Journal de Saclay n°30 - CEA Saclay
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ITER à Cadarache<strong>de</strong> fusion, JET 3 à Culham, en Gran<strong>de</strong>-Bretagne, est limitéeà quelques secon<strong>de</strong>s mais détient en revanche le record<strong>de</strong> puissance <strong>de</strong> fusion : 16 MW 4 produits pour 23 MWconsommés. ITER vise un plasma <strong>de</strong> fusion <strong>de</strong> 500 MWentretenu sur <strong>de</strong>s durées supérieures à 400 secon<strong>de</strong>s.3 JET : Joint European Torus.4 MW : mégawatt, soit un million <strong>de</strong> watts, le watt (W) étant l’unité <strong>de</strong>puissance.Comment fonctionneun réacteur <strong>de</strong> fusion ?Composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>utérium et <strong>de</strong> tritium, le combustible estQuels sont les risques induitspar un réacteur <strong>de</strong> fusion ?Les conditions d’entretien <strong>de</strong> la réaction <strong>de</strong> fusion imposentl’utilisation d’un plasma très peu <strong>de</strong>nse (quelquesgrammes <strong>de</strong> combustible dans un volume supérieur à1 000 m 3 ), très pur et à très haute température. La moindreperturbation non contrôlée <strong>de</strong> ce milieu entraîne son refroidissementrapi<strong>de</strong> et l’arrêt <strong>de</strong>s réactions <strong>de</strong> fusion.L’emballement <strong>de</strong> la réaction est par conséquent intrinsèquementimpossible. Des étu<strong>de</strong>s détaillées ont montréqu’un dimensionnement adéquat permet d’éviter l’évacuation<strong>de</strong>s populations riveraines, même en cas <strong>de</strong>SACLAY ET LES DÉFISTECHNOLOGIQUES D’ITERLa décision <strong>de</strong>s partenaires du projet ITER d’implanter leréacteur expérimental à Cadarache constitue unemarque <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>s équipesspécialisées du <strong>CEA</strong>, à Cadarache, à Grenoble et à<strong>Saclay</strong>. En préalable aux défis scientifiques proprementdits, <strong>de</strong> nombreux défis technologiques <strong>de</strong>vront êtrerelevés.Dès 1992, les instanceseuropéennes responsablesdu programme <strong>de</strong> recher-côtés du DRFC. Une équipe du Département <strong>de</strong> modélisation<strong>de</strong>s systèmes et structures (DM2S) étudie le risquelié à une formation acci<strong>de</strong>ntelle d’hydrogène dans le réacteur,liée à une entrée d’air ou d’eau dans le tore. Une autreéquipe du DM2S évalue le risque sismique.Une maintenance robotiséeEn raison <strong>de</strong> l’activation <strong>de</strong>s matériaux <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong>la présence <strong>de</strong> tritium, les interventions dans l’enceinte <strong>de</strong>confinement <strong>de</strong>vront être réalisées par robotique. Il faudrapar exemple nettoyer périodiquement les poussières chargéesen tritium provenant <strong>de</strong> l’érosion <strong>de</strong>s matériaux. CeITER à Cadarache> ITER et la fusion> <strong>Saclay</strong> et les défis technologiques d’ITERinjecté dans une chambre torique où, sous l’effet du confi-rupture <strong>de</strong> l’enceinte <strong>de</strong> confinement.che sur la fusion ontdécapage pourrait être réalisé grâce à l’ablation par laser,nement magnétique et du chauffage, il passe à l'état <strong>de</strong>commencé à confier <strong>de</strong>sune technique étudiée au Département <strong>de</strong> physico-chimieplasma et « brûle ». Le réacteur produit <strong>de</strong> l'énergie, sousforme <strong>de</strong> neutrons et <strong>de</strong> rayonnement, et du gaz hélium(ou « cendres »). 20% <strong>de</strong> cette énergie sont absorbés parUn réacteur <strong>de</strong> fusion produira-t-il<strong>de</strong>s déchets radioactifs ?Un réacteur <strong>de</strong> fusion se distingue d’un réacteur <strong>de</strong> fissionétu<strong>de</strong>s technologiques pourITER à <strong>de</strong>s équipes du <strong>CEA</strong>.Le Département <strong>de</strong> recher-<strong>de</strong> la DEN qui sera testée au JET en 2006. Autre interventionà prévoir : les éléments <strong>de</strong> « première paroi » <strong>de</strong>vrontêtre périodiquement renouvelés. Ces délicates opérationsla « première paroi ». Les(centrale nucléaire actuelle)ches sur la fusion contrôléenécessiteront <strong>de</strong>s outils téléopérés <strong>de</strong> découpe et <strong>de</strong>80% d’énergie restante,par la nature du produit <strong>de</strong>(DRFC) <strong>de</strong> Cadarache est lasoudure par laser d’un encombrement très réduit, en déve-portés par les neutrons, lala réaction : l'hélium est unporte d’entrée dans celoppement à la Direction <strong>de</strong> la recherche technologiquetraversent et ne sontgaz stable (non radio-programme européen et(DRT), au Laboratoire d’innovations pour les technologiesarrêtés que dans lesactif). En revanche,coordonne l’ensemble <strong>de</strong>s<strong>de</strong>s énergies nouvelles et les nanomatériaux (LITEN).structuressituéescomme pour un réac-travaux effectués au <strong>CEA</strong>.<strong>de</strong>rrière la premièreparoi. Dans le prototypeteur <strong>de</strong> fission, ilfaudra gérer l’activation <strong>de</strong>s1Les thématiques étudiéesà <strong>Saclay</strong> concernent lequi succé<strong>de</strong>ra à ITER,structures internes (quidossier <strong>de</strong> sûreté, les matériaux, le cryomagnétisme, leces structures, appelées<strong>de</strong>viennentradioactives)développement <strong>de</strong> modules <strong>de</strong> tests <strong>de</strong> couvertures tritigè-aussi « couvertures tritigè-sous l’effet du rayonne-nes et l’électronique en milieu hostile.nes », assureront lament. L’emploi pour cesproduction du tritium àpartir <strong>de</strong> lithium, un élé-éléments <strong>de</strong> matériaux àfaible activation (ou plusGarantir la sûreté d’ITERJusqu’à la mise en place officielle <strong>de</strong> la direction du projetment abondant dansexactement à temps <strong>de</strong>par ratification <strong>de</strong>s partenaires (visée pour mi 2007), lel’écorce terrestre etdécroissance rapi<strong>de</strong>)<strong>CEA</strong> sera l’interlocuteur <strong>de</strong> l’Autorité <strong>de</strong> sûreté nucléaire. A3les océans. Cespermettra <strong>de</strong> minimi-ce titre, il doit instruire avantstructures, ainsi que lapremière paroi, sont refroidiespar un système d’extraction1ser les quantités <strong>de</strong>déchets radioactifs. Cettequalité peut être illustrée par une image forte : après centfin 2006 le dossier préliminaire<strong>de</strong> sûreté d’ITER, quiinclut démantèlement et1Le tore <strong>de</strong> JET (à Culham, en Gran<strong>de</strong>-Bretagne) en juillet 2005.La partie basse du tore a été modifiée pour être analogue àcelle d’ITER. On distingue le robot <strong>de</strong> maintenance, à gauche.<strong>de</strong> la chaleur. Dans un réacteur électrogène, la chaleurproduira <strong>de</strong> la vapeur d’eau qui alimentera un ensembleclassique, turbine et alternateur.ans <strong>de</strong> décroissance, la radioactivité moyenne <strong>de</strong>s matériauxd’un réacteur <strong>de</strong> fusion sera plus faible que celle <strong>de</strong>scendres du charbon qui aurait produit la même quantitéd’énergie.2gestion <strong>de</strong>s déchets. À<strong>Saclay</strong>, la Direction <strong>de</strong>l’énergie nucléaire (DEN)participe à ce travail aux23Simulation du risque lié à un relâchement acci<strong>de</strong>nteld’hydrogène dans l'enceinte à vi<strong>de</strong> d'ITER : distributiond'hydrogène dix secon<strong>de</strong>s plus tard.Dispositif d’ablation par laser.Quel est l’enjeu énergétique <strong>de</strong> la fusion ?1Schéma <strong>de</strong>s structures internes d’ITER.En 2050, la consommation d'énergie mondiale pourrait doubler ou tripler. L’augmentation vertigineuse <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> énergétique,conjuguée à l'épuisement prévisible <strong>de</strong>s combustibles fossiles, rend vital le développement <strong>de</strong> nouvelles énergies. Celles-ci <strong>de</strong>vrontrespecter à la fois <strong>de</strong>s critères économiques et d'environnement, <strong>de</strong> sûreté <strong>de</strong> fonctionnement et <strong>de</strong> disponibilité <strong>de</strong>s ressources.L'énergie <strong>de</strong> fusion satisfait ce cahier <strong>de</strong>s charges.45
ITER à CadaracheAssembler, sou<strong>de</strong>r, contrôlerPour chacun <strong>de</strong>s matériaux d’ITER (acier pour les structures,cuivre, béryllium et composite <strong>de</strong> graphite pour lesprotections <strong>de</strong> la première paroi), <strong>de</strong>s solutions originalesd’assemblage sont recherchées. Par exemple, un procédéhybri<strong>de</strong> <strong>de</strong> soudure (laser et MIG 2 ) breveté par la DRT,permettrait <strong>de</strong> sou<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s pièces épaisses en acier(60 mm) dix fois plus rapi<strong>de</strong>ment qu’avec une technologieclassique, tout en induisant <strong>de</strong>s déformations moindres.Pour chaque type <strong>de</strong> soudure enfin, il faut adapter <strong>de</strong>sprocédés <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> fabrication à un cahier <strong>de</strong>s char-mique présentant une décroissance radioactive <strong>de</strong>ux foisplus rapi<strong>de</strong> que l’« Eurofer », est également étudié.Protéger les électroniquesCertains organes vulnérables aux radiations exigent uneattention particulière : l’électronique <strong>de</strong>s robots <strong>de</strong> maintenance.Pour <strong>de</strong>s raisons économiques, il n’est pas envisagé<strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s filières <strong>de</strong> fabrication spécifiquesà l’instar <strong>de</strong>s composants « durcis » <strong>de</strong> défense.Cette équipe doit en particulier fournirpour ITER un dispositif prototypeconcentrant les informations (multiplexeur): l’objectif poursuivi est d’implanter<strong>de</strong>s systèmes « intelligents » auplus près <strong>de</strong>s capteurs exposés, pourlimiter le nombre <strong>de</strong> câbles reliés aurobot et améliorer sa mobilité.Magnétisme et cryogénieA la Direction <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matière, une2basculement du régime supraconducteurau régime résistif. A cettefin, <strong>de</strong>s équipes du Dapnia ont participéà la conception d’une « boîte àvannes » <strong>de</strong>stinée à la régulationdu débit d’hélium, pour corrigerune éventuelle dérive thermique.Cette équipe pourrait également sevoir confier le développement <strong>de</strong>ssystèmes électroniques <strong>de</strong> protection<strong>de</strong>s aimants en cas <strong>de</strong> quench.ITER à Cadarache> ITER et la fusion> <strong>Saclay</strong> et les défis technologiques d’ITERges souvent complexe. C’est la tâche dévolue aux spécialistes<strong>de</strong> contrôles par ultrasons du <strong>CEA</strong> LIST 1 .<strong>de</strong>s spécialités du Dapnia 3 à <strong>Saclay</strong> est la conception,le suivi <strong>de</strong> réalisation, le montage, l’instrumenta-3 Dapnia : Laboratoire <strong>de</strong> recherches sur les loisfondamentales <strong>de</strong> l’Univers1 LIST : Laboratoire d’intégration <strong>de</strong>s systèmes et <strong>de</strong>s technologies.tion et les tests <strong>de</strong> bobines supraconductrices refroi-2 MIG : Metal Inert Gas. Procédé particulier <strong>de</strong> soudage utilisant unarc électrique.ITER, banc <strong>de</strong> test pour DEMOITER doit également permettre <strong>de</strong> tester les couverturesdies par <strong>de</strong> l’hélium superflui<strong>de</strong> (à -271°C). Une équipe duService <strong>de</strong>s accélérateurs, <strong>de</strong> cryogénie et <strong>de</strong> magnétismea entrepris <strong>de</strong> caractériser <strong>de</strong>s brins supraconducteurs enniobium-étain <strong>de</strong>stinés aux bobines d’ITER et participe àla conception <strong>de</strong> l’installation cryogénique du réacteur. EllePour en savoir plus :http://www.cea.fr/fr/magazine/dossier_fusion/http://www.cea.fr/fr/sciences/Iter/http://www.iter.org/http://www-fusion-magnetique.cea.fr/http://www.itercad.org/tritigènes <strong>de</strong> DEMO. Dans ce futur démonstrateur, il faudraproduire le tritium in situ. Le DM2S développe une solution2pourrait être associée à la préparation <strong>de</strong> tests <strong>de</strong>saimants d’ITER à Cadarache, avant leur montage définitif.technique à base <strong>de</strong> métal liqui<strong>de</strong>« Renforcer l’électronique à l’environnement », c’est lePar ailleurs, la production <strong>de</strong> champs magnétiques inten-(lithium plomb), refroidi à l’hé-savoir-faire d’une équipe du <strong>CEA</strong> LIST : cela signifie sélec-ses impose <strong>de</strong> maîtriserlium. Des maquettes <strong>de</strong> cettecouverture et <strong>de</strong>s systèmesassociés seront testées dansITER en parallèle avec d’autrestionner les composants et les technologies les plus adaptés,définir les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fonctionnement les plus favorablessous irradiation, i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> régénération(chauffage ou arrêt <strong>de</strong> l’alimentation électrique par exem-parfaitement toute fluctuationthermique, magnétiqueou vibratoire à l’intérieur<strong>de</strong> la bobine, suscep-12Dans cette station d'essais baptisée Cétacé (Caractérisationd’échantillons à champ élevé), <strong>de</strong>s brins supraconducteurs<strong>de</strong>stinés aux bobines d’ITER ont été caractérisés.Élément <strong>de</strong> régulation thermique pour ITER conçu au Dapnia.solutions concurrentes. Lematériau <strong>de</strong> structure <strong>de</strong> cesple), étudier les architectures les plus résistantes, etc.1tible <strong>de</strong> provoquer le« quench », c’est-à-dire le3Soudure hybri<strong>de</strong> utilisant un laser et un arc électrique(MAG : Metal Active Gas).1maquettes doit être un nouvelacier à faible activation contenantdu chrome et du tungstène,« l’Eurofer ». Une équipe du Département <strong>de</strong>smatériaux nucléaires <strong>de</strong> la DEN participe au développement<strong>de</strong> ce nouvel acier. Le carbure <strong>de</strong> silicium (SiC), une céra-1 Vue éclatée par l’arrière d’un élément <strong>de</strong> couverture lithiumplomb refroidi à l’hélium qui sera installé dans une ported’ITER réservée à ces tests. Des couvertures <strong>de</strong> ce type<strong>de</strong>vront assurer une production <strong>de</strong> tritium dans le prototype<strong>de</strong> réacteur <strong>de</strong> fusion qui succé<strong>de</strong>ra à ITER (DEMO).2 Cette carte électronique a été adaptée à un usage sous lerayonnement intense d’ITER.ITER à CadaracheLe 28 juin 2005, les pays partenaires d’ITER ont choisi le site <strong>de</strong>Cadarache (Bouches-du-Rhône). Le coût <strong>de</strong> la construction,sur dix ans, est estimé à 4,7 milliards d’euros. Le chantier doitgénérer plusieurs milliers d’emplois. Le coût <strong>de</strong> l’exploitation,prévue sur vingt ans, est évalué à 4,8 milliards d’euros.L’équipe permanente atteindra un millier <strong>de</strong> chercheurs,techniciens et personnels administratifs.ZoomITER, <strong>de</strong>s technologies à valoriserL’activité <strong>de</strong> découpe et <strong>de</strong> soudage laser du GIP GERAILP*(Coopération laser franco-alleman<strong>de</strong>) à Arcueil, une « antenne »du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, s’est développée à partir <strong>de</strong> besoinsspécifiques <strong>de</strong> l’industrie électronucléaire, notamment <strong>de</strong>s opérationsen milieu hostile. Pour ITER et ses exigences hors normes,<strong>de</strong> nouvelles technologies ont dû être inventées, sur la base d’uncahier <strong>de</strong>s charges très ambitieux. Celles-ci trouvent aujourd’huid’innombrables applications pour l’automobile, les chantiersnavals, le secteur pétrolier offshore, l’aéronautique et le démantèlementd’installations nucléaires. Des procédés <strong>de</strong> découpepermettent notamment <strong>de</strong> recycler <strong>de</strong>s matériaux élaborés et3coûteux. Pour l’automobile et les moteurs d’avion, il existe une<strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour <strong>de</strong>s soudures dans <strong>de</strong>s configurations très peuaccessibles, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que le GIP GERAILP peut désormais satisfaire. Et par un juste retour <strong>de</strong>s choses, l’ensemble <strong>de</strong> ces développements<strong>de</strong>vrait profiter à moyen terme aux réacteurs nucléaires <strong>de</strong> future génération.* GIP GERAILP : Groupement d’intérêt public, Groupement d’étu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> recherche pour les applications industrielles <strong>de</strong>s lasers en puissance.67
Pôles <strong>de</strong> compétitivitéLE <strong>CEA</strong> PARTENAIREDE PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ FRANCILIENSEn Ile-<strong>de</strong>-France, le <strong>CEA</strong> est membre <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pôles <strong>de</strong> compétitivitéclassés dans la catégorie <strong>de</strong>s « projets mondiaux »* : « SYSTEM@TIC PARIS-REGION », dédié auxlogiciels et systèmes complexes et « Meditech Santé », dans le domaine <strong>de</strong> la santé.Le 12 juillet 2005, 67 pôles sur 105 candidats ont reçu le label <strong>de</strong> pôle <strong>de</strong> compétitivité ; six sont <strong>de</strong>s pôles mondiaux, sept<strong>de</strong>s pôles à vocation internationale et 54 <strong>de</strong>s pôles nationaux ou régionaux. Cette initiative du gouvernement vise à favoriserles synergies autour <strong>de</strong> projets innovants sur un territoire donné, pour améliorer la situation <strong>de</strong> l’emploi et l’attractivité duterritoire. Les pôles rapprochent trois catégories d’acteurs : <strong>de</strong>s entreprises, <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong>s laboratoires<strong>de</strong> recherche. Créateurs <strong>de</strong> richesses nouvelles, ces pôles doivent mettre en œuvre <strong>de</strong>s partenariats approfondis entre acteurs,appuyés sur une stratégie efficace <strong>de</strong> développement économique et <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> l’innovation. Ils doivent avoir un impactsur les marchés mondiaux à fort potentiel <strong>de</strong> croissance. Dans chaque pôle, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> travail ont défini <strong>de</strong> nombreuxprojets dont certains vont très rapi<strong>de</strong>ment faire l’objet <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> financement.1micro-électronique, <strong>de</strong> logiciel et d’optoélectronique et sepositionne sur trois marchés applicatifs à forts enjeuxsociétaux et économiques : les télécommunications, l’automobileet les transports, la sécurité et la Défense. Ledéveloppement <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> simulation est également unpoint important du pôle. SYSTEM@TIC PARIS-REGIONmobilise en Ile-<strong>de</strong>-France plus <strong>de</strong> 300 acteurs industriels,académiques et institutionnels. De nombreuses collectivitésterritoriales se sont engagées à soutenir le pôle : leConseil régional d’Ile-<strong>de</strong>-France et les Conseils généraux<strong>de</strong>s départements 75, 78, 91, 92, 95, ainsi que laCommunauté d’agglomération du plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>(CAPS). Digiteo Labs, initiative portée par le <strong>CEA</strong> et cinqautres établissements <strong>de</strong> recherche et d’enseignementsupérieur (voir encadré ci-<strong>de</strong>ssous), est un acteur majeurau sein du pôle en matière <strong>de</strong> recherche.<strong>de</strong>s logiciels, systèmes <strong>de</strong> vision intelligents), les systèmesinteractifs (ingénierie <strong>de</strong> la connaissance, robotique, réalitévirtuelle et interfaces sensorielles), les capteurs et le traitementdu signal (instrumentation et métrologie <strong>de</strong>s rayonnementsionisants, capteurs à fibre optique, contrôle non<strong>de</strong>structif).Il contribue au transfert <strong>de</strong> technologies et favorise l’innovationnotamment par l’émergence <strong>de</strong> nouvelles entreprises.Les technologies du LIST ont suscité la création <strong>de</strong>plusieurs start-up, dont Haption (interfaces haptiques 2 ),ActiCM (systèmes <strong>de</strong> mesure 3D), M2M (contrôle non<strong>de</strong>structif), New Phenix (analyse du contenu multimédia).Ainsi, la participation du LIST à SYSTEM@TIC PARIS-REGION prolongera-t-elle naturellement ses activités, enmême temps qu’elle les enrichira.Le <strong>CEA</strong> partenaire <strong>de</strong> pôles<strong>de</strong> compétivité franciliensSYSTEM@TIC PARIS-REGION :CONCEVOIR ET MAÎTRISERDES SYSTÈMES COMPLEXES1 <strong>CEA</strong> LIST : Laboratoire d’intégration <strong>de</strong>s systèmes et <strong>de</strong>s technologies,implanté à <strong>Saclay</strong> et à Fontenay-aux-Roses. Ce laboratoire appartientà la Direction <strong>de</strong> la recherche technologique.2 Haptique : relative au toucher.Le <strong>CEA</strong>, représenté par la Direction <strong>de</strong> la recherchetechnologique (DRT), la Direction <strong>de</strong>s applications militaires(au centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> Bruyères-le-Châtel), la Direction<strong>de</strong> l’énergie nucléaire (DEN) et la Direction <strong>de</strong>s sciences<strong>de</strong> la matière (DSM), apporte une contribution scientifiqueet technique importante à SYSTEM@TIC PARIS-REGION.Carte d’i<strong>de</strong>ntitéLibellé : SYSTEM@TIC PARIS-REGIONPorteur du projet : ThalesPartenaires industriels : Alcatel, Altis, Bull, Cegelec,Communications et Systèmes, Dassault Aviation, DassaultSystems, EADS, EDF, France Télécom, Motorola, RATP, Renault,Sagem, SNCF, Thales, Valeo, plusieurs dizaines <strong>de</strong> PME-PMIfranciliennes, etc.Partenaires académiques : <strong>CEA</strong>, CNRS, Digiteo Labs,Ecole polytechnique, Ecole centrale, Institut national<strong>de</strong> recherche en informatique et automatique (INRIA), Supélec,Université Paris-Sud XI, etc.Secteur : Technologies <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> la communication,logicielsThèmes : Technologies pour la conception et le développement<strong>de</strong>s systèmes complexes dans les domaines <strong>de</strong>s transports, <strong>de</strong>stélécommunications, <strong>de</strong> la sécurité, <strong>de</strong> la Défense.Discrets et efficaces, les « systèmes complexes » pilotent,supervisent, régulent et contrôlent <strong>de</strong> nombreux processusindispensables au bon fonctionnement <strong>de</strong> notresociété, qu’il s’agisse d’une transaction financière ou d’un1 2freinage assisté. Ils utilisent souvent <strong>de</strong>s capteurs associésà du traitement <strong>de</strong> l’information et ai<strong>de</strong>nt à la décisionet à l’action. Ils peuvent être déployés sur <strong>de</strong> larges territoiresou concentrés dans un objet mobile (on parle alors<strong>de</strong> systèmes embarqués). Un système <strong>de</strong> réservation, unréseau <strong>de</strong> distribution et un système <strong>de</strong> télécommunicationsmobile à haut débit sont <strong>de</strong>s systèmes complexes.Le principal défi que veut relever SYSTEM@TIC PARIS-REGION est <strong>de</strong> développer <strong>de</strong> nouvelles approches pourconcevoir les futures générations <strong>de</strong> ces systèmes. Lepôle s’appuie sur un socle technologique composé <strong>de</strong>* Le <strong>CEA</strong> participe aussi à la gouvernance du pôle national« VESTAPOLIS » (mobilité durable et sécurité routière). Il estégalement impliqué dans le pôle à vocation internationale« Image, multimédia et vie numérique ».1 De plus en plus <strong>de</strong> voitures seront équipées d’un « systèmecomplexe » embarqué.2 Un banal paiement par carte bancaire met en jeu lui aussi un« système complexe ».Zoom sur le <strong>CEA</strong> LIST 1Partenaire <strong>de</strong> Digiteo Labs, le LIST est fortement impliquédans le pôle. Il s’organise autour <strong>de</strong> trois thématiques : lessystèmes embarqués (architectures, outils pour la sûretéLe 14 octobre 2005,les membres <strong>de</strong> « Num@tecAutomotive » ont signé l’accordfondateur du projet <strong>de</strong> coopérationau salon EquipAuto. « Num@tec Automotive » est un projet dupôle <strong>de</strong> compétitivité SYSTEM@TIC PARIS-REGION auquel participentRenault, Delphi, Siemens VDO Automotive, Valeo,Visteon, <strong>CEA</strong> LIST, le CNRS, Armines, l’INRETS (Institut national<strong>de</strong> recherche sur les transports et leur sécurité) et l’INRIA (Institutnational <strong>de</strong> recherche en informatique et en automatique).21 Un « système complexe » : le « cerveau » d’un avion <strong>de</strong>chasse.2 Processeur reconfigurable étudié au <strong>CEA</strong> LIST. L’architecturedu système s’adapte à chaque application.Digiteo Labs, un parc<strong>de</strong> recherche en sciences ettechnologies <strong>de</strong> l’informationDigiteo Labs sera implanté sur plusieurs sites du plateau<strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> et regroupera d’ici trois ans environ <strong>de</strong>s unités<strong>de</strong>s centres <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> et Fontenay-aux-Roses, duCNRS, <strong>de</strong> Supélec, <strong>de</strong> l’Université Paris-Sud XI, <strong>de</strong> l’Écolepolytechnique et <strong>de</strong> l’INRIA (Institut national <strong>de</strong> rechercheen informatique et en automatique).89
Pôles <strong>de</strong> compétitivitéMEDITECH SANTÉLes équipes du Service hospitalier Frédéric Joliot àOrsay (SHFJ), qui bénéficieront bientôt <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nouvellesplates-formes d’imagerie médicale, sont les partenaires<strong>CEA</strong> du pôle Meditech Santé.Carte d’i<strong>de</strong>ntitéLibellé : MediTech SantéPorteur du projet : Sanofi-AventisPartenaires industriels : Ipsen, Guerbet, Imstar, Sanofi-Aventis, Servier, Siemens, <strong>de</strong> très nombreuses entreprises <strong>de</strong>biotechnologies franciliennes, etc.Partenaires académiques : Assistance publique - hôpitaux <strong>de</strong>Paris, Cancéropôle, <strong>CEA</strong>, CNRS, Inserm, Institut Pasteur,Université Paris-Sud, etc.Secteur : Hautes technologies pour le médicament et la santéThèmes : Neuropathologies, oncologie, infectiologie, imageriebiomédicale, mé<strong>de</strong>cine moléculaire et cellulaire, sciences et techniquesdu médicament.2l’utilisation <strong>de</strong> systèmes d’imagerie par résonance magné-Une plate-forme d’imagerieunique en EuropeCréé par le <strong>CEA</strong> en 1958, le SHFJ a en effet acquis <strong>de</strong>scompétences reconnues internationalement en développantles différentes métho<strong>de</strong>s d’exploration fonctionnelleet atraumatique chez l’homme (Tomographie par émission<strong>de</strong> positons ou TEP et IRM fonctionnelle notamment). Sestravaux sont menés en étroite symbiose avec <strong>de</strong>s laboratoires<strong>de</strong> recherche fondamentale, pré-clinique et clinique,dans <strong>de</strong> multiples domaines : pathologies du systèmenerveux, oncologie, maladies cardio-vasculaires, etc. LeSHFJ anime un « Institut fédératif <strong>de</strong> recherches » (IFR) enimagerie neurofonctionnelle, qui repose sur un plateautechnique articulé en gran<strong>de</strong> partie sur le dipôle SHFJ -hôpital <strong>de</strong> la Pitié-Salpêtrière. Cet IFR mobilise égalementd’autres acteurs franciliens comme le Centre inter-établissement<strong>de</strong> résonance magnétique (CIERM), à l’hôpital2rassemblera <strong>de</strong>s techniques d’imagerie et le savoir-faire enbiologie moléculaire, biologie cellulaire, électrophysiologieet sciences du comportement autour <strong>de</strong> technologies trèsperformantes : l’IRM, la TEP, la spectroscopie RMN (résonancemagnétique nucléaire) ainsi que <strong>de</strong>s laboratoiresspécialisés dans les étu<strong>de</strong>s électrophysiologiques,comportementales et anatomiques. L’objectif est <strong>de</strong>concevoir, mettre en œuvre et vali<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s approches innovantes,par thérapie génique, cellulaire ou chirurgicale,Le <strong>CEA</strong> partenaire <strong>de</strong> pôles<strong>de</strong> compétivité francilienstique (IRM) à très haut champ dont NeuroSpin 2 sera le fleu-Bicêtre, et développe <strong>de</strong>s interactions fortes avec <strong>de</strong>spour lutter contre <strong>de</strong>s maladies neurodégénérativesL’ambition <strong>de</strong> MediTechron. Physiciens <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matièreéquipes <strong>de</strong> l’IFR sur les pathologies du système nerveux,(Alzheimer, Parkinson, Huntington, etc.), <strong>de</strong>s maladiesSanté est <strong>de</strong> constituer àet neurobiologistes du SHFJ travaillent au projetqui portent le projet <strong>de</strong> l’Institut du cerveau et <strong>de</strong> la moëlle,infectieuses (en particulier le Sida), ainsi que <strong>de</strong>s maladiesl’horizon 2010 le premierNeuroSpin, en étroite collaboration avec d’autres organis-un autre projet phare du pôle MediTech Santé.hépatiques et cardiaques.pôle industriel européenmes <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong>s universités, notamment d'Ile-<strong>de</strong>-La Direction <strong>de</strong>s sciences du vivant du <strong>CEA</strong> est égalementdans le domaine <strong>de</strong> l’innovationthérapeutique. Lepôle est organisé autour <strong>de</strong>France. L’objectif est d’obtenir une précision et une sensibilitéencore jamais atteintes en imagerie cérébrale quipermettront le développement <strong>de</strong> nouvelles approches enL’imagerie au service<strong>de</strong> thérapies innovantesAutre axe prioritaire <strong>de</strong> la thématique « Imagerie biomédi-impliquée dans d’autres thématiques <strong>de</strong> MediTech Santé :« Infectiologie » (à travers le développement <strong>de</strong> nouvellestechniques <strong>de</strong> décontamination vis-à-vis <strong>de</strong>s prions),thèmes à visée thérapeu-sciences cognitives et <strong>de</strong>s concepts novateurs en analysecale » : le développement <strong>de</strong> nouvelles techniques favori-« Oncologie » et « Pathologies du système nerveux ».tique (cancer, pathologiesd’images. Deux industriels, Siemens (IRM) et Guerbetsant <strong>de</strong>s approches thérapeutiques innovantes. La plate-1 Ce centre d’imagerie cérébrale sous champ magnétique intense1du système nerveux, infec-(agents <strong>de</strong> contraste), souhaitent se rapprocher du <strong>CEA</strong>forme d'imagerie multimodale 3 préclinique mise en placeentrera en service en 2006.tiologie), nourris par <strong>de</strong>spour développer <strong>de</strong>s composants spécifiques auxpar le <strong>CEA</strong> et l’Inserm à Fontenay-aux-Roses (provisoire-2 Essais pré-cliniques : tests <strong>de</strong> nouveaux traitements avant les essaisthèmes à dominante technologique (imagerie biomédi-champs magnétiquesment appelée ImaGene) s’inscrit dans ce cadre. Ellecliniques sur <strong>de</strong>s patients. La plate-forme sera installée à partir <strong>de</strong> 2006.cale, mé<strong>de</strong>cine moléculaire et thérapie cellulaire, médica-élevés. Les sauts tech-3 Multimodale : la plate-forme associe diverses techniques d’imagerie.ment ). Dans le domaine <strong>de</strong> l’imagerie médicale, les équi-nologiquesréaliséspes <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s sciences du vivant du <strong>CEA</strong> condui-permettront d’ouvrir <strong>de</strong>Pour en savoir plus :ront <strong>de</strong>s recherches en neurosciences pour le développe-nouveaux champs <strong>de</strong>http://www.competitivite.gouv.fr/ment <strong>de</strong> thérapies innovantes. Elles s’appuieront sur troisplates-formes d’imagerie : le SHFJ d’Orsay, NeuroSpin 1 àSaint-Aubin (actuellement en construction sur le centre<strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>), et la future plate-forme d’essais précli-recherche et à terme3<strong>de</strong> nouveaux marchés.1 Molécule médicament <strong>de</strong> Sanofi-Aventis.http://www.systematic-paris-region.org/http://www.genopole.org/html/fr/connaitre/meditech-sante/niques 2 à Fontenay-aux-Roses. L’ensemble constituera unéquipement unique en Europe.NeuroSpin, fleuron <strong>de</strong> l’IRMà très haut champL’un <strong>de</strong>s axes prioritaires <strong>de</strong> la thématique « Imageriebiomédicale » <strong>de</strong> MediTech Santé est la mise au point et23Les IRM <strong>de</strong> recherche actuelles sont équipées d’un aimant <strong>de</strong>trois teslas (unité d’induction magnétique). NeuroSpin seradoté d’un aimant <strong>de</strong> 11,7 teslas, d’où un gain considérable enrésolution spatiale.Régions altérées lors du contrôle <strong>de</strong>s réponses dans une tâche<strong>de</strong> mémoire immédiate dans un cas <strong>de</strong> schizophrénie(image IRM).112IRM 3 teslas.Dépression mélancolique : fusion d'image en Tomographiepar émission <strong>de</strong> positons (TEP) mesurant l'activité énergétiquelocale, avec l'image en IRM anatomique du cerveau d'unpatient.1011
ActualitésActualitésDU LABORATOIRE À L’ENTREPRISELEOSPHERE ANALYSE LA QUALITÉ DE L’AIRUN INDICE DE PLUS EN FAVEURDE L’ORIGINE SPATIALE DE LA VIECréée en avril 2004, la société Leosphere valorise un système laser <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’air, développéavec le Laboratoire <strong>de</strong>s sciences du climat et <strong>de</strong> l’environnement (LSCE) : le Lidar 1 . Il s’agit d’un outil puissantpour l’étu<strong>de</strong> du climat, la météorologie, la surveillance <strong>de</strong> sites industriels ou la détection <strong>de</strong> feux <strong>de</strong> forêt.La vie n’est pas toujours symétrique. Nous sommes droitiersou gauchers, le cœur se situe à gauche et le foie àdroite. Il en va <strong>de</strong> même au niveau moléculaire. Certainesmolécules (dites chirales) existent sous <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong>même composition atomique et différant seulement parleurs configurations spatiales, images l'une <strong>de</strong> l'autre dansun miroir. Les aci<strong>de</strong>s aminés, <strong>de</strong> petites molécules qu’utilisentnos cellules pour fabriquer <strong>de</strong>s protéines, présententune telle particularité. Or, dans les organismes vivants, cesmolécules n’existent que sous l’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux formespossibles. Mise en évi<strong>de</strong>nce par Pasteur dès 1847, cetteasymétrie bio-moléculaire intrigue les chercheurs et resteaujourd’hui encore un mystère, lié sans doute à l’originemême <strong>de</strong> la vie. Comment le vivant a-t-il sélectionné laforme gauche <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminés ? Pourquoi la formedroite a-t-elle été éliminée alors même que la synthèse enlaboratoire conduit à un mélange équilibré <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxformes ? Ce processus <strong>de</strong> sélection est-il dû au hasard ?soli<strong>de</strong>, plus représentatif <strong>de</strong>s conditions interstellairesqu’un liqui<strong>de</strong>, a été irradié. Cette expérience a été réaliséeau LURE avec une source <strong>de</strong> lumière (du rayonnementsynchrotron 2 ) très spécifique, intense en l’ultraviolet etpolarisée circulairement 3 . Après quelques dizaines d’heuresd’éclairement avec une lumière polarisée circulairement« à droite », le mélange initialement symétrique s’estenrichi <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 3% en forme gauche <strong>de</strong> leucine.D’autres expériences suivront, cette fois, avec le rayonnementsynchrotron <strong>de</strong> SOLEIL.Leosphere est née <strong>de</strong> la rencontre entre Laurent Sauvage,jeune candidat à la création d’entreprise, et <strong>de</strong> chercheursdu LSCE, détenteur d’une technologie innovante, arrivée àmaturité. « Laurent a passé 80% <strong>de</strong> sa thèse à mettre aupoint un Lidar alors qu’il rêvait d’étudier les nuages »,explique Alexandre Sauvage, son frère et son associé.Forts <strong>de</strong> compétences complémentaires (Lidar et marketing,finance), les <strong>de</strong>ux frères fon<strong>de</strong>nt Leosphere en avril2004. L’entreprise, qui compte aujourd’hui six salariés trèsqualifiés en optronique et traitement du signal, offre à sesclients à la fois une capacité d’ingénierie et un produit,Easy Lidar TM , prêt à l’emploi. En temps réel, cet instrumentcompte et localise dans l’espace les poussièresatmosphériques ; il fournit aussi les caractéristiquesoptiques <strong>de</strong>s nuages ou l’épaisseur <strong>de</strong> la couche d’air quipiège les polluants. Des performances qui ouvrent <strong>de</strong>sperspectives dans <strong>de</strong>s domaines aussi variés que lamétéorologie, la surveillance <strong>de</strong> sites industriels, la sécurisationd’espaces recevant du public (en cas <strong>de</strong> contamination<strong>de</strong> l’air), la mesure du potentiel éolien d’un site terrestreou offshore, la détection précoce <strong>de</strong> feux <strong>de</strong> forêt, etc.InterviewLaurent et Alexandre SauvageUne asymétrie d’origine spatialeLes résultats obtenus suggèrent que l’asymétrie <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>saminés est apparue dans l’espace interstellaire, bien avantl’origine <strong>de</strong> la vie sur Terre. Ultérieurement, ces moléculesasymétriques ont été transportées sur Terre par la chute <strong>de</strong>météorites ou <strong>de</strong> comètes. La thèse selon laquelle l’ensemble<strong>de</strong>s molécules nécessaires à la vie se sont formées dans1 Lidar : Light direction and ranging. Le principe <strong>de</strong> ce « radar optique »consiste à émettre <strong>de</strong> la lumière laser et à analyser la partie renvoyée parles particules en suspension dans l’air.Pour en savoir plus : www.Leosphere.frComment fonctionne le Lidar ?L.S. : Le système Lidar émet une impulsion laser en direction <strong>de</strong>la zone à analyser. Les particules présentes le long du trajetdiffusent la lumière dans toutes les directions. La fraction diffuséeen retour, en direction <strong>de</strong> la source, est enregistrée.L’intensité du signal fournit la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> particules moyennantune hypothèse sur la nature <strong>de</strong> ces particules. Le retard parrapport à l’émission renseigne sur leur localisation. L’utilisation<strong>de</strong> lasers <strong>de</strong> différentes « couleurs » permettra dans un<strong>de</strong>uxième temps d’i<strong>de</strong>ntifier les particules grâce à leur taille.Avez-vous déjà vendu <strong>de</strong>s Lidar ? Quelssont les points forts <strong>de</strong> votre produit ?A.S. : Nous avons déjà vendu plusieurs systèmes. Easy Lidar TMest un produit simple d’emploi, sans aucun réglage. En moinsd’une secon<strong>de</strong>, l’appareil détecte les particules sur une distanceallant <strong>de</strong> 50 mètres à 12 kilomètres. L’interprétation <strong>de</strong>s résultatsest facilitée par un logiciel convivial. L’appareil est par ailleurssans danger pour l’œil et ne pèse pas plus <strong>de</strong> dix kilos.1 2Eclairer comme les étoilesLaurent Nahon (LURE 1 ) et <strong>de</strong>ux chercheurs du CNRS, UweMeierhenrich et André Brack, ont proposé une explication :cette dissymétrie serait apparue dans l’espace, au niveau<strong>de</strong>s matières premières du vivant, avant même leur introductionsur Terre. L’irradiation <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s aminés auraitconduit à la formation d’un mélange asymétrique. Afin <strong>de</strong>tester cette hypothèse, les chercheurs ont exposé unmélange symétrique <strong>de</strong> leucine, un aci<strong>de</strong> aminé simpletrès présent dans le maïs ou l’organisme humain, à une« lumière » mimant les conditions d’éclairement dansl’espace. Pour la première fois, un aci<strong>de</strong> aminé à l’étatl’espace se trouve ainsi confortée face à la thèse concurrented’une sélection « au hasard » <strong>de</strong>s molécules par le vivant.1 LURE : Laboratoire pour l’utilisation du rayonnement électromagnétique.2 Le rayonnement synchrotron est émis par <strong>de</strong>s électrons circulant dans unanneau <strong>de</strong> stockage.3 Polarisation circulaire <strong>de</strong> la lumière : le champ électromagnétique se propageen « tournant » comme un tire-bouchon, dans un sens ou dans l’autre.1211Pollution parisienne (oxy<strong>de</strong> d’azote, etc.)Alexandre et Laurent Sauvage ont remporté en 2003 le Grandprix <strong>de</strong> l’innovation <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Paris. Leosphere a étélauréate du prix national du Concours d’ai<strong>de</strong> à la créationd’entreprises <strong>de</strong> technologies innovantes du Ministère <strong>de</strong> laRecherche et <strong>de</strong> l’ANVAR en 2004 et du concours « TremplinEntreprises » organisé par le Sénat, en 2005. Leosphere bénéficiedu réseau régional, et <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s du Conseil régional,d’Incuballiance et <strong>de</strong> Scientipôle Initiative.1 Deux molécules « chirales » sont images l’une <strong>de</strong> l’autre dansun miroir, comme le sont les mains droite et gauche.2 Expérience d’irradiation d’aci<strong>de</strong>s aminés par le rayonnementsynchrotron du LURE.13
BrèvesActualitésLES PREMIERS FAIS<strong>CEA</strong>UX DU SYNCHROTRON SOLEILGILLES DE ROBIEN AU CENTRE <strong>CEA</strong> DE SACLAYLe 2 juillet 2005, le synchrotronpremière fois dans le « booster », où ilémise par <strong>de</strong>s électrons <strong>de</strong> très hauteGilles <strong>de</strong> Robien, Ministre <strong>de</strong> l’Education nationale, <strong>de</strong> l’Enseignement supérieur et <strong>de</strong> la Recherche,SOLEIL a délivré son premier fais-a effectué plusieurs tours. L’étapeénergie circulant dans un anneau <strong>de</strong>est venu jeudi 13 octobre au centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>. Il était accueilli par Alain Bugat, Administrateurceau d’électrons. Fin comme unsuivante, actuellement en cours,stockage <strong>de</strong> 354 mètres <strong>de</strong> circonfé-général du <strong>CEA</strong> et Yves Caristan, Directeur du centre.cheveu, ce faisceau a été accéléréconsiste à augmenter l’énergie durence. Elle permettra l’exploration <strong>de</strong>jusqu’à la vitesse <strong>de</strong> la lumière dansfaisceau jusqu’à la valeur <strong>de</strong> fonc-la structure microscopique <strong>de</strong>s maté-l’accélérateur linéaire, long <strong>de</strong> 19tionnement <strong>de</strong> SOLEIL.riaux inertes ou <strong>de</strong> la matière vivante,mètres. Le 23 juillet 2005, une étapeSOLEIL est un accélérateur <strong>de</strong> parti-et l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> leurs propriétéssupplémentaire a été franchie : lecules qui produit un rayonnementphysiques, mécaniques, chimiquesfaisceau a été injecté pour lasynchrotron. Cette « lumière » estou biologiques.DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ABRUPTSLe climat <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong>glaciaire (<strong>de</strong> -110 000 à -20 000 ans)a été ponctué par une série <strong>de</strong> changementsque ces variations peuvent atteindrelocalement 16°C. Les chercheursmontrent aussi, pour la première fois,corrélées à une réorganisation saisonnière<strong>de</strong> la circulation atmosphériqueet du cycle <strong>de</strong> l’eau.climatiques abrupts seproduisant en quelques dizainesd'années, avec <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong>que ces variations pourraient êtretempérature estimées jusqu’àprésent à 5°C environ. De nouvellesanalyses ont été conduites sur lesglaces du Groenland par les chercheursdu Laboratoire <strong>de</strong>s sciencesdu climat et <strong>de</strong> l’environnement(LSCE), en collaboration avec <strong>de</strong>séquipes danoises, islandaises, suisses1et américaines. Elles ont révélé1 NorthGrip, station <strong>de</strong> carottage <strong>de</strong> glace du Groenland. La réflexion <strong>de</strong>s rayons solaires dans <strong>de</strong>s cristaux <strong>de</strong> glace en suspension està l’origine du phénomène optique appelé parélie.QUAND LE CERVEAU BASCULE VERS LA PERCEPTION CONSCIENTE1 2Le Ministre, accompagné <strong>de</strong> Gilles Bloch, Directeur <strong>de</strong>l’Agence nationale <strong>de</strong> la recherche, a été reçu pour unevisite sur le thème <strong>de</strong> l’après pétrole. Après une présentation<strong>de</strong> la filière hydrogène au <strong>CEA</strong>, il a visité plusieurslaboratoires. Gilles <strong>de</strong> Robien était également accompagnéd’élèves <strong>de</strong> 4 ème du collège Alexandre Fleming d’Orsay, enpréalable à la fête <strong>de</strong> la science.Une conférence <strong>de</strong> presse s’est déroulée à l’issue <strong>de</strong> cettevisite. Gilles <strong>de</strong> Robien a indiqué « qu’en 2005, près d’unLundi 28 novembre 2005Sécheresses,cycle du carbone et forêts,Par Philippe Ciais, Laboratoire <strong>de</strong>s Sciences du Climatet <strong>de</strong> l'Environnement <strong>CEA</strong>/CNRS, <strong>Saclay</strong>DEUX CONFÉRENCES CYCLOPEmilliard d’euros est consacré à la recherche sur les énergiesalternatives au pétrole : les bioénergies, l’hydrogèneet les piles à combustibles. Les financements <strong>de</strong> l’Agencenationale <strong>de</strong> la recherche (ANR) permettent d’en fairedavantage encore ».1 De gauche à droite : G. Bloch, Y. Caristan, G. <strong>de</strong> Robien,A. Bugat, P. Lucchese.2 Des chercheurs ont pu exposer leurs travaux au Ministre, enprésence <strong>de</strong> collégiens.IMPACTSDEL’EFFET DE SERRE SUR LES ÉCOSYSTÈMESLundi 5 décembre 2005Une menace pourles organismes marinsPar James Orr, Laboratoire <strong>de</strong>s Sciences du Climat et<strong>de</strong> l'Environnement <strong>CEA</strong>/CNRS, <strong>Saclay</strong>Une équipe mixte <strong>CEA</strong> Inserm dusecon<strong>de</strong> d’intervalle.soit pas perçu. Cette non perceptionLa canicule <strong>de</strong> 2003 a sévère-L’acidification <strong>de</strong> la mer par le CO 2Service hospitalier Frédéric JoliotQuand le premier mot était perçutient au fait que les ressources neuro-ment réduit la consommation <strong>de</strong>atmosphérique qu’elle dissout(Orsay) est parvenue à caractériserconsciemment et le second non, ilnales nécessaires sont occupées àCO 2par la végétation.entraîne déjà localement uneles bases neuronales <strong>de</strong>s percep-est apparu que les voies neuronalestraiter l’information précé<strong>de</strong>nte.Les mesures montrent que certai-sous-saturation <strong>de</strong> l’eau en arago-tions consciente et inconsciente.empruntées, d’abord i<strong>de</strong>ntiques,À terme, la caractérisation <strong>de</strong>s méca-nes forêts sont même <strong>de</strong>venuesnite (une forme du carbonate <strong>de</strong>L’expérience a consisté à enregistrercommençaient à se différencier envi-nismes neuronaux <strong>de</strong> la conscience<strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> CO 2.calcium). Le phénomène prendpar électroencéphalographie les acti-ron 180 millisecon<strong>de</strong>s après lapourrait permettre <strong>de</strong> mieuxune ampleur dramatique.vités cérébrales <strong>de</strong> volontaires, asso-présentation du <strong>de</strong>uxième mot. Lescomprendre et traiter un certainciées à <strong>de</strong>s stimuli visuels : dans unesérie d’images, <strong>de</strong>ux mots étaientchercheurs ont constaté que, plus lepremier mot est traité lentement, plusnombre <strong>de</strong> pathologies qui semblentassociées à un déficit <strong>de</strong>s processusRenseignements pratiques page 16présentés à moins d’une <strong>de</strong>mi-il est probable que le <strong>de</strong>uxième neconscients, comme la schizophrénie.14 15