Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000d’études obligatoires par cycle deneuf jours inscrites à leur horairepour travailler en équipe à leur projet,les rencontres le soir ou durantla fin de semaine n’étant pas toujoursfaciles à organiser. D’ailleurs,les exigences du travail par projetsont amené certains élèves à se retirerdes groupes du PEDI.Le soutien du professeur de françaisparaît indispensable pourassurer une cohérence méthodologique,note l’équipe du PEDI. Oractuellement, en 3 e secondaire,aucun professeur de français ne faitpartie de l’équipe. Il faudrait trouverun moyen de remédier à cela.Les membres de l’équipe font égalementremarquer que pour engagerdes élèves dans la réalisation deprojets, il faudrait enrichir labibliothèque scolaire et favoriserl’accès à Internet. De plus, la misesur pied d’un centre de ressourcespédagogiques destiné aux enseignantssoucieux d’explorer d’autresapproches serait bien utile.Cela dit, les contraintes propres àl’organisation scolaire au secondairen’ont pas eu raison de l’enthousiasmede ces précurseurs quisont bien décidés à continuer departiciper au projet PEDI qu’ilsvoient comme un tremplin extraordinairepour entrer dans la réformeà petits pas, en expérimentant l’approchepar projets interdisciplinairesavec des élèves motivés, soutenuspar leur direction et appuyéspar une équipe avec laquelle ils peuventréfléchir, discuter et progresser.À L’ÉCOLE MGR BLUTEAU: LES COMPÉTENCES D’ORDRE PERSONNEL ET SOCIALAU CŒUR DU PROJET ÉDUCATIFPERSONNES RENCONTRÉESDenise Laforge, directriceLouise Gaulin, professeure d’artsMichel Otis, enseignant de4 e annéeSuzanne Sabourin, éducatrice àla maternelleDanielle Savard, enseignante de1 re annéeLise Tremblay, enseignante de2 e annéeTout a commencé par une lecturefaite simultanément parla directrice et une enseignantede 1 re année, soit celle dulivre de Daniel Goleman sur l’intelligenceémotionnelle. Cependant,c’est bien connu, aucun livre nepeut apporter de réponse s’il n’y apas d’abord une question, unepréoccupation. Or à l’école MgrBluteau, à Saint-Félicien (Commissionscolaire du Pays-des-Bleuets),on s’interrogeait déjà sur le fait quedes élèves intelligents et capablesd’apprendre ne progressaient pasautant qu’ils l’auraient pu. On constataitque bon nombre d’élèvesétaient préoccupés par des problèmesqui détournaient leur attentionde l’apprentissage. On avait mêmedéjà engagé une « travailleuse decour » pour aider les élèves à réglerleurs conflits dans la cour d’école.Bref, lorsque Denise Laforge etDanielle Savard se sont revues aumois d’août 1997, elles ont sentiqu’elles avaient trouvé au cours del’été une réponse aux difficultésd’apprentissage des élèves, à leurincapacité à gérer leurs émotions,de même qu’une piste à exploiter :l’éducation à l’intelligence émotionnelle.Restait à trouver des collèguesprêts à participer à l’élaborationd’un projet qui allait être soumisà l’ensemble de l’équipe-écoleet qui allait se transformer par lasuite (ce qui n’était pas prévu) enprojet de recherche-action menéepar six personnes (voir la liste decelles-ci dans l’encadré).JETER LES BASES DU PROJETEn janvier 1998, Danielle Savard,Michel Otis et Denise Laforge sesont donc appliqués à jeter lesbases du projet, c’est-à-dire à préciserdans un premier documentpourquoi il est si important d’apprendreà gérer des émotions et enquoi l’éducation à l’intelligenceémotionnelle pourrait contribuer àrégler certaines situations problématiques.Ils y affirmaient que pourrépondre de façon appropriée auxbesoins d’apprentissage des élèvesil faut se préoccuper d’autresbesoins fondamentaux. Ils situaientl’éducation à l’intelligence émotionnelledans le projet éducatif del’école, lequel visait le développementde l’autonomie et du sens desresponsabilités chez les élèves.Les concepteurs du projet proposaientalors d’élaborer un programmed’éducation à l’intelligenceémotionnelle en deux volets : éducationet rééducation. Le premierferait partie intégrante de la vie de laclasse et favoriserait l’acquisitiond’attitudes et d’habiletés au regardde la conscience et de la réalisationde soi, de la maîtrise de ses émotionsainsi que de la maîtrise de sesrelations. Le second s’adresseraitaux élèves qui ont de grandes difficultésde comportement et dont laréussite éducative est compromise.L’école disposait alors des servicesd’un rééducateur du comportement,ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.Le projet a été présenté au personnelde l’école qui a accepté dePhoto : Denis GaronSUZANNE SABOURIN, DANIELLE SAVARD, DENISE LAFORGE, LOUISE GAULIN,MICHEL OTIS ET LISE TREMBLAYlibérer Danielle et Michel de leurtâche d’enseignement pour élaborerun programme d’éducation àl’intelligence émotionnelle en utilisantle budget alloué au développementpédagogique.UN PROGRAMME ET DESACTIVITÉSDanielle et Michel se sont donc misà la tâche et ont élaboré un programmeet une banque d’activitésque les enseignants et les enseignantespourraient utiliser enclasse. Pour bien faire saisir le conceptde l’intelligence émotionnelle,ils ont utilisé la bicyclette commesymbole, la roue avant représentantl’ouverture nécessaire pour entreren contact avec soi et les autres, laroue arrière signifiant l’empathierequise pour comprendre ce queressent l’autre et le pédalier étant ladétermination indispensable pouragir. Ils en ont également précisé ladéfinition : « la capacité de gérer sesémotions afin de vivre en équilibreavec soi et les autres. »La constitution de la banque d’activitésleur paraissait nécessaire parceque même si les enseignants et lesenseignantes étaient convaincus del’importance d’amener les élèves àgérer leurs émotions, ils restaientassez démunis sur la façon de s’yprendre pour y parvenir. Michel etDanielle qui avaient déjà vécu uneexpérience personnelle de travailsur soi étaient bien préparés pourconstruire des activités pertinentes.Ils se sont inspirés de programmesexistants ainsi que des catégoriesretenues par Goleman et ils ont créénon seulement des activités maisaussi tout le matériel nécessairepour les mettre en œuvre.Michel, qui était alors rééducateurdu comportement, a mis plusieursde ces activités éducatives à l’essaiauprès de groupes d’élèves. Puis,les enseignants qui le voulaient lesont utilisées dans leur classe. Cesactivités portent, bien sûr, sur lestrois aspects retenus dans le documentd’orientation. Elles permettentaux élèves de reconnaître et denommer leurs émotions, elles lesaident à progresser dans la maîtrisede leurs émotions et dans la résolutionde leurs conflits.PÉDAGOGIQUE 37<strong>DOSSIER</strong>
<strong>DOSSIER</strong>UNE RECHERCHE DANSL’ACTION ASSORTIE D’OUTILS ETD’ACCOMPAGNEMENT<strong>Au</strong> moment où Danielle et Michelmettaient au point le programme etles activités, s’est créé un consortiumrégional de recherche en éducation.L’idée a alors surgi deprésenter un projet de rechercheactionafin d’obtenir une subvention.Trois autres personnes se sontjointes au groupe de départ pourélaborer le projet qui a pris unegrande envergure en 1999-2000 etconnaîtra une véritable expérimentationen 2000-2001. Non seulementle projet a-t-il été accepté,mais il a même obtenu un prix.On peut donc considérer l’année1998-1999 comme la situation initialeau cours de laquelle lesenseignants ont été invités à répondreà un sondage pour repérer lesdifficultés le plus fréquemmentrelevées chez les élèves et qui semanifestent dans des comportementsobservables. Ainsi, on a puconstater que bon nombre d’élèvesmanquaient d’autonomie, d’efficacitéet de confiance en eux.Puis, en 1999-2000, ont commencéles interventions de l’école, notammentla création d’une allégoriemettant en scène des personnagesqui avaient des difficultés semblablesà celles qu’éprouvaient lesélèves. Cette allégorie a été transforméeen pièce de théâtre qui a étéjouée le jour de l’accueil au débutde l’année. Une chanson a égalementété composée par LouiseGaulin pour l’occasion. Depuis, lesélèves la chantent régulièrement. Lacréation de l’allégorie a joué unrôle important parce qu’elle a permisà l’ensemble du personnelde l’école de même qu’aux élèvesd’utiliser les mêmes images et lemême langage pour parler desémotions.En même temps que les enseignantset les enseignantes étaient invités àmettre en œuvre les activités de labanque dans leur classe pourfavoriser l’éducation à l’intelligenceémotionnelle des élèves, ils étaientinformés sur les attitudes de l’intervenantqui pouvaient aider l’élève.Les attitudes qui favorisent l’apprentissagesont à développer nonseulement chez l’apprenant maisaussi chez l’intervenant. C’est pourquoiune session de formation dedeux jours a été offerte au début del’année à ceux et à celles qui ledésiraient. Quinze membres du personnelde l’école sur vingt-deux yont participé et s’en sont montréstrès satisfaits.À cette session de formation, il fautajouter la création du cercle de viepédagogique (sur le modèle descercles de qualité) auquel ceux etcelles qui le désirent peuvent participer.La rencontre a lieu une foispar mois. Elle est animée parDanielle qui propose des sujets dediscussion. À chaque rencontre,huit à dix enseignants et enseignantessont présents. C’est un lieud’échange d’idées très riche quipermet de créer un esprit d’équipemais aussi de travailler à la définitionde concepts précis. Ceux etcelles qui le souhaitent peuventdonc être accompagnés et soutenusdans la mise en œuvre d’actionsvisant le développement de compétencesd’ordre personnel et social.D’ailleurs l’équipe responsable duprojet a élaboré des grilles d’attitudesque chacun peut utiliser pours’autoévaluer, reconnaître ses attitudeset réfléchir à des moyens des’améliorer. L’équipe a égalementcréé un outil pour jauger le climatde la classe ainsi qu’une série degrilles portant sur des problèmesprécis.Les membres de l’équipe responsabledu projet ont expérimenté cesoutils, ce qui leur a permis de fairedes découvertes étonnantes, entreautres, celles-ci : souvent, le matérieldidactique est étouffant etbrime la créativité, ou encore, lesélèves ont l’impression qu’ils n’ontpas le droit de rire dans la classe,alors qu’on croyait faire preuved’humour. Ce sont donc des outilsde réflexion à la disposition de tous.Nous ne parlerons pas de l’expérimentationplus systématique quidoit avoir lieu cette année, les membresde l’équipe s’étant engagés àrédiger un article pour faire partdes résultats de leur travail. Commeils visaient une amélioration de 10p. 100 en ce qui a trait aux comportementsdes élèves qui, selon lesenseignants, ne favorisaient pasl’apprentissage, nous verrons sileur action a porté ses fruits.LA COLLABORATION DESPARENTSOn se doute bien que les parents ontaussi un rôle à jouer dans l’améliorationdes compétences d’ordrepersonnel et social des élèves. <strong>Au</strong>ssi,l’équipe-école n’a-t-elle pas manquéde les informer du projet et de solliciterleur collaboration.Les parents des enfants de la maternelle,ceux des élèves de 1 re et de 2 eannée ont été invités à participer àune rencontre animée par la directrice,ainsi que par Danielle et leresponsable du programme Passe-Partout. On leur avait fait part desdifficultés des élèves décelées parles enseignantes et dit clairementqu’on ne cherchait pas à éluciderles causes de ces difficultés maisbien à trouver les moyens d’aider lesjeunes à les surmonter. Une deuxièmerencontre animée par une psychologuea permis aux parentsd’examiner quel type de parents ilsétaient et comment ils pourraientaméliorer leurs interventions.Bien sûr, le projet a été présenté auconseil d’établissement. Depuis,Danielle signe régulièrement desarticles dans le journal La page desparents.CIBLER SES INTERVENTIONSLe projet d’éducation à l’intelligenceémotionnelle de l’école MgrBluteau montre bien que l’équipe aciblé ses interventions sur un ordreprécis de compétences transversales,mais il est certain que lesactions entreprises auront desrépercussions beaucoup plus largesnon seulement sur les élèves, maisaussi sur l’équipe-école elle-mêmequi entre dans l’esprit de la réformeet qui sera de plus en plus appelée àtravailler de façon concertée. Quantaux élèves, on constate qu’ils commencentà utiliser le langage desémotions, à prendre conscience desmoments où ils n’arrivent pas à lesmaîtriser et à faire un effort pour yarriver. De plus, comme l’a constatéDanielle, il arrive que le seul fait deleur passer un questionnaire surleur comportement en classe ait uneffet bénéfique sur leur comportement.VIE 38 Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000Photo : Denis GaronPhoto : Denis Garon
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