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Mon ami Machuca

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<strong>Mon</strong> <strong>ami</strong> <strong>Machuca</strong>file:///H:/Denis%202004/Espagne/2008/Dossiers_P%C3%A9da/MO...1 sur 2 08/02/2008 12:17NUEVO MUNDO MUNDOS NUEVOSNúmero 5 - 2005 - Imágenes en movimiento<strong>Mon</strong> <strong>ami</strong> <strong>Machuca</strong>D’Andrés Wood, Chili, 2004, 2hMaría Eugenia ALBORNOZ VÁSQUEZTable des matièresL’échec brutal de l’<strong>ami</strong>tié forcée de deux enfants qui « normalement ne se croiseraientjamais » peut s’avérer le résultat d’un projet utopique poussé par l’idéalisme plein de foid’un prêtre excentrique… et l’échec d’une convivialité obligée peut aussi s’avérer la dureréalité d’une société remuée par des événements brutaux – dans leur succession et dans leurprincipes directeurs – tel que le Coup d’État du 11 Septembre de 1973 au Chili, instant decatastrophe évoqué par les avions de guerre dans le ciel mais ressenti à jamais dans lesdestins des personnages du film.Cette métaphore contourne les belles images, marque d’Andrés Wood, un jeune réalisateurqui sait se montrer naïf mais qui sait aussi très bien dire ce qu’il veut faire passer au public.Récupérer une expérience réelle, la présenter sous le regard d’un enfant qui se laisseemporter par des faits qui « paraissaient possibles » est un pari majeur qui provoqua uneattente haletante des chiliens auprès des cinémas, en août dernier. Surtout ceux de Santiagoqui avaient fait leurs études à ce collège, le Saint George, qui avaient connu ce prêtre sispéciale, et qui pouvaient témoigner d’avoir été un Gonzalo quiconque. La mise en contextedepuis l’histoire contemporaine oblige : ce fut à ce collège que suivirent leurs études laplupart des jeunes issus de f<strong>ami</strong>lles aisées qui crurent possible un monde autre ; des jeunesqui restent encore, des nos jours de 2005 – événements comme l’exil, la torture et la prisonmal ou bien vécus – des voix autorisées à l’heure de penser et de conduire le Chili«démocratique ».Ce film est le premier qui dévoile des faits lointains mais proches, déchirants et touchants,de la Unidad Popular, sans pour cela revêtir le caractère de documentaire. Fiction ancréedans la vérité, vécu qui reste possible pour tous, il ne s’agit pas des grandes protagonistes nides moments choisis parce que marquant des chronologies politiques. Diriger au seuil de lafantaisie et du réel, foncer dans la mémoire des enfants parce que l’on était enfant à cetteépoque-là semble une clé possible pour toucher du doigt la plaie que l’on s’efforce de fermermais qui reste tout de même ouverte, trente et un ans après. Registre magistral des émotions,des sentiments et des multiples réactions que le projet du gouvernement socialiste deSalvador Allende a provoquées auprès des gens, à l’intérieur des maisons comme dans lesrues, le film de Wood porte témoignage historique du vécu au niveau du quotidien. Les


<strong>Mon</strong> <strong>ami</strong> <strong>Machuca</strong>file:///H:/Denis%202004/Espagne/2008/Dossiers_P%C3%A9da/MO...2 sur 2 08/02/2008 12:17causes et les idéologies peuvent devenir étouffantes dans leur rigidité, les personnes« communes » cherchent à s’accommoder le mieux qu’elles ne le peuvent. Un bourgeois quiveut croire à l’utopie mais qui veut partir ailleurs juste au moment de vivre l’utopie, parcequ’elle reste tout de même insupportable ; une bourgeoise qui choisit de rester dans cesprivilèges, coûte ce que coûte ; un père pauvre mais chaleureux qui porte en soi tous lesdrapeaux de tous les causes en exaltation, même celles qu’il ne partage pas, parce que lesvendre à l’heure de manifester c’est la seule manière de survivre ; des enfants pleins depassion pour la vie qui découvrent l’<strong>ami</strong>tié, l’amour et les aspects les plus douloureux aussi ;des éducateurs voulant rester dignes mais se voyant obligés d’obéir là où ils ne le souhaitentpas. Des réseaux fragiles à l’heure de l’imposition des militaires, ces « représentants del’ordre » si perdus qu’arrogants, si humains dans leurs hésitations et dans la cruauté de leurtoute récente autorité.L’apprentissage d’une autre manière « d’être en relation » semblait possible malgré tout.Mais les préjugés de l’ambiance pèsent et siégent même en soi à l’heure de disputer lapropriété et les bénéfices d’une bicyclette – le cri plusieurs fois écouté « roto de mierda » estl’écho le plus exact et le plus bien placé, nous semble-t-il, de cette époque si brûlante encoredans la mémoire et dans le cœur de beaucoup de chiliens- ; et ces préjugés empêchent laviabilité du rêve. Partager des nuits et des jours, la nourriture et le sommeil, les livres, lespeurs, découvrir les baisers, le rire et la solidarité, rien ne vaut la permanence des différentsstatuts sociaux, et l’effacement de ce qui « osa être » – l’audace des plus pauvres de croire àun profit et à un partage que le reste de la société refuse d’accorder – vient souligner, commegeste fatale, ce que semble être l’apprentissage le plus lourd à accepter pour nous lesChiliens : rêver d’une société des vrais égaux reste une expérience de laboratoire tant que lespropriétés privées et les préjugés aient encore le pouvoir d’écraser les sentiments et les liensqui se tissent au-delà des idéologies. La mort sur place d’une fille révoltée d’amour pour sonpère vient frapper Gonzalo et les spectateurs, criant ainsi la survivance impossible d’uneutopie vécue à contrario. Le terrain du bidonville complètement vide de maisons après lecoup d’Etat montre la volonté de gommer du paysage et de la mémoire du pays toute traced’une utopie sociale ressentie – par ceux qui ne se reconnaissaient pas en elle – comme uneinsolence.Pour citer cet articleMaría Eugenia Albornoz Vásquez, « <strong>Mon</strong> <strong>ami</strong> <strong>Machuca</strong> », Número 5 - 2005, Nuevo MundoMundos Nuevos, mis en ligne le 14 février 2005, référence du 8 février 2008, disponible sur :http://nuevomundo.revues.org/document318.html.

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