4. RÉDUIRE LES RISQUES ET LES VULNÉRABILITÉSEncadré 4.2. Éthiopie : l’assurance contre les intempéries (suite)Il se pourrait que ce concept soit testé dès la fin de l’année en Éthiopie. Pour ce projetpilote éthiopien, le PAM ferait l’acquisition d’un produit dérivé auprès d’une compagnie deréassurance ou d’une autre société de services financiers, qui verserait par exemple100 millions USD si le pays connaissait des précipitations inférieures à un certain seuil –que l’usage a jusqu’ici déterminé comme un niveau de sécheresse ne survenant qu’unefois par décennie. Au cours des trente dernières années, l’Éthiopie a connu une sécheressede cette ampleur en 1984, en 1987 et en 2002. La pire a été celle de 1984, l’aide alimentairealors octroyée aux 23.4 millions de personnes sinistrées représentant 1.65 milliard USDactualisés.Par rapport à une police d’assurance normale, ce produit dérivé rend inutile le calcul parun expert des dégâts imputables à la sécheresse. En effet, les versements sont fonction dela quantité de précipitations, et non des dommages. Les relevés de précipitations sontpratiquement uniformes sur l’ensemble de la planète, et l’Éthiopie dispose de donnéesdont la fiabilité, raisonnable, permet aux marchés financiers d’évaluer la probabilité d’unenouvelle période de sécheresse.En cas de sécheresse, le PAM n’aurait pas besoin de réunir les donneurs au beaumilieu de la crise; il lui suffirait de percevoir son dû auprès du porteur du produitdérivé. Des famines pourraient toutefois avoir d’autres causes – guerre, invasions deravageurs, etc. – qui nécessiteraient le déclenchement d’un processus plus classique decollecte de fonds.Des instruments financiers similaires se négocient déjà sur le Chicago MercantileExchange. Des entreprises opérant dans le secteur énergétique, par exemple, achètent desdérivés indexés sur les intempéries pour se protéger de conditions météorologiquesanormales pour la saison. Pour la plupart, ces produits dérivés sont commercialisés pardes réassureurs, des banques d’investissement et des fonds spéculatifs.Source : Wall Street Journal, 13 mai 2005.Aider les ruraux pauvres à faire faceLorsque toutes leurs tentatives de s’en sortir échouent, les ménages ruraux pauvresont besoin de filets de protection sociale susceptibles de les aider à faire face à des chocssoudains. Ces systèmes prennent la forme de transferts sociaux et d’aides d’urgence enespèces ou en nature. Les programmes doivent être centrés sur des risques précis et sur lesvulnérabilités connexes des ménages ruraux; s’il est souhaitable qu’ils figurent enpermanence dans l’arsenal de la protection sociale, leur usage sera généralementtemporaire : les ménages y recourront seulement lorsqu’ils en auront besoin et remplirontles critères définis. En incitant les ruraux pauvres à prendre des risques de manièreprudente et à mener des activités entrepreneuriales, ce fonctionnement asseoit la fonctionde promotion des activités de subsistance qui est assignée aux programmes. Les autoritéspeuvent ajuster les mécanismes de garantie (comme par exemple les programmes detravaux publics) à la hausse ou à la baisse en fonction des besoins, et se tenir prêtes àmettre en œuvre une série d’activités laissées en attente. Elles doivent en outre élaborerpour le monde rural 5 des programmes susceptibles de permettre à cette population des’intégrer progressivement à d’autres mondes ruraux ou urbains.VERS UNE CROISSANCE PRO-PAUVRES : L’<strong>AGRICULTURE</strong> – © OCDE 200679
4. RÉDUIRE LES RISQUES ET LES VULNÉRABILITÉSTableau 4.1. Les risques des cinq mondes rurauxCatégories de ménages rurauxTypologie des risques habituelsMesures habituellement prises pour prévenir,atténuer ou assumer les risquesMonde rural 1Producteurs commerciauxde grande taille compétitifsà l’échelle internationale.Monde rural 2Ménages agricoles qui produisentpour le marché tout en satisfaisantleurs besoins propres.Monde rural 3Petits exploitants pratiquantune agriculture de subsistance.Monde rural 4Travailleurs agricoles dépendantessentiellement d’une demandeoccasionnelle de main-d’œuvrepeu qualifiée.Monde rural 5Personnes incapables de menerune activité productrice régulière(personnes très âgées, malades,handicapées, très jeunes) et dépendantde transferts informels pour se nourrir,se loger et se vêtir.Source : Farrington (2005).Risques génériques (parasites, maladies,météorologie) et nouveaux risques :fluctuations des prix des intrants et des produits,éventuellement liées à l’évolution des marchésinternationaux; contrôles plus stricts dela qualité des produits; saturation des marchésnationaux; problèmes de transportet de stockage de denrées périssables.Risques génériques (parasites, maladies,météorologie); problèmes éventuels de lienscommerciaux en mutation, mais, le plusfréquemment, de saturation du marché localou saisonnier, et déséquilibres du pouvoirde marché.Risques identiques à ceux du monde rural 2,auxquels s’ajoutent le risque de rupture de bailpar le propriétaire foncier, la pénurie d’emploishors exploitation, la vulnérabilité des emploisdans les mondes ruraux 1 et 2, l’insécuritédu régime foncier, les difficultés d’exécutiondes contrats, la dangerosité des conditionsde travail sur les chantiers, etc.Vulnérabilité des emplois agricoles faceaux chocs touchant les mondes ruraux 1, 2 et 3,qui retentissent sur la demande de main-d’œuvre;pénurie d’emplois hors exploitation, difficultésd’exécution des contrats, dangerositédes conditions de travail sur les chantiers,maladies contagieuses, etc.Tout risque pesant sur l’économie agricoleet l’économie rurale est susceptible d’avoirdes effets secondaires sur cette catégoriede population en raison du recul corrélatifdes transferts informels.Avancées technologiques (irrigation, pesticides,variétés nouvelles) visant à réduire les risquesgénériques (parasites, maladies, météorologie).Renforcement des services d’infrastructure(notamment routes de desserte et électricité).Nouveaux instruments financiers tels que lesassurances contre les intempéries et contreles fluctuations des cours agricoles.Standardisation des qualités et des normes.Avancées technologiques (irrigation, pesticides,variétés nouvelles) visant à réduire les risquesgénériques (parasites, maladies, météorologie).Développement informationnel, institutionnelet infrastructurel nécessaire à l’amélioration dufonctionnement et de l’accessibilité du marché.Investissements dans des installations localesde stockage et de traitement des récoltes,pouvant contribuer à satisfaire plus efficacementles besoins d’activités de subsistance.Soutien de stratégies de subsistancecomprenantune diversification au seinou hors de la production agricole.Mesures identiques à celles concernant le monderural 2, et soutien à la diversification des activités(y compris par un renforcement institutionnelpermettant de sécuriser le régime foncier,de mieux exécuter les contrats et de prendreen compte les questions de santé et de sécurité).Investissements dans le secteur socialsusceptibles de renforcer le capital humainet d’aider les ménages à faire face à des chocstrès variés.Politiques économiques favorables à desinvestissements générateurs d’emplois plusnombreux. Politiques de soutien aux migrationssaisonnières, aux déplacements domicile-travailet à l’assurance individuelle. Investissements dansdes infrastructures et des établissements de soins(y compris publics), de manière à abaisserla morbidité et la pénurie de main-d’œuvre.Programmes de formation des adultesgénérateurs d’activités de substitution(travail indépendant, création d’entreprise).Mesures identiques aux mesures ci-dessus, visantà renforcer et stabiliser l’économie ménagère,ainsi que des mesures de protection sociale(santé, pensions sociales, allocations familialeset allocation veuvage) incluant la prise en chargedes orphelins et des personnes atteintesdu VIH/sida.80VERS UNE CROISSANCE PRO-PAUVRES : L’<strong>AGRICULTURE</strong> – © OCDE 2006