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origines et causes du mal dans des societes non-occidentales

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ORIGINES ET CAUSES DU MAL DANSDES SOCIETES NON-OCCIDENTALESLeila CHERRADI*Au cours de l' histoire, <strong>des</strong> conceptions différentes de la <strong>mal</strong>adie ont évolué, de parle monde. A travers la conception de la <strong>mal</strong>adie, c'est une conception de l'hommequi peut être appréhendée ainsi que l'a remarqué Losonczy. Il m'a paru intéressantd'examiner celle <strong>des</strong> sociétés orales, d'abord parce qu'elle offre sûrement <strong>des</strong>contrastes, ensuite par le surgissement possible de réflexions amenant à repenserl' hommede la biomédecine.P<strong>et</strong>ite histoire de la médecineLe patient:- J'ai <strong>mal</strong> à la tête.Réponse <strong>du</strong> médecin:2000 B. C. - Tiens, mange c<strong>et</strong>te racine.1000 A. D. - C<strong>et</strong>te racine est païenne, dis c<strong>et</strong>teprière.1850 A. D. - C<strong>et</strong>te prière n'est que superstition,bois c<strong>et</strong>te potion.1940 A. D. C<strong>et</strong>te potion n'est que <strong>du</strong> venin,avale c<strong>et</strong>te pilule.1985 A.D. C<strong>et</strong>te pilule est inefficace, prendsc<strong>et</strong> analgésique.2000 A. D. C<strong>et</strong> analgésique est artificiel. Tiens,mange c<strong>et</strong>te racine.Http://www.accfr.be/students/cm/blagues_med.htmLa <strong>mal</strong>adie"Etre le suj<strong>et</strong> d'une infortune est un événementfondamentalement injuste pour quiconque, .qui impliquela nécessité de trouver un sens, de l'insérer <strong>dans</strong> unechaîne de <strong>causes</strong> <strong>et</strong> d'eff<strong>et</strong>s, i.e. une explication",(Sindzingre).Les auteurs <strong>du</strong> "Sens <strong>du</strong> mcl'" partent <strong>du</strong> point de départsuivant: pour toute société, la <strong>mal</strong>adie pose problème,elle exige une interprétation, il faut qu'elle ait un senspour pouvoir être maîtrisée. C<strong>et</strong>te interprétationélaborée à l'intérieur d'une société est de plus étudiéede l'extérieur à travers l' histoire, la sociologie,l'anthropologie de la <strong>mal</strong>adie... Ce qui signifie que lestermes de <strong>mal</strong>adie, <strong>mal</strong>, médecine <strong>et</strong> bien d'autres <strong>dans</strong>ce domaine sont historiquement <strong>et</strong> culturellementmarqués. Ce travail consistera à préciser le contexte deleur utilisation.Augé envisage la <strong>mal</strong>adie comme une forme élémentairede l'événement, en ce sens que ses manifestationsbiologiques s'inscrivent sur le corps d'un indivi<strong>du</strong> maisfont l'obj<strong>et</strong> pour la plupart d'entre ellesd'interprétations sociales. Ainsi, la <strong>mal</strong>adie est unévénement qui s'inscrit entre la naissance <strong>et</strong> la mort.Ces deux événements-limites sont paradoxaux,puisqu'ils sont à la fois sociaux <strong>et</strong> indivi<strong>du</strong>els, maispersonne n'assiste à sa naissance ou à sa mort. Uniquespour chaque personne, ils sont essentiellementrécurrents pour tous les autres. La <strong>mal</strong>adie est la réalitéindivi<strong>du</strong>elle <strong>et</strong> sociale la plus proche de ces deuxévénements essentiels.Comme eux, la <strong>mal</strong>adie est inévitable, é<strong>non</strong>ce Losonczy<strong>dans</strong> sa reformulation <strong>des</strong> propos d' Augé. Faisant pareilavec Zempléni, Losonczy poursuit en notant que, si la<strong>mal</strong>adie est anticipée <strong>et</strong> anticipable <strong>dans</strong> certaineslimites, elle est tout de même sélective: à un momentdonné, telle personne est atteinte de telle <strong>mal</strong>adie, cequi lui fera se poser la question : pourquoi moi ici <strong>et</strong>maintenant, <strong>et</strong> pas une autre? En raison de son emprisesur le corps - elle rend dépendant - <strong>et</strong> de son enjeu* Psychosocioloçue. Sur base de son mémoire de fin d'étu<strong>des</strong>, 2001.2Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO2 - 2ème trim. 01


latent qui est toujours la mort, la <strong>mal</strong>adie exerce surl'indivi<strong>du</strong> <strong>et</strong> les groupes une réactivité sociale : la<strong>mal</strong>adieappelle unrecours aux partenaires sociaux.La <strong>mal</strong>adie, Zempléni en fournit moult exemples, peutêtre envisagéesous <strong>des</strong> aspects variés. Il nousapprendque la notion de <strong>mal</strong>adie en Occident recouvre au moinstrois réalités: elle est psychologique en ce qu'elle estsubjective, elle est biomédicale en ce qu'elle estaltération biophysique de l'organisme, elle est sociale ence qu'elle est correspond à un statut qui peut entreautres choses exempter de certaines obligations (parexemple le service militaire). Ces trois réalités sontlargement autonomes <strong>et</strong> tous les rapports sontconcevablesentre elles. Unexemple de c<strong>et</strong>te intricationen est la simulation d'une <strong>mal</strong>adie qui peut con<strong>du</strong>ire àl'acquisition de droits sociaux attachés au rôle social de<strong>mal</strong>ade. Un autre est celui d'une personne <strong>mal</strong>aderestant seule chez elle: seule la réalité subjective estprésente, la <strong>mal</strong>adie n' est passocialement constatée.La <strong>mal</strong>adie étant, en règle générale, l'occasion d'uneforte mobilisation sociale, toutes les sociétés ontélaboré à son propos <strong>des</strong> é<strong>non</strong>cés, écrit Augé, <strong>et</strong> cesé<strong>non</strong>césont au moinstrois traits en commun:• Ils parlent de l'indivi<strong>du</strong> (de sa définition, de sescomposantes,de ses accidents ...).• Ils parlent de la société (<strong>des</strong> <strong>causes</strong> sociales de la<strong>mal</strong>adie, <strong>des</strong> atteintes aux valeurs <strong>et</strong> aux situationsstructurellement déterminées en termesd' hérédité, de filiation, ...).Exemple: la pollution automobile (en disant cela lorsd'un diagnostic, on dit par la mêmeoccasion que <strong>des</strong>êtres humainspolluent).• Ils reposent en partie sur <strong>des</strong> faits d'observation:symptômes <strong>et</strong> circonstances de la <strong>mal</strong>adie.Face à la <strong>mal</strong>adie, deux logiques ou démarchesprincipales ont été distinguées, que Losonczy cite <strong>et</strong>décrit:• Unedémarche centrée sur la <strong>mal</strong>adie.Une démarche centrée sur le <strong>mal</strong>ade.•A. L' obj<strong>et</strong> <strong>mal</strong>adieZempléni reprend les écrits de Clavreul (1978) lorsqu'ilr<strong>et</strong>race l'origine de la première démarche mentionnée.Celui-ci a découvert que c'est Hippocrate qui, enséparant le premier les trois composantes <strong>du</strong> triangl<strong>et</strong>hérapeutique, <strong>mal</strong>adie-<strong>mal</strong>ade-médecin, a permis à lamédecine grecque d'isoler son obj<strong>et</strong>; la <strong>mal</strong>adie pouvaitdès lors devenir une entité objectivable. Et en eff<strong>et</strong>, leparadigme hippocratique selon lequel "la <strong>mal</strong>adie estsimilaire chez tous les hommes"était conforme à l'idéaldémocratique de la cité grecque, a-t-il observé. Enfin, ila établi que la biomédecine s'est constituée sur c<strong>et</strong>tebase, au profit de l'affirmation de l'universalité del' homme mais avec en contrepartie la <strong>non</strong>-prise encompte de la singularité sociale <strong>et</strong> indivi<strong>du</strong>elle <strong>du</strong> suj<strong>et</strong><strong>mal</strong>ade.C<strong>et</strong>te démarche est à l'origine d'un progrès techniqu<strong>et</strong>el que nous le connaissons <strong>dans</strong> les sociétés de typein<strong>du</strong>striel.La causalitéLa conception de la <strong>mal</strong>adie s'inscrit <strong>dans</strong> un systèmenosologique.Celui-ci s'exprime <strong>dans</strong> l'élaboration <strong>du</strong> diagnostic ou laprescription thérapeutique, les institutions qui lesm<strong>et</strong>tent en oeuvre <strong>et</strong> les différents agents de c<strong>et</strong>temise en oeuvre (Augé <strong>et</strong> Herzlich).Danstoutes les sociétés, <strong>des</strong> procé<strong>du</strong>res de résolution<strong>et</strong> d'annulation de la <strong>mal</strong>adie ont été conçues, indiqueZempléni <strong>dans</strong> son article de 1985. Il rappelle ce queSindzingre <strong>et</strong> lui ont montré en 1981,à savoir qu'au plusquatre opérations de diagnostic existaient,correspondant àquatre questions:• La reconnaissance <strong>du</strong> symptôme ou de l'état de<strong>mal</strong>adie : de quel symptôme <strong>et</strong> de quelle <strong>mal</strong>adies'agit-il?• La perception ou la représentation de sa causeinstrumentale: comment est-elle survenue? C'està-direquels sont les mécanismesayant engendré la<strong>mal</strong>adie?• L'identification éventuelle de l'agent qui en estresponsable: qui ouquoi l'a pro<strong>du</strong>ite?• La reconstitution de son origine: pourquoi est-ellesurvenue en ce moment, sous c<strong>et</strong>te forme <strong>et</strong> chezc<strong>et</strong> indivi<strong>du</strong>? Quelle est l'origine, c'est-à-dire quelest l'événement qui rend intelligible l'irruption de la<strong>mal</strong>adie?Afin de définir la terminologie choisie par Zempléni, jele paraphraserai. La causeest le moyenou le mécanismede l'engendrement de la <strong>mal</strong>adie. L'agent est ce quidétient la force efficace qui la pro<strong>du</strong>it. L'origine estl'événement ou la conjoncture historique dontl'éventuelle reconstitution rend intelligible l'irruptionde la <strong>mal</strong>adie <strong>dans</strong> la vie <strong>des</strong> indivi<strong>du</strong>s. Sous forme d<strong>et</strong>ableau étiologique, c<strong>et</strong>te terminologie peut êtrecomparée à la terminologie classique <strong>des</strong> <strong>causes</strong>. J'yaiajouté la colonnede gauche par souci didactique.Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - n° 2 - 2ème trim. 01 3


"Ce tableau restitue la pluralité causale qui caractérisela plupart <strong>des</strong> étiologies", a écrit son auteur. Avant deproposer <strong>des</strong> é<strong>non</strong>cés globaux sur la conception de labiomédecine <strong>et</strong> celle <strong>des</strong> sociétés orales, je tiens àprésenter deux de Ses exemples pour appréhenderconcrètement c<strong>et</strong>te terminologie.- le pourquoi - de la <strong>mal</strong>adie <strong>et</strong> la situation de ses agentséventuels <strong>dans</strong> l'environnement <strong>du</strong> <strong>mal</strong>ade sontconsidérés comme contingents (Zempléni).En regard de la classification décrite, ce sont donc<strong>causes</strong> <strong>et</strong> agents qui sont étudiés prioritairement.Opérations Maladie Cause Agent OrigineQuestionsQuelle <strong>mal</strong>adie? Comment? Qui ouquoi? Pourquoi?DescriptionSymptôme Moyen Force efficace EvénementsTaxinomie Mécanisme ConjoncturesTerminologiecouranteCause instrumentale Cause efficiente Cause ultime(Immédiate)(efficace)Zempléni a pris notamment le S.I.D.A. pour exemple.Bien enten<strong>du</strong>, les informations découlant <strong>des</strong>recherches ont sensiblement évolué <strong>et</strong> je ne sais pas sices é<strong>non</strong>cés sont scientifiquement corrects encoreaujourd' hui. Selon la <strong>des</strong>cription en termes de pluralitécausale, la <strong>des</strong>truction biochimique <strong>du</strong> lymphocyte T4est sa cause, le virus HTLV III-LA V est son agent,certains rapports sexuels, <strong>des</strong> transmissions sanguines,... sont autant d'<strong>origines</strong>.Lorsque vous avez <strong>mal</strong> à la gorge (symptôme), le médecinne vous demande pas si vous aviez mis votre p<strong>et</strong>ite lainela veille (origine). D'ailleurs, c'est là sans doute queréside une <strong>des</strong> plus gran<strong>des</strong> frustrations <strong>des</strong> personnesconsultant <strong>des</strong> médecins occidentaux : ne pas pouvoirs'exprimer sur l'origine supposée de leur <strong>mal</strong> <strong>et</strong> nesusciter chez eux aucun intérêt personnel.Le médecin occidental ne parle que peu avec son patient,c'est le corps qu' il sonde.Un autre exemple concerne une attaque de sorcellerieidentifiée par un devin wolof sous la forme d'une crised'angoisse aiguë. Dans la conception wolof, la cause dec<strong>et</strong>te crise est la soustraction <strong>et</strong> la dévoration <strong>du</strong>principe vital- <strong>du</strong> fit -localisé <strong>dans</strong> le foie de la victime.Son agent est le sorcier-anthropophage (dëmm) <strong>et</strong> sonprincipe inné de sorcellerie (ndëmm). Son origine est lasituation ou l'événement (tel un conflit d' héritage) qui asuscité la jalousie de ce sorcier.En tant que thérapeute, on peut exécuter certaines deces opérations <strong>et</strong> <strong>non</strong> les quatre, on peut en privilégiercertaines par rapport à d'autres. C'est ce qui apparaît<strong>dans</strong> les conceptions différentes de la biomédecine <strong>et</strong><strong>des</strong> sociétés orales.Deux conceptions <strong>du</strong> <strong>mal</strong>1 . La conception de la biomédecinePlus précisement, la biomédecine a une conceptionintériorisante de la <strong>mal</strong>adie. Celle-ci est envisagéeprincipalement en termes de processus internes - entermes de 'comment ?'. En général, l'origine indivi<strong>du</strong>elleL'objectivité tant recherchée par la médecine pourentrer<strong>dans</strong> le domaine de la science a c<strong>et</strong> inconvénient:ce que la médecine y gagne, elle le perd parfois enefficacité. Nombreux sont les médecins qui selamentent sur la <strong>non</strong>-compliance <strong>des</strong> patients.En amont, la prévention passe selon moi par le dialogueautour <strong>du</strong> 'pourquoi ?' de la <strong>mal</strong>adie. Il me semblequ'ainsi seraient évitées <strong>des</strong> <strong>mal</strong>adies contractéesrégulièrement par manque de connaissances en lamatière.Si on ne vous explique pas que telle irritation <strong>des</strong> yeuxest <strong>du</strong>e au contact avec <strong>des</strong> mains sales, pourquoicesseriez-vous de vous frotter vigoureusement lesyeux?L'attitude forgée pour le médecin <strong>dans</strong> la conceptionbiomédicale est dépassion, désaffection. Alors, face àla <strong>mal</strong>adie, face à la mort, il pourrait être embarrassé.L'exigence d'objectivité lui apporte <strong>dans</strong> ceS situationsune réponse claire: les aspects affectifs ne sont pas àprendre en compte. J'ai déjà indiqué ce que c<strong>et</strong>temanière de traiter l'affectivité peut entraîner. Pre<strong>non</strong>sun dernier exemple, relatif aux statistiques médicales:savoir que <strong>des</strong> milliers de personnes seront infectées lamême année qu'elle a très peu de chances de consoler4 Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO2 - 2ème trim. 01


unepersonne atteinte <strong>du</strong> virus <strong>du</strong> S.I.D.A ..2. La conception <strong>des</strong> sociétés oralesDans ces sociétés, les arts de la guérison privilégient,quant à eux, une conception extériorisante de la<strong>mal</strong>adie, à laquelle est conféré souvent un sens social,é<strong>non</strong>ce Zémpleni. Que la personne ayant le statut socialde thérapeute soit guérisseur, devin ou chamane,elle sepréoccupe principalement <strong>du</strong> 'pourquoi?' . Selon la mêmeclassification, c'est ici l'origine qui Sera préférentiellementla cible <strong>des</strong> investigations thérapeutiques. Deplus, tous les thérapeutes procèdent <strong>dans</strong> unedémarchecentrée sur le <strong>mal</strong>ade: chaque cas sera le suj<strong>et</strong> d'unecure singulière. Le rapport <strong>du</strong> <strong>mal</strong>adeà son milieu social,l'état même de ce milieu <strong>et</strong> la disposition <strong>des</strong> agentshumains ou extrahumains sont essentiels, poursuitZempléni <strong>dans</strong> son étude <strong>des</strong> étiologies existantes. Unaxiome courant de ces pratiques est: "le traitement <strong>des</strong>états <strong>des</strong> corps propres <strong>des</strong> indivi<strong>du</strong>s passe par l<strong>et</strong>raitement approprié <strong>des</strong> états <strong>des</strong> corps sociauxauxquels ils appartiennent", ajoute-t-il.Augé, qui n'utilise jamais le qualificatif de 'sociétésorales' mais spécifie l'espace géographique concerné<strong>dans</strong> ses propos, convient que, <strong>dans</strong> la médecin<strong>et</strong>raditionnelle, les agents sont souvent anthropomorphesou zoomorphes <strong>et</strong> l'origine de nature sociale.Néanmoins, ces conceptions coexistent avec l'étiologieasociale ou impersonnelle, ce qu'il a observé, toutcomme Zémpleni. S'appuyant sur un anthropologue, ilécrit: "II n'y a donc pas plus de sens pour Horton à direqu'un penseur africain traditionnel s'intéressedavantage aux <strong>causes</strong> surnaturelles que naturelles qu'iln'yen aurait à dire qu'un physicien s'intéressedavantage à la théorie atomique qu'aux <strong>causes</strong>naturelles."C'est ainsi qu'une <strong>mal</strong>adie peut faire l'obj<strong>et</strong> d'uneconception <strong>des</strong> états pathologiques en termes deprincipes impersonnels, tels que chaud <strong>et</strong> froid.Autrement dit, <strong>dans</strong> les sociétés orales, on sait aussisoigner unrhume.A ce stade-ci, le lecteur pourrait cependant encorecroire qu'il tient la distinction chère à la penséeoccidentale, caractérisée par la prévalence de ladémarche analytique, entre un secteur empiricorationnel<strong>et</strong> un secteur magique comme les dénommeAugé, chacun plus caractéristique d'un <strong>des</strong> deux typesde société ici en question. Toutefois, il aura déjà étédérangé par la coexistence de différentes étiologies<strong>dans</strong> ces sociétés - dont celle que nous utilisons - pourexpliquer une <strong>mal</strong>adie.A ce suj<strong>et</strong>, Augé examine de très près la distinctionfaite par quantité d'anthropologues entre agentsimpersonnels <strong>et</strong> <strong>non</strong>-intentionnels <strong>et</strong> agents personnels<strong>et</strong> intentionnels, pour différencier médecines moderne<strong>et</strong> traditionnelle, <strong>et</strong> ce faisant, il dissèque <strong>et</strong> réfuteleurs arguments.Il constate au sein de c<strong>et</strong>te analyse qu'elles sontpensées<strong>dans</strong> une même continuité logique.Non seulement les deux conceptions étiologiques- impersonnelle <strong>et</strong> personnelle - coexistent <strong>dans</strong> cessociétés mais encore <strong>dans</strong> toute société, nousapprendZempléni.Nous allons à présent étudier ces points en détail, àtravers la <strong>des</strong>cription de plusieurs pratiques de soin.Mais avant d'aller plus loin, je tiens à consigner uneremarque rapportée par Augé : l' historien de lamédecine a rappelé que, comme les indivi<strong>du</strong>s <strong>et</strong> lessociétés, les représentations, les dieux, ... ont un âge.Les conceptions <strong>des</strong> sociétés orales décrites <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>ravail sont donc également datées.A. Symptôme <strong>et</strong> causeLes sociétés auxquelles on accole parfois le qualificatif'traditionnelles', de par leur oralité, n'ont pas unsystème taxinomique fixe <strong>et</strong> fermé, comme l'expliqu<strong>et</strong>rès clairement Zernpléni.' Les données récoltées <strong>dans</strong>ces sociétés ne sont donc pas totalisées <strong>et</strong> organiséesen système, mais diffusées inégalement. Elles seprésentent d'abord sous la forme de pratiques propresà chaque type de guérisseur, qui a une connaissanceparticulière <strong>et</strong> personnalisée. L'<strong>et</strong>hnographe, quiprovient de sociétés où l'écriture a favorisé lasystématisation, la standardisation <strong>et</strong> aussi ladésocialisation <strong>des</strong> théories étiologiques", est sansdoute le seul à s'efforcer d'en extraire un modèleapplicable d'un cas à l'autre" (Zempléni). Pour illustrer<strong>des</strong> éléments <strong>du</strong> schéma de pensée de la <strong>mal</strong>adie <strong>dans</strong>ces sociétés, voici l'exemple de deux systèmesthérapeutiques en usage <strong>dans</strong> la région <strong>du</strong> Sud-Togo,tels qu'étudiés par Augé 3 : deux itinéraires possibles,qui privilégient l'un le symptôme, l'autre la cause.Dans le premier, celui <strong>des</strong> guérisseurs indivi<strong>du</strong>els, c'estla nature <strong>des</strong> plantes choisies pour traiter le symptômequi entraîne secondairement l'accomplissement de rites<strong>et</strong> de sacrifices à l'égard <strong>des</strong> dieux qui en sont lesmaîtres. Le vo<strong>du</strong> (dieu) désigné n'est qu'associé à laguérison <strong>du</strong> <strong>mal</strong> dont il n'est pas nécessairementresponsable. L'interprétation symptomatique se fait enfonction de la connaissance <strong>du</strong> corps <strong>et</strong> de seséquilibres.Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO2 - 2ème trim. 01 5


Dans le second, celui <strong>des</strong> couvents lignagers c'est del'identification <strong>des</strong> dieux <strong>causes</strong> <strong>du</strong> <strong>mal</strong>,indépendamment de toute indication symptomatologiqueque découle celle <strong>des</strong> plantes nécessaires. Levo<strong>du</strong> est à la fois cause <strong>et</strong> remède, <strong>dans</strong> un système où"la <strong>mal</strong>adie est au principe de la création <strong>du</strong> peuplementdivin <strong>et</strong> <strong>du</strong> recrutement humain." (Augé). L'électionpour la prêtrise passe donc par l'interprétationétiologique d'une <strong>mal</strong>adie entant quedésignation divine.Mais il arrive également que traitement par la cause <strong>et</strong>traitement par le symptôme se rejoignent <strong>dans</strong> certainscas, nuanceAugé.En résumé, d'une part, un traitement végétal enfonction <strong>des</strong> symptômes est possible sans médiation parla cause <strong>et</strong> d'autre part, une interprétation divine de lacause<strong>du</strong> <strong>mal</strong> indique le traitement sans que le symptômenesoit àsa base.Tout dépend <strong>du</strong> choix initial fait par le <strong>mal</strong>ade de lapersonne à consulter, commeSindzingre 4 1' a souligné.B. Pratique magico-religieuse <strong>et</strong> pratique empiriqueL'exemple précédent illustre notamment le fait qu'iln'est pas possible de séparer d'une part, lestraitements empiriques, à base principalement deplantes, <strong>et</strong> d'autre part, les pratiques divinatoires, bienque les uns puissent être accomplis sans les autres. Lesdeux pratiques sont liées <strong>dans</strong> une symbolique qui lesunit. Les plantes sont liées à <strong>des</strong> dieux. La symboliqueest l'ensemble <strong>des</strong> représentations collectives, cellesciayant toujours trait à "comment une société sereprésente le monde?". Et la vie <strong>dans</strong> les sociétés oralesest basée sur ces représentations collectives. Uneétudiante en anthropologie a forgé c<strong>et</strong>te définition enréponse à l'une <strong>des</strong> nombreuses questions qu'ontsuscitées mes lectures <strong>dans</strong> le cadre de ce travail.Un <strong>des</strong> points de la thèse d'Augé consiste à affirmerque la symbolique constitue l'armature intellectuelle <strong>du</strong>social, c'est-à-dire "la matière première (...) <strong>des</strong> règlesjuridiques, <strong>des</strong> principes cognitifs <strong>et</strong> <strong>des</strong> mo<strong>des</strong>d'interaction propres à choque' société." (Augé,Herzlich).La pratique d'un guérisseur est à la fois empirique <strong>et</strong>"magique" ou sociale, deux sy<strong>non</strong>ymes pour Auqé.' Dansces sociétés, l' indistinct ion <strong>des</strong> deux secteurs évoquésdécoule logiquement de leur conception <strong>du</strong> monde. Cedernier est pensé sous le signe de relations entreunivers naturel, corps indivi<strong>du</strong>el <strong>et</strong> société, en termesde rapports d' homologie. On comprend dès lors que la<strong>mal</strong>adie, événement <strong>dans</strong> le monde soit souvent conçueen termes de relations.Mais si "chaque ordre r<strong>et</strong>entit sur l'autre", "la causeultime d'un trouble est toujours <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> social, ou aumoins <strong>des</strong> hommes(...)" (Augé, Herzlich). Cela revient àdire que l'interprétation de la <strong>mal</strong>adie Se fait demanière privilégiée en termes sociaux.L'exemple suivant de la pratique d'une autre sociétéafricaine, elle aussi étudiée par Augé, va me perm<strong>et</strong>tred'aborder ce qui fait basculer l'investigation médicale<strong>dans</strong> le social.Chez les Alladian de Côte d'Ivoire, l'interprétation de la<strong>mal</strong>adie peut être symptomatologique (on soigne lecorps en fonction <strong>des</strong> signes qu'il présente) <strong>et</strong>/ouétiologique (on recherche l'origine <strong>des</strong> troubles) <strong>et</strong>l'étiologie peut être sociale <strong>et</strong> / ounaturelle.Dans ces sociétés comme <strong>dans</strong> celles <strong>du</strong> Sud-Togo, lesdeux conceptions, empirico-rationnelle <strong>et</strong> sociale, seconfondent <strong>dans</strong> unemêmelogique.Si l'on peut là s'occuper <strong>du</strong> symptôme sansse soucier dela cause, il faut savoir, <strong>et</strong> Augé nousen informe, que <strong>dans</strong>bien <strong>des</strong> cas, il existe unecatégorisation étiologique <strong>des</strong>symptômes. En d'autres mots, un symptôme est souventréféré à une cause.Pour ce qui est de l'étiologie sociale,Augé cite quatre causalités alladian : agression ensorcellerie en cas de mort lente, <strong>mal</strong>édiction paternelleen cas de mort soudaine, a<strong>du</strong>ltère en cas decrachements de sang,mésentente <strong>des</strong> parents en cas dediarrhée <strong>du</strong>jeune enfant.Mais ni la symptomatologie ni la thérapeutique neperm<strong>et</strong>tent de distinguer radicalement les mauxexpliqués par une cause sociale <strong>des</strong> autres. L'auteur dec<strong>et</strong>te remarque, qui n'est autre qu' Augé, a en eff<strong>et</strong>observé qu'une interprétation sociale m<strong>et</strong>tait souventen oeuvre un symbolisme qui ressort directement à lalogique ordonnant les éléments naturels comme le sang<strong>et</strong> le chaud. Il a aussi relevé le fait que les médicamentsutilisés pour soigner <strong>des</strong> maux d'origine socialepouvaient purement <strong>et</strong> simplement être <strong>des</strong> substancesvégétales. Ces remarques valent pour toutes lessociétés qu'il a étudiées.Le symbolisme <strong>dans</strong> les sociétés africaines lignagièressert aussi bien à penser le social que le naturel. C'est cequi explique "qu'une <strong>mal</strong>adie puisse exiger deux types d<strong>et</strong>raitements: un traitement social (le rétablissementd'une relation sociale nor<strong>mal</strong>e par l'aveu, l'amende, lesacrifice ...) <strong>et</strong> un traitement végétal objectivementadministré au corps souffrant" (Augé).6 Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO2 - 2ème trim. 01


En fait, c'est souvent la persistance <strong>du</strong> <strong>mal</strong> qui suscitel'hypothèse d'une cause sociale, confirme Augé à lasuite de nombreux anthropologues. Quand la <strong>mal</strong>adiepose problème, une explication est requise. C'estprécisement ce que montre Perrin? en repérantl'existence d'un seuil d'angoisse qui, une fois, dépassé,con<strong>du</strong>it à une investigation étiologique.De plus, la <strong>mal</strong>adie est l'occasion idéale d'un rappel àl'ordre social.C. Causalité a priori <strong>et</strong> causalité a posterioriDans la conception de la <strong>mal</strong>adie <strong>des</strong> société oralescommeen biomédecine, un eff<strong>et</strong> est souvent attribué àplusieurs <strong>causes</strong>. Mais, phénomène étonnant pour lesOccidentaux, <strong>dans</strong> la première citée, il est possible derenvoyer plusieurs éléments à la mêmecause.Sindzingre, qui a vécu chez les Fodo<strong>non</strong>, sous-groupesenoufo de Côte d'Ivoire, a étudié en profondeur lesexplications <strong>et</strong> les procé<strong>du</strong>res effectives de résolution<strong>du</strong> <strong>mal</strong> en usage <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te société. Deux perspectivesdont l'analyse est repro<strong>du</strong>ite ci-après, ont étédiscernées:• Lacausalité possible a priori;• L'exercice de la causalité a posteriori.Selon Zempléni, la causalité a priori est formée par unensemble d'é<strong>non</strong>cés qui définissent les connexionspensables" entre <strong>des</strong> symptômes <strong>et</strong> leurs <strong>causes</strong>,agentsou oriqines." Ces é<strong>non</strong>cés débordent largement sur ledomaine de la religion puisqu'ils sont chargésd'expliquer <strong>non</strong>seulement la <strong>mal</strong>adie en particulier maisle <strong>mal</strong>heur engénéral.Selon Sindzingre, plus explicite, les Fodo<strong>non</strong>, comm<strong>et</strong>oute société, "établissent a priori à partir d'unévénement <strong>mal</strong>heureux un ensemble de connexionsinformées par un ensemble de représentationsordonnant leur réalité".Il faut en outre garder à l'esprit que les données issues<strong>des</strong> sociétés orales à l'instar <strong>des</strong> connexionsétiologiques a priori sont fournies hors contexte à <strong>des</strong>anthropologues, même si Zempléni a raison de lesouligner, <strong>des</strong> schèmes de ce genre-là préexistent à cesspécialistes.La causalité a priori forme chez les Fodo<strong>non</strong>, unestructure finie de catégories causales, celles-cireprenant l'ensemble <strong>des</strong> <strong>causes</strong>possibles.Cela signifie que tout le champ de la causalité possiblefodo<strong>non</strong> est recouvert par ces catégories causales.Cependant, leurs connexions à <strong>des</strong> troubles varient ensituation réelle de <strong>mal</strong>adie. Ce modèle de causalité estdonc dissymétrique. Cequi paraît compliqué est en toutcas logique.C<strong>et</strong>te causalité parce qu'elle est a priori estétablie hors situation pathologique concrète. Pre<strong>non</strong>sl' occurence d'un événement réel : j'ai <strong>des</strong> maux deventre. Il y a quelquesétiologies possibles. Le devin peutdire quej' ai transgressé un interdit ou qu'un obj<strong>et</strong> a étéj<strong>et</strong>é en sorcellerie. ID Un événement <strong>mal</strong>heureux réel,c'est-à-dire qui a eu lieu, ne peut être rapporté qu'àl'une ou l'autre de ses <strong>causes</strong> possibles a priori, commeun<strong>et</strong>ransgression d'interdit ou l'agression d'un sorcier:"la ou les <strong>causes</strong> figurent <strong>dans</strong> l'une ou l'autrecatégorie", (Sindzingre). Mais à l'inverse, celui quitransgresse un interdit peut seulement prévoir qu'ilsera victime, parmi une infinité de possibles, d'uneinfortune, laquelle lorsqu'elle surviendra se verraattribuer c<strong>et</strong>te cause ou une autre. La différenceréside <strong>dans</strong> le sens temporel de l'explication: <strong>dans</strong> lepremier exemple, elle concerne le passé, les <strong>causes</strong>possibles sont connues par les membres de la sociétéfodo<strong>non</strong>; <strong>dans</strong> le second, elle concerne le futur, <strong>des</strong>spéculations sont possibles mais ne sont pasl'interprétation finale. Une infinité d'événements<strong>mal</strong>heureux peuvent se pro<strong>du</strong>ire en réalité. S'il estimpossible que les catégories causales renvoient à tousles événements possibles, tous les événementssignificatifs au niveau social recquièrent uneexplication.Dans le même registre, un certain nombre <strong>des</strong>ymptômes précis sont associés a priori à certainsagents ou comportements précis (il s'agit d'unecatégorisation étiologique <strong>des</strong> symptômes). La toux estattribuée à Dieu, le prurit aigu est imputé au contactavec la peau de la graine bolongo (existant en Côted'Ivoire), <strong>et</strong>c. Pour autant, le passaged'une catégoriecausale à une autre est toujours possible selon lescirconstances.Que signifie tout cela ? Entre autres choses, cesystème étiologique in<strong>du</strong>it une différenciation entre cequ'on peut dire en général a priori, <strong>et</strong> l'interprétationd'un événement singulier par rapport auquel leguérisseur va étudier différentes fac<strong>et</strong>tes. Dansc<strong>et</strong>telogique, pragmatique, l'évolution de la <strong>mal</strong>adie, seseff<strong>et</strong>s sur l'entourage, le statut social de la personne<strong>mal</strong>ade interviennent <strong>dans</strong> l'interprétation de la<strong>mal</strong>adie.Par exemple, une <strong>mal</strong>adie a priori bénigne, si ellesurvient <strong>dans</strong> un état de tension, pourra êtreinterprétée comm<strong>et</strong>rès grave. L'ordre <strong>des</strong> possibles nepeut contredire l'ordre de l' histoire, infère Augéde ses observations. C'est en cela que la démarche <strong>des</strong>Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - n° 2 - 2ème trim. 01 7


00. Etsociétés orales n'est pas figée sur une taxinomie maisconsiste en une intégration de tous les élémentsappartenant au contexte de la <strong>mal</strong>adie, <strong>et</strong> parmi eux <strong>non</strong><strong>des</strong> moindres sont les positions de force sociales <strong>des</strong>indivi<strong>du</strong>s mis en cause.A ce stade de la <strong>des</strong>cription, il est possible deconsidérer que ces pratiques sont fallacieuses, si on lesexamine en pensant vérité scientifique. Ce qui esttroublant, si on abandonne la comparaison par cecritère-là, c'est leur efficacité vérifiée de nombreusesfois, une efficacité symbolique qui répond à uneexigence de sens. Parfois elles servent la guérison,parfois pas. Toutefois, le système qui les englobe estcohérent en soi. Par les pratiques liées au <strong>mal</strong>, au<strong>mal</strong>heur, à la <strong>mal</strong>adie, les sociétés orales rappelent unordre social <strong>et</strong> naturel. Dans le cas où <strong>des</strong>professionnels de la médecine occidentale travaillent<strong>dans</strong> les sociétés orales, Sindzingre a remarqué quel'évolution <strong>des</strong> techniques de soin n'avait pas entraînéde soi la modification <strong>des</strong> modèles traditionnelsd'explication, <strong>et</strong> cela pour une bonne raison, qui suit."L'efficacité - reconnue - de la biomédecine n'affectepas la pensée causale puisque celle-ci n'a justement pasc<strong>et</strong>te efficacité, mais l'explication pour fonctionpremière".3. Ce que la conception <strong>des</strong> sociétés orales m' amènecomme réflexion par rapport à la biomédecine oudécalcageA posteriori,j 'ai remarqué que Nicole Sindzingre <strong>et</strong> moiavions utilisé le même exemple <strong>du</strong> rhume. C'est dire sichez nous le rhume est une <strong>mal</strong>adie-type. Je ne pensepas qu'il en soit ainsi <strong>dans</strong> les sociétés étudiées parc<strong>et</strong>te femme. Sous c<strong>et</strong>te perspective géographique, onvoit apparaître la dimension sociale de la <strong>mal</strong>adie,concept phare de l'article d' Augé.La dimension sociale de la <strong>mal</strong>adie correspond àl'ensemble <strong>des</strong> rapports sociaux qui se jouent <strong>et</strong> sedisent à travers l'événement <strong>mal</strong>adie.La <strong>mal</strong>adie, elle, est, toujours selon mes termes, unévénement à partir <strong>du</strong>quel se fait, se construit <strong>et</strong> Sedéconstruit le sens ë!onnéà notre rapport au social. Ladimension sociale de la <strong>mal</strong>adie peut à /' occasion semarquer sur le plan relationnel : on ne m<strong>et</strong> pas enquarantaine les porteurs de grippe ou d'autres <strong>mal</strong>adiescontagieuses.Attardons-nous sur le rhume en vue de cerner ceconcept.Le rhume est une <strong>mal</strong>adie dont les germes responsablesont toutes les 'chances' de s'installer <strong>dans</strong> lesorganismes <strong>des</strong> sociétés <strong>occidentales</strong>. C'est une <strong>mal</strong>adieque l'on peut évoquer sans culpabilité, <strong>non</strong> parce qu'elleest dénuée de causalité sociale - on peut se protéger <strong>du</strong>rhume ainsi que d'affections respiratoires plus gravestelles que laryngites, pharyngites <strong>et</strong> consoeurs; sanspour autant s'en prémunir, on peut en diminuerl'apparition - mais bien parce qu'elle est tenue d'abordpour uneaffection bénigne <strong>du</strong>e à <strong>des</strong> germes <strong>et</strong> pouvanttoucher tout type de personne.Néanmoins,unsans-abri aura plus de' chances', onaimeà parler de probabilités <strong>dans</strong> les sociétés in<strong>du</strong>strialisées(<strong>et</strong> pas seulement en Occident), de contracter unrhume, voire de mourir d'une <strong>des</strong> circonstancesfavorables à son infection, le froid, qu'un cadre moyen,se déplaçant essentiellement en voiture, disposant d'unlogement correctement chauffé <strong>et</strong> vêtu en fonction <strong>des</strong>conditions climatiques.Dans une société comme celle <strong>des</strong> Fodo<strong>non</strong>, où l'on n'apas coupé la <strong>mal</strong>adie de l'infortune, qui <strong>dans</strong> leurconception l'englobe, une maison qui prend feu <strong>et</strong> une<strong>mal</strong>adie infectieuse exigent de la même manière uneinterprétation, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te interprétation ne se distingueen rien <strong>du</strong> point de vue de la forme, observe Sindzingre.La mêmesérie finie de <strong>causes</strong>peut être connectée aussibien à un <strong>des</strong>tin <strong>mal</strong>heureux qu'à un trouble organique,rapporte-t-elle.Si, chez nous aussi, on peut déterminer pour <strong>mal</strong> <strong>et</strong><strong>mal</strong>adie un type identique de cause, son contenu seraalors dépourvu de toute intentionnalité. Il appartiendraà <strong>des</strong> catégories <strong>du</strong> genre biochimique, psycholoqique",puis on désignera une cause sociale au suj<strong>et</strong> d'un<strong>mal</strong>heur plutôt qued'une <strong>mal</strong>adie.Sindzingre a décelé combien est primordiale laperception de l'indivi<strong>du</strong> ou <strong>du</strong> groupe souffrant dontdépend la décision <strong>et</strong> la dénomination de l'état <strong>et</strong> <strong>du</strong>seuil à partir <strong>des</strong>quels une interprétation s'impose,même si un codage sociétal lui préexiste. Chez lesFodo<strong>non</strong>, par les morts en série d'enfants, tout lelignagese ressent "<strong>mal</strong>ade".Ils considèrent <strong>mal</strong>adies <strong>et</strong> <strong>mal</strong>heurs en série comme<strong>des</strong> signes <strong>du</strong> t<strong>et</strong>e ou toro : celui qui subit une répétitiond'événements <strong>mal</strong>heureux est dit <strong>des</strong>tiné à uneexistence de <strong>mal</strong>heur. C<strong>et</strong>te interprétation légitimeévidemment les <strong>mal</strong>heurs à venir, mais elle est parfoisaussi sanction de comportements excessifs ou au moinsrepréhensibles socialement.Ici <strong>et</strong> là-bas, l'interprétation qu'on donne au <strong>mal</strong> feraqu'on ira ou<strong>non</strong>consulter unsoignant.Décider à qui on s'adresse, choix dont j'ai fait mentionplus haut, est encore une étape supplémentaire.L'existence d'un chemin thérapeutique au Sud-Togo,8 Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO2 - 2ème trim. 01


qui ne nécessite pas l'étiologie maisoffre un traitementenfonction <strong>des</strong> symptômes, montre que l'explication estrequise pour la <strong>mal</strong>adie telle qu'elle est interprétée parle <strong>mal</strong>ade <strong>et</strong> son entourage, toujours inscrits <strong>dans</strong> unesociété ayant ses modèlesexplicatifs propres.Sartre a traité brièvement mais de façon percutante laquestion <strong>du</strong> choix <strong>dans</strong> 'L'existentialisme est unhumanisme' : demander conseil à une personne, c'estchoisir le conseilleur, c'est ainsi choisir le type deconseil qu'on va recevoir, c'est donc déjàs' engager.Il m'apparaît essentiel que d'autres praticiens que ceuxde la médecine allopathique puissent exercer <strong>dans</strong> lessociétés in<strong>du</strong>strialisées. C<strong>et</strong>te médecine-là est loin <strong>des</strong>oigner tous les maux <strong>et</strong> en ce qui concerne les troublespsychologiques, offre <strong>des</strong> traitements lourds, déstabilisants<strong>et</strong> agressifs là où l'acupuncture, pour prendreune alternative connue, offre un traitement allant <strong>dans</strong>le sens <strong>du</strong> respect de l'être humain (sans distinctionentre corps <strong>et</strong> esprit), <strong>dans</strong>uneambiancede calme.La médecine conventionnelle en hôpital a d'ailleursgénéralement un cadre de travail austère <strong>et</strong> agressif.Elle n'a longtemps pas misé sur c<strong>et</strong> élément (ce ne sontpas les plantes en plastique qui font la différence). Seulle parti culier s'efforce peut-être de plus en plusd'adoucir l'atmosphère <strong>des</strong>on cabin<strong>et</strong>.L'analyse comparative que je brosse de deux types d<strong>et</strong>raitements répan<strong>du</strong>s <strong>dans</strong> les sociétés in<strong>du</strong>strialiséesdoit être considérée comme établie à partir de mareprésentation personnelle. Je saurais offrir uneanalyse vérifiée. Seulement, ce qui importe ici est quec<strong>et</strong>te représentation (basée sur quelques faits, ellecontient une part de vérité, ce qui ne garantit pas pourautant que la représentation <strong>dans</strong> son entièr<strong>et</strong>é soitexacte) in<strong>du</strong>ira un rapport particulier à chacune de cesmédecines.Les Fodo<strong>non</strong> connaissent aussi plusieurs thérapeutes.Les katyâo ou sityilio ne subordonnent pas leursadministrations de traitements à la connaissance de lacause <strong>du</strong> trouble. La causalité <strong>des</strong> guérisseurs nookargaspécialisés <strong>dans</strong> les accidents <strong>et</strong> traumatismes diversest plutôt orientée vers la sorcellerie ou l'agression d<strong>et</strong>ype <strong>mal</strong>veillant, leur thérapeutique est régie par lacausalité r<strong>et</strong>enue. D'autres institutions existent chezles Senoufo de Côte d'Ivoire. On y recourt le plussouvent à la divination sandoho, instance purementinterprétative, qui ne fournit aucune instructionthérapeutique.La plus grande fréquence de ce cas de figure prouve quel'interprétation causale y a beaucoupplus d'intérêt quela thérapeutique.L'interprétation de la <strong>mal</strong>adie est déjà untraitement ausens propre <strong>du</strong> terme. On traite déjà la <strong>mal</strong>adie enl'interprétant. Et la manière de traiter la <strong>mal</strong>adie, doncde la penser fait déjà partie <strong>du</strong> traitement. Lesrelations entre médecin <strong>et</strong> <strong>mal</strong>ade font partie <strong>du</strong>traitement. A ces deux acteurs s'ajoute <strong>dans</strong> les curestraditionnelles "une multiplicité d'entités invisibles, deprincipes <strong>et</strong> processus symboliques, d'acteurs, derapports, d'enjeux (...)", Zempléni paraphrasant Turner.Il en va de même <strong>dans</strong> la relation médecin-<strong>mal</strong>ade <strong>dans</strong>les sociétés in<strong>du</strong>strialisées mais le médecin de là a lepouvoir de nier tous ces éléments en les estimant <strong>non</strong>pertinents. Je rejoins Augé <strong>et</strong> Herzlich en écrivant quela <strong>mal</strong>adie n'est pas seulement l'affaire <strong>du</strong> médecin.Mais c'est le discours médical qui a le pouvoir de fair<strong>et</strong>aire les outres." Les rapports de force se laissententrevoir par moments lorsque d'autres acteurs, ceuxqui parlent en tant que groupe sur lequel une <strong>mal</strong>adies'est inscrite par exemple, rej<strong>et</strong>tent le discoursbiomédical <strong>et</strong> influent sur <strong>des</strong> décisions politiques.Nous voici face à la douloureuse question: qu'avonsnousfait <strong>du</strong> sens en Occident, où la Science règne auxcôtés <strong>du</strong> Profit <strong>et</strong> comment faire une place à <strong>des</strong>dimensions de la vie que nousavonsnégligées?La mise en évidence historique tracée par ClaudineHerzlich attestant <strong>du</strong> changement qui s'est opéré <strong>dans</strong>notre représentation de la <strong>mal</strong>adie s'insère ici à pointnommé.La <strong>mal</strong>adie aura effectivement été définie <strong>dans</strong> lesgrands pays européens comme un fait social, c' est-àdire<strong>dans</strong> sa différence de nature <strong>et</strong> de distribution enfonction <strong>des</strong> époques, <strong>des</strong> sociétés, <strong>des</strong> conditionssociales par un courant de pensée émergé au 18èmesiècle.L'hygiénisme, c'est son nom, établira avec un certainsuccès sa causalité en termes sociaux. A cause <strong>des</strong>découvertes de Pasteur <strong>et</strong> de la théorie de l'étiologiespécifique chaque <strong>mal</strong>adie est <strong>du</strong>e à un germespécifique, les circonstances faisant qu'un germe, une<strong>mal</strong>adie sont plus ou moins répan<strong>du</strong>s en un lieu <strong>et</strong> untemps donnés n'occuperont cependant rapidement plusqu'une place secondaire.Un certain nombre de problèmes sont de faitmaîtrisables à partir de c<strong>et</strong>te 'révolution'. L'hygièneparadoxalement "acquiert les moyens d'une efficacitéaccrue mais elle devient scientifiquement seconde",dixit Herzlich.La <strong>mal</strong>adie, devenue processus biochimique affectantleLes Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO2 - 2ème trim. 01 9


corps indivi<strong>du</strong>el est pourtant ce qu'elle dénomme uneréalité à dimensions sociales, parmi lesquelles lescirconstances, le contexte organisationnel <strong>et</strong> relationnelde la <strong>mal</strong>adie maisaussiSeSconséquences.Elle n'a jamais cessé de l'être.P<strong>et</strong>ite remarque qui, si elle est dispensable pour monpropos, est nécessaire pour tenter d'en finir avec lesstéréotypes <strong>et</strong> raccourcis douteux: je cite Sindzingreparce qu'elle stipule que l'attribution <strong>du</strong> <strong>mal</strong> à uneextériorité <strong>dans</strong> les sociétés traditionnelles ne signifiepas disculpation totale. La victime d'un <strong>mal</strong> peut être àl'origine de l'activité <strong>des</strong> instances exogènes. On peutde la sorte désigner ceux qui présentent <strong>des</strong> traits oucomportements socialement réprouvés, précise-t-elle.La dimension sociale de la <strong>mal</strong>adie chez nous, c'est laresponsabilité qu'on fait porter aux cigar<strong>et</strong>tiers, auxmédecins, ... Vis-à-vis de ces derniers, le procès qui estallé le plus loin est celui dont la revendication étaitdommages<strong>et</strong> intérêts au bénéfice d'un handicapé pourl'avoir laissé vivre. Dangereuses pratiques que celles quis'y assimilent car elles contestent tout ce qui nousrestede limites.Si la biomédecine vise autant que toute médecine àl'efficacité, bien qu'elle table sur une de ses formesparticulières, il est de l'intérêt de ses promoteurs d<strong>et</strong>enir compte de la dimension sociale de la <strong>mal</strong>adie car,les héritiers de la pensée scientifique le savent, onpense ici qu'une variable ignorée est une variable quiaura <strong>des</strong> conséquences qu'on ne pourra appréhendercorrectement. Encore faut-il que les eff<strong>et</strong>s déclenchésleur importent, sans quoi ils ne prendront pas c<strong>et</strong>tedimension en compte.Ceci dit, même si les médecines alternatives ont dû sebattre pour exister, les farouches défenseurs de labiomédecine qui pensaient ne jamais avoir à céder leurmonopole ont eux dû se rendre à l'évidence qu'ellesrépondent à unedemande.Il va sans dire que la dimension sociale ne se résume pasau registre de la causalité.C<strong>et</strong>te dimension de la <strong>mal</strong>adie, justement <strong>dans</strong> sonaspect institutionnel de mise en ordre, se laisseentrevoir <strong>dans</strong> ces sociétés, ainsi que le relèveSindzingre.déviance". En cela, <strong>et</strong> une boucle sera bouclée, lesmédecins ne se distinguent pas <strong>des</strong> soignants <strong>des</strong>sociétés orales, en ce qu'ils stigmatisent <strong>des</strong> <strong>mal</strong>adies<strong>et</strong> ce faisant, ceux qui en sont atteints. Ainsi, alors quela médecine a fait voeu d'exclure le "social" de la<strong>mal</strong>adie, il resurgit là oùelle ne l'attendait pcs."Chez nous,la dimension sociale est difficilement visible.Seulement, sans la chercher, en ce sens qu'elle estmontrée, qu'elle est source de pratiques <strong>et</strong>représentations sociétales, celle mise en évidence parles anthropologues <strong>dans</strong> d'autres sociétés m'amèneimmanquablement à constater que penser la <strong>mal</strong>adie <strong>et</strong>en aval la mort est difficile pour les Occidentaux.Economie de pensée de la mort caractérise l'Occident<strong>et</strong> en son sein la biomédecine. Et à la fois, on ahorriblement conscience de notre mort. Notre tempsest compté: nousvoulonsaller vite.ConclusionLa <strong>mal</strong>adie demeure toujours un événement <strong>mal</strong>heureuxqui exige une interprétation qui n'est jamais seulementindivi<strong>du</strong>elle, mais est partagée par le groupe social <strong>du</strong><strong>mal</strong>ade,signale Augé.La <strong>mal</strong>adie peut transformer aussi bien une identitépersonnelle que sociale. Les pratiques médicales <strong>des</strong>sociétés orales servent à la penser, leurs thérapiesétant l'occasion d'un échange au travers <strong>du</strong>quel <strong>des</strong>éléments de leur histoire, de leur cosmologie, de leurplace <strong>dans</strong> la société, ...seront ainsi repensés.Serait-ce à cause d'elle (/a mort) qu'on ne pense pastrop, le moins possible en termes sociaux la <strong>mal</strong>adie?Celle-ci est ici fort une affaire indivi<strong>du</strong>elle ramenée aubiologique.Il est compréhensible qu'une mort solitudinale fassepeur. Eux, ils la relient aux ancêtres. Eux, ce sont lesmembres <strong>des</strong> sociétés orales évoquées.Des sociétés <strong>occidentales</strong>, nous pouvons suivre lasuggestion presqu'implicite d'Augé de repérer lesmanques, les silences, les paradoxes à l'analyse <strong>des</strong>médecines <strong>des</strong> sociétés orales.Notre rapport à la mort n'est pas le moins profond <strong>des</strong>domainesà questionner.De plus, quand on apprend que de nombreux symptômesexistent en permanence <strong>dans</strong> une population 'nor<strong>mal</strong>e'sans donner lieu à une <strong>mal</strong>adie, on en dé<strong>du</strong>it avecHerzlich que "le savoir médical est donc plus qu'unelecture, il est unprocessus de construction de la <strong>mal</strong>adieen tant quesituation socialement marquée <strong>du</strong> signe de la" La mort est toujours bonne à penser pour les autres Ilconstate Augé au suj<strong>et</strong> <strong>des</strong> sociétés orales où il a vécu.Peut-être est-ce parce qu'elles ont plus de <strong>mal</strong> àl'éviter, fait que discerne Sindzingre, qu'elles lapensent davantage?10 Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - n° 2 - 2ème trim. 01•


Notes1. C<strong>et</strong>ravail comporte classiquement une bibliographie.2. Lire principalement les pages26 <strong>et</strong> 27 de sonarticle.3. Itinéraires dont la <strong>des</strong>cription sommaire repro<strong>du</strong>iteici se trouve page 14 de l'ouvrage signé Augé <strong>et</strong>Herzlich, 1994c.4. Sindzingre m'a fait penser au suj<strong>et</strong> <strong>du</strong> choix initial,<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>te phrase issue de la présentation de son travailen intro<strong>du</strong>ction résume fort bien l'idée : "(I)e choixinitial de telle instance divinatoire préjuge le type decausalité privilégiée", Augé, Herzlich, 1994c, p.15.5. C'est moi qui souligne l'adjectif "chacune". Il indique<strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te phrase, à la fois, l'universalité <strong>du</strong> rôle de lasymbolique <strong>et</strong> son aspect particulier en fonction de lasociété où elle est en application. D'ailleurs, je nesignale mes mises en évidence qu'au cas où ellesapparaissent <strong>dans</strong><strong>des</strong> citations.6. Augé (94c) écrit, page 43 : "(...) ce caractère social,sous ses différentes modalités, reste le paradoxefondamental de la <strong>mal</strong>adie <strong>dans</strong> toutes les sociétés; <strong>et</strong> sil'on tenait à l'appeler "magique", il faudrait dire alorsque la tâche de l'anthropologie de la <strong>mal</strong>adie est c. ..) dereconnaître la part "magique" (sociale) de toute<strong>mal</strong>adie.".7. J'en ai fait mention <strong>dans</strong> le travail "Chamane :médecin ou sorcier", 1999. M. Perrin explique cephénomèneentre autres <strong>dans</strong> "Les praticiens <strong>du</strong> rêveUn exemple de chamanisme", coll. Les champs de lasanté, P.U.F.,Paris, 1992.8. C'est moi qui souligne.9. Je reprends ses propos afin de perm<strong>et</strong>tre au lecteurde suivre c<strong>et</strong>te étude <strong>dans</strong> une cohérence de termes,mais par la suite, je présenterai l'analyse de Sindzingreavecsa propre terminologie.10. Pour rappel, "(I)e choix initial de telle instancedivinatoire préjuge le type de causalité privilégiée",Augé, Herzlich, 1994, p.15. ; voir note de bas de pagen03.11. Même un facteur psychologique ne renvoie pasà uneintentionnalité, qu'il soit issu de la théorie freudiennede l'inconscient ou <strong>des</strong> vues/modèles psychiatriquesorganiques par exemple.12.Je dois l'éclairage par "prise en compte" <strong>et</strong> "pouvoir"à Isabelle Stengers, qui développe ces critèresd'analyse <strong>dans</strong> <strong>des</strong> ouvrages ainsi que lors <strong>du</strong> séminairede Philosophie <strong>des</strong> sciences <strong>et</strong> techniques (annéeacacémique1998-1999)13. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la manière,exemples à l'appui, dont la médecine inscrit sur les corps<strong>des</strong> valeurs venant <strong>du</strong> social, je ne peux que conseiller lalecture <strong>des</strong> pages 198 à 200 de l'article de ClaudineHerzlich (94c).Bibi iographieAugé Marc, Herzlich Claudine, sous la direction de, Lesens <strong>du</strong> <strong>mal</strong>, collection Ordres sociaux, Editions <strong>des</strong>archives contemporaines, 1994, 1ère édition: 1984.Losonczy Anne-Marie, cours d'anthropologieUniversité Libre de Bruxelles, 1998-1999.médicale,Perrin Michel, Les praticiens <strong>du</strong> rêve, Un exemple dechamanisme, collection Les champs de la santé, P.U.F.,Paris, 1992.Sartre Jean-Paul, L'existentialisme est un humanisme,collection Pensées, Editions Nagel, Paris, 1960, 1èreédition: 1946.Zempléni Andras, La "<strong>mal</strong>adie" <strong>et</strong> ses "<strong>causes</strong>", inCauses,<strong>origines</strong> <strong>et</strong> agents de la <strong>mal</strong>adie chez les peuplessans écriture, L'<strong>et</strong>hnographie, n096-97, 1985-2 <strong>et</strong> 3,tome LXXXI, CXXVIème année, Sociétéd'Ethnographie de Paris, Paris, 1986.Bibliographie complémentaire : suggestionJaveau Claude, Mourir, Les Eperonniers, Sciences pourl' homme, Bruxelles, 2000, 2ème édition; éditionoriginale: 1988. Pour ceux qui veulent apprendre laplace conférée à la mort chez nous, c<strong>et</strong> ouvrage fait l<strong>et</strong>our de la question (avantage) sans prétentionCi nconvénient).Les Cahiers de Prospective Jeunesse - Vol. 6 - nO 2 - 2ème trim. 01 Il

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