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Magazine SWISSLIFE Printemps 2012

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SWiSSlife<br />

3<br />

<strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong> // Histoires urbaines<br />

e année // 1re édition // 6.50 francs<br />

Scannez les<br />

QR-Codes avec votre<br />

portable. Découvrez<br />

les histoires urbaines<br />

de Alex Capus.<br />

(C’est si simple d’utiliser<br />

les QR-Codes!<br />

Page 54)


Les histoires liées à nos QR<br />

codes sont tirées de l’ouvrage<br />

écrit par Alex Capus «Der<br />

König von Olten kehrt zurück»,<br />

paru aux éditions Knapp.<br />

Bonjour!<br />

L’on dit souvent que les villes suisses ressemblent à de gros<br />

villages. Les quartiers nous sont rapidement familiers, leurs<br />

habitants aussi. Nous passons aisément de la ville à la<br />

campagne, de l’agitation au calme, du grand au petit format.<br />

Il y a peu de temps, j’ai déménagé avec ma famille<br />

du paisible village de Wiesendangen pour m’installer à<br />

Winterthour. Bien que je sois très attaché à la campagne<br />

depuis bien longtemps, j’apprécie toujours plus les avantages<br />

de la vie urbaine.<br />

La présente édition du magazine est consacrée aux<br />

«Histoires urbaines». Cette lecture de printemps vous<br />

fait découvrir toute la diversité des villes de notre pays,<br />

avec les gens, les animaux, mais aussi les cultures qui en<br />

font des espaces où la vie s’organise de manière variée.<br />

En Suisse, villes et campagnes sont très proches et profitent<br />

réciproquement les unes des autres. Jour après jour,<br />

nous redécouvrons la diversité de notre pays. Les histoires<br />

urbaines racontées dans cette édition décrivent bien<br />

l’endroit où nous vivons: il s’agit d’un gros village global<br />

qui laisse aussi la place aux villes.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Editorial // 3<br />

Ivo Furrer, CEO Swiss Life Suisse:<br />

«J’ai vécu mes propres histoires urbaines dans une<br />

petite ville comme Lucerne, mais aussi dans des<br />

métropoles comme Londres, Francfort ou Zurich.<br />

Le chapitre suivant dans mon guide de voyage<br />

personnel sera consacré à Winterthour.»


06 Swiss Photo Selection: Une ville dans la ville<br />

Construit dans les années 60, le quartier du Lignon est encore<br />

aujourd’hui considéré comme une solution exemplaire à la<br />

pénurie du logement. Le travail primé du photographe Meinrad<br />

Schade intitulé «Le Lignon» illustre la vie de ce quartier genevois.<br />

16 Double face: Rat des villes et rat des champs<br />

20 Repères: Dans Paris<br />

Partir de son village pour s’installer en ville n’est pas toujours<br />

simple. Surtout lorsque le village s’appelle Weinfelden et<br />

la ville, Paris. A 19 ans, Peter Stamm obtient un emploi de<br />

bureau à Paris. Parallèlement, il commence à écrire.<br />

28 Déchiffrage: Règne animal urbain<br />

31 Les cadets de la circulation: L’avenir commence ici.<br />

Responsables du projet: Swiss Life Public Relations, Martin Läderach Comité de rédaction: Ivo Furrer, René<br />

Aebischer, Thomas Bahc, Monika Behr, Thomas Langenegger, Christian Pfister, Hans-Jakob Stahel, Paul Weibel<br />

Directeur de la rédaction UPDATE: Dajan Roman Adresse de la rédaction: <strong>Magazine</strong> <strong>SWISSLIFE</strong>, Public<br />

Relations, General-Guisan-Quai 40, 8022 Zurich, magazin@swisslife.ch Direction du projet: Mediaform I<br />

Christoph Grenacher, Ittenthal Concept et mise en page: Festland Werbeagentur, St-Gall/Zurich Traduction:<br />

Swiss Life Language Services Impression et envoi: Heer Druck AG, Sulgen Parution: 3 x par an; printemps, été,<br />

automne Tirage: 100 000 exemplaires Annonces: Mediaform, Baumgärtli, 5083 Ittenthal, mediaform@mediaform.ch<br />

Changements d’adresses et commandes: General-Guisan-Quai 40, 8022 Zurich, www.swisslife.ch/magazinabo<br />

Clause juridique: les informations fournies dans cette publication sur les produits et les prestations ne<br />

s’assimilent pas à des offres au sens juridique du terme. Aucune correspondance ne sera échangée au sujet des<br />

concours. Tout recours juridique est exclu. Imprimé sur papier FSC.<br />

L’amoncèlement urbain made in Switzerland.<br />

Le bâtiment le plus long d’Europe est à Genève.<br />

Le Lignon s’étend sur un kilomètre environ,<br />

recense quelque 5 500 habitants, et ses tours<br />

culminent à 200 m.<br />

Les canaux, les bistrots, la fondue…<br />

Le Paris des touristes n’est pas celui des<br />

parisiens. Dans son livre, Peter Stamm dresse<br />

un portrait du Paris que seuls ceux qui y<br />

résident vraiment connaissent.<br />

Grimper, dévaler<br />

Trouver le chemin direct est une question<br />

de volonté. Roger Widmer y parvient en<br />

sautant les obstacles, en escaladant les<br />

murs ou en dévalant les pentes.<br />

Laisser l’œuvre de sa vie en de bonnes mains<br />

La succession est un sujet brûlant d’actualité<br />

dans de nombreuses PME et entreprises<br />

familiales. Découvrez dans UPDATE comment<br />

une entreprise lucernoise règle la question de<br />

la relève et ce qu’il convient d’observer dans<br />

cette situation.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

46 A Swiss Life: Roger Widmer<br />

Le parkour, le sport à la mode, est né dans les banlieues parisiennes<br />

et fait aussi parler de lui en Suisse. Les traceurs se déplacent en<br />

franchissant les éléments urbains de manière spectaculaire.<br />

Roger Widmer est un pionnier parmi les traceurs suisses.<br />

55 Plaisirs culinaires: Le printemps au Tessin<br />

57 Reeto von Gunten: La photo pour les nuls<br />

58 Concours:<br />

deux personnes au Grand Hotel Dolder<br />

Contenu // 5<br />

Gagnez un dîner et une nuitée pour<br />

60 Encore! Phenomden parle de sa chanson «Stadt»<br />

Annexe: UPDATE<br />

Apprenez comment augmenter vos chances de rendement sur<br />

votre capital de retraite, comment Swiss Life combine sécurité<br />

et flexibilité dans la prévoyance et ce que vous devez savoir sur<br />

les placements en temps de crise.


Un bâtiment,<br />

17 000 pièces<br />

L’immeuble d’habitation le plus long d’Europe se trouve à<br />

Vernier GE. 5 500 locataires habitent sur une longueur de<br />

1 060 mètres. Le Lignon a été construit dans les années 60 par<br />

l’architecte Georges Addor. Le photographe Meinrad Schade<br />

illustre la vie de ce quartier aux allures de colosse. ›››<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> présente les travaux de<br />

photographes suisses dans «Swiss Photo<br />

Selection». Ces œuvres ont été sélectionnées<br />

par le jury international du «Swiss<br />

Photo Award».<br />

www.ewzselection.ch<br />

La réponse gigantesque à la pénurie du logement des années 60:<br />

Le Lignon est une énorme cité dont le concept radical n’avait jusqu’alors jamais été appliqué en Suisse.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Swiss Photo Selection // 7


8 // Swiss Photo Selection<br />

L’artiste Justin McMahon devant son œuvre murale à l’arrêt du bus. Il habite depuis sa naissance au Lignon et<br />

doit encore convaincre le livreur de pizzas de lui apporter sa Margherita jusqu’à la porte de son appartement.<br />

Page de droite: une soirée qui n’a rien de très romantique. Ici, les tensions sociales sont quotidiennes.<br />

Page double suivante: Le Lignon a son propre code postal, deux églises, les tours les plus hautes de Genève, un<br />

centre commercial, des écoles et plus de 40 associations, de l’amicale des Italiens au club de pétanque.


5 500 personnes sous un toit: grâce à des projets engagés, notamment en faveur des jeunes et des chômeurs,<br />

le climat est devenu plus calme.<br />

Page de gauche: il y a toujours des choses à améliorer. Des ouvriers font leur pause déjeuner sur le toit du Lignon.<br />

Les deux tours indépendantes à l’arrière-plan font aussi partie du quartier.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Swiss Photo Selection // 13


La piscine la plus haute de Genève se trouve à quelque 100 mètres de hauteur,<br />

au 28 e étage de l’une des tours. La vue sur la ville et ses environs est splendide.<br />

Seuls les habitants de la tour y ont accès.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Meinrad Schade:<br />

«Cet endroit m’a surpris<br />

agréablement.»<br />

Le photographe Meinrad Schade, né en 1968, a fait<br />

des études de biologie à Zurich avant de se consacrer<br />

à la photo. Après sa formation de photographe,<br />

il travaille d’abord pour la presse. En 2002, il se<br />

met à son compte comme portraitiste et reporter<br />

et développe ses propres projets photographiques.<br />

En 2011, il gagne le Swiss Photo Award ainsi qu’un<br />

prix dans la catégorie «Photo rédactionnelle».<br />

Meinrad Schade se souvenait du livre «Moi,<br />

Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…», de<br />

la vie de cette enfant dans des tours grises et anonymes,<br />

quelque part à Berlin, de cette descente<br />

aux enfers. Le Lignon n’a pas non plus très bonne<br />

réputation. «En la photographiant, j’ai réalisé<br />

que cette cité ne méritait pas sa triste renommée»,<br />

déclare Meinrad Schade. «Malgré tous les problèmes<br />

que l’entassement urbain suscite, cet<br />

endroit m’a surpris agréablement. Pourquoi?<br />

La réponse est dans mes photos.»<br />

Swiss Photo Selection // 15<br />

Depuis 2007, Meinrad Schade voyage<br />

à travers le temps et l’espace pour<br />

photographier des zones de conflits<br />

actuels et passés. Il est l’auteur de<br />

séries comme «Erinnerung an den<br />

Grossen Vaterländischen Krieg in der<br />

ehemaligen Sowjetunion» (ill. 1),<br />

«War and Peace Show» qui traite d’une<br />

gigantesque reconstitution historique<br />

en Angleterre, et notamment de la<br />

Seconde Guerre mondiale (ill. 2), ou<br />

encore une série sur les lieux des essais<br />

nucléaires soviétiques dans l’actuel<br />

Kazakhstan (ill. 3).


16 // Double face<br />

Texte: Simone Ott, illustrations: Kilian Kessler<br />

Rat<br />

des villes<br />

Anita Schlegel, 47 ans,<br />

directrice commerciale au<br />

Museum Haus Konstruktiv, Zurich<br />

A 20 ans, je suis partie de St-Gall<br />

pour venir à Zurich. J’ai fait la<br />

connaissance de personnes issues<br />

des milieux artistiques et culturels<br />

et j’ai vite compris que cela<br />

me convenait.<br />

La culture m’a toujours intéressée, et<br />

il y a dans cette ville des gens qui<br />

pensent comme moi. Professionnellement,<br />

la ville me donne des possibilités<br />

qui n’existent pas à la campagne.<br />

Je pourrais faire la navette,<br />

mais ce serait pénible. Dans la ville,<br />

les cultures parallèles et diverses<br />

formes de vie se côtoient. Cela me<br />

donne un sentiment de liberté. Il est<br />

possible que la ville soit plus anonyme,<br />

mais ça me va. On peut faire<br />

et laisser faire. Mes proches pensent<br />

que la ville est synonyme de solitude.<br />

Ce n’est pas mon cas. Bien au contraire.<br />

Je suis comblée par le milieu urbain.<br />

Sans doute aussi parce que je n’ai<br />

pas de famille. Rencontrer des amies,<br />

aller au cinéma ou voir une exposition<br />

sur un coup de tête… Il y a<br />

tou jours quelque chose. Changer<br />

d’ambiance au quotidien dans la<br />

ville est source d’inspiration. Il y en<br />

a pour tous les goûts: milieux terre<br />

à terre, chics, simples, intellectuels,<br />

suisses, internationaux. Cela me<br />

permet de garder l’esprit vif.<br />

Eine Schweizerin? Nö. Rund mit rechten Winkeln verkörpert der NOMOS-Klassiker<br />

Tangente zugleich Glashütter Manufaktur und allerfeinstes „Made in Germany“. Form<br />

und Qualität sind zeitlos, dauerhaft, vielfach preisgekrönt – eine Uhr, die uns hilft, wir<br />

selbst zu sein. Mit automatischem Aufzug – ebenfalls ein Glashütter Kaliber – heißt<br />

das Modell Tangomat. Wie man es dreht ...


... und wendet: In Glashütte, einer Art Schweiz im Kleinformat, sind die Ansprüche an<br />

gute Uhren und ihre Werke noch viel höher als die Berge drumherum. Schönste Uhrenklassiker<br />

und mehr finden Sie auf der Baselworld, Halle 1.1, Stand A27. In der Schweiz<br />

im guten Fachhandel. Und überall hier: www.nomos-glashuette.ch, www.nomos-store.com.<br />

Modell Tangente gibt es in der Schweiz für mindestens 1540 Franken, Modell Tangomat ab 2420 Franken bei: Aarau: Widmer Goldschmied;<br />

Basel: Elia Gilli Schauraum; Bern: Helen Kirchhofer, Uhrsachen; Chur: Unix Goldschmiede; Davos Platz: André Hirschi; Lausanne: Viceversa;<br />

Locarno: Zoltan Gioielli; Luzern: Langenbacher Goldschmied; Olten: Jürg Brunner, Maegli; Samnaun Dorf: Hangl; Solothurn: Maegli; St. Gallen:<br />

Labhart Chronometrie; Winterthur: Wehrli; Zug: Maya Sulger; Zürich: Daniel Feist, Zeithalle – und im Zürcher NOMOS-Flagshipstore.<br />

Stefan Brunner, 25 ans,<br />

maçon, actuellement en<br />

formation de contremaître,<br />

Ganterschwil SG<br />

Double face // 19<br />

Rat<br />

des champs<br />

Je vis à la ferme de mes parents.<br />

La maison et le terrain nous<br />

appartiennent, et personne ne<br />

nous dit ce que nous avons à faire.<br />

Pour moi, c’est la liberté. Nous avons<br />

beaucoup de place, pour mon atelier,<br />

par exemple. Je peux y travailler<br />

quand je le veux. La proximité de la<br />

nature est très importante. Je vois les<br />

pâturages, je vais dans la forêt, ou<br />

j’admire une nuit étoilée qui n’a pas<br />

cette beauté grandiose en ville.<br />

Comme notre ferme est à plus de<br />

700 m d’altitude, nous sommes<br />

souvent au­dessus du brouillard, et<br />

je peux regarder la purée de pois d’en<br />

haut! Notre grande famille habite<br />

sous le même toit: les parents, les<br />

grands­parents et les enfants. C’est<br />

un sentiment de sécurité. A la<br />

campagne, tout est plus personnel.<br />

On vit de manière plus directe. Je ne<br />

sors pas plus d’une à deux fois par<br />

semaine. Trop de distraction tue la<br />

distraction. Mes amis sont dans le<br />

village, mais aussi ailleurs. Les moyens<br />

de communication modernes font<br />

disparaître les distances. Je me rends<br />

parfois dans des pays en développement<br />

et participe à des projets<br />

humanitaires. Mon monde ne s’arrête<br />

pas à mon village.


Lumières<br />

de la ville<br />

Texte: Peter Stamm, illustrations: Marco Benedetti<br />

A 19 ans, Peter Stamm est parti pour Paris.<br />

Il s’est senti dépassé par le bruit ainsi que par la foule,<br />

il a eu le mal du pays. Puis, il a découvert la nuit,<br />

le jazz – et son besoin d’écrire. ›››<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Repères // 21


Le voyage a commencé il y a 27<br />

ans, un samedi de décembre.<br />

J’avais 19 ans quand mes parents<br />

m’ont conduit à la gare. Ce voyage<br />

n’était pas comme les autres: dans ma<br />

poche, pas de billet de retour. Mon départ<br />

pour Paris signait aussi mon départ<br />

de la maison familiale.<br />

Alors que j’étais encore à l’école de<br />

recrues, j’avais posé ma candidature à<br />

l’Office national suisse du tourisme,<br />

une organisation étatique qui – aujourd’hui<br />

sous le nom de Suisse Tourisme<br />

– promouvait la Suisse comme<br />

destination de vacances et avait des<br />

bureaux dans bien des pays. Je m’étais<br />

rendu en uniforme à l’entretien de présentation.<br />

Quand l’on m’avait demandé<br />

si je m’imaginais travailler à l’étranger,<br />

j’avais répondu: «Plutôt pas». Je<br />

pensais travailler et passer parallèlement<br />

ma maturité, puis je voulais étudier<br />

et devenir écrivain, même si je ne<br />

savais pas exactement comment faire.<br />

Quelques jours plus tard, l’on m’a téléphoné<br />

à la caserne. C’était le chef du<br />

personnel de l’Office du tourisme qui<br />

me proposait une place à Paris, si j’étais<br />

intéressé. Le comptable du bureau de<br />

Paris était membre des Scouts Suisses<br />

(l’une des nombreuses associations<br />

suisses de Paris) et s’était mortellement<br />

blessé en tombant d’un pont de corde<br />

qu’il avait lui­même construit. J’ai demandé<br />

un peu de temps pour réfléchir.<br />

Et j’ai accepté.<br />

Le train vers Zurich était plein<br />

d’adolescents qui se rendaient en ville<br />

pour aller au cinéma ou en boîte de<br />

nuit. Ma valise ne cadrait pas dans le<br />

décors, tout comme mes parents qui se<br />

trouvaient sur le quai et tentaient de<br />

donner à ce moment une certaine dignité.<br />

Mais l’arrêt ne permit pas autre<br />

chose qu’un bref signe de la main, et le<br />

train partit. J’imagine que mes parents<br />

ont encore fait quelques pas sur le quai,<br />

puis sont repartis pour la maison en<br />

cette froide soirée de décembre. Pour<br />

eux, c’était la fin d’une époque; pour<br />

moi, le début d’une ère nouvelle.<br />

Je suis arrivé à Paris tard dans la soirée.<br />

Il pleuvait. Et bien que l’hôtel ne<br />

fût qu’à dix minutes de la gare de<br />

l’Est, je décidai de prendre un taxi. Le<br />

conducteur n’avait jamais entendu<br />

parler de l’hôtel de la Nouvelle France;<br />

le quartier de la gare foisonnait d’établissements<br />

du même type, aux noms<br />

grandiloquents mais aux chambres<br />

miteuses. Il m’a déposé devant une caserne<br />

de gendarmerie du même nom et<br />

le gendarme de garde m’a expliqué<br />

comment me rendre à l’hôtel qui se<br />

trouvait à proximité, dans une rue<br />

sombre et étroite. A cette heure du soir,<br />

il n’y avait plus personne à la réception<br />

et la clef de ma chambre se trouvait<br />

dans une enveloppe, sous le paillasson.<br />

J’ai monté ma valise au quatrième<br />

étage. Ma chambre se trouvait tout au<br />

bout du couloir et ne faisait même<br />

pas 8 m 2 . Une chambre comme celle<br />

de «Mr. Bleaney» dans le très célèbre<br />

poème de Philip Larkins:<br />

Bed, upright chair, sixty-watt bulb, no<br />

hook/Behind the door, no room for books or<br />

bags …<br />

Mais je m’y suis immédiatement<br />

senti bien, en sécurité dans ce lieu<br />

étroit qui me reliait cependant à la ville<br />

grâce à la vue sur les toits de Paris. Durant<br />

les premiers mois de mon séjour,<br />

j’ai cherché un appartement, mais j’ai<br />

finalement abandonné et suis resté<br />

toute l’année dans ma petite chambre.<br />

Je ne sais plus ce que j’ai fait lors de<br />

mes premiers jours à Paris. J’ai certainement<br />

déambulé dans les rues, sous la<br />

pluie, et me suis fait du thé avec mon<br />

thermoplongeur que j’utilise encore<br />

parfois aujourd’hui. J’étais déjà allé à<br />

deux reprises à Paris et je croyais<br />

Ma valise ne cadrait pas dans le décors,<br />

tout comme mes parents qui tentaient de<br />

donner à ce moment une certaine dignité.<br />

connaître un peu la ville. J’étais monté<br />

sur la Tour Eiffel et avais vu Mona Lisa<br />

au Louvre. Mais le fait que Paris intramuros<br />

soit en fait une énorme agglomération<br />

dans laquelle vivaient cent<br />

fois plus de personnes que dans le village<br />

où j’avais passé les 19 premières<br />

années de ma vie m’avait totalement<br />

échappé. En Suisse, j’allais à pied au<br />

bureau et connaissais la moitié des<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Repères // 23


gens que je croisais dans la rue. A Paris,<br />

j’étais toujours coincé dans un métro,<br />

le nez plein de cette odeur de cheveux<br />

pas lavés et de parfum bon marché.<br />

Lors de mon premier jour de travail, j’ai<br />

laissé passer un train parce qu’il était<br />

plein. Mais le suivant et celui d’après<br />

l’étaient tout autant. Ce réservoir de<br />

personnes semblait sans fin. Et alors<br />

qu’il n’y avait qu’un seul cinéma dans<br />

mon village, Paris en comptait 400,<br />

voire plus, entre lesquels il fallait choisir.<br />

Quelle que soit l’heure du jour, je<br />

n’étais jamais seul, je ne trouvais jamais<br />

le calme.<br />

Les premiers mois, j’ai souvent pensé<br />

à démissionner et à repartir chez<br />

moi. Mais j’étais trop fier pour abandonner.<br />

Semaine après semaine, j’ai<br />

fait mon trou et me suis habitué au<br />

rythme à la fois rapide et lent de la ville,<br />

au quotidien. J’ai commencé à découvrir<br />

Paris, avec la curiosité et l’impartialité<br />

d’un jeune de la campagne. Ce<br />

n’était pas tant les monuments qui retenaient<br />

mon attention que les gens.<br />

J’ai découvert les lieux sombres de la<br />

Ville Lumière, les quartiers pauvres et<br />

sales du Nord que même mes collègues<br />

de travail français évitaient, préférant<br />

regagner aussi vite que possible leur<br />

banlieue après leur travail. Souvent, je<br />

ne revenais de mes balades que tard<br />

dans la nuit. Mon bistrot habituel, le<br />

«Cordial» était tenu par Paco, un Algérien<br />

qui vendait aussi parfois clandestinement<br />

des vestes en cuir ou des cassettes<br />

de musique dont on ne savait pas<br />

exactement d’où elles venaient. Tant<br />

qu’un rai de lumière filtrait encore sous<br />

Et quand une des filles nous demandait du<br />

feu ou nous prenait par le bras en disant<br />

«Tu viens?», nous nous sentions adultes.<br />

les épais rideaux, l’on pouvait frapper à<br />

la vitre, bien après les heures réglementaires<br />

d’ouverture. Alors, le patron regardait<br />

avec méfiance par une fente du<br />

rideau. Puis, peu de temps après, la<br />

porte était déverrouillée et l’on était<br />

appelé à l’intérieur. La plupart de mes<br />

amis étaient aussi là, des fils de gendarmes<br />

et quelques employés suisses<br />

qui logeaient, comme moi, à l’hôtel.<br />

Nous parlions et nous buvions, jusqu’à<br />

ce que le jour se lève.<br />

Au bureau, je n’avais pas grandchose<br />

à faire. Mon prédécesseur avait<br />

passé son temps à compter le matériel.<br />

Sur chaque boîte de crayons ou de<br />

blocs­notes figuraient l’effectif initial<br />

et la date des différents prélèvements.<br />

J’avais depuis longtemps enlevé les<br />

images de saints dont il avait décoré la<br />

pièce et les avait remplacées par des affiches<br />

touristiques sur la Suisse, des<br />

paysages enneigés, des montagnes et<br />

des lacs, la nature qui me manquait à<br />

Paris.<br />

Mais j’ai aussi trouvé dans cette<br />

ville ce qui me manquait chez moi. En<br />

un an, je suis allé 80 fois au cinéma, j’ai<br />

vu tous les classiques qui n’avaient jamais<br />

été projetés dans notre petit cinéma<br />

de village: Il était une fois dans l’Ouest,<br />

Midnight Express ou Papillon, mais aussi<br />

des films d’action de série B lors de<br />

séances doubles à prix réduits. Quand<br />

je sortais du cinéma et que je marchais<br />

à grandes enjambées le long des grands<br />

boulevards qui étaient encore pleins de<br />

monde même la nuit, je me sentais<br />

comme les héros de ces films, des<br />

hommes seuls dans des villes sombres,<br />

à la fois chasseurs et chassés.<br />

Un collègue m’a initié au monde du<br />

jazz en m’amenant sans cesse au New<br />

Morning, un petit club de la rue des Petites<br />

écuries où des pointures du jazz se<br />

produisaient, pointures que l’on ne<br />

pouvait sinon voir qu’à la célèbre salle<br />

de l’Olympia. Il arrivait que, pendant<br />

l’entracte d’un concert, mon collègue<br />

vienne jusqu’à ma chambre et me fasse<br />

sortir du lit où j’étais déjà, m’obligeant<br />

à l’accompagner pour qu’au moins, je<br />

ne manque pas la seconde partie d’une<br />

soirée géniale. Grâce à lui, j’ai entendu<br />

Lionel Hampton et George Adams,<br />

Niels­Henning Ørsted Pedersen et<br />

même Chet Baker peu de temps avant<br />

sa mort.<br />

Lors d’une escapade en Normandie,<br />

j’ai mangé des fruits de mer pour la<br />

première fois de ma vie, j’ai commencé<br />

à fumer et me suis acheté mon premier<br />

aftershave, «Jules», une odeur de can­<br />

nelle que je peux encore sentir aujourd’hui.<br />

Avec mes amis, j’ai traîné<br />

dans le quartier chaud de la rue du<br />

Faubourg Saint­Denis. Nous entendions<br />

les négociations entre les prostituées<br />

et les fêtards et observions comment<br />

les hommes disparaissaient dans<br />

les entrées de maisons et la vitesse à laquelle<br />

ils en ressortaient. Et quand une<br />

des filles nous demandait du feu ou<br />

nous prenait par le bras en disant «Tu<br />

viens?», nous nous sentions adultes et<br />

continuions notre chemin vite fait.<br />

Mon Paris devenait chaque jour<br />

plus grand, mes promenades me menaient<br />

vers des quartiers de plus en<br />

plus éloignés. J’ai découvert le parc des<br />

Buttes­Chaumont, un magnifique petit<br />

paysage de contes de fée en plein 19 e<br />

arrondissement, les canaux parisiens,<br />

les relais de routiers du périphérique<br />

où l’on servait une excellente fondue.<br />

Sur le grand marché aux puces de la<br />

Porte de Clignancourt, j’ai trouvé un<br />

imperméable militaire anglais que je<br />

porte sur presque toutes les photos de<br />

l’époque.<br />

Durant les vacances d’été, nous<br />

avons rendu visite à nos amis français<br />

sur les côtes de l’Atlantique, dans un<br />

camping réservé aux gendarmes et à<br />

leurs familles. Le midi, nous mangions<br />

des huîtres sur le sable et dansions le<br />

soir dans une discothèque improvisée.<br />

Puis, il y a aussi eu cette fille, une Autrichienne,<br />

qui a d’abord eu une chambre<br />

dans notre hôtel, puis un petit studio<br />

pas loin. Mais c’est une autre histoire.<br />

A la gare de l’Est, mon point de départ<br />

pour la Suisse où je me rendais<br />

pour des vacances ou un week­end pro­<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Peter Stamm: son premier<br />

texte s’intitule Habermus.<br />

Repères // 25<br />

«Je ne suis pas obligé d’écrire, mais je préfère l’écriture<br />

à toute autre activité», déclare l’écrivain Peter Stamm (49 ans) sur son<br />

travail. «Ecrire ne m’a jamais ennuyé, mais toujours<br />

stimulé. Je n’avais, et n’ai toujours pas le sentiment de<br />

faire exactement ce que je veux faire». Agnes, le premier roman<br />

de Stamm, est paru en 1998. Grâce à ses derniers récits «Seerücken», ce natif de<br />

Thurgovie s’est vu nominé l’année dernière au prix de la Foire du livre de Leipzig<br />

ainsi qu’au «Schweizer Buchpreis». Un bon texte, dit Stamm, est vraiment bon<br />

quand il est vivant: «C’est une chance pour moi.»<br />

Le texte reproduit est la<br />

traduction d’une partie<br />

du nouveau livre de Peter<br />

Stamm: Paris, Liebe,<br />

Mode, Tête à Tête<br />

(éditions Corso, disponible<br />

en allemand seulement).<br />

Le premier texte de Stamm existant encore est une recette de bouillie d’avoine<br />

écrite au jardin d’enfants. Un autre de ses premiers textes était «un poème sur<br />

Ferdi Kübler, un coureur cycliste qui m’avait une fois offert une carte dédicacée<br />

et une casquette.» Peter Stamm, qui vit maintenant à Winterthour, ne sait plus<br />

exactement quand il a décidé de faire de l’écriture son métier: «Je sais seulement<br />

que j’ai eu l’idée de mon premier roman la nuit de Noël qui a précédé mon 20e anniversaire, projet que je n’ai mené à son pauvre terme que des années plus tard.<br />

Je ne savais pas comment devenir écrivain et si j’avais su<br />

à l’époque qu’il me faudrait encore attendre 15 ans<br />

avant la publication de mon premier roman, je n’aurais<br />

certainement pas continué.»


longé, il y avait une affiche: «Engage­toi<br />

dans la Légion étrangère». Je n’ai jamais<br />

sérieusement pensé à devenir légionnaire,<br />

mais j’ai quand même commandé<br />

les documents à l’adresse indiquée.<br />

C’était la promesse que le monde était<br />

plus vaste encore, que le retour à la maison<br />

n’était pas la seule voie possible,<br />

mais qu’il existait aussi des chemins qui<br />

menaient plus loin, vers le sud, dans les<br />

régions arabes ou africaines.<br />

Paris m’a fait devenir adulte. J’y ai<br />

appris que les hommes, comme l’a dit<br />

Hugo Lötscher, n’avaient pas de ra­<br />

cines, mais des jambes. Et que, dans<br />

cette grande ville, l’on pouvait disparaître<br />

dans la solitude d’une petite<br />

chambre ou d’une foule humaine. Chacun<br />

était responsable de lui­même: si<br />

on ne faisait pas d’efforts, l’on sombrait.<br />

En même temps, je me réconciliais<br />

avec mon village et compris ce que<br />

Cesare Pavese avait écrit dans La Lune et<br />

les feux: «On a besoin d’un pays, ne serait­ce<br />

que pour le seul plaisir de le<br />

quitter. [...] Un pays signifie ne pas être<br />

seul: savoir que chez les gens, dans la<br />

terre, les plantes, il y a quelque chose de<br />

toi, un pays qui t’attend, même quand<br />

tu n’es pas là.»<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Mon pays, c’était mon enfance. Et<br />

même si je ne l’avais pas perdue, je ne<br />

pouvais ni ne voulais revenir au pays.<br />

Paris m’avait infligé de ces blessures<br />

plus importantes pour un écrivain<br />

qu’un cours de littérature ou un atelier<br />

d’écriture. Dans cette ville gigantesque<br />

où j’étais souvent seul, dérouté et malheureux,<br />

la littérature était devenue un<br />

moyen de survie.<br />

Un soir, en visite chez des amis, je<br />

suis rentré dans une cour intérieure sur<br />

laquelle régnait un calme total. Après<br />

des mois de bruit et d’agitation, ce<br />

«Paris m’avait infligé de ces blessures<br />

plus importantes pour un écrivain qu’un<br />

cours de littérature.»<br />

calme soudain était comme un choc,<br />

comme un réveil brutal. Je m’étais habitué<br />

à Paris, mais la ville était restée<br />

comme une permanente sollicitation.<br />

A partir de ce moment, je ne suis plus<br />

sorti aussi souvent, ai évité mes amis et<br />

mangeais dans ma chambre plutôt<br />

qu’au restaurant. Je m’asseyais à la fenêtre<br />

et regardais des heures durant les<br />

arrière­cours. Je me suis remis à lire et à<br />

me promener seul dans la ville. J’ai de<br />

plus en plus ressenti le besoin de mettre<br />

sous une forme ou sous une autre tout<br />

ce que j’avais vécu et vu. J’ai commencé<br />

à écrire mes premiers textes sur la<br />

vieille machine à écrire Hermes du bu­<br />

Repères // 27<br />

reau, qui me servait à remplir les<br />

feuilles de compte. Certains de ces<br />

textes ne faisaient que quelques lignes:<br />

des scènes, des atmosphères et toute<br />

sorte de pensées sentencieuses. Presque<br />

tout est perdu aujourd’hui, mais<br />

quelques fragments, quelques souvenirs<br />

ont ressurgi dans le premier roman<br />

que j’ai écrit peu après mon retour en<br />

Suisse.<br />

«A l’époque, j’étais heureux. […] Sur<br />

la petite barque, dans le bois de Boulogne<br />

à Paris, avec un ami et cette<br />

Suissesse que je n’aimais pas, mais qui<br />

était vivante et bronzée l’été dans le<br />

parc, avec sa petite robe blanche, ses<br />

bras et ses jambes dorés.»<br />

Le roman, dont le nom est tiré<br />

d’un poème de Baudelaire – «Un rêve<br />

de pierre» –, commence et finit dans un<br />

train pour Paris. Il n’a trouvé aucun<br />

éditeur, et c’est justifié. Mais c’était un<br />

début, comme mon départ pour Paris,<br />

un début dont je ne suis jamais vraiment<br />

revenu.<br />

Né en 1961, le photographe Marco Benedetti vit<br />

à Bienne et a été distingué en 2011 par plusieurs<br />

prix internationaux. Ses photos racontent des<br />

histoires calmes et poétiques. Elles ne se veulent<br />

pas obligatoirement modernes, mais rendent<br />

toujours hommage à la beauté.


Règne animal urbain<br />

Le paon de jour peuple les cieux zurichois. C’est l’un des 64 papillons de jour de la ville.<br />

L’écrevisse à pattes rouges fait partie des<br />

12 décapodes recensés.<br />

12<br />

12<br />

La grenouille verte est l’un des 12 amphibiens<br />

zurichois.<br />

64<br />

Le pivert fait partie des 97 espèces d’oiseaux avec quatre autres pics.<br />

Zurich est la zone la plus urbanisée de<br />

Suisse. En plus de centaines de milliers<br />

de personnes, on y trouve aussi une<br />

faune très diverse. En effet, Zurich<br />

recense pas moins de 894 espèces<br />

animales. <strong>SWISSLIFE</strong> vous présente<br />

les spécimens des groupes les plus<br />

importants en vous indiquant combien<br />

d’espèces de cette famille ont été vues<br />

en ville.<br />

La couleuvre à collier est l’un des six reptiles<br />

zurichois les plus rares.<br />

97<br />

6<br />

Le sanglier est aussi l’une des 40 espèces de mammifères vivant dans la<br />

ville, des blaireaux aux loirs, en passant par les putois.<br />

Avec 100 autres espèces, l’escargot de Bourgogne est l’un des animaux que l’on rencontre le plus fréquemment à Zurich.<br />

La grande sauterelle verte fait partie des 31 espèces de sauterelles<br />

zurichoises et n’apparaît heureusement pas en nuées.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Déchiffrage // 29<br />

40 43<br />

L’Aeschne printanière est l’une des 43 sortes de libellules et fait partie<br />

des 555 espèces d’insectes répertoriées à Zurich.<br />

100<br />

31 27<br />

Comme pratiquement tous les autres poissons à Zurich, la perche vit dans<br />

les lacs et les cours d’eau.<br />

Source: Stadtfauna – 600 Tierarten der Stadt Zürich, éditions Haupt, illustrations: www.atelier-symbiota.de/Alexander Schmidt


TeinTez voTre inTérieur de fraîcheur<br />

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Création Baumann AG | Bern-Zürich-Strasse 23 | CH-4901 Langenthal<br />

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Mon rêve<br />

c’est<br />

L’avenir<br />

d’élever<br />

des chèvres<br />

c’est bon pour<br />

semaine sur les routes ou les parkings et<br />

les veillent vieux à la fluidité du trafic hippies.<br />

ainsi qu’à la<br />

sécurité des piétons.<br />

Illustrations: Giorgio von Arb<br />

commence ici.<br />

Ils prennent du service au moins une fois par<br />

La vie est pleine d’imprévus.<br />

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<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Cadets de la circulation // 31


Le corps des cadets de Bâle se compose de garçons et<br />

de filles à partir de 12 ans. Ce travail est purement<br />

bénévole, et les cadets sont formés en permanence.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> présente dix cadets et deux responsables<br />

en service un samedi à Bâle, et de bonne humeur<br />

malgré le temps pluvieux. ›››<br />

Mathieu Kroll (14), cadet, Bâle: «Je veille à ce que les transports publics aient toujours la priorité.»<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong>


Giuseppe Di Falco (14), cadet, Bâle: «régler la circulation est une activité intéressante.» sven D. (13), cadet, Münchenstein Bl: «J’aime prendre des responsabilités.»<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong>


Denny Mai (14), cadet, Bâle: «en tant que cadet de la circulation, il faut toujours garder une vue d’ensemble.» ivan huGentoBler (13), cadet, Bâle: «on s’amuse bien, et l’esprit de camaraderie est excellent.»<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong>


Mirco cucci (21), sergent, Bâle: «notre travail garantit la sécurité routière.»<br />

clauDio roMeo (27), capitaine-adjudant, Bâle: «Je consacre mes loisirs à une activité utile au sein du corps des cadets de Bâle.»<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong>


sven ruF (14), cadet, Bâle: «ce que j’apprends aujourd’hui me servira demain.» Mayuran sivanathan (13), cadet, Bâle: «nous devons être aimables, serviables et attentifs.»<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong>


DoMiniK chastonay (13), cadet, Bâle: «chaque mission est différente et permet d’apprendre des choses nouvelles.» GaBriele santoro (14), cadet, Bâle: «il n’est pas aisé d’avoir toujours tout sous contrôle.»<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong>


Alex StAmmherr (13), cadet, Gempen Bl: «Nous devons veiller à la fluidité permanente du trafic.»<br />

TeinTez voTre inTérieur de fraîcheur<br />

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Création Baumann AG | Bern-Zürich-Strasse 23 | CH-4901 Langenthal<br />

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Mon rêve<br />

c’est d’élever<br />

des chèvres<br />

c’est bon pour<br />

les vieux hippies.<br />

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Texte: Barbara Klingbacher, illustrations: Tom Haller<br />

L’éclaireur<br />

Pour Roger Widmer, les rues et les escaliers sont des voies<br />

qu’il ne doit pas obligatoirement emprunter. Ce traceur<br />

bernois se fraye des chemins plus<br />

›››<br />

efficaces et plus rapides que<br />

ceux pensés par les architectes.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

A Swiss Life // 47


Il y a quelques semaines, Roger Widmer s’est approprié<br />

un nouveau lieu: une terrasse située entre des haies et<br />

du béton. L’endroit est désaffecté. Un «spot» urbain<br />

comme il les aime. Ce sportif de 31 ans s’échauffe consciencieusement<br />

avant de glisser sur les bancs vides, de se lancer<br />

sur les parapets qui ne protègent personne et de gravir des<br />

murs oubliés depuis longtemps. Widmer répète des mouvements<br />

qui s’enchaînent souplement, sans effort apparent.<br />

Soudain, une voix retentit sur la terrasse. «Eh, vous! Dégagez<br />

de là, et tout de suite!» C’est le concierge, et il s’approche<br />

à grands pas.<br />

Roger Widmer prend la chose avec philosophie. «Pour le<br />

concierge, il y a un type pas soigné avec un pantalon trop<br />

large qui fait un truc interdit», explique­t­il. «Il pense tout de<br />

suite que c’est un vandale agressif qui pourrait lui attirer des<br />

ennuis.» Depuis douze ans, Widmer pratique le parkour, l’art<br />

de se déplacer en ville. Il a déjà vécu toutes sortes de situations<br />

similaires. En fait, il apprécie ce type de rencontre. C’est<br />

comme parcourir la ville en sautant les murs et les précipices,<br />

ce qu’il fait fréquemment. Ce sont des obstacles à franchir.<br />

Des ennuis, de la violence, du vandalisme? Le concierge<br />

est très loin de la vérité. En 2008, Roger Widmer a fondé<br />

ParkourOne avec des amis. Depuis, il vit de son sport. Il organise<br />

des performances et tourne des films, enseigne dans des<br />

écoles et des maisons de jeunes, dans des centres de prévention,<br />

dans des postes de police ou lors de séminaires de management.<br />

Il a appris le métier d’orfèvre et a passé un diplôme<br />

d’enseignement. Il possède en outre sa propre marque de vêtements<br />

«Etre fort», dont 1% des recettes est reversé pour la<br />

protection de l’environnement. Roger Widmer est marié et<br />

père de deux garçons qu’il éduque «selon l’esprit du parkour».<br />

Widmer fait plus jeune que son âge. Il est mince et très<br />

entraîné, a l’esprit vif et s’exprime de manière précise. Pour<br />

expliquer sa philosophie du sport, il tend sa main calleuse à<br />

force de râcler le béton et le métal des villes. Chaque doigt<br />

représente un principe: humilité, respect, confiance, prudence<br />

et renonciation à l’esprit de compétition. «Etre fort<br />

pour être utile» est la devise du parkour. Un slogan qui pourrait<br />

tout aussi bien appartenir aux éclaireurs. En effet, un<br />

traceur, comme on appelle les adeptes de ce sport, sont des<br />

éclaireurs. Des personnes qui vont en reconnaissance pour<br />

ouvrir la voie.<br />

Si l’on oublie la philosophie, le parkour peut être défini<br />

comme suit: «le but est de se déplacer d’un point à un autre<br />

de la manière la plus efficace possible», nous dit Widmer.<br />

Cette méthode a été développée par l’armée française pour<br />

économiser les forces des troupes dans la jungle. A la fin des<br />

années 80, David Belle, un fils de soldat, a transposé ces techniques<br />

dans le milieu urbain des banlieues parisiennes. L’on<br />

peut emprunter les rues... ou ouvrir d’autres voies. Un traceur<br />

voit un passage là où d’autres ne voient qu’un mur. Il<br />

voit des escaliers sur les façades lisses ou des couloirs entre<br />

les toits. «Nous ne suivons pas les indications des architectes<br />

et des urbanistes», explique Roger Widmer. «Nous redécouvrons<br />

chaque terrain avec des yeux d’enfants mais avec notre<br />

raison d’adultes.»<br />

«Pour le concierge, il y a un<br />

type pas soigné avec un<br />

pantalon trop large qui fait<br />

un truc interdit. Il pense<br />

tout de suite que c’est un<br />

vandale agressif qui pourrait<br />

lui attirer des ennuis.»<br />

Lorsqu’il était jeune, Roger Widmer sortait déjà des sentiers<br />

battus. Alors que les autres jouaient au foot, il a préféré apprendre<br />

le monocycle tout seul. A 12 ans, il a découvert le<br />

Didgeridoo et en a construit un lui­même. A 18 ans, après<br />

avoir vu un reportage sur David Belle, il a décidé de se consacrer<br />

au parkour. A cette époque, impossible d’apprendre<br />

cette technique en prenant des cours. Peu importe. Le jour<br />

suivant, Widmer trouve un endroit adéquat: une cour désaffectée<br />

près de la gare de Münsingen. Il se lance sur des parapets,<br />

franchit des murs, se suspend à des branches et s’entraîne<br />

sans relâche jour après jour. «J’aime les formes<br />

réduites» déclare­t­il. «Le parkour est le sport le plus réduit<br />

qui soit: ici, il n’y a que ton corps et le terrain.»<br />

Roger Widmer et ses amis, toujours plus nombreux,<br />

furent la première troupe de parkour hors de France. Après<br />

s’être entraînés quatre ans de suite, ils pensaient être parmi<br />

les meilleurs traceurs. Lors d’un voyage en France à Lisses, la<br />

patrie de David Belle et la Mecque du parkour, ils constatent<br />

Le parcours du traceur: dans la vieille ville de Berne, les gens se sont habitués à voir Roger Widmer emprunter des passages improbables.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong>


Son terrain est la zone urbaine: le traceur Roger Widmer.<br />

cependant rapidement que tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils<br />

ne savent rien. Une bonne leçon d’humilité et une petite<br />

maxime en passant, comme remède contre la suffisance:<br />

«Celui qui pense qu’il est le meilleur parce qu’il a franchi un<br />

mur oublie qu’il y en a d’autres encore plus hauts» déclare<br />

Widmer. Mais il ne regrette pas ses années en autodidacte.<br />

Elles lui ont appris à gérer la peur et l’expérience. Seule<br />

l’expérience permet de calculer les risques dans le parkour.<br />

Quel est le bon élan pour franchir un mur? Quel matériau<br />

accroche, quel autre est glissant? A partir de quel degré de<br />

«Quel que soit l’obstacle<br />

sur ton chemin, tu ne peux pas<br />

changer le problème. En<br />

revanche, tu peux t’améliorer<br />

et franchir l’obstacle.»<br />

rouille un grillage est­il instable? En douze ans et des milliers<br />

de prises et de sauts, Widmer s’est constitué une sorte<br />

de banque de données tactiles qui lui permettent de prendre<br />

des décisions éclair sur un tronçon.<br />

Cette capacité lui a peut­être sauvé la vie. Il y a deux ans,<br />

alors qu’il circulait à moto dans Münsingen, une voiture l’a<br />

heurté à 50 km/heure. En tombant, Roger Widmer a cherché<br />

un passage, estimé l’endroit le moins dangereux, dévié<br />

l’angle de sa chute, roulé en boule, et tout cela en une fraction<br />

de seconde. En passant sous la voiture, la moto a brisé<br />

une jambe à Roger Widmer. «Je sentais que j’étais<br />

blessé», se souvient­il. «Les automobilistes étaient furieux.<br />

Je leur ai dit de sécuriser le périmètre et d’appeler la<br />

police. Ensuite, il faudrait que j’aille à l’hôpital.» Widmer<br />

était si paisible que le médecin a cru qu’il était sous le choc.<br />

«A ce moment, j’ai compris que dix ans de parkour avaient<br />

aussi fortifié mon mental.»<br />

Les traceurs sont partout: près de la Blutturm sur les<br />

rives de l’Aar, autour du stade du Wankdorf ou sur la grande<br />

rampe au beau milieu de la ville. Les passants s’y sont habitués.<br />

Le parkour est devenu un sport à la mode. Il y a<br />

des listes d’attente pour les entraînements de ParkourOne.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Mais ceux qui commencent cette pratique pour être «cools»<br />

abandonnent aussi rapidement. Les entraînements sont<br />

durs. «Ils sont si éprouvants que l’on n’a pas l’énergie de<br />

penser à être cool» explique Widmer. Même s’il faut sans<br />

cesse repousser ses propres limites, le parkour n’est pas un<br />

sport de compétition. «Pour le traceur, il n’est pas important<br />

de savoir qui court le plus vite, qui grimpe le plus haut ou<br />

qui saute le plus loin». «C’est le terrain ou le mur qui t’indiquent<br />

si tu y vas correctement. Pas ton entraîneur.»<br />

L’enseignement dispensé par Widmer est sportif, mais il<br />

veut aussi transmettre un état d’esprit aux jeunes. Quel que<br />

soit l’obstacle sur ton chemin, tu ne peux pas changer le problème.<br />

En revanche, tu peux t’améliorer et franchir l’obstacle.<br />

Cela fonctionne également si l’obstacle est un concierge<br />

énervé qui se rapproche en courant et qui crie au traceur de<br />

dégager immédiatement. Roger Widmer finit de raconter<br />

son histoire. Ce jour là, il s’est dirigé vers le concierge, s’est<br />

présenté à lui et lui a expliqué ce qu’il faisait là. Poliment,<br />

simplement et respectueusement. Il aurait bien entendu accepté<br />

une interdiction du concierge. Mais, après une brève<br />

discussion, l’homme lui a même permis de faire ce qu’il<br />

n’aurait pas osé faire sans permission: escalader la façade de<br />

l’immeuble. Le soi­disant vandale et le soi­disant petit esprit<br />

se serrent la main en souriant. «A une prochaine», ajoute le<br />

concierge. «Si j’étais plus jeune, j’essaierais bien moi aussi.»<br />

Auteur et journaliste primée, Barbara Klingbacher<br />

vit et travaille à Zurich.<br />

A Swiss Life // 51


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1 // Charger un lecteur de<br />

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La plupart des applications<br />

gratuites fonctionnent<br />

parfaitement.<br />

2 // Activer l’application et<br />

placez l’appareil photo devant<br />

le QR code. L’application le<br />

reconnaît immédiatement et<br />

le déchiffre.<br />

C’est si simple<br />

d’utiliser les<br />

QR codes!<br />

3 // Appuyez une fois sur l’écran<br />

tactile pour avoir un film, du son<br />

ou du texte.<br />

L’excellence dans la simplicité:<br />

une spécialité printanière du Tessin<br />

Ce qui est bon n’est pas forcément compliqué.<br />

Revenons aux choses simples. Les saltimbocca<br />

aux asperges de Magadino en sont un<br />

exemple. La formagella locale<br />

vient parfaire cette recette<br />

printanière.<br />

Saltimbocca aux<br />

asperges de Magadino<br />

avec formagella fondue et salade de printemps<br />

Eplucher les asperges et les cuire, chemiser une tranche de jambon cru<br />

et une feuille de sauge autour en laissant la pointe dégagée. Froisser une<br />

tranche de jambon cru de manière à former une sorte de rose, la placer<br />

sur les asperges chemisées et faire cuire le tout environ six minutes dans<br />

le four préchauffé à 160 degrés. Sortir du four lorsque le jambon est<br />

croustillant. Faire chauffer doucement la formagella de 3 à 5 minutes<br />

dans une poêle et l’étaler sur les asperges. Servir avec une salade de<br />

printemps parfumée à l’ail des ours (selon la saison) et relevée avec une<br />

vinaigrette aux herbes. Accompagner de pommes de terre nouvelles.<br />

Ingrédients pour 4 personnes: 480 g d’asperges vertes, 16 tranches de jambon cru (env. 80 g),<br />

160 g de formagella (ou Taleggio) coupée en tranches, salade.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Illustrations: Sylvia Geel<br />

Plaisirs culinaires // 55<br />

Matthias<br />

Althof et les<br />

produits frais<br />

Il est important pour moi de travailler<br />

avec des produits locaux. Ils ont<br />

une fraîcheur que l’on ne trouve pas<br />

autrement. Le fromage de chèvre<br />

du Val Osernone est fabriqué par une<br />

entreprise qui porte bien son nom: La<br />

Capra Contenta (la chèvre heureuse).<br />

La viande vient quant à elle de chez<br />

un boucher de la région, à Intragna.<br />

Je travaille sur des produits de la vallée<br />

que j’achète à des personnes passion ­<br />

nées par leur métier. Des producteurs<br />

qui viennent aussi me voir de temps à<br />

autres pour partager une bouteille<br />

de vin ou manger en famille. Cela crée<br />

des liens. Le travail avec ces produits<br />

facilite la cuisine. Les asperges de<br />

Magadino, le jambon de porcs de la<br />

région, la formagella d’un alpage<br />

voisin ou encore les salades de<br />

printemps. Et voilà un plat goûteux!<br />

Matthias Althof tient le restaurant Tentazioni à<br />

Cavigliano TI avec sa femme Elvira, pâtissière.<br />

Il a obtenu quinze points au Gault et Millaut ainsi<br />

que la distinction «Découverte de l’année» au<br />

Tessin en <strong>2012</strong>.<br />

www.ristorante-tentazioni.ch


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NOW<br />

Un jour, courant janvier, ma bonne résolution pour la<br />

nouvelle année qui était d’aller courir a disparu. Et je<br />

reste là avec ma mauvaise conscience qui ne fait que me<br />

rappeler ma propre indolence et les outrages du temps.<br />

A l’origine, je voulais pêcher à la mouche. Cela a<br />

quelque chose d’apaisant, de zen presque... du moins,<br />

dans mes souvenirs cinématographiques. Pourtant, la<br />

réalité s’est révélée tout autre dans mon cas: équipement<br />

hyper sophistiqué, bureaucratie et entraînement technique<br />

des heures durant. De surcroît, ma motivation<br />

avait vraiment du mal à se faire à<br />

l’idée que mon passe­temps implique<br />

in fine de devoir trucider<br />

un être vivant. Aussi ai­je enterré<br />

la pêche à la mouche. RIP.<br />

C’est pourtant simple: je souhaite<br />

rester actif. Et depuis que la<br />

presbytie due à l’âge m’a imposé<br />

ses lunettes, je ressens ce besoin<br />

étrange d’affûter mon regard, au<br />

sens figuré bien sûr. Avoir enfin<br />

une vue d’ensemble, percer à jour<br />

la vie. J’avais un plan. Il fallait sortir, à la recherche de la<br />

lumière! La fibre de l’explorateur! Etre au grand air, au<br />

lieu de rester vautré devant la télé! Splendide!<br />

J’ai donc décidé de devenir un photographe averti au<br />

lieu de rester un simple amateur de prises de vue sans<br />

culture. J’ai visité des sites Internet sur la photo, passé<br />

des après­midis entiers sur des albums, étudié la composition<br />

de l’image et la subjectivité de la mise au point...<br />

Et j’ai découvert quelque chose. Quelque chose que l’on<br />

pourrait qualifier de «vraie photographie», quasiment à<br />

l’opposé de ce que l’on peut obtenir avec un téléphone<br />

et quelques applications. J’ai toujours considéré les logiciels<br />

de retouche d’images comme suspects. Celui qui<br />

modifie des photos après coup ne fait finalement que<br />

contribuer au flot d’images mensongères qui nous<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Reeto von Gunten // 57<br />

A l’origine, il voulait pêcher à la mouche... Trop<br />

compliqué pour lui. Du coup, notre auteur s’arme d’un<br />

appareil photo et capture les vrais moments de la vie.<br />

inonde. Il m’importe bien plus de représenter la réalité.<br />

Ce réel que je vois lors de mes balades à travers la ville et<br />

qui a déjà inspiré la plupart de mes histoires. Là où je vis<br />

et où je peux observer la vie qui m’entoure.<br />

J’ai même défini un principe de travail. Des mots se<br />

sont posés sur une idée que j’entends poursuivre avec<br />

détermination. Comme pour la course à pied durant le<br />

mois de janvier.<br />

Je ne vais donc pas rechercher le côté impressionnant<br />

dans la photo mais partir à la recherche de la spontanéité<br />

et de l’authenticité, de l’instant<br />

imprévisible qui a déjà disparu<br />

la seconde qui suit.<br />

Aussi me suis­je procuré un<br />

appareil photo qui me demande<br />

une certaine dextérité mais qui<br />

éloigne de moi toute tentation<br />

d’autofocus et de mode «paysage»,<br />

puisqu’il en est totalement<br />

dépourvu. Clic clac! Et voici le<br />

premier cliché, fruit classique de<br />

l’excitation devant un nouveau<br />

gadget: un autoportrait devant un miroir. Pourtant, pas<br />

vraiment mieux que si je l’avais fait avec le téléphone.<br />

Ensuite, j’ai retravaillé la photo à l’ordinateur pour<br />

en supprimer les reflets.<br />

Il semblerait donc que le chemin soit encore bien<br />

long. Et pour dire vrai, je n’ai pas l’impression que je<br />

pourrai vous montrer l’une de mes «vraies photographies»<br />

dans un prochain numéro. Mais j’y travaille.<br />

Promis!<br />

Reeto von Gunten écrit dans <strong>SWISSLIFE</strong> sur des choses insignifiantes à l’histoire<br />

extraordinaire. Cet animateur radio (DRS 3), écrivain et conteur est captivé par<br />

les petites choses de la vie. <strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong>


Vos connaissances<br />

sont-elles à la hauteur?<br />

DANS QUELLE VILLE A<br />

ÉTÉ ÉRIGÉ LE PREMIER<br />

GRATTE-CIEL DE SUISSE?<br />

G > LAUSANNE<br />

N > GENÈVE<br />

OÙ SE CONSTRUIT EN <strong>2012</strong><br />

UN MONUMENT DE<br />

175 MÈTRES DE HAUT?<br />

D > WINTERTHOUR<br />

A > BÂLE<br />

OÙ PEUT-ON S’ÉMERVEILLER<br />

DEVANT LES 101 MÈTRES DU PLUS<br />

HAUT CLOCHER DE SUISSE?<br />

G > THOUNE<br />

U > BERNE<br />

Gagnez une nuitée au<br />

Grand Hotel Dolder<br />

DANS QUELLE VILLE TRÔNE CETTE<br />

CATHÉDRALE DE 74 MÈTRES DE HAUT?<br />

L > FRIBOURG<br />

N > SOLEURE<br />

DE QUELLE VILLE CE PONT AVEC TOUR<br />

EST-IL LE SYMBOLE?<br />

D > ST-GALL<br />

N > LUCERNE<br />

OÙ SE TROUVE L’ACTUEL PLUS<br />

GRAND BÂTIMENT DE SUISSE<br />

QUI CULMINE À 126 MÈTRES?<br />

L > BÂLE<br />

O > ZURICH<br />

Placés les uns à côté des autres, les plus grands monuments suisses s’imposent comme une magnifique silhouette urbaine.<br />

Mais quel bâtiment se trouve dans quelle ville? En mettant les lettres dans le bon ordre, vous trouverez le nom<br />

d’un lieu très connu – et gagnerez avec un peu de chance un dîner et une nuitée (d’une valeur de 1500 francs) pour<br />

deux personnes dans le meilleur hôtel de Suisse (classement des hôtels BILANZ 2011): le Dolder Grand de Zurich.<br />

de Zurich. Participez à ce concours via Internet (www.swisslife.ch/magazin) ou répondez aux six questions sur la carte-réponse (rabat en dernière de couverture).<br />

Date limite de participation: 30 avril <strong>2012</strong>. Le nom du gagnant ou de la gagnante sera publié dans le prochain <strong>SWISSLIFE</strong>. Nous adressons toutes<br />

nos félicitations à Monsieur Marco Montanari, 6010 Kriens, qui a gagné lors du dernier concours un home cinema Sony Blue Ray BDV-L800 d’une<br />

valeur de 899 francs offert par Sony. La bonne réponse était: A.<br />

<strong>SWISSLIFE</strong> <strong>Printemps</strong> <strong>2012</strong><br />

Concours // 59


60 // Encore!<br />

Phenomden parle de sa chanson «Stadt»<br />

«C’est magnifique<br />

d’être<br />

à nouveau ici!»<br />

Sie wär nüüt ohni eus<br />

mir wäred nüüt ohni sie<br />

i ihre inne findet’s statt<br />

und drumm suechemer sie<br />

jede liebt sini eigeni‚<br />

s isch ganz egal<br />

ob Basylon, Burn oder<br />

Z’riich-shitty<br />

«Je suis parti plus d’une année assez loin d’ici. J’ai passé dix<br />

mois à Kingston, en Jamaïque. Je vivais sur les collines Redhills<br />

situées à dix minutes du centre-ville. C’est très bruyant,<br />

très chaud, mais aussi très cool. Tu as l’impression d’être<br />

chez toi mais ailleurs, dans un autre monde.<br />

J’ai écrit de nombreuses chansons là-bas. C’était sympa.<br />

Mais j’ai aussi un peu oublié ce sentiment d’être dans un environnement<br />

familier, avec ses amis et ses proches. J’ai été<br />

très touché lorsque je suis revenu en Suisse. J’ai travaillé dans<br />

un atelier de vélos. Des clients m’ont reconnu et m’ont dit:<br />

«C’est génial que tu sois revenu. A quand ton prochain album?»<br />

Je me suis dit que c’était très cool. C’est magnifique<br />

d’être à nouveau ici!<br />

C’était si chaleureux. Cela m’a beaucoup touché de rentrer<br />

et de constater que les gens se réjouissaient de me revoir.<br />

Ils m’attendaient! J’ai revu mes potes, je suis retourné dans<br />

des endroits que je connais, j’ai marché à travers les rues de<br />

la ville. J’étais à la maison, là où je me sens bien. Dans ma<br />

ville. Lorsque j’ai repris les enregistrements, j’ai remarqué<br />

que les chansons écrites en Jamaïque étaient plus mélodieuses<br />

et que les thèmes étaient plus ouverts sur le monde. C’est<br />

également l’avis des musiciens de mon groupe, The Scrucialists.<br />

Mais ils m’ont aussi dit: «On remarque que ces morceaux<br />

n’ont pas été écrits chez toi à Zurich.»<br />

J’ai revu Stereo Luchs. Dans le temps, nous avons écrit<br />

des chansons ensemble qui sont une critique de la vie urbaine:<br />

la spéculation, la pénurie des logements, le trafic épouvantable.<br />

Mais là, on s’est dit, OK, ce serait bien de raconter<br />

aussi ce qui nous plaît dans la ville. Et c’est comme cela que<br />

cette chanson est née.<br />

Pour moi, ce morceau est parfait. J’ai eu un accueil chaleureux<br />

en revenant ici, dans cette ville qui est aussi un gros<br />

village. Tout le monde va aux mêmes endroits, dans les mêmes<br />

bars, dans les mêmes quartiers. C’est là que tu remarques<br />

comme le monde est petit dans une ville. J’ai donc utilisé<br />

quelques pseudos dans la chanson. Il ne faut pas se prendre<br />

trop au sérieux juste parce que l’on habite la ville. Lufern,<br />

Senf, Winterchur, Basylon, Burn ou Tüüri-City. La relation<br />

avec les villes, c’est comme une relation amoureuse. Tu te<br />

dis: «wow, trop bien!» et en même temps, tu en as marre aussi.<br />

Tu es alors content de prendre un peu de distance, pour<br />

un moment. Mais le retour est très agréable, et tout ce qu’il y<br />

a autour aussi. C’est vraiment bien, et surtout aussi Zurich-<br />

Shitty.»<br />

Actuellement, Phenomden est en tournée suisse avec son nouvel album «Eiland».<br />

Il est accompagné par le groupe The Scrucialists, parfois aussi par Stereo Luchs<br />

avec lequel il a écrit la chanson «Stadt». Un reggae mélodieux aux accents jamaï -<br />

cains et des textes engagés font de Phenomden l’un des artistes les plus importants<br />

de la nouvelle scène musicale suisse alémanique.<br />

www.phenomden.ch


www.swisslife.ch/magazine<br />

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