue d’y transférerl’Inguimbertine. L’hôtel-Dieu <strong>et</strong>l’Inguimbertine ont été fondés simultanément,au xviii e siècle, par l’évêque<strong>de</strong> la ville, dom Malachie d’Inguimbert(1683-1757). La restauration <strong>de</strong> l’hôpitals’inscrit dans un contexte urbain enpleine évolution grâce à la requalificationdu centre-ville ancien <strong>et</strong> à la miseen valeur <strong>de</strong> son patrimoine architectural.Conçu par le prélat commeun « palais pour les plus démunis »,l’hôtel-Dieu a été classé monumenthistorique en 1862. C<strong>et</strong> édifice dominel’ancienne capitale du Comtat Venaissinpar son histoire, son échelle <strong>et</strong> sesqualités architecturales. <strong>Le</strong>s espaces intérieursse signalent par leur majesté :vestibule orné d’une collection <strong>de</strong> « donatifs» ; escalier monumental, chefd’œuvrearchitectonique ; vastes salles<strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s situées au sud ; chapelleau goût italien affirmé ; apothicaireriecomparable à celles <strong>de</strong>s hôtels-Dieu<strong>de</strong> Lyon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Beaune. La fonction hospitalièredu lieu a perduré jusqu’en2002, imprimant durablement son2. Voir :– « <strong>Le</strong> pôle <strong>culturel</strong> <strong>de</strong> l’hôtel-Dieu <strong>de</strong>Carpentras », BBF, 2007, n o 1, p. 52-56.En ligne : http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2007-01-0052-008– « Carpentras : le <strong>proj<strong>et</strong></strong> <strong>scientifique</strong> <strong>et</strong><strong>culturel</strong> <strong>de</strong> l’Inguimbertine », Patrimoines :revue <strong>de</strong> l’Institut national du patrimoine, 2008,n o 4, p. 56-63.<strong>Le</strong> PSC « L’Inguimbertine à l’hôtel-Dieu »ainsi que les documents afférents à savalidation par les services <strong>de</strong> l’État peuventêtre consultés en ligne sur le site <strong>de</strong> l’agencerégionale du livre Provence Alpes-Côte d’Azur,à l’adresse suivante : www.livre-paca.org/in<strong>de</strong>x.php?show=actualites&d<strong>et</strong>ail_actualites=126&m=14<strong>Le</strong> patrimoine écrit mis en scène dans les réserves <strong>de</strong> l’Inguimbertine : buste <strong>de</strong> Peiresc, reliures <strong>et</strong>casiers <strong>de</strong> médailliers aux chiffres du savant ; rouleau d’Esther en hébreu du xv e siècle ; capitulation enarabe signée par Soliman I er !"#!$%&'()*+#!#'!,-./!0!1+23%&#4!%+5!%36#4!7#!$&3!789'&+(6:#3;!0!7%'4!"#!fond <strong>de</strong> la salle, composition allégorique commandée par le fondateur <strong>et</strong> manifeste <strong>de</strong> l’institution :L’Éveil <strong>de</strong> l’Intelligence grâce au mon<strong>de</strong> silencieux <strong>de</strong>s livres. Photo : Chalineempreinte dans la mémoire collective<strong>de</strong>s carpentrassiens, <strong>de</strong>meurés trèsattachés à ce monument.Unique en son genre, l’Inguimbertineest une institution regroupantau sein d’un seul <strong>et</strong> même servicemunicipal une bibliothèque <strong>de</strong> lecturepublique, <strong>de</strong>s fonds patrimoniaux <strong>de</strong>renommée internationale, les archivesanciennes <strong>et</strong> quatre collections muséographiques: beaux-arts, arts décoratifs,archéologie, arts <strong>et</strong> traditionspopulaires.L’ensemble est dirigé par unconservateur mis à la disposition<strong>de</strong> la commune par l’État ; il veilleau maintien <strong>et</strong> à la cohésion <strong>de</strong> c<strong>et</strong>émoignage précieux <strong>de</strong> l’interdisciplinaritésouhaitée par le fondateuréponyme <strong>de</strong> l’établissement. Au fil dutemps, les municipalités successivesont confirmé ce statut original. Parl’ancienn<strong>et</strong>é <strong>de</strong> sa fondation, ses spécificitéshistoriques, la richesse <strong>de</strong> sescollections, l’Inguimbertine est ancréedans l’i<strong>de</strong>ntité comtadine. En dépit<strong>de</strong>s efforts accomplis ces <strong>de</strong>rnièresannées, les conditions structurelles <strong>de</strong>meurentinadaptées aux besoins <strong>de</strong> laville <strong>et</strong> <strong>de</strong> son bassin <strong>de</strong> vie. Partant, lavolonté <strong>de</strong> la municipalité <strong>de</strong> déplacerl’Inguimbertine dans l’ancien hôtel-Dieu offre les conditions nécessaires àla valorisation <strong>de</strong> son patrimoine <strong>et</strong> aubbf : 2011 27t. 56, n o 4


<strong>Le</strong> <strong>proj<strong>et</strong></strong> <strong>scientifique</strong> <strong>et</strong> <strong>culturel</strong> <strong>de</strong> l’Inguimbertine :=+#!78+'#!4%""#!>3?)&+3%';!"8#5>14(;(1'!>?3#''#!7#4!@1'74!>%;3(61'(%+5!#;!7#4!A1""#A;(1'4!6+4?1&3%>B(*+#4!"134!7+!;3%'4@#3;!7#!"89'&+(6:#3;('#!C!l’hôtel-Dieu. En attendant la réalisation du <strong>proj<strong>et</strong></strong>, un décor <strong>de</strong> rayonnages <strong>et</strong> <strong>de</strong> livres en trompe-l’œil offre un cadre <strong>de</strong> présentation aux ouvrages,>#(';+3#4D!#4;%6>#4D!6#+:"#4!#;!1:E#;4!78%3;!%F%';!%>>%3;#'+!C!$&3!789'&+(6:#3;G!H'!4#+"!#;!6I6#!>%3A1+34!7#!7?A1+2#3;#!>"1'&#!"#!>+:"(A!7%'4!"%!réinterprétation d’une « bibliothèque-musée » d’inspiration romaine. Photo : Chalinerôle dans la vie <strong>culturel</strong>le <strong>de</strong> la cité.Il lui incombe <strong>de</strong> démontrer l’utilité<strong>scientifique</strong>, intellectuelle <strong>et</strong> sociale<strong>de</strong> la bibliothèque ou du musée dontil a la charge. Il ne peut pour cela fairel’économie d’une réflexion en profon<strong>de</strong>ursur l’établissement qu’il dirige <strong>et</strong>il doit étendre c<strong>et</strong>te réflexion à tous lesaspects <strong>de</strong> son environnement.Une attention particulière doit êtreapportée à la perception <strong>de</strong> l’institutionpar le public <strong>et</strong> dans l’imaginairecollectif. Pour présenter leur établissement,certains conservateurs ont tropsouvent l’habitu<strong>de</strong> d’énumérer d’abordle nombre <strong>de</strong> places assises dont ils disposentpour asseoir le public. Confondantla fin <strong>et</strong> les moyens, ils oublientl’essence même <strong>de</strong> la bibliothèque : aucommencement étaient les fonds !En eff<strong>et</strong>, les collections <strong>et</strong> leur significationconstituent la raison d’être<strong>de</strong> tels organismes <strong>et</strong> la condition sinequa non <strong>de</strong> leur audience auprès dupublic. <strong>Le</strong>ur rassemblement <strong>et</strong> leurréunion peuvent paraître disparates :c’est au conservateur à révéler l’intérêt<strong>de</strong>s collections, à donner un sens à c<strong>et</strong>ensemble <strong>et</strong>, ainsi, à bâtir une stratégiepour l’établissement. À l’heure oùl’on peut s’inquiéter <strong>de</strong> voir aliéner<strong>de</strong>s collections publiques, la meilleureréponse à apporter, afin d’éviterqu’elles ne soient ressenties commeune charge financière, est d’expliquerce qu’elles sont, ce qu’elles signifient,ce qu’elles représentent pour notremémoire. Bref, en faire un atout pourla collectivité qui en est propriétaire oudépositaire. Quand nos tutelles nous<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s liens sociaux<strong>et</strong> <strong>de</strong> répondre aux aspirations d’unpublic <strong>de</strong> plus en plus large, l’attentionportée aux collections, les chantiers<strong>de</strong> conservation ou <strong>de</strong> restauration,la « valorisation » <strong>de</strong>s réservessont <strong>de</strong>s outils appréciables <strong>de</strong> médiation<strong>culturel</strong>le.<strong>Le</strong>s convergences<strong>et</strong> freins entre les filièresbibliothèque <strong>et</strong> muséeUne dynamique d’ensembleUn <strong>proj<strong>et</strong></strong> <strong>scientifique</strong> <strong>et</strong> <strong>culturel</strong>est un document contractuel s’appuyantsur une analyse <strong>de</strong> la mission<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’environnement <strong>de</strong> l’établissement,ainsi que sur l’i<strong>de</strong>ntification<strong>de</strong>s attentes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sespublics, pour y répondre au mieux.Avant tout, un PSC est une réflexionstratégique au service d’une politique: il doit dégager une dynamiqued’ensemble <strong>et</strong> déboucher sur <strong>de</strong>s propositionsconcrètes d’action. Instrument<strong>de</strong> dialogue <strong>et</strong> <strong>de</strong> négociation,en particulier avec les tutelles <strong>et</strong> lespartenaires, il constitue aussi un document<strong>de</strong> cadrage perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>rle cap dans un quotidien envahissant.bbf : 2011 29t. 56, n o 4


ConfluencesOutil <strong>de</strong> pilotage, il sert, enfin, <strong>de</strong> tableau<strong>de</strong> bord – ce document ayant faitl’obj<strong>et</strong> d’une délibération municipale –auquel tous les acteurs du <strong>proj<strong>et</strong></strong> seréfèrent. <strong>Le</strong>s points forts <strong>et</strong> les pointsfaibles <strong>de</strong> l’institution y sont i<strong>de</strong>ntifiés<strong>et</strong>, selon les cas, les développementsou les remè<strong>de</strong>s à apporter sont signalés.Ainsi, la politique à venir d’acquisition,<strong>de</strong> restauration, d’animation,d’exposition, <strong>de</strong> programmation <strong>et</strong> <strong>de</strong>recherche <strong>de</strong> l’établissement se fon<strong>de</strong>sur les orientations définies dans lePSC. Tous ces aspects, évoqués dansles musées, sont directement applicablesau domaine <strong>de</strong>s bibliothèques.Si le conservateur est le plus àmême <strong>de</strong> discerner <strong>et</strong> <strong>de</strong> présenterl’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> l’établissement, sa personnalité,son originalité, sa spécificité parrapport à un autre équipement ou unautre territoire, la définition <strong>de</strong> c<strong>et</strong>teimage se fon<strong>de</strong> non seulement sur lescollections, mais aussi sur le caractèredu bâtiment qui les abrite, l’ambiance<strong>de</strong> ses espaces, la variété <strong>et</strong> la qualité<strong>de</strong> ses services, déterminés en fonction<strong>de</strong> ses utilisateurs.Dans un environnement précis, àun moment donné, dans un territoirecirconscrit, c’est encore au conservateurà exprimer la vocation <strong>de</strong> l’établissementpar rapport à ses <strong>de</strong>stinatairesd’aujourd’hui <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.Quel est son rôle dans la cité ? Quelleimage confère-t-il à sa tutelle ? Quereprésente-t-il pour ses publics <strong>et</strong> queleur apporte-t-il aujourd’hui ? Quellerelecture <strong>de</strong>s collections faut-il opérerpour les rendre perceptibles au plusgrand nombre, <strong>et</strong> par quels moyens ?Ce questionnement est commun àn’importe quelle institution, <strong>et</strong> il existemaintes « confluences » entre les différentstypes <strong>de</strong> collections. <strong>Le</strong>s enjeuxsont les mêmes pour une bibliothèque,un musée, un service d’archives :conservation <strong>et</strong> enrichissement <strong>de</strong>scollections, accès aux œuvres <strong>de</strong> l’esprit<strong>et</strong> médiation auprès <strong>de</strong>s publics.Un public en quête <strong>de</strong> repèresLa problématique d’un conservateuren charge <strong>de</strong> collections <strong>de</strong>beaux-arts (peintures pour l’essentielà caractère religieux, mythologique <strong>et</strong>historique) est la même que celle d’unconservateur <strong>de</strong> fonds patrimoniauxécrits <strong>et</strong> graphiques (ouvrages en latin,en grec, aux thématiques humanistes).<strong>Le</strong> public actuel dispose <strong>de</strong> moins enmoins <strong>de</strong>s références nécessaires pourlire – au propre <strong>et</strong> au figuré – <strong>et</strong> pourdéco<strong>de</strong>r <strong>et</strong> comprendre l’ensemble<strong>de</strong> ces productions littéraires <strong>et</strong> artistiquesd’une époque révolue.Dans le domaine <strong>de</strong> la médiationégalement (lecture publique, atelierspédagogiques, heures du conte, visitesthématiques), les préoccupations <strong>et</strong>les problématiques entre les bibliothèques<strong>et</strong> les musées sont similaires.Quels que soient les conservateurs,ils ont pour objectif <strong>de</strong> rendre leursétablissements attractifs pour tous lespublics. À mesure que l’accès à l’informationou au savoir se dématérialise(notamment avec le développement<strong>de</strong>s nouvelles technologies), les usagersempruntent <strong>de</strong> moins en moins<strong>de</strong> livres. En revanche, ils manifestent<strong>de</strong> plus en plus leur quête <strong>de</strong> repèresà la fois symboliques <strong>et</strong> tangibles. Entémoignent l’engouement <strong>et</strong> l’enthousiasme<strong>de</strong>s visiteurs pour les aspectsconstitutifs <strong>et</strong> matériels <strong>de</strong>s livres, <strong>de</strong>stableaux ou <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s.À Carpentras, c<strong>et</strong>te observationa incité à proposer une « contextualisation» <strong>de</strong>s collections : la scénographie<strong>de</strong>s fonds patrimoniaux mêleles œuvres picturales <strong>et</strong> les obj<strong>et</strong>safférents aux différents fonds bibliographiques.Il s’agit <strong>de</strong> renforcerl’impression d’accumulation propreaux cabin<strong>et</strong>s d’étu<strong>de</strong>s pour susciter laflânerie, le rêve, l’inspiration. L’articulationentre les diverses collectionspropres à l’institution a conduit à trouver<strong>de</strong>s solutions innovantes <strong>et</strong> adaptéesau bassin <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> l’agglomération,en tenant compte du contextehistorique, local <strong>et</strong> social <strong>de</strong> l’Inguimbertine.Un tel constat a incité à relativiser<strong>de</strong>s préconisations élaborées exclusivementsur <strong>de</strong>s schémas standardisés.<strong>Le</strong>s recommandations en matièred’aménagement, d’agrandissement, <strong>de</strong>construction <strong>de</strong> bibliothèques élaboréespar le ministère <strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong><strong>de</strong> la Communication dans un désir<strong>de</strong> maillage du territoire supposent,pour certaines d’entre elles, <strong>de</strong>s prérequisremontant à une quarantained’années. Elles se révèlent parfoisinadaptées à une population <strong>et</strong> à <strong>de</strong>susages d’aujourd’hui dont l’évolutionn’était guère prévisible alors. En outre,au nom <strong>de</strong> l’égalité <strong>de</strong> l’accès <strong>de</strong> tousles citoyens à la culture, qui reste unprincipe intangible dans ses fon<strong>de</strong>ments,ces préconisations ont eu poureff<strong>et</strong> <strong>de</strong> produire partout <strong>de</strong>s établissementsuniformes, aseptisés, trop souventdénués <strong>de</strong> personnalités propres :« G6&77%"( 7.$%"!( %7( H1%+( -&( *6%7"/1+mité.» C<strong>et</strong>te formule d’Houdar <strong>de</strong> LaMotte vaut autant pour les publics quepour les professionnels…Des procéduressensiblement i<strong>de</strong>ntiques<strong>Le</strong>s procédures dans les politiques<strong>de</strong> conservation <strong>et</strong> <strong>de</strong> restauration sontaujourd’hui sensiblement i<strong>de</strong>ntiqueschez les conservateurs <strong>de</strong> bibliothèques<strong>et</strong> <strong>de</strong> musées. <strong>Le</strong>s dossiers <strong>de</strong>restauration pour les documents relevant<strong>de</strong>s bibliothèques sont soumis aucomité technique <strong>de</strong> restauration <strong>de</strong>sbibliothèques publiques du ministère<strong>de</strong> la Culture <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Communication ;ceux concernant les œuvres muséographiquesdoivent être validés par lacommission <strong>scientifique</strong> régionale <strong>de</strong>restauration, instance présidée par ledirecteur régional <strong>de</strong>s affaires <strong>culturel</strong>les.La prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>s défistechniques imposés pour l’aménagement<strong>de</strong>s réserves <strong>et</strong> leur éventuelleprésentation au public est une préoccupa tion partagée autant par les bibliothèquesque par les musées. <strong>Le</strong>snouvelles approches <strong>de</strong> la diffusion <strong>de</strong>la culture encouragent <strong>de</strong> plus en plusl’ouverture <strong>de</strong>s bibliothèques à unlarge public, avec notamment <strong>de</strong>s espacesd’exposition <strong>de</strong>s fonds précieux.Pourquoi les bibliothèques ne bénéficieraient-ellespas <strong>de</strong> l’expérience acquisepar les musées dans le domaine<strong>de</strong> la valorisation <strong>de</strong>s collections ? Sansperdre <strong>de</strong> vue les spécificités d’unlivre 3 , le patrimoine écrit <strong>et</strong> graphique3. Sur les difficultés liées à l’exposition dupatrimoine écrit, voir le compte rendu <strong>de</strong> lajournée d’étu<strong>de</strong> organisée le 14 juin 2007,au musée <strong>de</strong>s Beaux-arts <strong>de</strong> Nancy, par ladirection régionale <strong>de</strong>s affaires <strong>culturel</strong>les <strong>de</strong>Lorraine <strong>et</strong> le centre régional <strong>de</strong> formation aux30 bbf : 2011t. 56, n o 4


<strong>Le</strong> <strong>proj<strong>et</strong></strong> <strong>scientifique</strong> <strong>et</strong> <strong>culturel</strong> <strong>de</strong> l’Inguimbertine :ne semble pas plus fragile que <strong>de</strong>s tissus,<strong>de</strong>s tapisseries, voire <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>sou certaines œuvres d’art contemporainmêlant <strong>de</strong>s supports composites.Pourquoi ne serait-il pas possible <strong>de</strong>conduire <strong>et</strong> d’organiser une présentationpermanente d’ouvrages anciensen répondant à toutes les exigencestechniques <strong>et</strong> financières d’une bonneconservation du patrimoine ?Or, les principaux freins aux rapprochementsentre bibliothèque <strong>et</strong>musée qu’il m’a été donné <strong>de</strong> rencontrerau cours <strong>de</strong> ces années proviennentpour l’essentiel <strong>de</strong>s professionnelseux-mêmes, réticents à unaggiornamento pourtant inévitable.Pour l’anecdote, j’évoquerai unsentiment ressenti maintes fois à monarrivée à Carpentras : mêler au seind’une même institution, dans uneexposition pérenne, <strong>de</strong>s tableaux, <strong>de</strong>sœuvres d’art <strong>et</strong> <strong>de</strong>s livres était considérécomme hasar<strong>de</strong>ux par quelquesresponsables <strong>de</strong> musées ; présenter<strong>de</strong>s œuvres d’art au milieu <strong>de</strong>s livresétait suspecté d’élitisme par plusieursbibliothécaires…À la direction régionale <strong>de</strong>s affaires<strong>culturel</strong>les, les représentants<strong>de</strong>s différentes filières formulèrent<strong>de</strong>s réserves au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te nouvelleapproche, se r<strong>et</strong>ranchant <strong>de</strong>rrière lerespect <strong>de</strong> la division administrative.Une incompréhension similaire apparutégalement chez certains agents <strong>de</strong>l’Inguimbertine, souvent parmi lesplus jeunes <strong>et</strong> les plus diplômés. Lapolyvalence, le croisement entre différentesmétho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail <strong>et</strong> l’extension<strong>de</strong> champs <strong>de</strong> compétencesqu’implique c<strong>et</strong>te confrontation ausein <strong>de</strong>s diverses filières <strong>culturel</strong>lesont été perçus comme une remise encause <strong>de</strong> leur i<strong>de</strong>ntité professionnelle.En revanche, le soutien indéfectible <strong>et</strong>renouvelé tant <strong>de</strong>s municipalités successives<strong>de</strong> Carpentras <strong>et</strong> du corps préfectoralque <strong>de</strong>s services concernés <strong>de</strong>l’administration centrale du ministèrem’a toujours été acquis.carrières du livre, <strong>de</strong>s bibliothèques <strong>et</strong> <strong>de</strong> ladocumentation <strong>de</strong> Nancy 2, avec le concours<strong>de</strong> la Direction du livre <strong>et</strong> <strong>de</strong> la lecture :Jean-François Delmas, « Muséographie dupatrimoine écrit : approches critiques » », BBF,2007, n o 6, p. 104-105. En ligne : http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2007-06-0104-013ConclusionPenser un programme <strong>scientifique</strong><strong>et</strong> <strong>culturel</strong> suppose <strong>de</strong> trouver la meilleureadéquation entre les contenus<strong>et</strong> les publics ; mener un tel <strong>proj<strong>et</strong></strong>est lié, bien sûr, à la communication,<strong>et</strong> induit une ouverture, une prise <strong>de</strong>risque allant bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> centresd’intérêt délimités : les conservateurs– notamment ceux qui se voientconfier <strong>de</strong>s responsabilités <strong>de</strong> terrain –ne peuvent guère se limiter à un seulsupport (le livre, la peinture, la sculpture,les obj<strong>et</strong>s d’art, l’archéologie,les archives, les <strong>de</strong>ssins, l’estampe), àune pério<strong>de</strong>, à une école artistique ouà un genre littéraire. <strong>Le</strong> haut niveaud’expertise acquis dans l’une ou l’autre<strong>de</strong> ces spécialités doit perm<strong>et</strong>tre auconservateur <strong>de</strong> s’adapter à tout type<strong>de</strong> domaines.La rédaction du PSC implique <strong>et</strong>expose directement sa responsabilitéprofessionnelle. Un bon <strong>proj<strong>et</strong></strong> supposedonc une inlassable curiosité,une maîtrise <strong>de</strong> son suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> le désirsincère d’offrir au public, certes l’accèsà l’information, mais, surtout, lesconditions optimales d’appropriation<strong>de</strong>s connaissances nécessaires à uneconstruction individuelle épanouie.<strong>Le</strong> PSC offre une possibilité <strong>de</strong>sortir <strong>de</strong>s sentiers battus du métiertout en plaçant les professionnels aucœur du processus <strong>de</strong> décision <strong>de</strong>la collectivité. Elle oblige à s’ouvrir àd’autres pratiques, à pénétrer d’autreslogiques. Dans le cadre du PSC <strong>de</strong>Carpentras, le but assigné est moins lesavoir que la transmission <strong>et</strong> l’apprentissagedu savoir : la littérature, l’histoire,la philosophie, la théologie, l’histoire<strong>de</strong> l’art, l’histoire <strong>de</strong>s sciences <strong>et</strong><strong>de</strong>s religions, la musicologie, les languesrégionales <strong>et</strong> la philologie, autant<strong>de</strong> disciplines éminemment précises,précieuses <strong>et</strong> présentes à l’Inguimbertine,délicates à maîtriser sans doutepar tous les publics. Il semblait doncplus approprié <strong>de</strong> s’attacher à affermirla mémoire, susciter l’imagination,provoquer les associations d’idées,valoriser le parcours émotionnel, touséléments contribuant à accompagnerla formation <strong>de</strong> l’être, son jugement <strong>et</strong>son goût. !Mai 2011bbf : 2011 31t. 56, n o 4

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