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La santé de l'homme n°410 Novembre-Décembre 2010 - Inpes

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qualité <strong>de</strong> vieEntretien avec Jean-Pol Tassin, neurobiologiste, directeur <strong>de</strong> recherche, Inserm, Paris« L’absence <strong>de</strong> sécurité, un facteurfavorisant l’addiction aux drogues »Contrairement à une idée répandue,le plaisir ne serait pas l’élémentprincipal <strong>de</strong> l’addiction auxdrogues. C’est le découplage <strong>de</strong><strong>de</strong>ux systèmes neurobiologiquesqui serait à l’origine <strong>de</strong> l’addiction.L’histoire <strong>de</strong> vie et l’insécurité expliquenttrès largement la vulnérabilitéà ce phénomène <strong>de</strong> découplage.D’autres facteurs d’addiction existent: une consommation régulièremais aussi une consommation précoce.Pour Jean-Pol Tassin, primépour ses travaux sur l’origine neurobiologique<strong>de</strong>s processus addictifs,ces nouvelles connaissancesamènent à reconsidérer les stratégies<strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> prise encharge <strong>de</strong>s consommateurs <strong>de</strong> drogues.<strong>La</strong> Santé <strong>de</strong> l’homme : L’addictionaux drogues est-elle la même selonles produits ?Du tabac à l’alcool en passant par lecannabis, l’héroïne et la cocaïne, lesmécanismes sont communs mais lepotentiel addictif varie considérablementd’un produit à l’autre. Ainsi, letabac est très addictif tandis que le cannabisne l’est que très peu, contrairementà ce qui a pu être dit. Dans la trèsgran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, l’addictionn’arrive ni du jour au len<strong>de</strong>main ni <strong>de</strong>manière systématique. Ainsi, parexemple, ce n’est pas parce que vousavez pris une fois <strong>de</strong> la cocaïne quevous <strong>de</strong>venez dépendant ; les étu<strong>de</strong>smontrent d’ailleurs que 85 % <strong>de</strong>sconsommateurs <strong>de</strong> cocaïne ne sont pasdépendants 1 . Mais on peut être dépendantà la cocaïne à 25 ans, soit au bout<strong>de</strong> cinq ans <strong>de</strong> consommation. Quantà l’alcool, il déclenche relativement peud’addiction : 2 à 8 % <strong>de</strong>s consommateurssont dépendants et cette dépendanceest généralement la conséquenced’une longue imprégnation.S. H. : Pourquoi les découvertesneurobiologiques récentes bouleversent-ellesla connaissance quenous avons <strong>de</strong> l’addiction ?Pendant très longtemps, on a considéréque l’addiction venait d’un excès<strong>de</strong> plaisir que la substance apporte – ladopamine libérée par la drogue déclenchantce plaisir – et qu’à partir <strong>de</strong> là, leconsommateur ne pouvait plus s’enpasser. Mais les toxicomanes nousdisent que, très rapi<strong>de</strong>ment, le plaisirn’a plus d’importance, qu’ils prennentun produit pour se soulager face aumalaise qu’ils ressentent quand ils sontsans produit. Effectivement, nosrecherches nous ont permis <strong>de</strong> constaterque ce raisonnement classiqueautour du plaisir ne tient pas. Parexemple, le tabac est extrêmementaddictif alors qu’il donne relativementpeu <strong>de</strong> plaisir ; la sexualité, en revanche,peut donner beaucoup <strong>de</strong> plaisir maisdéclenche peu d’addiction.S. H. : Il faut donc remonter à uneautre cause ?Nous sommes allés voir plus loin enamont : à quel niveau les drogues pouvaient-ellesagir avant éventuellement<strong>de</strong> donner du plaisir ? Nous avons montréque pour qu’il y ait déclenchement<strong>de</strong> plaisir – pour les drogues qui enoffrent –, il faut une stimulation <strong>de</strong><strong>de</strong>ux systèmes neuronaux, l’un quilibère <strong>de</strong> la noradrénaline, qui repèreet nous met en éveil vis-à-vis <strong>de</strong> ce quivient <strong>de</strong> l’extérieur, l’autre qui libère <strong>de</strong>la sérotonine et qui protège notre cerveaucontre ces mêmes événementsextérieurs. Ce <strong>de</strong>rnier régule nos impulsions.Schématiquement, lorsqu’unepersonne est confrontée à un événementnouveau, le premier systèmedémarre et l’autre, la sérotonine, suit.Les <strong>de</strong>ux sont donc couplés et secontrôlent mutuellement.Or, le fait <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s droguesactive les <strong>de</strong>ux systèmes, ce qui, chezcertains individus, entraîne la disparitiondu couplage qui les lie. Ce découplage,cette désynchronisation, c’est lasituation dans laquelle se trouve le toxicomanequi est en état <strong>de</strong> dépendance.<strong>La</strong> drogue va lui permettre <strong>de</strong> se soulageren remettant en marche, pendant letemps où elle aura un effet, les <strong>de</strong>uxsystèmes simultanément. Ce phénomène<strong>de</strong> découplage – et donc d’addiction–, nous l’avons observé pour lesamphétamines, la cocaïne, l’héroïne etl’alcool. Mais pas pour le cannabis ni lanicotine du tabac. C’est sans doute laraison pour laquelle la dépendance aucannabis ou à la nicotine est moindre.S. H. : Si la nicotine ne provoque pas<strong>de</strong> dépendance, pourquoi le tabacprovoque-t-il autant d’addiction ?<strong>La</strong> nicotine provoquant peu d’addiction,nous avons recherché dans lacigarette les autres produits qui pouvaientla générer. Et nous avons découvertque ce sont d’autres composéscomme les inhibiteurs <strong>de</strong> monoamineoxydases (IMAOs) qui, associés à lanicotine, généraient cette addiction. Enassociant nicotine et IMAOs, nousavons en effet retrouvé ce découplage<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux systèmes qui caractérise l’addiction.En termes <strong>de</strong> prévention, cettedécouverte a un impact majeur : lesevrage tabagique par substitut nicotiniqueseul ne peut être efficace.S. H. : Qu’est-ce qui crée ce découplageneurobiologique qui caractérisel’addiction ?Ce couplage neurobiologiquen’existe pas à la naissance, il va semettre en place et se structurer en fonction<strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> chaque individuet <strong>de</strong> son environnement socialqui jouent comme facteurs défavo-4LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


qualité <strong>de</strong> vierables ou favorables : bien-être et sécuritédans l’enfance et l’adolescence,sécurité affective – par exemple pouvoirs’adosser à <strong>de</strong>s parents – sont <strong>de</strong>séléments majeurs pour favoriser cetterégulation. À l’inverse, ce couplage neva pas se mettre en place correctementchez les individus en situation d’insécurité.Par ailleurs, comme nous l’avonsdéjà mentionné, le fait <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>sdrogues <strong>de</strong> façon répétée découple ces<strong>de</strong>ux systèmes. <strong>La</strong> consommation précoce<strong>de</strong> drogue – entre 10 à 14 ans –perturbe les systèmes en cours <strong>de</strong> miseen place et <strong>de</strong>vient donc un facteur <strong>de</strong>vulnérabilité à l’addiction chez l’adulte.S. H. : Cette explication <strong>de</strong> l’addictionest-elle connue <strong>de</strong>s professionnelset du grand public ?Elle est très peu connue du grandpublic et inégalement chez les professionnels.Ces travaux scientifiquesdatent <strong>de</strong> 2007, ils émergent à peinedans la littérature et n’ont donc passupplanté l’explication traditionnellebasée sur le plaisir. Pour progresser, ilconvient <strong>de</strong> mieux informer les professionnelsd’abord, le grand publicensuite. Il importe <strong>de</strong> souligner auprès<strong>de</strong>s professionnels que la premièrecause <strong>de</strong> ce découplage est la vulnérabilité<strong>de</strong> la personne, qui dépend <strong>de</strong>son histoire. Il ne sert à rien <strong>de</strong> dire àune personne confrontée à l’addictiond’arrêter <strong>de</strong> prendre un produit. Le professionnel<strong>de</strong>vra, avec elle, remonter àl’origine <strong>de</strong> la prise toxique, en ayant àl’esprit le principe que quelqu’un quiva bien n’a aucun intérêt à prendre <strong>de</strong>sdrogues et à plus forte raison d’unefaçon régulière.S. H. : Comment réorienter la préventionet la prise en charge ?Si l’on parle prévention et prise encharge, l’important est notamment <strong>de</strong>dédramatiser la prise <strong>de</strong> produit en tantque telle, qui n’est que l’expressiond’un malaise qu’il faut décrypter. Toutmal-être et stress vulnérabilisent l’individupar rapport à la prise <strong>de</strong> drogue,donc plus le consommateur <strong>de</strong> drogueva être placé dans une situation anxiogène,plus il aura besoin <strong>de</strong> son produit.C’est ainsi qu’en prison, les détenussont dans la situation la pluspropice au maintien <strong>de</strong> la dépendance.Illustrant ce lien entre addiction et vulnérabilité,une étu<strong>de</strong> a montré queparmi les soldats américains combattantau Vietnam et qui ont pris <strong>de</strong> l’héroïne,94 % d’entre eux ne sont pasensuite <strong>de</strong>venus dépendants à leurretour aux États-Unis. C’est donc bienle contexte qui les a poussés à prendre<strong>de</strong> l’héroïne ; le fait d’en avoir pris n’apas entraîné d’addiction chez 94 %d’entre eux.S. H. : <strong>La</strong> volonté peut-elle permettred’arrêter <strong>de</strong> consommer<strong>de</strong>s drogues ?Ce n’est pas une question <strong>de</strong> volonté :on confond émotion et cognition. Letoxicomane vit une émotion et la volontérelève <strong>de</strong> la cognition. Le professionnelne va pas faire appel à la volonté duconsommateur <strong>de</strong> drogue ; lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rd’arrêter le rendra encore plus malheureuxparce qu’il n’y parviendra pas.Le professionnel va l’ai<strong>de</strong>r à trouver enlui les forces affectives qui vont lui permettre<strong>de</strong> supporter le manque, ill’épaulera dans son acceptation <strong>de</strong> lasouffrance, il l’ai<strong>de</strong>ra à la repérer, à ladompter et à i<strong>de</strong>ntifier ce qu’il rechercheà travers la drogue : ce peut être surmonterune séparation, une insécurité, un<strong>de</strong>uil, dans tous les cas une souffrance.C’est un travail <strong>de</strong> psychothérapeutepour rechercher la cause, pas une question<strong>de</strong> traitement médical. Remonterdans l’histoire <strong>de</strong> l’individu et i<strong>de</strong>ntifierles éléments sensibles, c’est ce que fontles alcooliques anonymes : ils apprennentaux alcoolodépendants à repérerleurs émotions et à les contrôler, ils lesconduisent à exprimer leurs émotions,ce qui leur permet <strong>de</strong> les supporter et <strong>de</strong>passer outre.S. H. : Comment développer unemeilleure information <strong>de</strong>s professionnels?Le professionnel ne dispose pasnécessairement <strong>de</strong>s informations lesplus récentes, il convient donc <strong>de</strong> luioffrir toutes les possibilités <strong>de</strong> s’informerafin qu’il puisse transmettre cette informationau grand public <strong>de</strong> façon simple.Ainsi, si l’on parle du cannabis, face à lapanique exprimée par certains parentsdont les enfants sont consommateurs,expliquer qu’il n’y a pas <strong>de</strong> quoi objectivementpaniquer, rappeler – comme lefont la très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s professionnels– que le cannabis est pratiquementun fonctionnement sociétal obligésinon le jeune est rejeté par son groupe ;évaluer la consommation réelle et safréquence : entre un jeune qui fumeavec les copains le samedi soir et unautre qui fume tous les matins avantd’aller en classe, il y a une différencefondamentale. Or, certains professionnelssouffrent d’un déficit d’information.Plus un mé<strong>de</strong>cin est informé sur la toxicomanie,plus il sera efficace face autoxicomane, parce que ce <strong>de</strong>rnier estsouvent très bien informé sur le plan <strong>de</strong>la neurochimie. En tant que chercheur,je reçois souvent <strong>de</strong>s courriers <strong>de</strong> personnesen situation d’addiction qui nevont pas forcément en consultationmédicale, qui veulent prendre un produitet me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt quelles en sontles conséquences neurobiologiques. Cen’est pas mon travail mais celui du clinicien.Ceci tendrait à prouver qu’il y a unmanque d’information.S. H. : Quel type <strong>de</strong> dépendance oud’addiction l’Internet et les jeux d’argentprovoquent-ils ?En l’absence <strong>de</strong> substance psychoactiveet donc d’inci<strong>de</strong>nce pharmacologiquesur le système nerveux central,je ne pense pas que le jeu puissedéclencher une addiction ; en revanche,il peut procurer un soulagement face àl’addiction aux substances psychoactives.Ainsi, les cliniciens ont-ils observéque 60 % <strong>de</strong>s joueurs pathologiquessont <strong>de</strong> gros fumeurs <strong>de</strong> tabac, 60 %sont alcoolodépendants et 30 % ont <strong>de</strong>stroubles <strong>de</strong> la personnalité. Ce quisignifie que les joueurs sont une populationhautement vulnérable. Mais cen’est pas le jeu qui les rend vulnérable.<strong>La</strong> dépendance au jeu est donc beaucoupplus facile à soigner que l’addictionaux drogues et les pourcentages <strong>de</strong>sevrage réussi sont beaucoup plus élevés.Entre le jeu pathologique et lessubstances psychoactives, la préventionet la prise en charge doivent êtretotalement différenciées.Propos recueillis par Yves Géry1. Anthony J.C., Warner L.A., Kessler R.C. Comparativeepi<strong>de</strong>miology of <strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nce on tobacco, alcohol,controlled substances, and inhalants: Basic findingsfrom the national comorbidity survey. Experimentaland Clinical Psychopharmacology, 1994, vol. 2, n° 3 :p. 244-268.LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>5


enquête« Consultations jeunesconsommateurs » : accueillir, informer,prendre en charge, orienterDepuis 2005, <strong>de</strong>s « consultations jeunes consommateurs » ont été mises en place surl’ensemble du territoire français, notamment pour ai<strong>de</strong>r les usagers <strong>de</strong> cannabis etd’autres substances psychoactives à diminuer ou arrêter leur consommation. L’enquêtesur ces consultations, publiée par l’OFDT en 2009, bouscule pas mal d’idées reçues.Ainsi, par exemple, <strong>de</strong> nombreux consommateurs souhaitent réduire ou arrêter leurconsommation, y compris parmi les plus jeunes. De mars 2005 à décembre 2007, cesconsultations ont accueilli soixante-dix mille personnes.Le cannabis est la drogue illicite laplus consommée en France, surtoutchez les jeunes, malgré une baisse <strong>de</strong>son usage <strong>de</strong>puis 2002, après dix ans<strong>de</strong> hausse. En 2007, 5 % <strong>de</strong>s garçons et2 % <strong>de</strong>s filles déclaraient, à 16 ans, unusage régulier <strong>de</strong> cannabis, c’est-à-direau moins dix épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommationdans les trente <strong>de</strong>rniers jours (1).Créé en 2005, le dispositif <strong>de</strong>s« consultations jeunes consommateurs »(CJC) (voir encadré page 7) vise à offrirune réponse individualisée à l’ensemble<strong>de</strong>s consommateurs <strong>de</strong> drogues, notammentles plus jeunes. Grâce à l’enquêtemenée par l’Observatoire français <strong>de</strong>sdrogues et <strong>de</strong>s toxicomanies (OFDT)auprès <strong>de</strong>s professionnels intervenanten « consultations jeunes consommateurs», on connaît le public accueilli ausein du dispositif (2, 3). L’analyse portesur un échantillon <strong>de</strong> 2 938 consommateurs<strong>de</strong> drogues observés en 2007 dansplus <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s « consultations jeunesconsommateurs » alors en activité.Profils <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> cannabisLe produit motivant la venue en« consultations jeunes consommateurs »est le cannabis dans 92 % <strong>de</strong>s cas. Lesautres produits cités sont l’alcool(3,0 %), l’héroïne (2,7 %), la cocaïne(0,7 %), le tabac (0,6 %) et les « addictionssans produit » aux jeux vidéo ouà Internet (0,5 %).Les hommes sont majoritaires(81 %), ainsi que les jeunes majeurs (18-25 ans) qui représentent 27 % du public,<strong>de</strong>vant les plus <strong>de</strong> 25 ans (26 %) et lesmineurs (17 %). Parmi les plus jeunesconsultants (jusqu’à 20 ans), la majoritéest scolarisée et se distingue <strong>de</strong> lapopulation générale par une sur-représentation<strong>de</strong>s apprentis (41 % à 17 ansvs 11 %) (4), singulièrement chez lesfilles (34 % vs 7 % à 17 ans).Un consultant sur <strong>de</strong>ux est adressépar la justice (48 %), les autres venantspontanément (22 %) ou adressés parun tiers : famille (14 %), mé<strong>de</strong>cin (7 %),Éducation nationale (4 %) ou autre(5 %). Jusqu’à 17 ans, l’orientation familialeest la plus fréquente ; entre 18 et30 ans, ce sont les injonctions judiciaires; au-<strong>de</strong>là, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s spontanéeset l’adressage médical passent entête <strong>de</strong>s recours. Plus âgées enmoyenne, les femmes viennent plussouvent spontanément (35 % vs 19 %),tandis que les orientations judiciairessont prédominantes chez les hommes(55 % vs 21 %).Fréquence et modalités<strong>de</strong> consommationPrès <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux consultants sur cinqfument du cannabis tous les jours(38 %) et un sur cinq <strong>de</strong> manière régulièremais non quotidienne (entre 10 et29 épiso<strong>de</strong>s dans le <strong>de</strong>rnier mois).L’usage quotidien est associé à l’âge(23 % <strong>de</strong>s consultants <strong>de</strong> 12 à 15 ans,34 % <strong>de</strong>s 16-17 ans, 37 % <strong>de</strong>s 18-25 ans)et aux motivations <strong>de</strong> consommation :les usages auto-thérapeutiques (« pourlutter contre l’angoisse et le stress, pourmieux dormir ou pour tenir le coup »)et routinisés (« par habitu<strong>de</strong>, avec unsentiment <strong>de</strong> dépendance au produit »)sont plus fréquents parmi les usagersquotidiens. De surcroît, fréquence etintensité <strong>de</strong> consommation sont liées :38 % <strong>de</strong>s usages « auto-thérapeutiques »et 48 % <strong>de</strong>s usages « habituels » sontassociés à <strong>de</strong>s consommations intensives<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> cinq joints un jourtypique <strong>de</strong> consommation (vs 23 % <strong>de</strong>susages motivés par une recherche <strong>de</strong>convivialité).Des taux élevés d’usaged’autres produits psychoactifsLe tabagisme est logiquement d’autantplus fréquent que l’usage <strong>de</strong> cannabisest régulier. Moins systématique,l’usage régulier d’alcool est le fait <strong>de</strong>23 % <strong>de</strong>s consultants.Le public accueilli se distingue <strong>de</strong> lapopulation générale par une surconsommation<strong>de</strong>s autres drogues illicitesau cours <strong>de</strong>s douze <strong>de</strong>rniers mois,hormis le poppers : cocaïne (11,8 %vs 0,6 % en population générale), ecstasy(11,1 % vs 0,5 %), champignonshallucinogènes (4,3 % vs 0,3 %), héroïne6LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


enquête(5,4 % vs 0,1 %). Les consultants qui ontexpérimenté l’héroïne, la cocaïne oul’ecstasy s’avèrent plus souvent fumeursréguliers ou quotidiens <strong>de</strong> cannabis et yont été plus précocement initiés : ils sontaussi plus souvent fumeurs quotidiens<strong>de</strong> cigarettes et buveurs quotidiens.Une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> majoritaire d’ai<strong>de</strong>à l’arrêtQuels que soient l’âge <strong>de</strong>s consultantset la fréquence d’usage <strong>de</strong> cannabis,la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’ai<strong>de</strong> majoritairementexprimée concerne l’arrêt <strong>de</strong> laconsommation (44 %). Parmi lesmineurs, un tiers sollicite une ai<strong>de</strong> àl’arrêt, un tiers une information ou unconseil, et un <strong>de</strong>rnier tiers une ai<strong>de</strong> à laréduction <strong>de</strong> l’usage ou un autre type<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.Des usages plus occasionnelsparmi les justiciablesQuatre fois plus masculin, le publicsous main <strong>de</strong> justice reflète le sex-ratio<strong>de</strong>s interpellations pour usage <strong>de</strong> cannabis: 93 % <strong>de</strong>s quelque cent milleusagers interpellés, chaque année, sont<strong>de</strong>s hommes (5). Au sein <strong>de</strong> cette population<strong>de</strong> justiciables, certaines catégoriessont surreprésentées : les jeunesmajeurs (18-25 ans), les personnes déscolariséesou sans emploi, les usagersoccasionnels <strong>de</strong> cannabis déclarantconsommer pour rechercher du plaisiret <strong>de</strong> la convivialité (plutôt que pourréguler une angoisse). Les justiciablessont plus souvent reçus par un éducateur,un infirmier ou un travailleursocial que par un psychologue ou unmé<strong>de</strong>cin. Enfin, ils ont plus <strong>de</strong> probabilités<strong>de</strong> faire l’objet d’une évaluationlimitée à une seule séance, conclue parla remise d’une attestation <strong>de</strong> présence,garantie d’exécution pénale opposableaux services judiciaires. <strong>La</strong> plupart <strong>de</strong>sconsultants répondant à une injonctionjudiciaire exécutent en effet une mesurealternative aux poursuites (66 %), quiles oblige à venir en « consultationsjeunes consommateurs » pour obtenirune suspension <strong>de</strong>s poursuitespénales ; mais ils ne sont pas astreintsà une obligation <strong>de</strong> soins.Les critères d’appréciationclinique <strong>de</strong> la dépendancePlus d’un tiers (36 %) <strong>de</strong>s consultantssont jugés « dépendants » et 17 % ensituation d’usage nocif. Les facteurs cliniquesqui orientent le plus le diagnosticsont la fréquence d’usage et lesquantités. Ils ne jouent toutefois pascomme critères univoques : 37 % <strong>de</strong>susagers quotidiens <strong>de</strong> cannabis ne sontpas jugés « dépendants ».Les critères d’évaluation cliniquesont, en outre, mouvants : près <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxTrois cents « consultations jeunes consommateurs »en FranceLes « consultations jeunes consommateurs » (CJC) visent à accompagner les jeunes usagers <strong>de</strong>cannabis et d’autres substances psychoactives et leur famille, en assurant information et évaluationaux premiers sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la consommation (usage, usage nocif) et en déclenchant une priseen charge brève ou une orientation si nécessaire (vers une structure <strong>de</strong> soins spécialisés, unservice hospitalier en psychiatrie, un centre médico-psychologique). Elles doivent accueillir tousles publics (patients plus âgés ou entourage), en s’adressant en priorité aux jeunes, et prendreen compte toutes les substances relevant <strong>de</strong> l’addictologie (alcool, cannabis, cocaïne, psychostimulants)ainsi que les addictions sans produit (jeux, Internet, etc.). Bien que les « consultationsjeunes consommateurs » aient d’abord été centrées sur un produit, au point d’être baptisées« consultations cannabis », leur vocation est généraliste. De mars 2005 à décembre 2007, ellesont accueilli soixante-dix mille personnes. On compte aujourd’hui trois cents points <strong>de</strong> consultationrépartis dans toute la France.diagnostics sur dix sont révisés entre les<strong>de</strong>ux premières séances. Les diagnosticsles plus « fermes » portent sur ladépendance et l’usage à risque, lemoins ferme sur « l’usage nocif ».Les consultants « dépendants », plusnombreux à fumer pour lutter contrel’angoisse et avec un sentiment <strong>de</strong>dépendance, font plus souvent appelau dispositif pour réduire leur consommation; ils expriment aussi plus souventun objectif d’arrêt complet, ce quiexplique la rareté <strong>de</strong>s consultationsuniques dans cette sous-population. Ledispositif joue donc bien son rôle <strong>de</strong>plate-forme <strong>de</strong> repérage <strong>de</strong>s usagesproblématiques et d’orientation, le caséchéant, vers <strong>de</strong>s services spécialisésdans le traitement <strong>de</strong>s addictions.Parcours au sein du dispositifet conditions d’efficacitéParmi les consultants encouragés àrevenir après la visite <strong>de</strong> contact, 30 %« décrochent » et ne reviennent pas. Or,c’est parmi les consultants qui viennentpour une troisième ou une quatrièmeconsultation que les taux <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> cannabis sont les plusélevés (près <strong>de</strong> 60 %). Comment l’expliquer? Les usagers arrivant jusqu’à cesta<strong>de</strong> sont, logiquement, parmi les plusmotivés. Cependant, ces taux <strong>de</strong> réussitechutent après la quatrième consultation.Ainsi donc, le nombre <strong>de</strong>séances influe favorablement sur leschances <strong>de</strong> diminuer la consommation<strong>de</strong> cannabis jusqu’à la quatrièmeséance mais, à partir <strong>de</strong> la cinquième,cette probabilité décroît, ce qui suggère© Marie-Reine Mattera / PhotononstopLA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>7


Promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> : état <strong>de</strong>s lieux<strong>de</strong> l’information en FrancePromouvoir la <strong>santé</strong> <strong>de</strong>s personnes, c’est aussi leur donner un accès le plus large possible àl’information sur leur propre <strong>santé</strong>, comme le souligne avec force la charte d’Ottawa, référenceen la matière. En France, les récentes lois <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique ont renforcé le droit du patient àêtre informé <strong>de</strong> son état <strong>de</strong> <strong>santé</strong> et, au-<strong>de</strong>là, le droit plus général <strong>de</strong> la population à accé<strong>de</strong>rà une information fiable. Mais, comme le soulignait en 2009 le Haut Conseil <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>publique, si les sources <strong>de</strong> données sont nombreuses, elles <strong>de</strong>meurent encore difficilementaccessibles.<strong>La</strong> Charte d’Ottawa 1 décrit « l’accèsillimité et permanent aux informationssur la <strong>santé</strong> » comme une conditionnécessaire permettant aux individusd’opérer <strong>de</strong>s choix, <strong>de</strong> participer et <strong>de</strong>contrôler les questions sanitaires, etdonc d’atteindre un meilleur niveau <strong>de</strong><strong>santé</strong> qualifié <strong>de</strong> « potentiel <strong>de</strong> <strong>santé</strong>optimal ». <strong>La</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> viseau développement individuel et socialen offrant <strong>de</strong>s informations. Cette miseà disposition <strong>de</strong> connaissances ne peuts’opérer sans l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> médiateursadaptés : le secteur sanitaire, bien sûr,mais pas seulement. <strong>La</strong> Charte encourageet exige une action concertée <strong>de</strong>tous les intervenants du champ : gouvernements,secteurs <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>, universsociaux et économiques connexes,milieux associatifs et organisations nongouvernementales, organismes d’interventionrégionale et locale, groupementsprofessionnels, industrie, médiaset bien entendu tout un chacun auniveau individuel, familial ou communautaire.Une infinité d’émetteurs et <strong>de</strong>diffuseurs d’information que nous souhaiterionsobserver. Notre ambition,dans cet article, sera donc <strong>de</strong> mettre enlumière les gran<strong>de</strong>s évolutions enmatière <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong> l’information<strong>santé</strong> et les tendances concernant aupremier plan les professionnels dansleur mission <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>.Information <strong>santé</strong>et réglementationAprès <strong>de</strong>s décennies <strong>de</strong> débatsnourris sur l’accès à l’information médicale,la loi du 4 mars 2002 (dite « loiKouchner » 2 ) consacre <strong>de</strong>ux principesétroitement liés : le consentement libreet éclairé du patient et son droit à êtreinformé sur son état <strong>de</strong> <strong>santé</strong> (articleL.1110-2 du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique).Préalablement obligation déontologiquepour tous les mé<strong>de</strong>cins, la loi du4 mars 2002 a choisi <strong>de</strong> renforcer ceprincipe : le patient doit ainsi désormaisdisposer <strong>de</strong> tous les éléments nécessairesà la compréhension <strong>de</strong> sa situationmédicale personnelle, pour pouvoirdonner <strong>de</strong> manière libre et éclairéeson consentement aux actes médicauxet aux traitements.Accès aux données <strong>de</strong> <strong>santé</strong>Les réformes <strong>de</strong> 2004 3 viennentajouter à cette volonté <strong>de</strong> rendre accessiblel’information <strong>santé</strong>, avec l’obligation<strong>de</strong> mettre en œuvre <strong>de</strong>s systèmesd’information pour les gran<strong>de</strong>s structuressanitaires et sociales : transmissiondu dossier médical à tout mala<strong>de</strong>ou à ses ayants droit. Ces mesures ren<strong>de</strong>ntpossible l’accès aux données <strong>de</strong><strong>santé</strong>, notamment à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong>recherche (mise à disposition <strong>de</strong>s données<strong>de</strong> l’Assurance maladie, création<strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, etc).Les <strong>de</strong>ux enjeux majeurs <strong>de</strong> cette nouvellepolitique sont la protection <strong>de</strong> la<strong>santé</strong> publique et la régulation <strong>de</strong>sdépenses <strong>de</strong> <strong>santé</strong>.En 2009, le Haut Conseil <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>publique (HCSP) conclut dans son rapportsur les systèmes d’information en<strong>santé</strong> publique 4 que les sources <strong>de</strong>données sont nombreuses mais difficilementaccessibles et insuffisammentcoordonnées. Il formule une série <strong>de</strong>recommandations visant à unemeilleure coordination <strong>de</strong>s systèmesd’information et incite les organismesproducteurs et utilisateurs <strong>de</strong> donnéesà développer <strong>de</strong>s dispositifs d’observationet <strong>de</strong> surveillance systématiques.Au travers <strong>de</strong> ce nouveau cadreréglementaire et technologique, se <strong>de</strong>ssineun changement <strong>de</strong> paradigme : du<strong>de</strong>voir d’informer du professionnel <strong>de</strong><strong>santé</strong> au droit <strong>de</strong> l’usager du système<strong>de</strong> <strong>santé</strong> d’être informé. Cette transformationdu paysage juridique laisseentrevoir une nouvelle perception <strong>de</strong>senjeux concédés à l’information <strong>santé</strong>et vient en appui aux nombreux dispositifspréexistants.Information officielleNombreuses sont les sources d’informationproposées par les organismesofficiels, essentiellement les institutions,les grands organismes publics <strong>de</strong> <strong>santé</strong>comme le HCSP, les sociétés savantes etles grands éditeurs.Les bases <strong>de</strong> données sont produitesle plus souvent par <strong>de</strong>s institutions ou<strong>de</strong>s sociétés éditoriales ; elles ont pourvocation <strong>de</strong> recenser l’information.Elles peuvent signaler <strong>de</strong>s données statistiquesbrutes, <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> <strong>santé</strong>/médicales, fondées sur <strong>de</strong>s preuves(evi<strong>de</strong>nce-based medicine), <strong>de</strong>s outilsd’ai<strong>de</strong> à l’action, recenser <strong>de</strong>s interventions<strong>de</strong> terrain. De nombreux exemplessont proposés dans la secon<strong>de</strong> partie12 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


<strong>de</strong> ce dossier. Revenons aux donnéesstatistiques 5 : elles occupent une placetoute particulière dans le champ <strong>de</strong> la<strong>santé</strong>, permettant d’établir <strong>de</strong>s indicateursnécessaires par exemple audéploiement d’actions <strong>de</strong> prévention :données produites ou réunies par <strong>de</strong>sréseaux <strong>de</strong> surveillance (données <strong>de</strong>mortalité proposées par l’Inserm-CépiDc, etc), ou encore issues <strong>de</strong>senquêtes, qu’elles soient nationales(Enquête sur la <strong>santé</strong> <strong>de</strong> l’Insee/Drees,Baromètres <strong>santé</strong> <strong>de</strong> l’<strong>Inpes</strong>), européennesou internationales (ex : HealthBehaviour in School-aged Children(HBSC), étu<strong>de</strong> dirigée par l’OMS sur lescomportements <strong>de</strong> <strong>santé</strong> à l’adolescence).Moteurs <strong>de</strong> recherche en <strong>santé</strong>,portails et répertoires permettent <strong>de</strong>retrouver cette information.Grands organismes <strong>de</strong> <strong>santé</strong>Outre la capacité <strong>de</strong> produire, collecteret mettre à disposition <strong>de</strong>s donnéesbrutes, les grands organismes <strong>de</strong><strong>santé</strong> disposent <strong>de</strong> moyens puissantspour relayer l’information. Les campagnes<strong>de</strong> communication figurantdans les différents programmes <strong>de</strong><strong>santé</strong> publique sont l’un <strong>de</strong>s outils privilégiéspar les pouvoirs publics quiutilisent les différents espaces médiaspour délivrer <strong>de</strong>s messages.Les stratégies <strong>de</strong> communicationsont fondées sur une connaissance précise<strong>de</strong> l’opinion d’un public sur unsujet particulier. Il n’est pas rare quesoient réalisées <strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong> type« KABP » (Knowledge, Attitu<strong>de</strong>, Beliefand Practice) mesurant les connaissances,attitu<strong>de</strong>s, pratiques et croyancesd’un public cible, avant <strong>de</strong> mettre enœuvre une campagne <strong>de</strong> prévention,estimant sa capacité à adhérer ou pas àune stratégie <strong>de</strong> communication.Autre acteur phare, reconnu puisqueancré dans le paysage <strong>de</strong> la <strong>santé</strong><strong>de</strong>puis parfois plus d’un siècle : lessociétés savantes. Ces associationsd’experts, <strong>de</strong> chercheurs, permettent<strong>de</strong> confronter et d’exposer le résultat <strong>de</strong>leurs recherches via différents médias :revues, conférences, colloques etautres réunions scientifiques. Ellesexercent une réelle influence dansl’univers <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique. Prenonsl’exemple <strong>de</strong> la Société française <strong>de</strong><strong>santé</strong> publique (SFSP) 6 : créée en 1877,elle regroupe différents acteurs <strong>de</strong><strong>santé</strong> (scientifiques, professionnels <strong>de</strong>terrain, politiques, acteurs économiqueset du social), proposant ainsiune réflexion collective et interprofessionnelle,notamment par l’analysecritique <strong>de</strong>s données et <strong>de</strong>s faits scientifiquesainsi que <strong>de</strong>s pratiques professionnelles.Cette démarche aboutit à laformulation <strong>de</strong> propositions à l’intention<strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs, informe l’opinionpublique sur les enjeux, les forces et lesfaiblesses <strong>de</strong>s politiques publiques <strong>de</strong><strong>santé</strong>.Information non officielleLobbying, le mot est lâché 7 . Le termeanglo-saxon est avant tout utilisé par lesmédias français avec une connotationnégative pour désigner <strong>de</strong>s groupesvisant à influencer les décisions dupolitique et du législateur. <strong>La</strong> plupart dutemps, la pratique en elle-même dulobbying avance masquée, menée pourle compte d’industries dont certainescherchent par ce biais à minimiser oucacher l’impact <strong>de</strong> leurs produits. Cesgroupes ont souvent <strong>de</strong>s ressourcesfinancières nettement plus importantesque celles dont les organismes officielsdisposent, d’où leur force d’impact.L’information que diffusent cesgroupes, au service <strong>de</strong> stratégies d’influence,doit être considérée avec précaution.Mais faut-il pour autant opposercatégoriquement les métho<strong>de</strong>sd’information <strong>de</strong>s pouvoirs publics etcelles <strong>de</strong>s lobbyistes ? Les stratégiesd’influence concernent potentiellementtous les acteurs connexes à la sphèresanitaire, chacun essayant finalement<strong>de</strong> se faire connaître et d’infléchir ladécision publique. C’est ensuite aucitoyen, au politique, <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r à partir<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s éléments d’informationen sa possession, la réponseface à cette profusion d’émetteursn’étant autre que le débat. Aussi, ai<strong>de</strong>rle public et le politique à analyser cetteinformation doit être le fer <strong>de</strong> lance <strong>de</strong>sacteurs en <strong>santé</strong> et <strong>de</strong>s professionnels<strong>de</strong> l’information.Les médias, relais<strong>de</strong> l’information <strong>santé</strong>Comment traiter la question <strong>de</strong>srelais <strong>de</strong> l’information sans évoquer lapresse écrite ? Commençons par lapresse spécialisée dont les auteurs,issus <strong>de</strong> l’univers scientifique, s’adressentgénéralement aux professionnelsdu mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> (lire « Pour ensavoir plus/Sélection <strong>de</strong> revues »page 39). Considérée comme une référenceen matière <strong>de</strong> fiabilité scientifique,elle expose en effet <strong>de</strong>s donnéessourcées qui peuvent ainsi être critiquéespar d’autres spécialistes dudomaine. Dans ces articles, les modalités<strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s recherches sont<strong>de</strong> plus en plus souvent mentionnées,ce qui représente une information précieuselorsque les fonds proviennentd’organismes ayant <strong>de</strong>s intérêts économiques.<strong>La</strong> presse généraliste, quant àelle, tient un autre rôle. Dans les années1950, les rubriques <strong>santé</strong> sont confiéesà <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins dont l’exercice <strong>de</strong> vulgarisationpermet <strong>de</strong> relayer la voix ducorps médical. Durant les décennies1980-1990, les crises sanitaires du Sida,du sang contaminé ou encore lesconséquences sanitaires <strong>de</strong> l’explosiond’un réacteur <strong>de</strong> la centrale nucléaire<strong>de</strong> Tchernobyl provoquent un renouveaucritique <strong>de</strong> la presse généralistequi se positionne alors comme unecontre-voix face aux déci<strong>de</strong>urs politiques,aux acteurs <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publiqueet aux chercheurs alors déstabilisés parces affaires d’envergure. Désormais, lapresse tente <strong>de</strong> prendre davantage encompte la diversité <strong>de</strong>s acteurs et <strong>de</strong>spoints <strong>de</strong> vue.Légitimisation <strong>de</strong>s associations<strong>de</strong> patientsAutre effet <strong>de</strong> ces crises sanitaires :la légitimisation <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong>patients, qui ont alors su représenter lesvictimes en engageant notamment <strong>de</strong>sbatailles judiciaires. Elles sont désormaisreconnues comme <strong>de</strong>s acteursfondamentaux <strong>de</strong> l’information <strong>santé</strong>.Mais leur démarche dépasse la communicationd’informations aux patients,aux familles ou aux pouvoirs publics.Elles placent en effet le patient, l’usager,au cœur du débat, le considérantcomme un expert : véritable professionnel<strong>de</strong> sa pathologie, le plus àmême <strong>de</strong> déterminer ses priorités entermes <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> vie. Prenonsl’exemple du Ciss 8 (Collectif interassociatifsur la <strong>santé</strong>). Il regroupe plus <strong>de</strong>trente associations et appuie sa crédibilitésur une approche complémentaireprenant en compte les personnesmala<strong>de</strong>s et handicapées, les consommateurset les familles ainsi constituésen réseau et ce, à partir <strong>de</strong> réalitésconcrètes. Ainsi, le Ciss, à la fois collecteur,producteur, diffuseur et porteparole<strong>de</strong> la connaissance en <strong>santé</strong>, aLA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>13


acquis une véritable légitimité enmatière <strong>de</strong> démocratie sanitaire 9 qui luipermet d’influer sur l’adaptation dusystème <strong>de</strong> <strong>santé</strong>.Internet, média ve<strong>de</strong>tteEt l’Internet ? Devenu média ve<strong>de</strong>tte,il héberge la très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>ssources d’information citées précé<strong>de</strong>mment.D’après M. O’Neill 10 , au titre <strong>de</strong>nouveau « lieu central où la vie humainese passe », Internet « transforme radicalementles conditions <strong>de</strong> production etd’utilisation du savoir ». Mais concentrons-noussur les originalités permisespar le web en matière <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>l’information <strong>santé</strong>.Commençons par la question <strong>de</strong> l’e<strong>santé</strong>.Elle est définie comme « l’application<strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> l’informationet <strong>de</strong> la communication (TIC) àl’ensemble <strong>de</strong>s activités en rapport avecla <strong>santé</strong> » 11 . <strong>La</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’informationen <strong>santé</strong> explosant, les TIC se doivent<strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s services adaptés auxdifférents publics, qu’ils soient citoyens,professionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong> ou déci<strong>de</strong>urspolitiques, et recouvrir tous les objectifspossibles allant <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à l’information,du diagnostic, à la prise en charge,au suivi, etc. Ce vocable recouvre donc<strong>de</strong>s objets aussi variés que la télémé<strong>de</strong>cineou le système français <strong>de</strong> prise encharge administrative et <strong>de</strong>s remboursementsSésame-Vitale <strong>de</strong> l’Assurancemaladie.Évoquons maintenant les dispositifsd’e-learning <strong>santé</strong> 12 : l’Université médicalevirtuelle francophone 13 regroupeactuellement trente-trois universités àdominante médicale et a pour mission<strong>de</strong> mettre en œuvre un centre <strong>de</strong> ressourcesinteractif dans le domaine <strong>de</strong> la<strong>santé</strong>, un centre d’information et <strong>de</strong>prévention pour le public et un espace<strong>de</strong> diffusion et <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> lascience médicale française dans lemon<strong>de</strong>. Que l’interface soit <strong>de</strong>stinée àun professionnel ou au grand publicsur le web, dans la majorité <strong>de</strong>s cas,c’est à l’internaute d’évaluer la pertinenceet la fiabilité <strong>de</strong> l’informationqu’il consulte ; les dispositifs d’e-<strong>santé</strong>visent un effort <strong>de</strong> labellisation : ladémarche Health On the Net (HON) 14 ,entre autres, est une référence largementadmise pour les contenus <strong>de</strong><strong>santé</strong> en ligne et les éditeursmédicaux.Nouveaux espaces d'expressionAbordons maintenant le sujet <strong>de</strong>snouveaux espaces d’expression proposéspar le web : blogues personnels,forums et réseaux sociaux participent,d’une manière certes moins formaliséeque celle <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> patients,à l’intervention dans le champ <strong>de</strong> la<strong>santé</strong> publique <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s, ou plusgénéralement <strong>de</strong> toute personneconcernée par <strong>de</strong>s problématiques <strong>de</strong><strong>santé</strong>. Bien que n’entrant pas dans lasacro-sainte catégorie <strong>de</strong> « l’informationvalidée scientifiquement », ces sourcesprofanes représentent une mine d’informationssur les patients, leurs usagesdu système <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, leurs représentations,que les chercheurs commencentà observer avec attention. Ces espacesd’expression laissent, en outre, augurerun fort potentiel d’action en promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> : l’intervention <strong>de</strong> professionnels<strong>de</strong> l’éducation pour la <strong>santé</strong>dans ces espaces s’avèrerait plus pertinenteque les gran<strong>de</strong>s campagnesmédiatiques pour amener <strong>de</strong>s changementsindividuels <strong>de</strong> comportement 15 .ConclusionLe discours sur la <strong>santé</strong>, notammenten France, est largement détenu par lesprofessionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong> et les groupesd’intérêt économique. Il appartient <strong>de</strong>le replacer dans son contexte, enencourageant la participation <strong>de</strong>scitoyens. Les <strong>de</strong>rnières décennies ontété marquées par la montée en puissance<strong>de</strong> l’Internet comme espace <strong>de</strong>diffusion et <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong> touteinformation ; la réduction <strong>de</strong> la fracturenumérique représente donc un enjeufort <strong>de</strong> démocratie sanitaire. Pour finir,nous citerons les propos fédérateursd’A. Vial 16 : « L’information, l’éducationet le vécu, voilà donc ce qui fait noscomportements <strong>de</strong> <strong>santé</strong>. Si l’on ne peutagir sur les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers, c’est aucontraire possible sur le premier, l’information.Certains l’ont compris, utilisentl’information pour promouvoir leursidées ou leurs produits et obtiennent <strong>de</strong>srésultats. Agir sur l’information, c’estdéjà admettre son influence, i<strong>de</strong>ntifierses sources réelles et ses différents intermédiaires,connaître ses circuits etmécanismes, analyser ses flux et sesmontages financiers. »Céline DerocheResponsable du départementVeille et documentation, <strong>Inpes</strong>.1. OMS, Santé et bien-être social Canada, Associationcanadienne <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique. Charte d’Ottawa pourla promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>. Ottawa : OMS, 1986 : 3 p.En ligne : http://www.cres-rouen.org/eps_pdf/Charte_Ottawa.pdf [<strong>de</strong>rnière consultation le 15/12/<strong>2010</strong>]2. République française. Loi n°2002-303 du 4 mars2002 relative aux droits <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s et à la qualitédu système <strong>de</strong> <strong>santé</strong>. Journal Officiel, 5 mars 2002 :p. 4118. En ligne : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT0000002270153. République française. Loi n° 2004-806 du 9 août2004 relative à la politique <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique. JournalOfficiel, 11 août 2004 : p. 14277. En ligne : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=9CA2F6CEB16EE9833C89356269955395.tpdjo03v_2?cidTexte=JORFTEXT000000787078&categorieLien=id4. Haut Conseil <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique. Les systèmesd’information pour la <strong>santé</strong> publique. Paris : HCSP,2009 : 41 p. En ligne : http://www.hcsp.fr/docspdf/avisrapports/hcspr20091111_sisp.pdf5. Pour plus d’informations se reporter au chapitre« Principales sources <strong>de</strong> données i<strong>de</strong>ntifiées » <strong>de</strong> lanote 4.6. http://www.sfsp.fr/7. Lenglet R. Lobbying et Santé. Paris : Pascal, 2009.8. http://www.leciss.org/9. Pour en savoir plus sur la démocratie sanitaire, lirel’entretien avec Tim Greacen page 15.10. Professeur titulaire en promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et<strong>santé</strong> communautaire à l’université <strong>La</strong>val à Québec.11. Source : Commission européenne.12. Dussart C., Petit C. Elearning et <strong>santé</strong> : <strong>de</strong> larecherche au terrain. Paris : Hermès et <strong>La</strong>voisier,2007 : 230 p.13. http://www.umvf.org/14. http://www.hon.ch15. Lustria M.L.A., Cortese J., Noar S.M., Glueckauf R.Computer-tailored health interventions <strong>de</strong>livered overthe web: review and analysis of key components.Patient education & counselling, 2009, vol. 74, n° 2 :p. 156-173.16. En quête d’une information médicale indépendante(1).◗ Référencesbibliographiques(1) Information et <strong>santé</strong> [Dossier]. Sève, 2005 :107 p. En ligne : http://www.cairn.info/revueles-tribunes-<strong>de</strong>-la-sante-2005-4.htm(2) Renaud L., dir. Les médias et la <strong>santé</strong> : <strong>de</strong>l’émergence à l’appropriation <strong>de</strong>s normessociales. Québec : Presses <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong>Québec, <strong>2010</strong> : 429 p. En ligne : http://www.grms.uqam.ca/upload/files/livres/Medias_sante_normes_soc_GRMS_<strong>2010</strong>.pdf(3) Internet et <strong>santé</strong> publique : pratiques, expérienceset enjeux. Santé publique, novembredécembre2009, hors-série : 154 p.14 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Entretien avec Tim Greacen, représentant <strong>de</strong>s usagers à l’hôpital européen Georges-Pompidou, Paris« Apporter au citoyen les cléspour comprendre l’informationsur la <strong>santé</strong> et la prévention »C’est un véritable plaidoyer pour la transparence <strong>de</strong> la source d’information que formuleTim Greacen, représentant <strong>de</strong>s usagers à l’hôpital européen Georges-Pompidou. Pour cespécialiste, la démocratie sanitaire ne peut fonctionner pleinement que si tout intervenant,qu’il soit issu du public ou du privé, assume et déclare les intérêts qu’il peut avoir afin quele public puisse en apprécier les enjeux. Il s’agit pour l’ensemble <strong>de</strong>s citoyens <strong>de</strong> pouvoirs’informer en toute transparence et en amont sur les intérêts pouvant exister au vu <strong>de</strong>sprestations proposées, qu’il s’agisse d’information, <strong>de</strong> soins, <strong>de</strong> prévention ou <strong>de</strong> promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong>. Il appelle <strong>de</strong> ses vœux une véritable éducation à l’information sur la <strong>santé</strong>, quidoit démarrer dès l’école, en développant, d’une part, l’esprit critique <strong>de</strong>s plus jeunes eten leur donnant <strong>de</strong>s clés pour savoir d’où vient l’information, d’autre part, leur esprit créatif,afin qu’ils construisent leur propre discours sur la <strong>santé</strong> et puissent <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s acteursefficaces et inventifs <strong>de</strong> leur bonne <strong>santé</strong>.<strong>La</strong> Santé <strong>de</strong> l’homme : Vous affirmezque « toute information qui n’est pascréée avec la participation <strong>de</strong>s usagersmanque <strong>de</strong> légitimité pour lesusagers ». Que voulez-vous dire ?Je tire cette idée <strong>de</strong> mon expérienced’ancien prési<strong>de</strong>nt pour l’Ile-<strong>de</strong>-France<strong>de</strong> l’association <strong>de</strong> lutte contre le sida,Ai<strong>de</strong>s. Nous avons vécu, durant untemps, une confrontation entre <strong>de</strong>spopulations victimes d’exclusionsociale – homosexuels, usagers <strong>de</strong> drogues,migrants, avec une maladieinconnue, difficile à soigner, difficile àvivre, à survivre – et un système <strong>de</strong><strong>santé</strong> peu habitué à cette époque-là àpartager l’information, et d’autantmoins à partager la réalité <strong>de</strong> sonimpuissance face à ce qui était alorsinconnu.Pour nous, associatifs engagés, l’objectifétait bien <strong>de</strong> maîtriser cette informationsur la maladie et <strong>de</strong> veiller à ceque chaque nouvelle découverte,chaque nouvelle approche possiblesoient accessibles aux personnes vivantavec le VIH. C’est-à-dire avoir un accèsaux relais d’information afin <strong>de</strong> pouvoirmieux gérer les savoirs, dans nospropres intérêts. Une information légitimedoit faire l’objet <strong>de</strong> débats et êtrele fruit d’une réflexion partagée. L’objectif<strong>de</strong> notre association était bien <strong>de</strong>faire <strong>de</strong> notre mieux pour obtenir leséléments les plus bénéfiques pour l’intérêt<strong>de</strong> la personne concernée.S. H. : Quel est votre regard sur l’informationcommuniquée par lespouvoirs publics dans le domaine <strong>de</strong>la prévention ?<strong>La</strong> situation est extrêmement complexe.Le discours sur la <strong>santé</strong> en Francea été accaparé par les professionnels <strong>de</strong><strong>santé</strong> <strong>de</strong>puis fort longtemps. Et il estindéniable et parfaitement légitime quel’accès aux savoirs soit piloté par <strong>de</strong>sexperts, notamment les communicateurs.Je pose alors une question : est-ceque prodiguer un enseignement estsynonyme d’informer la population ?Ceux qui sont formés pour cela sontmaîtres <strong>de</strong> leur discours. Ils saventreconnaître les origines <strong>de</strong>s messages.Mais nous pouvons tout autant avoirconfiance dans un message ou nous enméfier. Je crois avant tout que l’éducationpour la <strong>santé</strong> est fondamentalementpolitique au sens noble du terme.Elle nécessite un débat entre citoyens.Et ce débat doit commencer dès l’école.Maîtriser les éléments <strong>de</strong> ce débat,reconnaître les intérêts <strong>de</strong>s gens quiparlent, décrypter le discours, etc.,nous <strong>de</strong>vons donner aux citoyens lesclés <strong>de</strong> la compréhension. C’est aussi,je pense, la fonction que doivent assumerles pouvoirs publics en matière <strong>de</strong>prévention et d’éducation pour la <strong>santé</strong>.S. H. : Considérez-vous que l’informationdonnée par les pouvoirspublics et celle générée par <strong>de</strong>sgroupes à intérêt économique ouautre sont bien i<strong>de</strong>ntifiables ?Il y a actuellement une énormeconfusion qui provient, selon moi, <strong>de</strong>la non-obligation faite aux gens <strong>de</strong>déclarer leur(s) intérêt(s). L’industrie<strong>de</strong>s produits et services touchant à la<strong>santé</strong> et à la maladie est basée sur l’idéeque <strong>de</strong>s produits, <strong>de</strong>s services et <strong>de</strong>ssoins sont à la disposition <strong>de</strong>s usagers.Cette industrie génère également <strong>de</strong> larecherche. En termes <strong>de</strong> prévention etd’éducation pour la <strong>santé</strong>, il est fait référenceà l’idée que la promotion <strong>de</strong> laLA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong> 15


<strong>santé</strong> est autant un bien individuelqu’un bien commun. Notre intérêt est<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r « notre bonne <strong>santé</strong> » en bienmangeant, bien bougeant. Les axes dubien-être sont consolidés, en termes <strong>de</strong>concept <strong>de</strong>puis les déclarations d’Ottawa.Mais qui doit maîtriser cette information? L’industrie <strong>de</strong> la maladie pèse<strong>de</strong>s milliards d’euros en recherche, enprestations diverses et variées, eninvestissements. Une gran<strong>de</strong> partie dubudget <strong>de</strong> l’Assurance maladie estdépensée sur ces postes. Alors que leconcept <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> rencontretoujours <strong>de</strong>s difficultés à trouversa place dans le milieu <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> enFrance, nous estimons que, d’ici unedizaine d’années, l’industrie post-Ottawa, celle du bien-être, va atteindreles mêmes montants financiers. Toutel’industrie du bien-être, celle quiexplique qu’il faut bien manger, bienbouger, y compris la communication,sera alors d’un poids équivalent. L’avenir,c’est la promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>. C’estle prochain champ d’investissementmajeur <strong>de</strong> l’industrie <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>.S. H. : Y a-t-il une stratégie d’influenceparticulière en matière <strong>de</strong>promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> ?Regar<strong>de</strong>z la recherche privée commanditéepar les industries. Ces <strong>de</strong>rnièresinvestissent très fortement lemon<strong>de</strong> du bien-être, enjeu économique<strong>de</strong>s années à venir. Ces recherches, aucontraire <strong>de</strong> celles conduites pour ledomaine public, sont plutôt secrètes. Enrevanche, les stratégies sur le marché,issues <strong>de</strong> ces recherches, sont <strong>de</strong> plusen plus lisibles. Que disent-elles ? Ellesexpriment l’idée qu’il est « bien d’êtrebien » et non plus seulement (qu’) « il estbien <strong>de</strong> n’être pas ou plus mala<strong>de</strong> ». Cettestratégie d’influence est illustrée par <strong>de</strong>la promotion intense <strong>de</strong> produits nutritionnelset/ou d’activités physiques,voire mentales, <strong>de</strong> toute nature. Et celamarche. Aux États-Unis, on estime parexemple que <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s personnesfaisant leurs courses sont motivés dansleurs achats par un désir <strong>de</strong> promotion<strong>de</strong> leur <strong>santé</strong> sous toutes ses formes.S. H. : Peut-on parler <strong>de</strong> lobbying enprévention ?Incontestablement. L’industrie <strong>de</strong>l’alcool, par exemple, est productrice<strong>de</strong> messages <strong>de</strong> prévention qui sontsouvent en adéquation avec une culturelocale. Cette culture du « bien boire » sichère à <strong>de</strong>s pays viticoles tels que laFrance, l’Italie, l’Espagne, etc., c’est lechamp d’investigation et d’investissement<strong>de</strong> l’industrie <strong>de</strong> l’alcool. Si tout àcoup nous prenions en compte le faitque l’alcool est très mauvais pour la<strong>santé</strong> et que nous l’interdisions à lavente, ce serait une catastrophe nonseulement économique mais aussiculturelle pour toute une partie <strong>de</strong> lapopulation. Les lobbies sont présentsdans tous les camps, chez les producteurscertes, mais aussi chez les fondamentalistesanti-alcool, voire dans l’industrie<strong>de</strong>s soins curatifs liés aux dégâtscausés par l’alcool. D’où l’idée, essentielle,<strong>de</strong> déclaration <strong>de</strong> ses intérêts. Et,selon moi, un pays où l’État a un rôlefort sur la <strong>santé</strong> se doit <strong>de</strong> poser publiquementla question <strong>de</strong> la productiondu discours sur la <strong>santé</strong>. C’est l’État quidoit veiller aux conditions d’une vraiedémocratie sanitaire.S. H. : Qu’enten<strong>de</strong>z-vous par « vraiedémocratie sanitaire » ?<strong>La</strong> notion <strong>de</strong> démocratie sanitaireexiste bien avec la loi <strong>de</strong> 2002. Donnerla parole aux usagers y est bien inscrit.Mais cette démocratie sanitaire doit allerplus <strong>de</strong> l’avant et investir <strong>de</strong> nouveauxchamps. L’école, par exemple. Il estnécessaire d’apprendre aux enfants etaux adolescents à i<strong>de</strong>ntifier les émetteurs<strong>de</strong>s messages, à décrypter les intérêts<strong>de</strong>rrière chaque message, chaquepublicité, chaque information, mêmescientifique ou administrative. Formerles jeunes à comprendre, à aimer ledébat contradictoire, à intervenir, à créerensemble <strong>de</strong> nouveaux messages, etc.,c’est utile pour leur bien-être aussi. Celasuppose que nous osions remettre enjeu tout ce qui est magistral et que le rôle<strong>de</strong> l’enseignant <strong>de</strong>vienne, surtout, facilitateurdu discours <strong>de</strong> l’enfant. Permettonsaux jeunes <strong>de</strong> débattre et <strong>de</strong> jouertous les rôles. Je pense que c’est commecela que se construit un discoursdémocratique.S. H. : Existe-t-il <strong>de</strong> nouvelles voiespour une participation citoyenne àl’information ?Oui. En matière <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, je crois à lanotion <strong>de</strong> droit à la formation tout aulong <strong>de</strong> sa vie. Il s’agit <strong>de</strong> renforcer lesconnaissances et les compétences <strong>de</strong>chacun, <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s espaces aux personnesà tous les âges <strong>de</strong> leur vie pourque cette démocratie sanitaire puisseexister par le débat. Il est aussi important<strong>de</strong> dire que ce débat ne va pas êtreconsensuel. Il est certes alimenté par <strong>de</strong>sscientifiques, mais il est aussi partagé parles usagers, les bénéficaires, les cibles <strong>de</strong>l’action <strong>de</strong> prévention ou <strong>de</strong> promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong>. Il y aura <strong>de</strong>s personnes quiexprimeront leur désaccord et c’est tantmieux. Prenons le cadre <strong>de</strong> l’emploi. Ilme semble essentiel que les entreprisesproposent à leurs salariés <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong>discours sur la <strong>santé</strong>. Une sorte <strong>de</strong> tempsparticipatif sous forme <strong>de</strong> médiation,produisant du discours, <strong>de</strong> la discussionet non pour consommer du message.Tout le mon<strong>de</strong>, quelle que soit sa positionsociale, pourra alors faire un bout<strong>de</strong> chemin. Ensemble. Semblable.Différent.Propos recueillis par Denis Dangaix,Journaliste.16 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Entretien avec Michel Craplet, mé<strong>de</strong>cin délégué à l’Anpaa, prési<strong>de</strong>nt d’Eurocare, Paris« Le lobbying <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publiqueest une nécessité faceaux producteurs d’alcool »Il y a vingt ans, le contre-lobbying <strong>de</strong>s défenseurs <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique était inexistant auniveau européen face au lobbying <strong>de</strong>s producteurs d’alcool. Le docteur Michel Craplet,<strong>de</strong> l’Association nationale <strong>de</strong> prévention en alcoologie et addictologie, souligne l’importanced’informer les déci<strong>de</strong>urs politiques et les professionnels <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et <strong>de</strong> la communication,en contrepoint <strong>de</strong>s moyens considérables <strong>de</strong> lobbying dont disposent lesproducteurs d’alcool.<strong>La</strong> Santé <strong>de</strong> l’homme : Quelle estl’ampleur du lobbying <strong>de</strong> l’alcool enEurope ?Le lobbying <strong>de</strong>s producteurs d’alcoolest très important. Si l’on se placeau niveau européen, pendant <strong>de</strong>sdécennies, les instances du Parlementeuropéen et <strong>de</strong> la Commission européenneont été submergées par lescommunications <strong>de</strong>s producteurs et <strong>de</strong>leurs alliés et il n’y avait pas <strong>de</strong> contrelobbying<strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique ! C’est seulement<strong>de</strong>puis vingt ans que nous faisonsce travail. Nous avons créé, auniveau européen, l’organisme Eurocarequi a commencé à travailler auprès duParlement et <strong>de</strong> la Commission pourdonner l’avis <strong>de</strong>s tenants <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>publique. Nous considérions que ladérégulation et le grand marché européenportaient <strong>de</strong>s coups aux politiques<strong>de</strong> prévention nationales et nouspensions qu’il fallait intervenir auniveau européen et que cela pouvaitapporter une plus-value.S. H. : Pourquoi agir au niveaueuropéen ?L’obstacle est double : d’une part, lespolitiques <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique ne sont pasune compétence européenne, d’autrepart, toutes les actions que l’on peutentreprendre doivent respecter le grandmarché et son article 95 <strong>de</strong> libre circulation<strong>de</strong>s produits et <strong>de</strong>s services. Or, cequi est bon pour le marché – libre circulationet dérégulation – ne l’est pas pourla <strong>santé</strong>. Comme l’Union européenne n’apas <strong>de</strong> compétence en <strong>santé</strong>, les instanceseuropéennes se défaussent sur lesÉtats membres et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt donc àchaque pays d’agir à son niveau au nomdu principe <strong>de</strong> subsidiarité (NDLR : on nemène <strong>de</strong>s politiques communes que dansles domaines où cela apporte une valeurajoutée <strong>de</strong> travailler ensemble). Or, noussoutenons au contraire <strong>de</strong>puis vingt ansqu’il faut agir au niveau européen, quec’est plus efficace et que c’est absolumentnécessaire, dans la mesure ou les produitset services – publicité et marketingnotamment – circulent <strong>de</strong> plus en pluslibrement par-<strong>de</strong>ssus les frontières avecles moyens technologiques mo<strong>de</strong>rnes etne respectent absolument pas les règlesen matière <strong>de</strong> prévention que souhaites’assigner un pays.S. H. : Qu’avez-vous obtenu à ce jouren tant que contre-lobbyiste ?Notre première avancée majeure aété <strong>de</strong> réussir à inscrire l’alcool surl’agenda européen, c’est-à-dire d’amenerla Commission européenne et leParlement européen à s’y intéresser. En1995, seule l’OMS Europe s’intéressait àla question ; c’est suite à un congrèsorganisé à Paris par cette instance sur laquestion <strong>de</strong> l’alcool que l’Union européennea commencé à s’y impliquer, parle biais du binge-drinking chez les adolescents.Une façon d’entrer dans le sujetinsuffisante et regrettable car, sur la prévention<strong>de</strong> l’alcool, il est plus pertinentd’avoir une approche globale plutôt que<strong>de</strong> parler seulement <strong>de</strong> la consommation<strong>de</strong>s jeunes. L’essentiel <strong>de</strong>s résolutions<strong>de</strong> l’Union européenne (Commissionet Conseil <strong>de</strong>s ministres) ne traiteque <strong>de</strong> la consommation chez les jeunes.Or, si l’on n’agit pas sur un plan global,on n’obtient pas <strong>de</strong> résultats et cela peutmême être contreproductif <strong>de</strong> ciblertrop et <strong>de</strong> stigmatiser une population.L’Union est entrée dans le sujet via lapopulation <strong>de</strong>s jeunes, au moins s’estellesaisie du sujet. Le Parlement européens’est mobilisé sur la question <strong>de</strong>spremix et <strong>de</strong>s alcopops – qui n’ontd’ailleurs pas eu d’influence considérableen France et c’est une bonne chose– et a signé une pétition pour que laquestion soit traitée. Aucune décisionn’a été prise mais cela a été l’occasion<strong>de</strong> montrer que certains producteursn’avaient aucune limite et que la <strong>santé</strong>publique n’était à aucun moment priseen compte face à l’économie. Cela apermis <strong>de</strong> montrer du doigt certainesactions <strong>de</strong> marketing <strong>de</strong> producteurs quisont à la limite <strong>de</strong> la légalité et qui parfoisne respectent pas la loi. Cette mobilisationeuropéenne a clairement jouéune fonction d’alerte.S. H. : Que faudrait-il faire en prioritéau niveau européen ?Le Conseil <strong>de</strong>s ministres <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne s’est bien doté d’une stratégieen matière <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> l’alcool,LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong> 17


mais l’essentiel <strong>de</strong> cette stratégie est <strong>de</strong>dire aux États membres : « Attention,faites quelque chose ». Cette résolution estdonc insuffisante à nos yeux. Secon<strong>de</strong>décision prise : l’Europe a mis en placeun forum « alcool et <strong>santé</strong> », table ron<strong>de</strong>qui réunit les producteurs et les tenants<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique et qui se réunit<strong>de</strong>puis trois ans en présence <strong>de</strong>s fonctionnaires<strong>de</strong> la Commission ; les institutionseuropéennes espèrent que les producteurset les tenants <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>publique vont travailler ensemble. C’esttrès difficile car, si d’un côté, effectivementcertains producteurs sont prêts àjouer le jeu, <strong>de</strong> l’autre, le lobbying intensif<strong>de</strong>s producteurs continue à se dérouleret trouve une audience. À titre d’exemple,début décembre <strong>2010</strong>, nous, les contrelobbyistestenants <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique,n’avions toujours pas obtenu <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>zvousauprès du commissaire européen àla <strong>santé</strong> nommé il y a environ un an.S. H. : Quelle mesure préconisezvouspour développer la préventionau niveau européen ?Parallèlement à la stratégie et au forummis en place par l’Union européenne, lelobbying – souterrain ou pas – <strong>de</strong>s producteursd’alcool se poursuit et c’est sansdoute la raison pour laquelle le dossier<strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong> l’alcool progressepeu au niveau européen.Il nous semble que, pour avancer, ilfaudrait obtenir <strong>de</strong>s mesures symboliquesfortes : ainsi la loi Evin pourraitêtre, sinon un modèle, tout au moinsun objectif à mettre en place au niveau<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> l’Union européenne.Pour montrer la difficulté <strong>de</strong> concilierle grand marché économique européenavec sa libre circulation et la <strong>santé</strong>publique, rappelons que la loi Evinavait longtemps été considérée comme« un frein » par l’Union, avant qu’elle nesoit déclarée compatible avec les loiseuropéennes par la Cour <strong>de</strong> justiceeuropéenne. Cette non-reconnaissance<strong>de</strong> la loi Evin a, pendant longtemps,donné <strong>de</strong>s arguments aux producteurspour tenter <strong>de</strong> ne pas prendre encompte les questions <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique.Force est <strong>de</strong> constater que la stratégieretenue par l’Union européenne à cejour – progresser en matière <strong>de</strong> préventionen misant sur l’autorégulation <strong>de</strong>sproducteurs d’alcool – ne fonctionnepas parce que certains producteurs nerespectent pas les règles du jeu ni la loi.S. H. : Quelle autre mesure <strong>de</strong> préventionvous semble souhaitable ?Instaurer un taux d’alcoolémieunique au niveau européen. Cela faitplus <strong>de</strong> vingt ans que nous plaidons,sans succès, pour cette mesure fortementsymbolique. Alors que les citoyenseuropéens circulent désormais sur <strong>de</strong>sroutes européennes sans frontières,nous ne voyons pas pourquoi l’on peutpasser d’un taux <strong>de</strong> 0,2 g à 0,8 g d’unpays à l’autre. Certes, la plupart <strong>de</strong>s Étatsmembres sont à 0,5 g et la variation n’estdonc pas considérable pour la majeurepartie <strong>de</strong>s pays. Mais trois pays <strong>de</strong>l’Union – Royaume-Uni, Irlan<strong>de</strong> etMalte – résistent très fortement. LeRoyaume-Uni fait valoir – non sans pertinence– son faible niveau d’acci<strong>de</strong>ntssur les routes. Car il est vrai qu’il ne suffitpas d’adopter un taux d’alcoolémiesévère : tout dépend <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong>la loi (fréquence <strong>de</strong>s contrôles, etc.) et<strong>de</strong> la lour<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s sanctions.S. H. : Et la France ?C’est une terre d’importants paradoxesen matière <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>l’alcool. Paradoxe entre, d’une part, unlobbying très puissant <strong>de</strong>s producteursd’alcool, l’importance économique etculturelle <strong>de</strong> l’alcool dans notre pays et,d’autre part, une législation à la pointe<strong>de</strong> l’Europe en matière <strong>de</strong> préventiondans certains domaines. Ainsi, avec laloi Evin, la France possè<strong>de</strong> la législationla plus restrictive – et donc la plus favorableà la prévention – <strong>de</strong> tous les pays<strong>de</strong> l’Union européenne.Autre exemple : la France a instauréune information <strong>de</strong>s femmes enceintessur les risques liés à la consommationd’alcool pendant la grossesse, avecl’apposition du pictogramme femmesenceintes sur les conditionnementsd’alcool ; or, aucun autre pays européenn’a pour l’instant réussi à le faire,malgré les tentatives <strong>de</strong> certainsmembres du Parlement européen dansce sens. Ceci démontre que la Francepeut montrer l’exemple à suivre.S. H. : N’y a-t-il pas disproportion<strong>de</strong> moyens entre contre-lobbyistes<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique et producteursd’alcool ?Au niveau européen, il ne faut effectivementpas sous-estimer la puissance<strong>de</strong> l’industrie <strong>de</strong> l’alcool, en généraladossée au sein d’importantes multinationales.Ce secteur suit une logiqueindustrielle implacable et certaines <strong>de</strong>ces entreprises vont accepter <strong>de</strong> courirles risques <strong>de</strong> lancer, par exemple, unecampagne publicitaire illégale, aprèsavoir évalué le rapport bénéfice-risqued’une telle stratégie <strong>de</strong> marketing etescompté qu’elle pouvait être économiquementpayante. Ils acceptent la perspectiveéventuelle d’être condamnéscar, en contrepartie, cela leur aura rapportégros. Ces gran<strong>de</strong>s entreprisesregroupent <strong>de</strong>s forces commerciales etfinancières considérables, au vu <strong>de</strong>squelleseffectivement nous, contrelobbyistes,disposons <strong>de</strong> faibles ressources! Pourtant, le lobbying <strong>de</strong> <strong>santé</strong>publique est une nécessité face auxactions <strong>de</strong>s producteurs d’alcool et àl’indifférence <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s responsablespolitiques.Pour en savoir plus :mcraplet@anpa.asso.frPropos recueillis par Yves Géry18 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Entretien avec le professeur Gérard Dubois, service <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique, hôpital Nord à Amiens (Somme),prési<strong>de</strong>nt d’honneur <strong>de</strong> l’Alliance contre le tabac et du Comité national contre le tabagisme« Face au lobby du tabac, délivrerune information <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publiquecrédible et vérifiée scientifiquement »Comment informer sur le tabac ? Sur cette question <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique comme sur toutesles autres, il existe, d’un côté, l’information délivrée par les industriels, <strong>de</strong> l’autre, celledispensée par les tenants <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique. Lobbyistes et contre-lobbyistes s’affrontent<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies, défendant <strong>de</strong>s intérêts diamétralement opposés. Le professeurGérard Dubois est très impliqué dans le lobbying <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique contre le tabac. Ilsouligne que le lobbying <strong>de</strong>s industriels est tout aussi puissant qu’avant mais beaucoupplus discret. Ce lobbying a notamment recours à <strong>de</strong>s porte-voix, qui peuvent être <strong>de</strong>sorganismes créés <strong>de</strong> toutes pièces pour défendre le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s industriels.<strong>La</strong> Santé <strong>de</strong> l’homme : Commentdéfinissez-vous le lobbying face àune question <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique ?Le lobbying ce n’est pas seulementinformer, c’est tenter d’influer sur lesdécisions. On peut influencer <strong>de</strong> plusieursmanières : directement par soimême,et indirectement via <strong>de</strong>s organisationsprofessionnelles <strong>de</strong> lobbying,ou en finançant <strong>de</strong>s organisations quivont parler pour vous. Les Anglo-Saxons appellent cela <strong>de</strong>s « frontgroups ».L’industrie du tabac utilise les troisstratégies <strong>de</strong>puis toujours. Dans unouvrage (1), j’ai publié <strong>de</strong>ux documentsinternes <strong>de</strong> l’industrie du tabac qui ontété rendus publics après une décisionjudiciaire américaine en 1998. Ils mettentà nu les pratiques <strong>de</strong> lobbying édifiantes<strong>de</strong> l’industrie du tabac. Ces documentsdévoilent leur stratégie, avec un schémadatant <strong>de</strong>s années 1980 du lobbyingd’une compagnie qui explique qu’il fautinfluencer tous azimuts : les médias, lesgroupes idéologiques – notamment leslibertariens opposés aux décisions d’interdiction<strong>de</strong> la société –, <strong>de</strong>s économistes,<strong>de</strong>s hommes politiques, les électeurs,etc. Un autre document expliquecomment s’y prendre pour influencer leshommes politiques et les décisions législatives: c’est très intéressant car le législateurest au milieu du schéma, entouré<strong>de</strong> multiples modalités d’intervention.Tous les moyens sont suggérés, y comprisla subversion. Ce lobbying peut êtretrès ciblé : à titre d’exemple, aux États-Unis, un industriel du tabac finançait lesassociations <strong>de</strong> pompiers pour tenter <strong>de</strong>dédouaner ou minimiser l’impact <strong>de</strong> lacigarette qui serait la première caused’incendie.Alors, bien sûr, ces métho<strong>de</strong>s dénoncéesà l’époque n’ont plus forcémentcours sous la même forme. Mais, quelleque soit la définition du lobbying que l’onretient, l’industrie du tabac l’a toujourspratiquée à l’excès. Ainsi, par exemple,partout elle démarche <strong>de</strong>s hommes politiquesou <strong>de</strong>s groupes pour en faire <strong>de</strong>sporte-voix <strong>de</strong> ses intérêts.S. H. : Comment le lobbying <strong>de</strong>sindustriels du tabac a-t-il évoluérécemment ?Depuis un peu plus d’une décennie,l’image <strong>de</strong> l’industrie du tabac est tellementnégative qu’ils ne communiquentplus directement avec le grand public.Ainsi, par exemple, dans les émissions<strong>de</strong> télévision qui les concernent, ilsrefusent d’être présents. Mais pourautant le lobbying reste pour euxessentiel et ils continuent <strong>de</strong> le pratiquerautrement : ils utilisent massivementet <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong>s porte-voix,personnes ou organisations qui vontparler pour eux. En France, c’est le cas<strong>de</strong> la Confédération <strong>de</strong>s buralistes <strong>de</strong>France qui, <strong>de</strong>puis une dizaine d’années,défend publiquement les intérêts<strong>de</strong> l’industrie du tabac et reçoit <strong>de</strong>sfinancements <strong>de</strong> cette industrie.Autre stratégie qui s’est développéeau cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies : l’industriedu tabac crée <strong>de</strong>s organismessur mesure qui vont faire du lobbyingsans que l’on sache qu’elle les financeet qu’ils lui servent <strong>de</strong> relais. Lors d’unediscussion dans le cadre <strong>de</strong> la conventioncadre <strong>de</strong> l’Organisation mondiale<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> (OMS) pour la lutte antitabac,nous avons découvert un documentdémontrant que l’InternationalTobacco Group (ITG), qui parle au nom<strong>de</strong>s planteurs <strong>de</strong> tabac, a été créée <strong>de</strong>toutes pièces par l’industrie du tabacpour faire du lobbying en faveur <strong>de</strong> sesintérêts. De la même façon, nous avonsdécouvert, lors <strong>de</strong>s débats autour <strong>de</strong>sLA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong> 19


conséquences du tabagisme passif,qu’une organisation internationaled’hôtels et <strong>de</strong> restaurants avait été crééepar l’industrie du tabac. Globalement,en France et en Europe, l’industrie dutabac continue <strong>de</strong> faire du lobbying, <strong>de</strong>manière beaucoup plus discrète maistout aussi efficace.S. H. : Comment le lobbying <strong>de</strong> l’industriedu tabac a-t-il été contrecarréau niveau européen ?Les résultats les plus spectaculairesont été obtenus par l’Office <strong>de</strong> lutteantifrau<strong>de</strong> (Olaf) <strong>de</strong> l’Union européenne,pas sur le lobbying directement,mais sur la lutte contre la contreban<strong>de</strong>.L’Olaf a, <strong>de</strong>puis les années2000, porté plainte au civil aux États-Unis contre plusieurs gran<strong>de</strong>s compagnies,notamment pour « organisation<strong>de</strong> la contreban<strong>de</strong> », et, suite à <strong>de</strong>snégociations <strong>de</strong> gré à gré, la plusimportante <strong>de</strong>s compagnies concernéesa accepté <strong>de</strong> payer plus d’un milliard<strong>de</strong> dollars, paiements étalés surdouze ans. Suite à l’enquête <strong>de</strong> l’Olaf,c’est en fait l’Union européenne,appuyée par dix États membres dont laFrance, qui avait déposé plainte contre<strong>de</strong>ux cigarettiers. Pour l’Union, il s’agissait<strong>de</strong> récupérer ainsi les taxes quin’avaient pas été acquittées puisque lescigarettes <strong>de</strong> contreban<strong>de</strong> échappentbien entendu à toute fiscalité.S. H. : <strong>La</strong> convention cadre <strong>de</strong> l’OMSne représente-t-elle pas une avancéemajeure pour prendre encompte la <strong>santé</strong> publique face auxdangers du tabac ?Sur le plan du lobbying, l’outil leplus élaboré <strong>de</strong> lutte est effectivementla convention cadre <strong>de</strong> l’OMS pour lalutte anti-tabac, entrée en vigueur auniveau international <strong>de</strong>puis 2005. Cetteconvention, dont la France a été l’un<strong>de</strong>s premiers signataires, s’engagenotamment via son article 5.3 à maintenirl’indépendance <strong>de</strong>s pouvoirspublics vis-à-vis <strong>de</strong> l’industrie du tabac.Cela signifie que les pays qui l’ont ratifiéeacceptent <strong>de</strong> maintenir les industrielsdu tabac à distance <strong>de</strong>s décisionspolitiques, puisque ce traité a un caractèrecontraignant et engage donc lessignataires. Mais, dans la pratique, laconvention n’a pas supprimé le lobbyingni les tentatives d’influer les décisionspolitiques dans les pays signataires,loin s’en faut. À souligner quecette convention a <strong>de</strong>s missions beaucoupplus larges que la lutte contre lelobbying <strong>de</strong> l’industrie du tabac : elleparticipe à faire évoluer les législationsau niveau international, en mettant enavant le seul intérêt <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique.S. H. : Vous êtes l’un <strong>de</strong>s contrelobbyistesles plus en vue dans ladéfense <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique, querépon<strong>de</strong>z-vous à vos opposants quivous qualifient d’intégriste <strong>de</strong> lalégislation et portant atteinte auxlibertés individuelles ?L’argument a effectivement souventété utilisé par le lobby du tabac et parses défenseurs pour tenter <strong>de</strong> nousdécrédibiliser. Mais cet argument nefonctionne plus auprès <strong>de</strong>s médias et dugrand public car, désormais, c’est l’industriedu tabac elle-même qui est enperte <strong>de</strong> crédibilité, ce <strong>de</strong>puis unebonne décennie. L’accusation d’intégrismeest infondée et facile, ce n’est pasnous qui avons un comportement anormalmais l’industrie du tabac elle-même.<strong>La</strong> plus ancienne organisation <strong>de</strong> luttecontre le tabac est le Comité nationalcontre le tabagisme (CNCT), créé en1868. Parmi toutes les associations quiluttent contre le tabac à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> <strong>santé</strong>publique, on peut citer, en France, l’Alliancecontre le tabac qui réunit unetrentaine d’associations pour lesquellesl’accusation d’intégrisme est farfelue :Fédération française <strong>de</strong> cardiologie,Ligue nationale contre le cancer, etc. Ilen est <strong>de</strong> même au niveau internationaloù les associations réunissent les défenseurs<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique, sans aucunecomposante intégriste. À titre d’exemple,la Framework Convention Alliance(FCA) regroupe plus <strong>de</strong> trois cents associationsau niveau mondial dont l’Alliancecontre le tabac, le CNCT et Droits<strong>de</strong>s non-fumeurs pour la France ; elleprend <strong>de</strong>s positions concernant l’évolution<strong>de</strong>s textes du Traité. De la mêmemanière, au niveau <strong>de</strong> l’Europe, leRéseau européen <strong>de</strong> prévention dutabagisme (REPT), dont nous faisonspartie, défend <strong>de</strong>s positions <strong>de</strong> <strong>santé</strong>publique.En conclusion, le lobbying <strong>de</strong> <strong>santé</strong>publique sur le tabac est bien organiséaux niveaux français, européen et international.Il fait office <strong>de</strong> contre-pouvoirindispensable. Nous délivrons uneinformation crédible et vérifiée scientifiquement,ce qui nous différencie dulobbying industriel. Une autre différencemajeure, ce sont nos moyens qui<strong>de</strong>meurent très mo<strong>de</strong>stes au regard <strong>de</strong>smoyens considérables déployés parl’industrie du tabac.Propos recueillis par Yves Géry(1) Dubois G. Le ri<strong>de</strong>au <strong>de</strong> fumée. Les métho<strong>de</strong>ssecrètes <strong>de</strong> l’industrie du tabac. Paris : Seuil, 2003 :369 p.20 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Internet : un rôle croissantdans l’information et l’interventionen <strong>santé</strong> publiqueAu cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie, l’Internet est <strong>de</strong>venu un vecteur majeur <strong>de</strong> l’informationen <strong>santé</strong> publique. <strong>La</strong> toile ne se contente pas d’informer, elle est aussi un outil <strong>de</strong> préventionet <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>, donnant <strong>de</strong>s conseils en ligne qui peuvent être dispenséspar <strong>de</strong>s professionnels mais aussi par <strong>de</strong>s industriels. L’un <strong>de</strong>s problèmes majeursest d’i<strong>de</strong>ntifier l’émetteur d’une information. Ainsi, par exemple, certains forums sontinstrumentalisés par <strong>de</strong>s intervenants qui profitent <strong>de</strong> l’anonymat – et <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong>véritables modérateurs – pour défendre <strong>de</strong>s intérêts masqués. L’outil n’en est pas moinsirremplaçable et d’une très gran<strong>de</strong> utilité, à condition <strong>de</strong> l’abor<strong>de</strong>r avec pru<strong>de</strong>nce et recul.Depuis plusieurs années, l’Interneta investi le champ <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>, transformantles processus <strong>de</strong> constructionet <strong>de</strong> circulation <strong>de</strong>s savoirs, les relationsentre les acteurs et les pratiques<strong>de</strong> <strong>santé</strong> 1 . L’Internet comme sourced’information du public, sur les maladies,les traitements, les facteurs <strong>de</strong>risques, les ressources professionnelleset les établissements, d’une part,et, d’autre part, l’Internet comme outil<strong>de</strong> travail collaboratif pour les différentsprofessionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, engendrantune réorganisation <strong>de</strong> certainespratiques professionnelles, figurentparmi les <strong>de</strong>ux principaux axes <strong>de</strong>transformation, connus et reconnuspar les professionnels et les chercheursdu champ <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique.L’Internet dédié à la <strong>santé</strong> s’est ainsiconstitué, au cours <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnièredécennie, comme un objet <strong>de</strong> rechercheà part entière. Une recherche rapi<strong>de</strong> surles principales bases <strong>de</strong> données bibliographiquesgénère <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> référencesdiscutant <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>stechnologies <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> lacommunication (TIC), plus particulièrement<strong>de</strong> l’Internet, en lien avec la<strong>santé</strong>. <strong>La</strong> spécificité <strong>de</strong> la recherche surl’Internet et la <strong>santé</strong> est d’être multidisciplinaire; mé<strong>de</strong>cine, sociologie, psychologie,géographie, sciences <strong>de</strong>l’éducation, sciences <strong>de</strong> l’information,etc., figurent parmi les principauxchamps <strong>de</strong> recherche. Il est ainsi tentant<strong>de</strong> voir apparaître un nouveauchamp <strong>de</strong> recherche que l’on peut étiqueter<strong>de</strong> e-health studies (1). Selon leportail <strong>de</strong> la Commission européennedédié à la Société <strong>de</strong> l’information,e-health – ou <strong>santé</strong> en ligne, ou encore« e-<strong>santé</strong> » – renvoie à l’application <strong>de</strong>sTIC à l’ensemble <strong>de</strong>s fonctionnalitésqui touchent à la <strong>santé</strong> <strong>de</strong>s citoyens et<strong>de</strong>s patients.Outil d’information…et <strong>de</strong> communicationCette définition <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> en lignereflète le souci d’innovation dans l’organisation<strong>de</strong>s services <strong>de</strong> <strong>santé</strong>,incluant les possibilités <strong>de</strong>s technologies<strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> la communicationet ce, pour un large panel <strong>de</strong>professionnels <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et <strong>de</strong>s soins,mais aussi pour les déci<strong>de</strong>urs politiques,les gestionnaires <strong>de</strong> <strong>santé</strong> et,plus généralement, pour les patients etle public. Ce qui est plus particulièrementen jeu et qui a le plus mobilisé leschercheurs en sciences sociales, c’estl’utilisation <strong>de</strong> l’Internet et <strong>de</strong>s médiasélectroniques dans la communication<strong>de</strong>s services <strong>de</strong> <strong>santé</strong> et dans l’informationen lien avec la <strong>santé</strong> (2). Actuellement,l’Internet apparaît en effetcomme un élément incontournable <strong>de</strong>sservices <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, notamment dans lesrelations <strong>de</strong>s administrations en charge<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> avec le public et, plus généralement,<strong>de</strong> la gestion personnelle <strong>de</strong>la <strong>santé</strong>.Support pour les interventions<strong>de</strong> <strong>santé</strong> publiqueL’utilisation <strong>de</strong> l’Internet en tant quesupport pour <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong><strong>santé</strong> publique à visée essentiellementpréventive constitue un troisième axe<strong>de</strong> transformation, qui a été moinsexploré. Les pratiques et les expériences<strong>de</strong> l’Internet en <strong>santé</strong> publiquerestent ainsi assez peu documentéesdans la littérature scientifique, notammentfrancophone. Et ce, alors mêmeque l’outil suscite un intérêt manifestechez les professionnels développant<strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong>promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>. Cet intérêt <strong>de</strong>sprofessionnels découle tout d’abord<strong>de</strong> la popularité <strong>de</strong> l’Internet auprèsdu public pour la recherche d’informationssur la <strong>santé</strong> et <strong>de</strong> son potentiel<strong>de</strong> diffusion rapi<strong>de</strong> et à gran<strong>de</strong> échelle.Les propriétés interactives <strong>de</strong> l’outilren<strong>de</strong>nt par ailleurs possible l’instauration<strong>de</strong> communications personnaliséesavec les publics cibles, qui semblentplus efficaces que lesinterventions médiatiques à large diffusionpour amener <strong>de</strong>s changements<strong>de</strong> comportements (3-5). De plus, larecherche d’informations en ligneLA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong> 21


constitue généralement une démarcheactive <strong>de</strong> l’utilisateur, ce qui a pourconséquence d’en améliorer la réception.Enfin, l’outil offre une certainegarantie d’anonymat, caractéristiquevalorisée par certaines populations quipeuvent craindre <strong>de</strong> faire l’objet <strong>de</strong>discrimination, et pour certaines problématiques<strong>de</strong> <strong>santé</strong> comme, parexemple, la <strong>santé</strong> sexuelle, la toxicomanieet la <strong>santé</strong> mentale.Internet, vecteur <strong>de</strong> préventionet <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>Les interventions en ligne peuventprendre différentes formes : actionsd’éducation à la <strong>santé</strong>, programmes <strong>de</strong>prévention, promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> etsensibilisation aux risques <strong>de</strong> <strong>santé</strong>,dispositifs d’accompagnement maisaussi d’intervention dans la prise encharge d’une maladie chronique ou« simples » relais d’information pour<strong>de</strong>s populations isolées ou marginalisées.Les interventions qui visent lapromotion <strong>de</strong> saines habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie,parmi les plus documentées, concernentnotamment l’arrêt du tabac, l’engagementdans l’activité physique, lasaine alimentation et la prévention <strong>de</strong>sinfections transmissibles sexuellementet par le sang (ITSS) (6-9). Ces interventions,qui ont largement ciblé lesjeunes publics, misent <strong>de</strong> plus en plussur le potentiel qu’offrent les médiassociaux, notamment les activités <strong>de</strong>réseautage, dont les usages se développentdans tous les pays et semblenttraverser les barrières sociales.Toutefois, <strong>de</strong> manière générale, lesactions utilisant l’Internet comme outil<strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la<strong>santé</strong> restent malgré tout assez peurelayées et insuffisamment documentées.Il serait important <strong>de</strong> recenserl’ensemble <strong>de</strong>s domaines et <strong>de</strong>s populationsciblés mais aussi <strong>de</strong> mieuxrépertorier les objectifs visés, <strong>de</strong> cernerles processus <strong>de</strong> développement<strong>de</strong>s interventions (qui sont les professionnelsconcernés ? S’appuient-ils sur<strong>de</strong>s modèles d’intervention ?) et lesactivités <strong>de</strong> l’Internet qui sont privilégiées.Il serait également utile <strong>de</strong>mieux i<strong>de</strong>ntifier les interventions lesplus efficaces pour changer les comportementset les plus attractives pourles populations, et <strong>de</strong> voir aussi commentelles se comparent et s’articulentaux mo<strong>de</strong>s plus traditionnels d’action(10). Enfin, il importe <strong>de</strong> savoir siles interventions <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique enligne ne risquent pas <strong>de</strong> creuser l’écartentre les utilisateurs, tant les usageset les capacités d’appropriation <strong>de</strong>l’information relative à la <strong>santé</strong> semblentvarier selon le niveau <strong>de</strong>scolarité (11).Panorama <strong>de</strong>s usages<strong>de</strong> l’Internet <strong>santé</strong><strong>La</strong> secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> cet articledresse un panorama <strong>de</strong>s usages <strong>de</strong>l’Internet <strong>santé</strong>. L’Internet commesource d’information en <strong>santé</strong> n’estplus une nouveauté. Objet du quotidien,tant dans la sphère professionnelleque privée, l’Internet est omniprésentet ses usages en tant qu’outild’information dans le champ <strong>de</strong> la<strong>santé</strong> et <strong>de</strong> la maladie sont aujourd’hui<strong>de</strong>venus routiniers. Cette routine n’estcependant pas sans poser certainesquestions. D’une part, la place prédominantequ’occupe le médium interrogeles manières dont la <strong>santé</strong> et/oula maladie se vivent aujourd’hui : ladiffusion rapi<strong>de</strong> d’informations auprèsdu plus grand nombre crée à la foisl’émergence <strong>de</strong> nouvelles pratiques– que ce soit du point <strong>de</strong> vue du publicet <strong>de</strong>s patients que <strong>de</strong>s professionnelsmais également <strong>de</strong>s pouvoirs publics,<strong>de</strong>s associatifs, etc. – et <strong>de</strong> nouvelleszones d’incertitu<strong>de</strong>s.Certes, les travaux <strong>de</strong> recherche– principalement anglo-saxons, plusrécemment francophones – sont nombreuxà analyser l’usage <strong>de</strong> l’Internetdans le champ <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et <strong>de</strong> lamaladie. Progressivement démystifiéet considéré comme facteur <strong>de</strong> progrèstant par les patients/usagers quepar les professionnels du soin et <strong>de</strong> la<strong>santé</strong>, il n’en reste pas moins que sesusages sont multiples, voire complexes,touchant <strong>de</strong>s populations trèsdifférentes. Ses développements sontrapi<strong>de</strong>s, ses impacts encore difficilementmesurables, l’information qu’ilvéhicule semble parfois hors contrôle,etc. Dans ce contexte, il est important<strong>de</strong> mieux comprendre les usages <strong>de</strong>l’Internet <strong>santé</strong>.Étu<strong>de</strong>s et enquêtes montrent queles usages <strong>de</strong> l’Internet sont variés etque le chercheur d’information <strong>santé</strong>maladiesur l’Internet ne correspondpas à un profil unique. Si la survenued’une maladie est souvent le déclencheurd’une recherche sur Internet, lesmotivations et les raisons <strong>de</strong> consulter<strong>de</strong>s sites proposant <strong>de</strong> l’information<strong>santé</strong>-maladie sont aussi variées queles parcours <strong>de</strong> <strong>santé</strong> ou <strong>de</strong> maladie<strong>de</strong>s internautes. Il est possible cependant<strong>de</strong> distinguer trois types d’usages :recherche d’informations, échanged’expériences, participation à laconstruction <strong>de</strong>s savoirs.Recherche d’informationOn peut distinguer premièrement larecherche d’information pure : il s’agit<strong>de</strong> se documenter, <strong>de</strong> mieux comprendreune pathologie, une maladie,un problème <strong>de</strong> <strong>santé</strong> récemment diagnostiquéchez soi ou chez un proche.Le problème peut être plus ou moinsgrave et engendrer une recherche d’informationoccasionnelle ou plus régulière.Ces recherches d’informationsont rarement isolées et émanentd’une démarche plus large : autresmédias, réseaux familiaux et amicauxmais surtout rencontres avec <strong>de</strong>s professionnelsviennent compléter <strong>de</strong>srecherches sur Internet.<strong>La</strong> recherche d’informationconcerne également les services : uneadresse d’un spécialiste à proximité,un établissement pouvant accueillir unproche, etc. <strong>La</strong> démocratisation <strong>de</strong> l’Internetpousse en effet les établissements<strong>de</strong> soins et <strong>de</strong> <strong>santé</strong> à disposerd’un site Internet diffusant l’informationnécessaire à l’usager.<strong>La</strong> recherche d’information peutenfin relever d’un intérêt personnelpour les questions <strong>de</strong> <strong>santé</strong> et <strong>de</strong> bienêtre.Dans un contexte où est promueune meilleure alimentation (par lesprofessionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, par les pouvoirspublics, etc.) et où le corps sain– actif, voire productif – <strong>de</strong>vient lanorme et est sans cesse valorisé, lesindividus abor<strong>de</strong>nt la <strong>santé</strong> comme unaspect essentiel du quotidien à préserver,notamment via l’alimentation. <strong>La</strong>recherche d’information sur l’Internetpeut alors être distincte d’un problèmeavéré. Il est ainsi erroné <strong>de</strong> voir cetterecherche comme étant le fait unique<strong>de</strong> patients, <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> leursproches. Cependant, la frontière estmince : à partir <strong>de</strong> quel moment uneinformation sur l’alimentation relèvet-elledu seul bien-être ou <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine? Ce flou est un enjeu important,nombre d’acteurs en jouant, notammentles industriels produisant <strong>de</strong> l’informationà caractère scientifique, afin<strong>de</strong> promouvoir et vendre <strong>de</strong>s produits<strong>santé</strong> et bien-être.22 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Circulation <strong>de</strong>s connaissancesentre chercheurs, communicantset professionnels <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> :une expérience canadienneAu Canada, un groupe <strong>de</strong> chercheurs <strong>de</strong> l’université du Québec à Montréal a créé le Groupe<strong>de</strong> recherche Médias et <strong>santé</strong> (GRMS). Ce groupe encourage le partage et la diffusion <strong>de</strong>sconnaissances sur la <strong>santé</strong> entre les chercheurs, les communicants et les professionnels <strong>de</strong>la <strong>santé</strong>. Il fait office <strong>de</strong> catalyseur <strong>de</strong>s connaissances auprès <strong>de</strong> leurs utilisateurs potentiels.L’un <strong>de</strong>s objectifs est aussi <strong>de</strong> permettre aux journalistes <strong>de</strong> s’approprier ces informations afin<strong>de</strong> pouvoir les répercuter ensuite auprès du grand public.L’univers <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et celui <strong>de</strong>smédias fonctionnent bien souvent isolémentet rares sont les occasions qui leursont offertes <strong>de</strong> se rencontrer et <strong>de</strong> trouver<strong>de</strong>s points <strong>de</strong> jonction. Ce constat setrouve à l’origine <strong>de</strong> la création duGroupe <strong>de</strong> recherche Médias et <strong>santé</strong>(GRMS) <strong>de</strong> l’Université du Québec àMontréal (UQAM) qui prône une collaborationentre chercheurs, partenairesmédiatiques et partenaires <strong>de</strong> <strong>santé</strong>. Cetarticle vise à exposer les différentes stratégieset outils <strong>de</strong> circulation <strong>de</strong>s connaissancesmis en place par le GRMS, instaurantainsi un espace <strong>de</strong> rencontre entreles partenaires suivants :• intervenants médiatiques œuvrant àla conception, production et diffusion<strong>de</strong> contenus en presse écrite, télévision,radio et Internet : télédiffuseurs, producteursd’émissions, scénaristes, journalistes,etc. ;• intervenants <strong>de</strong> <strong>santé</strong> concevant,implantant et évaluant <strong>de</strong>s programmes<strong>de</strong> <strong>santé</strong> populationnelle : ministère,agences <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, direction <strong>de</strong> <strong>santé</strong>publique, organismes non gouvernementaux,etc. ;• chercheurs intéressés par le domaine<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> ou par celui <strong>de</strong>s médias,issus <strong>de</strong> diverses disciplines et exerçantdans plusieurs universités, collèges ouorganisations partenaires.Objectifs du GRMSLe GRMS conçoit le travail avec l’ensemble<strong>de</strong>s partenaires comme un processusdynamique, planifié, continu etinteractif visant notamment à faire circulerles connaissances dans le but <strong>de</strong> :• développer un capital d’échange etd’entrai<strong>de</strong> entre les partenaires dugroupe afin <strong>de</strong> générer un enrichissementmutuel ;• développer une culture <strong>de</strong> collaborationet <strong>de</strong> co-construction <strong>de</strong>s connaissancesentre les milieux <strong>de</strong> pratiques etuniversitaires ;• améliorer les attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s chercheursvis-à-vis <strong>de</strong>s réalités et <strong>de</strong>s préoccupations<strong>de</strong>s milieux <strong>de</strong> pratiques ;• améliorer les attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s partenaireset <strong>de</strong> leurs milieux quant à la réceptivitéet à l’utilisation <strong>de</strong>s connaissancesscientifiques.Stratégies et moyensmis en placeAinsi, par la circulation <strong>de</strong>s connaissancesentre trois groupes : recherche,médias et <strong>santé</strong>, le GRMS vise à générer<strong>de</strong> nouvelles compréhensions <strong>de</strong>s phénomènesémanant autant <strong>de</strong>s expériencespersonnelles, <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>terrain que <strong>de</strong>s recherches ancréesdans les contextes <strong>de</strong> chaque organisation,ceci afin d’améliorer, si nécessaire,les pratiques.Dans sa démarche <strong>de</strong> circulation <strong>de</strong>sconnaissances, le GRMS fait appel à <strong>de</strong>sstratégies <strong>de</strong> mise en réseau, d’échangeet <strong>de</strong> valorisation (transfert et diffusion)dont le but ultime est <strong>de</strong> susciter plusieurstypes d’utilisation <strong>de</strong>s connais -sances.Mise en réseau et échange<strong>La</strong> mise en réseau vise l’établissement<strong>de</strong> liens <strong>de</strong> confiance et la circulationflui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s informations entre lesindividus et leurs organisations.L’échange implique une interactionponctuelle et réciproque entre <strong>de</strong>s personnesou <strong>de</strong>s organisations.<strong>La</strong> création d’un espace <strong>de</strong> rencontre,où intervenants médiatiques, <strong>de</strong> <strong>santé</strong> etchercheurs se côtoient, permet, d’unepart, une meilleure compréhension <strong>de</strong>sdynamiques, <strong>de</strong>s réalités, <strong>de</strong>s contexteset <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> chaque milieu <strong>de</strong>travail (<strong>santé</strong>, médias, recherche) et,d’autre part, offre à chacun l’occasion <strong>de</strong>faire valoir son expertise favorisant l’enrichissementmutuel et le respect <strong>de</strong>scompétences <strong>de</strong> chacun.Le groupe <strong>de</strong> recherche a recours àtrois outils spécifiques à la mise enréseau et à l’échange :• les rencontres <strong>de</strong> partenaires : tempsprivilégiés pour encourager l’échange etle réseautage <strong>de</strong>s intervenants, créer <strong>de</strong>sponts entre eux, cerner les contrainteset exposer les objectifs <strong>de</strong> chacun ;• la référence : en réponse aux<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s régulières qui lui sont faitesd’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s ressources en communicationet <strong>santé</strong>, le GRMS relaie <strong>de</strong>s informationsvers les chercheurs et les pro-24 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


fessionnels <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et <strong>de</strong>s médias ;• l’organisation en commun <strong>de</strong> colloquesou <strong>de</strong> formations avec <strong>de</strong>s partenairespermet d’accroître notreconnaissance mutuelle et <strong>de</strong> mieuxrejoindre nos publics cibles par la miseen commun <strong>de</strong> nos réseaux.Valorisation <strong>de</strong>s connaissances<strong>La</strong> valorisation est une démarchepour optimiser l’i<strong>de</strong>ntification et, ultimement,l’utilisation <strong>de</strong>s connaissancesdans les différentes organisations participantes(médiatiques, <strong>de</strong> recherche,<strong>de</strong> <strong>santé</strong>). « <strong>La</strong> valorisation <strong>de</strong> larecherche peut être définie comme l’ensemble<strong>de</strong>s actions et <strong>de</strong>s activités ayantpour but d’augmenter la valeur <strong>de</strong>srésultats <strong>de</strong> recherche et, plus généralement,<strong>de</strong> mettre en valeur les connaissances(…) elle réfère plus globalementà l’ensemble <strong>de</strong>s activités qui mettent enrelation le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la recherche et lasphère économique et sociale (…) elles’appuie, <strong>de</strong> façon générale, sur ledéploiement et l’échange <strong>de</strong> connaissanceset ce, dans tous les domaines <strong>de</strong>développement du savoir » (1).Le GRMS adhère à cette définition eninsistant sur le fait que les connaissancesdont il s’agit ne sont pas exclusivementissues du milieu scientifique.Le groupe <strong>de</strong> recherche fait office <strong>de</strong>catalyseur entre les connaissances etleurs utilisateurs potentiels. Il œuvrealors à trouver les mécanismes favorisantla mise en valeur <strong>de</strong> certaines données<strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> certaines pratiqueset initiatives <strong>de</strong> terrain. Ce qui faitentre autres la spécificité <strong>de</strong> la valorisationest que les connaissances sontsélectionnées selon leur pertinenceperçue par le GRMS et exprimée par lespublics cibles.<strong>La</strong> valorisation <strong>de</strong>s connaissances sedécline en <strong>de</strong>ux stratégies : le transfertet la diffusion <strong>de</strong>s connaissances.Transfert <strong>de</strong>s connaissancesDans le domaine sociosanitaire, letransfert <strong>de</strong>s connaissances correspondà une démarche systémique, articuléeet structurée autour <strong>de</strong>s données probantes,pour générer <strong>de</strong>s changements<strong>de</strong> pratiques, <strong>de</strong> compétences ou <strong>de</strong>comportements. Le GRMS considèreque les connaissances sont obligatoirementreconstruites et que leur transfertvise à « l’intégration <strong>de</strong>s connaissancesdans la pratique <strong>de</strong>s individus et <strong>de</strong>sorganisations et, ultimement, un changementdans les comportements individuelsou organisationnels ou <strong>de</strong>s décisionsd’ordre institutionnel ou poli -tique » (2).Pour le groupe <strong>de</strong> recherche, le transfert<strong>de</strong>s connaissances est une démarchecontinue, ponctuée par <strong>de</strong>s allersretoursentre chercheurs, intervenants<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et médias. Il s’agit d’unedémarche bidirectionnelle entre chercheurset/ou milieux. En effet, une étu<strong>de</strong>qui ne tiendrait pas compte <strong>de</strong>s connaissances<strong>de</strong>s partenaires <strong>de</strong> terrain auraitpeu <strong>de</strong> chances d’intéresser les milieux<strong>de</strong> pratiques et <strong>de</strong> leur être utile.Le groupe <strong>de</strong> recherche met enplace différents moyens pour soutenirle transfert <strong>de</strong>s connaissances, commeles recherches menées en partenariatavec les milieux <strong>de</strong> pratiques et le travailcollaboratif entre chercheurs issus<strong>de</strong> divers champs disciplinaires.Diffusion <strong>de</strong>s connaissancesL’Alliance <strong>de</strong> recherche universitécommunautéen économie socialementionne que « la diffusion <strong>de</strong>sconnaissances consiste à rendre accessibleset à faire connaître à <strong>de</strong>s auditoiressusceptibles d’y être intéressésl’existence et les résultats d’unerecherche, qu’ils soient préliminairesou finaux » (2). <strong>La</strong> diffusion peut êtreune action ciblée en fonction <strong>de</strong>s intérêts<strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinataires ; le GRMS optepour <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> diffusion adaptésà ses publics cibles.Cette démarche s’inscrit dans unevolonté <strong>de</strong> rejoindre les publics nonnaturels <strong>de</strong>s productions universitaires.Elle implique un travail important <strong>de</strong>sélection et d’adaptation <strong>de</strong>s résultats<strong>de</strong> recherche (qu’ils soient préliminairesou finaux) pour les rendre accessibleset les faire connaître à <strong>de</strong>s auditoiressusceptibles d’y être intéressés.De plus, cette démarche assure unancrage <strong>de</strong>s dynamiques dans lesmilieux et prépare leur pérennité.Plusieurs outilsLe groupe <strong>de</strong> recherche met enplace plusieurs moyens pour soutenirla diffusion <strong>de</strong>s connaissances :• site Internet et page Facebook : le siteInternet du GRMS fait office <strong>de</strong> vitrine<strong>de</strong>s activités. <strong>La</strong> majorité <strong>de</strong> ses publicationsy est aussi téléchargeable et ildonne accès aux outils <strong>de</strong> diffusiondéveloppés par le groupe. <strong>La</strong> pageFacebook permet <strong>de</strong> publiciser les activités,<strong>de</strong> susciter l’interaction et d’élargirle réseau <strong>de</strong> diffusion ;• blogues : le groupe <strong>de</strong> recherche adéveloppé <strong>de</strong>ux blogues qui visent àdiffuser <strong>de</strong>s contenus (issus <strong>de</strong> larecherche scientifique et d’interventions)<strong>de</strong> manière synthétique et à inciterl’interaction avec ses publics cibles.Le blogue « Internet et Santé » <strong>de</strong>stinéaux intervenants <strong>de</strong> <strong>santé</strong> vise à comprendre,partager et s’inspirer pourmieux intervenir sur Internet en matière<strong>de</strong> <strong>santé</strong>. Il est développé en collaborationavec l’Association pour la <strong>santé</strong>publique du Québec. Le blogue « C’estmala<strong>de</strong> ! » <strong>de</strong>stiné aux professionnels<strong>de</strong>s médias jeunesse vise à outiller,LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>25


informer, inspirer et susciter <strong>de</strong>sréflexions critiques à propos <strong>de</strong>smédias, <strong>de</strong>s jeunes et <strong>de</strong> leur <strong>santé</strong>. Ilpropose <strong>de</strong>s contenus susceptiblesd’influencer les pratiques <strong>de</strong>s professionnelsmédiatiques ciblés et, in fine,la <strong>santé</strong> <strong>de</strong>s jeunes ;• faits saillants <strong>de</strong> recherche : ces résumés<strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>stinés aux professionnels<strong>de</strong> l’information (journalistes,chroniqueurs, recherchistes, etc.) visentà mettre en lumière et à rendre accessibles<strong>de</strong>s recherches parfois peuconsultées mais <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> qualité. Ilssont rédigés par <strong>de</strong>s communicateursscientifiques formés à cet effet ;• service <strong>de</strong> veille : une veille médiatiqueet scientifique est réalisée en fonction<strong>de</strong>s intérêts et <strong>de</strong>s préoccupations<strong>de</strong>s partenaires et <strong>de</strong>s chercheurs, puisest acheminée aux personnes intéressées.Ce service permet notammentd’attirer l’attention <strong>de</strong>s praticiens sur <strong>de</strong>sdonnées probantes, d’enrichir lesrecherches et <strong>de</strong> faire circuler <strong>de</strong>s informationsau sein <strong>de</strong> réseaux qui ne possè<strong>de</strong>ntpas toujours l’accès aux sources<strong>de</strong> données.Enfin, notons que le groupe <strong>de</strong>recherche adopte également les canauxtraditionnels <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>s résultats<strong>de</strong> recherches : articles, recueils <strong>de</strong>textes, rapports <strong>de</strong> recherche et participationsà <strong>de</strong>s conférences.DiscussionBien que cette démarche <strong>de</strong> circulation<strong>de</strong>s connaissances n’ait pas étéévaluée <strong>de</strong> façon formelle, l’expérience<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années en démontre lafaisabilité. Dans un premier temps, cesinitiatives ont permis <strong>de</strong> faire se rencontrer<strong>de</strong>s intervenants qui en ont peul’occasion. Ainsi, le GRMS offre unespace où se côtoient plus d’unedizaine <strong>de</strong> chercheurs <strong>de</strong> différentesdisciplines, plusieurs partenaires <strong>de</strong><strong>santé</strong> et <strong>de</strong>s partenaires médiatiques.Les échanges sur les intérêts <strong>de</strong> chacunet leur participation active aux travaux<strong>de</strong> mise en circulation <strong>de</strong>s connaissancespermettent <strong>de</strong> générer une perspectivecommune et d’appréhen<strong>de</strong>r <strong>de</strong>manière novatrice la recherche sur lesmédias et la <strong>santé</strong>.<strong>La</strong> mise en place <strong>de</strong>s stratégies et <strong>de</strong>smoyens décrits dans cet article est toutefoisconditionnelle à la présence <strong>de</strong>ressources humaines et financièresdédiées à la circulation <strong>de</strong>s connaissances.Le GRMS emploie ainsi un agent<strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong>s connaissances dontles tâches se centrent autour <strong>de</strong> cettemission. Enfin, il s’efforce <strong>de</strong> rechercherdu financement directement lié à ce typed’actions. Force est <strong>de</strong> constater l’intérêtcroissant <strong>de</strong>s organismes subventionnairespour ce genre d’initiatives.<strong>La</strong> circulation <strong>de</strong>s connaissancesnécessite une évolution <strong>de</strong>s pratiquesainsi que du temps, autant pour les chercheursque pour les partenaires. Leschercheurs du groupe modifient leurshabitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail afin <strong>de</strong> tenir comptedu déploiement particulier <strong>de</strong>s actionsliées à la circulation <strong>de</strong>s connaissances(présentations aux partenaires, disponibilitépour les journalistes, relecture <strong>de</strong>contenus vulgarisés, etc.). De leur côté,les partenaires prennent conscience dutemps nécessaire à l’élaboration <strong>de</strong>srecherches et conçoivent <strong>de</strong> manièreplus précise ce que celles-ci peuventapporter à leurs pratiques. Ils sont invitésà partager leurs connaissances <strong>de</strong>smilieux, leur savoir-faire, mais aussileurs questionnements. Par ailleurs, <strong>de</strong>srésultats <strong>de</strong> recherche les amènent parfoisà poser un regard critique sur leurspropres pratiques et invitent à modifiercertaines stratégies d’action.Le fait <strong>de</strong> réunir trois groupes issusd’univers différents (médias, <strong>santé</strong> etrecherche) offre une gran<strong>de</strong> richesse,tout en soulevant cependant d’importantsdéfis <strong>de</strong> communication. Les intervenantsqui se côtoient sont issus <strong>de</strong>◗ Références bibliographiques(1) Ministère <strong>de</strong> la Recherche, <strong>de</strong> la Science et<strong>de</strong> la Technologie. Politique québécoise <strong>de</strong> lascience et <strong>de</strong> l’innovation : savoir changer lemon<strong>de</strong>. MRST : 2001 : p. 86. En ligne : http://www.m<strong>de</strong>ie.gouv.qc.ca/fileadmin/sites/internet/documents/publications/pdf/science_technologie/fr/pqsi/mrst_savoirchanger.pdf[<strong>de</strong>rnière visite le 21 mars <strong>2010</strong>](2) Alliance <strong>de</strong> recherche université-communautéen économie sociale (Aruc-ÉS), Réseauquébécois <strong>de</strong> recherche partenariale en économiesociale. Gui<strong>de</strong> pour la valorisation <strong>de</strong>sconnaissances en contexte <strong>de</strong> recherche partenariale.Montréal : Aruc-ÉS/RQRP-ÉS, 2007 :7-8. En ligne : http://www.aruc-es.uqam.ca/Portals/0/docs/pdf/Gui<strong>de</strong>_Valorisation.pdf[<strong>de</strong>rnière visite le 3 mars <strong>2010</strong>]disciplines variées et leurs champs d’expertisesont souvent bien distincts.Diverses cultures organisationnelles secroisent alors et l’intérêt pour le traitementmédiatique <strong>de</strong>s thématiques <strong>de</strong><strong>santé</strong> est motivé par <strong>de</strong>s logiquesdifférentes.Enfin, nous croyons que le fait <strong>de</strong>prendre du temps pour connaître lescontextes <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> chacun (enaccord avec notre philosophie d’actioncollaborative et interactionniste) estgagnant. Les relations <strong>de</strong> confiance, l’atmosphère<strong>de</strong> collégialité, la confi<strong>de</strong>ntialité<strong>de</strong> certains propos représentent<strong>de</strong>s facteurs qui ont favorisé la formation<strong>de</strong> réseaux et la collaboration.Lise Renaud, Ph. D. 1Jérôme Elissal<strong>de</strong>, M. Sc. 2, 3Judith Gau<strong>de</strong>t, Ph. D. 2, 4Sylvie Louise Desrochers, M. Sc. 2, 51. Directrice-fondatrice du Groupe <strong>de</strong> rechercheMédias et <strong>santé</strong> (GRMS) et professeure titulaire audépartement <strong>de</strong> communication sociale et publique,Université du Québec à Montréal (UQAM).2. Membre du GRMS.3. Agent <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> planification en mobilisation<strong>de</strong>s connaissances, Service <strong>de</strong> la recherche et <strong>de</strong>la création, UQAM.4. Professeure associée au département <strong>de</strong> communicationsociale et publique, UQAM.5. Coordonnatrice du GRMS.Pour en savoir plus :http://www.grms.uqam.caPour plus <strong>de</strong> détails :• Elissal<strong>de</strong> J., Renaud L. Les démarches <strong>de</strong>circulation <strong>de</strong>s connaissances : mobilisation etvalorisation <strong>de</strong>s connaissances. In : Renaud L.dir. Les médias et la <strong>santé</strong>. De l’émergence àl’appropriation <strong>de</strong>s normes sociales. Québec :Presses <strong>de</strong> l’Université du Québec, coll. Santéet société, <strong>2010</strong> : p. 409-429. En ligne : http://www.grms.uqam.ca/production/publications /livres/42-les-medias-et-la-sante-<strong>de</strong>-lemergence.html• Elissal<strong>de</strong> J., Gau<strong>de</strong>t J., Renaud L. Circulation<strong>de</strong>s connaissances : modèle et stratégies.Revue internationale <strong>de</strong> communication socialeet publique, <strong>2010</strong>, n° 3-4 : p. 135-149.En ligne : http://www.revuecsp.uqam.ca/numero/n3-4/pdf/RICSP_Elisal<strong>de</strong>Gau<strong>de</strong>tRenaud_<strong>2010</strong>.pdf26 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Au Canada, <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> collaborationnationale en <strong>santé</strong> publique pourrendre accessibles les connaissancesPour mieux transférer les connaissances scientifiques vers les acteurs <strong>de</strong> terrain, lesautorités canadiennes ont créé six centres d’information en <strong>santé</strong> publique <strong>de</strong>stinés auxprofessionnels, praticiens et déci<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> première ligne. Les centres informent sur lesthèmes suivants : <strong>santé</strong> <strong>de</strong>s autochtones, <strong>santé</strong> environnementale, maladies infectieuses,déterminants <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, politiques publiques, métho<strong>de</strong>s et outils. Ils ont pour originalité<strong>de</strong> ne travailler qu’en réponse à une comman<strong>de</strong> précise d’usagers. Ces <strong>de</strong>rniers ont undroit <strong>de</strong> critique sur l’expertise fournie par les centres.prise <strong>de</strong> décisions basées sur les faits, ycompris l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s besoins enrecherche. » (2). Pour combler cebesoin, le gouvernement du Canada adonc mis sur pied, en 2004, le programme<strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> collaborationnationale en <strong>santé</strong> publique, à partird’un budget administré par l’Agence<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique du Canada.Au Canada, les autorités <strong>de</strong> <strong>santé</strong>publique ont créé un réseau très ciblé<strong>de</strong> six centres consacrés à un partage<strong>de</strong> connaissances en <strong>santé</strong> publique (1).Ces centres ont le mandat <strong>de</strong> se concentreruniquement sur les besoins <strong>de</strong>spraticiens et <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> premièreligne en <strong>santé</strong> publique du Canada 1 .Pour cette clientèle, chaque centredéveloppe une thématique particulièred’importance en <strong>santé</strong> publique. Ilexiste ainsi un centre sur la <strong>santé</strong>autochtone, la <strong>santé</strong> environnementale,les maladies infectieuses, les déterminants<strong>de</strong> la <strong>santé</strong>, les politiquespubliques favorables à la <strong>santé</strong> et surles métho<strong>de</strong>s et les outils en transfert<strong>de</strong> connaissances.<strong>La</strong> création <strong>de</strong> ces centres visait àfaire la promotion d’une pratique utilisant<strong>de</strong>s données probantes en <strong>santé</strong>publique et à développer les conditionsnécessaires à cette pratique. L’absenced’une telle structure avait étéconstatée lors <strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> l’éclosiondu syndrome respiratoire aigu sévère(Sras) en 2003. Le rapport du comitéchargé <strong>de</strong> tirer les leçons <strong>de</strong> cette criseavait notamment souligné « l’importanced’une ressource centrale pourl’application <strong>de</strong>s connaissances et laLes activités <strong>de</strong> ces centres consistentà publier <strong>de</strong>s synthèses, favoriserla création <strong>de</strong> réseaux, documenter lesexpériences prometteuses, repérer leslacunes <strong>de</strong> la recherche, organiser oucontribuer à <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> formation.Chaque centre a le même budgetet la même clientèle cible : les unités<strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique locales 2 . Et commeils s’adressent à un public réparti dansles treize provinces et territoires canadiens,ces centres mènent leurs activitésen français et en anglais.Utilisant un cadre <strong>de</strong> référence axésur la <strong>santé</strong> <strong>de</strong>s populations, cescentres partagent également <strong>de</strong>s préoccupationscommunes : les inégalités<strong>de</strong> <strong>santé</strong> et l’importance <strong>de</strong> prendre encompte les particularités <strong>de</strong>s communautésautochtones, <strong>de</strong> même quecelles <strong>de</strong>s autres groupes marginalisés<strong>de</strong> la population.Partager les connaissancesen fonction <strong>de</strong>s besoinsContrairement au transfert <strong>de</strong>connaissances issues <strong>de</strong> la recherche,LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>27


les activités <strong>de</strong> partage <strong>de</strong> connaissances<strong>de</strong>s centres se développentuniquement à partir <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>susagers. Les synthèses produites visentdonc à répondre à une question <strong>de</strong>susagers, praticiens ou déci<strong>de</strong>urs, enfaisant l’état <strong>de</strong>s connaissances permettant<strong>de</strong> répondre à la question.Dans ce contexte, l’information surles besoins <strong>de</strong>s usagers est cruciale.Les travaux <strong>de</strong>s centres sont alimentéspar un processus continu <strong>de</strong> recueil<strong>de</strong>s besoins qui comprend notamment<strong>de</strong>s rencontres d’usagers, <strong>de</strong>s sondagesréguliers ou <strong>de</strong>s ententes cibléesavec <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique.Un comité consultatif nationalreprésentatif <strong>de</strong> cette clientèle vali<strong>de</strong>les plans <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s centres et laqualité <strong>de</strong>s productions, tout en donnant<strong>de</strong>s indications sur les stratégies<strong>de</strong> développement du programme. <strong>La</strong>qualité <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> ce comité etle choix <strong>de</strong> son prési<strong>de</strong>nt, le directeurscientifique <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>publique et <strong>de</strong>s populations (Institut<strong>de</strong> recherche en <strong>santé</strong> du Canada), ontjoué un rôle majeur dans la reconnaissance<strong>de</strong> ce programme et dans ledéveloppement <strong>de</strong> ses activités.Un récent éditorial (3) paru dans leJournal <strong>de</strong> l’Association médicalecanadienne rapporte l’intérêt <strong>de</strong> cemodèle <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s connaissancesdans le contexte canadien.« Dans le secteur <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>publique, les centres <strong>de</strong> collaborationnationale ont commencé à fournir <strong>de</strong>soccasions pour un meilleur échange<strong>de</strong> connaissances. Le Centre <strong>de</strong> collaborationnationale <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> autochtonea réuni <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>sgouvernements fédéral et provinciauxet <strong>de</strong>s représentants autochtones dansle but d’échanger <strong>de</strong>s connaissancesau sujet <strong>de</strong>s déterminants sociaux <strong>de</strong>la <strong>santé</strong>. Le Centre <strong>de</strong> collaborationnationale en <strong>santé</strong> environnementalea réuni <strong>de</strong>s inspecteurs <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> toutle Canada afin <strong>de</strong> mettre leur expertiseen commun. Un programme d’enseignementoffert lors d’une réunionrégionale à Terre-Neuve pour former<strong>de</strong>s opérateurs travaillant dans <strong>de</strong>petits réseaux d’alimentation en eaupotable est actuellement reproduit enAlberta... Nous <strong>de</strong>vons offrir plus d’occasionscomme celles-ci afin <strong>de</strong> tireravantage <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong>s autres. »Favoriser une approcheparticipativeLe développement et la consolidation<strong>de</strong> réseaux locaux, régionaux,nationaux et internationaux constituentl’un <strong>de</strong>s objectifs poursuivis parles centres afin <strong>de</strong> rendre utiles etaccessibles les connaissances pertinentesà la pratique en <strong>santé</strong> publique.Tel que l’indiquait Denise Kouri (4)dans son article sur les centres <strong>de</strong> collaborationnationale en <strong>santé</strong>publique : « Établir <strong>de</strong>s réseaux entreles praticiens, les responsables <strong>de</strong> politiqueset ceux qui pratiquent la synthèse,l’application et l’échange <strong>de</strong>connaissances (SAÉC) constitue uneapproche importante pour l’apprentissagemutuel et une manière <strong>de</strong> diffuserl’innovation… en accord avec la perceptionque les connaissances sontsocialement construites, les centres <strong>de</strong>collaboration nationale créent <strong>de</strong>sespaces <strong>de</strong> dialogue et facilitent la pen-28 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Pôles régionaux <strong>de</strong> compétence en éducationpour la <strong>santé</strong> : une fonction documentaireLes pôles régionaux <strong>de</strong> compétence ont été misen place par l’Institut national <strong>de</strong> prévention etd’éducation pour la <strong>santé</strong> (<strong>Inpes</strong>) en 2004, poursoutenir la mise en œuvre <strong>de</strong>s schémas régionauxd’éducation pour la <strong>santé</strong> (Sreps) 1 , améliorerla qualité <strong>de</strong>s actions en éducation pour la<strong>santé</strong> dans chaque région et faciliter unemeilleure articulation entre les niveaux d’interventionnationaux et régionaux. Les pôles ontpour mission <strong>de</strong> développer les services transversaux<strong>de</strong> support suivants : documentation(appui documentaire), conseil méthodologique,formation continue, évaluation, ingénierie <strong>de</strong>projet, analyse d’outils d’intervention en éducationpour la <strong>santé</strong>. Depuis 2007, toutes lesrégions françaises (métropole et départementsd’outre-mer) ont leur pôle <strong>de</strong> compétence enéducation pour la <strong>santé</strong> et la gran<strong>de</strong> majoritéd’entre eux propose tous les services ci-<strong>de</strong>ssus,prévus dans le cahier <strong>de</strong>s charges 2 .Ces pôles, initialement développés dans leréseau <strong>de</strong>s comités d’éducation pour la <strong>santé</strong> 3 ,intègrent désormais d’autres opérateurs <strong>de</strong> laprévention. Ils constituent ainsi <strong>de</strong>s platesformes<strong>de</strong> services fédérant les ressources etles compétences <strong>de</strong> la région pour les mettre àdisposition <strong>de</strong> tous les acteurs (institutionnels,professionnels, associatifs, etc.). Ce dispositif<strong>de</strong>s pôles est soutenu sur le plan méthodologiqueet financé par l’<strong>Inpes</strong> (via un appel à projetsannuel <strong>de</strong>puis 2004). En <strong>2010</strong>, la procédurePôles régionaux <strong>de</strong> compétence en éducationpour la <strong>santé</strong> : contacts• Instance régionale d’éducation pour la <strong>santé</strong>(Ireps) Alsace, StrasbourgTél. : 03 88 11 52 41• Comité régional aquitain d’éducation pour la<strong>santé</strong>-Centre régional d’information et <strong>de</strong> préventiondu sida (Craes-Crips) Aquitaine,Bor<strong>de</strong>auxTél. : 05 56 33 34 10• Auvergne Promotion Santé-Centre régionald’information et <strong>de</strong> prévention du sida (APS-Crips), Clermont-FerrandTél. : 04 73 91 96 67• Comité régional d’éducation pour la <strong>santé</strong>(Cores) Basse-Normandie, Hérouville-Saint-ClairTél. : 02 31 43 83 61• Ireps Bourgogne, DijonTél. : 03 80 66 73 48• Ireps Bretagne, RennesTél. : 02 99 50 64 33• Fédération régionale <strong>de</strong>s acteurs en promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> (Fraps) Centre, ToursTél. : 02 47 37 69 85• Ireps Champagne–Ar<strong>de</strong>nne, Chalons-en-ChampagneTél. : 03 26 68 28 06• Ireps Corse, AjaccioTél. : 04 95 21 47 99• Ireps Franche-Comté, BesançonTél. : 03 81 41 90 90• Ireps Gua<strong>de</strong>loupe, Basse-TerreTél. : 05 90 41 09 24• Guyane Promo Santé, CayenneTél. : 05 94 30 13 64• Ireps Haute- Normandie, Petit-QuevillyTél. : 02 32 18 07 60• Ireps <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon, MontpellierTél. : 04 67 04 88 50• Fédération limousine <strong>de</strong>s comités d’éducationpour la <strong>santé</strong> (FL Co<strong>de</strong>s), LimogesTél. : 05 55 37 19 57• Ireps Lorraine, <strong>La</strong>xouTél. : 03 83 47 83 10• Cres-Ireps Martinique, Le <strong>La</strong>mentinTél. : 05 96 63 82 62• Cres Midi-Pyrénées, Co<strong>de</strong>s Haute-Garonne,ToulouseTél. : 05 61 23 44 28• Ireps Nord–Pas-De-Calais, LoosTél. : 03 20 15 49 40• Cres Paca, MarseilleTél. : 04 91 36 56 95• Ireps Pays <strong>de</strong> la Loire, NantesTél. : 02 40 31 16 90• Ireps Picardie, AmiensTél. : 03 22 71 78 00• Cres/Co<strong>de</strong>s Poitou-Charentes, PoitiersTél. : 05 49 41 37 49• Ireps Réunion, Saint-PaulTél. : 02 62 71 10 88• Ireps Rhône-Alpes, LyonTél. : 04 72 00 55 70d’appel à projets a fait place à un conventionnementpluriannuel avec les pôles dans le but <strong>de</strong>consoli<strong>de</strong>r le dispositif.L’évaluation réalisée en 2008 4 montre que, malgréune implantation et une structuration trèshétérogènes d’une région à l’autre, les pôles <strong>de</strong>compétence contribuent à l’amélioration <strong>de</strong> laqualité <strong>de</strong>s programmes et <strong>de</strong>s actions en éducationpour la <strong>santé</strong>, ainsi qu’à la professionnalisation<strong>de</strong>s acteurs. Ils ont joué un rôle importantdans le développement d’une culture commune.Aujourd’hui, les pôles sont perçus comme <strong>de</strong>slieux <strong>de</strong> partage et d’échange indispensables ausein <strong>de</strong>s régions. Avec la création <strong>de</strong>s agencesrégionales <strong>de</strong> <strong>santé</strong> (ARS), les pôles sont unmaillon central du développement <strong>de</strong> la structuration<strong>de</strong> l’éducation pour la <strong>santé</strong> et <strong>de</strong> la promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> sur le territoire régional.En ce qui concerne la fonction documentaire, lespôles <strong>de</strong> compétence ont développé un tronccommun d’activités : développer un réseaurégional <strong>de</strong> documentation en éducation et promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong>, en cohérence avec le réseaunational Spidoc, ce qui signifie coordonner lesdocumentalistes <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> ressourcesdisséminés dans les départements, améliorer laqualité <strong>de</strong> l’accueil et <strong>de</strong>s services documentaires,faciliter l’accès à la documentation pourles professionnels y compris les intervenants <strong>de</strong>terrain, mettre à disposition l’ensemble <strong>de</strong>s ressourcesdisponibles, le plus souvent via la création<strong>de</strong> sites Internet, etc.Catherine GerhartChef <strong>de</strong> département « Territoires et milieux »,Direction <strong>de</strong> l’animation <strong>de</strong>s territoireset <strong>de</strong>s réseaux, <strong>Inpes</strong>.1. Circulaire du 22/10/2001 DGS n° 2001/504 relativeà l’élaboration <strong>de</strong>s schémas régionaux d’éducationpour la <strong>santé</strong>.2. <strong>La</strong> structuration du pôle régional prend la formed’une organisation <strong>de</strong> nature variée telle que plateforme,réseau, fédération, etc., qui regroupe les ressourceset les compétences <strong>de</strong> la région susceptibles <strong>de</strong>venir en appui aux actions en éducation pour la <strong>santé</strong>ou en promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>.3. Comités régionaux d’éducation pour la <strong>santé</strong>(Cres) <strong>de</strong>venus Instances régionales d’éducation pourla <strong>santé</strong> (Ireps) et Comités départementaux d’éducationpour la <strong>santé</strong> (Co<strong>de</strong>s).4. Évaluation du dispositif <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétence enéducation pour la <strong>santé</strong>. <strong>Inpes</strong>/Ernst et Young, février2009.30 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Fnes : un travail en réseausur les ressources documentairesDepuis près <strong>de</strong> dix ans, la Fédération nationaled’éducation et <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> (Fnes)soutient l’activité documentaire assurée au sein<strong>de</strong> son réseau. Ce réseau documentaire, coordonnéet animé par le Comité régional d’éducationpour la <strong>santé</strong> Provence–Alpes–Côte d’Azur(Cres Paca) et composé <strong>de</strong> vingt-quatre référentsrégionaux, professionnels <strong>de</strong> la documentationdans les Instances régionales d’éducationet <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> (Ireps), a développé,au fil <strong>de</strong>s ans, un programme visant l’accessibilité<strong>de</strong>s ressources sur l’ensemble du territoireet l’harmonisation <strong>de</strong>s pratiques professionnelles.Deux états <strong>de</strong>s lieux, réalisés en 2003 puis2007, ont permis <strong>de</strong> mesurer l’évolution <strong>de</strong> lamission documentaire et les bénéfices <strong>de</strong> cettecoordination : recensement <strong>de</strong>s produits documentaires,harmonisation du langage et <strong>de</strong>spratiques, création <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données et d’uncatalogue collectif <strong>de</strong>s périodiques, mise à jourd’un thesaurus, professionnalisation <strong>de</strong>s documentalistes,valorisation nationale <strong>de</strong>s actionset <strong>de</strong>s ressources en éducation pour la <strong>santé</strong>.Cette mobilisation est soutenue financièrementpar l’Institut national <strong>de</strong> prévention et d’éducationpour la <strong>santé</strong> (<strong>Inpes</strong>) dans le cadre d’uneconvention Fnes-<strong>Inpes</strong> ; ces activités s’inscriventdans la perspective du réseau national Santéprévention info-doc (Spidoc) mis en place parl’<strong>Inpes</strong>. L’ensemble <strong>de</strong> ces ressources estaccessible sur le site <strong>de</strong> la Fnes dans la rubrique« Ressources documentaires ».Pour en savoir plus :http://www.fnes.frNathalie CornecDocumentaliste,Cres Paca, Marseille.Nord–Pas-<strong>de</strong>-Calais : un site Internetet un réseau documentaire en promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>Le Groupement régional <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la<strong>santé</strong> Nord–Pas-<strong>de</strong>-Calais (GRPS) fédère, en unlieu unique, neuf organismes dotés d’expertisesspécifiques en <strong>santé</strong>. Du local au régional, leGRPS agit aux côtés <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> <strong>santé</strong> et <strong>de</strong>sinstitutions pour contribuer à l’amélioration <strong>de</strong> la<strong>santé</strong> <strong>de</strong> la population du Nord–Pas-<strong>de</strong>-Calais endéveloppant <strong>de</strong>s programmes d’actions coordonnées.En matière d’information, le Groupement a prisle virage du numérique, dès 2006, avec unensemble <strong>de</strong> services accessibles en ligne. L’espacerégional <strong>de</strong> <strong>santé</strong> (www.santenpdc.org),ouvert aux contributions <strong>de</strong>s acteurs et audébat, diffuse en direction <strong>de</strong> tous les publicsdifférents produits d’information :• la veille sur les thématiques prioritaires, lesévénements et les actions <strong>de</strong> <strong>santé</strong> en région ;• les newsletters hebdomadaires (actualités<strong>santé</strong>, nouveautés documentaires et pédagogiques)et <strong>de</strong>s flux RSS thématiques ;• la base <strong>de</strong> données documentaires, partagéeavec dix organismes implantés en région ;• les sessions <strong>de</strong> découverte d’outils d’interventionen <strong>santé</strong> ;• la revue bimestrielle Contact Santé et le blogue<strong>de</strong> la rédaction (www.elserevue.fr) ;• les conférences-débats ;• les sites et outils web spécifiques à <strong>de</strong>s actions<strong>de</strong> <strong>santé</strong> régionales (<strong>santé</strong> <strong>de</strong>s apprentis,espace ressources cancers, localisation <strong>de</strong>sacteurs et <strong>de</strong>s actions, etc.).Par ailleurs, dans le souci d’une démarche qualitéen documentation, un réseau documentairerégional s’est constitué, regroupant vingt organismes1 du Nord–Pas-<strong>de</strong>-Calais. À partir d’uneétu<strong>de</strong> partagée <strong>de</strong> l’offre et <strong>de</strong>s pratiques documentaires,un programme d’animation du réseaucoordonné par le GRPS inclut formations, journées<strong>de</strong> sensibilisation thématiques et servicescommuns.Benoît DejongheDélégué général,GRPS Nord–Pas-<strong>de</strong>-Calais, Loos.1. Association nationale <strong>de</strong> prévention en alcoologie etaddictologie (Anpaa 59) : http://www.alcoolinfo.com ;Association nationale <strong>de</strong> prévention en alcoologie etaddictologie (Anpaa 62) : http://www.anpaa62.fr ;Association pour la prévention <strong>de</strong> la pollution atmosphérique(Appa) : http://www.appanpc.fr ; Centre <strong>de</strong>référence régional en cancérologie (CRRC) : http://www.registrecancers59.fr ; Comité départementalcontre les maladies respiratoires (CDMR) : http://www.cg59.fr/frontoffice/AfficheArticle.aspx?IdArticle=1026&idArborescence=76 ; Centre régional <strong>de</strong> ressourceset <strong>de</strong> formation à l’éducation du patient (Cerfep): http://www.carsat-nordpicardie.fr/Sante/EducationPatient/Install.html; Centre hospitalier <strong>de</strong>Sambre-Avesnois : http://www.ch-sambre-avesnois.fr/ ;Carrefour d’initiatives et <strong>de</strong> réflexions pour les missionsrelatives à la vie affective et sexuelle (Cirm)-Centrerégional d’information et <strong>de</strong> prévention du sida(Crips) : http://www.cirm-crips.org/ ; Comité départementald’éducation pour la <strong>santé</strong> (co<strong>de</strong>s 62) : http://www.cres-npdc.org/_front/Pages/page.php?page=8 ;Caisse primaire d’assurance maladie Côte d’Opale :http://www.ameli.fr/assures/votre-caisse-cote-d-opale/in<strong>de</strong>x_cote-d-opale.php ; département du Nord - Pôleaddictions : http://www.cg59.fr/frontoffice/AfficheArticle.aspx?IdArticle=1026&idArborescence=76 ; Eclat-Graa : http://www.eclat5962.org/ ; Groupe régional <strong>de</strong>l’association nationale <strong>de</strong>s intervenants en toxicomanieet addictologie (Granitea) : http://www.anitea.fr/regions/nord.php ; Institut régional du bien-être, <strong>de</strong> lamé<strong>de</strong>cine et du sport <strong>santé</strong> (IRBMS) : http://www.irbms.com/in<strong>de</strong>x.php ; Instance régionale <strong>de</strong> promotion etd’éducation pour la <strong>santé</strong> (Ireps) Nord–Pas-<strong>de</strong>-Calais :http://www.cres-npdc.org ; Institut <strong>de</strong> <strong>santé</strong> au travaildu nord <strong>de</strong> la France (ISTNF) : http://www.istnf.fr ; laMaison intercommunale <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> (Mipps) : http://www.bruaysis.fr/bruaysis.php?rub=51; la Maison <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>(Mps) : http://www.mps-dunkerque.com/ ; Observatoirerégional <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> (ORS) Nord–Pas-<strong>de</strong>-Calais :http://www.orsnpdc.org/ ; Association Sida Info Service(Sis) : http://www.sis.asso.fr/?Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais-et-Picardie.Pour en savoir plus :<strong>La</strong> plaquette <strong>de</strong> présentation du GRPShttp://www.santenpdc.org/wp-content/uploads/2009/01/PlaquetteGRPS2.pdf32LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Pédagothèque : une base nationaled’analyse <strong>de</strong>s outils pédagogiques<strong>La</strong> Pédagothèque est un dispositif national d’analyseet <strong>de</strong> valorisation d’outils pédagogiques enpromotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>. Il a pour objectif d’ai<strong>de</strong>rles professionnels à choisir les outils pertinentspour leurs actions <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et ài<strong>de</strong>ntifier les limites <strong>de</strong> certains outils, à favoriserla vigilance <strong>de</strong>s professionnels.<strong>La</strong> Pédagothèque a été mise en place, en 1997,par le Comité français d’éducation pour la <strong>santé</strong>(CFES) et les comités départementaux et régionauxd’éducation pour la <strong>santé</strong>, dans le but d’apprécierla qualité <strong>de</strong> ces outils. À la grille initiale,s’est substituée, en 2005, l’utilisation d’une grilled’analyse <strong>de</strong>s outils qui permet aux professionnelsd’apprécier la qualité <strong>de</strong> la conception, ducontenu, <strong>de</strong> l’approche pédagogique et du support<strong>de</strong>s outils qu’ils utilisent ou envisagent d’utiliser.Cette grille a été élaborée dans le cadre duréférentiel <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>s outils d’interventionen éducation pour la <strong>santé</strong>. Ce référentiela été construit à partir d’une analyse <strong>de</strong>la littérature spécialisée et d’un consensus d’expertsen éducation pour la <strong>santé</strong> et en évalua-tion. Il définit une liste <strong>de</strong> critères <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>soutils d’intervention en éducation pour la <strong>santé</strong> :trente et un critères essentiels, trente critèresimportants et quatre critères mineurs.Cette activité s’inscrit désormais dans les objectifsprincipaux <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétences régionauxen éducation pour la <strong>santé</strong> (lire l’articlepage 30). L’Institut national <strong>de</strong> prévention etd’éducation pour la <strong>santé</strong> (<strong>Inpes</strong>) y apporte sonsoutien financier dans le cadre <strong>de</strong> son appel àprojets « Développement pour la <strong>santé</strong> ». L’Institutassure également un soutien méthodologiquenational (<strong>de</strong>ux journées d’échanges) et unevalorisation <strong>de</strong> cette activité (diffusion nationale<strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s analyses d’outils sur le siteInternet <strong>de</strong> l’<strong>Inpes</strong>). <strong>La</strong> coordination nationale estassurée par l’Institut en lien avec les « référents »du dispositif dans chaque région.Chaque outil fait l’objet d’une expertise collégialepar un groupe d’experts en région et d’unerelecture par l’<strong>Inpes</strong> avant validation avec le siteréférent. Les avis publiés par l’<strong>Inpes</strong> font l’objetd’une information auprès du concepteur <strong>de</strong>l’outil. Grâce à ce dispositif, plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux centsoutils ont été analysés. Les résultats <strong>de</strong> cesanalyses ont été colligés dans une base <strong>de</strong>données, la « Pédagothèque ». Elle est accessible,par Internet sur le site <strong>de</strong> l’<strong>Inpes</strong>, à tousles publics, en particulier à l’ensemble <strong>de</strong>sacteurs <strong>de</strong> l’éducation pour la <strong>santé</strong> ainsiqu’aux professionnels <strong>de</strong>s milieux éducatif,sanitaire et social. Ceux-ci, comme en témoignentles taux élevés <strong>de</strong> fréquentation <strong>de</strong> cespages du site, se sont très vite emparés <strong>de</strong> cesrésultats d’analyse d’outils.Marie-José MoquetChef <strong>de</strong> département « Qualité et labellisation », <strong>Inpes</strong>.Pour accé<strong>de</strong>r à la pédagothèque :http://www.inpes.sante.fr/in<strong>de</strong>x2.asp?page=pedagotheque/presentation.aspBelgique : une base <strong>de</strong> données spécialiséeen outils pédagogiques « <strong>santé</strong> »Pédagogie interactive en promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>(PIPSa) est le site web <strong>de</strong> l’outilthèque-<strong>santé</strong> duService promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> <strong>de</strong> la Mutualitésocialiste, soutenue financièrement par le ministère<strong>de</strong> la Santé <strong>de</strong> la Communauté française <strong>de</strong>Belgique. PIPSa met à disposition <strong>de</strong>s professionnelsdu secteur et <strong>de</strong>s « intervenants <strong>de</strong> premièreligne » (enseignement, mon<strong>de</strong> associatif, soins <strong>de</strong><strong>santé</strong>), une base <strong>de</strong> données d’outils pédagogiques1 en promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> : kits pédagogiques,dossiers, jeux, expositions, DVD, etc. sur<strong>de</strong>s thématiques <strong>de</strong> <strong>santé</strong> diverses (alimentation,tabac, activité physique, sexualité, <strong>santé</strong> mentale,compétences psychosociales, etc.).PIPSa vise avant tout à ai<strong>de</strong>r l’utilisateur dansses choix d’outils <strong>de</strong> qualité et adaptés à sesbesoins :• une équipe pluridisciplinaire sélectionne <strong>de</strong>nouveaux outils susceptibles <strong>de</strong> soutenir <strong>de</strong>sdémarches actives et participatives ;• ces outils sont évalués par <strong>de</strong>s « cellules d’experts2 » sur la base d’une grille d’analyse spécifique;• PIPSa propose un moteur <strong>de</strong> recherche adaptépour permettre aux professionnels <strong>de</strong> trouverl’outil le mieux adapté à leurs besoins ;• sur le site, chaque outil comporte sa fiche <strong>de</strong>présentation par le promoteur et, quand il a étéanalysé, l’avis <strong>de</strong>s experts relatif à ses contenusscientifiques et psychopédagogiques et à sesqualités formelles ;• chaque outil est mis en lien avec les centresoù il peut être emprunté, loué ou acheté ;• les utilisateurs peuvent donner leur avis sur lesoutils.Une newsletter informe, <strong>de</strong>ux fois par mois, lesabonnés 3 <strong>de</strong> tous événements, formations etpublications en lien avec la promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>et les outils pédagogiques.Pierre Bal<strong>de</strong>wynsCoordinateur <strong>santé</strong> – promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>,Union nationale <strong>de</strong>s mutualités socialistes,Bruxelles (Belgique).1. 440 outils au 10 novembre <strong>2010</strong>.2. Pour l’analyse <strong>de</strong> chaque outil, une cellule estconstituée <strong>de</strong> trois évaluateurs et d’un membre <strong>de</strong>l’équipe du Service promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>. PIPSacompte, à ce jour, 50 experts formés.3. 3 500 abonnés à ce jour.Pour en savoir plus :http://www.pipsa.orgLA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>33


Une base d’outils pédagogiquesd’intervention en éducation pour la <strong>santé</strong>Riche <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> mille références, la base d’outilspédagogiques (Bop) est alimentée collectivementpar les vingt-trois comités et instancesd’éducation pour la <strong>santé</strong> <strong>de</strong>s régions Provence–Alpes–Côted’Azur, <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon,Champagne-Ar<strong>de</strong>nne, Franche-Comté etMidi-Pyrénées. Elle permet d’afficher les matérielsd’intervention disponibles dans chacune <strong>de</strong>ces régions sur un seul portail accessible à tousles intervenants en éducation pour la <strong>santé</strong>.Des livres pour enfants utilisés lors d’une animation,un DVD grand public pour engager undébat, un jeu <strong>de</strong> l’oie pour construire un parcours<strong>de</strong> <strong>santé</strong>, <strong>de</strong>s photos thématiques pour travaillersur les représentations : les outils référencésdans « Bop » sont utilisés lors d’interventions oud’animations en éducation pour la <strong>santé</strong>, qu’ils’agisse <strong>de</strong> matériel construit selon <strong>de</strong>s objectifspédagogiques dans une démarche éducativeénoncée ou <strong>de</strong> matériel pouvant être utilisé parun animateur <strong>santé</strong>.Accessible en ligne, « Bop » permet unerecherche en fonction du type <strong>de</strong> support (DVD,jeu, photo-expression), sur plus <strong>de</strong> trente thématiques(alimentation, acci<strong>de</strong>nt, environnement,etc.) et en fonction du public concerné. Il estaussi possible <strong>de</strong> lister tous les outils ou catégoriesd’outils disponibles dans un comité ou dansune région.Conçue et développée dans le cadre <strong>de</strong>s activités<strong>de</strong> l’Ireps Paca, « Bop » est complétée d’unebase bibliographique en éducation pour la <strong>santé</strong>(Bib). Ces <strong>de</strong>ux bases sont accessibles àl’adresse : http://www.cres-paca.org/bib-bop/Nathalie CornecDocumentaliste,Cres Paca, Marseille.Région Bourgogne : un centre <strong>de</strong> ressourceset <strong>de</strong> recherche en information et documentationEn Bourgogne, pour permettre aux intervenantset acteurs <strong>de</strong> terrain <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s projetsen éducation pour la <strong>santé</strong> et en promotion <strong>de</strong>la <strong>santé</strong>, l’Instance régionale d’éducation et <strong>de</strong>promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> (Ireps) s’est dotée d’unCentre <strong>de</strong> ressources et <strong>de</strong> recherche en informationet documentation (CRRID).Ce centre a une triple fonction :• mise à disposition <strong>de</strong> ressources : base <strong>de</strong>données documentaires, catalogue <strong>de</strong> périodiquesen ligne, pédagothèque, etc. ;• publication-veille-production, gestion et transfert<strong>de</strong> connaissances : gui<strong>de</strong>s, répertoires etréférentiels, bases <strong>de</strong> données, etc. ;• communication : espace dédié Internet, lettresd’information, etc.Le centre s’appuie, en particulier, sur <strong>de</strong>ux outils<strong>de</strong> référence :• un site portail unique intitulé épi<strong>santé</strong> (www.episante-bourgogne.org) pour échanger, partager,informer sur la <strong>santé</strong> publique. Pour contribuerau développement d’une dynamique <strong>de</strong>travail en réseau, les acteurs <strong>de</strong> <strong>santé</strong> <strong>de</strong> larégion ont ainsi rassemblé leurs travaux, leursétu<strong>de</strong>s et leurs outils. Professionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong>,porteurs <strong>de</strong> projets, étudiants, journalistes, etc.peuvent visualiser l’ensemble <strong>de</strong>s services etressources disponibles dans la région ;• une lettre électronique d’information mensuelle,CanalSanté : envoyée à plus <strong>de</strong> 1 500<strong>de</strong>stinataires, elle constitue un lien privilégié etinteractif entre les partenaires du pôle <strong>de</strong> compétenceset les professionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong>publique. Elle propose une information synthétiquesur l’actualité régionale en éducation pourla <strong>santé</strong> et promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>.Pour en savoir plus :http://www.ireps-bourgogne.orgSabrina DeschampsChargée <strong>de</strong> projet,Ireps Bourgogne, Dijon.34 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Banque <strong>de</strong> données en <strong>santé</strong> publique :un réseau d’information sur la <strong>santé</strong> publique<strong>La</strong> Banque <strong>de</strong> données en <strong>santé</strong> publique (BDSP)est un réseau constitué d’une quarantaine <strong>de</strong>membres 1 spécialistes <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> publique ouayant <strong>de</strong>s centres d’intérêt proches et mutualisantleurs activités <strong>de</strong> surveillance et <strong>de</strong> collecte<strong>de</strong> l’information. Le réseau et le site BDSP sontanimés, administrés et développés par un servicemis à disposition par l’École <strong>de</strong>s hautesétu<strong>de</strong>s en <strong>santé</strong> publique (EHESP). Les réalisations<strong>de</strong> la BDSP sont diffusées à partir d’un siteInternet dédié à cette capitalisation collective<strong>de</strong>s savoirs en <strong>santé</strong> publique. Si certainsmembres du réseau sont spécialistes <strong>de</strong> la promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> ou <strong>de</strong> sujets connexes, enréalité cette thématique est prise en charge <strong>de</strong>façon transversale par <strong>de</strong> nombreux partenairesBDSP, même si elle ne se situe pas au cœur <strong>de</strong>leur activité. C’est la diversité <strong>de</strong> ces apports quifait la principale originalité et la richesse <strong>de</strong>sressources proposées par le réseau BDSP.Un nouveau site InternetLe site a récemment intégré un nouveau moteur<strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> nouvelles fonctionnalitésdans le but principal <strong>de</strong> simplifier la recherched’information. Ainsi, dans la base documentaire,la recherche repose exactement sur les mêmesprincipes que ceux pratiqués dans les moteurs<strong>de</strong> recherche les plus courants. Saisir, parexemple, une phrase telle que : « la préventiondu surpoids chez l’enfant » puis cliquer sur lebouton « Rechercher », suffisent à lancer larequête et lister les résultats qui, par défaut,s’affichent par ordre <strong>de</strong> pertinence. Pour préciservotre recherche, il est possible grâce aunuage <strong>de</strong> mots-clés s’affichant à droite <strong>de</strong>s résultats<strong>de</strong> pointer sur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scripteurs tels queObésité, Poids corporel, Activité physique ouAlimentation, etc. comme autant <strong>de</strong> nouvellespistes à explorer. D’autres ai<strong>de</strong>s sont à découvriren ligne (correcteur orthographique, présence<strong>de</strong> nombreux liens dans les notices, etc.).Quant à la recherche avancée, également facilitéedans cette nouvelle version, elle permetd’affiner la requête par l’introduction <strong>de</strong> critèressupplémentaires.Avant <strong>de</strong> démarrer toute recherche documentaire,il est préconisé <strong>de</strong> s’inscrire (gratuit) et <strong>de</strong>se connecter afin <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong>s améliorationsen matière d’exploitation <strong>de</strong>s résultats.Ainsi, et tant qu’il n’est pas vidé, le panierconserve les réponses. <strong>La</strong> sélection pourra êtreexportée dans un fichier, transformée en bibliographieprête à imprimer, envoyée par messagerieélectronique ou bien transférée dans ungestionnaire <strong>de</strong> bibliographies (RefMan, Zotero,EndNote, etc.).Marie-Édith VignonResponsable BDSP,École <strong>de</strong>s hautes étu<strong>de</strong>s en <strong>santé</strong> publique,Rennes.Le site BDSP : quelques données chiffrées• Références in<strong>de</strong>xées avec le(s) terme(s) [promotion sante] et/ou [education sante] dans la Basedocumentaire : 14 500• Sites spécialisés en promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> dans l’Annuaire <strong>de</strong> sites : 67• Colloques repérés (fin <strong>2010</strong> et 2011) sur le thème <strong>de</strong> la promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> : 8• Nombre <strong>de</strong> définitions traduites en quatre langues sur le thème <strong>de</strong> la promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> dansle Glossaire : 44(<strong>Novembre</strong> <strong>2010</strong>)1. Membres du réseau BDSP : http://www.bdsp.ehesp.fr/reseau/Pour en savoir plus :http://www.bdsp.ehesp.frLA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>35


CISMeF : un catalogue et in<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s sites médicaux<strong>de</strong> langue françaiseDans le domaine médical, les moteurs <strong>de</strong>recherche comme Google ne permettent pas<strong>de</strong> distinguer les sources institutionnelles etprofessionnelles, <strong>de</strong>s sites à vocation commerciale.Dans ce contexte, le but du Catalogue etin<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s sites médicaux <strong>de</strong> langue française(CISMeF), projet du CHU <strong>de</strong> Rouen, est <strong>de</strong>recenser et <strong>de</strong> décrire les ressources provenant<strong>de</strong> telles sources accessibles librement etgratuitement afin <strong>de</strong> permettre leur consultation.Ces ressources médicales, ou plus large-ment du domaine <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>, peuvent être <strong>de</strong>ssites web (sites d’agences sanitaires, sites universitaires,sites associatifs, etc.) comme <strong>de</strong>sdocuments (articles scientifiques, rapports,brochures, etc.). Les 75 000 ressources disponiblesactuellement ont toutes été sélectionnéesaprès une surveillance quotidienne duweb et décrites manuellement par une équipe<strong>de</strong> documentalistes pour apporter le plus <strong>de</strong>garanties possibles sur la qualité <strong>de</strong> leurcontenu.Cairn : la <strong>santé</strong> via les sciences humaines et socialesCairn.info est un site Internet né <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> quatre maisons d’édition ayant en charge lapublication et la diffusion <strong>de</strong> revues <strong>de</strong> sciences humaines et sociales, d’unir leurs efforts pouraméliorer leur présence sur la toile et <strong>de</strong> proposer à d’autres acteurs souhaitant développer uneversion électronique <strong>de</strong> leurs publications, les outils adéquats. Le site héberge actuellement248 revues dont plusieurs titres traitant, à différents niveaux, <strong>de</strong> la prévention, <strong>de</strong> la promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et <strong>de</strong> l’éducation pour la <strong>santé</strong>. Parmi ces titres figure Santé publique, la revue <strong>de</strong> laSociété française <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publique.Pour en savoir plus :http://www.cairn.infoLe moyen le plus direct pour accé<strong>de</strong>r à ces ressourcesest le moteur <strong>de</strong> recherche Doc’CISMeF(http://doccismef.chu-rouen.fr/).Pour une recherche documentaire plus élaborée,le portail terminologique <strong>de</strong> <strong>santé</strong> (http://pts.chu-rouen.fr/) permet <strong>de</strong> fouiller le vocabulairemédical à la recherche <strong>de</strong>s meilleurs termes<strong>de</strong> recherche avant d’interroger CISMeFmais aussi la base <strong>de</strong> données bibliographiquesPubMed.Une page du site s’adresse particulièrement augrand public (CISMeF Patients http://www.churouen.fr/cismefp/).Un moteur <strong>de</strong> recherchespécifique et <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s rubriques permettentd’accé<strong>de</strong>r aux ressources qui lui sont <strong>de</strong>stinées :4 600 pages et brochures sur les pathologies etles questions <strong>de</strong> <strong>santé</strong>, 1 700 sites associatifs,1 800 documents sur les médicaments.Gaétan Ker<strong>de</strong>lhuéDocumentaliste,Bibliothèque médicale-Équipe CISMeF, Rouen.Pour en savoir plus :http://www.cismef.org36 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Mo<strong>de</strong> d’emploi pour trouverune information fiable sur InternetSur la promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> commesur tout autre sujet, Internet fournitune information considérable, difficilementi<strong>de</strong>ntifiable. Comment s’yretrouver et surtout comment accé<strong>de</strong>rà une information fiable ? Voiciune feuille <strong>de</strong> route <strong>de</strong>s questions àse poser.Le regard critique est la seule chosepour laquelle les robots, moteurs <strong>de</strong>recherche, annuaires, bases <strong>de</strong> données,ne peuvent être utiles. C’est alorsl’intelligence humaine qui prend le <strong>de</strong>ssussur l’intelligence artificielle. Ainsi,dans le cadre d’une recherche d’information,il est conseillé <strong>de</strong> ne pas sesatisfaire <strong>de</strong>s réponses automatiquesfournies par les outils classiques(Google, Yahoo, etc.) mais <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong>répondre à un certain nombre <strong>de</strong> questionslistées ci-<strong>de</strong>ssous et qui permettent<strong>de</strong> « peser » la fiabilité <strong>de</strong>s informationsrecueillies.En premier lieu, il est proposé <strong>de</strong>définir à quoi sert l’information recherchéeet dans quelle démarche elle s’inscrit.Ensuite, il est recommandé <strong>de</strong>définir le sujet <strong>de</strong> recherche et, enfin,au regard <strong>de</strong>s résultats obtenus, d’analyserl’information i<strong>de</strong>ntifiée en s’assurant<strong>de</strong> sa qualité et <strong>de</strong> sa fiabilité.1. Pourquoi rechercher<strong>de</strong> l’information ?En définissant au mieux les objectifsinitiaux <strong>de</strong> sa recherche, on ciblera plusfinement la nature et le niveau <strong>de</strong>s informationsattendues. Voici une liste, nonexhaustive, d’objectifs <strong>de</strong> recherche :• Construire l’argumentation d’uneaction, justifier du bien-fondé du projet• Maîtriser la thématique• Maîtriser le contexte• Alimenter une bibliographie• Mieux connaître le public visé par unprojet• Connaître <strong>de</strong>s projets similaires• Choisir une méthodologie <strong>de</strong> projetappropriée• I<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s outils d’intervention• I<strong>de</strong>ntifier d’autres équipes travaillantsur une thématique ciblée• Profiter <strong>de</strong>s acquis d’autresexpériences• Alimenter un site Internet réalisé aucours du projet• Mettre en œuvre une évaluation.2. Définir le sujet <strong>de</strong> recherche• Formuler votre question en unephrase• Tirer <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> départ auminimum 2-3 mots ou 2-3 expressionsclés• Appliquer la « démarche prédictive »qui consiste à formuler sa question àpartir <strong>de</strong>s mots attendus dans la réponse• Analyser les résultats : la ou lesexpressions clés en gras, la qualité <strong>de</strong>ssources à la lecture <strong>de</strong>s URL.3. Indices pour évaluerla fiabilité <strong>de</strong> l’informationUne fois les pages ou sites Internetlocalisés, il est essentiel <strong>de</strong> vérifier lafiabilité <strong>de</strong> ces ressources car les informationsn’ y sont pas toujours vali<strong>de</strong>s.Un document bien « i<strong>de</strong>ntifié » est undocument fiable.Voici quelques questions qu’ilconvient systématiquement <strong>de</strong> se poserlors d’une recherche d’information surle web autour <strong>de</strong>s interrogations suivantes: qui, quoi, quand, pourquoi,comment ?• QUI produit l’information ?– L’auteur ou l’organisme responsableest-il i<strong>de</strong>ntifiable facilement ?– S’agit-il d’un site personnel ou d’unsite institutionnel ?– Peut-on joindre l’auteur ? Comment ?– Ses compétences dans le domainetraité sont-elles précisées ?• De QUOI est-il question ?– Quel est le sujet ou le thème généraldu site ?– Les informations semblent-ellesexactes, objectives ?– Le traitement du sujet est-il complet,satisfaisant ?– L’information est-elle rédigée <strong>de</strong>façon correcte (syntaxe, orthographe,vocabulaire) ?• De QUAND date l’information ?– Date <strong>de</strong> la création du site ?– Date <strong>de</strong> la mise à jour du site ?– Cette mise à jour est-elle régulière ?– Les liens référencés sont-ils encoreactifs ?• POURQUOI cette information ?– Est-ce un site commercial, informatif,pédagogique, <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> ?– L’objectif du site est-il spécifié ?• COMMENT l’information est-elleprésentée ?– <strong>La</strong> navigation dans le site est-elle facilitéepar un menu, un plan du site, unmoteur <strong>de</strong> recherche interne ?– Les publicités, s’il y en a, sont-ellesclairement séparées <strong>de</strong>s informationscontenues dans le document ?• PERTINENCE <strong>de</strong>s informations– Le contenu du document correspondilau sujet <strong>de</strong> recherche ?– Le contenu du document correspondilau niveau d’étu<strong>de</strong> ?– Une liste <strong>de</strong> références ou <strong>de</strong> liensest-elle disponible pour une rechercheplus approfondie ?– Est-il possible <strong>de</strong> vérifier l’informationen consultant d’autres sources, en ligneou non ?Sandra KerzanetDocumentaliste, Département Veilleet documentation, <strong>Inpes</strong>.LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>37


Pour en savoir plusNous présentons dans cette rubrique une liste <strong>de</strong> sources d’information en promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> et en éducation pourla <strong>santé</strong>. Loin d’être exhaustive, cette sélection présente <strong>de</strong>s bases bibliographiques, <strong>de</strong>s bases d’actions, <strong>de</strong>s sitesInternet et <strong>de</strong>s revues qui nous ont semblé représentatifs du paysage <strong>de</strong> la promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> francophone et quenous avons sélectionnés pour la richesse <strong>de</strong> leurs contenus. Les sites mentionnés ont été consultés pour la <strong>de</strong>rnièrefois le 1 er décembre <strong>2010</strong>.◗ Bases <strong>de</strong> donnéesbibliographiques• Le Centre for Reviews and Disseminationest un laboratoire <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> l’Universitéd’York et <strong>de</strong> l’Institut national <strong>de</strong> <strong>santé</strong> publiqueanglais. Sur le site <strong>de</strong> l’Institut, une base <strong>de</strong> donnéesbibliographiques comprenant <strong>de</strong>s donnéesen <strong>santé</strong> est accessible ; elle interroge en parallèleles bases suivantes :– la base Dare, constituée <strong>de</strong> résumés structurés<strong>de</strong> revues systématiques obtenues <strong>de</strong> différentessources et appréciées <strong>de</strong> manière critiquepar les spécialistes du NHS Centre forReviews and Dissemination ;– la base EED, constituée <strong>de</strong>s résumés correspondantà <strong>de</strong>s évaluations économiques <strong>de</strong>sdifférentes pratiques médicales estimées entermes d’analyses coût/bénéfice et coût/efficacité;– la base HTA regroupe les résumés <strong>de</strong>s évaluations<strong>de</strong>s technologies utilisées dans ledomaine <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> <strong>santé</strong>.En ligne : http://www.crd.york.ac.uk/crdweb/• Le Réseau <strong>de</strong> collaboration Cochrane estun réseau international créé en 1993. Organisationindépendante et à but non lucratif, sonobjectif est d’ai<strong>de</strong>r les professionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong>,les patients et les déci<strong>de</strong>urs à prendre <strong>de</strong>s décisionséclairées concernant les soins <strong>de</strong> <strong>santé</strong> enélaborant et en mettant à jour <strong>de</strong>s revues <strong>de</strong> littératurerendues accessibles sur Internet sur lesite <strong>de</strong> la Cochrane Library. Base <strong>de</strong> référenceen mé<strong>de</strong>cine fondée sur les données probantes,la Cochrane Library permet d’accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>srevues systématiques <strong>de</strong> la littérature en promotion<strong>de</strong> la <strong>santé</strong>. L’accès au texte intégral peutêtre obtenu via un abonnement.En ligne : http://www.thecochranelibrary.com/view/0/in<strong>de</strong>x.html• Doctes est une base <strong>de</strong> données bibliographiquescréée en 1984 sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Universitécatholique <strong>de</strong> Louvain. Elle est alimentée par unréseau (RESODoc) <strong>de</strong> plusieurs centres <strong>de</strong> documentationen promotion et en éducation pour la<strong>santé</strong> (huit centres <strong>de</strong> documentation y contribuent).<strong>La</strong> promotion <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> est le cœur <strong>de</strong>sthématiques présentes dans la base <strong>de</strong> données :éducation du patient, habitat, comportement <strong>de</strong><strong>santé</strong> et mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie, etc. Cette base <strong>de</strong> données,régulièrement mise à jour, propose <strong>de</strong>s ressourcesexhaustives et pertinentes. Une secon<strong>de</strong>base <strong>de</strong> données présente sur le site, la base« lexique », propose quant à elle <strong>de</strong> nombreusesdéfinitions <strong>de</strong> concepts en <strong>santé</strong> publique.En ligne : http://www.uclouvain.be/reso-bdd.html• Medline (Medical Literature Analysis andRetrieval System Online) est une base <strong>de</strong> donnéesbibliographiques couvrant tous les domainesmédicaux (biochimie, biologie, mé<strong>de</strong>cineclinique, économie, éthique, psychiatrie, <strong>santé</strong>publique, etc) <strong>de</strong> 1947 à nos jours. Gérée etmise à jour par la National Library of Medicine's(Etats-Unis), elle propose plus <strong>de</strong> 18 millions <strong>de</strong>références issues <strong>de</strong> 5 400 périodiques internationaux,en 39 langues. Elle est consultablegratuitement <strong>de</strong>puis l’interface PubMed.En ligne : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed◗ Bases <strong>de</strong> donnéesd’actions• Réseau français <strong>de</strong>s Villes-Santé <strong>de</strong> l’OMSLe Réseau français <strong>de</strong>s Villes-Santé a été initiépar l’Organisation mondiale <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> au niveaueuropéen en 1986, pour ensuite s’étendre auréseau national à partir <strong>de</strong> 1988.Ses objectifs sont d’améliorer les conditions <strong>de</strong>vie et <strong>de</strong> travail, la qualité <strong>de</strong> l’environnement, lesrelations sociales et la culture au sein <strong>de</strong>s villes.En France, soixante-dix villes et <strong>de</strong>ux communautésd’agglomération constituent ce réseau.Le site comprend une base d’actions, répertoriantles actions menées par les Villes-Santéfrancophones. On peut rechercher par ville(carte) ou par critères : mot-clé, ville, thème,population.En ligne : http://www.villes-sante.com/datas/som01.htm• Les actions <strong>de</strong>s comités d’éducation pourla <strong>santé</strong> (site <strong>de</strong> la Fnes)Le site <strong>de</strong> la Fédération nationale <strong>de</strong>s comitésd’éducation pour la <strong>santé</strong> propose une base <strong>de</strong>données réunissant les actions développéespar les comités d’éducation pour la <strong>santé</strong>. Ellecomprend aujourd’hui environ 2 478 actionsrecensées.<strong>La</strong> recherche peut s’effectuer à travers unecarte interactive ou par mots-clés : titre, structure,thème, public, localisation, année.En ligne : http://www.fnes.fr/fnes/Actions/Cartographie/• Outil <strong>de</strong> suivi cartographique <strong>de</strong>s actionsrégionales <strong>de</strong> <strong>santé</strong> (Oscars)Créé à l’initiative du Comité régional d’éducationpour la <strong>santé</strong> Provence–Alpes–Côte d’Azur,Oscars est un outil <strong>de</strong> pilotage et <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> <strong>santé</strong> disponible en accès national<strong>de</strong>puis début <strong>2010</strong>. Le site propose larecherche selon <strong>de</strong> nombreux critères : thème,public, type d’action, zone géographique, financeur,type <strong>de</strong> structure, année.On peut ainsi accé<strong>de</strong>r aux actions (environ6 300) recensées pour les régions Paca, Martiniqueet, <strong>de</strong>puis novembre <strong>2010</strong>, Nord–Pas-<strong>de</strong>-Calais.38 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


<strong>santé</strong> à l’écoleEntretien avec Valérie Monfollet, assistante sociale au collège Condorcet et au lycée Camille-Clau<strong>de</strong>l <strong>de</strong>Pontault-Combault (Seine-et-Marne)Seine-et-Marne : <strong>de</strong>s « ateliers<strong>de</strong> midi » pour améliorer le climaten collège et lycéeConfrontés au désœuvrement <strong>de</strong>s élèves pendant le temps <strong>de</strong> midi et à la détérioration duclimat dans l’établissement, un collège et un lycée <strong>de</strong> Seine-et-Marne ont instauré, dansle cadre d’un projet développé en lien avec leur Comité d’éducation à la <strong>santé</strong> et à lacitoyenneté, <strong>de</strong>s ateliers pour offrir une activité encadrée répondant aux attentes <strong>de</strong>sélèves. Cette initiative a un impact positif sur l’ambiance au sein <strong>de</strong> l’établissement, ainsique sur les relations enseignants-élèves.<strong>La</strong> Santé <strong>de</strong> l’homme : Pourquoi ces<strong>de</strong>ux établissements ont-ils mis enplace, <strong>de</strong>puis la rentrée, une nouvelleorganisation <strong>de</strong> la pauseméridienne ?Notre démarche est directementissue <strong>de</strong>s orientations du Comité d’éducationà la <strong>santé</strong> et à la citoyenneté(Cesc) qui, <strong>de</strong>puis trois ans, coordonneau sein du collège Condorcet nosactions péri-scolaires. <strong>La</strong> nouvelleéquipe <strong>de</strong> direction, en lien avec lesenseignants et les parents a, en débutd’année, expérimenté un changement<strong>de</strong> rythmes scolaires pour que lesjeunes élèves commencent le matin àhuit heures trente et non plus à huitheures et qu’il y ait une seule pério<strong>de</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-pension (service <strong>de</strong> repas)entre onze heures trente et midi trente.Les élèves ne reprenant les cours <strong>de</strong>l’après-midi qu’à quatorze heures, ilnous fallait réfléchir sur l’usage quenous pouvions faire <strong>de</strong> ce temps <strong>de</strong>pause du midi. Notre établissementcompte aujourd’hui 435 <strong>de</strong>mi-pensionnairessur un effectif total <strong>de</strong> 700 élèves.De plus, le collège, installé sur <strong>de</strong>uxbâtiments simplement séparés par unepasserelle, ne propose aux élèves inscritsà la cantine qu’une cour avec unpetit préau. Enfin, nous étions préoccupéspar le développement d’actes d’incivilité,voire <strong>de</strong> violence, notammentparce que les élèves étaient désœuvréspendant la pause méridienne, fauted’activités organisées et encadrées.S. H. : Vous évoquez les orientationsdu Cesc. En quoi concernent-ellesune nouvelle organisation du temps ?Nous sommes bien dans le cadred’un projet d’établissement discutéavec l’ensemble <strong>de</strong> la communautéscolaire. Pour cette pause méridienne,nous pouvions imaginer un découpageadministratif avec <strong>de</strong>s créneaux horairesà remplir sans réflexion sur le contenuet sans suivi évaluatif. Ce n’était pasnotre intention. Il y a quelques années,<strong>de</strong>s professeurs avaient déjà proposéspontanément <strong>de</strong>s ateliers pour lesélèves <strong>de</strong>vant passer plus <strong>de</strong> temps queles autres au collège. Le club d’échecs,par exemple, fonctionnait le midi. Cetteexpérience avait démontré qu’une activitédans un temps donné était certesbénéfique pour la gestion du horstemps<strong>de</strong> classe, mais n’était pas suffisantesi elle n’était pas inscrite dans unprogramme pédagogique.S. H. : Comment avez-vous arrêté unprogramme d’activités pour cettepause méridienne ?Nous avons débattu entre nous etdégagé un certain nombre <strong>de</strong> thèmessur lesquels <strong>de</strong>s collègues voulaients’investir. Nous avons souhaité donnerdu temps aux élèves, quinze joursavant les vacances <strong>de</strong> la Toussaint,pour leur permettre <strong>de</strong> faire leur choixen toute connaissance <strong>de</strong> cause. Puis,ces ateliers ont été mis en place. Celafonctionne plutôt bien puisque tousles jours <strong>de</strong> la semaine, nous avonsquatre à cinq ateliers, très exactementcinq les lundi, mardi et jeudi, quatre levendredi. Les thèmes <strong>de</strong> ces atelierssont très divers. Un professeur d’anglais,associé à l’infirmière, propose duScrapbooking, un atelier <strong>de</strong> décorationsur support photo ou petit agenda.Cette activité concerne davantage lesfilles. Elle fait appel à la générosité <strong>de</strong>sparents et <strong>de</strong>s professeurs pour récupérerdu matériel. Elle s’auto-organisesur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> six semaines permettantainsi aux élèves inscrits dansun autre atelier <strong>de</strong> pouvoir y participeraussi. Autres ateliers, ceux proposéspar les professeurs <strong>de</strong> sport, parexemple. Ils animent <strong>de</strong>ux activités :l’une concerne le « foot en salle »,l’autre le tennis <strong>de</strong> table. Ces ateliersmobilisent davantage les garçons. Unsurveillant dirige le vendredi une activité<strong>de</strong> danse hip-hop, un professeur<strong>de</strong> Sciences et vie <strong>de</strong> la terre (SVT) seconcentre sur une activité « écologie »dont le thème principal est le recyclage(avec une subvention du conseil40LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


<strong>santé</strong> à l’écolegénéral). Cet atelier est intéressant caroutre la recherche et le partage <strong>de</strong>connaissances qu’il induit, il se donneaussi pour objectif <strong>de</strong> rendre le collègepropre. Il réfléchit à la création <strong>de</strong>points stratégiques <strong>de</strong> collecte dansl’établissement en y associant lesagents <strong>de</strong> service. Enfin, <strong>de</strong>s professeurs<strong>de</strong> musique animent <strong>de</strong>s ateliers<strong>de</strong> chant. Des enseignants <strong>de</strong> SVT etl’infirmière accueillent, une fois parmois, <strong>de</strong>s élèves <strong>de</strong>mi-pensionnairespour leur apprendre <strong>de</strong>s gestes quotidiens<strong>de</strong> secours. D’autres ateliers– orchestre et chorale, recherchescientifique – sont par ailleurs organisés.Pour ma part, j’anime <strong>de</strong>ux foispar semaine une activité relaxation.S. H. : Comment s’organisent lesateliers et quel est leur niveau <strong>de</strong>fréquentation ?Nous avons modulé les inscriptions<strong>de</strong> façon à ce que les élèves puissentparticiper à plusieurs ateliers au cours<strong>de</strong> l’année. <strong>La</strong> relaxation comme lescrapbooking, par exemple, se déroulentsur un cycle <strong>de</strong> six semaines entreles vacances scolaires. Au premier bilandressé après quelques semaines d’activités,320 élèves sont inscrits, ce quireprésente plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s <strong>de</strong>mipensionnaires,ce qui est très satisfaisant.<strong>La</strong> relaxation, le scrapbooking, lesgestes quotidiens <strong>de</strong> secours et la dansesont bien fréquentés. Mais noussommes obligés <strong>de</strong> limiter le nombred’élèves pour pouvoir assurer un travail<strong>de</strong> qualité. Tous les niveaux, <strong>de</strong> la 6 èmeà la 3 ème , sont représentés et il y unebonne mixité garçons-filles.S. H. : Les parents d’élèves ont-ilsété associés à l’organisation <strong>de</strong> cesateliers ?Directement, non. C’est unedémarche provenant <strong>de</strong> l’équipe intervenantdans le collège. Bien évi<strong>de</strong>mment,nous avons présenté cette initiativeaux représentants <strong>de</strong>s parents etinformé ces <strong>de</strong>rniers, le plus largementpossible, via Internet ou par courrier.<strong>La</strong> création <strong>de</strong> ces activités a été entérinéepar le conseil d’administration etintégrée dans notre projet d’établissement.Par ailleurs, dans les courriersadressés aux parents figurait une autorisationpermettant aux enfants <strong>de</strong>participer.S. H. : Quels sont les principauxenseignements <strong>de</strong> ce trimestred’activités ?Des personnels <strong>de</strong> service auxenseignants, tout le mon<strong>de</strong> est ravi.L’ambiance est meilleure. Nous avonsgagné <strong>de</strong> la fluidité dans la gestion <strong>de</strong>la cantine, dans celle <strong>de</strong> la vie scolaire,dans celle <strong>de</strong> la cour. Nos relations sontdonc différentes. Afin <strong>de</strong> permettrecette organisation nouvelle du temps<strong>de</strong> la pause du midi, nous avons imaginéau niveau <strong>de</strong> la <strong>de</strong>mi-pension unco<strong>de</strong> couleur par jour. Cette couleurcorrespond aux activités proposées.Les élèves peuvent alors présenter leurcarte <strong>de</strong> cantine avec un co<strong>de</strong> couleurdonnant une priorité pour aller se restaurer.Une centaine d’élèves par jourest concernée. Ce qui permet <strong>de</strong> mieuxgérer le flux <strong>de</strong> la <strong>de</strong>mi-pension.S. H. : Vous parlez <strong>de</strong> « relations différentes», c’est-à-dire ?Il se passe incontestablement quelquechose pendant le temps <strong>de</strong> ces ateliers.Tous les intervenants adultes le disent.Ces moments créent un autre relationnelavec les élèves, entre eux d’abord maisaussi avec nous. Les professeurs parlentd’un autre regard. Les élèves se découvrentdans la création d’objets, <strong>de</strong> chants,<strong>de</strong> musique, dans l’activité collective.Comme il n’y a pas <strong>de</strong> notes ni d’évaluation,ce relationnel n’est pas compétitif,il <strong>de</strong>vient sympathique. L’assistantesociale que je suis est aussi désormaisi<strong>de</strong>ntifiée comme faisant <strong>de</strong> la relaxation,je suis perçue différemment et jevois les élèves autrement. <strong>La</strong> relaxationest un temps <strong>de</strong> repos, <strong>de</strong> détente, <strong>de</strong>calme. Cela prend quelques minutes, ilss’éva<strong>de</strong>nt. Beaucoup d’enfants s’endormentprofondément car ils sont vraimentfatigués ! Les enseignants avaientd’ailleurs observé que <strong>de</strong> nombreuxenfants dormaient réellement en classe,non par ennui mais par fatigue. L’atelierrelaxation agit comme une sorte <strong>de</strong>miroir. Il nous oblige à porter uneréflexion sur le sommeil et donc àdébattre avec les parents. Des questionsplus complexes sont posées sur l’hygiènedu sommeil ou sur l’hygiène alimentaire.Nous rejoignons là notre projetglobal éducatif et pédagogique portépar le Comité d’éducation à la <strong>santé</strong> et àla citoyenneté.Propos recueillis par Denis Dangaix,Journaliste.Les missions <strong>de</strong>s comités d’éducation à la <strong>santé</strong>et à la citoyennetéLe comité d’éducation à la <strong>santé</strong> et à la citoyenneté (Cesc) s’inscrit dans le pilotage <strong>de</strong> chaqueétablissement scolaire du second <strong>de</strong>gré, conformément aux dispositions du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducation(articles R 421-46 et 421-47). Instance <strong>de</strong> réflexion, d’observation et <strong>de</strong> proposition, il conçoit,met en œuvre et évalue un projet éducatif en matière d’éducation à la citoyenneté et à la <strong>santé</strong> et<strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> la violence, intégré au projet d’établissement. Le Cesc organise le partenariaten fonction <strong>de</strong>s problématiques éducatives à traiter. Ses principales missions sont <strong>de</strong> contribuerà l’éducation à la citoyenneté, <strong>de</strong> préparer le plan <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong> la violence, <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>sactions pour ai<strong>de</strong>r les parents en difficulté, <strong>de</strong> lutter contre l’exclusion et <strong>de</strong> définir un programmed’éducation à la <strong>santé</strong> et à la sexualité et <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s conduites addictives. Les Cesc sontcomposés <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong>s personnels éducatifs, sociaux et <strong>de</strong> <strong>santé</strong> <strong>de</strong> l’établissement,<strong>de</strong>s personnels enseignants, <strong>de</strong>s parents, <strong>de</strong>s élèves, <strong>de</strong> la commune et <strong>de</strong> la collectivité <strong>de</strong>rattachement.Source : http://www.eduscol.education.frD. D.Pour en savoir plus :Protection du milieu scolaire - Comité d’éducation à la <strong>santé</strong> et à la citoyenneté (Cesc). Circulairen° 2006-197du 30 novembre 2006. En ligne : http://www.education.gouv.fr/bo/2006/45/MENE0602019C.htmLA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong> 41


éducation du patientEn Isère, une expérience <strong>de</strong> suivitéléphonique pour les patientsinsuffisants cardiaquesCinq établissements hospitaliers et <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong> libéraux sont réunis dansle Réseau <strong>de</strong>s insuffisants cardiaques <strong>de</strong> l’Isère (Resic 38). Ce réseau propose au patient<strong>de</strong>s soins, un suivi et un accompagnement global. Depuis 2007, le patient bénéficie d’unsuivi téléphonique régulier.Le réseau Resic 38 – RÉSeau <strong>de</strong>s InsuffisantsCardiaques <strong>de</strong> l’Isère – est un réseau<strong>de</strong> <strong>santé</strong> ville-hôpital (lire l’encadré ci<strong>de</strong>ssous),mis en place en 2005 pour améliorerla prise en charge du patient insuffisantcardiaque, sur les plans médical,paramédical éducatif et ambulatoire ;cette prise en charge est définie dans lecadre <strong>de</strong> référentiels internationaux (1,2). Lors <strong>de</strong> son inclusion dans le réseau,le patient bénéficie d’un « bilan éducatifpartagé » réalisé par l’infirmière coordinatriceparamédicale du réseau, bilan diffuséensuite aux professionnels entourantle patient : mé<strong>de</strong>cins généraliste etspécialiste, pharmacien, kinésithérapeute,infirmier, diététicien et psychologue.Ce bilan éducatif partagé i<strong>de</strong>ntifie lefonctionnement et les besoins <strong>de</strong> la personne,face à la prise en charge <strong>de</strong> samaladie, en abordant les thèmes du suivimédical, clinique, <strong>de</strong> l’alimentation, <strong>de</strong>sactivités physiques et autres recommandationsmédicales relatives à l’insuffisancecardiaque.L’offre éducative du réseau repose sur unaccompagnement diététique, psychologique,une ai<strong>de</strong> à la surveillance clinique<strong>de</strong> l’insuffisance cardiaque du patient parun infirmier, une prise en charge <strong>de</strong> kinésithérapieen ambulatoire ou en centre <strong>de</strong>réhabilitation, <strong>de</strong>s séances d’éducationcollectives et <strong>de</strong>s séances d’éducation etd’accompagnement individuel ainsiResic 38 : un réseau <strong>de</strong> professionnels au bénéfice<strong>de</strong>s patients insuffisants cardiaquesLe RÉSeau <strong>de</strong>s Insuffisants Cardiaques <strong>de</strong> l’Isère (Resic 38), réseau ville-hôpital, cordonne l’activité<strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> <strong>santé</strong> pour améliorer la prise en charge <strong>de</strong>s patients insuffisants cardiaqueschroniques. Le réseau maintient le patient autant que possible à son domicile, par la prévention <strong>de</strong>sdécompensations cardiaques via une meilleure vigilance personnelle et un suivi collectif <strong>de</strong> la part<strong>de</strong> l’équipe d’intervenants, la diminution <strong>de</strong>s ré-hospitalisations itératives, l’amélioration <strong>de</strong> la qualité<strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s patients et <strong>de</strong> la prise en charge globale <strong>de</strong> l’insuffisance cardiaque.Le réseau dispose d’une coordination ville-hôpital autour d’une équipe pluridisciplinaire, <strong>de</strong> dossiers<strong>de</strong> soins partagés et <strong>de</strong> référentiels <strong>de</strong> soins communs. Une éducation thérapeutique est proposéeaux patients et à leur famille pour favoriser une auto-surveillance. Des formations spécialisées sontorganisées et financées pour les professionnels, médicaux et paramédicaux, afin d’actualiser leursconnaissances et <strong>de</strong> les former à l’éducation thérapeutique.Plusieurs structures <strong>de</strong> <strong>santé</strong> (centre hospitalier universitaire <strong>de</strong> Grenoble, centre hospitalier <strong>de</strong>Voiron, centre hospitalier <strong>de</strong> <strong>La</strong> Mure, clinique d’Alembert, clinique Belledonne, clinique <strong>de</strong>s Cèdres,clinique Mutualiste) assurent la prise en charge pluridisciplinaire sur une gran<strong>de</strong> partie du département<strong>de</strong> l’Isère, en lien avec les professionnels <strong>de</strong> villes suivants : cardiologues, mé<strong>de</strong>cins généralistes,infirmiers, diététiciens, psychologues, kinésithérapeutes et pharmaciens. Afin <strong>de</strong> permettreaux soignants d’intervenir à domicile, le Resic 38 les in<strong>de</strong>mnise pour les actes suivants : prise encharge diététique, soutien psychologique et éducation thérapeutique individuelle. Il in<strong>de</strong>mnise égalementle temps investi dans la coordination autour du patient et le temps consacré à la formation.Pour en savoir plus : http://www.resic38.orgqu’un suivi téléphonique. Cette offreéducative complète le suivi médicalgénéraliste et cardiologique nécessaire.Un contrat <strong>de</strong> soin est établi entre leréseau et le patient lors du bilan éducatifpartagé et ce <strong>de</strong>rnier choisit « à la carte »dans cette offre ce qui lui convient.Suivi téléphonique <strong>de</strong>s patientsFace à une file active importante et grandissante– 400 patients au mois <strong>de</strong> mars<strong>2010</strong>, plus <strong>de</strong> 750 patients inclus <strong>de</strong>puis2005 – mais surtout dans le souci d’assurerune qualité <strong>de</strong> prise en charge, d’accompagnementet d’éducation thérapeutiquedu patient insuffisant cardiaque, leResic 38 a mis en place, <strong>de</strong>puis 2007, unsuivi téléphonique régulier <strong>de</strong>s patients.Ce suivi est inspiré du concept <strong>de</strong> diseasemanagement, démarche centrée sur lesmala<strong>de</strong>s chroniques qui, par <strong>de</strong>s interventionsdirectes auprès <strong>de</strong>s patients(ai<strong>de</strong>, suivi, conseil), « vise à accroîtreleurs capacités à gérer leur maladie dansla perspective d’améliorer les résultatssanitaires et <strong>de</strong> réduire les dépenses » (3).L’Organisation mondiale <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>(OMS) définit l’éducation thérapeutiquedu patient comme <strong>de</strong>vant « permettre auxpatients d’acquérir ou conserver les capacitésou les compétences qui les ai<strong>de</strong>nt àvivre <strong>de</strong> manière optimale leur vie avecleur maladie. Il s’agit par conséquentd’un processus permanent intégré dansles soins et centré sur le patient. » (4) Dansleur discussion sur les moyens pédagogiquesutilisés en éducation thérapeutiquedu patient, l’accompagnement oucoaching téléphonique est mentionnémais son utilisation doit respecter certainscritères pour pouvoir être considérécomme éducatif. « Il doit poursuivre etcompléter une éducation préalable dupatient ; il doit être planifié, répété et42LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


éducation du patientcontinu dans le temps ; il doit être réalisépar une personne formée ; il doit réaliser<strong>de</strong>s réajustements pour maintenir ouaméliorer la maîtrise <strong>de</strong>s objectifs maisaussi pour apporter <strong>de</strong> nouvelles connaissancesau patient. »Le suivi téléphonique s’effectue à unefréquence <strong>de</strong> cinq échanges par an (aux1 er , 3 e , 6 e , 9 e mois et à un an). Le chargé<strong>de</strong> suivi téléphonique du Resic 38 répondaux questions du patient et échange aveclui sur les difficultés occasionnées par sapathologie, sur ses habitu<strong>de</strong>s et ses comportementspour l’accompagner vers laqualité <strong>de</strong> vie la meilleure possible. Ilrepère d’éventuels freins dans sa prise encharge et l’oriente si nécessaire vers lesservices procurés par les professionnelsdu réseau : consultation du mé<strong>de</strong>cingénéraliste, du cardiologue, accompagnementpsychologique, diététique,prise en charge <strong>de</strong> kinésithérapie, éducationthérapeutique dispensée à titreindividuel.Le chargé <strong>de</strong> suivi téléphonique abor<strong>de</strong>systématiquement cinq thématiques :l’état clinique ressenti, le suivi médical, lerégime hydro-sodé, la pratique d’activitéphysique et le moral. L’échange prend encompte l’antériorité du patient au sein duréseau et donc toutes les informationsdisponibles le concernant : les difficultés,attentes et besoins exprimés lors du bilanéducatif partagé ou <strong>de</strong>s suivis médicaux,diététique, psychologique, <strong>de</strong> kinésithérapieou d’éducation qui ont fait l’objet<strong>de</strong> comptes rendus.<strong>de</strong> leurs signes cliniques d’une décompensationcardiaque et 51 % leur comportementalimentaire dans le cadred’un régime hydro-sodé ; 38 % pensentavoir amélioré leur pratique d’activitéphysique. Mais un quart seulement <strong>de</strong>spersonnes interrogées pense avoirobtenu la réponse aux questions concernantleur pathologie. Sur le plan <strong>de</strong>spréconisations formulées par le professionnelécoutant, 72 % <strong>de</strong>s appelants ontété invités à consulter leur mé<strong>de</strong>cin oucardiologue et <strong>de</strong>ux tiers d’entre euxdisent l’avoir fait ; 74 % ont été invités àrencontrer un autre professionnel duréseau (et un peu plus <strong>de</strong> la moitiéd’entre eux l’ont fait) ; les professionnelsles plus sollicités sont les diététicienspuis les kinésithérapeutes, les psychologues,les pharmaciens et les infirmiers.L’analyse du questionnaire montre unniveau correct <strong>de</strong> satisfaction <strong>de</strong>spatients face au réseau et au suivi téléphonique.Toutefois, il convient <strong>de</strong>considérer avec précaution ces résultatscompte tenu <strong>de</strong> la méthodologie <strong>de</strong>l’enquête, qui <strong>de</strong>meure fragile, et dunombre limité <strong>de</strong> répondants (n = 47).Néanmoins, l’enquête met globalementen avant le soutien perçu, l’accompagnementet le réconfort ressenti par laprise en charge au fil du parcours dupatient dans le réseau. Les éventuellesmodifications <strong>de</strong> comportement (alimentation,activité physique, etc.)déclarées par les répondants semblentimputables au parcours global d’accompagnement,bien au-<strong>de</strong>là du seulaccompagnement téléphonique.En conclusion, le suivi téléphonique, telque proposé au patient par le Resic 38,peut être envisagé comme une possibilitééducative si l’on se réfère à la définition<strong>de</strong> l’éducation thérapeutique : « une compétenced’aller à la rencontre <strong>de</strong> l’autre,individu, dans sa singularité, en prenanten compte ses compétences et ses difficultés,sans pour autant renier sa profession,ses intentions, etc. » (8). L’enquête montreen effet que le suivi téléphonique estprincipalement i<strong>de</strong>ntifié et perçu commeune forme <strong>de</strong> soutien. Il offre un tempsd’écoute et d’échange à la disposition <strong>de</strong>spatients. L’éducation thérapeutique dupatient au sein du Resic 38 recouvre plusieurscomposantes éducatives qui s’additionnentpour offrir au patient uneéducation se rapprochant au plus possible<strong>de</strong> ses besoins. Le suivi téléphoniqueen fait partie.Pauline RigollierChargée du suivi téléphonique,Muriel SalvatCoordinatrice médicale,Sylvie DucreuxCoordinatrice paramédicale, Resic 38,Yannick Neu<strong>de</strong>rResponsable unité fonctionnelle insuffisancecardiaque, CHU <strong>de</strong> Grenoble.Enquête auprès <strong>de</strong>s patientsAfin d’évaluer le ressenti <strong>de</strong>s patientsface aux appels téléphoniques, un questionnairea été conçu puis envoyé, enmars <strong>2010</strong>, aux cent premiers patientsinclus en 2009. Il les interroge notammentsur d’éventuelles modifications <strong>de</strong>comportements consécutives auxappels. 52 % <strong>de</strong>s patients ont réponduet quarante-sept questionnaires ont puêtre exploités. Pour 85 % <strong>de</strong>s répondants,la fréquence <strong>de</strong>s appels (cinq foispar an incluant un bilan annuel) estjugée suffisante et, pour 89 %, leur duréeconvenable (durée moyenne d’unappel : dix minutes). Leur perception duréseau est celle du soutien, <strong>de</strong> l’accompagnementet <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification d’unlieu <strong>de</strong> ressources et d’informations.90 % <strong>de</strong>s répondants estiment les appelsutiles. Par ailleurs, suite aux appels téléphoniques,plus <strong>de</strong> la moitié (57 %) <strong>de</strong>spersonnes interrogées pensent avoirprincipalement modifié la surveillance◗ Références bibliographiques(1) ESC Gui<strong>de</strong>lines for the diagnosis and treatmentof acute and chronic heart failure. EuropeanHeart Journal, 2008, vol. 29, n° 19 : p. 2388-2442. En ligne : http://eurheartj.oxfordjournals.org/content/29/19/2388.full.pdf+html(2) 2009 Focused Update. Journal of the americancollege of Cardiology, 2009, vol. 53, n° 15 :p. 1343-1382. En ligne : http://content.onlinejacc.org/cgi/reprintframed/53/15/1343(3) Bras P.-L., Duhamel G., Grass E. Améliorer laprise en charge <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s chroniques : lesenseignements <strong>de</strong>s expériences étrangères <strong>de</strong>« disease management ». Paris : Igas, rapportRM 2006-136P, 2006 : 210 p. En ligne : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapportspublics/064000763/in<strong>de</strong>x.shtml(4) D’Ivernois J.-F., Gagnayre R. Apprendre à éduquerle patient. Paris : Maloine, 2008 : p. 1-35 ;p. 41-60 ; p. 65-82.(5) DeWalt D.A., Malone R.M., Bryant M.E., KosnarM.C., Corr K.E., Rothman R.L. et al. A heartfailure self-management program for patients ofall literacy levels: a randomized, controlled trial.BMC Health Services Research, 2006, vol. 13,n° 6 : p. 30.(6) DeWalt D.A., Pignone M., Malone R., Rawls C.,Kosnar M.C., George G., et al. Development andpilot testing of a disease management programfor low literacy patients with heart failure. Patienteducation and counseling, 2004, vol. 55, n° 1 :p. 78-86.(7) Holst M., Willenheimer R., Mårtensson J.,Lindholm M., Strömberg A. Telephone follow-upof self-care behaviour after a single session educationof patients with heart failure in primaryhealth care. European journal of cardiovascularnursing, 2007, vol. 6, n° 2 : p. 153-159. Epub2006, Aug 22.(8) Sandrin Berthon B. Éduquer un patient : commentêtre plus performant ? <strong>La</strong> revue du praticien,mé<strong>de</strong>cine générale, 2001, tome 15, n° 549 :p. 1727-1730.LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>43


éducation du patientEntretien avec Claudie Haxaire, ethnologue, département <strong>de</strong>s sciences humaines <strong>de</strong> la faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine<strong>de</strong> Brest et Cesames (CNRS/Paris V)« Les mé<strong>de</strong>cins généralistes sontface à la souffrance <strong>de</strong>s patients »En Bretagne, une équipe pluridisciplinaire – ethnologue, linguiste, mé<strong>de</strong>cin généraliste,psychiatre – s’est mise à l’écoute <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins généralistes pour recueillir leur ressentiet les difficultés auxquelles ils sont confrontés en consultation. Il en ressort notammentque ces mé<strong>de</strong>cins sont très souvent démunis face à la souffrance <strong>de</strong> leur patient, unesouffrance qui n’est pas liée à une pathologie mais à leurs conditions <strong>de</strong> vie. Cette équipe<strong>de</strong> chercheurs préconise notamment <strong>de</strong> mieux former les mé<strong>de</strong>cins généralistes auxsciences sociales et à une approche socio-anthropologique. Entretien avec l’ethnologueClaudie Haxaire, qui a piloté cette recherche.<strong>La</strong> Santé <strong>de</strong> l’homme : Pourquoi etcomment avez-vous réalisé cetteenquête 1 auprès <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cinsgénéralistes ?Lors d’une enquête précé<strong>de</strong>nte, lesmé<strong>de</strong>cins généralistes nous avaientbeaucoup parlé <strong>de</strong> ceux qu’ils appellentles « patients psy ». Dans cette catégorie,se trouvent <strong>de</strong>s patients qui n’ontpas <strong>de</strong> problèmes psychologiquesdéclarés et qui ne prennent pas <strong>de</strong>médicaments psychotropes, pour lesquelsils ne posent pas <strong>de</strong> diagnosticparticulier. Mais ils perçoivent chez euxune souffrance psychique et ils pensentque ces patients pourraient avoirrecours, dans un proche avenir, à untraitement médicamenteux du typepsychotropes. Nous avons donc poursuivinos recherches sur ce sujet encroisant plusieurs types d’enquêtes.Nous avons en particulier organisé <strong>de</strong>sgroupes <strong>de</strong> discussion avec <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cinsgénéralistes <strong>de</strong> Bretagne à propos<strong>de</strong>s nouveaux problèmes qu’ils rencon-traient en consultation. Nous avonsaussi analysé <strong>de</strong>s lettres envoyées parles mé<strong>de</strong>cins généralistes aux urgencespsychiatriques.S. H. : À quoi renvoie ce thème <strong>de</strong> lasouffrance <strong>de</strong>s patients en mé<strong>de</strong>cinegénérale ?Les groupes ont travaillé sur ce quirévélait cette souffrance psychique <strong>de</strong>spatients en mé<strong>de</strong>cine générale. Outreles symptômes <strong>de</strong> fatigue, d’insomnieFormer les mé<strong>de</strong>cins généralistes à parler collectivement <strong>de</strong> la souffranceLes mé<strong>de</strong>cins généralistes prennent en charge, en France, 80 % <strong>de</strong>stroubles mentaux et psychosociaux, <strong>de</strong>s affections psychiatriques caractériséesà un mal-être diffus pour lequel le label <strong>de</strong> « souffrance psychique» est proposé, comme le soulignent les auteurs <strong>de</strong> cette enquête.Or, ces généralistes ont été très peu formés à la psychiatrie au cours <strong>de</strong>leurs étu<strong>de</strong>s et ils ont été contraints <strong>de</strong> se construire un savoir pratiqueen la matière.L’enquête présentée ici est une recherche qualitative et empirique ayantpour objectif d’i<strong>de</strong>ntifier les représentations <strong>de</strong> la souffrance psychique par<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins généralistes <strong>de</strong> Bretagne occi<strong>de</strong>ntale (Finistère et Côtesd’Armor) et <strong>de</strong> mettre à jour leur savoir pratique. Elle a été menée par uneéquipe pluridisciplinaire constituée <strong>de</strong> chercheurs en sciences sociales(ethnologues, linguistes), mé<strong>de</strong>cins et psychiatres. Six mé<strong>de</strong>cins généralistesayant <strong>de</strong>s contextes d’exercice différents ont notamment été interrogés,ainsi que quatre groupes <strong>de</strong> formation continue.Ce travail se conclut sur <strong>de</strong>s propositions : comment mieux former lesmé<strong>de</strong>cins ? Les auteurs préconisent <strong>de</strong> développer, pendant les étu<strong>de</strong>s<strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, l’introduction <strong>de</strong> l’approche socio-anthropologique <strong>de</strong> lamaladie, <strong>de</strong> la relation mé<strong>de</strong>cin-patient et du contexte social <strong>de</strong> cetterencontre. Ils proposent aussi, dans la formation <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine générale,<strong>de</strong> développer une formation spécifique sur cet aspect, d’instaurer unecollaboration entre les internes <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine générale et les enseignants<strong>de</strong> psychiatrie pour pouvoir envisager les problèmes <strong>de</strong> la souffrancepsychique sous le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s différents acteurs. En formation continue,ils recomman<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> « mettre en place et développer <strong>de</strong>s formationsinteractives, les seules ayant prouvé une efficacité en termes <strong>de</strong> changementdans les pratiques professionnelles. Il s’agit <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> pairset <strong>de</strong> discussion, centrés sur la prise en charge <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> <strong>santé</strong>en rapport avec la souffrance psychique, ainsi que <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> jeux<strong>de</strong> rôle et <strong>de</strong>s groupes Balint ». Pour en savoir plus, se référer à l’ouvragecomplet 1 .Y. G.44 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


éducation du patientou même les pleurs, la souffrance estsouvent simplement ressentie par lemé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s patients présentant<strong>de</strong>s douleurs ou <strong>de</strong>s troubles somatiquesmal définis. Alors le généralisteengage un ensemble d’examens complémentaires,ayant toujours l’angoisse<strong>de</strong> passer à côté d’une pathologiegrave. Or, très souvent, cette successiond’examens ne donne rien, ce qui désorienteles mé<strong>de</strong>cins ; en fait, ces douleursou troubles fonctionnels sontrévélateurs <strong>de</strong> la souffrance psychosociale<strong>de</strong> ces personnes. Comme nousl’écrivons dans notre enquête, ces souffrancesreflètent souvent les difficultésactuelles que les sujets et les famillesrencontrent : solitu<strong>de</strong>, isolement, difficultésprofessionnelles, chômage, difficultésaffectives qui se disent en consultationou dont ces mé<strong>de</strong>cins ont euconnaissance au long <strong>de</strong> la relationthérapeutique. Les symptômes sontalors interprétés par les généralistesdans le contexte <strong>de</strong>s histoires <strong>de</strong> vie,qui donnent les « raisons » <strong>de</strong> lasouffrance.S. H. : Que provoque cette souffrance<strong>de</strong>s patients chez leurmé<strong>de</strong>cin ?C’est cette souffrance diffuse qu’ilsperçoivent chez leurs patients qui placeà leur tour les mé<strong>de</strong>cins eux-mêmes ensouffrance : ils peinent à se mettre à distance,ils disent ne pas avoir d’outils <strong>de</strong>distanciation. En fait, ils n’ont pas <strong>de</strong>recours ni <strong>de</strong> prise en charge à proposerautre que justement les médicamentspsychotropes, d’autant que c’est souventce que le patient attend <strong>de</strong> son mé<strong>de</strong>cin.Face à ces patients en souffrance, ils nedisposent que <strong>de</strong> l’écoute, qui « marche »parfois <strong>de</strong> façon « magique ». Bien sûr,l’écoute est une première réponse totalementadaptée et ils l’utilisent. Mais ilsne sont pas formés à l’écoute psychologiquequi travaillerait sur les motifs d’unmal-être, dissimulé <strong>de</strong>rrière un symptôme,comme le font les « psy », catégoriedans laquelle ils englobent les psychiatres,les psychanalystes, les psychologues,etc.Dans la majorité <strong>de</strong>s cas, le mé<strong>de</strong>cinécoute son patient et a un sentimentd’impuissance car il n’a pas les moyensd’agir pour réduire sa souffrance sicette <strong>de</strong>rnière est psychosociale, il n’apas la capacité d’agir sur le contextesocial <strong>de</strong> ces personnes. Mais tropproche <strong>de</strong> son patient, il ne peutprendre la distance nécessaire, et c’estcela qui le met en souffrance.S. H. : Votre enquête met en avant lefait que les mé<strong>de</strong>cins généralistesse sentent souvent seuls face à leurpatient. Quelle forme prend cettesolitu<strong>de</strong> ?Effectivement, ce qui ressort en touscas <strong>de</strong> notre enquête – et ne peut êtregénéralisé à l’ensemble du corps médical– est que les mé<strong>de</strong>cins bretons quenous avons interviewés travaillent peuen réseau avec les autres professionnelscomme les travailleurs sociaux ; etils disent que ce n’est pas toujours facilepour eux d’adresser leur patient à unpsychiatre, un psychanalyste ou unpsychologue, que ces <strong>de</strong>rniers ne sontpas disponibles ou que le patient refuse<strong>de</strong> les rencontrer. Dans les cas les plusdifficiles, ils adressent bien entendu lepatient vers les psychiatres <strong>de</strong>surgences. Mais pour les autres cas pluscourants, les conditions quotidiennesd’exercice <strong>de</strong> leur métier font qu’ils ont<strong>de</strong>s difficultés à co-construire avecd’autres professionnels <strong>de</strong>s prises encharge sociales <strong>de</strong> leurs patients. Celane fait en tous cas pas partie <strong>de</strong> leurspremiers réflexes.S. H. : Que préconisez-vous pouralléger la souffrance que ressententles mé<strong>de</strong>cins généralistes face auxpatients eux-mêmes en souffrance ?Les mé<strong>de</strong>cins généralistes sontessentiellement formés à l’interrogatoireclinique, c’est-à-dire à extraire dudiscours du patient <strong>de</strong>s signes cliniquesqui leur permettent <strong>de</strong> poser un diagnostic.Or, ce qui arrive à leur patient– et ce avec quoi le patient arrive dansleur cabinet <strong>de</strong> consultation – débor<strong>de</strong>complètement ce cadre. Dans leur formation,il conviendrait donc a minimad’ajouter une formation à la relationclinique. Certains d’entre eux qui enfont la démarche reçoivent d’ailleursune formation à l’écoute psychologique,qui les forme à une véritableempathie, c’est-à-dire pouvoir êtrefocalisé sur son patient mais en gardant<strong>de</strong> la distance.Dans l’Union européenne, un certainnombre <strong>de</strong> pays – Allemagne,Pays-Bas, Royaume-Uni et pays nordiques– ont intégré, sinon l’écoutepsychologique, du moins la communicationdans le cursus initial <strong>de</strong>s formations<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, et leur dispensent<strong>de</strong> plus <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> sciences sociales.I<strong>de</strong>m au Québec. On leur apprenda minima à analyser ce qui se passe auniveau social. Le simple fait <strong>de</strong> savoirque les sciences sociales, en tant quediscipline du savoir, produisent <strong>de</strong>sanalyses utiles, peut leur permettre <strong>de</strong>prendre <strong>de</strong> la distance par rapport à lasouffrance du patient. Ils ne se sententalors plus responsables <strong>de</strong> tout, ilsprennent conscience que cela ne relèvepas <strong>de</strong> leur compétence, qu’ils ne sontpas tous seuls.S. H. : Comment leur permettre <strong>de</strong>mieux prendre en charge la souffrance<strong>de</strong>s patients ?Les mé<strong>de</strong>cins généralistes posent undiagnostic <strong>de</strong> souffrance du patientmais ne peuvent pas s’adosser à <strong>de</strong>sconnaissances cliniques sur la souffrancepsychique. Cette clinique-là està développer. En attendant, ils posentleur diagnostic en mobilisant tout cequ’ils connaissent <strong>de</strong> la vie du patientet qu’ils ont engrangé au fil du temps.Côté positif, leur proximité avec lepatient est un atout considérable, ilsreplacent le patient dans son histoire etson contexte et c’est exactement ce quiest nécessaire dans la relation mé<strong>de</strong>cin/patient. Mais ils n’ont pas d’outils d’analyse<strong>de</strong> cette histoire et <strong>de</strong> ce contexte,c’est ce que nous essayons <strong>de</strong> faire enenseignant l’anthropologie médicale etles sciences sociales, et plus généralementles sciences humaines dans lesfacultés <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine. Mais nos cursusne sont pas obligatoires et donc peu <strong>de</strong>futurs mé<strong>de</strong>cins les suivent. D’où, selonnous, la nécessité d’intégrer cessciences sociales au tronc obligatoiredu cursus <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine (cequi n’est effectif qu’en première annéejusqu’à présent), puis plus spécifiquementà la formation <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cinegénérale.Propos recueillis par Yves Géry1. Représentations <strong>de</strong> la <strong>santé</strong> mentale et <strong>de</strong> la souffrancepsychique par les mé<strong>de</strong>cins généralistes (Bretagneocci<strong>de</strong>ntale), Claudie Haxaire (dir.), ElisabethRichard, Cristina Dumitru-<strong>La</strong>haye, Philippe Genest,Pierre Bo<strong>de</strong>nez, Philippe Bail, et les étudiants : CélineBouakkaz-Loubriat, Christine Noumbissi-Nana. Avecla participation <strong>de</strong> Michel Walter. Cesames (UMR8136 CNRS/Paris V) / Département <strong>de</strong>s scienceshumaines et <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine générale <strong>de</strong> la faculté <strong>de</strong>mé<strong>de</strong>cine, service Alcool-Toxiques, CHU, <strong>La</strong>b CR 49,Brest. 2005 : 314 p.LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>45


ciné<strong>santé</strong>Juno : une adolescenteface à une grossesse non désirée<strong>La</strong> grossesse non désirée est le thème central du film Juno. Découvrant avec stupeur sagrossesse, une jeune adolescente voit sa vie et ses relations avec son entourage bouleverséeset entend faire adopter son futur bébé par un couple. Le film <strong>de</strong> Jason Reitmandonne l’occasion, par exemple, <strong>de</strong> montrer aux garçons le très fort impact psychologique,pour une adolescente, d’une perspective <strong>de</strong> maternité inattendue. Comme l’expliqueMichel Condé, un tel dialogue doit pouvoir favoriser une meilleure compréhension entrefilles et garçons.spectateurs sur les difficultés et lesambiguïtés <strong>de</strong>s relations amoureuses.DRUn film <strong>de</strong> Jason ReitmanÉtats-Unis, 2007, 1 h 31Avec Ellen Page, Michael Cera,Jennifer GarnerLe filmJuno est une jeune adolescente qui,après une relation amoureuse, seretrouve enceinte. Cet événementimprévu va mettre en question aussibien ses rapports avec son petit amiqu’avec son entourage, tout en amenantla jeune fille à s’interroger sur lesens général <strong>de</strong> son existence. Junon’est cependant pas une fille comme lesautres et elle se distingue par son indépendanced’esprit comme par uneétonnante maturité qui se traduit enparticulier par une constante ironie parrapport aux autres mais aussi par rapportà elle-même.Le film <strong>de</strong> Jason Reitman se présentecomme une comédie sur l’adolescencequi échappe largement auxclichés habituels du genre. Par petitestouches, il abor<strong>de</strong> avec finesse <strong>de</strong>squestions qui se posent aux filles etaux garçons qui entrent dans l’âgeadulte.À quel public s’adresse le film ?Ce film peut être vu par un largepublic d’adolescents et d’adultes. Sesthèmes peuvent être l’occasion d’undialogue entre les générations. MaisJuno, qui propose <strong>de</strong>s portraitscontrastés <strong>de</strong> différents couples, permetégalement <strong>de</strong> s’interroger avec lesRelations à la problématique<strong>santé</strong>Le thème <strong>de</strong> la grossesse non désiréepeut intéresser <strong>de</strong> nombreux éducateursà la <strong>santé</strong>. L’intérêt du film estd’inscrire cette question dans uncontexte plus large qui éclaire les difficultés<strong>de</strong> choix auxquelles la jeunehéroïne est confrontée. Mais là où l’onpeut supposer que le personnageopère ses choix <strong>de</strong> façon immédiate etimplicite sans véritable analyse <strong>de</strong> sesmotivations, les spectateurs pourront, àtravers la médiation <strong>de</strong> la fiction, s’interroger<strong>de</strong> manière plus approfondiesur ces réactions, les comparer auxleurs et, enfin, les confronter à cellesd’autres spectateurs. L’expérience <strong>de</strong>sdébats révèle en effet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s différencesdans l’interprétation psychologiquedu comportement <strong>de</strong> l’héroïnemais également <strong>de</strong>s autres personnages.Ces divergences nous paraissentintéressantes à exploiter dans le cadred’une approche réfléchie <strong>de</strong> la psychologieindividuelle mais également d’undialogue interindividuel entre <strong>de</strong>s personnesd’âge ou <strong>de</strong> sexe différents. <strong>La</strong>psychologie étant une discipline universitaire,objet d’étu<strong>de</strong>s spécialisées, laplupart d’entre nous recourons en cedomaine au « sens commun » avec parfois<strong>de</strong>s naïvetés et <strong>de</strong>s erreurs d’appréciation.Il ne saurait être question ici <strong>de</strong>former les spectateurs à la psychologie« scientifique », ni d’imposer un mo<strong>de</strong>46 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Carnet d’adressesSignalez vos changements d’adresse, <strong>de</strong> téléphone… à Saraniya Canabady<strong>Inpes</strong> – 42, bd <strong>de</strong> la Libération – 93203 Saint-Denis Ce<strong>de</strong>x – Fax : 01 49 33 23 90Pour toute comman<strong>de</strong> et abonnement, s’adresser à Manuela Teixeira – Tél. : 01 49 33 23 52Comités régionaux d’éducation pour la <strong>santé</strong> (Cres)Instances régionales d’éducation pour la <strong>santé</strong> (Ireps)ALSACEPdt Joseph BeckerDir. Dr Nicole Schau<strong>de</strong>rHôpital civil <strong>de</strong> StrasbourgAncienne cliniqueophtalmologique – 1 er étage1, place <strong>de</strong> l’Hôpital – BP 42667091 Strasbourg Ce<strong>de</strong>xTél. : 03.88.11.52.41Fax : 03.88.11.52.46Mél : info@cresalsace.orgwww.cresalsace.orgAQUITAINEPdt Pr François DabisDir. Colette <strong>La</strong>ugierCraes-Crips6, quai <strong>de</strong> Paludate33800 Bor<strong>de</strong>auxTél. : 05.56.33.34.10Fax : 05.56.33.34.19Mél : contact@craes-crips.comwww.educationsante-aquitaine.frAUVERGNEPdt Gilbert CondatDir. : Ginette Beugnet le Roch30, rue Étienne-Dolet63000 Clermont-FerrandTél. : 04.73.91.96.67Fax : 04.73.93.42.56Mél : auvergnepromotionsante@wanadoo.frwww.auvergne-promotion-sante.frBASSE-NORMANDIEPdt Dr Pascal Faivre-d’ArcierDir. Jean-Luc Veret1, place <strong>de</strong> l’Europe14200 Hérouville-St-ClairTél. : 02.31.43.83.61Fax : 02.31.43.83.47Mél : cores.bn@wanadoo.frBOURGOGNEPdt Dr Jean-Clau<strong>de</strong> Guillemant34, rue <strong>de</strong>s planchettes21000 DijonTél. et fax : 03.80.66.73.48Mél : cores.bourgogne@wanadoo.frwww.educationsante-bourgogne.orgBRETAGNEPdt Dr Jeanine PommierDir. Christine Ferron4 A, rue du Bignon35000 RennesTél. : 02.99.50.64.33Mél : contact@irepsbretagne.frwww.irepsbretagne.frCENTREPdt Pr Emmanuel RuschDir. Luc FavierFrapsUFR <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine10, bd Tonnelé37000 ToursTél. : 02.47.37.69.85Fax : 02.47.37.28.73Mél : fraps@orange.frwww.frapscentre.orgCHAMPAGNE-ARDENNEPdt Yvonne LogeartDir. Kévin Gouraud89, rue Étienne Oehmichen51000 Châlons-en-ChampagneTél. : 03.26.68.28.06Fax : 03.26.68.97.60Mél : cres.cha@wanadoo.frhttp://champagne-ar<strong>de</strong>nne.fnes.frCORSEPdt Pierre-Jean RubiniDir. Céline DaniRési<strong>de</strong>nce Les Jardins <strong>de</strong>Bodiccione - Bât. A1Bd Louis Campi20090 AjaccioTél. : 04.95.21.47.99Fax : 04.95.28.36.76Mél : contact@ireps-corse.frwww.ireps-corse.frFRANCHE-COMTÉPdt Jeannette GrosDir. Pascale Angiolini3, rue Rodin25000 BesançonTél. : 03.81.41.90.90Fax : 03.81.41.93.93Mél : contact@ireps-fc.frwww.ireps-fc.frHAUTE-NORMANDIEPdt Bernard <strong>La</strong>mdayDir. Marion Boucher Le BrasImmeuble le Bretagne57, avenue <strong>de</strong> Bretagne76100 RouenTél. : 02.32.18.07.60Fax : 02.32.18.07.61Mél. : cres.haute.normandie@wanadoo.frwww.cres-rouen.orgLANGUEDOC-ROUSSILLONPdt Dr Clau<strong>de</strong> TerralHôpital la Colombière39, avenue Charles-Flahault34295 Montpellier Ce<strong>de</strong>x 5Tél. : 04.67.04.88.50Fax : 04.67.52.02.57Mél : cres.Lr@wanadoo.frwww.cres-lr.orgLORRAINEPdt Dr Jeanne MeyerDir. Olivier Aromatario1, rue <strong>de</strong> la Forêt54520 <strong>La</strong>xouTél. : 03.83.47.83.10Fax : 03.83.47.83.20Mél : creslor@wanadoo.frMIDI-PYRÉNÉESPdt Dr Anne-Marie RajonDir. <strong>La</strong>urence Birelichie77, allée <strong>de</strong> Brienne31000 ToulouseTél. : 05.61.23.44.28Fax : 05.61.22.69.98Mél : cres.midi-pyrenees@wanadoo.frNORD-PAS-DE-CALAISPdt Pr Jean-Marie HaguenoerDir. Loïc CloartParc Eura<strong>santé</strong>235, avenue <strong>de</strong> la RechercheBP 8659373 Loos Ce<strong>de</strong>xTél. : 03.20.15.49.40Fax : 03.20.15.49.41Mél : ireps-npdc@orange.frwww.ireps-npdc.orgPAYS-DE-LA-LOIREPdt Pr Pierre LombrailDir. Dr Patrick <strong>La</strong>mourHôpital Saint-Jacques85, rue Saint-Jacques44093 Nantes Ce<strong>de</strong>x 1Tél. : 02.40.31.16.90Fax : 02.40.31.16.99Mél : ireps@irepspdl.orgwww.santepays<strong>de</strong>laloire.comPICARDIEPdt Pr Gérard DuboisDir. Philippe LorenzoEspace Industriel Nord67, rue <strong>de</strong> Poulainville80080 AmiensTél. : 03.22.71.78.00Fax : 03.22.71.78.04Mél : cres@crespicardie.orgwww.crespicardie.orgPOITOU-CHARENTESPdt Eric-Pascal SatreDir. Isabelle Escure17, rue Salvador-Allen<strong>de</strong>86000 PoitiersTél. : 05.49.41.37.49Fax : 05.49.47.33.90Mél : cres@educationsantepch.orgCRESCÔTE D’AZURPdt Pr Jean-Marc GarnierDir. Zeina Mansour178, cours Lieutaud13006 MarseilleTél. : 04.91.36.56.95Fax : 04.91.36.56.99Mél : cres-paca@wanadoo.frwww.cres-paca.orgRHÔNE-ALPESPdt Jacques FabryDir. Olivier François9, quai Jean-Moulin69001 LyonTél. : 04.72.00.55.70Fax : 04.72.00.07.53Mél : contact@educationsante-ra.orgwww.education-sante-ra.orgComités départementaux d’éducation pour la <strong>santé</strong>RÉUNIONPdt Dr Benjamin Bry<strong>de</strong>nDir. Cédric Pedre13, rue Roland-Garros97460 Étang-Saint-PaulTél. : 02.62.71.10.88Fax : 02.62.71.16.66Mél : accueil.ireps.reunion@orange.frwww.irepsreunion.orgGUYANEPdt Robert UlicDir. Stéphanie <strong>La</strong>ngAssociation Guyane Promo Santé59, avenue Voltaire97300 CayenneTél. : 0.594.30.13.64Fax : 0.594.35.84.80Mél. : guyane.promosante@orange.frMARTINIQUEPdt Dr Didier Chatot-HenryCentre d’affaires AgoraBât. G – niveau 0 – BP 1193Étang z’abricot – Pointe <strong>de</strong>s Grives97200 Fort-<strong>de</strong>-FranceTél. : 0.596.63.82.62Fax : 0.596.60.59.77Mél : cres.martinique@orange.frhttp://martinique.fnes.frGUADELOUPEPdt Roberte Hamousin-MétregisteDir. Pascale Melot6, rési<strong>de</strong>nce CasseRue Daniel Beauperthuy97100 Basse-TerreTél. : 0.590.41.09.24Fax : 0.590.81.30.04Mél : ireps@ireps.gphttp://gua<strong>de</strong>loupe.fnes.frFédération nationale<strong>de</strong>s comités d’éducationpour la <strong>santé</strong> (Fnes)Pdt : Pr Jean-Louis San MarcoVice Pdt : Loic CloartDélégué : Éric BourgarelSiège socialImmeuble Etoile Pleyel42, bd <strong>de</strong> la Libération93200 Saint-DenisTél. : 01.42.43.77.23Fax : 01 42.43.79.41Mél. : fnes@fnes.infowww.fnes.info01 AINPdt Jean-Clau<strong>de</strong> DegoutDir. Juliette Fovet-JulieronA<strong>de</strong>ssa Education Santé AinParc Les Bruyères293, rue <strong>La</strong>voisier01960 PeronnasTél. : 04.74.23.13.14Fax : 04.74.50.42.98Mél : a<strong>de</strong>s01@wanadoo.frhttp://ain.education-sante-ra.org02 AISNEPdt Gérard Dubois1A, rue Émile ZolaZac Le Champ du Roy02000 ChambryTél. : 03.23.79.90.51Fax : 03.23.79.48.75Mél : aisne@crespicardie.org03 ALLIERPdt Jean-Marc <strong>La</strong>goutteDir. Annick Anglarès2, place Maréchal <strong>de</strong> <strong>La</strong>ttre-<strong>de</strong>-Tassigny – 03000 MoulinsTél. : 04.70.48.44.17Mél : abes-co<strong>de</strong>s03@wanadoo.fr04 ALPES DE HAUTE-PROVENCEPdt Dr Georges GuigouDir. Anne-Marie SaugeronCentre médico-social42, bd Victor Hugo04000 Digne-Les-BainsTél. : 04.92.32.61.69Fax : 04.92.32.61.72Mél : co<strong>de</strong>s.ahp@wanadoo.fr05 HAUTES-ALPESPdt Dr Gilles <strong>La</strong>vernheDir. Brigitte NectouxImmeuble « Les <strong>La</strong>van<strong>de</strong>s »1 Place Champsaur05000 GapTél. : 04.92.53.58.72Fax : 04.92.53.36.27Mél : co<strong>de</strong>s05@co<strong>de</strong>s05.orgwww.co<strong>de</strong>s05.org06 ALPES-MARITIMESPdt Dr Clau<strong>de</strong> DrekslerDir. Chantal Patuano61, route <strong>de</strong> Grenoble06002 NiceTél. : 04.93.18.80.78Fax : 04.93.29.81.55Mél : co<strong>de</strong>s.am@wanadoo.fr07 ARDÈCHEPdt Dr Jean-Marie BobilloDir. Gisèle Bollon2, passage <strong>de</strong> l’Ancien-Théâtre07000 PrivasTél. : 04.75.64.46.44Fax : 04.75.64.14.00Mél : a<strong>de</strong>ssa-co<strong>de</strong>s.07@wanadoo.frhttp://perso.wanadoo.fr/a<strong>de</strong>ssa08 ARDENNESPdt Dr Catherine JuillardDir. Françoise Maitre21, rue Irénée Carré08000 Charleville-MézièresTél. : 03.24.33.97.70Fax : 03.24.33.84.34Mél : CO.DES.08@wanadoo.frhttp://champagne-ar<strong>de</strong>nne.fnes.fr09 ARIÈGEPdt Marie-<strong>La</strong>ure MonegerDir. Thérèse Fruchet6, cours Irénée Cros09000 FoixTél. : 05.34.09.02.82Fax : 05.61.05.62.14Mél : caes.ariege@wanadoo.fr10 AUBEPdt Sylvie Le DournerDir. Cathy JulienMezzanine <strong>de</strong>s HallesRue Clau<strong>de</strong> Huez10000 TroyesTél. : 03.25.41.30.30Fax : 03.25.41.05.05Mél : co<strong>de</strong>s10@orange.frhttp://champagne-ar<strong>de</strong>nne.fnes.fr11 AUDEPdt Dr Pierre Dufranc14, rue du 4 septembre11000 CarcassonneTél. : 04.68.71.32.65Fax : 04.68.71.34.02Mél : co<strong>de</strong>s11@wanadoo.frhttp://co<strong>de</strong>s11.over-blog.com12 AVEYRONPdt Jacky DruilheDir. Mylène Carrère13, bd <strong>La</strong>romiguière12000 Ro<strong>de</strong>zTél. : 05.65.73.60.20Fax : 05.65.73.60.21Mél : co<strong>de</strong>s.aveyron@wanadoo.fr13 BOUCHES-DU-RHÔNEPdt Pr Jean-Louis San MarcoDir. Nathalie Merle8, rue Jules Moulet13006 MarseilleTél. : 04.91.04.97.30Fax : 04.91.04.97.25Mél : contact@co<strong>de</strong>s13.orgwww.co<strong>de</strong>s13.org14 CALVADOSs’adresser à la région Basse-Normandie15 CANTALPdt D r Danièle Souquière-DegrangeBâtiment <strong>de</strong> l’Horloge9, place <strong>de</strong> la Paix15012 Aurillac Ce<strong>de</strong>xTél. : 04.71.48.63.98Fax : 04.71.48.91.80Mél : co<strong>de</strong>s15@wanadoo.frhttp://www.co<strong>de</strong>s15.fr16 CHARENTEPdt Denis DebrosseDir. Marie VabreCentre hospitalier <strong>de</strong> Girac16470 Saint-MichelTél. : 05.45.25.30.36Fax : 05.45.25.30.40Mél : co<strong>de</strong>s16@wanadoo.fr17 CHARENTE-MARITIMEPdt Véronique Heraud32, avenue Albert-Einstein17000 <strong>La</strong> RochelleTél. et fax : 05.46.42.24.44Mél : co<strong>de</strong>s17@voila.fr18 CHERPdt Dr Michel VerdierDir. Marie Côte4, cours Avaricum18000 BourgesTél. : 02.48.24.38.96Fax : 02.48.24.37.30Mél : co<strong>de</strong>sducher@wanadoo.fr19 CORRÈZEPdt Dr André CiganaDir. Isabelle SchillCentre hospitalierAncienne Entrée1, bd du Dr Verlhac19312 Brive-la-Gaillar<strong>de</strong> Ce<strong>de</strong>xTél. : 05.55.17.15.50Fax : 05.55.17.15.57Mél : co<strong>de</strong>s.19@wanadoo.fr21 CÔTE-D’ORPdt Dr Pierre Besse15, rue Jean XXIII21000 DijonTél. : 03.80.68.04.51Fax : 03.80.73.43.24Mél : co<strong>de</strong>s21@wanadoo.frwww.educationsante-bourgogne.org22 CÔTES D’ARMORPdt Anne Galand15 bis, rue <strong>de</strong>s capucinsBP 52122005 Saint-Brieuc Ce<strong>de</strong>x 1Tél. : 02.96.78.46.99Fax : 02.96.78.42.30Mél : co<strong>de</strong>s-armor@wanadoo.fr23 CREUSEPdt Dr Françoise Léon-DufourRési<strong>de</strong>nce du jardin public -Porche A127, avenue <strong>de</strong> la Sénatorerie23000 GuéretTél. : 05.55.52.36.82Fax : 05.55.52.75.48Mél : co<strong>de</strong>s23@wanadoo.fr24 DORDOGNEPdt Dr Josiane DereineDDASS48 bis, rue Paul-Louis Courier24016 Périgueux Ce<strong>de</strong>xTél. : 05.53.07.68.57Fax : 05.53.06.10.60Mél : co<strong>de</strong>s24@wanadoo.frwww.educationsante-aquitaine.fr25 DOUBSPdt André GrosperrinDir. Élisabeth Piquet4, rue <strong>de</strong> la Préfecture25000 BesançonTél. : 03.81.82.32.79Fax : 03.81.83.29.40Mél : co<strong>de</strong>s25@wanadoo.frwww.co<strong>de</strong>s25.org26 DRÔMEPdt Dr Luc GabrielleDir. <strong>La</strong>urent LizéDrôme Prévention Santé36 B, rue <strong>de</strong> Biberach26000 ValenceTél. : 04.75.78.49.00Fax : 04.75.78.49.05Mél : a<strong>de</strong>s26@free.fr27 EURES’adresser au CresHaute-Normandie28 EURE-ET-LOIRPdt Dr François MartinDir. Myriam NeullasCESEL – Hôtel Dieu34, rue du Dr MaunouryBP 3040728018 Chartres Ce<strong>de</strong>xTél. : 02.37.30.32.66Fax : 02.37.30.32.64Mél : cesel@cesel.org50 LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>


Carnet d’adresses29 FINISTÈREPdt Henri HénaffDir. Pascale Bargain9-11 rue <strong>de</strong> l’Ile d’Houat29000 QuimperTél. : 02.98.90.05.15Fax : 02.98.90.11.00Mél : co<strong>de</strong>s29@wanadoo.frwww.co<strong>de</strong>s29.org30 GARDPdt Christian Polge7, place <strong>de</strong> l’Oratoire30900 NîmesTél. : 04.66.21.10.11Fax : 04.66.21.69.38Mél : CDES30@wanadoo.fr31 HAUTE-GARONNES’adresser au CresMidi-Pyrénées32 GERSPdt Jean-Pierre ThibautDir. Pascale Femy80, rue Victor Hugo32000 AuchTél. : 05.62.05.47.59Fax : 05.62.61.25.91Mél. : co<strong>de</strong>s32@wanadoo.fr33 GIRONDES’adresser au Cres Aquitaine34 HÉRAULTPdt Dr Éric PerolatDir. René FortesRési<strong>de</strong>nce Don Bosco54, chemin <strong>de</strong> Moularès34000 MontpellierTél. : 04.67.64.07.28Fax : 04.67.15.07.40Mél : chesfraps@wanadoo.frwww.chesfraps.com35 ILLE-ET-VILAINEPdt Gérard GuingouainDir. Pascale Canis4A, rue du Bignon35000 RennesTél. : 02.99.67.10.50Fax : 02.99.22.81.92Mél : co<strong>de</strong>s.35@wanadoo.fr36 INDREPdt Francis MartinetDir. Séverine Dropsy73, rue Gran<strong>de</strong>36019 Chateauroux Ce<strong>de</strong>xTél. : 02.54.60.98.75Fax : 02.54.60.96.23Mél : co<strong>de</strong>s.36@wanadoo.fr38 ISÈREPdt Dr Pierre Dell’AccioDir. Jean-Philippe Lejard23, av. Albert 1er-<strong>de</strong>-Belgique38000 GrenobleTél. : 04.76.87.06.09Fax : 04.76.47.78.29Mél : a<strong>de</strong>ssigr@wanadoo.fr39 JURAPdt Pierre BenichouDir. Agnès Borgia35, avenue Jean-Moulin39000 Lons-le-SaunierTél. : 03.84.47.21.75Fax : 03.84.24.89.7340 LANDESPdt Clau<strong>de</strong> Desbor<strong>de</strong>sDir. Sylvie RamisHôpital Sainte-AnneBâtiment Ritournelle782, avenue <strong>de</strong> NonèresBP 1026240005 Mont-<strong>de</strong>-Marsan Ce<strong>de</strong>xTél. : 05.58.06.29.67Mél : contact@co<strong>de</strong>s40.org41 LOIR-ET-CHERPdt Gérard GouzouDir. Evelyne Gond34, avenue Maunoury41000 BloisTél. : 02.54.74.31.53Fax : 02.54.56.04.30Mél : a<strong>de</strong>s41@wanadoo.fr42 LOIREPdt Dr Gérard MathernDir. Mohamed Boussouar26, avenue <strong>de</strong> Verdun42000 Saint-ÉtienneTél. : 04.77.32.59.48Fax : 04.77.33.89.28Mél : direction@co<strong>de</strong>s42.orgwww.co<strong>de</strong>s42.org43 HAUTE-LOIREPdt Louis Teyssier8, rue <strong>de</strong>s Capucins43000 Le Puy-en-VelayTél. : 04.71.04.94.86Fax : 04.71.04.97.41Mél : co<strong>de</strong>s43@wanadoo.frwww.co<strong>de</strong>s43.fr44 LOIRE-ATLANTIQUES’adresser à l’Ireps Pays-<strong>de</strong>-la-LoirePôle Loire-AtlantiqueMél : ireps44@irepspdl.org45 LOIRETPdt Danièle Desclerc-DulacDir. Romain <strong>La</strong>niesseEspace Santé5, rue Jean-Hupeau45000 OrléansTél. : 02.38.54.50.96Fax : 02.38.54.58.23Mél : info@co<strong>de</strong>s45.orgwww.co<strong>de</strong>s45.org46 LOTPdt Christian MassalouxDir. Gilles Nouzies377, avenue du 7 e R. I.(2 e étage)46000 CahorsTél. : 05.65.22.64.77Fax : 05.65.22.64.50Mél : co<strong>de</strong>s46@wanadoo.frhttp://perso.wanadoo.fr/co<strong>de</strong>s.46/47 LOT-ET-GARONNEPdt Dr Stéphane HaryLieu dit « Toucaut »Route <strong>de</strong> Cahors47480 Pont-du-CasseTél. : 05.53.66.58.59Fax : 05.53.47.73.59Mél : co<strong>de</strong>s47@wanadoo.frwww.educationsante-aquitaine.fr48 LOZÈREPdt M.-C. Giraud-Jalabert1 bis, allée <strong>de</strong>s Soupirs48000 Men<strong>de</strong>Tél. : 04.66.65.33.50Fax : 04.66.49.26.77Mél : co<strong>de</strong>s48@wanadoo.fr49 MAINE-ET-LOIREIreps Pays-<strong>de</strong>-la-LoirePôle Maine-et-LoireDir. Jamy Pacaud15, rue <strong>de</strong> Jérusalem49100 AngersTél. : 02.41.05.06.49Fax : 02.41.05.06.45Mél : ireps49@irepspdl.orgwww.sante-pays-<strong>de</strong>-la-loire.com50 MANCHES’adresser au CresBasse-Normandie51 MARNEPdt Patrick BourlonDir. Anne PatrisPôle Dunant Éducation1, rue du docteur CalmetteBP 751016 Châlons-en-ChampagneTél. : 03.26.64.68.75Fax : 03.26.21.19.14Mél : co<strong>de</strong>s.51@wanadoo.frhttp://champagne-ar<strong>de</strong>nne.fnes.fr52 HAUTE-MARNEPdt Robert MerceyDir. Eva Bar<strong>de</strong>t5 bis, bd Thiers52000 ChaumontTél. : 03.25.32.63.28Mél : co<strong>de</strong>s.52@wanadoo.frhttp://champagne-ar<strong>de</strong>nne.fnes.fr53 MAYENNEIreps Pays-<strong>de</strong>-la-LoirePôle MayenneDir. Christel Fouache90, avenue Chanzy53000 <strong>La</strong>valTél : 02.43.53.46.73Fax : 02.43.49.20.72Mél : ireps53@irepspdl.org54 MEURTHE-ET-54 MEURTHE-ET-MOSELLES’adresser à l’Ireps Lorraine55 MEUSES’adresser à l’Ireps Lorraine56 MORBIHANPdt Marie-Odile BarbierZone tertiaire <strong>de</strong> KerfontaineRue Loïc Cara<strong>de</strong>c56400 PluneretTél. : 02.97.29.15.15Fax : 02.97.29.16.50Mél : co<strong>de</strong>s.56@wanadoo.fr57 MOSELLEIreps LorraineSite <strong>de</strong> MetzPdt Jeanne MeyerDir. Olivier Aromatario20, rue GambettaBP 3027357006 Metz Ce<strong>de</strong>x 1Tél. : 03.87.68.01.02Fax : 03.87.68.11.89Mél : co<strong>de</strong>s57@wanadoo.fr58 NIÈVRERési<strong>de</strong>nce Blaise-Pascal3 bis, rue <strong>La</strong>martine58000 NeversTél. : 03.86.59.35.19Fax : 03.86.61.57.18Mél : co<strong>de</strong>s58@wanadoo.fr59 NORDs’adresser à l’IrepsNord-Pas-<strong>de</strong>-Calais60 OISEPdt Alfred Lorriaux11, rue Jean-MonetParc d’activité « Le Chêne bleu »60000 BeauvaisTél. : 03.44.10.51.90Fax : 03.44.10.00.90Mél : oise@crespicardie.org61 ORNEPdt Pierre Chastrusse14, rue du Cygne61000 AlençonTél. : 02.33.82.77.70Fax : 02.33.82.77.71Mél : co<strong>de</strong>s61@wanadoo.fr62 PAS-DE-CALAISPdt Gérard PezéDir. Virginie Tintinger3, rue <strong>de</strong>s Agaches – BP 8050562008 Arras Ce<strong>de</strong>xTél. : 03.21.71.34.44Fax : 03.21.51.25.73Mél : c<strong>de</strong>s-62@nordnet.fr63 PUY-DE-DÔMEPdt Marie-Gentile GardiesDir. Jean-Philippe CognetEspace Guy Vigne30, rue Etienne-Dolet63000 Clermont-FerrandTél./Fax : 04.73.34.35.06Mél : co<strong>de</strong>s63@wanadoo.fr64 PYRÉNÉES-ATLANTIQUESPdt Jean-Clau<strong>de</strong> MaupasDir. Jeanine <strong>La</strong>rrousse15, allée <strong>La</strong>martine64000 PauTél. : 05.59.62.41.01Fax : 05.59.40.28.52Mél : contact.co<strong>de</strong>s64@orange.frwww.educationsante-aquitaine.fr65 HAUTES-PYRÉNÉESPdt Dr Bernard DupinDir. Claudine <strong>La</strong>metCPAM8, place au Bois65021 Tarbes Ce<strong>de</strong>x 9Tél. : 05.62.51.76.51Fax : 05.62.51.76.53Mél : co<strong>de</strong>s65@wanadoo.fr66 PYRÉNÉESORIENTALESPdt Dr Marie-José Raynal12, avenue <strong>de</strong> Pra<strong>de</strong>s66000 PerpignanTél. : 04.68.61.42.95Fax : 04 68.61.02.07Mél : co<strong>de</strong>s66.po@wanadoo.fr67 BAS-RHINs’adresser au Cres Alsace68 HAUT-RHINs’adresser au Cres Alsace69 RHÔNEPdt Dr Bruno DubessyDir. Sylvain Jerabek292, rue Vendôme69003 LyonTél. : 04.72.41.66.01Fax : 04.72.41.66.02Mél : info@a<strong>de</strong>sr.asso.frwww.a<strong>de</strong>sr.asso.fr70 HAUTE-SAÔNEPdt Alain CusenierDir. Michel Jassey4, cours François-Villon70000 VesoulTél. : 03.84.76.16.30Fax : 03.84.75.00.77Mél : CODES-70@wanadoo.fr71 SAÔNE-ET-LOIREPdt Jean-Clau<strong>de</strong> Guillemant17, place <strong>de</strong>s Tulipiers71000 MâconTél. : 03.85.39.42.75Fax : 03.85.39.37.10Mél : co<strong>de</strong>s71@wanadoo.fr72 SARTHEPdt Joël BaraultDir. <strong>La</strong>urence Dujardin92/94, rue Molière72000 Le MansTél. : 02.43.50.32.45Fax : 02.43.50.32.49Mél : co<strong>de</strong>s72@ahs-sarthe.asso.frwww.co<strong>de</strong>s72.fr73 SAVOIEPdt Gérard Vanzetto306, rue Jules Bocquin73000 ChambéryTél. : 04.79.69.43.46Fax : 04.79.62.10.22Mél : contact@sante-savoie.orgwww.sante-savoie.org74 HAUTE-SAVOIEPdt Marc RabetDir. Magali Chatelin14, avenue <strong>de</strong> Berthollet74000 AnnecyTél. : 04.50.45.20.74Fax : 04.50.45.34.49Mél : a<strong>de</strong>s74@voila.fr76 SEINE-MARITIMES’adresser au CresHaute-Normandie78 YVELINESPdt Jean-Pierre CouteronDir. Isabelle Grouas47, rue du Maréchal-Foch78000 VersaillesTél. 01.39.49.58.93Fax : 01.39.51.47.48Mél : CYES@wanadoo.frwww.cyes.info79 DEUX-SÈVRESPdt Philippe Gobert10 bis, avenue Bujault79000 NiortTél. : 05.49.28.30.25Fax : 05.49.24.93.66Mél : co<strong>de</strong>s79ayraud@aol.com80 SOMMEs’adresser à l’Ireps Picardie81 TARNPdt Fabien CatalaDir. Marie-<strong>La</strong>ure Manhes4, rue Justin-Alibert81000 AlbiTél. : 05.63.43.25.15Fax : 05.63.43.18.08Mél : co<strong>de</strong>s81@wanadoo.fr82 TARN-ET-GARONNEs’adresser au Cres Midi-Pyrénées83 VARPdt Dr Jacques <strong>La</strong>champDir. Christine Ma<strong>de</strong>cImmeuble le Verdon82, bd Léon-Bourgeois83000 Toulon St-Jean du VarTél. : 04.94.89.47.98Fax : 04.94.92.80.98Mél : co<strong>de</strong>s.var@wanadoo.fr84 VAUCLUSEPdt Dr Clau<strong>de</strong> SoutifDir. Alain Douiller13, rue <strong>de</strong> la Pépinière84000 AvignonTél. : 04.90.81.02.41Fax : 04.90.81.06.89Mél : co<strong>de</strong>s84@wanadoo.frwww.co<strong>de</strong>s84.fr85 VENDÉEIreps Pays-<strong>de</strong>-la-LoirePôle VendéeDir. Élise Guth-QuélennecMaison <strong>de</strong> la <strong>santé</strong>CHD Les OudairiesBd Stéphane Moreau85925 <strong>La</strong> Roche-sur-Yon Ce<strong>de</strong>x 9Tél. : 02.51.62.14.29Fax : 02.51.37.56.34Mél : ireps85@irepspdl.org86 VIENNES’adresser au CresPoitou-Charentes87 HAUTE-VIENNEPdt Evelyne Robert5, rue Monte à regret87000 LimogesTél. : 05.55.37.19.5788 VOSGESs’adresser à l’Ireps Lorraine89 YONNEPdt Sylvie Pitois56 bis, avenue Jean-Jaurès89000 AuxerresTél. : 03.86.18.83.83Fax : 03.86.51.49.89Mél : co<strong>de</strong>s89@orange.fr90 TERRITOIREDE BELFORTPdt Dr Albert PontesDir. Valérie Berton22, rue Gaston-Defferre90000 BelfortTél. et fax : 03.84.54.09.32Mél : co<strong>de</strong>s-90@wanadoo.fr91 ESSONNEPdt Didier HoeltgenDir. Clau<strong>de</strong> GiordanellaImmeuble Boréal5, place CopernicCourcouronnes91023 Evry Ce<strong>de</strong>xTél. : 01.60.79.46.46Fax : 01.60.79.55.27Mél : co<strong>de</strong>s91@orange.frwww.co<strong>de</strong>s91.org93 SEINE-SAINT-DENISPdt Antoine <strong>La</strong>zarusDir. <strong>La</strong>urent BauerUFR Mé<strong>de</strong>cine74, rue Marcel-Cachin93017 Bobigny Ce<strong>de</strong>xTél. et fax : 01.48.38.77.01Mél : co<strong>de</strong>s93@hotmail.comwww.co<strong>de</strong>s93.org95 VAL-D’OISEPdt Hussein MokhtariDir. Isabelle BeulaigneCODESS 952, avenue <strong>de</strong> la PaletteBP 1021595024 Cergy-Pontoise Ce<strong>de</strong>xTél. : 01.34.25.14.45Fax : 01.34.25.14.50Mél : co<strong>de</strong>ss@valdoise.frwww.co<strong>de</strong>s95.orgMAYOTTEPdt Ali AhmedcotesBâtiment du dispensaireDe M’tsarpéré97600 MamoudzouTél. et fax : 0.269.61.36.04SAINT-PIERREET MIQUELONPdt Dr Bour<strong>de</strong>louxDDASSRue Abbé Pierre-GervainBP 420097500 Saint-Pierre et MiquelonTél. : 0.508.21.93.23NOUVELLE-CALÉDONIEDir. Dr Bernard RouchonAgence sanitaire et sociale<strong>de</strong> la Nouvelle-Calédonie16, rue du Général GallieniBP P498851 Nouméa Ce<strong>de</strong>xTél. : 00.687.25.07.60Fax : 00.687.25.07.63Mél : bernard.rouchon@ass.ncPOLYNÉSIE FRANÇAISEDir. Dr R. WongfatRue <strong>de</strong>s Poilus-TahitiensBP 611 – Papeete98601 TahitiTél. : 00.689.42.30.30Fax : 00.689.43.00.74LA SANTÉ DE L’HOMME - N° 410 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE <strong>2010</strong>51


Et vous,vous bougez comment aujourd’hui ?Fac10 minCafé5 minBibliothèque6 minChez Julie9 minPhoto: Thomas MilletRéf. <strong>Inpes</strong> 125-41010-RBouger 30 minutes par jour, c’est facile.Plus d’infos sur www.mangerbouger.fr

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