adieu Marilyn, bonjour Lara - Université de Lausanne
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Femmes en armes : <strong>adieu</strong> <strong>Marilyn</strong>, <strong>bonjour</strong> <strong>Lara</strong>SOCIÉ T É© N. ChuardPas facile d’écrire sur les femmes etles armes. Les étu<strong>de</strong>s manquent etle sujet semble aussi un peu tabou. Saufpour le magazine masculin «Penthouse»qui publiait, il y a quelquetemps, une série <strong>de</strong> photos <strong>de</strong> femmesnues mais armées, suscitant unerévolte <strong>de</strong>s lecteurs. Allez savoir pourquoi,les armes semblaient les choquerdavantage que la pornographie. Unequestion <strong>de</strong> génération? Ce qui est sûr,c’est que les amateurs <strong>de</strong> jeux vidéon’ont pas cette réaction <strong>de</strong> rejet faceaux femmes armées. Ils adorent <strong>Lara</strong>Croft, la plus célèbre <strong>de</strong>s héroïnes <strong>de</strong>jeu vidéo dont on peut résumer le personnageen quatre mots : gros seins etgros pétards.Chaque nouvelle sortie <strong>de</strong> ses aventuresest saluée par <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> fanset se sol<strong>de</strong> tout aussi régulièrement par<strong>de</strong>s ventes astronomiques partout dansle mon<strong>de</strong>. Consécration suprême pourun personnage virtuel, <strong>Lara</strong> Croft aMelody Bourbon,sociologue à l’Université <strong>de</strong> <strong>Lausanne</strong>droit aujourd’hui, comme Super Mario,à son propre film produit par Hollywoo<strong>de</strong>t qui sort fin juin dans les sallesroman<strong>de</strong>s. Tout indique qu’il <strong>de</strong>vraitfaire un malheur au box office.«<strong>Lara</strong> plaît aussi aux femmes»N’allez pas croire que <strong>Lara</strong> Croftn’emballe que <strong>de</strong>s machos informatiques,plutôt jeunes, boutonneux et enmal d’amour. Ce personnage est unphénomène bien plus complexe quecela. «<strong>Lara</strong> Croft plaît aussi aux femmes»,fait remarquer Melody Bourbon,une sociologue qui prépare un DEAromand entre autres à l’Université <strong>de</strong><strong>Lausanne</strong> (UNIL), après avoir rédigéun mémoire sur les femmes guerrièreslors <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s à Londres.Au cours <strong>de</strong> ses recherches, MelodyBourbon a découvert un club d’admiratriceset <strong>de</strong> clones <strong>de</strong> <strong>Lara</strong> Croft quiorganisent plusieurs fois par an <strong>de</strong>scompétitions internationales dans lanature, un genre <strong>de</strong> «Camel trophy»sans jeep mais avec un petit arsenal <strong>de</strong>poche. Parmi les participantes, jeunesEuropéennes et Américaines surtout,il y a aussi quelques femmes mûres qui,très certainement, ne lisent pas «Penthouse»,puisqu’elles s’exhibent avec<strong>de</strong>s bazookas, <strong>de</strong>s fusils et <strong>de</strong>s pistoletsqui ont l’air bien réels.Condition pour participer aux festivités:s’inspirer aussi fidèlement quepossible du modèle. Porter une longuetresse brune, un short moulant, unt-shirt itou et un ceinturon double,comme dans les westerns, avec unelanière <strong>de</strong> chaque côté censée maintenirl’engin contre la cuisse, mais dontl’effet esthétique n’est pas sans rappelercelui d’une jarretelle (voir soushttp://network.ctimes.net/cb/lara/larapics.html).Le modèle <strong>de</strong> la femmepostmo<strong>de</strong>rne<strong>Lara</strong> Croft n’est pourtant pas la premièrefemme armée <strong>de</strong> l’histoire ducinéma. A l’écran, les femmes ont prisles armes <strong>de</strong>puis longtemps. On sesouvient <strong>de</strong> Bonnie and Cly<strong>de</strong>, <strong>de</strong>spétroleuses, <strong>de</strong> Nikita, du couple fémininve<strong>de</strong>tte du film «Baise-moi» ou <strong>de</strong>l’inoubliable Sigourney Weaver dans«Alien».Aucune d’elles n’a pourtant suscitéautant <strong>de</strong> fantasmes que <strong>Lara</strong> Croft.Aurait-elle quelque chose <strong>de</strong> plus queses prédécesseures qui titille l’inconscientcollectif et qui expliquerait cesdéguisements? Melody Bourbon n’apas <strong>de</strong> réponse. Seulement une hypothèse.<strong>Lara</strong> Croft ne serait-elle pas lemodèle <strong>de</strong> la femme postmo<strong>de</strong>rne, libérée,indépendante et égale <strong>de</strong> l’homme?«<strong>Lara</strong> Croft est très belle, explique-telle,avec une étrange lueur dans lesyeux. Mais elle a aussi d’autres qualités.Elle est intelligente, intrépi<strong>de</strong>. Ellesait se servir d’une arme. C’est uneaventurière et une exploratrice, unesorte d’Indiana Jones au féminin. Ellea fait <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et elle exerce le métierd’archéologue. C’est pour cela qu’elleporte <strong>de</strong>s lunettes ron<strong>de</strong>s. Et que le jeudans lequel elle apparaît s’appelle«Tomb Rai<strong>de</strong>r». C’est une intellec-44A LLEZ SAVOIR! / N° 20 JUIN 2001