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Recherches méthodologiques pour la typologie de la végétation et ...

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLESFaculté <strong>de</strong>s Sciences, Ecole Interfacultaire <strong>de</strong> BioingénieursLaboratoire <strong>de</strong> Botanique systématique<strong>et</strong> <strong>de</strong> Phytosociologie<strong>Recherches</strong> méthodologiques <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>typologie</strong><strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation <strong>et</strong> <strong>la</strong> phytogéographie <strong>de</strong>sforêts <strong>de</strong>nses d’Afrique tropicaleThèse présentée <strong>pour</strong>l’obtention du titre <strong>de</strong>Docteur en SciencesAgronomiques <strong>et</strong>Ingénierie biologiqueDirecteur <strong>de</strong> thèse : Prof. Jean LEJOLYparBruno SENTERREComposition du Jury :Prof. Jan BOGAERT (Prési<strong>de</strong>nt)Prof. Charles DE CANNIÈRE (Secrétaire)Prof. Jean LEJOLY (Promoteur)Prof. Martin TANGHE (ULB)Dr. Olivier J. HARDY (ULB)Prof. Elmar ROBBRECHT (UA, Université d’Anvers <strong>et</strong>Jardin Botanique National <strong>de</strong> Belgique)Prof. Guil<strong>la</strong>ume DECOCQ (Université Picardie Jules Vernes, Amiens)Prof. Bruno DE FOUCAULT (Université <strong>de</strong> Lille)Dr. Robert NASI (CIRAD-Forêt, Montpellier)Juin 2005


Photo <strong>de</strong> couverture avant:chutes <strong>de</strong> Mosumo, dans le Parc National <strong>de</strong>Monte Alén (Quinée Equatoriale), à <strong>la</strong>confluence du rio Laña avec le rio Uoro, clichéB. Senterre.Photo <strong>de</strong> couverture arrière:forêt <strong>de</strong> l’étage montagnard humi<strong>de</strong> au MontCameroun, zone dégradée, cliché B. Senterre.Les couvertures avant <strong>et</strong> arrière rappellentl’importance <strong>de</strong>s types forestiers dits azonaux,montagneux <strong>et</strong> fluviaux, ainsi que l’importance<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s strates forestières, notammentdans le contexte <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité <strong>et</strong><strong>de</strong> ses origines.Comment citer:SENTERRE B. (2005) <strong>Recherches</strong> méthodologiques<strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>typologie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation <strong>et</strong> <strong>la</strong>phytogéographie <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong>nses d'Afriqu<strong>et</strong>ropicale. Thèse <strong>de</strong> doctorat, Université Libre <strong>de</strong>Bruxelles, Laboratoire <strong>de</strong> Botanique systématique<strong>et</strong> <strong>de</strong> Phytosociologie, 345 p. + 111 p. d’annexes."Il faut sauver les condors. Pas tellement parceque nous avons besoin <strong>de</strong>s condors, maisparce que nous avons besoin <strong>de</strong> développer lesqualités humaines nécessaires <strong>pour</strong> les sauver.Car ce seront celles-là mêmes dont nousaurons besoin <strong>pour</strong> nous sauver nous-mêmes."Mac MILLAN, ornithologue américain duXIX ème siècle (cité par Nico<strong>la</strong>s Hulot, 2004)


Au Cameroun, Serge Kouob, botaniste au Programme Ecofac, <strong>et</strong> Moïse Mikamé m'ontaccompagné lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>s relevés du Dja <strong>et</strong> en sont gran<strong>de</strong>ment remerciés.Une telle étu<strong>de</strong> ne peut pas se faire sans un certain soutien logistique. Celui-ci a été assuré par<strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration qui unit le <strong>la</strong>boratoire du Prof. Lejoly avec les <strong>de</strong>ux proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> conservation <strong>et</strong><strong>de</strong> gestion durable actifs dans <strong>la</strong> zone étudiée, les proj<strong>et</strong>s CUREF <strong>et</strong> ECOFAC. Je remerci<strong>et</strong>ous les membres du personnel <strong>et</strong> les responsables <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux proj<strong>et</strong>s <strong>pour</strong> avoir tout mis enoeuvre <strong>pour</strong> que c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> soit menée dans les meilleures conditions.Je remercie en particulier Frank Stenmanns, qui dirigea le proj<strong>et</strong> CUREF à l'époque <strong>de</strong> monmémoire <strong>de</strong> fin d'étu<strong>de</strong>s, Juan-Enrique Garcia, qui à <strong>la</strong> même époque m'accorda son amitié <strong>et</strong>m'apprit entre autres les bases du maniement d'un ordinateur.Tout au long <strong>de</strong> ces quatre années <strong>de</strong> thèse, Crisantos Obama, actuel directeur <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong>for(ex-CUREF), n'a jamais cessé <strong>de</strong> veiller à ce que je sois dans les meilleures conditionspossibles <strong>pour</strong> ce travail.Jean-Paul Vautherin, qui assura le rôle d'assistant technique du proj<strong>et</strong> Curef aux débuts <strong>de</strong>notre étu<strong>de</strong>, ne m'a pas seulement soutenu moralement à coup <strong>de</strong> bons p<strong>et</strong>its repas concoctéspar sa charmante épouse, mais il m'a aussi transmis un peu <strong>de</strong> sa longue expérience <strong>de</strong>l'Afrique. Je gar<strong>de</strong> en mémoire les longues soirées remplies <strong>de</strong> discussions variées.Jacques Rosseel, dirigeant le proj<strong>et</strong> Ecofac lors <strong>de</strong> ma première mission, au Cameroun,m'accorda le même soutien <strong>et</strong> m'accueillit sous son toit chaleureusement. Je lui suis infinimentreconnaissant.Je remercie aussi Alejandro Boccoli, qui dirigea le proj<strong>et</strong> Ecofac lors <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>uxième mission<strong>de</strong> terrain <strong>et</strong> dont le dynamisme extraordinaire égaya ce séjour <strong>et</strong> fut particulièrement propiceà l'efficacité <strong>de</strong> mon travail.Michael Allen, puis Philippe Mortier, qui se succédèrent à ce poste, m'ont eux-aussi toujoursaccordé un soutien sans failles. Par son humour <strong>et</strong> le goût que nous partageons <strong>pour</strong> le terrain,Philippe m'a permis d'oublier lors <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>rnière mission le stress <strong>de</strong> l'organisation logistique<strong>de</strong> mes missions en forêt.Une autre étape cruciale fut celle <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong>s quelques milliersd'herbiers récoltés. Ce long travail n'aurait pas été une réussite sans l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s nombreuxspécialistes qui y ont contribués. Je tiens à leur rendre l'hommage qu'ils méritent. Merci doncà J.Lejoly, S.Lisowski, M.E<strong>la</strong>d, J.-M.Onana, G.Achoundong, F.J.Br<strong>et</strong>eler , J.J.F.E. <strong>de</strong> Wil<strong>de</strong>,M.Sosef , J.Wieringa, K.Jongkind, V.Malecot, P. De Block, D.Champluvier, P.Bamps,L.Pauwels, D.Geerinck, E.Robbrecht, S.Dessein, J.Degreef, P.Stoffelen, S.Ntore,A.Vrijdaghs, N.Danho, P.Go<strong>et</strong>ghebeur, B.Sonké, E.Figueiredo, T.Stévart, I.Parmentier,G.Joffroy , F.Cabesas, R.B.Fa<strong>de</strong>n, A.Paton, P.Esono, N.Nguema, D.Obiang, C.Obama,L.Ngok, <strong>et</strong>c.Chris Wilks tient une p<strong>la</strong>ce particulière dans ces remerciements. Au cours <strong>de</strong>s interminablessoirées passées ensemble dans les entrailles du CUREF, alors qu'il rédigeait son somptueuxgui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s arbres <strong>de</strong> Guinée Equatoriale <strong>et</strong> que <strong>pour</strong> ma part je rédigeais mon mémoire <strong>de</strong> find'étu<strong>de</strong>s, en fin 1998, il m'a transmis une partie <strong>de</strong> ses connaissances en matièred'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes sur le terrain <strong>et</strong> en herbiers. Chris fait partie <strong>de</strong> ceux à qui vouspouvez donner un fragment <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nte <strong>et</strong> qui prennent p<strong>la</strong>isir à tenter d'y donner un nom.Je remercie l'équipe du Real Jardín Botánico <strong>de</strong> Madrid <strong>pour</strong> l'accueil chaleureux qu'ils m'ontaccordé lors <strong>de</strong> ma visite <strong>pour</strong> l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Ebènes <strong>de</strong> Guinée Equatoriale: gracias a MauricioVe<strong>la</strong>yos, Francisco Cabezas, Carlos Aedo, y a toda <strong>la</strong> tripu<strong>la</strong>ción.Remerciements


Si <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong> ces herbiers ne fut pas une mince affaire, qui d'ailleurs <strong>pour</strong>rait être<strong>pour</strong>suivie encore longtemps, leur montage n'en reste pas moins une étape tout aussi longue.Pour y arriver, il aura fallu toute <strong>la</strong> patience <strong>et</strong> l'acharnement <strong>de</strong> Jean-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Moniqu<strong>et</strong>, RaoulVan Nerum <strong>et</strong> Geoffrey Fa<strong>de</strong>ur. Je les remercie <strong>pour</strong> le travail magnifique qu'ils ont réalisé <strong>et</strong>qui me donne p<strong>la</strong>isir à regar<strong>de</strong>r mes herbiers.Une thèse, c'est aussi quelques années à participer à <strong>la</strong> vie d'un <strong>la</strong>boratoire. L'ambianceparticulièrement joviale <strong>et</strong> multiculturelle dans <strong>la</strong>quelle baigne le <strong>la</strong>boratoire du Prof. Lejoly asans aucun doute contribué à faire <strong>de</strong> ces pério<strong>de</strong>s d'entre missions <strong>de</strong>s moments agréables.Parmi tous mes compagnons <strong>de</strong> travail, qu'il sera difficile <strong>de</strong> tous citer tant ils sont nombreuxà avoir marqué l'emprunte <strong>de</strong> leur passage, je tiens à remercier tout particulièrement TariqStévart <strong>pour</strong> son amitié <strong>et</strong> son humour <strong>de</strong> tous les instants. Nos discussionsphytogéographiques, <strong>de</strong> par sa vision taxonomique <strong>de</strong> <strong>la</strong> phytogéographie qui s'opposait à mavision phytosociologique, ont très fortement marqué les idées défendues ici. Je lui dois aussil'idée <strong>de</strong> l'utilisation <strong>de</strong> BioMapper <strong>pour</strong> <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>s distributions potentielles <strong>de</strong>s forêtssubmontagnar<strong>de</strong>s <strong>et</strong> une col<strong>la</strong>boration soutenue <strong>pour</strong> <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> ce chapitre.Ingrid Parmentier, assistante du Prof. Lejoly, <strong>et</strong> Nico<strong>la</strong>s Barbier n'ont cessé <strong>de</strong> m'apporterleurs lumières <strong>pour</strong> les analyses statistiques <strong>et</strong> m'ont accordé un soutien moral très précieux.Je remercie Ingrid <strong>pour</strong> les corrections très pertinentes dont elle m'a fait part.Mes problèmes cartographiques ont été surmontés grâce à l'ai<strong>de</strong> <strong>et</strong> à <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong> NeubaDanho <strong>et</strong> <strong>de</strong> Renaat van Rompaey. Ce <strong>de</strong>rnier a aussi contribué <strong>de</strong> manière très importante àma bibliographie. A ce niveau, je suis particulièrement reconnaissant à Lazare Kouka qui, lors<strong>de</strong> mon mémoire <strong>de</strong> fin d'étu<strong>de</strong>s, m'a transmis <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s sources qui constituent encoreaujourd'hui l'essence même <strong>de</strong> ma bibliographie.Je tiens encore à témoigner ma reconnaissance à tous ceux qui ont partagé avec moi <strong>la</strong> vie au<strong>la</strong>boratoire. Merci à Gilles Joffroy, Ludovic Ngok, Laurence Hanon, Marcel Houinato,Vincent Droissart, Elias Bizuru, Vincent Deb<strong>la</strong>uwe, Madjidou Oumourou, Ali Mahamane,Jean-Paul Heremans <strong>et</strong> Monique, ... Je remercie enfin Monique Lejoly <strong>pour</strong> le soutien qu'ellem'a accordé.Au cours <strong>de</strong> mes recherches bibliographiques, les ai<strong>de</strong>s ont été nombreuses <strong>et</strong> parmi celles-cije tiens à rendre un hommage particulier aux Dr. V.Malecot, A.D.Poulsen <strong>et</strong> D.McC.Newbery ainsi qu'à Daniel Geerinck, qui m'ont permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> main sur <strong>de</strong>s documentsessentiels. Le Prof. Francis Hallé a bien voulu m'apporter une ai<strong>de</strong> précieuse dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>smodèles architecturaux <strong>pour</strong> mes espèces d'arbres. Je lui suis très reconnaissant.Enfin, au cours d'une thèse, <strong>la</strong> vie ne se limite pas à l'investigation scientifique <strong>et</strong> les remisesen question auxquelles on est suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> manière récurrente nécessitent d'avoir <strong>de</strong>s amis quivous soutiennent <strong>et</strong> vous perm<strong>et</strong>tent mieux que quiconque <strong>de</strong> surmonter toutes ces épreuves.Je tiens à leur faire part ici <strong>de</strong> ma plus sincère amitié, ce que je ne leur dis sans doute pasassez souvent. Je remercie tout particulièrement Jules <strong>et</strong> Ñusta, Phil <strong>et</strong> Chloé, Manu <strong>et</strong>Laurent, Cédric <strong>et</strong> Nathalie, Ben <strong>et</strong> Lucie, Didier Houv. <strong>et</strong> Valérie, Guy <strong>et</strong> Nadine, Didier <strong>de</strong>Mada., Samir, Dev, Isa, tous mes amis <strong>de</strong> l'athénée, ... Vous avoir parmi mes amis les plusproches est <strong>pour</strong> moi une chance inestimable.Remerciements


Ma famille n'a pas cessé <strong>de</strong> m'encourager <strong>et</strong> a aussi contribué à <strong>la</strong> relecture du manuscrit. Jeleur suis très reconnaissant <strong>pour</strong> leur ai<strong>de</strong> <strong>et</strong> l'estime dont ils m'ont fait part.Ma maman, Françoise, a usé le c<strong>la</strong>vier <strong>de</strong> son ordinateur <strong>pour</strong> l'encodage <strong>de</strong> ma bibliographie<strong>et</strong> mon frère Olivier s'est arraché les cheveux qui lui restaient sur mes tournures <strong>de</strong> phrases àrallonges. Il est aussi en gran<strong>de</strong> partie responsable <strong>de</strong> l'organisation <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>ma base <strong>de</strong> données.Merci aussi à Catherine, Julien, Suzanne, Pascal, Sim <strong>et</strong> Sam <strong>pour</strong> leurs encouragements sanscesse renouvelés. Je remercie ma belle-famille <strong>pour</strong> leur attention <strong>et</strong> particulièrement Olivier<strong>pour</strong> sa contribution à <strong>la</strong> relecture <strong>de</strong> mon manuscrit. Merci à C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>, Christiane, Olivier <strong>et</strong>Sylvie, Thomas <strong>et</strong> Isabelle, ...Merci à vous tous <strong>et</strong> à tous ceux que je n'ai pas mentionnés mais auxquels je pense très fort.Enfin, <strong>la</strong>st but not least, je remercie ma compagne Marie qui s'est investie à 200% dans mapassion <strong>et</strong> a supporté jusqu'au bout <strong>la</strong> vie d'ermite qu'attrape un thésard au terme <strong>de</strong> sesrecherches. Elle n'a pas hésité à faire le dép<strong>la</strong>cement jusqu'au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong>nse <strong>pour</strong>partager avec moi ces moments uniques, remplis d'aventure. Les intempéries <strong>et</strong> les longuesmarches que nous y avons partagées resteront gravées dans ma mémoire.FinancementsLa présente étu<strong>de</strong> a été rendue possible grâce plusieurs sources <strong>de</strong> financement.Je tiens à remercier le FRIA (Fonds <strong>pour</strong> <strong>la</strong> formation à <strong>la</strong> Recherche dans l'Industrie <strong>et</strong> dansl'Agriculture) qui m'a accordé sa confiance <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> bourse m'a permis <strong>de</strong> réaliser c<strong>et</strong>terecherche. La Fondation David <strong>et</strong> Alice Van Buuren m’a en outre aidé à terminer c<strong>et</strong>te thèsedans <strong>de</strong> bonnes conditions.Les cinq missions <strong>de</strong> terrain qui ont été réalisées en Guinée Equatoriale <strong>et</strong> au Cameroun ontfait l'obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> financements particuliers <strong>pour</strong> les transports <strong>et</strong> les frais <strong>de</strong> mission en forêt.Pour les missions en forêts, le proj<strong>et</strong> DIVEAC (www.ulb.ac.be/sciences/bota/diveac.htm) aapporté une contribution importante.Les bourses du FNRS ont permis <strong>de</strong> réaliser plusieurs voyages dans <strong>de</strong>s conditionsparticulièrement favorables. C<strong>et</strong>te bourse m'a aussi donné l'occasion <strong>de</strong> participer à unCongrès international <strong>de</strong> botanique, <strong>de</strong> l'IAVS, aux îles Hawai'i. Ce voyage absolumentextraordinaire fait partie <strong>de</strong> mes plus beaux souvenirs.D'autres voyages en Afrique centrale ont été financés par le Fonds Cassel, <strong>de</strong> l'ULB, <strong>la</strong> CUD(Coopération Universitaire au Développement) <strong>et</strong> par les bourses <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté française<strong>de</strong> Belgique.Enfin, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s herbiers conservés à Madrid (MA), lors d’une mission <strong>de</strong> 10 jours, a étérendue possible grâce à une bourse obtenue auprès d’un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Union Européenne (Biod-Iberia).Remerciements


MOTS CLÉSphytosociologie, phytogéographie, c<strong>la</strong>ssification ouverte, zonal, azonal, relevés emboîtésmultistrates,<strong>typologie</strong> forestière, types forestiers, marqueurs forestiers, IndVal, submontagnard,afromontagnard, forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong>, forêt littorale, distribution potentielle, étage d’altitu<strong>de</strong>,continentalité, gradient, compensations écologiques, disjonction,Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique, Guinée Equatoriale, Monte Alén, Monts <strong>de</strong> Cristal, Réserve <strong>de</strong>Ndoté, Cameroun, Réserve <strong>de</strong> Biosphère du Dja,strate forestière, sous-bois, ensemble structural, groupe socioécologique, groupe écologique,synusie, types fonctionnels, guil<strong>de</strong>, modèles architecturaux, genres monotypiques, genrespaucispecifiques,diversité végétale, courbes aire-espèces, courbes individus-espèces, courbes <strong>de</strong> raréfaction,courbes aire-constance, aire minimale, morpho-espèces,pléistocène, Quaternaire, g<strong>la</strong>ciation, refuge g<strong>la</strong>ciaire, refuge <strong>de</strong> pied <strong>de</strong> massifs montagneux,stabilité environnementale, conservation, transgression forestièreKEY WORDSphytosociology, p<strong>la</strong>nt community, phytogeography, open c<strong>la</strong>ssification, zonal, non-zonal,nested plots,forest typology, forest types, forest types indicators, IndVal, submontane, afromontane, rainforest, littoral forest, potential distribution, altitudinal belt, continentality, gradient, ecologicalequalization, disjunction,at<strong>la</strong>ntic central Africa, Equatorial Guinea, Monte Alén, Cristal mountains, Ndoté Reserve,Cameroon, Dja Biosphere Reserve,forest stratum, forest <strong>la</strong>yer, un<strong>de</strong>rstory, un<strong>de</strong>rstorey, structural ensemble, socioecologicalgroup, ecological group, synusia, p<strong>la</strong>nt functional type, guild, architectural mo<strong>de</strong>l, monotypicgenus, oligotypic genusp<strong>la</strong>nt diversity, species-area curves, individuals-area curves, rarefaction curves, constancyareacurves, minimal area, morphospecies,pleistocene, Quaternary, g<strong>la</strong>ciation, g<strong>la</strong>cial refuge, foothills refuge, environmental stability,conservation, rainforest transgressionACCÈS AUX DONNÉES DE LA THÈSEC<strong>et</strong>te thèse <strong>de</strong> doctorat a été soutenue publiquement le vendredi 17 juin 2005 à l'ULB. Lefichier pdf du présent document est accessible sur simple <strong>de</strong>man<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong> l’auteur(bsenterr@ulb.ac.be; 27 avenue <strong>de</strong>s Boignées, 1440 Braine-le-Château, Belgique) ou auLaboratoire <strong>de</strong> Botanique systématique <strong>et</strong> <strong>de</strong> Phytosociologie <strong>de</strong> l’ULB (50 avenue F.Roosevelt, 1050 Bruxelles). Les données brutes seront également disponibles prochainement.Certaines données doivent encore faire l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> publications <strong>et</strong> par conséquent il est<strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> ne pas utiliser les données <strong>de</strong> ce document à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> publication sans leconsentement <strong>de</strong> l’auteur.Mots clés


RÉSUMÉ – B.SENTERRE (2005) <strong>Recherches</strong> méthodologiques <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>typologie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation <strong>et</strong> <strong>la</strong>phytogéographie <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong>nses d'Afrique tropicale.I. Une réflexion méthodologique originale a été proposée sur <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>typologie</strong> <strong>de</strong>s communautés végétalesen milieux forestiers tropicaux <strong>et</strong> a été testée sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s types forestiers le long d’un gradient <strong>de</strong> continentalité <strong>et</strong>d’un gradient d’altitu<strong>de</strong>, au cœur <strong>de</strong> l’Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique. Les investigations sont ancrées sur le constat que lesprincipaux problèmes récurrents en matière <strong>de</strong> <strong>typologie</strong> sont liés au caractère azonal ou zonal <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong>végétation <strong>et</strong> à <strong>la</strong> méconnaissance <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> différences entre strates.II. La méthodologie testée est construite sur <strong>de</strong>s relevés homogènes <strong>de</strong> type phytosociologique <strong>et</strong> p<strong>la</strong>cés dans différentesentités phytogéographiques reconnues, à l’endroit où celles-ci sont supposées les mieux développées <strong>et</strong> les mieuxpréservées en Afrique tropicale. Ces relevés, au nombre <strong>de</strong> 37, s’étalent <strong>de</strong>puis les forêts at<strong>la</strong>ntiques littorales <strong>de</strong> Ndoté,Guinée Equatoriale, dites hyperhumi<strong>de</strong>s, jusqu’aux forêts continentales du Dja, Cameroun, dites à tendance semi-décidue,en passant par les forêts at<strong>la</strong>ntiques orientales <strong>de</strong> Guinée Equatoriale, dites à Césalpiniacées. A plusieurs niveaux dugradient <strong>de</strong> continentalité, <strong>de</strong>s relevés sont p<strong>la</strong>cés dans un type <strong>de</strong> végétation climacique <strong>de</strong> type azonal: en forêtsubmontagnar<strong>de</strong>. L'accent est mis sur le Parc National <strong>de</strong> Monte Alén.Chaque relevé phytocénotique est construit selon une approche nouvelle afin d’être "compl<strong>et</strong> ", toutes les strates étantincluses, "quantitatif ", tous les individus étant énumérés, <strong>et</strong> "représentatif "<strong>pour</strong> chaque strate. Ces relevés multistratessont décomposés en sous-relevés structuraux emboîtés, à effort d’échantillonnage fixé à 100 individus <strong>pour</strong> les trois stratesligneuses distinguées (arbres dominants, arbres dominés <strong>et</strong> arbustes) <strong>et</strong> 200m² <strong>pour</strong> les strates herbacée <strong>et</strong> sous-arbustive.Les types forestiers sont définis indépendamment <strong>pour</strong> chaque strate <strong>et</strong> les différences sont analysées. Une métho<strong>de</strong> estimaginée <strong>pour</strong> analyser globalement l’ensemble <strong>de</strong>s données floristiques, par transformation <strong>et</strong> standardisation <strong>de</strong>s valeursissues <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong>s strates ligneuses, d’une part, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s strates herbacée <strong>et</strong> sous-arbustive, d’autre part.III. Dix types forestiers sont décrits par <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> IndVal <strong>et</strong> rep<strong>la</strong>cés dans le contexte général <strong>de</strong> l’Afrique guinéocongo<strong>la</strong>ise,d’un point <strong>de</strong> vue syntaxonomique (c<strong>la</strong>ssification agglomérative) <strong>et</strong> phytogéographique (c<strong>la</strong>ssificationdivisive). Les homologies entre ces <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> vue sont mises en évi<strong>de</strong>nce. Le système phytogéographique proposé estbasé sur une conception "ouverte " <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications hiérarchiques, tirant profit <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications agglomérativesd’une part <strong>et</strong> divisives d’autre part. Concrètement, les critères azonaux, par exemple les variantes afromontagnar<strong>de</strong>s, sontcatégorisés <strong>de</strong> manière parallèle aux critères <strong>de</strong> nature zonale, phytochories habituelles.L’analyse <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions écologiques <strong>de</strong>s 10 communautés a montré que les variables les plus liées à <strong>la</strong> variabilitéfloristique en forêt <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> terre ferme sont l’altitu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> pluviosité, l’hygrométrie (estimée au travers du taux <strong>de</strong>recouvrement <strong>de</strong>s bryophytes) <strong>et</strong> <strong>la</strong> distance à l’océan. Les <strong>de</strong>ux extrêmes du gradient <strong>de</strong> microclimat vertical, stratearborée supérieure <strong>et</strong> strate herbacée, mènent à <strong>de</strong>s <strong>typologie</strong>s simi<strong>la</strong>ires, toutefois une analyse canonique montre que <strong>pour</strong><strong>la</strong> strate herbacée, les variables <strong>de</strong> nature azonale (hygrométrie <strong>et</strong> altitu<strong>de</strong>) prennent plus d’importance tandis quel’influence <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux variables zonales est atténuée. Dans tous les cas, les eff<strong>et</strong>s d’autocorré<strong>la</strong>tion spatiale sont inférieurs à<strong>la</strong> part <strong>de</strong> variabilité floristique expliquée par l’environnement. Ces eff<strong>et</strong>s spatiaux sont cependant supérieurs <strong>pour</strong> lesespèces du sous-bois dont le potentiel <strong>de</strong> dissémination est en général moindre par rapport aux arbres <strong>de</strong> <strong>la</strong> canopée. La<strong>de</strong>scription phytosociologique, phytogéographique <strong>et</strong> écologique <strong>de</strong>s groupements est accompagnée d’une <strong>de</strong>scriptionphysionomique par le biais <strong>de</strong> spectres <strong>de</strong> types biologiques, <strong>de</strong> modèles architecturaux, <strong>de</strong> types foliaires, <strong>et</strong>c.Quant à <strong>la</strong> diversité, nous avons montré que celle-ci augmente à hauteur <strong>de</strong> strate décroissante par accumu<strong>la</strong>tion d’espècesappartenant à différentes strates. En revanche, <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong> l’élément propre <strong>de</strong> chaque strate, ensemble structural,diminue <strong>de</strong>s arbres dominants aux arbustes. La diversité <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> <strong>la</strong> strate herbacée augmente à nouveauessentiellement par augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité liée à l’existence <strong>de</strong> microstrates. Au sein <strong>de</strong>s 37 relevés, 1.050 taxons ontété i<strong>de</strong>ntifiés au niveau <strong>de</strong> l’espèce ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> morpho-espèce <strong>pour</strong> un total d’environ 25.750 individus. Ces taxonsreprésentent 442 genres répartis en 104 familles. Le type forestier le plus riche se situe au pied <strong>de</strong> <strong>la</strong> cordillère <strong>de</strong> Niefang,sur le versant exposé aux vents d’Ouest. Il est par ailleurs caractérisé par un nombre important <strong>de</strong> genres paucispécifiques<strong>et</strong> d’espèces appartenant à <strong>de</strong>s types fonctionnels indicateurs <strong>de</strong> refuges g<strong>la</strong>ciaires. Ces types fonctionnels sont définis surbase <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> dissémination <strong>et</strong> <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> supports colonisables. Nous avons émis l’hypothèse que ce type <strong>de</strong>"refuge <strong>de</strong> pied <strong>de</strong> massifs montagneux", caractérisé par sa nature zonale, <strong>pour</strong>rait avoir été un <strong>de</strong>s rares à abriter <strong>de</strong>sespèces <strong>de</strong> forêts <strong>de</strong>nses <strong>de</strong> terre ferme tandis que les refuges montagneux <strong>et</strong> fluviaux auraient davantage accueilli <strong>de</strong>sespèces <strong>de</strong> types forestiers azonaux: (sub)montagnards <strong>et</strong> hydromorphes.Sur base <strong>de</strong>s espèces indicatrices <strong>de</strong>s forêts submontagnar<strong>de</strong>s, une carte <strong>de</strong> distribution potentielle <strong>de</strong> ce type forestier aété réalisée à l’échelle <strong>de</strong> l’Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique. Plus <strong>de</strong> 400 localités <strong>de</strong> forêts submontagnar<strong>de</strong>s sontcartographiées. Celles-ci se développent à partir <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 400m d’altitu<strong>de</strong> à proximité <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte <strong>et</strong> "remontent"progressivement en altitu<strong>de</strong> à distance croissante <strong>de</strong> l’océan. De nombreuses localités caractérisées par <strong>la</strong> présenced’espèces submontagnar<strong>de</strong>s ont par ailleurs été i<strong>de</strong>ntifiées en p<strong>la</strong>ines <strong>et</strong> indiquent <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> transgressionécologique. Ce type <strong>de</strong> phénomène amène l’hypothèse d’une voie <strong>de</strong> migration d’espèces submontagnar<strong>de</strong>s entre massifsisolés, non pas uniquement en pério<strong>de</strong>s g<strong>la</strong>ciaires via les bourrel<strong>et</strong>s Nord <strong>et</strong> Sud du bassin du Congo mais aussi <strong>de</strong> manièrecontemporaine par le réseau <strong>de</strong> forêts hydromorphes au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuv<strong>et</strong>te. Une attention particulière a en outre étéaccordée aux forêts littorales <strong>et</strong> à <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> transgressions choroécologiques, associées à <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong>compensations écologiques.


ABSTRACT – B.SENTERRE (2005) M<strong>et</strong>hodological investigations on veg<strong>et</strong>ation typology andphytogeography of rain forests of tropical Africa.I. An original m<strong>et</strong>hodological discussion is proposed on the problem of the typology of tropical rain forest’s p<strong>la</strong>ntcommunities, based on the study of forest types across gradients of continentality and elevation, within At<strong>la</strong>ntic centralAfrica. These investigations were based on the statement that the main problems in forest typology are re<strong>la</strong>ted to the nonzonalor zonal character of the different veg<strong>et</strong>ation types and to non consi<strong>de</strong>ring the re<strong>la</strong>tions and differences b<strong>et</strong>weenforest strata.II. Field data consisted in phytosociological homogeneous sample plots localized within different recognizedphytogeographical entities, in a region of tropical Africa where these entities are known to be well conserved. A total of 37such plots were inventoried in the region extending from the littoral forests of Ndoté, Equatorial Guinea, which are w<strong>et</strong>evergreen forests, to the continental forests of the Dja, Cameroon, known as evergreen seasonal forests. The studiedregion also inclu<strong>de</strong>d the oriental At<strong>la</strong>ntic forests of Equatorial Guinea, known as moist evergreen forests or caesalpforests. In various parts of this continentality gradient, some plots were localized within climax non-zonal formations,namely the submontane rain forests. The emphasis was put on the veg<strong>et</strong>ation of the Monte Alén National Park.The sampling m<strong>et</strong>hodology was willing to be as "compl<strong>et</strong>e ", including all strata, "quantitative ", enumerating allindividuals, and "representative ", within each stratum, as possible. These multi-<strong>la</strong>yers plots were realised using nestedsub-plots, with a sampling size of 100 individuals for every ligneous stratum recognized (dominant trees, dominated treesand shrubs) and a sampling size of 200m² for the herbaceous and suffrutex stratum.Forest types were <strong>de</strong>fined in<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>ntly for each stratum and the differences were analysed. A m<strong>et</strong>hod was proposed forthe simultaneous analysis of all floristic data, converting and standardizing the values from ligneous strata, on the onehand, and from un<strong>de</strong>rstorey strata, on the other hand.III. Ten forest types were <strong>de</strong>scribed using IndVal and discussed in the general context of the guineo-congolian region,from a syntaxonomic view point (agglomerative c<strong>la</strong>ssification) and from a phytogeographical view point (divisivec<strong>la</strong>ssification). Homologies b<strong>et</strong>ween these two approaches are <strong>de</strong>scribed. The proposed phytogeographical system is basedon an "open " conception of hierarchical c<strong>la</strong>ssifications, combining advantages of agglomerative and divisivec<strong>la</strong>ssifications. In concr<strong>et</strong>e terms, the non-zonal criteria, for example the submontane variants, are categorised separatelyand in analogy with the zonal criteria, re<strong>la</strong>ted to the usual phytochoria.Analysis of ecological re<strong>la</strong>tionships for the 10 communities showed that the main variables re<strong>la</strong>ted to the floristicvariability in our main<strong>la</strong>nd rain forests are elevation, rainfall, hygrom<strong>et</strong>ry (estimated using bryophytes cover levels) anddistance to the ocean. The two extremes on the vertical microclimatic gradient, dominant trees stratum and herbaceousstratum, give simi<strong>la</strong>r <strong>typologie</strong>s, however canonical analysis showed that for the herbaceous <strong>la</strong>yer, non-zonal variables(hygrom<strong>et</strong>ry and elevation) were gaining more importance when the influence of the two zonal variables was attenuated. Inevery case, spatial autocorre<strong>la</strong>tion was less important than the environment in exp<strong>la</strong>ining floristic variability but its roleincreased in the spatial arrangement of un<strong>de</strong>rstorey species, whose dispersal capacity is generally lower than canopy trees.The phytosociological, phytogeographical and ecological <strong>de</strong>scription of forest types is accompanied by a physiognomical<strong>de</strong>scription using biological types spectrum, as well as architectural mo<strong>de</strong>ls, leaf sizes, <strong>et</strong>c.With regard to diversity, we have <strong>de</strong>monstrated that species richness was higher from upper to lower strata because of theaccumu<strong>la</strong>tion in lower strata of species from various strata. On the other hand, the proper stratum diversity, i.e. thestructural s<strong>et</strong>, <strong>de</strong>creased from dominant trees to shrubs. The proper diversity of the herb <strong>la</strong>yer showed re<strong>la</strong>tively highfigures mainly due to the higher individual <strong>de</strong>nsity in re<strong>la</strong>tion to the existence of microstrata. Within the 37 sample plots,1,050 taxa have been i<strong>de</strong>ntified to species or morpho-species levels, for a total of 25,750 individuals. These taxa represent442 genus among 104 families. The richest forest type is found on the foothills of the Niefang range, on the windward si<strong>de</strong>.This forest type is also characterised by a high number of oligotypic genus and by species belonging to functional typesindicators of g<strong>la</strong>cial refuges. These functional types are <strong>de</strong>fined on the basis of the dispersal capacity and on kind of standnee<strong>de</strong>d for effective germination. We formu<strong>la</strong>ted the hypothesis that this kind of "foothills refuge ", characterised by hiszonal nature, could have been one of the rare refuges for species from main<strong>la</strong>nd rain forests, while montane and fluvialrefuges would mainly have preserved species from non-zonal forest types: (sub)montane and riverine.Based on indicator species of submontane forests, a potential distribution map of this forest type has been realised at theAt<strong>la</strong>ntic central African scale. More than 400 submontane forest localities have been mapped. These forests begin at400m of altitu<strong>de</strong> near the ocean, and progressively at higher altitu<strong>de</strong> for increasing distance to the ocean. Many low<strong>la</strong>ndlocalities also comprised submontane species, which could indicate the existence of ecological transgressions. Thes<strong>et</strong>ransgressions would allow migratory tracks for submontane species b<strong>et</strong>ween iso<strong>la</strong>ted mountain ranges, not only duringg<strong>la</strong>cial periods, through heights at the northern and southern bor<strong>de</strong>rs of the congo basin, but also contemporarily throughthe low<strong>la</strong>nd riverine forest n<strong>et</strong>work, in the centre of this basin. Finally, a special attention has been attributed to littoralforests and to some cases of choroecological transgressions, coupled to the ecological equalization phenomenon.


TABLE DES MATIÈRESI INTRODUCTION............................................................................................................ 1I.1 OBJECTIFS ................................................................................................................... 1I.2 CADRE DE L’ETUDE ..................................................................................................... 2I.2.1 Climat..................................................................................................................... 3I.2.2 Relief <strong>et</strong> hydrographie............................................................................................ 4I.2.3 Géologie <strong>et</strong> sols ...................................................................................................... 8I.2.4 Végétation............................................................................................................... 8I.2.5 Degré d’exploration botanique .............................................................................. 8I.3 ORGANISATION DES FORETS TROPICALES .................................................................. 10I.3.1 Notions <strong>de</strong> base à l’échelle <strong>de</strong> l’association végétale.......................................... 10I.3.2 La phytocénose comme écosystème...................................................................... 12I.3.3 Les compartiments <strong>de</strong> l’association végétale....................................................... 15I.3.3.1 Compartiments structuraux .......................................................................... 15I.3.3.2 Compartiments taxonomiques, écologiques <strong>et</strong> sociologiques...................... 17I.3.3.3 Compartiments fonctionnels ........................................................................ 18I.4 TYPES DE RELEVES DE VEGETATION EN FORETS DENSES TROPICALES........................ 30I.4.1.1 Limiter les compartiments envisagés ........................................................... 31I.4.1.2 Limiter l’effort <strong>de</strong> détermination.................................................................. 33I.4.1.3 Limiter l’effort d’échantillonnage................................................................ 34I.4.1.4 Limiter <strong>la</strong> quantité ou <strong>la</strong> précision <strong>de</strong>s observations (effort d’observation). 35I.4.1.5 Bref historique <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> relevés dans les forêts d’Afrique tropicale ..... 36I.4.1.6 Tour d’horizon bibliographique <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> relevés en forêts tropicales... 38I.4.1.7 Conclusion.................................................................................................... 42I.5 DE LA PHYTOGEOGRAPHIE A LA PHYTOSOCIOLOGIE: VERS UNE TYPOLOGIE INTEGREE.................................................................................................................................... 43I.5.1 Bref historique...................................................................................................... 43I.5.2 Critères <strong>pour</strong> les c<strong>la</strong>ssifications phytogéographiques ......................................... 45I.5.2.1 Critères floristiques: ..................................................................................... 46I.5.2.2 Critères physionomiques .............................................................................. 53I.5.2.3 Critères phytosociologiques ......................................................................... 56I.5.2.4 Critères écologiques ..................................................................................... 57I.5.3 Valeur <strong>et</strong> hiérarchie <strong>de</strong>s critères.......................................................................... 63I.5.4 Vers une approche intégrée en phytogéographie................................................. 66I.5.4.1 Introduction .................................................................................................. 66I.5.4.2 Eléments recueillis <strong>de</strong>s conceptions basifuges (c<strong>la</strong>ssificationsagglomératives) ............................................................................................................ 66I.5.5 Principes <strong>et</strong> définition d’une phytogéographie intégrée ...................................... 69I.5.5.1 Comment définir <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> végétation généraux en intégrant les typesazonaux ?...................................................................................................................... 69I.5.5.2 Comment tenir compte <strong>de</strong>s microhabitats ? ................................................. 72I.5.5.3 Comment gérer les espèces à plus <strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique <strong>et</strong> les espècesrares ? ...................................................................................................................... 73I.5.5.4 Que faire <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> compensations écologiques ?........................... 74I.5.5.5 Comment interpréter <strong>de</strong>s groupes tels que celui " <strong>de</strong>s forêts semidécidues" ?................................................................................................................... 75I.5.5.6 Comment gérer le manque <strong>de</strong> données écologiques en milieux tropicaux ? 76Table <strong>de</strong>s matièresI


I.5.6 Lien entre les compartiments <strong>et</strong> les c<strong>la</strong>ssifications .............................................. 77I.5.7 Le problème <strong>de</strong>s limites entre ensembles phytogéographiques ouphytosociologiques ........................................................................................................... 78I.5.8 Conclusions sur les c<strong>la</strong>ssifications phytogéographiques ..................................... 78I.6 LES TYPES FORESTIERS TROPICAUX D’ALTITUDE....................................................... 80I.6.1 Distribution géographique <strong>de</strong>s régions montagneuses en Afrique ...................... 81I.6.2 Les étages altitudinaux <strong>de</strong> végétation en milieu tropical forestier ...................... 86I.6.2.1 Introduction .................................................................................................. 86I.6.2.2 Problèmes liés à <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s étages altitudinaux ......................... 87I.6.2.3 Synthèse sur l’étagement altitudinal en forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> ........................ 93II MATÉRIEL ET MÉTHODE........................................................................................ 98II.1 CHOIX DES SITES D’ETUDE ET PLAN D’ECHANTILLONNAGE ....................................... 98II.2 DONNEES FLORISTIQUES............................................................................................ 99II.2.1 Relevés <strong>de</strong> végétation: emp<strong>la</strong>cement................................................................ 99II.2.2 Relevés <strong>de</strong> végétation: <strong>de</strong>scription................................................................. 101II.2.3 Relevés <strong>de</strong> végétation: effort d’échantillonnage <strong>et</strong> quantification <strong>de</strong>l’abondance.................................................................................................................... 104II.2.3.1 Les strates ligneuses ................................................................................... 105II.2.3.2 La strate herbacée....................................................................................... 107II.2.4 Relevés <strong>de</strong> végétation: en pratique sur le terrain <strong>et</strong> effort d’observation...... 110II.2.5 I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s espèces <strong>et</strong> nomenc<strong>la</strong>ture suivie.......................................... 112II.3 DONNEES STRUCTURALES ET ECOLOGIQUES SUR LA STATION ................................. 118II.3.1 Altitu<strong>de</strong> (Altit)................................................................................................. 118II.3.2 Hygrométrie (Bryoph) .................................................................................... 118II.3.3 Hydromorphie du sol (Hydro)........................................................................ 119II.3.4 Profon<strong>de</strong>ur du sol <strong>et</strong> profil pédologique (SolProfC)...................................... 119II.3.5 Situation topographique (Topo) ..................................................................... 120II.3.6 Intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamique forestière (Dyn) .................................................... 120II.3.7 Distance à l’océan <strong>et</strong> pluviosité (DOcean, Pluvio, distlign, Nbrelign).......... 120II.3.8 Autres variables environnementales (Pente, Exposition) .............................. 120II.4 CARACTERES SYNTHETIQUES: LES COMPARTIMENTS............................................... 121II.4.1 Spectres structuraux <strong>et</strong> fonctionnels .............................................................. 122II.4.1.1 Types biologiques, ensembles structuraux <strong>et</strong> modèles architecturaux....... 122II.4.1.2 Types <strong>de</strong> dimensions foliaires .................................................................... 127II.4.1.3 Types <strong>de</strong> diaspores <strong>et</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dissémination.......................................... 127II.4.1.4 Types fonctionnels (guil<strong>de</strong>s) ...................................................................... 130II.4.2 Spectres phytogéographiques......................................................................... 130II.4.2.1 Types chorologiques .................................................................................. 130II.4.2.2 Degrés d’endémisme .................................................................................. 131II.4.3 Spectres écologiques ...................................................................................... 132II.4.3.1 Types d’habitat........................................................................................... 132II.4.3.2 Degrés <strong>de</strong> fidélité ....................................................................................... 136II.4.4 Détermination <strong>de</strong>s types chorologiques, écologiques, physionomiques <strong>et</strong> autres........................................................................................................................ 136II.4.4.1 Sources d’informations .............................................................................. 136II.4.4.2 Aspects écologiques ................................................................................... 138II.4.4.3 Aspects chorologiques................................................................................ 139II.4.4.4 Aspects physionomiques ............................................................................ 139Table <strong>de</strong>s matièresII


II.5 GESTION ET EXPLOITATION DES DONNEES............................................................... 140II.6 IDENTIFICATION ET DESCRIPTION DES COMMUNAUTES VEGETALES......................... 141II.6.1 Typologie <strong>de</strong>s communautés végétales........................................................... 141II.6.1.1 Préparation <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong> données.......................................................... 141II.6.1.2 Métho<strong>de</strong>s d’analyses multivariées: les ordinations (CA <strong>et</strong> DCA) ............. 143II.6.1.3 Métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssifications <strong>de</strong>s données floristiques (Clustering)............ 143II.6.2 Construction du tableau phytosociologique <strong>et</strong> caractères synthétiques ........ 145II.7 ANALYSE DES RELATIONS ENTRE DONNEES FLORISTIQUES, ECOLOGIQUES ETSPATIALES ........................................................................................................................... 147II.8 ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DES DIFFERENTES STRATES FORESTIERES.............. 149II.9 DIVERSITE VEGETALE.............................................................................................. 149II.9.1 Indices <strong>de</strong> diversité......................................................................................... 150II.9.2 Estimation <strong>de</strong> <strong>la</strong> β<strong>et</strong>a-diversité....................................................................... 151II.9.3 Courbes aire-espèces <strong>et</strong> individus-espèces .................................................... 152III RÉSULTATS ............................................................................................................ 154III.1 IDENTIFICATION ET DESCRIPTION DES COMMUNAUTES VEGETALES ET DE LEURDETERMINISME ECOLOGIQUE............................................................................................... 154III.1.1 Typologie <strong>de</strong>s communautés végétales........................................................... 154III.1.1.1 Analyses multivariées: les ordinations (CA <strong>et</strong> DCA) ............................ 154III.1.1.2 C<strong>la</strong>ssifications <strong>de</strong>s relevés sur base d’indices <strong>de</strong> distance (ClusterAnalysis) ................................................................................................................ 158III.1.1.3 Synthèse <strong>de</strong>s résultats d’ordination <strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification ......................... 160III.1.2 Recherche <strong>de</strong>s espèces indicatrices <strong>et</strong> construction du tableauphytosociologique (IndVal) ............................................................................................ 162III.1.3 Déterminisme écologique <strong>de</strong>s communautés végétales.................................. 168III.1.4 Autocorré<strong>la</strong>tion spatiale vs. déterminisme écologique .................................. 172III.2 ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DES DIFFERENTES STRATES FORESTIERES A LADEFINITION ET A LA CLASSIFICATION DES ASSOCIATIONS VEGETALES ................................. 174III.2.1 Comparaison <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications selon les strates ou les ensembles structuraux........................................................................................................................ 175III.2.2 Paramètres environnementaux déterminants selon les strates ...................... 179III.2.3 Importance <strong>de</strong>s autocorré<strong>la</strong>tions spatiales selon les strates.......................... 180III.2.4 Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s liens floristiques entre les strates .................................................. 181III.3 DIVERSITE VEGETALE COMPAREE ENTRE STRATES ET ENTRE HABITATS.................. 183III.3.1 Considérations générales............................................................................... 183III.3.2 Quels sont les types forestiers les plus riches ? ............................................. 184III.3.3 Quelles sont les strates <strong>et</strong> les ensembles structuraux les plus diversifiés ? ... 187III.3.4 Contribution <strong>de</strong>s ensembles structuraux à <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s strates ................ 190III.3.5 Quelle est <strong>la</strong> représentativité <strong>de</strong>s relevés phytocénotiques <strong>et</strong> structuraux?... 191III.3.5.1 Courbes aire-espèces <strong>et</strong> individus-espèces............................................. 191III.3.5.2 Courbes <strong>de</strong> raréfaction <strong>et</strong> courbes aire-constance .................................. 194III.3.5.3 Le sous-bois: diversité <strong>et</strong> représentativité <strong>de</strong>s relevés ........................... 197III.3.6 Quelle est l’importance <strong>de</strong> l’échelle sur les comparaisons <strong>de</strong> diversité ? ..... 200III.3.7 Calcul <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> diversité courants ........................................................ 202Table <strong>de</strong>s matièresIII


IV DISCUSSION ........................................................................................................... 203IV.1 SPECTRES CHOROLOGIQUES ET ECOLOGIQUES......................................................... 203IV.1.1 Statut phytogéographique du P.N. <strong>de</strong> Monte Alén <strong>et</strong> <strong>de</strong>s 2 autres sites étudiés .......................................................................................................................... 203IV.1.2 Liens chorologiques comparés entre les différents habitats .......................... 206IV.1.3 Degré d’endémisme <strong>de</strong>s espèces par type chorologique................................ 208IV.1.4 Spectres chorologiques au niveau <strong>de</strong>s genres <strong>et</strong> taux <strong>de</strong> genrespaucispécifiques ............................................................................................................. 209IV.1.5 Liens chorologiques comparés entre ensembles structuraux......................... 211IV.1.6 Remarque sur notre système <strong>de</strong> types chorologiques <strong>et</strong> améliorations.......... 212IV.1.7 Spectre <strong>de</strong>s groupes écologiques.................................................................... 214IV.1.7.1 Composante altitudinale......................................................................... 214IV.1.7.2 Composante hydromorphe ..................................................................... 217IV.1.7.3 Composante dynamique ......................................................................... 220IV.1.8 Réflexion sur les re<strong>la</strong>tions entre spectres écologiques <strong>et</strong> chorologiques....... 222IV.1.8.1 Les transgresseurs choroécologiques ..................................................... 222IV.1.8.2 Les affinités phytogéographiques <strong>de</strong> l’étage submontagnard bas-guinéen.................................................................................................................. 228IV.2 SPECTRES PHYSIONOMIQUES ET FONCTIONNELS...................................................... 229IV.2.1 Spectre <strong>de</strong>s types biologiques......................................................................... 229IV.2.2 Spectre <strong>de</strong>s modèles architecturaux, types <strong>de</strong> base <strong>de</strong> tronc <strong>et</strong> types d’exsudats........................................................................................................................ 234IV.2.2.1 Modèles architecturaux <strong>pour</strong> les strates ligneuses ................................. 234IV.2.2.2 Types <strong>de</strong> base <strong>de</strong> tronc ........................................................................... 236IV.2.2.3 Types d’exsudats .................................................................................... 240IV.2.2.4 Modèles architecturaux <strong>pour</strong> les espèces du sous-bois .......................... 242IV.2.3 Spectre <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> dimensions foliaires ...................................................... 246IV.2.4 Spectre <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> diaspores ....................................................................... 248IV.2.5 Spectre <strong>de</strong>s types fonctionnels (ou guil<strong>de</strong>s).................................................... 251IV.2.5.1 Les p<strong>la</strong>ntes du sous-bois......................................................................... 251IV.2.5.2 Les strates arborées ................................................................................ 255IV.3 FLORE ET DISTRIBUTION DES FORETS SUBMONTAGNARDES..................................... 257IV.3.1 Principes d’une métho<strong>de</strong> <strong>pour</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s étages d’altitu<strong>de</strong> ......................... 259IV.3.1.1 Types d’éléments d’information sur <strong>la</strong> présence d’espècessubmontagnar<strong>de</strong>s........................................................................................................ 259IV.3.1.2 Degré <strong>de</strong> précision géographique <strong>de</strong>s éléments d’information .............. 259IV.3.1.3 Types d’habitats possibles <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s espèces submontagnar<strong>de</strong>s nonendémiques................................................................................................................ 260IV.3.1.4 Informations spécifiques sur l’étagement altitudinal ............................. 262IV.3.2 Espèces caractéristiques <strong>de</strong> l’étage submontagnard ..................................... 262IV.3.3 Localités caractérisées par <strong>la</strong> présence d’espèces submontagnar<strong>de</strong>s ........... 266IV.3.4 Localités à caractère réellement submontagnard.......................................... 270IV.3.5Influence <strong>de</strong>s paramètres écologiques sur l’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’étage submontagnard......................................................................................................................... 270IV.3.6 distribution potentielle <strong>de</strong>s forêts submontagnar<strong>de</strong>s ..................................... 273IV.3.6.1 Variables environnementales utilisées ................................................... 274IV.3.6.2 Carte <strong>de</strong> distribution potentielle ............................................................. 275IV.3.7 Conclusion <strong>et</strong> remarques sur les étages altitudinaux..................................... 280IV.4 PHYTOGEOGRAPHIE DE LA REGION GUINEO-CONGOLAISE ....................................... 283IV.4.1 Bases du système phytogéographique ............................................................ 283Table <strong>de</strong>s matièresIV


IV.4.2 Phytochories infra-domaniales ...................................................................... 284IV.4.2.1 Caractérisations <strong>de</strong>s phytochories bas-guinéennes................................. 284IV.4.2.2 Refuges <strong>de</strong> pied <strong>de</strong> massifs montagneux................................................ 285IV.4.2.3 Le problème <strong>de</strong>s types zonaux marqués par l’excès d’un facteurmacroclimatique ......................................................................................................... 287IV.4.3 Synthèse phytogéographique.......................................................................... 287IV.4.4 Homologies <strong>et</strong> intérêt <strong>de</strong>s systèmes phytosociologiques ................................ 289IV.4.4.1 Formations zonales................................................................................. 293IV.4.4.2 Formations azonales d’altitu<strong>de</strong>............................................................... 295IV.4.4.3 Représentation <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions spatio-temporelles <strong>et</strong> homologies entre lesprincipales unités zonales <strong>et</strong> azonales ........................................................................ 298IV.5 DIVERSITE VEGETALE COMPAREE ENTRE REGIONS .................................................. 300IV.5.1 Relevés compl<strong>et</strong>s <strong>et</strong> diversité <strong>de</strong>s herbacées terrestres.................................. 300IV.5.2 Relevés <strong>de</strong> strates ligneuses ........................................................................... 303IV.5.3 Richesse en espèces rares <strong>et</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité ........................ 305V CONCLUSIONS........................................................................................................... 307V.1 ASPECTS METHODOLOGIQUES ................................................................................. 307V.1.1 Une conception intégrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>typologie</strong> forestière ....................................... 307V.1.2 Des relevés compl<strong>et</strong>s, quantitatifs <strong>et</strong> multistrates .......................................... 308V.2 LES TYPES FORESTIERS, LEUR DETERMINISME, LEUR HISTOIRE ET LEUR DESCRIPTION311V.3 BIODIVERSITE ET CONSERVATION ........................................................................... 315V.4 AUTRES QUESTIONS ET PERSPECTIVES..................................................................... 316VI BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................... 317VII ANNEXES................................................................................................................. 345Table <strong>de</strong>s matièresV


IINTRODUCTIONI.1 ObjectifsC<strong>et</strong>te thèse est fondée sur les questions d’ordre général que tout botaniste se pose lorsqu’ildécouvre <strong>et</strong> apprend à connaître les forêts tropicales. Quels sont les différents types <strong>de</strong> forêts<strong>et</strong> comment les définir ? Comment évaluer leur richesse botanique si complexe <strong>et</strong> quelles sontles régions à protéger <strong>de</strong> toute urgence <strong>pour</strong> ne pas perdre les plus beaux joyaux <strong>de</strong> cepatrimoine ? Quels sont les processus qui expliquent <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> ces différents typesforestiers <strong>et</strong> <strong>la</strong> variabilité <strong>de</strong> leur richesse ? Que peut-on en déduire <strong>de</strong>s moyens dont dispose<strong>la</strong> nature <strong>pour</strong> réagir aux futures perturbations climatiques <strong>et</strong> à l’actuelle pression <strong>de</strong>l’homme ? ...Ces questions passionnantes <strong>et</strong> inter-dépendantes sont encore actuellement rempliesd’incertitu<strong>de</strong>s puisque déjà à <strong>la</strong> première d’entre elles <strong>la</strong> communauté scientifique se divise:-Comment envisager conceptuellement <strong>la</strong> <strong>typologie</strong> (chapitre I.5) ? N’oublions pas que <strong>la</strong>nature n’est pas binaire. Elle n’est pas faite <strong>de</strong> catégories mais plutôt d’une multitu<strong>de</strong>d’éléments uniques que l’esprit humain s’applique à catégoriser afin <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>r à comprendrecertaines choses. C<strong>et</strong>te question nécessite <strong>de</strong> réfléchir sur l’organisation interne <strong>de</strong>scommunautés dont on veut établir une <strong>typologie</strong> (chapitre I.3).-Quelles informations doit-on trouver, que faut-il observer <strong>et</strong> comment doit-on s’y prendre<strong>pour</strong> <strong>la</strong> collecte concrète <strong>de</strong> ces informations (chapitre II) ? Comment unir nos efforts afin <strong>de</strong>progresser plus vite, c’est-à-dire comment augmenter <strong>la</strong> rentabilité <strong>et</strong> <strong>la</strong> polyvalence <strong>de</strong> nosrecherches ?Après avoir discuté <strong>de</strong> manière conceptuelle les questions évoquées ci-<strong>de</strong>ssus (chapitresintroduction, matériel <strong>et</strong> métho<strong>de</strong>), nous avons appliqué le système imaginé à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>stypes forestiers en Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique. Les questions plus particulières que nous noussommes posées, afin d’enrichir notre réflexion, sont les suivantes:1-Existe-t-il différents types forestiers en re<strong>la</strong>tion avec le gradient <strong>de</strong> continentalité ? C<strong>et</strong>tevariabilité est-elle <strong>la</strong> même <strong>pour</strong> un milieu mésique, par exemple les forêts <strong>de</strong>nses matures <strong>de</strong>terre ferme, <strong>et</strong> <strong>pour</strong> un milieu soumis à l’excès d’une variable locale, comme l’altitu<strong>de</strong> ?2-Les réponses au gradient <strong>de</strong> continentalité, qui est <strong>de</strong> nature macroclimatique, sont-ellesdifférentes selon les strates <strong>et</strong> les ensembles structuraux, qui eux sont liés à un gradientmicroclimatique vertical al<strong>la</strong>nt du sous-bois sombre <strong>et</strong> humi<strong>de</strong> à <strong>la</strong> canopée exposée auxradiations so<strong>la</strong>ires ?3-Quelle est <strong>la</strong> distribution géographique <strong>de</strong>s communautés décrites aux points 1 <strong>et</strong> 2 ?Jusqu’où s’éten<strong>de</strong>nt les espèces qui les composent <strong>et</strong> quelle est l’importance <strong>de</strong> leur élémentpropre ? Comment définir l’endémisme <strong>et</strong> son homologue écologique, <strong>la</strong> fidélité ? Commentdéfinir <strong>et</strong> étudier <strong>de</strong>s groupes écologiques ?4-Quelle est <strong>la</strong> diversité végétale <strong>de</strong>s différentes communautés étudiées <strong>et</strong> <strong>de</strong> leursconstituants ? Quels sont les types fonctionnels <strong>et</strong> quelles interprétations peuvent êtredégagées quant à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> à l’histoire <strong>de</strong> ces types forestiers ?B. SENTERRE (2005) Introduction - I.1 1


I.2 Cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>La présente étu<strong>de</strong> a été menée dans <strong>de</strong>ux pays d’Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique: <strong>la</strong> GuinéeEquatoriale <strong>et</strong> le Cameroun. Les raisons <strong>de</strong> ce choix sont commentées en détail plus loin, dans<strong>la</strong> partie matériel <strong>et</strong> métho<strong>de</strong>. Mentionnons toutefois déjà que <strong>la</strong> région étudiée au Cameroun,en forêts à caractère continental, nous a essentiellement servis d’ " out group ", afin <strong>de</strong> mieuxpouvoir décrire les types forestiers étudiés en Guinée Equatoriale. Nous insisterons doncmoins sur <strong>la</strong> présentation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te région.Dans chacun <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pays, les régions étudiées ont été ciblées en rapport avec <strong>la</strong>méthodologie expliquée plus loin. Il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réserve <strong>de</strong> Ndoté, <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Monte Bata <strong>et</strong>surtout du Parc National <strong>de</strong> Monte Alén, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Guinée Equatoriale, <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réserve <strong>de</strong>Biosphère du Dja, <strong>pour</strong> le Cameroun (Fig.1).Fig.1 Localisation <strong>de</strong>s zones d’étu<strong>de</strong>. Les sites concernés par nos relevés sont représentés par <strong>de</strong>s points rouges.Le réseau routier est indiqué ainsi que les limites du Parc National <strong>de</strong> Monte Alén <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réserve <strong>de</strong> Biosphèredu Dja.La République <strong>de</strong> Guinée Equatoriale, qui ne comptait encore que 410.000 habitants il y a dixans <strong>de</strong> ce<strong>la</strong> (FAO 1996), atteint aujourd’hui le million (L’INTELLIGENT 2004). Elle se situeentre 1° <strong>et</strong> 2° <strong>de</strong> <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> Nord, au cœur du Golfe <strong>de</strong> Guinée. Le pays couvre une superficie <strong>de</strong>28.051 km² <strong>et</strong> est divisé en 7 provinces:-quatre dans <strong>la</strong> région continentale du Mbini (ou Rio Muni, 26.017 km²): Centro-Sur, Kie-Ntem, Litoral <strong>et</strong> Wele-Nzas, Bata étant <strong>la</strong> capitale continentale.-<strong>de</strong>ux sur l’île <strong>de</strong> Bioko (entièrement d’origine volcanique, à 3° <strong>de</strong> <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> Nord): Bioko-Norte (où se trouve Ma<strong>la</strong>bo, <strong>la</strong> capitale du pays) <strong>et</strong> Bioko-Sur.-La province d’Annobon (ou Pagalu) à 1°20’ <strong>de</strong> <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> Sud <strong>et</strong> 360 km <strong>de</strong> <strong>la</strong> côte.n.b.: cinq îles en tout appartiennent à <strong>la</strong> Guinée Equatoriale: Bioko, Annobon, Elobey Chico,Elobey Gran<strong>de</strong> <strong>et</strong> Corisco. (ENCARTA 1998)B. SENTERRE (2005) Introduction - I.2 2


C<strong>et</strong>te ancienne colonie espagnole obtint son indépendance le 12 octobre 1968 <strong>et</strong> a conservél’espagnol comme <strong>la</strong>ngue nationale. Il s’agit d’un atout très important <strong>pour</strong> le développementdu tourisme puisque c’est le seul pays hispanophone d’Afrique. De plus, <strong>de</strong>puis 1998 lefrançais est <strong>de</strong>venu secon<strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue nationale.L’exploitation du bois a connu une forte diminution après l’indépendance <strong>pour</strong> finalementreprendre <strong>de</strong> manière extrêmement rapi<strong>de</strong> à partir <strong>de</strong>s années nonante jusqu’à nos jours où <strong>la</strong>production <strong>de</strong> bois tourne autour <strong>de</strong> 700.000m³ par an (FA 1991, CUREF 1998).L’agriculture, bien que prospère à l’époque coloniale (cacao, café, palmier à huile, coco),connut <strong>la</strong> même régression que l’exploitation forestière mais ne s’en est jamais remise, si bienqu’aujourd’hui, seuls 8 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface du pays y sont consacrés (FAO 1996). L’économie <strong>de</strong><strong>la</strong> Guinée a donc longtemps reposé principalement sur le bois. Depuis <strong>la</strong> découverted’importants gisements <strong>de</strong> pétrole en 1992, le pays a connu un développement spectacu<strong>la</strong>ire.La production <strong>de</strong> brut est actuellement <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 350.000 barils/jour <strong>et</strong> le secteur pétrolierfournit 90% <strong>de</strong>s rec<strong>et</strong>tes du pays.La Guinée Equatoriale est ainsi <strong>de</strong>venue un <strong>de</strong>s pays les plus riches du continent même si leProgramme <strong>de</strong>s Nations Unies <strong>pour</strong> le Développement (Pnud) c<strong>la</strong>sse toujours le pays au116 ème rang sur 175 au niveau <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> développement humain (IDH) (L’INTELLIGENT2004).I.2.1 CLIMATLa Guinée Equatoriale jouit d’un climat chaud <strong>et</strong> humi<strong>de</strong> <strong>de</strong> type équatorial, c’est-à-dire <strong>de</strong>type Af selon <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong> Köppen (TROCHAIN 1980). Les précipitations sontabondantes: 1500 à 3800 mm/an (Fig.2ab). Le diagramme ombrothermique a une allurebimodale caractéristique <strong>de</strong>s climats <strong>de</strong> type équatorial. Les <strong>de</strong>ux saisons <strong>de</strong>s pluies s’éten<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> mars à mai <strong>et</strong> <strong>de</strong> septembre à novembre avec un maximum <strong>de</strong> pluies en octobre. Le moisd’août est généralement le plus sec (Fig.2b).La Réserve <strong>de</strong> Biosphère du Dja est quant à elle soumise à un climat re<strong>la</strong>tivement plus sec,avec une seule saison sèche vraiment marquée. Selon STÉVART (2003), son régime climatiqueest <strong>de</strong> type Aw3 dans le système <strong>de</strong> Köppen. D’après le même auteur, il existe une diminutionsensible <strong>de</strong> <strong>la</strong> pluviosité <strong>de</strong>puis l’ouest vers l’est <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réserve.En Guinée Equatoriale, <strong>la</strong> température moyenne sur toute l’année est <strong>de</strong> 25°C avec uneamplitu<strong>de</strong> thermique annuelle très faible. L’humidité re<strong>la</strong>tive est <strong>de</strong> 90 % (80 % pendant <strong>la</strong>saison sèche) (FA 1991). Plus vers l’intérieur, dans <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Nsork, l’amplitu<strong>de</strong> thermiquejournalière augmente sensiblement (SENTERRE 1999).Ces paramètres sont assez variables d’une localité à une autre <strong>et</strong> en fonction <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong> maison dispose <strong>de</strong> très peu <strong>de</strong> données climatiques en Guinée Equatoriale. Il semble, par exemple,que les régions situées directement sous le vent <strong>de</strong> <strong>la</strong> cordillère <strong>de</strong> Niefang, à MonteChoco<strong>la</strong>te notamment, soient très n<strong>et</strong>tement plus sèches par eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> foehn (LEJOLY, comm.pers.), ce qui expliquerait l’abondance d’espèces transgressives <strong>de</strong>s forêts semi-déciduescomme Triplochiton scleroxylon, juste au Nord <strong>de</strong> Monte Choco<strong>la</strong>te.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.2 3


Fig.2a Pluviométrie moyenne annuelle en Afrique tropicale (d’après les données publiées sur le sitehttp://climate.geog.u<strong>de</strong>l.edu/).2b Diagramme ombrothermique relevé à Bata, Guinée EquatorialeSource: aéroport <strong>de</strong> Bata in COLLIN (1998).400350300250200150100500J F M A M J J A S O N DPrécipitations(mm/mois)Précipitations (mm)(Température °C)*2Température x 2(°C)I.2.2 RELIEF ET HYDROGRAPHIELe relief est re<strong>la</strong>tivement peu accusé par rapport aux principales régions montagneusesd’Afrique, notamment <strong>la</strong> dorsale camerounaise, mais à l’échelle du reste <strong>de</strong> l’Afrique centraleat<strong>la</strong>ntique, <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Monte Alén contient une importante concentration <strong>de</strong> somm<strong>et</strong>sdépassant les 1000m. Le pays peut être décomposé en trois zones d’Ouest en Est (Fig.3 <strong>et</strong> 4):-La ban<strong>de</strong> littorale, <strong>de</strong> 30 à 40km <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge, est constituée majoritairement <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ines à moins<strong>de</strong> 100m d’altitu<strong>de</strong> mais on note aussi <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> quelques collines d’environ 300m,notamment à Monte Bata. C’est dans c<strong>et</strong>te ban<strong>de</strong> que se concentre l’essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionhumaine.-Après <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine littorale, le pays est traversé du SO au NE par <strong>la</strong> cordillère <strong>de</strong> Niefang quiconstitue <strong>la</strong> prolongation Nord <strong>de</strong>s Monts <strong>de</strong> Cristal <strong>et</strong> contient le point culminant du RioMuni, le Monte Mitra, à probablement 1300m. Le second plus haut somm<strong>et</strong> est le MonteAlén, à un peu moins <strong>de</strong> 1300m, sur le versant Est <strong>de</strong> <strong>la</strong> cordillère.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.2 4


-Vient ensuite, vers l’Est, un relief re<strong>la</strong>tivement vallonné (surtout au Sud) dont l’altitu<strong>de</strong> varie<strong>de</strong> 500 à 700m (FA 1991, LEJOLY 1998). Le paysage a alors souvent un aspect en " <strong>de</strong>mioranges" (SENTERRE 1999).Fig.3 Profil topographique d’Ouest en Est au travers <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guinée Equatoriale, à partir d’une illustration <strong>de</strong>MERCADER & al. (2002).p<strong>la</strong>ine littoralecordillère<strong>de</strong>Niefangp<strong>la</strong>teauxintérieursMonte AlénNdotéMonteBataMosumoNsorkPour ce qui est <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réserve <strong>de</strong> Biosphère du Dja, l’altitu<strong>de</strong> varie <strong>de</strong> 400m au SE à 550-600mau centre <strong>et</strong> rarement jusqu’à 800m. Dans <strong>la</strong> région centrale que nous avons étudiée, lepaysage est à peine découpé par <strong>de</strong> nombreuses vallées rapprochées <strong>et</strong> peu profon<strong>de</strong>s, tant <strong>et</strong>si bien que <strong>la</strong> forêt semble toujours marquée par une tendance hydromorphe.La partie continentale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guinée Equatoriale est traversée par trois importantes rivières: lerio Uele, aussi appelé Wele ou Uoro, qui délimite vers l’ouest le Parc National <strong>de</strong> MonteAlén, le rio Muni qui sert <strong>de</strong> frontière avec le Gabon <strong>et</strong> le rio Campo à <strong>la</strong> frontière avec leCameroun.Le Parc National <strong>de</strong> Monte Alén est parcouru d’est en ouest par une autre rivièred’importance moyenne, le rio Laña. Au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie Nord du Parc, se trouve un p<strong>et</strong>it<strong>la</strong>c, le <strong>la</strong>go Atoc, à aspect assez marécageux <strong>et</strong> entouré <strong>de</strong> hautes montagnes (Photo 1). C<strong>et</strong>terégion est fréquentée par les touristes, notamment en raison <strong>de</strong>s facilités <strong>pour</strong> l’observation <strong>de</strong><strong>la</strong> faune. L’autre point touristique du Parc est situé au niveau <strong>de</strong>s impressionnantes chutes durio Uolo au niveau <strong>de</strong> sa confluence avec le rio Laña (Fig.5).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.2 5


Fig.4 Relief <strong>et</strong> principaux somm<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s hauts p<strong>la</strong>teaux <strong>et</strong> bastions montagneux <strong>de</strong> l’intérieur du Cameroun, <strong>de</strong> <strong>la</strong>Guinée Equatoriale <strong>et</strong> du Nord du Gabon. Nous attirons l’attention sur le fait que le Modèle Numérique <strong>de</strong> Terrain(MNT) repris dans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s travaux sur l’Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique (B) est <strong>la</strong>rgement incorrect, du moinsdans notre zone d’étu<strong>de</strong>. Le MNT utilisé ici (A) est disponible gratuitement sur intern<strong>et</strong>(ftp://edcsgs9.cr.usgs.gov/pub/data/srtm/) <strong>et</strong> nous a semblé très proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité.Les réseaux routier <strong>et</strong> hydrographique sont indiqués respectivement par les lignes rouges <strong>et</strong> bleues. Les <strong>de</strong>ux airesprotégées concernées dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> sont délimitées par les contours noirs.A0 – 300 m300 – 500 m500 – 800 m800 – 900 m1000 – 1300 m1300 – 1800 m1800 – 2300 m2300 –3000 m3000 – 4000 m> 4000 mBB. SENTERRE (2005) Introduction - I.2 6


Fig.5 Le Parc National <strong>de</strong> Monte Alén se situe au cœur <strong>de</strong> l’Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique. Les attraits touristiquessont très importants: faune, flore, <strong>la</strong>cs, <strong>la</strong>gunes <strong>et</strong> casca<strong>de</strong>s, au milieu d’un paysage <strong>de</strong> montagnes <strong>et</strong> <strong>de</strong> collinesbrumeuses. (illustration tirée d’ECOFAC 2002)Photo 1. Lago Atoc, au centre du Parc National <strong>de</strong> Monte Alén (photo: A. Gotanègre)B. SENTERRE (2005) Introduction - I.2 7


I.2.3 GÉOLOGIE ET SOLSLe Rio Muni repose sur un bouclier précambrien constitué <strong>de</strong> roches cristallines très dures:granites <strong>et</strong> gneiss. L’homogénéité <strong>de</strong> <strong>la</strong> roche mère <strong>et</strong> le climat expliquent <strong>la</strong> faible variétédans les types <strong>de</strong> sols. Ce sont principalement <strong>de</strong>s sols ferrallitiques riches en hydroxy<strong>de</strong>s <strong>de</strong>fer <strong>et</strong> <strong>de</strong> magnésium mais pauvres en feldspaths. Leur pH est légèrement aci<strong>de</strong> (≈ 6) àfortement aci<strong>de</strong> (< 4). (GARCIA & ENEME 1997)I.2.4 VÉGÉTATIONLe Parc National <strong>de</strong> Monte Alén comme <strong>la</strong> Réserve <strong>de</strong> Biosphère du Dja sont <strong>de</strong>ux airesprotégées gérées <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> dix ans (1992) par le Programme ECOFAC (Conservation <strong>et</strong>Utilisation Rationnelle <strong>de</strong>s Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale).Ce programme <strong>de</strong> conservation a encadré <strong>de</strong> nombreuses recherches scientifiques, dont <strong>la</strong>nôtre. Les premières étu<strong>de</strong>s botaniques du Parc National <strong>de</strong> Monte Alén ont été menées parLEJOLY (1994a), OBAMA (1996) <strong>et</strong> VAN REETH (1997), lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s transectsen col<strong>la</strong>boration avec l’ULB (LEJOLY 1993a, 1994b). La majorité <strong>de</strong>s travaux ont toujoursjusqu’ici été axés sur <strong>de</strong>s aspects <strong>et</strong> <strong>de</strong>s méthodologies plus proches <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition <strong>de</strong>sinventaires forestiers. Il s’agit en majorité <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s réalisés par <strong>de</strong>s étudiantsen biologie <strong>et</strong> en agronomie (LOTFÉ 2002, GALLANT 2002, GOTANÈGRE 2004, DESMET 2003,<strong>et</strong>c.). On peut aussi mentionner <strong>de</strong>ux thèses récentes parmi nos col<strong>la</strong>borateurs: celle <strong>de</strong> TariqSTÉVART (2003) sur les orchidées <strong>et</strong> celle d’Ingrid PARMENTIER (2003) sur les inselbergs.Pour le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guinée Equatoriale, un autre proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> conservation a été particulièrementactif, à savoir le proj<strong>et</strong> CUREF (Conservación y Utilización Racional <strong>de</strong> los EcosistemasForestales <strong>de</strong> Guinea Ecuatorial). Celui-ci a également encadré plusieurs travaux <strong>de</strong> find’étu<strong>de</strong>s comme celui <strong>de</strong> COLLIN (1998), BODE (1998), SENTERRE (1999), <strong>et</strong>c. Il est aussi àl’origine du magnifique ouvrage <strong>de</strong> Chris WILKS & Ives ISSEMBÉ (2000). Par ailleurs, leCUREF abrite l’Herbier National <strong>de</strong> Guinée Equatoriale (BATA 1 ).La Réserve <strong>de</strong> Biosphère du Dja a elle-aussi été le suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s: LEJOLY(1993b) VAN ESSCHE (1994 in STÉVART 2003), DEBROUX (1994 in STÉVART 2003), SONKÉ(1998), <strong>et</strong>c. Ces étu<strong>de</strong>s sont également basées sur <strong>la</strong> méthodologie traditionnelle forestière.Dans le cadre d'un proj<strong>et</strong> américain mené par T.B.Smith (Dja Hornbill Project/Proj<strong>et</strong> Ca<strong>la</strong>o),il semble qu’un chercheur ait mené une thèse sur base <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its relevés homogènes, à savoirMark K.Fogiel, mais nous n’avons jamais réussi à établir <strong>de</strong>s contacts ni eu l’occasion <strong>de</strong>consulter son travail, probablement très intéressant. Dernièrement, KOUOB (2003) a engagéune autre étu<strong>de</strong> par quadrats <strong>de</strong> 1ha disposés <strong>de</strong> manière aléatoire.I.2.5 DEGRÉ D’EXPLORATION BOTANIQUEMalgré le grand nombre d’étu<strong>de</strong>s botaniques menées dans les zones envisagées dans c<strong>et</strong>t<strong>et</strong>hèse, il faut rappeler que celles-ci ont été menées répétitivement sur les mêmes transectsforestiers. Par exemple, à Monte Alén, aucun autre botaniste avant nous ne s’était écarté <strong>de</strong>squatre transects <strong>de</strong> 5km chacun. Par conséquent, les nombreuses données collectées nereprésentent qu’une p<strong>et</strong>ite partie <strong>de</strong>s habitats occupant les aires protégées étudiées <strong>et</strong> seconcentrent sur un nombre très limité <strong>de</strong> strates.81 Dans un premier temps, le co<strong>de</strong> choisi <strong>pour</strong> l’Herbier <strong>de</strong> Bata fut HNGE, d’après une communicationpersonnelle du directeur lui-même, C. Obama. Mais le co<strong>de</strong> finalement r<strong>et</strong>enu <strong>pour</strong> l’In<strong>de</strong>x Herbariorum estBATA. Il convient donc <strong>de</strong> corriger ce<strong>la</strong> dans notre récente publication sur les Ebenaceae (SENTERRE 2005).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.2 8


Les régions <strong>de</strong> Monte Alén <strong>et</strong> du Dja sont par ailleurs parmi les régions les moins bienconnues <strong>et</strong> prospectées en Afrique (Fig.6).Fig.6 Carte du <strong>de</strong>gré d’exploration botanique en Afrique, d’après LÉONARD (1965a) <strong>et</strong> reprise par HEPPER(1979) <strong>et</strong> LEBRUN & STORK (1991-1997). Les zones b<strong>la</strong>nches ont fait l’obj<strong>et</strong> d’un nombre <strong>de</strong> collectes d’herbiersinférieur au nombre d’espèces susceptibles d’y vivre. Les zones grises présentent <strong>de</strong> une à trois fois plusd’herbiers collectés que d’espèces présentes. Les zones noires ont au moins trois fois plus d’herbiers collectésque d’espèces présentes.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.2 9


I.3 Organisation <strong>de</strong>s forêts tropicalesLe but <strong>de</strong> ce chapitre est d’introduire quelques concepts <strong>de</strong> base afin <strong>de</strong> justifier les diverschoix qui seront faits plus loin: types biologiques, synusies, types fonctionnels, <strong>et</strong>c. Cesconcepts sont discutés sous forme d’une synthèse bibliographique <strong>et</strong> certaines améliorationssont proposées.I.3.1 NOTIONS DE BASE À L’ÉCHELLE DE L’ASSOCIATION VÉGÉTALELa notion d’association remonte au début du XIX ème siècle sous l’impulsion d’Alexan<strong>de</strong>r vonHumboldt suivi par d’autres naturalistes tels qu'August Grisebach (WIKIPEDIA 2004). Elle estissue du constat que les espèces ne vivent pas n’importe où mais plutôt dans certains types <strong>de</strong>milieux qu’elles partagent généralement avec un grand nombre d’autres espèces.L’association <strong>de</strong> certaines espèces semble alors se répéter lorsque <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> milieusimi<strong>la</strong>ires sont rencontrées. Ce concept continua à être exploré jusqu’à une première mise aupoint, lors du premier congrès international <strong>de</strong> botanique à Paris (en 1900), avec le Proj<strong>et</strong> <strong>de</strong>F<strong>la</strong>hault (in DAGET & GODRON 1982).L’association végétale est alors considérée comme une unité biologique élémentaire, à notreniveau <strong>de</strong> perception, c’est-à-dire comme " <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence vitale <strong>et</strong><strong>de</strong> l’adaptation au milieu dans le groupement <strong>de</strong>s espèces ".L’environnement occupé par un individu d’association végétale (l’association végétale étantune notion abstraite) peut dès lors être lui aussi considéré comme élémentaire. On appellec<strong>et</strong>te unité élémentaire <strong>de</strong> milieu <strong>la</strong> " station " que F<strong>la</strong>hault (1900 in DAGET & GODRON 1982)définissait comme " une circonscription d’étendue quelconque, mais le plus souventrestreinte, représentant un ensemble compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> défini <strong>de</strong> conditions d'existence. La stationrésume tout ce qui est nécessaire aux espèces qui l'occupent, <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong>s facteursclimatiques <strong>et</strong> géographiques avec les facteurs édaphiques <strong>et</strong> biologiques, c'est-à-dire lesrapports <strong>de</strong> chaque espèce avec le sol <strong>et</strong> avec les espèces auxquelles elle est associée ". Al’échelle <strong>de</strong> l’association végétale, d’autres notions <strong>et</strong> d’autres termes existent encore dontnous tentons ici <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce les nuances: habitat, niche, biotope, écotope.Un ensemble <strong>de</strong> stations où s’observe une même espèce ou un même assemb<strong>la</strong>ge d’espèces secaractérise par <strong>de</strong>s traits écologiques (ou facteurs stationnels), <strong>et</strong> donc physionomiques(aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation), communs. C<strong>et</strong> ensemble <strong>de</strong> traits communs caractérise l’habitat <strong>de</strong>l’espèce ou <strong>de</strong> l’assemb<strong>la</strong>ge d’espèces <strong>et</strong> n’est donc pas à confondre avec <strong>la</strong> station qui en estl’expression locale: un habitat peut être représenté par <strong>de</strong> nombreuses localités, correspondantà <strong>de</strong>s stations différentes. L’habitat d’une espèce, par exemple les forêts <strong>de</strong>nses humi<strong>de</strong>ssempervirentes sur sol profond <strong>pour</strong> Santiria trimera, représente l’environnement nécessaire àl’existence <strong>de</strong> celle-ci. L’habitat d’une espèce est en quelque sorte son adresse, c’est-à-direl’endroit où on <strong>la</strong> trouve (ODUM 1953), tandis qu’une station est l’adresse <strong>pour</strong> certainsindividus <strong>de</strong> l’espèce. Il s’agit, comme <strong>la</strong> station, d’une entité spatiale tridimensionnelle,re<strong>la</strong>tivement homogène du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’environnement physique <strong>et</strong> biotique à l’échelleconsidérée (Blon<strong>de</strong>l 1995 in DEVILLERS & DEVILLERS-TERSCHUREN 1996).La notion <strong>de</strong> biotope est très simi<strong>la</strong>ire à celle d’habitat à <strong>la</strong> différence, d’une part, qu’ellen’inclut pas <strong>la</strong> composante biotique <strong>et</strong>, d’autre part, qu’elle fait référence à <strong>la</strong> notiond’écosystème, dont elle constitue <strong>la</strong> composante abiotique. L’écosystème à l’échellestationnelle est alors souvent appelé <strong>la</strong> biogéocénose, dont <strong>la</strong> partie biotique constitue <strong>la</strong>biocénose (ou phytocénose si on ne veut faire allusion qu’à <strong>la</strong> composante végétale) <strong>et</strong> dontB. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 10


<strong>la</strong> partie abiotique est le biotope 2 . Par exemple, l’environnement délimité par <strong>la</strong> couche <strong>de</strong>litière d’une forêt quelconque constitue un biotope dans lequel une graine d’arbre peutgermer. Lorsque l’arbre grandit, il finit par sortir <strong>de</strong> son biotope <strong>de</strong> germination (OLDEMAN1974). Le biotope d’une p<strong>la</strong>nte n’est donc pas forcément le même tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>celle-ci. Comme <strong>pour</strong> l’habitat, il s’agit d’une entité spatiale tridimensionnelle, <strong>de</strong> naturevariable selon l’échelle considérée mais c<strong>et</strong>te fois restreinte à <strong>de</strong>s échelles plus locales <strong>et</strong>même souvent inférieure à <strong>la</strong> phytocénose stationnelle (un tronc <strong>pour</strong>rissant du sous-bois, unef<strong>la</strong>que, <strong>et</strong>c.). D’un point <strong>de</strong> vue spatial uniquement, le biotope est parfois considéré comme <strong>la</strong>plus p<strong>et</strong>ite unité d’habitat (WIKIPEDIA 2004).Comme si les problèmes <strong>de</strong> confusion entre habitat <strong>et</strong> biotope n’étaient pas suffisants, untroisième terme est quelquefois utilisé à savoir l’écotope. Il semble que l’écotope (" lieu <strong>de</strong>séjour ") ait été à l’origine employé <strong>pour</strong> désigner uniquement les composantes climatiques(climatope) <strong>et</strong> édaphiques (édaphotope) d’un écosystème donné, sans faire allusion auxaspects <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> régénération <strong>de</strong> l’écosystème considéré <strong>et</strong> notamment à <strong>la</strong>modification du biotope d’une p<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> par sa propre croissance. L’écotope d’une p<strong>la</strong>nte estdans ce sens le même tout au long <strong>de</strong> sa vie car uniquement dépendant du climat général <strong>et</strong> dusol. Très soucieux <strong>de</strong> ces aspects <strong>de</strong> régénération, OLDEMAN (1974 p. 514, 517) redéfinit l<strong>et</strong>erme écotope comme étant <strong>la</strong> succession <strong>de</strong>s biotopes occupés par un individu <strong>de</strong>l’écosystème tout au long <strong>de</strong> son développement, <strong>et</strong> où se réalisent successivement lesconditions énergétiques perm<strong>et</strong>tant le développement <strong>de</strong> c<strong>et</strong> individu. L’écotope, <strong>de</strong>dimension spatio-temporelle, qu’occupe un arbre d’une espèce pionnière héliophile n’est doncpas le même que celui occupé par un arbre d’une espèce sciaphile. La sylvigénèse (commelors <strong>de</strong> <strong>la</strong> création d’un chablis suite à <strong>la</strong> mort d’un arbre) crée un biotope favorable à <strong>la</strong>germination d’espèces héliophiles qui tout au long <strong>de</strong> leur croissance modifient ce biotope, lerendant favorable à <strong>la</strong> germination d’autres espèces moins héliophiles. La succession <strong>de</strong>sbiotopes occupés par un arbre au cours <strong>de</strong> sa croissance jusqu’à sa mort constitue alors ce queOl<strong>de</strong>man appelle son écotope. C<strong>et</strong>te notion nouvelle, introduite par OLDEMAN (1974) estfondamentale dans <strong>la</strong> conception dynamique <strong>de</strong> l’écosystème forestier <strong>et</strong> dans l’étu<strong>de</strong> dutempérament <strong>de</strong>s espèces en milieux tropicaux (cf. chapitre I.3.3.3). Elle représente au moins<strong>la</strong> troisième définition du terme (TANGHE, comm.pers.).Dans ce même document, OLDEMAN rediscute aussi les termes habitat <strong>et</strong> niche. La nicheécologique, plus encore que l’habitat <strong>et</strong> au contraire <strong>de</strong> <strong>la</strong> station, est un concept abstrait quiinclut une nuance supplémentaire à savoir <strong>la</strong> fonction dans l’écosystème. Les individus quiutilisent les mêmes ressources, d’une manière simi<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> qui contribuent <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manièreà <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> l’écosystème (même type <strong>de</strong> réponse face aux perturbations) exploitent unemême niche écologique. La stabilité d’un écosystème est rendue possible par une diversité <strong>et</strong>une complémentarité <strong>de</strong>s niches écologiques tant <strong>et</strong> si bien qu’il <strong>de</strong>vient douteux <strong>pour</strong> certainsscientifiques <strong>de</strong> supposer que <strong>de</strong>ux espèces puissent occuper exactement une même nicheécologique. On peut toutefois trouver <strong>de</strong>s exemples tels que certains Geophi<strong>la</strong> (Rubiacée) dusous-bois en forêt tropicale, <strong>et</strong>c. (cf. BLANC 2002, notamment p.19). D’autres chercheursjustifient <strong>la</strong> stabilité d’un écosystème précisément par une certaine redondance <strong>de</strong>s nichesexploitées (<strong>pour</strong> lesquelles les espèces seraient alors en compétition) par les différentesespèces <strong>de</strong> manière à ce que l’extinction d’une espèce ne coïnci<strong>de</strong> pas forcément avec <strong>la</strong>disparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction qu’elle occupait (SHUGART 1997).112 Pour certains toutefois, le biotope est <strong>la</strong> partie biotique <strong>de</strong> l’écosystème au niveau local, stationnel, suivant <strong>la</strong>séquence biosphère (global)-biotope (local). Au biotope correspond alors le pédotope <strong>et</strong> le climatope, <strong>pour</strong> lescomposantes du milieu physique.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 11


Notons que les confusions entre niche écologique, biotope, milieux <strong>et</strong> habitat sont trèsfréquentes dans <strong>la</strong> littérature.I.3.2 LA PHYTOCÉNOSE COMME ÉCOSYSTÈMELa notion d’écosystème est directement issue <strong>et</strong> é<strong>la</strong>rgie à partir <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> communautévégétale <strong>et</strong> s’interroge sur le fonctionnement <strong>et</strong> <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> celle-ci. L’étu<strong>de</strong> terminologique<strong>de</strong> DURY (1999) sur ces <strong>de</strong>ux notions en signale déjà les prémisses avec le " microcosme " <strong>de</strong>Forbes en 1887, puis le " superorganism " déjà proposé par Cléments dès 1916, suivi <strong>de</strong> l’" holocen " (utilisé par Friedrichs en 1927), puis du " complexe organisme-milieu " (quiapparaît régulièrement dès les années 1920 <strong>et</strong> <strong>de</strong>vient en 1934 " complexe organismesmilieu" sous l'impulsion <strong>de</strong> Prenant) <strong>et</strong> enfin " quasi-organism " <strong>et</strong> " ecosystem " chezTansley en 1935. Tansley (1935, p.299, in DURY 1999) définit un écosystème <strong>de</strong> <strong>la</strong> manièresuivante: " It is the system so formed which, from the point of view of the ecologist, are thebasic units of nature on the face of the earth. Our natural human prejudices force us toconsi<strong>de</strong>r the organisms [...] as the most important parts of these systems, but certainly theinorganic " factors " are also parts. [...] These " ecosystems ", as we may call them, are of themost various kinds and size ". Un écosystème peut être aussi bien une f<strong>la</strong>que, une branchemorte, voire <strong>la</strong> terre entière. Plus tard, Lin<strong>de</strong>man (1941, in DURY 1999) ajoute à <strong>la</strong> notiond’écosystème <strong>la</strong> définition qui tient toujours aujourd’hui en insistant sur l’organisationhiérarchique <strong>de</strong> tout système en sous-systèmes constituant autant d’entités individualisées.Depuis l’apparition du concept, <strong>de</strong> nombreux auteurs se sont penchés sur <strong>la</strong> hiérarchie <strong>et</strong> <strong>la</strong>nomenc<strong>la</strong>ture <strong>de</strong>s écosystèmes. Des termes tels que macroécosystème, mésoécosystème <strong>et</strong>microécosystème ont ainsi vu le jour. L’écosystème le plus grand est <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète Terre ellemême,ou écosphère, dont <strong>la</strong> composante biotique est appelée <strong>la</strong> biosphère <strong>et</strong> dont <strong>la</strong>composante abiotique intègre hydrosphère, atmosphère, <strong>et</strong>c. Quel <strong>pour</strong>rait être dès lors uncadre hiérarchique général intégrant les différents types d’écosystèmes, <strong>de</strong> l’écosphère à <strong>la</strong>biogéocénose ?Une synthèse d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s cas concr<strong>et</strong>s d’écosystèmes, <strong>de</strong> leur fonctionnement <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurorganisation hiérarchique générale a été entreprise par OLDEMAN (1990) dans ce qui resteprobablement un <strong>de</strong>s principaux ouvrages <strong>de</strong> référence sur l’organisation générale <strong>de</strong>sécosystèmes forestiers. Dans son traité <strong>de</strong> silvologie, Ol<strong>de</strong>man n’a <strong>de</strong> cesse <strong>de</strong> rep<strong>la</strong>cer sesconsidérations dans un cadre plus général, voire universel (p.559). Comme nous l’avons déjàdit plus haut, tout système est composé <strong>de</strong> sous-systèmes, eux-mêmes composés <strong>de</strong> soussystèmesplus p<strong>et</strong>its, <strong>et</strong>c. OLDEMAN (1990) donne un cadre plus général aux écosystèmes qu’ilvoit comme un cas particulier (basé sur <strong>de</strong> nombreux organismes) <strong>de</strong> ce qu’il appelle un" système vivant ". Tout système vivant présente les caractéristiques suivantes (OLDEMAN1990, p.396-398):-<strong>la</strong> présence d’une couche filtrante entre l’intérieur du système <strong>et</strong> son environnement(dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt, il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> canopée, dont le rôle est entre autre, <strong>de</strong> filtrer lerayonnement so<strong>la</strong>ire inci<strong>de</strong>nt)-<strong>la</strong> présence d'un système <strong>de</strong> communication interne-<strong>la</strong> présence d'un système <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> masse-<strong>la</strong> capacité d'ajustement par rapport aux variations <strong>de</strong> l'environnement-<strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> se reproduireLa hiérarchie <strong>de</strong> systèmes " naturels " qu’il propose est entièrement <strong>et</strong> uniquement basée surle critère structural. Pour plus <strong>de</strong> détails quant à l’originalité <strong>et</strong> à <strong>la</strong> justification précise dusystème décrit, nous renvoyons le lecteur au travail d'OLDEMAN (1990, p.16-23).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 12


Fig.7 Hiérarchie <strong>de</strong>s systèmes vivants à l’échelle locale: analogie entre A-les conceptions générales d'OLDEMAN(1990) <strong>et</strong> B-les conceptions syntaxonomiques <strong>de</strong>s phytosociologues (GILLET 2000). Dans l’étu<strong>de</strong> d’OLDEMAN, <strong>la</strong>phytocénose est définie comme <strong>la</strong> mosaïque silvatique <strong>et</strong> ne correspond donc pas à <strong>la</strong> phytocénose au sensphytosociologique. Dans <strong>la</strong> présente étu<strong>de</strong>, nous utiliserons le terme phytocénose dans ce second sens, rappelépar GILLET (2000): " Communauté végétale formée d’un complexe <strong>de</strong> synusies végétales organiséesspatialement, temporellement <strong>et</strong> fonctionnellement au sein d’une même biogéocénose, <strong>et</strong> présentant <strong>de</strong> fortesre<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> dépendance écologique, dynamique <strong>et</strong> génétique ". Le système d’OLDEMAN, bien qu’homologue ausystème phytosociologique, s’en distingue par le fait que l’exemple détaillé par OLDEMAN est centré uniquementsur l’écosystème forestier. On trouvera dans sa synthèse (1990) plusieurs illustrations homologues à celle <strong>de</strong>GILLET.AArchitecture (morphologie, <strong>et</strong>c.)Site mosaicSilvatic mosaic (phytocénose)"every forest surface that is situated in onecontinuous volume with the same resourceregime of climate and soil, which shows thesame complex of silvigen<strong>et</strong>ic dynamics,resulting in a eco-unit composition thatoscil<strong>la</strong>tes around a specific state and<strong>de</strong>termining the architecture and ecologicalfunctioning as long as the resource regimeremains unchanged."Eco-unit"the unit of veg<strong>et</strong>ation which started its<strong>de</strong>velopment at the same moment and on thesame surface."Compartments"any s<strong>et</strong> of abiotic and/or biotic subsystems orcomponents in a living system, that is<strong>de</strong>limited as a recognisable, functionalensemble." (e.g. structural s<strong>et</strong>s, infrastructurals<strong>et</strong>s, <strong>et</strong>c.)Limite entre organismes <strong>et</strong> communautésOrganism"occupying spatio-temporal ecotope"Compartments"auxiliary levels (e.g. reiterated complex,mo<strong>de</strong>l-conform complex, organ complex,<strong>et</strong>c.)"Organ (subsystem in organism)BPopu<strong>la</strong>tions (syntaxonomie...)Catena (invariants mésoclimatiques<strong>et</strong> géomorphologiques)Tese<strong>la</strong>invariants mésoclimatiques,géologiques <strong>et</strong> topographiques(1 seul type <strong>de</strong> sol <strong>et</strong> <strong>de</strong> climatau niveau stationnel, =mésoclimat)Phytocénoseinvariants mésoclimatiques,géologiques, topographiques <strong>et</strong>biotiquesSynusieinvariants mésoclimatiques,géologiques, topographiques,biotiques <strong>et</strong> microclimatiquesOrganismeCes considérations perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> présenter <strong>la</strong> phytocénose comme un système vivant inscritdans un contexte plus vaste. Ainsi, au sein d’une même station homogène, un massif forestierest généralement caractérisé par une mosaïque d’unités dynamiques (chablis, recrûs, unitéspionnières, <strong>et</strong>c.) ayant initié leur développement chacune à un moment donné, consécutif àune perturbation (chute d’un ou <strong>de</strong> plusieurs arbres, incendie, <strong>et</strong>c.). De telles unitésdynamiques, qu'OLDEMAN (1990) appelle <strong>de</strong>s " éco-unités ", constituent chacune un systèmeautonome <strong>et</strong> contribuent à <strong>la</strong> définition <strong>et</strong> au fonctionnement (renouvellement ou" rejuvenation " <strong>pour</strong> VAN STEENIS 1958) du système d’ordre supérieur qu’est <strong>la</strong> mosaïque <strong>et</strong>qu’il appelle <strong>la</strong> " mosaïque silvatique ". Ces principaux niveaux d’organisation <strong>de</strong> <strong>la</strong>végétation se r<strong>et</strong>rouvent en partie dans les conceptions syntaxonomiques <strong>de</strong>sphytosociologues. L’éco-unité correspond en réalité assez bien à <strong>la</strong> " phytocénose " <strong>de</strong> ces<strong>de</strong>rniers, tandis que <strong>la</strong> tese<strong>la</strong> recouvre <strong>la</strong> même notion que celle <strong>de</strong> mosaïque silvatique. Bienqu’OLDEMAN (1990) s’arrête à l’échelle <strong>de</strong>s mosaïques silvatiques, il est encore possible <strong>de</strong>considérer celles-ci comme composantes d’écosystèmes d’ordre supérieur. Enphytosociologie paysagère, on parle <strong>de</strong> " système caténaire " <strong>pour</strong> évoquer une unité globaleB. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 13


organisée d’inter-re<strong>la</strong>tions entre les tese<strong>la</strong>s ou les phytocénoses d’une catena (Fig.7 ; GILLET& al. 1991, TANGHE 1999).On trouve dans <strong>la</strong> littérature quelques notions faisant le lien entre catenas <strong>et</strong> l’ultime niveauhiérarchique (l’écosphère): à c<strong>et</strong>te échelle régionale, on parle généralement <strong>de</strong> biomes <strong>et</strong>d’écorégions <strong>pour</strong> désigner <strong>de</strong>ux niveaux intermédiaires (OLSON & DINERSTEIN 2002, <strong>et</strong>c.).D’ailleurs, bien que le terme ne soit pas repris dans son schéma général, OLDEMAN (1990,p.552) considère le biome comme " une <strong>de</strong>s principales catégories régionalesd’écosystèmes ". Sans entrer dans les détails, nous présentons toutefois ces <strong>de</strong>ux termes dansun système hiérarchique global (Tab.1a). Les systèmes <strong>de</strong>s différents niveaux <strong>de</strong> l’échellelocale sont approfondis par OLDEMAN tout au long <strong>de</strong> son traité <strong>de</strong> silvologie. Les attributsgénéraux propres à tout système vivant sont notamment explicités à chaque niveau ainsi queles analogies entre les sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> développement (Tab.1b).Tab.1 a) Re<strong>la</strong>tions d’échelle <strong>et</strong> hiérarchie <strong>de</strong>s systèmes vivants d’après OLDEMAN (1990) <strong>et</strong> OLSON& DINERSTEIN (2002). Les termes cités sont détaillés dans le texte.niveau hiérarchiqueéchelle individuelle échelle locale échelle régionale <strong>et</strong> globalecellul<strong>et</strong>issuorganismeécodèmeorgane compartiment (synusies, <strong>et</strong>c.) écorégionsystème (sanguins, <strong>et</strong>c.) éco-unité biomeorganisme mosaïque silvatique écosphèremosaïque silvatique(= système tessel<strong>la</strong>ire)écocomplexe(=système caténaire)b) Les cinq principaux sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> développement réalisés chez les systèmes vivants à plusieurs échelles(OLDEMAN 1990 p.561)SystemDevelopmental sequenceOrgan Initium Juvenile Fully grown Over-ripe DeadOrganism-animal Embryo Juvenile Adult Decrepit Dead-tree Seedling Potential Of the present Of the past DeadEco-unit Innovation Aggradation Biostasis Degradation DeadSilvatic mosaic Instal<strong>la</strong>tion Precuilibrium Ecuilibrium Elimination Col<strong>la</strong>pseNous venons d’évoquer les écosystèmes <strong>de</strong>s niveaux supérieurs à l’éco-unité. On peut encoredistinguer au sein <strong>de</strong> celle-ci toute une série <strong>de</strong> sous-systèmes en vue d’en expliquer lefonctionnement. Ces sous-systèmes sont les composantes <strong>de</strong> l’éco-unité. Les composantes lesplus élémentaires <strong>de</strong> l’éco-unité sont les organismes individuels (par exemple <strong>de</strong>s individus <strong>de</strong>p<strong>la</strong>ntes <strong>et</strong> d’animaux dans une station forestière). Entre ceux-ci <strong>et</strong> l’éco-unité, les niveauxintermédiaires sont particulièrement bien explicités à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> synusie. Unesynusie se définit comme un " ensemble, connexe ou fragmenté spatialement, d'écodèmesdont les organismes sont suffisamment proches par leur espace vital, leur comportementécologique (sensibilité/tolérance aux contraintes <strong>et</strong> dissymétries du milieu, mo<strong>de</strong>sd'exploitation <strong>de</strong>s ressources) <strong>et</strong> leur périodicité <strong>pour</strong> partager à un moment donné un mêmemilieu isotrope à l'intérieur d'une biogéocénose " (GILLET & al 1991). C<strong>et</strong>te notion introduitcelle d’écodème qui est l’" ensemble <strong>de</strong>s organismes d'une même espèce, parvenus à unmême sta<strong>de</strong> ontogénique [ou sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> développement], <strong>et</strong> partageant à un moment donné unmême milieu isotrope [à l’échelle <strong>de</strong> ces organismes] à l'intérieur d'une biogéocénose ". Lanotion d’écodème, synonyme <strong>de</strong> cohorte, est très importante car elle perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> tenir compteB. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 14


<strong>de</strong>s divergences <strong>de</strong> comportement <strong>et</strong> <strong>de</strong> fonction <strong>de</strong>s organismes d’une même espèce selonleur âge. En zoologie, les exemples sont frappants: un têtard n’a pas du tout <strong>la</strong> même fonctiondans l’écosystème que l’individu adulte auquel il donnera suite. Pour les p<strong>la</strong>ntes, ce<strong>la</strong> s<strong>et</strong>raduit par exemple par <strong>de</strong>s espèces dites scia-héliophiles, c’est-à-dire nécessitant un milieuombragé <strong>pour</strong> leur croissance mais un milieu ensoleillé <strong>pour</strong> leur épanouissement. Aussi, lesdifférents écodèmes d’une même espèce (d’âges différents) participent à <strong>de</strong>s synusiesdifférentes: une synusie arbustive (<strong>et</strong> même herbacée) peut par exemple être désignée par unjeune individu d’une espèce d’arbre (exemple cf. GILLET 2000, p.46).Notons enfin qu’à l’échelle individuelle, les principaux systèmes du Tab.1a (tissus, organes,<strong>et</strong>c.) ont été décrits plus en détail <strong>et</strong> enrichis d’exemples dans les différents travaux <strong>de</strong> HALLÉ<strong>et</strong> d’OLDEMAN sur les modèles architecturaux (HALLÉ & OLDEMAN 1970, OLDEMAN 1990,HALLÉ 2004, <strong>et</strong>c.). Pour un arbre, les sous-systèmes correspon<strong>de</strong>nt aux " systèmes (oumodules architecturaux) réitérés ", eux-mêmes constitués <strong>de</strong>s sous-systèmes d’axes feuillés(équivalents aux tissus), <strong>et</strong>c.I.3.3 LES COMPARTIMENTS DE L’ASSOCIATION VÉGÉTALEA <strong>de</strong>s fins d’analyse, il peut s’avérer nécessaire ou plus pratique <strong>de</strong> considérer conjointementplusieurs <strong>de</strong> ces composantes (synusies, écodèmes, espèces) en ce qu’on appelle alors <strong>de</strong>s" compartiments ". OLDEMAN (1990) définit un tel compartiment comme "tout ensemble <strong>de</strong>sous-systèmes abiotiques <strong>et</strong>/ou biotiques, ou composants d’un système vivant, étant définicomme un ensemble fonctionnel reconnaissable".I.3.3.1 Compartiments structurauxUn compartiment peut donc être une <strong>de</strong>s composantes même <strong>de</strong> l’éco-unité, telle qu’unécodème, mais aussi un ensemble d’écodèmes. L’ensemble <strong>de</strong>s écodèmes d’individus matures<strong>de</strong>s diverses espèces constitue alors ce que OLDEMAN (1974) appelle l’ " ensemble duprésent " (incluant tous les arbres adultes, les arbustes adultes, les herbes adultes, <strong>et</strong>c.). Demanière analogue, l’ensemble <strong>de</strong>s écodèmes sénescents constitue l’ " ensemble du passé " <strong>et</strong>l’ensemble <strong>de</strong>s écodèmes immatures constitue l’ " ensemble du futur ". Ces trois typesd’ensembles forment alors ce qu’on appelle <strong>de</strong>s " ensembles structuraux " (GILLET 1991renommant le syntagme d’origine " ensembles structurels " d'OLDEMAN, 1974). Commel’illustre magnifiquement OLDEMAN (1974, Fig.8), les éléments <strong>de</strong> l’ensemble du présentdéfinissent pratiquement toujours très c<strong>la</strong>irement (même en forêt non perturbée) <strong>de</strong>s niveauxdiscontinus qui correspon<strong>de</strong>nt à ce qu’on entend généralement par " strate " arbustive, stratearborescente inférieure, <strong>et</strong>c. La délimitation <strong>de</strong> ces strates est marquée par les zones <strong>de</strong>maximum <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> houppiers, correspondant à <strong>de</strong>s zones d’accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong>l’ensemble du présent, du passé <strong>et</strong> du futur. Les zones <strong>de</strong> moindre <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> houppiersconstituent <strong>de</strong>s strates intermédiaires donnant au profil d’une forêt non perturbée une alluresans strates apparentes. Certains jugent alors que <strong>la</strong> végétation naturelle ne présente pas <strong>de</strong>strates mais il semble plus logique <strong>de</strong> penser qu'il peut exister une tendance vers unedistribution sans strates <strong>de</strong> <strong>la</strong> biomasse, où chacun <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts qui marquent <strong>la</strong> vie d'unecommunauté provoque un train d'on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> stratification (DAGET & GODRON 1982, p.10).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 15


Fig.8 Schéma d’une forêt sempervirente montrant les ensembles forestiers d’après OLDEMAN (1974). Les p<strong>la</strong>ntesdites mobiles correspon<strong>de</strong>nt notamment aux Aracées grimpantes munies <strong>de</strong> racines crampons <strong>et</strong> <strong>pour</strong> lesquellesles parties vieilles se dénu<strong>de</strong>nt progressivement avec <strong>la</strong> croissance en hauteur du rhizome. Les principauxensembles structuraux étudiés dans c<strong>et</strong>te thèse sont précisés sur <strong>la</strong> gauche <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure ainsi que <strong>la</strong> strate qui leurcorrespond: A-arbres dominants (auxquels on ajoutent les émergents, E), Ad-arbres dominés, ar-arbustes <strong>et</strong> H-strate herbacée du sous-bois (cf. II.2.2 <strong>pour</strong> une <strong>de</strong>scription détaillée).EAAdarHB. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 16


I.3.3.2 Compartiments taxonomiques, écologiques <strong>et</strong> sociologiquesUn compartiment peut être <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d’une espèce (autécologie ; ensemble <strong>de</strong>s écodèmes<strong>de</strong> l’espèce) ou <strong>de</strong> plusieurs espèces (synécologie), parfois choisies sur une base taxonomique(Ptéridophytes, Orchidées, <strong>et</strong>c.). Certains modèles ten<strong>de</strong>nt à considérer <strong>de</strong> nombreusesespèces, idéalement toutes, <strong>et</strong> consistent alors en modèles phytosociologiques. Enphytosociologie, on distingue encore un autre type <strong>de</strong> compartiment, correspondant à uneversion purement écologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> synusie, c’est-à-dire sans exiger une similitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> formebiologique. Il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> " groupe écologique ", introduite par Duvigneaud (1946in TANGHE 1995).Trois aspects importants perm<strong>et</strong>tent d’ém<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s nuances à propos <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te notion <strong>de</strong>groupes écologiques. Premièrement, nous venons implicitement d’évoquer <strong>la</strong> similitu<strong>de</strong>d’appétences écologiques: critère majeur dans <strong>la</strong> conception d’Ellenberg (1950 in TANGHE1995). C<strong>et</strong>te affinité autécologique peut ne concerner qu’un <strong>de</strong>s facteurs environnementaux <strong>et</strong>c’est ainsi que <strong>de</strong>s espèces restent systématiquement associées même dans <strong>de</strong>s milieuxsensiblement différents, mais ayant en commun " le facteur recherché " par ces espèces(hygrométrie, acidité, <strong>et</strong>c.) (Godron 1984 in TANGHE 1995). Deuxièmement, il faut aussi tenircompte du fait que <strong>de</strong>ux espèces ayant <strong>de</strong>s exigences écologiques très semb<strong>la</strong>bles peuvent nejamais être vues ensemble dans une même station tandis que d’autres semblent tisser entreelles <strong>de</strong>s liens sociaux: critère majeur dans <strong>la</strong> conception <strong>de</strong> Duvigneaud qui préfère alorsparler <strong>de</strong> " groupes socioécologiques " (1974 in TANGHE 1995). Les groupes ne se limitentdonc pas à <strong>de</strong> simples similitu<strong>de</strong>s d’appétences écologiques mais partagent aussi <strong>de</strong>s lienshistoriques <strong>et</strong> phytogéographiques. Troisièmement, Le Houerou (1959 in TANGHE 1995) faitremarquer que ces groupes socioécologiques n’ont qu’une valeur re<strong>la</strong>tive <strong>et</strong> ne valent quedans les limites d’un territoire climatiquement homogène (climat régional): au-<strong>de</strong>là, leurdéterminisme écologique peut être tout autre par phénomène <strong>de</strong> compensations écologiques(souvent édapho-climatiques). Par exemple, plusieurs espèces typiques du groupe <strong>de</strong> forêtclimacique dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong>s forêts semi-décidues, telles que Triplochiton scleroxylon(Sterculiacée), caractérisent en forêts sempervirentes certaines phases <strong>de</strong> reconstitutionforestière.Aux lueurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> révision <strong>de</strong> TANGHE (1995) sur les groupes écologiques, nous r<strong>et</strong>enons <strong>de</strong>uxnotions fondamentales. D’une part, il y a <strong>la</strong> conception <strong>la</strong> plus basique, où on n’exige ni <strong>la</strong>coexistence effective (liens sociaux), ni l’homogénéité du climat régional <strong>et</strong> à <strong>la</strong>quelle on peutdonc faire référence par le syntagme " groupe écologique ". D’autre part, il y a <strong>la</strong> conception<strong>la</strong> plus complète telle qu’émise par TANGHE (op.cit.), qui intègre les trois nuances évoquéesplus haut <strong>et</strong> qu’il convient d’appeler " groupe socioécologique " <strong>pour</strong> insister sur <strong>la</strong>considération <strong>de</strong>s liens sociaux. De tels groupes socioécologiques se définissent donc comme<strong>de</strong>s " ensembles <strong>de</strong> taxa (espèces, sous-espèces) qui, à l'intérieur d'une aire géographique <strong>de</strong>climat plus ou moins uniforme (hétérogénéité climatique inférieure ou égale au climatrégional), 1) présentent <strong>de</strong>s exigences ou <strong>de</strong>s tolérances plus ou moins semb<strong>la</strong>bles à l'égardd'un ou <strong>de</strong> plusieurs facteurs écologiques déterminants (édaphiques ou climatiques), 2)apparaissent généralement ensemble <strong>et</strong> 3) peuvent effectivement coexister " (TANGHE 1969).Les notions <strong>de</strong> groupes écologiques <strong>et</strong> socioécologiques sont d’une gran<strong>de</strong> importance enmatière <strong>de</strong> <strong>typologie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation <strong>et</strong> notamment en phytosociologie. Elles apportent unesolution pratique intéressante au problème posé par les types <strong>de</strong> végétation intermédiairesentre plusieurs unités <strong>de</strong> végétation bien déterminées. Dans une station donnée, les groupesles plus développés constituent le noyau caractéristique <strong>de</strong> l’association végétalequ’i<strong>de</strong>ntifieraient les phytosociologues <strong>de</strong> l’école dite c<strong>la</strong>ssique (BRAUN-BLANQUET 1932)tandis que les groupes socioécologiques représentés par le cortège <strong>de</strong>s espèces qualifiées <strong>de</strong>compagnes par ces mêmes phytosociologues perm<strong>et</strong>tent d’i<strong>de</strong>ntifier les re<strong>la</strong>tions,B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 17


sociologiques <strong>et</strong> écologiques, <strong>de</strong> l’association avec d’autres associations, voisines ou pas. Laconception <strong>de</strong> l’association végétale qui en résulte est en quelque sorte intermédiaire entre <strong>la</strong>conception rigi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s phytosociologues c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> l’école zuricho-montpelliéraine <strong>et</strong> leconcept <strong>de</strong> continuum défendu par l’école du Wisconsin (Brown, Curtis, Whittacker, <strong>et</strong>c., inTANGHE 1999).Il nous semble important <strong>de</strong> faire remarquer que si nous rajoutons au concept <strong>de</strong> groupesocioécologique <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> similitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> type biologique, <strong>de</strong> phénologie <strong>et</strong> d’espace vital(écodèmes), celui-ci rejoint <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> synusie. En conséquence, les espèces d’un mêmegroupe socioécologique peuvent appartenir à plusieurs synusies. Mais <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> <strong>la</strong>synusie, insistant davantage sur l’occupation d’un même espace que sur les similitu<strong>de</strong>sautécologiques, implique qu’une synusie peut être composée d’espèces <strong>de</strong> plusieurs groupessocioécologiques: les espèces compagnes dans <strong>la</strong> synusie caractérisant les liens <strong>de</strong> celle-ciavec d’autres synusies, correspondant à d’autres conditions <strong>de</strong> milieu. Il n’existe donc pas <strong>de</strong>lien hiérarchique, ou d’échelle, entre les <strong>de</strong>ux concepts.En forêts tropicales, seule <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> groupes écologiques semble avoir été exploitée(GERMAIN & EVRARD 1956, GÉRARD 1960, GUILLAUMET 1967, SCHNELL 1976, MOSANGO1991).I.3.3.3 Compartiments fonctionnelsDéfinitionsLes compartiments peuvent représenter une unité non plus synécologique ou structurale maisplus c<strong>la</strong>irement fonctionnelle: groupes fonctionnels, guil<strong>de</strong>s, types biologiques, <strong>et</strong>c.La notion <strong>de</strong> guil<strong>de</strong> est <strong>de</strong>puis longtemps très <strong>la</strong>rgement utilisée <strong>et</strong> fut introduite en écologiepar Root (1967 in GITAY & NOBLE 1997). Elle est issue du <strong>la</strong>ngage courant où elle faitréférence à <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> personnes d’un même corps <strong>de</strong> métier: guil<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bou<strong>la</strong>ngers, <strong>et</strong>c.De manière analogue, en écologie, une guil<strong>de</strong> est un groupe d’espèces ayant une fonctionsimi<strong>la</strong>ire dans l’écosystème, soit parce qu’elles exploitent les mêmes ressources, d’unemanière simi<strong>la</strong>ire ou pas, soit parce qu’elles réagissent <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière aux perturbations<strong>de</strong> l’écosystème <strong>et</strong> à sa reconstitution (catastrophes, saisons, changements climatiques, <strong>et</strong>c.).Le principe est donc <strong>de</strong> résumer <strong>la</strong> complexité d’un écosystème composé d’une multitu<strong>de</strong>d’espèces à un nombre limité <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses représentatives du rôle <strong>de</strong> ces espèces dans lefonctionnement <strong>et</strong> <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> leur écosystème. Il trouve son origine dans <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> nicheécologique. C<strong>et</strong>te conception fonctionnelle <strong>de</strong> l’écosystème a généré un tel engouementqu’une certaine confusion est née <strong>de</strong> <strong>la</strong> multiplication <strong>de</strong>s travaux <strong>et</strong> <strong>de</strong>s termes employésainsi que leurs définitions. Récemment, une révision théorique <strong>de</strong>s différents concepts a étémenée afin <strong>de</strong> c<strong>la</strong>rifier les notions <strong>et</strong> leurs nuances (GITAY & NOBLE 1997), indifféremment<strong>pour</strong> <strong>la</strong> faune ou <strong>la</strong> flore. Nous présentons ci-<strong>de</strong>ssous les principaux types <strong>de</strong> guil<strong>de</strong>s tels queles définissent les auteurs pré-cités, en y ajoutant quelques notions voisines: celles <strong>de</strong> synusies<strong>et</strong> <strong>de</strong> groupes écologiques <strong>et</strong> socioécologiques. En eff<strong>et</strong>, en tant qu’écosystème d’ordreinférieur à l’association végétale, <strong>la</strong> synusie est par définition une composante fonctionnelle.OLDEMAN (1990, p.316) fait remarquer qu’on peut en quelque sorte considérer une synusiecomme une guil<strong>de</strong> définie sur base <strong>de</strong> principes généraux différents mais partageant quelquescritères particuliers tels que l’importance <strong>de</strong> l’habitat <strong>et</strong> du type biologique (cf. plus bas).Etant donné <strong>la</strong> difficulté d’i<strong>de</strong>ntifier ces nuances dans <strong>la</strong> pratique, on comprend aisément quebon nombre d’auteurs considèrent en réalité une seule notion qui recouvre sans distinction lesdifférentes nuances détaillées par GITAY & NOBLE (1997, [1] à [4] du Tab.2), qu’ils nommentalors indifféremment guil<strong>de</strong> ou groupe fonctionnel ou encore type fonctionnel. Ceci m<strong>et</strong> ledoigt sur l’intérêt <strong>de</strong> conserver un syntagme désignant une notion plus globale. Sur base <strong>de</strong>B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 18


GITAY & NOBLE (1997) <strong>et</strong> GITAY & al. (1999), nous proposons donc d’entendre par " typefonctionnel " (ou " P<strong>la</strong>nt Functional Type ", PFT) tout critère ou ensemble <strong>de</strong> critèrescaractérisant un ensemble d’espèces qui soit exploitent plus ou moins les mêmes ressources,d’une manière simi<strong>la</strong>ire ou pas, soit réagissent au moins en partie <strong>de</strong> manière simi<strong>la</strong>ire à uncertain régime <strong>de</strong> perturbations <strong>de</strong> l’écosystème. Un tel ensemble d'espèces correspond alors àce qu'on entend par une "guil<strong>de</strong>", donc dans un sens généralement assez <strong>la</strong>rge. C<strong>et</strong>te nouvelledéfinition m<strong>et</strong> l’accent sur le fait que l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> types fonctionnels se base en pratiquesur <strong>de</strong>s critères concr<strong>et</strong>s re<strong>la</strong>tifs à certaines propriétés ou certains processus <strong>de</strong> l’écosystèmejugés a priori comme déterminants dans le fonctionnement <strong>de</strong> celui-ci. Tout indice mesurableou observable, commun à un groupe d’espèces <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> supposer l’une ou l’autre <strong>de</strong>ssimilitu<strong>de</strong>s fonctionnelles évoquées plus haut, <strong>pour</strong>rait alors être qualifié <strong>de</strong> critère, telqu’indiqué dans notre définition, ou " symptôme fonctionnel ".Tab.2 Différences entre les principaux types d’ensembles fonctionnels redéfinis par GITAY & NOBLE (1997: [1]à [4]) <strong>et</strong> les ensembles semi-fonctionnels habituellement définis en phytosociologie. Il est à noter que <strong>la</strong> notion<strong>de</strong> " structural guild ", introduite par Szaro (1986 in GITAY & NOBLE, 1997), n’est en quelque sorte qu’une form<strong>et</strong>héorique (car beaucoup plus précise) <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion plus pratique <strong>de</strong> groupe écologique, dont les notions <strong>de</strong>synusie <strong>et</strong> <strong>de</strong> groupe socioécologiques ne sont que <strong>de</strong>s variantes." - ", critère non spécifié dans <strong>la</strong> définition (soit oui, soit non)*Groupes d’espèces qui exploitent en partie les mêmes ressources dans le sens où elles présentent <strong>de</strong>s exigencesou <strong>de</strong>s tolérances plus ou moins semb<strong>la</strong>bles à l'égard d'un ou <strong>de</strong> plusieurs facteurs écologiques déterminants(édaphiques ou climatiques), ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> résultante <strong>de</strong> plusieurs facteurs.Ressources exploitées Réponse aux perturbations Vivent Mêmemêmesressources<strong>de</strong> <strong>la</strong> mêmemanièremême type <strong>de</strong>réponsepar le mêmemécanismeensemble encommunautéstrate[1] "Structural guild" oui - - - - - -[2] "Functional guild" oui oui - - - - -[3] "Response group" - - oui - - - -[4] "Functional group" - - oui oui - - -[5] Synusie oui* - - - oui oui oui[6] Groupe écologique oui* - - - - - oui[7] Groupe socioécologique oui* - - - oui - ouiPrincipaux symptômes fonctionnelsLes symptômes fonctionnels considérés sont très variés selon les types <strong>de</strong> végétation, lesrégions climatiques ou encore les métho<strong>de</strong>s d’observation envisagées. Ils peuvent se référer à<strong>de</strong>s traits physionomiques, physiologiques ou encore à certains traits <strong>de</strong> comportement(Tab.3).Certains critères indiquent une adaptation aux particu<strong>la</strong>rités du milieu (disponibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong>ressource <strong>et</strong> manière <strong>de</strong> l’exploiter sous <strong>la</strong> concurrence <strong>de</strong>s voisins). D’autres indiquent uneadaptation au régime <strong>de</strong> perturbations <strong>de</strong> ce milieu.Les principales adaptations aux particu<strong>la</strong>rités du milieu concernent l’excès ou le manque <strong>de</strong>lumière, <strong>de</strong> température, d’eau, d’éléments minéraux ou encore d’autres facteurs tels que levent, l’abondance <strong>de</strong> brumes, <strong>la</strong> compétition, <strong>et</strong>c. Dans ce contexte, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s adaptationssont <strong>de</strong> type physiologique (activité photosynthétique, espèces dites mégathermes, point <strong>de</strong>fenaison, <strong>et</strong>c.) ou physionomique (dimensions foliaires, protection <strong>de</strong>s méristèmes, racinespneumatophores, contreforts <strong>et</strong> racines échasses, acumen, exsudat, <strong>et</strong>c.).Pour ce qui est <strong>de</strong>s adaptations au régime <strong>de</strong> perturbation du milieu, celles-ci sont diverses, enrapport avec <strong>la</strong> nature diverse <strong>et</strong> variée <strong>de</strong>s différents types <strong>de</strong> régimes <strong>de</strong> perturbation. Cesperturbations peuvent être rapi<strong>de</strong>s ou progressives, prévisibles ou imprévisibles, passagèresMêmehabitatB. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 19


ou durables. Du court au long terme, les perturbations seront par exemple les heures chau<strong>de</strong>s<strong>de</strong> milieu <strong>de</strong> journée, une succession <strong>de</strong> jours secs (arrivant parfois même en saison <strong>de</strong>s pluies<strong>et</strong> pouvant être traumatisante <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> sous-bois à faible développement racinaire),<strong>la</strong> ou les saisons sèches (rythme annuel ou semi-annuel), <strong>de</strong>s cycles d’années plus sèches (ElNiño, tous les 3 à 7 ans, SLIK 2004, MORON & al. 1995), <strong>la</strong> reconstitution forestière suite à unchablis (> 100 ans), <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s g<strong>la</strong>ciaires (tous les 100.000 ans, BENNETT 1990). A court <strong>et</strong>à moyen terme, les adaptations sont principalement d’ordre physionomique (Tab.3). Enrevanche, à long terme comme lors d’ères ou <strong>de</strong> mini-ères g<strong>la</strong>ciaires, <strong>de</strong> telles adaptationsphysionomiques ou physiologiques ne suffisent plus car <strong>la</strong> perturbation est c<strong>et</strong>te fois plusdurable <strong>et</strong> c’est l’habitat tout entier <strong>de</strong>s espèces qui se réduit, prend une distributioninsu<strong>la</strong>risée ou disparaît. C’est alors davantage le comportement qui importe, c’est-à-direnotamment <strong>la</strong> stratégie <strong>de</strong> reproduction (distance <strong>de</strong> dissémination, abondance <strong>de</strong>s diaspores,agent disséminateur, résistance <strong>de</strong>s diaspores, taille <strong>et</strong> âge à maturité, modalités <strong>de</strong>germination <strong>et</strong> <strong>de</strong> développement, <strong>et</strong>c.). Ces caractéristiques comportementales jouent parailleurs un rôle central dans <strong>la</strong> dynamique interne <strong>de</strong> renouvellement du couvert forestier <strong>et</strong>sont en outre intimement liées au mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> leur habitat (les espèces <strong>de</strong>s habitatsouverts <strong>et</strong> insu<strong>la</strong>risés sont davantage à dissémination à gran<strong>de</strong> distance). Il n’est pas étonnantdès lors qu’elles soient à peu près toujours prises en compte.Tab.3 Principaux symptômes fonctionnels (cf. SWAINE, 2002, SHUGART, 1997, ou encore KÖHLER, 2000, <strong>pour</strong>une liste plus générale <strong>de</strong>s critères majeurs dans <strong>la</strong> littérature).Physionomiques-adaptations au milieu: dimensions <strong>et</strong> texture foliaires (WEBB 1959, GILLISON 2002, WESTOBY 1998), taux <strong>de</strong>renouvellement foliaire, protection <strong>de</strong>s méristèmes, racines pneumatophores, contreforts <strong>et</strong> racineséchasses, acumen, exsudat, <strong>et</strong>c.-résistance à <strong>la</strong> sécheresse: développement racinaire, parties tubérisées, crassulence, <strong>et</strong>c. (ENGELBRECHT 2001)-stress saisonnier: caducité du feuil<strong>la</strong>ge-résistance au feu: graines, écorce, organes sous-terrain, <strong>et</strong>c.-architecture (modèles, réitérations, monopodial/sympodial, hauteur <strong>de</strong> fût, profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> houppier, <strong>et</strong>c.)(KAMMERSHEIDT 2001, HALLE & OLDEMAN (1970), VESTER & al. 2001)-résistance aux prédateurs: défenses chimiques (sève toxique; FEENY 1976), défenses mécaniques (épines),associations avec <strong>de</strong>s fourmis, <strong>et</strong>c.-épaisseur <strong>de</strong> l'écorce par rapport au diamètre du tronc, <strong>de</strong>nsité du bois (VERBURG 2001)-hauteur atteinte par <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ntule grâce aux réserves <strong>de</strong> <strong>la</strong> graine, rapport hauteur/diamètre <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ntule-espace vital (dimensions à l'âge adulte: KÖHLER & al. 2000, WESTOBY 1998), strate occupée (VERBURG 2001,FAVRICHON 1994)-taille ou masse <strong>de</strong>s graines (BLANC 2002, GRUBB & METCALFE 1996, FOSTER & JANSON 1985, PEARSON & al.2002, WESTOBY 1998)Physiologiques-activité photosynthétique (taux <strong>de</strong> fixation <strong>de</strong> carbone, concentration <strong>de</strong> chlorophylle: HOUTER & PONS 2001),influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> température sur l'activité photosynthétique <strong>et</strong> <strong>la</strong> respiration (espèces dites mégathermes,<strong>et</strong>c.), point <strong>de</strong> fenaison, acquisition <strong>de</strong>s ressources (azote <strong>et</strong> eau, GUEHL & al. 2001), <strong>et</strong>c.Comportementaux-tempérament (ontogénèse, modalités <strong>de</strong> germination, LAWSON & al. 2002, p.33) <strong>et</strong> <strong>de</strong> développement en rapportavec les conditions d'éc<strong>la</strong>irement)-capacités <strong>de</strong> reproduction (distance <strong>de</strong> dissémination, agent disséminateur, abondance <strong>de</strong>s diaspores, résistance<strong>de</strong>s diaspores, fréquence <strong>de</strong> reproduction, <strong>et</strong>c.)-durée <strong>de</strong> vieGénétiques-nombre chromosomique, p<strong>la</strong>sticité morphologique, amplitu<strong>de</strong> géographique (p<strong>la</strong>sticité écologique)Dans <strong>la</strong> jungle <strong>de</strong> tous les symptômes fonctionnels évoqués, il <strong>de</strong>vient vite difficile <strong>de</strong> créerune liste gérable <strong>de</strong> types fonctionnels. Il est généralement admis qu’une approche par typesfonctionnels doit se limiter à 10 à 20 c<strong>la</strong>sses afin d’optimaliser les possibilités d’interprétationB. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 20


<strong>et</strong>, dans <strong>la</strong> littérature, KÖHLER (2000) fait remarquer qu’on rencontre <strong>la</strong> plupart du temps <strong>de</strong>sc<strong>la</strong>ssifications <strong>de</strong> 5 à 50 c<strong>la</strong>sses. On est donc amené à i<strong>de</strong>ntifier un p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> critèresreprésentatifs <strong>de</strong>s principales fonctions <strong>de</strong> l’écosystème considéré, à court <strong>et</strong> à long terme. Lebut étant <strong>de</strong> pouvoir i<strong>de</strong>ntifier le type fonctionnel d’un maximum d’espèces, il s’agitpremièrement <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre l’accent sur les critères les plus facilement <strong>et</strong> rapi<strong>de</strong>menti<strong>de</strong>ntifiables, notamment les traits physionomiques majeurs. Deuxièmement, certains critèressont liés à une seule <strong>et</strong> même fonction <strong>et</strong> font double emploi. Dans ce cas, il s’agit <strong>de</strong> negar<strong>de</strong>r que le meilleur ou, si l’un est complémentaire <strong>de</strong> l’autre, <strong>de</strong> créer un critère uniquerésultant <strong>de</strong> <strong>la</strong> fusion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux critères d’origine. D’autre part, d’autres métho<strong>de</strong>s, plusobjectives (basées sur <strong>de</strong>s analyses multivariées), existent afin <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>stypes fonctionnels (GITAY & NOBLE 1997, GITAY & al. 1999) mais nécessitent généralementbeaucoup <strong>de</strong> données.Principaux types fonctionnelsUne <strong>de</strong>s premières c<strong>la</strong>ssifications, <strong>et</strong> toujours l’une <strong>de</strong>s majeures à l’heure actuelle, est celleproposée par RAUNKIAER, en 1934, qui i<strong>de</strong>ntifia une dizaine <strong>de</strong> formes biologiques majeuresdéfinies sur base <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux critères: <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s méristèmes (liée au stress) <strong>et</strong> leur persistance(liée aux perturbations). Dans son étu<strong>de</strong>, RAUNKIAER montre que chacune <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses définiesest liée à certaines caractéristiques climatiques particulières, indépendamment <strong>de</strong> liensgéographiques. Par après, d’autres c<strong>la</strong>ssifications plus générales <strong>et</strong> plus théoriques ont étéproposées telles que les stratégies r-K <strong>de</strong> MACARTHUR & WILSON (1967) ou encore C-S-R <strong>de</strong>GRIME (1979) (Fig.9). L’intérêt <strong>de</strong> telles c<strong>la</strong>ssifications est discuté dans <strong>de</strong> nombreux travaux,notamment par WILSON & LEE (2000).Dans le triangle C-S-R <strong>de</strong> GRIME, les espèces Rudérales correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s habitats à hautrégime <strong>de</strong> perturbations (thérophytes <strong>et</strong> géophytes), les espèces Stress-tolérantescorrespon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s habitats caractérisés par un excès ou un manque <strong>de</strong> l’un ou l’autre facteur(chaméphytes <strong>et</strong> géophytes) tandis que les espèces Compétitives correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s habitatsfavorables, où le souci premier n’est pas <strong>de</strong> surmonter une contrainte écologique mais plutôt<strong>la</strong> compétition avec ses voisins. Par rapport aux considérations émises précé<strong>de</strong>mment, on peutajouter que l’axe C-S, lié au stress en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> disponibilité du milieu, correspondprincipalement à <strong>de</strong>s symptômes physionomiques <strong>et</strong> l’axe C-R, lié aux perturbations,correspond davantage à <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> dissémination (WESTOBY 1998).Fig.9 Les stratégies adaptatives <strong>de</strong> GRIME (1979) <strong>et</strong> les types biologiques en re<strong>la</strong>tion avec les facteurs affectant<strong>la</strong> biomasse végétale, d’après JULVE (1989). La symbolique utilisée <strong>pour</strong> les types biologiques suit <strong>la</strong>c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong> RAUNKIAER (1934).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 21


Application aux forêts tropicalesD’après OLDEMAN (1974), <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s types biologiques <strong>de</strong> Raunkiaer estparticulièrement bien adaptée aux régions tempérées mais pas du tout aux forêts tropicales, ausein <strong>de</strong>squelles le climat toujours re<strong>la</strong>tivement favorable rend c<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>ssification peuinformative.En fait, si on considère par exemple un transect <strong>de</strong>puis une prairie jusqu’à <strong>la</strong> forêt saxicoled’un inselberg en région tropicale, c<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>ssification est va<strong>la</strong>ble au même titre qu’en régionstempérées. La c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s types biologiques <strong>de</strong> Raunkiaer est donc adaptée non pasuniquement aux régions tempérées mais, <strong>de</strong> manière plus générale, à l’étu<strong>de</strong> comparative <strong>de</strong>types <strong>de</strong> végétation physionomiquement très différents, correspondant à une gamme <strong>de</strong>milieux assez variables quant à l’intensité <strong>de</strong>s stress perçus <strong>et</strong> au régime <strong>de</strong> perturbations. Sion se concentre sur une seule formation végétale, c’est alors que c<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>vientinutile.Lorsqu’on s’intéresse par exemple aux forêts: sur un transect al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s forêts sempervirentesaux forêts semi-caducifoliées puis tempérées, l’abondance re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong>s phanérophytes,chaméphytes, <strong>et</strong>c., n’est guère très instructive <strong>et</strong> l’attention se porte davantage sur lesdimensions foliaires <strong>et</strong> <strong>la</strong> caducité du feuil<strong>la</strong>ge (WEBB 1959) ainsi que <strong>la</strong> texture <strong>de</strong>s feuilles(cf. forêts tropophiles, sclérophylles, <strong>et</strong>c., SCHMITZ 1988).Si enfin le but est d’étudier plus en détail le fonctionnement <strong>de</strong>s forêts tropicales, il s’agit <strong>de</strong>considérer davantage <strong>de</strong> paramètres. En forêt tropicale, bien que le climat soit re<strong>la</strong>tivementfavorable toute l’année (chaleur <strong>et</strong> humidité), le facteur clé est l’intensité lumineuse. La<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> ces forêts crée un contraste énorme entre <strong>la</strong> canopée, où les p<strong>la</strong>ntes adultes doiventfaire face à une très forte radiation so<strong>la</strong>ire aux heures chau<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée, <strong>et</strong> le sous-bois,où parvient moins <strong>de</strong> 1% <strong>de</strong> l’énergie lumineuse (BLANC 2002 p.16, ALEXANDRE 1982a). Parailleurs, ces <strong>de</strong>ux ensembles diffèrent totalement quant à leur espace vital <strong>et</strong>, bien souvent,quant à leur espérance <strong>de</strong> vie. Ce contraste est tel que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s chercheurs, si pas tous,s’intéressent soit aux types fonctionnels <strong>de</strong>s espèces du sous-bois, soit aux types fonctionnels<strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong>s strates arborescentes. Nous traitons donc ci-<strong>de</strong>ssous ces <strong>de</strong>ux aspectsséparément, avant d’en présenter une vision synthétique.Types fonctionnels <strong>pour</strong> les strates supérieures <strong>de</strong>s forêts tropicalesCertaines c<strong>la</strong>ssifications concentrées sur les ligneux <strong>de</strong> forêt tropicale (où le macroclimatn’est donc pas l’élément le plus limitant) s’appuient davantage sur <strong>la</strong> réaction <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes visà-vis<strong>de</strong> variations microclimatiques dues à <strong>la</strong> biorégu<strong>la</strong>tion dans le cycle <strong>de</strong> <strong>la</strong> mosaïqueforestière (espèces pionnières héliophiles, <strong>et</strong>c., colonisant un chablis). On parle alors souvent<strong>de</strong> types <strong>de</strong> tempéraments forestiers.Afin d’insister sur l’importance du facteur microclimatique, OLDEMAN (1990) parle <strong>de</strong> typesbiologiques microclimatiques (par opposition aux types biologiques macroclimatiques <strong>de</strong>Raunkiaer). Les premières avancées sur ce suj<strong>et</strong> eurent lieu au symposium <strong>de</strong> Kandy, en 1956,avec notamment <strong>la</strong> célèbre théorie <strong>de</strong>s espèces noma<strong>de</strong>s <strong>de</strong> VAN STEENIS (1958). Ce <strong>de</strong>rnierc<strong>la</strong>sse les espèces <strong>de</strong> <strong>la</strong> flore <strong>de</strong> Ma<strong>la</strong>isie en <strong>de</strong>ux catégories: d’une part les " stationaryspecies ", ou " dryads ", <strong>et</strong> d’autre part les " temporary species ", ou " nomads ", au sein<strong>de</strong>squelles il fait encore <strong>la</strong> distinction entre celles à courte durée <strong>de</strong> vie (" short-lived ", <strong>la</strong>plupart <strong>de</strong>s espèces noma<strong>de</strong>s) <strong>et</strong> celles à longue durée <strong>de</strong> vie (" long-lived ").B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 22


Au cours du même symposium, MANGENOT (1958) suggère les termes français suivants:espèces pionnières, cicatricielles éphémères, cicatricielles durables <strong>et</strong> sé<strong>de</strong>ntaires. Plustard, en 1965, BUDOWSKI précisera les caractéristiques (syndrome) propres à ces différentescatégories <strong>de</strong> tempérament qu’il appellera <strong>pour</strong> sa part les " pioneer species " (" pionieras "),les " early secondary species " (" secundarias tempranas "), les " <strong>la</strong>te secondary species "(" secundarias tardias ") <strong>et</strong> les " climax species ". Enfin, on peut encore citer au passage les" gap " <strong>et</strong> " non gap species " <strong>de</strong> Hartshorn (1978a in OLDEMAN, 1990) <strong>et</strong> les stratégies" forêt-trouée ", " forêt-forêt " <strong>et</strong> " trouée-trouée " <strong>de</strong>s travaux d’ALEXANDRE (1982b).Si on y réfléchit, il se trouve que les quatre catégories r<strong>et</strong>rouvées dans les divers travaux citésse distinguent principalement par <strong>de</strong>s différences tenant au comportement par rapport àl’éc<strong>la</strong>irement aux sta<strong>de</strong>s clé du développement à savoir <strong>la</strong> germination, le développement <strong>et</strong>l’épanouissement. C’est ainsi que Lanier (1986, in OLDEMAN 1990 p.322) propose les termes" sha<strong>de</strong>-tolerant trees ", " semi-tolerant trees " <strong>et</strong> " light-<strong>de</strong>manding trees ", auxquelsOLDEMAN ne manque pas <strong>de</strong> rajouter les " <strong>la</strong>te-tolerant trees ". C<strong>et</strong>te nouvelle vision <strong>de</strong>stempéraments forestiers perm<strong>et</strong>, grâce à l’i<strong>de</strong>ntification du facteur clé, d’aller plus loin endéfinissant <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> tempéraments supplémentaires. OLDEMAN & VAN DIJK (1991)proposent ainsi leur propre nomenc<strong>la</strong>ture, que nous reprenons à <strong>la</strong> Fig.10, basée sur les termes" gamblers " (= qui tente sa chance) <strong>et</strong> " strugglers " (= qui lutte <strong>de</strong> manière acharnée, donccompétitive). Bien que les <strong>de</strong>ux catégories rajoutées par OLDEMAN & VAN DIJK (op.cit.)soient tout à fait fondées, le syndrome correspondant reste trop peu connu. Un tableausynthétique <strong>de</strong>s syndromes correspondant aux quatre catégories principales <strong>de</strong> tempéramentsforestiers est présenté afin d’en faciliter le diagnostic (Tab.4).Fig.10 Les six tempéraments d’arbres vis-à-vis<strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière, selon OLDEMAN & VAN DIJK(1991). Les " hard gamblers " <strong>et</strong> " hardstrugglers " conservent une même tolérance àl’ombre durant toute leur existence. Quant auxquatre autres types <strong>de</strong> tempérament, ils désignentun changement <strong>de</strong> tolérance à l’ombre à l’un oul’autre <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s clés <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong> l’arbre.Les " strugglers " correspon<strong>de</strong>nt aux habituels" sha<strong>de</strong>-tolerant trees " ou " climax species "tandis que les " hard gamblers " correspon<strong>de</strong>ntaux " pioneer species " <strong>et</strong> " light-<strong>de</strong>mandingtrees ". L’épaisseur <strong>de</strong>s lignes sur <strong>la</strong> figure estproportionnelle à <strong>la</strong> fréquence re<strong>la</strong>tive dutempérament considéré en forêts <strong>de</strong>nsestropicales, ramenant les six catégories aux quatreprincipaux tempéraments définis par MANGENOT(1958).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 23


Tab.4 Tableau synthétique comparatif <strong>de</strong>s syndromes correspondant aux types <strong>de</strong> tempéraments d’arbres <strong>et</strong>nomenc<strong>la</strong>ture <strong>de</strong>s principaux auteurs.( n.b.: Lanier, 1986 in OLDEMAN 1990)[1] Van Steenis (1958) [1] -------------------------------------------------- temporary species -------------------------------------------------- stationary speciesVan Steenis ------------------------------ short-lived nomads ------------------------------ long-lived nomads dryads[2] Mangenot (1958) [2] pionnières cicatricielles éphémères cicatricielles durables sé<strong>de</strong>ntaires[3] Budowski (1965) [3] pioneer species early secondary species <strong>la</strong>te secondary species climax speciesBudowski pionieras secundarias tempranas secundarias tardias[4] Alexandre (1982b) [4] --------------------------------- trouée-trouée --------------------------------- forêt-trouée forêt-forêt[5] Lanier (1986) [5] light-<strong>de</strong>manding trees semi-tolerant trees <strong>la</strong>te-tolerant trees sha<strong>de</strong>-tolerant trees[6] Ol<strong>de</strong>man & Van Dijk (1991) [6] gamblers <strong>et</strong> hard gamblers struggling gamblers gambling strugglers strugglers <strong>et</strong> hard strugglershéliophiles scia-héliophiles héliophiles tolérantes tardivement sciaphiles[7] Grime (1979) [7] R S S C[8] MacArthur & Wilson (1967) [8] r Kcroissance rapi<strong>de</strong> [1], très rapi<strong>de</strong> [3] très rapi<strong>de</strong> [3] rapi<strong>de</strong> <strong>pour</strong> les plus dominants, lente à très lente [3]lente <strong>pour</strong> les autres [3]durée <strong>de</strong> vie très courte (< 10 ans) [3] courte (10-25 ans) [3] souvent 40-100 ans, parfois plus [3] très longue (100-1000 ans <strong>et</strong>plus) [3]diasporesabondantes [1]structures <strong>de</strong> réserve (dormance) [1]; longévité importante dans le sol faible à moyenne longévité [3] longévité faible [3]longévité importante dans le sol [3] [3]p<strong>et</strong>ites [3] p<strong>et</strong>ites [3] p<strong>et</strong>ites à moyennes [3] grosses [3]phénologiesouvent toute l'année [1]fructifie souvent déjà à un sta<strong>de</strong> assezjuvénile [1]dispersion à gran<strong>de</strong> distance [1]agents disséminateurs oiseaux, chauves-souris, vent [3] vent, oiseaux, chauves-souris [3] essentiellement le vent [3] gravité, mammifères, rongeurs,oiseaux [3]feuil<strong>la</strong>ge sempervirent [3] sempervirent [3] souvent décidu (même sous climat sempervirent [3]très humi<strong>de</strong>) [3]production <strong>de</strong> rej<strong>et</strong>s forte tendance [1]écorce adaptée à <strong>la</strong> sécheresse [1]type <strong>de</strong> bois très léger [3] très léger [3] léger à moyennement compacte [3] compacte <strong>et</strong> lourd [3]tronc (diamètre à l'âge adulte) faibles diamètres [3] diamètres < 60cm [3] parfois très <strong>la</strong>rges [3] souvent très <strong>la</strong>rges [3]organes <strong>de</strong> réserves souvent rhizomes, <strong>et</strong>c. [1]phase <strong>de</strong> l'éco-unité (Ol<strong>de</strong>man "innovation" "aggradation" "aggradation" "biostasis" <strong>et</strong> "<strong>de</strong>gradation"1990, p.330)âge <strong>de</strong>s communautés fréquentées 1-3 [3] ans 5-15 [3] ans 20-50 [3] ans >100 [3] ansen forêts <strong>de</strong>nseshauteur (m) <strong>de</strong>s communautésfréquentées en forêts <strong>de</strong>nses5-8 [3] 12-20 [3] 20-30 (50) [3] 30-45 (60) [3]nombre <strong>de</strong> strates définies par <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion1 très <strong>de</strong>nse [3] 2 bien différenciées [3] 3 excessivement difficiles àdiscerner avec l'âge [3]hétérogène, à houppier parfois trèshorizontalement [3]<strong>la</strong>rge [3]re<strong>la</strong>tivement ouvert, incluant <strong>de</strong>sfréquentes [3]espèces tolérantes [3]houppier homogène, <strong>de</strong>nse [3] branches verticillées, houppier finstrate inférieure <strong>de</strong>nse <strong>et</strong> entremêlée [3] <strong>de</strong>nse, à gran<strong>de</strong>s herbacées4 à 5 difficiles à discerner [3]un multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> formes <strong>de</strong>houppiers [3]ouvert, à espèces tolérantes [3]épiphytes absentes [3] rares [3] nombreux individus mais peud'espèces [3]nombreuses espèces <strong>et</strong> formesbiologiques variées [3]lianesabondantes, herbacées, mais peud'espèces [3]abondantes, herbacées, mais peud'espèces [3]abondantes, quelques unes assezgran<strong>de</strong>s [3]abondantes dont certaines trèsgran<strong>de</strong>s <strong>et</strong> ligneuses [3]arbustes abondants, mais peu d'espèces [3] assez abondants, mais peud'espèces [3]peu abondants [3]pas très abondants maisbeaucoup d'espèces [3]herbacées abondantes [3] abondantes ou rares [3] rares [3] rares [3]recrutementpas sous le couvert <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt climax pratiquement absent sous couvert absent sous couvert ou abondant équitablement abondante [3][1,3][3]avec forte mortalité [3]amplitu<strong>de</strong> écologiquesouvent très tolérantes par rapport au sol, climat, t°, <strong>et</strong>c. [1,3]; se souvent r<strong>et</strong>rouvées en formations restreintes aux forêts <strong>de</strong>nsesr<strong>et</strong>rouvent dans d'autres types <strong>de</strong> végétation tels que bords <strong>de</strong> rivières,lisières <strong>de</strong> marécages, formations plus sèches (elles y occupent aussi les1ers sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> succession <strong>et</strong> se caractérisent par leur feuil<strong>la</strong>geplus sèches (semi-décidues) où elles sempervirentesse régénèrent souvent bien sous lessta<strong>de</strong>s climax [3]sempervirent), sols superficiels sur rochers, sols très pauvres [3]tolérance à l'ombre (h =héliophile; s = sciaphile; termes<strong>de</strong> 3 l<strong>et</strong>tres <strong>pour</strong>: sta<strong>de</strong> juvénile,<strong>de</strong> développement <strong>et</strong> maturité)très intolérantes [3]; hhh, hhs, hss [6] très intolérantes [3]; shh [6] tolérantes au sta<strong>de</strong> juvénile, puisintolérantes durant ledéveloppement [3], parfoistolérantes à maturité: shs [6]amplitu<strong>de</strong> géographique très <strong>la</strong>rge [3] très <strong>la</strong>rge [3] <strong>la</strong>rge, incluant <strong>de</strong>s régions plussèches [3]diversité 20% <strong>de</strong> <strong>la</strong> flore ma<strong>la</strong>ise [1]exemplesUrticaceae, Moraceae, Verbenaceae,Euphorbiaceae, Poaceae,Leguminosae, Ulmaceae [1];Euphorbiaceae, Cecropia, Trema [3]Cecropia , Ochroma , Trema ,Heliocarpus [3]Meliaceae, Bombacaceae, Tiliaceae[3]tolérantes au sta<strong>de</strong> juvénile <strong>et</strong>durant le développement [3],parfois intolérantes à maturité:sss, ssh [6]souvent restreintes, fréquentesendémiques [3]diverses espèces [3]B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 24


Plus récemment, GITAY & al. (1999) se sont eux aussi penchés sur l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> typesfonctionnels en forêts <strong>de</strong>nses <strong>et</strong> faisaient remarquer (sans faire référence à aucun <strong>de</strong>s auteurscités ci-<strong>de</strong>ssus) qu’en fait, il existe probablement un continuum 3 <strong>de</strong> tempéraments al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>sespèces pionnières aux espèces climax (CLARK & CLARK 1992). Selon ROLLET (1979), leconcept <strong>de</strong> continuum <strong>de</strong> tempéraments est particulièrement n<strong>et</strong> en forêt <strong>de</strong> montagne, sur <strong>de</strong>plus gran<strong>de</strong>s pentes. Ce <strong>de</strong>rnier a ainsi développé une métho<strong>de</strong> quantitative <strong>de</strong> déterminationdu tempérament exact d’une espèce vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière, basée notamment sur <strong>la</strong> structure<strong>de</strong>ndrologique <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions, considérant <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> diamètre (DOUCET 1996, DOUCET2003, DOUCET & al. 1996, SENTERRE 1999, GOTANÈGRE 2004).Dans leur étu<strong>de</strong>, GITAY & al. (1999) définissent 5 types fonctionnels sur base <strong>de</strong>scombinaisons possibles du tempérament vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière d’une part, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong>dissémination d’autre part. Ils distinguent trois catégories principales <strong>de</strong> tempérament: lesespèces <strong>de</strong> forêt mature (R, correspondant aux sé<strong>de</strong>ntaires), celles <strong>de</strong> forêts en cours <strong>de</strong>reconstitution (T, correspondant aux cicatricielles durables) <strong>et</strong> les espèces <strong>de</strong> chablis (I,correspondant aux pionnières <strong>et</strong> cicatricielles éphémères <strong>de</strong> Mangenot). Les espècespionnières sont alors scindées en trois catégories: les espèces DI ont <strong>de</strong>s graines disperséesloin <strong>et</strong> germant directement (D), les espèces SI ont <strong>de</strong>s graines à longue durée <strong>de</strong> vie (S)pouvant rester dans le sol en attente d’un chablis, <strong>et</strong> les espèces AI dont les graines germentdirectement mais dont les p<strong>la</strong>ntules peuvent végéter longtemps dans le sous-bois en attented’une ouverture (A). Quant aux espèces R <strong>et</strong> T, leurs graines sont principalement disséminéesà faible distance <strong>et</strong> germent directement (C). Les types fonctionnels correspondant sontappelés CR <strong>et</strong> CT (Tab.5). C<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>ssification a l’énorme avantage <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>sconditions <strong>de</strong> germination <strong>et</strong> <strong>de</strong> développement mais aussi <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> disséminationdont nous avons souligné l’importance précé<strong>de</strong>mment.Tab.5 Principaux types fonctionnels <strong>pour</strong> les arbres <strong>de</strong> forêts tropicales reconnus par GITAY & al. (1999) <strong>et</strong>correspondance avec les tempéraments au sens <strong>de</strong> MANGENOT (1958). Ces types fonctionnels ne sont guère plusinformatifs que les 4 types <strong>de</strong> tempéraments décrits par Mangenot, dont ils ne sont en fait qu’une redéfinitionbasée sur les <strong>de</strong>ux principaux symptômes indicateurs du tempérament.CatégorieDISIAICTCRDéfinitiongraines disséminées à gran<strong>de</strong> distance, germant souvent dès leur arrivée dans un chablis (espècespionnières)graines pouvant persister dans le sol en attente <strong>de</strong> l’ouverture du couvert forestier lors d’un chablis(espèces pionnières)graines germant directement mais p<strong>la</strong>ntule pouvant végéter en attente <strong>de</strong> l’ouverture du couvert(espèces pionnières <strong>et</strong> cicatricielles éphémères)graines disséminées à faible distance, germant directement, pouvant se développer sous couvertmais tirant avantage d’une ouverture <strong>de</strong> celui-ci (espèces cicatricielles durables)graines disséminées à faible distance, germant directement, se développant toute leur vie dansl’ombre (espèces sé<strong>de</strong>ntaires)Enfin, nous nous <strong>de</strong>vons <strong>de</strong> faire référence à un travail postérieur à celui <strong>de</strong> GITAY & al(1999) où un autre système <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification est proposé. KÖHLER (2000) ne critique que trèssuperficiellement les travaux <strong>de</strong> son prédécesseur <strong>et</strong> semble ne lui reprocher qu’un trop p<strong>et</strong>itnombre <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses, trop simplistes à son goût (KÖHLER 2000, p.17). Le système qu’il proposese base sur les trois mêmes c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> tempérament par rapport à <strong>la</strong> lumière qu’il combinec<strong>et</strong>te fois avec cinq c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> hauteurs (< 5, 5-15, 15-25, 25-36 <strong>et</strong> > 36m) obtenant ainsiquinze types fonctionnels. Ce système ne nous satisfait qu’à moitié car les catégories <strong>de</strong>hauteurs définies nous semblent bien plus subjectives que les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dissémination,253 Le continuum n’est-il pas d’ailleurs une réalité biologique générale que l’homme éprouve le besoin <strong>de</strong>découper en catégories <strong>pour</strong> lui perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> modéliser son environnement.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 25


edondantes en partie avec le tempérament (au même titre que le système <strong>de</strong> GITAY & al.1999), probablement plus difficiles à reconnaître en pratique, non généralisables <strong>pour</strong> touttype <strong>de</strong> forêt <strong>de</strong>nse (cf. forêts submontagnar<strong>de</strong>s, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> enfin le système ne tient pas du toutcompte <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction à long terme représentée par les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dissémination. L’idéed’inclure un critère re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> hauteur est toutefois bien fondée mais <strong>de</strong>vrait se baser sur <strong>de</strong>sdéfinitions plus généralisables, en strates (définies <strong>de</strong> manière structurale, DESCOINGS 1976)plutôt qu’en mètres. Quelques auteurs ont d’ailleurs basé leurs types fonctionnels sur le critèrestrate, notamment VERBURG (2001, " sub-canopy " <strong>et</strong> " emergent ", combinés aux troistempéraments <strong>de</strong> lumière principaux) <strong>et</strong> FAVRICHON (1994, " un<strong>de</strong>rstorey " <strong>et</strong> " canopy ",toujours combinés aux trois tempéraments <strong>de</strong> lumière principaux).Types fonctionnels <strong>pour</strong> les espèces <strong>de</strong> sous-bois en forêts tropicalesComme nous l’avons dit plus haut, les types <strong>de</strong> tempéraments forestiers n’ont <strong>de</strong> sens que<strong>pour</strong> les arbres. Quant aux espèces <strong>de</strong> sous-bois (arbustes, sous-arbustes <strong>et</strong> herbacées), trèspeu d’auteurs s’y sont intéressés. Fort heureusement, quelques travaux très remarquablescomblent ce manque à savoir ceux <strong>de</strong> Castros-Dos Santos (1981, in OLDEMAN 1990 p.132) <strong>et</strong><strong>la</strong> magnifique synthèse <strong>de</strong> BLANC (2002), à <strong>la</strong>quelle nous renvoyons vivement le lecteur.Dans un premier temps, BLANC (1992) définit 20 formes biologiques globales <strong>pour</strong> lesquellesil précise le caractère adaptatif. Ensuite, il s’interroge sur les facteurs déterminants <strong>pour</strong> cesp<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> sous-bois. Il ne s’agit plus ici <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s stratégies <strong>pour</strong> accé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> pleinelumière <strong>et</strong> par conséquent, les chablis <strong>et</strong> autres ouvertures ne sont plus au centre <strong>de</strong>spréoccupations. Les questions sont toutefois les mêmes que <strong>pour</strong> les arbres: que faut-il <strong>pour</strong>que les diaspores émises germent <strong>et</strong> se développent ?Sa longue expérience <strong>de</strong>s sous-bois, amène BLANC à <strong>la</strong> conclusion que <strong>la</strong> clé du problème sesitue au niveau du type <strong>de</strong> support. Le contraste est en eff<strong>et</strong> sévère entre d’une part un solforestier couvert d’une couche habituelle d’humus <strong>et</strong> <strong>de</strong> feuilles mortes <strong>de</strong> plusieurscentimètres <strong>et</strong> les supports plus dégagés tels que ceux offerts par les souches, troncs morts,bases <strong>de</strong>s troncs, rochers inclinés, <strong>et</strong>c. Ces différents biotopes correspon<strong>de</strong>nt même parfois à<strong>de</strong>s types biologiques particuliers. Selon BLANC, <strong>et</strong> <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce, seules les espèces àgrosses graines (G) ont un espoir <strong>de</strong> germer dans le sol forestier (mises à part <strong>de</strong>s espècessaprophytes, les Orchidées notamment, associées à <strong>de</strong>s champignons dans leur sta<strong>de</strong> jeune),tandis qu’au contraire les substrats superficiels <strong>et</strong> inclinés ne sont propices qu’aux espèces àp<strong>et</strong>ites graines (P). En outre, ces <strong>de</strong>ux catégories d’espèces, à développement racinaireradicalement différent, manifestent <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> réaction différentes par rapport auxperturbations: les heures chau<strong>de</strong>s <strong>de</strong> milieu <strong>de</strong> journée sont par exemple bien plustraumatisantes <strong>pour</strong> ces espèces à faible développement racinaire imp<strong>la</strong>ntées sur substratsuperficiel. Ce caractère morphologique est donc symptomatique <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux élémentsfonctionnels distincts: l’un lié à <strong>la</strong> ressource, l’autre lié à <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> l’écosystème à court <strong>et</strong>à moyen terme. Afin d’obtenir <strong>de</strong>s groupes fonctionnels satisfaisants, BLANC (1996a) scin<strong>de</strong>encore ces <strong>de</strong>ux groupes selon leur capacité <strong>de</strong> dispersion à faible (S) ou à gran<strong>de</strong> distance(D). Il obtient ainsi quatre " groupes morpho-fonctionnels ", caractérisés par tout un syndrome<strong>de</strong> dispersion, qu’il appelle aussi " guil<strong>de</strong>s " (BLANC 2002) <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> nomenc<strong>la</strong>ture est baséesur <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux critères utilisés: GS, GD, PS <strong>et</strong> PD. Dans sa synthèse <strong>de</strong> 2002,BLANC détaille en profon<strong>de</strong>ur les syndromes <strong>et</strong> donne <strong>de</strong> nombreux exemples pantropicauxconcr<strong>et</strong>s <strong>pour</strong> ces quatre groupes fonctionnels, ce qui rend leur diagnostic re<strong>la</strong>tivement aiséquel que soit le continent considéré (Tab.6).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 26


Tab.6 Syndromes caractérisant les quatre types fonctionnels (" guil<strong>de</strong>s ") définis par BLANC (2002).grainesfruittaxonomieformesbiologiquesPS GS PD GDnombreuses p<strong>et</strong>ites grainesgraines <strong>de</strong> 2-5 (8-10)mm(souvent < 1mm), parfoisgraines souvent < 1mm<strong>de</strong> diamètrepulvérulentesp<strong>et</strong>its fruits secs, capsu<strong>la</strong>ires;souvent en forme <strong>de</strong> coupes'ouvrant vers le haut; parfoisplus ou moins sphériquesavec les parois se délitantprogressivementGesneriaceae,Me<strong>la</strong>stomataceae (Calvoa,Amphiblemma, <strong>et</strong>c.),Begoniaceae, Orchidaceae,Urticaceae, Piperaceae,certaines Araceaerhéophytes, certainsCommelina, Acanthaceae,Balsaminaceae,Ba<strong>la</strong>nophoraceae, <strong>et</strong>c.p<strong>et</strong>ites p<strong>la</strong>ntes


Tab.6 (suite) PS GS PD GDfaces inclinées <strong>de</strong> rochers(sp. saxicoles), talus àsupportsurface nue <strong>et</strong> berges <strong>de</strong>absence <strong>de</strong> litière commerivières (sp. cremnophytes),<strong>pour</strong> les PS, mais nature <strong>de</strong>sanciennes termitières,supports très différente; sontanciennes buttes <strong>de</strong>capables entre autres <strong>de</strong>déracinement d'arbres, base sol forestiersol forestiercoloniser <strong>de</strong>s habitats à<strong>de</strong>s troncs d'arbres vivants,re<strong>la</strong>tivement courte durée <strong>de</strong>anfractuosités <strong>de</strong> <strong>la</strong> rochevie comme les branchesayant accumulé un peumortes, contrairement aux PSd'humus (sp. chasmophytes),sol forestier <strong>pour</strong> les espècessaprophytes (Orchidaceae)surtout en climat chaud <strong>et</strong>humi<strong>de</strong> (25-30°C, 130-150mm/mois) dans lesrégions à relief acci<strong>de</strong>nté,aussi bien en altitu<strong>de</strong> qu'aupied <strong>de</strong> massifs montagneux;; lors d'épiso<strong>de</strong>s climatiquesplus secs (El Niño) les PShabitat généralstratégie <strong>et</strong>interprétationpeuvent se comporter comme<strong>de</strong>s annuelles grâce à leursminuscules grainesrésistantes dont les paroissont généralementsolidifiées; biotopediscontinu <strong>et</strong> organisé enarchipelsouvent grégaires, ànombreuses p<strong>et</strong>ites graines <strong>et</strong>à croissance rapi<strong>de</strong>, doncassimilées à stratégie "r"mais ici le milieu occupépeut aussi bien être trèsstable (<strong>et</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte a unedurée <strong>de</strong> vie très longue,presque immortelle) ou aucontraire à fortes fluctuationsclimatiques (durée <strong>de</strong> vie trèscourte); sont donc trèsflexibles par rapport auxfluctuations (car présententbeaucoup d'adaptations) maissont conditionnées par <strong>la</strong>présence du couvert <strong>et</strong> nerecolonisent (en phase <strong>de</strong>transgression forestière) qu<strong>et</strong>rès lentement; l'abondance<strong>de</strong>s individus d'espèces PSen un site donné s'expliquepar un climat actuelfavorable tandis que <strong>la</strong>diversité <strong>de</strong>s espèces PSs'explique par une certainestabilité lors d'événementsclimatiques ancienssol forestier, donc habitatnon insu<strong>la</strong>risésouvent grégaires(contrairement aux GD),les collines <strong>et</strong> rivièrespouvant jouer le rôle <strong>de</strong>barrières; peu <strong>de</strong> casd'adaptationsparticulières aux épiso<strong>de</strong>ssecs (monocaulescollecteurs d'humus,Marantaceae àredressement nocturne<strong>de</strong>s feuilles; les GS sontaussi résistants à <strong>la</strong>sécheresse que les GD, <strong>et</strong>bien plus que les PS,mais sont éliminés <strong>de</strong>ssites moins stables à longterme; ils sont moinssensibles aux extinctionsque les PS car peuventsubsister dans une plus<strong>la</strong>rge gamme <strong>de</strong> refuges(galeries forestières)apprécient les stations bienarrosées <strong>et</strong> hygrophiles enforêts d'altitu<strong>de</strong>; arbustes <strong>de</strong>sbords <strong>de</strong> ruisseaux, épiphytesvers 3-5m <strong>de</strong> haut, herbacéesgrimpantes aux troncs parracines adventives (plusrégulièrement disséminéesdans le sous-bois que lesarbustes PD, caressentiellement disséminéespar les chauves-souris),herbacées rhéophytes <strong>de</strong>srochers émergeant <strong>de</strong>sruisseaux<strong>la</strong>rgement <strong>et</strong> régulièrementréparties en sous-bois (+- 1individu GD/m² <strong>pour</strong> une<strong>de</strong>nsité générale <strong>de</strong>sp<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> sous-bois al<strong>la</strong>nt<strong>de</strong>


avons aussi fait remarquer qu’un bon système <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification en types fonctionnels se doit<strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> symptômes, aussi facilement <strong>et</strong> objectivement i<strong>de</strong>ntifiables que possible,qui puissent exprimer au mieux les <strong>de</strong>ux principales fonctions <strong>de</strong> l’écosystème considéré, àsavoir les modalités d’exploitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressource (y compris <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> régénération)<strong>et</strong> les capacités <strong>de</strong> réaction aux perturbations à long terme.Dans <strong>la</strong> région climatique correspondant aux forêts <strong>de</strong>nses tropicales (sempervirentes commesemi-caducifoliées), il s’avère que le contraste le plus sévère se situe entre le sous-bois <strong>et</strong> lesstrates arborées. Ces strates arborées se démarquent par leur fonction <strong>de</strong> " couche filtrante "délimitant tout écosystème forestier (cf. OLDEMAN 1990). C<strong>et</strong>te couche, encore appeléecanopée, " filtre " les échanges entre l’intérieur du système (le sous-bois) <strong>et</strong> l’environnementextérieur. Le sous-bois joue aussi un rôle essentiel puisqu’il fournit les conditions nécessairesà <strong>la</strong> régénération d’une part importante <strong>de</strong>s constituants <strong>de</strong> <strong>la</strong> canopée que sont les espècessé<strong>de</strong>ntaires (ou "climax species").Pour chacun <strong>de</strong> ces ensembles (sous-bois <strong>et</strong> strates supérieures), nous avons vu que <strong>de</strong>uxéléments sont essentiels quant à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s types fonctionnels. D’une part, l<strong>et</strong>empérament vis-à-vis du facteur limitant (essentiellement lié à <strong>la</strong> ressource <strong>et</strong> auxperturbations à court, OLDEMAN 1990, <strong>et</strong> moyen terme, SLIK 2004) <strong>et</strong> d’autre part <strong>la</strong> stratégie<strong>de</strong> dispersion (liée aux perturbations à long terme). Pour les p<strong>la</strong>ntes du sous-bois, l<strong>et</strong>empérament se définit par rapport au type <strong>de</strong> support colonisable, tandis que <strong>pour</strong> les p<strong>la</strong>ntes<strong>de</strong>s strates arborées, le tempérament se définit par rapport à <strong>la</strong> réaction vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> lumière(déterminant <strong>de</strong> manière analogue les types <strong>de</strong> biotopes colonisables). Dans les <strong>de</strong>ux cas, <strong>de</strong>nombreux auteurs ont montré que <strong>la</strong> dimension <strong>de</strong>s graines était fortement corrélée autempérament. Pour les espèces <strong>de</strong> sous-bois, <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s diaspores est fortepar contrainte mécanique (BLANC 2002) tandis que <strong>pour</strong> les arbres c<strong>et</strong>te corré<strong>la</strong>tion n’estguère plus qu’une tendance statistique incluant <strong>de</strong> nombreuses exceptions.Quant aux modalités <strong>de</strong> dissémination, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s modèles existants se contentent <strong>de</strong>distinguer <strong>la</strong> dissémination à gran<strong>de</strong> <strong>et</strong> à faible distance. Nous verrons plus loin comment ilest possible d’estimer <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> dispersion <strong>la</strong> plus courante, <strong>pour</strong> une espèce donnée, enfonction <strong>de</strong> critères plus directement observables (graines à appendices plumeux favorisant l<strong>et</strong>ransport par les vents, <strong>et</strong>c.). Rappelons d’ores <strong>et</strong> déjà que le manque d’informationsdisponibles sur les espèces en forêts tropicales est un handicap majeur dans ce domaine.En conclusion, nous proposons au Tab.7 une synthèse <strong>de</strong>s travaux réalisés sur les typesfonctionnels <strong>de</strong> sous-bois <strong>et</strong> <strong>de</strong> ceux sur les strates arborées.ar + HA + Ad-P<strong>et</strong>ites graines-Grosses graines-Pionnières <strong>et</strong>cicatricielles éphémères-Cicatricielles durables-Sé<strong>de</strong>ntaires-Disséminée loin =PD-disséminée Seule =PS-Disséminée loin =GD-disséminée Seule =GS-Disséminée loin =PiD-disséminée Seule =PiS-Disséminée loin =CiD-disséminée Seule =CiS-Disséminée loin =SéD-disséminée Seule =SéSTab.7 Synthèse <strong>de</strong>s types fonctionnels (ouguil<strong>de</strong>s) définissables <strong>pour</strong> le sous-bois(arbustes, ar, <strong>et</strong> herbacées, H) <strong>et</strong> <strong>pour</strong> lesstrates arborées (arbres dominants, A, <strong>et</strong>dominés, Ad). Les définitions sont basées surle potentiel <strong>de</strong> dispersion (faible <strong>pour</strong> lesespèces autochores, disséminées "Seules", vs.élevé <strong>pour</strong> les espèces anémochores ouzoochores) <strong>et</strong> sur le type <strong>de</strong> supportcolonisable (cf. <strong>de</strong> plus amples explicationsdans le texte).Une espèce pionnière à faible pouvoir <strong>de</strong> dissémination sera forcément une espèce dont lesgraines peuvent survivre longtemps dans le sol en attente d’un chablis. C<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>ssificationrecouvre donc les catégories définies par GITAY & al. (1999) mais est c<strong>et</strong>te fois définie d’unemanière plus cohérente.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.3 29


I.4 Types <strong>de</strong> relevés <strong>de</strong> végétation en forêts <strong>de</strong>nses tropicalesDans <strong>la</strong> littérature, on trouve un nombre pratiquement incalcu<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s d’inventairebotanique différentes, selon les écoles <strong>et</strong> leurs habitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> bien évi<strong>de</strong>mment selon lesproblématiques <strong>et</strong> types <strong>de</strong> végétation étudiés. Afin <strong>de</strong> mieux ancrer notre réflexionméthodologique sur <strong>la</strong> <strong>typologie</strong> forestière, il nous a paru important <strong>de</strong> s’inspirer <strong>de</strong>s types <strong>de</strong>relevés développés dans une plus gran<strong>de</strong> variété d’approches. Au cours <strong>de</strong> ce chapitre, nousferons le point sur les différents aspects (ou spécificités) <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> relevés botaniquesdéveloppés en forêts tropicales. Les principaux objectifs impliquant <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> relevésbotaniques, concernent:1-l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation, <strong>de</strong> sa <strong>typologie</strong> (essentiellement dans un esprit fondamentaliste), <strong>et</strong><strong>de</strong> son déterminisme écologique,2-l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité végétale (dans un esprit <strong>de</strong> conservation ou <strong>de</strong> simple exploration),3-l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur commerciale d’une forêt (dans un but d’exploitation durable),4-l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tions (régénération, dispersion, recrutement, croissance,mortalité, <strong>et</strong>c.) d’un peuplement tout entier ou <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> certaines espècescommerciales <strong>et</strong> autres, ainsi que l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur profil écologique (DAGET & GODRON 1982).Depuis plusieurs décennies, <strong>de</strong> nombreux chercheurs se sont penchés <strong>et</strong> se penchent encoresur <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong> méthodologies d’inventaire optimisant les possibilités d’analyses <strong>et</strong>d’interprétations en fonction <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> coût <strong>et</strong> <strong>de</strong> temps sur <strong>la</strong> collecte <strong>de</strong>s données(WEBB & al. 1967, CONDIT & al. 1998, 1996, POTTS & al. 2001, PHILLIPS & al. 2003, HIGGINS& RUOKOLAINEN 2004, ROLLET 1979, VAN GEMERDEN 2004, SENTERRE & al. 2004, <strong>et</strong>c.). Lesrelevés peuvent être minimalistes, c’est-à-dire ne collecter que les données nécessaires <strong>pour</strong>répondre à une question bien précise, ou maximalistes dans le cas où le but est d’envisager unmaximum d’aspects re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> végétation d’une région ou d’une station. Bien souvent, ausein d’un groupe <strong>de</strong> chercheurs, il existe un certain modèle méthodologique standard transmisentre ceux-ci afin <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre le regroupement <strong>et</strong> <strong>la</strong> synthèse <strong>de</strong>s nombreuses étu<strong>de</strong>sindividuelles. Mais malheureusement, ce type d’accord n’existe qu’au sein d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>p<strong>et</strong>its groupes <strong>et</strong> bien que <strong>la</strong> nécessité d’augmenter le dialogue entre ces groupes ait étésoulevée par plusieurs scientifiques, il semble qu’un tel dialogue ne restera jamais qu’un douxrêve. Il serait d’ailleurs totalement vain <strong>de</strong> chercher à m<strong>et</strong>tre tout le mon<strong>de</strong> d’accord surcertains standards méthodologiques en matière <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s d’inventaire. En revanche, il estimportant <strong>de</strong> réfléchir sur les possibilités <strong>de</strong> mise en correspondance <strong>de</strong>s principaux types <strong>de</strong>méthodologie <strong>et</strong> <strong>de</strong> diffuser l’information sur les erreurs typiques à ne pas comm<strong>et</strong>tre (cf.SHEIL, 1995, <strong>pour</strong> une brève discussion ciblée sur les relevés permanents) ou sur <strong>la</strong>" rentabilité scientifique " <strong>de</strong> telle ou telle étape d’un inventaire. Une telle réflexion nécessiteau préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> faire un tour d’horizon <strong>de</strong>s principales méthodologies d’inventairedéveloppées en forêts tropicales par les différents groupes <strong>de</strong> chercheurs <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong>.Comme le font remarquer HIGGINS & RUOKOLAINEN (2004), <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s différences entremétho<strong>de</strong>s d’inventaire tient à <strong>la</strong> solution développée <strong>pour</strong> " abréger le relevé ". En eff<strong>et</strong>, lesétu<strong>de</strong>s en milieux forestiers tropicaux doivent faire face à <strong>de</strong>ux problèmes <strong>de</strong> taille.Premièrement, <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes rencontrées est d’une telle exubérance qu’il estexcessivement difficile <strong>de</strong> s’attaquer à un inventaire exhaustif, sans compter que bon nombre<strong>de</strong> ces espèces restent mal connues du point <strong>de</strong> vue taxonomique (voire même inconnues) oune peuvent être i<strong>de</strong>ntifiées qu’à partir <strong>de</strong> certaines parties bien précises telles que les fleurs,<strong>et</strong>c. Deuxièmement, <strong>la</strong> difficulté d’accès <strong>et</strong> les contraintes financières réduisent encore trèsfortement les possibilités d’action: bien souvent, les sites les plus intéressants se trouvent àplusieurs jours <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville principale, <strong>de</strong>s financements doivent être trouvésafin <strong>de</strong> composer l’équipe <strong>de</strong> botanistes <strong>et</strong> techniciens locaux, accompagnant les missions <strong>de</strong>B. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 30


terrain, mais aussi <strong>pour</strong> les frais <strong>de</strong> matériel, <strong>de</strong> transport, <strong>et</strong>c. Face à autant <strong>de</strong> difficultéspratiques, il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’on fasse " <strong>pour</strong> un mieux en fonction <strong>de</strong>smoyens ". En pratique, on se limite donc à n’envisager que certains compartiments jugésreprésentatifs <strong>de</strong> l’écosystème (taxonomiques, structuraux, fonctionnels, <strong>et</strong>c., cf. chapitreI.3.3) ou alors on se limite à une p<strong>et</strong>ite surface. HIGGINS & RUOKOLAINEN (2004) ont ainsimontré qu’il était possible <strong>de</strong> définir théoriquement plus <strong>de</strong> 300 types <strong>de</strong> relevés en combinantun ensemble d’à peine quatre principaux types d’abréviation <strong>de</strong> relevé.De manière plus générale, on peut distinguer les principaux types <strong>de</strong> réduction suivants:limiter le nombre <strong>de</strong> compartiments structuraux (ex. DBH ≥ 10cm, <strong>et</strong>c.) ou le nombre <strong>de</strong>compartiments taxonomiques (Angiospermes, Ptéridophytes, <strong>et</strong>c.), limiter l’effort <strong>de</strong>détermination (jusqu’aux genres seulement, <strong>et</strong>c.), limiter l’effort d’échantillonnage (surface,nombre d’individus ou temps d’observation) ou enfin limiter <strong>la</strong> quantité <strong>et</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>sobservations <strong>de</strong> terrain (comptage <strong>de</strong>s individus, simple présence ou coefficient d’abondance,mesure <strong>de</strong>s hauteurs, collectes d’herbiers, <strong>et</strong>c.).I.4.1.1 Limiter les compartiments envisagésParmi les compartiments décrits au chapitre I.3.3, ce sont essentiellement les compartimentsstructuraux <strong>et</strong> les compartiments taxonomiques qui servent à abréger les inventairesbotaniques. On se concentrera par exemple uniquement sur les arbres <strong>de</strong>s strates supérieuresou bien uniquement sur les arbustes, <strong>et</strong>c. A ce niveau, l’influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition <strong>de</strong>sexploitations forestières est toujours restée très marquée <strong>et</strong> <strong>la</strong> quasi totalité <strong>de</strong>s inventairesbotaniques en forêts tropicales se font encore sur base <strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> diamètre supposéesreprésentatives d’une strate donnée: DBH, Diam<strong>et</strong>er at Breast Height, ou GBH, Girth atBreast Height, ou DHP, Diamètre à Hauteur <strong>de</strong> Poitrine, ou DAP, Diam<strong>et</strong>ro a <strong>la</strong> Altura <strong>de</strong>lPecho, <strong>et</strong>c. Les raisons sont multiples <strong>et</strong> évi<strong>de</strong>ntes. Outre <strong>la</strong> simple tradition, il y a <strong>la</strong>possibilité <strong>de</strong> comparer facilement <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> botanistes avec <strong>la</strong> masse <strong>de</strong>s donnéesd’exploitants forestiers. Deuxièmement, <strong>la</strong> mesure du diamètre fait l’obj<strong>et</strong> d’un certainnombre <strong>de</strong> règles étonnamment partagées par l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté scientifique, ainsique par les exploitants forestiers 4 (WHITE & EDWARDS 2001), ce qui rend c<strong>et</strong>te mesureobjective (<strong>de</strong>ux opérateurs différents obtiendront <strong>de</strong>s mesures très voisines).Au contraire, <strong>la</strong> hauteur d’un arbre ou <strong>la</strong> strate à <strong>la</strong>quelle il appartient sera inévitablementdépendante <strong>de</strong> l’appréciation <strong>de</strong> l’opérateur, même avec l’ai<strong>de</strong> d’un <strong>de</strong>ndromètre (clinomètreadapté à <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s hauteurs, cf. WHITE & EDWARDS 2001, LETOUZEY 1969). Malgrécertaines divergences selon les sources quant à <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> voir les choses <strong>et</strong> <strong>de</strong> lesnommer, il est possible d’établir <strong>de</strong>s correspondances grossières entre les différentesdéfinitions <strong>de</strong> strates. Selon ROLLET (1979), il existe un lien très étroit entre le diamètre d’unarbre <strong>et</strong> sa hauteur totale mais ce lien évolue avec l’âge <strong>de</strong> l’arbre. Pour un individu <strong>de</strong> taillemoyenne, <strong>la</strong> hauteur correspond généralement à 100 fois son DBH: par exemple, <strong>la</strong> majorité<strong>de</strong>s arbres <strong>de</strong> 15m <strong>de</strong> haut ont un DBH aux alentours <strong>de</strong> 15cm (rapport H/D ≈ 100). Lorsquel’arbre <strong>de</strong>vient plus grand (DBH > 40cm), le rapport H/D est souvent inférieur à 100 (<strong>la</strong>croissance se fait davantage en diamètre qu’en hauteur) tandis que <strong>pour</strong> <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its individus(DBH < 20cm) ce rapport est généralement n<strong>et</strong>tement supérieur à 100 (<strong>la</strong> croissance se faitdavantage en hauteur). Si c<strong>et</strong>te tendance est indéniable <strong>pour</strong> toute forêt tropicale, il estimportant <strong>de</strong> noter que <strong>de</strong> nombreuses espèces constituent <strong>de</strong>s exceptions (SENTERRE & al.314 On trouve toutefois dans <strong>la</strong> littérature <strong>de</strong>s travaux où <strong>la</strong> mesure du diamètre ne se fait pas à 1,3m (comme lerecomman<strong>de</strong>nt BROKAW & THOMPSON 2000) mais plutôt à 1,4 voire 1,5m du sol (GÉRARD 1960, LETOUZEY1969). D’autre part, rares sont les botanistes qui tiennent réellement compte <strong>de</strong>s règles précises, notammentquant aux arbres fourchus dès <strong>la</strong> base ou aux contreforts <strong>et</strong> racines échasses. Certains ne s'efforcentprobablement pas <strong>de</strong> dégager les lianes accolées aux troncs. Pour les règles concernant <strong>la</strong> mesure du DBH chezles lianes, nous renvoyons le lecteur au travail <strong>de</strong> Marc PARREN (2003)B. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 31


2004, Fig.11) <strong>et</strong> que les ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s valeurs charnières peuvent varier d’un typeforestier à l’autre, notamment <strong>pour</strong> les forêts d’altitu<strong>de</strong>. Le Tab.8 présente <strong>de</strong> manièresynthétique les principaux compartiments structuraux utilisés <strong>et</strong> leur correspondanceapproximative. Nous reviendrons plus tard sur les strates forestières <strong>et</strong> les avantages <strong>de</strong> leurutilisation par rapport aux catégories <strong>de</strong> diamètre.Fig.11 Lien entre <strong>la</strong> hauteur <strong>et</strong> le diamètre <strong>de</strong>s arbres d’une forêt <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> terre ferme <strong>de</strong> basse <strong>et</strong> moyennealtitu<strong>de</strong>s, au Gabon (REITSMA 1988): THT, hauteur totale ; BHT hauteur du fût (tronc jusqu’à <strong>la</strong> premièrebranche). POULSEN & al. (1996) ont obtenu une distribution simi<strong>la</strong>ire au Brunei (Bornéo, non illustré).Tab.8 Principaux compartiments structuraux définis, en forêts tropicales, en termes <strong>de</strong> strates, <strong>de</strong> catégories <strong>de</strong>diamètre (DBH, GBH, DHP, DAP) ou <strong>de</strong> catégories <strong>de</strong> hauteur. Les définitions <strong>de</strong> quelques auteurs sontprésentées ainsi que les correspondances approximatives. Les ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités d’individus parcatégorie nous sont donnés par (1)-valeurs reprises d'une synthèse <strong>de</strong> ROLLET (1979) <strong>pour</strong> une forêt <strong>de</strong>nse <strong>de</strong>Guyane Vénézuelienne (2ha) ; (2)-valeur déduite <strong>de</strong>s données d'inventaire <strong>de</strong> CONDIT & al. (1996) ; (3)-valeursreprises d'une synthèse <strong>de</strong> ROLLET (1979) <strong>pour</strong> une forêt <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> Guyane Vénézuelienne (155,5ha) ; (4)-valeurs proposées par BLANC (2002) sur base <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Gonzalez, Poulsen <strong>et</strong> Gentry.inventaires <strong>de</strong> type forestierB. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 32


A <strong>de</strong>s fins d’étu<strong>de</strong> typologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation, mais aussi <strong>de</strong> biodiversité, on trouvera dans<strong>la</strong> littérature nombre <strong>de</strong> catégories <strong>de</strong> diamètres. Les valeurs charnières <strong>de</strong> DBH que nousavons répertoriées sont les suivantes: 1cm, 2,5cm, 5cm, 10cm, 15cm, 20cm, 30cm, 50cm,60cm <strong>et</strong> 70cm, sans compter les légers écarts <strong>de</strong>s catégories exprimées en termes <strong>de</strong>circonférence (GBH) ou en unités <strong>de</strong> mesure ang<strong>la</strong>ises (1 pouce =2,54cm).Les catégories <strong>de</strong> DBH sont <strong>la</strong> plupart du temps " ouvertes ", par exemple DBH ≥ 10cm, maiscertains considèrent <strong>de</strong>s catégories " fermées ", par exemple 10 ≤ DBH < 30cm. D’aprèsCONDIT & al. (1998), les différences entre catégories ouvertes <strong>et</strong> catégories fermées restentre<strong>la</strong>tivement insignifiantes. C<strong>et</strong>te remarque est particulièrement vraie lorsqu’on compare parexemple les DBH ≥ 10cm (435 arbres/ha) <strong>et</strong> les DBH compris entre 10 <strong>et</strong> 70cm (431arbres/ha, valeurs issues du Tab.8). Cependant, <strong>pour</strong> un relevé d’une surface <strong>de</strong> 1ha, on auraen moyenne 435 arbres à DBH ≥ 10cm contre 348 si on considère les DBH entre 10 <strong>et</strong> 30cm.Dans certains inventaires tels que ceux <strong>de</strong> TCHOUTO (2004), où l’auteur définit sa strateherbacée comme étant l’ensemble <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes vascu<strong>la</strong>ires à DBH compris entre 1 <strong>et</strong> 1,5cm(définition par ailleurs plus que discutable), l’écart entre catégorie ouverte <strong>et</strong> fermée <strong>de</strong>vienttrès important.Pour ce qui est <strong>de</strong>s compartiments taxonomiques, certains chercheurs relèvent les p<strong>la</strong>ntes àfleurs, d’autres ciblent les fougères (TUOMISTO & RUOKOLAINEN 1994) ou une sélection <strong>de</strong>familles clés (KESSLER 2001), d’autres encore observeront les bryophytes. Certains seconcentrent même sur une seule famille (GOTANÈGRE 2004).On peut encore évoquer <strong>de</strong>s compartiments physionomiques: certains font <strong>de</strong>s relevésd’épiphytes (STÉVART 2003, JOHANSSON 1974, <strong>et</strong>c.) ou encore uniquement <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntesherbacées terrestres (Gonzalez 1996 in BLANC 2002, POULSEN 1996, POULSEN & BALSLEV1991, POULSEN & PENDRY 1995, COSTA 2004) ou <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes épiphytes <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong>s troncs(LEIMBECK & BALSLEV 2001), certains enfin excluent les lianes <strong>de</strong> leurs relevés ou bien nerelèvent que celles-ci (PARREN 2003).I.4.1.2 Limiter l’effort <strong>de</strong> déterminationLes chercheurs les plus obstinés s’arracheront les cheveux à i<strong>de</strong>ntifier toutes les espèces <strong>de</strong>leurs relevés. Il est bien sûr douteux <strong>de</strong> prétendre i<strong>de</strong>ntifier toutes les espèces d’une parcelleaussi p<strong>et</strong>ite soit-elle (sauf peut-être dans certains cas où une p<strong>et</strong>ite parcelle fait l’obj<strong>et</strong>d’étu<strong>de</strong>s approfondies durant un certain nombre d’années, cf. GENTRY & DODSON 1987). Enrevanche, il est pratiquement toujours possible <strong>de</strong> rassembler les individus indéterminésappartenant manifestement à une même espèce sous un nom temporaire commun quiconstitue alors ce qu’on entend généralement par " morpho-espèce ".Une morpho-espèce est donc un ensemble d’individus, observés dans une ou plusieursstations, parfois distantes, dont on n’a pas su i<strong>de</strong>ntifier le nom d’espèce <strong>et</strong> <strong>pour</strong> lesquelsl’examen fouillé <strong>de</strong> tous les caractères physionomiques disponibles n’a révélé aucunedifférence notable, sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte vivante aussi bien qu’après étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s herbiers. Généralement,on est au moins parvenu à i<strong>de</strong>ntifier le genre. La morpho-espèce est alors nommée <strong>de</strong> <strong>la</strong>manière suivante: Beilschmiedia sp.1. Parfois, certains genres mal connus <strong>et</strong> particulièrementproblématiques, tels que les Beilschmiedia justement (Lauraceae) ou encore les Dryp<strong>et</strong>es(Euphorbiaceae), <strong>de</strong>vront bien souvent être <strong>la</strong>issés indéterminés <strong>pour</strong> ne pas risquerd’introduire <strong>de</strong>s erreurs. GRUBB & al. (1963) n’ont, <strong>pour</strong> c<strong>et</strong>te raison, pas tenté d’i<strong>de</strong>ntifier lesespèces d’Orchidées <strong>et</strong> <strong>de</strong> Broméliacées, particulièrement problématiques en Amériqu<strong>et</strong>ropicale, surtout à l’époque <strong>de</strong> leur étu<strong>de</strong>.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 33


L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s morpho-espèces est extrêmement coûteuse en temps <strong>et</strong> nécessite <strong>de</strong>sobservations très poussées <strong>et</strong> répétées, sur le terrain <strong>et</strong> en <strong>la</strong>boratoire, à un tel point que lestravaux ayant produit un tel effort en forêts tropicales sont toujours à ce jour assez rares (VANGEMERDEN 2004, p. 114 ; SMALL & al. 2004 ainsi que <strong>la</strong> présente étu<strong>de</strong> <strong>et</strong> certains travaux duCTFS, Center for Tropical Forest Science, tels que CONDIT & al. 2002, VALENCIA & al. 2004,<strong>et</strong>c.). La très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s chercheurs se contentent d’i<strong>de</strong>ntifier un maximum d’espèces<strong>et</strong> font leurs analyses sans considérer tout ce qui n’a pas pu être i<strong>de</strong>ntifié ou en comptabilisanttous les individus indéterminés comme autant d’espèces différentes <strong>pour</strong> leur calcul <strong>de</strong>sindices <strong>de</strong> diversité (ce qui ne nous paraît guère recommandable).Le travail d’i<strong>de</strong>ntification, même lorsqu’il n’est pas très poussé, reste une opération longue <strong>et</strong>difficile. C’est <strong>pour</strong>quoi, certains chercheurs ont testé <strong>la</strong> représentativité <strong>de</strong>s donnéesfloristiques dans le cas où on n’i<strong>de</strong>ntifierait les p<strong>la</strong>ntes que jusqu’au genre, voire même qu’à<strong>la</strong> famille (HIGGINS & RUOKOLAINEN 2004, LA FERLA & al. 2002, KESSLER & BACH 1999,WILLIAMS & GASTON 1994, GASTON & al. 1995, WILLIAMS & al. 1994). Dans certains types<strong>de</strong> milieux, <strong>la</strong> perte d’information, liée à <strong>la</strong> limitation <strong>de</strong> l’effort <strong>de</strong> détermination jusqu’auniveau du genre, peut se révéler négligeable. C’est toutefois loin d’être toujours le cas.L’effort <strong>de</strong> détermination fourni lors d’inventaires <strong>de</strong> type " forestier " (cf. plus loin dans cechapitre) est un peu particulier: dans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, les arbres sont i<strong>de</strong>ntifiés très vite par<strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>geois qui connaissent les noms locaux ou les noms pilotes (WILKS & ISSEMBÉ 2000).Les noms scientifiques correspondants sont alors r<strong>et</strong>rouvés à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> dictionnaires établis<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années d’exploitation. Bien que nombre <strong>de</strong> noms locaux ne correspon<strong>de</strong>nt qu’à uneseule espèce botanique, certains peuvent désigner <strong>de</strong>ux espèces proches (envuiñ =Anisophyllea purpurascens ou A. myriostricta), un genre entier (envira = Diospyros spp.), ungroupe d’espèces <strong>de</strong> genres différents (andung = Bikinia spp., Aphanocalyx spp., <strong>et</strong>c.) voiremême rien <strong>de</strong> plus qu’un type biologique (ndjik = toutes les espèces <strong>de</strong> lianes n’ayant pas reçu<strong>de</strong> nom spécial) 5 (COUTERON & al. 2003, TAILFER 1989). A ce propos, COUTERON & al.(2003) ont récemment proposé une métho<strong>de</strong> très originale <strong>pour</strong> tester l’erreur accompagnantl’utilisation <strong>de</strong> tels noms locaux.I.4.1.3 Limiter l’effort d’échantillonnageUne <strong>de</strong>s manières les plus c<strong>la</strong>ssiques <strong>pour</strong> abréger un relevé botanique est d’en réduire lesdimensions (c’est-à-dire l’effort d’échantillonnage), ce qu’on combine bien souvent avec lechoix d’une certaine catégorie <strong>de</strong> DBH (qui en somme est aussi une réduction <strong>de</strong> l’effortd’échantillonnage).D’autre part, notons que <strong>la</strong> forme du relevé a aussi son importance: délimiter une surfacecarrée <strong>de</strong> 100 x 100m est bien plus difficile <strong>et</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> bien plus <strong>de</strong> temps que <strong>de</strong> délimiter <strong>la</strong>même surface rectangu<strong>la</strong>ire, par exemple 20 x 500m. En eff<strong>et</strong>, en forêt <strong>de</strong>nse, lesdép<strong>la</strong>cements <strong>et</strong> l’orientation ne sont pas chose aisée <strong>et</strong> on adm<strong>et</strong> généralement qu’une <strong>la</strong>rgeur<strong>de</strong> 25m <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre d’un <strong>la</strong>yon central constitue un maximum. C<strong>et</strong>te distance <strong>de</strong> 25mcorrespond grossièrement à <strong>la</strong> distance maximale <strong>de</strong> visibilité dans une forêt <strong>de</strong>nse c<strong>la</strong>ssique.En fait, il est presque impossible <strong>de</strong> tracer les limites d’un carré dont les côtés seraient bienparallèles <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux, même <strong>pour</strong> un carré aussi p<strong>et</strong>it que 50 x 50m. D’après notreexpérience personnelle, le meilleur compromis entre un relevé plus <strong>la</strong>rge, <strong>pour</strong> éviter les eff<strong>et</strong>s<strong>de</strong> bords (CONDIT & al. 1996, 1998, POTTS & al. 2001), <strong>et</strong> un relevé plus étroit, <strong>pour</strong> accélérer345 Il s’agit du dialecte Fang parlé en Guinée Equatoriale.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 34


<strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> travail (essentiellement le tracé <strong>de</strong>s limites), correspond à une <strong>la</strong>rgeur <strong>de</strong> 10 à 15(20)m <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre du <strong>la</strong>yon (LIEBERMAN & al. 1996, VAN PAASEN 1991, PRÉVOST &SABATIER 1996, ACHOUNDONG 1985, EILU & al. 2004, HUANG & al. 2003, HAMANN & al.1999, <strong>et</strong>c.).La <strong>la</strong>rgeur généralement considérée variera toutefois en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité<strong>de</strong>s catégories d’organismes envisagés: <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> <strong>la</strong> strate herbacée, une <strong>la</strong>rgeur <strong>de</strong> 2ou 5m est couramment utilisée (TUOMISTO & RUOKOLAINEN 1994, POULSEN & PENDRY 1995,GENTRY & DODSON 1987).Bien entendu, l’effort d’échantillonnage ne s’exprime pas uniquement en termes <strong>de</strong> surface.Lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> compartiments dont les constituants sont bien individualisés, tels que lesarbres, il est possible <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r au relevé non pas d’une certaine surface mais d’un certainnombre d’individus. Certains procè<strong>de</strong>nt même parfois à <strong>de</strong>s relevés dont l’effortd’échantillonnage est fixé en termes <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> travail (M.ELAD, comm.pers.).En général, l’effort d’échantillonnage en termes <strong>de</strong> surface augmente <strong>pour</strong> les relevés centréssur les strates à hauteur ou DBH croissants: <strong>de</strong> plusieurs hectares <strong>pour</strong> les arbres <strong>de</strong> <strong>la</strong>canopée à quelques ares (50 à 1000m²) <strong>pour</strong> le sous-bois, voire quelques m² <strong>pour</strong> les synusiesmuscinales épiphytiques <strong>et</strong> saprolignicoles (1 à 10m²) <strong>et</strong> 5 à 200m² <strong>pour</strong> les synusiesmuscinales épilithiques <strong>et</strong> épigéiques (GILLET 2000, p.22). Enfin, quelle que soit <strong>la</strong> strateétudiée, <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s relevés est parfois encore influencée par le nombre <strong>de</strong> répétitionsprévues: par exemple, un seul relevé <strong>de</strong> 50ha <strong>pour</strong> les arbres à DBH ≥ 1cm (CTFS: CONDIT1995) à 147 relevés <strong>de</strong> 1000m² <strong>pour</strong> ce même compartiment structural (TCHOUTO 2004).I.4.1.4 Limiter <strong>la</strong> quantité ou <strong>la</strong> précision <strong>de</strong>s observations (effort d’observation)Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s principes décrits jusqu’ici, qui conditionnent les données <strong>de</strong> base du relevé àsavoir <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s espèces présentes, il existe toute une série <strong>de</strong> données ou d’actionscomplémentaires qui perm<strong>et</strong>tent d’enrichir les possibilités d’interprétation <strong>et</strong> lesproblématiques abordables mais qui ont un coût en termes <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> travail.Premièrement, on peut se limiter à ne noter que <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s espèces ou bien on peut enestimer l’abondance, soit <strong>de</strong> manière semi-quantitative à l’ai<strong>de</strong> d’un indice d’abondancedominancedu style BRAUN-BLANQUET (1932), soit <strong>de</strong> manière quantitative par comptage <strong>et</strong>calcul <strong>de</strong> l’abondance re<strong>la</strong>tive.D’autres aspects peuvent encore rallonger le temps <strong>de</strong> travail tels que <strong>la</strong> mesure <strong>et</strong> <strong>la</strong> prise <strong>de</strong>note du DBH, <strong>de</strong> <strong>la</strong> hauteur totale, <strong>de</strong> <strong>la</strong> hauteur du fût (hauteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> première branche, <strong>pour</strong>les arbres: cf. OLDEMAN 1974) ou encore le découpage du relevé en tronçons, sous-parcellesou quadrats dans l’idée <strong>de</strong> pouvoir dresser <strong>de</strong>s courbes d’accumu<strong>la</strong>tion d’espèces en fonction<strong>de</strong> l’effort d’échantillonnage ou encore <strong>de</strong> calculer <strong>la</strong> fréquence d’une espèce dans un relevé.Dans <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s, les relevés sont pensés à long terme (relevés permanents) <strong>et</strong> sontdonc <strong>de</strong>stinés à être revisités régulièrement par <strong>de</strong>s personnes différentes: dans ce cas, lesp<strong>la</strong>ntes sont généralement positionnées dans un système d’axes (dont l’abscisse est alors le<strong>la</strong>yon central du relevé ou l’un <strong>de</strong> ses côtés) <strong>et</strong> sont marquées individuellement à l’ai<strong>de</strong> d’uneétiqu<strong>et</strong>te <strong>et</strong> d’un co<strong>de</strong> unique. Plutôt que <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cer l’étiqu<strong>et</strong>te n’importe où, celle-ci estgénéralement clouée 30cm au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l’endroit précis <strong>de</strong> mesure du DBH (soit à 1,6m <strong>de</strong>haut <strong>pour</strong> un arbre sans contrefort <strong>et</strong> sur terrain p<strong>la</strong>t) ce qui perm<strong>et</strong> d’étudier <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong>sespèces. Les relevés permanents perm<strong>et</strong>tent un contrôle <strong>de</strong>s données collectées par unB. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 35


chercheur ainsi que <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> revisiter les arbres indéterminés <strong>et</strong> peuvent aussi jouer unrôle pédagogique <strong>pour</strong> <strong>de</strong> jeunes botanistes.Une autre prise <strong>de</strong> donnée complémentaire est <strong>la</strong> collecte d’échantillons d’herbiers <strong>pour</strong> toutesles espèces dont l’i<strong>de</strong>ntification est douteuse. C<strong>et</strong>te étape est bien entendu très importante <strong>et</strong>peut prendre énormément <strong>de</strong> temps si l’on est consciencieux: il y a premièrement <strong>la</strong> difficulté<strong>de</strong> collecter les échantillons <strong>pour</strong> les grands arbres <strong>et</strong> <strong>de</strong>uxièmement, il y a <strong>la</strong> quantitéd’observations que l’on fait sur les parties végétatives <strong>et</strong> reproductrices <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte collectée(aspects du tronc, couleurs, exsudat, architecture, fleurs, fruits, <strong>et</strong>c., WILKS & ISSEMBÉ 2000,LETOUZEY 1969, THIRAKUL 1983, HALLÉ & OLDEMAN 1970, TAILFER 1989). Certains irontjusqu’à prospecter hors <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> leurs relevés afin <strong>de</strong> récolter tous les échantillonsfertiles <strong>de</strong>s stations étudiées (présente étu<strong>de</strong>, VAN ANDEL 2003), ce qui perm<strong>et</strong> lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s herbiers d’améliorer n<strong>et</strong>tement les déterminations <strong>de</strong>s mêmes espèces collectées stérilesau sein <strong>de</strong>s relevés.Enfin, les données ne doivent pas forcément se limiter aux seuls aspects floristiques. Il existeun certain nombre <strong>de</strong> facteurs mésologiques observables sur le terrain (hydromorphie <strong>et</strong>hygrométrie apparentes, pente, orientation, altitu<strong>de</strong>, coordonnées GPS, profil pédologique,texture générale du sol, <strong>et</strong>c., cf. chapitre II.3) ainsi que <strong>de</strong>s aspects structuraux (nombre <strong>de</strong>strates <strong>et</strong> leur taux <strong>de</strong> recouvrement, abondance <strong>de</strong>s lianes, ... 6 , voire même physionomiques(abondance d’individus semi-décidus ou décidus, abondance d’individus à racines échasses,contreforts, cf. REITSMA 1988 p.29, ou pneumatophores, <strong>et</strong>c.).I.4.1.5 Bref historique <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> relevés dans les forêts d’Afrique tropicaleJusqu’il n’y a encore que quelques dizaines d’années, on ne connaissait (du moins en Afrique)que <strong>de</strong>ux grands types d’inventaires botaniques fondamentalement opposés. Il y a d’une partles inventaires <strong>de</strong> type " forestier ", c’est-à-dire à vocation essentiellement commerciale, <strong>et</strong>d’autre part il y a les inventaires <strong>de</strong> type " phytosociologique ".La première approche est <strong>de</strong>puis longtemps employée par les " forestiers " qui procè<strong>de</strong>nt à<strong>de</strong>s inventaires botaniques basés sur les arbres à DBH ≥ 70cm, ou parfois ≥ 60cm, ce quicorrespond au diamètre minimum d’exploitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s essences commerciales.Ce type d’inventaire leur perm<strong>et</strong> d’estimer <strong>la</strong> ressource exploitable d’un massif forestier.Parfois, ceux-ci rajoutent en parallèle un inventaire <strong>de</strong>s arbres à DBH ≥ 10cm en vue <strong>de</strong>connaître le potentiel <strong>de</strong> régénération <strong>de</strong> ces essences commerciales. De nos jours, ces <strong>de</strong>uxtypes d’inventaires servent par ailleurs à ces mêmes forestiers <strong>pour</strong> établir leur " série <strong>de</strong>conservation ", notamment dans le cadre <strong>de</strong>s processus d’écocertification (GILLET & al.2003ab).Ces relevés " forestiers " sont typiquement constitués <strong>de</strong> transects rectilignes <strong>de</strong> plusieurskilomètres <strong>de</strong> long sur une <strong>la</strong>rgeur soit <strong>de</strong> 5m (2,5m <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre d’un <strong>la</strong>yon <strong>pour</strong>l’observation <strong>de</strong>s DBH ≥ 10cm), soit <strong>de</strong> 50m (25m <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre <strong>pour</strong> les DBH ≥ 70cm).Tous les arbres <strong>de</strong> diamètre suffisant <strong>et</strong> compris dans le transect sont comptabilisés, mesurés<strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntifiés. C<strong>et</strong>te méthodologie, très pratique <strong>et</strong> rapi<strong>de</strong>, a inspiré un grand nombre <strong>de</strong>botanistes avec parfois l’idée <strong>de</strong> pouvoir récupérer <strong>la</strong> masse <strong>de</strong> données <strong>de</strong>s inventairesforestiers (VAN ROMPAEY 1993, 2001). On peut citer notamment les importants travaux duCentre Technique Forestier Tropical (CTFT) qui réalisa <strong>de</strong>s dizaines voire <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong>366 A c<strong>et</strong>te fin on procè<strong>de</strong> parfois à un relevé du « profil forestier », cf. Hallé & al. 1967, Senterre 1999, Senterre &Lejoly 2001)B. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 36


milliers d’hectares d’inventaires forestiers notamment au Cameroun, en RCA <strong>et</strong> au Gabon(FOURNIER & SASSON 1983).Les avantages <strong>de</strong> l’adoption <strong>de</strong> transects <strong>de</strong> type forestier à <strong>de</strong>s fins d’étu<strong>de</strong>s écologiques sont<strong>de</strong>puis longtemps évoqués <strong>et</strong> ont été soulignés notamment par WHITE & EDWARDS (2001),dans une optique n<strong>et</strong>tement multidisciplinaire (incluant <strong>de</strong> nombreux aspects d’étu<strong>de</strong>sfauniques, WHITE 1992, phénologiques, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> conservation. De tels inventaires ontété mis en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>puis 1992 dans les régions protégées <strong>de</strong> six pays d’Afrique centrale(LEJOLY 1996, 1993a), dans le cadre du Programme Ecofac (Conservation <strong>et</strong> UtilisationRationnelle <strong>de</strong>s Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale). C<strong>et</strong>te approche, <strong>et</strong> les quelquesvariantes qui s’y rattachent (Fig.12ab), est donc toujours à l’heure actuelle LA métho<strong>de</strong> (dumoins en Afrique) consacrée aux problématiques <strong>de</strong> prospection <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité dans <strong>de</strong>srégions méconnues ainsi que <strong>de</strong> conservation <strong>et</strong> <strong>de</strong> gestion d’aires protégées en milieuxforestiers (WHITE & EDWARDS 2001): cf. notamment les actions du WWF, <strong>de</strong> CI(Conservation International) <strong>et</strong> du WCS (OBIANG 2003: métho<strong>de</strong> du reccé walk, Fig.12a).La <strong>de</strong>uxième approche consiste à transposer directement, ou presque, les principesphytosociologiques développés en Europe durant <strong>la</strong> première moitié du XX ème siècle,notamment par BRAUN-BLANQUET (1932). Parmi les diverses Ecoles phytosociologiques (cf.TROUPIN 1966, TANGHE 1999), c’est traditionnellement celle <strong>de</strong> Zurich-Montpellier qui futtransposée en Afrique sous l’impulsion du Professeur LEBRUN (1947), lors <strong>de</strong> son étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>végétation <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine alluviale du Sud du <strong>la</strong>c Edouard (Parc National Albert, en RépubliqueDémocratique du Congo). Par <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> très nombreux auteurs lui ont emboîté le pas, parmilesquels LEBRUN & GILBERT (1954), GERMAIN & EVRARD (1956), SCHNELL (1952ab),MANGENOT (1955), GÉRARD (1960), TROUPIN (1966), MOSANGO & LEJOLY (1990), MASENS-DA-MUSA (1997), <strong>et</strong> bien d’autres qu’on trouvera cités dans <strong>la</strong> synthèse <strong>de</strong> SCHMITZ (1988).La méthodologie est très simple <strong>et</strong> consiste <strong>la</strong> plupart du temps en p<strong>et</strong>its relevés <strong>de</strong> 500m² (50x 10m, ou quelques dizaines d’ares, Fig.12c) sur lesquels l’abondance est estimée, parcoefficients d’abondance-dominance <strong>de</strong> Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong>, <strong>pour</strong> chaque espèce présente, sanslimite <strong>de</strong> DBH, ou parfois à partir <strong>de</strong> 10cm.Les travaux <strong>de</strong> ces pionniers <strong>de</strong> <strong>la</strong> phytosociologie en Afrique restent encore aujourd’hui <strong>de</strong>sréférences incontournables <strong>de</strong> par l’énorme expérience <strong>de</strong>s botanistes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te époque.De ces travaux <strong>de</strong> base <strong>et</strong> <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> forestiers sont nées <strong>de</strong> nombreuses méthodologieshybri<strong>de</strong>s, tentant d’intégrer certains avantages <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s, notamment en réalisant <strong>de</strong>stransects <strong>et</strong> en découpant ceux-ci en relevés plus ou moins homogènes. On peut citer lestravaux réalisés dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration entre le Proj<strong>et</strong> CUREF <strong>et</strong> l’Université Libre<strong>de</strong> Bruxelles (COLLIN 1998, BODE 1998, SENTERRE 1999, 2001) ainsi que bien d’autres(VALKENBURG & al. 1998, SONKÉ & LEJOLY 1998, VAN ASBROECK 1997, VAN REETH 1997,KOUKA 2002, WHITE 1992, <strong>et</strong>c.), cf. SENTERRE & al. (2004) <strong>pour</strong> une brève discussion(Fig.12).D’autre part, bon nombre d’innovations ont également été développées (surtout en Amérique<strong>la</strong>tine <strong>et</strong> en Asie du Sud-Est), amenant <strong>la</strong> diversité méthodologique à <strong>la</strong> jungle actuelle. Parmiles acteurs les plus importants <strong>pour</strong> ce développement <strong>de</strong>s méthodologies d’inventaire, il y ale groupe du Missouri Botanical Gar<strong>de</strong>n (avec notamment les travaux d’Alwyn Gentry), leCIFOR <strong>et</strong> le CTFS (cf. chapitre suivant).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 37


Fig.12 Quelques exemples <strong>de</strong>s principaux mo<strong>de</strong>s d’inventaires développés en forêts tropicales. a) métho<strong>de</strong> dureccé walk (OBIANG 2003, SUNDERLAND & al. 2004), b) métho<strong>de</strong> du transect <strong>de</strong> forestiers (LEJOLY 1993, WHITE& EDWARDS 2001), c) grands relevés hétérogènes (<strong>la</strong>rge scale plots: CONDIT 1995, PRÉVOST & SABATIER 1996),d) relevés <strong>de</strong> plus p<strong>et</strong>ite surface <strong>et</strong> représentant une station homogène (small plots, relevés phytosociologiques:GÉRARD 1960, GENTRY & DODSON 1987, <strong>et</strong>c.). Les principales caractéristiques sont indiquées dans le bas <strong>de</strong> <strong>la</strong>figure: homogénéité, dimensions <strong>et</strong> strates les mieux représentées (selon <strong>la</strong> codification reprise au Tab.9).a) b) c) d)milieu hétérogène hétérogène hétérogène à ± homogène homogène10-100ha ≥ 4-5ha ≥ 1ha ≤ 1hastrates supérieures (E) strates E + A + régénération strates E + A + Ad compl<strong>et</strong>sI.4.1.6 Tour d’horizon bibliographique <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> relevés en forêts tropicalesLes différentes façons d’abréger un relevé ne seront bien sûr pas les mêmes selon <strong>la</strong>problématique étudiée <strong>et</strong> en fonction <strong>de</strong>s moyens <strong>et</strong> du temps disponible. Nous avons vu queles inventaires <strong>de</strong> forestiers <strong>et</strong> d’exploration <strong>de</strong> <strong>la</strong> biodiversité consistent typiquement en <strong>de</strong>très vastes superficies linéaires <strong>et</strong> étroites où l’effort d’échantillonnage est généralementconcentré sur les strates supérieures. Au contraire, les inventaires <strong>de</strong>stinés à étudier <strong>la</strong><strong>typologie</strong> dans <strong>la</strong> tradition phytosociologique n’établissent pas <strong>de</strong> limites quant auxcompartiments structuraux mais se concentrent sur <strong>de</strong>s surfaces <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> quelques ares àquelques dizaines d’ares: les strates supérieures sont donc c<strong>et</strong>te fois sous-échantillonnées. Siles premiers ont l’avantage d’être quantitatifs (l’abondance <strong>de</strong>s espèces peut être quantifiéepar le nombre d’individus observés), les seconds ont quant à eux l’avantage <strong>de</strong> se concentrersur une station homogène <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> mieux pouvoir m<strong>et</strong>tre en re<strong>la</strong>tion certainescaractéristiques floristiques avec les paramètres environnementaux. En outre, <strong>de</strong> p<strong>et</strong>itessurfaces autorisent à ne pas fixer <strong>de</strong> limite sur les compartiments envisagés: il est possible <strong>de</strong>réaliser <strong>de</strong>s relevés <strong>de</strong> toutes les p<strong>la</strong>ntes présentes sur une surface donnée. Entre ces <strong>de</strong>uxB. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 38


extrêmes, plusieurs approches différentes ont développé l’un ou l’autre aspect. Parmi lesapproches les plus célèbres, on peut citer:-les relevés polyvalents <strong>de</strong> HALL & SWAINE (1976):C<strong>et</strong>te méthodologie s’inscrit directement dans <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong>s relevés phytosociologiques maisdiffère <strong>de</strong>s approches antérieures par le comptage <strong>de</strong> tous les individus <strong>pour</strong> certains groupes<strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes (l’abondance est donc une mesure <strong>et</strong> non plus une simple estimation d’uncoefficient <strong>de</strong> type Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong>). Elle consiste en relevés homogènes <strong>de</strong> 25 x 25m (625m²)sur lesquels sont comptés <strong>et</strong> mesurés tous les ligneux à DBH ≥ 10cm tandis que seule <strong>la</strong>présence est notée <strong>pour</strong> les individus plus p<strong>et</strong>its. C<strong>et</strong>te méthodologie, qui constitue un <strong>de</strong>spremiers essais d’approche semi-quantitative <strong>et</strong> exhaustive, a fait école essentiellement enAfrique <strong>de</strong> l’Ouest où elle est restée jusqu’à ce jour l’approche principale. Elle fut très<strong>la</strong>rgement diffusée par les travaux <strong>de</strong> HAWTHORNE (1995) qui modifia légèrement <strong>la</strong> métho<strong>de</strong>.Ce <strong>de</strong>rnier fut suivi par <strong>de</strong> nombreux autres chercheurs parmi lesquels CABLE & CHEEK(1998), VAN GEMERDEN & al. (2003), <strong>et</strong>c.-les relevés <strong>de</strong> biodiversité préconisés par les équipes du Missouri Botanical Gar<strong>de</strong>n:Ces relevés consistent en transects <strong>de</strong> 20 x 500m (1ha) sur lesquels tous les ligneux à DBH ≥10cm sont comptés <strong>et</strong> cartographiés. C<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> rendue célèbre par les travaux <strong>de</strong> Gentry(1982 in BREWER & al. 2003) a été appliquée en Amérique du Sud, en Afrique <strong>et</strong> en Asie duSud-Est. Elle a été suivie par <strong>de</strong> nombreux chercheurs tels que PROCTOR & al. (1983),PRÉVOST & SABATIER (1996), EILU & al. (2004), HAMANN & al. (1999), <strong>et</strong>c. Elle s’apparenteaux inventaires <strong>de</strong> régénération <strong>de</strong>s forestiers mais en diffère par un rapport longueur/<strong>la</strong>rgeurplus favorable <strong>et</strong> par un effort <strong>de</strong> détermination <strong>et</strong> un effort d’observation bien plus poussés.D’autre part, constatant que les individus à DBH < 10cm (notamment les p<strong>et</strong>ites lianes)représentaient une part non négligeable <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité, Gentry (in PHILLIPS & al. 2003) aégalement réalisé <strong>de</strong>s relevés <strong>de</strong> ligneux à DBH ≥ 2,5cm sur <strong>de</strong>s parcelles <strong>de</strong> 0,1ha (en 10ban<strong>de</strong>s parallèles <strong>de</strong> 2 x 50m) <strong>et</strong> aussi homogènes que possible. Un peu plus tard, GENTRY &DODSON (1987) réalisaient, sous l’inspiration <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> HALL & SWAINE (1976), <strong>la</strong>première étu<strong>de</strong> à <strong>la</strong> fois exhaustive (observation <strong>de</strong> toutes les p<strong>la</strong>ntes présentes sur une surfacedonnée) <strong>et</strong> quantitative (comptage <strong>de</strong> tous les individus) sur trois relevés <strong>de</strong> 0,1ha en forêts<strong>de</strong>nses tropicales. On peut encore citer quelques variantes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> telles que celles<strong>de</strong> VAZQUEZ & GIVNISH (1998: 10 parcelles circu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> 0,01ha) ou BREWER & al. (2003: 2x 500m), adaptées aux situations en pente ou en montagne par exemple.-les relevés du Center for Tropical Forest Science (CTFS):Initié dans les années 1980 sous l’impulsion du Smithsonian Tropical Research Institute, ils’agit d’un réseau <strong>de</strong> relevés permanents <strong>de</strong> 15 à 50ha où tous les arbres à DBH ≥ 1cm sontmesurés, cartographiés, <strong>et</strong>c. (http://www.ctfs.si.edu/main/overview/brochure.htm; voir aussiCONDIT, 1995, <strong>pour</strong> un bref historique <strong>et</strong> une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> <strong>la</strong> méthodologie). Parmi <strong>la</strong>vingtaine <strong>de</strong> sites rattachés à ce groupe <strong>de</strong> recherche (Fig.13a), trois sont particulièrementbien représentatifs <strong>de</strong> grands types forestiers (liés au macroclimat) <strong>et</strong> ont fait l’obj<strong>et</strong> d’unnombre impressionnant <strong>de</strong> publications: <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> sans saison sèche <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réserveforestière <strong>de</strong> Pasoh (Ma<strong>la</strong>isie péninsu<strong>la</strong>ire), <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> à saison sèche marquée (<strong>de</strong>4 mois) <strong>de</strong> Barro Colorado Is<strong>la</strong>nd (BCI, Panama) <strong>et</strong> <strong>la</strong> forêt sèche décidue du Game Sanctuary<strong>de</strong> Muduma<strong>la</strong>i (dans <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> forêts <strong>de</strong> mousson du Sud-Ouest <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong>). Le site du ParcNational <strong>de</strong> Lambir (Sarawak, Ma<strong>la</strong>isie) est lui aussi très connu.Il s’agit du plus vaste réseau <strong>de</strong> relevés standardisés <strong>et</strong> par ailleurs ces relevés sont les pluspoussés qui soient en termes d’effort d’échantillonnage avec pas moins <strong>de</strong> 244000 à 335000individus observés sur les relevés <strong>de</strong> BCI <strong>et</strong> <strong>de</strong> Pasoh respectivement (CONDIT 1995). Un telB. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 39


dispositif perm<strong>et</strong> <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s très variées aussi bien sur <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion que sur <strong>la</strong><strong>typologie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation, les mécanismes <strong>de</strong> compétition <strong>et</strong> <strong>de</strong> dispersion ou encore sur lesaspects méthodologiques en matière <strong>de</strong> <strong>typologie</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité: CONDIT & al.(1996, 1998), GIMARET-CARPENTIER & al. (1998), POTTS & al. (2001), LEIGH & LOO DE LAO(2000), PLOTKIN & al. (2000, 2002), HARMS & al. (2004), HE & al. 1996, VALENCIA & al.(2004), BORDA-DE-AGUA & al. (2002), <strong>et</strong>c. L’inconvénient majeur est qu’une telleméthodologie nécessite <strong>de</strong>s moyens colossaux <strong>et</strong> qu'on ne peut donc pas étudier un grandnombre <strong>de</strong> sites (CONDIT 1995).Fig.13 Différents sites ayant fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> vastes relevés (<strong>la</strong>rge scale plots) en forêts tropicales.a) position géographique <strong>de</strong>s sites étudiés par le CTFSb) exemple du dispositif <strong>de</strong> BCI(Panama) 1000 x 500m découpé encarrés <strong>de</strong> 20 x 20m (tiré <strong>de</strong> Harms &al. 2004): noir, forêt marécageuse; grisfoncé, jeune forêt <strong>et</strong> pentes; gris c<strong>la</strong>ir,forêt mixte; b<strong>la</strong>nc, p<strong>la</strong>teaux <strong>de</strong>s zonesbasses <strong>et</strong> hautes.Pour d’autres illustrations détaillées dudispositif d’inventaire du CTFS, voiraussi PLOTKIN & al. (2000), THOMAS& al. (2003), HE & al. (1996), <strong>et</strong>c.-les relevés multistrates en sous-relevés emboîtés (nested plots):Un <strong>de</strong>s inconvénients <strong>de</strong>s méthodologies évoquées ci-<strong>de</strong>ssus est <strong>de</strong> ne pas tenir compte <strong>de</strong>sdifférentes strates forestières avec une intensité comparable. Par exemple, <strong>pour</strong> un relevé <strong>de</strong>1ha <strong>de</strong>s arbres à DBH ≥ 10cm, on observera un grand nombre d’individus d’arbres <strong>de</strong> <strong>la</strong> stratedominée (environ 350 individus par ha <strong>pour</strong> les arbres à DBH compris entre 10 <strong>et</strong> 30cm, cf.Tab.8), un faible nombre d’arbres moyens (±80 indiv./ha <strong>pour</strong> les DBH entre 30 <strong>et</strong> 60cm) <strong>et</strong>un nombre insignifiant d’arbres <strong>de</strong> <strong>la</strong> strate supérieure (±8 indiv./ha <strong>pour</strong> les DBH ≥ 60cm).C’est <strong>pour</strong>quoi certains chercheurs réalisent <strong>de</strong>s relevés composés <strong>de</strong> plusieurs sous-relevés<strong>de</strong> tailles différentes <strong>et</strong> généralement concentriques, étant chacun dédié à l’étu<strong>de</strong> d’une strateparticulière: VAN ANDEL (2001, 2003), BEHERA (2002), KOUOB (2003), Smith (1970 inGENTRY & DODSON, 1987), SOKPON (1995), SVENNING & al. (2004), TCHOUTO (2004),TCHOUTO & al. (1999), VAN PAASEN (1991),WEBB & PEART (2000), <strong>et</strong>c., ainsi qu’un certainnombre <strong>de</strong> travaux dérivés <strong>de</strong> relevés <strong>de</strong> type forestier (cf. SENTERRE & al. 2004).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 40


Outre les exemples les plus connus <strong>et</strong> les gran<strong>de</strong>s catégories d’inventaires botaniques détaillésci-<strong>de</strong>ssus, une multitu<strong>de</strong> d’autres dispositifs existent (Tab.9).Tab.9 Présentation <strong>de</strong> quelques exemples <strong>de</strong> relevés botaniques développés en forêts tropicales <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong>.Les références sont ordonnées selon <strong>la</strong> strate <strong>la</strong> mieux représentée dans le relevé (E, A, Ad, H, cf. Fig.8) <strong>et</strong> parsurface <strong>de</strong> relevé décroissante. Les colonnes N <strong>et</strong> Sp indiquent le nombre moyen d’individus <strong>et</strong> d’espèces parrelevé. Les sous-relevés <strong>de</strong>s relevés multistrates (nested plots) sont p<strong>la</strong>cés chacun à l’endroit qui leur correspon<strong>de</strong>t un indice (ex. 1/3 ) rappelle le nombre <strong>de</strong> sous-relevés composant un relevé. Les autres abréviations employéessont les suivantes: R-nombre <strong>de</strong> relevés, r-régénération, d-diamètre, c-circonférence, Ab-comptage d’individus,AD-coefficient d’abondance-dominance, P-présence/absence, fdh-forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong>, fdhh-forêt <strong>de</strong>nsehyperhumi<strong>de</strong>, fdhmono-forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> monodominante, fdhs-forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> à tendance semi-décidue(moins humi<strong>de</strong>), fdhsd-forêt <strong>de</strong>nse semi-décidue, fds-forêt <strong>de</strong>nse sèche, fh-forêt hydromorphe (en général) fdmforêt<strong>de</strong> montagne (en général), SM, forêt submontagnar<strong>de</strong>, MS-forêt montagnar<strong>de</strong> supérieure, SA-étagesubalpin, fstsemp-forêt sèche tempérée sempervirente, herb. terr.-herbacées terrestres.Source Site; type <strong>de</strong> végétation Eff. Ech. L x l R Strate Compart. Ab N SpValkenburg & al. 1998-1/4 Minkébé (NE-Gabon); fdhs 290ha 58km x 50m 1 E d > 70cm AbObiang 2002-1/3 Monts <strong>de</strong> Cristal (Gabon); fdh x 10ha x km x 5m E d >= 60cm AbEcofac-1/4 (Lejoly 1993) Afrique centrale; fdh 25ha 5000 x 50m E+Ad d >= 70cm AbValkenburg & al. 1998-2/4 Minkébé (NE-Gabon); fdhs 2,5ha 500 x 50m 115 E d > 70cm Ab 9,9 9Obiang 2002-2/3 Monts <strong>de</strong> Cristal (Gabon); fdh 1,8ha 4 x (900 x 5m) 10 E d >= 60cm AbEcofac-3/4 Afrique centrale; fdh 1,6ha 320 x 50m E d >= 70cm AbCuref-1/2 Afrique centrale; fdh 25ha 5000 x 50m A+E d >= 30cm AbPélissier & al. 2003 St Elie (Guyane française); fdh 10ha transect 1 A d >= 50cm Ab 381 113Smith 1970-1/5 Puerto Rico; fdh 1,57ha A AKouob 2004-1/2 Dja (Cameroun); fdhs 1ha 100 x 100m 62 A d >= 30cm Ab 141-172Pascal & Pélissier 1996 Western Ghats (In<strong>de</strong>)-fdhsd 3,12ha5 x (180-370 x20m)1 Ad+A c >= 30cm Ab 1981 91Valkenburg & al. 1998-3/4 Minkébé (NE-Gabon); fdhs 3ha 6km x 5m 1 Ad+A d > 10cm AbEcofac-2/4 (Lejoly 1993) Afrique centrale; fdh 2,5ha 5000 x 5m Ad+A d >= 10cm AbGill<strong>et</strong> & al. 2004 Gabon; fdhh 2,5ha 5000 x 5m Ad+A d >= 10cm AbGentry 1987, <strong>et</strong>c. Amazonie; fdh 1ha 100 x 100m Ad+A d >= 10cm Ab 300Proctor & al. 1983, <strong>et</strong>c. Sarawak (Ma<strong>la</strong>isie); fdhmono 1ha 100 x 100m Ad+A d >= 10cm Ab 778 225Lieberman & al. 1996-1/2 La Selva (Costa Rica); fdm 1ha 14 Ad+A d >= 10cm Ab 410 88Van Gemer<strong>de</strong>n & al. 2003-1/2 Akuom II (SW-Cameroun); fdh 1ha 100 x 100m 16 Ad+A d >= 10cm Ab 523 127Reitsma 1988-1/3 Ekobakoba (Gabon); fdh 1ha 100 x 100m 4 Ad+A d >= 10cm Ab 429 77Reitsma 1988-2/3 Ekobakoba (Gabon); fdh 1ha 100 x 100m 1 Ad+A d >= 5cm Ab 760 108Small & al. 2004 Brunei (Borneo); fdhmono 1ha 1 Ad+A d >= 5cm Ab 1019 278Eilu & al. 2004 Uganda; fdm 1ha 500 x 20m 12 Ad+A d >= 10cm AbHamann & al. 1999 Negros Is. (Philippines); fdm 1ha 501 x 20m 1 Ad+A d >= 10cm Ab 645 92Prévost <strong>et</strong> Sabatier 1996 St Elie (Guyane); fdh 1ha 500 x 20m Ad+A d > 10cm Ab 204 204Prévost <strong>et</strong> Sabatier 1996 St Elie (Guyane); fdh 1ha 100 x 100m Ad+A d > 10cm AbVan An<strong>de</strong>l 2001-1/3 NW-Guyane; fdh 1ha 1000 x 10m 2 Ad+A d >= 10cm Ab 496-550 93-95Van Paasen 1991-1/4 Guinée Equatoriale; fdh 1ha 1000 x 10m 34 Ad+A d >= 10cm Ab 469 77B<strong>la</strong>nc & al. 2000 Cat Tien (Vi<strong>et</strong>nam); fdh 1ha 5 Ad+A d >= 10cm Ab 469 81Achoundong 1985 Yaoundé (Cameroun); fdh, fdm 5000m² 250 x 20m 36 Ad+A d >= 4cm Ab 420-497 58-72Pendry & Proctor 1997 Brunei (Bornéo); fdm 2500m² 3 Ad+A d >= 10cm AbEdwards & al. 1993 SE-Asie 2500m² 50 x 50m 16 Ad+A d >= 10cm AbTchouto & al. 1999-1/2 Cameroun; fdh, fdhh, SM 2500m² 50 x 50m 23 Ad+A d >= 10cm AbKouob 2004-2/2 Dja (Cameroun); fdhs 2500m² 80 x 0,5m 62 Ad d: 10-30cm AbEcofac-4/4 Afrique centrale; fdh 1600m² 320 x 5m Ad d >= 10cm AbCuref-2/2 Afrique centrale; fdh 1600m² 160 x 10m Ad d >= 10cm AbWebb & Peart 2000-1/2 Bornéo; fdh 1600m² 40 x 40m 28 Ad d >= 10cm AbSosef & al. 2004 Doudou Mt. (Gabon); fdh, SM 1600m² 40 x 40m Ad d >= 10cm AbLieberman & al. 1996-2/2 La Selva (Costa Rica); fdm 1000m² 100 x 10m Ad d >= 10cm Ab 53,5 33.2Huang & al. 2003 E-Usambara (Tanzanie); fdm 1000m² 50 x 20m Ad d >= 10cm Ab 41,9 15.6Obiang 2002-3/3 Monts <strong>de</strong> Cristal (Gabon); fdh 1000m² 4 x (50 x 5m) 10 Ad d >= 10cm AbDuivenvoor<strong>de</strong>n 1995 Amazonie (Colombie); fdh, fh 1000m² 95 Ad d >= 10cm AbBussmann 2003-4/5 Ecuador; fdm 1000m² 50 x 20m 14 Ad d > 10cm Ab 88-121Brewer & al. 2003 Bélize; pentes fortes 1000m² 500 x 2m Ad d >= 5cm Ab 111-211 32-42Gentry 1985a, <strong>et</strong>c. Manu (Pérou); fdh 1000m² 50 x 20m Ad+ar d >= 2,5cm AbValkenburg & al. 1998-4/4 Minkébé (NE-Gabon); fdhs 500m² 100 x 5m 60 Ad d > 10cm Ab 19,3 14Rosteau 1993 P<strong>et</strong>ites Antilles; SM 100m² 10 x 10m 144 Ad d >= 10cm AbB. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 41


Tab.9 (suite)Source Site; type <strong>de</strong> végétation Eff. Ech. L x l R Strate Compart. Ab N SpCTFS (Condit & al. 1996) Pantropical; fdhh, fdh, fdhs 50ha 1000 x 500m ar+Ad d >= 1cm Ab 335000 817Newbery & al. 1992, 1996-1/2 Sabah (Ma<strong>la</strong>isie); fdhmono 4ha 2 ar+Ad c >= 10cm 8992 388Smith 1970-2/5 Puerto Rico; fdh 2800m² ar+Ad ar+AdVan An<strong>de</strong>l 2001-2/3 NW-Guyane; fdh 1000m² 10 x (10 x 10m) 2 ar d< 10cm, H >1,5m Ab 524-716 88-91Tchouto 2004-1/2 Campo (Cameroun); fdh, fdhh 1000m² 147 ar+Ad d >= 1cm Ab 58,6 > 100Svenning & al. 2004-1/2 BCI (Panama); fdhs 900m² 350 ar+Ad Woody spBehera & al. 2002-1/3 Eastern Hima<strong>la</strong>ya; fstsemp, <strong>et</strong>c. 400m² 20 x 20m 122 ar+Ad c > 15cm AbNewbery & al. 1992, 1996-2/2 Sabah (Ma<strong>la</strong>ysie); fdhmono 400m² ar c: 10-50cm 80Hallé & al. 1967 Bélinga (Gabon); SM 400m² 16 x (5 x 5m) 1 ar+Ad H >= 3m Ab 200Van Paasen 1991-2/4 Guinée Equatoriale; fdh 100m² 10 x 10m 68 ar d < 10cm, H > 3m AbVan Paasen 1991-3/4 Guinée Equatoriale; fdh 25m² 5 x 5m 68 ar d < 10cm, H < 3m AbBehera & al. 2002-2/3 Eastern Hima<strong>la</strong>ya; fstsemp, <strong>et</strong>c. 25m² 5 x 5m 122 ar c > 5cm AbPoulsen 1996-1/2 NW-Bornéo; fdh 1ha 1 H herb. terr. PPoulsen & Balsley 1991 Amazonie (Ecuador); fdh 1ha 1 H herb. terr. Ab 10960 96Tuomisto & Ruoko<strong>la</strong>inen 1994 fdh 3500m² 700 x 5m H Pterydo. + Me<strong>la</strong>sto. AbPoulsen & Pondry 1995 NW-Bornéo; fdm 2500m² 500 x 5m 9 H herb. terr. AbVan Gemer<strong>de</strong>n & al. 2003-2/2 Akuom II (SW-Cameroun); fdh 625m² 25 x 25m 65 r d< 10cm, H >50cm AbLejju 2004 SO-Uganda; fdm 500m² 25 x 20m r d < 2cmPoulsen 1996-2/2 NW-Bornéo; fdh 400m² 20 x 20m 3 H herb. terr. AbSmith 1970-3/5 Puerto Rico; fdh 400m² H épiphytes 17Kessler 2001 An<strong>de</strong>s, Bornéo; fdm 400m² variable 204 H certaines familles P 10-60Svenning & al. 2004-2/2 BCI (Panama); fdhs 200m² 350 H herb.Smith 1970-4/5 Puerto Rico; fdh 64m² H herb. + saprophytesCosta 2004 Amazonie centrale; fdh 40m² transect 22 H herb. terr. Ab 30-114 11.5Van An<strong>de</strong>l 2001-3/3 NW-Guyane; fdh 40m² 10 x (2 x 2m) 2 H d< 10cm, H< 1,5m Ab 268-536 55-68Webb & Peart 2000-2/2 Bornéo; fdh 36m² 9 x (2 x 2m) 28 r d< 1cm, H >5cm AbTchouto 2004-1/2 Campo (Cameroun); fdh, fdhh, SM 25m² 5 x 5m 147 H herb. + rSmith 1970-5/5 Puerto Rico; fdh 20m² r rBussmann 2003-5/5 Ecuador; fdm 20m² 5 x (2 x 2m) 14 r d< 10cm P -Van Paasen 1991-4/4 Guinée Equatoriale; fdh 4m² 2 x 2m 136 r d< 10cm, H< 1,5m AbBehera & al. 2002-3/3 Eastern Hima<strong>la</strong>ya; fstsemp, <strong>et</strong>c. 4m² 4 x (1 x 1m) 122 H herb. + r, <strong>et</strong>cGentry & Dodson 1987 Rio Palenque (W-Ecuador); fdh 1000m² 10 x (50 x 2m) 3 H+Ad compl<strong>et</strong> Ab 7210 365Germain & Evrard 1956 Yangambi (RDC); fdhmono 2500-1000m² 11 H+Ad compl<strong>et</strong> ADMosango & Lejoly 1990 RDC; fdhs 500-2500m² 8 H+Ad compl<strong>et</strong> AD - 95-134Masens-da-Musa 1997 RDC; fds 625m² 25 x 25m H+Ad compl<strong>et</strong> AD - 47-88Hall & Swaine 1976, 1981 Ghana; fdh 625m² 25 x 25m H+Ad compl<strong>et</strong> Ab, P - 190Grubb & al. 1964 Amazonie (Ecuador); fdh, fdm 465m² 200 x 25ft. H+Ad sub-compl<strong>et</strong> Ab, PBussmann 2003-1/5 Ecuador; SM 400m² variable H+Ad compl<strong>et</strong> AD - 188Bussmann 2003-2/5 Ecuador; MS, SA 225m² variable H+ar compl<strong>et</strong> AD - 70Reitsma 1988-3/3 Ekobakoba (Gabon); fdh 200m² 2 x (10 x 10m) 4 H+ar compl<strong>et</strong> AD - 201Bussmann 2003-3/5 Ecuador; Paramo 100m² variable H+ar compl<strong>et</strong> AD - 29Tchouto & al. 1999-2/2 Cameroun; fdh, fdhh, SM 100m² 4 x (5 x 5m) 23 H compl<strong>et</strong> ADI.4.1.7 ConclusionEn parcourant les principaux types d’inventaires botaniques réalisés en forêts tropicales, onremarque que l’essentiel <strong>de</strong>s inventaires se concentre sur une seule strate forestière: <strong>la</strong> stratesupérieure (<strong>pour</strong> les relevés <strong>de</strong> forestiers), <strong>la</strong> strate <strong>de</strong>s arbres dominés (dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>majorité <strong>de</strong>s travaux) ou encore le sous-bois. Les relevés compl<strong>et</strong>s, c’est-à-dire sans sélection<strong>de</strong>s compartiments inclus, sont toujours à l’heure actuelle rares <strong>et</strong> parmi ceux-ci les approchesquantitatives restent rarissimes (Tab.9).Ce chapitre m<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> travaux tels que ceux <strong>de</strong> GENTRY &DODSON (1987), compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> quantitatif, <strong>et</strong> ce d’autant plus en Afrique où nous n’avons pastrouvé trace d’un tel inventaire. Nous aurons l’occasion d’approfondir ces aspectsméthodologiques au chapitre II.2.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.4 42


I.5 De <strong>la</strong> phytogéographie à <strong>la</strong> phytosociologie: vers une <strong>typologie</strong>intégréeI.5.1 BREF HISTORIQUEDans ce chapitre, nous tentons <strong>de</strong> faire le lien entre ces <strong>de</strong>ux disciplines fondamentales <strong>pour</strong><strong>la</strong> compréhension <strong>de</strong> l’histoire <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution actuelle <strong>de</strong>s flores <strong>et</strong> types <strong>de</strong> végétation.La phytosociologie est issue du constat que certaines espèces vivent souvent ensemble, danscertains types <strong>de</strong> milieux bien déterminés écologiquement, plutôt qu’avec d’autres. Quant auxphytogéographes, ils ont <strong>de</strong>puis longtemps remarqué que les espèces ne se répartissent pas <strong>de</strong>manière désordonnée à <strong>la</strong> surface du globe mais qu’au contraire certaines affichent <strong>de</strong>s aires<strong>de</strong> distribution simi<strong>la</strong>ires, en <strong>de</strong>s régions géographiques bien déterminées dont ellescaractérisent <strong>la</strong> flore. La phytogéographie, autant que <strong>la</strong> phytosociologie, a soulevé <strong>de</strong>nombreuses polémiques divisant toujours à l’heure actuelle <strong>la</strong> communauté scientifique, <strong>et</strong> <strong>la</strong>multiplicité <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications re<strong>la</strong>tives aux flores <strong>et</strong> types <strong>de</strong> végétation a <strong>de</strong> quoi dérouterceux qui s’y intéressent.Alors que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s naturalistes du XVIII ème siècle se concentraient principalement sur <strong>la</strong>taxonomie, les re<strong>la</strong>tions entre les espèces <strong>et</strong> leur environnement se traduisaient déjàintuitivement au travers d’espèces qualifiées <strong>de</strong> sylvatica, montanum, ru<strong>de</strong>ralis, <strong>et</strong>c. C’estensuite au début du XIX ème siècle que naquirent les notions d’association, que l’on doit àAlexan<strong>de</strong>r von Humboldt, <strong>et</strong> <strong>de</strong> type <strong>de</strong> végétation (August Grisebach) qui fondaient ainsi lesbases <strong>de</strong> l’écologie. Mais c’est véritablement Humboldt qu’il faut considérer comme le pèrefondateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> phytogéographie avec son essai sur <strong>la</strong> géographie <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes, en 1805 (inWIKIPEDIA 2004). Déjà l’importance <strong>de</strong> l’écologie se voyait remise en question quand ilsuggéra que <strong>la</strong> flore d’une région ne représentait que le <strong>de</strong>rnier mot <strong>de</strong> <strong>la</strong> longue histoire <strong>de</strong>sphylums <strong>et</strong> que <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong> ces flores résultait plus d’avatars historiques que d’undéterminisme écologique (in ROISIN 1969). En d’autres termes, les espèces répertoriées dansune région donnée s’y trouvent principalement parce que leurs ancêtres y sont arrivés un jour<strong>et</strong> pas simplement parce que le milieu leur convient, sans quoi on les r<strong>et</strong>rouverait partout oùce milieu s’observe (par exemple dans toutes les forêts tropicales humi<strong>de</strong>s sempervirentes,<strong>et</strong>c.). Dans ce cas, on se base essentiellement sur <strong>de</strong>s critères dits floristiques, c’est-à-direinvoquant <strong>la</strong> répartition géographique <strong>de</strong>s espèces, genres <strong>et</strong> familles (qu’on appelle taxons),<strong>et</strong> particulièrement l’endémisme. Ces critères s’opposent donc aux critères dits <strong>de</strong> végétationqui traduisent l’écologie du milieu tel qu’il est actuellement.Le fossé ainsi creusé entre écologie au sens strict <strong>et</strong> phytogéographie résista longtemps,jusqu’à ce que F<strong>la</strong>hault, en 1900 (in ROISIN 1969), rapproche les <strong>de</strong>ux domaines à l’occasion<strong>de</strong> son " proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> nomenc<strong>la</strong>ture phytogéographique ". Selon lui, <strong>la</strong> phytogéographie ne selimite pas à <strong>de</strong>s aspects purement floristiques <strong>de</strong> comparaisons d’aires <strong>de</strong> répartitiond’espèces, mais doit également se préoccuper <strong>de</strong>s liens entre flore <strong>et</strong> environnement (ycompris <strong>de</strong>s liens entre espèces). Il rappelle que <strong>la</strong> floristique établit <strong>la</strong> statistique <strong>de</strong>s espècesqui peuplent un territoire, " recherche leur origine, leurs migrations, leur distribution actuelle<strong>et</strong> antérieure " alors que " <strong>la</strong> phytogéographie a <strong>pour</strong> but principal <strong>de</strong> faire connaître lesrapports multiples <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation avec le milieu, si varié qu’il soit " (in DAGET & GODRON1982). Dans sa proposition <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification, F<strong>la</strong>hault combine critères floristiques <strong>et</strong> critères<strong>de</strong> végétation <strong>pour</strong> définir <strong>et</strong> ordonner une série d’unités territoriales al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s zones ouceintures <strong>de</strong> végétation jusqu’à <strong>la</strong> station, en passant par régions, domaines, secteurs,districts <strong>et</strong> sous-districts. Les trois premiers niveaux hiérarchiques se basent sur les traitsfondamentaux du climat, <strong>et</strong> donc sur les formations végétales <strong>et</strong> les régions <strong>de</strong> végétation quien sont l’expression, sans considérer les critères floristiques. F<strong>la</strong>hault considère que cescritères climatiques majeurs sont les seuls qui soient suffisamment généralisables <strong>et</strong>B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 43


consensuels (car incontestables en eux-mêmes <strong>et</strong> dans leurs conséquences sur <strong>la</strong> vie végétale),<strong>pour</strong> fournir <strong>la</strong> base d’une c<strong>la</strong>ssification hiérarchique répondant aux objectifs <strong>de</strong> <strong>la</strong>phytogéographie. Ensuite, les niveaux inférieurs (à partir du secteur) font appel à une plusgran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> critères, d’abord floristiques puis phytosociologiques.Quelques années plus tard, Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong> (1919, in ROISIN 1969) reprit l’idée <strong>de</strong> F<strong>la</strong>hault <strong>et</strong>combina à nouveau critères floristiques <strong>et</strong> critères <strong>de</strong> végétation mais en détail<strong>la</strong>nt <strong>et</strong> eninsistant davantage sur les critères floristiques, principalement aux niveaux hiérarchiquessupérieurs. Alors que F<strong>la</strong>hault utilise successivement <strong>et</strong> distinctement critèresphysionomiques purs puis critères floristiques <strong>et</strong> phytosociologiques, Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong> utiliseen parallèle ces trois types <strong>de</strong> critères, chacun selon une hiérarchie d’échelle analogue.L’endémisme au niveau <strong>de</strong>s familles, genres ou espèces prend notamment une importance trèsprononcée. Pour Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong>, " tout territoire phytogéographique naturel, relié intimementau passé par son héritage floristico-systématique, est en même temps le refl<strong>et</strong> <strong>de</strong>s conditionsactuelles ". Le système <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification qu’il proposa fut par <strong>la</strong> suite, <strong>et</strong> jusqu’à nos jours, très<strong>la</strong>rgement accepté <strong>et</strong> utilisé par <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s botanistes (bien souvent attribué erronément àF<strong>la</strong>hault). Les entités phytogéographiques définies, aux différents niveaux hiérarchiques, sontreprises <strong>de</strong> manière schématique au Tab.10 (Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong> 1919, p. 511-512, in ROISIN1969). En pratique, ces différences <strong>de</strong> définitions n’empêchent pas les <strong>de</strong>ux auteurs <strong>de</strong>distinguer <strong>de</strong>s entités phytogéographiques simi<strong>la</strong>ires: les régions reconnues par F<strong>la</strong>haultcorrespondraient très probablement aux régions reconnues par Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong>.Tab.10 Système phytogéographique proposé par Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong> (1919, in ROISIN 1969) complété du niveaud’ordre supérieur à <strong>la</strong> Région (Empire floral). Pour F<strong>la</strong>hault (1900, in ROISIN 1969) <strong>et</strong> ceux qui attachent plusd’importance à l’environnement actuel, le premier niveau n’est pas défini floristiquement (Afrique+Asie =paléotropical) mais uniquement physionomiquement (ban<strong>de</strong>s ou zones <strong>de</strong> végétation telles que forêts tropicales,subtropicales, <strong>et</strong>c.). Pour l’ordre d’endémisme, <strong>la</strong> symbolique utilisée est <strong>la</strong> suivante: F = familles, G = genres,Sp = espèces ; en gras = très important, normal = important, ( ) = faible, (( )) = très faible ou nul.Niveauhiérarchique0- EmpireI- RégionII- DomaineIII- SecteurIV- SoussecteurV- DistrictVI- Sousdistrictéchellegéographiqueparfois plusieurscontinentssouvent trèsétendue à l'échelled'un continentsubdivision <strong>de</strong> <strong>la</strong>régionsubdivision dusecteurplus p<strong>et</strong>ite unitéterritorialediscernableéchelle taxonomique(ordre d'endémisme)paléoendémisme <strong>de</strong> F,tribus, Gpaléoendémisme <strong>de</strong> F,tribus, Gpaléoendémisme (G),néoendémisme Spéchelle phytosociologiqueplusieurs formations *végétales (savanes, forêts, ...)nombreux groupements trèsévolués, climatiquesau moins 1 groupementclimatique bien évolué +groupements locaux spéciauxradiation <strong>de</strong> certains genres <strong>et</strong> <strong>de</strong> certains groupementspar rapport aux domaines voisinsendémisme Sp, ((G))(paléoendémisme Sp),néoendémisme Spquelques Spnéoendémiques,localisées (récentes)pas d'endémismepas <strong>de</strong> groupementsclimatiques spéciaux +plusieurs groupementsphytosociologiques locauxpropres (édaphiques <strong>et</strong>biotiques) généralement peuspécialisés(groupements locaux propres)exemple d'entitéphytogéographiqueempire paléotropical(Pal)guinéo-congo<strong>la</strong>ise(GC)bas-guinéen (BG)BG at<strong>la</strong>ntique (BGA)nigérien vs.camerouno-gabonaispas <strong>de</strong> groupementsparticuliers mais présenteBGA littoralsouvent <strong>de</strong>s faciès territoriaux,(BGALit)avec Sp absentes <strong>de</strong>s districtsvoisinsprésence, absence ou simplesdifférences quantitatives <strong>de</strong>certaines Sp typiquesexemple d'entitéphytosociologique-Strombosio-Parinari<strong>et</strong>ea (Cl.)Gilbertio<strong>de</strong>ndr<strong>et</strong>alia<strong>de</strong>wevrei (Ordre)Tarri<strong>et</strong>ion utilis(Alliance)(Association)(Sous-association)système <strong>de</strong>F<strong>la</strong>haut (1900)traits fondamentaux du climat(critères physionomiques qui ensont l'expression)traits floristiques <strong>et</strong> phytosociologiques (endémisme <strong>et</strong>groupements végétaux)B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 44


Par <strong>la</strong> suite, au cours du XX ème siècle, <strong>de</strong> très nombreux naturalistes dépouillèrent le suj<strong>et</strong> endiscutant séparément l’importance <strong>de</strong>s divers critères pouvant entrer en ligne <strong>de</strong> compte. Fautilconsidérer séparément données floristiques <strong>et</strong> fauniques ? Quelle est l’importance re<strong>la</strong>tive,aux différents niveaux hiérarchiques, <strong>de</strong>s critères floristiques, écologiques, physionomiques <strong>et</strong>phytosociologiques <strong>et</strong> faut-il réellement un système hiérarchique ? Nous tentons ci-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>résumer schématiquement les différents critères discutés dans les travaux consultés, ainsi queles modalités <strong>de</strong> construction <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications sur base <strong>de</strong> ces critères.I.5.2 CRITÈRES POUR LES CLASSIFICATIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUESCeux qui se penchent sur <strong>la</strong> géographie botanique disposent d’un certain nombre d’indices,d’éléments d’informations, que l’on peut diviser en quatre gran<strong>de</strong>s catégories: critèresfloristiques, physionomiques, écologiques <strong>et</strong> phytosociologiques (Fig.14).Premièrement, les gran<strong>de</strong>s barrières naturelles, actuelles ou passées (telles que les océans, leschaînes <strong>de</strong> montagnes, les déserts, apparus au cours <strong>de</strong>s temps géologiques), séparent <strong>de</strong>sflores, caractérisées par certains taxons (familles, genres ou espèces) endémiques quiperm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> distinguer <strong>de</strong>s " empires floraux ". Par exemple, les Bromeliacées distinguent,entre autres, les régions tropicales d’Amérique (empire néotropical) <strong>de</strong>s régions tropicalesafricaines <strong>et</strong> asiatiques (empire paléotropical). Au sein <strong>de</strong> ces empires, les taxons ne sont pasrépartis <strong>de</strong> manière uniforme <strong>et</strong> <strong>de</strong>s centres d’endémisme se distinguent encore <strong>et</strong> constituent<strong>de</strong>s régions florales. La région guinéo-congo<strong>la</strong>ise (qui correspond aux forêts <strong>de</strong>nses humi<strong>de</strong>sd’Afrique tropicale) se distingue ainsi, à l’intérieur <strong>de</strong> l’empire paléotropical, par quelquesfamilles endémiques (Huaceae, Medusandraceae, Scytop<strong>et</strong>a<strong>la</strong>ceae, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreuxgenres (WHITE 1983a). On fait généralement référence à ce type <strong>de</strong> critères sous le vocable" floristique " <strong>pour</strong> rappeler que les déductions sont basées uniquement sur <strong>la</strong> flore, sans sepréoccuper <strong>de</strong> l’environnement ni <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te flore, c’est-à-dire <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation(sa physionomie) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s liens sociaux entre espèces (associations végétales).Par ailleurs, bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s barrières naturelles, en <strong>de</strong>s lieux parfois très distants sur leglobe, on r<strong>et</strong>rouve <strong>de</strong>s formations végétales physionomiquement, <strong>et</strong> parfois mêmefloristiquement, très semb<strong>la</strong>bles telles que les formations <strong>de</strong> type méditerranéen du sud <strong>de</strong>l’Europe <strong>et</strong> nord <strong>de</strong> l’Afrique, les " chaparral " <strong>de</strong> Californie, du Chili, d’Afrique du Sud <strong>et</strong> dusud <strong>de</strong> l’Australie. Les gran<strong>de</strong>s formations végétales <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète (parfois nommées biomes sil’on considère l’ensemble <strong>de</strong>s êtres vivants qu’elles abritent) se répartissent généralement enzones ou ceintures parallèles à l’équateur, correspondant aux grands types <strong>de</strong> climats <strong>de</strong> <strong>la</strong>p<strong>la</strong>nète: les forêts tropicales humi<strong>de</strong>s correspon<strong>de</strong>nt aux régions à climat tropical humi<strong>de</strong>.Chacune <strong>de</strong> ces ceintures <strong>de</strong> végétation peut donc être définie sur une base physionomique<strong>et</strong>/ou écologique, <strong>et</strong> non plus floristique. Celles-ci sont à cheval sur plusieurs empires floraux<strong>et</strong> traversent <strong>de</strong> nombreuses régions florales. Les critères physionomiques <strong>et</strong> écologiques sontdonc bien souvent indissociables <strong>et</strong> expriment uniquement les traits environnementauxactuels.Enfin, outre les critères purement floristiques <strong>et</strong> physionomico-écologiques, on peutconsidérer les taxons d’un territoire non pas comme une simple liste <strong>de</strong> noms mais plutôts’intéresser à l’organisation <strong>de</strong> ces taxons en communautés végétales, ou types <strong>de</strong> végétationissus d’une histoire <strong>et</strong> d’une écologie communes. C’est le point <strong>de</strong> vue que lesphytosociologues défen<strong>de</strong>nt. Dans ce cas, <strong>et</strong> contrairement aux c<strong>la</strong>ssifications basées sur lescatégories <strong>de</strong> critères déjà citées, le mon<strong>de</strong> végétal est décomposé selon une hiérarchi<strong>et</strong>ypiquement agglomérative, c’est-à-dire qu’on regroupe les individus d’associations végétales(échelle géographique locale ou sous-régionale) en ensembles <strong>de</strong> plus en plus vastes. Cescritères intègrent donc en quelque sorte les critères floristiques <strong>et</strong> physionomico-écologiques(ROISIN 1969).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 45


Fig.14 Présentation schématique <strong>de</strong>s principaux critères intervenant dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssificationsphytogéographiques. Les éléments présentés font l’obj<strong>et</strong> d’une discussion plus approfondie dans le texte. (1) =Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong> (1919 in ROISIN 1969) ; (2) = WHITE (1979). *La symbolique utilisée <strong>pour</strong> les exemples cités estprésentée au chapitre II.4.2. **Les critères phytosociologiques sont basés sur <strong>de</strong>s comparaisons <strong>de</strong> compositionsfloristiques. Ils interviennent surtout à une échelle géographique réduite (secteur, district, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> se basent autantsur <strong>de</strong>s paramètres quantitatifs que sur <strong>la</strong> simple présence/absence <strong>de</strong> certaines espèces. Enfin, notons que lescritères " physionomiques purs " traduisent une impression générale résultant <strong>de</strong>s traits sail<strong>la</strong>nts <strong>de</strong>s aspectsstructuraux <strong>et</strong> fonctionnels: par exemple " fourrés à épineux ", " forêts basses sclérophylles ", <strong>et</strong>c.I.5.2.1 Critères floristiques:Depuis les premiers essais d’Alexan<strong>de</strong>r von Humboldt, <strong>de</strong> très nombreux scientifiques ontproposé une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssifications floristiques. Celles-ci sont construites d’une manièrehiérarchique divisive, c’est-à-dire que les entités définies partent du général vers le régional.A l’échelle du globe, les c<strong>la</strong>ssifications les plus citées sont celles d’Engler & Melchior (1954-1964 in WIKIPEDIA 2004) ou <strong>de</strong> Mattick (in ADJANOHOUN & al. 1994). Par <strong>la</strong> suite, LEMÉE(1967), puis Udvardy (1975 in RIVAS-MARTÍNEZ & al. 2004) ont publié leur proprec<strong>la</strong>ssification basée sur <strong>la</strong> considération conjointe <strong>de</strong>s données fauniques <strong>et</strong> floristiques.Citons encore, parmi bien d’autres, TAKHTAJAN qui reprit, en 1986, les travaux d’Engler <strong>et</strong> lesB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 46


modifia quelque peu. Le système <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification qu’il utilise est simi<strong>la</strong>ire à celui <strong>de</strong> Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong> (1919 in ROISIN 1969) en ce sens que les niveaux d’endémisme sont pris en compte.Il distingue <strong>de</strong>s empires, <strong>de</strong>s sous-empires, <strong>de</strong>s régions <strong>et</strong> même <strong>de</strong>s provinces. Une révision<strong>de</strong> ces c<strong>la</strong>ssifications a récemment été publiée par COX (2001) ; nous y renvoyons le lecteur.Fig.15 Empires floraux (chiffres romains), sous-empires (l<strong>et</strong>tres), régions (chiffres arabes en p<strong>et</strong>it) <strong>et</strong> provincesflorales (1, 2 <strong>et</strong> 3, mentionnés <strong>pour</strong> <strong>la</strong> région guinéenne) <strong>de</strong> TAKHTAJAN (1986).cIaaIIdIII1a2IVbII3bcVeIIVINous avons vu jusqu’ici que les métho<strong>de</strong>s se basent sur l’endémisme mais d’une manièrefinalement assez subjective, ce qui explique en partie les divergences entre auteurs. Un<strong>de</strong>uxième problème majeur rési<strong>de</strong> dans le problème <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> transitions <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurc<strong>la</strong>ssement dans un système hiérarchique. Ces considérations ont amené Frank WHITE (1979)à se pencher sur un système <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s unités phytogéographiques plus objectif,défini <strong>de</strong> manière quantitative sur base <strong>de</strong> <strong>la</strong> richesse <strong>de</strong>s flores, du taux d’endémisme <strong>et</strong> <strong>de</strong>l’origine <strong>de</strong>s taxons non endémiques. Les données <strong>de</strong> base sont constituées, commeprécé<strong>de</strong>mment, par <strong>la</strong> superposition d’un maximum <strong>de</strong> cartes <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> taxons, oudonnées chorologiques (d’après <strong>la</strong> science qui étudie les aires <strong>de</strong> distribution: <strong>la</strong>" chorologie "). Plusieurs aspects fondamentaux sont alors développés.Premièrement, il est nécessaire <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s types chorologiques, c’est-à-dire qu’on c<strong>la</strong>sseles espèces en un nombre réduit <strong>de</strong> catégories selon <strong>la</strong> similitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur aire <strong>de</strong> distribution.Les espèces caractérisées par un même type chorologique constituent alors ce qu’on appelleun " élément chorologique ". Deuxièmement, il est alors possible <strong>de</strong> comparer entre lesphytochories définies (entités géographiques délimitées par <strong>de</strong>s espèces d’un même typechorologique), <strong>et</strong> <strong>pour</strong> chacune d’entre elles, <strong>la</strong> richesse <strong>et</strong> <strong>la</strong> proportion d’élémentsautochtones (endémiques) <strong>et</strong> allochtones (partagés avec ou issus d’autres phytochories) <strong>et</strong> <strong>de</strong>préciser encore l’origine <strong>de</strong>s éléments allochtones, c’est-à-dire <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s spectresd’éléments chorologiques ou " spectres phytogéographiques ". C<strong>et</strong>te démarche peut encoreêtre entreprise à différents niveaux taxonomiques: endémisme d’espèces, <strong>de</strong> genres, <strong>de</strong>sections ou <strong>de</strong> familles. Troisièmement, l’ampleur <strong>et</strong> <strong>la</strong> nature même <strong>de</strong> l’endémisme peuventB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 47


être précisées selon que le taxon est répandu ou localisé au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> phytochorie (<strong>de</strong>grésd’endémisme), ou selon sa nature ancienne <strong>et</strong> relictuelle ou récente <strong>et</strong> néogène (typesd’endémisme).Types chorologiquesLes types chorologiques repris dans <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s travaux sur l’Afrique sont basés sur ceuxdéfinis par WHITE dans sa synthèse <strong>de</strong> 1979 (Fig.16). Les travaux <strong>de</strong> WHITE (1976, 1978a,1979) reposent principalement sur une connaissance encyclopédique <strong>de</strong>s aires <strong>de</strong> distribution<strong>de</strong>s espèces en Afrique. White remarque que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s espèces s’éten<strong>de</strong>nt sur <strong>de</strong>s airesre<strong>la</strong>tivement limitées <strong>et</strong> qu’on a souvent <strong>de</strong>s variations floristiques notables au sein <strong>de</strong> régionsclimatiquement <strong>pour</strong>tant assez uniformes. C’est ce qui le convainc <strong>de</strong> bâtir une c<strong>la</strong>ssificationphytogéographique uniquement sur une base floristique. Par ailleurs, il est un <strong>de</strong>s premiers àse pencher plus en détail sur <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> transition ce qui l’amène àenvisager un système <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification non hiérarchique. Il reproche en particulier auxc<strong>la</strong>ssifications rigoureusement hiérarchiques <strong>de</strong> donner lieu inévitablement à <strong>de</strong>s phytochories<strong>de</strong> même rang différant fortement du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> leur flore, <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>gréd’endémisme <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> leurs liens avec les autres phytochories: par exemple régionguinéo-congo<strong>la</strong>ise <strong>et</strong> région sahélienne (WHITE 1979, p.16). Dès lors, l’attribution du ranghiérarchique d’une phytochorie peut varier fortement en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne. Par exemple,les trois subdivisions majeures <strong>de</strong> <strong>la</strong> région guinéo-congo<strong>la</strong>ise se r<strong>et</strong>rouvent dans <strong>de</strong>nombreux travaux en tant que sous-régions, domaines ou sous-domaines, provinces, <strong>et</strong>c.White voit donc plutôt les phytochories comme une série <strong>de</strong> " centres d’endémisme ", séparéspar <strong>de</strong>s " zones <strong>de</strong> transition " ou <strong>de</strong>s " mosaïques régionales " <strong>de</strong> même ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>urgéographique. Il définit ainsi un centre d’endémisme comme étant une région contenant plus<strong>de</strong> 1000 espèces végétales dont au moins 50% n’existent que dans <strong>la</strong> région en question(Fig.16).Ces considérations amènent tout naturellement WHITE à revoir <strong>la</strong> notion d’endémisme <strong>et</strong> c’estlà, selon nous, <strong>la</strong> partie <strong>de</strong> ses travaux phytogéographiques <strong>la</strong> plus intéressante. Avant <strong>de</strong>détailler ses propos quant aux types d’aires <strong>de</strong> distribution, nous souhaiterions faire remarquerque WHITE, bien qu’il rej<strong>et</strong>te le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie (1979, p.16), a toutefois décrit <strong>de</strong>s" sous-centres d’endémisme " (Fig.17), par ailleurs moins c<strong>la</strong>irement définis ! Notons encorequ’il va même jusqu’à discuter d’espèces à distribution couvrant plus d’un sous-centre <strong>et</strong>définissant en quelque sorte <strong>de</strong>s sous-centres d’ordre supérieur (espèces guinéennes <strong>et</strong> centroguinéennes,respectivement UG & LG <strong>et</strong> LG & C sur <strong>la</strong> Fig.17). En outre, il reconnaît ne seconcentrer que sur une échelle spatiale bien déterminée (1979, p.15), équivalente aux régions<strong>et</strong> domaines, <strong>et</strong> ne considère pas les territoires géobotaniques d’ordre supérieur (empires) ouinférieur (secteurs, districts, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> par conséquent il est bien normal que <strong>la</strong> notion <strong>de</strong>hiérarchie lui paraisse inutile voire handicapante. La notion <strong>de</strong> hiérarchie, bien qu’inavouéedans son travail, est <strong>pour</strong>tant bien présente selon nous, mais ceci n’empêche pas <strong>de</strong> pouvoirdistinguer <strong>de</strong>s centres d’endémisme, <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> transition <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mosaïques, pouvant chacuns’organiser dans un système hiérarchique lié à l’échelle géographique. Les sous-centresd’endémisme ne sont-ils pas eux-mêmes reliés par <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> transition ? Nous reviendronsplus tard (I.5.7) sur l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> hiérarchie <strong>et</strong> sur une meilleure solution parrapport aux zones <strong>de</strong> transition.Quant à l’unique considération <strong>de</strong>s critères purement floristiques, il est encore possible <strong>de</strong>re<strong>la</strong>tiviser les propos <strong>de</strong> WHITE. Bien qu’il définisse ses unités chorologiques uniquement surune base floristique, il adm<strong>et</strong> une forte correspondance avec les types <strong>de</strong> végétation décrits surune base physionomique <strong>et</strong>/ou phytosociologique (par exemple forêts <strong>de</strong>nses humi<strong>de</strong>s <strong>et</strong>centre d’endémisme guinéo-congo<strong>la</strong>is). Il reconnaît d’ailleurs que <strong>la</strong> délimitation précise <strong>de</strong>B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 48


Fig.16 Carte <strong>de</strong>s principales phytochoriesd’Afrique selon WHITE (1979).Centres régionaux d’endémisme:1.Guinéo-Congo<strong>la</strong>is,2.Soudanien,3.Zambésien,4.Somalie-Masaï,5.Saharien,6.Karoo-Namib,7.Cape,8.MéditerranéenArchipel d’endémisme:9.AfromontagnardArchipel d’endémismefloristiquement très appauvri:Afroalpin (inclus dans 9)Mosaïques régionales:11.Bassin du Lac Victoria,12.Zanzibar-Inhambane (parfoisincluse dans <strong>la</strong> Région Guinéo-Congo<strong>la</strong>ise),13.Tonga<strong>la</strong>nd-Pondo<strong>la</strong>ndZones <strong>de</strong> transition régionales:14.Guinéo-Congo<strong>la</strong>is/Soudanien,15.Congo/Zambézien (ces <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>rnières souvent fusionnées enGuinéo-Congo<strong>la</strong>is/Soudano-Zambésien),16.Sahélien,17.Ka<strong>la</strong>hari-Highveld,18.Sub-MéditerranéenFig.17 Comparaison <strong>de</strong>s tauxd’endémisme entre les troisprincipales subdivisions du centred’endémisme Guinéo-Congo<strong>la</strong>is(souvent considérés comme <strong>de</strong>sDomaines phytogéo-graphiquespar ceux qui ont une approchehiérarchique), basée sur unéchantillon <strong>de</strong> 277 espèces(WHITE 1979).UG = Upper Guinea (hautguinéen),LG = Lower Guinea(bas-guinéen) <strong>et</strong> C = Congolia(congo<strong>la</strong>is). Les fractionsindiquées <strong>pour</strong> les différentesentités géographiques reprennentle nombre total d’espèces aunominateur <strong>et</strong> le nombred’endémiques au dénominateur.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 49


ses phytochories (c’est-à-dire leur représentation cartographique) est établie à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cartes<strong>de</strong> végétation connues (WHITE 1983a).Notons enfin que ce <strong>de</strong>rnier ne cite dans ses travaux ni F<strong>la</strong>hault (1900), ni Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong>(1919, in ROISIN 1969). Les Français <strong>et</strong> les Anglo-saxons se sont en eff<strong>et</strong> toujours ignorésdans ces domaines <strong>et</strong> les Britanniques ne se sont mis à <strong>la</strong> phytosociologie braun-b<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong>isteque poussés par <strong>la</strong> Commission Européenne (TANGHE, comm.pers.).Degrés d'endémismeA notre connaissance, l’originalité <strong>la</strong> plus utile <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Frank WHITE est donc sadistinction <strong>de</strong> différents <strong>de</strong>grés d'endémisme. En eff<strong>et</strong>, à première vue <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>l’endémisme peut paraître indiscutable: une espèce endémique d’une région est une espècedont tous les individus connus se répartissent à l’intérieur <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te région <strong>et</strong> nonau-<strong>de</strong>là. Que dire alors d’une espèce dont tous les individus y sont confinés à l’exception <strong>de</strong>quelques popu<strong>la</strong>tions réduites, en marge <strong>de</strong> celle-ci ou dans certains habitats très localisés <strong>et</strong>distants ? Le même problème ne se pose-t-il pas d’ailleurs dans l’esprit <strong>de</strong>s phytosociologuesqui distinguent <strong>de</strong>s espèces " caractéristiques différentielles " d’une association végétale(endémiques strictes <strong>de</strong> l’association en quelque sorte), <strong>de</strong>s espèces " préférentielles "(proches-endémiques), <strong>et</strong>c. ? Que ce soit <strong>pour</strong> une association végétale (<strong>et</strong> niveauxsyntaxonomiques supérieurs) ou une phytochorie, différents <strong>de</strong>grés d'endémisme peuvent êtredistingués. Ceux-ci sont présentés au Tab.11 (adapté <strong>de</strong> WHITE 1978a, 1979) <strong>et</strong> mis encorrespondance avec les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> fidélité <strong>de</strong>s phytosociologues (GILLET & al. 1991).Tab.11 Définition <strong>et</strong> analogie entre les différents <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> fidélité <strong>de</strong>s phytosociologues <strong>et</strong> les différents <strong>de</strong>grésd’endémisme <strong>de</strong>s phytogéographes.Dans ce tableau <strong>et</strong> le texte qui suit, nous reprenons sous le vocable " unité <strong>de</strong> végétation ", (abrégé UV), aussibien un habitat particulier (forêt submontagnar<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre ferme, forêt marécageuse <strong>de</strong> basse altitu<strong>de</strong>, <strong>et</strong>c.)qu’une phytochorie particulière (région guinéo-congo<strong>la</strong>ise, domaine bas-guinéen, <strong>et</strong>c.). Les unités purementgéographiques, pays <strong>et</strong> autres, ne représentent que peu d'intérêt <strong>et</strong> ne sont pas considérées bien que nombreuxsont ceux qui s’y attar<strong>de</strong>nt (endémiques gabonaises, endémiques camerounaises, <strong>et</strong>c.).eGlo: taxons endémiques stricts, à <strong>la</strong>rge distribution (globale) au sein <strong>de</strong> l’UV (différentielles constantes <strong>de</strong>sphytosociologues)eMoy: taxons endémiques stricts, à distribution restreinte, ni globale ni locale, au sein <strong>de</strong> l’UVeLoc: taxons endémiques stricts, à distribution localisée au sein <strong>de</strong> l’UV (micro-endémiques)Marg: taxons typiques <strong>de</strong> l’UV mais à popu<strong>la</strong>tions intrusives marginales. Il s’agit <strong>de</strong> taxons présents <strong>de</strong> manièreanecdotique dans l’UV écologiquement ou géographiquement adjacente. Par exemple, une espèce typiquementsubmontagnar<strong>de</strong> dont on trouve quelques individus dans l’étage voisin.Sat: taxons typiques <strong>de</strong> l’UV mais à micro-popu<strong>la</strong>tions satellites. Il s’agit <strong>de</strong> taxons présents <strong>de</strong> manièreanecdotique dans d’autres UV non adjacentes <strong>et</strong> différentes, sous forme <strong>de</strong> micro-popu<strong>la</strong>tions dites satellites. Ilpeut s’agir <strong>de</strong> phénomènes <strong>de</strong> compensations écologiques (ex. espèces montagnar<strong>de</strong>s r<strong>et</strong>rouvées en p<strong>la</strong>ines dans<strong>de</strong>s micro-habitats hygrophiles, rivu<strong>la</strong>ires notamment). Notons que ces popu<strong>la</strong>tions satellites r<strong>et</strong>rouvées enmilieux rivu<strong>la</strong>ires peuvent parfois être interprétées comme <strong>de</strong>s reliques.Rel: taxons typiques <strong>de</strong> l’UV mais à popu<strong>la</strong>tions reliques en <strong>de</strong>hors. Il s’agit <strong>de</strong> taxons présents <strong>de</strong> manièreanecdotique dans une UV géographiquement distante mais écologiquement assez proche (zones <strong>de</strong> transition)comme par exemple <strong>de</strong>s espèces submontagnar<strong>de</strong>s r<strong>et</strong>rouvées isolées sur les p<strong>la</strong>teaux continentaux d’altitu<strong>de</strong>moyenne (au Cameroun par exemple).Tran: taxons typiques <strong>de</strong> l’UV mais à popu<strong>la</strong>tions transgressives. Il s’agit <strong>de</strong> taxons présents parfois enabondance dans d’autres UV non adjacentes <strong>et</strong> différentes. Ce cas est simi<strong>la</strong>ire à celui <strong>de</strong>s espèces dites satellitesmais c<strong>et</strong>te fois l’espèce est perçue comme caractéristique dans les <strong>de</strong>ux UV. Il s’agit encore une fois <strong>de</strong>phénomènes <strong>de</strong> compensations écologiques avec d’une part un type zonal (déterminé par le macroclimat) <strong>et</strong>d’autre part un type azonal (où un eff<strong>et</strong> microclimatique compense une différence macroclimatique). Dès lors, onconsidère que l’espèce est caractéristique du type zonal <strong>et</strong> qu’elle présente <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions transgressives vers l<strong>et</strong>ype azonal (<strong>et</strong> non l’inverse).Liai: taxons abondants dans <strong>de</strong>ux UV voisines.Larg: espèces à <strong>la</strong>rge distribution ou à <strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique, communes à 3 ou plus <strong>de</strong> 3 UV.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 50


Degrés d'endémismeou <strong>de</strong> fidélitétaxon typique <strong>de</strong> l'UV abondance dans l'UVvoisineabondance dans uneUV distanteécologiquement <strong>et</strong>géographiquementtaxon rare <strong>et</strong> enrégression dans uneUV distantegéographiquementmais procheécologiquementendémique stricte (= espèces caractéristiques différentielles: Gill<strong>et</strong> & al. 1991)eGlo oui absent absent non noneMoy oui absent absent non noneLoc oui absent absent non nonproche endémique (= espèces caractéristiques préférentielles transgressives <strong>et</strong> introgressives: Gill<strong>et</strong> & al. 1991)Marg oui rare absent non nonSat oui absent rare non nonRel oui absent absent oui nonTran oui absent abondant non non<strong>la</strong>rge répartition (= espèces compagnes: Gill<strong>et</strong> & al. 1991)Liai non abondant absent non nonLarg non - - - ouitaxon abondant dansles UV voisines <strong>et</strong> au<strong>de</strong>làFig.18 Illustration <strong>de</strong> l’analogie entre les principaux <strong>de</strong>grés d’endémisme par rapport à une phytochorie <strong>et</strong><strong>de</strong>grés <strong>de</strong> fidélité par rapport à un type <strong>de</strong> végétation, décrits au Tab.11. La taille du point est proportionnelle àl’abondance <strong>et</strong> à <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong> l’espèce dans l’habitat. L’exemple illustré est envisagé par rapport à un type <strong>de</strong>végétation correspondant à l’étage submontagnard. La catégorie " End " représente celle <strong>de</strong>s espècesendémiques. Les autres catégories suivent les abréviations définies au Tab.11.●End) Sat) Marg)●●••●●Tran) Liai) Rel)●●●•Types d’endémismeLes espèces endémiques peuvent être d’origine récente, ce qui se traduit par leur affinité avecd’autres espèces <strong>de</strong>s UV proches (espèces vicariantes). Elles sont alors dites " néoendémiques", ou encore " endémiques progressives ", " par novation " ou " néogènes ".D’autres sont dé<strong>pour</strong>vues d’affinité directe avec les espèces <strong>de</strong>s UV proches, <strong>et</strong> représententles vestiges d’une aire <strong>de</strong> répartition autrefois beaucoup plus vaste ou encore se limitent à unhabitat particulièrement stable ayant peu varié au cours <strong>de</strong>s vicissitu<strong>de</strong>s du climat. Cesespèces sont parfois qualifiées <strong>de</strong> " paléo-endémiques ", ou " endémiques reliques "," paléogènes ", ou encore " endémiques par conservation " (LEMÉE 1967).Attention, contrairement aux <strong>de</strong>grés d'endémisme décrits ci-<strong>de</strong>ssus, qui ne tiennent compteque <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution géographique du taxon envisagé, ici on considère en outre <strong>la</strong> répartition<strong>de</strong>s taxons phylogénétiquement ou, à défaut, taxonomiquement proches. Afin d’éviter lesconfusions entre ces <strong>de</strong>ux concepts proches, nous proposons d’appeler " <strong>de</strong>gréd’endémisme " celui qui se base sur une dimension géographique, <strong>et</strong> donc pondère enquelque sorte l’ampleur <strong>de</strong> l’endémisme, <strong>et</strong> " type d’endémisme " celui qui se base sur unedimension temporelle, <strong>et</strong> traduit donc davantage <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> c<strong>et</strong> endémisme.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 51


Métho<strong>de</strong> floristique décrite par F.WHITEPremièrement, les <strong>de</strong>grés d'endémisme décrits ci-<strong>de</strong>ssus informent sur l’importance d’uneespèce au sein d’une phytochorie <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong>s traitements statistiques simples afin <strong>de</strong>caractériser celle-ci: spectre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés d'endémisme.Comment procè<strong>de</strong>-t-on ? Les phytochories dont on veut tester le statut phytogéographiquesont d’abord établies intuitivement, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s connaissances actuelles <strong>et</strong> <strong>de</strong> certaineshypothèses quant aux barrières naturelles (actuelles ou passées, géographiques ouécologiques). Ensuite, elles sont soumises à l’analyse rigoureuse (taux d’endémisme, <strong>et</strong>c.) envue <strong>de</strong> confirmer ou <strong>de</strong> modifier le statut proposé <strong>et</strong>/ou les limites <strong>de</strong> <strong>la</strong> phytochorie enfonction <strong>de</strong> sa flore (nombre d’espèces) <strong>et</strong> <strong>de</strong> son taux d’endémisme (WHITE 1979, p. 17). Lesspectres <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés d’endémisme servent donc <strong>de</strong> critères <strong>pour</strong> l’appréciation ou <strong>la</strong>vérification du statut phytogéographique d’une phytochorie donnée.Un autre aspect très important en phytogéographie est l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s liens chorologiques entrerégions. Dans ce cas, on compare <strong>pour</strong> les régions analysées leur spectre d’élémentschorologiques. Par exemple, <strong>pour</strong> une phytochorie comme le sous-centre bas-guinéen, ons’intéressera à <strong>la</strong> proportion d’espèces guinéo-congo<strong>la</strong>ises (élément guinéo-congo<strong>la</strong>is) <strong>et</strong>parmi celles-ci à <strong>la</strong> proportion d’espèces à distribution bas-guinéenne (les endémiques),guinéenne (al<strong>la</strong>nt du sous-centre haut-guinéen au bas-guinéen), centro-guinéenne (du basguinéenau congo<strong>la</strong>is), <strong>et</strong>c. Une plus gran<strong>de</strong> proportion d’espèces centro-guinéennes parrapport aux guinéennes indiquerait alors une iso<strong>la</strong>tion moins forte ou plus récente entre lessous-centres bas-guinéen <strong>et</strong> congo<strong>la</strong>is qu’entre bas-guinéen <strong>et</strong> haut-guinéen. Cesconsidérations montrent bien qu’un élément chorologique peut se définir à différents niveauxhiérarchiques, c’est-à-dire à différentes échelles géographiques <strong>et</strong> que les éléments d’unmême niveau peuvent se recouvrir en partie, à partir <strong>de</strong> centres d’endémisme distincts.Métho<strong>de</strong>s développées récemment en biogéographie historiqueLa gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s biogéographes reconnaissent <strong>de</strong>ux principales disciplines totalementopposées (WHITE 1979):-<strong>la</strong> biogéographie historique (ou interprétative), telle que nous venons <strong>de</strong> l’exposer selonWHITE (1979), qui s’appuie sur les données chorologiques <strong>pour</strong> tenter <strong>de</strong> reconstituer lesévénements biogéographiques passés. L’échelle <strong>de</strong> temps généralement adoptée se compte enmilliers ou en millions d’années <strong>et</strong> l’étendue géographique est généralement à une échelleglobale <strong>et</strong> régionale ; elle s’oppose à-<strong>la</strong> biogéographie écologique (ou <strong>de</strong>scriptive), qui considère <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> temps beaucoupplus courtes, à une échelle spatiale généralement assez réduite. Elle se base davantage sur lescritères liés à l’environnement actuel: physionomiques, phytosociologiques <strong>et</strong> écologiques,d’où son appel<strong>la</strong>tion.Mais <strong>de</strong>puis un peu plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux décennies, on assiste à une p<strong>et</strong>ite révolution avec <strong>la</strong>multiplication <strong>de</strong>s approches <strong>et</strong> <strong>de</strong>s techniques en matière <strong>de</strong> biogéographie historique tant <strong>et</strong>si bien qu’une certaine confusion règne aujourd’hui dans <strong>la</strong> discipline, à <strong>la</strong>quelle CRISCI(2001) tente d’apporter un peu <strong>de</strong> lumière en faisant le point. Il rappelle <strong>et</strong> résume brièvementles neuf principales techniques que l’on peut répartir en trois gran<strong>de</strong>s catégories: celles quis’intéressent à <strong>la</strong> biogéographie <strong>de</strong>s taxons, à <strong>la</strong> biogéographie <strong>de</strong>s aires ou encore à <strong>la</strong>biogéographie <strong>de</strong>s biotopes. Pour plus <strong>de</strong> précisions quant à ces métho<strong>de</strong>s, que nous nediscuterons pas, nous renvoyons le lecteur aux travaux suivants: CRISCI & al. (2003), AVISE(2000). Citons encore les récents travaux <strong>de</strong> KIER & BARTHLOTT (2001) dont <strong>la</strong> réflexion surune mesure quantitative du <strong>de</strong>gré d’endémisme a permis <strong>de</strong> développer une méthodologiequantitative proche <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> WHITE (1979).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 52


Enfin, en paléobotanique, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fossiles (paléontologie) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pollens (palynologie)perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> reconstituer l’aire <strong>de</strong> distribution passée d’un taxon (espèce, genre, lignées, <strong>et</strong>c., <strong>de</strong>groupes mo<strong>de</strong>rnes ou fossiles) mais aussi le type <strong>de</strong> formation dominante dans les régionssondées. L’abondance <strong>de</strong>s pollens <strong>de</strong> Poacées dans <strong>de</strong>s sondages en régions aujourd’huiforestières indique que <strong>la</strong> situation actuelle n’est que le résultat d’une transgression forestièreayant suivi une pério<strong>de</strong> plus sèche dominée par les formations herbacées. L’importance <strong>de</strong>sextinctions sur l’apparence actuelle <strong>de</strong>s aires <strong>de</strong> distribution <strong>et</strong> le développement <strong>de</strong>méthodologies <strong>pour</strong> leur prise en compte reste un domaine trop peu approfondi (LIEBERMAN2003).A titre d’exemple, citons le cas du Podocarpus mannii <strong>de</strong> São Tomé que <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>sphylogénétiques ont révélé plus proche du Podocarpus sud-africain que <strong>de</strong> <strong>la</strong> troisième espèceafricaine du genre, rencontrée quant à elle non loin <strong>de</strong> São Tomé, en Afrique centraleat<strong>la</strong>ntique notamment. C<strong>et</strong> exemple m<strong>et</strong> en avant l’intérêt <strong>de</strong>s contributions phylogénétiques,<strong>et</strong> donc paléobotaniques, vis-à-vis <strong>de</strong>s questions phytogéographiques.I.5.2.2 Critères physionomiquesLes critères physionomiques <strong>de</strong> végétation sont très <strong>la</strong>rgement utilisés dans <strong>la</strong> littérature à <strong>de</strong>sfins <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> végétation <strong>et</strong> <strong>de</strong>s régions phytogéographiques. Les taxons nesont plus ici considérés individuellement, comme une simple liste <strong>de</strong> noms, maisconjointement, au travers d’affinités écologiques (formations végétales) ou au travers <strong>de</strong> leurassemb<strong>la</strong>ge en systèmes intégrés (faune-flore), structurés dans l’espace <strong>et</strong> dans le temps(biomes).Contrairement aux empires floraux <strong>et</strong> autres phytochories, dont <strong>la</strong> détermination est fonction<strong>de</strong> nos connaissances taxonomiques <strong>et</strong> chorologiques, <strong>la</strong> définition <strong>et</strong> <strong>la</strong> délimitation <strong>de</strong>sprincipales unités physionomiques <strong>de</strong> végétation est assez aisée <strong>et</strong> fait d’ailleurs l’obj<strong>et</strong> d’uncertain consensus. La distribution géographique <strong>de</strong>s principales formations végétales à <strong>la</strong>surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre (parfois appelées biomes lorsque les autres compartiments du mon<strong>de</strong> vivantsont inclus) ne fait plus l’obj<strong>et</strong> d’aucune discussion à l’heure actuelle. Celles-ci sontparticulièrement bien illustrées par OLSON & DINERSTEIN (2002, Fig.19) qui les présentent surfond <strong>de</strong>s empires biogéographiques d’Udvardy. D’autres cartes <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong>s principauxbiomes existent (BLIJ & MILLER 1996) mais sont bien plus simplifiées que celle présentée ici,qui en outre est disponible sur intern<strong>et</strong> en format numérique (Arcview) <strong>et</strong> donc plusfacilement exploitable par tous.Le lecteur aura vite fait <strong>de</strong> remarquer que sous les traits d’une c<strong>la</strong>ssification purementphysionomique, l’empreinte du passé s’efface complètement. En d’autres termes, <strong>la</strong>distribution <strong>de</strong>s biomes semble indépendante <strong>de</strong> <strong>la</strong> distribution <strong>de</strong>s empires biogéographiques(Fig.19). On aboutit alors à une c<strong>la</strong>ssification purement climatique (déterminée par le climatactuel) que nous évoquions au chapitre précé<strong>de</strong>nt comme " phytogéographie <strong>de</strong>scriptive " paropposition à <strong>la</strong> " phytogéographie interprétative " <strong>de</strong> WHITE (1979).Il est également frappant <strong>de</strong> voir que les biomes, <strong>pour</strong>tant décrits sur une base purementphysionomique, sont nommés à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> termes écologiques (montane grass<strong>la</strong>nd, temperatebroadleaf forest, tropical moist broadleaf forest, <strong>et</strong>c.). Il est évi<strong>de</strong>nt qu’une forêt en régiontempérée est physionomiquement différente <strong>de</strong> toute forêt en région tropicale <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s raisonsclimatiques (principalement liées à <strong>la</strong> température, l’inso<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> <strong>la</strong> pluviosité). " En réalité,on ne peut éviter <strong>de</strong> lier <strong>la</strong> physionomie à l’écologie, puisque <strong>la</strong> première est sous <strong>la</strong>dépendance causale <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> " (AUBRÉVILLE 1965). Il faut d’ailleurs gar<strong>de</strong>r en mémoireque <strong>la</strong> distribution géographique <strong>de</strong>s principales formations végétales <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, illustrée parOLSON & DINERSTEIN (2002), est en partie le résultat d’interpo<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> d’extrapo<strong>la</strong>tions (enB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 53


s’appuyant sur une base climatique <strong>et</strong> bibliographique) à partir <strong>de</strong>s restes <strong>de</strong> végétationsclimaciques (épargnées par l’homme).Fig.19 Biomes terrestres (zones colorées) <strong>et</strong> Empires biogéographiques (zones délimitées en rouge) synthétiséspar OLSON & DINERSTEIN (2002).Les critères utilisés <strong>pour</strong> ces c<strong>la</strong>ssifications physionomiques ont été discutés par plusieursauteurs. Une étape cruciale <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te réflexion est à l’origine du proj<strong>et</strong> d’accord interafricainsur <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> végétation <strong>de</strong> l’Afrique tropicale, organisé par l’AETFAT(Association <strong>pour</strong> l’Etu<strong>de</strong> Taxonomique <strong>et</strong> Floristique en Afrique Tropicale) en 1956, àYangambi. Les critères <strong>pour</strong> une c<strong>la</strong>ssification systématique <strong>et</strong> les termes <strong>de</strong> nomenc<strong>la</strong>ture ysont détaillés en ang<strong>la</strong>is <strong>et</strong> en français (TROCHAIN 1957, Tab.12). C<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>ssification servit <strong>de</strong>base <strong>pour</strong> <strong>la</strong> carte <strong>de</strong> végétation <strong>de</strong> l’Afrique au Sud du Sahara, publiée en 1959 parl’AETFAT avec l’ai<strong>de</strong> financière <strong>de</strong> l’UNESCO. Près <strong>de</strong> dix ans plus tard, en l’é<strong>la</strong>rgissant àl’échelle du globe, AUBRÉVILLE (1965) fait le point sur ce système <strong>et</strong> l’illustremagnifiquement <strong>de</strong> <strong>la</strong> main <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Hallé. Il y reconnaît (1965, p.179) un certain manque<strong>pour</strong> les formations herbeuses (savanes <strong>et</strong> steppes), que tentera <strong>de</strong> combler DESCOINGS(1973). Ce <strong>de</strong>rnier sera l’auteur d’une synthèse très remarquable sur les critèresphysionomiques <strong>et</strong> autres <strong>et</strong> leur hiérarchie dans les c<strong>la</strong>ssifications phytogéographiques(DESCOINGS 1976).Ici encore, bien qu’établies sur une base essentiellement physionomique, les diverses unités<strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong> Yangambi sont nommées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> termes écologiques.C<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>ssification a été revue <strong>et</strong> approfondie par les botanistes MUELLER-DOMBOIS &ELLENBERG (1974), après quoi une nouvelle carte <strong>de</strong> végétation mondiale fût produite parl’UNESCO. Mueller-Dombois <strong>et</strong> Ellenberg améliorèrent <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong> Yangambinotamment par <strong>la</strong> considération plus rigoureuse <strong>de</strong>s variantes physionomiques liées à <strong>de</strong>sB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 54


conditions d’hydromorphie, <strong>de</strong> secondarisation, d’altitu<strong>de</strong>, <strong>et</strong>c. La c<strong>la</strong>ssification est parconséquent plus symétrique <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> l’insertion aisée <strong>de</strong> nouvelles unités. Les niveauxhiérarchiques sont par ailleurs plus c<strong>la</strong>irement définis: c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> formations, sous-c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong>formations, groupes <strong>de</strong> formations, formations, sous-formations <strong>et</strong> subdivisions inférieures.Enfin, une clé <strong>de</strong>s types biologiques <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes, utilisés dans les définitions <strong>de</strong>s formations, estfournie.Bien d’autres systèmes <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification ont été proposés dans <strong>la</strong> littérature, parmi lesquelsWEBB (1959), qui propose en outre une clé <strong>de</strong> détermination basée sur <strong>de</strong>s critères objectifs <strong>et</strong>en partie quantitatifs, <strong>et</strong> RIVAS-MARTÍNEZ & al. (2004).Tab.12 Principaux types <strong>de</strong> végétation, en Afrique sub-saharienne, reconnus lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> conférence <strong>de</strong> Yangambi,<strong>et</strong> leur hiérarchie (sur base <strong>de</strong> TROCHAIN, 1957, <strong>et</strong> d’AUBRÉVILLE, 1965). *On constate un certain manque <strong>de</strong>cohérence <strong>pour</strong> ce qui est <strong>de</strong>s variantes azonales. En eff<strong>et</strong>, les recrûs <strong>et</strong> jachères inclus dans les massifs forestierssont rangés au côté <strong>de</strong>s formations dont ils dérivent bien qu’ils ne soient par définition ni forestiers, niclimaciques. Les formations azonales (édaphiques ou secondaires <strong>et</strong> même altitudinales) ont en eff<strong>et</strong> toujoursposé <strong>et</strong> posent encore un problème <strong>pour</strong> ce qui est <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications <strong>de</strong> types <strong>de</strong> végétation. Par ailleurs, lesformations <strong>de</strong> fourrés <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>n<strong>de</strong>s sont p<strong>la</strong>cées parmi les formations forestières fermées alors qu’elles sont certesfermées mais pas du tout forestières.Formations forestières fermées(=Closed forest fomations)Formations mixtes forestières <strong>et</strong>graminéennes <strong>et</strong> formationsgraminéennes (=Mixed forestgrass<strong>la</strong>ndfomations and grass<strong>la</strong>ndformations)Types <strong>de</strong> distribution caténique <strong>et</strong>hydromorphique <strong>de</strong>s formationsligneuses (Aubréville 1965)Formations forestièresclimatiques (=Forestclimatic formations)Formations forestièresédaphiques (=Edaphicforest formations)Forêt c<strong>la</strong>ire (=Wood<strong>la</strong>nd)Savane (=Savanna)Steppe (=Steppe)Prairie (=Grass<strong>la</strong>nd)Forêts <strong>de</strong> basse <strong>et</strong> moyennealtitu<strong>de</strong>s (=Forests at low andmedium altitu<strong>de</strong>)Forêts <strong>de</strong> montagne (=Forests athigh altitu<strong>de</strong>s)Forêts secondaires <strong>de</strong> montagneMangroveForêt marécageuse (=Swamp forest)Forêt ripicole (=Riparian forest)Steppe succulente (=Succulent steppe)Prairie aquatique (=Aquatic grass<strong>la</strong>nd)Prairie marécageuse (=Herb swamp)Forêts <strong>de</strong>nses humi<strong>de</strong>s(=Moist forest)Forêt basse (Aubréville 1965)Fourré (=Thick<strong>et</strong>)*Lan<strong>de</strong> (Aubréville 1965)*Prairie altimontaine (=High-montane grass<strong>la</strong>nd)Forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> sempervirente(=Moist evergreen forest)Forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> semi-décidue (ousemi-caducifoliée) (=Moistsemi<strong>de</strong>ciduous forest)recrû, jachère, forêt secondaire*Forêt <strong>de</strong>nse sèche (=Dry <strong>de</strong>ciduous forest)Forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> <strong>de</strong> montagne (=Moist montane forest)Forêt <strong>de</strong>nse sèche <strong>de</strong> montagne (=Dry montane forest)Forêt <strong>de</strong> bambous (=bamboo forest)recrû, jachère, forêt secondaire*Forêt périodiquement inondée (=Periodic swamp forest)Savane boisée (=Savanna wood<strong>la</strong>nd)Savane arbustive (=Shrub savanna)Savane herbeuse (=Grass savanna)Steppe arborée <strong>et</strong>/ou arbustive (=Tree and/or shrub steppe)Steppe arbustive (=Dwarf-shrub steppe)Steppe herbacée <strong>et</strong>/ou graminéenne (=Grass and/or herb steppe)Galeries forestières, forêts vallicoles, bois <strong>de</strong> ravins, forêts digitées, forêts tach<strong>et</strong>ées, fourrés tigrés, fourrés striés, fourrésocellés, fourrés mouch<strong>et</strong>és, fourrés ridés littoraux, fourrés littoraux, savanes à boqu<strong>et</strong>eaux, savanes à termitières, savanes <strong>de</strong>sésobésQuels sont donc les critères utilisés dans les différents travaux cités <strong>pour</strong> réaliser unec<strong>la</strong>ssification physionomique <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation ? La notion <strong>de</strong> physionomie englobe différentsaspects en fonction <strong>de</strong>s auteurs. La manière <strong>la</strong> plus courante <strong>de</strong> <strong>la</strong> concevoir est intuitive: onqualifie <strong>la</strong> physionomie d’une végétation par l’impression visuelle générale qu’elle nousinspire, <strong>de</strong> par les traits marquants <strong>de</strong> son architecture générale (arrangement spatial <strong>de</strong>sstrates: forêts <strong>de</strong>nses, forêts basses, fourrés, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> par certaines formes <strong>de</strong> vie particulières(steppes à épineux, à p<strong>la</strong>ntes cactiformes, forêts à arbres bouteille, <strong>et</strong>c.). Ces c<strong>la</strong>ssesB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 55


physionomiques <strong>de</strong> végétation, bien qu’aisément compréhensibles par tous, ne sont guèreutiles <strong>pour</strong> une c<strong>la</strong>ssification objective puisque issues d’une interprétation subjective (guidéepar l’intuition personnelle).Certains préfèrent alors détailler plusieurs aspects bien distincts <strong>de</strong> <strong>la</strong> physionomie d’unevégétation qui correspon<strong>de</strong>nt aux différents éléments contribuant précisément à c<strong>et</strong>teimpression générale. Il s’agit, d’une part, <strong>de</strong> <strong>la</strong> caractérisation précise <strong>de</strong> l’architecturegénérale (strates, recouvrement <strong>et</strong> continuité du couvert, hauteur, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong>, d’autre part, <strong>de</strong>sproportions re<strong>la</strong>tives <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes qui <strong>la</strong> composent (spectres <strong>de</strong>s types biologiques,<strong>de</strong>s types fonctionnels, <strong>et</strong>c.). Fosberg (1967 in DESCOINGS 1976) distingue ces <strong>de</strong>ux notionssous les vocables <strong>de</strong> " structure " (arrangement dans l’espace <strong>de</strong>s composants) <strong>et</strong> <strong>de</strong>" fonction " (caractéristiques <strong>de</strong> l’adaptation au milieu). Ces notions <strong>de</strong> structure <strong>et</strong> <strong>de</strong>fonction, en plus d’être intrinsèques à <strong>la</strong> végétation, ont l’avantage c<strong>et</strong>te fois d’êtrequantifiables <strong>et</strong> généralisables. Par ailleurs, Fosberg fait référence à l’impression généralequ’on a sur <strong>la</strong> physionomie d’une végétation, que nous évoquions au début <strong>de</strong> ce paragraphe,par le vocable " physionomie " au sens <strong>la</strong>rge (apparence externe).Les principales c<strong>la</strong>ssifications physionomiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation sont basées sur <strong>la</strong> hauteur <strong>et</strong> <strong>la</strong>continuité <strong>de</strong>s strates arborées (Fig.16), puis sur l’importance <strong>de</strong>s espèces caducifoliées, lesdimensions <strong>et</strong> textures foliaires (WEBB 1959) <strong>et</strong> enfin sur <strong>la</strong> dominance <strong>de</strong> certains typesbiologiques particuliers.Fig.16 Les principes suivis <strong>pour</strong> <strong>la</strong>définition <strong>de</strong>s formations végétales sontbasés sur le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> ferm<strong>et</strong>ure ducouvert, d’une part, <strong>et</strong> sur <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong><strong>la</strong> strate dominante, d’autre part.Les formations hautes sont nommées <strong>de</strong>sforêts lorsqu’elles sont fermées, <strong>de</strong>sforêts c<strong>la</strong>ires (wood<strong>la</strong>nd) si <strong>la</strong> stratesupérieure est re<strong>la</strong>tivement ouverte ou<strong>de</strong>s savanes boisées (sparse wood<strong>la</strong>nd)lorsque ce recouvrement <strong>de</strong>vient faible.Les formations à strate supérieurefermée mais re<strong>la</strong>tivement basse serontnommées <strong>de</strong>s fourrés (thick<strong>et</strong> ou parfoiscomme ici shrub<strong>la</strong>nd, terme qui prêteplus à confusion), voire <strong>de</strong>s <strong>la</strong>n<strong>de</strong>s sielles sont sous-arbustives (dwarfshrub<strong>la</strong>nd).I.5.2.3 Critères phytosociologiquesLe troisième grand type <strong>de</strong> critères s’attache non plus à <strong>la</strong> physionomie <strong>et</strong> l’organisationspatiale <strong>de</strong>s composants mais à <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> ceux-ci <strong>et</strong> à leur capacité à s’organiser encommunautés. On m<strong>et</strong> alors l’accent sur <strong>la</strong> tendance <strong>de</strong> certaines espèces à vivre ensemble,non pas dans une même région (ce qui reviendrait à parler d’élément chorologique), mais dansun même type <strong>de</strong> milieu. Ces espèces forment en quelque sorte un " élément écologique ",plus connu sous l’expression groupe écologique. Certains considèrent c<strong>et</strong>te associationd’espèces comme un ensemble figé, lié à un déterminisme écologique précis, <strong>et</strong> r<strong>et</strong>rouvé àl’i<strong>de</strong>ntique dans d’autres stations à conditions écologiques équivalentes (toutefois plus oumoins au compl<strong>et</strong> selon <strong>la</strong> surface). C’est le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s phytosociologues <strong>de</strong> l’école ditec<strong>la</strong>ssique qui décrivent les communautés végétales au sein d’une c<strong>la</strong>ssification hiérarchique(les individus d’association en associations, puis en alliances, ordres, c<strong>la</strong>sses, <strong>et</strong>c.).Contrairement aux c<strong>la</strong>ssifications basées sur les autres critères, le système est ici typiquementconstruit d’une manière agglomérative: du local au général, mais sans toutefois aller jusqu’àB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 56


une échelle globale comme c’était le cas <strong>pour</strong> les autres critères. Tout au plus quelquesc<strong>la</strong>ssifications synthétiques ont été tentées <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s régions toujours assez limitées: SCHMITZ(1988) <strong>pour</strong> l’Afrique centrale, SCHNELL (1952ab) <strong>pour</strong> l’Afrique occi<strong>de</strong>ntale, DEVILLERS &DEVILLERS-TERSCHUREN (1996) <strong>pour</strong> l’Amérique du Sud. L’Europe quant à elle, berceau <strong>de</strong><strong>la</strong> discipline, est davantage documentée.Les critères qui importent ici sont analogues à ceux purement floristiques. Le <strong>de</strong>gréd’endémisme d’une espèce vis-à-vis d’une phytochorie correspond ici à <strong>la</strong> " fidélité " d’uneespèce à une communauté végétale, à quelque niveau hiérarchique que ce soit, ou encore à unassemb<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> paramètres environnementaux donné. La fidélité d’une p<strong>la</strong>nte, comme son noml’indique, est sa tendance à " ne pas aller voir ailleurs ", à se cantonner au type <strong>de</strong> milieuqu’elle affectionne. En forêt tropicale, <strong>la</strong> diversité est telle qu’une espèce même très fidèle(exclusive, ou différentielle) n’est d’aucune ai<strong>de</strong> <strong>pour</strong> l’i<strong>de</strong>ntification d’une communautévégétale si elle est par ailleurs rare <strong>et</strong> localisée. Aussi, les <strong>de</strong>ux autres critères principaux enphytosociologie sont l’abondance <strong>et</strong> <strong>la</strong> fréquence. Chacun <strong>de</strong> ces trois critères est décrit <strong>de</strong>manière assez c<strong>la</strong>ire en 5 à 7 catégories dans <strong>de</strong> nombreux travaux (cf. chapitre II.2.3).Il est important <strong>de</strong> noter que ces critères phytosociologiques, parce qu’ils tiennent compte <strong>de</strong><strong>la</strong> flore <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> celle-ci au sein <strong>de</strong> types <strong>de</strong> végétation, intègrent en quelquesorte critères floristiques <strong>et</strong> critères physionomiques. Dans certains cas, une espèce ou ungroupe d’espèces caractéristiques d’un type physionomique <strong>de</strong> végétation peut se révéler bienplus utile <strong>pour</strong> cartographier ce type <strong>de</strong> végétation que les critères physionomiques. Parexemple, les " forêts <strong>de</strong>nses semi-décidues ", situées en périphérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> région guinéocongo<strong>la</strong>ise,sont re<strong>la</strong>tivement bien délimitées par <strong>de</strong>s espèces telles que Triplochitonscleroxylon (Sterculiaceae) ou Canarium schweinfurthii (Burseraceae) dont <strong>la</strong> présence estbien plus facile à déterminer que <strong>la</strong> proportion d’espèces décidues ou semi-décidues.I.5.2.4 Critères écologiquesNous avons déjà évoqué, en par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s critères physionomiques, que <strong>la</strong> considération <strong>de</strong>critères écologiques (essentiellement macroclimatiques) pouvait se révéler très précieuse <strong>pour</strong><strong>la</strong> compréhension du déterminisme écologique <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> cartographie <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssesphysionomiques <strong>de</strong> végétation. Par exemple, <strong>la</strong> zone <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong>nses humi<strong>de</strong>s tropicalescorrespond à un climat tropical humi<strong>de</strong> bien déterminé: précipitations annuelles supérieures à1350mm, températures favorables toute l’année <strong>et</strong> saison sèche ne dépassant pas 2 à 3,5 mois(SCHNELL 1976, p.137). La plupart <strong>de</strong>s auteurs qui é<strong>la</strong>borent <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications écologiques<strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation le font donc en tenant compte <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssifications physionomiques, puisque <strong>la</strong>physionomie d’un type <strong>de</strong> végétation est intimement liée à son environnement (par le biais<strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> vie dominantes). On parle alors <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssifications bioclimatiques.Les c<strong>la</strong>ssifications bioclimatiques les plus connues sont sans conteste celles <strong>de</strong> Köppen (1918in TROCHAIN 1980) <strong>et</strong> <strong>de</strong> Holdridge (1947 in ISAAC & BOURQUE 2001). Holdridge définit <strong>de</strong>s" life zones " sur base <strong>de</strong> trois paramètres climatiques: pluviosité annuelle, biotempérature(considérant les température négatives, en °C, comme étant égales à 0) <strong>et</strong> évapotranspirationpotentielle. Chacune <strong>de</strong> ces zones est alors dénommée par <strong>la</strong> formation végétale qui luicorrespond. Une <strong>de</strong>s principales critiques qui soit faite à l’égard <strong>de</strong> ce système est <strong>la</strong> non priseen considération du facteur <strong>de</strong> saisonnalité <strong>et</strong> <strong>de</strong> types <strong>de</strong> sols. En outre, <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s troisparamètres considérés sont empiriques <strong>et</strong> arbitraires (bio-températures <strong>et</strong> ETP) (Richards1996, p.164, in BLASCO & al. 2000).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 57


Fig.17 C<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s types bioclimatiques, " life zone ", d’après Holdridge (1947 in ISAAC & BOURQUE2001). Les paramètres entrant en ligne <strong>de</strong> compte <strong>pour</strong> les définitions sont <strong>la</strong> biotempérature moyenne annuelle(c’est-à-dire où les températures < 0°C sont considérées comme = 0), le taux d’évapotranspiration potentielle <strong>et</strong>le montant <strong>de</strong>s précipitations annuelles.Une c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s types bioclimatiques tenant compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> saisonnalité a notamment étépubliée par BLASCO & al. (2000). Dans ce cas les facteurs climatiques envisagés sont <strong>la</strong>pluviosité annuelle (en mm), <strong>la</strong> saisonnalité (nombre <strong>de</strong> mois secs par an, c’est-à-dire les moisà précipitations inférieures au double <strong>de</strong> <strong>la</strong> température moyenne du même mois, exprimée en°C) <strong>et</strong> <strong>la</strong> température moyenne du mois le plus froid <strong>de</strong> l’année. Sauf erreur <strong>de</strong> notre part, lesauteurs considèrent le nombre total <strong>de</strong> mois secs, <strong>pour</strong>tant il semble plus judicieux <strong>de</strong> r<strong>et</strong>enirle nombre <strong>de</strong> mois secs consécutifs afin <strong>de</strong> faire <strong>la</strong> différence entre 2 saisons sèches <strong>de</strong> 2 moischacune <strong>et</strong> une seule, beaucoup plus ru<strong>de</strong>, <strong>de</strong> 4 mois. On notera encore que <strong>la</strong> délimitation dubioclimat montagnard, au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> l’isotherme <strong>de</strong>s 15°C (BLASCO & al. 2000, p.181), estparticulièrement hasar<strong>de</strong>use car basée sur <strong>de</strong>s suppositions douteuses <strong>et</strong> non généralisables.La c<strong>la</strong>ssification a toutefois le mérite <strong>de</strong> présenter, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> cartes, les types bioclimatiquesmajeurs <strong>de</strong> manière comparable au travers <strong>de</strong>s différents continents <strong>et</strong> on remarque que ceuxcicorrespon<strong>de</strong>nt en partie aux ceintures <strong>de</strong> végétation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fig.18.D’autres critères bioclimatiques sont détaillés dans une étu<strong>de</strong> beaucoup plus fouillée <strong>de</strong>RIVAS-MARTÍNEZ & al. (2004). Le but affiché est <strong>de</strong> créer une c<strong>la</strong>ssification bioclimatiqueglobale basée sur <strong>de</strong>s critères toujours quantifiables, en re<strong>la</strong>tion étroite avec les formationsvégétales <strong>et</strong> facilement calculés. Avec l’amélioration constante <strong>de</strong> connaissances détaillées enmatière <strong>de</strong> phytogéographie <strong>de</strong>scriptive (formations végétales, séries caténales <strong>de</strong> végétation,<strong>et</strong>c., cf. écorégions d’OLSON & DINERSTEIN 2002), il est possible, progressivement, <strong>de</strong> fairecorrespondre (délimiter <strong>et</strong> ajuster) ces unités <strong>de</strong> végétation à <strong>de</strong>s unités bioclimatiquesdéfinies en fonction <strong>de</strong> combinaisons du bioclimat général, <strong>de</strong> thermotypes (catégoriesdéfinies sur un gradient thermique) <strong>et</strong> d’ombrotypes (catégories définies sur un gradient <strong>de</strong>B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 58


Fig.18 C<strong>la</strong>ssification (b) <strong>et</strong>cartographie (a) <strong>de</strong>s typesbioclimatiques en Afrique, selonBLASCO & al. (2000). Les définitions<strong>de</strong>s catégories sont reprises en (b)avec <strong>la</strong> correspondance <strong>pour</strong> quelquesc<strong>la</strong>ssifications physionomiques(TROCHAIN 1957) <strong>et</strong> physionomicofloristiques(KEAY 1959, WHITE1983a), telle que proposée par BLASCO& al. (2000).(a)Bioclimatic typesB<strong>la</strong>sco & al. (2000)(b)Forest (or veg<strong>et</strong>ation) formationYangambi (1956) Keay (1959) White (1983)(Trochain 1957)1. Warm perhumid and humid-Low<strong>la</strong>nd and submontane:P >1600 mm, 0-3 drymonths, tm >15°C-1a. Montane (1800-2500m): same but tm = 10-15°C2. Warm humid-Low<strong>la</strong>nd: P = 1000-2000mm, 1-4 dry months, tm>20°C-2a. Submontane: same buttm > 15-20°C3. Warm sub-humid-Low<strong>la</strong>nd: P = 1000-2000mm, 4-6 dry months, tm>20°C-3a. Submontane: same buttm 15-20°C4. Warm dry low<strong>la</strong>nd: P = 500-1000 mm, 4-7 dry months, tm>20°c5. Warm very dry low<strong>la</strong>nd: P =350-750 mm, 7-9 dry months, tm>20°C6. Warm arid and sub<strong>de</strong>sertic: P= 200-400mm, 9-11 dry months,tm >20°C-Forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong>sempervirente (moistevergreen forest) ou semidécidue-Forêt primaire mixte-Forêt <strong>de</strong>nse sèche (dry<strong>de</strong>ciduous forest)-Moist forest at low and medium altitu<strong>de</strong>s -Low<strong>la</strong>nd rain forest: w<strong>et</strong>ter types (Guineo-Congolian andMa<strong>la</strong>gasy): Entandrophragma utile , Pipta<strong>de</strong>niastrumafricanum , Sacoglottis gabonensis-Montane evergreen forest -Undifferentiated montane veg<strong>et</strong>ation-Moist forest at low and medium elevations-Forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> semidécidue(moist semi-oliveri-Forest-savanna mosaic: Lophira <strong>la</strong>nceo<strong>la</strong>ta , Daniellia<strong>de</strong>ciduous forest)-Wood<strong>la</strong>nds, savannas: Isoberlinia doka , Daniellia oliveri ,Lophira <strong>la</strong>nceo<strong>la</strong>ta-Juniperus procera forest-Ma<strong>la</strong>gasy dry <strong>de</strong>ciduous forest (substrate <strong>de</strong>terminesdominant flora)-Dry <strong>de</strong>ciduous forest (Madagascar) -Forest transitions and mosaics-Wood<strong>la</strong>nds (Zambezian miombo dominated byBrachystegia , Julbernardia and Isoberlinia ; Sudanianwith abundant Isoberlinia )-Madagascar savanna and grass steppe -Cultivation and secondary grass<strong>la</strong>nd rep<strong>la</strong>cing up<strong>la</strong>nd andmontane forest-Mainly wood<strong>la</strong>nds, savannas and woo<strong>de</strong>d steppe withabundant Acacia , Commiphora-Sudanian wood<strong>la</strong>nd: several en<strong>de</strong>mic Acacia , Albiziachevalieri , Lonchocarpus <strong>la</strong>xiflorus-Ka<strong>la</strong>hari <strong>de</strong>ciduous Acacia bush<strong>la</strong>nd-Miombo wood<strong>la</strong>nd: Brachystegia , Julbernardia ,-Fourré (Thick<strong>et</strong>) -Woo<strong>de</strong>d steppe with abundant Acacia , Commiphora Isoberlinia -Bush<strong>la</strong>nd and thick<strong>et</strong>: Acacia , Commiphora-Grass savanna and grass steppe (Madagascar) -Mosaic of dry <strong>de</strong>ciduous forest and secondary grass<strong>la</strong>nd(Zambezian and Ma<strong>la</strong>gasy)-Grass steppe with thick<strong>et</strong> clumps-Guineo-Congolian rain forest: drier types (drier peripheralsemi-evergreen rain forest): Afzelia africana , Aningeriaaltissima , Khaya grandiflora-(Mainly) Somalia-Masai: Acacia , Commiphora<strong>de</strong>ciduous bush<strong>la</strong>nd and thick<strong>et</strong>-Thick<strong>et</strong>s (Madagascar types): Didierea , Alluaudia -Sahel Acaci a woo<strong>de</strong>d grass<strong>la</strong>nd and <strong>de</strong>ciduous bush<strong>la</strong>ndB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 59


pluviosité). La correspondance est donc forcément gran<strong>de</strong> entre modèle climatique <strong>et</strong>végétation, <strong>de</strong> telle manière que <strong>pour</strong> une région donnée, on peut déduire l’un en fonction <strong>de</strong>l’autre. Le système <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification proposé contient 5 macrobioclimats, 27 bioclimats (plus5 variantes) au sein <strong>de</strong>squels peuvent encore être distingués <strong>de</strong>s étages bioclimatiques sur base<strong>de</strong>s thermotypes <strong>et</strong> ombrotypes. L’auteur obtient ainsi près <strong>de</strong> 300 isobioclimats répartis endiverses régions à <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre. Il s’agit à notre connaissance <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>la</strong> pluspoussée <strong>de</strong>s régions bioclimatiques notamment parce que les connaissancesphytogéographiques ont été considérées <strong>pour</strong> dégager les paramètres macroclimatiques lesplus déterminants <strong>pour</strong> <strong>la</strong> végétation.Les points forts <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> sont les suivants:1) les indices bioclimatiques-l’indice <strong>de</strong> continentalité (Ic) est l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> température moyenne mensuelle entre lesmois les plus extrêmes <strong>de</strong> l’année (en °C). Les valeurs obtenues indiquent un climat" extrêmement hyperocéanique " (Ic entre 0 <strong>et</strong> 3) ou encore " euhyperocéanique " (3-7), " àpeine hyperocéanique " (7-11), " euocéanique " (11-18), " semicontinental " (18-21)," subcontinental " (21-28) " eucontinental " (28-46) <strong>et</strong> enfin " hypercontinental " (46-65).-l’indice ombrothermique (Io=10 Pp/Tp) équivaut à 10 fois le rapport <strong>de</strong>s précipitationspositives annuelles (Pp, somme <strong>de</strong>s précipitations <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> l’année à température moyenne> 0°C, en mm) aux températures positives annuelles (Tp, somme <strong>de</strong>s températures moyennesmensuelles <strong>pour</strong> les mois <strong>de</strong> l’année à température moyenne > 0°C).-l’indice <strong>de</strong> thermicité: It = (T+m+M) 10, où T est <strong>la</strong> température moyenne annuelle, m est<strong>la</strong> température minimale moyenne du mois le plus froid <strong>et</strong> M est <strong>la</strong> température maximalemoyenne du mois le plus froid, étant celui à température moyenne mensuelle <strong>la</strong> plus basse(Tmin).-Pour les divers paramètres <strong>et</strong> indices climatiques, il existe <strong>de</strong>s variantes basées sur <strong>la</strong>distinction <strong>de</strong>s mois d’hiver (décembre, janvier, février dans l’hémisphère Nord ; juin,juill<strong>et</strong>, août dans l’hémisphère Sud) <strong>et</strong> d’été (l’inverse). Dans <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> intertropicale, les moisd’été sont définis comme étant les trois mois consécutifs les plus secs, sans tenir compte <strong>de</strong>leur température moyenne. La saisonnalité est donc ici estimée en fonction <strong>de</strong> plusieursparamètres, dont le nombre <strong>de</strong> mois secs consécutifs, <strong>et</strong> est considérée comme étant au moinsaussi importante que le montant même <strong>de</strong>s précipitations.2) Dans ce système, <strong>et</strong> contrairement aux travaux antérieurs, les hautes montagnes ne sont pasc<strong>la</strong>ssées dans un seul <strong>et</strong> même étage bioclimatique (climat <strong>de</strong> montagne) mais sont plutôtconsidérées comme autant <strong>de</strong> variantes altitudinales, plus froi<strong>de</strong>s <strong>et</strong> plus humi<strong>de</strong>s, dumacrobioclimat correspondant aux p<strong>la</strong>ines environnantes.3) Le statut <strong>de</strong> plusieurs grands types climatiques est revu <strong>et</strong> discuté: climat méditerranéen,désertique, steppique, subméditerranéen, bixérique, antitropical <strong>et</strong> pluvisérotinal. Nous nepouvons que renvoyer le lecteur à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> RIVAS-MARTÍNEZ & al. (2004) <strong>pour</strong> <strong>de</strong> plusamples explications.Tab.13 Types bioclimatiques définis par RIVAS-MARTÍNEZ &al. (2004). Les symboles utilisés sont décrits dansle texte (Io, It, <strong>et</strong>c.). (1) au nord <strong>et</strong> au sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> équatoriale <strong>et</strong> eutropicale (23°N-23°S), si une localité sesitue à plus <strong>de</strong> 200m d’altitu<strong>de</strong>, T est incrémenté <strong>de</strong> 0,6°C, M <strong>de</strong> 0,5°C <strong>et</strong> It <strong>de</strong> 13 unités tous les 100m <strong>de</strong>dénivelé. Pour les localités au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 48°N ou 51°S, l’incrément par 100m <strong>de</strong> dénivelé est <strong>de</strong> 0,4 <strong>pour</strong> T <strong>et</strong> 12unités <strong>pour</strong> Tp. (2) Si Ic≥21 <strong>et</strong> Itc


Tab.13 (titre à <strong>la</strong> page précé<strong>de</strong>nte)B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 61


Compensations écologiquesLes considérations émises jusqu’ici se réfèrent principalement aux types macroclimatiquesmajeurs, même dans l’exemple très fouillé <strong>de</strong> RIVAS-MARTÍNEZ & al. (2004). Il est toutefoisbien évi<strong>de</strong>nt qu’au sein <strong>de</strong> chaque région climatique, plusieurs formations végétales <strong>et</strong> <strong>de</strong>nombreuses communautés végétales peuvent coexister, les unes typiques du climat général <strong>de</strong><strong>la</strong> région en question, les autres traduisant l’excès d’un paramètre environnemental masquantalors le macroclimat. C’est ainsi que dans une région à climat correspondant à une forêt <strong>de</strong>nsepluviale, on peut trouver <strong>de</strong>s savanes dites édaphiques, liées à un sol sableux par exemple.Dans ce cas, <strong>la</strong> faible capacité <strong>de</strong> rétention en eau du sol compense, ou annule, l’abondance<strong>de</strong>s précipitations. Ce type <strong>de</strong> végétation, lié à l’eff<strong>et</strong> limitant d’un paramètre local, estsouvent qualifié d’azonal par opposition au type <strong>de</strong> végétation, dit zonal, typique <strong>de</strong> <strong>la</strong> région<strong>et</strong> déterminé principalement par le macroclimat. Les grands types <strong>de</strong> végétation azonauxdécrits dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s travaux sont déterminés par l’altitu<strong>de</strong>, l’hydromorphie du sol(végétations marécageuses, ripicoles, <strong>et</strong>c.), <strong>la</strong> maturité (forêt mature, secondaire, recrûforestier, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> certaines particu<strong>la</strong>rités édaphiques (principalement <strong>la</strong> texture, <strong>la</strong> structure, <strong>la</strong>richesse <strong>et</strong> <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur du sol). Pour une c<strong>la</strong>ssification plus détaillée <strong>de</strong>s types d’azonalité,nous renvoyons le lecteur à RIVAS-MARTÍNEZ & al. (2004) ainsi qu’au chapitre II.4.3.L’immense diversité <strong>de</strong>s paramètres déterminant l’environnement (climatiques,topographiques, édaphiques ou encore biotiques) <strong>et</strong> <strong>la</strong> complexité <strong>de</strong> leurs interactions esttelle que l’on scin<strong>de</strong> intuitivement le problème en investiguant les principales variablesséparément (c’est d’ailleurs précisément le principe suivi dans <strong>la</strong> présente étu<strong>de</strong>, cf. chapitreII). Deux gran<strong>de</strong>s règles ont ainsi pu être énoncées: le phénomène <strong>de</strong> compensationécologique <strong>et</strong> <strong>la</strong> loi du minimum. Selon <strong>la</strong> loi du minimum, si un <strong>de</strong>s facteurs du milieudépasse un certain seuil (vers l’une ou l’autre extrémité du gradient), il <strong>de</strong>vient l’élémentlimitant <strong>et</strong> empêche, masque ou atténue fortement, l’expression d’autres facteurs. Un sol peutêtre riche en nutriments mais ce<strong>la</strong> n’est d’aucune utilité <strong>pour</strong> <strong>la</strong> végétation si l’humiditénécessaire fait défaut, l’inverse étant tout aussi vrai. C’est aussi ce phénomène qui explique <strong>la</strong>présence <strong>de</strong> savanes en pleine zone <strong>de</strong> forêts <strong>de</strong>nses humi<strong>de</strong>s. Le facteur présent en quantitéminimum est donc le facteur déterminant <strong>pour</strong> <strong>la</strong> végétation (RÜBEL 1935). C’est <strong>pour</strong>quoicertains types <strong>de</strong> végétation sont décrits <strong>et</strong> nommés selon ce facteur limitant: forêtmarécageuse, forêt hydromorphe, <strong>et</strong>c.Lorsque plusieurs facteurs limitants se combinent <strong>de</strong> manière différente en <strong>de</strong>ux régionsdistinctes <strong>et</strong> que leur résultante est simi<strong>la</strong>ire, on parle alors <strong>de</strong> compensations écologiques.Pour illustrer ce phénomène, nous citerons le cas <strong>de</strong>s espèces typiquement climaciques dans <strong>la</strong>zone <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong>nses semi-décidues qui se r<strong>et</strong>rouvent en pleine forêt <strong>de</strong>nse sempervirente(plus humi<strong>de</strong> <strong>et</strong> plus sombre tout au long <strong>de</strong> l’année) mais alors uniquement associées auxchablis, en tant que cicatricielles durables (cf. chapitre I.3.3). Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> distributionparticulier est très <strong>la</strong>rgement reconnu <strong>et</strong> souvent évoqué au travers <strong>de</strong> <strong>la</strong> " loi <strong>de</strong> Budowski "(OLDEMAN 1990, BUDOWSKI 1965) que nous avons récemment interprétée en termes <strong>de</strong>compensations écologiques (SENTERRE & al. 2004). Dans le premier cas (en forêt semidécidue),le recrutement <strong>de</strong> l’espèce, héliophile au sta<strong>de</strong> jeune, est rendu possible même enforêt mature grâce à <strong>la</strong> caducité partielle du feuil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong> canopée durant <strong>la</strong> saison sèche.L’ambiance plus sombre <strong>et</strong> plus humi<strong>de</strong> du sous-bois en forêt sempervirente est impropre audéveloppement d’une telle espèce mais l’ouverture d’un chablis lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> chute d’un arbrecrée un microhabitat équivalent à celui décrit précé<strong>de</strong>mment. En résumé, <strong>pour</strong> une p<strong>la</strong>ntule dusous-bois, l’ouverture du couvert par un chablis en forêt sempervirente équivaut à <strong>la</strong> caducitépartielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> canopée en forêt semi-décidue. Un autre exemple courant est le cas <strong>de</strong>s espècestypiquement submontagnar<strong>de</strong>s r<strong>et</strong>rouvées à basse altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> manière très localisée dans lesB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 62


zones <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> vallées. Ici, le refroidissement correspondant à l’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’étagesubmontagnard (<strong>et</strong> l’excès <strong>de</strong> précipitations <strong>et</strong> d’humidité atmosphérique qui s’en suivent) estéquivalent à l’humidité du sol <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> vallées, responsable d’une humiditéatmosphérique comparable. Les compensations écologiques associent le plus souvent <strong>de</strong>stypes <strong>de</strong> végétation zonaux avec <strong>de</strong>s types azonaux, par exemple liés au climat d’une part <strong>et</strong>liés au substrat d’autre part. C’est <strong>pour</strong>quoi on entendra souvent parler <strong>de</strong> compensationsédapho-climatiques (Le Houerou 1959 in TANGHE 1999).Le problème qui se pose maintenant est <strong>de</strong> savoir si ces formes azonales constituent autant <strong>de</strong>variantes <strong>de</strong>s différents bioclimats (comme le proposent RIVAS-MARTÍNEZ & al., 2004, <strong>pour</strong>le facteur altitu<strong>de</strong>) ou bien plutôt <strong>de</strong>s types bioclimatiques bien distincts, microbioclimatiquesen quelque sorte, où les valeurs extrêmes d’un paramètre effacent ou du moins dominentl’eff<strong>et</strong> du macroclimat.I.5.3 VALEUR ET HIÉRARCHIE DES CRITÈRESIl faut bien gar<strong>de</strong>r à l’esprit que les 4 principaux types <strong>de</strong> critères discutés individuellementci-<strong>de</strong>ssus ne sont que rarement utilisés seuls d’un bout à l’autre d’une c<strong>la</strong>ssificationphytogéographique. Par exemple, même WHITE (1979), dans sa démarche purementfloristique, reconnaît utiliser les critères physionomiques <strong>pour</strong> délimiter plus précisément sesphytochories régionales. Le plus souvent, ces critères interviennent à un ou plusieursniveau(x). Rappelons-nous que dans le système <strong>de</strong> F<strong>la</strong>hault (1900 in ROISIN 1969), les critèressont d’abord purement physionomiques (zones <strong>et</strong> régions <strong>de</strong> végétation) puis floristiques <strong>et</strong>progressivement <strong>de</strong> plus en plus phytosociologiques vers les niveaux inférieurs (à l’échellelocale). Parfois, <strong>la</strong> physionomie ne passe qu’au second p<strong>la</strong>n comme dans le système CORINE<strong>de</strong> <strong>typologie</strong> globale <strong>de</strong>s habitats (DEVILLERS & DEVILLERS-TERSCHUREN 1996) où lesformations végétales définissent <strong>de</strong>s sous-catégories au sein <strong>de</strong>s empires biogéographiquesd’Udvardy. D’autres exemples <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssifications dites " mixtes " combinent d’autrescatégories <strong>de</strong> critères: physionomico-climatiques (cf. bioclimats), écologico-phytocénotiques,floristico-physionomiques, <strong>et</strong>c. (RIVAS-MARTÍNEZ & al. 2004).La question qui se pose est donc <strong>de</strong> savoir comment au juste tenir compte <strong>de</strong>s différentscritères <strong>pour</strong> construire une c<strong>la</strong>ssification phytogéographique. C<strong>et</strong>te réflexion, initiée par <strong>de</strong>sauteurs tels que F<strong>la</strong>hault ou Braun-B<strong>la</strong>nqu<strong>et</strong>, a été <strong>pour</strong>suivie par DESCOINGS (1976) dans un<strong>et</strong>entative <strong>de</strong> synthèse. Ce <strong>de</strong>rnier différencie les critères intrinsèques à <strong>la</strong> végétation (tous saufles critères écologiques) <strong>et</strong> tient compte <strong>de</strong> leur caractère quantifiable <strong>et</strong> plus ou moinsgénéralisable. Selon lui, les critères physionomiques doivent constituer le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> toutsystème phytogéographique, <strong>de</strong> par leur caractère intrinsèque à <strong>la</strong> végétation, quantitatif(WEBB 1959) <strong>et</strong> toujours généralisables. Les formations végétales constituent donc <strong>pour</strong> lui lepremier niveau. A l’opposé <strong>de</strong> WHITE (1979), dont les idées sont forgées sur une connaissanceencyclopédique <strong>de</strong>s aires <strong>de</strong> distribution d’espèces, DESCOINGS (qui ne cite pas les travauxantérieurs <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier) est quant à lui marqué par sa prédilection <strong>pour</strong> les formationsherbeuses. En eff<strong>et</strong>, bien que les critères floristiques fassent l’unanimité, il leur reproche <strong>la</strong>nécessité <strong>de</strong> connaissances floristiques conséquentes à p<strong>et</strong>ite comme à gran<strong>de</strong> échelle. Ils’interroge sur l’utilité <strong>de</strong> ces critères floristiques lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> comparer les affinitésentre <strong>de</strong>s végétations n’ayant pas ou peu d’espèces en commun, telles que les formationsherbeuses paucispécifiques: par exemple une savane à Hyparrhenia rufa <strong>de</strong> Madagascar, unesavane à Lou<strong>de</strong>tia <strong>de</strong>meusei du Congo, une savane à Andropogon gayanus du Mali <strong>et</strong> unesavane à Byrsonima verbascifolia <strong>de</strong> Guyane (DESCOINGS 1976, p.97). Il adm<strong>et</strong> toutefoisl’importance <strong>de</strong>s critères floristiques <strong>et</strong> autres aux niveaux hiérarchiques d’ordre inférieur. Ilcite, par ordre d’importance décroissante, les critères structuraux, physionomiques (y comprisB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 63


syngénétiques, c’est-à-dire liés à <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> renouvellement), floristiques <strong>et</strong> enfinécologiques.D’un autre côté, il est indéniable qu’empires floraux, régions <strong>et</strong> autres représentent unecertaine réalité, que COX (2001) s’est d’ailleurs efforcé <strong>de</strong> discuter d’une manière trèsintéressante. Ce <strong>de</strong>rnier relève un certain nombre <strong>de</strong> problèmes concernant le statut <strong>de</strong>plusieurs unités florales (tels que l’empire du Cap, les sous-empires paléotropicaux <strong>et</strong>notamment <strong>la</strong> région Wal<strong>la</strong>céenne, <strong>et</strong>c.), l’emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s limites entre empires,l’hétérogénéité <strong>de</strong>s éléments d’un même niveau hiérarchique, l’influence <strong>de</strong>s groupestaxonomiques considérés, <strong>et</strong>c. Il rappelle aussi fort judicieusement le problème, déjà soulevépar DESCOINGS (1976), <strong>de</strong>s connaissances taxonomiques. Les gran<strong>de</strong>s barrières géographiquesqui délimitent les empires séparent par <strong>la</strong> même occasion les chercheurs qui y étudient lesp<strong>la</strong>ntes. Gentry (1993, in COX 2001) a montré qu’une partie <strong>de</strong>s dissemb<strong>la</strong>nces floristiquesentre forêts tropicales <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine d’Amérique <strong>et</strong> d’Afrique était un artéfact taxonomique, c’està-direque <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntes appartenant à une même espèce ont été décrites plusieurs fois sous <strong>de</strong>snoms différents selon le continent. De tels artéfacts ont même été signalés à l’échelle d’unseul continent, notamment <strong>pour</strong> les îlots montagnards séparés par <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s distances enAfrique (SCHNELL 1977). La diversité d’une région peut elle-même avoir une influence sur lestendances taxonomiques: COX (2001) suspecte que <strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> flore ho<strong>la</strong>rctique puisseavoir influencé les taxonomistes à y décrire davantage <strong>de</strong> taxons d’ordre supérieur, ceciexpliquant l’importante quantité <strong>de</strong> familles endémiques ho<strong>la</strong>rctiques: 52 familles endémiquescontre 25 <strong>pour</strong> l’empire paléotropical <strong>et</strong> autant <strong>pour</strong> l’empire néotropical 7 . A l’échelle <strong>de</strong>sempires <strong>et</strong> parfois même <strong>de</strong>s régions, il y a donc lieu <strong>de</strong> se méfier <strong>de</strong>s comparaisons <strong>de</strong>dissemb<strong>la</strong>nces (taux d’endémisme par exemple) <strong>et</strong> <strong>de</strong> considérer en parallèle les similitu<strong>de</strong>s.Comme le faisait remarquer WHITE (1979), les <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> vue que nous avons discutésdans les paragraphes précé<strong>de</strong>nts (floristique contre écologique) s’opposent totalement <strong>et</strong>constituent véritablement <strong>de</strong>ux disciplines distinctes: biogéographie historique <strong>et</strong>biogéographie écologique. A courte échelle <strong>de</strong> temps (que l’on traduit parfois par l’expression" échelle <strong>de</strong>s temps écologiques "), <strong>la</strong> biogéographie concerne <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion géographique entrele mon<strong>de</strong> vivant <strong>et</strong> son environnement physique actuel, à une échelle spatiale atteignant leniveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> " station ". A c<strong>et</strong>te extrémité <strong>de</strong> l’échelle spatio-temporelle, comme le faisait déjàremarquer WHITE (1979), les différences évolutives se marquent au niveau taxonomique luiaussi le plus détaillé (espèces <strong>et</strong> niveaux infra-spécifiques). A l’autre extrême du continuum<strong>de</strong> temps, à l’échelle <strong>de</strong>s temps dits géologiques (ou évolutifs), on s’intéresse principalementaux facteurs à l’origine <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> distribution contemporains, à une échelle spatial<strong>et</strong>oujours re<strong>la</strong>tivement étendue (vastes régions géographiques, continents) (WELSH 1994). Lestaxons clés se situent alors aux niveaux supérieurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> systématique: genres <strong>et</strong> familles.Malgré un certain flou dans les limites spatio-temporelles, il existe bel <strong>et</strong> bien selon WELSH<strong>de</strong>s assemb<strong>la</strong>ges paysagers re<strong>la</strong>tivement stables, réels <strong>et</strong> uniques, correspondant auxensembles phytosociologiques <strong>pour</strong> l’échelle infra-régionale <strong>et</strong> aux ensemblesphytogéographiques <strong>pour</strong> l’échelle plus globale. Les principales difficultés conceptuelles àétablir <strong>de</strong>s liens entre biogéographie (biogéographie historique), écologie (biogéographieécologique) <strong>et</strong> évolution, peuvent être surpassées en recréant une vision hiérarchique <strong>de</strong> cesdisciplines dans un système d’axes tels que l’échelle spatiale, l’échelle temporelle <strong>et</strong> l’échelle<strong>de</strong>s changements évolutifs (Fig.19, BLONDEL 1987). Chacune <strong>de</strong>s sphères <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fig.19représente une discipline, avec ses métho<strong>de</strong>s <strong>et</strong> ses théories plus ou moins spécifiques quiamènent les différents scientifiques <strong>de</strong>s différentes sphères à s’ignorer mutuellement (voir647 Il serait toutefois judicieux <strong>de</strong> comparer le nombre <strong>de</strong> familles endémiques <strong>pour</strong> l’ensemble paléotropical <strong>et</strong>néotropical combinés afin <strong>de</strong> se situer à échelle géographique comparable.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 64


aussi ROWE 1961). Selon BLONDEL (1987), l’absence d’une théorie intégrant biogéographie <strong>et</strong>écologie explique probablement aussi <strong>de</strong> nombreuses controverses telles que celle du conceptindividualiste (Gleason), à <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> continuum écologique (Brown & Curtis,Whittaker, <strong>et</strong>c., in TANGHE 1999), contre le concept <strong>de</strong>s communautés: en somme, en<strong>typologie</strong>, qu’elle soit floristique, phytosociologique, écologique, ou autre, tout est unequestion d’échelle.C<strong>et</strong>te interprétation trouve un fon<strong>de</strong>ment théorique dans les récents travaux sur <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong>shiérarchies (ALLEN & al. 1984, O’NEILL & al. 1986, BLONDEL 1987). Selon c<strong>et</strong>te théorie, toutsystème vivant se subdivise en niveaux d’intégration biologique dont une fraction seulement<strong>de</strong>s propriétés est transmise d’un niveau au niveau inférieur.Fig.19 Représentation schématique <strong>de</strong>sdifférents niveaux d’étu<strong>de</strong> du milieu enfonction <strong>de</strong> l’échelle spatiale, <strong>de</strong> l’échell<strong>et</strong>emporelle <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong>s changementsévolutifs (BLONDEL 1987).Chaque sphère représente une disciplinespécifique, avec ses métho<strong>de</strong>s <strong>et</strong> ses théoriesplus ou moins spécifiques qui amènent lesdifférents scientifiques <strong>de</strong>s différentessphères à s’ignorer mutuellement.Ces considérations m<strong>et</strong>tent en évi<strong>de</strong>nce l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’échellegéographique. Nous avons vu cependant que certains auteurs, tels que WHITE (1979), se sontinterrogés sur <strong>la</strong> nécessité <strong>et</strong> le sens d’une hiérarchie au sein <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssificationsphytogéographiques. Le problème vient en partie du fait qu’on c<strong>la</strong>sse dans un même niveauhiérarchique <strong>de</strong>s unités aussi différentes que forêts <strong>de</strong>nses tropicales (région guinéocongo<strong>la</strong>ise,ou centre d’endémisme GC), désert (région saharienne), <strong>et</strong>c. Ces régions diffèrentpar leurs formations végétales, leur diversité floristique, leur taux d’endémisme, mais elles onten commun le fait d’être déterminées par les traits majeurs du macroclimat <strong>et</strong> par leur histoire(à moyen terme), à une échelle spatiale donnée. Ce rej<strong>et</strong> <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications hiérarchiques estune conséquence <strong>de</strong> <strong>la</strong> déconsidération <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> l’échelle spatiale.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 65


I.5.4VERS UNE APPROCHE INTÉGRÉE EN PHYTOGÉOGRAPHIEI.5.4.1 IntroductionSi <strong>la</strong> nécessité d’une hiérarchie ne fait aucun doute, le choix <strong>de</strong>s critères objectifsdéterminants à chaque niveau n’en reste pas moins problématique <strong>de</strong> même que <strong>la</strong> recherched’un système intégrant aspects historiques <strong>et</strong> aspects écologiques. Une solution fortintéressante est selon nous à méditer dans les c<strong>la</strong>ssifications dites " ouvertes " (DESCOINGS1976). C<strong>et</strong>te réflexion est probablement issue du constat que les c<strong>la</strong>ssifications se répartissenten <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s catégories: les unes agglomératives (typiquement en phytosociologie, où onregroupe les associations en alliances, les alliances en ordres, <strong>et</strong>c.), convenant bien aux étu<strong>de</strong>slocales ou régionales, les autres divisives (typiquement en phytogéographie, où on divise lesempires en régions, <strong>et</strong>c.). Le défaut <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications agglomératives est typiquement unproblème d’hétérogénéité <strong>de</strong>s unités homologues. En revanche, elles perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre enévi<strong>de</strong>nce les éléments majeurs <strong>pour</strong> construire une c<strong>la</strong>ssification divisive: les critères <strong>et</strong> leurimportance, dont le choix souvent subjectif constitue le principal défaut <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssificationsdivisives. Le principe <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications ouvertes est donc <strong>de</strong> partir <strong>de</strong>s éléments recueillisdans une c<strong>la</strong>ssification agglomérative <strong>pour</strong> construire une c<strong>la</strong>ssification divisive (DESCOINGS1976). C<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> perm<strong>et</strong>, par combinaison <strong>de</strong>s critères, <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s unités théoriques. Iln’est donc pas nécessaire d’avoir recensé toutes les unités à c<strong>la</strong>sser. La c<strong>la</strong>ssification obtenueest symétrique <strong>et</strong> toute observation nouvelle d’unité <strong>de</strong> végétation peut s’y insérer facilement<strong>et</strong> objectivement. Un exemple typique <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssification ouverte est le système <strong>de</strong>Holdridge discuté plus haut.Bien que <strong>la</strong> vision <strong>de</strong> Descoings soit essentiellement concentrée sur les aspectsphysionomiques, <strong>et</strong> aboutissent à <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications telles que celle <strong>de</strong> MUELLER-DOMBOIS &ELLENBERG 1974, il est possible d’é<strong>la</strong>rgir le concept <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications ouvertes.I.5.4.2 Eléments recueillis <strong>de</strong>s conceptions basifuges (c<strong>la</strong>ssifications agglomératives)Le but <strong>de</strong> ce chapitre est <strong>de</strong> montrer par <strong>de</strong>s exemples quels <strong>pour</strong>raient être concrètement cesfameux éléments recueillis <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssifications agglomératives <strong>et</strong> sensés nous perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>construire une c<strong>la</strong>ssification divisive (ou basipète: DESCOINGS 1976) satisfaisante.Des flores <strong>de</strong> diverses régions florales, au travers <strong>de</strong>s divers empires floraux, qui sontcaractérisées par une même formation végétale (similitu<strong>de</strong> physionomico-écologique),présentent entre elles, du moins lorsqu’elles ne sont pas floristiquement trop appauvries, <strong>de</strong>ssimilitu<strong>de</strong>s floristiques indéniables qu’elles ne partagent pas avec les régions floralesphysionomiquement différentes mais regroupées au sein du même empire.Une forêt <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine d’Afrique centrale ne possè<strong>de</strong>-t-elle pas plus <strong>de</strong> similitu<strong>de</strong>sfloristiques avec une forêt <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine d’Amérique du Sud qu’avec une savane périguinéenne8 ? Les travaux <strong>de</strong> MCNAUGHTON & al. (1993) vont dans ce sens: ces <strong>de</strong>rniers ontmontré que les flores <strong>de</strong>s régions ari<strong>de</strong>s <strong>et</strong> subhumi<strong>de</strong>s (fourrés, savanes arborées, <strong>et</strong>c.)d’Amérique <strong>et</strong> d’Afrique ont une origine commune, qui remonte au milieu du Crétacé, dansl’Ouest du Gondwana, <strong>et</strong> que leurs similitu<strong>de</strong>s actuelles sont le résultat d’une évolution enparallèle <strong>de</strong> c<strong>et</strong> héritage floristique commun.Ce n’est pas non plus avec une forêt afromontagnar<strong>de</strong> qu’une prairie afroalpine montre le plusd’affinité floristique mais plutôt avec certaines végétations herbacées <strong>de</strong> régions tempérées.Pour l’étage montagnard, KURSCHNER & PAROLLY (1998, 1999) ont montré que lescommunautés bryophytiques <strong>de</strong> basses altitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> celles d’altitu<strong>de</strong>s plus élevées ont668 Ce qui n’empêche pas certains cas <strong>de</strong> vicariance entre espèces forestières <strong>et</strong> savanicoles (SCHNELL 1952a)B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 66


davantage d’affinités pantropicalement avec leurs homologues altitudinaux qu’entre différentsétages d’un même continent. Ces auteurs ont montré que ces communautés sont unies <strong>de</strong>manière transgressive par <strong>de</strong> nombreux coenotaxons (assemb<strong>la</strong>ges phytosociologiques),surtout au niveau <strong>de</strong> " sections ", comprenant <strong>de</strong>s espèces vicariantes <strong>et</strong> pseudovicariantes,développés à partir d’un bloc floristique commun fractionné lors <strong>de</strong> l’éc<strong>la</strong>tement duGondwana.On peut encore aller plus loin dans c<strong>et</strong>te idée: à l’échelle <strong>de</strong>s régions florales <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurssubdivisions, les formations azonales (hydromorphes, secondaires, montagnar<strong>de</strong>s, inselbergs,<strong>et</strong>c.) forment <strong>de</strong>s ensembles floristiques homogènes, distribués en forme d’archipels ou <strong>de</strong>réseaux dont les " îlots " ou digitations présentent davantage d’affinités floristiques entre euxqu’avec le cortège <strong>de</strong>s taxons intervenant dans <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s phytochories zonalesauxquelles ils appartiennent (à l’instar <strong>de</strong>s formations végétales au travers <strong>de</strong>s empiresfloraux). Par conséquent, les taxons typiques <strong>de</strong> ces formations azonales n’interviennent pasou très peu dans <strong>la</strong> caractérisation <strong>de</strong>s régions phytogéographiques puisqu’ils sont considéréscomme étant souvent <strong>de</strong>s taxons transgressifs ou à <strong>la</strong>rge distribution géographique. WHITE(1979) préconise d’ailleurs, <strong>pour</strong> c<strong>et</strong>te raison, <strong>de</strong> traiter ces types azonaux <strong>de</strong> manièredistincte, ce qu’il fait <strong>pour</strong> l’aspect altitu<strong>de</strong> (WHITE 1978a).Nous sommes toutefois bien conscients que ces formations azonales, bien que formant <strong>de</strong>sblocs floristiquement distincts <strong>de</strong>s régions phytogéographiques qu’elles traversent, n’enprésentent pas moins elles-mêmes <strong>de</strong>s variations zonales (LÉONARD 1990, p.757). Parexemple, une forêt marécageuse d’Afrique <strong>de</strong> l’Ouest présente quelques différences avec uneautre forêt marécageuse d’Afrique centrale mais ces différences restent bien moinsimportantes qu’elles ne le sont avec les forêts <strong>de</strong> terre ferme avoisinantes (NATTA & al. 2004).SCHNELL (1952a) appelle ce genre <strong>de</strong> variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> " vicariance " <strong>de</strong> groupements, qu’ilconsidère analogue à <strong>la</strong> vicariance d’espèces sœurs séparées géographiquement. Ici encore, onnotera l’analogie entre <strong>la</strong> vicariance d’espèces, <strong>de</strong> groupements d’espèces (d’une région àl’autre) <strong>et</strong> <strong>de</strong> formations végétales (d’un empire à l’autre) (Fig.20).C’est au sein <strong>de</strong> ces considérations que nous voyons le trait d’union entre critères floristiques<strong>et</strong> critères physionomico-écologiques, entre biogéographie historique <strong>et</strong> biogéographieécologique, entre phytogéographie <strong>et</strong> phytosociologie. Selon nous, <strong>la</strong> principale faiblesse dansbon nombre <strong>de</strong> travaux phytogéographiques serait <strong>de</strong> ne prêter aucune attention à <strong>la</strong> nature <strong>de</strong><strong>la</strong> station (habitat), <strong>de</strong> ne voir que <strong>de</strong>s points sur <strong>de</strong>s cartesComme le fait très bien remarquer PENEV (1997), rares sont les auteurs ayant souligné ouémis <strong>de</strong> telles considérations. Ce <strong>de</strong>rnier considère, comme nous, que les habitats locauxreflètent à <strong>la</strong> fois les conditions écologiques locales <strong>et</strong> l’histoire régionale <strong>de</strong> <strong>la</strong> flore <strong>et</strong> que <strong>la</strong>considération <strong>de</strong> ceux-ci comme unités <strong>de</strong> base peut perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> réunifier biogéographiehistorique <strong>et</strong> biogéographie écologique.Sans nullement rem<strong>et</strong>tre en cause les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> comparaison développées principalementen biogéographie historique, nous pensons donc simplement que les comparaisons entrerégions <strong>de</strong>vraient être faites entre types <strong>de</strong> végétation (combinaison <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation <strong>et</strong> <strong>de</strong>l’azonalité, cf. chapitre suivant) homologues, ou à spectre <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> végétation constant(même proportion d’habitats secondaires, hydromorphes, <strong>et</strong>c.). Ce principe avait déjà été suivipar SARMIENTO (1972) dans une étu<strong>de</strong> comparative entre types <strong>de</strong> végétation homologuessitués <strong>de</strong> part <strong>et</strong> d’autre, au Nord <strong>et</strong> au Sud, <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt amazonienne.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 67


(a)carte sont ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuv<strong>et</strong>tecongo<strong>la</strong>ise(domainephytogéographique congo<strong>la</strong>is, C) <strong>et</strong>du <strong>de</strong>lta du Niger (domaine basguinéen,BG), au sud du Nigeria. On<strong>pour</strong>rait encore imaginer un<strong>et</strong>roisième figure illustrant <strong>la</strong>distribution <strong>de</strong>s groupementssecondaires disséminés en taches ausein <strong>de</strong> plusieurs étages altitudinaux<strong>de</strong> végétation <strong>et</strong> possédant plusd’affinité entre elles qu’avec <strong>la</strong>végétation <strong>de</strong> l’étage qui les entoure(cf. Musanga cecropioi<strong>de</strong>s, en p<strong>la</strong>ine,<strong>et</strong> Musanga leo-errerae en montagne,HAUMAN & LÉONARD, 1960).(b)BGFig.20 Analogie entre (a)l’azonalité <strong>de</strong>s formationsvégétales, par exemple les forêtstropicales, en vert foncé sur <strong>la</strong>figure, par rapport aux empiresfloraux, délimités par les traitsrouges <strong>et</strong> (b) l’azonalité <strong>de</strong>sformations édaphiques oud’altitu<strong>de</strong> (forêts hydromorphes,en bleu sur <strong>la</strong> figure ou forêts <strong>de</strong>montagne, en rouge) par rapportaux formations zonales (forêts<strong>de</strong>nses <strong>de</strong> terre ferme nonmontagnar<strong>de</strong>s, en vert foncé. Pourles forêts hydromorphes, les <strong>de</strong>uxvastes massifs apparaissant sur <strong>la</strong>CEn guise <strong>de</strong> démonstration par l’absur<strong>de</strong>, voici l’exemple suivant: supposons 3 régions A, B <strong>et</strong>C telles que A est floristiquement proche <strong>de</strong> B <strong>et</strong> telles que C est floristiquement différente <strong>de</strong>A <strong>et</strong> B (A ≈ B ≠ C). Supposons encore que A est à 100% couverte <strong>de</strong> forêts matures <strong>de</strong> terreferme, B <strong>et</strong> C sont en partie dégradées (respectivement 60 <strong>et</strong> 50% <strong>de</strong> forêts secondaires surterre ferme). Dans ce cas l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s similitu<strong>de</strong>s entre les 3 régions <strong>pour</strong>rait aboutir à <strong>la</strong>conclusion suivante B ≈ C ≠ A. Même si <strong>la</strong> considération <strong>de</strong>s spectres d’endémisme <strong>et</strong>spectres chorologiques peut perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> surmonter le problème, il est c<strong>la</strong>ir qu’une tellesituation est à éviter. La comparaison <strong>de</strong>s proportions d’espèces guinéo-congo<strong>la</strong>ises, parexemple, sera biaisée si celles-ci sont calculées sur base <strong>de</strong> flores (nombres totaux d’espèces<strong>pour</strong> chacune <strong>de</strong>s régions comparées) incluant <strong>de</strong>s espèces azonales dans <strong>de</strong>s proportionsdifférentes selon <strong>la</strong> région.Un exemple plus concr<strong>et</strong> <strong>de</strong> biais possible nous est donné dans le travail <strong>de</strong> LOVETT (1993).Dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, l’auteur compare l’affinité phytogéographique <strong>de</strong> l’étage montagnard à celle<strong>de</strong> l’étage alpin, dans les montagnes <strong>de</strong> l’Est <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tanzanie. Il conclut que l’affinité <strong>de</strong> l’étagemontagnard est principalement tropicale, contrairement à l’étage alpin qui montre une n<strong>et</strong>teaffinité tempérée (nombreux genres ho<strong>la</strong>rctiques). Cependant il existe une zone d’ombre surles données utilisées, <strong>et</strong> en supposant que celles-ci puissent inclure <strong>de</strong>s partiessubmontagnar<strong>de</strong>s (d’affinité indiscutablement tropicale), on <strong>pour</strong>rait supposer que l’affinitécalculée en soit surestimée par rapport à une analyse ne considérant que les étages purementmontagnards. D’autres chercheurs ont d’ailleurs conclu à une affinité sensiblement tempérée<strong>de</strong> l’étage afromontagnard (WHITE 1978a). Le point commun avec l’exemple précé<strong>de</strong>nt est <strong>la</strong>B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 68


comparaison <strong>de</strong> choses non parfaitement comparables puisque d’un côté on a un étagehomogène (étage alpin) <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’autre un étage composite, regroupant différentes " zones " (ceque reconnaît d’ailleurs l’auteur, p.217) n’ayant pas forcément les mêmes liens chorologiques.Nous reviendrons plus tard, aux chapitres I.6 <strong>et</strong> IV.3, sur les questions re<strong>la</strong>tives à l’étagementaltitudinal.I.5.5 PRINCIPES ET DÉFINITION D’UNE PHYTOGÉOGRAPHIE INTÉGRÉELes considérations du chapitre qui précè<strong>de</strong> nous amènent tout naturellement à formuler notrepropre définition <strong>de</strong> <strong>la</strong> phytogéographie. Pour nous, <strong>la</strong> phytogéographie est donc l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>svariations zonales <strong>de</strong>s grands types <strong>de</strong> végétation zonaux ou azonaux, du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leurendémisme <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs liens écologiques <strong>et</strong> historiques. On ne <strong>pour</strong>ra connaître <strong>la</strong> part <strong>de</strong>variation attribuable à <strong>de</strong>s différences climatiques <strong>et</strong> à <strong>de</strong>s différences historiques que si oncontrôle <strong>la</strong> part attribuable aux variations typiquement azonales. C<strong>et</strong>te définition intègre lesnotions écologiques (phytosociologiques, physionomiques) <strong>et</strong> historiques (floristiques,phylogénétiques).En pratique, si on étudie les phytochories composant <strong>la</strong> région guinéo-congo<strong>la</strong>ise, onn’inclura dans les données comparées que <strong>de</strong>s stations correspondant à un type <strong>de</strong> végétationhomologue, <strong>de</strong> préférence zonal mais on peut aussi tester les types azonaux: uniquement <strong>de</strong>sforêts matures p<strong>la</strong>nitiaires <strong>de</strong> terre ferme par exemple (pas <strong>de</strong> forêts secondaires, ni <strong>de</strong>marécages <strong>et</strong> autres forêts hydromorphes, ni <strong>de</strong> forêts sur sol superficiel, <strong>et</strong>c.), ou bien que <strong>de</strong>sforêts marécageuses, ou encore seulement les mangroves, <strong>et</strong>c. Deuxièmement, si on disposed’un vaste lot <strong>de</strong> données chorologiques non accompagnées <strong>de</strong> renseignements sur le type <strong>de</strong>végétation <strong>de</strong>s stations considérées, on peut approcher le problème différemment. Dans cecas, on ne fait pas <strong>la</strong> sélection sur les stations mais sur les espèces: on exclut alors <strong>de</strong>sdonnées comparées les espèces indicatrices d’azonalité (on ne gar<strong>de</strong> que les espèces nontypiquement azonales). Comme dans le cas précé<strong>de</strong>nt, si on veut tester un type azonal, parexemple les marécages, on ne gar<strong>de</strong>ra que les espèces typiquement azonales par rapport à cefacteur. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>uxième option se base sur les connaissances qu’on a sur l’écologie <strong>de</strong>sespèces (cf. chapitre II.4.4).En appliquant ces principes au cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> région afromontagnar<strong>de</strong> <strong>de</strong> White, on ne comparerales données qu’étage par étage (analogues aux principales formations végétales, ou ceintures<strong>de</strong> végétation), en contrô<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière les eff<strong>et</strong>s azonaux. Les étages altitudinauxont été étudiés plus en détail dans le présent travail: leur <strong>de</strong>scription <strong>et</strong> une synthèse sontprésentées au chapitre IV.3.C<strong>et</strong>te nouvelle conception implique <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre au point une c<strong>la</strong>ssification objective <strong>de</strong> types <strong>de</strong>végétation comparables, c’est-à-dire n’incluant aucun aspect géographique, sur base <strong>de</strong>squelson peut alors définir (en parallèle) <strong>de</strong>s groupes écologiques (<strong>et</strong> pas socioécologiques puisquesans égard à leur sociabilité vis-à-vis <strong>de</strong>s autres espèces, cf. chapitre I.3.3.3). En pratique, uncertain nombre <strong>de</strong> problèmes sont à relever. Nous les discuterons successivement dans <strong>la</strong> suite<strong>de</strong> ce chapitre.I.5.5.1 Comment définir <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> végétation généraux en intégrant les typesazonaux ?Rappelons-nous que le but <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification que nous nous apprêtons à discuter est <strong>de</strong>contrôler <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s comparaisons zonales qui seront faites à <strong>de</strong>s fins d’interprétationsphytogéographiques. Il est donc important <strong>de</strong> ne considérer au premier niveau que <strong>de</strong>s aspectspurement physionomiques, généraux <strong>et</strong> indiscutables, faisant l’obj<strong>et</strong> d’un consensus, à savoirB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 69


les grands types <strong>de</strong> formations végétales reconnues internationalement <strong>de</strong>puis Yangambi (cf.chapitre I.5.2.2).La <strong>de</strong>uxième étape est <strong>de</strong> combiner ces c<strong>la</strong>sses physionomiques avec les différentes c<strong>la</strong>ssesdéfinissables selon les différents facteurs d’azonalité: hydromorphie temporaire, marécage,<strong>et</strong>c., submontagnard, montagnard, <strong>et</strong>c., sol profond, sol superficiel, <strong>et</strong>c. C’est d’ailleurs plusou moins le principe suivi dans <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> végétation: forêt marécageuse,prairie marécageuse, forêt montagnar<strong>de</strong>, fourré subalpin, <strong>et</strong>c. (LEBRUN & GILBERT 1954,SCHMITZ 1988). On remarque que le nombre <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses résultant <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te combinaison <strong>de</strong>critères peut être théoriquement très élevé mais certaines combinaisons n’existent pas ou nesont pas connues: l’étage subalpin est toujours constitué <strong>de</strong> fourrés, l’étage alpin <strong>de</strong> prairies,<strong>et</strong>c. Par ailleurs, ces facteurs d’azonalité ne sont pas mutuellement exclusifs mais peuvent aucontraire se combiner: forêt submontagnar<strong>de</strong> marécageuse, forêt secondaire montagnar<strong>de</strong>,forêt hydromorphe secondaire, <strong>et</strong>c. (SCHMITZ 1988).Nous présentons au Tab.14 un aperçu synthétique <strong>de</strong> ces principaux critères à combiner <strong>et</strong> <strong>de</strong>leur différents états (ou catégories). C<strong>et</strong>te synthèse est inspirée <strong>de</strong> plusieurs travaux dont lesprincipaux sont SCHMITZ 1988, LEBRUN & GILBERT 1954, GÉRARD 1960, GERMAIN & EVRARD1956, GUILLAUMET 1967, SCHNELL 1976. Une fois les critères déterminés, l’i<strong>de</strong>ntification <strong>et</strong><strong>la</strong> dénomination du type <strong>de</strong> végétation correspondant s’obtiennent <strong>de</strong> manière automatique.On aura par exemple <strong>pour</strong> un individu collecté dans une forêt tropicale standard (on entendpar là représentant <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s situations):-station d’un [sta<strong>de</strong> mature] 1 " d’une " [forêt haute] 2 " <strong>de</strong> " [basse <strong>et</strong> moyenne altitu<strong>de</strong>s] 3 , " sur " [sol biendrainé] 4 , [non soumis à l’influence <strong>de</strong>s marées] 5 , " sur " [substrat non principalement rocheux] 6 , [non contaminéaux métaux lourds] 7 , [<strong>de</strong> richesse moyenne] 8 <strong>et</strong> à [texture normale] 9 .L’ensemble <strong>de</strong>s données provenant <strong>de</strong> stations répondant aux mêmes caractéristiques sontdonc totalement comparables quelles que soient les régions géographiques considérées à <strong>de</strong>sfins d’interprétations phytogéographiques.Il est bien évi<strong>de</strong>nt que, premièrement, l’ordre <strong>de</strong>s critères n’a pas d’importance <strong>et</strong> qu’une forêthaute submontagnar<strong>de</strong> <strong>de</strong> terre ferme équivaut à une forêt haute <strong>de</strong> terre fermesubmontagnar<strong>de</strong>. Deuxièmement, nous n’avons pas <strong>la</strong> prétention <strong>de</strong> présenter une listecomplète <strong>de</strong>s critères utiles <strong>pour</strong> une telle <strong>typologie</strong>. Dans le cadre <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong> ciblée surles types forestiers en milieux tropicaux, on peut quasiment se limiter aux six premierscritères car <strong>la</strong> variabilité <strong>de</strong>s autres est soit toujours re<strong>la</strong>tivement insignifiante, soit totalementinconnue dans 90% <strong>de</strong>s cas. Ces six critères sont tous déterminables sur le terrain sansmesures sophistiquées bien que <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s botanistes négligent totalement ces observations<strong>de</strong> terrain lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> collecte d’herbiers. Dans le cadre d’autres étu<strong>de</strong>s plus ciblées, oudéveloppées dans <strong>de</strong>s milieux à déterminisme différent, d’autres critères peuvent se rajouter(<strong>pour</strong> les formations herbeuses, se référer aux travaux <strong>de</strong> DESCOINGS 1973) tandis quecertains <strong>de</strong> nos six principaux critères peuvent se voir négligés (par exemple les variantesaltitudinales si on ne s’intéresse qu’à <strong>de</strong> vastes régions <strong>de</strong> basse altitu<strong>de</strong>). Dans ce cas, onsuppose par défaut que tout critère non explicité est caractérisé par <strong>de</strong>s valeurs standards,c’est-à-dire où <strong>la</strong> loi du minimum (cf. chapitre I.5.2.4) n’intervient pas: terre ferme, sansinfluence <strong>de</strong>s marées, à basse altitu<strong>de</strong>, sur sol ni pauvre ni riche, <strong>et</strong>c.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 70


Tab.14 Principaux facteurs <strong>pour</strong> <strong>la</strong> construction d’une c<strong>la</strong>ssification physionomico-écologique <strong>de</strong>s types <strong>de</strong>végétation. Toutes les combinaisons <strong>de</strong>s différentes sources <strong>de</strong> variations azonales sont théoriquement possiblesmais seules certaines se réalisent: végétation submontagnar<strong>de</strong> secondaire jeune, marécage dans l’étagesubmontagnard, <strong>et</strong>c. L’excès d’un facteur d’azonalité conditionne parfois <strong>la</strong> formation végétale qui luicorrespond: fourré subalpin, prairie alpine.Nous venons <strong>de</strong> voir comment créer <strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> stations d’après leur type <strong>de</strong> végétation.Il est maintenant concevable <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s groupes d’espèces caractéristiques <strong>de</strong> ces mêmestypes <strong>de</strong> végétation, à savoir <strong>de</strong>s groupes écologiques. On aura par exemple, en rapport directavec l’exemple donné plus haut:-groupe <strong>de</strong>s espèces du [sta<strong>de</strong> mature] 1 " d’une " [forêt haute] 2 " <strong>de</strong> " [basse <strong>et</strong> moyenne altitu<strong>de</strong>s] 3 , " sur " [solbien drainé] 4 , [non soumis à l’influence <strong>de</strong>s marées] 5 , " sur " [substrat non principalement rocheux] 6 , [noncontaminé aux métaux lourds] 7 , [<strong>de</strong> richesse moyenne] 8 <strong>et</strong> à [texture normale] 9 .Ce groupe est bien entendu <strong>la</strong>rgement évoqué dans <strong>la</strong> littérature: groupe général <strong>de</strong> forêt<strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> (GUILLAUMET 1967), groupe général p<strong>la</strong>nitiaire (SCHNELL 1976), <strong>et</strong>c.Malheureusement, les choses ne sont pas si simples <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te première solution m<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nced’autres problèmes. Comment tenir compte <strong>de</strong>s microhabitats (cf. BLANC 2002) <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>stratification du couvert forestier (OLDEMAN 1990, GUILLAUMET 1967, <strong>et</strong>c.) ? Commentinterpréter <strong>de</strong>s groupes tels que ceux " <strong>de</strong>s forêts semi-décidues ", r<strong>et</strong>rouvés dans <strong>de</strong>nombreux travaux (GUILLAUMET 1967, SCHNELL 1976, LEBRUN & GILBERT 1954, <strong>et</strong>c.) ?Comment gérer les espèces à plus <strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique <strong>et</strong> les espèces rares ? Que faire<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> compensations écologiques ? Comment gérer le manque <strong>de</strong> donnéesécologiques en milieux tropicaux ? ...B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 71


I.5.5.2 Comment tenir compte <strong>de</strong>s microhabitats ?Certaines étu<strong>de</strong>s telles que celles <strong>de</strong> GUILLAUMET (1967) ou <strong>de</strong> GÉRARD (1960) m<strong>et</strong>tent ledoigt sur l’importance <strong>de</strong> prendre en compte les aspects liés au microhabitat <strong>et</strong> notamment lesstrates forestières. GUILLAUMET définit ainsi <strong>de</strong>s groupes écologiques tels que le groupe <strong>de</strong>sforêts <strong>de</strong>nses humi<strong>de</strong>s qu’il subdivise selon <strong>la</strong> strate en groupe supérieur, groupe moyen,groupe du sous-bois supérieur <strong>et</strong> groupe du sous-bois inférieur. Ce même auteur, scin<strong>de</strong>encore ces groupes écologiques selon le tempérament <strong>de</strong>s espèces en groupes sciaphiles, sciahéliophiles<strong>et</strong> héliophiles. Ces catégories <strong>de</strong> tempérament correspon<strong>de</strong>nt, <strong>pour</strong> une station, aufacteur dynamique d’azonalité (recrû, sta<strong>de</strong> secondaire jeune, <strong>et</strong>c.).Nous avons vu au chapitre sur les types fonctionnels (I.3.3.3) que ceux-ci peuvent se définirsur base d’une combinaison <strong>de</strong> <strong>la</strong> strate, du tempérament <strong>et</strong> <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> dispersion. C<strong>et</strong>teremarque nous perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> faire le lien avec les considérations émises par GUILLAUMET (<strong>pour</strong>les arbres) <strong>et</strong> BLANC (2002, <strong>pour</strong> les p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> sous-bois) sur les groupes écologiques. Pournous, le microhabitat d’une espèce, au sein <strong>de</strong> son habitat tel que défini plus haut, peut doncse définir par <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong> <strong>la</strong> strate qu’elle occupe <strong>et</strong> <strong>de</strong> son tempérament (Tab.15).Tab.15 Principaux types <strong>de</strong> microhabitats en forêt tropicale. Pour les espèces <strong>de</strong> sous-bois, BLANC (2002) amontré, avec <strong>de</strong> nombreux exemples à l’appui, que le microhabitat d’une p<strong>la</strong>nte au sein d’une forêt <strong>de</strong>nsehomogène pouvait se définir sur base du type <strong>de</strong> support colonisable par celle-ci: rochers inclinés, berges, talus,base <strong>de</strong>s troncs ou au contraire le sol forestier. Pour les arbres, le microhabitat qu’affectionne une espèce peut sedéfinir <strong>de</strong> manière analogue au microhabitat d’une espèce <strong>de</strong> sous-bois, c’est-à-dire d’après le type <strong>de</strong> supportcolonisable. Dans ce cas, le type <strong>de</strong> support colonisable se définit en re<strong>la</strong>tion avec le tempérament <strong>de</strong> l’espècevis-à-vis <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> reconstitution du couvert: chablis (espèce pionnière), forêt secondaire (cicatricielledurable) ou sous-bois <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s matures (espèce sé<strong>de</strong>ntaire). Les épiphytes peuvent se r<strong>et</strong>rouver aussi bien dansle sous-bois que dans les strates supérieures <strong>et</strong> peuvent dès lors être distinguées sur base <strong>de</strong> <strong>la</strong> strate occupée enépiphytes héliophiles (strate supérieure), mésophiles (strate dominée) <strong>et</strong> sciaphiles (sous-bois) (GUILLAUMET1967).Strates microclimatiques-Sous-bois (H + ar)-Strates supérieures (Ad + A)Tempéraments-supports inclinés <strong>et</strong> épiphytes (P<strong>et</strong>ites graines)-sol forestier (Grosses graines)-Pionnières <strong>et</strong> cicatricielles éphémères-Cicatricielles durables-Sé<strong>de</strong>ntaires (climaciques)-EpiphytesCes considérations nous amènent à revoir <strong>et</strong> compléter notre système <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> groupesécologiques. En particulier, notez que le facteur dynamique d’azonalité (décrit <strong>pour</strong> unestation) est ici remp<strong>la</strong>cé par le tempérament <strong>pour</strong> les espèces arborées ou par son homologue<strong>pour</strong> les espèces <strong>de</strong> sous-bois 9 . Toujours dans <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong> notre exemple précé<strong>de</strong>nt, onaura par exemple:-le groupe <strong>de</strong>s espèces [cicatricielles durables] 0 <strong>de</strong>s [strates supérieures] 1’ , " <strong>de</strong> " [forêt haute] 2 " <strong>de</strong> " [basse <strong>et</strong>moyenne altitu<strong>de</strong>s] 3 , " sur " [sol bien drainé] 4 , [non soumis à l’influence <strong>de</strong>s marées] 5 , " sur " [substrat nonprincipalement rocheux] 6 , [non contaminé aux métaux lourds] 7 , [<strong>de</strong> richesse moyenne] 8 <strong>et</strong> à [texture normale] 9 .C<strong>et</strong>te définition plus précise <strong>de</strong> groupe écologique se rapproche un peu <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> synusie(cf. chapitre I.3.3.3). Etant donné <strong>la</strong> prise en considération du microhabitat, on peut en729 Selon BLANC (2002), il n’existe pas d’espèces <strong>de</strong> sous-bois indicatrices <strong>de</strong>s différents sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> maturité d’uneforêt. Dans un sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> reconstitution, certaines espèces meurent suite au chablis, d’autres se développentexagérément en dimensions mais ce sont là les seules particu<strong>la</strong>rités.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 72


quelque sorte considérer ce type <strong>de</strong> groupe comme un groupe microécologique. Ici encorenous n’avons pas <strong>la</strong> prétention <strong>de</strong> présenter un système exhaustif <strong>et</strong> il est plus que probableque <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s plus ciblées, par exemple spécifiquement sur les épiphytes, nécessiterontl’intégration <strong>de</strong> nouveaux ensembles (épiphytes <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie basale, moyenne <strong>et</strong> distale <strong>de</strong>sbranches, épiphytes <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie supérieure du tronc, <strong>et</strong>c., JOHANSSON 1974, STÉVART 2003).I.5.5.3 Comment gérer les espèces à plus <strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique <strong>et</strong> les espècesrares ?Le système tel qu’il est prévu jusqu’ici ne perm<strong>et</strong> pas <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sser <strong>de</strong>s espèces un peu moinsexigeantes (ou un peu moins spécialisées) vis-à-vis <strong>de</strong> l’un ou l’autre facteur <strong>et</strong> présentant uneplus <strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique. Prenons <strong>pour</strong> exemple une espèce affectionnant aussi bienforêts <strong>de</strong> basse <strong>et</strong> moyenne altitu<strong>de</strong>s que forêts submontagnar<strong>de</strong>s ([SM + MI]). En fait, nousavons déjà donné <strong>la</strong> solution à ce problème lorsque nous établissions l’analogie entre le <strong>de</strong>gréd’endémisme par rapport à une phytochorie <strong>et</strong> par rapport à un type <strong>de</strong> végétation (cf.Tab.11). En eff<strong>et</strong>, le cas présent est tout à fait homologue à ce que WHITE (1979) appelle <strong>de</strong>sespèces <strong>de</strong> liaison <strong>et</strong> <strong>pour</strong> lesquelles il définit <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses combinées telles que CG (espècescentro-guinéennes présentes dans le sous-centre BG, bas-guinéen, <strong>et</strong> dans le sous-centre C,congo<strong>la</strong>is), G (espèces <strong>de</strong>s sous-centre bas <strong>et</strong> haut-guinéens), <strong>et</strong>c. Pour les mêmes raisons,nous créerons donc <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses combinées entre étages voisins (c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> liaison) telles qu’auTab.16, <strong>pour</strong> <strong>la</strong> variante altitudinale donnée en exemple (mais ce principe est va<strong>la</strong>ble <strong>pour</strong>tous les facteurs évoqués), [BM + SM], [SM + MI], [MI + MS], [MS + SA], [SA + A]:Tab.16 Catégories d’affinités par rapport à l’étagement altitudinal (a) <strong>et</strong> <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> fidélité d’une espèce vis-à-visd’un étage donné (b). Ces aspects sont définis <strong>de</strong> manière tout à fait homologue aux aspects zonaux: les typeschorologiques, homologues <strong>de</strong> (a), <strong>et</strong> les <strong>de</strong>grés d’endémisme, homologues <strong>de</strong> (b). Des catégories <strong>de</strong> liaisons(BM+SM) sont donc ajoutées <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te notion <strong>de</strong> liaison n’est plus traitée dans le critère (b) (cf. I.5.2.1 <strong>et</strong>explications dans le texte du présent chapitre).(a)Variantes altitudinales revues <strong>et</strong> complétées (b)Degrés <strong>de</strong> fidélité-basse <strong>et</strong> moyenne altitu<strong>de</strong>s BM -caractéristique différentielle rare dans l'étage eLoc-BM + SM -caractéristique différentielle ni rare, ni abondante eMoy-submontagnard SM -caractéristique différentielle abondante dans l'étage eGlo-SM + MI -caractéristique préférentielle à popu<strong>la</strong>tions Marg-montagnard inférieur (forte hygrométrie) MI marginales-MI + MS -caractéristique préférentielle Rel-montagnard supérieur (faible hygrométrie) MS à popu<strong>la</strong>tions reliques en <strong>de</strong>hors-MS + SA -caractéristique préférentielle Sat-subalpin SA à popu<strong>la</strong>tions satellites en <strong>de</strong>hors-SA + A -préférentielle à popu<strong>la</strong>tions Tran-alpin A transgressives en <strong>de</strong>hors-nival N -<strong>de</strong> liaison Liai-<strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique (> 3 étages) Larg -à <strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique Larg-amplitu<strong>de</strong> écologique maximale Omni -indifférente par rapport au facteur Omni-indéterminée ou incertaine Ind -rare ou méconnue IndLa notion d’espèces <strong>de</strong> liaison, chorologique ou écologique, est donc intégrée dans le critèredécrivant le type chorologique ou écologique: CG, G, SM+MI, <strong>et</strong>c. Par conséquent, c<strong>et</strong>tenotion ne doit plus intervenir dans les critères " <strong>de</strong>gré d’endémisme " <strong>et</strong> " <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> fidélité ".Pour ces espèces <strong>de</strong> liaison, il sera en eff<strong>et</strong> plus intéressant <strong>de</strong> préciser, à l’ai<strong>de</strong> du critère<strong>de</strong>gré d’endémisme ou <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> fidélité, si elles sont " endémiques " à ce couple d’étages ouB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 73


<strong>de</strong> phytochories voisines, ou si elles s’en écartent <strong>de</strong> manière marginale, transgressive, <strong>et</strong>c.Par exemple, une espèce <strong>pour</strong>ra être inféodée aux étages submontagnard <strong>et</strong> montagnardinférieur (endémique SM + MI).Les espèces présentes dans plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux étages voisins seront considérées comme " espèces à<strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique ", <strong>de</strong> manière analogue aux espèces à <strong>la</strong>rge distribution (cf.chapitre I.5.2.1). Tout comme on avait <strong>de</strong>s centres d’endémisme <strong>et</strong> <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> transitionchorologique, on a <strong>de</strong>s étages <strong>de</strong> végétation (au sens <strong>la</strong>rge, c’est-à-dire pas uniquement vis-àvis<strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong>) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> transition écologique. Les liens entre étages peuvent êtr<strong>et</strong>estés à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> liaison. De même, le statut <strong>de</strong> chaque étage peut être testé, ouvérifié, en comparant son spectre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> fidélité: proportions d’espèces endémiques(End) à l’étage, marginales (Marg), satellites (Sat), <strong>et</strong>c.Pour ce qui est <strong>de</strong>s espèces rares, il est difficile <strong>de</strong> savoir si une espèce connue <strong>de</strong> quelquesobservations dans l’étage submontagnard d’une forêt <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong>s Monts <strong>de</strong> Cristal,par exemple, est ou non une caractéristique différentielle <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> végétation, ni si elleest endémique ou non du district oriental du secteur bas-guinéen at<strong>la</strong>ntique (BGAOr), où ellese trouve. En attendant <strong>de</strong> pouvoir confirmer ou contredire ce<strong>la</strong>, l’espèce sera c<strong>la</strong>ssée comm<strong>et</strong>elle mais il serait utile <strong>de</strong> rajouter une c<strong>la</strong>sse dite " rare ou méconnue " aux <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> fidélité<strong>et</strong> d'endémisme définis jusqu’ici (Tab.16). Par ailleurs, <strong>pour</strong> bon nombre <strong>de</strong> ces espècesméconnues, on ne trouvera aucune information quant à l’habitat (même <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s observationsaussi évi<strong>de</strong>ntes que l’altitu<strong>de</strong>), <strong>et</strong> bien souvent guère plus que <strong>de</strong> vagues notes sur les localités<strong>de</strong> collecte, trop peu précises que <strong>pour</strong> en déduire l’habitat. Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers exemplesillustrent <strong>la</strong> nécessité d’ajouter <strong>de</strong>ux catégories dans chacune <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>sses d’azonalité à savoir:" indéterminée ou incertaine " (Ind, automatiquement associée à <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong>fidélité " rare ou méconnue ") <strong>et</strong> " à <strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique " (Larg, automatiquementassociée à <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> fidélité " Larg ") (Tab.16).I.5.5.4 Que faire <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> compensations écologiques ?Le phénomène <strong>de</strong>s compensations écologiques (cf. chapitre I.5.2.4) est quelque peuproblématique dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> groupes écologiques. Certaines espèces semontrent caractéristiques d’un type <strong>de</strong> végétation bien déterminé dans une régionbioclimatique donnée mais présentent une écologie toute différente dans une autre régionbioclimatique: par exemple Synsepalum dulcificum (Sapotacée) est une espèce typique <strong>de</strong>sforêts submontagnar<strong>de</strong>s <strong>et</strong> montagnar<strong>de</strong>s humi<strong>de</strong>s dans <strong>la</strong> région guinéo-congo<strong>la</strong>ise alors quedans les galeries forestières périguinéennes, on <strong>la</strong> r<strong>et</strong>rouve comme espèce préférentielle <strong>de</strong>sforêts riveraines occupant les fonds humi<strong>de</strong>s à basse altitu<strong>de</strong>. C<strong>et</strong>te espèce peut donc êtreconsidérée comme un transgresseur écologique <strong>et</strong> chorologique dont l’habitat d’origine estprobablement celui où elle " se porte le mieux " (en termes d’abondance <strong>et</strong> <strong>de</strong> vitalité), àsavoir les forêts submontagnar<strong>de</strong>s <strong>et</strong> montagnar<strong>de</strong>s humi<strong>de</strong>s. Ce type <strong>de</strong> bizarrerie écologiqueest à l’origine <strong>de</strong> l’amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> TANGHE (1995) à <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s groupes écologiques(cf. chapitre I.3.3.3): " ... à l'intérieur d'une aire géographique <strong>de</strong> climat plus ou moinsuniforme ... ".Dans <strong>la</strong> littérature, on trouvera bien souvent <strong>de</strong>s solutions telles que " groupe <strong>de</strong>s espècestransgressives <strong>de</strong> forêts semi-décidues ", " transgressives <strong>de</strong>s forêts secondaires "," transgressives <strong>de</strong> forêts hydromorphes ", " transgressives <strong>de</strong> forêts montagnar<strong>de</strong>ssclérophylles ", <strong>et</strong>c. Toujours <strong>de</strong> manière analogue au traitement <strong>de</strong>s phytochories (cf.chapitre I.5.2.1), on c<strong>la</strong>ssera donc l’espèce dans le groupe écologique supposé correspondre àson habitat d’origine (par exemple groupe <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> forêts hydromorphes ...) <strong>et</strong> onB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 74


précisera " transgressive " (Tran) ou " satellite " (Sat), selon l’abondance dans l’autre habitat,<strong>pour</strong> ce qui est <strong>de</strong> son type <strong>de</strong> distribution écologique.La solution qui vient d’être présentée au problème <strong>de</strong>s compensations écologiques nécessitel’ajout d’un commentaire afin d’expliciter l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’ " habitat d’origine ". Dans lecas <strong>de</strong> notre <strong>de</strong>rnier exemple, LEBRUN & GILBERT (1954, p.36) font remarquer que " beaucoupd’espèces participant à <strong>la</strong> végétation colonisatrice <strong>de</strong>s jachères <strong>et</strong> <strong>de</strong>s recrûs forestiers, voiremême <strong>de</strong>s forêts secondaires, sont typiquement originaires <strong>de</strong>s groupements forestiersripicoles ". Dans ce cas, les <strong>de</strong>ux types d’habitats occupés sont <strong>de</strong> nature azonale mais celuique l’on suppose être l’habitat d’origine est celui <strong>de</strong> nature climacique <strong>et</strong> on expliquegénéralement <strong>la</strong> transgression <strong>de</strong> ces espèces <strong>de</strong>s forêts hydromorphes vers les forêtssecondaires par leur caractère majoritairement ornithochore, c’est-à-dire disséminé par lesoiseaux dont <strong>la</strong> prédilection <strong>pour</strong> les habitats ouverts tels que les forêts riveraines <strong>et</strong> leschablis est bien connue (BLANC 2002, SCHNELL 1976).Dans le cas <strong>de</strong>s espèces transgressives <strong>de</strong>s forêts semi-décidues (que nous avons déjà explicitéau chapitre I.5.2.4), <strong>et</strong> <strong>de</strong> manière générale, dans tous les cas combinant un type zonal <strong>et</strong> untype azonal, il semble logique <strong>de</strong> considérer l’habitat zonal comme étant celui d’origine.Citons encore comme exemples les espèces climaciques <strong>de</strong> l’étage montagnard sec dont <strong>de</strong>p<strong>et</strong>ites popu<strong>la</strong>tions satellites sont r<strong>et</strong>rouvées dans <strong>de</strong>s habitats secondaires (souvent un peuhydromorphes) <strong>de</strong> basse <strong>et</strong> moyenne altitu<strong>de</strong>s (Schefflera barteri, Araliacée) ou dont <strong>de</strong>spopu<strong>la</strong>tions reliques semblent se maintenir péniblement sur certains inselbergs: Podocarpus<strong>la</strong>tifolius (Podocarpacée), Olea capensis (Oléacée), Rapanea me<strong>la</strong>nophloeos (Myrsinacée),<strong>et</strong>c. (PARMENTIER & MALEY 2001). L’interprétation <strong>de</strong> ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> répartition inhabituelspar <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> graines à gran<strong>de</strong> distance par certains oiseauxafromontagnards (certains pigeons notamment) a été remise en doute maintes fois parplusieurs auteurs (SCHNELL 1970) <strong>et</strong> nous préférons l’hypothèse d’un maintien relictuel à <strong>la</strong>faveur d’une hygrométrie régulière due au réservoir d’eau à <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’inselberg <strong>et</strong> par lemaintien d’une végétation ouverte en rapport avec <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur du sol. D’autres cas, assezrares, s’avèrent encore plus complexes: il existe <strong>de</strong>s espèces typiquement submontagnar<strong>de</strong>s(principalement <strong>de</strong> sous-bois) qu’on r<strong>et</strong>rouve parfois comme espèces tout aussi typiques <strong>de</strong>sforêts <strong>de</strong>nses <strong>de</strong> fonds <strong>de</strong> vallée sous-jacentes (c’est-à-dire absentes ailleurs). Dans c<strong>et</strong>exemple l’ambiance humi<strong>de</strong> du sous-bois d’une forêt submontagnar<strong>de</strong> n’est pas très différentedu sous-bois humi<strong>de</strong> d’un fond <strong>de</strong> vallée à basse altitu<strong>de</strong>.I.5.5.5 Comment interpréter <strong>de</strong>s groupes tels que celui " <strong>de</strong>s forêts semi-décidues " ?Les espèces typiques <strong>de</strong>s forêts semi-décidues sont <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s espèces ditestransgressives qui se r<strong>et</strong>rouvent comme espèces cicatricielles durables en forêts <strong>de</strong>nsessempervirentes. Si on suit le principe <strong>de</strong> caractérisation <strong>de</strong>s groupes écologiques, ces espècesentreront dans le groupe <strong>de</strong>s espèces " [sé<strong>de</strong>ntaires] <strong>de</strong>s [strates supérieures] ’ , " <strong>de</strong> " [forêthaute] " <strong>de</strong> " [basse <strong>et</strong> moyenne altitu<strong>de</strong>s], " sur " [sol bien drainé], [non soumis à l’influence<strong>de</strong>s marées], " sur " [substrat non principalement rocheux], [non contaminé aux métauxlourds], [<strong>de</strong> richesse moyenne] <strong>et</strong> à [texture normale], c’est-à-dire exactement dans le mêmegroupe écologique que les espèces typiques <strong>de</strong> forêts sempervirentes standard (non azonales),<strong>et</strong> ce parce que nous avons défini un groupe écologique comme n’incluant aucun aspect <strong>de</strong>variation zonale autre que les grands types <strong>de</strong> formations végétales. La différence entre ces<strong>de</strong>ux types d’espèces ne se fait donc pas au niveau du groupe écologique mais bien au niveaudu type chorologique. Le premier groupe sera <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone périphérique (GCp) à popu<strong>la</strong>tionstransgressives (Tran), tandis que le second sera endémique (End) <strong>de</strong> <strong>la</strong> région guinéocongo<strong>la</strong>ise(GC). Dès lors, si on combine les catégories chorologiques ([GCp], [Tran]) avecles catégories écologiques, on obtient une nouvelle nuance <strong>de</strong> groupe écologique qui seB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 75


approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> définition que nous donnions aux groupes socioécologiques <strong>et</strong> qu’on <strong>pour</strong>raitnommer <strong>de</strong>s groupes choroécologiques (partageant <strong>la</strong> même phytochorie <strong>et</strong> <strong>la</strong> même écologiemais ne vivant pas nécessairement ensemble):-groupe <strong>de</strong>s espèces [climaciques] 0 <strong>de</strong>s [strates supérieures] 1’ , " <strong>de</strong> " [] 2 " <strong>de</strong> " [] 3 , " sur " [] 4 , [] 5 , " sur " [] 6 , [] 7 , [] 8<strong>et</strong> à [] 9 , [Tran] <strong>de</strong>s régions [GCp]I.5.5.6 Comment gérer le manque <strong>de</strong> données écologiques en milieux tropicaux ?Comment parvient-on, en pratique, à définir le type <strong>de</strong> végétation <strong>pour</strong> une localité donnée ?Comment i<strong>de</strong>ntifie-t-on le groupe écologique auquel se rattache une espèce ? La démarche estquelque peu circu<strong>la</strong>ire puisqu’un type <strong>de</strong> végétation d’une station donnée peut se définir surbase <strong>de</strong> son spectre <strong>de</strong>s groupes écologiques majeurs <strong>et</strong> que ces <strong>de</strong>rniers sont eux-mêmesdéfinis sur base <strong>de</strong>s stations occupées.Certaines étu<strong>de</strong>s taxonomiques approfondies, les commentaires <strong>de</strong> botanistes expérimentés,<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s phytosociologiques locales telles que <strong>la</strong> nôtre, <strong>et</strong>c., perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> cernerre<strong>la</strong>tivement bien l’amplitu<strong>de</strong> écologique d’une série d’espèces à exigences écologiquesre<strong>la</strong>tivement marquées, <strong>et</strong> donc d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong> manière fiable <strong>de</strong>s marqueurs <strong>de</strong> types <strong>de</strong>végétation.D’autre part, l’i<strong>de</strong>ntification du type <strong>de</strong> végétation <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s stations à caractère écologiqu<strong>et</strong>rès tranché est chose aisée même <strong>pour</strong> un botaniste non expérimenté: si on se trouve dans uneforêt <strong>de</strong>nse, très humi<strong>de</strong>, dans une cuv<strong>et</strong>te, avec <strong>de</strong>s arbres à pneumatophores, <strong>et</strong>c., il ne faitaucun doute, même sans connaître le spectre <strong>de</strong>s groupes écologiques, que l’on se trouve dansune forêt marécageuse. Les définitions physionomico-écologiques exprimées au Tab.14 neposent <strong>de</strong> problème que <strong>pour</strong> les stations à caractère intermédiaire.Que ce soit à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> marqueurs floristiques (quand on dispose <strong>de</strong> suffisamment <strong>de</strong> données<strong>de</strong> présence d’espèces clés ou <strong>de</strong> groupes écologiques) ou d’évi<strong>de</strong>nces physionomicoécologiques,on peut donc compter sur une série <strong>de</strong> stations dont le type <strong>de</strong> végétation général(tel que nous l’avons défini) est connu. Bien souvent ces mêmes stations ont fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong>bien d’autres observations ou <strong>de</strong> collectes d’espèces moins bien connues <strong>et</strong> <strong>pour</strong> lesquelles ilest alors possible <strong>de</strong> dresser un spectre <strong>de</strong>s types d’habitats occupés, faisant <strong>la</strong> synthèse <strong>de</strong>données <strong>de</strong> sources variées. Parmi ces espèces, certaines se montreront préférentielles <strong>pour</strong>certains types <strong>de</strong> végétation <strong>et</strong> viendront dès lors se rajouter aux groupes écologiquescorrespondants.Tout comme <strong>pour</strong> les phytochories, il est possible <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> fidélité (ou <strong>de</strong>gréd’endémisme écologique) d’une espèce au type <strong>de</strong> végétation qu’elle affectionne le plus. De<strong>la</strong> même manière que certaines espèces ont une amplitu<strong>de</strong> chorologique plus gran<strong>de</strong> qued’autres, certaines espèces ont une amplitu<strong>de</strong> écologique plus gran<strong>de</strong> que d’autres. Certaines,par exemple, se comp<strong>la</strong>isent tout aussi bien en forêt submontagnar<strong>de</strong> qu’en forêt montagnar<strong>de</strong>hygrophile <strong>et</strong> peuvent donc être considérées comme espèces <strong>de</strong> liaison. Une espèce présentedans plus <strong>de</strong> 2 étages voisins sera considérée comme étant à <strong>la</strong>rge amplitu<strong>de</strong> écologique.C<strong>et</strong>te connaissance plus fine <strong>de</strong>s groupes écologiques perm<strong>et</strong>tra une connaissance plus fine dutype <strong>de</strong> végétation <strong>pour</strong> certaines stations, <strong>et</strong> donc <strong>pour</strong> les espèces écologiquementméconnues qui s’y trouvent. C<strong>et</strong>te démarche cyclique perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> progresser dans <strong>la</strong>connaissance <strong>de</strong>s stations <strong>et</strong> <strong>de</strong>s groupes écologiques, <strong>et</strong> par conséquent dans <strong>la</strong> connaissance<strong>de</strong>s unités phytogéographiques. Elle est bien entendu ouverte aux critiques mais ellereprésente, selon nous, <strong>la</strong> meilleure solution en attendant <strong>de</strong> disposer d’étu<strong>de</strong>s fouillées danstous les groupes taxonomiques.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 76


Il est aussi nécessaire d’envisager un système standardisé <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong>s données sur l<strong>et</strong>errain <strong>de</strong> type Cybertracker (surtout développé en Afrique <strong>pour</strong> le suivi <strong>de</strong> <strong>la</strong> faune,FROMENT & AVELING 2002) <strong>pour</strong> faire face au problème <strong>de</strong>s innombrables chercheurs qui selimitent à une prise <strong>de</strong> données minimale, se résumant parfois au pays <strong>et</strong> n’al<strong>la</strong>nt bien souventpas plus loin que le département.I.5.6 LIEN ENTRE LES COMPARTIMENTS ET LES CLASSIFICATIONSLes <strong>de</strong>ux principaux compartiments distingués au sein du mon<strong>de</strong> vivant sont en premier lieu<strong>la</strong> faune <strong>et</strong> <strong>la</strong> flore. Ensuite bon nombre <strong>de</strong> travaux se concentrent soit sur un group<strong>et</strong>axonomique bien défini (groupes monophylétiques, groupes traités dans une monographie,fougères, bryophytes, lichens, <strong>et</strong>c.), soit sur un type biologique (certains ne s’intéressentqu’aux lianes), soit une strate (arborescente, arbustive, sous-bois, parfois arbres à diamètre >10 cm), <strong>et</strong>c.Bien sûr, tous ces groupes diffèrent par leurs aptitu<strong>de</strong>s à <strong>la</strong> dispersion, leurs possibilités <strong>de</strong>réponse à l’environnement, <strong>la</strong> stabilité écologique <strong>de</strong> leur environnement, <strong>et</strong>c., <strong>et</strong> parconséquent les c<strong>la</strong>ssifications semblent aussi variées que les groupes. On trouve un grandnombre d’exemples illustratifs au sein <strong>de</strong>s travaux menés dans <strong>la</strong> région Wal<strong>la</strong>céenne (îlesentre l’Asie <strong>et</strong> l’Australie), notamment quant aux différences entre territoires fauniques <strong>et</strong>floristiques. VAN STEENIS (1935) a montré que le détroit <strong>de</strong>s îles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Son<strong>de</strong>, séparantSumatra <strong>de</strong> Java, constituait une frontière phytogéographique <strong>pour</strong> les p<strong>la</strong>ntes <strong>de</strong> basse <strong>et</strong>moyenne altitu<strong>de</strong>s mais que c<strong>et</strong>te frontière était insignifiante <strong>pour</strong> les p<strong>la</strong>ntes montagnar<strong>de</strong>s, àmo<strong>de</strong> <strong>de</strong> dissémination davantage anémochore. Par conséquent, le tracé <strong>de</strong>s limitesphytogéographiques <strong>de</strong>vient excessivement problématique.De telles différences d’affinités phytogéographiques entre étages altitudinaux ont par ailleursété reportées dans d’autres situations telles que sur les îles Hawai’i (MEDEIROS & LOOPE1994, p.33) où <strong>la</strong> flore <strong>de</strong> basse <strong>et</strong> moyenne altitu<strong>de</strong>s est typiquement d’origine SO-Pacifiquealors que dans le climat plus froid <strong>de</strong> l’étage alpin du Haleakalā (Maui), au contraire, <strong>la</strong>plupart <strong>de</strong>s espèces natives trouvent leurs ancêtres les plus proches aux Amériques, où lesétages d’altitu<strong>de</strong> élevée sont plus fréquents.Même le type <strong>de</strong> milieu a son importance: les c<strong>la</strong>ssifications phytogéographiques ont <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> varier selon qu’on se base sur <strong>de</strong>s types zonaux ou sur <strong>de</strong>s types azonaux,<strong>et</strong> selon <strong>la</strong> nature même du type azonal. On peut expliquer ce<strong>la</strong> par le fait que ces différentshabitats se composent d’espèces à stratégie <strong>de</strong> vie différente (liée à <strong>la</strong> nature écologique <strong>de</strong>l’habitat, à sa distribution <strong>et</strong> à son histoire): par exemple, il est bien connu que les habitatsafroalpins sont davantage peuplés d’espèces à forte dispersabilité par rapport aux habitatssous-jacents (c<strong>et</strong>te remarque vaut <strong>pour</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s habitats ouverts). Ces différences sontd’ailleurs à l’origine d’une discipline distincte en biogéographie, à savoir <strong>la</strong> biogéographie <strong>de</strong>sîles (MACARTHUR & WILSON 1967).D’autre part, il faut être pru<strong>de</strong>nt avec ces notions d’azonalité. Par exemple, en Afrique, bienque l’habitat montagnard soit aujourd’hui réfugié sur les montagnes, dispersées comme autantd’îles dans un océan <strong>de</strong> forêts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine, on sait qu’au <strong>de</strong>rnier maximum g<strong>la</strong>ciaire, <strong>la</strong> situationa pu être inversée. Les habitats montagnards auraient alors pu couvrir <strong>de</strong> plus vastes territoirestandis que les forêts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ines se seraient réfugiées dans les fonds <strong>de</strong> vallées <strong>et</strong> versantsexposés aux brumes, formant à leur tour un habitat insu<strong>la</strong>risé. Par ailleurs, <strong>de</strong>s massifsforestiers hydromorphes peuvent parfois couvrir <strong>de</strong> si vastes territoires, notamment dans lebassin du Congo <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Amazone, que leur nature azonale n’apparaît plus du tout aussiévi<strong>de</strong>nte. C’est ce genre <strong>de</strong> réflexion qui amènent LEIGH & al. (2002) à ne plus parlerd’habitats zonaux <strong>et</strong> azonaux mais plutôt d’habitats fragmentés ou pas (HILL & CURRAN 2003,KELLMAN & al. 1998).B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 77


En fait, chacun <strong>de</strong>s compartiments (taxonomiques <strong>et</strong> autres), tout comme chacune <strong>de</strong>snombreuses métho<strong>de</strong>s récemment développées en biogéographie historique (cf. chapitreI.5.2.1), nous apportent <strong>de</strong>s éléments d’information sur l’histoire <strong>de</strong>s flores <strong>et</strong> végétations.Parfois ces indices se recoupent, parfois ils apportent <strong>de</strong>s informations complémentaires. Il nes’agit donc pas <strong>de</strong> faire un choix ! Chacune <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications réalisables n’est finalementqu’un outil <strong>pour</strong> ém<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s hypothèses. Il convient seulement <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix quant auxmodalités <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> telles c<strong>la</strong>ssifications (cf. chapitre précé<strong>de</strong>nt). DESCOINGS (1976,p.96), nous rappelle que <strong>pour</strong> Fosberg, il est nécessaire d’envisager <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssificationsnombreuses <strong>et</strong> chacune adaptée à une problématique précise.I.5.7 LE PROBLÈME DES LIMITES ENTRE ENSEMBLES PHYTOGÉOGRAPHIQUESOU PHYTOSOCIOLOGIQUESLa distinction <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> végétation le long <strong>de</strong> gradients environnementaux impliqueforcément l’existence d’intermédiaires. Plus un gradient environnemental est concentrégéographiquement, plus c<strong>la</strong>ire sera <strong>la</strong> frontière entre les communautés végétales voisines. Leslimites entre étages altitudinaux sont par exemple moins marquées sur les montagnes dont lesf<strong>la</strong>ncs sont re<strong>la</strong>tivement peu pentus (par exemple <strong>pour</strong> <strong>la</strong> transition entre l’étage montagnardsupérieur <strong>et</strong> l’étage subalpin, sur certaines parties hautes <strong>et</strong> moins pentues <strong>de</strong> <strong>la</strong> dorsalecamerounaise).Un type <strong>de</strong> végétation intermédiaire, ou zone <strong>de</strong> transition, peut se définir comme une unité <strong>de</strong>végétation présentant une très faible originalité par rapport aux zones voisines, situées <strong>de</strong> part<strong>et</strong> d’autre <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> transition sur le gradient environnemental considéré. A l’échelle <strong>de</strong>sphytochories régionales, WHITE (1979) définissait une zone <strong>de</strong> transition comme étant unezone à faible endémisme (cf. chapitre I.5.2.1). Ce <strong>de</strong>rnier insiste d’ailleurs lour<strong>de</strong>ment surl’importance <strong>de</strong> ces zones <strong>de</strong> transition <strong>pour</strong> définir correctement les zones d’endémisme.Par définition, une zone <strong>de</strong> transition partage donc une proportion <strong>de</strong> ses taxons avec chacune<strong>de</strong>s zones voisines. Elle ne peut donc être c<strong>la</strong>ssée objectivement dans aucune <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux c<strong>la</strong>ssesauxquelles appartiennent ces zones voisines. C’est <strong>pour</strong>quoi ceux qui accor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>l’importance aux zones <strong>de</strong> transition rej<strong>et</strong>tent généralement l’idée d’une c<strong>la</strong>ssificationhiérarchique. C’est le cas <strong>de</strong> WHITE (1979) ou encore <strong>de</strong>s partisans du continuum enphytosociologie (Brown, Curtis, Whittaker, in TANGHE 1999). Certains phytosociologues nec<strong>la</strong>ssent plus les relevés en associations rigi<strong>de</strong>s mais rassemblent toutefois les espèces engroupes écologiques. Ils voient alors les communautés végétales comme autant <strong>de</strong>combinaisons uniques, définies selon leur proportion <strong>de</strong>s différents groupes écologiques.C<strong>et</strong>te façon d’envisager les communautés végétales débouche d’ailleurs sur <strong>la</strong> réalité ducontinuum (TANGHE, comm.pers.). A une échelle géographique plus vaste, on peut d’unemanière analogue décrire une phytochorie par son spectre <strong>de</strong>s différents élémentschorologiques. KIER & BARTHLOTT (2001) proposent même une métho<strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> tenircompte <strong>de</strong> manière quantitative du <strong>de</strong>gré d’endémisme <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> ces différents élémentschorologiques.Plusieurs types <strong>de</strong> végétation ou zones géographiques sont souvent considérées comme <strong>de</strong>stypes <strong>de</strong> transition: forêt submontagnar<strong>de</strong>, forêt à tendance hydromorphe, forêt à influencelittorale, forêts <strong>de</strong> l’intervalle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cross river, <strong>et</strong>c.I.5.8 CONCLUSIONS SUR LES CLASSIFICATIONS PHYTOGÉOGRAPHIQUESNous avons vu que les c<strong>la</strong>ssifications phytogéographiques ont été établies <strong>de</strong> manière diverse<strong>et</strong> variée <strong>et</strong> qu’il était possible <strong>de</strong> dégager un certain nombre <strong>de</strong> critères précis utilisés autravers <strong>de</strong> celles-ci. Nous avons ensuite insisté sur l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’échelleB. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 78


géographique en faisant le lien conceptuel entre phytogéographie <strong>et</strong> phytosociologie. Enfinnous sommes arrivés à <strong>la</strong> conclusion que l’intégration <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux disciplines pouvait se fairepar l’é<strong>la</strong>rgissement du concept <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssifications ouvertes tel que présenté par DESCOINGS(1976), c’est-à-dire qu’on s’appuie sur les éléments recueillis <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssificationsagglomératives (du local au régional, en phytosociologie) <strong>pour</strong> améliorer un système <strong>de</strong>c<strong>la</strong>ssification divisive (du global au régional, en phytogéographie).Pour toute espèce, on tente d’i<strong>de</strong>ntifier son type chorologique (selon une c<strong>la</strong>ssification zonaleque nous allons donc tester, cf. chapitre II.4.2) <strong>et</strong> son endémisme par rapport à celui-ci. Ceciperm<strong>et</strong> <strong>de</strong> dresser le spectre <strong>de</strong>s éléments chorologiques d’une région donnée mais <strong>la</strong>particu<strong>la</strong>rité est <strong>de</strong> calculer ce spectre en utilisant uniquement les espèces non azonales, d’unepart, ou azonales <strong>pour</strong> un seul facteur, d’autre part, ce qui implique <strong>de</strong> filtrer les espèces par" groupes écologiques ". Ces groupes écologiques sont déterminés par <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong>saffinités aux différents facteurs d’azonalité avec <strong>la</strong> physionomie générale <strong>de</strong> l’habitat. Ceciperm<strong>et</strong> <strong>de</strong> comparer une région très dégradée par l’homme avec une région peu touchée, ensupprimant le groupe <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong> forêts secondarisées.L’autre solution envisagée est <strong>de</strong> filtrer les stations plutôt que les espèces. Comme <strong>pour</strong> lesespèces, il est possible d’i<strong>de</strong>ntifier le type d’habitat d’une station par combinaison <strong>de</strong> <strong>la</strong>physionomie générale <strong>de</strong> sa végétation avec les principaux facteurs sources d’azonalité. Enpratique c<strong>et</strong>te opération est rendue possible soit par <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription détaillée par le collecteur oule scientifique ayant étudié <strong>la</strong> zone en détail, soit par une connaissance suffisante <strong>de</strong>s espècesclés signalées. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire <strong>de</strong> filtrer les espèces: on fait <strong>de</strong>scomparaisons entre régions en ne considérant que <strong>de</strong>s stations comparables (homologues)entre elles. On peut toutefois filtrer les espèces par ensembles structuraux si toutes lesdonnées sources ne sont pas basées sur les mêmes strates.On peut encore analyser les données <strong>de</strong> façon analogue à <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à l’échellelocale, en phytosociologie. En eff<strong>et</strong>, en phytosociologie, on définit d’abord un certain nombre<strong>de</strong> situations homogènes par rapport aux gradients majeurs (par exemple dans <strong>la</strong> présenteétu<strong>de</strong>: forêts littorales, orientales, submontagnar<strong>de</strong>s, influences hydromorphes, <strong>et</strong>c.) qu’oninventorie alors séparément <strong>et</strong>, par après, on recherche les liens (écologiques <strong>et</strong> autres) entrecelles-ci. On peut donc, <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière, ne pas faire spécialement <strong>de</strong>s analyses type partype (comme nous venons <strong>de</strong> le suggérer plus haut) mais plutôt faire une analyse avec toutesles données en traitant chaque région comparée non pas comme un seul lot <strong>de</strong> données,contenant plusieurs influences azonales, mais comme plusieurs " relevés " correspondantchacun aux différentes influences. On aura par exemple les " relevés " <strong>de</strong>s espècessecondaires du secteur bas-guinéen at<strong>la</strong>ntique, celui <strong>de</strong>s espèces submontagnar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cemême secteur, <strong>et</strong>c., celui <strong>de</strong>s espèces secondaires du secteur bas-guinéen continental, celui<strong>de</strong>s espèces submontagnar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier secteur, <strong>et</strong>c., comme autant <strong>de</strong> communautésvégétales à comparer les unes aux autres dans une analyse commune. Si on calcule lesdistances floristiques par exemple (Sorensen, <strong>et</strong>c.), on m<strong>et</strong>tra peut-être en évi<strong>de</strong>nce lesprincipales branches du <strong>de</strong>ndrogramme <strong>de</strong> ressemb<strong>la</strong>nce (entre communautés végétales) enrapport avec les principaux facteurs d’azonalité (secondaire, submontagnard, <strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> lesramifications en rapport avec les variations zonales <strong>de</strong>s types azonaux.Dans <strong>la</strong> présente étu<strong>de</strong>, nous développerons plus avant ces réflexions méthodologiques enappliquant les principes exposés au cas d’une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s variations zonales d’un type d’habitatazonal particulier, à savoir les forêts submontagnar<strong>de</strong>s, en re<strong>la</strong>tion avec les principaux typeszonaux connus d’après <strong>la</strong> littérature.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.5 79


I.6 Les types forestiers tropicaux d’altitu<strong>de</strong>Depuis les premières explorations du XIX ème siècle sur les hautes montagnes d’Afrique, 1esrégions montagneuses ont toujours fasciné les naturalistes <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong> <strong>et</strong> par conséquent<strong>la</strong> littérature est abondante sur ce suj<strong>et</strong>. Toutefois, <strong>la</strong> flore <strong>de</strong> ces régions commence à peine àêtre mieux connue. D’une part, celle-ci a surtout été étudiée <strong>de</strong>puis le début du XX ème sièclealors que <strong>la</strong> flore <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ines d’Afrique tropicale l’est <strong>de</strong>puis le milieu du XVIII ème siècle.D’autre part, l’isolement <strong>de</strong>s massifs montagneux va <strong>de</strong> pair avec l’isolement <strong>de</strong>s botanistesqui les étudient, ce qui a gran<strong>de</strong>ment contribué à un certain désordre taxonomique dans lesflores montagnar<strong>de</strong>s, avec bon nombre d’espèces décrites plusieurs fois sous <strong>de</strong>s nomsdifférents (BOUGHEY 1955b).Dans un premier temps, ce sont surtout les végétations herbacées <strong>et</strong> arbustives <strong>de</strong>s plus hautssomm<strong>et</strong>s qui ont attiré l’attention (étages alpin <strong>et</strong> subalpin). Premièrement parce qu’ons’intéresse toujours en premier aux contrastes les plus marqués, aux choses les plus rares <strong>et</strong>les plus spectacu<strong>la</strong>ires, mais aussi sans doute parce que <strong>la</strong> présence inattendue d’espèces àaffinité tempérée, très familières aux botanistes européens, posait une question d’ordrephytogéographique absolument passionnante <strong>et</strong> faisant d’ailleurs toujours l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreuxdébats. Il y a aussi bien sûr les cas <strong>de</strong> gigantisme observés sur ces îlots d’altitu<strong>de</strong> comme lesSéneçons <strong>et</strong> Lobelia arborescents en Afrique centrale, les Espel<strong>et</strong>ia <strong>et</strong> autres Puya dans lesAn<strong>de</strong>s ou encore les Sabres d’argent (Argyroxiphium sandwicense) aux îles Hawai’i, toutes <strong>de</strong><strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s Astéracées mis à part les Puya (Broméliacées) <strong>et</strong> les Lobelia (Lobéliacées).Depuis maintenant une vingtaine d’années, les forêts <strong>de</strong> montagnes, sous-jacentes à c<strong>et</strong> étagemajoritairement herbacé <strong>de</strong>s somm<strong>et</strong>s, font l’obj<strong>et</strong> d’un intérêt sans cesse croissant. On savaitdéjà <strong>de</strong>puis longtemps que celles-ci présentaient <strong>de</strong>s caractéristiques elles aussi tout à faitexceptionnelles <strong>et</strong> notamment une très importante diversité, en partie due aux nombreusesespèces d’épiphytes, caractérisée par un très haut taux d’endémisme. Ces forêts jouent parailleurs un rôle important dans l’approvisionnement en eau <strong>de</strong> certaines régions <strong>et</strong> constituentl’habitat <strong>de</strong> nombreuses espèces animales rares (BRUIJNZEEL & HAMILTON 2000), dont legorille <strong>de</strong>s montagnes en Afrique.Mais ce n’est que récemment donc qu’on a réalisé à quel point ces forêts étaient menacées parles activités humaines, <strong>de</strong> manière directe mais aussi indirecte en raison <strong>de</strong>s prévisions quantau réchauffement climatique (BUSH 2002).C<strong>et</strong> intérêt croissant fut marqué en 1993 par l’organisation d’un Congrès internationalentièrement consacré aux forêts <strong>de</strong> nuages, tenu à Puerto Rico (HAMILTON & al. 1995). Ildonna lieu à <strong>la</strong> création <strong>de</strong> plusieurs groupes <strong>de</strong> recherche, tels que le Tropical MontaneCloud Forest Initiative (TMCF), encadrés par le programme <strong>de</strong>s Nations Unies <strong>pour</strong> <strong>la</strong>conservation <strong>de</strong> l’environnement (UNEP-WCMC). C’est ainsi par exemple que fut réaliséeune carte <strong>de</strong> distribution potentielle <strong>de</strong>s forêts montagnar<strong>de</strong>s du globe (Fig.21) en se basantsur <strong>la</strong> réunion <strong>de</strong> plusieurs critères: présence <strong>de</strong> forêts (par données satellitaires), altitu<strong>de</strong>comprise entre 1000 <strong>et</strong> 3500m <strong>et</strong> pente supérieure à une certaine valeur (HANSEN & al. 2000).En Afrique, les forêts <strong>de</strong> montagne sont essentiellement concentrées dans l’Est du continent.Au cours <strong>de</strong> ce chapitre, nous présenterons dans un premier temps les principales régionsmontagneuses en Afrique en rapport avec les principaux chercheurs qui les ont étudiées enparticulier. Ensuite nous tenterons <strong>de</strong> faire notre propre synthèse <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>l’étagement <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 80


Fig.21 Distribution mondiale <strong>de</strong>s forêts tropicales (<strong>et</strong> subtropicales) humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> montagne entre 1000 <strong>et</strong> 3500md’altitu<strong>de</strong>, d’après HANSEN & al. (2000) sur base <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l’UNEP-WCMC (United Nations EnvironmentProgramme-World Conservation Monitoring Centre).I.6.1DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES RÉGIONS MONTAGNEUSES ENAFRIQUELes scientifiques qui se sont intéressés aux régions montagneuses d’Afrique ont bien souventcommencé par c<strong>la</strong>sser celles-ci d’un point <strong>de</strong> vue géographique, en ensembles <strong>et</strong> sousensembles.La plupart <strong>de</strong>s auteurs distinguent généralement 2 principaux ensembles: d’unepart les hautes montagnes d’Afrique <strong>de</strong> l’Est <strong>et</strong> du Sud, d’autre part les massifs d’Afrique <strong>de</strong>l’Ouest. WHITE, dans sa synthèse <strong>de</strong> 1978a sur <strong>la</strong> région afromontagnar<strong>de</strong>, définit 7Fig.22 Systèmes montagnards régionaux définis par White(1978) <strong>pour</strong> l’Afrique tropicale." systèmes montagnards régionaux "(Fig.22). Les 6 premiers systèmess’étalent <strong>de</strong>puis l’Ethiopie jusqu’àl’Afrique du Sud, tandis que le <strong>de</strong>rnierinclut l’ensemble <strong>de</strong>s massifs ouestafricains.Nous insistons sur le fait,trop souvent ignoré, que les systèmesdéfinis par WHITE le sont sur une basepurement géographique (WHITE1978a). Il s’agit d’une c<strong>la</strong>ssification<strong>de</strong>s principaux massifs montagneux engroupes <strong>de</strong> somm<strong>et</strong>s plus ou moinsséparés les uns <strong>de</strong>s autres par <strong>de</strong>s zonesglobalement plus basses.MORTON (1972), dans son étu<strong>de</strong>détaillée du système ouest-africain,distingue lui-même 4 " systèmes " surune base tout aussi géographique queWHITE:-le système camerounais (montCameroun, Bioko, chaînes <strong>de</strong>B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 81


l’Adamawa <strong>et</strong> <strong>de</strong> Mandara, p<strong>la</strong>teau du Bautchi <strong>et</strong> certains somm<strong>et</strong>s isolés tels que les collinesd’Idanre, au centre-sud du Nigeria) ;-le système du Togo<strong>la</strong>nd (<strong>de</strong>puis les monts Togo <strong>et</strong> Agou jusqu’à leur extension Nord dans lemassif d’Atakora, <strong>et</strong> vers l’est dans les collines du Shai <strong>et</strong> <strong>la</strong> chaîne d’Atewa, MORTON1961) ;-le système guinéen (dorsale du Fouta Djalon <strong>et</strong> dorsale Loma-Man) ;-le système <strong>de</strong>s îles océaniques <strong>de</strong> São Tomé <strong>et</strong> Principe.Deux problèmes se posent dans les c<strong>la</strong>ssifications présentées. Premièrement, certains massifsn’y sont pas repris bien que l’étage montagnard y soit développé. C’est le cas notamment dugrand escarpement angolo-namibien. De même, les massifs centraux sahariens possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>sreliques <strong>de</strong> groupements montagnards mais ne sont pas évoqués. On se rappelle en eff<strong>et</strong> queWhite a parfois hésité à inclure certains massifs, par exemple le Drakensberg (GRIMSHAW2001). Deuxièmement, les massifs d’Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique situés au sud du Cameroun,d’altitu<strong>de</strong> moindre, ne sont pas envisagés par les <strong>de</strong>ux auteurs cités <strong>pour</strong> <strong>la</strong> raison qu’on n’ytrouve guère qu’une végétation submontagnar<strong>de</strong>, que ces <strong>de</strong>rniers préfèrent rattacher auxtypes <strong>de</strong> basse <strong>et</strong> moyenne altitu<strong>de</strong>s. Mais dans c<strong>et</strong>te logique, il ne faudrait gar<strong>de</strong>r du systèmeouest-africain que <strong>la</strong> dorsale camerounaise puisque dans les dorsales guinéennes occi<strong>de</strong>ntales,le Togo<strong>la</strong>nd ou encore Príncipe (toutes d’altitu<strong>de</strong> inférieure, dépassant à peine les 1000m), lescommunautés montagnar<strong>de</strong>s ne représentent qu’un élément marginal principalement dispersésur les crêtes rocheuses, dans les zones dégradées <strong>et</strong> sur sols superficiels. Rajoutons que,d’une part, ces groupements montagnards marginaux se r<strong>et</strong>rouvent en position simi<strong>la</strong>ire(marginale), bien que plus rares, sur les crêtes <strong>et</strong> massifs du sud du Cameroun au Nord <strong>de</strong>l’Ango<strong>la</strong>, en passant par <strong>la</strong> Guinée Equatoriale <strong>et</strong> le Gabon (LETOUZEY 1968, PARMENTIER &MALEY 2001). D’autre part, étant donné le manque <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong>s sur le statut <strong>de</strong>s forêtssubmontagnar<strong>de</strong>s par rapport aux forêts montagnar<strong>de</strong>s, il nous semble utile d’é<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong>c<strong>la</strong>ssification à toutes les zones d’altitu<strong>de</strong> <strong>pour</strong> lesquelles une végétation au moinssubmontagnar<strong>de</strong> est signalée.La synthèse proposée ci-<strong>de</strong>ssous s’inscrit dans <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> WHITE (1978a), c’està-diresur une base purement géographique. Elle tient compte <strong>de</strong>s auteurs précités, d’autrestravaux <strong>de</strong> référence tels que ceux <strong>de</strong> SCHNELL (1977) <strong>et</strong> <strong>de</strong> HEDBERG (1951) ainsi que <strong>de</strong>travaux purement géographiques (WAUTHY 1983) <strong>et</strong> m<strong>et</strong> l’accent sur l’Afrique centraleat<strong>la</strong>ntique, au centre <strong>de</strong> nos préoccupations. Parmi les autres documents traitant <strong>de</strong>s aspectsmontagnards à l’échelle <strong>de</strong> l’Afrique ou au-<strong>de</strong>là citons encore BOUGHEY (1955b, 1965),GRIMSHAW (2001), LOVETT & WASSER (1993), WHITE (1983a), TROCHAIN (1980, p.380)Tab.17 C<strong>la</strong>ssification géographique hiérarchisée <strong>de</strong>s principaux massifs montagneux d’Afrique. Les référencesbibliographiques en italiques n’ont été consultées que <strong>de</strong> manière indirecte au travers d’autres travaux. Les nomsdonnés aux différents niveaux hiérarchiques (ensembles, systèmes, districts <strong>et</strong> massifs montagneux) n’ont rien <strong>de</strong>plus qu’une valeur pratique.1. Afrique basse, occi<strong>de</strong>ntale <strong>et</strong> centrale Références1.1. Dorsales zonales <strong>et</strong> bastions (Ensemble)= West-African System <strong>de</strong> White (1978a)Morton (1961, 1972), Thomas & Achoundong (1994)1.1.1. Dorsale Guinéenne (Système) Schnell (1977)1.1.1.1. Fouta Djalon (District)(1) massif du Fouta Djalon Schnell (1977)1.1.1.2. Dorsale Loma-Man (District) Aké-Assi & Pócs (1983, Mt. Tonkoui)(2) massif du mont Loma Jaeger (1976, 1979, 1983)(3) massif du Fon, Simandou <strong>et</strong> Ziama Schnell (1977)B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 82


(4) massif du mont Nimba Lamotte (1998), Schnell (1952b), Jaeger & Adam (1975)(5) massif <strong>de</strong> Man Schnell (1977)1.1.1.3. Pock<strong>et</strong> Hill Peninsu<strong>la</strong> (District)(6) Pock<strong>et</strong> Hill Peninsu<strong>la</strong>1.1.2. West-African outliers (Système)1.1.2.1. Togo<strong>la</strong>nd (District) Morton (1961, 1972)(8) Atewa, Range(9) Shai, Hills(10) Togo <strong>et</strong> Agou, Monts Akpagana (1992)1.1.2.2. Idanre hills (District) Richards (1957)(11) Orosun Mountain1.1.3. Dorsale du p<strong>la</strong>teau <strong>de</strong> Jos (Système)(12) Jos, P<strong>la</strong>teau Hall (1971)(13) At<strong>la</strong>ntika, Monts1.1.4. Dorsale Camerounaise (Système) L<strong>et</strong>ouzey (1968), Keay (1955), Tardieu-Blot & al. (1949)1.1.4.1. Soudanian (District) Hall (1971)(14) Vogel Peak, Massif Hepper (1965), Hall (1971)(15) Adamawa, Massif L<strong>et</strong>ouzey (1968)(16) Mambi<strong>la</strong>, P<strong>la</strong>teau Hepper (1966), Hall (1971), Sessions & Chapman (2003)1.1.4.2. Guinean (District) McKey (2000), Benl (1977)(17) Oku, Mount (<strong>et</strong> Ijim Ridge) Cheek & al. (2000)(18) Mbepit, Massif du L<strong>et</strong>ouzey (1968)(19) Obudu, P<strong>la</strong>teau Hall (1971), Hall & Medler (1975), Comiskey & al. (2003)(20) Bamboutos, Chaîne <strong>de</strong>s (Massif <strong>de</strong> Bamenda) Portère (1946, in L<strong>et</strong>ouzey 1968)(21) Bana, Massif du Mont L<strong>et</strong>ouzey (1968)(22) Nantchéré, Colline L<strong>et</strong>ouzey (1968)(23) Nta Ali, crêtes Noumi (in prep., Kouoghap, au Sud <strong>de</strong> <strong>la</strong> dorsale)(24) Manenguba Mount, Massif (Kupe <strong>et</strong> Nlonako) L<strong>et</strong>ouzey (1968)(25) Oban, Massif <strong>de</strong> <strong>la</strong> région d' L<strong>et</strong>ouzey (1968)(26) Korup N.P., Western Massif of Newbery & Gart<strong>la</strong>n (1996), Thomas & al. (2003)(27) Rumpi, Hills (Eastern Korup N.P.) L<strong>et</strong>ouzey (1968)(28) Crêtes du SE <strong>de</strong> <strong>la</strong> dorsale Camerounaise(29) Cameroun, Mont (<strong>et</strong> Mont Etin<strong>de</strong>)Hall (1973), Tchouto & al. (1999), Cable & Cheek (1998),Boughey (1955ab), Richards (1963)(30) Bioko Adams (1957), Monod (1960)1.1.5. Iles océaniques (Système) Monod (1960)(31) Príncipe(32) São Tomé Monod (1960)1.1.6. Chaînes méridiennes <strong>de</strong>s Monts <strong>de</strong> Cristal, du Chaillu <strong>et</strong> du Mayombe (Système)1.1.6.1. Chaînes at<strong>la</strong>ntiques (District) Christy & al. (2003, p.53)(33) Crêtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> faça<strong>de</strong> altantique du Sud-Cameroun(34) Campo-Ma'an, massifs <strong>de</strong> Lolodorf Tchouto (2004), Van Gemer<strong>de</strong>n & Hazeu (1999, p.62)(35) Alén <strong>et</strong> Mitra, Monts <strong>de</strong>(36) Cristal, Monts <strong>de</strong> Obiang (2003)(42) Koumounabwali-Tchimbele, Massifs <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong>1.1.6.2. Massif du Chaillu (District) Christy & al. (2003, p.53)(37) Massifs <strong>de</strong> l'Ogooué-Ivindo (Lopé, Casque, Abeilles)(38) Chaillu, Massif du White & Abern<strong>et</strong>hy (1996, p.212, <strong>la</strong> Lopé)(39) Chaillu, Massif du (extension congolo-ango<strong>la</strong>ise) Airy Shaw (1947)(40) Massifs <strong>de</strong> l'intérieur du Bas-ZaïreB. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 83


1.1.6.3. Chaînes at<strong>la</strong>ntiques littorales (District) Gill<strong>et</strong> & al. (2003ab)(43) Massif du Kouilou <strong>et</strong> Bas-Zaïre Lubini (1997), Dows<strong>et</strong>t-Lemaire (1991)(44) Doudou, Massif <strong>de</strong>s Monts Sosef & al. (2004)(45) Mayumba, Massifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Gill<strong>et</strong> & al. (2003b), Pellegrin (1924)1.1.6.4. Hauts p<strong>la</strong>teaux continentaux du S <strong>de</strong> <strong>la</strong> DorsaleCamerounaise (District)(46) Crêtes du NE-Gabon (Bélinga <strong>et</strong>c.) Hallé & al. (1967)(48) Grand escarpement d'Odza<strong>la</strong>(49) P<strong>la</strong>teaux intérieurs camerounais (Cameroonian Inter<strong>la</strong>nd) Achoundong (1985), Noumi (1998)(50) P<strong>la</strong>teaux intérieurs <strong>de</strong> Guinée Equatoriale <strong>et</strong> du Nord-Gabon(51) Collines basses <strong>de</strong> l'intérieur du Gabon1.1.7. Dorsale Oubanguienne (Système)(53) Bourrel<strong>et</strong> N cuv<strong>et</strong>te congo<strong>la</strong>ise1.2. Massifs centraux sahariens (Ensemble) Schnell (1977)1.2.1. Massifs centraux sahariens (Système)(65) Darfour(66) Hoggar(67) Tibesti2. Afrique haute, australe <strong>et</strong> orientale2.1. Méridional (Ensemble)2.1.1. Drakensberg (Système) White (1978a)(59) Drakensberg Dupreez & Bre<strong>de</strong>nkamp (1991), Dupreez & al. (1991)2.1.2. Grand escarpement angolo-namibien (Système) Airy Shaw (1947), Grandvaux Barbosa (1970)(62) Massif N-Ango<strong>la</strong>is(61) Grand escarpement angolo-namibien2.1.3. Chimanimani (Système) Wild (1964) <strong>et</strong> Phipps & Goodier (1962), in White (1978a)(58) Chimanimani2.1.4. P<strong>la</strong>teaux du haut Zambèze (Système)(57) P<strong>la</strong>teaux du haut Zambèze2.1.5. Hauts p<strong>la</strong>teaux Ango<strong>la</strong>is (Système)(63) Hauts p<strong>la</strong>teaux Ango<strong>la</strong>is2.1.6. Damara<strong>la</strong>nd <strong>et</strong> Namaqua<strong>la</strong>nd (Système)(60) Damara<strong>la</strong>nd <strong>et</strong> Namaqua<strong>la</strong>nd2.1.7. Hauts p<strong>la</strong>teaux tabu<strong>la</strong>ires bordant le S <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuv<strong>et</strong>te congo<strong>la</strong>ise (Système)(64) Bourrel<strong>et</strong> S cuv<strong>et</strong>te congo<strong>la</strong>ise2.2. Oriental (Ensemble) Hedberg (1951), Bussmann (2001)2.2.1. Ethiopien (Système)Lov<strong>et</strong>t & Friis (1996), Friis & Mesfin Ta<strong>de</strong>sse (1990),Lov<strong>et</strong>t & Wasser 1993)(52) Ethiopien Friis & Lawesson (1993)2.2.2. Imatongs-Usambara (Système)Hemp (2002), Lov<strong>et</strong>t (1993), Huang & al. (2003), Hitimana& al. (2004), Mathooko & Kariuki (2000)(55) Imatongs-UsambaraGrimshaw (2001), Lov<strong>et</strong>t & Friis (1996), Lov<strong>et</strong>t & Thomas(1988, N-Nguru)2.2.3. Kivu-Ruwenzori (Système)Lebrun (1935), Hamilton (1975), Eilu & al. (2004), Lejju(2004), Snow<strong>de</strong>n (1933), Lebrun (1960ab), Pierlot (1966)Hashimoto & al. (1999, Kalinzu), Poulsen (1997), Poulsen(54) Kivu-Ruwenzori& al. (2005), Habiyaremye (1997), Habiyaremye & Lejoly(1994), Plumptre & al. (2002, 2003)2.2.4. Uluguru-M<strong>la</strong>nge (Système) Chapman & White (1970), Dows<strong>et</strong>t-Lemaire (1990)(56) Uluguru-M<strong>la</strong>nge Pócs (1976), Beard (1997)B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 84


Remarques sur <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification présentée:La définition <strong>de</strong>s " zones <strong>de</strong> montagnes " est couramment basée sur 2 critères: l’altitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong>pente (WAUTHY 1983, BRUIJNZEEL & HAMILTON 2000). Les hauts p<strong>la</strong>teaux à <strong>la</strong>rge étenduegéographique, non découpés par <strong>de</strong>s ravins <strong>et</strong> pentes fortes, sont ainsi généralement exclus.Certains <strong>de</strong>s systèmes inclus dans notre c<strong>la</strong>ssification, tels que les hauts p<strong>la</strong>teaux du bouclierSud-Africain, sont donc discutables. Toutefois, <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions montagnar<strong>de</strong>s relictuelles ousatellites y subsistent tout comme sur les massifs centraux sahariens.C<strong>et</strong>te c<strong>la</strong>ssification peut servir <strong>de</strong> base à une série <strong>de</strong> comparaisons <strong>de</strong>s différents élémentsgéographiques montagnards, à différentes échelles (ensemble, système, districtorographiques), sur base <strong>de</strong> leur flore <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur végétation (comparaisons étage par étage).Parmi les autres références consultées <strong>et</strong> traitant <strong>de</strong> l’étagement en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’Afrique, onpeut citer les plus intéressantes:-GIODA & al. (1993) aux Canaries,-JEFFREY (1968) aux Seychelles (étage submontagnard à Northea, Sapotaceae, Cyathea,Pandanus),-SRI-NGERNYUANG & al. (2003), OHSAWA (1993), RICHARDS (1936) <strong>pour</strong> l’Asie,-VAN STEENIS (1935), PENDRY & PROCTOR (1997), KITAYAMA (1992), PROCTOR & al. (1988),AIBA & al. (2004) <strong>pour</strong> <strong>la</strong> Ma<strong>la</strong>isie,-HAMANN & al. (1999) aux Philippines, -WEBB (1959) en Australie,-MUELLER-DOMBOIS & FOSBERG (1998) <strong>pour</strong> <strong>la</strong> région polynésienne,-CHURCHILL & al. (1993), SEIFRIZ (1943), ISAAC & BOURQUE (2001), BUSSMANN (2003),SAFFORD (1999), TABARELLI & MATOVANI (2000) en région néotropicale.Fig.23 Principauxsystèmes montagneux<strong>et</strong> emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>smassifs les plusconnus en Afriqu<strong>et</strong>ropicale (d’aprèsSCHNELL 1977, p.91).A-régions à plus <strong>de</strong>2000m d’altitu<strong>de</strong>.B-régions à plus <strong>de</strong>1000m d’altitu<strong>de</strong>C-courbe <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong>500m.Le détail <strong>de</strong>s massifsmontagneuxd’Afrique centraleat<strong>la</strong>ntique est donné à<strong>la</strong> Fig.76.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 85


I.6.2LES ÉTAGES ALTITUDINAUX DE VÉGÉTATION EN MILIEU TROPICALFORESTIERPourquoi donc avons-nous décidé <strong>de</strong> consacrer un chapitre à l’étagement <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétationalors que nos inventaires ne dépassent pas les 1300m d’altitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> qu’ils ne représentent que<strong>de</strong>ux étages <strong>de</strong> végétation ? Notre zone d’étu<strong>de</strong> a comme particu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> contenir l’un <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rniers massifs importants <strong>et</strong> parfaitement conservés <strong>de</strong> végétation submontagnar<strong>de</strong> sous unclimat humi<strong>de</strong> particulièrement propice à son développement (cf. IV.3). Nous avons doncpensé qu’à <strong>la</strong> lueur <strong>de</strong> nos observations (qui jusqu’ici manquaient dans les étu<strong>de</strong>s africainesmenées sur l’étagement), il était au moins possible <strong>de</strong> compléter les définitions <strong>de</strong>s étages. Parailleurs, nous avons déjà insisté sur le fait que <strong>pour</strong> décrire correctement notre étagesubmontagnard, il nous fal<strong>la</strong>it absolument disposer d’observations sur les forêts <strong>de</strong>nses <strong>de</strong>sp<strong>la</strong>ines sous-jacentes à celui-ci. Pour <strong>la</strong> même raison, il était bon <strong>de</strong> comparer nosobservations <strong>de</strong> forêt submontagnar<strong>de</strong> avec l’étage qui vient après, montagnard, tel qu’il peutêtre observé le plus près possible <strong>de</strong> notre zone d’étu<strong>de</strong>, au Mont Cameroun.I.6.2.1 IntroductionLorsqu’on s’intéresse aux végétations tropicales d’altitu<strong>de</strong> en particulier (<strong>et</strong> aux végétationstropicales en général), il existe un certain nombre <strong>de</strong> travaux qui constituent un passage obligé<strong>et</strong> dont font partie les nombreux ouvrages <strong>de</strong> synthèse <strong>de</strong> SCHNELL. Pour ce qui est <strong>de</strong>l’étagement altitudinal, ce <strong>de</strong>rnier (1976) a synthétisé l’essentiel <strong>de</strong>s informations disponibles<strong>pour</strong> l’Afrique, massif par massif, en se basant sur les quelques tentatives <strong>de</strong> synthèses quiavaient déjà eu lieu avant (BOUGHEY 1955ab, HEDBERG 1951) <strong>et</strong> sur les nombreuses étu<strong>de</strong>splus localisées. Il présente par ailleurs un schéma général comparant l’étagement sur leshautes montagnes <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong>, ce qui nous semble être une bonne introduction (Fig.24).Plusieurs remarques ressortent d’emblée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fig.24. Bien qu’on r<strong>et</strong>rouve une certainehomologie, parfois très forte, entre l’étagement sur les différents continents, il existe unegran<strong>de</strong> variabilité dans <strong>la</strong> nomenc<strong>la</strong>ture <strong>de</strong>s étages <strong>de</strong> végétation ainsi que sur les valeurs <strong>de</strong>sintervalles. Par ailleurs les définitions utilisées <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s étages homologues (par exemplel’ericaceas scrub d’Afrique orientale <strong>et</strong> le ceja scrub du Pérou) sont elles aussi très variables <strong>et</strong>se basent tantôt sur <strong>de</strong>s critères physionomiques (WEBB 1959), tantôt sur <strong>de</strong>s critèresphytosociologiques (LEBRUN 1960ab) <strong>et</strong> parfois sur base <strong>de</strong> critères phytogéographiques(affinités floristiques, WHITE 1978a) voire même conceptuels (étage n°1 = submontagnard,n°2 = ...).Afin <strong>de</strong> mieux se rendre compte <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te variabilité, le mieux est <strong>de</strong> se concentrer sur unerégion beaucoup plus limitée <strong>et</strong> que l’on peut être à même <strong>de</strong> mieux cerner. Si on se concentresur les principaux massifs montagneux d’Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique (dorsale camerounaisejusqu’au Mont Cameroun <strong>et</strong> Bioko), on se rend vite compte que <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s botanistesayant essayé <strong>de</strong> définir l’étagement <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation ont bien souvent décrit <strong>de</strong>s chosesquelque peu différentes même au sein d’un même massif <strong>et</strong> sur le même f<strong>la</strong>nc. Selon nous, <strong>la</strong>fréquence <strong>de</strong> ce type d’incohérences traduit un certain manque conceptuel sur <strong>la</strong> manièred’envisager les étages. Bien sûr il existe indéniablement une myria<strong>de</strong> <strong>de</strong> facteurs qui jouentsur le nombre d’étages <strong>et</strong> leur intervalle, mais il nous semble que certaines règles généralesdoivent pouvoir être dégagées. C’est un peu le même problème que celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>sstrates en forêt: certains y voient un continuum sans strates objectives tandis que d’autresdéfinissent <strong>de</strong>s strates sur base d’intervalles <strong>de</strong> hauteur qui varient entre types forestiers maisaussi entre botanistes <strong>pour</strong> un même type forestier. LEBRUN (1960ab) a par exemple montréqu’il existe un continuum d’espèces à amplitu<strong>de</strong> altitudinale différente mais selon nous c<strong>et</strong>B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 86


apparent continuum (certes bien réel <strong>pour</strong> certaines espèces) peut en gran<strong>de</strong> partie s’expliquerpar <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> transgression d’un étage à l’autre à <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong> compensationsécologiques, soit édaphiques (sols rocheux, aci<strong>de</strong>s, <strong>et</strong>c.), soit dynamiques (chablis, voirenotamment les espèces pionnières <strong>de</strong> liaison <strong>de</strong> WHITE 1978a). Dans le chapitre qui suit, nousavons tenté <strong>de</strong> rappeler <strong>et</strong> parfois <strong>de</strong> préciser les facteurs responsables <strong>de</strong> <strong>la</strong> variabilité <strong>de</strong>l’étagement <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation.Fig.24 Etagement sur les hautes montagnes du mon<strong>de</strong> tropical: synthèse <strong>de</strong> SCHNELL (1977, p.97) sur base <strong>de</strong>stravaux <strong>de</strong> Van Steenis (région ma<strong>la</strong>ise), Hedberg (Afrique orientale), Cuatrecasas (Colombie), Weber-Bauer <strong>et</strong>Troll (Pérou <strong>et</strong> Bolivie), Troll & al. (Mexique), Schweinfurth (Hima<strong>la</strong>ya oriental) <strong>et</strong> Engler & al. (Hawai’i).A-étage <strong>de</strong>s bambous, B-étage à Ericaceae, C-étage supérieur sub-désertique, D-neiges éternelles, E-étage àHypericum, F-limite <strong>de</strong>s neiges (snow line), G-limite <strong>de</strong>s arbres (timber line ou tree line), H-limite supérieure <strong>de</strong><strong>la</strong> forêt (forest line).I.6.2.2 Problèmes liés à <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s étages altitudinauxIl est généralement admis que le principal facteur responsable <strong>de</strong> l’étagement est <strong>la</strong>température (BOUGHEY 1955ab, TROCHAIN 1980, p.375). Tant <strong>et</strong> si bien que plusieurschercheurs ont défini les étages <strong>de</strong> végétation non seulement en termes d’intervalles d’altitu<strong>de</strong>mais aussi en termes d’intervalles <strong>de</strong> température (VAN STEENIS 1935, BRUIJNZEEL &HAMILTON 2000, LIETH & WERGER 1989, Holdridge 1947 in ISAAC & BOURQUE 2001), ensupposant que ces <strong>de</strong>rnières représentaient une définition plus générale que l’altitu<strong>de</strong> (<strong>pour</strong><strong>la</strong>quelle les bornes varient justement d’une région plus chau<strong>de</strong> à une région plus froi<strong>de</strong>). PourBRUIJNZEEL & HAMILTON (2000), le passage <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine à <strong>la</strong> forêt submontagnar<strong>de</strong>(<strong>pour</strong> lesquelles il donne le terme assez mal choisi <strong>de</strong> " lower montane forest ") se fait lorsque<strong>la</strong> température moyenne <strong>de</strong>scend en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s 18°C, ce qui selon les mêmes auteurs peut seproduire à altitu<strong>de</strong> plus élevée (vers 1200-1500m) sur les grands massifs continentaux.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 87


Le <strong>de</strong>uxième critère généralementadmis comme déterminant est le tauxd’humidité <strong>de</strong> l’air (GRIMSHAW 2001).Pour <strong>de</strong>ux régions à même températuremoyenne, plus l’air est humi<strong>de</strong>, moinscelui-ci <strong>de</strong>vra s’élever <strong>pour</strong> atteindrel’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> con<strong>de</strong>nsation. Ce critèrecombiné au précé<strong>de</strong>nt explique<strong>pour</strong>quoi on peut observer <strong>de</strong>s forêtssubmontagnar<strong>de</strong>s à seulement 300-500m d’altitu<strong>de</strong> sur les îles (JEFFREY1968, aux Seychelles) ou en régionslittorales (SOSEF & al. 2004). LaFig.25 montre que <strong>pour</strong> les régionsplus sèches, <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> maximum <strong>de</strong>pluviosité se situe à une altitu<strong>de</strong> plusélevée que <strong>pour</strong> une région humi<strong>de</strong>.Sous climat hyperhumi<strong>de</strong>, c<strong>et</strong>te zonepeut même se trouver au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong>p<strong>la</strong>ine.Fig.25 Evolution <strong>de</strong>s précipitations en fonction <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong>,<strong>pour</strong> <strong>de</strong>s climats hyperhumi<strong>de</strong>s (Mont Cameroun) à secs. Lazone <strong>de</strong> maximum <strong>de</strong> pluviosité est indiquée en hachuré.(tiré <strong>de</strong> LIETH & WERGER, 1989, p.31)Distance à l’océan <strong>et</strong> eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> foehnA mesure qu’on s’éloigne <strong>de</strong> l’océan, ou d’une source importante d’humidité en général(grands <strong>la</strong>cs, ...), l’air se décharge progressivement <strong>de</strong> son humidité <strong>et</strong> ce en particulier si surson passage il rencontre <strong>de</strong>s masses montagneuses. Pour les montagnes suffisammentmassives, il peut même exister un important contraste <strong>de</strong> pluviosité <strong>et</strong> <strong>de</strong> persistance <strong>de</strong>sbrumes entre le versant exposé aux vents humi<strong>de</strong>s, qui capte l’essentiel <strong>de</strong>s précipitations, <strong>et</strong>le versant sous le vent, plus sec (phénomène auquel on donne le nom d’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> foehn). Parexemple au p<strong>la</strong>teau du Vipya, <strong>la</strong> différenciation <strong>de</strong>s étages est presque plus <strong>la</strong>téralequ’altitudinale (WHITE 1978a), c’est-à-dire que le versant au vent se caractérise par un seulétage jusqu’au somm<strong>et</strong> tandis que le versant sous le vent en a <strong>de</strong>ux <strong>et</strong> dès lors en faisant l<strong>et</strong>our du massif, il est possible <strong>de</strong> passer d’un étage à l’autre sans monter ni <strong>de</strong>scendre. Il estbien évi<strong>de</strong>nt que dans <strong>de</strong> telles situations (re<strong>la</strong>tivement fréquentes en Afrique <strong>de</strong> l’Est, àclimat plus sec), il <strong>de</strong>vient particulièrement difficile <strong>de</strong> reconnaître les étages <strong>et</strong> plus encore <strong>de</strong>définir leur intervalle. Les principaux massifs montagneux, les vents dominants <strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>foehn associés sont illustrés à <strong>la</strong> Fig.26, <strong>pour</strong> l’Afrique.Pour les montagnes <strong>et</strong> crêtes proches <strong>de</strong> l’océan, <strong>la</strong> température <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface joueégalement un rôle important. Par exemple, dans le Sud du Gabon, au niveau <strong>de</strong>s crêtes duMayumbe, il existe un courant marin froid qui remonte les côtes <strong>de</strong>puis l’Ango<strong>la</strong>. Celui-ci a<strong>pour</strong> conséquence un climat re<strong>la</strong>tivement moins pluvieux mais avec <strong>de</strong>s formations <strong>de</strong> brumesà plus basse altitu<strong>de</strong> sur les crêtes <strong>et</strong> massifs proches du littoral.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 88


Fig.26 Principaux massifs montagneux en Afrique, avec les vents dominants <strong>et</strong> eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> foehn associé (WAUTHY1983).Eff<strong>et</strong> d’élévation <strong>de</strong> masseA distance égale <strong>de</strong> l’océan <strong>et</strong> à température simi<strong>la</strong>ire en p<strong>la</strong>ine, les étages <strong>de</strong> végétationremontent à altitu<strong>de</strong> supérieure <strong>pour</strong> une montagne plus massive. Ce phénomène, connu sousle nom d’eff<strong>et</strong> d’élévation <strong>de</strong> masse, tient au fait qu’un massif montagneux avec une plusgran<strong>de</strong> masse <strong>de</strong> terres contribue davantage au réchauffement <strong>de</strong> l’air <strong>et</strong> <strong>la</strong> températurediminue donc moins vite avec l’altitu<strong>de</strong>. Certains étages peuvent donc n’apparaître qu’à unealtitu<strong>de</strong> un peu supérieure à <strong>la</strong> normale <strong>et</strong> se développer plus haut que leur limite supérieurehabituelle. Par ailleurs, ce phénomène entraîne l’abaissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> brumes <strong>et</strong> n’estdonc pas favorable à l’élévation <strong>de</strong>s étages hygrophiles (ASHTON 2003). D’après ASHTON(2003), ce phénomène peut aussi expliquer en partie <strong>la</strong> <strong>de</strong>scente d’espèces microthermes (<strong>de</strong>l’étage montagnard supérieur <strong>et</strong> peut-être subalpin) vers <strong>de</strong>s habitats particuliers <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ines(low<strong>la</strong>nd heath forests <strong>et</strong> forêts marécageuses). En eff<strong>et</strong>, sur les grands massifs, <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong>masse <strong>de</strong> terres situées en altitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> non couverte <strong>de</strong> nuages entraîne <strong>de</strong>s nuits froi<strong>de</strong>s à hautealtitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> une plus gran<strong>de</strong> masse d’air gelé qui semble-t-il peut occasionnellementre<strong>de</strong>scendre en courants d’air gelé vers les p<strong>la</strong>ines, ce que VAN STEENIS (1935) avait appelé <strong>la</strong>" microtherm theory ".B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 89


MacroclimatUne <strong>de</strong>s principales difficultés <strong>la</strong> plus souvent avancée <strong>pour</strong> expliquer les problèmes <strong>de</strong>définition d’étages concerne le fait que les chapel<strong>et</strong>s <strong>de</strong> montagnes sont disséminés dans <strong>de</strong>srégions à macroclimats différents <strong>et</strong> caractérisées par <strong>de</strong>s formations végétales <strong>et</strong> <strong>de</strong>sphytochories différentes (GRIMSHAW 2001, WHITE 1978a). En Afrique par exemple, l’archipe<strong>la</strong>fromontagnard <strong>de</strong> WHITE est distribué sur plusieurs régions florales très différentes.Deux chercheurs ont étudié plus en détail ces aspects, l’un <strong>de</strong>puis l’Asie du SE à l’Asi<strong>et</strong>empérée (OHSAWA 1993, Fig.27), l’autre <strong>de</strong>puis le nord <strong>de</strong> l’Australie à <strong>la</strong> Tasmanie (WEBB1959). Bien que <strong>la</strong> figure présentée par WEBB (p.553) soit moins c<strong>la</strong>ire que celle d’OHSAWA,toutes les informations s’y trouvent <strong>pour</strong> recréer une figure simi<strong>la</strong>ire à celle <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier. Onconstate que dans les <strong>de</strong>ux cas, les intervalles <strong>de</strong>s étages restent re<strong>la</strong>tivement peu variables (lepeu <strong>de</strong> variabilité étant lié à <strong>de</strong>s conditions locales) dans toute <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> tropicale. Au niveau<strong>de</strong> <strong>la</strong> zone subtropicale (entre 20 <strong>et</strong> 30° <strong>de</strong> <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> <strong>pour</strong> les <strong>de</strong>ux auteurs), <strong>de</strong>s changementsrapi<strong>de</strong>s s’opèrent, sous forme <strong>de</strong> transition dans l’hémisphère nord 10 <strong>et</strong> sous forme d’uneinterruption par les formations tropophiles <strong>pour</strong> l’hémisphère sud.En zones tempérées, on r<strong>et</strong>rouve alors dans <strong>la</strong> végétation <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine quelque chosed’homologue, floristiquement <strong>et</strong>/ou physionomiquement, à ce qui constituait l’étagemontagnard inférieur <strong>de</strong>s régions tropicales (lower montane <strong>pour</strong> OHSAWA <strong>et</strong> SNVF, simplenotophyll vine forest, <strong>pour</strong> WEBB). Le premier étage d’altitu<strong>de</strong>, qu’OHSAWA qualifie <strong>de</strong>montagnard inférieur sur base <strong>de</strong> sa position re<strong>la</strong>tive par rapport aux formations <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine,correspond quant à lui physionomiquement à ce qu’on appe<strong>la</strong>it l’étage montagnard supérieuren zone tropicale (upper montane <strong>pour</strong> OHSAWA <strong>et</strong> MMF, microphyll mossy forest, <strong>pour</strong>WEBB) mais en diffère floristiquement par l’importance <strong>de</strong>s résineux. En s’avançant encorevers les pôles, on finit par r<strong>et</strong>rouver ces forêts microphylles comme constitutives <strong>de</strong> <strong>la</strong>végétation <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine avec en altitu<strong>de</strong> ce qui correspondait à l’étage subalpin <strong>de</strong>s tropiques(MMT, microphyll mossy thick<strong>et</strong>, <strong>pour</strong> WEBB).Notons au passage qu’OHSAWA n’a pas distingué l’étage submontagnard, qu’il avraisemb<strong>la</strong>blement inclus dans son étage montagnard inférieur. Quant à Webb, il y faitallusion sous le nom <strong>de</strong> SMVF, simple mesophyll vine forest, <strong>et</strong> montre qu’il disparaît à peutprès en même temps que l’étage <strong>de</strong>s forêts tropicales <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine (MVF), vers 21-23° <strong>de</strong><strong>la</strong>titu<strong>de</strong>.Au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> tropicale, il existe par ailleurs davantage <strong>de</strong> nuances, en tout cas <strong>pour</strong>l’Afrique. Dans les climats re<strong>la</strong>tivement plus chauds <strong>et</strong> plus secs, on r<strong>et</strong>rouve l’étagesubmontagnard à une altitu<strong>de</strong> légèrement supérieure sous une variante typiquementcaractérisée par <strong>la</strong> monodominance <strong>de</strong> Parinari excelsa dans <strong>la</strong> strate arborée, avec parailleurs un cortège re<strong>la</strong>tivement bien représenté <strong>de</strong>s espèces submontagnar<strong>de</strong>s habituelles (ouespèces affines au sein <strong>de</strong> genres fréquemment submontagnards): cf. notamment en Afrique<strong>de</strong> l’Ouest (Mont Nimba, SCHNELL 1952b) <strong>et</strong> en Afrique <strong>de</strong> l’Est (Uzungwa Mountains,LOVETT 1993, p.39). Dans <strong>la</strong> partie libérienne du Mont Nimba, JAEGER & ADAM (1975)mentionnent une forme à monodominance <strong>de</strong> Gaertnera panicu<strong>la</strong>ta. Par ailleurs, en Ouganda,dans l’étage montagnard, EGGELING (1947) décrit <strong>de</strong>s forêts monodominantes à Maesopsiseminii ou encore à Cynom<strong>et</strong>ra alexandri.9010 L’Asie du Sud-Est a comme particu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> présenter une transition <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> équatoriale aux régionstempérées du Nord sans passer par une zone sèche comme c’est le cas <strong>pour</strong> l’hémisphère Sud (en Australie) <strong>et</strong><strong>pour</strong> les <strong>de</strong>ux hémisphères en Afrique. C<strong>et</strong>te particu<strong>la</strong>rité donne à l’étu<strong>de</strong> menée par OHSAWA (1993) uncaractère très original.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 90


Tout ceci milite en faveur <strong>de</strong> l’utilisation privilégiée <strong>de</strong>s critères physionomiques (à <strong>la</strong>manière <strong>de</strong> WEBB 1959) <strong>pour</strong> <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s étages <strong>de</strong> végétation afin <strong>de</strong> pouvoir établir lesétages homologues entre régions macroclimatiques différentes. Par ailleurs, au sein d’unerégion macroclimatique, ces critères ne suffisent plus <strong>et</strong> l’utilisation <strong>de</strong> critères floristiquess’impose.Fig.27 Variation <strong>la</strong>titudinale <strong>de</strong>s étages <strong>de</strong> végétation (a, b: OHSAWA 1993) <strong>et</strong> analogie traditionnelle entre lesceintures <strong>de</strong> végétation <strong>et</strong> les étage altitudinaux (A, B: KNIGHT 1965).Impact humain <strong>et</strong> volcanismeUn aspect important est assez souvent évoqué mais est <strong>la</strong>rgement sous-estimé selon nous, àsavoir l’influence <strong>de</strong>s perturbations humaines <strong>et</strong> naturelles.Pour commencer, il y a <strong>la</strong> réduction ou <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction pure <strong>et</strong> simple, en bien <strong>de</strong>s régionstropicales, <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation <strong>de</strong>s étages submontagnard <strong>et</strong> montagnard inférieur. Tant <strong>et</strong> si bienque celui qui étudie l’étagement d’une telle région peut être amené à nommer " étagesubmontagnard " le premier étage qu’il reconnaît au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s formations <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ines, sanssavoir que le véritable étage submontagnard, comparable à celui qu’on r<strong>et</strong>rouve dans uneautre région simi<strong>la</strong>ire mais non dégradée, n’existe plus <strong>et</strong> que ce qu’il voit est directementl’étage montagnard inférieur. D’autre part, même s’il reste suffisamment <strong>de</strong> reliques <strong>de</strong>l’étage submontagnard que <strong>pour</strong> être i<strong>de</strong>ntifié correctement, il arrivera bien souvent quel’intervalle d’altitu<strong>de</strong> soit faussé sous <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>s cultures. C’est aussi <strong>la</strong> raison <strong>pour</strong><strong>la</strong>quelle <strong>de</strong> nombreux travaux sur l’étagement en forêt tropicale humi<strong>de</strong> n’évoquent même pasl’existence d’un étage submontagnard. Il en est probablement ainsi par exemple <strong>pour</strong> <strong>la</strong>récente synthèse d'ASHTON (2003), par ailleurs très intéressante, concernant <strong>de</strong>ux massifs<strong>la</strong>rgement déforestés jusque vers 1200m.Un second aspect bien plus sous-estimé <strong>et</strong> très peu évoqué concerne les perturbations pluslocalisées telles que les chablis ou les zones plus ouvertes (<strong>pour</strong> les étages forestiers) liées à<strong>de</strong>s sols rocheux, ou parfois encore <strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues d’ouverture du couvert liées à l’activitévolcanique (notamment au Mont Cameroun, BOUGHEY 1955a) ou encore par les feux(LETOUZEY 1968, p.345). Or il est bien connu que <strong>de</strong> telles perturbations, <strong>de</strong> nature azonale enforêts submontagnar<strong>de</strong> <strong>et</strong> montagnar<strong>de</strong> inférieure par exemple (voire même dans les p<strong>la</strong>ines),constituent autant <strong>de</strong> terres d’accueil propices à <strong>la</strong> transgression d’espèces originaires <strong>de</strong>B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 91


l’étage montagnard supérieur (caractérisé par une moindre pluviosité). Ces espèces <strong>de</strong> l’étagemontagnard supérieur ont un tempérament sé<strong>de</strong>ntaire dans leur habitat d’origine mais peuventse perm<strong>et</strong>tre une transgression à plus basse altitu<strong>de</strong> en changeant <strong>de</strong> tempérament <strong>et</strong> en<strong>de</strong>venant pionnières. Notons au passage qu’ASHTON (2003) en conclut que l’importance dufacteur température est finalement assez re<strong>la</strong>tive <strong>pour</strong> ces espèces <strong>de</strong> l’étage montagnardsupérieur <strong>et</strong> que l’existence d’un stress hydrique périodique joue aussi un rôle important.Par conséquent, le botaniste qui n’est pas extrêmement vigi<strong>la</strong>nt quant à ces aspects azonauxaura tendance à ne voir qu’un étage là où il y en a <strong>de</strong>ux, voire trois. C’est notamment le cas,selon nous, <strong>pour</strong> une autre synthèse publiée par THOMAS & ACHOUNDONG (1994), où ces<strong>de</strong>rniers mentionnent un étage submontagnard s’élevant <strong>de</strong> 800 à 2200m d’altitu<strong>de</strong>. Il en est<strong>de</strong> même en partie <strong>pour</strong> TCHOUTO & al. (1999), centré sur le Mont Cameroun tout comme lesauteurs précités, qui décrit l’étage submontagnard <strong>de</strong> 800 à 1700m d’altitu<strong>de</strong>. Ces <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>sont en commun le fait <strong>de</strong> mentionner dans leur étage submontagnard un nombre re<strong>la</strong>tivementimportant d’espèces plutôt réputées propres aux étages montagnards. Les zones étudiées auxMonts Cameroun <strong>et</strong> Etindé par ces auteurs sont en eff<strong>et</strong> particulièrement dégradées avecnotamment <strong>de</strong>s forêts interrompues par <strong>de</strong>s ouvertures envahies d’herbes à éléphants.Notons à propos <strong>de</strong> <strong>la</strong> trangression <strong>de</strong>s espèces montagnar<strong>de</strong>s vers <strong>de</strong>s habitats particuliers <strong>de</strong>basse altitu<strong>de</strong> (telles que les heath forests en Asie du sud-est ou les lisières d’inselbergs) queASHTON (2003) y voit encore une preuve du rôle secondaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> température sur <strong>la</strong> limitealtitudinale inférieure <strong>de</strong> ces espèces <strong>et</strong> que les propriétés du sol sont bien plus importantesque ce qu’on a <strong>la</strong>issé croire jusqu’à présent. Devant <strong>la</strong> nature variée <strong>de</strong>s habitats azonaux <strong>de</strong>p<strong>la</strong>ine abritant <strong>de</strong>s espèces montagnar<strong>de</strong>s, on peut aussi se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r dans quelle mesure cesont les propriétés spécifiques <strong>de</strong> ces sols (chimiques, physiques) qui importent ou bien si cen’est pas tout simplement <strong>la</strong> nature plus stressante <strong>de</strong> l’environnement qui favorise cesespèces <strong>pour</strong> le moins stress-tolérantes.CompétitionDans certains cas, il n’existe réellement pas <strong>de</strong> distinction n<strong>et</strong>te entre étage submontagnard <strong>et</strong>montagnard même sous un climat favorable <strong>et</strong> sans perturbations importantes. C’est le casnotamment, d’après ASHTON (2003), <strong>de</strong>s forêts re<strong>la</strong>tivement pauvres à l’Est <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligneWal<strong>la</strong>ce <strong>et</strong> sans doute plus encore dans le cas <strong>de</strong>s îles Hawai’i où l’isolement <strong>et</strong> <strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong><strong>la</strong> flore qui en résulte (peu d’arrivages d’espèces originaires <strong>de</strong>s masses continentales) a <strong>pour</strong>conséquence une moindre compétition entre les espèces <strong>et</strong> donc une moindre exclusion <strong>de</strong>sespèces d’altitu<strong>de</strong> dans les étages inférieurs. KITAYAMA & MUELLER-DOMBOIS (1992) ontainsi mis en évi<strong>de</strong>nce à Hawai’i une très <strong>la</strong>rge proportion d’espèces indifférentes à l’altitu<strong>de</strong>.En outre, le genre M<strong>et</strong>rosi<strong>de</strong>ros, Myrtacée habituellement rencontrée dans les étagesd’altitu<strong>de</strong> du sud-est asiatique, se développe partout à Hawai’i sans préférence altitudinalemais avec toutefois plusieurs variétés <strong>de</strong> l’espèce polymorpha qui semblent en cours <strong>de</strong>différenciation selon une séquence altitudinale. Selon ASHTON (2003), ces phénomènesd’exclusion par compétition jouent bien souvent un rôle important. Il donne un autre exemple<strong>pour</strong> le Sri Lanka où l’absence (<strong>pour</strong> <strong>de</strong>s raisons historiques) <strong>de</strong>s Fagacées, caractéristiques <strong>de</strong>l’étage montagnard <strong>de</strong> <strong>la</strong> région indo-ma<strong>la</strong>ise, a permis le développement <strong>de</strong>sDipterocarpacées dans l’étage montagnard inférieur, alors qu’ailleurs c<strong>et</strong>te famille est très<strong>la</strong>rgement caractéristique <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ines.Grubb, qui discuta aussi les causes <strong>de</strong> l’étagement <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétation (GRUBB 1977, inKITAYAMA & MUELLER-DOMBOIS 1992), ém<strong>et</strong> l’hypothèse selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> limite altitudinalesupérieure d’une espèce est déterminée principalement par <strong>la</strong> température tandis que sa limiteinférieure est surtout déterminée par <strong>la</strong> compétition. Le second exemple d’ASHTON sembleindiquer que l’inverse est aussi en partie vrai <strong>pour</strong> les espèces <strong>de</strong> basse <strong>et</strong> moyenne altitu<strong>de</strong>s,B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 92


c’est-à-dire que leur pénétration dans l’étage submontagnard est limitée par <strong>la</strong> compétitionavec les espèces submontagnar<strong>de</strong>s.I.6.2.3 Synthèse sur l’étagement altitudinal en forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong>Nous avons vu qu’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> facteurs interviennent dans l’étagement <strong>de</strong> <strong>la</strong> végétationtant <strong>et</strong> si bien qu’une région n’est pas l’autre (d’ailleurs un versant n’est pas l’autre) <strong>et</strong>qu’aucun système généralisé ne peut être proposé. Toutefois, nous croyons, commeTROCHAIN (1980), que bien que les limites altitudinales <strong>de</strong>s étages n’aient qu’une valeurlocale, les étages <strong>de</strong> végétations ont par contre une valeur générale. Leur définition doit avoir<strong>pour</strong> but <strong>de</strong> perm<strong>et</strong>tre " une approche pratique <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> biogéographique <strong>de</strong>s montagnes,perm<strong>et</strong>tant un repérage commo<strong>de</strong> <strong>et</strong> non comme une réalité absolue <strong>et</strong> contraignante ".Les limites altitudinales précises <strong>de</strong>s étages <strong>et</strong> leur nombre n’ont qu’une valeur locale mais ausein d’une région bioclimatique re<strong>la</strong>tivement homogène, l’ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ces limitesconstitue autant <strong>de</strong> points <strong>de</strong> repère pratiques. Il existe par ailleurs indiscutablement <strong>de</strong>shomologies entre certains étages <strong>de</strong> régions bioclimatiques différentes. Ces homologiespeuvent être physionomiques, floristiques ou même écologiques <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tent, lorsqu’unnombre important d’homologies <strong>de</strong> ces trois types existent, d’établir l’homologie entre lesétages eux-mêmes. Il semble par exemple acceptable <strong>de</strong> parler d’homologie entre l’étage <strong>de</strong>sfourrés à Ericacées (souvent appelé subalpin) <strong>de</strong>s diverses montagnes d’Afrique guinéocongo<strong>la</strong>iseaussi bien que soudano-zambésienne <strong>et</strong> même sud-africaine, quelle que soitl’altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong> étage (au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer en Afrique du Sud <strong>et</strong> vers 2700 en Afriqueorientale). C’est sur base <strong>de</strong> telles homologies qu’il sera possible <strong>de</strong> <strong>pour</strong>suivre l’étu<strong>de</strong>biogéographique <strong>de</strong>s montagnes, à savoir les re<strong>la</strong>tions floristiques <strong>et</strong> phytogéographiquesentre étages voisins d’un même massif <strong>et</strong> entre les étages homologues <strong>de</strong> massifs différents.Nous avons vu que les homologies climatiques entre étages altitudinaux <strong>et</strong> zones <strong>la</strong>titudinalesont été établies notamment par Holdridge (1947 in ISAAC & BOURQUE 2001) <strong>et</strong> revues dupoint <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s homologies floristiques <strong>et</strong> physionomiques par OHSAWA (1993) <strong>pour</strong> l’Est <strong>de</strong>l’Asie <strong>et</strong> par WEBB (1959) <strong>pour</strong> l’Australie.D’après ces travaux, il semble possible <strong>de</strong> décrire un modèle <strong>de</strong> base <strong>de</strong> l’étagement enconditions optimales, c’est-à-dire <strong>la</strong> coordonnée à l’origine sur le schéma d’OHSAWA (1993,cf. Fig.27). En tenant compte <strong>de</strong>s considérations émises aux paragraphes précé<strong>de</strong>nts, lesconditions optimales, qui perm<strong>et</strong>tent le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> séquence <strong>la</strong> plus complèted’étages altitudinaux, correspon<strong>de</strong>nt à un climat équatorial humi<strong>de</strong>, non dégradé <strong>et</strong> sansintrusion d’autres facteurs azonaux (sols rocheux, <strong>et</strong>c.), à flore riche (ancienne <strong>et</strong> non isoléecomme c'est le cas à Hawai’i ou en Papouasie) <strong>et</strong> re<strong>la</strong>tivement proche <strong>de</strong> l’océan.Le cœur <strong>de</strong> l’Afrique centrale at<strong>la</strong>ntique correspond parfaitement à ces critères si ce n’est quel’homme a détruit une partie <strong>de</strong>s pièces du puzzle <strong>et</strong> qu’aujourd’hui <strong>la</strong> " montagne parfaiten’existe plus ". Mais en rassemb<strong>la</strong>nt ce qu’on sait <strong>de</strong> l’étagement sur <strong>de</strong>s massifs tels que leMont Cameroun, le Mont Etin<strong>de</strong>, les somm<strong>et</strong>s <strong>de</strong> Bioko <strong>et</strong> <strong>de</strong> São Tomé, ainsi que les reliefsplus mo<strong>de</strong>stes du S-Cameroun au N-Gabon, <strong>et</strong> en s’efforçant <strong>de</strong> r<strong>et</strong>rouver les homologies(floristiques, physionomiques <strong>et</strong> écologiques), il est possible <strong>de</strong> reconstituer ce que <strong>pour</strong>raitêtre l’étagement sur c<strong>et</strong>te " montagne parfaite ". A c<strong>et</strong>te fin, on s’inspire <strong>de</strong>s principalessynthèses <strong>et</strong> travaux détaillés au Tab.17, dont notamment BOUGHEY 1955b, LETOUZEY 1968,SCHNELL 1970, THOMAS & ACHOUNDONG 1994, TROCHAIN 1980, MONOD 1960, <strong>et</strong>c.L’étagement tel que nous l’entendrons dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> est synthétisé à <strong>la</strong> Fig.28 <strong>et</strong> seprésente dans les gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière exposée ci-<strong>de</strong>ssous. Les valeurs chiffrées neB. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 93


sont données qu’à titre indicatif puisque nous avons déjà expliqué <strong>la</strong> complexité <strong>de</strong> leurvariabilité.Etage submontagnardLa forêt <strong>de</strong>nse humi<strong>de</strong> sempervirente <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine évolue brusquement lorsque <strong>la</strong> température<strong>de</strong>scend en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 20-24°C, vers 700-900m au cœur du Golfe <strong>de</strong> Guinée. Cerafraîchissement est c<strong>la</strong>irement perceptible <strong>et</strong> l’impression <strong>de</strong> froid est amplifiée parl’augmentation <strong>de</strong> l’humidité <strong>de</strong> l’air puisque c’est aussi à ce niveau que se situe <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong>couche <strong>de</strong>s brumes matinales <strong>et</strong> <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> journée. Plus que ces différences <strong>de</strong> natureécologique, ce sont <strong>de</strong>s différences physionomiques <strong>et</strong> floristiques qui marquent <strong>de</strong> manièreplus spectacu<strong>la</strong>ire le passage aux forêts submontagnar<strong>de</strong>s. La hauteur <strong>de</strong>s arbres diminue. Lesémergents se font rares (cf. IV.2.1) <strong>et</strong> sont alors plus trapus que les géants <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ines, ce quidonne à <strong>la</strong> canopée un aspect moins cloqué. Le critère physionomique majeur est <strong>la</strong>prolifération <strong>de</strong>s épiphytes vascu<strong>la</strong>ires, recouvrant les troncs jusqu’aux branches maîtresses<strong>de</strong>s arbres. Les bryophytes ne sont pas encore dominantes comme dans l’étage montagnardhumi<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> plupart sont épiphylles. D’un point <strong>de</strong> vue physionomique encore, les typesfoliaires ne différent pas <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine (contrairement à l’étage montagnard), soit enmajorité mésophylles, mais se distinguent par une moindre fréquence <strong>de</strong>s feuilles composées(ASHTON 2003, WEBB 1959). Les différences floristiques viennent très vite confirmer lediagnostic que l’on <strong>pour</strong>rait déjà poser sur base <strong>de</strong> ces critères physionomiques. Les forêtssubmontagnar<strong>de</strong>s sont caractérisées par une affinité forte avec les forêts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine. Les genres<strong>et</strong> même les familles qui <strong>la</strong> caractérisent sont bien souvent connus <strong>de</strong>s altitu<strong>de</strong>s moindres maisparmi <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> genres présents dans les forêts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine, il semble que ce sont toujoursles mêmes qui ont développé <strong>de</strong>s espèces submontagnar<strong>de</strong>s, à savoir les Garcinia,Al<strong>la</strong>nb<strong>la</strong>ckia, Penta<strong>de</strong>sma (<strong>et</strong> les Clusiaceae <strong>de</strong> manière générale sur les trois continents),Synsepalum (Sapotaceae), Hymenophyllum (Hymenophylleaceae), Peperomia(Peperomiaceae), certaines Lauraceae plutôt tropicales (Beilschmiedia), <strong>et</strong> bien sûr unemultitu<strong>de</strong> d’autres exemples.Etage montagnard humi<strong>de</strong> (ou montagnard inférieur)La fraîcheur <strong>et</strong> <strong>la</strong> forte hygrométrie <strong>de</strong> l’étage submontagnard caractérisent par ailleurségalement l’étage montagnard humi<strong>de</strong>, ce qui nous a valu le nom tant connu <strong>de</strong> " cloudforest " (terme qui recouvre donc <strong>de</strong>ux étages distincts <strong>et</strong> souvent confondus 11 ). L’étagemontagnard humi<strong>de</strong> se distingue surtout floristiquement <strong>de</strong> l’étage submontagnard, parl’important développement qu’y prennent certaines espèces à caractère tempéré comme lePrunus africana (Rosaceae) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Gymnospermes à feuilles <strong>la</strong>rges (Podocarpus <strong>la</strong>tifolius enAfrique <strong>et</strong> autres Podocarpaceae en Asie) ou encore d’autres espèces comme les Schefflera (<strong>et</strong>autres Araliacées en Amérique) ainsi que par <strong>la</strong> fréquence d’Acanthacées monocarpiques. Lesphanérophytes étrangleurs sont d’ailleurs assez fréquents: outre les Schefflera, on trouve <strong>de</strong>sFicus <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Clusia (en Amérique du Sud). L’autre critère très marquant est <strong>la</strong> prolifération <strong>et</strong>l’exubérance <strong>de</strong>s bryophytes qui peuvent constituer <strong>de</strong> véritables manchons sur les branches(en plus <strong>de</strong>s épiphytes qui marquaient déjà l’étage submontagnard <strong>et</strong> qui différencient doncassez mal ces <strong>de</strong>ux étages, cf. Begonia, Peperomia, Hymenophyllum, <strong>et</strong>c.). Une autredifférence assez n<strong>et</strong>te, mais nécessitant <strong>de</strong> plus amples observations, tient au fait que les typesfoliaires ne sont plus majoritairement mésophylles mais plutôt notophylles. Il semble que c<strong>et</strong>étage montagnard humi<strong>de</strong> se développe dans <strong>la</strong> zone où les brumes sont les plus persistantes(entre 1500-1800 (2000)m d’altitu<strong>de</strong> au Mont Cameroun selon RICHARDS, 1963),9411 Ce terme est en réalité encore beaucoup plus vague que ce<strong>la</strong> <strong>et</strong> peut même inclure <strong>pour</strong> certains les étagesmontagnards sec (souvent) <strong>et</strong> subalpin.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 94


correspondant à une température <strong>de</strong> 12°C à <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’étage <strong>et</strong> al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> 1500 à 2300md’altitu<strong>de</strong>.Etage montagnard sec (ou montagnard supérieur)L’écotone supérieur <strong>de</strong> l’étage montagnard humi<strong>de</strong> est marqué par une réduction <strong>de</strong>sdimensions foliaires encore plus poussée, <strong>de</strong>venant surtout microphylles, mais surtout par <strong>de</strong>slimbes à texture plus coriace, à face supérieure souvent convexe <strong>et</strong> à marges révolutées. Ledéveloppement <strong>de</strong> ce caractère sclérophylle correspond assez bien avec <strong>la</strong> réductionre<strong>la</strong>tivement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> persistance <strong>de</strong>s brumes <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pluviosité au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong> oùcelles-ci avaient atteint leur maximum. D’après ASHTON (2003), un stress hydriquepériodique semble être un facteur important <strong>pour</strong> les espèces <strong>de</strong>s étages montagnard sec <strong>et</strong>subalpin puisque celles-ci se r<strong>et</strong>rouvent en popu<strong>la</strong>tions transgressives dans les milieux secs enp<strong>la</strong>ine. Les critères floristiques sont eux-aussi assez subtils (probablement parce que lesproblèmes <strong>de</strong> marginalité <strong>et</strong> <strong>de</strong> transgression ont été <strong>la</strong>rgement sous-estimés dans les diverstravaux). Les espèces qui caractérisent c<strong>et</strong> étage " montagnard sec " (appelé ainsi en rapportavec l’importance <strong>de</strong>s espèces sclérophylles) sont par ailleurs souvent capables <strong>de</strong>transgressions dans les chablis <strong>et</strong> ouvertures <strong>de</strong>s étages inférieurs <strong>et</strong> jusque dans les p<strong>la</strong>ines,sur <strong>de</strong>s substrats probablement toujours spéciaux. Parmi les bonnes espèces caractéristiques, ily a encore <strong>de</strong>s Gymnospermes, mais à plus p<strong>et</strong>ites feuilles (Juniperus, Widdringtonia <strong>et</strong> unautre Podocarpus), <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Rosacées (Hagenia abyssinica). Certaines zones sont envahies par<strong>de</strong>s espèces à tempérament pionnier comme les forêts <strong>de</strong> bambous (Sinarundinaria alpina).Dans sa forme <strong>la</strong> plus typique, c<strong>et</strong>te forêt (<strong>de</strong> 9 à 18m <strong>de</strong> haut) est dominée dans sa stratesupérieure par Hagenia <strong>et</strong> Hypericum (Hypericaceae). D’autres espèces courantesappartiennent aux genres Ilex (Aquifoliaceae), Pittosporum (Pittosporaceae) <strong>et</strong> Maesa(Myrsinaceae).Etage subalpinPlus en altitu<strong>de</strong>, vers 3000m, <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt diminue très brutalement, formant unelisière arbustive plus ou moins étroite <strong>et</strong> marquée par <strong>de</strong> nombreuses Ericacées ou autresp<strong>la</strong>ntes arbustives à port éricoï<strong>de</strong>. Mises à part ces <strong>de</strong>ux différences frappantes, on r<strong>et</strong>rouvedans c<strong>et</strong> étage souvent qualifié <strong>de</strong> subalpin bon nombre d’espèces présentes dans l’étagemontagnard sec (notamment Hypericum), mais adoptant ici un port arbustif, <strong>et</strong> aussi bonnombre d’espèces annonciatrices <strong>de</strong> ce que sera <strong>la</strong> flore <strong>de</strong> l’étage alpin qui lui succè<strong>de</strong> plusen amont. Sans trop entrer dans le débat, qui fait rage <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> longues années, nous sommesd’avis à considérer c<strong>et</strong> étage comme une entité à part entière ce qui <strong>la</strong>isse ainsi <strong>la</strong> possibilitéd’en étudier <strong>de</strong> manière détaillée les re<strong>la</strong>tions avec les étages voisins. Certains n’y verrontqu’une variante physionomique <strong>de</strong> l’étage alpin (GRIMSHAW 2001) tandis que d’autres lerattacheront plutôt aux forêts montagnar<strong>de</strong>s sèches (WHITE 1978a).Etage alpinEnfin, l’étage alpin est marqué par l’absence <strong>de</strong>s " vrais " ligneux, c’est-à-dire que mis à partles séneçons arborescents <strong>et</strong> autres cas <strong>de</strong> gigantisme, les communautés y sont essentiellementherbacées. C<strong>et</strong> étage fut appelé ainsi par allusion aux formations herbacées, situées au-<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong> <strong>la</strong> limite supérieure <strong>de</strong>s arbres (tree line), dans nos Alpes par exemple. Le statut <strong>et</strong> <strong>la</strong>délimitation <strong>de</strong> c<strong>et</strong> étage a lui aussi longtemps fait l'obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> débats, notamment en raison <strong>de</strong>ces formes ligneuses particulières, certains p<strong>la</strong>çant alors <strong>la</strong> " tree line " au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> limitesupérieure <strong>de</strong>s séneçons arborescents (vers 4500m).Notons que les termes alpins <strong>et</strong> subalpins sont très <strong>la</strong>rgement critiqués <strong>pour</strong> leur connotationgéographique. Nous les avons toutefois adoptés parce que <strong>de</strong> tous les termes proposés, ce sontceux les plus <strong>la</strong>rgement ancrés dans les têtes, aussi bien en ang<strong>la</strong>is qu’en français.B. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 95


Remarque sur les variations <strong>la</strong>titudinales <strong>et</strong> sèchesAu-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> tropicale, les forêts <strong>de</strong>nses humi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine disparaissent assezrapi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> sont remp<strong>la</strong>cées par l’homologue <strong>de</strong> l’étage montagnard humi<strong>de</strong> qui lesdominait. Bien qu’OHSAWA (1993) n’ait pas fait mention <strong>de</strong> l’étage submontagnard (qui<strong>pour</strong>tant existe aussi <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce en Asie du SE), il est très probable que celui-ci, àaffinité typiquement tropicale rappelons-le, disparaisse en même temps <strong>et</strong> aussi brusquementque l’étage tropical <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ine. Etant donné les caractéristiques absolument uniques du gradient<strong>la</strong>titudinal en Asie du SE (sans interruption ari<strong>de</strong>), il serait bon d’y étudier <strong>de</strong> manièrespécifique <strong>et</strong> très approfondie <strong>la</strong> variation <strong>la</strong>titudinale <strong>de</strong> l’étagement en envisageant lesétages d’une manière plus complète que ne l’a fait OHSAWA. Si ce<strong>la</strong> est encore possible, c’està-dires’il reste suffisamment <strong>de</strong> vestiges <strong>de</strong>s étages inférieurs, il est certain qu’une telle étu<strong>de</strong>est urgentissime.A l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> tropicale, une remarque doit être émise à propos <strong>de</strong>s zones plussèches qui dominent finalement <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s massifs africains. Dans ce cas, <strong>la</strong> variation <strong>de</strong>l’étagement est plus complexe que dans le cas particulier <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> d’OHSAWA (1993). Enpériphérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> région guinéo-congo<strong>la</strong>ise <strong>et</strong> pire en région soudano-zambésienne (<strong>la</strong> majorité<strong>de</strong>s massifs est-africains), <strong>la</strong> longueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> saison sèche peut avoir <strong>de</strong>s conséquencesimportantes. Par exemple l’étage à Parinari du Mont Nimba présente certes <strong>de</strong> nombreusescaractéristiques communes avec notre définition <strong>de</strong> l’étage submontagnard (notamment dupoint <strong>de</strong> vue floristique) mais est aussi marqué par certaines caractéristiques correspondantdavantage à notre définition <strong>de</strong> l’étage montagnard sec (forêt très basse <strong>et</strong> avec une intrusioninhabituelle <strong>de</strong> l’élément montagnard sec, peut-être dans <strong>de</strong>s habitats azonaux en chablis ousur rochers).TROCHAIN (1980), qui connaît bien les gran<strong>de</strong>s formations végétales d'Afrique (1957), s’estfait <strong>la</strong> même réflexion ce qui l’a amené à proposer un schéma <strong>de</strong> l’étagement plus ou moinsgénéralisé <strong>pour</strong> toute <strong>la</strong> zone intertropicale non désertique (Tab.18). Il intègre donc lesvariantes sèches <strong>et</strong> les variantes humi<strong>de</strong>s dans un seul schéma en mentionnant que parmi cesétages bien définis, tous ne se réalisent pas sur toutes les montagnes. Il peut se produire <strong>de</strong>stéléscopages avec suppression <strong>de</strong> certains étages. Par exemple, <strong>pour</strong> notre modèle enconditions optimales, les étages réalisés seront les n°2, 3, 5, 6, 7.2 <strong>et</strong> 10 alors qu’au MontNimba on aurait 2 (très fragmentaire), 3, 5, 7.1 <strong>et</strong> 9.Tab.18 Schéma généralisé <strong>de</strong> l’étagement en zone intertropicale non désertique, selon TROCHAIN (1980).Nous avons complété son schéma <strong>pour</strong> l’étage submontagnard: catégories 7,1 <strong>et</strong> 7,2.co<strong>de</strong> EtageType <strong>de</strong> végétation0 nival1 subnival <strong>de</strong> Troll (1959 in Trochain) plus ou moins dé<strong>pour</strong>vu <strong>de</strong> végétation phanérogamique2 tropicoaltimontain prairie altimontaine3 tropicosubaltimontain supérieur fruticées éricoï<strong>de</strong>s4 tropicosubaltimontain inférieur fruticées sclérophylles5 tropicomontagnard supérieur f.d.s. <strong>de</strong> montagne6 tropicomontagnard <strong>de</strong> transition f.d.h. <strong>de</strong> montagne7 tropicomontagnard inférieur f.d. sclérophylle submontagnar<strong>de</strong>7.1 tropicosubmontagnard supérieur f.d.s. submontagnar<strong>de</strong>7.2 tropicosubmontagnard inférieur f.d.h. submontagnar<strong>de</strong>8 tropical supérieur f.d. sèche9 tropical <strong>de</strong> transition f.d.h. semi-caducifoliée10 tropical inférieur f.d.h. sempervirenteB. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 96


Fig.28 Définition physionomique, floristique <strong>et</strong> phytogéographique <strong>de</strong>s 6 principaux étages discernables enforêts tropicales humi<strong>de</strong>s dans les conditions les plus favorables. La terminologie ang<strong>la</strong>ise est celle <strong>de</strong>BRUIJNZEEL & HAMILTON (2000). Pour le critère "endémisme", les niveaux taxonomiques sont détaillés:endémisme <strong>de</strong> familles (F), genres (G) ou espèces (Sp). Lorsque l'endémisme d'un certain niveau est important,le symbole est indiqué en gras.Précipitations max.(2200-2300mm)brumesbrumes persistantesAltitu<strong>de</strong> (m): 0 800 1500 2300 3000 3700étage inférieurétage submontagnardétage montagnardhumi<strong>de</strong>étage montagnardsecétage subalpinHauteur 25-45 (70)m 20-30m 15-30m 9-18m 1,5-9mStrates arborées3 (arbres dominés,dominants <strong>et</strong>émergents)2 (absenced’émergents2 (absenced'émergents)Types foliaires mésophylle mésophylle notophylle1 1microphylle; facesupérieureconvexe, margerévolutée, coriacemicrophylle,feuilles coriacesfeuilles composées fréquentes rares rares très rares très rarescontreforts fréquents <strong>et</strong> <strong>la</strong>rges peu fréquentspeu fréquents oup<strong>et</strong>itssouvent absents jamaiscauliflorie fréquente rare absente (absente)lianes parfois abondantes souvent absentes absentes absentesépiphytesvascu<strong>la</strong>iresbryophytes <strong>et</strong>lichensfloristiquefréquentes abondantes très abondantes fréquentes fréquentesoccasionnels occasionnels parfois abondants abondants abondantsCaesalpiniaceae(Afrique),Dipterocarpaceae(Asie)Clusiaceae (surtoutGarcinia),Sapotaceae,Lauraceae,Myrtaceae, Ardisia(Myrsinaceae),Strombosia scheffleri,Hymenophyllum,Grammitisphytogéographie tropicale affinité tropicaleendémismeF, G <strong>et</strong> Spendémiquesrares G, Spendémiques <strong>et</strong>Transgressifs enmilieuxhydromorphesécologie chaud <strong>et</strong> humi<strong>de</strong> frais <strong>et</strong> hyper humi<strong>de</strong>Araliaceae(Schefflera barteri),Prunus africana,Podocarpus, Ocotea,Theaceae (Ficalhoa),Myrsinaceae,Myrtaceae,Acanthaceaemonocarpiquesprésence d’uneaffinité tempéréerares F, G, Spendémiques <strong>et</strong>Transgressifs enmilieux secondaires<strong>et</strong> hydromorphesfroid <strong>et</strong> hyperhumi<strong>de</strong>Juniperus,Widdringtonia,Rosaceae(Hagenia),Hypericaceae, Ilex,Pittosporum,Myrsinaceae(Maesa),Sinarundinariaprésence d’uneaffinité tempéréerares F, G, Spendémiques <strong>et</strong>Transgressifs enmilieux secondairesfroid <strong>et</strong> brumeuxmais peu pluvieuxEricaceae,Hypericaceae,Myricaforte affinitétempéréeSp partagéesavec les étagesvoisinsfroid <strong>et</strong> brumeuxmais secétage alpinAsteraceae,Poaceaeforte affinitétempéré<strong>et</strong>rès appauvriB. SENTERRE (2005) Introduction - I.6 97

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