Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
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CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />
de satiété chez les carnivores est par ailleurs liée à la distension stomacale. Un animal<br />
au régime tend à réclamer plus volontiers à manger et peut développer des comportements<br />
gênants (agressivité, anxiété, vol, destruction…) surtout s’il avait l’habitude<br />
de recevoir des extras ou de manger à volonté ! Si le propriétaire se laisse déborder<br />
par ces comportements, il peut très vite y avoir une dérive et une situation d’échec !<br />
Afi n de ne pas trop limiter le volume alimentaire et assurer une satiété qui perdure,<br />
deux solutions sont possibles : utiliser des aliments industriels secs (croquettes) de «<br />
faible » densité énergétique ou bien utiliser des aliments « riches » en eau c’est-àdire<br />
soit des aliments industriels humides soit une ration ménagère adaptée. L’eau<br />
est un excellent « diluant » de l’énergie. Les effets bénéfi ques sont une<br />
forte augmentation du volume de la ration, une ingestion plus lente, garantissant<br />
une meilleure satiété et une augmentation du volume hydrique ingéré, tout à fait<br />
bénéfi que en matière de prévention des urolithiases auxquelles le chat obèse est<br />
particulièrement exposé. Dans certains cas, l’apport d’extras pourra être autorisé sous<br />
contrôle. Les morceaux de fruits (pomme, fraise) sont souvent appréciés par les chiens<br />
et constituent des friandises « peu énergétiques ». Chez le chat, les crevettes, par<br />
exemple, constituent des « extras acceptables ». Pour résumer, un aliment adapté<br />
devra apporter le moins d’énergie possible (kcal EM/100g) et contenir le plus de<br />
protéines possible ! Enfi n, une visite de contrôle est obligatoire et fi xée au bout de<br />
4 à 8 semaines.<br />
LE PREMIER CONTRÔLE<br />
Deux cas de fi gures peuvent se présenter. Le cas favorable : tout va bien !<br />
L’animal maigrit normalement, le propriétaire est satisfait. On peut alors reconduire<br />
le régime et fi xer une nouvelle visite de contrôle. Le délai entre les visites varie selon<br />
le contexte et doit être adapté aux désirs du propriétaire qu’il faut assurer de sa<br />
disponibilité et de son soutien. Le cas défavorable : l’animal n’a pas maigri<br />
ou, pire, a grossi ! Dans ce cas, il faut vérifi er que la prescription d’aliment était<br />
correcte. Il arrive que la quantité prescrite soit insuffi samment réduite par rapport à la<br />
situation de départ. Dans ce cas, la perte de poids est insignifi ante au bout de 1 mois<br />
! Parfois, la prescription peut même excéder la ration initiale de l’animal. Cette situation<br />
est particulièrement fréquente lors de la prise en charge d’un labrador. Il faut<br />
ensuite réévaluer le contexte familial et le suivi de la prescription sans culpabiliser<br />
les propriétaires. Il faut apprécier la motivation familiale et vérifi er que les consignes<br />
ont été bien comprises. Si le propriétaire assure qu’il a scrupuleusement suivi les<br />
consignes et qu’il n’y a pas eu d’écart par rapport au régime prescrit, il est inutile<br />
de mettre ses propos en doutes et il faut proposer des examens complémentaires.<br />
RECHERCHER LES DYSENDOCRINIES ASSOCIÉES À L’OBÉSITÉ<br />
Plusieurs dysendocrinies sont la cause ou la conséquence de l’obésité et elles engendrent<br />
des résistances à l’amaigrissement. En pratique, les examens qui présentent<br />
le plus d’intérêt sont : l’exploration de la fonction thyroïdienne avec dosage de<br />
la TSH (chien), le dosage des IGF-1 (chien et chat), et celui de la prolactine (chat).<br />
Ces examens permettent d’établir un diagnostic clinique précis, d’avoir un pronostic<br />
quant à la facilité qu’aura l’animal à maigrir et de pouvoir proposer un traitement<br />
médical d’accompagnement dans le cas de l’hypothyroïdie, qu’elle soit primaire ou<br />
fonctionnelle, en plus du régime alimentaire, traitement qui va déclencher a la perte<br />
pondérale. Lorsque l’animal est vraiment rebelle à tout régime amaigrissant, il existe<br />
des solutions pharmacologiques. Ces produits, destinés pour l’instant exclusivement<br />
au chien, bloquent l’absorption des lipides alimentaires qui s’accumulent dans les<br />
entérocytes mais agiraient également sur la satiété. Bien que séduisants au plan de<br />
la prise en charge, ces médicaments ne permettent pourtant pas de s’affranchir de la<br />
mise en place d’un régime adapté pour des résultats à long terme.<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
Néant.<br />
Rôle de la nutrition dans le traitement de<br />
l’insuffi sance rénale chronique L. MARTIN<br />
DMV, Maître de Conférences, Dr en Nutrition de l’ENV de Nantes,<br />
Atlanpole la Chantrerie – BP 40706 – F-44307 NANTES Cedex<br />
L’insuffi sance rénale chronique (IRC) est une affection majeure en médecine vétérinaire<br />
puisque c’est la seconde cause de mortalité après les cancers. Elle se caractérise<br />
à la fois par un processus d’infl ammation chronique et une perte progressive<br />
de la fonction rénale. Au plan biologique, l’infl ammation entraîne une carence<br />
en fer, une diminution de l’albuminémie et une augmentation de la globulinémie,<br />
tandis que les conséquences de l’atteinte rénale aggravent l’hypoalbuminémie<br />
et l’hypohémoglobinémie et provoquent une baisse du rapport Calcium (Ca)/<br />
Phosphore (P) plasmatique. La dialyse régulière étant quasiment impossible<br />
à mettre en place, les traitements palliatifs restent les seules armes du vétérinaire.<br />
Parmi les traitements, les modifi cations raisonnées des apports nutritionnels<br />
jouent un rôle majeur. Très brièvement, ces modifi cations visent à : 1) limiter la progression<br />
des lésions ; 2) diminuer les conséquences de la carence des fonctions ré-<br />
• 94 •<br />
nales, endocrine, excrétrice, et sécrétrice ; 3) prévenir les complications ; 4) améliorer<br />
le confort de vie. De nombreux aliments spécifi ques sont proposés pour répondre à<br />
ces objectifs. Cependant, tous les produits proposés diffèrent par leur formulation, et<br />
le rôle du vétérinaire est de choisir l’aliment le mieux adapté à la situation clinique<br />
afi n, à la fois, d’augmenter la qualité de la vie de son patient et de la prolonger. Pour<br />
répondre à ce double objectif, la formulation des aliments doit, non seulement répondre<br />
à des critères thérapeutiques précis, mais aussi, pour éviter d’aggraver<br />
les états de dénutrition énergétique et protéique, doit aboutir à la production d’un<br />
aliment très appétent, garantie de son effi cacité à long terme.<br />
Les modifi cations nutritionnelles doivent toujours reposer sur les résultats<br />
d’un bilan biologique individuel. Il n’existe pas de recette générale<br />
même si de grandes lignes peuvent être dégagées.<br />
L’apport énergétique doit être ajusté pour limiter la perte pondérale.<br />
L’allocation énergétique initiale est identique à celle de l’animal sain, soit 130<br />
× poids corporel 0,75 (kg 0,75 ) kcal EM/j chez le chien et 50-60 kcal EM/kg/j chez le chat.<br />
Cependant, chaque individu réagira de façon différente et seul un suivi attentif<br />
du poids permettra de limiter une perte excessive.<br />
Limiter la quantité et augmenter la qualité des protéines ingérées reste un élément<br />
clé dans la gestion d’un animal IRC, car les protéines sont impliquées dans 1) le<br />
développement de l’acidose métabolique, 2) la quantité de phosphore ingérée car<br />
les sources de protéines animales contiennent du phosphore, 3) la production des<br />
catabolites azotés et 4) la progression de la glomérulosclérose.<br />
Pour limiter le catabolisme azoté et ne pas exacerber l’acidose métabolique, il faut<br />
d’abord assurer la couverture du besoin énergétique, puis limiter la quantité de protéines<br />
apportée à la stricte couverture du besoin d’entretien, en prenant<br />
soin d’apporter des protéines très digestibles, de haute valeur biologique, avec un<br />
bon équilibre en acides aminés indispensables. Chez le Chien, le National Research<br />
Council (NRC) dans son édition de 2007 recommande un apport journalier minimum<br />
de 2,62 g de protéines par kg 0,75 et chez le Chat de 3,97 g de protéines par<br />
kg 0,67 , ce qui représente 125 g de viande par jour pour un chien de 20 kg<br />
et environ 60 g de viande pour un chat de 5 kg. Pour mémoire, la viande<br />
contient en moyenne 20 % de protéines.<br />
Cependant, l’appétit des animaux IRC est fréquemment faible et capricieux, ce qui<br />
les conduit progressivement à un état de cachexie. Il s’agit d’une complication<br />
fréquente de l’IRC qui augmente la mortalité et la morbidité. Cet état est la conséquence<br />
d’apports nutritionnels quantitativement insuffi sants, mais aussi de l’acidose<br />
métabolique, de la production excessive de cytokines proinfl ammatoires liées au processus<br />
morbide ainsi qu’à une augmentation du métabolisme de base. L’ensemble se<br />
traduit par une perte de poids, une fonte musculaire et une hypoalbuminémie. Parmi<br />
les facteurs à l’origine de la perte d’appétit, les cytokines, en particulier TNF-α et IL-6,<br />
jouent un rôle majeur. Ces cytokines entraînent des nausées, des altérations du goût,<br />
peuvent provoquer des gastrites et ralentissent la vidange gastrique. Plus largement,<br />
c’est l’ensemble du système neuro-endocrinien central et périphérique de régulation<br />
de l’appétit et des métabolismes qui se trouve gravement perturbé. Tout aliment présenté<br />
à l’animal dans ces conditions conduira au développement d’une aversion<br />
alimentaire durable. L’objectif premier du traitement est donc de ne pas<br />
induire d’aversion alimentaire. Pour cela il est indispensable de traiter la nausée, de<br />
limiter l’acidité gastrique et de stimuler la vidange gastrique en utilisant les médicaments<br />
appropriés, avant de prescrire un nouvel aliment. Enfi n, parfois, le recours aux<br />
substances orexigènes peut être envisagé, mais avec prudence car ce sont souvent<br />
des molécules à effet central (psychotropes, anti-dépresseurs). En revanche, la vitamine<br />
B12 et les acides gras oméga-3 doivent être utilisés. Ces derniers ont un<br />
effet anti-infl ammatoire et anti-cytokines bien démontré et une effi cacité rapportée<br />
sur la prise alimentaire. Il faut également ajouter que l’IRC entraîne des carences<br />
polyvitaminiques, notamment pour les vitamines du groupe B (thiamine, niacine, pyridoxine<br />
et folates sont les plus citées) et des carences en oligo-éléments (cuivre et<br />
zinc) qui aggravent les états de dénutrition et qu’il faut compenser. Soulignons enfi n<br />
que chez le Chat, il faudra surveiller tout particulièrement la kaliémie car l’IRC et<br />
l’hypertension artérielle qui lui est souvent associée induisent une hypokaliurie, et<br />
celle-ci aggrave tous les signes cliniques (nausée, vomissements,…).<br />
Les perturbations du métabolisme phosphocalcique (perte du calcium, rétention des<br />
phosphates) constituent l’autre point clé de la pathogénie de l’IRC. Elles induisent<br />
en effet un hyperparathyroïdisme secondaire compensatoire qui contribue à la progression<br />
des lésions rénales. Le corollaire est que le bilan biologique doit inclure<br />
obligatoirement un dosage du calcium, du phosphore et idéalement de<br />
la PTH sans oublier les protéines totales. Très brièvement, l’hyperparathyroïdisme<br />
secondaire s’installe en 3 phases. L’augmentation initiale de la sécrétion<br />
de PTH a pour seule origine une perte de calcium, totalement indétectable au plan<br />
biologique car la calcémie est immédiatement corrigée par une libération de PTH. A<br />
moyen terme, la concentration en PTH continue à augmenter sous l’effet combiné<br />
des altérations de la calcémie (↓), de la phosphatémie (↑) et du calcitriol (métabolite<br />
hydroxylé rénal de la vit D ↓). A moyen terme, l’hyperparathyroïdisme provoque<br />
une augmentation des glandes parathyroïdes. Lorsque l’état d’hyperplasie est<br />
atteint, l’animal répond mal, voire ne répond plus, aux mesures thérapeutiques qui<br />
visent à corriger le métabolisme phosphocalcique. Pour éviter d’atteindre ce stade<br />
ultime, il faut limiter l’hyperPTH en diminuant les apports alimentaires en P