2. ACCROÎTRE LA PRODUCTIVITÉ ET AMÉLIORER L’ACCÈS AUX MARCHÉSrecherche et de vulgarisation. Les producteurs doivent eux-mêmes évaluer, aider àaméliorer et diffuser les technologies adaptées à l’échelon local. Pour étayer ces approchesfondées sur la participation, il faut de nouveaux types d’organismes de recherche et devulgarisation, avec des agents préparés, par leur formation et par des systèmes réformésd’enseignement agricole, à accepter comme partenaires des membres ou desreprésentants des communautés locales et à coopérer avec eux.À elles seules, toutefois, des politiques visant simplement à assurer l’accès auxressources et la participation à la recherche et au dévelopement n’aideront guère lespauvres d’Afrique, qui sont obligés d’épuiser les ressources pour survivre. Pour avoir uneffet, ces politiques devront s’accompagner d’incitations à l’évolution technologique.Élargir les débouchés de marchéLes nouvelles technologies agricoles, à plus forte intensité d’intrants, ne peuventréussir que lorsque de petites exploitations produisent pour le marché accessible. Avec descoûts de transactions aussi lourds dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne,produire pour le marché peut comporter des risques élevés. Cependant, une fois que lesmarchés se développent, les coûts de transport et de transaction baissent généralement defaçon considérable, ce qui rend la production plus attractive.En Afrique, les réformes du marché visant à réduire les risques et à renforcerl’efficience sont, depuis quelque temps, considérées comme nécessaires pour stimuler unecroissance fondée sur l’agriculture. Trop souvent, toutefois, ces réformes n’ont pas produitla réaction escomptée de la part de l’offre. Elles n’ont pas non plus supprimé bon nombredes distorsions de prix qui existent sur ces marchés. Les réformes n’ont donc guèrebénéficié aux petits producteurs, surtout ceux des régions plus isolées et mal desservies.Les rendements des principales cultures de première nécessité diminuent notablement etl’utilisation d’intrants agricoles baisse fortement au fur et à mesure que l’on s’éloigne desmarchés. En l’absence d’accès à de nouveaux marchés, l’accroissement de la productionainsi obtenu se traduit souvent par des baisses de prix marquées en raison de l’inélasticitéde la demande locale.L’absence de marchés reflète peut-être, plus que toute autre chose, le manqued’infrastructure dans de nombreuses régions rurales d’Afrique subsaharienne. Avec leréseau routier africain, qui ne représente aujourd’hui qu’une fraction de celui que l’Indepossédait il y a des décennies (Spencer, 1994), environ 70 pour cent des producteurs sontmal reliés aux marchés. Beaucoup d’entre eux ne peuvent ni se procurer les engrais et lesautres intrants à des prix abordables ni commercialiser leurs propres produits de manièreefficace. L’insuffisance de l’infrastructure de télécommunications maintient aussi lesproducteurs dans l’isolement. De même, la faiblesse des investissements dans des servicesessentiels comme la santé et l’éducation réduit la productivité du secteur agricole.Les faibles densités de population de l’Afrique font que les investissements eninfrastructure et en services essentiels sont difficiles à financer. Pour atteindre des niveauxraisonnables d’infrastructure, il faudra augmenter considérablement l’investissementpublic. Cet investissement dans les régions rurales a baissé dans de nombreux paysd’Afrique au cours des dernières décennies en raison des pressions budgétaires imposéespar les programmes d’ajustement structurel et d’une diminution de l’aide des donneurs enfaveur des investissements en infrastructure (Fan et Rao, 2003).VERS UNE CROISSANCE PRO-PAUVRES : L’<strong>AGRICULTURE</strong> – © OCDE 200653
2. ACCROÎTRE LA PRODUCTIVITÉ ET AMÉLIORER L’ACCÈS AUX MARCHÉSCette tendance doit être inversée. Il faudra aussi inverser la réduction excessive de lataille des institutions publiques qui fournissent des biens et services publics essentielscomme la recherche et la vulgarisation agricole. Ces institutions ont un rôle clé et doiventêtre réhabilitées et renforcées afin de remplir leurs fonctions d’une manière qui soitefficace par rapport à son coût et qui réponde à la demande.Développer les échangesL’Afrique importe actuellement 25 pour cent de ses céréales alimentaires, ce qui offredes possibilités de meilleure intégration des marchés nationaux et intra régionaux descéréales vivrières en Afrique et d’expansion des échanges entre pays d’Afrique. Cetteintégration est limitée par l’insuffisance de l’infrastructure régionale, des institutions, dela coordination sur les marchés et de la concurrence des importations à bas coût et souventsubventionnées en provenance des pays de l’OCDE. Pour tirer profit d’une expansion despossibilités commerciales, les producteurs africains doivent être en mesure de satisfaire àdes exigences plus strictes en matière de normes de calibrage et de qualité et de sécuritédes aliments. Il faudra pour cela renforcer les services d’appui du marché, surtout lesservices financiers, et améliorer l’infrastructure rurale, surtout les routes, la technologie del’information et de la communication et les télécommunications. Il faudra aussi veiller àrenforcer les institutions responsables des normes et du contrôle de la qualité, du contrôlede l’application des contrats et de la communication d’informations relatives aux marchés.Les donneurs reconnaissent que les effets potentiels de l’aide alimentaire sur la productionagricole nationale sont largement examinés dans d’autres instances [FAO, OCDE, leProgramme alimentaire mondial (PAM)] et ne jugent pas utile d’ajouter à ces travaux dansle présent document.Diversifier les moyens de subsistanceDe nombreux ménages des régions rurales d’Afrique subsaharienne, en particulier lesménages pauvres, tirent une part importante de leur revenu d’autres activités, auxquellesils consacrent une grande part de leurs actifs (surtout le travail). Les études les plusrécentes consacrées à ce phénomène (Bryceson, 1999) révèlent une dépendance croissanteà l’égard d’autres sources de revenu, dont la contribution au revenu total dépasselargement 50 pour cent dans certaines régions.L’expansion du secteur agricole, avec ses liens forts en aval et en amont avecl’économie locale, peut offrir de nombreuses possibilités nouvelles de revenu pour lesménages qui dépendront de plus en plus d’autres sources. Cependant, d’autres mesurespeuvent aider les ménages à tirer des rendements plus élevés d’autres activités. Ledéveloppement des qualifications est parfois de la plus haute importance pour beaucoupde ménages pauvres. D’autres facteurs décisifs sont l’accès aux ressources financièrespour créer une entreprise et un cadre réglementaire qui facilite le démarrage etl’exploitation d’entreprises.54VERS UNE CROISSANCE PRO-PAUVRES : L’<strong>AGRICULTURE</strong> – © OCDE 2006