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Journal de Saclay n°28 - CEA Saclay

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2 e TRIMESTRE 2005 > N°28Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>LE JOURNALDOSSIERTechnologie et santéLe centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>change <strong>de</strong> Direction et <strong>de</strong> Directeur p. 2Alchimer, greffeur <strong>de</strong> surfaces p. 20


ActualitésLE CENTRE <strong>CEA</strong> DE SACLAY CHANGE DE DIRECTIONLe centre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, qui dépendait, au sein du <strong>CEA</strong>, <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> l’énergie nucléaire (DEN)est désormais rattaché à la Direction <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matière (DSM). Directeur <strong>de</strong>s sciences<strong>de</strong> la matière <strong>de</strong>puis janvier <strong>de</strong>rnier, Yves Caristan prend maintenant également la direction ducentre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, où il succè<strong>de</strong> à Jean-Pierre Pervès.TROIS QUESTIONSÀ JEAN-PIERRE PERVÈSLes questions relatives à l’énergievous passionnent. Comment enanalysez-vous les évolutions ?Après une traversée du désert, saufdans quelques pays pauvres encombustibles fossiles, l’énergienucléaire s’impose commemaîtrisée, respectueuse <strong>de</strong> l’environnement,et plus que toute autre,sans effet sur le climat tout en étantdisponible quand on en a besoin.N’est-il pas remarquable que laSuisse, pourtant riche en hydroélectricité,vienne se joindre aux dixpays fondateurs pour développer laquatrième génération <strong>de</strong> réacteursélectrogènes ? Nombreux sont lesresponsables politiques qui, aujourd’hui, se préoccupentd’une relance du nucléaire dans leur pays. Les déchetsfont-ils encore peur ? Montrons ce que nous savons faire.Aucun autre résidu industriel n’a fait l’objet d’autantd’attention pour la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s générations futures.Concernant <strong>Saclay</strong>, <strong>de</strong>puis votre prise <strong>de</strong> fonction <strong>de</strong>Directeur, quels faits voudriez-vous mettre en exergue ?Le <strong>CEA</strong>/<strong>Saclay</strong> est un centre <strong>de</strong> recherche jeune,performant ! Je reste impressionné par son potentiel. J’aieu le plaisir d’organiser le 50 ème anniversaire du centre et <strong>de</strong>faire publier un livre d’historien* qui montre bien combience «melting pot» a pu accompagner et souvent précé<strong>de</strong>rl’évolution technologique <strong>de</strong> notre pays, comme l’avaientvoulu les créateurs du <strong>CEA</strong>.Je souligne aussi la publication <strong>de</strong> l’état radiologique <strong>de</strong>nos sites, travail commencé par mon prédécesseur, ElianeLoquet, publié en 2004, et la certification ISO 14 001 <strong>de</strong>l’essentiel <strong>de</strong> nos installations.Quelles évolutions vous semblent particulièrementporteuses d’avenir ?Je présente volontiers les investissements <strong>de</strong>puis 2000 :- pour les sciences du vivant : les nouvelles installations <strong>de</strong>biologie, le laboratoire haute sécurité biologique, lecyclotron d’Orsay et bientôt NeuroSpin,- pour les sciences <strong>de</strong> la matière : l’accélérateur IPHI, laplateforme laser femtosecon<strong>de</strong>, ARTEMIS (mesure du 14 C),les réalisations au CERN, dans les observatoiresastronomiques, au pôle Sud et dans l’espace,- pour la recherche technologique : la métrologie <strong>de</strong>sappareils <strong>de</strong> radiologie et radiothérapie, le pilotenano-poudres et bientôt Digiteo Labs,- pour l’énergie nucléaire : le laboratoire haute activitéPELECI, la station <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s effluents STELLA, lemicroscope interactif numérique et JANNUS.C’est la preuve du dynamisme <strong>de</strong> laboratoires soucieux <strong>de</strong>préserver les investissements malgré les contraintesbudgétaires. Cela traduit la confiance <strong>de</strong> nos partenairesfrançais et européens et particulièrement, fait récent, <strong>de</strong> larégion et du département, dont les contributions ont étédécisives. Mieux ouvrir le centre, faciliter la création <strong>de</strong>laboratoires mixtes, accueillir les industriels et mieux nousinsérer dans le milieu environnant doivent rester <strong>de</strong>s priorités.C’est pourquoi notre participation aux pôles <strong>de</strong> compétitivitéet un accès simplifié au centre pour nos partenaires etvisiteurs seront essentiels. Nous sommes sur le point d’yarriver, nous donnant ainsi les moyens <strong>de</strong> conforter lavocation internationale du <strong>CEA</strong>/<strong>Saclay</strong> !* «Au cœur <strong>de</strong> la matière, 50 ans <strong>de</strong> recherches au <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>»,V. Lefèbvre, Le Cherche Midi éditeur, octobre 2002, 215 pages.Jean-Pierre PervèsNé en 1939, Jean-Pierre Pervès est diplômé <strong>de</strong> l’Ecole nationalesupérieure <strong>de</strong>s arts et métiers et <strong>de</strong> l’Institut national<strong>de</strong>s sciences et techniques nucléaires. Il rejoint le <strong>CEA</strong> àGrenoble en 1966. Il sera ensuite, notamment, Directeuradjointdu centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> Cadarache, Directeur du centre <strong>CEA</strong><strong>de</strong> Fontenay-aux-Roses. Il prend sa retraite après cinq anspassés à la tête du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.2


ActualitésET DE DIRECTEUR : VISIBILITÉ ET CONTINUITÉTROIS QUESTIONSÀ YVES CARISTAN<strong>Saclay</strong> porte désormaisla bannière <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong>la matière, pourquoi cechangement ?Il s’agit <strong>de</strong> donner à nos interlocuteursune meilleure visibilité<strong>de</strong> la recherche fondamentalemenée au <strong>CEA</strong>. La plupart <strong>de</strong>scentres <strong>CEA</strong> sont pluridisciplinaires,cela étant, ils portent la couleurd’une Direction. La Direction <strong>de</strong>ssciences <strong>de</strong> la matière n’étaiti<strong>de</strong>ntifiée à aucun centre. <strong>Saclay</strong>est celui où elles se sont le plusdéveloppées, ce changementd’intitulé permet <strong>de</strong> mieux lemettre en évi<strong>de</strong>nce.Cela répond aussi à une évolution <strong>de</strong> la structuration <strong>de</strong>la recherche en France tenant compte <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité à forte i<strong>de</strong>ntité, <strong>de</strong>s universités, <strong>de</strong>s agences<strong>de</strong> recherche.Les interactions sont multiples entre la physique et l’énergienucléaire, les sciences du vivant et la technologie. <strong>Saclay</strong>doit être plus que jamais un foyer d’enrichissement mutuel<strong>de</strong>s différentes cultures et savoir-faire qui sont le fruit <strong>de</strong>son histoire et du travail <strong>de</strong> ses équipes.Ce changement <strong>de</strong> «drapeau» s’inscrit dans la continuité.Cela aura-t-il une influence sur le rôle du centre dansl’économie régionale ?<strong>Saclay</strong> joue pleinement son rôle dans le développementéconomique régional. Le <strong>CEA</strong> est très impliqué dans lacréation <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité, ou dans la création <strong>de</strong>start-up notamment. La DSM y contribue. Alchimer (p.19),par exemple, montre que la recherche fondamentale peutfournir la matière à <strong>de</strong>s applications. La valorisation <strong>de</strong> larecherche est importante, et notre action auprès <strong>de</strong>sdifférents acteurs, <strong>de</strong>s autorités politiques et administrativessera poursuivie.*Dapnia : Département d'astrophysique, <strong>de</strong> la physique <strong>de</strong>s particules,<strong>de</strong> la physique nucléaire et <strong>de</strong> l'instrumentation associée, rattaché à laDirection <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matière et fortement impliqué dans les gran<strong>de</strong>sexpériences <strong>de</strong> physique fondamentale du CERN à GenèveEst-ce que cela implique une inflexion dans les activitésdu centre ?Le pôle énergie nucléaire est historiquement présentà <strong>Saclay</strong> en terme <strong>de</strong> recherches amont. D’autre part,certaines installations nucléaires sont utilisées parles chercheurs fondamentaux. Nos activités dansle domaine <strong>de</strong> l’énergie nucléaire gar<strong>de</strong>ront touteleur place.La DSM a ses cœurs <strong>de</strong> métier à travers ses missions surles grands instruments. Elle dispose aussi d’un savoir-faireinégalé pouvant enrichir d’autres domaines. Ce sont parexemple les compétences <strong>de</strong>s équipes du Dapnia* quivont permettre <strong>de</strong> construire les aimants qui constituerontle cœur <strong>de</strong> NeuroSpin.Yves CaristanNé en 1951, ancien élève <strong>de</strong> l’Ecole normale supérieure <strong>de</strong> larue d’Ulm, Yves Caristan est titulaire d’un doctorat en sciences<strong>de</strong> la Terre, d’un Philosophical Doctorate en géophysique duMassachussets Institute of Technology et d’un doctorat d’Etaten physique.Entré au <strong>CEA</strong> en 1981, chef du Département d’analyses etsurveillance <strong>de</strong> l’environnement (Bruyères-le-Châtel) en1996, il prend, en 1999, la Direction générale du Bureau <strong>de</strong>recherches géologiques et minières. Il revient ensuite au <strong>CEA</strong>au titre <strong>de</strong> conseiller auprès <strong>de</strong> l’Administrateur général.Nommé Directeur <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matière le 1 er janvier2005, il est également, <strong>de</strong>puis le 1 er mai, Directeur du centre<strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.3


ÉditorialÉditeur<strong>CEA</strong> (Commissariatà l’énergie atomique)Centre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>91191 Gif-sur-Yvette Ce<strong>de</strong>xDirecteurYves CaristanDirecteur <strong>de</strong> la publicationYves BourlatRédacteur en chefChristophe PerrinRédactrice en chef adjointeSophie AstorgIconographieChantal FuseauConception graphiqueMazarine2, square Villaret <strong>de</strong> Joyeuse75017 ParisTél. : 01 58 05 49 25Crédits photos<strong>CEA</strong> / F. BenausseAlchimer – tous droits réservés<strong>CEA</strong>/ C BoulzeMarc Verhille / Mairie <strong>de</strong> ParisA.Cheron / IGR<strong>CEA</strong> / L. Godart<strong>CEA</strong> / C Fuseau<strong>CEA</strong> / D.R<strong>CEA</strong> / A. GoninCentre MEG/EEG Pitié-Salpêtrière<strong>CEA</strong> / D SarrauteP Chagnon / BSIP-<strong>CEA</strong><strong>CEA</strong>/ SGF-EvryAgence d’architectureClau<strong>de</strong> VasconiANVAR / Studio PonsN° ISSN 1276-2776Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>Droits <strong>de</strong> reproduction,texte et illustrationsréservés pour tous paysPhotos <strong>de</strong> couverture :En haut à gauche : analyse par spectrométrie <strong>de</strong> masse d’une coupe <strong>de</strong>cerveau <strong>de</strong> rat, en haut à droite : biopuce,en bas à gauche : dosimètre étalon pour la curiethérapieet en bas à droite : vue d’un stent implanté dans une artère.Sommaire n° 20Changement <strong>de</strong> Direction,changement <strong>de</strong> Directeur . . . . . . . page 2Dossier : technologie et santéÉditorial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4Comprendre les pathologies . . . . . page 5Diagnostiquer et suivre . . . . . . . . . . . . . .les traitements. . . . . . . . . . . . . . . . page 8Cibler les interventions . . . . . . . . page 12Adapter les traitements . . . . . . . . page 15Alchimer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 19Brèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 20TECHNOLOGIE ET SANTÉPrésentes au <strong>CEA</strong><strong>de</strong>puis ses origines,les sciences du vivants’articulent autour <strong>de</strong><strong>de</strong>ux axes majeurs :évaluer l’impact <strong>de</strong>sactivités nucléaires surl’environnement et la santéet utiliser les technologies généréespar le nucléaire pour appréhen<strong>de</strong>r lesphénomènes biologiques dans toute leurcomplexité. L’apparition d’outils d’analyseà haut débit, les contributions croisées<strong>de</strong> plusieurs champs disciplinairesmodifient aujourd’hui profondément larecherche en sciences du vivant quiévoluent vers les technologies pour lasanté. Les enjeux sous-jacents sontmultiples : poser un diagnostic <strong>de</strong> plusen plus fin et précoce, cibler précisémentles interventions vers les organes outissus atteints, suivre et adapter lestraitements <strong>de</strong> manière personnalisée,suppléer aux fonctions altérées ouperdues ou encore adapter les soins à lapersonne et à son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie.Ce numéro du <strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> décrit lescompétences et projets du <strong>CEA</strong> <strong>Saclay</strong>dans le domaine <strong>de</strong>s technologies pour lasanté. Il présente l’apport <strong>de</strong>s biopuces,<strong>de</strong> la spectrométrie <strong>de</strong> masse ou encore<strong>de</strong> l’imagerie pour le diagnostic et le suivithérapeutique ; les perspectives offertespar l’imagerie moléculaire et l’ingénierie<strong>de</strong>s protéines pour la mise en œuvre <strong>de</strong>nouveaux traitements ou encore les potentialités<strong>de</strong> la métrologie <strong>de</strong>s rayonnementset <strong>de</strong> la robotique pour la radiothérapie etl’assistance au geste chirurgical. Lesapports <strong>de</strong> l’imagerie (NeuroSpin) ferontl’objet d’un prochain numéro. Les actionsengagées concourent à intégrer les savoirset techniques <strong>de</strong> la recherche la plusfondamentale aux aspects technologiquesles plus finalisés, pour conduire à <strong>de</strong>savancées importantes dans le domaine<strong>de</strong>s technologies pour la santé.Connaissance <strong>de</strong>s besoins, valeur ajoutée,applications attendues, brevets existantssont autant <strong>de</strong> points que nous examinonspour porter une technologie du niveaulaboratoire jusqu’au sta<strong>de</strong> industriel.Professeur André Syrota,Directeur <strong>de</strong>s sciences du vivantNeuroSpin, un grand instrument pour les neurosciencesRepousser à l'extrême les limites actuelles <strong>de</strong> l'imagerie cérébrale parl’IRM à très haut champ magnétique, tel est l'objectif du projetNeuroSpin. Ce centre <strong>de</strong> neuro-imagerie sera opérationnel à partir <strong>de</strong>2007 et disposera d’équipements <strong>de</strong> performances inégalées aumon<strong>de</strong>. Ce projet associe les neurobiologistes du SHFJ et les physiciens<strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matière qui maîtrisent lesaimants supraconducteurs <strong>de</strong>s accélérateurs <strong>de</strong> particules et lesNEURO-SPINchamps haute fréquence. L’IRM <strong>de</strong>stinée à l’étu<strong>de</strong> du cerveau humainopérera sous un champ magnétique <strong>de</strong> 11,7 teslas, à comparer avecles 3 teslas <strong>de</strong>s IRM <strong>de</strong> recherche actuelles. La résolution passera ainsi<strong>de</strong> quelques millions <strong>de</strong> neurones à quelques milliers <strong>de</strong> neurones, uneéchelle bien plus représentative du fonctionnement cérébral.Les arches <strong>de</strong>ssinées par l’architecte Clau<strong>de</strong> Vasconi abriteront les cinqmachines d’IRM <strong>de</strong> NeuroSpin, plus précisément les aimants <strong>de</strong> formecylindrique. Sous l’habillage <strong>de</strong>s ondulations, les locaux où serontintroduits les aimants prennent la forme <strong>de</strong> cylindres couchés pour nepas perturber l’homogénéité du champ magnétique. Les arches neseront visibles que <strong>de</strong> l’intérieur du centre. NeuroSpin se situera le long<strong>de</strong> la route nationale 306 dans la partie Sud-est du centre <strong>CEA</strong>, sur leterritoire <strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> Saint-Aubin.


COMMENT LES PROTÉINESSE LIENT-ELLES À L’ADN ?COMPRENDRE LES PATHOLOGIESLes biopuces, issues <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> la microélectronique, et l’imagerie par résonance magnétique,héritière <strong>de</strong> la résonance magnétique nucléaire, se sont imposées à la biologie fondamentale et à larecherche médicale pour analyser les mécanismes <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> la cellule ou les désordres induitspar les maladies au cœur <strong>de</strong>s cellules.Face aux agressions extérieures, le vivant a développétrès tôt au cours <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> préservation.Suivant un scénario classique, la cellule soumise àun rayonnement ou à un stress chimique ne se diviseplus ; avant <strong>de</strong> recommencer à se diviser, elle répare lesdommages infligés à son ADN 1 et adapte la transcription<strong>de</strong> ses gènes, c’est-à-dire la production d’aci<strong>de</strong> ribonucléique(ARN) à partir <strong>de</strong> l’ADN <strong>de</strong> ses gènes. Tous lesmécanismes <strong>de</strong> transcription, <strong>de</strong> réparation ou <strong>de</strong> réplication<strong>de</strong> l’ADN mettent en jeu <strong>de</strong>s protéines qui ont la particularité<strong>de</strong> se lier à l’ADN. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces mécanismes estconsidérablement simplifiée sur la levure, un organismeunicellulaire qui partage avec l’homme ou la souris unhéritage génétique important, en matière <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>l’ADN notamment.Des protéines liées à l’ADNEn collaboration avec le Service <strong>de</strong> génomique fonctionnelled’Evry (rattaché au centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> Fontenay-aux-Roses), une équipe du Département <strong>de</strong> biologie Joliot-Curie <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> a développé un outil original d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>ces mécanismes chez la levure. Baptisé ChIP-on-chip 2 ,cet outil permet d’analyser grâce à une biopuce (voir p.17)les fragments d’ADN auxquels se sont liées in vivo lesprotéines.Les chercheurs se sont d’abord intéressés à la transcription.Ils ont montré qu’un stress ou une carence empêchela liaison d’une protéine spécialisée (appelée facteur <strong>de</strong>transcription) aux gènes à l’origine <strong>de</strong>s protéines du ribosome,c’est-à-dire <strong>de</strong>s « usines » où sont fabriquées lesprotéines à l’intérieur <strong>de</strong> la cellule. Dans ce cas, l’activitécellulaire se trouve ralentie.La transcription apparaît <strong>de</strong> la sorte comme unmécanisme hautement régulé qui permet à la cellule<strong>de</strong> synthétiser les produits dont elle a besoin pour sedévelopper et s’adapter à son environnement. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>la réparation ou <strong>de</strong> la réplication <strong>de</strong> l’ADN <strong>de</strong>vrait suivreprochainement…Contact : sbgmwerner@dsvidf.cea.frTechnologie et santé> Comprendre les pathologies1 ADN : aci<strong>de</strong> désoxyribonucléique.2 ChIP-on-chip : immunoprécipitation <strong>de</strong> la chromatine sur biopuce. Ceprocédé permet <strong>de</strong> purifier les protéines et l’ADN qui leur est associé àl’ai<strong>de</strong> d’anticorps spécifiques.11La levure <strong>de</strong> boulangerie S. cerevisiae est, <strong>de</strong>puis Pasteur, unmodèle inégalé pour étudier les génomes et le fonctionnement<strong>de</strong> la cellule chez les organismes supérieurs.5


Technologie et santéEXPLORERLA BIOCHIMIE DU CERVEAUParmi les nombreuses applications <strong>de</strong> la résonancemagnétique nucléaire (voir p.18) développées au SHFJ 1 àOrsay, la spectroscopie explore la biochimie du cerveau.Réservée aujourd’hui à la recherche, elle consiste à doserles principales substances présentes naturellement dansle cerveau (<strong>de</strong>s métabolites), en pratique les quinze plusconcentrées. Certaines d’entre elles sont spécifiques <strong>de</strong>sneurones ou <strong>de</strong>s astrocytes 2 et peuvent tenir lieu <strong>de</strong>marqueurs <strong>de</strong> ces cellules. D’autres comme le glutamatesont <strong>de</strong>s neurotransmetteurs qui participent à la transmission<strong>de</strong> l’influx nerveux.Comment le signal <strong>de</strong> RMN, issu <strong>de</strong>s noyaux d’hydrogène,permet-il <strong>de</strong> mesurer les concentrations <strong>de</strong>s métabolites ?Ce signal riche en informations (appelé spectre) estcomposé <strong>de</strong> pics dont les positions relatives sont reliées àla position <strong>de</strong> l’hydrogène dans la molécule à i<strong>de</strong>ntifier et àdoser. Le chercheur dispose ainsi <strong>de</strong> véritables signatures<strong>de</strong>s molécules qui l’intéressent et peut doser ces moléculesà l’intérieur d’un volume <strong>de</strong> quelques cm 3 . Cette analyseouvre la voie à une compréhension affinée et à <strong>de</strong>sdiagnostics précoces <strong>de</strong>s maladies neurodégénératives.1Vers une imagerie spectroscopiqueUn champ d’investigations choisi par le SHFJ est la maladie<strong>de</strong> Huntington pour laquelle il existe un modèle animal. Enparallèle, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sont initiées sur <strong>de</strong>s patients, mêmes’il est encore difficile d’expérimenter sur l’homme directementcar l’examen, comme sa préparation, sont très longset <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt une immobilité parfaite. Il faut notammentmesurer avec une extrême précision l’intensité du champZoomTracer le métabolisme <strong>de</strong> la cellulePlutôt que d’exploiter le signal issu <strong>de</strong>s noyaux d’hydrogène, il est possibled’utiliser le signal issu d’un isotope (non radioactif) du carbone ( 13 C), c’est-àdireune variété <strong>de</strong> carbone un peu plus lour<strong>de</strong> et beaucoup plus rare quel’espèce la plus répandue ( 12 C). En injectant au patient <strong>de</strong>s molécules biologiques(comme le glucose) dans lesquelles on a remplacé les atomes <strong>de</strong> 12 Cpar <strong>de</strong>s 13 C, il est possible <strong>de</strong> suivre pas à pas les transformations chimiques<strong>de</strong>s molécules <strong>de</strong> glucose et ainsi d’analyser avec un raffinement inégalé lemétabolisme <strong>de</strong>s cellules neuronales. Cette technique originale ne manquerapas <strong>de</strong> fécon<strong>de</strong>r la recherche sur les maladies neurodégénératives.Ci-<strong>de</strong>ssous : la présence <strong>de</strong> 13 C sur les sites <strong>de</strong>s 4 ème et 3 ème atomes <strong>de</strong> carbone<strong>de</strong> la molécule <strong>de</strong> glutamate est détectée par RMN dans le cerveau d’unrongeur au cours d’une perfusion <strong>de</strong> glucose marqué au 13 C. Ces mesuresren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong> la vitesse d’incorporation du glucose sanguin dans leglutamate cérébral.magnétique et le « réhomogénéiser » suivant une procédurecomplexe, car celui-ci est perturbé par la présence <strong>de</strong>l’objet à mesurer. Il faut également mettre en œuvre unetechnique <strong>de</strong> « brouillage » pour éliminer le signal parasiteénorme dû aux atomes d’hydrogène <strong>de</strong>s molécules d’eau.Avec le projet NeuroSpin (voir p.4), les données duproblème vont changer : la durée <strong>de</strong> l’examen sera diviséepar seize et il sera possible <strong>de</strong> multiplier les mesuresau cours d’un examen. Les chercheurs pourront établir<strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> concentration <strong>de</strong> métabolites avec unerésolution voisine <strong>de</strong> quelques mm 3 , comparable à celle<strong>de</strong>s premières caméras TEP 3 . Ce sera l’avènement <strong>de</strong>l’imagerie spectroscopique.Contact : lebon@shfj.cea.fr1 SHFJ : Service hospitalier Frédéric Joliot (Département <strong>de</strong> la recherchemédicale <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s sciences du vivant du <strong>CEA</strong>)2 Astrocyte : cellule <strong>de</strong> la substance grise <strong>de</strong>s systèmes nerveux diteaussi cellule en araignée parce qu’elle possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s ramifications trèsnombreuses et rayonnantes.3 TEP : la tomographie par émission <strong>de</strong> positons consiste à détecter <strong>de</strong>manière externe un produit radioactif préalablement injecté au patient.1 Spectre RMN obtenu dans un cerveau <strong>de</strong> primate : une dizaine <strong>de</strong> métabolitescérébraux peuvent être i<strong>de</strong>ntifiés et dosés à partir <strong>de</strong> ce résultat.6


DÉCUPLER LA SENSIBILITÉDE LA RÉSONANCE MAGNÉTIQUEL’imagerie par résonance magnétique (IRM) s’est développéeà partir <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong>s physiciens en résonancemagnétique nucléaire (RMN), une technique d’analysechimique particulièrement bien adaptée à l’étu<strong>de</strong> structurale<strong>de</strong>s protéines. A la suite d’Anatole Abragam, lesphysiciens du DRECAM 1 font progresser cette technique.Pour améliorer sa sensibilité, on peut augmenter l’intensitédu champ magnétique : c’est la voie choisie dans le projetNeuroSpin. Une voie alternative explorée au DRECAMconsiste à exploiter la sensibilité du signal <strong>de</strong> RMN à unepropriété physique <strong>de</strong>s atomes sondés appelée polarisation2 . L’idée consiste à préparer les atomes dans un étattransitoire <strong>de</strong> polarisation élevée. Les meilleurs candidatssont le xénon et l’hélium. Le dispositif expérimental duDRECAM (voir photo 1) permet <strong>de</strong> multiplier la polarisationdu xénon par 25 000 par rapport à sa valeur dans les plushauts champs magnétiques accessibles et <strong>de</strong> conservercette hyperpolarisation pendant quelques heures. Lasensibilité <strong>de</strong> la mesure <strong>de</strong> RMN est alors améliorée dansle même rapport.Un traceur non radioactif ultrasensibleLe xénon peut servir <strong>de</strong> marqueur à une moléculebiologique (vecteur) se liant <strong>de</strong> manière spécifique à unrécepteur spécialisé. Pour cela, il peut être emprisonné àl’intérieur d’une molécule-cage ou <strong>de</strong> nanomatériaux«fonctionnalisés». Le vecteur, lié chimiquement à la cage,la «remorque» dans l’organisme jusqu’à sa <strong>de</strong>stination, lerécepteur. Cette technique très sensible permettra undiagnostic précoce <strong>de</strong> pathologies. Le xénon polarisédémultipliera les applications <strong>de</strong> l’IRM tout en décuplantsa sensibilité.Contact : pberthault@cea.frLe saviez-vous ?Respirer <strong>de</strong> l’hélium polariséL’hélium polarisé peut être utilisé pour renforcer le contrasted’une IRM pulmonaire. Dans ce cas, l’hélium est inhalé parle patient.Technologie et santé> Comprendre les pathologiesNé en Russie en 1914, Anatole Abragam a effectuétoute sa carrière au <strong>CEA</strong> à <strong>Saclay</strong>. Il a fait œuvre <strong>de</strong>pionnier dans le domaine <strong>de</strong> la résonance magnétiquenucléaire. Il est actuellement Professeur honoraire auCollège <strong>de</strong> France, après avoir été titulaire <strong>de</strong> la chaire<strong>de</strong> magnétisme nucléaire pendant 25 ans, et <strong>de</strong>puis1973, il est membre <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong>s Sciences.Ci-contre : Anatole Abragam en 2002.21 Département <strong>de</strong> recherche sur l’état con<strong>de</strong>nsé, les atomes et les molécules(Direction <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matière).2 Polarisation : propriété <strong>de</strong>s noyaux atomiques <strong>de</strong> présenter une orientationprivilégiée <strong>de</strong> leur spin (ou « moment » <strong>de</strong> rotation propre).112Pour préparer du xénon polarisé, il faut utiliser un laser et un mélange gazeuxcomposé <strong>de</strong> rubidium et <strong>de</strong> xénon. Le laser apporte <strong>de</strong> l’énergie sélectivementaux atomes <strong>de</strong> rubidium. Par collisions dans le gaz, les perturbations induites surles électrons du rubidium sont transférées aux noyaux atomiques <strong>de</strong> xénon. Ellesont pour effet d’augmenter la polarisation du xénon.L’atome <strong>de</strong> xénon (orange) est encapsulé à l’intérieur d’une molécule-cage surlaquelle peut être greffée une molécule biologique qui assure le transportjusqu’au site à étudier.7


Technologie et santéDIAGNOSTIQUER ET SUIVRE LES TRAITEMENTSLa spectrométrie <strong>de</strong> masse, la magnéto-résistance géante à l’œuvre dans les disques durs <strong>de</strong>sordinateurs ou la tomographie par émission <strong>de</strong> positons sont autant <strong>de</strong> techniques clés pour élaborer<strong>de</strong> nouveaux outils pour le diagnostic et le suivi <strong>de</strong> traitements.DÉCOUVRIR DE NOUVEAUXBIOMARQUEURSCertaines molécules présentes dans le sang, les urines oules cellules peuvent être associées sans équivoque à unétat pathologique. Ces biomarqueurs sont recherchés etdosés pour établir un diagnostic, suivre l’efficacité d’untraitement ou développer <strong>de</strong> nouveaux médicaments. EricEzan, responsable du Laboratoire d’étu<strong>de</strong>s du métabolisme<strong>de</strong>s médicaments au Service <strong>de</strong> pharmacologie etd’immunologie (SPI), évoque la contribution <strong>de</strong> son laboratoiredans ce domaine.pour confirmer un diagnostic ou évaluer un traitement etpar l’industrie pharmaceutique pour optimiser le développement<strong>de</strong> nouveaux médicaments.JdS : Pourquoi votre service s’intéresse-t-il aux biomarqueurs?E.E. : Le SPI maîtrise une technique <strong>de</strong> dosage <strong>de</strong> biomarqueurstrès sensible : l’«immunoanalyse», qui associeenzymes et anticorps. A l’actif du SPI, on recense plus <strong>de</strong>200 « kits » d’analyse commercialisés par Spi-Bio, uneex-filiale du <strong>CEA</strong> appartenant à Bertin, dont le produitphare est un marqueur d’efficacité du traitement contrel’hypertension développé au laboratoire. Sans oublier letest <strong>de</strong> dépistage <strong>de</strong> l’encéphalite spongiforme bovine leplus performant au mon<strong>de</strong> (transféré à la société Biorad).1<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : Pourquoiles biomarqueurs connaissentilsun regain d’intérêt ?Eric Ezan : Connus <strong>de</strong>puis près<strong>de</strong> 30 ans, ils bénéficient aujourd’hui<strong>de</strong>s progrès technologiquesapportés par les biopuceset la bioinformatique quiEric Ezanautorisent <strong>de</strong>s analyses à gran<strong>de</strong>échelle. Il <strong>de</strong>vient possible <strong>de</strong> recenser systématiquementles perturbations induites par une maladie, un médicamentou un polluant, au niveau <strong>de</strong>s gènes, <strong>de</strong>s protéinesou <strong>de</strong>s métabolites 1 . Il faut ensuite croiser les résultatsobtenus pour définir <strong>de</strong>s biomarqueurs rigoureusementspécifiques. Ces données sont attendues par les mé<strong>de</strong>cinsJdS : En quoi consistent vos travaux ?E.E. : Nous recherchons <strong>de</strong>s biomarqueurs dans les métabolitesprésents dans les flui<strong>de</strong>s biologiques. Pour unéchantillon, nous analysons par spectrométrie <strong>de</strong> masse(voir p.18) un millier <strong>de</strong> composés. Une fois le marqueuri<strong>de</strong>ntifié, il reste à développer le kit d’immunoanalysecorrespondant. Cette démarche intéresse la recherchemédicale autant que la toxicologie ou la pharmacologie,ce qui explique la variété <strong>de</strong>s biomarqueurs en développementau SPI : mucoviscidose, toxicité <strong>de</strong>s médicaments28


au niveau du foie, présence d’uranium ou <strong>de</strong> cadmium, etc.Nous répondons à <strong>de</strong> nombreuses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> laboratoirespharmaceutiques concernant <strong>de</strong>s biomarqueurs<strong>de</strong> toxicité et d’efficacité pour <strong>de</strong>s médicaments en coursDÉMULTIPLIER LES POTENTIALITÉSDE LA SPECTROMÉTRIE DE MASSEAprès le décryptage du génome, le domaine d’investigationsur le vivant ne cesse <strong>de</strong> s’accroître. Pour déco<strong>de</strong>rles interactions biochimiques, les biologistes analysentprotéines, métabolites ou complexes protéiques 2 .Technique reine <strong>de</strong> l’analyse chimique, la spectrométrie <strong>de</strong>masse (voir p.18) produit un volume phénoménal <strong>de</strong>données, souvent difficiles à exploiter avec les logicielsfournis avec les appareils.Les protéines sont décomposées dans l’appareil enfragments qui doivent être reconnus comme la signatured’une molécule unique. Cette reconstitution <strong>de</strong>vientdélicate au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 3 ou 4 protéines présentes ensemble.Le problème se corse encore dans le cas <strong>de</strong>s complexesprotéiques où les liaisons entre protéines ont été remplacéespar une molécule « pont ».<strong>de</strong> développement. L’objectif est <strong>de</strong> sécuriser au maximumles tests cliniques. Toujours dans cette optique, nouscherchons à établir <strong>de</strong>s comparaisons entre la toxicité <strong>de</strong>smédicaments chez l’animal et chez l’homme.Contact : ezan@dsvidf.cea.frZoomLe projet COMPUTISAvec l’Institut <strong>de</strong> chimie <strong>de</strong>s substances naturelles <strong>de</strong>Gif/Yvette (CNRS) et cinq autres partenaires européens,le LIST/DETECS a proposé un projet européen «ciblé»,COMPUTIS, qui vient d’être accepté. Ce projet vise àdévelopper <strong>de</strong>s techniques d’imagerie moléculaire parspectrométrie <strong>de</strong> masse, pour étudier les fonctions <strong>de</strong>sgènes, <strong>de</strong>s protéines et <strong>de</strong>s métabolites et développer <strong>de</strong>nouveaux diagnostics pour <strong>de</strong>s maladies neurodégénérativesou <strong>de</strong>s cancers, etc. (Voir p.18 : analyses chimiques parspectrométrie <strong>de</strong> masse)Technologie et santé> Diagnostiquer et suivre les traitementsDes spectres gamma aux spectres <strong>de</strong> masseAu LIST/DETECS 3 , <strong>de</strong>s physiciens experts en analysenumérique appliquée à la spectrométrie gamma 4 peuventapporter <strong>de</strong>s solutions logicielles innovantes aux problèmesposés par les biologistes. Des collaborations ont éténouées avec <strong>de</strong>s laboratoires en pointe en spectrométrie<strong>de</strong> masse (comme le SPI, voir p.8) qui confient auxphysiciens leurs données numériques. A charge auxchercheurs du DETECS <strong>de</strong> mettre au point une « plateforme» logicielle, souple d’utilisation et compatible avectous les modèles <strong>de</strong> spectromètres.Contact : olivier.gal@cea.fr1 Métabolites : molécules transformées par le métabolisme <strong>de</strong> la cellule.2 Complexe protéique : association <strong>de</strong> protéines faiblement liées.3 LIST/DETECS : Laboratoire d’intégration <strong>de</strong>s systèmes et <strong>de</strong>stechnologies/Département <strong>de</strong>s technologies du capteur et du signal.4 Spectrométrie gamma : elle consiste à acquérir <strong>de</strong>s spectres énergétiques<strong>de</strong> rayonnement gamma, composés <strong>de</strong> « pics » à <strong>de</strong>s énergiescaractéristiques <strong>de</strong> l’élément radioactif émetteur.Sodium Potassium PhosphocholineCholesterol Phospholipi<strong>de</strong>s Total ion31 Test <strong>de</strong> l’ESB. La sensibilité <strong>de</strong>s tests d’immunoanalysepermettrait <strong>de</strong> mesurer la teneur en aspirine <strong>de</strong> l’eau d’unepiscine olympique, dans laquelle on aurait dissous un cachet.2 Le SPI est expert en dosages immuno-enzymatiques qui ont <strong>de</strong>multiples applications : évaluation <strong>de</strong> l’observance du traitementcontre l’hypertension, test <strong>de</strong> dépistage <strong>de</strong> l’encéphalopathiespongiforme bovine (ESB) ou détection <strong>de</strong> traces <strong>de</strong> cadmium.3 Imagerie moléculaire par spectrométrie <strong>de</strong> masse d’une coupe<strong>de</strong> cerveau <strong>de</strong> rongeur. Chaque image correspond à unesubstance détectée.9


Technologie et santé1DES CAPTEURS MAGNÉTIQUESPOUR LE CŒUR ET LE CERVEAUApparue bien avant l’IRM fonctionnelle, la magnétoencéphalographie(MEG) a longtemps été la seuletechnique non invasive d’exploration <strong>de</strong>s fonctions cérébrales.Elle mesure les signaux magnétiques ténus induitspar les courants électriques parcourant le cerveau. Lesdifficultés <strong>de</strong> mise en œuvre ont limité la diffusion <strong>de</strong> cettetechnique, disponible notamment à Paris, à l’hôpital <strong>de</strong>la Salpêtrière, et à Marseille. Elle reste cependantirremplaçable pour certaines étu<strong>de</strong>s, l’épilepsie en particulier.A sa suite, la magnéto-cardiographie (MCG), appliquéeaux signaux magnétiques du cœur, a commencé à sedévelopper <strong>de</strong>puis trois ans, lorsque <strong>de</strong>s progrès techniquesont rendu l’appareil transportable. Comparée à l’électrocardiographie(ECG), la MCG présente l’avantage d’unemesure sans contact, idéale pour les soins aux grandsbrûlés, souvent menacés d’un arrêt cardiaque, et pourl’examen <strong>de</strong>s fœtus dès lors que leur peau se recouvre d’unesubstance isolante incompatible avec une ECG. Par ailleurs,la MCG réalise une cartographie qui décèle certainesanomalies invisibles en ECG. Pour cesmarchés d’imagerie médicale, un laboratoiredu DRECAM imagine et fabrique <strong>de</strong>scapteurs innovants, fondés sur <strong>de</strong>s résultatsfondamentaux <strong>de</strong> trèshaut niveau.2Le saviez-vous ?Le magnétisme du cœur et du cerveauLes courants électriques qui comman<strong>de</strong>nt les mouvements du musclecardiaque induisent <strong>de</strong>s signaux <strong>de</strong> l’ordre d’un dix-millionième du champmagnétique terrestre. Les signaux magnétiques produits par l’activitécérébrale sont encore mille fois plus ténus.Fondamental et appliquéL’équipe <strong>de</strong> chercheurs a conçu et développe un détecteurqui d’ores et déjà satisfait le besoin <strong>de</strong> la MCG, et pourraitdétrôner <strong>de</strong>main les capteurs utilisés pour la MEG, refroidisà l’hélium liqui<strong>de</strong> (-269°C). Le dispositif associe un capteurà magnéto-résistance géante à une boucle supraconductricequi amplifie en amont le signal magnétique àmesurer. L’ensemble est refroidi à la température bienmoins contraignante <strong>de</strong> l’azote liqui<strong>de</strong> (-196°C). Leschercheurs ont pris contact avec <strong>de</strong>s PME du plateau <strong>de</strong><strong>Saclay</strong> pour construire un prototype <strong>de</strong> MCG. En parallèle,le logiciel <strong>de</strong> l’imageur pourrait être développé encollaboration avec un industriel finlandais lea<strong>de</strong>r dans ledomaine <strong>de</strong> la MEG (Neuromag).Suivant un subtil va-et-vient entre recherches fondamentaleet appliquée, ce capteur <strong>de</strong> nouvelle génération pourraitfécon<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> magnétisme sur un atomeunique : il pourrait son<strong>de</strong>r un état quantique <strong>de</strong> l’atomesans le perturber…Contact : mpannetier@cea.fr12Le laboratoire du DRECAM dispose sur place <strong>de</strong>s équipementsnécessaires à la fabrication <strong>de</strong> capteurs prototypes.Un appareil <strong>de</strong> magnéto-encéphalographie compte près <strong>de</strong>600 capteurs magnétiques ultrasensibles, refroidis à la température<strong>de</strong> l’hélium liqui<strong>de</strong>, et doit être isolé <strong>de</strong>s signaux parasitesextérieurs dans une chambre blindée. Ces examens <strong>de</strong> MEG sontréservés à <strong>de</strong>s pathologies particulières comme l’épilepsie.


QUELLE PLACE POUR LA TEPEN CLINIQUE ?A mi-chemin entre la recherche médicale et la clinique, larecherche clinique vise à optimiser les protocoles <strong>de</strong>soins, ces règles qui gui<strong>de</strong>nt les praticiens et qui, en raison<strong>de</strong> leur complexité, font penser à <strong>de</strong>s algorithmes. LeDocteur Carmen Tamas, <strong>de</strong> l’Unité <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine nucléaireet recherche clinique du SHFJ (13 personnes), nous parle<strong>de</strong> son métier.<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : En quoiconsiste votre travail ?Carmen Tamas : Nous recevonsquotidiennement entre 12 et15 patients pour <strong>de</strong>s scintigraphiesosseuses, cardiaques,thyroïdiennes, rénales, cérébralesou pulmonaires, prescrites parCarmen Tamasles hôpitaux ou <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<strong>de</strong>s environs. Le reste du temps est consacré à <strong>de</strong>sexamens TEP (tomographie par émission <strong>de</strong> positons) enoncologie (cancérologie), dans <strong>de</strong>s cas ciblés où l’IRM etle scanner X sont mis en défaut. L’objectif est d’évaluer lebénéfice éventuel <strong>de</strong> la TEP dans certaines situationscliniques.nombreux cancers. En particulier nous avons validé sonutilisation pour les récidives du cancer <strong>de</strong> l’ovaire, pour lescancers pulmonaires <strong>de</strong> patients souffrant d’insuffisancerespiratoire, pour les mélanomes (cancers <strong>de</strong> la peau) à unsta<strong>de</strong> avancé. L’enjeu est <strong>de</strong> choisir sans perte <strong>de</strong> tempsle traitement le plus efficace.JdS : Quelles sont les perspectives ?C.T. : Nous allons nous concentrer sur l’évaluationprécoce <strong>de</strong> chimiothérapies (après un cycle <strong>de</strong> traitement)dans le cancer du sein et aussi en fin <strong>de</strong> traitement (engénéral après 6 cycles), quand le scanner X ou l’IRM estdouteux quant à une éventuelle rémission. Un autre axe <strong>de</strong>recherche consiste à explorer d’autres molécules que leFDG pour détecter certaines tumeurs hépatiques oucérébrales qui ne captent ce traceur que faiblement.Contact : tamas@shfj.cea.fr1 FDG : fluoro<strong>de</strong>soxyglucose (une molécule proche du glucose) marquéau fluor 18 radioactif. Cette molécule est consommée en plus gran<strong>de</strong>squantités par les cellules cancéreuses que par les cellules saines.Technologie et santé> Diagnostiquer et suivre les traitementsJdS : Dans quel cadre sont conduits ces examens ?C.T. : Pour la plupart, ils s’intègrent à <strong>de</strong>s protocoles <strong>de</strong>recherche clinique. Précisons que les consentements dupatient et du mé<strong>de</strong>cin sont nécessaires. Nous définissonsle protocole en étroite concertation avec les cliniciens, àpartir d’informations publiées dans les revues spécialisées.Les résultats <strong>de</strong> nos travaux sont publiés et contribuent àalimenter la réflexion <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail chargés à hautniveau d’élaborer les protocoles standards diagnostics outhérapeutiques à l’intention <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins. Nous travaillonségalement en collaboration avec les grands centres <strong>de</strong>soins anticancéreux, qui peuvent orienter <strong>de</strong>s patients versle SHFJ pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pathologies plus rares.JdS : Que peut apporter la TEP ?C.T. : La TEP est un examen du corps entier qui dure uneheure approximativement. En utilisant comme traceur leFDG 1 , elle est irremplaçable pour les bilans d’extension <strong>de</strong>1 23 3’1 La mauvaise fixation du produit injecté au patient trahit la présence d’unetumeur cérébrale (à l’endroit <strong>de</strong> la croix).2 Sur ce cliché <strong>de</strong> TEP, les parties sombres correspon<strong>de</strong>nt à une consommation<strong>de</strong> glucose importante, normale dans le cerveau, pathologique dans la tumeurpulmonaire.3 Myocar<strong>de</strong> sain. 3’ Myocar<strong>de</strong> endommagé par un infarctus.11


Technologie et santéCIBLER LES INTERVENTIONSLes compétences historiques du <strong>CEA</strong> en matière <strong>de</strong> métrologie <strong>de</strong>s rayonnements et <strong>de</strong> robotiquesont mises au service <strong>de</strong> la radiothérapie et <strong>de</strong> l’assistance au geste chirurgical.UN ÉTALON NATIONALPOUR LA RADIOTHÉRAPIE70% <strong>de</strong>s cancers diagnostiqués sont soignés par radiothérapieet la moitié <strong>de</strong>s guérisons lui est attribuée. C’estdire l’enjeu <strong>de</strong> santé publique <strong>de</strong> ces traitements. Ilsreposent sur un ajustement précis et personnalisé <strong>de</strong> ladose à administrer. L’irradiation doit être assez intense pourtuer toutes les cellules cancéreuses sans endommager lestissus voisins. Cette contrainte conduit à calculer une dosepour chaque patient en fonction <strong>de</strong> sa morphologie, <strong>de</strong> lataille <strong>de</strong> la tumeur, etc. La dose administrée ne doit pass’écarter <strong>de</strong> la valeur calculée <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5%. Pour garantircet objectif, <strong>de</strong>s procédures légales imposent un étalonnagetous les trois ans <strong>de</strong>s dosimètres <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s sources<strong>de</strong> radiothérapie. C’est au Laboratoire national HenriBecquerel (LIST/DETECS) du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, querevient la mission <strong>de</strong> développer les références nationalesen matière <strong>de</strong> dosimétrie adaptées à ces sources.Etalonner un accélérateurPour la radiothérapie comme pour la curiethérapie (voirp.18), le LNHB a conçu <strong>de</strong>s appareils qui réalisent unemesure absolue <strong>de</strong> la dose <strong>de</strong> rayonnement. C’est en effetle dosimètre qui constitue l’étalon <strong>de</strong> référence et non lasource, <strong>de</strong> nature variable. Comment se passe concrè-2tement cet étalonnage ? Au LNHB, la source du laboratoireest mesurée avec le dosimètre étalon, puis avec le dosimètreà qualifier puis <strong>de</strong> nouveau avec l’étalon pour confirmerla première mesure. Le rapport <strong>de</strong>s doses mesurées avecl’étalon et le dosimètre hospitalier fournit le facteurd’étalonnage <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. De cette façon, les290 accélérateurs linéaires et les 70 sources au cobaltexploités en France sont vérifiés périodiquement.Bientôt <strong>de</strong>s contrôles <strong>de</strong>s appareils<strong>de</strong> radiologie imposés par la loiPar ailleurs, une loi récente impose la mise en place d’undispositif <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s appareils <strong>de</strong> radiologie pourréduire l’exposition du public aux rayonnements. L’irradiationmédicale représente en effet le tiers <strong>de</strong>s radiations reçues enmoyenne par le public, le reste provenant essentiellement <strong>de</strong>la radioactivité naturelle. Le LNHB étalonnera les dosimètres<strong>de</strong>s laboratoires qui sont accrédités pour contrôler les60 000 appareils en service en France (dont 35 000 appareils<strong>de</strong>ntaires). Le LNHB a déjà développé un étalon pour leradiodiagnostic et un autre pour la mammographie.Contact : jean-marc.bordy@cea.frLe saviez-vous ?Pour la radiothérapie, les sources au cobalt sont progressivementabandonnées au profit <strong>de</strong>s accélérateurs d’électrons plus modulables en énergie.Ils délivrent <strong>de</strong>s électrons pour les tumeurs les plus superficielles ou <strong>de</strong>sphotons X pour les plus profon<strong>de</strong>s. Les rayons X sont produits parbombar<strong>de</strong>ment d’une cible métallique par les électrons.112La moitié <strong>de</strong>s guérisons <strong>de</strong> cancers est attribuée à la radiothérapie. Sur la photo,préparatifs pour une irradiation thérapeutique à l’Institut Gustave Roussy.Dosimètre étalon pour la curiethérapie.12


La tête <strong>de</strong> l’appareil est équipée d’un cache à lamellescoulissantes qui reproduit son contour exact. En mouvement,elle peut délivrer le faisceau en continu tandis que leslamelles s’adaptent au profil <strong>de</strong> la tumeur. Cet objectifambitieux exige <strong>de</strong> mieux connaître la géométrie <strong>de</strong> latumeur (en fusionnant toutes les images disponibles), lesmouvements physiologiques <strong>de</strong>s organes (qui peuventatteindre une amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> plusieurs centimètres) et ladose délivrée au patient. Le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> contribueà ces avancées en coordonnant un projet européen sur cethème (voir ci-<strong>de</strong>ssous) et en développant <strong>de</strong>s capteursinnovants pour le suivi <strong>de</strong> la dose administrée.Technologie et santé> Cibler les interventions1MIEUX CONNAÎTRE LA DOSEDÉLIVRÉE EN RADIOTHÉRAPIEUne séance <strong>de</strong> radiothérapie est très impressionnante pourle patient : la tête <strong>de</strong> l’appareil effectue d’amples mouvementsautour <strong>de</strong> lui pendant plusieurs minutes. La tumeurest prise sous le « feu » <strong>de</strong> plusieurs faisceaux concourantsdélivrés successivement par l’appareil. L’innovationmajeure attendue en radiothérapie (modulation d’intensité)permettra <strong>de</strong> réaliser sur mesures l’irradiation <strong>de</strong> la tumeur.MAESTROun grand projet européenCes étu<strong>de</strong>s s’inscrivent dans le cadre du projet européen MAESTRO(acronyme anglais pour "Métho<strong>de</strong>s et Equipement Avancé pour laSimulation et le Traitement en Radio Oncologie") <strong>de</strong>stiné à améliorer laprécision <strong>de</strong> la radiothérapie.Démarré en mai 2004, ce projetprévu sur cinq ans est coordonné parle DETECS. Il implique 12 organismes<strong>de</strong> recherche ou universités, 7 centres<strong>de</strong> soins et 5 industriels issus <strong>de</strong>9 pays européens.Ci-contre : Le diamant se révèle undétecteur très intéressant pour lesuivi <strong>de</strong> dose en radiothérapie(photo : détecteurs mis au point parle DETECS).Des capteurs en diamant ou en alumineLes détecteurs au diamant en développement auLIST/DETECS présentent l’avantage par rapport à leursconcurrents <strong>de</strong> pouvoir être d’aussi petite taille que l’exigela résolution visée. La thermoluminescence 1 du diamantest également étudiée pour le suivi dosimétrique. Dans cecas, l’atout principal du diamant est qu’il est chimiquementinerte, et <strong>de</strong> ce fait insensible à l’eau et stérilisable, ce quiest très intéressant pour la curiethérapie.Une autre étu<strong>de</strong> vise à fournir en quasi temps réel unecartographie <strong>de</strong> la dose reçue au moyen <strong>de</strong> capteurs OSL 2en alumine, montés en extrémités <strong>de</strong> fibres optiques. Lescristaux d’alumine émettent une lumière violette d’intensitéproportionnelle à la dose reçuelorsqu’ils sont éclairés par unelumière bleue verte. Le capteur peutainsi être lu pendant l’irradiationgrâce à un laser injecté dans lafibre. Transparents aux radiations etinertes chimiquement, les capteursOSL permettent <strong>de</strong> déporter l’électronique<strong>de</strong> mesure hors du rayonnement.2Contact : jean.barthe@cea.fr1 Lorsqu’un matériau thermoluminescent est chauffé après irradiation, il émetune lumière dont l’intensité peut être reliée à la dose <strong>de</strong> rayonnement reçue.2 OSL : luminescence stimulée optiquement.1 La mesure <strong>de</strong> la dose délivrée par un accélérateur est effectuée dans unecuve à eau qui simule l’absorption d’un corps humain. Sur la photo, ondistingue le capteur dosimétrique à fibres optiques entre l’accélérateur duLNHB et une cuve à eau.2 En radiothérapie à modulation d’intensité, un collimateur à lamelles coulissantes<strong>de</strong>ssine le contour exact <strong>de</strong> la tumeur à irradier.13


Technologie et santéUN ROBOT AU SERVICEDU CHIRURGIENFixé à l’extrémité du bras télémanipulateur, le scalpel estdirigé par le chirurgien. Celui-ci est maître <strong>de</strong> son geste.Le robot est son auxiliaire : il lui signale une éventuelledéviation <strong>de</strong> la trajectoire du scalpel ou la proximité d’unnerf à éviter. Dans ce cas, le chirurgien ressent, via le brasà retour d’effort, une résistance qui s’oppose à son gesteet tend à ramener l’outil sur le trajet prévu. L’intensité <strong>de</strong>cette résistance peut être programmée <strong>de</strong> manière àbloquer le scalpel à l’approche d’un nerf ou à supprimerles tremblements du mé<strong>de</strong>cin. «Faire travailler ensembleun chirurgien et un robot permet <strong>de</strong> bénéficier à la fois <strong>de</strong>l’expérience du praticien et <strong>de</strong> la précision du robot»,souligne Rodolphe Gélin, chef du Service cognitique,robotique et interaction (SCRI) au centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong>Fontenay-aux-Roses, dont les activités seront transféréessur le plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> dans le cadre <strong>de</strong> Digiteo Labs(issus <strong>de</strong> la convergence <strong>de</strong>s projets Num@tec et PCRI 1 ).Un bras fabriqué industriellementCette technique <strong>de</strong> coopération avec un robot (ou Cobot),développée au SCRI, a été mise en œuvre en 2004 enchirurgie maxillo-faciale sur une mâchoire en résine. Ellepeut également être mise à profit dans un contexte <strong>de</strong>formation, en lieu et place du travail sur cadavre : le brascommunique à l’étudiant le ressenti du chirurgien à latraversée <strong>de</strong> différents tissus.Le bras télémanipulateur à retour d’effort baptisé Virtuoseest aujourd’hui un produit industriel, fabriqué à Laval par2une start-up issue du <strong>CEA</strong> baptisée Haption. Toutes lesconditions sont donc réunies pour qu’un industriel dusecteur se lance dans l’aventure, à la suite <strong>de</strong> Renault ouDassault Aviation qui ont opté pour le concept <strong>de</strong>«maquette numérique» : le bras Virtuose permet <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r<strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> montage d’une automobile ou d’un avionsans passer par une maquette.Vers une chirurgie télégéréeLes chercheurs du SCRI s’intéressent également à la chirurgiecœlioscopique. Dans ce cas, une caméra et les outilschirurgicaux sont enfilés dans <strong>de</strong>s cathéters convergeant surla zone concernée. Le chirurgien opère <strong>de</strong>puis l’extérieur enobservant l’image fournie par la caméra. L’objectif visé par leSCRI est qu’il « téléopère » à quelques mètres, ses outilsétant motorisés suivant tous les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> liberté, « commesi ses mains étaient à l’intérieur du patient ». Le cathéterarticulé portant l’outil évoque une sorte <strong>de</strong> «serpent»entièrement pilotable. A plus long terme, le procédé pourraitêtre étendu aux opérations sur le cœur ou le poumon.Contact : rodolphe.gelin@cea.fr1 PCRI : Pôle commun <strong>de</strong> recherche en informatique associant le CNRS,l’Université Paris-Sud, l’Ecole polytechnique et l’INRIA (Institut national<strong>de</strong> recherche en informatique et en automatique).Le saviez-vous ?Une coloscopie est un examen endoscopique du côlon tandisqu’une cœlioscopie est un examen endoscopique <strong>de</strong> la cavitéabdominale au travers d’une petite incision <strong>de</strong> l’abdomen.112Assisté par le bras à retour d’effort, le chirurgien s’entraîne sur une maquette<strong>de</strong> mâchoire (en rose).Le chirurgien opère à distance avec <strong>de</strong>s outils télécommandés situés dans uncathéter.14


COMMENT LES GÈNESS’EXPRIMENT-ILSDANS NOTRE CORPS ?Chacune <strong>de</strong> nos cellules archive les mêmes informations<strong>de</strong> l’hérédité, codées dans les gènes, mais toutes nesollicitent pas les mêmes gènes. Chaque cellule « lit »environ10% <strong>de</strong>s quelque 30 000 gènes recensés. Cette«lecture» (ou expression) du gène se matérialise par laproduction <strong>de</strong> molécules d’ARN à partir <strong>de</strong> la moléculed’ADN support du gène. Combinant TEP et ingénieriemoléculaire, l’imagerie moléculaire permet d’établir unecartographie <strong>de</strong>s molécules d’ARN exprimé par un gènedonné. Comment l’ARN est-il détecté ? Des moléculesmarquées possédant une forte affinité avec cet ARN sontinjectées au patient : elles se lient à lui spontanément etsignalent ainsi sa présence. Elles doivent cependantdéjouer les défenses <strong>de</strong> la cellule pour en franchir le seuil.Lorsqu’elles sont liées à un sucre, elles peuvent par exempleleurrer leur hôte avec cet élément nutritif et obtenir l’«autorisation» <strong>de</strong> traverser la membrane cellulaire.ADAPTER LES TRAITEMENTSDes traitements sur mesures contre le cancer se <strong>de</strong>ssinent grâce à l’imagerie moléculaireet l’ingénierie <strong>de</strong>s protéines.2Un pronostic fiable pour le cancerEn établissant un lien entre le gène et la zone où ils’exprime (peau, muscle, etc.), l’imagerie moléculaire ai<strong>de</strong>les chercheurs à comprendre le rôle <strong>de</strong>s gènes. Elleconstitue en particulier un formidable outil <strong>de</strong> recherchepour le cancer. Dans près <strong>de</strong> 95% <strong>de</strong>s cas, la maladie estdue à <strong>de</strong>s facteurs environnementaux qui provoquent <strong>de</strong>smutations génétiques. Or il faut plusieurs mutationssuccessives (<strong>de</strong> 3 à 5) pour qu’un cancer se développe.L’imagerie moléculaire pourra détecter ces anomaliesgénétiques au début <strong>de</strong> la maladie, fournir un pronosticfiable et orienter le choix d’un traitement adapté.Avec <strong>de</strong>s molécules capables <strong>de</strong> cibler sélectivement lescellules cancéreuses, on pourra greffer <strong>de</strong>s moléculesthérapeutiques, difficiles à mettre au point in vivo, sur ces«têtes chercheuses». Certaines cellules cancéreuses ontpu <strong>de</strong> la sorte être reconnues et guéries en laboratoire :c’est ce que vient <strong>de</strong> démontrer l’équipe <strong>de</strong> BertrandTavitian, chercheur au SHFJ à Orsay. Un beau résultat qui<strong>de</strong>vra être confirmé au cours d’essais cliniques.Contact : bertrand.tavitian@shfj.cea.frTechnologie et santé> Adapter les traitements112Le métabolisme <strong>de</strong> certaines substances est étudié par imagerie moléculairedans un appareil <strong>de</strong> TEP sur <strong>de</strong>s rongeurs (criblage in vivo).Des cellules cancéreuses (à gauche), i<strong>de</strong>ntifiées et traitées sélectivement,re<strong>de</strong>viennent saines (à droite).15


Technologie et santéSTIMULER L’IMMUNITÉPOUR SOIGNER LE CANCERDans notre organisme, les protéines produites selon les«plans» inscrits sur notre génome accomplissent toutes lestâches élémentaires du vivant. Actives ouvrières, elles ontchacune leurs spécialités que les chercheurs du DIEP 1s’attachent à découvrir en élucidant leurs structures spatiales.Une fois décrits, les sites «actifs » <strong>de</strong>s protéinespeuvent être exploités pour élaborer <strong>de</strong> nouveauxconcepts <strong>de</strong> médicaments. Le travail d’ingénierie consisteà synthétiser <strong>de</strong>s molécules plus petites que la protéined’origine mais dotées <strong>de</strong> la même fonction, à optimiser leurstructure pour augmenter l’effet thérapeutique visé et diminuerleur toxicité potentielle. Dans ces conditions, il ne fautguère s’étonner qu’une toxine <strong>de</strong> venin d’abeille se trouveassociée à un vaccin thérapeutique contre le cancer…« Gaver » <strong>de</strong>s cellulesLe système immunitaire peut être sollicité contre les cellulestumorales, i<strong>de</strong>ntifiées comme non conformes. Pour«réveiller» ses cellules tueuses, il lui faut dépêcher, dansles ganglions, <strong>de</strong>s cellules porteuses <strong>de</strong> l’alerte. Ces<strong>de</strong>rnières (baptisées cellules <strong>de</strong>ndritiques 2 ) doiventauparavant être «gavées» d’une protéine issue d’une celluletumorale. Une fois stimulés par les cellules <strong>de</strong>ndritiques, leslymphocytes T en mouvement dans le sang reconnaissentpar «palpation» les cellules tumorales et les détruisent enperçant leur membrane.La phase la plus délicate <strong>de</strong> ce processus est l’incorporation<strong>de</strong> la protéine tumorale à la cellule <strong>de</strong>ndritique. Afin <strong>de</strong>favoriser ce processus, une équipe du DIEP a choisi d’uti-13Le saviez-vous ?Il faut en moyenne une dizaine d’années pour développer unmédicament conventionnel et entre dix et trente ans lorsqu’ils’agit d’un médicament issu <strong>de</strong>s biotechnologies (qui utilisent<strong>de</strong>s protéines).liser une molécule capable <strong>de</strong> se fixer sur la membranecellulaire : il s’agit d’une molécule dérivée d’une toxine <strong>de</strong>venin d’abeille. Solidaire <strong>de</strong> la protéine à incorporer, elle luipermet <strong>de</strong> pénétrer à l’intérieur <strong>de</strong> la cellule. Une expériencerassemblant in vitro tous les protagonistes montreque la stimulation <strong>de</strong>s lymphocytes T par <strong>de</strong>s cellules<strong>de</strong>ndritiques humaines est effective. Ces lymphocytes Tsecrètent un interféron caractéristique <strong>de</strong> leur «activité».En définitive, cette voie thérapeutique se révèle aussiperformante que la thérapie génique, bien plus complexeà mettre en œuvre et potentiellement dangereuse. Il resteencore un long parcours à accomplir jusqu’à un traitement,qui serait alors administré aux mala<strong>de</strong>s déjà traitéspar chimiothérapie ou radiothérapie pour éliminer lescellules tumorales résistantes.Contact : gillet@dsvidf.cea.fr1 DIEP : Département d’ingénierie et d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s protéines (Direction<strong>de</strong>s sciences du vivant).2 Ces cellules sont ainsi baptisées en raison <strong>de</strong> leur forme qui rappellecelle <strong>de</strong>s cellules nerveuses.1Stimulation immunitaire in vitro par <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong>ndritiques humainescontenant une protéine tumorale : les points sombres correspon<strong>de</strong>nt àl’activation <strong>de</strong> cellules immunitaires.2Fruit du travail <strong>de</strong>s chercheurs du DIEP, cette molécule dérivée <strong>de</strong> la toxine <strong>de</strong>venin d’abeille est capable <strong>de</strong> se fixer sur la membrane cellulaire <strong>de</strong>s cellules<strong>de</strong>ndritiques et permet l’incorporation <strong>de</strong> protéines tumorales dans ces cellules.1623Cultures cellulaires <strong>de</strong>stinées aux expériences <strong>de</strong> stimulation <strong>de</strong> l’immunité in vitro.


En savoir plus…Des gènes aux protéinesUn gène est un fragment d'ADN qui porteles informations nécessaires à la fabricationd'une ou plusieurs protéines. Une copie dugénome est présente dans chaque cellule.Composé d’environ 30 000 gènes, legénome est transmis <strong>de</strong> génération en génération.La génomique fonctionnelle (ou postgénomique)consiste à étudier la fonction<strong>de</strong>s gènes par analyse <strong>de</strong> l'information qu'ilscontiennent et donc <strong>de</strong>s protéines qu'ilspermettent <strong>de</strong> fabriquer. Elle s'intéresse àleur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> régulation et à leurs interactions.Les protéines sont l'un <strong>de</strong>s quatre matériaux<strong>de</strong> base <strong>de</strong> tout organisme, avec les gluci<strong>de</strong>s,les lipi<strong>de</strong>s et les aci<strong>de</strong>s nucléiques (ADN,ARN). Composé <strong>de</strong> plusieurs centaines<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> protéines, le protéome estl'ensemble <strong>de</strong>s protéines produites à partirdu génome d'un organisme. Il n'est pasi<strong>de</strong>ntique dans toutes les cellules. Laprotéomique a pour but <strong>de</strong> déterminerl'activité, la fonction et les interactions <strong>de</strong>sprotéines, selon les types <strong>de</strong> cellules et leursconditions physiologiques.1 2Technologie et santé> Adapter les traitementsA quoi ressemble une biopuce ?Une puce à ADN ou biopuce est une lameen verre (photo 1) sur laquelle sont déposés<strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> fragments d’ADN(photo 2). La séquence <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ceséchantillons d’ADN correspond à <strong>de</strong>s gènesi<strong>de</strong>ntifiés. L’expérimentateur dépose la solutionà étudier sur la lame. En fonction <strong>de</strong>leur complémentarité, les ADN à analyser selient par hybridation aux molécules d’ADNconnues. Les ADN hybridés sur la puce sontensuite détectés par fluorescence dans unesorte <strong>de</strong> scanner (photos 3, 4 et 5).La biopuce permet d’analyser simultanément,rapi<strong>de</strong>ment et à faible coût quels sontles gènes exprimés dans une cellule et fournitun indicateur <strong>de</strong> son état physiologique.A terme, cet outil va s’imposer en mé<strong>de</strong>cineen permettant <strong>de</strong> mieux différencier <strong>de</strong>scancers pour l’instant indiscernables selon<strong>de</strong>s critères morphologiques : elle fourniraun pronostic affiné et autorisera une priseen charge thérapeutique mieux ciblée.34517


Technologie et santéRésonance magnétique nucléaire etrecherche médicaleLa résonance magnétique nucléaire (RMN)est un puissant outil d’imagerie médicale quipeut se décliner en <strong>de</strong> multiples techniques.Celles-ci utilisent toutes le même appareil etexploitent essentiellement le signal provenant<strong>de</strong>s noyaux <strong>de</strong>s atomes d’hydrogène.La plus répandue d’entre elles est l’imagerieanatomique ou IRM (Imagerie par résonancemagnétique) obtenue par détection <strong>de</strong>l’hydrogène <strong>de</strong>s molécules d’eau <strong>de</strong>s tissus.L’IRM <strong>de</strong> diffusion complète ces informationsen dévoilant, dans le cerveau, la structureen faisceaux <strong>de</strong> fibres <strong>de</strong> la matière blanche,c’est-à-dire le « câblage » reliant différentesaires cérébrales. Dans ce cas, le signal <strong>de</strong>RMN est rendu sensible à la diffusion <strong>de</strong>smolécules d’eau dans l’organisme.L’IRM fonctionnelle analyse les perturbationsdu signal <strong>de</strong> RMN par l’afflux d’oxygènedans les cellules neuronales : elle i<strong>de</strong>ntifie <strong>de</strong>la sorte les zones cérébrales actives à uninstant donné.En marge <strong>de</strong> l’imagerie, la spectroscopieRMN explore la biochimie du cerveau endétectant les protons appartenant à d’autresmolécules que l’eau.Ci-<strong>de</strong>ssous : rendu tridimensionnel d’unhémisphère cérébral, montrant quelquessillons et connexions, obtenus par IRM <strong>de</strong>diffusion.Analyses chimiques par spectrométrie <strong>de</strong> masse1Très répandue dans les laboratoires, cettetechnique d’analyse chimique consiste à ioniser<strong>de</strong>s molécules sous vi<strong>de</strong> (à leur arracher un ouplusieurs électrons) et à mesurer leur massepar différentes métho<strong>de</strong>s : la déviation <strong>de</strong>sions sous un champ magnétique, le temps <strong>de</strong>«vol» <strong>de</strong>s ions ou encore la «résonancecyclotro-ionique». Cette <strong>de</strong>rnière métho<strong>de</strong>,la plus sensible, consiste à piéger les ionsdans une cavité circulaire sous un champélectromagnétique <strong>de</strong> hautes fréquences.Dans tous les cas, le résultat est un spectre<strong>de</strong> masse, composé <strong>de</strong> «pics» dont la positionfournit le rapport <strong>de</strong> la masse à la chargeélectrique <strong>de</strong> l’ion (photo 1), ce qui permetle plus souvent d’i<strong>de</strong>ntifier la formulechimique <strong>de</strong> la molécule. La hauteur du picpermet <strong>de</strong> la doser. En amont <strong>de</strong> l’appareil,les corps à analyser peuvent être séparésdans une colonne <strong>de</strong> chromatographie enfonction <strong>de</strong> leurs propriétés chimiques oupar électrophorèse en fonction <strong>de</strong> leuracidité. Un spectromètre à haute résolutioncouplé à une colonne délivre ainsi un spectrechaque secon<strong>de</strong> pendant plusieurs heures.Une autre technique, étudiée à l’Institut <strong>de</strong>chimie <strong>de</strong>s substances naturelles <strong>de</strong>Gif/Yvette (CNRS), consiste à associer à unspectromètre <strong>de</strong> masse (photo 2) un laser quiextrait localement <strong>de</strong> la matière d’un échantillon(par désorption) et l’ionise. Ce procédépermet d’analyser point par point une coupehistologique ou un tapis cellulaire. Chaquepoint est représenté par un spectre <strong>de</strong> masse,lui-même constitué <strong>de</strong> 10 000 canauxsusceptibles <strong>de</strong> contenir un «pic».L’interprétation <strong>de</strong> ces spectres conduit à <strong>de</strong>multiples images illustrant chacune la répartitiond’une protéine ou d’un métabolite dansl’échantillon, avec une résolution <strong>de</strong> l’ordredu millième <strong>de</strong> millimètre (photo 3 : analysed’un cheveu).32Qu’est-ce que la curiethérapie ?La curiethérapie est une technique <strong>de</strong> radiothérapieconsistant à introduire une sourceradioactive dans la tumeur cancéreuse. Cetraitement est ciblé directement sur la zoneatteinte, grâce à une aiguille très fine, quipermet <strong>de</strong> placer les sources à l’intérieur <strong>de</strong>stissus (peau, sein, langue, prostate…) : leseffets secondaires dans les autres parties ducorps sont donc considérablement réduits.La curiethérapie n’est pratiquée que pour lescancers qui ne se sont pas propagés.On distingue curiethérapie interstitielle etendocardite. Dans le premier cas, il s’agit <strong>de</strong>l’implant <strong>de</strong> fils à l’intérieur <strong>de</strong>s tissus, dansun tube en plastique qui est placé sous lapeau, après anesthésie locale, péridurale ougénérale. Dans le <strong>de</strong>uxième cas, il s’agit <strong>de</strong>placer une source radioactive dans lestumeurs situées dans les cavités naturelles(vagin, utérus, cavum).La durée du traitement varie entre 2 et6 jours. Plusieurs séances sont souventnécessaires.Une fois le traitement terminé, toutesles sources radioactives sont enlevées.Ci-<strong>de</strong>ssous : à l’extrémité du gui<strong>de</strong>,le filament d’iridium (sombre) est <strong>de</strong>stiné àêtre mis en place au niveau <strong>de</strong> la tumeurà irradier.(La photo présente un modèle <strong>de</strong> démonstration non radioactif.)18


DU LABORATOIRE À L’ENTREPRISEALCHIMER, GREFFEUR DE SURFACESActualitésFondée en 2001, Alchimer industrialise une technologie étudiée <strong>de</strong>puis une vingtaine d’années dans unlaboratoire <strong>de</strong> recherche fondamentale <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : l’électrogreffage. Cette start-up <strong>de</strong> 28 personnes estimplantée à Massy.InterviewChristophe BureauEn quoi consiste l’électrogreffage ?Comme en botanique où l’on réalise <strong>de</strong>smariages contre nature, nous faisons « pousser » <strong>de</strong>s polymères*sur <strong>de</strong>s surfaces conductricesou semi-conductrices <strong>de</strong> l’électricité.La liaison obtenue est quasimentin<strong>de</strong>structible et nous pouvons ainsiattribuer à la surface traitée unefonction chimique à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.* Polymère : corps composé <strong>de</strong> moléculesi<strong>de</strong>ntiques assemblées par <strong>de</strong>s liaisonschimiques.Alors chimiste au DRECAM 1 , Christophe Bureau déci<strong>de</strong> en2001 <strong>de</strong> valoriser son travail sur l’électrogreffage en créantAlchimer en association avec François Breniaux, spécialiste<strong>de</strong> marketing du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> Grenoble. L’entreprise offreà ses clients une technologie protégée par <strong>de</strong>s brevets sousla forme d’une production « clé en main » : elle leur loue lesmachines <strong>de</strong> production et leur vend les produits chimiquesnécessaires. «Nos produits sont un peu l’équivalent <strong>de</strong>scartouches d’encre pour les fabricants d’imprimante à jetd’encre», précise Christophe Bureau. « Ils concentrent lesavoir-faire unique d’Alchimer et sont spécifiques à chaqueprocessus industriel. »En septembre 2001, Alchimer a remporté le Premier prix national duConcours d’ai<strong>de</strong> à la création d’entreprises <strong>de</strong> technologies innovantesdu Ministère <strong>de</strong> la Recherche et <strong>de</strong> l’ANVAR. L’entreprise a levé 4,8 millionsd’euros en décembre 2002 auprès d’AGF-PE, Rotschild, SPEF-Venture et<strong>CEA</strong>-Valorisation, puis 11 millions d’euros en octobre 2004 auprès <strong>de</strong>sinvestisseurs historiques (Auriga Partners, Partech International et FCJE).2Du stentà la puce électroniqueLa première application viséeconsiste à fixer <strong>de</strong>s médicamentsantirejet à libération progressive sur <strong>de</strong>s implants vasculaires2 (stents). Les tests sur <strong>de</strong>s patients, qui <strong>de</strong>vraientdémarrer dès octobre 2005, laissent espérer une chutesignificative du taux <strong>de</strong> resténose, c’est-à-dire le rétrécissement<strong>de</strong> l’artère dû au rejet du stent.La <strong>de</strong>uxième application concerne le marché <strong>de</strong>sprocesseurs d’ordinateurs, d’une toute autre dimension.L’électrogreffage permet <strong>de</strong> déposer sur une surface <strong>de</strong>silicium <strong>de</strong>s couches <strong>de</strong> cuivre d’épaisseur nanométriqueépousant le relief <strong>de</strong> « tranchées » <strong>de</strong> plus en plus étroites,à mesure que la fréquence du processeur augmente. Faceaux procédés concurrents, cette technologie pourrait biens’imposer pour une vingtaine d’étapes <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong>spuces (sur 500). D’intenses négociations sont en cours…1 DRECAM : Département <strong>de</strong> recherche sur l’état con<strong>de</strong>nsé, les atomeset les molécules, <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matière.2 Ce sont <strong>de</strong>s petits ressorts en inox <strong>de</strong>stinés à élargir les artères coronaires<strong>de</strong> patients atteints <strong>de</strong> maladies cardio-vasculaires.Pour en savoir plus : www.alchimer.com3123Vue d’un stent implanté dans une artère.Revêtement nanométrique déposé par électrogreffage sur la surfaced’une plaque <strong>de</strong> silicium <strong>de</strong>stinée à la microélectronique.Dessin <strong>de</strong> molécules organiques greffées sur une surface métalliqueou semi-conductrice.119


BrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesAnalyse <strong>de</strong> roches martiennes à bord d’un roverPour sa mission « Mars ScienceLaboratory », la NASA a sélectionné unprojet impliquant le Laboratoire <strong>de</strong> réactivité<strong>de</strong>s surfaces et interfaces du centre <strong>CEA</strong><strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> (Département <strong>de</strong> physico-chimie).Son rover <strong>de</strong> troisième génération, quisera lancé vers Mars en décembre 2009,sera équipé d’un instrument d’analyse <strong>de</strong>sroches à distance, conçu à <strong>Saclay</strong>. Le principe<strong>de</strong> la mesure consiste à produire unplasma (gaz composé d’ions et d’électrons)localisé en pointant un faisceau laser surla matière à caractériser : l’analyse <strong>de</strong> lalumière émise par le plasma fournit lacomposition chimique recherchée. Ceprocédé appelé LIBS (Laser InducedBreakdown Spectroscopy) est aujourd’huiexploité pour analyser <strong>de</strong>s matériaux pourl’industrie électronucléaire.Contact : laurent.salmon@cea.frEXULITE : une source lumineuse pour la microélectronique <strong>de</strong> <strong>de</strong>mainGraver <strong>de</strong>s motifs toujours plus fins pourstocker toujours plus d'informations, c’estle défi que doit relever l’industrie microélectronique.Pour cela, il faut notammentdisposer <strong>de</strong> sources lumineuses d’unelongueur d’on<strong>de</strong> plus courte et d’unepuissance plus gran<strong>de</strong> qu’aujourd’hui.C’est, <strong>de</strong>puis cinq ans, l’un <strong>de</strong>s objectifsassignés au consortium EXULITE, regroupantle <strong>CEA</strong>, Alcatel et Thalès. Pour ce projetsoutenu par le Ministère <strong>de</strong> l’industrie, <strong>de</strong>l’économie et <strong>de</strong>s finances dans le cadred’un projet européen, <strong>de</strong>s opticiens <strong>de</strong> laDirection <strong>de</strong> l’énergie nucléaire et <strong>de</strong>sphysiciens <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong>la matière ont uni leurs efforts pourmettre au point une source plasma qui<strong>de</strong>vrait émettre, mi 2005, plusieurs wattsdans l’extrême ultraviolet 1 , à partir <strong>de</strong> sixlasers infrarouges 2 <strong>de</strong> 500 watts focaliséssur une cible <strong>de</strong> xénon. Le laboratoireaccueillant cette installation a été inauguréà <strong>Saclay</strong> le 27 janvier <strong>de</strong>rnier.Contact : martin.schmidt@cea.fr1 A la longueur d'on<strong>de</strong> <strong>de</strong> 13,5 nanomètres(milliardième <strong>de</strong> mètre).2 Infrarouge : à la longueur d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong>1,06 micromètre (millionième <strong>de</strong> mètre).Campagne <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> l’air à Paris en mai 2005© Marc Verhille / Mairie <strong>de</strong> ParisDurant le mois <strong>de</strong> mai, l’esplana<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’Hôtel <strong>de</strong> Ville <strong>de</strong> Paris accueillera unnouveau dispositif <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong> laqualité <strong>de</strong> l’air dans le cadre <strong>de</strong> la campagneLisair (LIdar pour la Surveillance <strong>de</strong> l’AIR).Ces expériences sont conduites par leLaboratoire <strong>de</strong>s sciences du climat et <strong>de</strong>l’environnement (LSCE) du centre <strong>CEA</strong><strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, en collaboration avec AIRPARIFet la Mairie <strong>de</strong> Paris. Le système Lidar(LIght Detection And Ranging),développé au LSCE et commercialisépar la start-up LeOsphere, utilise larétrodiffusion <strong>de</strong> la lumière d’un faisceaulaser par les particules en suspension dansl’air. Il est capable <strong>de</strong> suivre en temps réella structure en trois dimensions <strong>de</strong>panaches <strong>de</strong> polluants atmosphériquesau niveau <strong>de</strong> la rue, au plus près <strong>de</strong> leurimpact sur les citadins.Contact : pchazette@cea.frBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèvesBrèves

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