Shahsavan, les nomades du nord-ouest de l'Iran - König Tapis

O B J E TL’irremplaçable boulier,le chortgalJe venais de sélectionner un certain nombrede kilims chez un de mes fournisseurs dans lebazar de Téhéran.Il s’agissait maintenant de se mettred’accord sur le prix du lot, et je lui demandaisde recalculer ses prix au plus juste.A ma grande surprise, alors qu’il disposaitsur son bureau d’une machineà calculer, il se saisit de son boulieret se mit à faire glisser les boules dedroite et de gauche. Très rapidement,il me fit part de sa nouvelle offre.Mon intérêt était éveillé et je voulaisen savoir plus sur le chortgal.L’apparition des chiffreset des systèmes de calculDepuis toujours l’homme s’est servide ses dix doigts pour compter. Ce quiexplique que la plupart des systèmesde calcul se sont basés sur le nombredix ou ses multiples.La plus ancienne machine à calculerconnue est l’abaque, déjà utilisée parles babyloniens il y a environ 5000 ans.Il a permis, et permet encore à denombreuses populations autour duglobe, d’effectuer les 4 opérationsde base.A l’origine, on traçait les chiffres surune planchette recouverte de sable.Puis on se mit à y déplacer des petitscailloux dont la valeur dépendait deleur emplacement.Vers 300 av JC, les romains rendirentl’abaque plus petit et maniable. EnChine également l’abaque était utilisédepuis le XIe siècle avant JC et plusparticulièrement le modèle nommé«suan-pan». Dès le Xe siècle de notreère, les chinois mirent au point le boulieren faisant coulisser des perles debois sur des tiges.Au XVIe siècle on le retrouve auJapon à peine modifié sous le nom de«soroban». En Russie il prit le nomde «stschoty».Le chortgal et lestschoty se distinguentcependantde l’abaque. Traditionnellementl’abaque comporte13 colonnes deboules divisées endeux par une traverse.Les 5 boules du bas représententles valeurs de 1 à 5 alors quechacune des deux boules situées audessus de la traverse a une valeur de 5.Le chortgal lui comporte 12 colonnescomposées d’un nombre variable deboules, décimal pour les toumans lesrials et les sanaris, divisé en quatrepour les abasis et les dachaïs. Lacolonne la plus à droite comporte4 boules (une blanche, deux noirespuis une blanche), les deux colonnessuivantes comportent 10 boules (4 blanches,2 noires puis 4 blanches), la quatrièmecolonnes comporte de nouveau4 boules, alors que les colonnesrestantes comportent toutes 10 boules.Le principe de calcul reste cependantle même que pour l’abaque.Au temps où le rial avait encore de lavaleur, on utilisait également en Irande la petite monnaie comme:- le dachaï = 1/4 de rial,- le panchaï = 1/2 rial,- l’abasi = 1/5 de rial,- le sanari = 1/10 de rial,- le shahi = 1/20 de rial.On utilisait donc toute la largeur duchortgal.Aujourd’hui, mon fournisseur calculeen toumans (qui valent 10 rials) etn’utilise donc plus que les 8 colonnesLe chortgal remis à zéro.Représentation du nombre257 646.de gauche qui peuvent représenterune somme maximum de 99 999 999toumans, soit environ 160 000 $.Un utilisateur expérimenté effectueles opérations de base aussi rapidementavec un boulier qu’avec unecalculatrice de poche. Le produit dedeux nombres de 6 chiffres est mêmeplus vite exécuté avec l’abaque quepar écrit. En effet, lors de la multiplicationécrite on doit inscrire chaquerésultat intermédiaire alors que le boulierpermet d’incorporer tout de suitele résultat intermédiaire au total.A l’époque de l’ordinateur, le chortgala encore de beaux jours devant lui dansles bazars orientaux et pas seulementcomme décoration.Texte et photos: Edi Kistlert o r b a 2/995