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Numéro 61 - Le libraire

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Libraire d’un jourD ENISV ILLENEUVEEntreromantismeet luciditéAu fil des douze dernières années, Denis Villeneuve s’estimposé dans notre paysage cinématographique avec ses filmsUn 32 août sur Terre, Maelström et, plus récemment,Polytechnique. Accaparé par la sortie d’Incendies, son nouveleffort adapté de l’œuvre de Wajdi Mouawad, le Trifluviend’origine a trouvé le temps de revenir pour nous sur les lecturesqui l’ont marqué.ParStanley Péan10 • LE LIBRAIRE • OCTOBRE - NOVEMBRE 2010<strong>Le</strong> moins qu’on puisse dire au sujet des rapports de Denis Villeneuve avec lalittérature, c’est qu’ils sont marqués au sceau de la pudeur. Affligé d’une mémoirequ’il estime défaillante et d’un sentiment persistant d’imposture, le cinéaste etscénariste craignait de ne pas se souvenir suffisamment de ses lectures. Pourtant,notre <strong>libraire</strong> d’un jour s’est révélé un lecteur sensible dont les observations surles œuvres témoignent d’une compréhension des textes qui transparaît par ailleursdans son cinéma.« Mes premiers émois de lecture sont liés à trois caisses pleines de numéros du Journalde Tintin qu’une tante allait jeter à la poubelle », se rappelle Villeneuve, attendri par lesouvenir des bandes dessinées franco-belges de son enfance. « Hergé, Franquin, Gotlib,Pratt, je les ai adorés. Je lis encore un peu de BD, avec les enfants, mais si peu. Jepeux me tromper, je ne suis pas expert, mais il me semble qu’il manque à la BDcontemporaine ce romantisme, ce lien avec l’Histoire que je trouvais dans les BuckDanny, les Corto Maltese et les Alix qui m’ont tant marqué. » Villeneuve reconnaît quecet amour de jeunesse reflétait déjà un certain « désir de cinéma » chez lui : « J’ai faitun peu de bande dessinée, plus jeune; j’avais un copain qui dessinait et j’écrivais lesscénarios. C’est vrai que la BD et le cinéma ont beaucoup en commun : le rapport aucadrage, le découpage technique et un certain ludisme… »Quant au premier choc de lecture proprement littéraire, Villeneuve l’attribue sanshésiter au « Cycle de Dune » de Frank Herbert, dont il a lu la totalité à partir de sonentrée au secondaire : « J’étais très friand de science-fiction et c’est le gros truc quim’a accroché. Avec le recul, je crois que les livres d’Herbert décrivent par anticipationnotre monde postcolonial, notre XXI e siècle et les rapports problématiques entre politiqueet religion, l’opposition entre l’Occident et l’Islam. L’ennui, c’est qu’aprèsHerbert, aucun auteur de SF ne m’a autant ébranlé. J’ai essayé de me plonger dansAsimov, mais le charme n’opérait pas. Il m’a fallu attendre la découverte de La Routede Cormac McCarthy pour ressentir un choc similaire. Je l’ai lu en version originale,pour la musique de son écriture. Au-delà du récit, j’ai été bouleversé par l’écriture, labeauté de l’épure, la structure et la rythmique de la phrase. Ce livre figurera longtempsdans mon “Top 5” littéraire. »L’artiste en face du mondeSi la littérature d’anticipation n’a pas su accrocher Denis Villeneuve, le reste du corpuslittéraire mondial ne l’a pas ménagé en émois d’un autre type, à commencer parl’œuvre de Yukio Mishima : « Ma première rencontre avec lui, ç’a été <strong>Le</strong> Pavillon d’or,un roman qui m’a habité longtemps, dont les propos sur la tyrannie de la beauté, surles rapports entre la nature et la beauté m’ont profondément troublé. Je l’ai lu à la finde l’adolescence, et je crois qu’il a beaucoup influencé mon propre regard sur lesublime, le sacré, le rituel. » Comme pour son rapport avec Herbert, notre <strong>libraire</strong> d’unjour, qui se définit ironiquement comme un monogame en lecture, a poursuivilongtemps et intensément sa relation avec Mishima : « J’ai lu <strong>Le</strong> Marin rejeté par la mer,La Musique et <strong>Le</strong> Soleil et l’acier, enfin environ la moitié de son œuvre complète, parcequ’elle correspondait à mon propre romantisme exacerbé. »« LE CYCLE DE DUNE »(PLUSIEURS TOMES)Frank HerbertPocketentre 12,95 et 15,95 ch.LA ROUTECormac McCarthyPoints256 p. | 14,95$LE PAVILLON D’OR,LE MARIN REJETÉ PAR LAMER, LA MUSIQUE ET LESOLEIL ET L’ACIERYukio MishimaFolioentre 12,95$ et 14,95$ ch.ÉTRANGE MUSIQUEÉTRANGÈRE<strong>Le</strong>onard Cohen, L’Hexagone292 p. | 26,95$LE CAP DE BONNEESPÉRANCEJean CocteauGallimard256 p. | 14,95$L’ÉCUME DES JOURSET J’IRAI CRACHERSUR VOS TOMBESBoris Vian<strong>Le</strong> livre de poche10,95$ ch.

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