1. LES RAISONS D’UN NOUVEAU PLAN D’ACTION POUR L’<strong>AGRICULTURE</strong>objectif de mieux mobiliser ces potentialités, en particulier dans les zones dotées desressources naturelles capables d’assurer une croissance soutenue de la productivité, ainsique dans les pays parvenus à un stade où l’agriculture peut jouer un rôle décisif dans ledéveloppement économique. Dans ces pays, le secteur agricole est essentiellementcomposé de petites unités de production, qui assurent une part notable de l’emploi. Il estdonc justifié de privilégier l’amélioration de la productivité des petits exploitants agricoles,car ses effets sur la pauvreté et la croissance induite par la progression de l’emploi serontd’autant plus importants.On s’est rendu compte depuis quelque temps que les ruraux ne se contentent pasd’une spécialisation, telle que la culture, la pêche, la sylviculture ou l’élevage, qui leslimiterait à une seule source de revenu, mais qu’ils se constituent un portefeuille diversifiéd’activités et de métiers. Cette diversification s’explique notamment par la nécessité deprendre en compte les risques et vulnérabilités inhérents à une activité soumise aux aléasde la nature et, de ce fait, intrinsèquement risquée. Bien que peu d’études longitudinalesaient été réalisées, les chercheurs estiment généralement que la diversification desmétiers exercés par les ménages ruraux et la part de leur revenu provenant de sourcesextra-agricoles ne cessent de progresser.Bien que l’importance des métiers non agricoles pour lutter contre la pauvreté soitprise en compte par les pouvoirs publics et les donneurs, elle n’est pas reflétée dansl’action publique. Il faut peut-être en chercher l’explication dans l’idée très répandue quela croissance agricole est le principal moteur de l’économie rurale. L’action publique estdonc restée focalisée sur l’augmentation du revenu des producteurs et s’accompagne demesures destinées à améliorer leurs compétences, ainsi que leur accès au crédit et auxactifs productifs.Les gisements que constituent les entreprises situées en amont et en aval du secteuragricole sont encore largement inexploités, d’où la persistance d’un frein à l’élaboration demesures et d’aides visant à encourager et à développer les industries et services agricolesapportant de la valeur ajoutée aux produits. Très prometteuse s’annonce la perspective decréer une dynamique en combinant, d’une part, l’amélioration de la productivité et del’accès aux marchés des unités de production et, d’autre part, les entreprises agricoles quicontribuent à l’économie locale et nationale en développant l’emploi et réalisant denouveaux investissements.Les recherches menées récemment sur les moyens de subsistance en zone ruralemontrent toutefois que nombre de métiers concernés par cette diversification sontétroitement associés aux zones urbaines. La synergie existant entre la croissance dusecteur agricole et les entreprises situées en milieu urbain est une des clés dudéveloppement économique local et, plus largement, d’une croissance pro-pauvres(Tacoli, 2004). Par ailleurs, il apparaît de plus en plus qu’un grand nombre de ces métiers,en particulier ceux exercés par des individus vivant dans des zones marginales, se situenten milieu urbain – et dans la mesure où les perspectives de voir s’améliorer de manièresubstantielle les revenus des ménages vivant dans ces zones sont médiocres, ces métiersreprésentent pour eux un bon moyen de gagner leur vie.En outre, on prend de plus en plus conscience des problèmes auxquels sontconfrontées les personnes vivant dans de nombreuses zones marginales – où des facteursenvironnementaux, physiques, institutionnels, sociaux et politiques se renforçantmutuellement les bloquent dans des activités agricoles à faible productivité et de maigresVERS UNE CROISSANCE PRO-PAUVRES : L’<strong>AGRICULTURE</strong> – © OCDE 200625
1. LES RAISONS D’UN NOUVEAU PLAN D’ACTION POUR L’<strong>AGRICULTURE</strong>possibilités de diversification, les perspectives de sortir de la pauvreté étant alors trèsréduites. Néanmoins, les décideurs publics sont peu au fait de ces contraintes – et ne sontguère en mesure d’apporter un soutien en cas de pluriactivité impliquant plusieurs lieuxd’emploi. De fait, dans une tentative pour maîtriser les « explosions » urbaines, lespouvoirs publics découragent souvent la mobilité et les activités informelles, pourtantvitales pour la diversification des moyens de subsistance.Ce qu’il nous faut donc pour lutter contre la pauvreté, c’est un angle d’attaque pluslarge, qui soit adapté à la diversité des moyens de subsistance et qui ne se contente pasd’augmenter les revenus des unités de production. Cela suppose de mieux appréhender lescontraintes marchandes et non marchandes auxquelles sont confrontés les pauvres deszones rurales et, également, de quelle manière une plus grande mobilité et le renforcementdes interactions entre zones rurales et zones urbaines peuvent faire reculer la pauvreté etpromouvoir le développement régional (encadré 1.4).Encadré 1.4. Les nouveautés du plan d’action proposéPlan d’action classiqueNouveau plan d’actionPolitiques, institutions et investissements concernantl’agricultureUn monde ruralMarchés nationauxUnités de productionPolitiques, institutions et investissements spécifiquementagricoles et en faveur de l’agricultureMondes ruraux multiplesMarchés nationaux, régionaux et mondiauxUnités de subsistanceAgriculture = productionAgriculture = secteur agricole (intrants + production+ après-récolte + transformation)Un lieu de travailLieux de travail multiplesApproche sectorielleApproches plurisectoriellesSecteur publicSecteurs public et privéCultures alimentairesFlux de revenus variésCroissance uniquementCroissance minimisant risques et vulnérabilitésFondée sur l’offreFondée sur l’offre et la demandeReconnaissance des facteurs économiques de base Mise en place des facteurs économiques de baseLes facteurs économiques de base désignés ici sont la science, la technologie, les infrastructures, la politique foncière,ainsi que l’éducation, la vulgarisation et la formation.Si les stratégies de diversification permettent effectivement aux hommes et auxfemmes d’accroître leurs revenus, elles peuvent également engendrer des situationsproblématiques. Ainsi, nombreux sont ceux qui ne peuvent vivre des revenus de leursterres et qui doivent en conséquence migrer vers les villes ou vers d’autres zones ruralespour y trouver un travail saisonnier. Il convient donc de prendre en compte les besoins etréalités des migrants, hommes ou femmes, qui prennent un emploi saisonnier dans lesecteur agricole et d’adapter à leurs modes de vie des services qui tiennent compte du rôlespécifique des femmes.Conséquences pour l’action publiqueBien que les mutations économiques réduisent les emplois directs qu’offrel’agriculture primaire aux pauvres, elles accroissent leurs débouchés dans d’autres26VERS UNE CROISSANCE PRO-PAUVRES : L’<strong>AGRICULTURE</strong> – © OCDE 2006