AGRICULTURE

4. RÉDUIRE LES RISQUES ET LES VULNÉRABILITÉSDans une grande partie des continents asiatique et latino-américain, ces innovations ontconduit de nombreux ménages agricoles à opter pour des modes d’exploitation plusproductifs et procurant un meilleur rendement.La mutation des risques et des vulnérabilitésAujourd’hui, la dynamique de l’économie mondiale – mondialisation comprise – a pourcorollaire une évolution de la nature et de la structure des risques et vulnérabilités. Partantdu principe que le secteur privé allait s’impliquer, maints gouvernements ont résolu de neplus apporter de soutien, au demeurant coûteux et souvent inefficient, à leur agriculturenationale. Mais en l’absence d’investissements publics infrastructurels et institutionnelsvenant épauler cette implication du secteur privé dans l’agriculture, de nombreux petitsproducteurs pauvres ont été privés d’accès aux marchés d’intrants (semences, pesticides etengrais améliorés), ou limités à des marchés restreints, ce qui a engendré des prix trèssupérieurs à ceux des marchés mondiaux. Là où les marchés sont plus développés, les prixdes produits agricoles et des intrants nécessaires sont plus instables en raison des liens avecl’environnement commercial mondial. Le mouvement de retrait de la puissance publiqueempêche d’absorber cette instabilité au moyen de prix planchers et de subventions pour lesintrants, et expose les exploitants agricoles. La solution n’est pas de revenir aux anciensdispositifs généraux de soutien qui, souvent, ne produisaient que de maigres avantages pourles pauvres, mais de veiller à ce que les investissements de l’État étayent l’apparition sur lemarché d’instruments adéquats de gestion des risques et de vastes filets de protectioncontre les risques que ni les pauvres ni le marché ne sauraient gérer.Pour disposer d’activités de subsistance sécurisées et plus prometteuses, les ménagesruraux ont besoin de renforcer leur aptitude à faire face au risque et à traiter lesvulnérabilités qui en découlent. Des politiques, des institutions et des investissements quiréduisent les risques effectifs, étoffent les possibilités de gestion des risques et accroissentla disponibilité des filets de protection permettront aux ruraux pauvres de maintenir leursactifs à un certain niveau malgré la survenance de chocs de type et d’intensité variables.Ces mesures feront aussi mieux accepter l’innovation et inciteront davantage à prendredes risques de manière prudente.Typologie des risques et de leurs victimes dans les cinq mondes rurauxL’existence de niveaux de risques élevés (qu’il s’agisse de la sphère productive oufamiliale) et les chocs et contraintes qui en résultent compromettent à la fois la croissanceéconomique et le recul de la pauvreté. Certains risques sont communs à tous les mondesruraux – risques sanitaires tels que le VIH/sida, le paludisme ou la tuberculose, et risquesnaturels de type séisme, ouragan, inondation ou sécheresse –, mais leurs répercussions,elles, sont variables, comme l’est la vulnérabilité des ménages et des individus.Les mondes ruraux 1, 2 et 3 exercent tous des activités directement agricoles : les chefsd’entreprise et les producteurs sont confrontés aux mêmes risques naturels (parasites,sécheresses, inondations, etc.) et, dans une mesure qui est fonction de leur présence surles marchés et du type d’exploitation, aux mêmes risques commerciaux. Mais leurvulnérabilité aux chocs est disparate. Ainsi, une sécheresse peut toucher plussérieusement les producteurs du monde rural 3, avoir quelques répercussions sur lemonde rural 2 et, peut-être, ne faire qu’effleurer le monde rural 1. En effet, les premierssont ceux qui ont le moins de chances de disposer de systèmes d’irrigation, tandis que lesderniers seront les plus susceptibles d’être le mieux équipés. Ainsi, en cas de sécheresse, leVERS UNE CROISSANCE PRO-PAUVRES : L’AGRICULTURE – © OCDE 200673