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Gratitude et bien-être - Laboratoire Interuniversitaire de Psychologie

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Dossier<strong>Gratitu<strong>de</strong></strong> <strong>et</strong> <strong>bien</strong>-êtreOn éprouve <strong>de</strong> la gratitu<strong>de</strong> quand on constate qu’une émotionpositive a été déclenchée par l’action d’autrui. Le <strong>bien</strong>-être qui endécoule est d’autant plus intense que la gratitu<strong>de</strong> est exprimée.Rébecca Shanklan<strong>de</strong>st maître <strong>de</strong> conférencesen psychologie clinique,dans le <strong>Laboratoire</strong>interuniversitaire <strong>de</strong>psychologie, personnalité,cognition, changementsocial, E A 4 1 4 5,Université Grenoble 2 .En Bref• La gratitu<strong>de</strong> estdéclenchée parune personne qui, parune action délibérée,entraîne un événementpositif pour une autrepersonne.• La gratitu<strong>de</strong> estl’expression d’un trait<strong>de</strong> personnalité :l’orientationreconnaissante. C’estun facteur important du<strong>bien</strong>-être psychologique.• Les personnesexprimant régulièrementleur gratitu<strong>de</strong> se sententplus heureuses, mais,<strong>de</strong> surcroît, elles ontmoins <strong>de</strong> douleursdiverses, <strong>de</strong> migraines,sont moins dépressives<strong>et</strong> moins anxieuses.• La gratitu<strong>de</strong> augmentela confiance en l’autre,<strong>et</strong> le sentiment <strong>de</strong>reconnaissance estcontagieux.La gratitu<strong>de</strong> est un état d’esprit ou unsentiment <strong>de</strong> reconnaissance envers unepersonne dont on a reçu un <strong>bien</strong>fait ouun service, <strong>et</strong> qui nous incite à donnerqu el que chose en r<strong>et</strong>o u r. Ce term edérive du latin gratia, faveur, <strong>et</strong> associe le don <strong>et</strong>l’émotion positive qu’il engendre. Ainsi, la gratitu<strong>de</strong>est une émotion déclenchée par un don.Deux étapes sont nécessaires pour aboutir ausentiment <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> : d’une part, constaterqu’un événement positif est survenu dans notrevie <strong>et</strong>, d’autre part, qu’il est dû à une personne ouun gro u pe ayant agi inten ti on n ell em ent à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>.La gratitu<strong>de</strong> est un vecteur <strong>de</strong> <strong>bien</strong>-être social.Imaginons un enseignant qui consacre <strong>de</strong> nombreusesheures à la réalisation d’une comédiemusicale avec ses élèves pour améliorer l’ambiancedans la classe ou pour que ces élèves aientplaisir à venir au collège. Si les parents ou les élèvesne lui renvoient aucun signe <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong>, <strong>de</strong>stensions risquent <strong>de</strong> se faire jour. À l’inverse, s’ilsle remercient ou lui offrent un présent collectif,cela créera un lien social positif. Pour les parentsou les élèves, quel sera l’impact <strong>de</strong> leur s en ti m en t<strong>de</strong> recon n a i s s a n ce envers l ’ en s ei gn a n t ? Le sparents auront-ils un sentiment <strong>de</strong> d<strong>et</strong>te enverslui ? Les élèves se sentiront-ils gênés face à luil’année suivante en prenant conscience <strong>de</strong> laquantité <strong>de</strong> temps <strong>et</strong> d’énergie qu’il a fourniepour mener à <strong>bien</strong> un proj<strong>et</strong> qui leur tenait àcœur ? En d’autres termes, la gratitu<strong>de</strong> entraîn<strong>et</strong>-elle<strong>de</strong>s émotions positives ou négatives ? Pourtenter <strong>de</strong> répondre à ces questions, nous examineronsce qu’est la gratitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> quels sont ses liensavec le <strong>bien</strong>-être psychologique.La perception <strong>et</strong> les manifestations <strong>de</strong> la gratitu<strong>de</strong>sont-elles i<strong>de</strong>ntiques dans toutes les cultures? Non. Les Allemands <strong>et</strong> les Japonais, parexemple, valorisent l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> reconnaissance,tandis que les Américains la perçoivent plutôtcomme un signe <strong>de</strong> soumission, une obligation,qu’ils ressentent négativement. Comme l’anthropologueMarcel Mauss, certains considèrent quela gratitu<strong>de</strong> serait une obligation morale, le récipiendairese sentant re<strong>de</strong>vable envers le <strong>bien</strong>faiteur.Or le fait même <strong>de</strong> reconnaître que l’on estdébiteur peut constituer une forme <strong>de</strong> réciprocité: la gratitu<strong>de</strong> étant « offerte » en échange dudon. Ainsi, malgré les différences culturelles, lagratitu<strong>de</strong> est généralement perçue <strong>de</strong> façon positive.En 2002, Jean Dumas, <strong>de</strong> l’Université Purdueaux États-Unis, a <strong>de</strong>mandé à <strong>de</strong> nombreux suj<strong>et</strong>sd’évaluer 800 traits <strong>de</strong> personnalité : selon lesrésultats, la gratitu<strong>de</strong> figure parmi les 30 qualitésles plus appréciées.La gratitu<strong>de</strong> :une émotion positiveEn réalité, la gratitu<strong>de</strong> n’est pas une forme <strong>de</strong>soumission ou <strong>de</strong> dévalorisation <strong>de</strong> sa propr econtributi on à un événem en t , mais plutôt unea t ti tu <strong>de</strong> face à la vi e , n om m é e ori en t a ti on reconna i s s a n te , qui con s ti tue un trait <strong>de</strong> pers on n a l i t é .La prise en com pte du souti en d’autrui n’est pasi n com p a ti ble avec la con s c i en ce <strong>de</strong> l’import a n ce<strong>de</strong>s ef forts que l’on fo u rn i t . Ai n s i , un sporti f <strong>de</strong>h a ut niveau attri bue sa réussite à sa pers é v é ra n cel ors <strong>de</strong>s en tra î n em en t s , mais s’il pr é s en te un<strong>de</strong>gré d’ori en t a ti on recon n a i s s a n te élev é , il attribuera éga l em ent sa réussite à tous ceux qui l’on ten to u r é : sa famille pour sa pati en ce , s on équ i pepour son souti en , <strong>et</strong> même son rival qui lui aurapermis <strong>de</strong> se dépasser. Com m ent mon tre - t - onque la gra ti tu <strong>de</strong> est un facteur important dubi en - ê tre psych o l ogi qu e ? Diverses étu <strong>de</strong>s on t2 © Cerveau & Psycho - N° 37


évélé que les pers onnes habi tu ell em ent reconna i s s a n tes sont plus heu reu s e s , p lus éner gi qu e s ,p lus opti m i s te s , p lus servi a bles <strong>et</strong> em p a t h i qu e s ,<strong>et</strong> qu’ elles épro uvent dava n t a ge d’émoti on spo s itives (joie, émerveillement…). Selon SonjaLy u bom i rs ky, <strong>de</strong> l’Un iversité <strong>de</strong> Ca l i forn i e , àRiversi<strong>de</strong>, plus une personne a un niveau élevéd’orientation reconnaissante, moins elle présente<strong>de</strong> symptômes anxieux <strong>et</strong> dépressifs, <strong>de</strong> sentiment<strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>, d’envie ou <strong>de</strong> frustration.Par aill eu rs , on con s t a te que les ef f<strong>et</strong>s liés à lagra ti tu <strong>de</strong> sont d’autant plus importants que l’onprend conscience <strong>de</strong> ces moments ou événementsparticuliers. Dans une étu<strong>de</strong> réalisée en 2003,Robert Emmons, <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Californie, àDavis, <strong>et</strong> Michael McCullough, <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong>Miami, ont réparti <strong>de</strong>s étudiants en trois groupes.Ils ont <strong>de</strong>mandé au premier <strong>de</strong> noter une fois parsemaine cinq événements qui suscitaient en euxun sentiment <strong>de</strong> reconnaissance. Le <strong>de</strong>uxièmegroupe <strong>de</strong>vait noter chaque semaine cinq soucis<strong>et</strong> le troisième groupe cinq événements <strong>de</strong> leurchoix. Au bout <strong>de</strong> dix semaines, les participantsayant exprimé régulièrement <strong>de</strong> la gratitu<strong>de</strong> sesentaient plus optimistes <strong>et</strong> plus satisfaits <strong>de</strong> leurexistence que les autres. De plus, ces personnessignalaient moins <strong>de</strong> troubles, tels que migraines,maux <strong>de</strong> ventre, acné que les autres.L’orientation reconnaissanteLes ch erch eu rs ont éga l em ent constaté que l’expres s i on <strong>de</strong> la gra ti tu <strong>de</strong> ne con s i s te pas seu l em en tà com mu n i qu er un sen ti m en t , mais qu’ ell eacc roît le niveau <strong>de</strong> bi en - ê tre <strong>de</strong>s pers onnes qu il ’ ex pri m en t . Ai n s i , R . E m m ons <strong>et</strong> M. Mc Cu ll o u ghont mon tré que plus <strong>de</strong> la moi tié <strong>de</strong>s su j <strong>et</strong>s disen tque le fait <strong>de</strong> rem erc i er qu el qu’un les rend « ex tr ê-m em ent heu reu x » . D’autres travaux portant sur<strong>de</strong>s adultes souffrant <strong>de</strong> maladies chroniques ont1. La gratitu<strong>de</strong> estun sentiment <strong>de</strong>reconnaissance vis-à-visd ’ a u t r u i . C’estune construction socialeoù un événement positif,qui améliore le <strong>bien</strong>-êtrepsychologique dubénéficiaire, est dû àune personne qui a agiintentionnellement àc<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>.© Cerveau & Psycho - N° 37 3


Le sentiment <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> rendles aspects positifs <strong>de</strong> la vie plussaillants, ce qui renforce leur mémorisation.mis en avant <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> même type : unea u gm en t a ti on <strong>de</strong>s émoti ons po s i tives (joi e ,enthousiasme, fierté, intérêt) les jours où lessuj<strong>et</strong>s exprimaient leur reconnaissance.L’ ori en t a ti on recon n a i s s a n te est l’un <strong>de</strong>s tra i t s<strong>de</strong> pers onnalité les plus liés au bi en - ê tre psych ologique.Plusieurs phénomènes peuvent expliquerles liens entre gratitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> santé physique, mentale<strong>et</strong> sociale. Examinons d’abord l’impact <strong>de</strong> lagratitu<strong>de</strong> sur la façon dont on traite les information s . Les pers onnes ayant un niveau élev éd ’ ori en t a ti on recon n a i s s a n te se rem é m oren tdavantage <strong>de</strong> souvenirs positifs. Le sentiment <strong>de</strong>gratitu<strong>de</strong> rend les aspects positifs <strong>de</strong> la vie plussaillants, ce qui renforce leur mémorisation.Ressentir <strong>de</strong> la reconnaissance augmente l’intensitéavec laquelle une personne pense à unca<strong>de</strong>au, à celui qui l’a offert, au contexte, tous ceséléments facilitant la remémoration du souvenir.Lorsque l’on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux individus ayant unniveau d’orientation reconnaissante élevé <strong>de</strong> seremémorer <strong>de</strong>s événements du passé, ils rapportent<strong>de</strong> nombreux souvenirs positifs, tandis queles déprimés présentent une tendance à la remémorationnégative. Ainsi, parce que l’orientationreconnaissante perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> se centrer davantagesur les éléments positifs <strong>de</strong> la vie, elle réduit lerisque <strong>de</strong> dépression.Le <strong>de</strong>uxième lien en tre l’ori en t a ti on reconna i s s a n te <strong>et</strong> le bi en - ê tre psych o l ogi que con cern el ’ i m p act <strong>de</strong>s interacti ons po s i tives sur le souti ens oc i a l , l equ el est un facteur important <strong>de</strong> bi en -ê tre . Percevoir qu’ a utrui manife s te une inten ti onpo s i tive à son éga rd augm en te l’estime <strong>de</strong> soi <strong>et</strong>la produ cti on d’émoti ons po s i tives (on se sen tcon s i d é r é , a i m é , a ppr é c i é , s o utenu ) . En outre , ense to u rnant vers autru i , on « s’ o u bl i e » , c’ e s t - à -d i re qu’il se produit une « d é cen tra ti on » <strong>de</strong>s oi : tandis que les dépre s s i fs se rep l i ent sur eu x -m ê m e s , ce qui augm en te le sen ti m ent <strong>de</strong> solitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> tri s te s s e , la gra ti tu <strong>de</strong> pousse à all ervers autru i .C<strong>et</strong> te dispo s i ti on favorise les com portem en t spro s ociaux <strong>et</strong> augm en te la con f i a n ce en l’autre ,même s’il s’ a git d’un incon nu . Cela ex p l i qu epo u rqu oi les su j <strong>et</strong>s reconnaissants créent plu sf ac i l em ent un réseau social <strong>de</strong> qualité <strong>et</strong>p é ren n e : dans le cad re <strong>de</strong>s rech erches faites su rla recon n a i s s a n ce , les su j <strong>et</strong>s pra ti quant la reconna i s s a n ce ra pportent un sen ti m ent croissant <strong>de</strong>B i b l i o g r a p h i eR. Shankland,La gratitu<strong>de</strong>, inIntroduction à lapsychologie positive, sousla direction <strong>de</strong> J. L e c o m t e ,Dunod, 2009.R. Emmons, M e r c i !Quand la gratitu<strong>de</strong>change nos vies,Belfond, 2008.S. Lyubomirsky, C o m m e n têtre heureux... <strong>et</strong> le rester,Flammarion, 2008.M. Seligman <strong>et</strong> al., P o s i t i v epsychology progress :empirical validation ofi n t e r v e n t i o n s, in A m e r i c a nP s y c h o l o g i s t, vol. 6 0 ,p p . 410-421, 2008.proximité aux autre s . De plu s , les pers onnes faisantpartie du réseau social <strong>de</strong>s participants à ce sé tu <strong>de</strong>s esti m ent qu’ elles sont <strong>de</strong>venues – par unef f<strong>et</strong> <strong>de</strong> con t a gi on psych o l ogi qu e – plus servi a-bl e s , p lus heu reuses <strong>et</strong> plus agr é a bles que cell e sdu gro u pe con tr ô l e . Le mécanisme amorcé s’ a u-toen tr<strong>et</strong>i en t : l ’ hu m eur po s i tive <strong>et</strong> la dispo s i ti ona gr é a ble acc roi s s ent la capacité à dével opper unréseau soc i a l , ce qui augm en te en core la sen s a-ti on <strong>de</strong> bi en - ê tre .Comment développerla gratitu<strong>de</strong> ?Ai n s i , une spirale ascen d a n te con duit la personne recon n a i s s a n te à être heu reuse du ra bl e-m en t . Or l’une <strong>de</strong>s ex p l i c a ti ons po s s i bles dum a l - ê tre re s s en ti dans les pays occ i <strong>de</strong>ntaux estl ’ i s o l em ent soc i a l , en partie dû aux mod i f i c a-ti ons soc i é t a l e s : les mem bres d’une mêmef a m i lle vivent loin les uns <strong>de</strong>s autre s , les séparations sont plus fréqu en te s , les liens sociaux dansles qu a rti ers , par exem p l e , s ont peu dével opp é s .Ai n s i , le bi en - ê tre psych o l ogi que <strong>de</strong>s indivi du sreconnaissants ti en d rait au fait qu’ils éch a ppen tà l’isolem ent soc i a l , p a rce qu’ils ont con s c i en ce<strong>de</strong> l’import a n ce du souti en d’autrui <strong>et</strong> qu’ i l sa gi s s ent <strong>de</strong> façon solidaire .Le troisième facteur reliant la gra ti tu <strong>de</strong> <strong>et</strong> lebi en - ê tre ti ent aux stra t é gies adoptées face àl ’ adversité. Les personnes reconnaissantes ont lacapacité <strong>de</strong> percevoir <strong>de</strong>s éléments positifs <strong>et</strong> <strong>de</strong>sbénéfices potentiels même dans <strong>de</strong>s circonstancesdifficiles. En 2003, Barbara Fredrickson <strong>et</strong> sescollègues, <strong>de</strong> l’Université du Michigan, ont étudiéles eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s événements du 11 septembre 2001.Ils en ont déduit que les su j <strong>et</strong>s pr é s entant unn iveau élevé d’ori en t a ti on recon n a i s s a n te s’ ad a p-tent mieux aux ex p é ri en ces angoi s s a n tes <strong>et</strong> pr é-s en tent moins <strong>de</strong> sym ptômes après <strong>de</strong>s événements tra u m a ti qu e s . De plu s , la gra ti tu <strong>de</strong> favorisela résoluti on <strong>de</strong>s probl è m e s . Les émoti on spo s i tive s , telles que la gra ti tu <strong>de</strong> , a m é l i orent lac a p acité à faire face ef f i c acem ent à l’advers i t é .Les bi enfaits <strong>de</strong> la gra ti tu <strong>de</strong> sont nom breu x ,mais s’il s’ a git d’un trait <strong>de</strong> pers on n a l i t é , peut - ond é vel opper une atti tu <strong>de</strong> plus recon n a i s s a n te?Les psych o l ogues ont élaboré <strong>de</strong>s exerc i ces perm<strong>et</strong>tant d’augm en ter le sen ti m ent <strong>de</strong> gra ti tu <strong>de</strong>pour améliorer le bi en - ê tre phys i qu e , p s ych o l o-gi que <strong>et</strong> soc i a l .Même si la gra ti tu <strong>de</strong> peut être con s i d é r é ecomme une dispo s i ti on stable <strong>de</strong> la pers on n a-l i t é , elle peut être dével oppée par l’édu c a ti on auco u rs <strong>de</strong> l’en f a n ce <strong>et</strong> par diverses tech n i qu e sad a pt é e s . Pa rmi les pra ti ques testées par <strong>de</strong> sch erch eu rs en psych o l ogie po s i tive , le « j o u rn a l4 © Cerveau & Psycho - N° 37


<strong>de</strong> gra ti tu <strong>de</strong> » ex p é ri m enté par S. Lyubomirskyfait l’unanimité. Consigner par écrit les événementspositifs qui nous arrivent est efficace entermes <strong>de</strong> développement du <strong>bien</strong>-être physique<strong>et</strong> psychologique, notamment lorsque l’exerciceest pratiqué le soir <strong>et</strong> que les participants expliquentpourquoi l’événement a été positif.Car il ne suffit pas d’épro uver <strong>de</strong> la recon n a i s-s a n ce , en core faut-il l’ex pri m er. Les rech erch e sm on trent que le fait <strong>de</strong> rem erc i er qu el qu’un ap lus d’impact que <strong>de</strong> se con ten ter d’épro uver uns en ti m ent <strong>de</strong> recon n a i s s a n ce à son éga rd . E nef f<strong>et</strong> , quand on ne peut ex pri m er sa recon n a i s-s a n ce , naît une ten s i on interne qui réduit le<strong>de</strong>gré <strong>de</strong> bi en - ê tre . La gra ti tu <strong>de</strong> peut aussi s’ exprim er par « la l<strong>et</strong> tre recon n a i s s a n te» . Dans uneex p é ri en ce , on a <strong>de</strong>mandé aux participants <strong>de</strong>r é d i ger une l<strong>et</strong> tre ex primant leur recon n a i s s a n ce<strong>et</strong> d’all er la rem <strong>et</strong> tre en mains propres àqu el qu’un qui s’était mon tré parti c u l i è rem en ta t ten ti on n é , mais qu’ils n’ ava i ent pas eu l’occ a-s i on <strong>de</strong> rem erc i er.Après une semaine, ces participants se sentaientplus heureux que ceux du groupe témoinqui n’avaient pu exprimer leurs remerciements.Les eff<strong>et</strong>s positifs persistent pendant un moisaprès l’expérience, puis diminuent progressivementsi l’exercice n’est pas renouvelé. Les l<strong>et</strong>tres<strong>de</strong> reconnaissance sont encore plus utiles dans<strong>de</strong>s circonstances dra m a ti qu e s . Un jeune hom m eavait décidé d’écrire une l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> reconnaissanceà ses parents pour les remercier <strong>de</strong> tous les sacrificesqu’ils avaient consentis pour lui <strong>et</strong> son frère,exprimant également l’amour <strong>et</strong> l’estime que sonfrère <strong>et</strong> lui leur portaient. Alors qu’il séjournaitchez ses parents pour les vacances <strong>de</strong> Noël, sonfrère décéda dans un acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> voiture. Il leurremit la l<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> en témoignage <strong>de</strong> lareconnaissance que son frère avait aussi enverseux. Les discussions autour <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre leurpermirent <strong>de</strong> surmonter progressivem ent l’étatd ’ acc a bl em ent dû au décès en se recentrant sur leséléments positifs <strong>de</strong> leur existence.Les partenaires<strong>de</strong> re c o n n a i s s a n c ePour améliorer le <strong>bien</strong>-être psychologique, onpeut ex pri m er sa recon n a i s s a n ce , mais aussidévelopper sa capacité d’attention. L’attentionportée au moment présent est une conditionpréalable au sentiment <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> : il est impossibled’être reconnaissant pour quelque choseque l’on n’a pas remarqué. Il est donc importantd’utiliser <strong>de</strong>s rappels visuels suscitant <strong>de</strong>s pensées<strong>de</strong> reconnaissance, par exemple <strong>de</strong>s photographiesd’événements heureux ou <strong>de</strong> personnespour qui l’on a <strong>de</strong> la gratitu<strong>de</strong>. De plus, il est utiled’avoir <strong>de</strong>s « partenaires <strong>de</strong> reconnaissance ». Eneff<strong>et</strong>, nombre d’étu<strong>de</strong>s montrent que les pratiquessportives ou culturelles, par exemple, sontplus régulières quand elles sont partagées avec<strong>de</strong>s amis. On sélectionne <strong>de</strong>s partenaires pours’encourager mutuellement à développer un sentiment<strong>de</strong> reconnaissance envers les événementspositifs <strong>de</strong> la vie.D’une part, c<strong>et</strong>te pratique répond à la contagion émoti on n ell e : si l’un <strong>de</strong>s parten a i re sé pro uve un sen ti m ent <strong>de</strong> recon n a i s s a n ce , l e sautres membres du groupe ont tendance à ressentirune émotion <strong>de</strong> même type. D’autre part,elle renforce l’engagement public, qui augmentela probabilité que le comportement annoncé soitréalisé : l’orientation reconnaissante est favoriséesi les personnes expriment publiquement leurengagement dans c<strong>et</strong>te pratique.Enfin, nous l’avons évoqué, la gratitu<strong>de</strong> favoriseraitles pensées positives dans les situations difficiles.Dès lors, <strong>de</strong>s psychologues ont élaboré unprogramme en quatre étapes pour augmenter lesentiment <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> au quotidien : il s’agitd’i<strong>de</strong>ntifier les pensées ingrates, <strong>de</strong> formuler lespensées <strong>de</strong> reconnaissance, <strong>de</strong> substituer ces penséesaux précé<strong>de</strong>ntes <strong>et</strong> <strong>de</strong> transposer ce sentimenten acte. Les suj<strong>et</strong>s qui font ce travail cognitif<strong>et</strong> les changements <strong>de</strong> comporte ments augmententleur niveau <strong>de</strong> <strong>bien</strong>-être. Il ne s’agit pasd’un optimisme naïf ni d’une illusion consistantà croire que la souffrance <strong>et</strong> la tristesse n’existentpas. Il s’agit plutôt d’extraire délibérément d<strong>et</strong>oute situation <strong>de</strong>s éléments perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> développerses compétences cognitives <strong>et</strong> son <strong>bien</strong>êtrepsychique.n2. Les poignées<strong>de</strong> mains révèlentp a rfois les sentiments<strong>de</strong>s individus quiles échangent. À traversce simple geste <strong>et</strong> le regardqui l’accompagne,c e rtaines personnesexpriment leur gratitu<strong>de</strong>.© Cerveau & Psycho - N° 37 5

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