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PC_ 2010_02.pdf - Église Catholique d'Algérie

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6ÉGLISE UNIVERSELLEEn ce temps de Pâques, nous publions quelques extraitsde cet appel : « La Résurrection est le fondement denotre espérance. Jésus est ressuscité, vainqueur de lamort et du mal. Ainsi pouvons-nous, nous aussi, et tousles habitants de cette terre, vaincre le mal de la guerregrâce à elle. »Pour lire l’appel en son intégralité :http://www.kairospalestine.ps/?q=node/22.3. Nous croyons que notre terre a une vocationuniverselle. Dans cette vision d’universalité, le conceptdes promesses, de la terre, de l’élection et du peuplede Dieu s’ouvrent pour embrasser toute l’humanité,à commencer par tous les peuples de cette terre.A la lumière des Ecritures Saintes nous voyons quela promesse de la terre n’a jamais été à la base d’unprogramme politique. Elle est plutôt une introductionau salut universel, et donc le début de la proclamationdu Royaume de Dieu sur terre.2.3.1 Dieu a envoyé à cette terre les patriarches,les prophètes et les apôtres porteurs d’un messageuniversel. Aujourd’hui nous y constituons troisreligions, le judaïsme, le christianisme et l’islam. Notreterre est terre de Dieu, comme l’est tout pays dans lemonde. Elle est sainte par sa présence en elle, car luiseul est le Très Saint et le sanctificateur. Il est de notredevoir, nous qui l’habitons, de respecter la volonté deDieu sur elle et de la libérer du mal de l’injustice etde la guerre qui est en elle. Terre de Dieu, elle doitêtre terre de réconciliation, de paix et d’amour. Et celaest possible. Si Dieu nous a mis, deux peuples, danscette terre, il nous donne aussi la capacité, si nous levoulons, d’y vivre ensemble, d’y établir la justice et lapaix et d’en faire vraiment une terre de Dieu : “AuSeigneur le monde et sa richesse, la terre et tous seshabitants” (Ps 24,1).2.3.2 Notre présence, en tant que Palestiniens -chrétiens ou musulmans - sur cette terre n’est pas unaccident. Elle a des racines profondes liées à l’histoireet à la géographie de cette terre, comme c’est le casde tout peuple aujourd’hui qui vit sur sa terre. Uneinjustice a été commise à notre égard, lorsqu’on nousa déracinés. L’Occident a voulu réparer l’injustice qu’ilavait commise à l’égard des juifs dans les pays d’Europe,et il l’a fait à nos dépens et sur notre terre. Il a ainsiréparé une injustice en en créant une autre.(…)4.2.3 Nous disons que notre option chrétienne faceà l’occupation israélienne est la résistance ; c’est là undroit et un devoir des chrétiens. Or cette résistancedoit suivre la logique de l’amour. Elle doit donc êtrecréative, c’est-à-dire qu’il lui faut trouver les moyenshumains qui parlent à l’humanité de l’ennemi luimême.Le fait de voir l’image de Dieu dans le visagede l’ennemi même et de prendre des positions derésistance à la lumière de cette vision est le moyen leplus efficace pour arrêter l’oppression et contraindrel’oppresseur à mettre fin à son agression et, ainsi,atteindre le but voulu : récupérer la terre, la liberté, ladignité et l’indépendance.4.2.4 Le Christ nous a donné un exemple à suivre. Nousdevons résister au mal, mais il nous a enseigné de nepas résister au mal par le mal. C’est un commandementdifficile, surtout lorsque l’ennemi s’obstine dans satyrannie et persiste à nier notre droit à exister ici dansnotre terre. C’est un commandement difficile. Maisc’est le seul qui peut tenir tête aux déclarations claireset explicites des autorités israéliennes refusant notreexistence ou à leurs divers prétextes pour continuer ànous imposer l’occupation.(…)4.3 Par notre amour nous dépassons les injusticespour jeter les bases d’une nouvelle société, pour nouset pour nos adversaires. Notre avenir et le leur nefont qu’un : ou bien un cercle de violence dans lequelnous périssons ensemble, ou bien une paix dont nousjouissons ensemble.


Transition démographique:l’Algérie dans la trappe malthusienneAu plan socioéconomique, depuis l’indépendance,l’ « explosion démographique » s’est exprimée pardes cohortes toujours plus nombreuses d’enfantsà scolariser, dejeunes chômeurs àemployer, de jeunescouples à loger, etd’exceptionnelstransferts sociauxà assurer. Tantque les recettesen devises del’exportation deshydro-carburesp o u v a i e n tcouvrir toutesces dépenses,le système d’ensemblepouvaitcontinuer à semaintenir. Maisdès que les prix deshydrocarbures ont chuté, au milieu de la décennie1980, mettant ainsi le pays en situation de cessation depaiement, l’ « explosion démographique » a engendrél’ « explosion sociale ». Le point de départ de cettedernière a été le 5 octobre 1988, lorsque, pour lapremière fois depuis l’indépendance, des émeutesont éclaté dans la capitale, immédiatement suivies pard’autres à travers tout le pays. Cet événement majeura jeté la société algérienne dans une phase d’instabilitéet de violence jusque là inimaginable.Photo Bernard MalletL’éducationLe secteur de l’éducation a été violemment,mais indirectement, affecté par l’ « explosiondémographique ». Les efforts exceptionnels fournispar l’Etat pour scolariser une population qui est sortiede la colonisation quasi totalement analphabète ontvalu au pays d’être primé par l’UNESCO. Cependant,les efforts en formation et emploi d’enseignants,construction d’écoles, collèges, lycées et universités,dépenses colossales pour la gratuité de l’éducation et lasubvention des prisesen charge sociales desélèves et étudiants,n’ont pas produitl’effet escomptésur le long terme.La crise a fini par endévoyer les résultats.La progression deseffectifs d’écoliers,élèves et étudiantsa été toujoursplus rapide que lesréalisations en matièred ’ i n f r a s t r u c t u r e set d’encadrementpédagogique.Quartier populaire banlieue d’AlgerLa santéLe domaine de la santé a, lui aussi, été très affectépar l’ « explosion démographique ». La médecinegratuite, proclamée dans les années 70, faisait la fiertédu pays. Les premières années de son application ontété un succès indéniable. Mais dès les années 1980, lagratuité des soins commençait à montrer ses limites.Les dépenses budgétaires énormes, la formation demilliers de médecins et paramédicaux en Algérie età l’étranger, l’importation massive de toutes sortesde médicaments et les innombrables constructionsd’infrastructures n’ont pas suffi à rattraperl’accroissement démographique. A un certain momentde la période de crise, les médecins avouaient euxmêmesque bon nombre d’hôpitaux étaient devenustout simplement des mouroirs.L’emploiDans le domaine de l’emploi, les effets de la transitionREGARD SUR L’ALGÉRIE7


REGARD SUR L’ALGÉRIEdémographique sont apparus à deux niveaux. Lessociétés nationales, qui n’avaient pas seulementun but économique mais aussi social et culturel,ont commencé à crouler sous le poids salarial dessureffectifs dès le début des années 1980. Et à lamême période, le plein-emploi qui faisait la fiertédu pays devenait un mythe. Le chômage s’est misà se répandre rapidement jusqu’à toucher lesdiplômés des universités et grandes écoles. Lorsqueles statistiques nationales ont abordé le sujet cesannées-là, on estimait à environ 300 000 les nouveauxdemandeurs d’emploi chaque année. Quant au tauxde chômage, de sujet tabou il est devenu l’indicateurle plus controversé et le plus sensible. Le calcul dutaux de chômage souffre de plusieurs problèmes,méthodologiques et de définition, dont celui desdéclarations. Le réflexe, acquis lors de la périodesocialiste, de ne considérer employé que celui quil’est dans l’administration ou dans une institutionpublique pèse encore aujourd’hui dans la mentalitédes déclarés chômeurs.Quoiqu’il en soit, le taux de chômage le plus élevé(30%) a été publié par les services statistiques à lafin des années 1990. Le développement de l’activitéféminine, suite à la crise et la nécessité pour lesfamilles algériennes de mettre tout le monde àcontribution, y compris les femmes, a aggravé lasituation de chômage endémique.© CapriniVieille ville de Constantine8Le logementJusqu’à la fin des années 1970 le parc logement nationalétait suffisant pour abriter toute la population. Leslogements vides se comptaient encore par dizainesde milliers dans les grandes villes où la tension estactuellement très vive. A titre d’exemple, dans la villed’Oran où les prix du loyer sont à un niveau inabordablepour le revenu moyen, on dénombrait environ 15 000logements vides au milieu de la décennie 1970. Lacrise du logement s’est aggravée avec les mutationssociologiques de la famille. La formation des couples nese fait plus au sein de la grande famille habitant la mêmegrande maison. Le modèle de la famille restreinte segénéralise et la demande de logement devient souventun préalable à la formation d’un nouveau ménage.Beaucoup de démographes algériens pensent que lacrise du logement et le problème du chômage sont lesdeux facteurs principaux du recul significatif progressifde l’âge au mariage constaté depuis deux décenniesau moins. Le taux d’occupation par logement qui étaità peine supérieur à 6 personnes (6,1/logement aurecensement de 1966) est passé à 7,14 par logementselon le recensement de 1998. Le chiffre du dernierrecensement (2008), qui n’est pas encore officiellementpublié, serait encore plus élevé.L’urbanisationA l’orée des années 1970, un Algérien seulementsur trois vivait en ville. Aujourd’hui, la situation s’estentièrement inversée ; près de trois Algériens surquatre vivent en milieu urbain. Ce bouleversementdémo-spatial se lit dans le paysage des villes, lesquartiers « champignons » et extensions urbainestentaculaires, et les mouvements de population inter etintra-urbains. Le mouvement naturel et le mouvementmigratoire ont été très intenses, comme ils ne l’ontjamais été auparavant. Durant les deux décennies1960-70, les taux de natalité et de migration ont étéles plus forts de toute l’histoire du pays.L’urbanisation et l’exode ruralLes effets de la transition démographique ontconduit les populations de plus en plus nombreusesà quitter leur terroir pour se fixer en ville, et même àl’étranger. Les facteurs d’appels créés par la politiqued’industrialisation autour des villes ont vite trouvéécho auprès des paysans, et surtout les jeunes parmi


eux, qui du fait de la politique agraire centralisée etadministrée, se sont lancés par vagues ininterrompuessur les opportunités d’emplois salariés en ville, à larecherche du confort urbain. On disait, à l’époque, quela paysannerie qui avait été le vivier de la révolutionlibératrice serait le réservoir de main-d’œuvre de larévolution industrielle algérienne. La fécondité ruraleétant plus élevée que celle des villes, les villes ont vitefait de se ruraliser. Ce qui a fait écrire à un journalistealgérien : « Nous n’avons plus de villes, nous avonsseulement de gros villages.» L’image est pleine de sens.Qu’il s’agisse de la quotidienneté ou des perspectives,à long terme, du développement des villes algériennes,la situation devient extrêmement difficile. Malgré tousles efforts d’extension des tissus urbains, la densité estanormalement élevée. La violence, l’insécurité et la malvieproviennent, en grande partie, de cette situation.La pauvretéLa pauvreté en Algérie n’est pas un phénomène nouveauou récent. La population algérienne a vécu très pauvredurant toute la période coloniale. A l’indépendance, laquasi-totalité de la population algérienne autochtonerestée au pays était pauvre. L’accession du pays à sonindépendance et les politiques socioéconomiquesPort de Béjaïavolontaristes qui ont suivi ont rapidement effacé, enquelques années seulement, les signes du dénuementqu’on pouvait constater à l’œil nu. Lors de la périodedes grands desseins développementalistes, les progrèsont été tels que les Algériens se sont mis à caresserle rêve d’un « décollage économique » imminent. Maisla politique généreuse socialisante de ces années s’estheurtée, assez rapidement, aux effets de l’ « explosiondémographique » engendrée par la baisse rapide dela mortalité et la forte fécondité qui s’est maintenuependant très longtemps, et surtout les conséquencescatastrophiques de la crise économique qui a frappéle pays au moment où justement les générations del’extraordinaire « baby boom » arrivaient, toujours plusnombreuses, aux portes des écoles, à l’entrée des sociétésnationales et devenaient, à leur tour, des parents toutaussi féconds que leurs ascendants. La remise en causedu système socialiste, le démantèlement du dispositifd’assistance directe et indirecte et le désengagementrelatif de l’Etat comme agent socioéconomique a jetéde nouveau des pans entiers de la société dans lavulnérabilité, sinon la pauvreté.ConclusionLe cas algérien constitue ce que les démographes ontappelé la « Trappe Malthusienne». Ayant expérimentétous les systèmes, socialisme autogestionnaire,socialisme d’Etat puis récemment l’ouverture sur lemarché, l’économie n’est toujours pas suffisammentperformante au point de faire reculer la fragilité sociale.Evidemment, on ne peut expliquer cette situation trèscomplexe par le seul facteur démographique mais ilest devenu aujourd’hui établi que ce dernier, lorsqu’ilest trop important, annihile une grande partiede l’effet « développeur » des investissementséconomiques tous secteurs confondus. La gravitédu problème, dans le cas algérien, est que la trappemalthusienne s’est accompagnée de ce que leséconomistes appellent le syndrome néerlandais(une économie reposant quasi-exclusivementsur un seul secteur, celui des hydrocarbures enl’occurrence). Aujourd’hui, et en dépit d’uneamélioration de la situation financière et macroéconomique,beaucoup de problèmes sociauxpersistent. Les perspectives révèlent que d’autressont en train de s’y ajouter, comme celui dutroisième âge (la proportion des 65 ans et plusne cesse d’augmenter), l’insertion de la jeunesse,la sécurité sociale et la couverture sanitairegénéralisée…© CapriniMohamed KouidriEnseignant-chercheur, université d’OranREGARD SUR L’ALGÉRIE9


DIALOGUEDialogue des religionsDurant le mois de Ramadan, l’ambassade des Etats-Unis à Alger et les scouts musulmansalgériens ont lancé un concours national d’écriture destiné aux jeunes Algériens. Toutesles personnes intéressées ont été conviées à rédiger un article portant sur le dialoguedes religions.Beaucoup d’écrits (en arabe, en français et en anglais) provenant de toute l’Algérie sontparvenus à l’ambassade. Les prix ont été décernés le jeudi 10 Décembre. Le 1 er prix estrevenu à une jeune fille de Aïn Sefra, Amel Amier, 17 ans, lycéenne. Le texte, publié iciavec l’autorisation de l’auteur et de sa famille, a été écrit en langue arabe. La traductionfrançaise est de Jean Toussaint, membre du jury du concours.10Le regard d’Amel sur son père etson grand-pèreLa ville d’Aïn Sefra se trouve dans la wilaya de Naama,dans le Sud Ouest Algérien, à près de 900 kmsd’Alger. Cette petite ville, réputée pour la beauté deses sites naturels, a connu une continuité d’habitatqui remonte à très loin : les gravures rupestres etd’autres vestiges attestent la présence de l’hommedans la région depuis l’âge de pierre.D’après ce que m’a raconté mon grand-père, queDieu lui donne longue vie, durant la période coloniale,la ville débordait d’habitants d’origines différentes:les Européens (ou les Roumis comme les appelaitmon grand-père, en relation avec les Romains selonmoi) et aussi une minorité juive, qui exerçait sesactivités spécifiques dans le domaine commercial etl’artisanat. Les Juifs achetaient et vendaient tout : lagraisse, la poterie, les grains, les denrées alimentaires,la laine, etc. Bien que minoritaires par rapport auxEuropéens, ils avaient pu imposer leur présence. Ilsavaient un quartier au centre de la ville dénommé‘le chemin des Juifs’, appellation que les habitantscontinuent à utiliser jusqu’à nos jours.Mon grand-père m’a parlé d’un commerçant juif quiétait très connu dans la ville et les alentours. Sonnom était Siméon et les gens l’appelaient Siméon leJuif. Il avait d’excellentes relations avec les habitantset les bédouins nomades. Il prêtait aux gens del’argent. C’était surtout le lundi, jour du marchéhebdomadaire, qu’il faisait affaire avec les nomades.Mon grand-père m’a raconté qu’au moment où ilquitta la ville, il rassembla certains habitants et leurdit les larmes aux yeux : « J’ai beaucoup aimé cetteville et ses habitants. Et j’ai pensé que le seul moyend’exprimer mon amour et ma reconnaissance à votreحوار األديانكما أراه و كما عايشه جدي...‏بقلم الطالبة : آمال عميّرتقع مدينة العين الصفراء بوالية النعامة في الجنوب الغربيالجزائري على بعد 900 كلم تقريبا من الجزائر العاصمة،‏ وقد عرفتهذه المدينة الصغيرة بما تتمتع به من جمال في الطبيعة وموقع جغرافيمتميز ، استقرارا سكانيا يعود الي حقب تاريخية ضاربة في القدم،‏ ذلكأن الرسومات الموجودة في الصخور المنقوشة ومختلف اآلثار تثبتوجود إنسان قديم في المنطقة منذ العصور الحجرية األولى.‏خالل العهد االستعماري كانت البلدة حسب ما رواه ليجدي أطال اهلل عمره زاخرة بالسكان من مختلف األجناس واألعراق،‏كان يسكنها االوروبيون ( أو الروميون كما كان يسميهم جدي،‏ نسبةالى الرومان كما أظن ) وكانت تسكنها أيضا جالية يهودية،‏ واليهود كماحدثني جدي كانوا نشطين في أعمالهم خاصة في المجال التجاري بمافي ذلك الصناعات التقليدية واألعمال الحرفية،‏ كانوا يشترون ويبيعونكل شيء : السمن ، الفخار ، الحبوب ، المواد الغذائية ، الصوف...‏الخ،‏ ورغم أن اليهود كانوا أقلية بالنسبة الي الجالية االوروبية،‏ لكنهماستطاعوا أن يفرضوا وجودهم،‏ وك ان لهم حي في وسط البلدة يسمى‏»درب اليهود « الزال سكان المدينة يطلقون هذه التسمية على هذاالحي حتى يومنا هذا،‏ وقد حدثني جدي عن تاجر يهودي كان معروفافي البلدة و المناطق المجاورة،‏ كانت له عالقات متميزة مع سكانالبلدة ومع البدو الرحل ويدعى « سيمون « ويطلق عليه السكان «سيمون اليهودي »، كان يعير الناس النقود،‏ وكان يتعامل خاصة معالبدو خالل يوم االثنين من كل أسبوع وهو موعد السوق األسبوعي.‏ولقد حدثني جدي أنه في لحظة مغادرته البلدة ، جمع بعضا من


égard, c’était ce registre. » Puis il saisit un grand registre etleur dit : « Ce registre contient la liste de ceux auxquelsj’ai fait des prêts et les montants qu’ils me doivent. Jevais le déchirer devant vous.» Et il le déchira vraimentà la stupéfaction des habitants. Puis il quitta la ville sansretour. Les habitants racontent encore aujourd’hui cefait avec admiration.Au centre de notre ville se trouve un cimetière juif, àproximité du cimetière chrétien. Quand je passe devantet que je vois les tombes, leur état m’attriste beaucoup,car ce sont des repères et des vestiges qui racontent unepériode importante de l’histoire de l’Algérie.Mon grand-père m’a dit : « Les gens vivaient en totaleharmonie entre eux. Ils se respectaient les uns lesautres et respectaient la religion les uns des autres.Le Chrétien pratiquant se dirigeait vers l’église, le Juifvers sa synagogue et le Musulman vers sa mosquée.Quand ils se rencontraient, ils se saluaient dignement etrespectueusement ».Il y avait un centre de formation professionnelle tenupar les Pères Blancs, où ils enseignaient les métiersaux enfants des Musulmans. Ils n’interféraient jamaisdans leurs croyances religieuses. Dans la classe, ontrouvait l’élève français, allemand, africain, arabe, kabyle.Ils étudiaient ensemble, se rencontraient, blaguaient etdiscutaient de leurs études. Mon grand-père m’a cité lesnoms de beaucoup d’élèves de la ville qui ont étudiédans ce centre et sont devenus ingénieurs, médecins etcadres de l’Etat.Du plus profond de mon cœur, j’aurais voulu me trouverdans une classe rassemblant des élèves de toutes lesnationalités. Nous aurions échangé des idées, appris lesuns des autres et discuté loyalement. Mais je me suisdit : « Ce n’est qu’un rêve qui ne se réalisera jamais ».Quand j’ai présenté cette idée à mon père il m’a dit :« Ce que tu penses être un rêve est un fait réel dansles pays développés, surtout aux Etats-Unis, où viventdes ethnies de différentes régions du monde, chacundans son domaine de travail et d’intérêt. Quelle que soitson origine ou sa religion, chacun peut parvenir le plusloin possible, grâce à sa détermination et à son effort ».Mon père m’a cité des personnes de notre ville quisont maintenant professeurs d’université, médecins oucommerçants prospères.Je me suis aussitôt souvenue du président Obama, leprésident actuel des Etats Unis, de la façon dont cethomme d’origine africaine a pu parvenir à la plus hautefonction politique. Ce sont des gens de toutes les ethnieset de toutes les religions qui l’ont élu, sans discriminationni racisme et c’est peut-être – m’a dit avec assurancemon père – le plus grand secret qui se cache derrière lagrandeur et la domination de l’Amérique et son accessionau rang de première puissance dans le monde.السكان وقال لهم والدموع تتساقط من عينيه : ‏»لقد أحببت كثيراهذه البلدة وأحببت سكانها،‏ ولقد فكرت أن الشيء الوحيد الذيأعبر فيه عن حبي و عرفاني لكم هو هذا السجل ، ثم امسكسجال ضخما وقال لهم : ‏»هذا السجل يتضمن الئحة بأسماءالسكان الذين منحتهم قروضا وعليهم ديونا والمبالغ المستحقةعليهم ، سأمزقه أمامكم »، ومزقه فعال أمام دهشة السكان ،ثم غادر البلدة دون رجعة.‏ وهو موقف ال زال السكان يرددونهبإعجاب الى يومنا هذا.‏في وسط بلدتنا تتواجد مقبرة لليهود،‏ مجاورة لمقبرةالمسيحيين ، عندما أمر من أمامها وأشاهد القبور أحزن كثيراللوضع الذي أصبحت عليه اليوم ، ألن هذه المقابر هي معالموآثار تحكي حقبة مهمة في تاريخ الجزائر .قال لي جدي:‏ أن الناس كانوا يعيشون في انسجامتام بينهم ، يحترمون بعضهم البعض ويحترمون ديانات بعضهمالبعض،‏ المسيحي المؤمن يتوجه الى الكنيسة ، واليهودي يتوجهالى جامعه والمسلم الى مسجده،‏ وكانوا عندما يلتقون فيما بينهميحيون بعضهم بوقار واحترام.‏وكان هناك مركز للتكوين المهني يشرف عليه اآلباءالبيض،‏ والذينكانوا يعلمون فيه أبناء المسلمين المهن والصناعاتالحرفية ولم يكن يتدخلون أبدا في معتقداتهم الدينية . في القسمتجد التلميذ الفرنسي،‏ األلماني ، اإلفريقي ، العربي ، واالمازيغييدرسون مع بعضهم ، يلتقون،‏ ويضحكون ويتنافسون في الدراسة،‏وقد ذكر لي جدي أسماء الكثير من التالميذ من سكان البلدةالذين درسوا في هذا المركز وأصبحوا مهندسين وأطباء وإطاراتفي الدولة .تمنيت من أعماق قلبي لو أنني تواجدت في قسميضم تالمذة من كل الجنسيات نتبادل األفكار،‏ نتعلم من بعضناالبعض،‏ ونتنافس تنافسا شريفا،‏ ولكن قلت في نفسي : أن هذامجرد حلم لن يتحقق أبدا.‏ وعندما عرضت على أبي هذه الفكرة، قال لي : أن ما أتصوره حلما،‏ هو أمر واقع في الدول المتقدمة،‏خاصة في الواليات المتحدة االمريكية،‏ حيث تعيشأجناس وأعراق من مختلف بقاع العالم ، كل واحد في مجال عملهواهتمامه ، بإمكان أي واحد مهما كانت أصوله وديانته ، أن يصلبعزمه و اجتهاده الى أبعد مدى،‏ وقد ذكر لي أبي أسماء من بلدتناهم اآلن دكاترة جامعيون،‏ وأطباء وتجار ناجحون .وهنا تذكرت في الحال الرئيس ‏»اوباما«‏ الرئيسالحالي للواليات المتحدة االمريكية كيف استطاع هذا الرجل ذواألصول االفريقية أن يصل الى أعلى مرتبة سياسية على اإلطالق،‏وقد انتخب عليه الناس من كل األجناس ومن كل الديانات دونDIALOGUE11


12DIALOGUEتمييز أو عنصرية ولعل هذا هو قال لي أبي واثقا السر األكبر وراءعظمة وتفوق أمريكا ونيلها صفة الدولة العظمى األولى في العالم.‏في سنة 2005 توفي ببلدتنا األب كوميناردي،‏ وهو رجلدين مسيحي عاش بيننا وكان معروفا لدى الجميع ، فقد كان األوروبيالوحيد بين سكان جميعهم مسلمون،‏ وقد كان يحظى لديهم باحتراموتقدير كبير،‏ فقد كرس حياته لفعل الخير ومساعدة الناس البسطاءواألخذ بيدهم،‏ حيث كان يذهب مساء كل يوم الى المستشفى،‏محمال بالجرائد والحلوى وأشياء أخرى للمرضى،‏ وكان يعد في شهررمضان برنامجا مع عدد من السكان،‏ يحضرون له يوميا الفطور ليحملهالى مرضى المستشفى،‏ وقد قال لي أبي أن السكان كانوا يتسارعونلتسجيل أنفسهم في قائمة المحسنين التي كان يعدها.‏عرفت األب كوميناردي صغيرة عندما رافقت أمي الىالمستشفى وهي تضع مولودها،‏ فقد حمل إلينا الحلوى ووزع عليناابتسامته ومواساته ألمي ودعائه لها بالشفاء العاجل،‏ كما كان يفعل معجميع المرضى.‏كما اذكره وأنا تلميذة في المتوسطة عندما رافقت أبيالى قاعة السينما حيث أقيم احتفال بمناسبة مرور أربعينية وفاته،‏ وقدرأيت القاعة مكتظة بالحاضرين،‏ يستمعون الى رجال دين مسيحيينجاءوا خصيصا لهذه المناسبة،‏ كما استمعت الى شهادات السكانمن مختلف المستويات كان هناك كتاب،‏ مثقفون وأساتذة ومواطنونعاديون،‏ فقد كان األب كوميناردي يهتم الى جانب األعمال الخيريةباألبحاث في ميدان التاريخ ، وقد قال لي أبي أنه بات مرجعا أساسيافي كتابة التاريخ القديم للمنطقة،‏ ال يمكن ألي باحث أو مؤرخيرغب في البحث عن تاريخ العصور الحجرية األولى بالمنطقة،‏ إال أنيستشيره،‏ حيث كان يحتفظ في مكتبته بمختلف أنواع اآلثار والوثائقوالصور والمخطوطات،‏ وقد اختتم اللقاء بدعاء ديني من الجانبينووقار.‏


13Migrants sub-sahariens enDOSSIERAlgérieDossier préparé par l’équipede Rencontre et Développement à Alger


DOSSIERL’immigration en Algérie,une réalité prégnantepar Ali Bensaâd14Inédite et occultée dans le discoursofficiel, l’immigration, provenantessentiellement des régions africainesau sud du Sahara, s’affirme pourtant,aujourd’hui, comme un fait sociétalmajeur en Algérie. Alors qu’elle estbeaucoup plus médiatisée comme mobilité detransit se destinant à l’Europe, sa réalité est plutôtcelle d’un mouvement qui concerne d’abord etessentiellement le territoire algérien, notammentle Sahara, où son inscription, durable, est antérieureà l’attraction européenne apparue seulementrécemment, au milieu des années 90.Mais cette réalité sociétale nouvelle s’affirme enAlgérie alors que celle-ci est en même temps lelieu de développement de migrations irrégulièresde ses propres citoyens (harragas). Ces migrations,irrégulières et aventureuses, prennent desformes spectaculaires par la dangerosité de leursitinéraires et l’explosion du nombre au point dedevenir un facteur de déstabilisation et, par effetde « retour de bâton », se trouvent prises dansl’étau de la répression déployée par les maghrébinscontre les migrants subsahariens. Un des résultatsparadoxaux de cette répression maghrébine estqu’elle se retourne d’abord contre ses proprescitoyens comme l’illustrent les nombreux jeunesdétenus algériens dans les prisons tunisiennes oulibyennes et les morts en nombre croissant enraison d’itinéraires toujours plus dangereux.Autant que par ses effectifs, c’est par sa présencecroissante et de plus en plus diversifiée sur le terrainéconomique que s’affirme et se vérifie la réalitéde l’immigration subsaharienne au Maghreb. Si sonpoids est indéniable et visible au Sahara où elleconstitue une part essentielle de la main d’œuvre,elle s’étend désormais à tout le territoire dont lesmétropoles littorales les plus importantes.L’Algérie face à un problème sociétal et unealtérité inéditsPourtant, malgré l’évidence de sa présence, cetteimmigration est reléguée à l’informalité, voiremême niée. L’attitude des autorités, oscillantentre tolérance et répression, est caractériséepar une ambiguïté, notamment concernant lestatut légal, avec pour conséquence l’aléatoire etla fragilité extrême des conditions de séjour avecnotamment tracasseries policières, chantage desemployeurs et surtout montée de la xénophobie.Celle-ci trouve autant écho chez les officiels quilégitiment leur implication dans les opérations derépression demandées par l’Europe en présentantla société algérienne comme victime de fluxmigratoires et l’étranger comme une menace, quechez les populations perméables à ce discourscomme le reflètent les « chasses à l’émigré » de2005 à Oran, ou même de réguliers articles de lapresse indépendante. La stigmatisation du migrantafricain s’ancre également dans une mémoirehistorique collective qu’elle réactive, renvoyantà cette période du commerce transsaharien quia structuré, pendant plus d’un millénaire, lesrelations entre monde arabo-berbère et mondenégro-africain et où le commerce des esclaves,vecteur essentiel, a structuré les imaginaires etles représentations comme l’illustre la désignationdes migrants par la réactivation des expressionsAbd (esclave) ou Soudani (noir, du pays des noirsle «bilad soudan», la partie d’Afrique de l’Ouest oùs’était déployé ce commerce transsaharien arabe).La xénophobie à l’égard des migrants africainsrévèle la pérennité de mécanismes mentaux quicontinuent à alimenter l’ostracisme à l’égard mêmedes populations autochtones noires, d’ascendanceen général servile, et font vaciller le mythe del’homogénéité socioculturelle des populations quiest pourtant un des tabous les plus intouchablesen Algérie.Un cosmopolitisme inattenduAlors que l’Algérie est, par effet de retour del’onde de choc produite par la colonisation,gagnée depuis l’indépendance par un monolithismeculturel et religieux qui a évacué toute dimensioncosmopolite, les migrations subsahariennesréintroduisent un cosmopolitisme par la marge,celui de l’africanité qui, tout en se présentantcomme une altérité radicale, a pourtant beaucoupde points de contacts avec les sociétés localesen présentant par beaucoup de ses aspects unedimension sédimentée dans la culture localemaghrébine (chants, rituels religieux populairesetc.).Mais l’effet le plus inattendu de ce cosmopolitismeest le retour (ou l’introduction) de la languefrançaise (et anglaise) et de la religion catholique


DOSSIERphoto nature et culture(et protestante). Cet effet s’exprime déjà dans laréactivation des Eglises, réduites jusque-là à des« présences de témoignage », renflouées par laprésence des migrants en majorité chrétiens. Dansun Maghreb crispé identitairement, la présence deces migrants dans le paysage culturel et cultuelmaghrébin devient un facteur de décrispation et,en multipliant les prismes de l’altérité, rompt le«face à face» avec l’Occident, miroir unique au seulregard duquel se structurait l’interrogation sur soiau Maghreb.Une approche sécuritaire génératrice detensionsAlors que la question migratoire a toujours été unenjeu très sensible des relations euro-maghrébines,la présence de migrants subsahariens au Maghrebajoute des nœuds de crispation supplémentaires.Les pays maghrébins, dont l’Algérie, organisent lesrefoulements de migrants, directement assistéspar les polices européennes dans la surveillancedes flux migratoires, transformant le Sahara en unesorte de limes où ils jouent le rôle de « sentinellesavancées » et en font un moyen de marchandageavec les pays européens.L’impasse des politiques répressivesLa multiplication des dispositifs répressifs n’a pasréussi à juguler les tentatives de migration maisseulement à en accroître les risques : un consensusest établi sur la démultiplication du nombre demorts depuis 2006.Pourtant, le mouvement migratoire, même s’ilconnaît localement et ponctuellement des refluxet s’il est obligé de s’adapter continuellement pardes changements d’itinéraires, reste malgré toutglobalement stable, en croissance continue, ets’installe dans la durée malgré les vagues derépression. Avec une ténacité hors du commun, lesmigrants réussissent à forcer les points faibles dudispositif à travers les micro-territoires avancés del’Europe sur les marges du continent africain (Ceutaet Melilla, îles Canaries, Lampedusa, Malte), révélantautant une particulière capacité d’adaptation,remarquable de la part d’un mouvement spontanéet atomisé, que le caractère déterminé et agissantdes migrants comme acteurs à part entière deleur destin au prix du risque conscient de la mort.Une détermination qui a généré un «désordre»utile et salutaire sur la scène internationale etqui a autant secoué les opinions publiques queles responsables européens, remettant la questiondes mobilités dans les agendas internationaux.Ainsi les trois événements diplomatiques les plusimportants de cette décennie en Méditerranée (laconférence euro-africaine de Rabat en 2006, cellede Paris en 2008 et le sommet de l’Union Pourla Méditerranée) ont eu pour thème la questionmigratoire. Bien sûr l’approche reste répressivemais ces conférences ont dû faire écho, mêmedéformant et amorti, à la tragique question dudroit à la mobilité.Le monde se transforme donc aussi « par le bas »,par « l’interstice », par l’action des exclus. Il n’estpas de tragédie qui ne soit aussi une espérance.Ali BENSAÂDL’auteur est géographe, maître de conférences àl’université de Provence et chercheur en délégationCNRS au Centre Jacques Berque de recherche ensciences humaines et sociales (CJB). Il travaille surles mutations de l’espace saharien et la place de cedernier dans le système relationnel international,notamment au travers des migrations et deséchanges entre monde arabe et Afrique noire.15


DOSSIERSur les pas de SamuelComment témoigner, sans se perdre, de laréalité multiple et complexe de la migration enAlgérie. Nous avons fait le choix de suivre lespas de Samuel, d’accompagner un bout de sonhistoire...16C’était en janvier 1999, Samuel traversaitpour la première fois la frontièrealgérienne et se retrouvait à Tamanrasset.Il avait quelques semainesauparavant fui le Cameroun, du jourau lendemain, menacé par les autorités de son payspour sa présumée adhésion à un parti politique d’opposition.Son histoire est tout à la fois bouleversante et banale.Samuel aurait pu être libérien, congolais, tchadien, somalienou nigérian, il est le visage d’une nouvelle composantedans la mosaïque de la société algérienne,celle du migrant urbain subsaharien.Pourquoi quitter son pays, ce que l’on y a construit, sa‘‘Samuel, dix ans d'Algérie, hospitalisé depuis neuf mois’’famille ? Comment l’exil devient-il une solution pournombre de personnes ?Outre la guerre, et à l’heure de la récente médiatisationdes réfugiés climatiques, c’est la misère économiquequi prévaut le plus souvent dans les critèresexplicatifs du phénomène migratoire. Cette approchedemeure pourtant trop partielle. Elle requiert uneprise en compte plus globale, à travers un prisme dynamique.Ce qui provoque le plus souvent au départ,c’est le sentiment d’une totale impuissance à faireévoluer sa situation, à l’intérieur d’un environnementsocial et politique gangrené généralement par l’autoritarisme,l’arbitraire et la corruption, et qui empêchetout projet et perspective d’avenir.Cela se vérifie en Algérie comme ailleurs. Les migrantsne sont pas les plus pauvres de leur pays d’origine. Cesont le plus souvent des personnes scolarisées,parfois diplômées, qui ont dû mobiliser un certainnombre de ressources matérielles, financières,psychologiques, afin de concrétiser leur départ.photo N JSamuel a effectué une demande d’asile auprès duHaut Commissariat pour les Réfugiés d’Alger maisil reste pour l’instant en situation irrégulière. Safuite précipitée lui a fait suivre la route communeà ceux qu’Etats et organismes internationauxcherchent à distinguer : les réfugiés politiques etles migrants économiques. Il s’est rendu vers lenord du Cameroun pour rejoindre le Nigéria, grâceà un laissez-passer délivré moyennant financespar un douanier, puis il a atteint le Niger avant depayer «une voiture clando qui passe par le désertpour rejoindre Tam».Tamanrasset, Ghardaïa, Adrar, villes de transit duSud algérien où de nombreux migrants s’arrêtentquelques semaines, quelques mois, afin le plussouvent de financer la suite de leur voyage. « ATamanrasset, j’ai fait six mois, j’ai trouvé la communauté,d’autres noirs, je me suis débrouilléavec des petits boulots, j’ai fait mes économiescomme tout un chacun pour continuer la route,pour avancer» assure Samuel.D’autres, maliens notamment, s’y installent pluslonguement et effectuent de brefs et irréguliers


17allers-retours «au pays».La plupart des migrants rejoignent alors les grandes villesdu littoral, Alger, Oran, Annaba, avec, pour beaucoup,l’espoir de gagner les côtes européennes.Mais la politique de fermeture de l’Europe amène lespays du Maghreb à dresser des barrières législativeset frontalières pour limiter la mobilité des migrants,contraints à une sédentarisation forcée. Ils «atterrissent»alors généralement en périphérie des villes, se regroupentpar communauté et louent des «pièces» dansdes immeubles en construction, souventexposés aux intempéries, parfois sanseau ni électricité.Chacun tente alors de trouver des solutions,toujours précaires, toujours éphémères,aux problèmes et besoins duquotidien. « L’ordinaire de chacun, c’estse lever, trouver du travail, aller se débrouiller,et revenir le soir dormir mêmesi c’est les papiers journaux que tu déchirespour faire un matelas. Tu sais, pourarriver là, on a traversé la misère, on estdéjà habitué à ça.»Les hommes se font embaucher commejournaliers pour des petits travaux(construction, entretien), parfois ilsparviennent à intégrer un gros chantier(ponts, autoroutes ) pour quelquessemaines. Les femmes elles tentent detrouver une famille algérienne pour destâches ménagères, ou vendent des platscuisinés au sein de leur communauté.D’autres créent leur propre activité en improvisant,comme Djibril, un stand de cordonnerie dans les ruellesd’Alger. Dans cette cour des miracles, les femmesseules avec enfants restent les plus exposées et les plusfragilisées.D’une manière générale, les problématiques liées à l’accèsau logement, au travail, à la santé, à la libre circulationjonchent le quotidien des migrants subsahariens,qui souffrent également du racisme latent : «Au niveaude la population, l’intégration c’est pas facile, beaucoupsont racistes, on est obligés de se cacher, d’être dansle noir comme notre peau.» Et puis il y a cette peurde l’arrestation, qui ne vous lâche pas, avec laquelle onapprend seulement à vivre : « Ici en Algérie, le migrantn’a pas de place, il n’est pas à l’aise, il n’est pas tranquille.Même s’il a un petit boulot, il regarde à gauche à droite,il guette toujours la police.» Le risque est quotidien dese voir arrêter et conduire en prison, comme ce fut lecas pour Samuel qui confie : «J’ai été arrêté par la gendarmerie,j’ai fait quinze jours en prison dans une celluled’accueil, on était une centaine, il n’ y a pas de lits, onte donne une couverture et tu dois te débrouiller dansphoto N.Jle ciment. On était tous mélangés, avec des criminels,des assassins». Samuel a été condamné à six mois avecsursis pour immigration illégale. D’autres se sont retrouvésreconduits directement à la frontière malienne,où les « refoulés» sont déversés par camion au milieudu désert, sans aucune assistance, à Tinzaounten. Onl’appelle la ‘‘quarante neuvième Wilaya du désert’’. Faceà ces situations d’urgence humanitaire, des organismesse mobilisent, tel le service des Eglises Rencontre & Développementou l’association SOS femmes en détresse.Djibril, suivi grâce à son stand ambulant dans les ruelles d’AlgerQue ce soit pour payer des médicaments, scolariserdes enfants, intervenir sur le logement, visiter en prison,soutenir matériellement et psychologiquement. Cesorganisations tentent de pallier les manques des Pouvoirspublics, dans un contexte sécuritaire.Parallèlement, l’engagement solidaire de citoyens algériensparticipe progressivement à l’évolution du regardde la société. Directrices d’écoles, médecins, pharmaciens,simples citoyens activent chaque jour leur réseaude solidarité pour apporter un soutien aux migrants.Ainsi, Samuel, hospitalisé depuis neuf mois dans un hôpitald’Alger, a pu connaître au quotidien ces élans solidaires: «le Dr S. m’a soutenu moralement, elle a étéà mes côtés et a pris en compte ma situation particulière».Depuis quelques années, associations locales et ONGinternationales ont enfin compris qu’il fallait développerune vision globale du phénomène migratoire et amorcentun rapprochement dans une dynamique transnationaleafin d’élaborer collectivement des stratégies dedéfense des droits des migrants.N. J.DOSSIER


18DOSSIER« Les Migrants sont la route de l’Eglise...»e christianisme, lui aussi, est né de migrationsapostoliques, il a tissé des liens etLs’est nourri de la diversité des peuples durantvingt siècles.Depuis 1914, à l’initiative du Pape BenoîtXV, l’Eglise célèbre annuellement la Journéemondiale du Migrant et du Réfugié etrappelle ainsi, de par le monde, ses convictions et sesengagements pour que soient respectés et reconnusdans leurs droits et dignité les migrants, les réfugiés,les demandeurs d’asile et tous les hommes et femmesde la migration.Ainsi, comme le rappelait Mgr Agostino Marchetto, «Ilest nécessaire de reconnaître la personne humaineet sa dignité comme le fondement de la civilisationet du développement, tâche à laquelle nous sommestous appelés, en commençant par l’Eglise. Les autoritésdes Etats doivent écouter la voix de ceux qui sontexclus de la société et reconnaître chaque personnehumaine comme membre de la société mondiale, avecle droit d’occuper un espace digne et de contribuerpar sa présence et son travail au bien commun.»Cette volonté, qui transparaît dans l’instruction «Ergamigrantes caritas Christi» (2004), a été réaffirméelors du dernier Congrès mondial de la pastorale desmigrants, qui préconise de développer et d’étendre lacoopération de l’Eglise avec les gouvernements, lasociété civile et les autorités locales et cherche à promouvoirle concept «d’autorité politique mondiale.»En effet, pour l’Eglise, en ces temps de mondialisationet de mobilité humaine, la perspective du «bien commununiversel» si souvent rappelée par Jean-Paul IIdoit devenir l’horizon de toute initiative législative etde toute action politique. «Pour le chrétien, le migrantn’est pas simplement un individu à respecter selondes normes fixées par la loi, mais une personne dontla présence l’interpelle et dont les besoins deviennentun engagement dont il est responsable :«Qu’as-tu faitde ton frère ?» La réponse ne doit pas être donnéedans les limites imposées par la loi, mais dans l’optiquede la solidarité. «C’est dans cet esprit que L’Eglisetente, parce que les migrants sont sa route, d’éduquerà la mondialisation de la solidarité, et de changer leregard porté sur l’autre, car s’il est vrai qu’il n’ y a pasde rencontre avec l’étranger sans confrontation avecl’altérité, nous découvrons finalement que l’autre,l’étranger, est notre véritable «voyage», celui qui nousappelle à toujours faire le chemin pour sortir de nosbulles, des frontières qui nous enferment.» 1N. J.1.Jean-Paul II,Message pour la journée mondiale du Migrant et du Réfugié,1996.2.Mgr Lacrampe,Homélie pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié,2006.


19Un jalon sur la routeComment je me situe dans cette réalité desmigrants ? Je suis un jalon sur la routedes migrations, situé sur l’axe Mali-Algervia Adrar.L’engagement premier c’est d’être là, disponible,ouvrir ma porte, accueillir l’inconnu, écouter,donner le pain, le café et le sucre et le lait et l’eau...Souvent accompagner à la pharmacie via le docteur oul’ophtalmologue... Parfois l’hôpital. Partager quelquesmots... accompagner au car pour Gao via Reggane etBordj el Mokhtar.Je souligne que cela n’a rien d’extraordinaire. C’estun service d’humanité, c’est tout. La vie est dure pourles pauvres, qui plus est pour les migrants. Cette dureloi de la vie me demande de tendre la main à celuiqui est dans la souffrance, même si parfois il y a desratés car la pauvreté pousse à des actes qui ne sontpas naturels.Ce dont je suis certain, c’est que depuis l’Incarnationle divin est dans l’humain et toute humanité est divine.En tant qu’homme de foi, j’espère, je recherche ce Dieuqui s’est faithomme enJésus. CeJésus quinous a montrécommentêtrehomme,pleinementincarné. Jerechercheson humanitédans cettemisère,hélas tropconcrète etréelle. Parfoisje me dis que si Jésus revenait il irait en centre derétention avec ses frères migrants.Philippe DUPONT, mdf, prêtre à AdrarJ’étais en prison, et vous m’avez visitéCela fera bientôt vingt ans que je visite régulièrementles détenus d El Harrach etde Tizi - Ouzou. Ils sont nombreux venantdes pays africains, mais il y en a égalementdes continents européen, asiatiqueou américain. Malgré mon expérience, etmême ma formation pour ce genre de pastorale, avantchaque visite je me sens stressé, un peu déstabilisé devantla tâche difficile qui m’attend pendant une à deuxheures « derrière les barreaux ».Qu est-ce que je vais répondre à leurs multiples questions? Comment donner une parole d’espoir à ceshommes et ces femmes se trouvant souvent dans uneimmense détresse ? Comment apaiser leurs angoissesface à ce qui leur semble parfois un destin ? Souventils ont le sentiment d’être abandonnés, d’être mauditspar l’humanité, de n’être aimés de personne !Chaque fois, je préside une prière avec 60 à 80 détenusen plusieurs langues pendant 30 à 40 minutes,mais mes paroles d’encouragement me semblent souventvides de sens devant une telle misère. A la finchacun s’approche avec son « numéro d’écrou » pourque je lui écrive ou pour des questions personnelles :des éclaircissements sur un jugement donné en languearabe, sur la durée de la détention et ses conditions.Mais la plus grande angoisse est d’être emmené deforce au désert et d’y mourir de soif. D’autres demandentdes nouvelles de leur famille, de leur femme oude leur mari et de leurs enfants.Auprès des gardiens et de la direction, j’essaie de plaiderleur cause pour plus de compréhension à leurégard. Assez souvent je rêve de pouvoir les rencontrerindividuellement, mais le temps et l’espace memanquent. Il y aurait là un travail possible pour unaumônier à temps plein. Pour les détenus non africains,européens, asiatiques et américains, c’est encoreplus dur. Le manque d’ intimité et d’occupation utile,la dépendance vis-à-vis des gardiens leur sont particulièrementdures à supporter. Ma visite est appréciée,mais elle est aussi frustrante puisque je ne résous rien.Par contre, peut-être ai-je apporté un petit rayon desoleil d’espoir dans ce milieu monotone de la vie carcérale.Jan Heuft, aumônier des établissements pénitenciersd’El Harrach et de Tizi-Ouzou.DOSSIER


DOSSIER20Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les RéfugiésLe HCR a été créé en 1950 par l’AssembléeGénérale des Nations Unies. Son mandat prévoitde coordonner l’action internationale pourla protection des réfugiés et de chercher dessolutions aux problèmes des réfugiés dans lemonde.La protection des réfugiés incombe en premier lieu aux 140Etats, dont l’Algérie, parties à la Convention de 1951 et/ouau Protocole de 1967. Ceux-ci sont liés par les dispositionscontenues dans ce texte. L’UNHCR, à ce titre, a un rôle desurveillance de la politique d’asile et veille que les réfugiésne soient pas renvoyés contre leur volonté dans des paysoù leur vie risque d’être en danger. Il offre aux réfugiés lapossibilité de commencer une nouvelle vie en les aidant soità s’intégrer dans le pays de premier asile, soit à rentrer chezeux si les circonstances le permettent, soit à s’installer dansun pays tiers.Selon le droit international, un réfugié est une personne qui«craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race,de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à unRencontre et Développement est un service oecuméniquené dans les années 1950 sous le nomde Comité Chrétien des Services en Algérie. Sui-Rencontre et Développementvant l’impulsion du Cardinal Duval, R&D (ccsa)a beaucoup oeuvré à cette époque pour l‘indépendancedes peuples d’Afrique dont l’Algérie.Son conseil d’administration est composé de personnes deconfessions protestante, catholique et musulmane.Ses priorités sont les services aux plus pauvres dont les Algériensen détresse, les réfugiés et les migrants, ainsi que lespersonnes en situation de handicap. Une place importanteest donnée au développement local par le soutien de projets,comme la création d’un centre d’artisanat (à Kouba), un centre«mère et enfants» (à Corso), une ferme ovine (dans lesCamps Sahraouis), un centre aéré de vacances (Alger) et laformation des handicapés auditifs.Rencontre & Développement (ccsa) reçoit près de mille migrants,demandeurs d’asile ou réfugiés subsahariens par anet intervient auprès d’eux en vue d’une aide médicale, matérielleet parfois financière, mais aussi pour la scolarisationdes enfants dont l’admission au sein de l’école publique poseproblème du fait de leur situation juridique, ou pour financercertains retours au pays d’origine avec des aides à la créationde microprojets.R&D (ccsa) a toujours cherché à s’adapter aux nouvelles formesde pauvreté et d’exclusion, se situant sur « les lignes defracture de la société humaine » (expression chère à Mgr Claverie)et proposant des réponses innovantes, dans la mesurede ses moyens et du contexte algérien.Notre structure tente, avec d’autres partenaires, d’alerterl’opinion publique par diverses actions de sensibilisation enRencontre & Développementcertain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouvehors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, dufait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection dece pays...» (Convention de Genève de 1951 relative au statutdes réfugiés, art 1 A 2).L ’UNHCR bénéficie en Algérie d’un accord de siège. Outreles Sahraouis des camps de Tindouf, on dénombre environ140 réfugiés urbains et 190 demandeurs d’asile subsahariens.En théorie, le Bureau Algérien Pour les Réfugiés et les Apatrides(BAPRA) devrait reconnaître la qualité de réfugié àtoute personne ayant obtenu le statut par le HCR. Dans lesfaits, les réfugiés urbains d’origine subsaharienne n’ont pasaccès à leurs droits conventionnellement proclamés. Ils nebénéficient ni de titre de séjour, ni du droit au travail ou del’accès à l’éducation, ni d une couverture sociale, et se trouventainsi en situation irrégulière et exposés à d’arbitrairesarrestations et refoulements.Le HCR poursuit actuellement ses discussions avec le gouvernementalgérien afin que celui-ci se conforme à ses engagementsinternationaux.N.J.La scolarisation des enfants de migrants et réfugiés, unepriorité pour R&Dvue dedéfendre les droits des migrants à l’échelle des continentsafricain et européen.Jan Heuft, Président de Rencontre & Développement (ccsa)R&D (ccsa), 12 bis rue des Frères Meslem, 16000 Alger-Gare, r_d_ccsa@hotmail.comBibliographie: 1/Le Maghreb à l’épreuve des migrations subsahariennes : immigrationsur émigration sous la direction de Ali Bensaâd, Karthala, 20092/Atlas des migrations : les routes de l’humanité3/Hors série Le Monde - La Vie 2008-20094/Revue NAQD: Migrants Migrance El HargaN° spécial 26/27, Revue d’études et de critique sociale5/Petit guide pour lutter contre les préjugés sur les migrants«Assez d’Humiliation» , Paris, CIMADE, 2006/096/Migrations interafricaines, une richesse pour le continentGrain de sel, n°40, 2007/09, pp 11-267/La Question migratoire dans les relations euro-méditerranéenne : entreintégration et obsession sécuritaire


Colloque à Alger sur la liberté de culteLe Ministère des Affaires Religieuses et des Wakfs a organisé uncolloque international sur la liberté de culte, les mercredi 10 et jeudi11 février <strong>2010</strong>, à Dar el Imam, commune de Mohammadia, dans labanlieue d’AlgerdialogueParmi les nombreux participants, on pouvaitnoter la présence de spécialistes algérienset étrangers (Amérique, France, Allemagne,Maroc, Moyen Orient) ainsi que desreprésentants de diverses institutions. Desreprésentants religieux catholiques et protestantsétaient au nombre des intervenants. Ainsi, le premierjour, l’archevêque d’Alger, Mgr Ghaleb Bader, et l’archevêquede l’Eglise anglicane pour le Moyen-Orientet l’Afrique du Nord, Mgr Anis Mouneer Hana, se sontexprimés, et, le deuxième jour, le cardinal Philippe Barbarin,archevêque de Lyon, et le pasteur Claude Baty,président de la Fédération Protestante de France. Lesévêques d’Algérie étaient présents : Mgr Paul Desfarges,évêque de Constantine et Hippone, Mgr AlphonseGeorger, évêque d’Oran, tandis que l’évêquede Laghouat était représenté par son vicaire général,le père Félix Telléchéa. D’autres personnalités étaientprésentes, notamment Mgr Henri Teissier, archevêqueémérite d’Alger, et le père Christophe Roucou, responsabledu Service des Relations avec l’Islam (SRI) del’Eglise catholique de France. Des membres algériensdes Eglises évangéliques et protestantes étaient égalementinvitésMosquée à Timimounet présents,ce qui est ànoter !Le colloque,qualifié d’initiativelouable,courageuse etdélicate quantau thèmeabordé, futouvert par lesmots de paix,de respects o u l i g n a n tque l’Algérieveut la coexistence basée sur l’amour, l’entraide et lafraternité, avec ce rappel qu’il ne sert à rien d’utiliser lareligion contre l’homme et que la religion chrétiennea toujours été accueillie comme une culture !L’Islam, religion de sagesse, de savoir et de respect del’autre, a toujours prôné la coexistence entre les religions(M. Boukhelkhal, Docteur de l’université de Constantine).Le rétablissement de la Paix dans le monde incombe auxreprésentantsdes communautésreligieusesqu’elles soientchrétiennes,musulmanesou juives (MgrTeissier).L’histoire retientque l’Algérie atoujours garantià ses diversescommunautésreligieuses lelibre exercicede leurs cultesrespectifs (leministre B.Ghoulamallah).Photo Bernard MalletCathédrale d’AlgerLes différentes interventions ont abordé des thèmescomme : les références de la liberté de culte – laliberté de culte dans l’histoire de l’Algérie et de sonvécu social - la liberté de l’exercice du culte dans laculture religieuse algérienne, etc. Le tout fut couronnépar la ‘lettre d’Alger’ et l’allocution de clôture duministre, Monsieur Bouabdellah Ghoulamallah.Parmi ces interventions, celle de notre Archevêque,le matin de la première journée, a été une prise de21


dialogue22parole forte qui a marqué le débat. Il souhaitait quece colloque contribue à éclairer des confusions sur ceterrain sensible et à dissiper des malentendus. Je m’attarderaidonc plus sur cette intervention qui aurait pus’intituler « La Liberté de Culte : Entre l’Evangile etl’ordonnance de 2006 ».D’abord, Mgr Bader a mis en avant l’expérience deJésus et sa liberté totale dans ce domaine : sa prièrepublique et privée, sa fidélité à la célébration du culte(sabbat, fêtes…) et son enseignement : sa rencontreavec la Samaritaine où il invite à ‘adorer en esprit eten vérité’, et le texte de l’Evangile (Mt 6) que nousrecevons le mercredi des cendres : ‘la prière dans lesecret’.S’appuyant sur cela, l’archevêque a souligné que laprière est un devoir de foi et un droit du croyantqu’il doit pouvoir exercer librement ; la prière n’estprisonnière ni du temps ni de l’espace. Elle relie nonseulement le croyant à une communauté mais aussi àDieu. Il a aussi souligné la nécessité pour les chrétiensde se rassembler pour le culte en communauté, pourles sacrements.L’Archevêque a fait référence aussi au concile de VaticanII, et au récent Synode pour l’Afrique qui rappellefortement que la liberté de culte n’est pas suffisantepour le respect des droits fondamentaux des croyantset qui réclame pour tout croyant la liberté religieuseet celle de choisir sa foi : La liberté de religion inclut aussila liberté de partager sa foi, de la proposer et non de l’imposer,d’accepter et d’accueillir des convertis. Les nationsqui, de par la foi, interdisent à leurs citoyens d’embrasserla foi chrétienne, les privent de leur droit humain fondamentalde choisir librement leur foi… une telle restrictiondes libertés empêche le dialogue sincère et contrarie uneauthentique collaboration.»Ensuite, Mgr Bader a rappelé quelques passages del’ordonnance de mars 2006, notamment les articles 5,7, et 10 à 15. Il a souligné des points positifs de cetteordonnance, à savoir la reconnaissance d’autres cultesque le culte musulman. Ainsi, la liberté de culte, la toléranceet le respect entre les religions sont garantispar la loi.Cependant, l’Archevêque a aussi émis des réservesvis-à-vis de cette ordonnance, et il a donc posé laquestion de sa modification ou de sa révision. Il a faitétat de la nécessité, pour la célébration du culte chrétien,de la présence de ministres, disant qu’il est de plusen plus difficile d’en faire entrer dans le pays ; il a faitvaloir aussi la difficulté d’assurer le culte aux chrétiensdispersés dans cet immense pays quand il n’y a pas delieux spécifiques, proposant que cela puisse se vivreexceptionnellement dans des salles. A ces questionsposées, une réponse est attendue !Mgr Bader a terminé en voulant rassurer les Algériens,leur signifiant que la pratique du culte chrétien ne serajamais pratiquée pour d’autres finalités que celles dela prière : adorer et louer Dieu ; que rien prières, servicesrendus ne sera contre l’Algérie et ses habitantsmais bien à leur service, à l’éducation des croyants à lapaix avec Dieu et le prochain, à l’amour de Dieu et duprochain, les deux grands commandements de notrereligion.Les questions de la liberté de conscience et desconversions dans les deux religions ont été reprisesdans le débat… Nos questions ont-elles été entendues? Quelles réponses auront-elles ? L’avenir nousle dira !Ce que nous pouvons dire et retenir, c’est la résonanceinsoupçonnée qu’ont eues la parole de notrearchevêque et la présence de l’Eglise à ce colloque.Celle-ci s’est fait entendre ; elle a fait face en affirmantson existence et en donnant son point de vue. Il estbon de sortir du silence ! Ce fut une parole dérangeante,nouvelle, qui a eu des répercussions dans lapresse (surtout arabophone) durant plusieurs jours.Malgré le nombre des interventions (la plupart en arabe),ce colloque s’est déroulé dans une bonne ambiance,détendue, conviviale, permettant aux uns et autresde se rencontrer, de partager, de s’écouter, d’intervenir.Il est important d’être ensemble, de parler avectous sans problèmes. Les contacts personnels qui onteu lieu durant ce colloque peuvent aider beaucoupdans un vivre ensemble, enrichir une connaissanceréciproque. Un participant a souligné que le colloquea aussi permis un rapprochement entre les chrétiensde différentes confessions : ceci ne peut que favoriserl’unité.Les participants sont dans l’ensemble heureux de cecolloque. Ne doutons pas qu’une page de l’histoires’ouvre, nouvelle, donc pleine d’espérance, de possibilités! Demeurons dans cette dynamique même s’ilfaut traverser des épreuves : l’Esprit accompagne toujoursson Eglise.P. Christian Mauvais


23Diocèse d’AlgerVeillée de prière 2009 des étudiants burundaiset rwandais à Ben SmenPPour la deuxième fois, les étudiants chrétiens des communautés burundaise et rwandaise se sontréunis à Ben Smen le 31décembre pour une veillée de prière, dans un esprit de famille. Nous étionsenviron 35 personnes.La veillée s’est articulée sur les points principaux suivants : échanges sur « les attentes de la veillée »,action de grâce et louanges ; partage de la parole biblique, témoignages et prière d’intercessions.(…) Le moment réservé aux témoignages a été très substantiellement riche à travers différentes façons devivre sa foi chrétienne dans un contexte tant social, culturel, qu’académique qui s’inscrit peu ou pas en parfaiteconvergence avec les valeurs chrétiennes. Ce groupe, dont les participants étaient venus de plusieurs wilayas,fût un témoignage vivant d’une famille chrétienne en Algérie.Témoigner du Christ, c’est admettre ses faiblesses et reconnaître la puissance et l’amour de Dieu sanslimite (Jérémie 31,3). C’est contempler l’œuvre du Seigneur en toute sa dimension, c’est une prière et uneadoration.(…) Tous les témoignages ont été d’un grand apport à la veillée pour la qualité multidimensionnelle de l’œuvredu Seigneur qui y était décrite. Nous en avons choisi deux, un de l’ouest et un de l’extrême est du pays !(extrait du compte-rendu fait par Alexis NIBIZI)ACTUALITÉ DES DIOCÈSES(À Dieu) «Tunous appellesà T’aimeren aimant lemonde où Tunous envoies»C’est au sein dema communautéchrétienne àORAN que j’aiappris à aimer le peuple algérien. Nouspartagions souvent sur l’Amour inconditionnelque Dieu nous a manifesté et surtout surnotre vie ici avec ceux qui nous entourent. Ilarrive peut-être à d’autres étudiants commemoi de penser qu’il serait mieux, étant donnéles conditions socio académiques pas facilesqu’ils mènent, de fermer les yeux, se réveillerle jour du diplôme et quitter ce pays. Mais laparole du pardon inconditionnel que Dieunous a manifesté en Jésus Christ m’a étéd’une grande école et d’une révélation sanscommune mesure. Si vous êtes dans ce pays,c’est que Dieu vous veut ici ; alors ‘‘je vousexhorte à aimer, à faire aimer et à prier pource pays, l’Algérie, dans lequel Dieu nous aappelés à témoigner de son Amour’’.Estella GATEGETSEDemandez et vous recevrez, ditle SeigneurAprès l’obtention de ma boursed’études de coopération, j’ai étéorientée à l’Université d’El Tarf dansune filière qui n’était pas de monchoix. Ma préoccupation première aété de trouver comment bien vivrema foi chrétienne dans un milieu que jecomprenais peu et qui me comprenaitencore moins. Depuis, bien que ce soit un exercice pas facile audépart, étant donné qu’il n’y a pas d’église à El Tarf et que l’églised’Annaba (la plus proche) n’est pas d’accès facile, j’y ai mené une vied’apprentissage au milieu de mes frères et sœurs de confession nonchrétienne,et à la longue, peut-être après épreuve de patience et decourage, j’ai réalisé que Dieu entend nos prières et est disponiblepour nous. Alors que je venais de passer mes deux premières annéesà me demander pourquoi Dieu m’avait envoyé dans un tel endroit,comme une réaction divine à mes prières je dirais, une nouvelleétudiante compatriote et chrétienne a été orientée dans monuniversité. Je remercie le Seigneur pour elle et pour ma cohabitationavec les autres que le Seigneur a toujours su assainir.Le Seigneur est toujours à notre écoute et répond toujours à notreprière. Il nous faut seulement de la foi et un peu de patience. Il connaîtnos peines de chaque jour.Grand merci à vous chers lecteurs, soyez bénis !Hyacinthe INGABIRE


ACTUALITÉ DES DIOCÈSES24Diocèse d’Oranour nous, trois Petites Sœurs de laPfraternité d’Oran, c’était décidé aprèsun long cheminement entre nous,avec les Petites Sœurs d’Algérie et nosresponsables : nous devions déménager,profitant de l’occasion d’un logement plus grand quenous proposait l’évêché. Cela permettrait d’accueillirdeux Petites Sœurs du Sud assez rapidement. C’étaitvraiment décidé. Mais comment le dire à notreentourage ?La fraternité était rue Brancion depuis 1948.C’est-à-dire très vite après la fondation de notrecongrégation… En vue d’abord d’être une halte pourrejoindre El-Abiodh, où le Père Voillaumeavait fondé la fraternité des frères et oùavec Pte Soeur Magdeleine il accueillait lesPetites Sœurs pour la formation spirituelle.Elles repartaient ensuite aux quatre coinsdu monde… Dans ce quartier, dans cettefraternité, combien de Petites Sœurs sontpassées ! Puis, la formation se donnantà Rome, c’était devenu une plus petitefraternité… Maison partagée avec troisautres locataires… Vie de travail : centrede santé, atelier de pantoufles, bureau,bibliothèque… Vie à la maison comme lesfemmes autour de nous… Vie de contacts :les femmes célibataires du foyer en basde la rue qui aimaient monter chez nous,rencontres aussi avec celles qui vivent dansla rue. Au long des années, on a beaucouppartagé dans ce quartier, on a pleuré quandun être cher partait, on a vécu les joies desnaissances, les fêtes, les disputes aussi, lesréconciliations le jour de l’Aïd… La vie aujour le jour ! Comment dire tout ce qui ahabité et habite encore notre cœur, notre prière…Et voilà, un soir la date est fixée. Il reste une petitesemaine et on n’a encore rien dit aux plus proches…On va à deux, on est plus fortes… Ça fait mal à eux,à nous… On dit les vraies raisons… On se ressaisitet on entend la sagesse parler par Khadra, l’amie desPetites soeurs de Jésuspremiers jours (grand-mère maintenant, connue jeunemaman par les plus anciennes) : « C’est bien, PetitesSœurs, que Karima et Lucie puissent venir vivre avecvous. Et puis Garguenta, c’est pas loin, vous viendrezfaire votre marché au Plateau, on ira vous voir !.... »Nous avons vraiment déménagé et presque aménagé…On détend les cordages… On agrandit notre tente…On a le cœur plein de reconnaissance pour ceux quiont réinstallé notre nouveau Nazareth. Petite SœurKarima est arrivée d’El Abiodh, Petite Sœur Lucie atout suivi depuis « Ma Maison » chez les Petites Sœursdes Pauvres et elle sera bientôt avec nous.Nous savons aussi que c’est un nouvel envoi, commeune réactualisation de « Quittant tout, ils le suivirent. »La promesse de Jésus d’être toujours avec nous nenous manquera pas ; de cela nous sommes sûres.Petite Sœur Malika de Jésus


La communauté des Pères Augustinsd’Hippone se renforceAprès delongs moisoù le pèreRaphaëlAbdilla a été seulpour assurer l’accueilà la basiliqueet les multiplestâches de pasteurde ce haut lieu (laseule église visibledans tout l’Estalgérien), la collined’Hippone vient de s’enrichir de deux nouveauxreligieux, les frères Jose-Manuel et Pascual.Âgés de 31 et 33 ans, ils sont originaires du Pérouet ont fait leurs études de théologie à Rome, oùils ont été ordonnés diacres le 31 octobre dernierpour être appelés au sacerdoce dans quelquesmois.Ils sont arrivés à Hippone le 12 décembre dernier,jour de la fête de Notre-Dame de Guadelupe, unegrande fête sur leur continent.Venant d’un pays traditionnellement chrétien,leur dépaysement a été complet et leurs premierscontacts avec l’Algérie très contrastés, entre leurpremière messe avec le petit nombre des chrétiensde la paroisse, qui leur a plutôt fait penser àJésus abandonné, et la fête de Noël où la basiliquedébordait de quelques 700 personnes, de toutes leslangues et de tous les continents.Ils ont aussi très vite pu prendre conscience de lamission originale d’une Église très minoritaire àl’image de « l’Enfant Jésus né dans le dénuement,venu habiter parmi les hommes pour nous manifesterl’amour du Père ».Ils auront à cœur d’approfondir et de nous fairegoûter le charisme de saint Augustin dont leurordre s’inspire. Et ils nous proposent commecadeau d’arrivée cette parole forte du Docteur deDiocèse de Constantine et Hipponel’Amour (dans le Commentaire sur l’Évangile desaint Jean 26,4) :« Donne-moi des personnes amoureuses ; ellessavent ce que je comprends. Donne-moi ceux quiaspirent, donne-moi ceux qui ont faim, donne-moiceux qui marchent loin dans le désert, qui ontsoif et aspirent à la source de la patrie éternelle.Donne-moi ce type de personnes : elles sont cellesque je comprends. Mais si je parle à des personnesfroides, elles sont incapables de me comprendre. »Une session pour les enfantsAprès le week-end où les amis de saint Augustin ontpréparé la fête de Noël, huit de leurs enfants se sontretrouvés à Skikda pour continuer cette préparation à leurmanière : Ils se sont lancés dans le travail de la glaise et ontpu méditer, tout en préparant des santons pour la crèche,sur les rapports entre l’argile et le potier. « Nous sommesl’argile ettu es lepotier »fut donc lerefrain desquatre joursde leurrencontre.« Commel’argile selaisse faire...entre lesmains agilesdu potier,ainsi monâme selaisse faire...Ainsi mon coeur te cherche toi mon Dieu. »...Les après-midi, où ils se sont dépensés entre la montagneet la mer déchaînée (qui leur a rappelé le périple duprophète Jonas !), leur ont permis d’admirer la grandeur dela création et de deviner l’amour du Créateur. Ils ont étéaussi très contents de se faire de nouveaux amis.ACTUALITÉ DES DIOCÈSES25


ACTUALITÉ DES DIOCÈSES26Le P. René Le Clerc Missionnaire d’Afrique (pèreblanc) nous a quittés le 21 janvierNous évoquons ici quelques traits de cette figureattachanteNé en France près de Nantes en 1925,ordonné prêtre en 1951, le Père Renéa vécu la plus grande partie de sa vie auSahara, spécialement à El Goléa.En 1976, après la nationalisation du Centre deFormation Professionnelle des Pères Blancs, lePère accepta de rester seul pour assurer le servicepastoral de la petite communauté chrétienne de celieu.Sa passion pour la préhistoire put alors devenir«vocation » : celle de chercheur en paléontologie eten préhistoire. Une petite pierre aussi originale quelui, ramassée un jour sur le bord de la route (elle estdans le musée) semble à l’origine d’une curiosité quine s’est jamais éteintePour autant le P. René n’avait pas mis sous leboisseau sa vocation de prêtre : « Chercheur depierres », il était aussi et surtout « chercheur desens ». Le Père René avait une foi bien enracinée,qu’il partageait dans ses courtes homélies matinaleslors des eucharisties célébrées dans la communautédes sœurs.Il nourrissait sa foi dans la prière et la lecture. Lesnombreuses revues auxquelles il était abonné entémoignent. Concilier « Science et Foi », « Créationet Evolution » était au centre de cette quête desens. Un soir (peu de temps après la découverte de« Lucy», l’une de nos « ancêtres », au Kenya) le PèreRault lui demanda comment il unifiait ces « deuxvocations ». « Vois-tu, lui dit-il, le continent africainest traversé par une grande faille géologique quipart d’une extrémité de l’Afrique à l’autre, et qui seprolonge jusqu’en Asie en passant par la Palestine. Làest le berceau de l’homme, et c’est dans cette faillequ’a été plantée la croix de Jésus. C’est là que sesont joués le destin et le salut de l’humanité. C’est làque nous trouvons le sens de la vie.» Réflexion quiDiocèse de Laghouat - Ghardaïaen dit long sur le lien entre sa vocation de prêtre etde chercheur, sur cette unité profonde qui l’animait.Affable, aimable, plein d’un humour toujours enéveil, il connaissait grands-parents, parents, enfantset petits enfants d’un nombre impressionnantde familles d’EI Menea. Son amour de l’humanitéprenait ses racines dans la profondeur de savocation. Sa silhouette massive, son pas devenuhésitant vont manquer au paysage humain d’EIMenea (nouveau nom d’El Goléa). Homme parmiles hommes, chercheur passionné du sens del’humanité, il a rejoint tous ces chercheurs qui ontenfin trouvé. Teilhard de Chardin, l’un de ses maîtresspirituels, aurait pu écrire ces lignes rien que pourlui dans « La messe sur le monde ».« Celui qui aura aimé passionnément Jésus dans lesforces qui font mourir la terre,La terre, en défaillant, le serrera dans ses brasgéants, et avec elle, il se réveillera dans le sein deDieu.».A partir d’extraits de l’hommage de Mgr Rault lors desfunérailles du Père Le Clerc.


27Le musée du Père Le ClercPourquoi et comment ?II y eut d’abord, au début des années 60 la joiede « sortir au désert », seul ou en groupe, parobligation de voyage à Timimoun, In Salah ouGhardaïa... Joie de trouver tout ce que le désertpouvait cacher comme trésors : fossiles, coquillesd’œufs d’autruche, mollusques pétrifiés, restes dedinosaures, pointes de flèches, bifaces, éléments decouches géologiques préhistoriques mais regret devoir ces richesses pillées par beaucoup, vendues etexpédiées sans retour.Le penchant de collectionneur aidant, Renécommença à ramasser, rechercher, acheter, pourmontrer de façon pédagogique ce qu’il préservait dela disparition. Autodidacte, le Père Le Clerc acquitpeu à peu son savoir en lisant, étudiant, s’informantauprès de spécialistes.Rencontre des responsables desreligieux et religieuses d’AlgérieL’USMDA, Union des Supérieur(e)s majeur(e)s etdélégué(e)s d’Algérie, a tenu son Assemblée généraleannuelle à Alger du 1 er au 3 mars <strong>2010</strong>.Etaient présents S. Ex. Mgr Gabor Pinter, remplaçantintérimaire du Nonce apostolique à Alger, l’archevêqued’Alger et les évêques des 3 autres diocèses, 28supérieur(e)s majeur(e)s ou délégué(e)s des congrégationsprésentes en Algérie, ainsi que des invités des Focolari etde la Communauté de Grandchamp.Le premier jour, après l’allocution d’ouverture de MgrGabor Pinter, a été consacré à trois thèmes : l’actualité enAlgérie, les courants religieux musulmans, et la questionSes premières expositions eurent lieu dans deslocaux et des ameublements de fortune, jusqu’aujour où il obtint un local dans la maison des Jeunesd’EI Goléa, où sa notoriété s’imposa de plus enplus. Long fut le chemin avant que l’administrationne construise un musée digne des collectionsconstituées dans les domaines de l’archéologie, dela paléontologie, de la géologie et de la préhistoireoù pourrait être préservé et transmis ce patrimoinetrop souvent ignoré ou dilapidé.Au fil des années le musée s’est enrichi, embelli eta finalement obtenu cette reconnaissance officielleque le Père René appelait de tous ses vœux. Decommunal qu’il était, le musée est devenu « MuséeRégional sous la tutelle du Ministère de la Culture».Mais il lui aura fallu attendre les derniers jours desa vie pour voir cet accomplissement. Alors si vouspassez par El Menea, n’hésitez pas à vous arrêter, lemusée vaut le détour !Denys Pilletdes nouveaux arrivés et de leur persévérance.Le deuxième jour a été marqué par des interventions etéchanges sur la Caritas d’Algérie, l’insertion des FrèresCapucins et la présence des étudiants subsahariens àTiaret, et l’accompagnement des chrétiens originaires dupays.Le troisième jour, les évêques ont adressé la parole augroupe et répondu à ses questions, en particulier sur lesvisas, le récent colloque sur la liberté de culte, la formation(arabe, initiation au pays), la prise en charge des religieux.Puis, le président en exercice étant en fin de mandat, unnouveau Bureau a été élu :Présidente :SrDanuta Kmieciak, smnda (Oran), régionale.Vice-président : P. José-Maria Cantal Rivas, mnda (Alger),provincial.Membres : Fr Jose Maria Ruis Garreta, Frère Mariste(Mostaganem). P. Raphaël Abdilla, osa (Annaba).Sr Anne-Marie Soulard, Pte Sœur de St François(Ouargla).Les Actes de l’Assembléegénéraleserontprochainement adressés auxdestinataires habituels.La prochaine assembléegénérale aura lieu du 28février au 2 mars 2011.D’après le compte-rendude Danuta KMIECIAK,présidenteACTUALITÉ DES DIOCÈSES


DES LIVRES A LIREUn Dieud’incroyablessurprisesJésus de GaliléeVirgilio ElizondoBayard, 2006240 pécemment je me lançais dans la lecture d’un charmant petit livre,Rdans ce qui est pour moi un traité plein de simplicité et de réalismesur la vie de Jésus de Nazareth : « Un Dieu d’incroyables surprises- Jésus de Galilée ».Son auteur, Virgilio Elizondo, docteur en théologie, fils d’émigrantsmexicains, est né à San Antonio au Texas, une de ces villes où viventdes hommes et des femmes avides de pouvoir changer de vie. Dans ce creusetd’humanité, Virgilio Elizondo ne cesse de s’interroger sur ce que l’Evangile a àvoir avec ce qui se passe dans sa ville.Dans un va-et-vient incessant entre la vie quotidienne à San Antonio et lesscènes évangéliques, il va d’étonnements en étonnements. Il découvre combienles jeunes marginaux, les femmes rejetées, les inégalités récurrentes mais aussiles repas de fête, les événements imprévus font partie de nos vies, de la vie despersonnages de l’Evangile, de Jésus lui-même. La Parole évangélique résonnealors avec une étrange actualité « Si Jésus avait vécu à San Antonio ».Ce livre -ni récit anecdotique, ni roman, mais rencontre avec un Dieu qui nousconduit de surprises en surprises- nous fait découvrir avec émerveillement ceque devient l’aventure de la rencontre de Jésus dans ce Nazareth moderne deSan Antonio et dans les multiples Nazareth modernes.Il nous fait saisir ce que peut être, ici et maintenant, vivre en relation avec ceque porte l’Evangile : la dignité retrouvée, la joie du partage, l’espérance del’humanité nouvelle. Le Dieu de Jésus est bien le Dieu d’incroyables surprises.Sr Anne-Christine (smnda - Timimoun)28l’Homme intérieur à la lumièredu Coran, Khaled BENTOUNES,Albin Michel (Spiritualités vivantes), 2006 (2 ème édition) 256 pages.Nous affirmons, nous chantons, que l’Esprit deDieu « habite en nos cœurs » …En tant que chrétien, c’est l’Esprit dePentecôte qui me rattache au Christ mort etressuscité…. mais, je crois aussi que le mêmeEsprit habite le cœur de tout homme et qu’Il se révèle àtout homme sur son chemin, en le guidant vers le Dieuunique vers lequel nous retournons tous.C’est ce désir d’aller à la rencontre de l’Esprit de Dieudans le cœur des non chrétiensqui me pousse à comprendreet si possible à communier à larecherche et à la vie de foi demes frères et sœurs musulmansd’Algérie…..C’est en ce sens que j’ai eu lachance de découvrir le soufismepar le livre du Cheikh KhaledBentounès « Le Soufisme cœurde l’Islam ».Cet ouvrage m’a incité àrechercher plus loin …et c’estgrâce à un membre de la Tariqades Alaouiyines que j’ai été amené à livre l’ouvrage duCheikh Bentounès « L’homme intérieur à la lumière duCoran ».Quel profit en ai-je retiré ?Un témoignage ouvert, non formaliste de la foi musulmanesans prétention totalitaire, parfaitement respectueux desautres religions, conscient de la nécessité d’une humblerecherche commune de Dieu dont chacun souhaite êtrel’ami…Une meilleure connaissance de la foi musulmane, enelle-même, résumée dans la 1 ère partie de l’ouvrage sousle titre « symbolisme divin » où, à partir du Coran, ilcommente les différents noms de Dieu en concluant parla question :« Pourquoi Dieu a-t-il choisi le cœur plutôtque la raison comme siège de la foi ? Parce qu’il est habitépar l’amour…. »Une meilleure compréhension de ce que la foi musulmaneperçoit à travers ce qu’il appelle dans sa 2 ème partie«l’Héritage prophétique transmis par le Coran au sujetde croyants reconnus, depuis Adam à Mohammed enpassant par Noé, Abraham, Joseph, Moïse, David, Salomonet Jésus.Une invitation à continuer cette recherche et à la partageravec mes frères et sœurs croyants musulmans , laissant àl’Esprit le soin de nous guider pour accomplir aujourd’huila volonté de Dieu à la fois vis-à-vis de Dieu lui-même etvis-à-vis de tous mes frères et sœurs , les hommes, queje suis invité à découvrir et à aimer comme Dieu les aimeaujourd’hui, sur le chemin où ils se trouvent.Dominique Lanquetot


« Depuis l’indépendance, l’Afrique travaille à sa recolonisation.Du moins, si c’était le but, elle ne s’y prendrait pas autrement. […]Seulement, même en cela, elle échoue. Personne n’est preneur. » (S.Smith, Négrologie, Calmann-Lévy, Paris, 2003)Personne ? Ce n’est pas ce qui ressort des quelques chiffres soulignéspar les auteurs de ce livre. Depuis 2007, la Chine a supplantéla France comme deuxième partenaire économique du continentafricain, avec un commerce bilatéral s’élevant à 100 milliards dedollars à l’heure actuelle, soit dix fois plus important qu’en 2000 etcent fois plus qu’en 1980. Cela se traduit, selon les estimations, par laprésence sur le sol africain de 900 entreprises chinoises et 750 000ressortissants de l’Empire du Milieu.Attiré par les matières premières et des marchés délaissés, Pékins’engage massivement, construit des immeubles, des usines, desbarrages, équipe toute l’Afrique de réseaux routiers, ferroviaires etmême téléphoniques, sans se formaliser des atteintes aux droits del’homme ou de la corruption. Et ce au moment où, enfermé dans savision passéiste et paternaliste d’ancien colonisateur, l’Occident seretire et cherche à moraliser le continent.L’équilibre international est en train de basculer. L’installation desChinois en Afrique se fait-elle au détriment définitif de l’Occident ?La Chine permettra-t-elle un développement économique et socialpour lequel la décolonisation a échoué ?C’est pour répondre à ces questions que deux journalistes, l’un correspondantdu Monde en Afrique de l’Ouest, l’autre grand reporteret chef du service international du magazine suisse L’Hebdo, ontparcouru 15 pays, dont l’Algérie et son autoroute Est-Ouest, pendantplus d’un an. Précis, vif, écrit à partir de multiples observationset anecdotes glanées sur le terrain, cet ouvrage s’enrichit des clichésparlants du reporter-photographe P. Woods.Mathilde CazeauxLa ChinafriquePékin à la conquêtedu continent noirSerge MICHEL et Michel Beuret,Hachette (Littératures), 2009(nouvelle édition augmentée) , 410 pDES LIVRES A LIREAmoureuxde l’islam,croyant en Jésus,Paolo Dall’Oglio,Paris, Editions de l’Atelier,2009, 190p.Un premier ouvrage en 2006 avait fait connaître Mar Moussa, ce monastèreatypique en Syrie, mixte, œcuménique, consacré à l’harmonie islamo-chrétienne.Ici, le fondateur de Mar Moussa, Paolo Dall’Oglio, livre ses intuitionset sa réflexion théologiques concernant l’Eglise du Christ en milieu musulman.« Je souhaite participer à un discernement d’Eglise qui puisse, peutêtrepar étapes, en arriver à (…) une vision positive de l’islam, dans une perspectivefuture d’harmonie dynamique » (p116). Un chrétien vivant en milieu musulman nepeut passer à côté des questions évoquées par Paolo, qui renouvelle avec beaucoup desouffle et avec une audace qu’on pourra trouver parfois étonnante mais toujours stimulantela réflexion chrétienne sur le mystère de l’islam et sur la vocation chrétienneen contexte musulman.Il a su convaincre la Congrégation pour la doctrine de la foi, de sorte que la Constitutionet les Règles de la nouvelle communauté monastique ont été approuvées parRome en 2006. La réflexion qu’il développe ici est un apport nouveau qui fera débat.Mais à le lire, on se prend déjà à rêver d’une Communauté al-Khalil, dans l’esprit dumonastère de Mar Moussa, sur notre terre d’Algérie.Michel Guillaud29


MÉDITATION30Qu’est-ce que j’aime quand je t’aime ?Ni la beauté d’un corps ni le charme d’untemps ni l’éclat de la lumière, amie demon regard, ni lesdouces mélodies,ni les cantilènes surun mode ou sur unautre, ni le parfum desfleurs, des essenceset des aromates, ni lamanne ou le miel, ni lesmembres enlacés dansles étreintes physiques.Ce n’est pas ce quej’aime quand j’aimemon Dieu.Et pourtant j’aime unelumière, une voix, uneodeur, un aliment, uneétreinte, quand j’aimemon Dieu.Lumière, voix, odeur,aliment, étreinte, sontdans mon humanitéprofonde où il y apour moi un éclairque ne retient pas l’espace, une sonoritéqui échappe au temps, une exhalaison sortied’aucun souffle, une saveur que n’affaiblit pasla voracité, un accouplement au-delà de lajouissance.C’est ce que j’aime quand j’aime mon Dieu.Mais qu’est-ce que c’est ?J’ai interrogé la terre.Elle a dit : ce n’est pas moi. Et tout ce qui estsur terre a fait le même aveu.J’ai interrogé la mer et les abysses, les êtresvivants rampant.Aimer Dieu ?Ce texte de Saint Augustin d’Hippone, écrit au début du 5ème siècle,ne sera pas sans évoquer, pour nos lecteurs, les versets 74-79 de lasourate 6 Les Bestiaux à propos d’AbrahamاألغنامAugustin (Boticelli)Ils ont répondu : Nous ne sommes pas tonDieu. Cherche au-dessus de nous.J’ai interrogé les vents qui soufflent.Et l’air tout entier, avecses habitants, m’a dit :Anaximène se trompe. Jene suis pas DieuJ’ai interrogé le ciel, lesoleil, la lune et les étoiles.Nous ne sommes pas leDieu que tu cherches,disent-ils.Alors, j’ai dit à tout ce quise tient aux portes de messens : Dites-moi quelquechose sur mon Dieu,puisque ce n’est pas vous,dites-moi sur lui quelquechose.Une puissante exclamationm’a répondu : C’est luimêmequi nous a faits.Ce que je voulaisprouver était dans moninterrogation. Et leurréponse était dans leurbeauté.Je me suis alors tourné vers moi et j’ai dit àmoi-même : et toi, qui es-tu ?Saint Augustin, Confessions, Livre X, 8-9.Traduction tirée de SAINT AUGUSTIN, Les aveux,Nouvelle traduction des Confessions par Frédéric Boyer,P.O.L. Paris 2008.


Un Cahier de la Pastorale des Migrants évoque le P. Henri LeMasne (1922-2009), prêtre lyonnais, pionnier de l’engagementde l’Eglise de France avec les émigrés algériens en France. Acommander à : SNPM, 269 bis rue du Faubourg St Antoine,75011 Paris, courrierpast@eglisemigrations.org – 01 43 7247 21 au prix de 6 € pour l’Algérie. Chèques en € à l’ordrede « Comité pastoral ».Sessions d’étépour étudiants chrétiensskiknaba, sur la côte dans l’est algérienUne semaine en bord de mer, avec des ateliersde formationdu 10 au 17 juillet à SkikdaRenseignements et inscription : skiknaba@gmail.comUniversité d’étéDes clés pour comprendre l’Algérie et s’y situercomme étudiant chrétiendu 2 au 9 août à Algerà la Maison diocésaine d’AlgerRenseignements et inscriptions : udtalger@yahoo.frTaizé à TlemcenLa semaine de Taizé : parole de Dieu, prière etéchangesdu 8 au 16 août à TlemcenRenseignements et inscriptions :taizeenalgerie@yahoo.frDirecteur de publication : Mgr Ghaleb BaderEquipe de rédaction : Michel Guillaud, Dominique Lebon, Marie-DanièleLigouzat, Marie-Christine RousseauCoordinateur équipe rédaction : Michel GuillaudMise en page : Didier LucasPhoto couverture: Défilé d’el-Qantara au sud des Aurès ©GérardCaprini, page 4 de couverture, Oued el-Abiodh dans lesAurès ©Gérard Caprini. Editeur: Association Diocésaine d’Algérie(A.D.A), 13 rue Khelifa Boukhalfa, 16000 AlgerNuméro d’agrément: n°18 en date du 16 Novembre 1975,délivré par le ministère de l’IntérieurDépôt légal: à parutionImprimerie «NAHALA» TixeraïneFlashage: RUBICUBE El Biar PoirsonCourriel rédaction : paxetconcordia.redaction@gmail.comSite ADA : http://www.ada.asso.dzdécouper et retourner à : Pax & Concordia, Archevêché d’Alger13 rue KhelifaBoukhalfa 16000 Alger ALGERIEABONNEMENTAbonnement à la Revue sous formatpapier seulement, pour une année(4 numéros)Algérie et toute l’Afrique 400(DA)Autres continents 15€ (1500 DA)Soutien30€ (3000 DA)Abonnement à la version internet seuleAlgérie et toute l’Afrique 100 DAAutres continents 5€ (500 DA)Soutien30€ (3000DA)Abonnement internet + papier :Algérie et toute l’Afrique 400daAutres continents 15€ (1500DA)Soutien30€ (3000DA)Civilité : _______Nom : _____________________Prénom : _____________________Etablissement : ___________________________Adresse : __________________________________Complément d’adresse : _________________________________E-mail : _______________________Code postal : _______ Ville : ___________________________Pays : ________________________Paiement par :Chèque bancaire ou postal en dinarsRèglement à l’ordre de ADA (Pax&Concordia)Chèque bancaire ou postal en eurosRèglement à l’ordre de AEM (Pax&Concordia)EspècesPour tout abonnement en grand nombre ou toute autre question,veuillez contacter le service des abonnements à l’adresse paxetconcordia@gmail.com


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