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Mise en page 1 - Conseil Général de Savoie

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La rubriqueDES PATRIMOINES <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>Conservation Départem<strong>en</strong>tale du Patrimoine . juillet 2010 . n°25


un projet <strong>de</strong> rénovationpour le Musée savoisi<strong>en</strong>histoire et cultures <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>Le Musée savoisi<strong>en</strong> est principalem<strong>en</strong>t consti -tué <strong>de</strong> collections départem<strong>en</strong>tales et municipalesqui trouv<strong>en</strong>t leurs origines dans le Musée-bibliothèque<strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Chambéry fondé <strong>en</strong> 1783,le Museum d’histoire naturelle créé <strong>en</strong> 1844 etle Musée départem<strong>en</strong>tal voulu <strong>en</strong> 1864 aprèsl’Annexion.Le Musée savoisi<strong>en</strong> ouvre ses portes au public <strong>en</strong>1913 dans l’anci<strong>en</strong> archevêché <strong>de</strong> Chambéry, bâtim<strong>en</strong>tclassé au titre <strong>de</strong>s Monum<strong>en</strong>ts historiques <strong>de</strong>uxannées plus tôt. Il connaît un second élan avec larestauration du bâtim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1975-1981 par la Ville<strong>de</strong> Chambéry et l’investissem<strong>en</strong>t du <strong>Conseil</strong> généraldans une collecte <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur d’ethnographierurale accompagnée <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> personnelsci<strong>en</strong>tifique dans les domaines <strong>de</strong> l’archéologie, <strong>de</strong>l’histoire, <strong>de</strong> l’ethnographie et <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’art.À la veille <strong>de</strong> son c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire, la Ville <strong>de</strong> Chambéryet le <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> ont décidé, d’uncommun accord, <strong>de</strong> donner un nouveau souffle aumusée. Chaque collectivité a voté <strong>en</strong> 2009 et 2010une délibération actant le principe du transfert duMusée au <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>. Il s’agitd’une procédure <strong>de</strong> gré à gré et d’un projet concer -té <strong>de</strong> musée départem<strong>en</strong>tal. Cette décision s’inscritdans un contexte national <strong>de</strong> rénovation <strong>de</strong>smusées : souv<strong>en</strong>t c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aires ou <strong>en</strong> passe <strong>de</strong> le<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir, les grands musées <strong>de</strong> région connaiss<strong>en</strong>taujourd’hui <strong>en</strong> France un réinvestissem<strong>en</strong>t pourque fond et forme, cont<strong>en</strong>u et cont<strong>en</strong>ant serv<strong>en</strong>tau mieux les objets et les questionnem<strong>en</strong>ts surnotre patrimoine. Ainsi <strong>de</strong> nombreuses collectivitésse sont lancées dans la refondation <strong>de</strong> leurs équipem<strong>en</strong>tsces toutes <strong>de</strong>rnières années : MuséeGadagne à Lyon, Château-musée à Nantes, Musée<strong>de</strong> Bretagne à R<strong>en</strong>nes, Musée <strong>de</strong> l’Aquitaine àBor<strong>de</strong>aux, Museon Arlat<strong>en</strong> à Arles, plus proche d<strong>en</strong>ous, le Musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts à Chambéry, <strong>en</strong>cours <strong>de</strong> rénovation.La reprise du Musée savoisi<strong>en</strong> par le <strong>Conseil</strong> général<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> s’accompagne <strong>de</strong> l’élaboration d’unProjet Sci<strong>en</strong>tifique et Culturel, docum<strong>en</strong>t qui seravalidé par les services culturels <strong>de</strong> l’État et par lacollectivité départem<strong>en</strong>tale. Celui-ci établit un état<strong>de</strong>s lieux et un projet muséologique.Le projet interroge dans un premier temps les<strong>en</strong>jeux culturels et sci<strong>en</strong>tifiques d’appropriationdu patrimoine pour la population. Tisser du li<strong>en</strong>avec l’histoire, le territoire et <strong>en</strong>tre les populations<strong>en</strong> constitue le cœur. La connaissance <strong>de</strong> l’histoireet du patrimoine <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> se prés<strong>en</strong>te commeune <strong>de</strong>s clefs <strong>de</strong> compréh<strong>en</strong>sion fondam<strong>en</strong>tale duterritoire, per mettant d’apprécier l’originalité et ladiversité <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et du patrimoinesavoyards tels que l’architecture, la statuaire ou<strong>en</strong>core l’urbanisme sar<strong>de</strong>s. Le musée a, par sescollections arché ologiques, historiques, ethnographiques<strong>de</strong> réfé r<strong>en</strong>ce, par leur histoire même et savocation à les <strong>en</strong>richir, la mission <strong>de</strong> donner à voirla richesse, la diversité et l’évolution <strong>de</strong>s cultures<strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> : cultures rurales et urbaines, ouvrières,paysannes, bourgeoises et aristocratiques, cultures<strong>de</strong>s plaines et <strong>de</strong>s montagnes, échanges transfrontaliers,territorialités politiques mouvantes, etc.Les nouveaux habitants sont particulièrem<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>siblesà ces questions culturelles et sociétales. Laculture, dans sa composante patrimoniale, apparaîtpour les nouveaux Savoyards – un habitant sur <strong>de</strong>uxn’est pas né <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> – comme un élém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> mise<strong>en</strong> s<strong>en</strong>s <strong>de</strong> leur installation et <strong>de</strong> leur vie dans leurnouveau territoire. Le patrimoine local et l’histoirerégionale peuv<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> effet, leur offrir <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts<strong>de</strong> réflexion pour mettre <strong>en</strong> forme et <strong>en</strong>richir leurdiscours sur le territoire nouvellem<strong>en</strong>t adopté <strong>en</strong>donnant un s<strong>en</strong>s, une qualité à leur vie <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>.Pour cela, le Musée savoisi<strong>en</strong> doit offrir une assisesci<strong>en</strong>tifique et culturelle forte et <strong>de</strong>s repères culturelset historiques. Il doit s’<strong>en</strong>visager comme unlieu d’échanges, <strong>de</strong> discussions, mais aussi <strong>de</strong>comparaisons. Il doit <strong>en</strong> effet se proposer commeun lieu d’ouverture vers d’autres cultures prochesou lointaines ce qui permet à la fois <strong>de</strong> s’ouvrir aumon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l’accueillir et égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> mieux seconnaître soi-même.Son propos sera d’explorer l’histoire culturelle,économique et sociale <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. Valoriserl’histoire géopolitique <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> dans une perspectiveeuropé<strong>en</strong>ne, révéler une société <strong>en</strong> mutation,dans sa dynamique et sa diversité, donner uneplace aux migrations, à l’urbanité et à l’industrialisation,compr<strong>en</strong>dre l’impact majeur du tourismesur l’id<strong>en</strong>tité et les cultures <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> sont autantd’<strong>en</strong>jeux tant sci<strong>en</strong>tifiques, culturels qu’économiquespour le territoire. On sait aujourd’hui quele patrimoine participe <strong>de</strong> l’attractivité <strong>de</strong>s territoiresauprès <strong>de</strong>s <strong>en</strong>treprises, <strong>de</strong>s habitants et <strong>de</strong>stouristes.Afin d’associer « fond et forme », le Musée savoisi<strong>en</strong>aura besoin <strong>de</strong> :• r<strong>en</strong>ouveler sa muséographie pour un muséeattractif et accueillant <strong>en</strong> intégrant les nouvellestechnologies ;• améliorer la connaissance et la conservation <strong>de</strong>scollections par un chantier <strong>de</strong>s collections et <strong>de</strong>sréserves aux normes ;ACTUALITÉSPATRIMOINE• rep<strong>en</strong>ser la diffusion et la vulgarisation sci<strong>en</strong>tifiquepour un musée c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> ressources avec une visibilitéforte sur Internet et <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> partage <strong>de</strong>l’information comme une base <strong>en</strong> ligne ;• structurer une offre culturelle et artistique pourr<strong>en</strong>dre le patrimoine vivant, s<strong>en</strong>sible ;• développer la mise <strong>en</strong> réseau du Musée sur leterritoire « régional et international » pour structurer<strong>de</strong>s collaborations avec les acteurs du patrimoine<strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong> l’arc alpin.Le Départem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> votant le principe du transfertdu Musée savoisi<strong>en</strong> dans sa délibération du 8 juin2009, a affirmé sa volonté <strong>de</strong> faire du projet <strong>de</strong>rénovation du musée un projet culturel <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ceau service du patrimoine et <strong>de</strong>s populations,<strong>en</strong> synergie avec l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s acteurs patrimoniauxet culturels <strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. Invités dansles groupes <strong>de</strong> discussion du concept du Musée,ceux-ci ont répondu largem<strong>en</strong>t par leur prés<strong>en</strong>ce,leur intérêt et leur partage d’expéri<strong>en</strong>ce, gages <strong>de</strong>part<strong>en</strong>ariats fructueux pour le Musée savoisi<strong>en</strong>dans les années à v<strong>en</strong>ir !Marie-Anne GuérinVue du cloître du Musée savoisi<strong>en</strong>, anci<strong>en</strong>couv<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s Franciscains, puis archevêché <strong>de</strong>Chambéry, classé Monum<strong>en</strong>t historique <strong>en</strong> 1911.3


inv<strong>en</strong>taire patrimonial<strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong><strong>en</strong> quête <strong>de</strong>s singularités <strong>de</strong> l’Avant-pays savoyardACTUALITÉSPATRIMOINEDéfinitionUne « unité hydraulique » est une portion d’espacehomogène et cohér<strong>en</strong>te tant sur les planshydrologiques, physiques (nature <strong>de</strong>s usageset <strong>de</strong>s constructions), socio-économiques ethistoriques. L’unité hydraulique possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>scaractéristiques propres, une organisationspatiale et <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong>s cours d’eau (coursnaturel, canalisation, dérivation, captage, etc.).L’unité s’organise autour <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s logiqueshydrauliques ainsi à l’échelle départem<strong>en</strong>tale,le Rhône, l’Arc, l’Isère, l’Arly et le Guiers compos<strong>en</strong>t<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s unités hydrauliques. Chaquebassin versant, au travers <strong>de</strong> l’inv<strong>en</strong>taire, décline<strong>de</strong>s unités plus ou moins d<strong>en</strong>ses. Ces unitéspeuv<strong>en</strong>t avoir <strong>de</strong>s visages hétéroclites selonl’historicité, les usages techniques, les productions,les impacts humains et paysagers.Scierie <strong>de</strong> la Seytaz, Nances.4L’inv<strong>en</strong>taire thématique du patrimoine hydrau -lique, réalisé sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Assemblée <strong>de</strong>s Pays<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, dévoile ses premiers résultats. Le secteur<strong>de</strong> l’Avant-pays savoyard a été étudié au travers <strong>de</strong><strong>de</strong>ux bassins versants celui du Guiers et celui duRhône et ses petits afflu<strong>en</strong>ts 1 .Les <strong>de</strong>ux bassins versants dispos<strong>en</strong>t d’une id<strong>en</strong>titépaysagère et hydraulique singulière et homogène,<strong>en</strong> raison <strong>de</strong> leur situation géographique voisine<strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> l’Épine. Ils sont fortem<strong>en</strong>t marquéspar <strong>de</strong>ux cours d’eau : le fleuve Rhône et la rivièredu Guiers. Ces <strong>de</strong>ux bassins sont alim<strong>en</strong>tés par unréseau d’afflu<strong>en</strong>ts d<strong>en</strong>se, procurant une dynamiquepropre notamm<strong>en</strong>t avec les ruisseaux du Cozon,du Tier et du Truison pour le bassin versant duGuiers et le ruisseau du Riez-Blanc (appelé aussiruisseau <strong>de</strong> Crémon) pour le bassin versant duRhône et ses afflu<strong>en</strong>ts.L’inv<strong>en</strong>taire a couvert 44 communes soit <strong>en</strong>viron400 km². Au total ce sont plus <strong>de</strong> 110 sites qui ontété inv<strong>en</strong>toriés.Ils se répartiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> trois domaines : artisanat 79 %,industrie 29 % et thermalisme 1 %.Une analyse plus fine offre une répartition pardomaines d’activités : meunerie-moulinage (moulinà blé, moulin à huile, foulon…) 56 %, industrie dubois (scierie, ébénisterie…) 20 %, métallurgie (forge,taillan<strong>de</strong>rie, usine électrométallurgique) 9 %,production d’électricité (usine et c<strong>en</strong>trale hydroélectrique)9 %, industrie textile (fabriques <strong>de</strong> tulleset <strong>de</strong> soieries…) 4 %, thermalisme 1 %, autre(briqueterie) 1 %.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s chiffres, la distribution spatiale se<strong>de</strong>ssine autour <strong>de</strong> points <strong>de</strong> conc<strong>en</strong>tration. Lesespaces <strong>de</strong> converg<strong>en</strong>ce donn<strong>en</strong>t une image d’uneproduction, d’un usage, d’un savoir-faire, d’uneconstance ou d’une évolution historique. L’étu<strong>de</strong><strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux secteurs <strong>en</strong> Avant-pays savoyard arévélé <strong>de</strong>s dynamiques propres à ce territoire autravers <strong>de</strong>s bassins versants.Ainsi, la notion d’unités hydrauliques* (voir définition)a découlé <strong>de</strong>s premiers constats. Nouspouvons citer les unités hydrauliques du lac d’Aiguebeletteou celle du Truison (<strong>en</strong>tre les com -munes <strong>de</strong> Grésin et <strong>de</strong> Saint-G<strong>en</strong>ix-sur-Guiers) quirecouvr<strong>en</strong>t les logiques artisanales et industrielles.Ces <strong>de</strong>ux unités hydrauliques se sont construitesautour d’une ressource constante favorisant l’installation<strong>de</strong> sites <strong>de</strong> meunerie, <strong>de</strong> sciage ou <strong>de</strong>métallurgie. L’arrivée <strong>de</strong> la fourniture <strong>de</strong> l’énergieélectrique au début du XX e siècle, <strong>en</strong> 1908 pour lacommune <strong>de</strong> La Bridoire, a transformé le paysage<strong>de</strong>s artifices. Des sites ont cessé leur activité et lesautres se sont équipés <strong>de</strong> nouvelles technologies.En parallèle, cette énergie électrique a favorisé l’implantationd’usines parfois <strong>en</strong> développant unsavoir-faire établi, une production locale ou <strong>en</strong><strong>en</strong>courageant <strong>de</strong> nouveaux secteurs comme letextile.Ces <strong>de</strong>ux unités hydrauliques prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>tun territoire qui a toujours exploité l’eau <strong>en</strong>s’adaptant à ces contraintes et <strong>en</strong> tirant lemaximum <strong>de</strong> son pot<strong>en</strong>tiel avec les améliorationstechniques <strong>de</strong> la roue à augets jusqu’à la turbine.En prolongem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’inv<strong>en</strong>taire docum<strong>en</strong>taire et<strong>de</strong> terrain, l’informatisation <strong>de</strong>s données a étéréalisée selon les normes <strong>de</strong> l’Inv<strong>en</strong>taire général.Cet aspect est la première étape <strong>de</strong> la valorisation<strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’inv<strong>en</strong>taire. Les données disposerontd’une visibilité sur Internet par le biais d’unebase <strong>de</strong> données <strong>en</strong> ligne et d’une cartographiedynamique.L’année 2010 verra le prolongem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’inv<strong>en</strong>tairesur le bassin versant du lac du Bourget (63communes et <strong>en</strong>viron 680 km²) pour le départem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>. Les bassins versants du Fiersupérieur et du Fier inférieur sont <strong>en</strong> cours d’inv<strong>en</strong>tairesur le territoire haut-savoyard.Yannick Milleret1. Ce bassin se partage <strong>en</strong> trois espaces le long duparcours du Rhône sur les départem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> et<strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>.Cadrage méthodologiqueL’inv<strong>en</strong>taire s’attache à rec<strong>en</strong>ser les témoignagesmatériels bâtis – dont les élém<strong>en</strong>ts sontintelligibles – liés à l’usage <strong>de</strong> l’eau dans lesdomaines <strong>de</strong> l’artisanat, <strong>de</strong> l’industrie et duthermalisme. L’étu<strong>de</strong> se conc<strong>en</strong>tre sur l’usagecomme force motrice, force énergétique et àvertu médicinale. Le cadre chronologiques’ét<strong>en</strong>d <strong>de</strong> 1860 à nos jours afin <strong>de</strong> couvrir lesévolutions <strong>de</strong> l’artisanat à l’industrie <strong>en</strong> passantpar la proto-industrie sans oublier les pratiquesmédicinales.


RHÔNEET PETITSAFFLUENTSCanaldu Rhône(CNR)VieuxRhôneles ouvragesd’art <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>Extrait <strong>de</strong> la carte <strong>de</strong>s bassins versants<strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> : secteur <strong>de</strong> l’Avant-payssavoyard, bassins versants du Guiers, du Rhôneet petits afflu<strong>en</strong>ts. Yannick Milleret.Regards croisés surl’Avant-pays savoyard,<strong>en</strong>tre patrimoine <strong>de</strong> l’eauet ouvrages d’artUn élém<strong>en</strong>t commun. L’eau, perçue commeun atout, un lieu <strong>de</strong> r<strong>en</strong>contre pour son usageénergétique, peut <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un obstacle lors <strong>de</strong>l’aménagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> communication.Les <strong>de</strong>ux cas conduis<strong>en</strong>t à une réflexion sur lamaîtrise <strong>de</strong> cette ressource naturelle qui <strong>de</strong>ssinele paysage.Facteurs <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t réciproque. Au<strong>de</strong>làdu premier constat, l’eau maîtrisée dansle cadre <strong>de</strong> son exploitation énergétique a<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré le développem<strong>en</strong>t d’un réseau initial<strong>de</strong> voies <strong>de</strong> communication pour le transport<strong>de</strong>s productions à l’échelle locale.Le maillage artisanal puis l’industrialisation ontgénéré <strong>de</strong> nouvelles logiques <strong>de</strong> flux <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>set <strong>de</strong> personnes, qui à leur tour ont révélé lanécessité d’améliorer et <strong>de</strong> développer les voies<strong>de</strong> communication.Cette nécessité s’est ainsi traduite par uneint<strong>en</strong>sification <strong>de</strong> l’activité du Génie civil donttémoigne l’abondance <strong>de</strong>s ouvrages d’art surl’<strong>en</strong>semble du territoire. L’Avant-pays savoyard<strong>en</strong> est un bon exemple.Une logique d’équipem<strong>en</strong>t toujours contemporaine.L’Avant-pays savoyard à l’image <strong>de</strong>sterritoires <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, s’est doté d<strong>en</strong>ouveaux ouvrages d’art afin <strong>de</strong> répondre auxbesoins croissants d’échanges et <strong>de</strong> déplacem<strong>en</strong>ts.Ces nouveaux équipem<strong>en</strong>ts ont modifiéle paysage du territoire <strong>en</strong> l‘ori<strong>en</strong>tant vers letourisme et la villégiature au dép<strong>en</strong>d <strong>de</strong>s activitéséconomiques antérieures.Alexandra EscobarYannick MilleretC’est <strong>en</strong> septembre 2009 qu’a été lancéel’idée <strong>de</strong> m<strong>en</strong>er une étu<strong>de</strong> sur les ouvrages d’artdu départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>. Cette volontémarquée d’acquérir une plus gran<strong>de</strong> connaissance<strong>de</strong> l’œuvre du Génie civil sur le territoire savoyarddans le but d’une valorisation patrimoniale, adébouché, <strong>en</strong> mars 2010, sur une mission <strong>de</strong> rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>tet d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s ouvrages d’art. Elle faitdésormais l’objet d’un stage <strong>de</strong> six mois, réalisésous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong> laConservation départem<strong>en</strong>tale du patrimoine, <strong>en</strong>collaboration avec la Direction départem<strong>en</strong>tale<strong>de</strong>s routes, et <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec la FondationFacim qui assure une mission <strong>de</strong> valorisation dupatrimoine culturel <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> et Léon Grosse,<strong>en</strong>treprise spécialisée reconnue dans les activitésdu bâtim<strong>en</strong>t et <strong>de</strong>s travaux publics.Qu’est-ce qu’un ouvrage d’art ?Un ouvrage d’art se définit comme une constructionliée aux réalisations d’équipem<strong>en</strong>t d’un pays.Il peut s’agir d’aménagem<strong>en</strong>ts liés aux structureset infrastructures <strong>de</strong> transports, d’aménagem<strong>en</strong>tshydrauliques, d’aménagem<strong>en</strong>ts portuaires ou<strong>en</strong>core énergétiques.Délimitation du sujet d’étu<strong>de</strong> – Des choix ont dû êtrefaits compte t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> la durée prévisionnelle <strong>de</strong> lamission. Il a été décidé <strong>de</strong> considérer les ouvragesd’art routiers actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> usage, ce qui impliqued’ores et déjà :– une délimitation liée à l’état <strong>de</strong>s ouvrages – nousne pr<strong>en</strong>drons <strong>en</strong> compte que les ouvrages d’art<strong>en</strong>core empruntés et donc <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>us par la collectivité.– une délimitation typologique – les ouvrages liésaux structures et infrastructures <strong>de</strong> transportsroutiers. On peut id<strong>en</strong>tifier là <strong>en</strong>core différ<strong>en</strong>tstypes d’ouvrages :• les ouvrages <strong>de</strong> franchissem<strong>en</strong>t qui permett<strong>en</strong>t<strong>de</strong> franchir un obstacle : ponts, viaducs, tunnels etc.• les ouvrages <strong>de</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t – murs <strong>de</strong> soutènem<strong>en</strong>t,parapets etc.Pont susp<strong>en</strong>du à ossature mixte <strong>en</strong> béton arméet métal sur le Rhône, Nattages-Y<strong>en</strong>ne. Ce pontdétruit <strong>en</strong> 1940 fut reconstruit <strong>en</strong> 1950-51.Pont <strong>de</strong> Landrecin, à voûte maçonnée<strong>en</strong> arc surbaissé au-<strong>de</strong>ssus du ruisseau<strong>de</strong> la Méline, Y<strong>en</strong>ne.• les ouvrages <strong>de</strong> protection contre les risques naturels– paravalanches, pare-blocs, etc.Au regard <strong>de</strong>s résultats du travail <strong>de</strong> rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t(cf. tableau 1) il a été choisi <strong>de</strong> ne ret<strong>en</strong>ir que lesouvrages dits <strong>de</strong> franchissem<strong>en</strong>t, et <strong>de</strong> poursuivrel’étu<strong>de</strong> sur une échelle <strong>de</strong> travail réduite mais nonmoins représ<strong>en</strong>tative : le territoire <strong>de</strong> l’Avant-payssavoyard.Un choix ori<strong>en</strong>té pour plusieurs raisons :– la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> l’Épine, barrière naturelle<strong>en</strong>tre l’Avant-pays savoyard et la cluse <strong>de</strong>Chambéry, et un réseau hydrographique d<strong>en</strong>se(avec plus <strong>de</strong> 445 km <strong>de</strong> cours d’eau) ; <strong>de</strong>s contrain -tes liées à la spécificité du milieu naturel savoyardauxquelles a été confronté l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s territoires<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> lors <strong>de</strong> l’établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s voies<strong>de</strong> communication.– la volonté <strong>de</strong> réaliser cette étu<strong>de</strong> <strong>en</strong> adéquationavec l’avancem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’inv<strong>en</strong>taire du patrimoinehydraulique m<strong>en</strong>é au sein <strong>de</strong> la Conservation duPatrimoine, pour les raisons que nous avonsévoquées précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t.Alexandra EscobarPatrimoine du réseau routier <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>routes routesdépart. nationalesLongueur totale du réseau 3146 kms 58 kmsOuvrages d’art<strong>de</strong> franchissem<strong>en</strong>t• ponts 1175 124• tunnels 29 4Ouvrages d’art<strong>de</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t(murs <strong>de</strong> soutènem<strong>en</strong>tet parapets 6500 317• surface totale couverte 900 km 2 79 km 2Ouvrages d’art <strong>de</strong> protectiontype paravalanchesou pare-blocs 47 NR• surface totale couverte 31 km 2Données : <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, Direction départem<strong>en</strong>tale<strong>de</strong>s routes, service ouvrages d’art, et Direction interdépartem<strong>en</strong>tale<strong>de</strong>s routes C<strong>en</strong>tre-Est, district <strong>de</strong> Chambéry5


un portrait <strong>de</strong>Madame RoyaleCOLLECTIONSDÉPARTEMENTALESPortrait <strong>de</strong> Christine <strong>de</strong> France,dite Madame Royale.Anonyme, huile sur toile, vers 1650.Collections départem<strong>en</strong>tales,inv. 2009-2-1, <strong>Conseil</strong> général<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.6Parmi les <strong>de</strong>rnières acquisitions du <strong>Conseil</strong>général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> v<strong>en</strong>ues <strong>en</strong>richir les collectionsdépartem<strong>en</strong>tales, ce portrait <strong>de</strong> Christine <strong>de</strong> France,duchesse et rég<strong>en</strong>te <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, dite « Madameroyale » 1 vi<strong>en</strong>t illustrer fort à propos – à l’occasiondu 150 e anniversaire <strong>de</strong> l’Annexion <strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong>la <strong>Savoie</strong> à la France – la complexité <strong>de</strong>s relations<strong>en</strong>tre la France et la <strong>Savoie</strong> qui, au gré <strong>de</strong>s guerreseuropé<strong>en</strong>nes <strong>de</strong> succession <strong>de</strong>s Temps mo<strong>de</strong>rneset du jeu <strong>de</strong>s alliances diplomatiques et matrimonialespour le contrôle du « libre passage » <strong>de</strong>sAlpes, vers l’Italie, ont semé les germes du rattachem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> 1860.Cette huile anonyme sur toile <strong>de</strong> lin, datable dudébut <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XVII e siècle (inv.2009-2-1, montée sur châssis hexagonal, H 76 cmx L 59 cm), a trouvé, après sa restauration courant2009, toute sa place dans la nouvelle prés<strong>en</strong>tationmuséographique <strong>de</strong>s salles <strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong>ne Chambre<strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> sur l’histoire du château<strong>de</strong>s ducs.Christine ou Chresti<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> France, fille d’H<strong>en</strong>ri IVet <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Médicis, sœur <strong>de</strong> Louis XIII, <strong>de</strong>Gaston d’Orléans, d’Élisabeth <strong>de</strong> France, reine d’Espagneet d’H<strong>en</strong>riette <strong>de</strong> France, reine d’Angleterre,était née à Paris le 10 février 1606 et avait épouséle 10 février 1619 le prince <strong>de</strong> Piémont, Victor-Amédée <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, le futur duc Victor-Amédée I er(1630-1637). Le début du règne ducal fut marquépar les traités <strong>de</strong> Cherasco (31 mars-30 mai 1631)concluant la Secon<strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> succession duMontferrat qui avait opposé l’Opportune du ducCharles-Emmanuel I er , allié <strong>de</strong>s Habsbourg, aux intérêtsespagnols et français <strong>en</strong> Italie ; ces traités assurai<strong>en</strong>tl’hégémonie <strong>de</strong> la France <strong>en</strong> Piémont.Victor-Amédée I er , <strong>en</strong> effet, ne put récupérer toutesses places-fortes et fut contraint d’<strong>en</strong>trer dans l’alliancefrançaise. Il accepta <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre la tête <strong>de</strong> laligue anti-espagnole pour la liberté du Milanais et<strong>de</strong> l’Italie offerte par le cardinal <strong>de</strong> Richelieu aprèsle traité <strong>de</strong> Rivoli le 11 juillet 1635. Vainqueur <strong>de</strong>sEspagnols à la bataille <strong>de</strong> Mombaldone, le ducmourut hélas subitem<strong>en</strong>t le 7 octobre 1637. Christine<strong>de</strong> France assuma la rég<strong>en</strong>ce aux noms <strong>de</strong> sesfils, héritiers successifs du duché, François-Hyacinthe (1632-1638) puis Charles-Emmanuel(1634-1675), le futur duc Charles-Emmanuel II(1648-1675). Contestée pour t<strong>en</strong>ir une courfastueuse et pour la gestion financière disp<strong>en</strong>dieuse<strong>de</strong> son favori Philippe <strong>de</strong> Saint-Martind’Aglié, surint<strong>en</strong>dant <strong>de</strong>s Finances et ministred’État, elle dut faire face à une double m<strong>en</strong>acequant à l’intégrité <strong>de</strong>s États <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> : la fron<strong>de</strong><strong>de</strong>s princes Thomas et Maurice <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, pro-espagnolsqui, <strong>en</strong> réclamant la tutelle du jeune Charles-Emmanuel, provoquèr<strong>en</strong>t la guerre civile, et lesexig<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> Louis XIII, son propre frère, et ducardinal <strong>de</strong> Richelieu pour l’établissem<strong>en</strong>t d’unprotectorat français <strong>de</strong> fait sur le duché. Christine<strong>de</strong> France dut dès lors se réfugier à Montmélianpuis installer provisoirem<strong>en</strong>t sa cour à Chambéry.C’est alors qu’elle adopta la s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ce « Plus <strong>de</strong>fermeté que d’esclat » et la figure d’une bague audiamant pour <strong>de</strong>vise. Après la victoire française <strong>de</strong>Casale sur les Espagnols puis le long siège francosabaudo-espagnol<strong>de</strong> Turin au cours <strong>de</strong> l’année1640, l’arbitrage diplomatique du pape Urbain VIIIfavorable au mainti<strong>en</strong> d’un Duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> –portier <strong>de</strong>s Alpes – et la médiation du cardinal <strong>de</strong>Mazarin permir<strong>en</strong>t à Christine <strong>de</strong> France <strong>de</strong> faireson <strong>en</strong>trée à Turin et <strong>de</strong> négocier un double traité,le 14 juin 1642. Ce compromis diplomatique garantissaitla souveraineté <strong>de</strong>s États <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, les intérêts<strong>de</strong>s princes fron<strong>de</strong>urs et réglait la question <strong>de</strong>la succession dynastique par le mariage du cardinalMaurice <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> avec sa propre nièce, Louise-Marie <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, la fille aînée <strong>de</strong> la rég<strong>en</strong>te. Laprotection <strong>de</strong> la France était accordée aux princesr<strong>en</strong>onçant au parti pro-espagnol et à la fron<strong>de</strong>.Répondant à ce contexte conflictuel, parmi les fêtes<strong>de</strong> cour, remarquons les programmes allégoriquesconçus par Philippe d’Aglié : le ballet Hercole eAmore 2 donné au château <strong>de</strong> Chambéry pour l’anniversaire<strong>de</strong> Christine <strong>de</strong> France le 10 février 1640ainsi que le banquet-ballet intitulé Dono <strong>de</strong>l Re <strong>de</strong>lAlpi 3 donné au château <strong>de</strong> Rivoli le 10 février 1645,tous <strong>de</strong>ux dédiés à « Madame royale » affirm<strong>en</strong>t lasouveraineté <strong>de</strong>s États <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, l’intégrité retrou -


Portrait <strong>de</strong> Madame Royale, <strong>de</strong>ssiné parEsprit Grandjean, peintre <strong>de</strong> S.A.R., gravé parDespi<strong>en</strong>ne et publié dans l’Histoire généalogique<strong>de</strong> la Royale Maison <strong>de</strong> Savoye <strong>de</strong> SamuelGuich<strong>en</strong>on, à Lyon chez Barbier <strong>en</strong> 1660.vée <strong>de</strong> leurs quatre provinces (<strong>Savoie</strong>, Piémont,Nice et Montferrat) et la légitimité du jeune princeCharles-Emmanuel.Par le traité du Val<strong>en</strong>tino du 3 avril 1645, l’allianceavec la France était confortée <strong>en</strong> échange <strong>de</strong> lacession <strong>de</strong> places-fortes piémontaises et <strong>de</strong> la fin<strong>de</strong> l’occupation <strong>de</strong> Turin par la France.Le Manifeste d’Ivrea, le 19 juin 1648, proclama parprécaution la majorité anticipée du duc Charles-Emmanuel II (1634/1648-1675) mais après avoirreçu le gouvernem<strong>en</strong>t et la lieut<strong>en</strong>ance généraledu Duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, Christine <strong>de</strong> France conserva<strong>en</strong> fait les rênes du pouvoir au sein du <strong>Conseil</strong>d’État jusqu’à sa mort le 27 décembre 1663 <strong>en</strong>gageant<strong>en</strong> 1655 une sévère politique <strong>de</strong> répressioncontre l’hérésie vaudoise sous le ministère dumarquis <strong>de</strong> Pianezza. Elle s’efforça aussi <strong>de</strong> rétablirle monopole <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> route du Mont-C<strong>en</strong>is et<strong>de</strong> relancer l’économie du duché.Au château <strong>de</strong> Chambéry, siège du Gouvernem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, elle commanda un prestigieux chantier<strong>de</strong> rénovation <strong>de</strong> la Sainte-Chapelle, lieu symbolique<strong>de</strong> la dynastie où se déroulai<strong>en</strong>t les nocesprincières. Après un premier prix fait daté du 17juillet 1645 puis le projet d’une gran<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> <strong>de</strong>style baroque <strong>de</strong>ssinée par son architecte favori,le comte Ame<strong>de</strong>o di Castellamonte (~1610-1683)daté du 11 mai 1647, les travaux fur<strong>en</strong>t exécutés<strong>en</strong> <strong>de</strong>ux phases <strong>en</strong>tre 1655 et 1659 ; la gran<strong>de</strong>faça<strong>de</strong> fut élevée selon le <strong>de</strong>ssin modifié par Castellamonte<strong>en</strong> 1655 et le voûtem<strong>en</strong>t médiéval <strong>en</strong>partie ruiné fut <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t reconstruit <strong>en</strong>tre 1655et 1659 par les maîtres maçons chambéri<strong>en</strong>sClau<strong>de</strong> Vivian, César Ver<strong>de</strong>t, Clau<strong>de</strong> Tissot <strong>en</strong>conservant toutefois son aspect gothique. Lestravaux fur<strong>en</strong>t parachevés par François Cu<strong>en</strong>ot(1616-1686), architecte et sculpteur ducal pour lemobilier et l’ébénisterie <strong>en</strong>tre 1663 et 1666. À lacomman<strong>de</strong> <strong>de</strong> Christine <strong>de</strong> France, Cuénot dirigeasimultaném<strong>en</strong>t la décoration éphémère réaliséeau château pour les fêtes données à Chambéry <strong>en</strong>1662 lors du mariage du jeune duc Charles-EmmanuelII et <strong>de</strong> Françoise d’Orléans-Valois (1648-1664),dite La Colombine d’amour. Une brochure anonyme,attribuée au Père Ménestrier/Clau<strong>de</strong>-FrançoisM<strong>en</strong>etrier, jésuite lyonnais, professeur <strong>de</strong> rhétoriqueau collège <strong>de</strong> Chambéry et concepteur réputé <strong>de</strong>sfêtes princières, intitulée Les Noeuds <strong>de</strong> l’amour,<strong>de</strong>ssein <strong>de</strong>s appareils dressez à Chambery à l’<strong>en</strong>trée<strong>de</strong> Leurs Altesses Royales à l’occasion <strong>de</strong> leurs nopces– à Chambéry par les frères Du Four, imprimeurs<strong>de</strong> S.A.R., 1663, in-4°, Bibliothèque <strong>de</strong>s RR. PP.Jésuites <strong>de</strong> Lyon – relate la magnific<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> cesfêtes qui célèbrèr<strong>en</strong>t le redressem<strong>en</strong>t politique <strong>de</strong>sÉtats <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> par Christine <strong>de</strong> France et lanouvelle alliance symbolisée par les lacs ou« nœuds d’amour » <strong>en</strong>tre la France et la <strong>Savoie</strong>.C’est dans ce contexte d’affirmation <strong>de</strong> la souveraineté<strong>de</strong>s États <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong> la légitimité dynastiquepar la rég<strong>en</strong>te qu’il faut replacer l’abondanteproduction <strong>de</strong> portraits <strong>de</strong> Madame royale et <strong>de</strong>membres <strong>de</strong> sa famille, portraits <strong>en</strong> majesté,portraits <strong>de</strong> la famille princière, portraits équestres,dans les années 1640-1660, du moins telle que lessources archivistiques et quelques gravures la laiss<strong>en</strong>t<strong>en</strong>trevoir car bi<strong>en</strong> peu <strong>de</strong> ces œuvres peintessont parv<strong>en</strong>ues jusqu’à nous. L’exposition Royaleseffigies réalisée au Musée savoisi<strong>en</strong> <strong>en</strong> 1985-1986avait souligné l’importance <strong>de</strong> ces comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong>cour sous la rég<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Christine <strong>de</strong> France etrévélé l’influ<strong>en</strong>ce du goût français et du portrait« parisi<strong>en</strong> » à Turin. Quelques-unes seulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ses effigies ont été conservées <strong>en</strong> Piémont dansles anci<strong>en</strong>nes « resid<strong>en</strong>ze sabau<strong>de</strong> » et les collections<strong>de</strong>s musées turinois d’où l’intérêt <strong>de</strong> cette nouvelleacquisition pour les collections départem<strong>en</strong>tales.Parmi les peintres portraitistes au service du<strong>de</strong>ssein dynastique <strong>de</strong> « Madame royale », il fautm<strong>en</strong>tionner au milieu du XVII e siècle : Philibert-Pierre Torret dit Narcis ou Narciso, peintre <strong>de</strong> S.A.R,originaire <strong>de</strong> Paris, Pierre Mignard (Troyes, 1612 –Paris 1695, frère <strong>de</strong> Nicolas Mignard), les frèresBeaubrun, H<strong>en</strong>ri (1603-1677) et Charles (1604-1672), Charles-Clau<strong>de</strong> Dauphin ou Daufin, élève <strong>de</strong>Simon Vouet, prieur annuel <strong>de</strong> la Compagnia di SanLuca à Turin, peintre attaché au service du prince<strong>de</strong> Carignan, Jean Miel/Meel ou Miele d’origineflaman<strong>de</strong> peintre ordinaire <strong>de</strong> S.A.R par lettre du20 octobre 1658, prieur <strong>de</strong> la Compagnia di SanLuca à Turin <strong>en</strong> 1661, mort le 3 avril 1664, EspritGrandjean, peintre <strong>de</strong> Chambéry qui travailla pourDon Félix <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> <strong>en</strong> 1642 et qui fut nomméNotes1. En 1485, Charles I er ,duc <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> avaitracheté les droits à lacouronne du royaume <strong>de</strong>Chypre et <strong>de</strong> Jérusalem.)2. Hercole, etAmore/Applaud<strong>en</strong>ti alNatale di/M.M.R GranBalletto/Per li dieci febraro1640. Ballato/In Chambery<strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> GiovanniTommaso Borgonio(Perinaldo ? ~1627-28 –Turin 1691, Torino,Biblioteca Nazionale).3. Dono/<strong>de</strong>l Re <strong>de</strong>lAlpi/A’Madamapeintre et valet <strong>de</strong> chambre <strong>de</strong> S.A.R. par le ducCharles-Emmanuel II le 9 mai 1651 puis <strong>en</strong> 1653,prieur annuel <strong>de</strong> la Compagnia di San Luca à Turin.On lui doit le <strong>de</strong>ssin du portrait <strong>de</strong> « Madameroyale » gravé au burin par Despi<strong>en</strong>ne pour la dédicacedu célèbre ouvrage Histoire généalogique <strong>de</strong>la Royale Maison <strong>de</strong> Savoye <strong>de</strong> l’historiographeSamuel Guich<strong>en</strong>on, publié chez Barbier à Lyon <strong>en</strong>1660 dont le trait rappelle assez notre portraitanonyme.L’effigie <strong>de</strong> la rég<strong>en</strong>te est traitée conv<strong>en</strong>tionnellem<strong>en</strong>tà mi-corps, <strong>en</strong> habit <strong>de</strong> cour, aux couleurs du<strong>de</strong>uil, coiffée d’un voile <strong>de</strong> crêpe noir surmontéd’un diadème. Sa main repose symboliquem<strong>en</strong>tsur la couronne royale perlée et fleur<strong>de</strong>lisée <strong>de</strong>Chypre et <strong>de</strong> Jérusalem prés<strong>en</strong>tée sur un coussin 4 ,symbole dynastique, certes alors virtuel mais aussi<strong>de</strong>s aspirations <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. On peutremarquer <strong>en</strong> p<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tif un bijou composé d’unecroix à trois p<strong>en</strong><strong>de</strong>loques prés<strong>en</strong>t sur quelquesuns<strong>de</strong> ses portraits gravés au burin, notamm<strong>en</strong>tpar Despi<strong>en</strong>ne et Gilles Rousselet à Paris. Tout porteà p<strong>en</strong>ser que cette composition témoigne <strong>de</strong> lapertin<strong>en</strong>ce politique <strong>de</strong>s modèles français dans leg<strong>en</strong>re du portrait au service du prestige <strong>de</strong> la cour<strong>de</strong> « Madame royale » et <strong>de</strong> leur reproduction <strong>en</strong>estampe dans un but <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> dynastique.Reale/Festa per il giornoNatale, li/dieceFebraro/MDCXLV/Ballatoin Rivoli, <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong>Giovanni TommasoBorgonio (Perinaldo ?~1627-28 – Turin 1691,Torino, BibliotecaNazionale).4. On retrouve cetélém<strong>en</strong>t symbolique surun portrait <strong>de</strong> facturediffér<strong>en</strong>te, attribué à unpeintre anonyme actif à lacour <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, conservéà la Bayerischealtsgemäl<strong>de</strong>sammlung<strong>en</strong>,Alte Pinakothek <strong>de</strong>Philippe RaffaelliGran<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> baroque <strong>de</strong> la Sainte-Chapelledu château <strong>de</strong>s ducs <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, Chambéry.Ame<strong>de</strong>o di Castellamonte, architecte <strong>de</strong> S.A.R.,1647-1659.Munich. Jean Miel(Meel ou Miele), avaitpeint le portrait équestredu duc électeur <strong>de</strong>Bavière, Ferdinand-Marieet <strong>de</strong> son épouse,H<strong>en</strong>riette-Marie-A<strong>de</strong>laï<strong>de</strong><strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> conservé auchâteau <strong>de</strong> Moncalieri ;Jean Delamonce,architecte et peintre(Paris 1635 – Lyon 14 avril1708) avait aussi réaliséun portrait d’H<strong>en</strong>riette-Marie-A<strong>de</strong>laï<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong><strong>en</strong> 1675, gravé pard’Ambling.7


Filippo Juvarraarchitecte du maître-autel<strong>de</strong> la Sainte-Chapelle etles marbres du PiémontMONUMENTSHISTORIQUESL’antép<strong>en</strong>dium <strong>de</strong> l’autel. On distingu<strong>en</strong>ettem<strong>en</strong>t le cercle du <strong>de</strong>ssin initial,finalem<strong>en</strong>t inséré dans le cartouche.Croix <strong>de</strong>s saints Maurice et Lazare.8Nous avions publié <strong>en</strong> décembre 2004, avecDanielle Decrouez, directrice du Muséum d’histoir<strong>en</strong>aturelle <strong>de</strong> G<strong>en</strong>ève, un article intitulé « Les rochessavoyar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la Sainte-Chapelle, château <strong>de</strong>s ducs<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> » dans la Rubrique <strong>de</strong>s patrimoines <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>. De nouvelles découvertes et la lecture d’ouvragessortis <strong>de</strong>puis m’incit<strong>en</strong>t à compléter nosconnaissances sur les marbres utilisés pour la décorationdu maître-autel abrité dans cette insignechapelle. Je remercie M. Morizio Gomez-Serito (Politecnicodi Torino, Dpt. Georisorse e Territorio) pourtous les échantillons et informations sur l’épiso<strong>de</strong>piémontais <strong>de</strong> cette réalisation juvarri<strong>en</strong>ne à laSainte-Chapelle :«…<strong>en</strong> 1727, époque à laquelle… le roi Victor-AmédéeII fit <strong>en</strong>lever le tabernacle <strong>de</strong> bois doré que le princeThomas avait fait faire, pour le remplacer, ainsi quel’autel <strong>de</strong> pierre, par un autel et un tabernacle <strong>de</strong>marbre d’Italie » 1 .Un contrat daté du 20 octobre 1726 2 , nous appr<strong>en</strong>dque le travail est donné à un maître chambéri<strong>en</strong>,Joseph Tardy, le 21 août 1726, selon les instructions<strong>de</strong> l’architecte royal Francesco-Luigi Garella 3 quirecomman<strong>de</strong> d’exécuter avec précision le projet<strong>de</strong> Monsieur le chevalier Don Philippi Juvarra. Letravail doit être terminé dans les six mois. Le 10février 1727 intervi<strong>en</strong>t le versem<strong>en</strong>t du prix pourla construction « d’un autel <strong>en</strong> marbre noir, rouge etblanc ». La partie inférieure du maître-autel fut doncréalisée localem<strong>en</strong>t par Joseph Tardy avec<strong>de</strong>s matériaux savoyards, à l’exception <strong>de</strong>spanneaux <strong>de</strong> marbre <strong>de</strong> la partie c<strong>en</strong>trale. Lecontrat conservé aux Archives départem<strong>en</strong>tales<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> m<strong>en</strong>tionne un « … hautel <strong>en</strong> marbre àla Romaine… tout <strong>de</strong> marbre noir veiné <strong>de</strong> blanc <strong>de</strong>St Philip, blanc jaspé <strong>de</strong> la Boisserette et rouge <strong>de</strong>Vimines tout poli et lustré… », confirmant nos <strong>de</strong>uxid<strong>en</strong>tifications faites <strong>en</strong> 2004. Le blanc jaspé <strong>de</strong> laBoisserette est le seul matériau local utilisé à l’originepour la croix <strong>de</strong> Saint-Maurice pommelée parles bouts <strong>de</strong> l’antép<strong>en</strong>dium, dont nous n’avons pas<strong>en</strong>core localisé le site <strong>de</strong> la carrière, tandis que lesban<strong>de</strong>s vertes aux quatre angles qui marqu<strong>en</strong>tl’ordre <strong>de</strong> Saint-Lazare sont <strong>en</strong> ophicalcite verte.Car l’origine <strong>de</strong>s marbres du baldaquin et <strong>de</strong> l’antép<strong>en</strong>diumest à rechercher <strong>en</strong> Italie, principalem<strong>en</strong>tdans le Piémont. L’ouvrage <strong>de</strong> G. Gritella 4« Filippo Juvarra, l’architettura » attribue l’architecture<strong>de</strong> l’autel à Juvarra, et nous explique la suite<strong>de</strong>s travaux. Deux <strong>de</strong>ssins illustr<strong>en</strong>t les étapes duprojet 5 . Ils diffèr<strong>en</strong>t principalem<strong>en</strong>t par le motifc<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> l’antép<strong>en</strong>dium, <strong>de</strong> forme ron<strong>de</strong> dans lepremier, à un cartouche plus allongé dans lesecond. Cette modification est visible, la découpedu marbre montre que ce rond a été <strong>en</strong>suitecomplété, dans la même qualité <strong>de</strong> marbre « persichino<strong>de</strong> Cassoto » afin <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre la forme dusecond <strong>de</strong>ssin (remarque faite avec justesse par M.Gomez Serito). De chaque côté, les panneaux sont<strong>en</strong> « Serravezza <strong>de</strong> Moiola » et « persichino <strong>de</strong>Cassoto ». Ces <strong>de</strong>ux marbres sont extraits dans lePiémont 6 . Le « persichino » est une brèche calcaired’un fond rose-chair, rappelant les qualités <strong>de</strong> « fleur<strong>de</strong> pêcher », avec <strong>de</strong>s veinules blanches, extraite àproximité du village <strong>de</strong> Casotto, dans <strong>de</strong>ux petitescarrières <strong>de</strong> chaque côté du torr<strong>en</strong>t Casotto. Cevillage se situe dans le sud <strong>de</strong> la province <strong>de</strong> Coni.La « Seravezza <strong>de</strong> Moiola » fut aussi appelée « Serravezza<strong>de</strong>l Paese » et fut extraite durant une trèscourte pério<strong>de</strong> au XVIII e siècle sans reprise postérieure.La carrière est située <strong>en</strong> face du village <strong>de</strong>Moiola, au pied <strong>de</strong> la Rocca Morret Gran<strong>de</strong>. D’aspectvariable, il s’agit d’une brèche calcaire constituéed’élém<strong>en</strong>ts allongés, déformés, <strong>de</strong> couleurblanche parfois légèrem<strong>en</strong>t dorés, dans une pâte<strong>de</strong> fond rouge à violet, parfois noire, avec <strong>de</strong>s veinesblanches. Le village se situe à proximité <strong>de</strong> Casotto.Ces marbres fur<strong>en</strong>t déjà utilisés par Juvarra <strong>en</strong> 1724pour l’autel <strong>de</strong> la chapelle Sant’Uberto dans lechâteau <strong>de</strong> V<strong>en</strong>eria Reale, à proximité <strong>de</strong> Turin.


Ophicalcite verte <strong>de</strong> Bussol<strong>en</strong>o ou <strong>de</strong> Susa. Marbre « persichino <strong>de</strong> Cassoto ». Marbre « Serravezza <strong>de</strong> Moiola ».L’ouvrage <strong>de</strong> G. Gritella m<strong>en</strong>tionne une lettre du8 octobre 1727 accompagnée d’une liste concernantla fourniture du baldaquin, notamm<strong>en</strong>t letransport <strong>de</strong> 43 caisses cont<strong>en</strong>ant les marbres du4 au 21 août 1727, tout étant arrivé au 16septembre 1727 à Chambéry 7 . Le baldaquinprés<strong>en</strong>te la « Serravezza <strong>de</strong> Moiola » pour lescolonnes, le « persichino <strong>de</strong> Cassoto » pour lespanneaux <strong>de</strong> la niche <strong>de</strong> l’ost<strong>en</strong>soir 8 , et <strong>de</strong>ux autresmarbres piémontais : l’albâtre rubané d’une teintemiel <strong>de</strong> Busca, dans le sud <strong>de</strong> la province <strong>de</strong> Conidans le Piémont, et une ophicalcite verte, que nousavions interprétée dans le précéd<strong>en</strong>t article commev<strong>en</strong>ant pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Longefoy <strong>en</strong> Tar<strong>en</strong>taise,ce qui s’avère erroné. Il s’agit du « vert <strong>de</strong> Bussol<strong>en</strong>o »ou « <strong>de</strong> Susa », ophicalcite à pâte fine d’un fond <strong>de</strong>couleur vert clair, peu veiné <strong>de</strong> blanc, avec parfois<strong>de</strong> gros élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> teinte vert foncé <strong>de</strong> formearrondie. C’est le marbre piémontais le plusprécieux et le plus fréquemm<strong>en</strong>t cité, qui faisaitl’objet <strong>de</strong> contreban<strong>de</strong> illégale avec la France !Bizarrem<strong>en</strong>t, c’est aussi l’unique matériau dont lacarrière n’a toujours pas été localisée aux <strong>en</strong>virons<strong>de</strong> Suse, <strong>en</strong>tre le Fréjus et Turin. Le <strong>de</strong>rnier marbreutilisé est du jaune <strong>de</strong> Vérone, pour le tabernacleet l’<strong>en</strong>tablem<strong>en</strong>t.Une ultime phase <strong>de</strong> travaux intervint <strong>en</strong> 1837 9 ,probablem<strong>en</strong>t à l’origine <strong>de</strong> l’ajout du second rang<strong>de</strong> gradins <strong>de</strong> chaque côté du tabernacle, quiprés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> faça<strong>de</strong> <strong>de</strong>s panneaux <strong>en</strong> brèche <strong>de</strong>Tar<strong>en</strong>taise. Les réparations fur<strong>en</strong>t faites par lemarbrier Collet, sous la direction <strong>de</strong> l’architecteTeghil. S’agit-il du même « sculpteur sur marbre,Collet, dit le Romain » 10 , qui « fit <strong>en</strong> 1824 le tombeaudu présid<strong>en</strong>t Favre qui est dans la cathédrale »,tombeau lui aussi réalisé <strong>en</strong> brèche violette <strong>de</strong>Tar<strong>en</strong>taise ?L’étu<strong>de</strong> conduite par M. Gomez-Serito sur lesmarbres déjà utilisés pour la décoration <strong>de</strong> l’autel<strong>de</strong> la chapelle Sant’Uberto à V<strong>en</strong>eria Reale, et unevisite à la Sainte-Chapelle <strong>en</strong> sa compagnie, avec<strong>de</strong>s échantillons, nous ont permis d’id<strong>en</strong>tifier cesmatériaux. Cet exemple d’utilisation et <strong>de</strong> transport<strong>de</strong> marbres piémontais <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> constitue unepremière, et se compr<strong>en</strong>d dans le contexte <strong>de</strong>l’époque. Dans l’autre s<strong>en</strong>s, vers 1773, <strong>de</strong>s blocs <strong>de</strong>scarrières <strong>de</strong> Villette fur<strong>en</strong>t aussi conduits à Turin 11 ,où la brèche <strong>de</strong> Tar<strong>en</strong>taise est prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> décoration12 . Au XVIII e siècle, à l’initiative <strong>de</strong> ses souverains,le territoire du royaume <strong>de</strong> Sardaigne faitl’objet <strong>de</strong> prospections minières actives, et les coïncid<strong>en</strong>ces<strong>de</strong> dates d’ouverture <strong>de</strong>s carrières <strong>de</strong>marbre prouv<strong>en</strong>t la volonté royale <strong>de</strong> valoriser lesressources naturelles « <strong>de</strong>l Paese ». 13Notes1. Jussieu A. <strong>de</strong>, La Sainte-Chapelle du château <strong>de</strong>Chambéry, Perrin, Chambéry,1868, p. 89.2. Archives départem<strong>en</strong>tales<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, Chambéry, sérieC, additions, carton 81,1726, contrat n° 15.3. Architecte royalpiémontais qui œuvraaussi <strong>en</strong> Haute-<strong>Savoie</strong>.4. Gritella G., Filippo Juvarra,l’architettura, II Vol., § 65,L’altare <strong>de</strong>lla Sainte-Chapelle <strong>de</strong>l castello diChambéry Mod<strong>en</strong>a, 1992,p. 96-100.5. Le premier B.N. Torino,Ris. 59/2 c. 49, le second B.N.Torino, vol 1, c. 24 n. 34,1734/DS., qui représ<strong>en</strong>tel’autel tel que nous pouvonsle voir, à l’exception dusecond rang <strong>de</strong> gradins.6. Gomez Serito M., Reggiadi V<strong>en</strong>eria a Torino, I marmi<strong>de</strong>lla Cappella juvarrianadi Sant’Uberto, dans Arkos,sci<strong>en</strong>za e restauro, f.7, n° 2,Torino, 2002, p. 34-35.7. Gritella, op. cit., p. 96.8. C’est, au XVIII e siècle,l’appellation donnée dansles <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong>s marbres<strong>de</strong> Moiola et <strong>de</strong> Casotto,« Serravezza <strong>de</strong>l Paese »,« marmo rosso <strong>de</strong>l Paese »,voir M. Gomez Serito,op. cit. p. 33.Dominique Trit<strong>en</strong>ne9. Santelli M., La Sainte-Chapelle du château <strong>de</strong>Chambéry, l’Histoire <strong>en</strong><strong>Savoie</strong>, Patrimoine, SSHA,Chambéry, 2003, p. 51.10. Dufour A., Rabut F.,Les sculpteurs et lessculptures <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> du XIII eau XIX e siècle, Mémoires etdocum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la SSHA, t.14,Chambéry, 1873, p. 262-263.11. Borrel E.L., Nom<strong>en</strong>claturegénérale <strong>de</strong>s mines etcarrières <strong>de</strong> la Tar<strong>en</strong>taise,Recueil <strong>de</strong>s mémoires etdocum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> l’Académie<strong>de</strong> la Val d’Isère, vol. 4,Moûtiers, 1883, p. 357.12. Au Palais Madame,communication orale <strong>de</strong>M. Gomez Serito.13. Victor-Amédée II(1684-1730) comm<strong>en</strong>ce uneœuvre c<strong>en</strong>tralisatrice pourson royaume : <strong>en</strong> 1723,Premier projet, <strong>de</strong>ssin<strong>de</strong> Filippo Juvarra.Le maître-autel dans le chœur<strong>de</strong> la Sainte-Chapelle.publication <strong>de</strong>s Royalesconstitutions, qui régiss<strong>en</strong>taussi le régime <strong>de</strong>s mines,<strong>de</strong> 1728 à 1738, mise <strong>en</strong>place du cadastre duquelnaîtra la mappe sar<strong>de</strong>,formidable outil fiscal.Puis, sous le règne <strong>de</strong> sonfils Charles-Emmanuel III,paraît l’ouvrage <strong>de</strong> VitalianoDonati, Viaggio mineralogicoSecond projet, <strong>de</strong>ssin<strong>de</strong> Filippo Juvarra.nelle Alpi occid<strong>en</strong>tali, Valle diSusa, Mauri<strong>en</strong>ne, Tar<strong>en</strong>taise,Valle d’Aosta e Faucigny,nell’estate 1751, qui est lepremier ouvrage <strong>de</strong>minéralogie-géologie,décrivant les richessesdu sous-sol alpin.9


150 ans d’histoirefrançaiseaux Archives départem<strong>en</strong>talesACTUALITÉSEXPOSITIONS« Place <strong>de</strong> la Fontaine <strong>de</strong>s Éléphants.À Chambéry, p<strong>en</strong>dant le vote du 22 avril 1860. »Estampe coloriée (Archives départem<strong>en</strong>tales<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>).1860 – la <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>tfrançaise. 150 ans plus tard,il ne reste qu’une mince trace<strong>de</strong> cet événem<strong>en</strong>t dansl’historiographie nationale.Dans la mémoire <strong>de</strong>s Savoyards,il est resté très vivace.C’est pour donner à cette <strong>page</strong>d’histoire toute son ampleurque les Archivesdépartem<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>ont conçu un <strong>en</strong>sembled’expositions, prés<strong>en</strong>tation<strong>de</strong> docum<strong>en</strong>ts, dossierspédagogiques…Voyage officiel du Présid<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la République,Charles <strong>de</strong> Gaulle, pour le C<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire duRattachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France <strong>en</strong> 1960,Place du 8 mai 1945 à Chambéry.10Des expositions• Galerie d’affiches. Aux Archives, le bal a débutédès les 18-20 mars 2009, avec l’accueil du colloque« Aux sources <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> l’Annexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> ».Organisée par l’Université <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, <strong>en</strong> collaborationavec les Archives départem<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> et avec le souti<strong>en</strong> <strong>de</strong> l’Assemblée <strong>de</strong>s Pays<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, cette manifestation <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait faire lepoint sur les sources disponibles pour étudier unévénem<strong>en</strong>t historique à vocation europé<strong>en</strong>ne 1 . Àcette occasion, les Archives <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> ontprés<strong>en</strong>té une galerie d’affiches qui couvr<strong>en</strong>t lespéripéties majeures <strong>de</strong> l’année 1860. Visible sur lesite internet (www.savoie-archives.fr/rubrique« Expositions »), cette exposition donne le rythmed’une année mouvem<strong>en</strong>tée.• La <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong> l’Annexion. Poursuivant ce qui estmaint<strong>en</strong>ant une tradition, les Archives propos<strong>en</strong>tune exposition itinérante sur panneaux mobiles,visible dans <strong>de</strong> nombreuses communes 2 . Couvrantla pério<strong>de</strong> 1858-1860, elle suit et complète l’expositionLa <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong>s libertés dans laquelle SylvainMilbach, maître <strong>de</strong> confér<strong>en</strong>ce à l’Université <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>, mettait <strong>en</strong> lumière les années 1848-1858.Le rattachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France, « l’Annexion», est <strong>en</strong> effet le résultat d’un l<strong>en</strong>t processus,qui s’accélère après l’<strong>en</strong>trevue <strong>de</strong> Plomblières, le21 juillet 1858 <strong>en</strong>tre Napoléon III et Cavour. C’estpar cet accord, point d’orgue <strong>de</strong>s discussions diplomatiques,que débute notre prés<strong>en</strong>tation. L’évolution<strong>de</strong> l’idée même d’une cession à la Francemarque les <strong>de</strong>ux années suivantes ; la <strong>Savoie</strong> s’intègrepleinem<strong>en</strong>t dans les projets europé<strong>en</strong>s <strong>de</strong>sgran<strong>de</strong>s puissances. Le jeu <strong>de</strong>s alliances, la guerre,la propagan<strong>de</strong> – pro ou anti-annexion – ont permisle rattachem<strong>en</strong>t pacifique <strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>à la France dans un large cons<strong>en</strong>sus populaire.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette prés<strong>en</strong>tation matérielle, il existeaussi une version virtuelle. S’il ne leur a pas étépossible <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter la première partie <strong>de</strong> l’expositionLa <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong>s Libertés, les Archives propos<strong>en</strong>t<strong>en</strong> revanche une version <strong>en</strong>richie <strong>de</strong> l’expositionLa <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong> l’Annexion sur leur site Internet. D<strong>en</strong>ombreux docum<strong>en</strong>ts supplém<strong>en</strong>taires sontprés<strong>en</strong>tés aux visiteurs.Des dossiersPour ceux qui souhait<strong>en</strong>t approfondir leurs connaissances,les Archives propos<strong>en</strong>t <strong>en</strong> outre un dossierhistorique sur La <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong> 1815 à 1860 – La pério<strong>de</strong>sar<strong>de</strong>, rédigé par le professeur André Palluel-Guillard(www.sabaudia.org).Programme <strong>de</strong>s fêtes du Cinquant<strong>en</strong>aire<strong>de</strong> la réunion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France, 1860-1910.Archives départem<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.Les aspects pédagogiques ne sont pas <strong>en</strong> resteavec un dossier spécial mis au point par le Serviceéducatif <strong>de</strong>s Archives <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, animé parPascale Dubois et avec plusieurs numéros dubulletin Mille ans d’archives consacrés au rattachem<strong>en</strong>tà travers <strong>de</strong>s articles <strong>de</strong> presse pour l’un, l’analyse<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux affiches pour un autre et <strong>de</strong>stémoignages d’acteurs du rattachem<strong>en</strong>t pour le<strong>de</strong>rnier.Des archives <strong>en</strong> ligneEnfin, pour les histori<strong>en</strong>s chevronnés, les Archivespropos<strong>en</strong>t la consultation <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>ts d’époqu<strong>en</strong>umérisés (rubrique « archives <strong>en</strong> ligne » du siteInternet), <strong>en</strong> particulier le Traité <strong>de</strong> cession <strong>de</strong> Turindu 24 mars 1860, la conv<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> délimitationfrontalière du 7 mars 1861, une brochure cont<strong>en</strong>antles « Docum<strong>en</strong>ts et notices » réunis par GabrielPérouse, anci<strong>en</strong> archiviste <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, et publiéspar le <strong>Conseil</strong> général à l’occasion du Cinquant<strong>en</strong>aire<strong>de</strong> la Réunion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France(Chambéry, 1910, 155 p. ) et surtout, le fonds <strong>de</strong>l’An ne xion. Riche d’une soixantaine <strong>de</strong> cotes, cefonds d’archives conti<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s docum<strong>en</strong>ts relatifsau plébiscite d’avril 1860 et aux modalités ultérieures<strong>de</strong> l’Annexion <strong>en</strong>tre les gouvernem<strong>en</strong>tssar<strong>de</strong> et français.Docum<strong>en</strong>ts numérisés, dossiers, expositions… nesont qu’une partie <strong>de</strong> ce qui est disponible auxArchives départem<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> sur le sujet<strong>de</strong> l’Annexion. D’autres fonds conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t<strong>de</strong>s ressources qui pourront – et qui l’ontdéjà été – être utilisées afin d’approfondir cette<strong>page</strong> d’histoire majeure pour notre départem<strong>en</strong>tmais aussi pour l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s nations.Sylvie ClausNotes1. Les actes ont été publiés. D. Varaschin (Dir.),Aux sources <strong>de</strong> l’Histoire <strong>de</strong> l’Annexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>,Bruxelles : P.I.E. Peter Lang SA, 2009.2. Le programme est disponible surwww.150ans-pays<strong>de</strong>savoie.fr


Nice & <strong>Savoie</strong>un regard contemporainLe <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et la Fondation Facim ont choisi unedémarche résolum<strong>en</strong>t contemporaine pour fêter le 150e anniversairedu rattachem<strong>en</strong>t du duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et du comté <strong>de</strong> Nice à la France.Le postulat <strong>de</strong> ce projet a été <strong>de</strong> montrer l’évolution <strong>de</strong>s paysages <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,Haute-<strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong>s Alpes Maritimes <strong>de</strong>puis 1860 à travers le regardsingulier d’un artiste.Partant <strong>de</strong>s gravures <strong>de</strong> l’album original Nice et<strong>Savoie</strong> édité <strong>en</strong> 1864, François Dela<strong>de</strong>rrière, a réaliséprès <strong>de</strong> 90 photographies <strong>en</strong> arp<strong>en</strong>tant les troisdépartem<strong>en</strong>ts durant une année pour retrouverles lieux emblématiques <strong>de</strong>ssinés sur le motif parFélix B<strong>en</strong>oist à l’époque.Interview <strong>de</strong> François Dela<strong>de</strong>rrière,photographeEn quoi cette comman<strong>de</strong> photographique nourrit letravail que vous réalisez <strong>de</strong>puis 10 ans sur le paysage ?FRANÇOIS DELADERRIÈRE – Cette comman<strong>de</strong> artistiqueest un projet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ampleur. Comme toutprojet ambitieux, il nécessite que l’on s’immergetotalem<strong>en</strong>t. Je me suis donc p<strong>en</strong>ché sur lesgravures <strong>de</strong> Félix B<strong>en</strong>oist et sur les paysages <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong>s Alpes-Maritimes p<strong>en</strong>dant plus d’uneannée. Ce fut un projet passionnant parce que plein<strong>de</strong> s<strong>en</strong>s. Abor<strong>de</strong>r la question du paysage par l’Histoire,mais aussi au travers <strong>de</strong> la vision d’unautre artiste est extrêmem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>richissant.<strong>de</strong>s constructions <strong>en</strong> lieu et place <strong>de</strong> la gravured’époque. J’ai donc dû très souv<strong>en</strong>t me décalerpour donner une vue équival<strong>en</strong>te et la plus fidèleà la gravure d’époque. C’est un travail <strong>de</strong> recompositionet <strong>de</strong> réinv<strong>en</strong>tion plutôt que <strong>de</strong> reproductionmécanique. Enfin, le travail <strong>de</strong> la lumière a étéune part ess<strong>en</strong>tielle <strong>de</strong> mes préoccupations, afin<strong>de</strong> donner à l’<strong>en</strong>semble la plus gran<strong>de</strong> cohér<strong>en</strong>cepossible.ACTUALITÉSEXPOSITIONSQuelles ont été les principales difficultés que vousavez r<strong>en</strong>contrées pour réaliser ce type <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> ?FRANÇOIS DELADERRIÈRE –Les difficultés ont été nom -breuses et <strong>de</strong> natures diverses. La taille du territoireà couvrir (14 000 km² avec la <strong>Savoie</strong>, la Haute-<strong>Savoie</strong> et les Alpes Maritimes) n’a pas été la plusmince ! Il a fallu tout d’abord retrouver tous lespoints <strong>de</strong> vue. La plupart sont aisém<strong>en</strong>t reconnaissablesà cause <strong>de</strong> la prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> bâtim<strong>en</strong>ts ou <strong>de</strong>sommets dans le paysage bi<strong>en</strong> localisables. Maiscertains lieux m’ont posé <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> repérage.Ensuite la configuration <strong>de</strong>s lieux a parfoisbeaucoup changé. Le reboisem<strong>en</strong>t très importantreferme les paysages et coupe ainsi bon nombre<strong>de</strong> points <strong>de</strong> vue. Les villes et villages se sontsouv<strong>en</strong>t beaucoup développés, il y a donc parfoisCe travail a-t-il fait évoluer votre démarche artistique ?FRANÇOIS DELADERRIÈRE – Je crois que ce travail m’a faitgrandir ! Marcher dans les pas d’un autre artiste aufil <strong>de</strong> ses nombreux paysages est une démarchequi <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la pati<strong>en</strong>ce et <strong>de</strong> l’humilité, maison est payé <strong>en</strong> retour d’une expéri<strong>en</strong>ce magnifique.J’ai eu souv<strong>en</strong>t le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que je pr<strong>en</strong>ais uneleçon sur la façon <strong>de</strong> voir le paysage, par un artisteayant vécu 150 ans avant moi. C’est donc avec ungrand plaisir que j’ai mis mes pas dans ceux <strong>de</strong> FélixB<strong>en</strong>oist. J’ai pu ainsi abor<strong>de</strong>r <strong>en</strong> profon<strong>de</strong>ur unefaçon singulière <strong>de</strong> voir le paysage, qui je le p<strong>en</strong>se,m’apporte une expéri<strong>en</strong>ce dont je ne mesure pas<strong>en</strong>core aujourd’hui toute la portée.Interview <strong>de</strong> François Dela<strong>de</strong>rrièrepar Marine LeloupBozel et la vallée du Doron, Tar<strong>en</strong>taise.Album Nice & <strong>Savoie</strong>, 1864.© François Dela<strong>de</strong>rrière / Fondation Facim, 2009.Deux r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous importantsNice et <strong>Savoie</strong>, un regard contemporain, cesont <strong>de</strong>ux r<strong>en</strong><strong>de</strong>z-vous importants <strong>en</strong> 2010• Parution d’un beau livre aux Éditions ActesSud sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Assemblée <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong> la Fondation Facim.« Nice et <strong>Savoie</strong>, un regard contemporain »,Éditions Actes Sud – mai 2010. Photographies<strong>de</strong> François Dela<strong>de</strong>rrière. Textes Hervé Gaymard,Bruno Berthier, Maryline Desbiolles. Format :28x28 cm. Tarif : 39 e.• Exposition à la grange batelière <strong>de</strong> l’Abbaye<strong>de</strong> Hautecombe du 19 juin au 19 septembre.Entrée libre, tous les jours 10h-18h sauf le mardi.Plus <strong>de</strong> r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts• www.fondation-facim.fr• www.150ans-pays<strong>de</strong>savoie.frLe lac d’Aiguebelette, Avant-pays savoyard.Album Nice & <strong>Savoie</strong>, 1864.© François Dela<strong>de</strong>rrière / Fondation Facim, 2009.11


paysages <strong>en</strong> vues,paysages <strong>en</strong> vie<strong>en</strong> Haute-<strong>Savoie</strong>ACTUALITÉSEXPOSITIONSAteliers pour les Journéeseuropé<strong>en</strong>nes du patrimoineLa ChâtaignièreDomaine <strong>de</strong> Rovorée• Les glaciers sont-ils éternels ?par Luc Moreau, glaciologueSamedi 18 septembre 2010, 14h30-16h30h.• François Dela<strong>de</strong>rrière…sur les pas <strong>de</strong> Félix B<strong>en</strong>oistR<strong>en</strong>contre avec le photographeDimanche 19 septembre 2010, 14h30-16h30.• Paysages <strong>en</strong>fouis, paysages révélésavec Joël Serralongue,archéologue départem<strong>en</strong>taldimanche 19 septembre, 14h-16h et 16h-18h.• Les grands hommes qui ont façonnéou célébré le paysage <strong>en</strong> Haute-<strong>Savoie</strong>Visite guidée <strong>de</strong> l’expositionavec « arrêt sur image ».Samedi 18 et dimanche 19 septembreà 10h15, 14h30 et 16h – durée 1 heure.« Alby, près d’Annecy. »12A La Châtaignière – Domaine <strong>de</strong> Rovorée,Domaine départem<strong>en</strong>tal d’art et <strong>de</strong> culture,Yvoire, le <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>prés<strong>en</strong>te l’exposition Paysages <strong>en</strong> vues,paysages <strong>en</strong> vie, qui confronte les paysages<strong>de</strong> Félix B<strong>en</strong>oist aux photographies<strong>de</strong> François Dela<strong>de</strong>rrière, prises 150 ansplus tard.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’observation du paysage tel qu’ilétait au mom<strong>en</strong>t du rattachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> àla France, et du parti <strong>de</strong> Félix B<strong>en</strong>oist pour illustrerun premier « gui<strong>de</strong> touristique » <strong>de</strong>s nouveauxdépartem<strong>en</strong>ts, le propos est d’am<strong>en</strong>er le visiteur àse poser certaines questions. Celle d’une perman<strong>en</strong>ce<strong>de</strong>s paysages alpins qui nous paraiss<strong>en</strong>t éternelset celle <strong>de</strong>s mutations inévitables qui ontaccompagné le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> : que nous dis<strong>en</strong>t ces changem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> larégion, <strong>de</strong> son histoire, <strong>de</strong> l’humanité <strong>en</strong> action surun territoire ?Dans paysage, il y a paysDe quoi est fait le paysage <strong>de</strong>s Alpes ? D’un subtilmélange <strong>de</strong> géographie, d’histoire et d’images. Lagéographie <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre les reliefs naturels, mais aussiles matières – minéral, végétal, eau et glace – quiconditionn<strong>en</strong>t formes, couleurs et lumière.L’histoire inscrit dans le bâti l’action <strong>de</strong>s hommes,épique – un château, une abbaye – ou simplem<strong>en</strong>tquotidi<strong>en</strong>ne : les mazots du pays <strong>de</strong> Sixt, les fermesd’Abondance, les moulins reconvertis, les ponts…Les images <strong>en</strong>fin, observées par les artistes sur lemotif, sont reconstituées <strong>en</strong> atelier et parfois arrangéespour répondre à l’effet recherché ou à l’esthé -tique du temps, tour à tour pittoresque, sublime,romantique, réaliste, etc.Ainsi, au fil <strong>de</strong>s jours, <strong>de</strong>s années, <strong>de</strong>s générationss’est constitué un paysage alpin qui habite <strong>en</strong>chacun, savoyard ou touriste, un bi<strong>en</strong> commun, quechacun s’est approprié et partage néanmoins avecson « voisin » <strong>de</strong> pays.Or, autour <strong>de</strong>s changem<strong>en</strong>ts qui affect<strong>en</strong>t lepaysage, accompagnant la mondialisation et laperte d’individuation dans les sociétés hyper industrielles,se diffuse progressivem<strong>en</strong>t un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>td’inquiétu<strong>de</strong>, celui d’un changem<strong>en</strong>t radical, voired’une perte <strong>de</strong>s repères id<strong>en</strong>titaires.Aujourd’hui, il peut être plus facile <strong>de</strong> se s<strong>en</strong>tir <strong>de</strong>son temps que <strong>de</strong> quelque part. L’uniformisation etla banalisation <strong>de</strong>s paysages, symbolisées par <strong>de</strong>sséries <strong>de</strong> lotissem<strong>en</strong>ts id<strong>en</strong>tiques d’un bout àl’autre <strong>de</strong> la France, ou par la similarité <strong>de</strong>s abords<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes, font craindre que dans un av<strong>en</strong>irproche, plus ri<strong>en</strong> dans notre <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t immédiatne permette ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> reconnaissanceet d’appropriation d’un paysage ; ce qui caractérisaitpar exemple la vision et la mémoire du pays natal.Les photographies <strong>de</strong> François Dela<strong>de</strong>rrière 1 , gaged’auth<strong>en</strong>ticité plus que <strong>de</strong> vérité, ont la force duconstat. Elles nous invit<strong>en</strong>t à observer les transformationsdu paysage <strong>de</strong>puis 150 ans, et à nous<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si les changem<strong>en</strong>ts d’aujourd’hui sont<strong>de</strong> même nature que ceux qui ont accompagné lafin du XIX e siècle. En effet, ces images doiv<strong>en</strong>t êtrereplacées dans le contexte actuel d’une prise <strong>de</strong>consci<strong>en</strong>ce réc<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces et <strong>de</strong>slimites du développem<strong>en</strong>t. Quelques exempleschoisis dans l’exposition montr<strong>en</strong>t toute l’actualité<strong>de</strong> cette thématique.Place aux voituresQu’est-ce qui fait la mo<strong>de</strong>rnité <strong>de</strong>s paysages photographiéspar François Dela<strong>de</strong>rrière ? Dans plusieursphotos, la route occupe au moins un tiers <strong>de</strong>l’image. Ban<strong>de</strong> grise ou triangle noir, le bitumetranche sur le fond végétal vert, on peut même direqu’il le troue. Le raccourci <strong>de</strong> la perspective suggère<strong>en</strong>core cette accélération du temps. Par cetteconfrontation directe, couleur contre couleur, formecontre forme, l’image résume la vitesse qui caractéris<strong>en</strong>otre rapport usuel au paysage : un passagerapi<strong>de</strong> dans une sorte d’indiffér<strong>en</strong>ce (Alby, Faverges,Rumilly).Cette transcription synthétique est à comparer auxl<strong>en</strong>ts cheminem<strong>en</strong>ts que suggèr<strong>en</strong>t les compositions<strong>de</strong>s paysages <strong>de</strong> Félix B<strong>en</strong>oist ; leur constructions’ag<strong>en</strong>ce selon <strong>de</strong>s chemins sinueux, <strong>de</strong>srivières, <strong>de</strong>s lignes d’arbres qui conduis<strong>en</strong>t le regardd’un plan à l’autre jusqu’au fond du tableau, <strong>en</strong>ménageant les transitions.L’omniprés<strong>en</strong>ce et la suprématie <strong>de</strong> l’automobiledans les aménagem<strong>en</strong>ts du <strong>de</strong>rnier tiers du XX esiècle sont manifestes dans presque toutes lesvues : les ronds-points, les parkings (Annecy, LaRoche, Bonneville, Chamonix), les ponts <strong>de</strong>v<strong>en</strong>uslarges, quais <strong>de</strong>s bords <strong>de</strong> lac, etc.Rivières : merveilles ou m<strong>en</strong>acesPrés<strong>en</strong>tée au début <strong>de</strong> l’exposition, la casca<strong>de</strong> duRouget ou Rozet ne manque pas <strong>de</strong> soulever lesquestions : la différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> débit ti<strong>en</strong>t-elle à la différ<strong>en</strong>ce<strong>de</strong> saison, à un effet du climat, à un capriceartistique ?Dans une région qui regorge <strong>de</strong> curiosités naturelles– sommets impressionnants, gorges <strong>en</strong>caissées,glaces éternelles, cirques <strong>de</strong> montagne – JosephDessaix 2 souligne la beauté <strong>de</strong>s casca<strong>de</strong>s. Mais ilrappelle aussi la m<strong>en</strong>ace récurr<strong>en</strong>te <strong>de</strong>s crues <strong>de</strong>s


« Thônes et la vallée du Fier,vue prise près du château. »« Comm<strong>en</strong>t parler du paysage, dès lors qu’onest <strong>de</strong>dans ? Pour celui qui vit à l’intérieur dupaysage, ce <strong>de</strong>rnier mot n’a plus lieu d’être :il ne parlera pas <strong>de</strong> son paysage mais <strong>de</strong> sonpays. Préserver le paysage, qu’est-ce à dire ?Pour qui ? Pour le visiteur ou pour l’habitant ?(Jean-Louis Roux)principales rivières : Fier, Arve, Foron, Giffre, dont lecontrôle est l’une <strong>de</strong>s questions majeures qu’ontdû résoudre les aménageurs du départem<strong>en</strong>t. Lacolonne <strong>de</strong> Bonneville, érigée <strong>en</strong> l’honneur <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>diguem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> l’Arve par le roi Charles Félix, estqualifiée <strong>de</strong> « m<strong>en</strong>songe monum<strong>en</strong>tal » par JosephDessaix dans son ouvrage « La <strong>Savoie</strong> historique,pittoresque, statistique et biographique » paru <strong>en</strong>1854. Malgré ces travaux d’<strong>en</strong>diguem<strong>en</strong>t, l’Arveétait <strong>en</strong> effet plusieurs fois sortie <strong>de</strong> son lit.La plupart <strong>de</strong>s rivières ont été bordées <strong>de</strong> quais, àTaninges, à La Roche, près <strong>de</strong> Thônes dans la valléedu Fier et dans la vallée du Haut Giffre. Aujourd’hui,le paradoxe du procédé qui consiste à t<strong>en</strong>ter <strong>de</strong>cont<strong>en</strong>ir le flot du torr<strong>en</strong>t est contesté par certainsexperts et jugé pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t plus dangereuxqu’une solution qui permettrait à la rivière unecertaine liberté <strong>de</strong> divaguer.Déprise agricole et recul <strong>de</strong>s glaciersUne réflexion du même g<strong>en</strong>re conduit certainsresponsables à rep<strong>en</strong>ser l’occupation <strong>de</strong> l’espac<strong>en</strong>aturel. Les photos <strong>de</strong> François Dela<strong>de</strong>rrièremontr<strong>en</strong>t <strong>de</strong> façon flagrante la reprise <strong>de</strong> la forêtdans les zones laissées <strong>en</strong> friche : Abondance, Sixt,Le Salève, Thônes, Saint-Jeoire. La disparition dupâturage sur les p<strong>en</strong>tes <strong>en</strong>traîne une proliférationanarchique <strong>de</strong> la forêt, un « <strong>en</strong>sauvagem<strong>en</strong>t » <strong>de</strong>la nature.Face à ce qui a longtemps paru comme inéluctableet définitif, la disparition du mon<strong>de</strong> agricole, la prise<strong>de</strong> consci<strong>en</strong>ce que les richesses naturelles sontlimitées et que l’homme a désormais, dans certainsdomaines, atteint les limites <strong>de</strong> leur exploitation,fait reconsidérer les solutions traditionnelles.Une salle <strong>en</strong>tière consacrée à la vallée <strong>de</strong> Chamonixet la région du Mont-Blanc illustre les transformationset même les disparitions surv<strong>en</strong>ues <strong>de</strong>puis1860 : Catastrophe <strong>de</strong>s Bains <strong>de</strong> Saint-Gervais,Grotte <strong>de</strong> l’Arveyron et bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, recul duGlacier <strong>de</strong>s Bois, <strong>de</strong>v<strong>en</strong>u la célèbre Mer <strong>de</strong> Glace.Le caractère grandiose et sauvage du paysage <strong>de</strong>haute montagne t<strong>en</strong>d parfois à masquer les conséqu<strong>en</strong>ces<strong>de</strong> la fréqu<strong>en</strong>tation massive du massif.Néanmoins, les vues <strong>de</strong> la Mer <strong>de</strong> Glace à 150 ansd’intervalle sont parmi les plus spectaculaires <strong>de</strong>l’exposition. Dans la perspective actuelle, avec l’observation<strong>de</strong>s changem<strong>en</strong>ts climatiques, cescouples <strong>de</strong> vues pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une signification particulière.Loin <strong>de</strong> poser le problème <strong>de</strong> manière nostalgique,dans le regret d’un Ed<strong>en</strong> disparu, ou au contrairecatastrophiste, l’exposition invite à réfléchir sur lamanière dont l’homme se définit dans son territoire,sur sa volonté <strong>de</strong> préserver ou non le paysage,et si oui, pourquoi et comm<strong>en</strong>t. Le comm<strong>en</strong>taire<strong>de</strong> Jean-Louis Roux, auteur et critique d’art etamoureux <strong>de</strong>s Alpes, permet d’approfondir cetteréflexion.Corinne ChorierNotes1. « L’important c’est que la photo possè<strong>de</strong> une forceconstative, et que le constatif <strong>de</strong> la photographie porte,non sur l’objet, mais sur le temps. Dans la photo […] lepouvoir d’auth<strong>en</strong>tification prime sur le pouvoir <strong>de</strong> représ<strong>en</strong>tation.» Roland Barthes, La Chambre Claire.2. Joseph Dessaix (1817-1870), auteur du texte <strong>de</strong> l’albumNice & <strong>Savoie</strong> paru <strong>en</strong> 1864.« La mer <strong>de</strong> Glace et la vallée <strong>de</strong> Chamonix,vue prise du Chapeau. »ExpositionLa ChâtaignièreDomaine <strong>de</strong> RovoréeDomaine départem<strong>en</strong>tald’art et <strong>de</strong> cultureEspace naturel s<strong>en</strong>sibleYvoiredu 1 er juinau 30 septembre 2010tél. 04 50 72 26 67www.culture74.frwww.150ans-pays<strong>de</strong>savoie.fr« Ruines <strong>de</strong> l’Abbaye d’Aulps, Vallée du Biot. »Le terme nature provi<strong>en</strong>t du latin natus, «né»…Dénaturer la nature ce serait lui ôter la qualitésupposée <strong>de</strong> nature « née ». À quand faireremonter sa condition « naturelle » ?Au XIX e siècle ? Au Moy<strong>en</strong> Âge ? À la préhistoire ?Aux ères antédiluvi<strong>en</strong>nes ? À la G<strong>en</strong>èse même…La nature est vivante, elle change, évolue,dépérit et se régénère. Une nature que l’onvoudrait à toute force maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> un étatdonné serait une nature « naturalisée » –« empaillée » <strong>en</strong> quelque sorte.13


le château, la <strong>Savoie</strong>, 1860Dans le cadre <strong>de</strong> la célébration du 150 e anniversaire du rattachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>à la France, une nouvelle exposition réalisée par la Conservation départem<strong>en</strong>tale du patrimoineprés<strong>en</strong>te au château <strong>de</strong>s ducs <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> les événem<strong>en</strong>ts politiques qui ont conduit au plébisciteet à l’annexion <strong>de</strong> 1860. Docum<strong>en</strong>ts d’archives, cartes, affiches, procès-verbaux <strong>de</strong> la votation,statues, portraits, médailles issus <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong>s Archives départem<strong>en</strong>tales, <strong>de</strong>s collectionsdu <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, du Musée savoisi<strong>en</strong> et <strong>de</strong>s collections royales <strong>de</strong> l’abbaye<strong>de</strong> Hautecombe offr<strong>en</strong>t aux visiteurs <strong>de</strong>s salles <strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong>ne Chambre <strong>de</strong>s comptes quelquesclefs <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong> ce grand mom<strong>en</strong>t historique pour la <strong>Savoie</strong>.DOSSIERLa gran<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> du Château<strong>de</strong>s ducs <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et les salles d’exposition<strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s comptes.Mais vers où coul<strong>en</strong>t donc nos rivières ?Au début du XI e siècle, <strong>de</strong> nouvelles principautésféodales succèd<strong>en</strong>t au royaume <strong>de</strong> Bourgogne.Dans la mouvance du Saint-Empire, <strong>de</strong> puissantesmaisons seigneuriales, comme les comtes <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>, les comtes d’Albon, dauphins <strong>de</strong> Vi<strong>en</strong>nois,les comtes <strong>de</strong> G<strong>en</strong>ève rivalis<strong>en</strong>t, à partir du XII esiècle, pour la maîtrise <strong>de</strong>s passages alpins et <strong>de</strong>territoires morcelés du Rhône aux Alpes. Par lecontrôle <strong>de</strong>s principaux cols, la Maison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>assure son expansion Deçà et Delà-les-Monts. Lestraités <strong>de</strong> paix <strong>de</strong>lphino-savoyards <strong>de</strong> Paris <strong>en</strong> 1355et 1377 mett<strong>en</strong>t un terme aux guerres féodales quiont opposé les comtes <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> aux Dauphins <strong>de</strong>Vi<strong>en</strong>nois du XII e au XIV e siècle, grâce à l’arbitrage<strong>de</strong>s Valois, par <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> châtell<strong>en</strong>ies.La Maison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> est confrontée à une politiqued’expansion française lors du Transport duDauphiné à la France <strong>en</strong> 1349. Le « libre-passage »<strong>de</strong>s Alpes <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>jeu dès 1454 pour le Duché<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> puis lors <strong>de</strong>s guerres d’Italie et <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tesguerres <strong>de</strong> succession <strong>de</strong> l’Époque mo<strong>de</strong>rne.Il est la clef <strong>de</strong> l’Opportune savoyar<strong>de</strong> <strong>en</strong>tre Franceet Empire <strong>de</strong> 1588 à 1713. Les cinq occupationsfrançaises successives du duché <strong>en</strong> 1536-1559,1600-1601, 1630-1631, 1690-1696, 1703-1713, sontsuivies <strong>de</strong> traités et <strong>de</strong> restitutions négociées. Ellesponctu<strong>en</strong>t une longue pério<strong>de</strong> d’hégémonie françaiseoù « Monsieur <strong>de</strong> Savoye » exploite la moindrefaiblesse <strong>de</strong> son puissant voisin pour accroître sesétats <strong>en</strong> usant du r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t d’alliance augré <strong>de</strong>s conflits <strong>en</strong>tre France et Empire.Lors <strong>de</strong> la première occupation française, le roi FrançoisI er crée <strong>en</strong> 1536 le Parlem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Chambérytransformé par le duc Emmanuel-Philibert, aprèsla Restitution <strong>de</strong>s États <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> <strong>en</strong> 1559, <strong>en</strong>«Souverain Sénat <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> ». Le français se substitueau latin comme langue administrative dans unvaste ressort <strong>en</strong>tre Bresse, Bugey, <strong>Savoie</strong> et Vald’Aoste.En 1601, le traité <strong>de</strong> paix franco-savoyard <strong>de</strong> Lyonmet un terme aux ambitions régionales rivales du« Grand Dauphiné » du connétable <strong>de</strong> Lesdiguièreset <strong>de</strong> la « Gran<strong>de</strong> Allobrogie » du duc Charles-EmmanuelI er . D’importants échanges <strong>de</strong> territoiresport<strong>en</strong>t la frontière sur le Rhône : Bresse, Bugey etValromey contre marquisat <strong>de</strong> Saluces et placesfortespiémontaises. La politique itali<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> laMaison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> est alors confortée.En 1713, le traité d’Utrecht rationalise la frontièrealpine <strong>en</strong> adoptant un principe <strong>de</strong> partage aux« eaux p<strong>en</strong>dantes » par <strong>de</strong>s échanges <strong>de</strong> territoires<strong>en</strong>tre France et <strong>Savoie</strong> : Outremont <strong>de</strong>lphinal contreVallée <strong>de</strong> Barcelonnette, frontière du Var, mais cepartage hypothèque le <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir du Duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>et du Comté <strong>de</strong> Nice.La secon<strong>de</strong> moitié du XVIII e siècle est marquée parune pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> paix <strong>en</strong>tre le royaume <strong>de</strong> Sardaigne,la République <strong>de</strong> G<strong>en</strong>ève et le royaume <strong>de</strong> France.En 1754 et 1760, les traités <strong>de</strong> Turin délimit<strong>en</strong>t,après négociations diplomatiques, les frontières« géométriques » <strong>de</strong>s États, du Rhône au Guiers, <strong>de</strong>sAlpes au Var.14La <strong>Savoie</strong> vers la libertéDans la <strong>de</strong>uxième moitié du XVIII e siècle, l’émigrationsavoyar<strong>de</strong> <strong>en</strong> France s’accroît et contribue àla diffusion <strong>de</strong>s idées du Siècle <strong>de</strong>s Lumières à partir<strong>de</strong> Lyon et <strong>de</strong> Paris. Chambéry et G<strong>en</strong>ève connaiss<strong>en</strong>tdès 1790-1791 une agitation révolutionnaire.« Le premier cri <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> vers la liberté », la créationdu « Club <strong>de</strong>s Allobroges » et <strong>de</strong> la « Légion allobroge» répond<strong>en</strong>t au premier courant d’opinionpro-française. Le 21 octobre 1792 « l’AssembléeNationale <strong>de</strong>s Allobroges » se prononce pour « l’Annexion<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France » sous l’influ<strong>en</strong>cejacobine. La Constitution civile du clergé et la levée<strong>en</strong> masse provoqu<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s émeutes urbaines et <strong>de</strong>sinsurrections paysannes réprimées <strong>en</strong> 1793. Aprèsl’échec <strong>de</strong> la contre-révolution lors <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong>s


En vitrine, les procès-verbaux officiels du plébiscite (Archives départem<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>).Alpes <strong>en</strong> 1793-1795, la dét<strong>en</strong>te thermidori<strong>en</strong>ne, le« Second cri <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> vers la liberté », confortel’acquis républicain. Après le Concordat consulaire<strong>de</strong> 1801, les préfets mèn<strong>en</strong>t une politique <strong>de</strong> réconciliationet <strong>de</strong> paix civile, s’efforc<strong>en</strong>t <strong>de</strong> développerl’économie.À la chute du Premier Empire, après un projet <strong>de</strong>partition <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> <strong>en</strong> 1814, Victor-EmmanuelI er récupère la totalité du patrimoine savoyard auTraité <strong>de</strong> Paris le 20 novembre 1815. Ses États <strong>de</strong>Terre-Ferme protèg<strong>en</strong>t désormais, comme Étattampon, les intérêts autrichi<strong>en</strong>s <strong>en</strong> Italie. Le 16 mars1816, le Traité <strong>de</strong> Turin établit <strong>de</strong>s protocoles frontalierset économiques avec la Confédération helvétique(zones franches et zone neutre).Sous le régime sar<strong>de</strong> du « Buon Governo » la <strong>Savoie</strong>conservatrice r<strong>en</strong>oue avec le légitimisme quiprévaut à défaut d’un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’id<strong>en</strong>tité savoisi<strong>en</strong>ne.Elle est confrontée à la m<strong>en</strong>ace libérale alorsque le rôle politique <strong>de</strong> l’émigration savoyar<strong>de</strong> <strong>en</strong>France s’accroît. Le 14 avril 1848 « l’expédition <strong>de</strong>sVoraces » formée <strong>de</strong> Canuts lyonnais et d’émigrésPortrait <strong>de</strong> Victor-Emmanuel I er , roi <strong>de</strong> Sardaigne(1804-1821). Pastel, Luigi Bernero, École piémontaise.Collections départem<strong>en</strong>tales, inv. 998-7-3.savoyards est repoussée par la paysannerie guidéepar le clergé et la noblesse conservatrice.Contraint à la monarchie constitutionnelle par leslibéraux piémontais, le roi Charles-Albert octroiele Statut albertin ou Statuto albertino <strong>en</strong> 1848 ets’av<strong>en</strong>ture dans la guerre d’indép<strong>en</strong>dance etd’unité itali<strong>en</strong>ne contre l’Autriche <strong>en</strong> 1848-1849.Malgré quelques succès initiaux, Pastr<strong>en</strong>go, Rivoli,Goïto, il est battu à Custoza puis à Novare. Le « Risorgim<strong>en</strong>to» – mouvem<strong>en</strong>t libéral d’unité nationaleanimé par Cavour –, isole la <strong>Savoie</strong> protectionnistedu Piémont libéral et <strong>de</strong> Gênes dont le poidséconomique et démographique ne cesse <strong>de</strong> croître.En 1849, <strong>de</strong>s « cercles démocratiques » urbains secré<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>, favorables à la II e république etau principe <strong>de</strong> « nationalité ».Sous le règne <strong>de</strong> Victor-Emmanuel II et l’ère Cavour(1850-1859) les élites légitimistes du duché sontprogressivem<strong>en</strong>t exclues du gouvernem<strong>en</strong>t sar<strong>de</strong>.Les députés savoisi<strong>en</strong>s s’oppos<strong>en</strong>t au Risorgim<strong>en</strong>toet aux lois anti-cléricales Rattazzi et Lanza. Cavourdéveloppe le Piémont libéral. La <strong>Savoie</strong> estconfrontée à la concurr<strong>en</strong>ce du libéralisme françaiset piémontais (traité franco-sar<strong>de</strong> du libre-échange,1852) et connaît une crise socio-économique <strong>en</strong>tre1855 et 1859.L’Annexion <strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>à la FranceLe rapprochem<strong>en</strong>t franco-sar<strong>de</strong> <strong>de</strong> mai 1858conduit à l’<strong>en</strong>trevue secrète <strong>de</strong> Plomblières-les-Bains <strong>en</strong>tre Napoléon III et Cavour, Présid<strong>en</strong>t du<strong>Conseil</strong> du royaume <strong>de</strong> Sardaigne. Nice et <strong>Savoie</strong>sont considérées comme <strong>de</strong>s « questions secondaires» dans le projet d’une Confédération itali<strong>en</strong>neprésidée par le Pape. Après l’alliance franco-sar<strong>de</strong>du 29 janvier 1859 et la guerre d’Italie (27 avril-11juillet 1859) Napoléon III obti<strong>en</strong>t, grâce aux victoires<strong>de</strong> Mag<strong>en</strong>ta et <strong>de</strong> Solferino, la Lombardie autrichi<strong>en</strong>nemais r<strong>en</strong>once à l’unité itali<strong>en</strong>ne et à l’annexion<strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> lors <strong>de</strong> l’armistice <strong>de</strong>Villafranca le 11 juillet 1859. Cavour démissionne.Les députés savoisi<strong>en</strong>s opt<strong>en</strong>t pour une déc<strong>en</strong>tralisationadministrative le 28 juillet 1859 et élud<strong>en</strong>tla question <strong>de</strong> la nationalité. Le voyage <strong>de</strong>s PrincesHumbert et Amédée <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> dém<strong>en</strong>t l’év<strong>en</strong>tualitéd’une cession <strong>en</strong> août 1859. Un débat d’opinions’amorce. En janvier 1860, le ministre français <strong>de</strong>sAffaires étrangères Édouard Thouv<strong>en</strong>el relance le« principe <strong>de</strong>s nationalités » promu par le Bonapartismeet la question <strong>de</strong> la prépondérance française<strong>en</strong> Italie. Cavour revi<strong>en</strong>t au gouvernem<strong>en</strong>t sar<strong>de</strong>.Napoléon III avait proposé la création d’un royaume<strong>de</strong> « Haute-Italie » <strong>en</strong> décembre 1859. Anci<strong>en</strong>sympathisant <strong>de</strong> la « Carbonaria » et très attachéau « principe <strong>de</strong>s nationalités », il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Victor-Emmanuel II d’organiser <strong>de</strong>s plébiscites <strong>en</strong> Italiec<strong>en</strong>trale, <strong>en</strong> Duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et <strong>en</strong> Comté <strong>de</strong> Nice.L’av<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> est disputé <strong>en</strong>tre annexionnisteset légitimistes. Sa neutralité est <strong>en</strong>visagéeau sein du royaume alors que se développe uneopinion pro-helvétique <strong>en</strong> G<strong>en</strong>evois, Chablais etFaucigny. La question « France et zone » <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>tcruciale. La réception officielle par Napoléon III àParis d’une délégation, le 21 mars 1860 garantitl’unité <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> et un vote pour l’Annexion etzone. Le traité secret franco-sar<strong>de</strong> du 24 mars 1860prévoit la cession <strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> sousréserve d’une approbation par plébiscite conformém<strong>en</strong>tau principe <strong>de</strong>s nationalités. Le « Comitéc<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> Chambéry » organise <strong>de</strong>s « Comités provinciaux» pour préparer la votation sous l’égi<strong>de</strong>d’Amédée Greyfié <strong>de</strong> Bellecombe. Une missiond’observation est m<strong>en</strong>ée du 4 au 23 avril 1860 parle Sénateur français Armand Laity après que Victor-Emmanuel II a délié ses sujets du ser m<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fidélité.La votationLes Savoyards opt<strong>en</strong>t <strong>en</strong> forte majorité avec pragmatismepour le « parti <strong>de</strong> l’ordre » napoléoni<strong>en</strong>,protecteur du catholicisme, pour le progrès économique,pour le prestige <strong>de</strong> la France impériale lorsdu Plébiscite <strong>de</strong>s 22 et 23 avril 1860.PROVINCE DE CHAMBÉRYPROVINCE D’ANNECY135 449 inscrits 65 486 inscrits130 839 votants 61 639 votants130 533 oui 61 430 oui235 non 160 non71 nul 49 nulMais 47 076 oui et zoneSAVOYARDS DES GARNISONS SARDES3 220 votants3 082 oui127 non11 nulLe 16 mai 1860, le ministre Thouv<strong>en</strong>el propose <strong>de</strong>sgaranties stratégiques à la Confédération suisseaprès plusieurs projets <strong>de</strong> comp<strong>en</strong>sation. Le « Traité<strong>de</strong> cession » est ratifié après débat par la Députationà Turin les 29 mai et 8 juin 1860. Le 12 juin 1860,l’Annexion <strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France estratifiée par S<strong>en</strong>atus-consulte à l’unanimité à Paris.15


Vue <strong>de</strong> l’exposition.Les 13-17 mars 1861 sera proclamé le royaumed’Italie dont Victor-Emmanuel II <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>dra lepremier souverain.La <strong>Savoie</strong> françaiseLe commissaire extraordinaire Laity pr<strong>en</strong>d officiellem<strong>en</strong>tpossession <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> le 14 juin 1860. Le15 juin 1860, les départem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>,<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong>s Alpes-Maritimes sont créés pardécret impérial. La conv<strong>en</strong>tion franco-sar<strong>de</strong> du7 mars 1861 délimite la frontière à la ligne <strong>de</strong> par -tage <strong>de</strong>s eaux. Une conv<strong>en</strong>tion franco-sar<strong>de</strong> estnégociée le 24 août 1860 par Adolphe Vuitry <strong>en</strong>règlem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la cession. Les festivités du voyageimpérial du 27 août au 5 septembre 1860 fontnaître tous les espoirs. Le couple impérial reçoit unaccueil <strong>en</strong>thousiaste <strong>de</strong>s populations lors <strong>de</strong> savisite officielle <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>. Le prestige du SecondEmpire est alors à son apogée. Entrées <strong>de</strong> ville,réceptions, discours et festivités contribu<strong>en</strong>t àlancer le processus d’assimilation <strong>de</strong>s nouveauxdépartem<strong>en</strong>ts à la nation française. À cette occasion,l’empereur pr<strong>en</strong>d <strong>de</strong>s mesures pour améliorerau frais <strong>de</strong> l’État les infrastructures urbaines,scolaires, thermales et hospitalières, les routes ; iloctroie <strong>de</strong>s libéralités et <strong>de</strong>s subv<strong>en</strong>tions, contribueaux œuvres <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>faisance et ravive le souv<strong>en</strong>irnapoléoni<strong>en</strong>. En recevant les corps constitués etles élites savoyar<strong>de</strong>s lors <strong>de</strong>s réceptions, NapoléonIII prépare aussi la transition administrative et politiqueintégrant la <strong>Savoie</strong> à l’Empire français. Maisla reprise économique libérale amorcée <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong><strong>en</strong> 1852-1856 ne peut apporter la capacité financièr<strong>en</strong>écessaire pour poursuivre l’effort <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>tdans le contexte <strong>de</strong> ru<strong>de</strong> concurr<strong>en</strong>cedu libéralisme français. Avec l’échec <strong>de</strong> la Banque<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> <strong>en</strong> 1865, <strong>de</strong> nombreux mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dussurgiss<strong>en</strong>t avec l’apparition d’une crise économiqueet politique conjoncturelle qui affaiblit leprestige <strong>de</strong> l’Empire français à partir <strong>de</strong> 1867. Leconstat <strong>de</strong> l’abandon dynastique, malgré la loyautélégitimiste <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, et le souv<strong>en</strong>ir napoléoni<strong>en</strong>assur<strong>en</strong>t pourtant le succès du nouveau s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t16d’appart<strong>en</strong>ance à la nation française parmi l’opinionsavoyar<strong>de</strong>. L’assimilation morale <strong>en</strong>gagée seheurte cep<strong>en</strong>dant aux particularismes locauxjusqu’à la Gran<strong>de</strong> Guerre.La première campagne électorale <strong>de</strong>s 9 et 10décembre 1860 ne polémique pas sur l’Empire françaiset les abst<strong>en</strong>tions sont nombreuses. L’annexionismereflète l’inexpéri<strong>en</strong>ce politique <strong>de</strong> l’opinionrurale savoyar<strong>de</strong>. En 1871, la <strong>Savoie</strong> adhère majoritairem<strong>en</strong>tà la III e République malgré la rev<strong>en</strong>dication<strong>en</strong> Haute-<strong>Savoie</strong> d’une nouvelle votationpour le « oui et zone ».Depuis la proclamation du royaume d’Italie, <strong>en</strong>mars 1861, la séparation avec les princes <strong>de</strong> laMaison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> s’avère irréversible. Elle est acc<strong>en</strong>tuéepar la création <strong>de</strong>s nouvelles frontières nationalesà la limite du partage <strong>de</strong>s eaux, et surtout parla dégradation <strong>de</strong>s relations franco-itali<strong>en</strong>nes dueà la crise romaine (1867-1870) puis à l’<strong>en</strong>trée <strong>de</strong>l’Italie dans la Triplice alleanza avec les Empiresc<strong>en</strong>traux <strong>en</strong> 1882. L’intégration républicaine <strong>de</strong>sSavoyards au sein <strong>de</strong> leur nouvelle nation estassurée par l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t scolaire et par laconscription militaire. Dans les milieux urbains <strong>de</strong>l’émigration savoyar<strong>de</strong> se développe un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>td’id<strong>en</strong>tité, celui <strong>de</strong> l’attachem<strong>en</strong>t au pays natal. Leprovincialisme s’<strong>en</strong>racine alors dans la nostalgie<strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong> duché. Après la commémoration républicaine<strong>de</strong> la première annexion <strong>en</strong> 1792, leCinquant<strong>en</strong>aire <strong>de</strong> l’Annexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> célèbre,<strong>en</strong> 1910, la pleine adhésion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la Francerépublicaine. Les différ<strong>en</strong>tes s<strong>en</strong>sibilités politiques<strong>de</strong> l’opinion savoyar<strong>de</strong>, conservateurs catholiques,libéraux et radicaux, qui form<strong>en</strong>t la nouvelleopinion publique savoyar<strong>de</strong> partag<strong>en</strong>t cecons<strong>en</strong>sus politique.quelquespersonnagesévocateursCharles-Albert (Turin 1798-Oporto 1849),roi <strong>de</strong> Sardaigne, <strong>de</strong> Chypre et <strong>de</strong> Jérusalem,duc <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, <strong>de</strong> Gênes et <strong>de</strong> Monteferrat,prince <strong>de</strong> Piémont, comte <strong>de</strong> Nice, & …fils <strong>de</strong> Charles-Emmanuel <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>-Carignanet <strong>de</strong> Marie-Christine Albertine <strong>de</strong> Saxe.Issu <strong>de</strong> la branche <strong>de</strong>s <strong>Savoie</strong>-Carignan pro-française,favorable dans sa jeunesse aux idées libérales,Charles-Albert assume la rég<strong>en</strong>ce du royaume <strong>de</strong>Sardaigne lors <strong>de</strong> l’insurrection <strong>de</strong> mars 1821 ; ilaccor<strong>de</strong> une première constitution d’inspirationlibérale mais le roi Charles-Félix le contraint à l’exil<strong>en</strong> Toscane <strong>en</strong> 1821-1823 à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Autriche.Il participe <strong>en</strong> août 1823 à l’expédition française<strong>de</strong> Cadix contre les Cortès constitutionnelsespagnols et se distingue lors <strong>de</strong> la prise du Trocadéro.Vice-roi <strong>de</strong> Sardaigne <strong>en</strong> 1829, il <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dun premier voyage officiel <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> <strong>en</strong> 1831 etsuccè<strong>de</strong> au roi Charles-Félix, mort sans postérité.Il crée un <strong>Conseil</strong> d’État pour préparer les nouveauxCo<strong>de</strong>s civil et pénal, <strong>de</strong> commerce et <strong>de</strong> procéduresar<strong>de</strong>s puis l’Ordre civil <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. En 1832-1833, ilouvre les collections royales <strong>de</strong> la Galleria Sabaudaet <strong>de</strong> l’Armeria Reale au public et lance les travaux<strong>de</strong> la Regia <strong>de</strong>putazione di Storia Patria (l’Historiaepatriae monum<strong>en</strong>ta). Hostile à Giuseppe Mazzini, ilréprime durem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1833-1834 la conspirationdu mouvem<strong>en</strong>t Giovine Italia et s’oppose aumouvem<strong>en</strong>t libéral pro-itali<strong>en</strong>. Il <strong>en</strong>gage la mo<strong>de</strong>rnisationdu statut <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong> Sardaigne <strong>en</strong> abolissantles juridictions féodales et les servitu<strong>de</strong>s <strong>en</strong>1836. Charles-Albert promulgue, <strong>en</strong> juin 1837, leCo<strong>de</strong> civil albertin, puis les Co<strong>de</strong>s pénal, <strong>de</strong>commerce et <strong>de</strong> procédure <strong>en</strong> 1839-1842. Ilsupprime le système <strong>de</strong>s Int<strong>en</strong>dances générales etcrée <strong>de</strong> nouveaux <strong>Conseil</strong>s provinciaux <strong>en</strong> 1842-Portrait <strong>de</strong> Charles-Albert, roi <strong>de</strong> Sardaigne(1831-1849). Anci<strong>en</strong>nes collections royales,Fondation <strong>de</strong> Hautecombe.


1843 ; il <strong>en</strong>gage une politique <strong>de</strong> réforme économique,sociale et scolaire qui se heurte au conservatisme.L’Édit royal du 28 octobre 1847 supprimeles tribunaux spéciaux et privilégiés, crée une Cour<strong>de</strong> révision (cassation). Avec la suppression <strong>de</strong> lac<strong>en</strong>sure ecclésiastique apparaît une relative liberté<strong>de</strong> la presse. Charles-Albert réforme certains ministèreset crée un nouveau ministère <strong>de</strong>s Travauxpublics. Il promulgue le 5 mars 1848 sur la pression<strong>de</strong> l’opinion le Statuto, la charte constitutionnelledu royaume sar<strong>de</strong> qui <strong>de</strong>meure conservatrice etgarantit le pouvoir effectif du souverain. Charles-Albert, hostile à l’Empire autrichi<strong>en</strong>, décl<strong>en</strong>cheimpru<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t la première guerre <strong>de</strong> libération<strong>de</strong> l’Italie suite à la révolte <strong>de</strong> Milan <strong>en</strong> avril-août1848. Commandant l’Armée sar<strong>de</strong>, il obti<strong>en</strong>t lesvictoires <strong>de</strong> Pastr<strong>en</strong>go, Goïto et Peschiera mais ilest battu à Custoza puis à Milan par le généralRa<strong>de</strong>tzky. Contraint à l’armistice, son gouvernem<strong>en</strong>t(Chiodo) le pousse à repr<strong>en</strong>dre le conflit <strong>en</strong> 1849.Battu <strong>de</strong> nouveau à Novare, il doit abdiquer <strong>en</strong>faveur <strong>de</strong> son fils Victor-Emmanuel puis s’exile àOporto où il meurt le 28 juillet 1849.Charles-Albert, très attaché au duché ancestral, faitplusieurs voyages officiels <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> et mène unepolitique <strong>de</strong> grands travaux : diguem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’Arcet <strong>de</strong> l’Isère, aménagem<strong>en</strong>t du Val Gelon, constructiondu Pont <strong>de</strong> la Caille, aménagem<strong>en</strong>ts urbains,création d’Albertville <strong>en</strong> 1836, mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>sthermes d’Aix-les-Bains, projets ferroviaires Chambéry-Turinmais les réformes albertines et les loisanti-cléricales rest<strong>en</strong>t mal perçues <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>,notamm<strong>en</strong>t le remplacem<strong>en</strong>t du Sénat <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>par une Cour d’appel <strong>en</strong> 1848.Victor-Emmanuel II (Turin 1820-1878),premier roi d’Italie (1861 à 1878),roi <strong>de</strong> Sardaigne, <strong>de</strong> Chypre et <strong>de</strong> Jérusalem,duc <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, <strong>de</strong> Gênes et <strong>de</strong> Monteferrat,prince <strong>de</strong> Piémont, comte <strong>de</strong> Nice, &…Fils aîné du roi Charles-Albert, il se distinguep<strong>en</strong>dant la guerre <strong>de</strong> 1848-1849 contre l’Autriche.Après l’abdication <strong>de</strong> son père, il signe l’armisticepuis, sur la pression <strong>de</strong>s Autrichi<strong>en</strong>s, promulgue laproclamation <strong>de</strong> Moncalieri et obti<strong>en</strong>t la ratificationdu Traité <strong>de</strong> paix avec l’Autriche le 9 janvier 1850après l’élection d’un nouveau parlem<strong>en</strong>t modéré(Gouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Massimo d’Azeglio). Il mainti<strong>en</strong>tle Statuto constitutionnel mais fait réprimer l’insurrectionrépublicaine <strong>de</strong> Gênes par le général <strong>de</strong>La Marmora. Victor-Emmanuel II, nouveau champion<strong>de</strong> la libération et <strong>de</strong> l’unification itali<strong>en</strong>ne,<strong>en</strong>gage le royaume <strong>de</strong> Sardaigne dans la guerre<strong>de</strong> Crimée (1854-1855) aux côtés <strong>de</strong> la France, duRoyaume uni et <strong>de</strong> l’Empire ottoman contre laRussie (corps expéditionnaire <strong>de</strong> La Marmora) : laquestion <strong>de</strong> l’unité itali<strong>en</strong>ne est posée au Congrès<strong>de</strong> Paris <strong>en</strong> 1856. Il souti<strong>en</strong>t la politique étrangère<strong>de</strong> Cavour. Le rapprochem<strong>en</strong>t franco-sar<strong>de</strong> conduitau Traité secret <strong>de</strong> Turin du 29 janvier 1859 puis àla guerre <strong>de</strong> libération <strong>de</strong> la Haute-Italie contrel’Autriche (campagne d’Italie, avril-juin 1859). Aprèsles victoires franco-sar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Palestro, Mag<strong>en</strong>ta,San Martino, Solferino, la libération <strong>de</strong> Milan et <strong>de</strong>la Lombardie, Napoléon III signe l’armistice <strong>de</strong> Villafrancale 11 juillet 1859 avec l’empereur François-Joseph et interrompt le conflit. Des plébiscites pourle rattachem<strong>en</strong>t au royaume ont lieu <strong>en</strong> Toscane,Émilie et Romagne. Le Traité <strong>de</strong> paix <strong>de</strong> Zurich du11 novembre 1859 – compromis avec l’Autriche –contraint Victor-Emmanuel II à différer l’unificationitali<strong>en</strong>ne ; <strong>de</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts insurrectionnels éclat<strong>en</strong>t.En 1860, l’expédition <strong>de</strong>s Mille du patrioteGiuseppe Garibaldi (1807-1882) – dans le royaume<strong>de</strong>s Deux-Siciles – provoque son interv<strong>en</strong>tion dansles États pontificaux (bataille <strong>de</strong> Castelfidardo)pourtant sous la protection <strong>de</strong> la France. Après « lar<strong>en</strong>contre <strong>de</strong> Teano », le 26 octobre 1860, <strong>en</strong>tre leroi et Garibaldi puis la chute <strong>de</strong>s Bourbons <strong>de</strong>Naples (capitulation <strong>de</strong> Gaète) <strong>en</strong> février 1861, leparlem<strong>en</strong>t réuni à Turin déclare Rome comme capitaleet proclame Victor-Emmanuel II roi d’Italie <strong>en</strong>mars 1861. La capitale du royaume est transféréeprovisoirem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Turin à Flor<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> 1864. Aprèsla guerre <strong>de</strong> 1866, l’Italie alliée <strong>de</strong> la Prusse obti<strong>en</strong>tau traité <strong>de</strong> Vi<strong>en</strong>ne, malgré ses défaites <strong>de</strong> Custozzaet <strong>de</strong> Lissa, la Vénétie mais doit r<strong>en</strong>oncer à l’Istrieet au Tyrol du Sud. En 1867, la t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong>s troupes<strong>de</strong> Garibaldi pour pr<strong>en</strong>dre Rome, repoussée àM<strong>en</strong>tana par les troupes françaises, relance la questionromaine. Le pape Pie IX refuse <strong>de</strong> reconnaîtrele nouvel État itali<strong>en</strong>. Le premier concile du Vaticanproclame l’infaillibilité pontificale. À la chute duSecond Empire, les troupes itali<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dansRome le 20 septembre 1870. Après le plébiscite du2 octobre, Rome annexée <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t la nouvelle capitaledu royaume à partir <strong>de</strong> 1871. Victor-EmmanuelII meurt à Rome <strong>de</strong> paludisme le 9 janvier 1878.Camille B<strong>en</strong>so <strong>de</strong> Cavour (Turin 1810-1861)et le Risorgim<strong>en</strong>to,député <strong>de</strong> Turin, ministre du Commerce,<strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> la Marine ministre<strong>de</strong>s Affaires étrangères et Présid<strong>en</strong>tdu <strong>Conseil</strong> du royaume <strong>de</strong> Sardaigne.Second fils <strong>de</strong> Michel <strong>de</strong> Cavour et d’Agnès Sellon,Cavour est <strong>de</strong> noblesse piémontaise et turinoised’asc<strong>en</strong>dance savoyar<strong>de</strong>. Sa langue maternelle estle français. Éduqué par l’abbé Frezet, il <strong>en</strong>tre à l’Académiemilitaire <strong>de</strong> Turin, <strong>page</strong> du prince <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>-Carignan <strong>en</strong> 1826, il est nommé lieut<strong>en</strong>ant au CorpoVictor-Emmanuel II et Napoléon III,estampe d’Épinal, lithographie coloriée, 1868.Collections Musée savoisi<strong>en</strong>, PS 269.reale <strong>de</strong>l G<strong>en</strong>io <strong>en</strong> 1827. De 1828 à 1830, il ti<strong>en</strong>tgarnison dans les principales forteresses sar<strong>de</strong>s <strong>en</strong>cours <strong>de</strong> construction (Exilles, l’Esseillon, Bard). Favorableau mouvem<strong>en</strong>t libéral, il démissionne <strong>de</strong>l’armée <strong>en</strong> 1831 et <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t maire <strong>de</strong> la commune<strong>de</strong> Grinzane. Entre 1835 et 1840, à l’occasion <strong>de</strong>voyages <strong>en</strong> Europe, il s’intéresse au <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> ladémocratie parlem<strong>en</strong>taire et au progrès technologique.En 1846, il <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t le principal actionnaire<strong>de</strong> la première ligne <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer piémontaise,Turin-Gênes.En 1847, il lance son journal patriotique Il Risorgim<strong>en</strong>toet milite pour la monarchie constitutionnellecontre les dérives révolutionnaires. Le Statuto estainsi octroyé par le roi Charles-Albert. En 1848 puis<strong>en</strong> 1849, il est élu député <strong>de</strong> Turin au nouveauparlem<strong>en</strong>t sar<strong>de</strong>. Ministre du Commerce, <strong>de</strong> l’Agricultureet <strong>de</strong> la Marine <strong>en</strong> 1850, il est nommé Présid<strong>en</strong>tdu <strong>Conseil</strong> le 2 novembre 1852. Souv<strong>en</strong>topposé au roi Victor-Emmanuel II <strong>en</strong> matière <strong>de</strong>Vue <strong>de</strong> l’exposition, les affiches du plébiscite <strong>de</strong> 1860 (Archives départem<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.17


politique intérieure, il conduit <strong>en</strong> accord avec lui lapolitique étrangère du royaume et contribue à l’<strong>en</strong>trée<strong>en</strong> guerre du royaume <strong>de</strong> Sardaigne aux côtés<strong>de</strong> la France et du Royaume uni lors <strong>de</strong> la Guerre<strong>de</strong> Crimée contre la Russie ; il obti<strong>en</strong>t que la questionitali<strong>en</strong>ne soit évoquée au Traité <strong>de</strong> Paris <strong>en</strong>1856 et <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t alors ministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères.Il lance <strong>en</strong> 1857 le grand chantier internationaldu tunnel du Mont-C<strong>en</strong>is, Lyon-Turin et lerassemblem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s patriotes <strong>de</strong> la « société nationaleitali<strong>en</strong>ne ».Il est à l’origine du rapprochem<strong>en</strong>t franco-sar<strong>de</strong> pourla libération et l’unité <strong>de</strong> l’Italie. Après l’<strong>en</strong>trevuesecrète <strong>de</strong> Plomblières-les-Bains avec Napoléon IIIle 21 juillet 1858, il conclut une alliance franco-sar<strong>de</strong>secrète qui conduit à la Guerre d’Italie contre l’Empireautrichi<strong>en</strong>. Déçu par l’armistice <strong>de</strong> Villafrancadu 11 juillet 1859 et le r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> NapoléonIII à poursuivre la guerre, il démissionne du gouvernem<strong>en</strong>t.De nouveau Présid<strong>en</strong>t du <strong>Conseil</strong> <strong>en</strong> janvier1860, il poursuit le Risorgim<strong>en</strong>to mais meurt à Turin,le 6 juin 1861 d’une crise <strong>de</strong> paludisme.Napoléon III(Paris 1808-Chislehurst 1873),empereur <strong>de</strong>s Français,Charles Louis Napoléon Bonaparte, troisièmefils <strong>de</strong> Louis Bonaparte, roi <strong>de</strong> Hollan<strong>de</strong>, frère<strong>de</strong> Napoléon I er , et d’Hort<strong>en</strong>se <strong>de</strong> Beauharnais,fille <strong>de</strong> Joséphine <strong>de</strong> Beauharnais.En exil <strong>en</strong> Suisse après la chute du Premier Empire,Charles Louis Napoléon <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t citoy<strong>en</strong> <strong>de</strong> Thurgovieet officier d’artillerie suisse. Proche <strong>de</strong> la Charbonnerie,il t<strong>en</strong>te avec son frère aîné <strong>de</strong> favoriser lacause <strong>de</strong> l’unité itali<strong>en</strong>ne lors <strong>de</strong>s troubles <strong>de</strong> 1830à Rome puis <strong>en</strong> Romagne <strong>en</strong> mars 1831 ; son frèremeurt à Forli au cours <strong>de</strong> l’insurrection. Dev<strong>en</strong>u <strong>de</strong>fait le chef du parti bonapartiste à la mort du duc<strong>de</strong> Reichstadt (l’Aiglon) <strong>en</strong> 1836, il t<strong>en</strong>te sans succès<strong>de</strong> r<strong>en</strong>verser le roi Louis-Philippe par la Conspiration<strong>de</strong> Strasbourg et doit s’exiler aux États-Unis, au Brésilpuis <strong>en</strong> Angleterre. Il publie « Idées napoléoni<strong>en</strong>nes »<strong>en</strong> 1836, un ouvrage sur sa conception du bonapartismeou « césarisme démocratique ». Une nouvellet<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la monarchie, àBoulogne <strong>en</strong> 1840, s’avère un échec lors du retour<strong>de</strong>s c<strong>en</strong>dres <strong>de</strong> l’Empereur. Emprisonné au fort <strong>de</strong>Ham, il s’éva<strong>de</strong> <strong>en</strong> Angleterre <strong>en</strong> 1846 et publie« L’extinction du paupérisme », une théorie économiqueinflu<strong>en</strong>cée par Saint-Simon. Il est élu à l’Assembléeconstituante <strong>de</strong> la Deuxième République<strong>en</strong> avril 1848. Le parti <strong>de</strong> l’Ordre le souti<strong>en</strong>t pour sacandidature à la présid<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> la République. Élu le10 décembre 1848, il laisse les conservateursconduire une politique réactionnaire mais déf<strong>en</strong>dle principe du suffrage universel et le mon<strong>de</strong> ouvrier.Ne pouvant se prés<strong>en</strong>ter pour un second mandat,il pr<strong>en</strong>d le pouvoir par le Coup d’État du 2 décembre1851 porté par le courant bonapartiste et la lég<strong>en</strong>d<strong>en</strong>apoléoni<strong>en</strong>ne. Après un plébiscite national, leSecond Empire est proclamé le 2 décembre 1852.La pério<strong>de</strong> impériale est marquée par l’autoritarismepuis le libéralisme avec un essor économique,financier, industriel, technologique, commercial etcolonial <strong>de</strong> la France mais la mo<strong>de</strong>rnité du régim<strong>en</strong>apoléoni<strong>en</strong> se heurte aux difficultés sociales et àl’opposition politique du courant républicain.18<strong>Général</strong> Dessaix – Bronze, attribué à ToussaintFrançois Jourjon (Saint-G<strong>en</strong>est-Lerp 1809 –R<strong>en</strong>nes 1857), École française, <strong>de</strong>uxième prix <strong>de</strong>Rome <strong>en</strong> 1836. Fon<strong>de</strong>ur Quesnel, Paris 1836.Collections Musée savoisi<strong>en</strong>.La politique étrangère impériale s’efforce d’effacerles traités <strong>de</strong> 1815 et d’appliquer le principe bonapartiste<strong>de</strong>s nationalités. La Guerre <strong>de</strong> Crimée (1854-1856) contre la Russie et le Traité <strong>de</strong> Paris du 16 mars1856 relance le prestige diplomatique <strong>de</strong> la Francevictorieuse et conforte la nouvelle <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te avec leRoyaume uni. La question <strong>de</strong> l’unité itali<strong>en</strong>ne et <strong>de</strong>la libération <strong>de</strong> l’Italie est posée malgré l’opposition<strong>de</strong> l’Autriche ; un royaume <strong>de</strong> Haute-Italie ou unefédération itali<strong>en</strong>ne sous la présid<strong>en</strong>ce du pape sont<strong>en</strong>visagés. Après un rapprochem<strong>en</strong>t puis unealliance secrète franco-sar<strong>de</strong>, la Guerre d’Italie estdécl<strong>en</strong>chée <strong>en</strong> avril-juillet 1859 contre l’Empire autrichi<strong>en</strong>.Les victoires franco-sar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> San Martino,Mag<strong>en</strong>ta et Solférino libèr<strong>en</strong>t la Lombardie mais<strong>de</strong>vant la m<strong>en</strong>ace <strong>de</strong> la Prusse, Napoléon III r<strong>en</strong>onceà <strong>en</strong>vahir la Vénétie et signe l’armistice <strong>de</strong> Villafrancaavec l’empereur François-Joseph. Après 1860, ayantobt<strong>en</strong>u Nice et <strong>Savoie</strong> <strong>en</strong> comp<strong>en</strong>sation <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong>française et <strong>de</strong> la Lombardie cédée par l’Autriche,Napoléon III s’oppose à la poursuite <strong>de</strong> l’unificationitali<strong>en</strong>ne par Victor-Emmanuel II et Garibaldi. Sousla pression <strong>de</strong>s catholiques ultramontains français,il protège Rome et les États pontificaux <strong>de</strong> l’annexionjusqu’<strong>en</strong> 1870.Après l’échec <strong>de</strong> l’expédition du Mexique <strong>en</strong> 1867et malgré une t<strong>en</strong>tative d’instaurer un empireparlem<strong>en</strong>taire <strong>en</strong> 1870, la situation politique intérieure<strong>de</strong> la France se dégra<strong>de</strong>. Napoléon III, leurrépar la dépêche d’Ems, déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> déclarer la guerreà la Prusse <strong>en</strong> juillet 1870 ; après une campagnemilitaire désastreuse, la défaite et la capitulation<strong>de</strong> Sedan le 2 septembre 1870 <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t la chutedu Second Empire. Exilé <strong>en</strong> Angleterre, NapoléonIII meurt <strong>en</strong> 1873.<strong>Général</strong> Joseph-Marie Dessaix(Thonon-les-Bains 1764 – Marclaz 1834)déf<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> lors<strong>de</strong> l’invasion autrichi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> 1814.Le buste a été fondu à Paris <strong>en</strong> hommage augénéral d’Empire mort <strong>en</strong> 1834, à l’initiative <strong>de</strong>B<strong>en</strong>oît Molin et du comité <strong>de</strong> souscription pro-françaiset hostile au Buon governo sar<strong>de</strong>. Le buste estd’abord interdit d’<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> par le roiCharles-Albert et déposé au musée-bibliothèque<strong>de</strong> Gr<strong>en</strong>oble puis autorisé par le roi Victor-EmmanuelII <strong>en</strong> 1850. Il est exposé à Chambéry <strong>en</strong> 1857puis placé <strong>en</strong> 1862 dans la salle <strong>de</strong>s délibérations<strong>de</strong> l’Hôtel <strong>de</strong> Ville.Marquis Pantaléon Costa <strong>de</strong> Beauregard(Marlieu 1806 – La Motte-Servolex 1864)Premier Présid<strong>en</strong>t du <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.La famille patrici<strong>en</strong>ne Costa, originaire <strong>de</strong> Gênes,s’est établie <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> au XVII e siècle. Après <strong>de</strong>sétu<strong>de</strong>s au collège royal <strong>de</strong> Chambéry puis sous lepréceptorat <strong>de</strong> Louis R<strong>en</strong>du, futur évêque d’Annecy,Pantaléon Costa <strong>de</strong> Beauregard sert commesous-lieut<strong>en</strong>ant puis capitaine au Royal-Piémont,il <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t l’écuyer et l’ami du prince Charles-Albert<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>-Carignan. Il épouse le 12 mai 1834Marthe Augustine Antoinette Adri<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> Saint-Georges <strong>de</strong> Vérac, <strong>de</strong> noblesse française et légitimiste.Le 3 avril 1848, le roi Charles-Albert l<strong>en</strong>omme sénateur. Élu comme député le 27 avril1848, il déf<strong>en</strong>d les intérêts <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> légitimisteet catholique à la Députation ; il s’oppose à l’expulsion<strong>de</strong>s congrégations. Déçu par la politiquelibérale et anti-cléricale du gouvernem<strong>en</strong>t sar<strong>de</strong>,il démissionne le 10 octobre 1849 après <strong>de</strong>uxréélections. Membre du <strong>Conseil</strong> divisionnaire <strong>de</strong>Chambéry, il ne revi<strong>en</strong>t au Parlem<strong>en</strong>t qu’<strong>en</strong> 1854et s’oppose à Cavour. Comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong>sSaints-Maurice et Lazare, fidèle au roi Victor-EmmanuelII, il ne souti<strong>en</strong>t pas le mouvem<strong>en</strong>t pro-françaisBuste du marquis Pantaléon Costa<strong>de</strong> Beauregard. Bronze <strong>de</strong> Charles-Albert Costa<strong>de</strong> Beauregard. Monogrammé « C.A. », fondupar Victor Thiébaut. Collections Musée savoisi<strong>en</strong>.


savoyard mais opte cep<strong>en</strong>dant pour l’Annexion <strong>de</strong>la <strong>Savoie</strong> à la France <strong>en</strong> 1860. Après avoir refusé unsiège <strong>de</strong> sénateur offert par Napoléon III, il <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>tle premier présid<strong>en</strong>t du <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong>, comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la Légion d’honneur.Catholique ferv<strong>en</strong>t, Grand-croix <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong> Saint-Grégoire-le-Grand, il souti<strong>en</strong>t le Pape Pie IX et lesintérêts ultramontains contre l’annexion <strong>de</strong>s Étatspontificaux et se consacre à <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> charitéà la Motte-Servolex. Membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>, érudit et esprit éclairé, il s’attache à ladéf<strong>en</strong>se <strong>de</strong> l’id<strong>en</strong>tité savoyar<strong>de</strong>. Il est l’un <strong>de</strong>s principauxorganisateurs <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> « Exposition artistique» <strong>de</strong> 1863 t<strong>en</strong>ue à Chambéry lors du Congrèssci<strong>en</strong>tifique <strong>de</strong> France qui réunit plus <strong>de</strong> 516 objetsd’art, peintures, sculptures, objets archéologiqueset historiques, docum<strong>en</strong>ts d’archives pour célébrerle patrimoine savoyard. En juillet 1864, il proposeà l’Académie <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, le projet d’un « Musée historiqueet archéologique national » à l’origine duMusée départem<strong>en</strong>tal créé après sa mort.Charles-Albert Costa <strong>de</strong> Beauregard(La Motte-Servolex 1835 – Paris 1909)élève <strong>de</strong> Charles-Alphonse-Achille Gumery,sculpteur parisi<strong>en</strong>, grand prix <strong>de</strong> Rome <strong>en</strong> 1850,un <strong>de</strong>s premiers conseillers généraux <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.Homme politique, conseiller général <strong>en</strong> 1860 puisdéputé <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à l’Assemblée nationale <strong>en</strong>1871, membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, histori<strong>en</strong>,peintre, sculpteur, Charles-Albert Costa <strong>de</strong> Beauregardn’exposa qu’aux salons <strong>de</strong> 1864 et 1865. Écrivain,auteur <strong>de</strong> plusieurs ouvrages (Un hommeautrefois, 1878 ; Mémoires historiques sur la Maisonroyale <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, 1888 ; Un héritier présomptif. Lajeunesse du roi Charles-Albert, 1888 ; Prologue d’unrègne. La jeunesse du roi Charles-Albert, 1889 ;Épilogue d’un règne. Les <strong>de</strong>rnières années du roiCharles-Albert, 1890 ; Le roman d’un royaliste sousla Révolution. Souv<strong>en</strong>irs du comte <strong>de</strong> Virieu, 1892 ;Pré <strong>de</strong>stinée, 1896 ; Émigration, souv<strong>en</strong>irs tirés <strong>de</strong>spapiers du comte <strong>de</strong> La Ferronnays, 1900 ; Courtes<strong>page</strong>s, 1902 ; Liberté, égalité, fraternité, 1904 ; Amours<strong>de</strong> sainte : Mme Loyse <strong>de</strong> Savoye, récit du XV e siècle,1907 ; Pages d’histoire et <strong>de</strong> guerre, 1909), il <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>tmembre <strong>de</strong> l’Académie française <strong>en</strong> 1896.Commandant le premier bataillon <strong>de</strong>s Mobiles <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> p<strong>en</strong>dant la guerre <strong>de</strong> 1870-1871, il est blessélors <strong>de</strong> la bataille <strong>de</strong> la Lizaine à Béthoncourt,chevalier <strong>de</strong> la Légion d’honneur.Exposition réalisée par la Conservation départem<strong>en</strong>taledu patrimoine : Françoise Ballet, Jean-François Laur<strong>en</strong>ceau, Vinciane Néel, PhilippeRaffaelli.Médaille commémorative <strong>de</strong>s noces <strong>de</strong> JérômeBonaparte et <strong>de</strong> Marie-Clotil<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, 1859.Collections Musée savoisi<strong>en</strong>.<strong>de</strong> l’Annexion au Rattachem<strong>en</strong>tEntre France et Empire,l’Opportune <strong>de</strong> la Maison<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>• 1355 et 1377 – Traités<strong>de</strong>lphino-savoyards <strong>de</strong> Paris.Fin <strong>de</strong>s guerres féodales<strong>en</strong>tre les comtes <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>et les Dauphins <strong>de</strong> Vi<strong>en</strong>nois,arbitrage <strong>de</strong>s Valois,échanges <strong>de</strong> châtell<strong>en</strong>ies.• 1454 – Déclin savoyard,prépondérance française,début <strong>de</strong> la politique duGrand Dauphiné.Guerres d’Italie (1494-1559)• 1536-1559 – 1 ère occupationfrançaise du Duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>puis <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s États<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> sauf Val d’Aoste,Biella et Vercelli.• 1559 – Traité <strong>de</strong> Cateau-Cambrésis. Restitution<strong>de</strong>s États <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> au ducEmmanuel-Philibert.Guerres <strong>de</strong> religion, guerresfranco-g<strong>en</strong>evo-savoyar<strong>de</strong>s(1588-1600)• 1600-1601 – 2 e occupationfrançaise du Duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.• 1601 – Traité <strong>de</strong> Lyon,restitution du Duché <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>. Fin <strong>de</strong> la politiquedu Grand Dauphiné. Cession<strong>de</strong> la Bresse, du Bugey etdu Valromey à la France.Cession du Marquisat<strong>de</strong> Saluces et <strong>de</strong> placespiémontaises à la <strong>Savoie</strong>.• 1602 – Échec <strong>de</strong> l’Escala<strong>de</strong><strong>de</strong> G<strong>en</strong>ève (21-22 décembre1602).• 1610 – Alliance francosavoyar<strong>de</strong><strong>de</strong> Brussol pour laliberté <strong>de</strong> l’Église et <strong>de</strong> l’Italie.Première guerre <strong>de</strong>succession du Montferrat(1613-1617)Secon<strong>de</strong> guerre <strong>de</strong>succession du Montferrat(1628-1631)• 1630 – 3 e occupationfrançaise du Duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.• 1631 – Traités <strong>de</strong> Cherasco,restitution du duché, cession<strong>de</strong> Pignerol. Début <strong>de</strong>l’hégémonie française.Guerre civile (1637-1648)Fron<strong>de</strong> <strong>de</strong>s princes Thomas etMaurice <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> <strong>en</strong> Piémont.Guerre <strong>de</strong> succession<strong>de</strong> la Ligue d’Augsbourg(1688-1697)• 1690-1696 – 4 e occupationfrançaise.• 1696 – Traité <strong>de</strong> Turin.Restitution du duché <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>, du comté <strong>de</strong> Niceet <strong>de</strong> Pignerol.Guerre <strong>de</strong> successiond’Espagne (1701-1713)• 1703-1713 – 5 e occupationfrançaise.• 1713 – Traité d’Utrecht.Principe <strong>de</strong> partage selon lesEaux p<strong>en</strong>dantes. Cession <strong>de</strong> lavallée <strong>de</strong> Barcelonnette à laFrance. Cession <strong>de</strong>s Escartonsd’Outremont et du comté <strong>de</strong>Beuil à la <strong>Savoie</strong>. Fin <strong>de</strong>l’hégémonie française.Guerre <strong>de</strong> successiond’Autriche (1740-1748)• 1742-1749 – Guerre <strong>de</strong>sGallispans : occupationespagnole du duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.Traité <strong>de</strong> paix d’Aquisgrana.• 1754 – Traité <strong>de</strong> Turinavec la République <strong>de</strong> G<strong>en</strong>ève.Délimitation géométrique<strong>de</strong> la frontière avec G<strong>en</strong>ève.• 1760 – Traité <strong>de</strong> Turinavec la France. Délimitationgéométrique <strong>de</strong> la frontière<strong>en</strong>tre la <strong>Savoie</strong> et la France.Dans la <strong>de</strong>uxième moitié duXVIII e siècle, l’émigrationsavoyar<strong>de</strong> <strong>en</strong> France <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>timportante, notamm<strong>en</strong>t à Lyonet à Paris. Elle contribue à ladiffusion <strong>de</strong>s idées du Siècle<strong>de</strong>s Lumières.La première annexionà la France (1792-1814)• 1791 – Diffusion du pamphletLe premier cri <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> versla Liberté. Formation du Club<strong>de</strong>s Allobroges et <strong>de</strong> la LégionAllobroge.• 24 septembre à octobre 1792– Libération <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> parl’armée française du général<strong>de</strong> Montesquiou.• 21 octobre 1792 –« L’Assemblée Nationale <strong>de</strong>sAllobroges » se prononce pourl’Annexion à la France sousl’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s Savoyardsjacobins.• 27 novembre 1792 –Création du départem<strong>en</strong>tdu Mont-Blanc, chef-lieuChambéry (1792-1814).• Août-octobre 1793 –Guerre <strong>de</strong>s Alpes.Échec <strong>de</strong> la contre-off<strong>en</strong>sive<strong>de</strong> Victor-Amédée III et<strong>de</strong> la contre-révolution dansles vallées savoyar<strong>de</strong>s faceà l’Armée <strong>de</strong>s Alpes.• 1794-1795 – Dét<strong>en</strong>tethermidori<strong>en</strong>ne : Le secondcri <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> vers la Liberté.Fin <strong>de</strong> la Guerre <strong>de</strong>s Alpes.• 1796 – Campagne d’Italie.Occupation <strong>de</strong>s États <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> sauf la Sardaigne(1798).• 26 avril 1798 – Création dudépartem<strong>en</strong>t du Léman,chef-lieu G<strong>en</strong>ève (1798-1814).La Restauration sar<strong>de</strong> etle Buon Governo <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>• 1814 – Chute <strong>de</strong> l’Empirefrançais – Occupationautrichi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.Création d’un Corps <strong>de</strong>volontaires savoisi<strong>en</strong>slégitimistes par le comteGerbais <strong>de</strong> Sonnaz.Campagne <strong>de</strong> pétitionspro-helvétiques pour lerattachem<strong>en</strong>t du nord <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong> à la Confédération.Contre-campagne légitimiste.Création d’une armée <strong>de</strong>volontaires français par lepréfet Finot et le généralDessaix <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>.• 30 mai 1814 – 1 er traité <strong>de</strong>Paris – partage <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong><strong>en</strong>tre les royaumes <strong>de</strong> Franceet <strong>de</strong> Sardaigne. Projet <strong>de</strong>partition par d’Oncieu <strong>de</strong>la Batie (1814-1815).• Les C<strong>en</strong>ts-jours,20 mars-22 juin 1815.• 1815 – Occupationautrichi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.• 20 novembre 1815 – 2 e traité<strong>de</strong> Paris – Restitution <strong>de</strong>s« États <strong>de</strong> Terre-Ferme » dontle duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et lecomté <strong>de</strong> Nice au roi Victor-Emmanuel I er avec clause<strong>de</strong> neutralité helvétiquesur la <strong>Savoie</strong> du nord.• 16 mars 1816 – Traité <strong>de</strong>Turin – Protocoles frontalierset économiques avec laConfédération suisse etG<strong>en</strong>ève (Zones Francheset Zone Neutre).• 1821-1849 – La <strong>Savoie</strong>légitimiste du « Buon Governo »est agitée par les criseslibérales <strong>de</strong> 1821, 1831,1832-1834, 1847-1849.En Piémont, essor dumouvem<strong>en</strong>t libéral pourl’unité nationale itali<strong>en</strong>ne, le« Risorgim<strong>en</strong>to ». L’influ<strong>en</strong>cepolitique <strong>de</strong> l’émigrationsavoyar<strong>de</strong> <strong>en</strong> France s’accroît(maximum démographique).• 5 mars 1848 – « Satutoalbertino » – Octroi d’uneconstitution libérale parle roi Charles-Albert.• 29 mars-9 août 1848 –Première guerre austro-sar<strong>de</strong>pour l’indép<strong>en</strong>dance <strong>de</strong> l’Italie.Batailles <strong>de</strong> Pastr<strong>en</strong>go, Custoza.• 14 avril 1848 – Échec <strong>de</strong>l’expédition <strong>de</strong>s Voraceslyonnais <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>.• Janvier-mars 1849 –Création <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong>Cercles démocratiques urbainsfavorables à la II e Républiqueet au principe <strong>de</strong> nationalitésavoisi<strong>en</strong>ne.• 12 mars-23 mars 1849 :Deuxième guerre austro-sar<strong>de</strong>pour l’indép<strong>en</strong>dance <strong>de</strong> l’Italie.Bataille <strong>de</strong> Novare.La <strong>Savoie</strong> et l’ère Cavour1850-1859• 1854-1855 – Guerre<strong>de</strong> Crimée, alliance anglofranco-sar<strong>de</strong>contre la Russie.Le congrès <strong>de</strong> Paris permetd’examiner la questionitali<strong>en</strong>ne à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Cavour.• 1850-1859 – Les députéssavoyards conservateurs etlégitimistes s’oppos<strong>en</strong>t au« Risorgim<strong>en</strong>to » et aux loisanti-cléricales Rattazzi etLanza. Cavour (Présid<strong>en</strong>t du<strong>Conseil</strong> <strong>de</strong> 1852 à 1859)développe le Piémont libéralau détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>restant sous régimeprotectionniste.• 1852 – Traité franco-sar<strong>de</strong><strong>de</strong> libre-échange.• 1855-1859 – Concurr<strong>en</strong>cedu libéralisme françaiset piémontais, crise socioéconomique<strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>.• 21 juillet 1858 – Entrevuesecrète <strong>de</strong> Plomblières-les-Bains <strong>en</strong>tre Napoléon III etCavour : projet d’uneConfédération itali<strong>en</strong>neprésidée par le Pape. Nice et<strong>Savoie</strong> sont <strong>en</strong>visagées comme<strong>de</strong>s questions secondaires.• 29 janvier 1859 – Alliancesecrète franco-sar<strong>de</strong>.• 27 avril-11 juillet 1859 –Guerre d’Italie contrel’Autriche : batailles <strong>de</strong> SanMartino, Mag<strong>en</strong>ta, Solferino.Libération <strong>de</strong> la Lombardie.• 11 juillet 1859 – Armistice<strong>de</strong> Villafranca <strong>en</strong>tre lesempereurs Napoléon IIIet François-Joseph. Projetd’un royaume <strong>de</strong> Haute-Italie,cession <strong>de</strong> la Lombardieautrichi<strong>en</strong>ne à la Francerétrocédée à Victor-EmmanuelII. Napoléon III r<strong>en</strong>once àl’unité itali<strong>en</strong>ne et à l’Annexion<strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.Démission <strong>de</strong> Cavour.• 28 juillet 1859 – Les députéssavoyards opt<strong>en</strong>t pour unedéc<strong>en</strong>tralisation administrativeet élud<strong>en</strong>t la question <strong>de</strong> lanationalité.• 2 août 1859 – Dém<strong>en</strong>tidu gouvernem<strong>en</strong>t sar<strong>de</strong>sur l’év<strong>en</strong>tualité d’une cessiondu duché, voyage officiel <strong>de</strong>sprinces Humbert et Amédée<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.• 22 décembre 1859 –Napoléon III propose lacréation d’un royaume <strong>de</strong>Haute-Italie dans une brochurepubliée par son ami Arthur<strong>de</strong> la Guéronnière intitulée« Le Pape et le Congrès ».• Janvier 1860 – Le Ministrefrançais <strong>de</strong>s Affairesétrangères, ÉdouardThouv<strong>en</strong>el, déf<strong>en</strong>d le« principe <strong>de</strong>s nationalités »et la prépondérance française<strong>en</strong> Italie. Retour <strong>de</strong> Cavourau gouvernem<strong>en</strong>t sar<strong>de</strong>,le 20 janvier 1860.La secon<strong>de</strong> annexionà la France – 1860Le Plébiscite, 22-23 avril 1860• 27 janvier 1860 – Napoléon III<strong>de</strong>man<strong>de</strong> par lettre à Victor-Emmanuel II l’organisation<strong>de</strong> plébiscites <strong>en</strong> Italie c<strong>en</strong>trale,<strong>en</strong> duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et <strong>en</strong>comté <strong>de</strong> Nice.• 21 mars 1860 – Réceptionofficielle à Paris d’unedélégation par Napoléon IIIqui s’<strong>en</strong>gage à ne pas« détacher <strong>en</strong> faveur<strong>de</strong> la Confédération quelquesportions du territoire <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong> ».• 24 mars 1860 – Traité secretfranco-sar<strong>de</strong> prévoyant lacession du duché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>et du comté <strong>de</strong> Nice ratifiéle 30 mars sous réserved’approbation référ<strong>en</strong>daire.Organisation <strong>de</strong> « Comitésprovinciaux » par le « Comitéc<strong>en</strong>tral <strong>de</strong> Chambéry »pour préparer la votationsous l’égi<strong>de</strong> d’Amédée Greyfié<strong>de</strong> Bellecombe.• 4 au 23 avril 1860 – Missiond’observation du sénateurfrançais Armand Laity.• 22-23 avril 1860 –Le plébiscite pour la réunion<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France• 29 mai et 8 juin 1860 –Ratification à Turin <strong>de</strong> lacession <strong>de</strong> Nice et <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>à la France par la Députation.• 12 juin 1860 – L’Annexion <strong>de</strong>Nice et <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la Franceest ratifiée à Paris par S<strong>en</strong>atus-Consulte à l’unanimité <strong>de</strong>s126 membres.• 14 juin 1860 – Signature auchâteau <strong>de</strong> Chambéry duprocès-verbal <strong>de</strong> la remise <strong>de</strong>la <strong>Savoie</strong> par le Commissaireextraordinaire Bianchi ausénateur Laity représ<strong>en</strong>tant<strong>de</strong> Napoléon III, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<strong>de</strong>s préfets Dieu et Lelainville,<strong>de</strong> Monseigneur Billiet,<strong>de</strong>s anci<strong>en</strong>s gouverneursDupasquier et Lach<strong>en</strong>al.La <strong>Savoie</strong> française· 15 juin 1860 –Décret impérial <strong>de</strong> créationdu départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong>, chef-lieu Chambéryet du départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> laHaute-<strong>Savoie</strong>, chef-lieuAnnecy.• 24 août 1860 – Conv<strong>en</strong>tionfranco-sar<strong>de</strong> négociée parAdolphe Vuitry compr<strong>en</strong>ant17 articles administratifs <strong>de</strong>cession.• 7 mars 1861 – Conv<strong>en</strong>tion<strong>de</strong> délimitation frontalièreet <strong>de</strong> franchises aux alpagistessavoyards.• 13-17 mars 1861 –Proclamation du royaumed’Italie, Victor-Emmanuel II,premier roi d’Italie.Guerre franco-prussi<strong>en</strong>ne(1870-1871)• 2-4 septembre 1870 –Défaite <strong>de</strong> Sedan et chute<strong>de</strong> l’Empire français,proclamation d’unGouvernem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la déf<strong>en</strong>s<strong>en</strong>ationale, participation <strong>de</strong>sFrancs-Tireurs du Mont-Blanc,<strong>de</strong>s Chasseurs <strong>de</strong>s Alpes et <strong>de</strong>sMobiles <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> au conflit.1870-1875 : créationet organisation <strong>de</strong> laIII e République.• loi du 10 août 1871 –Le départem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>tune collectivité territorialesur le plan juridique. Lefonctionnem<strong>en</strong>t administratifdu <strong>Conseil</strong> général est précisépar la loi, r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t parmoitié tous les 3 ans <strong>de</strong>l’Assemblée départem<strong>en</strong>taleet élection systématiquedu présid<strong>en</strong>t après élection.Les conseillers généraux sontélus pour 6 ans au suffrageuniversel à raison d’unconseiller par canton(décou<strong>page</strong> administratif <strong>en</strong>préfecture, arrondissem<strong>en</strong>ts,cantons, communes).L’exécutif départem<strong>en</strong>tal estplacé sous l’autorité du préfet.• 1892 – Commémorationdu C<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire <strong>de</strong> la premièreAnnexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.• 1910 – Commémorationdu Cinquant<strong>en</strong>aire <strong>de</strong>l’Annexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.• 1960 – Commémoration duC<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire du Rattachem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France.19


voyage <strong>de</strong>Leurs Majestés Impérialesà Chamonix, 2 & 3 septembre 1860MUSÉESCOLLECTIONSDeux mois après la signature du second traité <strong>de</strong> Turinle 14 juin 1860, l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un grand voyage officiel dont la <strong>Savoie</strong> et Nicesont les principales étapes. 1 Triomphalem<strong>en</strong>t accueillis àChambéry le 27 août, ils poursuiv<strong>en</strong>t leur périple jusqu’àChamonix malgré les pluies torr<strong>en</strong>tielles qui ont fait débor<strong>de</strong>rles torr<strong>en</strong>ts et r<strong>en</strong>du la route dangereuse <strong>en</strong> plusieurs passages.Notes1. Les péripéties du voyage à Chamonix sont relatées parAuguste Marc dans le Voyage <strong>de</strong> Leurs Majestés Impérialesdans le sud-est <strong>de</strong> la France, <strong>en</strong> Corse et <strong>en</strong> Algérie/<strong>de</strong>ssinéet gravé par MM.Steyert, Rahoult, Letuaire, Crapelet, Galetti,Janet-Lange, Blanchard, Worms, Go<strong>de</strong>froy Durand, Grandsire,Rouargue, Anastasi, Provost, Gaildreau, Brest, Fessart, etc.d’après les notes et les croquis <strong>de</strong> M. Aug. Marc, Paris, L’Illustration,1860, pp. 46 à 50.2. Le suffrage universel masculin donne à Chamonix, sur635 inscrits : 609 votants, 22 abst<strong>en</strong>tions pour abs<strong>en</strong>ce dupays et maladie, 4 abst<strong>en</strong>tions volontaires, 1 bulletin nul,601 oui et zone, 7 oui, 0 non. Source : Résultat du vote pourl’Annexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France, docum<strong>en</strong>t conservé auxArchives municipales <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Chamonix-Mont-Blanc.3. In Arrivée <strong>de</strong> Leurs Majestés Impériales Napoléon III etEugénie à Chamonix le 2 septembre 1860, docum<strong>en</strong>tconservé aux Archives municipales <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> ChamonixMont-Blanc.4. I<strong>de</strong>m.5. I<strong>de</strong>m.6. Programme pour la réception <strong>de</strong> Leurs Majestés L’Empereuret L’Impératrice, docum<strong>en</strong>t conservé aux Archives municipales<strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Chamonix Mont-Blanc.7. In Voyage <strong>de</strong> LL. MM. L’Empereur et L’Impératrice dansles départem<strong>en</strong>ts du sud-est, <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, <strong>de</strong> la Corse et<strong>de</strong> l’Algérie, Paris, R<strong>en</strong>ault et C ie , Libraires-éditeurs, 1860,p. 48.8. Ibid.9. Extrait du récit consigné par Maître Dupuis, notaire àChamonix, docum<strong>en</strong>t conservé aux Archives municipales<strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Chamonix-Mont-Blanc.Départ <strong>de</strong> LL. MM. et <strong>de</strong> leur suite pour uneexcursion à la Mer <strong>de</strong> Glace. gravure anonyme.Coll. Musée Alpin <strong>de</strong> Chamonix.20Après avoir exprimé leur attachem<strong>en</strong>t à laFrance lors <strong>de</strong>s plébiscites locaux <strong>de</strong>s 22 et 23 avril1860 2 , les habitants <strong>de</strong> Chamonix avai<strong>en</strong>t ànouveau manifesté leur ferveur <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant unecordée <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s planter le drapeau français ausommet du Mont-Blanc. Une gravure réaliséed’après le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> Gustave Doré conserve lesouv<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> cette expédition <strong>de</strong>s 5 et 6 juillet 1860.Dès l’annonce officielle du voyage impérial àChamonix, le <strong>Conseil</strong> municipal <strong>de</strong> la ville s’étaitréuni « pour aviser aux moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> leur faire unespl<strong>en</strong>di<strong>de</strong> réception ». Fur<strong>en</strong>t décidés : « 1°) l’érection<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux arcs <strong>de</strong> triomphe, dont l’un <strong>de</strong>vait être posésur la place publique et l’autre à l’<strong>en</strong>trée du bourg ;2°) un feu d’artifice et une belle illumination sur laplace ; 3°) un certain nombre <strong>de</strong> feux <strong>de</strong> joie sur lesmontagnes ; 4°) la prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> toute la Compagnie<strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s portant chacun drapeau tricolore et<strong>de</strong> c<strong>en</strong>t <strong>en</strong>fants <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sexes habillés uniformém<strong>en</strong>tet munis aussi <strong>de</strong> drapeaux ; 5°) appel <strong>de</strong> la musique<strong>de</strong> Taninges » 3 .Le 2 septembre à 9 heures et <strong>de</strong>mie, l’orchestreouvre la marche au <strong>Conseil</strong> municipal et à laCompagnie <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s qui vont au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> LeursMajestés Impériales et se plac<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>trée dubourg. L’arc <strong>de</strong> triomphe est surmonté d’une peinturedu Mont-Blanc sur lequel repose l’aigle impérial; il est orné <strong>de</strong> l’inscription « Arrive aigleindompté, sur ce mont colossal : Il est <strong>de</strong> ta gran<strong>de</strong>urle digne pié<strong>de</strong>stal » 4 . Les <strong>en</strong>fants, auxquels l’Empereurfera plus tard distribuer un franc du millésime<strong>de</strong> 1860, form<strong>en</strong>t plusieurs lignes sur le <strong>de</strong>vant dumonum<strong>en</strong>t. Une foule imm<strong>en</strong>se, parmi laquelle d<strong>en</strong>ombreux Anglais <strong>en</strong> villégiature, couvre leschamps <strong>en</strong>vironnants. À dix heures, le son <strong>de</strong>scloches et les détonations <strong>de</strong>s canons annonc<strong>en</strong>tl’arrivée <strong>de</strong> la voiture impériale escortée par <strong>de</strong>sg<strong>en</strong>darmes à cheval et par un détachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>dragons. Parv<strong>en</strong>ues sous l’arc <strong>de</strong> triomphe, LeursMajestés reçoiv<strong>en</strong>t le complim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la municipalité5 avant d’être accompagnées à l’hôtel Royalpréparé pour leur séjour ; elles y accueill<strong>en</strong>t lesautorités <strong>de</strong> la ville, les députations <strong>de</strong>s habitants<strong>de</strong> la vallée ainsi que les vétérans du PremierEmpire. Construit <strong>en</strong> 1848 par l’hôtelier FerdinandEis<strong>en</strong>krämer sur l’emplacem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’anci<strong>en</strong> hôtel<strong>de</strong> la Tour, l’hôtel Royal est un hôtel mo<strong>de</strong>rne etluxueux, un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux plus grands établissem<strong>en</strong>ts<strong>de</strong> Chamonix avec l’hôtel <strong>de</strong> l’Union, et sa succursalel’hôtel du Nord ; situés <strong>de</strong> chaque côté <strong>de</strong>l’Arve, les <strong>de</strong>ux hôtels d’Eis<strong>en</strong>krämer sont réunissous le même nom d’« Hôtel Royal et <strong>de</strong> l’Union »et reliés par le pont <strong>de</strong> Cour.Le programme établi par la municipalité <strong>de</strong>Chamonix 6 m<strong>en</strong>tionne que les visiteurs pourrai<strong>en</strong>tfaire dans l’après-midi une excursion à la Mer <strong>de</strong>Glace : « On avait à cet effet préparé vingt-quatremulets équipés et caparaçonnés <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce etaccompagnés chacun d’un gui<strong>de</strong> » 7 . Mais la courseest remise au l<strong>en</strong><strong>de</strong>main <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> la pluie quia détrempé les neiges à la surface.Ce contretempstourne à l’avantage <strong>de</strong> la population réunie pouracclamer leurs nouveaux souverains qui font <strong>de</strong>sapparitions aux balcons <strong>de</strong> l’hôtel. À une heure,l’Empereur <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>d sur la place du pont <strong>de</strong> Courpour saluer la foule et s’adresser aux vieux soldatsdu Premier Empire. À quatre heures, l’Impératricepart pour une excursion au glacier <strong>de</strong>s Bossons,« montée sur un mulet et escortée d’un gui<strong>de</strong>, AugusteBalmat, un <strong>de</strong>s hommes les plus expérim<strong>en</strong>tés <strong>de</strong> lavallée » 8 , P<strong>en</strong>dant ce temps, l’Empereur donneaudi<strong>en</strong>ce au clergé <strong>de</strong> la vallée, au <strong>Conseil</strong> municipal<strong>de</strong> Chamonix et <strong>de</strong>s communes voisines. Lesoir, il y a « illumination générale à Chamonix » dontplace publique offre « un coup d’œil féerique » avec« plusieurs c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> lanternes romaines etchinoises » 9 .


La caravane impériale sur la Mer <strong>de</strong> Glace le 3 septembre 1860.Photographie attribuée à Bisson Frères. Coll. Musée Alpin <strong>de</strong> Chamonix.Le 3 septembre, vers six heures du matin, LeursMajestés et leur suite part<strong>en</strong>t pour la Mer <strong>de</strong> Glace.C’est à califourchon sur sa mule qu’Auguste Marc,illustrateur et chroniqueur officiel du voyage, croque« cette longue file <strong>de</strong> mulets marchant l’un après l’autreet presque tous conduits par <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s » 10 pour le<strong>de</strong>ssin qu’il <strong>de</strong>stine à la revue L’Illustration. La montéedure <strong>de</strong>ux heures et <strong>de</strong>mie à l’issue <strong>de</strong>squelles onse réchauffe à l’auberge du Mont<strong>en</strong>vers. Après avoiréchangé les premières impressions sur « ce grandlac découpé <strong>en</strong> miroir », les excursionnistes s’<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>tsur le glacier : « l’Empereur s’arme d’un bâton à pointed’acier, terminé à son extrémité supérieure par unecorne <strong>de</strong> chamois, et, donnant le signal <strong>de</strong> la <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>te,marche le premier suivi <strong>de</strong> l’Impératrice, aidée d’ungui<strong>de</strong> qui lui donne la main ; les dames d’honneur, lesofficiers <strong>de</strong> la maison vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite, égalem<strong>en</strong>t aidés<strong>de</strong> leurs gui<strong>de</strong>s. (…) L’Empereur, <strong>en</strong> tête et à moitiép<strong>en</strong>te, prie plaisamm<strong>en</strong>t ceux qui suiv<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ne pasjeter <strong>de</strong> pierres d’<strong>en</strong> haut, et chacun, mis à l’aise, fait <strong>de</strong>son mieux pour imiter l’Impératrice, qui, franchissanttous les obstacles, semble vouloir arriver la premièresur le glacier » 11 .Le Musée Alpin <strong>de</strong> Chamonix conserve une photographiereprés<strong>en</strong>tant la suite impériale sur la Mer<strong>de</strong> Glace, épiso<strong>de</strong> ainsi décrit par Auguste Marc :« Parv<strong>en</strong>ue sur un grand carré <strong>de</strong> glace vers le tiers<strong>de</strong> la traversée, toute la caravane se groupe pour lapose, et le photographe, au cri <strong>de</strong> Vive l’Empereur !Vive l’Impératrice ! comm<strong>en</strong>ce son opération qui dureassez pour que l’Impératrice <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si ce n’est pasbi<strong>en</strong>tôt fini. L’objectif se ferme <strong>en</strong>fin, l’artiste remerciepar le même cri <strong>de</strong> Vive l’Empereur ! Vive l’Impératrice,et l’on se remet <strong>en</strong> route » 12 . Si cette photographie<strong>de</strong>meure attribuée aux Frères Bisson 13 , désignéspar l’Empereur comme photographes officiels pourle voyage <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>, Maître Dupuis, Notaire àChamonix, rapporte que « le <strong>Conseil</strong> municipal avaiteu la prévoyance <strong>de</strong> déléguer <strong>de</strong>ux photographes <strong>de</strong>Chamonix, Savioz et Tairraz » et qu’« un portraitpaysage <strong>de</strong> la noble caravane fut tiré au milieu <strong>de</strong> cesglaces éternelles ». Selon le notaire chamoniard,« une épreuve <strong>en</strong> a été expédiée à Leurs Majestés parle conseil municipal ; une autre est déposée dans lesarchives <strong>de</strong> la commune comme monum<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leurvoyage à Chamonix » 14 …Lors <strong>de</strong> cette excursion à la Mer <strong>de</strong> Glace, l’Impératriceétonne toujours par son tempéram<strong>en</strong>t aussicourageux qu’intrépi<strong>de</strong> : « Elle se lance <strong>en</strong> avant etchacun la suit comme il peut », raconte <strong>en</strong>coreAuguste Marc, « l’un tombe pile, l’autre tombe face,et tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> rire. L’Impératrice parvi<strong>en</strong>t ausommet d’une <strong>de</strong>s vagues les plus élevées, et si aiguëque l’Empereur ne peut s’y placer. On appelle vainem<strong>en</strong>tle photographe » 15 . De fait, les limites techniquesimposées par la photographie <strong>de</strong> l’époqueempêch<strong>en</strong>t les Frères Bisson d’immortaliser cetinstant. Ils retourneront sur le glacier dans les jourssuivants et planteront un drapeau tricolore à l’<strong>en</strong>droitmême où l’Impératrice s’était hissée, mise <strong>en</strong>scène grandiose qu’ils baptiseront « Pyrami<strong>de</strong> <strong>de</strong>l’Impératrice » et dont résultera l’un <strong>de</strong> leurs plusfameux clichés. De la moisson photographiqueréalisée par les Bisson <strong>en</strong> 1860 sortira un luxueuxalbum intitulé Haute-<strong>Savoie</strong> : le mont Blanc et sesglaciers ; souv<strong>en</strong>irs du voyage <strong>de</strong> L.L. M.M. l’Empereuret l’Impératrice.Re<strong>de</strong>sc<strong>en</strong>dues dans la vallée à 11 heures, LeursMajestés repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la route <strong>de</strong> Sallanches et <strong>de</strong>Bonneville dans l’après-midi, achevant ainsi leurvoyage triomphal <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>. Le retour à Chambéryles 4 et 5 septembre ne sera qu’une étape vers Niceet l’Afrique du Nord, qui clôtur<strong>en</strong>t la tournée <strong>de</strong>sréc<strong>en</strong>tes possessions françaises. La v<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> l’EmpereurNapoléon III et <strong>de</strong> l’Impératrice Eugénie àChamonix aura pour la vallée les conséqu<strong>en</strong>ces lesplus positives, à comm<strong>en</strong>cer par la reconstruction<strong>de</strong> la principale route d’accès à la vallée. Avant <strong>de</strong>partir, l’Empereur, peut-être conforté par les péripéties<strong>de</strong> son trajet d’arrivée à Chamonix, prometl’établissem<strong>en</strong>t d’une nouvelle route carrossableà partir <strong>de</strong> Sallanches. Par les Montées Pélissier,empruntant la rive gauche <strong>de</strong> l’Arve, elle atteindrale fond du bourg <strong>en</strong> 1866 ; le service <strong>de</strong>s voituresdites « inversables » sera alors créé, reliant directem<strong>en</strong>tG<strong>en</strong>ève à Chamonix via Sallanches <strong>en</strong> moins<strong>de</strong> dix heures ! L’achèvem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la nouvelle routecoïnci<strong>de</strong> avec l’approbation par l’autorité ministérielled’un nouveau plan d’aménagem<strong>en</strong>t du c<strong>en</strong>tre<strong>de</strong> Chamonix incluant la création d’un axe longitudinal; c’est à partir <strong>de</strong> cette nouvelle rue que laville se développera. La création <strong>de</strong> la nouvelleroute est d’autant plus remarquable qu’elle n’a pasd’autre fonction que celle <strong>de</strong> faciliter l’accès à lavallée <strong>de</strong> Chamonix et ne s’inscrit pas dans le cadre<strong>de</strong> l’ext<strong>en</strong>sion du réseau <strong>en</strong>tre la France, l’Italie etla Suisse. Dans ses Vacances du lundi, ThéophileGautier évoque la route que l’on est <strong>en</strong> train <strong>de</strong>tracer alors qu’il se r<strong>en</strong>d à Chamonix <strong>en</strong> 1862, une« route unie comme une allée du bois <strong>de</strong> Boulogne,malgré sa déclivité », avec ses « p<strong>en</strong>tes habilem<strong>en</strong>tménagées le long <strong>de</strong> la montagne qu’elle <strong>en</strong>taille » 16 .Grâce au supplém<strong>en</strong>t <strong>de</strong> notoriété que lui confèrela visite <strong>de</strong> Napoléon III et <strong>de</strong> l’Impératrice àChamonix, la vallée connaît à partir <strong>de</strong> 1860 undéveloppem<strong>en</strong>t expon<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> sa fréqu<strong>en</strong>tationestivale, accompagné par une ext<strong>en</strong>sion rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>sactivités hôtelières. Dans le même temps, la curiositépour les « glacières » cè<strong>de</strong> peu à peu la placeau goût <strong>de</strong> la découverte et à la recherche <strong>de</strong> l’exploitqui anim<strong>en</strong>t une nouvelle génération d’alpinistes.Le Mont-Blanc <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t, « le terrain <strong>de</strong> jeu <strong>de</strong>l’Europe » et Chamonix <strong>en</strong>tre véritablem<strong>en</strong>t dansl’ère du tourisme alpin.Catherine PolettiNotes10. Auguste Marc, op. cité, p. 51.11. I<strong>de</strong>m., p. 54.12. I<strong>de</strong>m., p. 55.13. Sylviane <strong>de</strong> Decker Heftler a id<strong>en</strong>tifié <strong>de</strong>ux tirages <strong>de</strong>cette photographie, le premier étant celui conservé auMusée Alpin <strong>de</strong> Chamonix et le second dans les collections<strong>de</strong> la Bibliothèque Nationale <strong>de</strong> France (anci<strong>en</strong>ne collectionSirot), reproduit in Bernard Marbot (dir.), Les FrèresBisson photographes. De flèche <strong>en</strong> cime, 1840-1870, (cat.Exp.), Paris/Ess<strong>en</strong>, BNF/Muséum Folkwang, 1999.14. Maître Dupuis, op. cité.15. Auguste Marc, op. cité, p. 55.16. Théophile Gautier in Voyage <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>s, édition établiepar Christelle Fucili, Urrugne, éditions Pimi<strong>en</strong>tos, 2002, pp.207-208.Les gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Chamonix faisant l’asc<strong>en</strong>sion dumont Blanc pour arborer au sommet le drapeaufrançais. Gravure <strong>de</strong> Linton d’après le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong>Gustave Doré. Coll. Musée Alpin <strong>de</strong> Chamonix.21


1860 etses commémorations<strong>en</strong>tre mémoire et histoire,l’annexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la FranceMUSÉESEXPOSITIONSExposition au Musée savoisi<strong>en</strong>du 12 mars au 20 septembre 2010.Tél. 04 79 33 44 48.Clés <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Chambéryremises à LL. MM. Impériales <strong>en</strong> 1860.Collections Musée savoisi<strong>en</strong>.22La Ville <strong>de</strong> Chambéry s’est <strong>en</strong>gagée, pour le150 e anniversaire <strong>de</strong> la Réunion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à laFrance, dans l’organisation et la coordination d<strong>en</strong>ombreuses manifestations culturelles et festivesaux côtés <strong>de</strong> la Ville d’Annecy, <strong>de</strong>s <strong>Conseil</strong>s généraux<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong> laRégion Rhône-Alpes. Cette célébration s’inscritdans le cadre <strong>de</strong>s cérémonies nationales. L’organisation<strong>de</strong>s festivités du 150 e anniversaire a pourambition <strong>de</strong> mieux faire connaître aux Savoyardset aux Chambéri<strong>en</strong>s l’histoire singulière <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong>. Peu connue du grand public, cette histoirese prés<strong>en</strong>te pourtant comme une clef <strong>de</strong> compréh<strong>en</strong>sionfondam<strong>en</strong>tale du territoire, permettantd’apprécier l’originalité <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et dupatrimoine savoyards tels que l’architecture, lastatuaire ou <strong>en</strong>core l’urbanisme chambéri<strong>en</strong>s etsavoyards. Toute la <strong>Savoie</strong> historique s’est doncmobilisée – collectivités territoriales comme associations– pour que l’année 2010 soit jalonnée parune offre culturelle et festive <strong>de</strong> qualité marquéepar une volonté d’ouverture.La Bibliothèque, les Archives et les Musées <strong>de</strong> laVille <strong>de</strong> Chambéry ont élaboré une gran<strong>de</strong> expositionprés<strong>en</strong>tée au Musée savoisi<strong>en</strong> du 12 mars au20 septembre 2010. Intitulée « 1860 et ses commémorations.Entre mémoire et histoire, l’Annexion<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France », elle rassemble <strong>de</strong>stableaux, archives, gravures, sculptures, presse,tracts, affiches, mais aussi docum<strong>en</strong>ts sonores etLe Présid<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la RépubliqueCharles <strong>de</strong> Gaulle <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong>, le 9 octobre 1960.Collections Archives municipales.audiovisuels. Avec près <strong>de</strong> 600 docum<strong>en</strong>ts, unemuséographie imaginée par Sophie Couëlle scénographeet un ouvrage dirigé par l’histori<strong>en</strong> SylvainMilbach <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, l’exposition« 1860 et ses commémorations » invite à remonterle temps… et à questionner le prés<strong>en</strong>t.Le 24 mars 1860, la <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t française auterme du traité <strong>de</strong> cession <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la Francedit Traité <strong>de</strong> Turin. Depuis, <strong>de</strong>s commémorationssont organisées tous les cinquante ans. En 2010, cechoix est reconduit. Pourquoi fêter <strong>en</strong>coreaujourd’hui cet anniversaire ? Comm<strong>en</strong>t compr<strong>en</strong> -dre ceux <strong>de</strong> 1892, 1910 et 1960 ?Commémorer, c’est « rappeler par une cérémoniele souv<strong>en</strong>ir d’une personne ou d’un événem<strong>en</strong>t » etc’est aussi affirmer sa propre exist<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> tant que« commémorant ». Dans cette perspective, l’expositioninterroge à la fois l’événem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> 1860 et sescommémorations, questionnant la manière dont,chaque fois, la <strong>Savoie</strong> se « p<strong>en</strong>se » et se met <strong>en</strong> scènedans le processus <strong>de</strong> sa réunion à la France.L’Annexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> a donné lieu à <strong>de</strong> nom -breuses interprétations : échange <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux territoires<strong>en</strong>tre dynasties relevant <strong>de</strong> traditions d’anci<strong>en</strong>régime ; application du principe <strong>de</strong>s nationalités issu<strong>de</strong> la Révolution française ; expression <strong>de</strong> la volontépopulaire. C’est pourquoi l’exposition invite à suivre,dans un premier temps, la chronologie <strong>de</strong>s événem<strong>en</strong>ts.Redonner une visibilité aux étapes duprocessus à la lumière du contexte idéologique dunationalisme qui structure tout le XIX e siècle europé<strong>en</strong>permet <strong>de</strong> bi<strong>en</strong> distinguer l’<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>sfaits – <strong>de</strong>s tractations diplomatiques et militaires àla remise officielle <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France le 14 juinArc <strong>de</strong> triomphe installé rue Sommeillerà Chambéry pour le voyage officiel duPrésid<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la République Sadi Carnot <strong>en</strong> 1892.Archives municipales <strong>de</strong> Chambéry 1114.


Allégorie <strong>de</strong> la réunion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>à la France, 1910. Coll. Bibliothèques municipales<strong>de</strong> Chambéry SAV A134.et à la fête du 17 juin. La prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>tscomme la ratification du traité <strong>de</strong> la main <strong>de</strong> NapoléonIII prêté par les Archives d’État <strong>de</strong> Turin, l’annoncedu voyage <strong>de</strong> l’Empereur dès le 18 avril, avantmême l’organisation du plébiscite, un bulletin ouiou <strong>en</strong>core l’explication <strong>de</strong>s ratifications parlem<strong>en</strong>tairespermet aux visiteurs <strong>de</strong> retracer le cal<strong>en</strong>drier<strong>de</strong>s mois qui ont vu basculer la <strong>Savoie</strong> d’un Étatnationà un autre.Prés<strong>en</strong>tée dans les salons du musée et une galeriedu cloître, cette première partie fait revivre, grâceà <strong>de</strong> précieux docum<strong>en</strong>ts d’archives, mais aussi <strong>de</strong>speintures, gravures et sculptures, les personnages,événem<strong>en</strong>ts et débats qui ont animé l’année 1860.Des prêts exceptionnels du château <strong>de</strong> Thor<strong>en</strong>scomme le portrait du comte Camille B<strong>en</strong>so <strong>de</strong>Cavour ou son ag<strong>en</strong>da lors <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Crimée<strong>en</strong> 1856, le portrait du premier roi d’Italie, Victor-Emmanuel II, <strong>en</strong> prov<strong>en</strong>ance <strong>de</strong>s appartem<strong>en</strong>tsroyaux <strong>de</strong> l’Abbaye <strong>de</strong> Hautecombe, <strong>de</strong>s cartesd’État-major du tracé <strong>de</strong> la frontière conservéesaux Archives d’État <strong>de</strong> Turin, <strong>de</strong>s traités secrets peuconnus <strong>de</strong>s Archives du ministère <strong>de</strong>s Affairesétrangères, <strong>de</strong>s registres <strong>de</strong> vote du plébisciteconservés aux Archives départem<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> sont v<strong>en</strong>us compléterles riches collections municipales : un bulletin« oui », <strong>de</strong>s gravures, <strong>de</strong>s plans, <strong>de</strong>s ouvrages, <strong>de</strong>schants, <strong>de</strong> la presse <strong>de</strong> l’époque, <strong>de</strong>s cartes, <strong>de</strong>smaquettes… Enfin, plusieurs musées et bibliothèques(Paris, Toulon, Lyon) ont prêté leurconcours comme le Musée-château d’Annecy avecles portraits <strong>de</strong> Napoléon III et d’Eugénie et unprécieux <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> la fête du lac, le projet inédit <strong>de</strong>monum<strong>en</strong>t commémoratif <strong>de</strong> 1892 du Musée <strong>de</strong>la Révolution française <strong>de</strong> Vizille, ou <strong>en</strong>core leMusée d’Angoulême qui a mis <strong>en</strong> dépôt <strong>de</strong>puis la<strong>de</strong>rnière commémoration au Musée savoisi<strong>en</strong> lecélèbre tableau <strong>de</strong> Houssot, etc. Toutes ces œuvreset tous ces docum<strong>en</strong>ts vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t donner vie à l’<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t<strong>de</strong>s événem<strong>en</strong>ts – <strong>de</strong>s guerres d’Italieau voyage <strong>de</strong> l’empereur.L’exposition se poursuit, avec les commémorations,dans les salles d’exposition temporaire du musée.Des symboles chambéri<strong>en</strong>s et savoyards tels quela Sasson, les costumes, les Allobroges, le ski, sontdécryptés à la lumière <strong>de</strong>s <strong>en</strong>jeux économiques,politiques et sociaux <strong>de</strong> chaque commémoration.Cette secon<strong>de</strong> partie propose alors d’analyser, dansla perspective <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong>s États-nationsau XIX e siècle, les commémorations <strong>de</strong> 1860 commeautant <strong>de</strong> miroirs id<strong>en</strong>titaires. En effet, une plongéedans les archives nous montre <strong>de</strong>s femmes <strong>en</strong>costumes traditionnels côtoyant <strong>de</strong>s Marianne, <strong>de</strong>sdrapeaux tricolores flottant aux côtés <strong>de</strong>s croix <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> ainsi que toute une galerie d’images inspiréesdu folklore alpin, comme si la <strong>Savoie</strong> saisissait cesmom<strong>en</strong>ts pour affirmer sa personnalité. Chaqueanniversaire semble, <strong>en</strong> effet, l’occasion, pour la<strong>Savoie</strong>, <strong>en</strong>tre appart<strong>en</strong>ance et distinction, <strong>de</strong> seregar<strong>de</strong>r et d’interroger sa singularité.La commémoration <strong>de</strong> 1910 est particulièrem<strong>en</strong>tfrappante par sa galerie <strong>de</strong> femmes <strong>en</strong> costumesdans les défilés comme sur les cartes postalessouv<strong>en</strong>ir… La France, représ<strong>en</strong>tée par une femmedrapée à l’antique, domine d’une bonne tête unetroupe <strong>de</strong> petites Savoyar<strong>de</strong>s <strong>en</strong> costume <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tspays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. La France, mosaïque merveilleuse,rassemble sous son aile une <strong>Savoie</strong> qui secaractérise par sa diversité. En 1960, c’est toujoursune figure féminine qui incarne la <strong>Savoie</strong> : <strong>en</strong>revanche, c’est la Tarine, coiffée <strong>de</strong> sa coiffe reconnaissable<strong>en</strong>tre toutes – la frontière – qui symboliseà elle seule, sur le timbre, l’<strong>en</strong>veloppe commémorativeou les affiches, la <strong>Savoie</strong>.La commémoration <strong>de</strong> 1960 comme celle que nousvivons aujourd’hui se caractéris<strong>en</strong>t par l’<strong>en</strong>trée duson et <strong>de</strong> l’image animée dans la société. Des part<strong>en</strong>ariatsnoués avec l’Institut National <strong>de</strong> l’Audiovisuelet la Cinémathèque <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>complèt<strong>en</strong>t les archives papiers et les collectionsmuséales : le visiteur peut ainsi découvrir la voixdu général De Gaulle prononçant son allocutionlors <strong>de</strong> la visite du 9 octobre ou <strong>en</strong>core un film <strong>de</strong>« propagan<strong>de</strong> touristique » à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>sag<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> tourisme.Alors que la <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong> 1960 apparaît conquérante,embrassant l’opportunité d’une visibilité touristiqueofferte par les festivités, les commémorationscontemporaines se démarqu<strong>en</strong>t par leur volontéd’un questionnem<strong>en</strong>t historique dans une perspectiveeuropé<strong>en</strong>ne. L’exposition interroge la partd’interprétation <strong>de</strong> chaque commémoration etr<strong>en</strong>d hommage à toutes les publications parues<strong>en</strong> 2009 et 2010 qui débatt<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’annexion. Ell<strong>en</strong>’oublie pas pour autant la dim<strong>en</strong>sion festive <strong>de</strong>la commémoration contemporaine <strong>en</strong> invitant lesvisiteurs à nourrir les archives <strong>de</strong> <strong>de</strong>main dans unevitrine qui ne cesse <strong>de</strong> s’emplir d’objets, lettres, invitations…autant <strong>de</strong> docum<strong>en</strong>ts qui seront, espérons-le,l’objet d’une exposition dans cinquante ouc<strong>en</strong>t ans !Émilie Dreyfus, Marie-Anne Guérin,Laur<strong>en</strong>ce Sadoux-Troncy,Mélanie Serafin-Malet,commissaires <strong>de</strong> l’expositionPage du Dauphiné Libéré du 10 octobre 1960,<strong>Savoie</strong> Actualités. Coll. Bibliothèques municipales<strong>de</strong> Chambéry P2.Inauguration du monum<strong>en</strong>t du C<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire, 1892. Coll. Musée savoisi<strong>en</strong> inv GD98.23


hériter d’une histoirele cas du Musée-Château d’Annecy1933-2010 (secon<strong>de</strong> partie)MUSÉESCOLLECTIONSNotes1. Rapport <strong>en</strong> date du 28/08/1933, Annecy, ArchivesMunicipales, 2R2392. L. Lachat propose <strong>de</strong> déposer ces collections dans lesécoles d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t technique3. L. Lachat expose au Salon <strong>de</strong>s Artistes Français <strong>de</strong>1912 à 1913 puis <strong>de</strong> 1920 à 1923 et au Salon <strong>de</strong>s Indép<strong>en</strong>dants<strong>de</strong> 1906 à 1912 et <strong>en</strong> 1920.4. Lettre <strong>de</strong> L. Lachat au maire, Annecy, Archives Municipales,2R 2395. Séance du 11 décembre 1934, Revue savoisi<strong>en</strong>ne,1934, p. 1486. J.-P. Laur<strong>en</strong>t, J.Vergnet-Ruiz, M. Maget, Projet pour lemusée, Annecy, Archives Municipales, 27247. Afin <strong>de</strong> clarifier le statut <strong>de</strong> ces collections, leurdévolution à la Ville d’Annecy est décidée par le <strong>Conseil</strong>d’Administration du C<strong>en</strong>tre International du Cinémad’Animation <strong>en</strong> 1997.8. Brigitte Liabeuf, conservateur <strong>en</strong> chef <strong>de</strong> 2004à 2009. Docum<strong>en</strong>t préparatoire au Projet Sci<strong>en</strong>tifiqueet Culturel. Archives du musée.Fig. 1. La salle <strong>de</strong>s peinturesdu temps <strong>de</strong> Louis Lachat.24Officiellem<strong>en</strong>t ouvert <strong>en</strong> 1860 au <strong>de</strong>rnier étage<strong>de</strong> l’hôtel <strong>de</strong> ville, le musée d’Annecy conserve,jusqu’au premier quart du XX e siècle, une vocation<strong>en</strong>cyclopédique. Dirigé par <strong>de</strong>ux érudits, LouisRevon (1860-1884) puis Marc Le Roux (1884-1933),c’est un lieu d’étu<strong>de</strong> et d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t qui se doit<strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter aux premiers touristes et auxSavoyards l’histoire et les richesses du territoire.L’arrivée <strong>de</strong> Louis Lachat <strong>en</strong> 1933 est un tournantimportant pour l’histoire du musée. Premier conservateurnon-naturaliste, peintre lui-même, il portesur les collections un regard profondém<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tet la peinture fait l’objet, pour la première fois,d’une véritable politique d’acquisition.Vers un musée <strong>de</strong>s beaux-artset un musée <strong>de</strong> folkloreDès son arrivée, L. Lachat dresse un bilan catastrophiquedu musée 1 . Ce constat s’attache autant àdétailler l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s collections et leur prés<strong>en</strong>tation,que leur état <strong>de</strong> conservation, mais égalem<strong>en</strong>tles problèmes <strong>de</strong> gardi<strong>en</strong>nage, <strong>de</strong>catalo gage, <strong>de</strong> nettoyage et <strong>de</strong> sécurité. Les sculptures<strong>en</strong> plâtre sont mutilées, les gravures empiléesdans les combles, les poissons et les reptiles conservésdans l’alcool sont dans un état <strong>de</strong> putréfaction, lesinsectes sont mangés par les <strong>de</strong>rmestes et leurs débrisjonch<strong>en</strong>t le fond <strong>de</strong>s boîtes…Il comm<strong>en</strong>ce par faire repeindre les murs et confectionner<strong>de</strong>s socles (fig.1). La collection d’art industrielassemblée par Louis Revon disparaît dans cegrand réaménagem<strong>en</strong>t 2 . L’acquisition d’œuvresFig. 2. Mannequin <strong>en</strong> costume <strong>de</strong> l’Albanaisinstallé dans les salles <strong>de</strong> folklore <strong>de</strong> l’hôtel <strong>de</strong>ville. Vers 1930-1940.mo<strong>de</strong>rnes <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t la priorité du nouveau conservateurqui déplore la pauvreté <strong>de</strong>s collections <strong>de</strong>peinture. Après avoir fait don <strong>de</strong> ses propres toiles,il se tourne vers les artistes <strong>de</strong>s Salons et multiplieles voyages à Paris. C’est <strong>en</strong> effet grâce aux relationsacquises durant sa carrière parisi<strong>en</strong>ne, à son amitiéavec le collectionneur Georges Marcel Burgun, queL. Lachat <strong>en</strong>richit les collections annéci<strong>en</strong>nes 3 . Jedois à une soli<strong>de</strong> amitié d’avoir obt<strong>en</strong>u ces tableauxdans <strong>de</strong>s conditions particulièrem<strong>en</strong>t avantageuses.Sur 7 peintures, 5 seulem<strong>en</strong>t sont v<strong>en</strong>dues à <strong>de</strong>s prixdérisoires 4 . Georgette Agutte et Maximili<strong>en</strong> Luce,pour ne citer qu’eux, font ainsi leur <strong>en</strong>trée dans lescollections. La commission du musée attire cep<strong>en</strong>dantl’att<strong>en</strong>tion du conservateur sur l’importance<strong>de</strong> privilégier les œuvres locales ou d’artistes habituésà la <strong>Savoie</strong> 5 .L. Lachat s’attache égalem<strong>en</strong>t à développer lasection consacrée au folklore. Pour lui c’est une <strong>de</strong>splus importantes car c’est toute l’histoire <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>qui est <strong>en</strong> cause et c’est ce qui intéressera les étrangersqui nous visit<strong>en</strong>t. Entre 1933 et 1938 le conservateurcollecte une c<strong>en</strong>taine <strong>de</strong> pièces, costumes, meubles,ust<strong>en</strong>siles <strong>de</strong> cuisine et <strong>de</strong> travail du lait, rouets,poteries usuelles… En 1938 la revue Folklore paysanfait état <strong>de</strong> la reconstitution d’un intérieur savoyard,muséographie novatrice et séduisante, mais quitraduit cep<strong>en</strong>dant une vision quelque peu stéréotypéed’un mon<strong>de</strong> rural savoyard figé (fig. 2).Franck Bourdier succè<strong>de</strong> à Louis Lachat <strong>en</strong> 1941. Ilamorce un allégem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’accrochage et les collections<strong>de</strong> « folklore, art populaire et histoire locale »sont transférées au Palais <strong>de</strong> l’Île qui t<strong>en</strong>d à <strong>de</strong>v<strong>en</strong>irle musée du « vieil Annecy ».


Le musée organisme vivantAprès l’inc<strong>en</strong>die du château <strong>en</strong> juillet 1952, la Villed’Annecy le rachète pour 1 000 francs symboliqueset déci<strong>de</strong> d’y transférer le musée. Une vastecampagne <strong>de</strong> restauration <strong>de</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts est<strong>en</strong>gagée, qui va durer près <strong>de</strong> 30 ans. Les collectionsdu musée <strong>de</strong> l’hôtel <strong>de</strong> ville sont mises <strong>en</strong>caisse par Jean-Pierre Laur<strong>en</strong>t, tout jeune conservateurissu <strong>de</strong> l’École du Louvre. Elles n’<strong>en</strong> sortirontpas avant les années 70. Malgré cela, les premièressalles rénovées du château accueill<strong>en</strong>t, dès juillet1956, l’exposition Tapisseries anci<strong>en</strong>nes. Pas moins<strong>de</strong> 70 autres expositions temporaires suivront, à lascénographie toujours innovante, savant dosage<strong>en</strong>tre l’histoire, l’ethnologie <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> et lesgrands courants artistiques internationaux <strong>de</strong>sXIX e et XX e siècles (fig. 3).Arrivé à Annecy <strong>en</strong> 1945, Gabriel Monnet participeaux côtés <strong>de</strong> Jean-Pierre Laur<strong>en</strong>t à la métamorphosedu château, créant <strong>en</strong> 1954 Les Nuits théâtrales.Les pièces Hamlet, Dom Juan, Ubu Roi, jouéesdans la cour, mobilis<strong>en</strong>t d’émin<strong>en</strong>tes personnalitésdu théâtre et <strong>de</strong> la critique. Ces trois étés théâtrauxlaisseront une empreinte indélébile. L’émulationproduite contribua à servir cette vision du musée,organisme vivant, réunissant la plupart <strong>de</strong>s activitésculturelles et artistiques <strong>de</strong> la cité 6 .Concerts et confér<strong>en</strong>ces complèt<strong>en</strong>t cetteprogrammation foisonnante. En 1960 les JournéesInternationales du Cinéma d’Animation, organisées<strong>de</strong>puis 1956 à Cannes, dans le cadre du Festival,s’implant<strong>en</strong>t à Annecy. Les premiers dons et dépôts<strong>de</strong>s réalisateurs et producteurs sont confiés auMusée-Château 7 . Ils constitu<strong>en</strong>t le noyau <strong>de</strong> lacollection actuelle.Fig. 4. Marionnette originale du film Les vieilleslég<strong>en</strong><strong>de</strong>s tchèques, Jiri Trnka, Tchécoslovaquie,1952. Cliché Ellipse.Fig. 5. Exposition Joan Fontcuberta, Des monstres et <strong>de</strong>s prodiges. 2008.<strong>de</strong>s Lacs Alpins est inauguré <strong>en</strong> 1993 dans la tour etle logis Perrière restaurés. Durant cette pério<strong>de</strong>, lemusée s’ouvre résolum<strong>en</strong>t à l’art contemporain etse positionne parmi les pionniers <strong>de</strong> la sauvegar<strong>de</strong>du patrimoine lié au cinéma d’animation (fig.4).Depuis quelques années, la volonté <strong>de</strong> r<strong>en</strong>forcer ledialogue <strong>en</strong>tre toutes ces collections, l’<strong>en</strong>vie <strong>de</strong> créer<strong>de</strong>s passerelles, <strong>de</strong> mixer les approches préfigur<strong>en</strong>tl’av<strong>en</strong>ir du musée. Des expositions réc<strong>en</strong>tes comme« Joan Fontcuberta, <strong>de</strong>s monstres et <strong>de</strong>s prodiges »(fig.5), « Avec vue sur lac » ou <strong>en</strong>core « Poétique duchantier » ont montré qu’il existait <strong>de</strong>s possibilités<strong>de</strong> dialogue riche d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>s œuvres<strong>en</strong> théorie éloignées les unes <strong>de</strong>s autres.« En c<strong>en</strong>t cinquante ans, nous sommes donc passésd’un musée à vocation <strong>en</strong>cyclopédique et pédagogiquesoucieux <strong>de</strong> valoriser les progrès <strong>de</strong> la sci<strong>en</strong>ceet d’am<strong>en</strong>er le mon<strong>de</strong> à portée <strong>de</strong> regard <strong>de</strong>s habitantsdu territoire (…), aux musées <strong>de</strong>s annéestr<strong>en</strong>te/quarante désireux <strong>de</strong> plaire aux « étrangers »et <strong>de</strong> leur offrir une image valorisante du territoire,puis au musée dans le château au cont<strong>en</strong>u évolutiflongtemps resté tributaire <strong>de</strong>s restaurations du bâtim<strong>en</strong>t» résume Brigitte Liabeuf 8 .Prés<strong>en</strong>tée actuellem<strong>en</strong>t au Musée-Château, l’exposition« Héritage public » s’interroge sur ces 150ans d’histoire et témoigne que le musée pourexister doit être une institution <strong>en</strong> perpétuelleévolution, à l’image <strong>de</strong> l’id<strong>en</strong>tité toujours changeante<strong>de</strong> son territoire.Sophie MarinExpositionHéritage publicMusée d’Annecy150 ans d’histoire <strong>de</strong>s collectionsAnnecy, Musée-Château23 juin 2010 – 17 janvier 2011À l’occasion du 150 e anniversaire du Rattachem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France, le Musée-Châteaud’Annecy propose une exposition rétrospectivesur l’histoire <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> ses collections<strong>de</strong>puis un siècle et <strong>de</strong>mi. Toutes les sections dumusée sont revisitées : archéologie, ethnographie,histoire naturelle, beaux-arts, art contemporainet cinéma d’animation. Les premièreshaches « druidiques », les amphores romaines,les colibris, un pingouin voisin<strong>en</strong>t ainsi avec laScène pastorale <strong>de</strong> Lancret, une <strong>de</strong>s premièrespeintures à être <strong>en</strong>trée au musée, et les lithographies<strong>de</strong> la Suite Prisunic marquant le début<strong>de</strong> la collection d’art contemporain. On ne peutpas manquer non plus le <strong>de</strong>rnier ours tué <strong>en</strong>Haute-<strong>Savoie</strong> vers 1850. Le musée affirme sadiversité et fait dialoguer les collections : auxpoupées <strong>de</strong>s collections d’ethnographie fontécho les marionnettes <strong>de</strong> cinéma d’animation.À travers le choix <strong>de</strong>s objets collectés etprés<strong>en</strong>tés, c’est une id<strong>en</strong>tité <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>tqui s’expose et un questionnem<strong>en</strong>t sur la placeque le musée d’Annecy ti<strong>en</strong>t dans la sociétécontemporaine.Un musée qui assume sa diversitéUn nouveau conservateur, Jean-Pierre Cour<strong>en</strong>, <strong>en</strong>tre<strong>en</strong> fonction au début <strong>de</strong>s années 1970. Chargé duredéploiem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s collections, il imagine un véritableprojet culturel à l’échelle du territoire : au manoir <strong>de</strong>Novel, l’histoire <strong>de</strong> la vie rurale ; au Palais <strong>de</strong> l’Île, l’histoired’Annecy ; au château, l’histoire du territoire àtravers les collections d’histoire naturelle, d’archéologieet d’ethnographie. Enfin l’Observatoire RégionalFig. 3. Exposition Œuvre artisanale, formeindustrielle, été 1969. Cliché Jean-Pierre Laur<strong>en</strong>t.25


découverte d’une (?) nouvelleinscription impérialefragm<strong>en</strong>taireAime / Forum Claudii CeutronumANTIQUITÉSET OBJETS D’ARTAbréviationsCAG 73 = B. Rémy, Fr. Ballet E. Ferber, Carte archéologique<strong>de</strong> la Gaule. 73, <strong>Savoie</strong>, Paris, 1996.ILAlpes Graies = B. Rémy, Inscriptions Latines <strong>de</strong>s Alpes(ILAlpes). I.Alpes Graies, Chambéry-Gr<strong>en</strong>oble, 1998.Notes1.Sur Aime, voir CAG 73, p.84-91, n° 006 ; B.Rémy, H.Barthélémy,« Ville, agglomérations urbaines et itinéraires dansles Alpes Graies », dans Ph. Leveau B. Rémy (dir.), La ville<strong>de</strong>s Alpes occid<strong>en</strong>tales à l’époque romaine. Actes du colloqueinternational, Gr<strong>en</strong>oble, 6-8 octobre 2006, Gr<strong>en</strong>oble, 2008,p. 273-302.2. Sur son <strong>de</strong>ssin, J.-M. Briançon-Marjollet a pris soin <strong>de</strong>souligner fortem<strong>en</strong>t la barre du G pour qu’il n’y ait aucuneconfusion avec une autre lettre (C).3. R<strong>en</strong>ouvelée chaque année, ce qui permet <strong>de</strong> dater lesannées du règne <strong>de</strong>s empereurs, la puissance tribunici<strong>en</strong>nedonnait aux princes les pouvoirs civils.4. Voir ILAlpes Graies, p. 15-19.Carnet <strong>de</strong> notes <strong>de</strong>Joseph-Marie Briançon-Marjollet.Coll. Société d’histoire et d’archéologie d’Aime.26Présid<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la Société d’histoire et d’archéologied’Aime, l’antique Forum Claudii Ceutronum,capitale <strong>de</strong> la petite province <strong>de</strong>s Alpes Graies 1 ,H<strong>en</strong>ri Béguin vi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> découvrir la m<strong>en</strong>tion (texteet <strong>de</strong>ssins) d’une (?) nouvelle inscription impérialefragm<strong>en</strong>taire dans un carnet <strong>de</strong> notes <strong>de</strong> Joseph-Marie Briançon-Marjollet, qui fut notaire à Aime àla fin du XIX e siècle. Il m’a fait l’amitié <strong>de</strong> m’<strong>en</strong>voyercopie <strong>de</strong> la docum<strong>en</strong>tation et <strong>de</strong> m’autoriser àpublier ce nouveau texte.Joseph-Marie Briançon-Marjollet, dont les connaissances<strong>en</strong> histoire romaine n’étai<strong>en</strong>t apparemm<strong>en</strong>tpas négligeables, signale qu’il a recueilli six fragm<strong>en</strong>ts« d’une inscription magnifique <strong>de</strong>vant lachapelle <strong>de</strong> Saint-Sigismond » et précisait qu’il yavait « <strong>de</strong>s traces très visibles <strong>de</strong> minium au fond<strong>de</strong>s lettres ». Ces vestiges ne sont pas localisésaujourd’hui. Au vu <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins très soignés, l’inscription,qui a <strong>de</strong> bonnes chances d’avoir été uneinscription honorifique, était gravée <strong>en</strong> lettres capitalessur une plaque, dont le matériau et les dim<strong>en</strong>sionssont indéterminés. Le texte était <strong>en</strong>touré d’uncadre mouluré. Au moins <strong>de</strong>ux fragm<strong>en</strong>ts (A et B),dont la lecture est certaine 2 , étai<strong>en</strong>t jointifs :--- ---Fragm. A [---]AUG [---] Aug(usto)[---]MAX [pontif (ici)] max(imo)Fragm. B [---]OTEST [tribunic(ia) p]otest(ate)--- ---Les abréviations <strong>de</strong>s parties restituées ne sont pasabsolum<strong>en</strong>t assurées, mais l’interprétation <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>sembl<strong>en</strong>e fait aucun doute, d’autant que, à droite,les trois lignes sont complètes (moulure).Briançon-Marjollet proposait <strong>de</strong> développer untroisième fragm<strong>en</strong>t (C) FO, qui débute une ligne,<strong>en</strong> Fo[ro Claud(i<strong>en</strong>ses)]. C’est une hypothèse trèsplausible. Les habitants <strong>de</strong> Forum Claudii serai<strong>en</strong>tdonc les auteurs <strong>de</strong> l’inscription honorifique, ce quiest bi<strong>en</strong> attesté à Aime (ILAlpes Graies 11, 12, 15, 16,17, 18 ?).Il est un peu plus délicat d’interpréter les troisautres fragm<strong>en</strong>ts, dont la lecture ne pose pas <strong>de</strong>problème :Fragm<strong>en</strong>t DT (début <strong>de</strong> ligne)Fragm<strong>en</strong>t ERICFragm<strong>en</strong>t FRICLes <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers morceaux (E et F) ne sont pas undoublon, car les mutilations <strong>de</strong>s lettres sont différ<strong>en</strong>tessur le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> Briançon-Marjollet. Il semblepossible <strong>de</strong> rapprocher le T (fragm<strong>en</strong>t D) d’un <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux fragm<strong>en</strong>ts E ou F et <strong>de</strong> considérer que l’autr<strong>en</strong>’appart<strong>en</strong>ait pas à cette inscription, mais à uneautre inscription impériale mutilée.Nous pourrions alors proposer le texte suivant :[---] [Imp(eratori) Caes(ari)]--- ---Fragm. A [---]AUG [---] Aug(usto),[---]MAX[pontif(ici)] max(imo),Fragm. TRI[---]OTEST tri[bunic(ia) p]otest(ate)B, D, E [---]C[---] [---], c[o(n)s(uli) ---].Fragm. C FO[---] Fo[ro Claud(i<strong>en</strong>ses),][--- ?] [Publice ?]À l’avant-<strong>de</strong>rnière ligne, nous pouvons hésiter <strong>en</strong>treFo[rocl(audi<strong>en</strong>ses) Ceutron(es)], comme dans ILAlpesGraies 11 et Fo[ro Claud(i<strong>en</strong>ses)], comme dans lesautres inscriptions d’Aime <strong>en</strong> l’honneur <strong>de</strong>s empereurs.Suggérée par Briançon-Marjollet, la <strong>de</strong>rnièreligne n’est pas obligatoire, mais elle se retrouvedans ILAlpes Graies 12, 15, 16, 17, 18 (?).Nous pouvons donc traduire : « À [---] Auguste,grand pontife, revêtu <strong>de</strong> sa [---] puissance tribunici<strong>en</strong>ne3 , [---] fois consul [---]. Les habitants <strong>de</strong> ForumClaudii (ou les Ceutrons <strong>de</strong> Forum Claudii), à fraispublics (?) ».En l’état <strong>de</strong> conservation du docum<strong>en</strong>t, il n’estévi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t pas possible d’id<strong>en</strong>tifier l’empereurhonoré, mais si nos restitutions <strong>de</strong> l’avant-<strong>de</strong>rnièreligne sont exactes, ce ne peut être que Clau<strong>de</strong> ouun <strong>de</strong> ses successeurs, puisque, comme l‘attestele nom <strong>de</strong> la ville, c’est l’empereur Clau<strong>de</strong> (41-54ap. J.-C.) qui a fondé Forum Claudii Ceutronum. Nousne pouvons pas non plus restituer le nombre <strong>de</strong>puissances tribunici<strong>en</strong>nes et <strong>de</strong> consulats, nid’év<strong>en</strong>tuels autres titres revêtus par cet empereuranonyme.Le sous-sol <strong>de</strong> la chapelle <strong>de</strong> Saint-Sigismond alivré quatre inscriptions <strong>en</strong> l’honneur d’Auguste(ILAlpes Graies 8), Vespasi<strong>en</strong> (ILAlpes Graies 10),Nerva (ILAlpes Graies 11), Carus (ILAlpes Graies 16)et plusieurs fragm<strong>en</strong>ts d’autres inscriptions impériales.Faut-il <strong>en</strong> conclure qu’il y avait dans le prochevoisinage un sanctuaire impérial ? À tout le moins,les Ceutrons avai<strong>en</strong>t à cœur d’affirmer leur loyalismepolitique, puisque plus d’une inscription surtrois concerne <strong>de</strong>s empereurs, <strong>de</strong>s impératrices ou<strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la famille impériale 4 .Bernard Rémy


évaluer l’accessibilitéRéseau <strong>de</strong>s muséeset maisons thématiques <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>Intéresser le plus grand nombre au patrimoineet le r<strong>en</strong>dre plus accessible est aujourd’hui unepréoccupation forte <strong>de</strong>s politiques culturelles du<strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>. Le thème 2009 <strong>de</strong>sJournées europé<strong>en</strong>nes du Patrimoine : « un patrimoineaccessible à tous » l’a bi<strong>en</strong> montré.Il s’ajoute à ces objectifs <strong>de</strong> démocratisation culturelle,un impératif légal. En effet, la loi du 11 février2005, pour l’égalité <strong>de</strong>s droits et <strong>de</strong>s chances, la participationet la citoy<strong>en</strong>neté <strong>de</strong>s personnes handicapées,impose aux établissem<strong>en</strong>ts recevant du public <strong>de</strong> ser<strong>en</strong>dre accessibles d’ici à 2015. Pour les musées, c’esttout aussi bi<strong>en</strong> l’accès physique, les circulations intérieureset les offres culturelles qui sont concernées.Pour accompagner les Musées et Maisons thématiquesdu Réseau départem<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, leservice <strong>de</strong> la Conservation départem<strong>en</strong>tale duPatrimoine, le <strong>Conseil</strong> d’Architecture d’Urbanismeet <strong>de</strong> l’Environnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> et la Missiondu Tourisme Adapté (<strong>Conseil</strong> général – Ag<strong>en</strong>ceTouristique départem<strong>en</strong>tale <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>) se sontassociés pour évaluer l’accessibilité <strong>de</strong>s vingt etune structures membres. L’accessibilité, perçue etvalorisée <strong>en</strong> terme <strong>de</strong> « confort d’usage toutpublic » par le Départem<strong>en</strong>t, concerne directem<strong>en</strong>tune très gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> public (60 % d’usagers<strong>de</strong> nos musées : les s<strong>en</strong>iors, les <strong>en</strong>fants...) ; cetteapproche s’impose donc comme une voie <strong>de</strong> progrèsindéniable. En croisant les regards <strong>de</strong> l’architecte,<strong>de</strong>s professionnels du patrimoine et du tourismeadapté, les visites <strong>de</strong>s sites vont permettre d’id<strong>en</strong>tifierles <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts produisant <strong>de</strong>s situations<strong>de</strong> gêne pour <strong>en</strong>suite proposer <strong>de</strong>s préconisations.Pour les musées, r<strong>en</strong>dre accessible son site, c’estréussir à concilier l’accueil <strong>de</strong> l’usager avec le souci<strong>de</strong> conservation <strong>de</strong>s collections, par exemple, maisaussi avec les exig<strong>en</strong>ces budgétaires. Il faut bi<strong>en</strong>mesurer l’impact <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> conformitéet <strong>en</strong> accessibilité sur <strong>de</strong>s bâtim<strong>en</strong>ts anci<strong>en</strong>sdont l’intégrité architecturale doit être préservée.Un musée pr<strong>en</strong>d souv<strong>en</strong>t place, <strong>en</strong> effet, dans unmonum<strong>en</strong>t historique. En <strong>Savoie</strong>, le musée d’art etd’histoire d’Albertville est installé dans la MaisonRouge, à Conflans ; <strong>de</strong> même, la Redoute Marie-Thérèse, Forts <strong>de</strong> l’Esseillon, accueille <strong>en</strong> son seinle C<strong>en</strong>tre d’Interprétation du Patrimoine Fortifié.On pourrait <strong>en</strong>core citer la Basilique Saint-Martind’Aime, la Chartreuse d’Aillon, et bi<strong>en</strong> d’autres bâtim<strong>en</strong>ts,à caractère patrimonial, reconvertis <strong>en</strong> sitesmuséographiques qui, bi<strong>en</strong> que non protégés,impos<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s contraintes architecturales fortes.Il s’agira donc <strong>de</strong> trouver un juste compromis <strong>en</strong>treces différ<strong>en</strong>tes exig<strong>en</strong>ces, ces visites étant une réelleopportunité pour les sites membres du Réseau, <strong>de</strong>se questionner sur le s<strong>en</strong>s d’un projet d’accessibilitédans leur établissem<strong>en</strong>t.ACTUALITÉSPATRIMOINEVisite « Évaluer l’accessibilité »au Musée régional <strong>de</strong> la vigne et du vin,Montmélian, juin 2010.patrimoines <strong>en</strong> cheminProjet europé<strong>en</strong> Interreg Alcotraun programme <strong>de</strong> formations transfrontalièresFormation transfrontalière sur la médiationculturelle d’un site (mai 2010) au Domaine<strong>de</strong> découverte <strong>de</strong> l’abbaye d’Aulps.Les formations transfrontalières sont une <strong>de</strong>s actions communes du projet europé<strong>en</strong> (InterregAlcotra 2007-2013) « Patrimoines <strong>en</strong> chemin », qui associe le <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, la Régionautonome Vallée d’Aoste, l’Écomusée Paysalp et le Réseau Empreintes (Haute-<strong>Savoie</strong>).Ce programme <strong>de</strong> formation est prévu pour les acteurs <strong>de</strong> chaque territoire, afin <strong>de</strong> répondreà un besoin <strong>de</strong> professionnalisation et <strong>de</strong> savoir-faire. Ces journées sont égalem<strong>en</strong>t l’occasion<strong>de</strong> r<strong>en</strong>contres et <strong>de</strong> partage d’expéri<strong>en</strong>ces.La première formation a eu lieu les 26, 27 et 28 mai <strong>de</strong>rnier au domaine <strong>de</strong> Découverte <strong>de</strong> l’abbayed’Aulps, <strong>en</strong> Haute-<strong>Savoie</strong> (Chablais) sur le sujet : « la médiation culturelle d’un site ». Différ<strong>en</strong>tsacteurs ont pu y participer : principalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s responsables <strong>de</strong> musées <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, <strong>de</strong> Haute-<strong>Savoie</strong> et du Val d’Aoste. Ces journées ont été <strong>en</strong>cadrées par Delphine Grisot, directrice <strong>de</strong> laFédération <strong>de</strong>s écomusées et <strong>de</strong>s musées <strong>de</strong> société et par Francine Loiseau, responsable duservice médiation au Compa (Conservatoire <strong>de</strong> l’agriculture) <strong>de</strong> Chartres.La formation s’est articulée à la fois autour <strong>de</strong> temps théoriques et <strong>de</strong> temps plus pratiques(mises <strong>en</strong> situation <strong>de</strong>s participants, étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas). Une table ron<strong>de</strong> est v<strong>en</strong>ue compléter ces journées, proposantà d’autres instigateurs du patrimoine, <strong>de</strong> se questionner sur le rôle <strong>de</strong> la médiation culturelle dans lecontexte actuel <strong>de</strong> mutation du territoire alpin.D’autres formations sont prévues jusqu’à 2011. Elles auront lieu respectivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>Savoie</strong> et <strong>en</strong> Valléed’Aoste sur les thèmes <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong> exposition, <strong>de</strong> la conservation prév<strong>en</strong>tive, <strong>de</strong> l’inv<strong>en</strong>taire du patrimoineimmatériel et <strong>de</strong> la création d’événem<strong>en</strong>ts culturels.Guillemette Clouet27


trois ans pour leschâteaux <strong>de</strong> Haute-<strong>Savoie</strong>et <strong>de</strong> la Vallée d’Aostele projet Alcotra Aver – <strong>de</strong>s montagnes <strong>de</strong> châteauxARCHÉOLOGIETRANSFRONTALIÈREVue aéri<strong>en</strong>ne du Château-Vieux d’Allinges,Haute-<strong>Savoie</strong>.Les châteaux médiévaux constitu<strong>en</strong>t, dans nospaysages alpins, <strong>de</strong>s repères séculaires qui continu<strong>en</strong>t,<strong>en</strong>core <strong>de</strong> nos jours, à bénéficier <strong>de</strong> l’intérêt<strong>de</strong> nos sociétés. Qu’ils soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ruine ou restaurés,propriétés privées ou publiques, ils jou<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>tun rôle bi<strong>en</strong> à l’opposé <strong>de</strong> la mission qui leur futdévolue au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> leur construction.Consci<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> la richesse et <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> cepatrimoine médiéval <strong>de</strong> nos jours peu à peurestauré, différ<strong>en</strong>ts part<strong>en</strong>aires se sont regroupésdans le cadre d’un projet europé<strong>en</strong> Alcotra exclusivem<strong>en</strong>tconsacré aux châteaux.Le projet AVER (Anci<strong>en</strong>s Vestiges <strong>en</strong> Ruine) pilotépar la Région Autonome <strong>de</strong> la Vallée d’Aosteassocie le <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>, laCommunauté <strong>de</strong> Communes <strong>de</strong>s Collines duLéman, la commune d’Allinges et les communesvaldôtaines <strong>de</strong> Brusson et Saint-Marcel. Ce projettri<strong>en</strong>nal (2010-2012) a pour objectif principal <strong>de</strong>définir une méthodologie pour accompagner lespropriétaires <strong>de</strong> châteaux (collectivités ou particuliers)dans leurs projets <strong>de</strong> restauration et leursquêtes <strong>de</strong> conseils et <strong>de</strong> part<strong>en</strong>aires. Le projets’achèvera par un colloque <strong>de</strong>stiné à restituer lesmultiples approches développées durant ces troisannées.AVER compr<strong>en</strong>d notamm<strong>en</strong>t un important voletsci<strong>en</strong>tifique composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux actions : un inv<strong>en</strong>taire<strong>de</strong>s châteaux <strong>de</strong>s territoires valdôtains et hautsavoyardset l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sites « tests » dontl’approche ira <strong>de</strong> la fouille jusqu’aux essais <strong>de</strong>restauration et <strong>de</strong> valorisation.Nécessairem<strong>en</strong>t pluridisciplinaire, il rassemble outreles services qui pilot<strong>en</strong>t le projet (Assessorat à laCulture <strong>de</strong> la Vallée d’Aoste et les services <strong>de</strong>sAffaires europé<strong>en</strong>nes et <strong>de</strong> l’Archéologie du <strong>Conseil</strong><strong>Général</strong> <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> 1 ), le bureau d’investigationsarchéologiques HADES 2 missionné par le<strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>, <strong>de</strong>s représ<strong>en</strong>tantsdu Service régional <strong>de</strong> l’Archéologie, <strong>de</strong> laConservation Régionale <strong>de</strong>s Monum<strong>en</strong>ts Historiques,du Service Régional <strong>de</strong> l’Inv<strong>en</strong>taire, duService Départem<strong>en</strong>tal <strong>de</strong> l’Architecture et du Patrimoine<strong>de</strong> Haute-<strong>Savoie</strong>, du <strong>Conseil</strong> d’Architecture<strong>de</strong> l’Urbanisme et <strong>de</strong> l’Environnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Haute-<strong>Savoie</strong>, ainsi que <strong>de</strong>s universitaires et chercheurs.28


Vue d’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> vueslasergrammétriques sur la cour haute duChâteau-Vieux d’Allinges (Haute-<strong>Savoie</strong>).Visite technique du château <strong>de</strong> Faucigny (Haute-<strong>Savoie</strong>), réunissant interv<strong>en</strong>ants <strong>de</strong> la Vallée d’Aoste,<strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>, élus et personnels du Ministère <strong>de</strong> la Culture.L’inv<strong>en</strong>taire <strong>de</strong>s châteaux, sur le territoire hautsavoyard,a été réparti sur la durée du projet. L’année2010 est consacrée aux arrondissem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Saint-Juli<strong>en</strong>-<strong>en</strong>-G<strong>en</strong>evois et <strong>de</strong> Thonon-les-Bains. 56 sitesont conc<strong>en</strong>tré notre att<strong>en</strong>tion, correspondantd’abord à <strong>de</strong>s châteaux connus comme tels dansles sources historiques (désignés comme castra)puis à <strong>de</strong>s sites fortifiés ayant joué un rôle <strong>de</strong> choixdans les contextes géopolitiques médiévaux. Au<strong>de</strong>là,l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s maisons fortes et nobles estpris synthétiquem<strong>en</strong>t dans cet inv<strong>en</strong>taire.Les sites étudiés <strong>de</strong> manière approfondie ont tousfait l’objet d’une visite après sollicitation <strong>de</strong>spropriétaires. Les observations se conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t surl’insertion du site dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t proche, la<strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s espaces et <strong>de</strong>s phases évid<strong>en</strong>tes<strong>de</strong> construction. Les données sont intégrées dansune base <strong>de</strong> données <strong>de</strong>stinée à être mise <strong>en</strong>commun avec le part<strong>en</strong>aire valdôtain. De plus,chacun <strong>de</strong> ces édifices fait l’objet d’une noticehistorique et d’une <strong>de</strong>scription archéologique.L’inv<strong>en</strong>taire est aussi l’occasion <strong>de</strong> dresser un étatd’<strong>en</strong>semble du patrimoine castral sur le territoirehaut-savoyard, tout <strong>en</strong> r<strong>en</strong>ouant avec les différ<strong>en</strong>tspropriétaires que nous pouvons déjà remercierpour leur accueil chaleureux.L’inv<strong>en</strong>taire se poursuivra <strong>en</strong> 2011 avec les arrondissem<strong>en</strong>tsd’Annecy et <strong>de</strong> Bonneville. L’année2012 sera consacrée à la synthèse <strong>de</strong>s résultats etaux ultimes vérifications et complém<strong>en</strong>ts.Le site pilote ret<strong>en</strong>u pour la Haute-<strong>Savoie</strong> est celui<strong>de</strong> Château-Vieux aux Allinges. Pré-requis pourdébuter au mieux les relevés archéologiques, le<strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> a fait réaliser<strong>de</strong>s levés topographiques (D. Rostand – géomètreexpert 3 ) ainsi qu’une numérisation 3 D complète<strong>de</strong>s structures bâties (O. Veissière Patrimoine numérique4 ). Cette prestation offre, <strong>en</strong> plus <strong>de</strong>s relevés,<strong>de</strong>s perspectives <strong>de</strong> valorisation qu’il ne reste qu’àdévelopper.Installés sur une crête <strong>en</strong> forme <strong>de</strong> croissant dominantla rive sud du lac Léman et le Chablais, leschâteaux <strong>de</strong>s Allinges prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une configurationoriginale dans la région : ce n’est pas seulem<strong>en</strong>tun château qui occupe la crête, mais <strong>de</strong>ux châteauxqui se font face à portée <strong>de</strong> tir l’un <strong>de</strong> l’autre,séparés par <strong>de</strong> larges fossés aménagés dans la crêterocheuse.La g<strong>en</strong>èse <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux châteaux nous échappe largem<strong>en</strong>t.Bi<strong>en</strong> qu’un castrum soit m<strong>en</strong>tionné dès 1073,les <strong>de</strong>ux sites apparaiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble dans la docum<strong>en</strong>tationau début du XIII e s. seulem<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong>après leur édification. Au XIII e s., Château-Neuf setrouve <strong>en</strong>tre les mains <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,tandis que Château-Vieux est possédé par les sires<strong>de</strong> Faucigny puis les Dauphins du Vi<strong>en</strong>nois. P<strong>en</strong>dantle conflit <strong>de</strong>lphino-savoyard, qui dure jusqu’aumilieu du XIV e s., la colline d’Allinges est le théâtre<strong>de</strong> l’affrontem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces lignages : durant près <strong>de</strong>soixante-dix ans et jusqu’<strong>en</strong> 1355, la guerre faitrage <strong>en</strong>tre les châteaux, séparés d’à peine 150 ml’un <strong>de</strong> l’autre ! À partir <strong>de</strong> cette date, Château-Vieuxest peu à peu abandonné et seul Château-Neufconserve une fonction militaire et résid<strong>en</strong>tielle.Les <strong>de</strong>ux châteaux prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un certain parallélisme: chacun possè<strong>de</strong> une <strong>en</strong>ceinte seigneurialeinstallée sur un point haut, abritant une tourmaîtresse, une chapelle castrale et <strong>de</strong> probablesbâtim<strong>en</strong>ts résid<strong>en</strong>tiels <strong>de</strong>stinés à la famille seigneuriale; une secon<strong>de</strong> <strong>en</strong>ceinte, topographiquem<strong>en</strong>tsituée <strong>en</strong> position inférieure mais aussi plus vaste,abrite un bourg castral où se distingu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core,dans le cas <strong>de</strong> Château-Vieux, les vestiges <strong>de</strong>smaisons et <strong>de</strong>s rues.Sur le terrain, à la recherche <strong>de</strong>s sites ruinés…La Communauté <strong>de</strong> Communes <strong>de</strong>s Collines duLéman et la commune d’Allinges, propriétaire dusite, ont <strong>en</strong> charge la réalisation <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tstravaux <strong>de</strong> sécurisation accompagnant l’étu<strong>de</strong>archéologique sur le site pilote. Ils <strong>en</strong> ont confié lamaîtrise d’œuvre au cabinet <strong>de</strong> Dominique Perron 5 ,Architecte du Patrimoine, associé au Cabinet Uguet 6 ,à Saint-Jean-<strong>de</strong>-Mauri<strong>en</strong>ne.Vous êtes conviés à suivre l’avancem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cetravail sur les sites internet www.culture74.fr etwww.europe74.cg74.fr ou à vous faire inscrire à lalettre d’information que vous recevrez par courrieraprès inscription <strong>en</strong> appelant le Service départem<strong>en</strong>tald’Archéologie <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> (tél.04 50 51 96 40).Christophe Guffon<strong>de</strong>t Laur<strong>en</strong>t D’AgostinoNotes1. jocelyn.lai<strong>de</strong>beur@cg74.fr2. laur<strong>en</strong>t.dagostino@ha<strong>de</strong>s-archeologie.com3. topo@drostand.com4. contact@veissiere-patrimoine.com5. dominique-perron@wanadoo.fr6. a.uguet@uguet.fr29


Arctic 21l’Arctiquedu 21 e siècleACTUALITÉSEXPOSITIONSExpositiondu 6 février 2010 au 21 mai 2011Maison <strong>de</strong>s Jeux olympiquesAlbertville – c<strong>en</strong>tre villewww.maisonjeuxolympiques-albertville.orgtél. 04 79 37 75 71À l’occasion <strong>de</strong>s Jeux olympiques <strong>de</strong> Vancou -ver 2010 (Canada), dont les cérémonies ont valoriséles populations autochtones, la Maison <strong>de</strong>s Jeuxolympiques a conçu et réalisé une expositionconsacrée à l’Arctique au 21 e siècle.À l’heure <strong>de</strong> la mondialisation, l’exposition faitdécouvrir un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> p<strong>en</strong>sée <strong>de</strong> l’homme et duterritoire tout à fait singulier, s’interroge sur les<strong>en</strong>jeux <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t et révèle un imaginaireoriginal s’exprimant à travers un art diversifié.En effet, le cœur <strong>de</strong> l’espace est consacré à laprés<strong>en</strong>tation d’œuvres d’art inuit contemporaines,sculptures et estampes. À partir d’os ou <strong>de</strong> pierre,les artistes du Grand Nord sav<strong>en</strong>t trouver la poésied’une courbe, suggèr<strong>en</strong>t toute une mythologie liéeà une représ<strong>en</strong>tation animiste du territoire. Lesestampes exprim<strong>en</strong>t un art narratif, souv<strong>en</strong>t auxeffets <strong>de</strong> symétrie, qui a su intégrer la mo<strong>de</strong>rnitéet dont la vivacité du trait <strong>en</strong>chante le regard duvisiteur. Ces œuvres d’art provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’un prêt <strong>de</strong>la collection l’Iglou Art Esquimau, constituée avecpassion et discernem<strong>en</strong>t par Clau<strong>de</strong> Baud et MichelJacot, spécialistes <strong>de</strong> l’art inuit (www.artinuit.com).L’exposition, conçue grâce aux recherches <strong>de</strong> CécilePelau<strong>de</strong>ix, invite à découvrir la créativité <strong>de</strong>s artis -tes <strong>de</strong>s vastes territoires arctiques dont les œuvresinterrog<strong>en</strong>t le dialogue <strong>de</strong>s cultures et les notions<strong>de</strong> pureté culturelle ou d’exotisme : photographies<strong>de</strong> Julie E<strong>de</strong>l Hard<strong>en</strong>berg (Gro<strong>en</strong>land), courtsmétrages <strong>de</strong> la réalisatrice sami Liselotte Wajstedt,Making of du Journal <strong>de</strong> Knud Rasmuss<strong>en</strong> du réalisateurinuit canadi<strong>en</strong> Zacharias Kunuk…Les occid<strong>en</strong>taux confrontés aux mon<strong>de</strong>s polaires,<strong>en</strong> sont rev<strong>en</strong>us fascinés parmi lesquels l’ethnologueet explorateur Paul-Émile Victor, dont on peutadmirer quelques <strong>de</strong>ssins, le Norvégi<strong>en</strong> FridtjofNans<strong>en</strong>, premier à avoir réussi la traversée est-ouestdu Gro<strong>en</strong>land à skis <strong>en</strong> 1888, ou <strong>en</strong>core l’écrivaindanois Jørn Riel et ses fameux Racontars arctiques.Claire Grangémon voisin est un châteauChâteau<strong>de</strong> ClermontAlors qu’un projet sci<strong>en</strong>tifique et culturel se met<strong>en</strong> place au château <strong>de</strong> Clermont dans le cadre duprogramme europé<strong>en</strong> Traditions actuelles, la Direction<strong>de</strong>s affaires culturelles du <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> souhaite partager dès aujourd’hui avec leshabitants les actions <strong>de</strong> préfiguration mises <strong>en</strong> place.N<strong>en</strong>ets – Sibérie (Fédération <strong>de</strong> Russie).qui existe <strong>en</strong>tre les habitants et le château. Nousvous invitons à découvrir ou redécouvrir à traversl’exposition, ce voisin accueillant, mystérieux ettémoin <strong>de</strong> nombreuses histoires <strong>de</strong> vie.Sophie CaretteExpositiondu 26 juin au 19 septembre 2010au château <strong>de</strong> Clermont-<strong>en</strong>-G<strong>en</strong>evoisà 15 km au nord <strong>de</strong> Rumillyet 35 km au Nord-Ouest d’AnnecyEntré libre et gratuitejuillet et août, tous les jours, 14h-19hseptembre, week-<strong>en</strong>d, 14h-19hR<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts 04 50 69 46 81www.culture74.fr30Paroles d’habitants, histoires <strong>de</strong> châteauL’histoire du château <strong>de</strong> Clermont est certes celle<strong>de</strong> l’évêque Gallois <strong>de</strong> Regard qui le fit construireau XVI e siècle. C’est aussi l’histoire d’un voisinage.Celui <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> Clermont et <strong>de</strong>s communesal<strong>en</strong>tour et d’un lieu imposant, toujours prés<strong>en</strong>t,qui ti<strong>en</strong>t une place particulière dans la vie locale.Ce sont ces histoires <strong>de</strong> château et non la « gran<strong>de</strong>Histoire » du château qui sont racontées au public.L’exposition donne la parole à celles et ceux quiont habité au château, qui y ont joué dans leur<strong>en</strong>fance, qui s’y mari<strong>en</strong>t, vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux spectaclesdans la cour, aim<strong>en</strong>t se prom<strong>en</strong>er sur le sitemédiéval. Témoignages, docum<strong>en</strong>ts et objetsconfiés par <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> Vallières, Rumilly,Seyssel, M<strong>en</strong>thonnex, Clermont…, nous font part<strong>de</strong> ces multiples vies <strong>de</strong> château. En parallèle, lesportraits réalisés sur le vif par le photographeEmmanuel Breteau à l’occasion <strong>de</strong> la collecte, témoign<strong>en</strong>t<strong>de</strong> manière très s<strong>en</strong>sible <strong>de</strong> ce li<strong>en</strong> particulierAu Château <strong>de</strong> Clermont <strong>en</strong> 1963.


notes <strong>de</strong> lectureNice et <strong>Savoie</strong>,un regard contemporainpar François Dela<strong>de</strong>rrière,Hervé Gaymard, Bruno Berthieret Maryline Desbiolles, Actes Sud/ Fondation Facim, 2010,ISBN 978-2-7427-8923-8 – 39 €L’Assemblée <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>et la Fondation Facim ont choisiune démarche résolum<strong>en</strong>tcontemporaine pour réaliser unprojet artistique à l’occasion du150 e anniversaire durattachem<strong>en</strong>t du duché <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> et du comté <strong>de</strong> Nice à laFrance : solliciter le regard d’unphotographe pour donner àvoir l’évolution <strong>de</strong>s paysages<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, Haute-<strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong>sAlpes-Maritimes <strong>de</strong>puis 1860.Le point <strong>de</strong> départ <strong>en</strong> estl’ouvrage historique, Nice et<strong>Savoie</strong>. Celui-ci, édité <strong>en</strong> 1864,était <strong>de</strong>stiné à prés<strong>en</strong>ter lesterritoires nouvellem<strong>en</strong>tannexés, illustré par 90estampes <strong>de</strong> grand format<strong>de</strong>s principaux lieuxemblématiques <strong>de</strong>s troisnouveaux départem<strong>en</strong>ts,d’après les <strong>de</strong>ssins « sur lemotif » <strong>de</strong> Félix B<strong>en</strong>oist.L’ouvrage Nice et <strong>Savoie</strong>, unregard contemporain se base surle principe <strong>de</strong> la reconduction,c’est-à-dire sur uneconfrontation rigoureuse <strong>en</strong>trela gravure <strong>de</strong> 1860 et unephotographie réaliséeaujourd’hui <strong>de</strong> ces mêmespoints <strong>de</strong> vue par lephotographe FrançoisDela<strong>de</strong>rrière. Les textes ont étérédigés par Hervé Gaymard,Bruno Berthier et MarylineDesbiolles.1860-1960, l’Annexion<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France.Histoire et commémorationssous la direction <strong>de</strong> SylvainMilbach, SilvanaEditoriale, 2010,ISBN 978-88366-1613-8 – 30 €Cet ouvrage accompagnel’exposition réalisée par lesinstitutions culturelles etpatrimoniales <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong>Chambéry (Bibliothèquemunicipale, Archivesmunicipales et Muséesavoisi<strong>en</strong>) organisée <strong>en</strong> 2010 auMusée savoisi<strong>en</strong>. Une sélection<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 200 docum<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>toute nature, souv<strong>en</strong>t inédits etissus <strong>de</strong> multiples lieux <strong>de</strong>conservation, permet <strong>de</strong>retracer l’histoire <strong>de</strong> l’Annexionet son souv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>tantau lecteur les sources <strong>de</strong>l’histoire <strong>de</strong>s commémorations<strong>de</strong> 1892, 1910 et 1960.Les auteurs se propos<strong>en</strong>t <strong>de</strong>replacer l’événem<strong>en</strong>t dans soncontexte, d’<strong>en</strong> dégager lescauses et la signification : untransfert <strong>de</strong> nationalité quiconcerne bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du lespopulations, mais qui s’inscritaussi dans le jeu complexe <strong>de</strong>srelations internationales.L’événem<strong>en</strong>t politique est parla suite mis <strong>en</strong> scène dans lescommé morations (1892, 1910et 1960) qui permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong>suivre ce que les générationssuccessives ont bi<strong>en</strong> vouluret<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> 1860.1960 : la <strong>Savoie</strong> est à l’heure duC<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire et la mo<strong>de</strong>rnité d’unterritoire irrémédiable m<strong>en</strong>ttransfiguré par la prospérité <strong>de</strong>l’Après-guerre.Gran<strong>de</strong> Histoire d’abord donc,histoire <strong>de</strong> la mémoire <strong>en</strong>suite :l’événe m<strong>en</strong>t mémoriel n’épuisepas immédia tem<strong>en</strong>t sa signifi -cation, mais s’<strong>en</strong>richit <strong>de</strong>relectures et <strong>de</strong> réappropria -tions sociétales qui nécessit<strong>en</strong>taujourd’hui, <strong>en</strong> 2010, le regardcritique <strong>de</strong> la muséographie.Abécédaire illustréet passionnédu 150 e anniversairedu Rattachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>à la Francepar François Forray et CédricBrunier, éd. La Vie nouvelle, 2010,ISBN 978-2-909267-17-3 – 19 €De tous les ouvrages parus àl’occasion du 150 e anniversairedu Rattachem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> àla France, celui-ci est certaine -m<strong>en</strong>t le plus accessible.L’approche <strong>en</strong> estvolontairem<strong>en</strong>t simplifiée autravers <strong>de</strong> petits articlesindép<strong>en</strong>dants puisque lalogique <strong>en</strong> est alphabétique,chaque lettre donnantnaissance à un développem<strong>en</strong>téclairant un aspect du sujet.L’illustration <strong>de</strong> l’ouvrage estconfiée à Alain Billard, jeuneillustrateur <strong>de</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée,<strong>en</strong>tre caricature et réalisme.François Forray, histori<strong>en</strong> <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong>, et Cédric Brunier,professeur certifié d’histoiregéographie, sont les auteurs<strong>de</strong> cette chronique décalée<strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.Pour découvrir ou redécouvrirles événem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> 1860 avec« humour et humeur ».La <strong>Savoie</strong> et l’Europe,1860-2010. Dictionnairehistorique <strong>de</strong> l’Annexionsous la direction <strong>de</strong> ChristianSorrel et Paul Guichonnet,éd. La Fontaine <strong>de</strong> Siloé, 2009,ISBN 978-2-84206-471-6 – 49 €Cet ouvrage interroge l’histoire<strong>de</strong> l’Annexion dans le contexte<strong>de</strong> l’Europe <strong>de</strong>s Nations, autravers <strong>de</strong>s six chapitres :• Le traité <strong>de</strong> Turin du 24 mars1860.• De la Mémoire à l’Histoire.• La <strong>Savoie</strong> et les Savoyards <strong>en</strong>1860. Héritage et mutations.• Les acteurs <strong>de</strong> l’Annexion.• Les événem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> 1858-1861.• L’intégration à la France.Histoire et Mémoire.Ils form<strong>en</strong>t un fil conducteurà l’intérieur duquel sontdéveloppées <strong>de</strong>s <strong>en</strong>tréesthématiques traitéesalphabétiquem<strong>en</strong>t par lesmeilleurs spécialistes.La <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong> l’Annexion.Le rattachem<strong>en</strong>t à la Franceéd. Le Dauphiné Libéré,coll. Les patrimoines, 2010,ISBN 978-2-8110-0003-5 – 10,90 €Ce livret décortique <strong>de</strong> façonsimple et abordablel’<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t d’événem<strong>en</strong>tsqui ont am<strong>en</strong>é à la cession <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong> à la France : un accorddiplomatique <strong>en</strong>tre Napoléon IIIet Cavour, une guerremeurtrière contre l’Autrichepour la libération <strong>de</strong> l’Italie, unplébiscite bi<strong>en</strong> organisé et unvoyage impérial triomphal.L’annexion est l’acte juridiquequi consacre ces épiso<strong>de</strong>s. Il seconstruit au cours <strong>de</strong> 150 ansd’histoire partagée <strong>de</strong>l’Annexion au Rattachem<strong>en</strong>t,marqués par trois guerres(1870, 1914-1918, 1940-1945)et surtout par <strong>de</strong> profondsbouleversem<strong>en</strong>ts sociaux,économiques etdémographiques.V<strong>en</strong>du avec le livre, un DVDprés<strong>en</strong>te un film docum<strong>en</strong>taire<strong>de</strong> B<strong>en</strong>oît R<strong>en</strong>ard qui nousconduit, <strong>en</strong> cinq séqu<strong>en</strong>ces,<strong>en</strong>tre Passé et Prés<strong>en</strong>t, sur lestraces <strong>de</strong> cet événem<strong>en</strong>t et à lar<strong>en</strong>contre <strong>de</strong> la culture et dupatrimoine <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.Les Échelles. Histoire <strong>de</strong>sÉchelles et <strong>de</strong> ses al<strong>en</strong>tourspar Alexandre Doglioni-Mithieux,La Fontaine <strong>de</strong> Siloé, 2010,ISBN 978-2-84206-440-2 – 30 €Cet ouvrage est le fruit dutravail <strong>de</strong> recherchedocum<strong>en</strong>taire approfondiqu’Alexandre Doglioni-Mithieux a <strong>en</strong>trepris durantquatre années. Ce <strong>de</strong>rnier nous<strong>en</strong> livre ici le résultat <strong>en</strong> nousinvitant à découvrir, au traversd’un tableau d’une gran<strong>de</strong>rigueur historique, l’histoire<strong>de</strong>s Échelles et <strong>de</strong>s communesal<strong>en</strong>tour. Les témoins les plusembléma tiques <strong>de</strong> ce cantonont subi hélas les aléas <strong>de</strong>l’histoire : Château <strong>de</strong>s Échellesruiné, Hôtel Durand et prieurérasés, églises reconstruites auXIX e siècle…Le fruit <strong>de</strong> cette recherche estdonc double et particulièrem<strong>en</strong>tà saluer : il vi<strong>en</strong>t combler leslacunes <strong>de</strong> la représ<strong>en</strong>tationpatrimoniale d’une part, ettémoigne d’autre part <strong>de</strong> larichesse historique etarchivistique <strong>de</strong> ce canton.Le patrimoine industriel<strong>de</strong> l’électricité et <strong>de</strong>l’hydroélectricité.Actes du colloqueinternational <strong>de</strong>Divonne-les-Bainset <strong>de</strong> G<strong>en</strong>ève.Textes réunis par D<strong>en</strong>is Varaschinet Yves Bouvier, Université <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>, Collection Patrimoines,2009, ISBN 978-2-915797-59-625 €Cet ouvrage, réalisé avec leconcours <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> et la Fondation EDFDiversiterre, est le fruit d’uncolloque international qui s’estt<strong>en</strong>u les 7 et 8 juin 2007 àDivonne-les-Bains et G<strong>en</strong>ève.Ces actes rassembl<strong>en</strong>t lesNOTES DE LECTUREcommunications ess<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong>15 spécialistes français etsuisses, ainsi que d’autres v<strong>en</strong>us<strong>de</strong> Belgique, Espagne, Norvège,Italie, République tchèque,Canada et Pérou. Ils dress<strong>en</strong>t leconstat patrimonial <strong>de</strong> cetteindustrie <strong>de</strong> la houille blanchesi riche et variée, dont lareconnaissance est réc<strong>en</strong>te : àce jour, trois c<strong>en</strong>traleshydroélectriques seulem<strong>en</strong>tsont classées au titre <strong>de</strong>sMonum<strong>en</strong>ts historiques : Long(1984), Les Vernes (1994), lastation du Saut-du-Tarn (1996).Pourtant, la monum<strong>en</strong>talité <strong>de</strong>souvrages, leur architecture, latechnicité développée lors <strong>de</strong>leur construction, leur visibilitédans le paysage, sont <strong>de</strong>sélém<strong>en</strong>ts incontournablesdu patrimoine industriel.Ces actes sont les promoteurs<strong>de</strong> la reconnais sance, <strong>de</strong> laprotection et <strong>de</strong> la mise <strong>en</strong>valeur <strong>de</strong> cet héritage,symbole <strong>de</strong> ce développem<strong>en</strong>téconomique qui a tantbouleversé nos sociétés alpines« traditionnelles » multisécu -laires. Ils interrog<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tl’av<strong>en</strong>ir au travers dudéveloppem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s énergiesdites « durables » dans lequell’hydroélectricité pr<strong>en</strong>dpleinem<strong>en</strong>t sa place.Vinciane Néel31


■ Actualités patrimoine . p 3 à 5■ Collections départem<strong>en</strong>tales . p 6 & 7■ Monum<strong>en</strong>ts historiques . p 8 & 9■ Actualités expositions . p10 à 13■ DossierLe château, la <strong>Savoie</strong>, 1860 . p14 à 19■ Musées collections . p20 & 21■ Musées expositions . p22 & 23■ Musées collections . p24 & 25■ Antiquités et objets d’art . p26■ Actualités patrimoine . p27■ Archéologie transfrontalière . p28 & 29■ Actualités expositions . p30■ Livres . p31

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