13.07.2015 Views

groupement de textes de la séquence 4

groupement de textes de la séquence 4

groupement de textes de la séquence 4

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Séquence 4 : dire, lire et écrire autour d’Arthur et <strong>de</strong>s chevaliers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>« De par les Chevaliers <strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>, je fais le sermentque jamais une dame ou une jeune fille ne viendra cherchersecours en cette cour que nous lui apportions aussitôt toutel’assistance que nous pourrons. Jamais non plus un homme neviendra nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> pour une cause juste sansl’obtenir. Enfin, si l’un <strong>de</strong> nous venait à disparaître, tour à tourses compagnons se mettraient à sa recherche pendant au moinsun an et un jour.Tous, solennellement, jurent <strong>de</strong> tenir le serment qu’a faitGauvain en leur nom.Les enchantements <strong>de</strong> Merlin, adapté par François Johan1°) Que se passe-t-il dans cet extrait ?2°) Quel champ lexical retrouves-tu dans cet extrait ?Souligne en rouge dans le texte tous les éléments quiappartiennent à ce champ lexical3°) La Table Ron<strong>de</strong> apparaît-elle <strong>de</strong> façon naturelle ?Les personnages sont-ils étonnés ? Que symbolise une Table Ron<strong>de</strong>pour Merlin ?4°) Qui est Merlin ? Quel est son rôle dans cet épiso<strong>de</strong> ?5°) A qui est réservée <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong> ? A qui est réservé le"siège périlleux" ?6°) Qu'est-ce que le Graal ?7°) Gauvain définit rapi<strong>de</strong>ment les <strong>de</strong>voirs du chevalier<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong> : quels sont-ils ?8°) Trouve trois noms qui résument le mieux les qualitésd'un chevalier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>.Séance 3 : "Les <strong>de</strong>voirs du chevalier"(Lancelot du Lac est le héros mythique <strong>de</strong> Chrétien<strong>de</strong> Troyes. Fils du roi Ban <strong>de</strong> Petite Bretagne et d’Hélène,il est enlevé et élevé par Viviane, <strong>la</strong> Dame du <strong>la</strong>c, l’amie<strong>de</strong> Merlin. Adoubé par le roi Arthur, il <strong>de</strong>vient chevalier<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong> et se dévoue à <strong>la</strong> reine Guenièvre.Dans le passage suivant, Lancelot a dix-huit ans, ilsouhaite <strong>de</strong>venir chevalier. La dame du Lac lui enenseigne les <strong>de</strong>voirs)


Séquence 4 : dire, lire et écrire autour d’Arthur et <strong>de</strong>s chevaliers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>« Si vous me décriviez <strong>la</strong> charge qui incombe auchevalier et qui <strong>de</strong>vrait éloigner ceux qui manquent <strong>de</strong>hardiesse, je l’apprendrais volontiers.- Eh bien, je vais décrire ces <strong>de</strong>voirs […]. Sachez bienque les chevaliers ne furent pas créés à <strong>la</strong> légère […].Mais quand l’envie et <strong>la</strong> convoitise s’accrurent dans lemon<strong>de</strong> et que <strong>la</strong> force prit le <strong>de</strong>ssus sur le droit, à cetteépoque les hommes étaient encore égaux en lignage eten noblesse. Mais quand les faibles ne purent plusaccepter ni endurer les vexations <strong>de</strong>s forts, ils établirentpour se protéger <strong>de</strong>s garants et <strong>de</strong>s défenseurs pours’assurer paix et justice et pour mettre fin aux torts etaux outrages dont ils étaient l’objet.Pour assurer cette garantie, furent mis en p<strong>la</strong>ceceux qui, <strong>de</strong> l’avis général, avaient le plus <strong>de</strong> qualités,les grands, les forts, les beaux, les agiles, les loyaux, lespreux, les hardis, ceux qui étaient riches en ressourcesmorales et physiques. Mais l’ordre <strong>de</strong> <strong>la</strong> chevalerie neleur fut pas conféré à <strong>la</strong> légère et comme un vain titre,ils durent assumer un lourd poids <strong>de</strong> <strong>de</strong>voirs. Savez-vouslequel ? A l’origine <strong>de</strong> l’ordre, il fut imposé à qui vou<strong>la</strong>itêtre chevalier et qui en obtenait le privilège par légitimeélection d’être courtois sans bassesse, bon sans félonie,pitoyable envers les nécessiteux, généreux et toujours prêtà secourir les miséreux, à tuer les voleurs et lesmeurtriers, à rendre d’équitables jugements sans amouret sans haine, sans faiblesse <strong>de</strong> cœur pour avantager letort en portant atteinte au droit et sans haine pour nepas nuire au droit en faisant triompher le tort. Unchevalier ne doit, par crainte <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, accompliraucun acte entaché d’un soupçon <strong>de</strong> honte, mais il doitredouter <strong>la</strong> honte plus que <strong>la</strong> mort […]. Et sachez qu’àl’origine, comme en témoigne l’Ecriture, personne


Séquence 4 : dire, lire et écrire autour d’Arthur et <strong>de</strong>s chevaliers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>n’avait l’audace <strong>de</strong> monter sur un cheval sans êtrechevalier, d’où le nom qui leur fut donné ».Lancelot ou le chevalier <strong>de</strong> <strong>la</strong> charrette <strong>de</strong> Chrétien <strong>de</strong>Troyes (v.1170)Séance 5 : "L'équipement du chevalier"(Dans <strong>la</strong> forêt, un valet, c’est-à-dire un apprenti chevalier, entendvenir <strong>de</strong>s cavaliers en armes. Ce valet <strong>de</strong>viendra Perceval le Gallois)Les chevaliers font halte, le maître vient en hâte vers le valet, lesalue et veut le rassurer :« Valet, n’aie pas peur.- Je n’ai pas peur, non, par le Sauveur en qui je crois. Etes-vousDieu ?- Non, certes.- Qui êtes-vous donc ?- Je suis chevalier.- Chevalier ? Je ne connais pas les gens <strong>de</strong> ce nom, je n’en aijamais vu, <strong>de</strong> ma vie on ne m’en a parlé. Mais vous êtes plus beau queDieu. Ah ! De quel cœur je voudrais vous ressembler, être tout bril<strong>la</strong>nt etfait comme vous ! »Le chevalier vient tout près <strong>de</strong> lui :« Dis-moi, as-tu vu aujourd’hui en cette <strong>la</strong>n<strong>de</strong> cinq chevaliers ettrois pucelles 1 ? »Mais le valet s’inquiète bien <strong>de</strong> ce<strong>la</strong> ! Il a d’autres curiosités en tête ! Iltend <strong>la</strong> main vers <strong>la</strong> <strong>la</strong>nce, <strong>la</strong> prend et dit :« Beau cher sire, vous qui avez nom chevalier, qu’est-ce que voustenez là ?1jeunes filles


Séquence 4 : dire, lire et écrire autour d’Arthur et <strong>de</strong>s chevaliers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>- Allons, je suis bien tombé : je pensais, beau doux ami, savoir <strong>de</strong>snouvelles par toi, et c’est toi qui veut les apprendre <strong>de</strong> moi. Mais je vais terépondre tout <strong>de</strong> même. C’est ma <strong>la</strong>nce.- Vous voulez dire qu’on <strong>la</strong> <strong>la</strong>nce, comme moi mes javelots ?- Non, valet, ne sois pas si sot. Elle sert à frapper, comme ce<strong>la</strong>, unbon coup […] ».Le valet le saisit par le bord <strong>de</strong> l’écu et sans plus <strong>de</strong> façon :« Qu’est-ce que ce<strong>la</strong>, dit-il, et à quoi ce<strong>la</strong> vous sert-il ?- Valet, tu te moques. Tu me mets sur un chapitre où je ne te<strong>de</strong>mandais rien. Par Dieu, je pensais te faire parler, et c’est moi qui doitrépondre à tes questions ! Mais tu auras ta réponse malgré tout, car tume p<strong>la</strong>is. On appelle écu ce que je porte. Et je dois bien faire grand cas <strong>de</strong>mon écu, car il m’est si fidèle que <strong>de</strong> quelque côté que viennent les coups<strong>de</strong> <strong>la</strong>nce ou <strong>de</strong> flèche, il se met <strong>de</strong>vant et les arrête tous. Voilà le servicequ’il me rend ». […]Le valet le tenait par le pan du haubert et le tirant à lui :« Dites-moi, beau sire, quel est ce vêtement que vous portez ?- Eh quoi ? Ne le sais-tu pas ?- Moi ? Non.- Valet, c’est mon haubert, qui est pesant comme fer.- Il est <strong>de</strong> fer ?- Ne le vois-tu pas ?- Oh ! Je ne m’y connais pas, mais sur ma foi il est bien beau.Qu’est-ce que vous en faites ? A quoi vous sert-il?- Oh ! C’est bien simple. Si tu vou<strong>la</strong>is me <strong>la</strong>ncer un javelot ou medécocher un trait, tu ne réussirais pas à me faire le plus léger mal.- Dan chevalier, Dieu préserve les biches et les cerfs <strong>de</strong> pareillevêture ! Je n’en pourrais plus tuer un seul : inutile alors <strong>de</strong> courir après.- Valet, <strong>de</strong> par Dieu, sais-tu me dire <strong>de</strong>s nouvelles <strong>de</strong>s chevaliers et<strong>de</strong>s pucelles ? »Et l’autre qui n’entendait pas malice repart :- Est-ce que vous êtes né comme ce<strong>la</strong> ?- Mais non, valet, impossible, personne ne peut naître ainsi.- Qui donc alors vous a vêtu <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte ?- Tu veux le savoir ?- Certes.- Tu le sauras. Il n’y a pas encore cinq jours que le roi Arthur enm’adoubant m’a fait don <strong>de</strong> tout ce harnois ».Perceval ou le Conte du Graal <strong>de</strong> Chrétien <strong>de</strong> TroyesSéance 6 : un outil pour décrire, les progressions thématiquesGroupement <strong>de</strong> <strong>textes</strong>Texte 1 :


Séquence 4 : dire, lire et écrire autour d’Arthur et <strong>de</strong>s chevaliers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>Le roi s’arrêta quand il vit Foulques, et dit auxFrançais : « Seigneurs, voyez le meilleur chevalier qui ait jamaisexisté. Je vous dirais qui il est, si vous m’écoutez. On l’appelleFoulques. Ecoutez quelles sont ses qualités. Attribuez-lui toutescelles du mon<strong>de</strong>, en ôtant les mauvaises, car il n’en existe aucune<strong>de</strong> telle en lui, mais il est preux, courtois, distingué, franc, bon,habile parleur. Il connaît <strong>la</strong> chasse au bois et au marais. Il saitjouer aux échecs, aux dés. Jamais sa bourse n’a été fermée àpersonne, mais il donne à qui lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Il est plein <strong>de</strong> piétéenvers Dieu. Il déteste <strong>la</strong> guerre et aime <strong>la</strong> paix, mais quand il ale heaume <strong>la</strong>cé, l’écu au col, l’épée au côté, alors il est fier,furieux, emporté, superbe, sans merci, sans pitié…Chanson <strong>de</strong> geste anonyme, Girart <strong>de</strong> RoussillonTexte 2 :Chacun était tout occupé à manger quand on vitentrer,monté sur un roncin gris,un jeune hommegrand,beau,élégant. Il s’avançait avec une aisance distinguée. Jecrois qu’on n’eût jamais pu trouver un homme né <strong>de</strong> mère qui fûtmieux fait que lui. Ses épaules étaient <strong>la</strong>rges d’une brasse,sonvisage beau et bien <strong>de</strong>ssiné,ses yeux tendres et rieurs,ses cheveuxblonds et bril<strong>la</strong>nts,ses bras charnus et musclés. De belles mains,<strong>de</strong>sdoigts bien formés,une taille fine,l’enfourchure <strong>la</strong>rge,le piedcambré comme il fal<strong>la</strong>it. Il portait une tunique bien coupée dansune fine étoffe chatoyante avec <strong>de</strong>s chausses assorties et sur <strong>la</strong> têteune couronne bien tressée <strong>de</strong> fleurs nouvelles aux diversescouleurs.Le roman <strong>de</strong> JaufréTexte 3 :Quant aux cavaliers <strong>de</strong> l’escorte, du heaume aux éperons, ilslui apparaissaient sublimes et effrayants. Et d’abord, ces heaumesà <strong>la</strong> forme étrange : noirs, garnis d’ailes b<strong>la</strong>nches, d’oiseaux <strong>de</strong>mer sans doute, d’où sortaient <strong>de</strong>s chevelures blon<strong>de</strong>s. Leurscheveux, luisants comme <strong>de</strong> l’or pâle, cou<strong>la</strong>ient sur les hauberts.Lourds, à double maille, ceux-ci disparaissaient sous <strong>de</strong>s surcots.Sombres, brodés <strong>de</strong> dragons rouges horribles, crachant <strong>de</strong>sf<strong>la</strong>mmes dévorantes comme les feux <strong>de</strong> l’Enfer, ces surcots étaient


Séquence 4 : dire, lire et écrire autour d’Arthur et <strong>de</strong>s chevaliers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>sanglés <strong>de</strong> baudriers dont les épées étince<strong>la</strong>ntes battaient lesjambières, ergotées d’éperons à broche.Séance 7 : "Combat entre Lancelot et Méléagant"(Déjà vainqueur à <strong>de</strong>ux reprises <strong>de</strong> Méléagant, à qui il a<strong>la</strong>issé <strong>la</strong> vie sauve, Lancelot doit affronter une <strong>de</strong>rnière fois sonennemi juré, qui l’avait emprisonné pour l’empêcher <strong>de</strong> tenir sapromesse <strong>de</strong> venir au combat…Lancelot a réussi à s’échapper : c’estdonc d’un combat à mort qu’il va s’agir cette fois-ci…)Lancelot fond sur Méléagant avec une fureur bien digne <strong>de</strong>sa haine. Avant <strong>de</strong> l’attaquer, il lui crie cependant d’une voixmenaçante : « Venez par là : je vous fais un défi et tenez pourcertain que je ne voudrai pas vous épargner ».Il éperonne alors son <strong>de</strong>strier et retourne en arrière à uneportée d’arc pour prendre un peu <strong>de</strong> champ 1 . Puis les <strong>de</strong>uxcombattants se précipitent l’un sur l’autre au plus grand galop<strong>de</strong>s chevaux. De leurs <strong>la</strong>nces bientôt ils ont heurté si fort leurssoli<strong>de</strong>s écus qu’ils les ont transpercés […]. Etriers , sangle,courroies, rien ne put empêcher leur chute : il leur fallut vi<strong>de</strong>rleur selle et par-<strong>de</strong>ssus les croupes <strong>de</strong>s chevaux tomber sur le solnu. Les coursiers fous <strong>de</strong> peur errent <strong>de</strong> tous côtés ; en ruant, enmordant, ils voudraient eux aussi s’entre-tuer.Les chevaliers jetés à bas se sont bien vite relevés d’un bond.Ils tirent leurs épées où <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vises sont gravées. L’écu à <strong>la</strong> hauteur1prendre <strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>n


Séquence 4 : dire, lire et écrire autour d’Arthur et <strong>de</strong>s chevaliers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong><strong>de</strong> leur visage, ils pensent désormais au moyen le meilleur <strong>de</strong> sefaire du mal avec l’acier tranchant. Lancelot n’avait pas <strong>la</strong>moindre crainte : il s‘entendait <strong>de</strong>ux fois plus que Méléagant àjouer <strong>de</strong> l’épée, car il avait appris cet art dans son enfance. Ilsfrappent tous les <strong>de</strong>ux si bien sur leurs écus et sur leurs heaumes<strong>la</strong>més d’or que les voilà fendus et bosselés. Mais Lancelot <strong>de</strong> plus enplus presse Méléagant : d’un coup puissant il tranche le bras droitpourtant bardé <strong>de</strong> fer que l’impru<strong>de</strong>nt aventurait à découvertpar-<strong>de</strong>vant son écu. En se sentant si malmené, Méléagant […]estpresque insensé <strong>de</strong> rage et <strong>de</strong> douleur. Il s’estime bien peu, s’il n’arecours à quelque fourberie. Il fond sur l’adversaire en comptantle surprendre. Mais Lancelot se donne gar<strong>de</strong> : avec sa bonne épée,[…]il le frappe en effet au nasal 2 qu’il lui enfonce dans <strong>la</strong> boucheen lui brisant trois <strong>de</strong>nts.Dans sa souffrance et sa fureur, Méléagant ne peut dire unseul mot. Il ne daigne non plus implorer <strong>la</strong> pitié, attendu que soncœur, en mauvais conseiller, l’enferme dans les rets 3 <strong>de</strong> sonaveugle orgueil. Son vainqueur vient sur lui : il dé<strong>la</strong>ce sonheaume et lui tranche <strong>la</strong> tête. Méléagant ne jouera plus <strong>de</strong>mauvais tour à Lancelot : le voilà tombé mort.Le chevalier <strong>de</strong> <strong>la</strong> charrette, Chrétien <strong>de</strong> TroyesSéance 3 : l'univers <strong>de</strong> <strong>la</strong> chevalerieTexte complémentaire2partie du heaume qui protège le nez3filet pour capturer <strong>de</strong>s animaux ; ici au sens figuré (Méléagant est pris aupiège <strong>de</strong> son orgueil)


Séquence 4 : dire, lire et écrire autour d’Arthur et <strong>de</strong>s chevaliers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>(Thibaut <strong>de</strong> Sauvigny est un jeune écuyer qui va se faireadouber par son seigneur, qui est aussi son oncle, le comte <strong>de</strong>Montcornet)Deux coups <strong>de</strong> trompette font vibrer l’air frais du matin. Lesjongleurs, accompagnés <strong>de</strong> leurs luths, vielles et rotes, répon<strong>de</strong>nten chantant en chœur. La cour du château est remplie <strong>de</strong> mon<strong>de</strong> :belles dames aux longues tresses et aux vêtements <strong>de</strong> soie,chevaliers <strong>de</strong>s environs dans leur plus beau manteau, enfants quicourent et crient gaiement. Des serviteurs déroulent au milieu <strong>de</strong><strong>la</strong> cour un tapis.Quand Thibaut, le premier adoubé, car le plus jeune,s’avance sur le tapis, un silence recueilli se fait dans l’assistance.Thibaut sent <strong>la</strong> fierté inon<strong>de</strong>r son cœur. Un peu ma<strong>la</strong>droitement,son père, qui lui sert <strong>de</strong> parrain, se baisse, lui <strong>la</strong>ce les chausses <strong>de</strong>fer qui enveloppent ses jambes et attache à ses pieds <strong>de</strong>ux éperonsd’argent. Ensuite, il lui enfile le haubert, longue robe <strong>de</strong> mailles<strong>de</strong> fer qui enveloppe <strong>la</strong> tête, les bras et le corps jusqu’aux chevilles.Puis il pose sur <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> son fils le heaume, casque <strong>de</strong> fer quiprotège le crâne et le nez. Enfin, lentement, malgré ses doigtsépais et malhabiles, il noue les petits <strong>la</strong>cets <strong>de</strong> cuir qui attachentle heaume à <strong>la</strong> cotte <strong>de</strong> mailles.Maintenant que le garçon est préparé pour l’adoubement, leseigneur <strong>de</strong> Montcornet s’approche. Il tient une épée au pommeauvermeil.« Thibaut, mon neveu, je te donne l’épée que mon oncle m’aconfiée, avant <strong>de</strong> mourir en Terre Sainte. Je compte sur tavail<strong>la</strong>nce pour maintenir l’honneur <strong>de</strong> notre lignage. Sache quecette épée a combattu fièrement les infidèles et qu’elle contientdans son pommeau un morceau <strong>de</strong> <strong>la</strong> vraie Croix du Christ. Pourcette raison, elle se nomme Santacrux. Fais-en un digne usage auservice <strong>de</strong> Dieu ».Thibaut ferme les yeux. Il sent le baudrier passer autour <strong>de</strong>son cou, et puis l’épée, <strong>la</strong> longue épée, qui vient battre son f<strong>la</strong>ncgauche. Sa main s’empare du pommeau et l’étreint violemment.Dorénavant s’ouvre <strong>de</strong>vant lui le chemin <strong>de</strong>s prouesses et <strong>la</strong> joieemplit son cœur. Il voudrait crier d’allégresse, lorsque le seigneurlui dit :« Maintenant, courbe <strong>la</strong> tête, je vais te donner <strong>la</strong> colée ».


Séquence 4 : dire, lire et écrire autour d’Arthur et <strong>de</strong>s chevaliers<strong>de</strong> <strong>la</strong> Table Ron<strong>de</strong>Thibaut baisse <strong>la</strong> tête et reçoit sur <strong>la</strong> nuque un si vigoureuxcoup <strong>de</strong> paume qu’il chancelle. Le seigneur l’embrasse en souriantet dit :« Tu es désormais chevalier. Honore les chevaliers. Donneaux pauvres, aime Dieu. Que le Christ, qui fut mis en croix, tedéfen<strong>de</strong> contre tous ennemis ».Thibaut répond en regardant fièrement le seigneur :« Je vous remercie, beau sire. Que je serve Dieu et qu’Ilm’aime ».Thibaut exulte en découvrant <strong>la</strong> monture que lui donne sonseigneur. C’est un magnifique cheval brun, jeune, fringuant,nerveux, tel qu’il en rêvait. Thibaut recule <strong>de</strong> quelques pas, prendson é<strong>la</strong>n, saute en selle. La foule, regroupée dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine,app<strong>la</strong>udit en criant :« Sans étrier ! Il n’a pas touché l’étrier ! »Thibaut jette sur l’assistance un regard fier et heureux. Leseigneur <strong>de</strong> Montcornet s’approche et lui tend un grand boucliervert.« Chevalier Thibaut, je te donne ce bouclier fabriqué à Lyon,sur le Rhône. Il n’y en a pas <strong>de</strong> meilleur sur Terre. Sa couleur estcelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse et <strong>de</strong> l’audace. Que ton caractère hardi porteloin ton courage et ne nuise jamais à ton honneur ».Puis le seigneur lui tend une <strong>la</strong>nce <strong>de</strong> huit pieds. AussitôtThibaut se met à caracoler sous les app<strong>la</strong>udissements <strong>de</strong> <strong>la</strong> foule.Le chevalier au bouclier vert, Odile Weulersse

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!