L’HUMEURJEUX OLYMPIQUES DOPAGEFondeurs à l’arrêtDouze fondeurs, dont un Français, Jean-Marc Gaillard, ont été interditsde départ en raison de paramètres sanguins anormaux.TURIN –de notre envoyé spécialPREMIERS FRIMAS extra-sportifs,hier sur les Jeux, à travers l’annonceconfirmée d’une déclaration d’inaptitudedurant cinq jours délivrée àl’encontre de douze fondeurs et fondeuses,lesquels présentaient en lacirconstance des valeurs d’hémoglobinesupérieure aux normes admises(16 pour les femmes, 17 pour leshommes). L’information, renduepublique très tard dans la soirée dejeudi (L’Équipe d’hier) et reprise hiermatin pour les huit premiers,concerne donc Jean-Marc Gaillard,l’Allemande Evi Sachenbacher(championne olympique à Salt LakeCity avec le relais 4 × 5 km), le CanadienSean Crooks, les Bélarusses SergueïDalidovitch et Alexandre Lazutkin,la Russe Natalia Matveeva et lesAméricains Kikkan Randall et LeifZimmermann. Hier en fin d’aprèsmidi,on apprenait que quatre nouveauxfondeurs présentaient desvaleurs hématologiques horsnormes : les Russes Nikolaï Pankratovet Pavel Korosteliev, le CroateAlen Abramovic et l’Éthiopien RobelTeklemariam, arrêtés cinq jours, euxaussi, à partir d’hier.La Fédération internationale de ski(FIS), par la voix de sa secrétairegénérale, Sarah Lewis, relayée unpeu plus tard par Jacques Rogge luimême,a tenu clairement à replacercette information dans l’espace quilui convient : sanitaire. « En aucuncas, rappelait ainsi le président duCIO, il ne s’agit d’une mesure disciplinaire.Il faut protéger la santé dessportifs à partir du moment où cesderniers présentent des paramètressanguins potentiellement dangereux.Ce qui n’empêchera pas le CIOde pratiquer par ailleurs une détectionde substances interdites. » Lesdouze athlètes, qui n’ont pas faitl’objet d’une détection urinaireparallèle immédiate, ont donc étéarrêtés cinq jours, comme le stipulentles règlements de la FIS, etdevront donc se soumettre à un nouveaucontrôle avant de reprendre lacompétition. On apprenait dansl’après-midi que la Fédération allemandede ski avait fait appel devantle TAS (Tribunal arbitral du sport) –au nom d’Evi Sachenbacher quidéclarait, quant à elle, n’avoir « rienà se reprocher » – contestant cetarrêt d’activité, ce qui est une grandepremière dans le monde sportif. Sonbut est bien évidemment que la fondeuseprenne le départ, demain, dela poursuite 15 km.Ceci étant dit, c’est bien entendu lecas Jean-Marc Gaillard, qui, selon lestaff médical français, ne mérite pasd’interprétation insidieuse, qui anéanmoins provoqué une certaineémotion. Le ministre des Sports, dela Jeunesse et de la Vie associative,Jean-François Lamour, informé parune dépêche AFP vers 23 heures jeudi,a exprimé un léger agacementlors d’une conférence de presse quis’est tenue au Club France de Turin,hier : « Il y a sans doute des explicationsquejeneconnais pas (de la partde la FFS). Je les attends avec impatience…C’est sûr que pour des Jeux,il y a meilleure entame… » Avantd’ajouter : « J’avais fait contrôlertous les athlètes français avant leurdépart, et ils étaient tous négatifs. »Lund suspenduun anLe constat, pour l’heure, est toujoursvalable, pour les Français commepour tous les athlètes accréditéspour ces Jeux.Et ce n’est pas la rumeur insistantenourrie par les déclarations d’unreprésentant du ministère de la Santéitalien, Giovanni Zotta, associé àla task force antidopage olympiqueen vertu du consensus CIO-État italien,qui démentira cette réalité.Annonçant <strong>of</strong>ficiellement la découvertede plusieurs cas d’EPO au laboratoirede Turin, il fut démenti par…Jacques Rogge en personne : « Il n’ya pas de cas positif aux Jeux à ce jour.C’est clair. » Une mise au point quilaisse augurer de lendemainscocasses au niveau de la cohabitationentre ce monsieur et les instancessportives.Légère respiration dans l’actualitéavec le curieux épisode vécu par HermannMaier. Légèrement souffrant,l’Autrichien s’est ainsi vu contrôler,hier, inopinément – et curieusement– au village olympique de Sestrières.Informé que certains de sesfans les plus ardents l’attendaient àla sortie du village, le skieur s’y présentaet se trouva face à des contrôleursdu TOROC (le comité d’organisationde ces JO), qui lui prélevèrentdans la foulée sang et urine…En revanche, rien de bien risible ducôtédu TAS, sis tout près du palais dejustice turinois, où la sentenceconcernant Zach Lund, médaillépotentiel en skeleton, est tombéehier après-midi. Contrôlé positif ennovembre dernier au finastéride – unproduit favorisant la repousse descheveux, inscrit néanmoins dans laliste des produits interdits en vertude sa capacité à masquer la prise decertains stéroïdes (nandrolone) –,l’Américain, épargné par l’USADAmais pas par l’AMA (Agence mondialeantidopage), ne participera pasaux Jeux : il a écopé d’une suspensiond’un an et rentre à la maison.DAMIEN RESSIOT(avec J.-B. R. et P. Laf.)L’ÉDITOL’EXEMPLEÀSUIVREde TurinNE cérémonie vive, colorée, joyeuse et un peuU désordonnée, bourrée de petites émotions, parfoisirréelle, très « italienne » au fond, a ouvert<strong>of</strong>ficiellement hier soir les JO de Turin. Jamais MichelPlatini, lorsqu’il était le maître à jouer de la Juventus,n’aura connu pareille ambiance en son bon vieux StadioComunale, rénové et rebaptisé « olimpico » pour lacirconstance. Du joyeux, de l’émouvant, il était temps,comme l’on est heureux en ce samedi de s’acheminervers les premiers verdicts sportifs des XX es JeuxOlympiques d’hiver.La journée qui a précédé a été moins légère, une foisencore. Une certitude : le dopage s’est encore invité àla fête olympique, même si les informations distilléessur le sujet entre jeudi soir et hier après-midi (quatreathlètes sanctionnés, huit fondeurs « mis au repos »dont le Français Jean-Marc Gaillard) ont eu peu à voiravec l’impact et le rocambolesque de l’affaireKenteris-Thanou qui avait autrement secoué l’approcheimmédiate des Jeux d’Athènes, en août 2004. Maisl’actualité du sport ne cesse, à chaque occasion, denous rappeler que la lutte contre le dopage, menéeavec énergie depuis le début de ce siècle par le Comitéinternational olympique (CIO) et l’Agence mondialeantidopage (AMA), n’en finit jamais et demeureessentielle pour peu que l’on veuille conserver sasignification à la compétition.Jacques Rogge, le président du CIO, a rappelé hier,quelques minutes avant que Stefania Belmondo neranime notre flamme pour les quinze jours à venir, lavaleur d’exemple que devait incarner chaque athlèteprésent à ces JO. « Surtout, participez loyalement enrefusant le dopage », a-t-il cette fois souligné. Il ne serapas entendu de tous. Mais ceux qui chercheront à joueravec les règles ont, bien plus que les générationspassées, la conscience des risques qu’ils prennent.Il ne faudra jamais se plaindre de cette extrêmevigilance. Ces Jeux peuvent commencer très fort pour laFrance. Raphaël Poirée est autant attendu sur les pas detir du biathlon de San Sicario, dès cet après-midi, que lesera Sandrine Bailly à partir de lundi. Et Vincent Vittozpeut brûler les pistes de fond de Pragelato dès demain.Jamais notre pays n’avait abordé des JO d’hiver avecautant d’ambitions côté « nordique ». La traque menéeces dernières années contre le dopage n’en est pas laseule raison. Mais elle n’y est pas étrangère non plus,tant les manipulations sanguines ont pu y influencercertains résultats en ski de fond et au biathlonjusqu’aux JO de Salt Lake City aussi sûrement que dansd’autres disciplines d’endurance.Combat, vigilance : la valeur d’exemple est à ce prix.avec0° (15 heures)-4° (9 heures)Snowboard, (entraînement,à partir de 9 heures)Bardonecchia 2° Ski acrobatique, bosses sesF(qualifications,à 15 heures)Sauze d’OulxPragelatoCombiné nordique, saut à skisCesana San Sicario-1° ( qualifications,à 11 heures)Biathlon,individuel idH0° SestrièresSki alpin, descente H(à partir deCesana Pariol2° (dernier entraînement,13 heures)à 12 heures)FranceCLAUDE DROUSSENTLA MÉTÉO OLYMPIQUEPinerolo7°0°Turin0 2kmLA QUESTION D’HIEREst-il judicieux d’avoir rappeléles anciens Ibanez et Magne,trente-deux ans, pour affronterl’Irlande ?OUI ......................................................................................... 70 %NON ....................................................................................... 30 %(nombre de votants : 49 833)Selon le résultat de vos votes sur lequipe.fr et par SMSL’hémoglobinesoussurveillanceÀ L’INSTAR D’AUTRES Fédérations internationales(biathlon, patinage ou cyclisme),qui utilisent l’étude des paramètres sanguinsdans une logique sanitaire ou disciplinaire(ciblage), la Fédération internationale de ski(FIS) effectue avant les compétitions descontrôles sanguins. Et s’attache à l’observationde l’hémoglobine et des réticulocytes(globules rouges immatures) dont le volumeet la population peuvent témoigner de la pratiquede manipulations, de particularismesgénétiques ou de pathologies. Les douze fondeurscontrôlés (voir ci-dessus) présentaientune concentration d’hémoglobine supérieureaux normes établies par la FIS (17 pourles hommes, 16 pour les femmes.)Qu’est-ce que l’hémoglobine ?C’est une protéineprésente à l’intérieur des globulesrouges – c’est elle qui leur confère d’ailleurscette couleur –, qui joue un rôle essentieldans le transport de l’oxygène, et dont levolume varie en cas de manipulation sanguine.La surveillance de l’hémoglobine, parle biais d’une mesure directe, présente unréel avantagepar rapportàcelle del’hématocrite,qui résulte quant à lui d’un rapport(taux), moins précis, entre le nombre de globulesrouges et le volume sanguin total.Selon le pr<strong>of</strong>esseur Michel Audran, spécialistedu dopage sanguin, et sans toutefoisl’exonérer d’une quelconque responsabilité,la variation observée chez Jean-Marc Gaillard,contrôlé à 17,5 alors qu’il présente unvolume d’hémoglobine frôlant parfois les16,8, « peut tout à fait s’expliquer naturellementet ne semble pas significative ». Enfin,selon Bengt Saltin, directeur de la commissionmédicale de la FIS, « un arrêt de cinqjoursestsuffisantpourpermettreà unathlètede normaliser son volume d’hémoglobine sison niveau élevé est dû à l’altitude ou à ladéshydratation ». –D.R.PRAGELATO. – Les JO à Salt Lake City s’étaient achevéspar les exclusions pour dopage de trois fondeurs. Ceux de Turindébutent par la mise à l’arrêt, avant même l’entame des épreuves,de douze de leurs collègues. (Photo Andrew Medichini/AP)Gaillard fait débatLes Français prennent la défense de leur fondeur en mettanten avant son taux hémoglobine naturellement élevé.PRAGELATO –de notre envoyée spécialeCONTRÔLÉAVEC UN TAUXhémoglobine à 17,5, undemi-point au-dessus du maximum autorisé par laFédération internationale de ski (FIS), Jean-Marc Gaillard,vingt-six ans, ne participera pas à la poursuite,demain. Énervés par l’ampleur donnée à cette information(qu’ils avaient pourtant omis de révéler, laveille, lors d’un point presse), fustigeant les amalgameshâtifs, les membres de l’équipe de France, quiaccueillaient la presse, hier soir, dans leur maison dePragelato, près de Sestrières, n’avaient pas vraimentle sourire. « Sans cettehistoire, vous neseriez pastousvenus », lâchait Alex Rousselet, un des sélectionnés.Jean-Pierre Burdet, directeur de l’équipe de France,prenait aussitôt la défense de Gaillard : « Jean-Marc atoujours eu des paramètres proches de la limite –d’après nos informations, il a très souvent été contrôléautour de 16,5 – mais, en 2002, quand nous avonssoumis son dossier à la FIS, l’autorisation de dépasserle seuil lui a été refusée. »Encore contrôlé hierDepuis, s’étonne Sarah Lewis, secrétaire générale dela FIS, « nous n’avons plus eu de nouvelles. » Marie-Philippe Rousseau-Blanchi, médecin de la Fédérationfrançaise de ski (FFS), rétorque : « Simplement parceque depuis 2002 la situation érythropoïétique (lesparamètres sanguins) de Jean-Marc n’a pas évolué.Pourquoi la FIS luiaccorderait, sur les mêmes bases, cequ’elle lui a refusé il y a quatre ans ? » Jusqu’à jeudi,Gaillard n’avait jamais atteint le taux de 17 et lors deson dernier contrôle, diligenté par la FFS dans le cadredu suivi longitudinal, le 2 février dernier, il était à 16,5.Reste que la France, à l’instar des Allemands dans lecas Filbrich (*) aurait pu « faire pression » sur la FIS ensoumettant inlassablement le dossier Gaillard. «Jen’y crois pas, dit Burdet. Il a fallu que Filbrich soit interditde départ pour qu’il obtienne une dérogation. On aconnu ça avec Vincent Vittoz en 2000. Il avait dû êtremis à l’arrêt pour être autorisé à dépasser le tauxlégal. » Depuis 2001, le leader de l’équipe de France,champion du monde de poursuite, est tranquille sur cepoint : son taux hémoglobine a été reconnu commenaturellement élevé.Gaillard serait dans le même cas. Jeudi, le docteurRousseau-Blanchi a fourni à la FIS les résultats descontrôles le concernant entre 2002 et 2006 mais lejeune homme, pour sa première participation à des JO,a du mal à avaler l’affaire. Hier, vers 16 heures, il a dûse soumettre à un nouveau contrôle, antidopage cettefois, diligenté par l’AMA. Afin de rechercher l’EPO, onlui a prélevé urine et sang. Quatre heures plus tard, aumoment de s’exprimer, il n’évoquait même pas le faitd’être soumis à caution : « J’en veux surtout aux personnesqui n’ont pas validé mon dossier. Un jour, j’ensuis sûr, je serai autorisé à dépasser le seuil, mais cesera trop tard. Je resterai toujours frustré d’avoir ratéla poursuite de mes premiers Jeux. » Sous réserve derésultat négatif suite au contrôle effectué hier, il seraautorisé à reprendre la compétition mardi.DOMINIQUE ISSARTEL(*) Interdit de départ à Kusamo, fin novembre, Filbrichavait fait une première demande, il y a un an, une deuxièmeendébut de saison etenfin une autredébut janvier.Le 9 janvier, il s’est vu attribuer une autorisation temporairede dépassement pour la durée des JO du fait queceux-ci se déroulent en altitude.CIOBach vice-présidentL’Allemand Thomas Bach, champion olympique d’escrime en 1976, a été élu au postede vice-président du CIO en battant facilement, après le retrait de l’Américain JimEaston, l’Italien Mario Pescante (57 voix à 34). Mario Pescante, après les retraits del’Américaine Anita DeFrantz et du Guinéen Alfa Diallo, a difficilement remporté lepremier poste de membre de l’exécutif du CIO en dominant le Sud-Africain Sam Ramsamy(47 voix à 45). Pour le second poste de membre de l’exécutif, le président del’association des comités olympiques africains (ACNOA) a intelligemment retiré sacandidature en faveur de Sam Ramsamy qui l’a finalement enlevé (57 voix à 36). Celafait longtemps qu’aucun Américain n’est plus aux commandes du CIO. – A. L.■ CINQ NOUVEAUX MEMBRES. – Beatrice Allen (GAM), Nicole Hoevertsz(ARU), le Prince Tunku Imran (MAL), Francesco Ricci Bitti (ITA) ont été élusmembres du CIO. Le Néerlandais Heinz Verbruggen a été réélu au CIO et resteradonc président de la commission de coordination des Jeux de Pékin.Fondateur : Jacques GODDETDirection, administration, rédaction, ventes et publicité commerciale : 4, rue Rouget-de-Lisle, 92793 Issy-les-MoulineauxCedex 9. Tél. : 01-40-93-20-20. Télex 631.653. CCP Paris 9.427.90-C.S.A. INTRA-PRESSECapital : 2.150.620 ✴. Durée : 99 ans.Principal associé : S.A. Éditions P. AMAURY.Président du Conseil d’administration : Philippe AMAURY.S.N.C. L’EQUIPECapital : 50 000 ✴. Durée : 99 ans du 12 avril 1985. Siège social : 4, rue Rouget-de-Lisle, 92793 Issy-les-MoulineauxCedex 9. Gérant : Christophe CHENUT. Principal associé : S.A. INTRA-PRESSE.Directeur général, Directeur de la publication : Christophe CHENUTDirecteur des rédactions : Claude DROUSSENTDirecteur de la rédaction du quotidien : Michel DALLONIVENTE : Tél : 01-40-93-20-05Allemagne, 2 ✴ ; Andorre, 2,15 ✴ ; Antilles, la Réunion, 1,30 ✴ ; Autriche, 2 ✴ ; Belgique, 3 ✴ ; Canada, 2,75 CAD ; Côted’Ivoire, 2 500 CFA ; Danemark, 15 DKK ; Espagne, 3,75 ✴ ; États-Unis, 2,5 $ ; Gabon, 1 400 CFA ; Grande-Bretagne,1,30 £ ; Grèce, 1,95 ✴ ; Italie, 3,65 ✴ ; Luxembourg, 3 ✴ ; Maroc, 10 MAD ; Pays-Bas, 2 ✴ ; Portugal, 1,80 ✴ ; Sénégal,1 400 CFA ; Suisse, 3,80 FS ; Tunisie, 1,50 DIN.ABONNEMENTS : Tél. : 01-55-56-70-60.22, rue René Boulanger, 75472 Paris Cedex 10.France métropolitaine, lundi à samedi, 6 mois : 154,50 ✴ ; 1 an : 309 ✴. Lundi à dimanche, 6 mois : 179,10 ✴ ; 1 an : 358,20 ✴.ÉTRANGER : nous consulter.Modifications : joindre dernière bande.Publicité commerciale : MANCHETTE SPORTS, Tél. : 01-40-93-24-99.Petites annonces : 25, av. Michelet, 93408 St-Ouen Cedex. Tél. : 01-40-10-52-15.Commission paritaire n o 1207I82523 ISSN 0153-1069.SATirage du vendredi 10 février 2006: 421 925 exemplairesPAGE 2 SAMEDI 11 FÉVRIER 2006
JEUX OLYMPIQUES 20 KMHOMMESBIATHLONPoirée en missionLe Français, jamais couronné d’or olympique, peut mettre dès aujourd’hui toute l’équipe de France sur orbite.Pour la première journéede ces XX es Jeux d’hiver,la France aura troisoccasions de briller.Même siJason Lamy-Chappuis,révélation de l’hiver encombiné nordique, et labosseuse Sandra Laoura,en ski freestyle,pourraient créer unebelle surprise, le premierpodium tricolore estplutôt attendu du côté dubiathlon. Avec RaphaëlPoirée qui s’élancera surle 20 km vers 13 heures.■ Piste de San Sicarioà partir de 13 heuresSAN SICARIO –(ITA)de notre envoyée spécialese préparer, physiquement et mentalement,pour ce 20 km, la pluslongueet première épreuve de ces Jeux pourlui. Celle qui peut lancer idéalementtoute l’équipe de France, et pas seulementcelle de biathlon. À trente etun ans, Raphaël Poirée ne veut pasrater son entrée en jeu. C’est pourcela, donc, qu’hier après-midi, il nes’est pas entraîné, ni en ski ni en tir.Qu’il a préféré monter sur un vélod’appartement, faire un footing dansles ruelles de San Sicario, et, surtout,visualiser, encore et toujours, cettepiste qu’il connaît par cœur à forcede se la réciter depuis des mois.« Tout le monde m’attend pour cesJeux, mais moi aussi je m’attends,prévient Poirée. Parfois, certainespersonnes me parlent de cettemédaille d’oravant même de me direbonjour. » Après deux aventuresolympiques aux sorts divers, maisjamais teintées d’or, le doublemédaillé des Jeux de 2002 (deuxièmeen poursuite et troisième enRaphaëlPOIRÉErelais) sait que cette troisième participationsera sans doute la plusimportante de sa carrière. Peut-être,même, la dernière de sa vie de biathlète,lui seul gardant la réponse.« Cela fait quatre ans que jem’entraîne pour cela et je veux fairede belles courses, promet Raph’. Jeveux quitter ces Jeux en n’ayantaucun regret. »Entre troiset quatre médaillesEn écrasant les Mondiaux 2004(5 médailles – dont 3 titres – sur5 courses), le Français a marqué lesesprits et, aussi, l’histoire de sonsport. Avec le Norvégien Ole-EinarBjörndalen, seigneur des anneaux àSalt Lake City avec quatre couronnesolympiques sur quatre possibles (*)et, cette fois encore, son plus grandadversaire (voir ci-dessous), Poiréeest l’un des rares biathlètes tout-terraincapables de briller sur chacunedes quatre épreuves individuelles àSan Sicario. Dès aujourd’hui, avec ce20 km qui fait si peur à cause de l’altitudedu site perché à plus de1 600 mètres, ou plus tard dans laquinzaine en sprint, poursuite ou surle départ en ligne, nouvel inscrit auprogramme. En bon leader del’équipe de France, Poirée se doit demontrer l’exemple de la réussite.Mais, à la différence de la dernièreDuel de géantsRaphaël Poirée, le Français, et Ole-Einar Björndalen,le Norvégien, se partagent le titre de numéro 1 mondialdepuis 2000. Ces deux géants du biathlon se retrouventaujourd’hui aux Jeux pour un duel qui, voilà quatre ans,avait été remporté par le Scandinave.Ole-EinarBJÖRNDALENcampagne olympique, l’enfant de LaChapelle-en-Vercors n’est plusesseulé à la tête du pouvoir français.Avec Vincent Defrasne, auteur d’unsuccès en Coupe du monde cet hiver,et Sandrine Bailly, numéro 1 mondialeen 2005, il s’est trouvé deuxcostauds soutiens.« La grande différence avec les JO de2002, c’est qu’à l’époque on ne partaitpasfavoris. Aujourd’hui, la situationest tout autre », avoue ChristianDumont, qui serait un patron heureuxavec « trois ou quatremédailles ». Et, carrément combléavec, enfin, ce premier titre olympiqueaprès lequel court toujoursl’équipe de France masculine de biathlondepuis 1960 et les premiersJeux de ce sport si insolite.Les Françaises, elles, on s’en souvient,ont déjà conquis l’Olympe.C’était en 1992 à Albertville, avec lerelais composé d’Anne Briand,Corinne Niogret et Véronique Claudel.À partir de lundi, ce sera au tourde Sandrine Bailly d’assurer la succession.Comme Poirée, la jeunefemme de l’Ain peut faire des merveillessur toutes les distances et,aussi, transcender ses copines lorsdu relais. Mais pour cela, « Sansan »ne doitpas retomber dans sestraversdel’an dernier où, après avoir flambéen Coupe du monde, elle avait flanchéle jour J aux Mondiaux. Alors,pour mettre toute cette équipe deFrance en forme olympique, RaphaëlPoirée n’a plus qu’une mission. Ellecommence aujourd’hui.ANNE LADOUCE(*) Avant lui, seuls deux autresathlètes avaient réussi pareil exploitdans une même édition des JO d’hiver.Il s’agit de l’Américain Eric Heiden(5 titres en 1980) et de la Russe LydiaSkoblikova en (4 en 1964).■ FOURCADE PLUTÔT QUE CAN-NARD. – Simon Fourcade, quatre foischampion du monde juniors, sera le quatrièmereprésentant français en individuel.Il a été préféré à Ferréol Cannard,jugé en forme moyenne. Avec une 17 e etune 11 e place cette saison, Fourcadeoccupela 37 e position au classementde laCoupe du monde. Ce sera également sonbaptême du feu dans une épreuve olympique.RAPHAËL POIRÉE a une mission. Ils’est donné une mission, même. Untemps envisagé comme porte-drapeaufrançais pour la cérémonied’ouverture de ces XX es Jeux d’hiver,le Français a décliné l’<strong>of</strong>fre. Il devait13 COURSES COURUES SUR 14(dont 5 PODIUMS)1 victoire : 20 km à Hochfilzen (AUT) le8 décembre 2005.3fois2 e : sprint à Östersund (SUE) le 26novembre 2005 ; poursuite à Ruhpolding(ALL) le 15 janvier 2006 ; départ en ligne àAnterselva (ITA) le 22 janvier 2006.1fois3 e : départ en ligne à Oberh<strong>of</strong> (ALL) le 8janvier 2006.1 fois 4 e ; 1 fois 7 e ; 1 fois 8 e ; 2 fois 12 e ; 1 fois17 e ; 1 fois 18 e ; 1 fois non classé.Actuellement leader de la Coupe du mondeavec 404 pts.7 COURSES COURUES SUR 14 (dont 3 PODIUMS),toujours dans le top 5.2 victoires : poursuite à Östersund (SUE) le 27 novembre2005.Départ en ligne à Anterselva (ITA) le 22 janvier 2006.1fois2 e : 20 km à Hochfilzen (AUT) le 8 décembre 2005.1 fois 4 e ; 3 fois 5 e .Actuellement 6 e de la Coupe du mondeavec 297 pts.SON TIR. – Depuis l’été dernier, le Français ne s’estjamais autant entraîné au tir. Il a même rappelé àses côtés son « œil », l’ancien champion olympiquede tir, Jean-Pierre Amat, avec lequel il avait déjàtravaillé entre 1998 et 2002. De plus, enconfrontation directe avec un adversaire sur un pasde tir, Poirée réussit souvent à prendre l’ascendantpsychologique.SON MENTAL. – Sa capacité à se transcender dansles moments difficiles constitue sa plus belle marquede fabrique. L’an passé, lors des finales de la Coupedu monde, il s’était « enfermé » dans sa chambrependant trois jours avant l’épreuve du départ enligne qu’il devait impérativement gagner s’il voulaitremporter le classement de la spécialité. Pari réussi !EN SKI. – Sa vitesse de déplacement est l’une desmeilleures du monde. Surtout, le Norvégien n’a jamais cesséde peaufiner sa technique pure afin d’avoir un maximum derendement sur chaque portion de ce parcours olympique, sidiversifié et très spécifique en raison de l’altitude. Sur lesbosses ou plats montants, il utilise désormais le passimultané, plus efficace puisqu’il s’agit d’une superpositiondes phases motrices (bras-jambes) et non pas d’unesuccession comme dans le pas décalé.EN TIR. – Jadis son talon d’Achille qui l’empêchait de viserdes podiums, le tir est aujourd’hui devenu une de ses vraiesforces. Plus adroit, le Norvégien a aussi considérablementamélioré sa vitesse d’exécution. C’est le fruit d’un travaileffectué depuis deux ans avec un entraîneur privé, JoarHimle, son ancien pr<strong>of</strong> quand il était en ski-études.AU DÉPART DE CHAQUE COURSE, une dizaine de candidats peut prétendre au titresuprême. Par leur expérience et leur début de saison tonitruant, les Allemands, RiccoGross (35 ans), Sven Fischer (34 ans) et Michael Greis (29 ans) seront de sérieuxclients. Tout comme les Russes, avec le jeune Tchoudov (23 ans), qui restent toujoursde très adroits tireurs. Enfin, les deux géants Poirée et Björndalen seront confrontés àune concurrence venue de l’intérieur. À vingt-neuf ans, Vincent Defrasne nourrit désormaisles plus grands espoirs. Quant à Frode Andresen (32 ans) ou Halvard Hanevold(36 ans), les Norvégiens, ils constituent peut-être les plus grands dangers pour Björndalen.Entraîneurs :Jean-Pierre Amat, Christian DumontBiathlonRaphael POIRÉE31 ans,né le 9 août 1974 à Rives (Isère).1,74 m ; 72 kg.Skis Rossignol.JO : 2 e (poursuite, 2002) ;3 e (relais, 2002) ;7 e (relais, 1998) ; 9 e (sprint, 2002) ;10 e (individuel, 2002) ;22 e (individuel, 1998).CM : 1 er (individuel, sprint 2004 ;départ en ligne, 2000, 2001, 2002, 2004 ;relais, 2001) ; 2 e (poursuite, 2004, 2001) ;3 e (relais, 2004 ; départ en ligne,2003 et 2005 ; poursuite, 2000, 1998).Coupe du monde : 38 victoires.Classement général : 1 er (2004, 2002,2001, 2000) ; 3 e (2005) ; 4 e (2003) ;5 e (1999, 1998) ; 16 e (1997) ; 17 e (1996).SON SKI. – Cette saison, il a vécu des sortsdivers skis au pied, avec en compétition deschronos allant du 2 e meilleur temps au 54 e …Une chose est sûre, si voilà deux ans encore, ilétait souvent l’égal de Björndalen en vitesse dedéplacement, il n’est plus aujourd’hui qu’un desnombreux animateurs du peloton de tête. Resteà savoir enfin s’il a réglé les quelques soucis dematériel parfois mentionnés cet hiver. Celasemble être le cas.« Ole-Einar Björndalendemeure un très grandchampion et c’estaujourd’hui le plus grandfavori des Jeux. Avec songabarit, léger, il estavantagé avec desconditions en altitudecomme ici à San Sicario.C’est un plus qu’il a surses adversaires. »UN HIVER PERTURBÉ. –Àcause d’une sinusite, il n’apas pu suivre à la lettre sonprogramme de compétitionsen janvier. En 2002, avantson sacre olympique, iln’avait été malade qu’unedemi-journée ! Reste àsavoir aussi si après sesexploits de Salt Lake City etceux des Mondiaux (4 titres)l’an dernier, son statut degrand favori de cettequinzaine olympique debiathlon ne sera pas troplourd à porter.« Raphaël est l’un de mesplus sérieux adversairesdepuis des années, et je suissûr qu’il sera bien préparépour ce rendez-vous. Ce seral’un de mes plus grosadversaires. C’est toujoursun tireur très fortet, si sa forme physiqueest bonne, il seraà coup sûr dans le top 5. »Entraîneurs : Joar Himle, Roger GrubbBiathlonOle-Einar BJÖRND32 ans,né le 27 janvier 1974 à Drammen (NOR).1,79 m ; 66 kg.Skis Madshus.JO : 1 er (sprint, 1998 ; individuel, sprint,poursuite, relais 2002) ; 2 e (relais, 1998) ;7 e (individuel, 1998 ; relais, 1994) ; 28 e(sprint, 1994) ; 36 e (individuel, 1994). En skide fond : 5 e (30 km départ en ligne, 2002).CM : 1 er (sprint, départ en ligne, 2003 ;sprint, poursuite, départ en ligne et relais,2005 ; par équipes, 1998) ; 2 e (poursuite,1998 ; départ en ligne, 2001 ; relais, 1997,2000, 2004).Coupe du monde : 57 victoires.Classement général : 1 er (2003, 2005) ; 2 e(1997, 1999, 2000, 2001, 2004) ; 3 e (1998,2002) ; 4 e (1995) ; 9 e (1996) ; 62 e (1993).AUJOURD’HUI11 heures et 15 heuresCOMBINÉ NORDIQUE : INDIVIDUEL13 heuresBIATHLON : 20 km HOMMES15 heures et 19 heuresSKI FREESTYLE : Bosses FEMMES6 heures et 18 h 10LUGE : monoplace HOMMES19 heuresPATINAGE ARTISTIQUE : COUPLES, programme court(PhotosPierre Lahalle)Depuis que vous lisez cette annonce,84 pages ont été vues sur www.lequipe.fr,ou plutôt 168, enfin maintenant 252, en fait 336…bref, 84 pages vues par seconde,soit 226 135 506 pages vues en janvier 2006.L’Équipe.fr, le sport en continu.Source : Médiamétrie-eStat - CybereStat - Janvier 2006 - Copyright Médiamétrie-eStat - Tous droits réservés.SAMEDI 11 FÉVRIER 2006 PAGE 3