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La RSE, de nouveaux défis pour les juristes - AFJE

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ENTRETIEN<strong>La</strong> protection <strong>de</strong>s données : un enjeustratégique et socialEntretien avec Isabelle Falque-Pierrotin, Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la CommissionNationale Informatique et Libertés (CNIL)Face à aux évolutions vertigineuses <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> technologies, laprotection <strong>de</strong>s données et <strong>de</strong> la vie privée a pris une importanceconsidérable, au point <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir un véritable enjeu social, vis-àvisduquel <strong>les</strong> entreprises françaises ont un vrai rôle à jouer.6Isabelle Falque-PierrotinVous êtes arrivée à la prési<strong>de</strong>nce<strong>de</strong> la CNIL en septembre 2011.Comment s’est déroulée votreprise <strong>de</strong> fonction ?<strong>La</strong> CNIL possè<strong>de</strong> une caractéristiquequi la distingue <strong>de</strong>s autres autoritésadministratives indépendantes : sonprési<strong>de</strong>nt est élu par la Commission enson sein. C’est un facteur d’indépendanceimportant, et un gage <strong>de</strong> continuité<strong>de</strong> l’action <strong>de</strong> la CNIL. Quandj’ai été élue par le Collège auquelj’appartiens <strong>de</strong>puis janvier 2004, j’assumaissa Vice-prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>puis2009, et je représentais la CNIL ausein du Groupe dit « <strong>de</strong> l’article 29 »,qui regroupe l’ensemble <strong>de</strong>s autoritéseuropéennes <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>sdonnées. Dès mon élection, j’étaisdonc déjà au fait <strong>de</strong>s grands dossierset <strong>de</strong>s enjeux actuels <strong>de</strong> la protection<strong>de</strong>s données personnel<strong>les</strong>. Cecis’est avéré d’autant plus précieux quel’institution fait face aujourd’hui à uneexigence <strong>de</strong> réactivité accrue, notammenten raison <strong>de</strong> la réforme en coursdu cadre européen <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>sdonnées.Pensez-vous que la protection<strong>de</strong>s données personnel<strong>les</strong> soit unvrai enjeu <strong>RSE</strong> ?<strong>La</strong> prise <strong>de</strong> conscience est lente etd’ampleur inégale, mais il est évi<strong>de</strong>ntque la protection <strong>de</strong>s données s’intègreprogressivement au mouvement<strong>RSE</strong>. Elle figure désormais dans <strong>les</strong>principaux textes internationaux en lamatière, tels que <strong>les</strong> principes directeurs<strong>de</strong> l’OCDE et l’ISO 26000, ainsique dans <strong>de</strong>s communications <strong>de</strong> laCommission européenne, dont celledu 25 octobre 2011.Car le constat est simple : en dixans à peine, le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong>technologies a littéralement changé<strong>de</strong> paradigme. Alors que l’ère <strong>de</strong>sPARCOURSgrands fichiers stab<strong>les</strong> a dominé lemon<strong>de</strong> informatique pendant trenteans, aujourd’hui, avec le changementd’environnement, la mondialisation,la numérisation, et le développementexponentiel <strong>de</strong> servicesinnovants, <strong>les</strong> données sont partout,dans le secteur public, mais aussiet surtout dans le secteur privé, etchez <strong>les</strong> particuliers. Cloud computing,réseaux d’entreprise, géolocalisation,vidéosurveillance, recrutementen ligne, contrôle d’accès parbiométrie, alertes professionnel<strong>les</strong>,démarchage publicitaire par courriels« <strong>La</strong> protection <strong>de</strong>s données personnel<strong>les</strong> estun facteur-clé <strong>de</strong> la croissance durable. »ou SMS, fusion <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> donnéesRH et clients… On parlait hier<strong>de</strong> « fichier » ; on parle aujourd’hui <strong>de</strong>big data. L’impact social <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong>Diplômée d’HEC et <strong>de</strong> l’ENA ainsi que <strong>de</strong> l’Institut Multimédia, Isabelle Falque-Pierrotinest Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la CNIL <strong>de</strong>puis le 21 septembre 2011.Conseiller d’État, elle a été Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la Commission interministérielle relative àinternet en 1996, expert auprès <strong>de</strong> l’OCDE en 1997, rapporteur général du rapport duConseil d’État sur « Internet et <strong>les</strong> réseaux numériques » <strong>de</strong> 1997 à 1998. Elle a étéPrési<strong>de</strong>nte du Conseil d’orientation et déléguée générale du Forum <strong>de</strong>s droits sur l’internet<strong>de</strong> 2001 à 2010.Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


Dawn raids en 10 questions | DAWN RAIDS13une équipe qui va accompagner etassister <strong>les</strong> enquêteurs tout au long<strong>de</strong> l’inspection (une personne parenquêteur).Une communication doit aussi êtrefaite auprès <strong>de</strong>s employés afin <strong>de</strong> <strong>les</strong>informer <strong>de</strong> l’inspection, <strong>de</strong> <strong>les</strong> rassureret <strong>de</strong> leur donner <strong>de</strong>s instructionssur le comportement à adopter <strong>pour</strong>la suite :– ne pas divulguer, ne pas tenter <strong>de</strong>cacher ou détruire <strong>de</strong>s documentsdont ils disposeraient (y compris àdomicile) et qui seraient en relationavec l’objet <strong>de</strong> l’infraction,– ne pas échanger entre eux <strong>de</strong>semails ou <strong>de</strong>s notes à propos <strong>de</strong> l’inspection,ni en discuter avec <strong>de</strong>s tierset encore moins avec <strong>de</strong>s concurrents.4. Quels locaux peuventilsinspecter ?Les enquêteurs disposent du droitd’accé<strong>de</strong>r et <strong>de</strong> fouiller <strong>les</strong> locaux professionnels,ainsi que mixtes et privés,ce qui inclut <strong>les</strong> bureaux (y compris <strong>les</strong>meub<strong>les</strong> et notamment <strong>les</strong> armoires),<strong>les</strong> terrains et <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> transport<strong>de</strong> l’entreprise.L’entreprise ne peut pas refuser <strong>de</strong>donner accès à un local ou d’ouvrirune armoire fermée à clef sous peine<strong>de</strong> se voir infliger une amen<strong>de</strong> <strong>pour</strong>délit d’obstruction. Les enquêteursfrançais disposent en outre du pouvoir<strong>de</strong> forcer l’ouverture d’un bureauou d’une armoire.5. Quels documentspeuvent-ils consulter ?À l’inverse <strong>de</strong>s enquêteurs <strong>de</strong> laCommission qui ne peuvent prendreque <strong>de</strong>s copies, <strong>les</strong> enquêteurs françaispeuvent saisir tout document« utile » qui entre dans le champ<strong>de</strong> l’enquête, quelle qu’en soit saforme (document dactylographié ousimp<strong>les</strong> notes manuscrites), sa nature(contrats, notes internes, emails,agenda…) et son support (papier,messagerie, support électronique (4) ). Ilspeuvent également tracer <strong>les</strong> appels,(4) Cela inclut <strong>les</strong> ordinateurs portab<strong>les</strong>, clés USB, Ipod,BlackBerry, serveurs…lire <strong>les</strong> SMS, écouter <strong>les</strong> messagessur <strong>les</strong> téléphones fixes et mobi<strong>les</strong> et<strong>les</strong> copier si nécessaire.Il est nécessaire <strong>de</strong> faire une liste etune copie <strong>de</strong> tout document saisi oucopié par <strong>les</strong> enquêteurs.Les documents rédigés par le juriste<strong>de</strong> l’entreprise ne sont pas couvertspar le secret professionnel. Seu<strong>les</strong>sont protégées <strong>les</strong> communicationsentre l’entreprise et son avocat.L’attention <strong>de</strong>s enquêteurs doitêtre attirée sur la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>séchanges concernés. <strong>La</strong> saisie éventuelle<strong>de</strong> documents protégés par laconfi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s correspondancesavocats clients peut être contestée parla suite <strong>pour</strong> obtenir leur restitution.6. Peuvent-ils saisirmon ordinateur ?<strong>La</strong> Commission est presque invariablementaccompagnée d’expertsinformatiques qui effectuent sur place<strong>de</strong>s recherches informatiques parmots clé leur permettant <strong>de</strong> recher-Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


DAWN RAIDS | Dawn raids en 10 questions14cher <strong>les</strong> documents et emails qui <strong>les</strong>intéressent (y compris <strong>les</strong> fichierssupprimés ou modifiés) et d’en faire<strong>de</strong>s impressions ou <strong>de</strong>s copies (surCD-ROM, DVD, disque dur).Il faut s’assurer que <strong>les</strong> inspecteursprennent uniquement copie <strong>de</strong>s documentsnon confi<strong>de</strong>ntiels. Lorsque <strong>les</strong>agents <strong>de</strong> la Commission ne peuventpas achever sur place la sélection etcopie <strong>de</strong>s documents pertinents, ilspeuvent emporter, dans une enveloppescellée, une copie <strong>de</strong>s documentsqu’ils n’ont pas pu examiner.Cette enveloppe ne sera ouverte parla suite qu’en présence d’un représentant<strong>de</strong> l’entreprise qui <strong>pour</strong>ra formulerses observations.En France, l’Autorité <strong>de</strong> la concurrenceconsidère qu’une boîte emai<strong>les</strong>t un élément insécable et effectueainsi une copie intégrale <strong>de</strong> la boîteemail, y compris <strong>de</strong>s documents personnelsou couverts par le secret professionnelqui <strong>pour</strong>raient s’y trouver.L’Autorité et la DGCCRF s’octroientaussi le droit <strong>de</strong> saisir <strong>les</strong> disques durss’ils contiennent <strong>de</strong>s documents pertinentsau regard <strong>de</strong> l’enquête.7. Peut-on être interrogé ?Les enquêteurs sont autorisés àinterroger tout employé afin d’obtenir<strong>de</strong>s explications sur <strong>de</strong>s faits ou<strong>de</strong>s documents relatifs à l’objet et aubut <strong>de</strong> l’inspection ainsi qu’à enregistrer<strong>les</strong> réponses. Ils interrogentgénéralement <strong>les</strong> dirigeants et/ou <strong>les</strong>directeurs commerciaux. <strong>La</strong> personneinterrogée peut refuser <strong>de</strong> répondreaux questions sans lien avec l’objet <strong>de</strong>l’enquête ou si la question la conduità s’auto-incriminer (5) .Les réponses données doivent êtreconcises, factuel<strong>les</strong> et exactes. Il fauts’abstenir <strong>de</strong> fournir spontanément<strong>de</strong>s informations supplémentaires,<strong>de</strong>s opinions ou <strong>de</strong>s avis. Si la personneinterrogée ne connait pas laréponse à la question, elle doit en(5) À savoir si la question la conduit à reconnaître l’existenced’une infraction à laquelle l’entreprise aurait pris part.informer l’enquêteur. Si nécessaire,un complément <strong>de</strong> réponse <strong>pour</strong>raêtre apporté par écrit à la suite <strong>de</strong>l’inspection. Si une question n’est pasclaire il est possible <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r àce qu’elle soit mise par écrit. Pendanttoute l’audition, la personne interrogéepeut se faire assister par l’avocat <strong>de</strong>l’entreprise. Une liste <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong>questions posées et <strong>de</strong>s réponses quiy ont été apportées doit être établie.Des réponses inexactes, partiel<strong>les</strong> outrompeuses, données intentionnellementou par négligence, peuvent donnerlieu à <strong>de</strong>s amen<strong>de</strong>s si el<strong>les</strong> ne sontpas rectifiées dans le délai imparti.8. Que faire s’il y a <strong>de</strong>s scelléssur la porte <strong>de</strong> mon bureau ?<strong>La</strong> Commission et l’Autorité <strong>de</strong> laconcurrence ont le pouvoir d’apposer<strong>de</strong>s scellés sur <strong>les</strong> locaux professionnels(porte, armoire), sur <strong>de</strong>sdocuments et même sur un ordinateur,afin <strong>de</strong> s’assurer que <strong>les</strong> documentsne seront pas altérés ou détruits enl’absence <strong>de</strong>s enquêteurs. Un procèsverba<strong>les</strong>t dressé lors <strong>de</strong> l’appositiond’un scellé, qui doit être signé par unreprésentant <strong>de</strong> la société.Un scellé qui a été brisé ne se déchirepas mais la mention « nul » ou voidapparaît <strong>de</strong> manière indélébile. Lesinspecteurs en feront alors mentiondans un procès-verbal distinct.<strong>La</strong> Commission peut infliger uneamen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1 % du chiffre d’affairesannuel mondial aux entreprisescondamnées <strong>pour</strong> bris <strong>de</strong> scellés.Pour la première fois, en janvier 2008,une entreprise, E. ON, a été condamnéeà une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 38 millionsd’euros <strong>pour</strong> bris <strong>de</strong> scellés (6) .9. Que faire si <strong>de</strong>s inspecteursse présentent à mon domicile ?Avant <strong>de</strong> <strong>les</strong> laisser entrer, il faut s’assurer<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s enquêteurs et(6) Décision <strong>de</strong> la Commission du 30 janvier 2008, aff n°COMP/B-1/39.236 E. ON Energie, confi rmée par l’arrêt Tribunal<strong>de</strong> l’UE du 15 décembre 2010, T-141/08, E. ON Energiec/Commissionqu’ils soient munis d’une autorisationdu JLD (obligatoire) qui mentionnebien l’adresse du domicile visité. Ilfaut communiquer ces documentsaux <strong>juristes</strong> et avocats <strong>de</strong> l’entreprise.Il est possible <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r auxenquêteurs d’attendre l’arrivée <strong>de</strong>votre avocat avant <strong>de</strong> débuter l’inspection,ce qu’ils ne sont pas obligés<strong>de</strong> faire.10. Que faire à la fin <strong>de</strong> lajournée d’inspection ?Avant le départ <strong>de</strong>s enquêteurs, il estprimordial <strong>de</strong> vérifier le procès-verbald’inspection dressé par <strong>les</strong> enquêteurset d’y apporter toutes <strong>les</strong> réservesrelatives aux documents saisis, questionsposées et plus généralement audéroulement <strong>de</strong> l’inspection.À la fin <strong>de</strong> chaque journée, toute personneimpliquée dans l’inspectiondoit faire un rapport dans lequel sonti<strong>de</strong>ntifiés <strong>les</strong> documents emportésou copiés, <strong>les</strong> questions posées et<strong>les</strong> réponses données ainsi que toutautre problème.Une communication à la presse peutêtre mise en place (qui est habilité àrépondre ? quel message ?). Une tellecommunication ne doit en aucunefaçon évoquer le fond <strong>de</strong> l’enquête.L’entreprise doit effectuer une évaluationdu risque (enquête interne, auditiondu personnel…) afin <strong>de</strong> déterminerla meilleure stratégie à adopter (pertinenced’un programme <strong>de</strong> coopérationavec <strong>les</strong> autorités notamment).Un suivi avec <strong>les</strong> enquêteurs doit êtreassuré notamment s’agissant <strong>de</strong> laconfi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong> certains documentsainsi que <strong>de</strong>s éventuels compléments<strong>de</strong> réponses.■ Par Ombline Ancelin, AvocatCounsel, et Florence <strong>de</strong> Bakker,Avocat, avec la participation <strong>de</strong>Marie <strong>La</strong>grue, Élève-avocatJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


Accompagnerl'entreprisedans le respect<strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> <strong>de</strong>concurrencePubli rédactionnelENTRETIEN AVEC FRÉDÉRIC PUEL, AVOCAT AUX BARREAUX DES HAUTS-DE-SEINE ET DE BRUXELLESET THIERRY BONTINCK, AVOCAT AUX BARREAUX DE BRUXELLES ET DE PARIS.Votre ouvrage intitulé « Conformitéaux règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> concurrenceet comportements en cas <strong>de</strong>perquisitions » couvre le droit <strong>de</strong>l’Union européenne, <strong>de</strong> la Franceet <strong>de</strong> la Belgique. A qui s’adresset-il?Cet ouvrage s’adresse aux <strong>juristes</strong> d’entrepriseet aux dirigeants d’entreprise qui souhaitenttrouver rapi<strong>de</strong>ment une réponse concrèteet pratique aux questions qu’ils se posentquant à la conformité <strong>de</strong>s comportements <strong>de</strong>leur entreprise aux règ<strong>les</strong> française, belge eteuropéenne <strong>de</strong> concurrence.Quel regard portez-voussur l’évolution du droit <strong>de</strong> laconcurrence ?Ces <strong>de</strong>rnières années ont montré unepolitique du tout répressif <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> laCommission européenne et <strong>de</strong>s autoritésnationa<strong>les</strong> <strong>de</strong> concurrence. En 2006, la ses lignes directrices sur le calcul <strong>de</strong>samen<strong>de</strong>s dans le sens d’une augmentationdu montant <strong>de</strong>s amen<strong>de</strong>s pouvant être concurrence. Des amen<strong>de</strong>s très importantes violation du droit <strong>de</strong> la concurrence et <strong>les</strong>autorités nationa<strong>les</strong> <strong>de</strong> concurrence ontsuivi le mouvement initié par la Commission.On retiendra notamment la décision dite« Lessives » <strong>de</strong> l’Autorité <strong>de</strong> la concurrence sanctions s’élevant à 367,9 millions d’euros<strong>pour</strong> une entente entre quatre fabricants <strong>de</strong><strong>les</strong>sive.On peut regretter que cette politique axéesur la dissuasion ne soit pas un peu plusfaite sentir en faveur d’une meilleure prise encompte <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> conformité enparticulier au niveau français. S'ils ne sontgénéralement pas pris en compte en termes<strong>de</strong> circonstance atténuante, l’Autorité <strong>de</strong> laconcurrence française dans son documentcadredu 10 février 2012 précise <strong>les</strong> exigencesessentiel<strong>les</strong> auxquel<strong>les</strong> doivent répondre cesprogrammes et indique dans quelle mesureet dans quel<strong>les</strong> circonstances précises ceuxcipeuvent conduire à une réduction <strong>de</strong> lasanction encourue. Par ailleurs, dans cesnouvel<strong>les</strong> lignes directrices sur le calcul <strong>de</strong>samen<strong>de</strong>s du 19 décembre 2011, le Conseil <strong>de</strong>la concurrence belge fait référence <strong>de</strong> façonimplicite aux programmes <strong>de</strong> conformité quiseront susceptib<strong>les</strong> d’être pris en compte.Le point 41 <strong>de</strong>s lignes directrices disposequ’« il appartient au Conseil <strong>de</strong> prendre enconsidération, <strong>pour</strong> chaque cas, le contexte l’entreprise ou l’association d’entreprises acommis l’infraction ».Les enquêtes <strong>de</strong>s autorités <strong>de</strong>concurrence sont <strong>de</strong> plus enplus fréquentes et <strong>pour</strong>tant <strong>les</strong>entreprises y restent, en majorité,très peu préparées. Commentl’expliquez-vous ?Cela est sans doute une conséquence <strong>de</strong>la politique peu incitative <strong>de</strong>s autorités. Lesentreprises resteraient <strong>pour</strong> l’instant dansune perspective du « pas vu, pas pris ».Cependant si un bon nombre d'entre el<strong>les</strong><strong>de</strong>meurent mal préparées - on se souvient amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 38 millions d’euros <strong>pour</strong> bris <strong>de</strong>scellés lors d’une inspection - la situationest en train d’évoluer. Les entreprises sont<strong>de</strong> plus en plus sensibilisées à l’impactd’une inspection-surprise sur leur activitéet leur réputation, ainsi qu’aux droits dont comprennent qu’une préparation en amontavec leur avocat est nécessaire, mais surtoutle plus en amont possible avec la mise enplace d’un programme <strong>de</strong> conformité.Cette forte répression par <strong>les</strong>autorités <strong>de</strong> concurrence <strong>de</strong>sinfractions n’a-t-elle pas <strong>pour</strong>conséquence d’entraver lacompétitivité <strong>de</strong>s entreprises ?Si cette forte répression pousse <strong>les</strong> entreprisesà instaurer une culture <strong>de</strong> concurrence et àinformer <strong>les</strong> dirigeants et salariés <strong>de</strong>s risquesencourus, le risque est à l’extrême <strong>de</strong> bri<strong>de</strong>rl’initiative commerciale et la compétitivité<strong>de</strong>s entreprises. Pour éviter cet écueil, lasolution sera <strong>pour</strong> l’entreprise <strong>de</strong> mettre enplace un programme <strong>de</strong> conformité adaptéaux comportements non conformes quel’entreprise aurait elle-même détectés dansle cadre d’un audit <strong>de</strong> concurrence qu’ellemènerait ou ferait mener <strong>de</strong> ses activités.Conformité aux règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> concurrence et comportements en cas <strong>de</strong> perquisitions, éditions larcier, mai 2012, 50 eurosinformations et comman<strong>de</strong>s : www.larcier.com


DAWN RAIDS | Do’s and don’tsDo’s and Don’ts sur <strong>les</strong> dawn raids16Do’s➔ <strong>La</strong>issez <strong>les</strong> enquêteurs débuter leur enquêteuniquement après qu’ils aient présenté leurs piècesd’i<strong>de</strong>ntité et <strong>les</strong> documents autorisant l’enquête➔ Prévenez immédiatement vos conseilsjuridiques internes et externes et faxez-leur<strong>les</strong> documents produits par <strong>les</strong> enquêteurs➔ Tentez <strong>de</strong> faire patienter <strong>les</strong> enquêteurs jusqu’à ceque <strong>les</strong> conseils juridiques internes et/ou externessoient arrivés avant que <strong>les</strong> perquisitions etsaisies ne commencent (pas plus <strong>de</strong> 20 minutes)➔ Mettez une salle <strong>de</strong> réunion à ladisposition exclusive <strong>de</strong>s enquêteurs<strong>pour</strong> toute la durée <strong>de</strong> l’inspection➔ Constituez <strong>de</strong>s équipes <strong>pour</strong> assister <strong>les</strong> enquêteurs➔ Assurez-vous que chaque enquêteur soiten permanence accompagné et qu’aucunenquêteur ne circule seul dans l’entreprise➔ Informez <strong>les</strong> membres du personnel <strong>de</strong>l’inspection en cours, rassurez-<strong>les</strong> etdonnez-leur <strong>les</strong> consignes à suivre➔ Communiquez <strong>de</strong>s documents completset exacts, même si ceux-ci contiennent<strong>de</strong>s secrets d’affaires (parts <strong>de</strong> marchés,noms <strong>de</strong>s clients, chiffre d’affaires…)➔ Conservez une copie <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> documentsphotocopiés ou saisis par <strong>les</strong> enquêteurs➔ Répon<strong>de</strong>z <strong>de</strong> manière succincte, concrète etprécise aux questions posées par <strong>les</strong> enquêteurs➔ Refusez <strong>de</strong> répondre aux questions poséespar <strong>les</strong> enquêteurs qui (i) sont hors <strong>de</strong>l’objet <strong>de</strong> l’enquête tels qu’indiqués sur <strong>les</strong>documents autorisant l’enquête ou (ii) quivous conduiraient à vous auto-incriminer(reconnaître l’existence d’une pratique illicite)➔ Conservez une copie écrite <strong>de</strong> toutes<strong>les</strong> questions qui ont été posées et <strong>de</strong>sréponses qui y ont été apportées➔ Restez calme et cordial avec <strong>les</strong> enquêteurstout au long <strong>de</strong> l’inspectionDon’ts➔ Ne faites pas d’obstruction à l’inspection :– ne refusez pas l’inspection,– ne retar<strong>de</strong>z pas indûment ledébut <strong>de</strong> l’inspection,– ne refusez pas l’accès à unlocal ou à une armoire,– ne refusez pas <strong>de</strong> communiquer undocument <strong>de</strong>mandé par un enquêteur,– ne refusez pas <strong>de</strong> répondre aux questionsfactuel<strong>les</strong> et se rapportant à l’objet <strong>de</strong>l’enquête posées par un enquêteur➔ Ne cachez pas et ne détruisez pas <strong>de</strong> documents,matériels, fichiers informatiques…➔ Dans la mesure du possible, ne faites pas<strong>de</strong> déclaration sans la présence du conseiljuridique interne ou externe <strong>de</strong> l’entreprise➔ Ne tentez pas <strong>de</strong> briser <strong>de</strong>s scellés quiseraient apposés sur la porte d’un local, surun document ou même sur votre ordinateur■ Par Ombline Ancelin, Avocat Counsel,et Florence <strong>de</strong> Bakker, Avocat, avecla participation <strong>de</strong> Marie <strong>La</strong>grue,Élève-avocatJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


Dawn raids et conseils extérieurs | DAWN RAIDSLes dawn raids du point <strong>de</strong> vue<strong>de</strong>s conseils extérieursEntretien avec Ombline Ancelin, Avocat Counsel chez Hogan Lovells,spécialiste du droit <strong>de</strong> la concurrence.Les droits français et européen, en matière <strong>de</strong> dawn raids, ne sontpas toujours alignés, notamment sur la question cruciale <strong>de</strong> laconfi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s correspondances entre avocats et clients. Afin<strong>de</strong> prévenir au mieux <strong>les</strong> risques juridiques, le juriste d’entreprisedoit donc adopter une posture proactive et connaître <strong>les</strong> décisionsrécentes en la matière.Ombline AncelinDans le cadre d’une enquêtediligentée par <strong>les</strong> autorités <strong>de</strong>la concurrence, où en est-onconcernant la confi<strong>de</strong>ntialité<strong>de</strong>s correspondancesavocats-clients ?<strong>La</strong> situation française, à cet égard, estparticulière, dans la mesure où ellen’est pas alignée sur le droit communautaire.En droit communautaire, laconfi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>s correspondancesentre l’avocat et son client est eneffet un principe acquis. Dès 2007,le Tribunal <strong>de</strong> l’UE affirmait, dans sonarrêt Akzo que « prendre connaissance<strong>de</strong> documents couverts parle secret <strong>pour</strong>rait [y] porter atteinte,ainsi qu’à l’intérêt public consistant às’assurer pleinement que tout clienta la possibilité <strong>de</strong> s’adresser en touteliberté à son avocat ». Etant donnéque la plupart <strong>de</strong>s échanges entreun avocat et son client se font parvoie électronique, la Commission aadapté sa pratique <strong>de</strong>s perquisitionsinformatiques aux exigences <strong>de</strong> laconfi<strong>de</strong>ntialité. En France, la protectionn’est pas aussi claire, et en cas<strong>de</strong> saisie informatique, l’intégralité <strong>de</strong>la messagerie est saisie. <strong>La</strong> Cour <strong>de</strong>cassation, comme elle l’a confirmédans <strong>de</strong>s arrêts récents, s’en tient àla jurispru<strong>de</strong>nce traditionnelle, considérantinsécab<strong>les</strong> <strong>les</strong> messageriesélectroniques et rendant quasi impossiblela saisie <strong>de</strong> documents couvertspar la confi<strong>de</strong>ntialité. <strong>La</strong> contestation<strong>de</strong> la saisie ne permettra au mieuxque <strong>de</strong> récupérer <strong>les</strong> documents etqu’ils soient écartés <strong>de</strong> la procédure.Mais le mal sera fait. Il convient <strong>de</strong>prendre acte <strong>de</strong> cela et se prémunirau mieux. On en revient à sécuriser<strong>les</strong> communications entre avocats etclients en recourant aux documentspapier, notamment <strong>pour</strong> <strong>les</strong> correspondances<strong>les</strong> plus sensib<strong>les</strong>. Nousrecommandons aux clients d’éviter<strong>de</strong> transmettre à leurs collègues <strong>les</strong>recommandations que nous pouvonsfaire. Il peut être plus pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> communiquerpar téléphone. Il faut partirdu principe que moins on laisse <strong>de</strong>traces, et moins on s’expose.Qu’en est-il <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>sobstructions à enquête dansle cadre <strong>de</strong> dawn raids ?Les risques sont <strong>de</strong>venus très importants<strong>pour</strong> <strong>les</strong> sociétés qui s’opposent,intentionnellement ou non, àune enquête en cours. Le tournant aété l’affaire E.ON, qui concernait <strong>de</strong>sbris <strong>de</strong> scellés lors d’un dawn rai<strong>de</strong>n mai 2006. <strong>La</strong> Commission européennea condamné la société à uneamen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 38 millions d’€, et la sanctiona été confirmée par le Tribunal <strong>de</strong>l’UE, envoyant ainsi un message <strong>de</strong>fermeté à l’égard <strong>de</strong> toute tentatived’obstruction <strong>de</strong> l’enquête.Y-a-t-il d’autres moyens <strong>de</strong>preuve que <strong>les</strong> correspondancesà prendre en compte dansle cadre d’une enquête ?Concernant <strong>les</strong> moyens <strong>de</strong> preuve telsque <strong>les</strong> enregistrements audio, le casemblématique est celui <strong>de</strong> la fédération<strong>de</strong>s boulangers <strong>de</strong> la Marne.Lors d’une réunion <strong>de</strong> celle-ci, en2001, le Prési<strong>de</strong>nt a tenu <strong>de</strong>s propossur une hausse <strong>de</strong>s prix concertée,qui avaient été enregistrés parun membre. Les enquêteurs ont saisicette ban<strong>de</strong> magnétique et retranscrit<strong>les</strong> propos dans un procès-verbal, cequi a été considéré comme un moyen<strong>de</strong> preuve recevable en 2004.Toutefois et comme confirmé par unedécision <strong>de</strong> 2011, dans l’affaire PhilipsFrance, par la Cour <strong>de</strong> Cassation,en Assemblée plénière, <strong>les</strong> enregistrements<strong>de</strong> conversations téléphoniqueseffectués à l’insu <strong>de</strong> l’auteur<strong>de</strong>s propos, produits à titre <strong>de</strong> preuve<strong>de</strong>vant l’Autorité <strong>de</strong> la concurrencesont irrecevab<strong>les</strong> en tant que recueillis<strong>de</strong> façon déloyale. <strong>La</strong> pru<strong>de</strong>nce doit17Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


DAWN RAIDS | Dawn raids et conseils extérieurs18cependant être <strong>de</strong> mise, dans toutecommunication sensible.Quel est, dans votre expérience,l’impact d’un dawn raid sur unedirection juridique d’entreprise ?Un dawn raid est indubitablement unevéritable « bombe atomique » dansune gran<strong>de</strong> entreprise, qui peut avoir<strong>de</strong>s répercussions colossa<strong>les</strong>, et faceauquel il faut savoir être prêt. Il y anaturellement un grand nombre d’entreprises<strong>de</strong> petite taille, n’ayant parfoispas <strong>de</strong> <strong>juristes</strong>, et la maturationdans <strong>les</strong> différents profils d’entreprisesne peut pas se faire au même rythme,sur <strong>les</strong> problématiques <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> laconcurrence. Il faut noter que certainssecteurs économiques sont plus àrisque que d’autres, notamment ceuxqui sont concernés par <strong>de</strong>s appelsd’offre, ou <strong>les</strong> marchés sur <strong>les</strong>quels <strong>les</strong>produits sont homogènes, comme <strong>les</strong>commodities. Nous tenons comptedans notre travail <strong>de</strong> compliance <strong>de</strong>l’exposition aux risques d’entente <strong>de</strong>sentreprises que nous conseillons.Comment ai<strong>de</strong>z-vous vos clientsà se préparer à un dawn raid ?Les grands groupes, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>leurs conseils, se préparent <strong>de</strong> mieuxen mieux à affronter <strong>les</strong> enquêtes. Ilsse dotent <strong>de</strong> process <strong>de</strong> plus en plussophistiqués, afin <strong>de</strong> déterminer cequ’il convient <strong>de</strong> faire, qui il faut appeler,comment il faut se comporter visà-vis<strong>de</strong>s enquêteurs. Nous sommesen train <strong>de</strong> développer une applicationiPhone <strong>pour</strong> cela. <strong>La</strong> situationidéale est que chaque enquêteur aitun ghost au sein <strong>de</strong> l’entreprise, quisuive tout ce qui est vérifié ou saisi,rappelle certaines limites et note <strong>les</strong>réactions <strong>de</strong> chacun au cours <strong>de</strong> l’enquête.Un grand groupe se doit égalementd’adopter une posture proactive,effectuer <strong>de</strong>s audits internes, vérifier àquel niveau <strong>de</strong> risque <strong>les</strong> autres filia<strong>les</strong>sont exposées, etc. Nous proposonsà nos clients, <strong>pour</strong> cela, <strong>de</strong>s audits,qui sont <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> simulations <strong>de</strong>dawn raids. Nous arrivons à une vingtained’avocats, par surprise, parfoissur plusieurs sites, avec parfois <strong>de</strong>fausses cartes, et seu<strong>les</strong> quelquespersonnes sont au courant. Nousnous conduisons comme <strong>de</strong>s inspecteurs,nous faisons <strong>de</strong>s interrogatoires,nous visitons <strong>les</strong> bureaux, nousfouillons <strong>les</strong> messageries. Le but estd’i<strong>de</strong>ntifier quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> bonnesréactions à avoir, et <strong>de</strong> déterminer cequi peut être amélioré. Nous établissonsensuite un rapport confi<strong>de</strong>ntielque nous remettons au client, et nousévaluons avec lui, le cas échéant, s’i<strong>les</strong>t pertinent d’envisager une action<strong>de</strong> clémence. Il y a donc beaucoup<strong>de</strong> travail à faire <strong>pour</strong> se préparer.Mais quand on parle d’amen<strong>de</strong>s quipeuvent atteindre <strong>de</strong>s sommes trèsimportantes, <strong>les</strong> entreprises sontprêtes à mettre <strong>les</strong> moyens. Bienentendu, <strong>de</strong> manière générale, <strong>les</strong>entreprises <strong>les</strong> plus vigilantes sontcel<strong>les</strong> qui ont déjà eu affaire aux autorités<strong>de</strong> concurrence.■ Propos recueillis parMichele ZingariJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


Retour sur expérience | DAWN RAIDSLes enseignements du cartel <strong>de</strong>svitaminesFrançois Garnier, actuellement Directeur juridique Europe <strong>de</strong>Pfizer, a été l’un <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> premier plan <strong>de</strong> la fameuse affairedu « cartel <strong>de</strong>s vitamines », à la fin <strong>de</strong>s années 1990. Il témoigne<strong>de</strong> cette expérience marquante et <strong>de</strong>s leçons qu’il en a tirées.François GarnierPouvez-vous nous résumer<strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> cettecélèbre affaire d’entente dansle secteur <strong>de</strong>s vitamines ?En 1998, Rhône-Poulenc a pris l’initiatived’une démarche <strong>de</strong> clémencedans <strong>de</strong> nombreux pays du mon<strong>de</strong>afin <strong>de</strong> dénoncer le fameux « cartel<strong>de</strong>s vitamines ». En effet, pendant unedizaine d’années, <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> entreprisesacteurs sur le marché <strong>de</strong>s vitamines,s’étaient concertées <strong>pour</strong> verrouillerle marché mondial, au niveau<strong>de</strong>s prix et <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s clients.Cela revenait à avoir une société virtuellequi établissait un budget virtuel,se répartissait <strong>de</strong>s quotas, et dont <strong>les</strong>entreprises déclenchaient <strong>de</strong>s hausses<strong>de</strong> prix concertées. Chaque trimestreavait lieu <strong>de</strong>s réunions clan<strong>de</strong>stines,afin <strong>de</strong> vérifier le bon fonctionnementdu cartel. Mais on savait que ce secteurétait surveillé par <strong>les</strong> autorités,notamment américaines. En effet, lemarché <strong>de</strong>s vitamines présentait <strong>de</strong>séléments propices à la formation d’ententes,à savoir un oligopole, un produitnon différencié en qualité et unegrosse <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’investissement encapital <strong>pour</strong> la production.C’est donc Rhône-Poulenc,dont vous faisiez partie àl’époque, qui a dénoncé cecartel aux autorités ?Rhône-Poulenc a donc pris la décision,en 1998, <strong>de</strong> souscrire à l’ensemble<strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> clémence, encommençant par <strong>les</strong> États-Unis, enconcluant un <strong>de</strong>al avec le Departmentof Justice, en échange <strong>de</strong> l’immunitépénale <strong>pour</strong> la société ainsi que sesdirigeants. De nombreuses personnesont été interviewées aux États-Unis,et <strong>de</strong>s documents ont été fournis auxautorités. Cela a permis aux autoritésaméricaines <strong>de</strong> déclencher <strong>de</strong>s dawnraids contre <strong>les</strong> autres entreprises ducartel. Suite à cela, Rhône-Poulencs’est rendu <strong>de</strong>vant la CommissionEuropéenne, ainsi que <strong>les</strong> autorités<strong>de</strong> la concurrence du Canada,d’Australie, du Brésil, et <strong>de</strong> France,afin <strong>de</strong> dénoncer <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> cartelauxquel<strong>les</strong> la société avait participé.Il n’existait d’ailleurs pas, à proprementparler, <strong>de</strong> programme <strong>de</strong> clémenceen France à l’époque. Cesinitiatives ont permis <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong>sdifférentes immunités prévues par <strong>les</strong>programmes <strong>de</strong> clémence existant àl’époque (sauf au Canada où RP estarrivé second).Comment un Directeur juridiqueaffronte-t-il, personnellement,une telle affaire ?Pour un directeur juridique, une expériencesemblable est loin d’être neutre.Se lancer dans <strong>de</strong>s recommandationsinternes visant à initier <strong>de</strong>s démarches<strong>de</strong> clémence, n’est pas une décisionqui se prend à la légère. Cela exigeune vision stratégique <strong>de</strong> la situation,et une confiance réelle et partagéeavec <strong>les</strong> conseils extérieurs. Enfait, cela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> au juriste d’êtreproactif et donc <strong>de</strong> prendre un risquedans sa recommandation. C’est unesituation très différente <strong>de</strong> gérer uneenquête <strong>de</strong>s autorités que d’en êtreà l’initiative.« Se lancer dans <strong>de</strong>s recommandations internesvisant à initier <strong>de</strong>s démarches <strong>de</strong> clémence, n’estpas une décision qui se prend à la légère. »Au-<strong>de</strong>là d’une vision stratégique,quel<strong>les</strong> qualités sont requises<strong>de</strong> la part d’un juriste prisdans une telle tourmente ?<strong>La</strong> gestion d’un tel dossier requiert avanttout, à mon sens, une forte capacité àgérer l’humain et <strong>les</strong> relations avec <strong>les</strong>différentes personnes impliquées. C’estune situation difficile, il y a <strong>de</strong>s risques<strong>de</strong> <strong>pour</strong>suites péna<strong>les</strong>, (il y a eu <strong>de</strong>scondamnations à <strong>de</strong> la prison fermeaux États-Unis). Il y a donc une véritableaction d’accompagnement envers19Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


DAWN RAIDS | Retour sur expérience20<strong>les</strong> individus dans <strong>de</strong>s démarches quipeuvent être lour<strong>de</strong>s <strong>de</strong> conséquences.Lors <strong>de</strong> mes allers retours aux États-Unis, au Department of Justice, vouspouvez imaginer que l’ambiance étaittendue (à chaque réunion était présent<strong>de</strong> façon discrète mais réelle un officier<strong>de</strong> police). Ce sont <strong>de</strong>s chosesqui vous marquent. Il est donc primordial<strong>de</strong> savoir affronter cette pression,d’ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> personnes impliquées dansune telle affaire, tout en maîtrisant <strong>les</strong>problématiques juridiques nombreuseset inhérentes à ce type <strong>de</strong> dossier.Quel<strong>les</strong> autres conséquencesfaut-il prendre en compte lorsquel’on déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> souscrire à unprogramme <strong>de</strong> clémence ?Outre <strong>les</strong> amen<strong>de</strong>s, il faut évaluer <strong>les</strong>conséquences <strong>de</strong>s <strong>pour</strong>suites civi<strong>les</strong>,qui peuvent constituer <strong>de</strong>s risquesfinanciers encore plus importantsque <strong>les</strong> amen<strong>de</strong>s. Les informationscommuniquées dans le cadre <strong>de</strong>programmes <strong>de</strong> clémence peuventse retrouver indirectement dans <strong>les</strong>procès civils qui s’ensuivent et, pardéfinition, cela limite <strong>les</strong> marges <strong>de</strong>manœuvre <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> ces contentieux.Par exemple, aux Etats-Unis, <strong>les</strong>entreprises ont payé plus d’1 Md$ endamages, et géré <strong>de</strong>s actions civi<strong>les</strong>un peu partout dans le mon<strong>de</strong>. Aumoment <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r une action <strong>de</strong> clémence,il faut pouvoir évaluer au plusprès l’ensemble <strong>de</strong>s conséquencesque cel<strong>les</strong>-ci ne manqueront pas <strong>de</strong>créer.« Il faut savoir gérer unesituation conflictuelle dans sesdimensions extra-juridiques. »Quel regard portez-vous, avecdu recul, sur votre expérience ?Je dirais, <strong>de</strong> façon un peu provoquantepar rapport aux conséquencessur l’entreprise, que ce type <strong>de</strong> dossierreste une expérience extrêmementenrichissante <strong>pour</strong> un directeurjuridique. Le Directeur juridique seretrouve dans une situation très particulière,avec <strong>de</strong>s responsabilités quidépassent son cadre d’interventionhabituel et une capacité d’influer surle <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> l’entreprise. Cependant,au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce point positif, le juriste<strong>de</strong>vient un vrai chef <strong>de</strong> projet, il estl’interface entre l’entreprise et <strong>les</strong>autorités, il a un rôle <strong>de</strong> traitement,<strong>de</strong> communication et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>sinformations extrêmement important.Cet exercice <strong>de</strong> gestion presque administrativen’est pas toujours facile,car il faut trouver <strong>les</strong> bonnes informations<strong>pour</strong> répondre aux différentesquestions <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s autorités ou<strong>de</strong> ses collègues. Il faut savoir gérerune situation conflictuelle dans sesdimensions extra-juridiques. Il n’en<strong>de</strong>meure pas moins que ces dossiersen droit <strong>de</strong> la concurrence constituent<strong>de</strong>s expériences professionnel<strong>les</strong> <strong>de</strong>tout premier ordre et qui marquent unjuriste dans l’exercice <strong>de</strong> ses responsabilitésdans l’entreprise.■ Propos recueillis parMichele ZingariJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


Retour sur expérience | DAWN RAIDSL’entreprise face aux dawn raids :conséquences pratiques et juridiquesEntretien avec Nicolas <strong>La</strong>e<strong>de</strong>rich, Directeur juridique Concurrence et RéglementationTélécom du groupe France Télécom Orange. Son expérience <strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong>s autorités<strong>de</strong> la concurrence lui a conféré un regard expert sur <strong>les</strong> différentes questions pratiqueset juridiques qui se posent aux entreprises dans ces procédures.Quelle expérience avezvous<strong>de</strong>s dawn raids ?Nous avons une pratique assez large<strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> visites et saisies<strong>de</strong>s autorités <strong>de</strong> la concurrence, oudawn raids, dans la mesure où notreGroupe y a été confronté à plusieursreprises, en France et dans nos filia<strong>les</strong>,à l’échelon communautaire ou local.Ces expériences nous ont conduit àmettre en place un certain nombre<strong>de</strong> règ<strong>les</strong> internes, <strong>pour</strong> y faire faceen préservant <strong>les</strong> intérêts <strong>de</strong> l’entreprise.Même si <strong>les</strong> visites domiciliairesse sont significativement multipliéesces <strong>de</strong>rnières années, en Europe etFrance, el<strong>les</strong> <strong>de</strong>meurent trop rares,à l’échelle d’une entreprise et mêmed’un Groupe <strong>pour</strong> pouvoir compter sur<strong>de</strong>s automatismes, <strong>de</strong>s réflexes. El<strong>les</strong>peuvent intervenir à tout moment etsont toujours inattendues. Pour ceuxqui <strong>les</strong> subissent, c’est un événementexceptionnel. Notre problématiqueest <strong>de</strong> préparer <strong>de</strong> façon adéquatele personnel, afin que <strong>les</strong> bons choixpuissent être faits au bon moment.En termes <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong> gouvernanced’entreprise, c’est très compliquéà réaliser. Nous faisons beaucoup<strong>de</strong> formation, notamment auprès <strong>de</strong>séquipes dirigeantes, car ce sont généralementvers el<strong>les</strong> que <strong>les</strong> enquêteursse tournent en premier lieu. L’enjeuest <strong>de</strong> leur apprendre à gérer <strong>les</strong> dixpremières minutes d’une enquête,durant <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> ou <strong>les</strong>conseils extérieurs ne sont pas encoreprésents. Nous avons axé la formationinterne sur ces dix premières minutes,et nous avons rédigé un va<strong>de</strong>mecumau format d’une carte <strong>de</strong> crédit quechacun peut glisser dans son portefeuille,listant <strong>les</strong> choses à faire, à nepas faire, et <strong>les</strong> bons réflexes à avoir.D’un point <strong>de</strong> vue pratique,comment prévenez-vous <strong>les</strong>risques <strong>de</strong> non-respect <strong>de</strong>srèg<strong>les</strong> d’une perquisition ?Nous <strong>de</strong>vons être très attentifs auxaspects pratiques et logistiques,car il y a une jurispru<strong>de</strong>nce établie,notamment sur <strong>les</strong> temps d’attenteimposés aux enquêteurs et <strong>les</strong> bris <strong>de</strong>scellés, avec <strong>de</strong>s risques d’amen<strong>de</strong>strès lour<strong>de</strong>s. Cela suppose <strong>de</strong>s formations<strong>de</strong> l’ensemble du personnel,notamment <strong>de</strong>s agents d’accueilqui ne doivent pas faire patienter <strong>les</strong>enquêteurs trop longtemps. Par ailleurs,un scellé est fragile et peut êtrebrisé par acci<strong>de</strong>nt, il faut donc prendre<strong>de</strong>s précautions, mettre <strong>de</strong>s indicationsécrites, informer <strong>les</strong> agents <strong>de</strong>ménage, afin <strong>de</strong> prévenir tout risque<strong>de</strong> condamnation.D’un point <strong>de</strong> vue plus juridique,quel<strong>les</strong> problématiques soulèvent<strong>pour</strong> vous ces dawn raids ?Je constate qu’il y a une utilisation <strong>de</strong>plus en plus large <strong>de</strong>s visites domiciliaires,y compris dans <strong>les</strong> cas où<strong>les</strong> autorités n’ont pas instruit préalablementou reçu <strong>de</strong>s dénonciationsréellement étayées d’éléments probatoires.C’est inquiétant, cette procédurese banalise, alors que dans certainscas <strong>les</strong> autorités <strong>pour</strong>raient user<strong>de</strong> voies plus légères. Cette formeinvasive d’instruction <strong>de</strong>vrait rester àmon sens proportionnée, et être utiliséeseulement lorsqu’elle est vraimentnécessaire. Nous observons égalementqu’il y a un contrôle juridictionnelinsuffisant sur <strong>les</strong> perquisitions, quien principe ne peuvent se faire quesous un contrôle strict du juge <strong>de</strong>slibertés et <strong>de</strong>s détentions. Or on voitque, souvent, <strong>les</strong> ordonnances <strong>de</strong>sJLD sont pré-rédigées par <strong>les</strong> autorités<strong>de</strong> la concurrence et validées sansqu’il y ait <strong>de</strong> véritable contrôle. Bienentendu, <strong>les</strong> juges ont beaucoup <strong>de</strong>travail, mais il est important que ceprincipe <strong>de</strong> contrôle soit réaffirmé etque <strong>les</strong> autorités <strong>de</strong> la concurrence netombent pas dans la facilité <strong>pour</strong> cequi est du recours à ces procédures.Le fait que <strong>les</strong> autoritéssaisissent systématiquementl’intégralité <strong>de</strong>s messageriesest-il particulièrementproblématique <strong>pour</strong> vous ?<strong>La</strong> question <strong>de</strong>s saisies informatiquesest centrale. Toute saisie <strong>de</strong>vrait êtrestrictement limitée au seul champ <strong>de</strong>l’enquête. Or du fait <strong>de</strong> l’utilisation<strong>de</strong> mots-clés gardés secrets par <strong>les</strong>enquêteurs et par le principe d’insécabilité<strong>de</strong>s messageries, <strong>les</strong> saisiesinformatiques dépassent totalement lechamp <strong>de</strong> l’enquête. Lorsqu’un mailcorrespond à un mot-clé entré par21Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


DAWN RAIDS | Retour sur expérience<strong>les</strong> enquêteurs, l’intégralité <strong>de</strong> la boîtemail correspondante est saisie. Il y aune doctrine <strong>de</strong> l’autorité française <strong>de</strong>concurrence qui veut que si elle saisitseulement le message dans une boîte,elle s’exposerait au risque d’atteinte àl’intégrité du document électronique,que l’entreprise <strong>pour</strong>rait lui opposer<strong>pour</strong> invali<strong>de</strong>r la saisie. Pourtant,même si on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> expressément lasaisie <strong>de</strong> mails individuels, ce qui interditpar la suite d’opposer à l’autoritéun tel raisonnement, on s’oppose à unrefus. C’est une doctrine regrettable,qui entraîne <strong>de</strong>s saisies massives <strong>de</strong>mails échangés entre dirigeants <strong>de</strong>l’entreprise. En outre, le fait <strong>de</strong> ne pasavoir accès aux mots-clés utilisés <strong>pour</strong>effectuer <strong>les</strong> saisies ne permet clairementpas <strong>de</strong> contrôler ce qui est saisi.Pour nous, cela signifie que beaucoup<strong>de</strong> documents, n’ayant potentiellementrien à voir avec l’enquête etpouvant avoir une gran<strong>de</strong> valeur stratégique,se retrouvent en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>l’entreprise, sans que nous sachionsoù ni avec quel<strong>les</strong> garanties ils sontstockés. Tout cela est très opaque,et peut durer <strong>de</strong>s années. Or <strong>les</strong> saisiesétant <strong>de</strong> plus en plus larges et<strong>de</strong> moins en moins contrôlées, cela<strong>de</strong>vient très problématique.Y a-t-il d’autres pointsprocéduraux qui vous paraissentparticulièrement sensib<strong>les</strong> ?Un <strong>de</strong>rnier problème que nous rencontronsavec l’autorité française <strong>de</strong>la concurrence concerne le PV <strong>de</strong>saisie, relatant l’ensemble <strong>de</strong>s opérations.<strong>La</strong> pratique consistant à rédigerun PV <strong>de</strong> manière non contradictoires’est développée. Cela signifiequ’on nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> seulement sinous souhaitons ou non signer ce PV,mais qu’on ne peut pas le modifier. Oril y a là un problème dans l’expression<strong>de</strong>s réserves <strong>de</strong> l’entreprise sur <strong>les</strong>opérations <strong>de</strong> visites et saisies, dansl’exercice <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> la défense, etdans la loyauté <strong>de</strong> l’instruction. Nousavons donc pris le parti <strong>de</strong> formalisernos réserves sur un documentà part, que l’on remet à l’officier <strong>de</strong>police judiciaire, représentant du juge<strong>de</strong>s libertés et <strong>de</strong> la détention. Il estregrettable que l’on soit contraint à cetype d’astuces <strong>pour</strong> faire valoir nosréserves et donc nos droits.■ Propos recueillis parMichele Zingari22Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESLA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFISPOUR LES JURISTES23Photo « Les ronds dans l'eau » <strong>de</strong> Louisette Kistner : illustration <strong>de</strong> la sphère d'influence <strong>de</strong> l'entreprise sur <strong>les</strong> 3 piliers du DDP. 24 Les liens entre la <strong>RSE</strong>, le droit et la fonction juridiquePar Catherine Roux, co-responsable <strong>de</strong> la commission Environnement,Développement Durable et <strong>RSE</strong>P. 26 <strong>La</strong> <strong>RSE</strong>, outil <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s contentieuxPar François-Guy Trébulle, Directeur du Master 2 Droit du développement durableet Professeur à l’Université <strong>de</strong> Paris-DescartesP. 28 Droits <strong>de</strong> l’Homme et Entreprise : du concept <strong>de</strong> due diligencevers celui <strong>de</strong> « sphère d’influence »Entretien avec Michel Doucin, Ambassa<strong>de</strong>ur chargé <strong>de</strong> la bioéthique et <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong>au Ministère <strong>de</strong>s Affaires Étrangères et EuropéennesP. 32 <strong>La</strong> collaboration avec <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> vue par la fonctiondéveloppement durable – Retour d’expériencePar Éric Molinié, Directeur adjoint du DD du groupe EDF et membre C3DP. 33 Le juriste développement durable dans l’entrepriseEntretien avec Charlotte Mazur, Responsable juridique et développement durableNexityP. 36 Le juriste d’entreprise et la <strong>RSE</strong> : opportunités à saisir !Par Yann Queinnec, Directeur associé Orientation DurableP. 37 2012, l’An I <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong> en FrancePar Patrick d’Humières, Directeur du CHEE-DD Paris Executive Formation <strong>de</strong> l’ÉcoleCentraleP. 39 Pourquoi un partenariat <strong>AFJE</strong>-C3D ?Par Nathalie RehbyJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESLes liens entre la <strong>RSE</strong>, le droitet la fonction juridique<strong>La</strong> Responsabilité Sociale <strong>de</strong>s Entreprises un concept aux effets juridiques24Catherine RouxPrésenter un dossier spécial <strong>RSE</strong>à la suite du dossier sur « lejuriste à l’heure <strong>de</strong> la mondialisation» (JEM 13) n’est pas anodin.En effet, dans un mon<strong>de</strong> où toutes<strong>les</strong> frontières s’estompent, qui subit<strong>de</strong>s crises multip<strong>les</strong> entraînant <strong>de</strong>sdifficultés socia<strong>les</strong>, <strong>de</strong>s bouleversementspolitiques, la raréfaction <strong>de</strong>sressources et <strong>de</strong>s catastrophes naturel<strong>les</strong><strong>de</strong> plus en plus nombreuseset graves, la société civile clame sesattentes. Elle attend <strong>de</strong>s entreprisesqu’el<strong>les</strong> soient source <strong>de</strong> valeurs <strong>pour</strong>l’enrichissement <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> partiesprenantes (stakehol<strong>de</strong>rs theory),respectent l’éthique et assurent unemeilleure reconnaissance du travail <strong>de</strong>l’Homme, dans toute sa diversité etle respect <strong>de</strong>s droits fondamentaux.Elle attend <strong>de</strong>s États une régulationclaire et efficace, encourageant <strong>les</strong>démarches vertueuses et sincères etune meilleure gouvernance mondiale.Il apparaît finalement que <strong>les</strong> discussionset débats <strong>pour</strong> déterminer sila <strong>RSE</strong> relève <strong>de</strong> la hardlaw ou <strong>de</strong>la softlaw sont dépassés. Elle relève<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux : la secon<strong>de</strong> agit en éclaireur<strong>de</strong> la première, la première érige <strong>les</strong>gui<strong>de</strong>lines <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong>, et toutes<strong>de</strong>ux ont <strong>de</strong>s effets juridiques danstous <strong>les</strong> domaines du droit. Le juristed’entreprise doit donc avoir une visioninternationale et à 360°.Dans sa communication du 25 octobre2011 intitulée « Responsabilité sociale<strong>de</strong>s entreprises : une nouvelle stratégie<strong>de</strong> l’Union Européenne <strong>pour</strong> lapério<strong>de</strong> 2011-2014 », la CommissionEuropéenne donne une définition <strong>de</strong>la <strong>RSE</strong> qu’elle qualifie elle-même <strong>de</strong>nouvelle : c’est « la responsabilité<strong>de</strong>s entreprises vis-à-vis <strong>de</strong>s effetsqu’el<strong>les</strong> exercent sur la société » etd’ajouter « il convient que <strong>les</strong> entreprisesaient engagé, en collaborationétroite avec leurs parties prenantes,un processus <strong>de</strong>stiné à intégrer <strong>les</strong>préoccupations en matière sociale,environnementale, éthique, <strong>de</strong> droits<strong>de</strong> l’Homme et <strong>de</strong> consommateursdans leurs activités commercia<strong>les</strong> etleur stratégie <strong>de</strong> base » et ceci « <strong>pour</strong>optimiser la création <strong>de</strong> valeurs<strong>pour</strong> toutes <strong>les</strong> parties prenanteset recenser, prévenir et atténuer <strong>les</strong>effets négatifs potentiels que <strong>les</strong> entreprisespeuvent exercer ». Cette définitionse cale sur celle <strong>de</strong> l’ISO 26000et ses sept questions centra<strong>les</strong> paruele 1 er novembre 2010. Cette normeest un gui<strong>de</strong> <strong>pour</strong> la mise en place<strong>de</strong> la RSO, « O » <strong>pour</strong> Organisations(entreprises, associations, collectivitéspubliques, toutes formes <strong>de</strong> groupements). De plus, la CE affirme lanécessité <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong>mesures réglementaires appuyantpar là même son rôle, comme celui<strong>de</strong>s Etats, <strong>de</strong> régulateur <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong>.À ce propos, la CE et l’ISO 26000rappellent que le socle <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong> estle respect <strong>de</strong> la loi, et ce n’est pasinnocent.Nous constatons une accélération àl’échelle mondiale <strong>de</strong> la parution ou<strong>de</strong> la révision <strong>de</strong> conventions internationa<strong>les</strong>,règlements, normes, référentielset gui<strong>de</strong>s relatifs à la <strong>RSE</strong>. Outreceux mentionnés ci-<strong>de</strong>ssus, citons<strong>les</strong> Principes Directeurs <strong>de</strong>s Nations-Unies sur <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> l’Hommes et <strong>les</strong>entreprises du 16 juin 2011 ainsi quela nouvelle version <strong>de</strong>s principes directeurs<strong>de</strong> l’OCDE à l’intention <strong>de</strong>s entreprisesmultinationa<strong>les</strong> du 25 mai 2011.Sachons aussi que le Pacte Mondial<strong>de</strong>s Nations-Unies a été révisé et quela 4 e version <strong>de</strong> la Global ReportingInitiative est en cours. Une attentionparticulière sera portée au décret 2012-557 du 24 avril 2012 relatif aux obligations<strong>de</strong> transparence <strong>de</strong>s entreprisesen matière sociale et environnementale.Ce décret surnommé « décret <strong>RSE</strong> »pris en application <strong>de</strong> l’article 225 <strong>de</strong> laLoi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 revisitel’art 116 <strong>de</strong> la loi « NRE » et étend l’obligationd’information <strong>de</strong>s données extrafinancières à <strong>de</strong>s sociétés non cotées.Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESDe la gestion <strong>de</strong>s risques àla saisie <strong>de</strong>s opportunitésAinsi, si la <strong>RSE</strong> est la prise en compte<strong>de</strong>s impacts <strong>de</strong> l’entreprise sur sonenvironnement au sens large du termeet comment celle-ci réagit à son touraux effets <strong>de</strong> celui-ci sur elle, nousverrons dans ce dossier <strong>les</strong> applicationsqui en sont faites et commenton relie la notion <strong>de</strong> « due diligence »avec celle <strong>de</strong> « sphère d’influence ».Ce qui est certain, c’est que nousreconnaissons là une démarche qu’entant que <strong>juristes</strong> internes nous pratiquonsdéjà : analyse <strong>de</strong>s risques,prévention et minimisation, mise enplace <strong>de</strong> co<strong>de</strong>s internes et <strong>de</strong> procédures<strong>de</strong> contrôle et évitement <strong>de</strong>scontentieux. Mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>voir<strong>de</strong> vigilance, c’est par une veille <strong>de</strong> lajurispru<strong>de</strong>nce, <strong>de</strong> la réglementation àvenir, voire par une participation activeà l’élaboration <strong>de</strong>s normes, que nouspouvons encourager nos entreprises àêtre socialement responsab<strong>les</strong> et passer<strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s risques (position<strong>de</strong> défense) à la saisie <strong>de</strong>s opportunités(position proactive et créatrice <strong>de</strong>valeurs) et ceci en collaborant avectoutes <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> l’entrepriseet en particulier avec celle en chargedu développement durable ou <strong>de</strong>la <strong>RSE</strong> quand celle-ci existe. C’est<strong>pour</strong>quoi l’<strong>AFJE</strong> a conclu un partenariatavec le Collège <strong>de</strong>s directeursdu développement durable (C3D) endécembre 2011 qui doit débouchersur <strong>de</strong>s travaux communs.EMMANUEL LACLAVIÈREAlors une nouvelle ère <strong>de</strong> la fonction<strong>de</strong> juriste d’entreprise s’ouvrirait-elle ?Merci à tous <strong>les</strong> contributeurs, dont <strong>les</strong>artic<strong>les</strong> constituent ce dossier, d’avoirparticipé à cette démonstration.■ Catherine Roux, co-responsable<strong>de</strong> la Commission Environnement,Développement Durable et <strong>RSE</strong>Juriste <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 20 ans dans le groupe France Télécom, Emmanuel <strong>La</strong>clavière,nouveau co-responsable <strong>de</strong> la CEDD, s’est intéressé progressivement à la question <strong>de</strong>la <strong>RSE</strong>. Il a pris en 2002, la responsabilité du département Droit <strong>de</strong> l’immobilier et s’esttrès rapi<strong>de</strong>ment confronté à <strong>de</strong>s problèmes relevant du droit <strong>de</strong> l’environnement : ICPE,pollutions... puis à <strong>de</strong>s questions moins proches <strong>de</strong> l’immobilier, notamment la réglementation<strong>de</strong>s déchets. Il est membre <strong>de</strong> la CEDD <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong> animée par Catherine Roux<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 5 ans.25Anne-Gwenn Alexandre, nouvelle co-responsable <strong>de</strong> lacommission Environnement & Développement DurableElle se présente en quelques lignes…Juriste avec 12 années d’expérience, le fi l directeur <strong>de</strong> ma formation universitaire et<strong>de</strong> ma carrière est d’abord l’international, puis l’environnement.J’ai obtenu un LLM <strong>de</strong> l’université d’Aberystwyth au Pays <strong>de</strong> Gal<strong>les</strong> en 1998 ainsiqu’un M2 en droit et pratique <strong>de</strong>s affaires internationa<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> NiceSophia-Antipolis en 1999.J’ai ensuite commencé à travailler en tant que juriste en entreprise, d’abord dans <strong>les</strong>ecteur pétrolier (ELF), puis pharmaceutique (Beaufour-Ipsen, BMS-UPSA) et enfi nassurantiel (AXA).En parallèle à mon activité professionnelle, j’ai mené à bien ces <strong>de</strong>rnières annéesune thèse sur « L’assurance du risque environnemental » et ai obtenu mon doctoraten droit <strong>de</strong> l’environnement en 2011. <strong>La</strong> thèse a reçu le prix Environnement etDéveloppement durable <strong>de</strong> l’Institut du Droit <strong>de</strong> la Paix et du Développement <strong>de</strong>l’université <strong>de</strong> Nice Sophia-Antipolis. Elle sera publiée courant septembre par lamaison d’édition <strong>La</strong>rcier Bruylant.Enfi n, membre <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong> <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> ma carrière, je suis très fl attée <strong>de</strong>co-animer la commission Environnement et Développement durable, au côté <strong>de</strong>Catherine Roux et d’Emmanuel <strong>La</strong>clavière.Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTES<strong>La</strong> <strong>RSE</strong>, outil <strong>de</strong> prévention<strong>de</strong>s contentieux<strong>La</strong> <strong>RSE</strong>, risque <strong>de</strong> contentieux ? Une crainte non fondée.<strong>La</strong> <strong>RSE</strong> est encore regardée avec circonspection car elle seraitsource <strong>de</strong> contentieux. Il est ici démontré qu’elle peut êtreau contraire un outil <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s risques.Mieux encore, elle incite <strong>les</strong> parties prenantes à entrer dans unelogique collaborative.26François-Guy Trébulle<strong>La</strong> réception <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> la<strong>RSE</strong> par <strong>les</strong> entreprises rencontreencore parfois certainesréticences liées à la crainte qu’el<strong>les</strong>oit une source <strong>de</strong> contentieux. Il estpossible <strong>de</strong> leur proposer un autreregard : loin d’être un nid à procès,la <strong>RSE</strong> peut-être vue commeun outil puissant <strong>de</strong> prévention ducontentieux.Il ne saurait être question ici <strong>de</strong> développerl’ensemble <strong>de</strong>s éléments quifon<strong>de</strong>nt le constat selon lequel la <strong>RSE</strong>a vocation à être appréhendée par ledroit (1) . Ils sont rendus d’autant pluspertinents que l’on intègre la définitionretenue par la Commission européennedans sa Communication du25 octobre 2011 comme étant « laresponsabilité <strong>de</strong>s entreprisesvis-à-vis <strong>de</strong>s effets qu’el<strong>les</strong> exercentsur la société ».L’un <strong>de</strong>s arguments <strong>les</strong> plus forts<strong>pour</strong> relativiser <strong>les</strong> craintes <strong>de</strong> voirla <strong>RSE</strong> nourrir le contentieux estfondé sur l’observation : il n’y a euaucun contentieux issu <strong>de</strong> l’application<strong>de</strong> la loi NRE du 15 mai 2001.(1) Voir entre autres « <strong>RSE</strong> Regards croisés, Droit et Gestion »,éd. Economica septembre 2011Passé <strong>les</strong> premiers temps dans <strong>les</strong>quelsun certain attentisme étaitinévitable, il apparaît bien qu’aucunacteur n’a décidé <strong>de</strong> contester dans<strong>les</strong> prétoires, ces informations qui<strong>de</strong>meurent perfectib<strong>les</strong>. De même,alors que nombreuses entreprisesfrançaises répon<strong>de</strong>nt à la définition<strong>de</strong>s entreprises multinationa<strong>les</strong> ausens <strong>de</strong>s principes directeurs <strong>de</strong>l’OCDE, le nombre <strong>de</strong> mises en cause<strong>de</strong>vant le point <strong>de</strong> contact nationalfrançais a été extrêmement faibleCe que révèle l’essor <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong> c’estqu’il convient <strong>de</strong> dépasser un rapportpurement formel à la légalité <strong>de</strong> l’activitéet <strong>de</strong>s pratiques développées<strong>pour</strong> aller au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> celle-ci et, dansl’esprit promu par la Communicationdu 25 octobre 2011, y voir un instrumentopérationnel <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>srisques.Il convient au premier chef <strong>de</strong> discerner<strong>les</strong> effets <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> l’entreprisesur <strong>les</strong> parties prenantes. C’estla phase d’i<strong>de</strong>ntification « <strong>de</strong>s enjeuxpertinents ». Dans la mesure où <strong>les</strong>obligations léga<strong>les</strong> et <strong>les</strong> attentes<strong>de</strong> la société civile ne cessent <strong>de</strong> sedévelopper en matière environnementale,sociale et <strong>de</strong> droits <strong>de</strong> l’hommecomme en matière <strong>de</strong> gouvernance,il apparaît évi<strong>de</strong>nt que <strong>les</strong> démarches<strong>de</strong> <strong>RSE</strong> qui visent à assumer activementces dimensions <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong>sentreprises permettent d’i<strong>de</strong>ntifier<strong>de</strong>s enjeux pertinents sur <strong>les</strong>quelsune focale mise en amont ne <strong>pour</strong>raqu’être bénéfique. Ce constat d’évi<strong>de</strong>nceest parfaitement illustré par<strong>de</strong>s thèmes tels que la corruption,<strong>les</strong> conflits d’intérêt, <strong>les</strong> troub<strong>les</strong> psycho-sociauxou <strong>les</strong> enjeux du bienêtreau travail, la discrimination, <strong>les</strong>droits fondamentaux <strong>de</strong>s personnesintervenant dans la chaîne d’approvisionnementou <strong>les</strong> enjeux environnementauxtels que pollutions majeures,simp<strong>les</strong> nuisances ou contribution auréchauffement climatique, impact <strong>de</strong>sproduits tout au long <strong>de</strong> leur cycle<strong>de</strong> vie… Tous <strong>les</strong> enjeux ne sont pasd’égale importance ou d’égale prioritéselon le secteur d’activité, la taille ou<strong>de</strong>s implantations <strong>de</strong> l’entreprise maisil n’en est pas une seule qui ne soitconcernée par aucune <strong>de</strong>s dimensionsenvironnementale, sociale ou<strong>de</strong> gouvernance. <strong>La</strong> volonté <strong>de</strong> s’ensaisir positivement, sans attendreque <strong>de</strong>s conflits apparaissent, estune nécessité. On retrouve ici unedynamique classique d’approche par<strong>les</strong> risques ; ce qui l’est moins estqu’il s’agit <strong>de</strong> placer l’ensemble <strong>de</strong>l’entreprise dans une dynamique <strong>de</strong>saisissement et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> cesrisques. Les diligences raisonnab<strong>les</strong>ont évi<strong>de</strong>mment un rôle d’autant plusimportant que <strong>les</strong> risques en causesont i<strong>de</strong>ntifiés.Si l’importance du droit positif enFrance est telle qu’il peut semblerJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESsuffisant <strong>de</strong> respecter <strong>les</strong> obligationsléga<strong>les</strong>, cette vision est beaucouptrop restreinte <strong>pour</strong> plusieurs raisons.En premier lieu, <strong>les</strong>dites obligationsévoluent et le travail d’anticipation dujuriste d’entreprise doit le conduire àai<strong>de</strong>r à placer sa structure dans unedynamique d’anticipation d’évolutionsà venir. Les démarches volontaristeséclairées par une analyse circonstanciéepermettront alors non d’appliquerpar anticipation <strong>de</strong>s contraintesà venir, mais <strong>de</strong> « préplacer » l’entrepriseen position d’y répondre, lemoment venu, sans difficultés. C’estexactement la situation dans laquelle,en matière <strong>de</strong> reporting environnementalet social se sont retrouvées<strong>les</strong> entreprises qui préparaient <strong>de</strong>srapports volontaires avant qu’uneobligation légale soit formulée oucel<strong>les</strong> qui peuvent justifier, dans lecadre <strong>de</strong>s marchés publics, d’élémentssociaux et environnementauxappelés à <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> plus en plusdiscriminants.En <strong>de</strong>uxième lieu, la jurispru<strong>de</strong>ncefait évoluer certaines obligations enmodifiant profondément leur contenusans que le législateur l’ait explicitementformulé. C’est ainsi quel’obligation <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> résultatimpose <strong>de</strong> revisiter l’ensemble <strong>de</strong> lathématique <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travailoù <strong>les</strong> problématiques <strong>de</strong> comportementsdésormais susceptib<strong>les</strong>d’être i<strong>de</strong>ntifiés comme répondant à<strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> harcèlement. C’estégalement le cas avec le développement<strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce en matièreenvironnementale qui impose uneconsidération toujours plus gran<strong>de</strong><strong>de</strong>s nuisances imposées aux voisins<strong>de</strong>s établissements industrielsou aux milieux avec l’émergence <strong>de</strong>la réception du préjudice écologique.En troisième lieu, mais cela est surtoutvrai <strong>de</strong>s entreprises travaillantavec l’étranger, le maître étalon <strong>de</strong>srisques juridiques ne peut être uniquementfrançais et la question <strong>de</strong>sconséquences contentieuses <strong>de</strong> l’activité<strong>de</strong>s filia<strong>les</strong> et fournisseurs dansune perspective d’entreprise élargie,peut imposer <strong>de</strong> mener une réflexionsur <strong>les</strong> standards minimaux <strong>de</strong>vantêtre fixés d’une manière globale, non<strong>pour</strong> diminuer <strong>les</strong> exigences léga<strong>les</strong>,ce qui ne <strong>pour</strong>rait être fait, mais <strong>pour</strong>proposer un socle applicable à <strong>de</strong>ssituations <strong>de</strong> réglementations insuffisantesdans <strong>de</strong>s pays tiers pouvantnuire à l’entreprise. De ce point <strong>de</strong>vue, si nous nous attachons à évoquerle contentieux, <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> d’entreprisedoivent également s’intéresserà un risque moins juridique maisparfois plus considérable : le risque<strong>de</strong> réputation ; <strong>pour</strong> l’exprimer positivement,on évoquera l’attractivité <strong>de</strong>l’entreprise, <strong>pour</strong> <strong>les</strong> investisseurs,<strong>les</strong> prêteurs, <strong>les</strong> consommateurs,<strong>les</strong> marchés…Pour revenir sur le contentieux, il estencore possible <strong>de</strong> souligner qu’unmoyen efficace <strong>de</strong> prévention ducontentieux rési<strong>de</strong> dans la clarification<strong>de</strong>s rô<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s interlocuteurs c’està-direadhérer à une logique collaborativeou, à tout le moins, la miseen place <strong>de</strong> structures d’échangesavec <strong>les</strong> différentes parties prenantes.Le but n’est pas <strong>de</strong> considérer tousces intérêts comme équivalents mais<strong>de</strong> pouvoir justifier <strong>de</strong> leur prise encompte. Au temps <strong>de</strong> l’indifférenceaux conditions dans <strong>les</strong>quels l’objectiflégitime <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> profit était<strong>pour</strong>suivi succè<strong>de</strong>, même dans lecontentieux, celui <strong>de</strong> la sollicitu<strong>de</strong>.Il suffit <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r la jurispru<strong>de</strong>nceen matière sociale ou environnementale<strong>pour</strong> comprendre que plus quele résultat, c’est la prise en compte<strong>de</strong>s intérêts concernés qui est exigée.Le développement <strong>de</strong> la logique <strong>de</strong>consultation ne concerne plus seulement<strong>les</strong> représentants du personnelmais aussi l’environnement. <strong>La</strong> dynamiqueque porte la <strong>RSE</strong>, s’ouvrantà <strong>de</strong>s interlocuteurs qui <strong>pour</strong>raientporter potentiellement <strong>de</strong>s intérêtsen conflit avec l’entreprise, est évi<strong>de</strong>mmentpréventive. De la mêmemanière, en interne cette fois, la clarification<strong>de</strong>s rô<strong>les</strong> par le développement<strong>de</strong> fonctions spécia<strong>les</strong> dédiéesà ces thématiques, permet <strong>de</strong> sécuriser<strong>les</strong> démarches et <strong>de</strong> s’assurerque l’ensemble <strong>de</strong>s acteurs concernéssont actifs en la matière. De cepoint <strong>de</strong> vue, il faut souligner le rôleessentiel que doit prendre le dialogueentre <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> et <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong>du développement durable ou <strong>de</strong> la<strong>RSE</strong> dans l’entreprise. Parce qu’ils’agit aussi d’i<strong>de</strong>ntification et <strong>de</strong> gestion<strong>de</strong>s risques, il s’agit aussi d’unenjeu pleinement juridique.■ François-Guy Trébulle,Directeur du Master 2 Droit duDéveloppement Durable, Professeurà l’Université <strong>de</strong> Paris-DescartesMaster 2 Droit etDéveloppementDurable <strong>de</strong> Paris VDescartesLe M2 Droit du DéveloppementDurable est un diplôme <strong>de</strong> 3 e cycle<strong>de</strong> Sciences Juridiques. <strong>La</strong> création<strong>de</strong> ce diplôme est une réponse <strong>de</strong>la Faculté <strong>de</strong> Droit à la Loi Grenelle Iqui vise à développer l’éducation audéveloppement durable portée partoutes <strong>les</strong> disciplinesInformations pratiques :Faculté <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong> l’UniversitéParis V Descartes – 10 avenuePierre <strong>La</strong>rousse – 92240 Malakoff01 41 17 30 00www.droit.univ-paris5.fr/m2_3d27Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESDroits <strong>de</strong> l’Homme et Entreprises :du concept <strong>de</strong> due diligence vers celui<strong>de</strong> « sphère d’influence »Entretien avec Michel Doucin, Ambassa<strong>de</strong>ur chargé <strong>de</strong> la bioéthique et<strong>de</strong> la Responsabilité Sociale <strong>de</strong>s Entreprises au Ministère <strong>de</strong>s AffairesÉtrangères et Européennes28Michel DoucinPartant du constat que <strong>les</strong> entreprisesreprésentent une forceéconomique et sociale importanteet que nombreuses sont cel<strong>les</strong>dont l’activité internationale se déploiedans <strong>de</strong>s pays où le respect <strong>de</strong>s droitsfondamentaux est problématique, laconférence mondiale <strong>de</strong>s Nations-Unies sur <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> l’Homme réunieà Vienne en 1993 a lancé l’idéed’établir <strong>de</strong>s Principes Directeursqui définiraient <strong>les</strong> rô<strong>les</strong> respectifs<strong>de</strong>s États et <strong>de</strong>s entreprises en cequi concerne la protection et le respect<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme dans lasphère économique. Le ProfesseurJohn Ruggie, nommé par le SecrétaireGénéral <strong>de</strong>s Nations-Unies « représentantspécial <strong>pour</strong> la question <strong>de</strong>sdroits <strong>de</strong> l’Homme, <strong>de</strong>s entreprisestransnationa<strong>les</strong> et autres entreprises »,a mené <strong>de</strong> nombreuses consultationset son rapport final a été approuvé parle Conseil <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme le16 juin 2011. Michel Doucin a participéà cette longue négociation dès2005 en tant que Représentant <strong>de</strong>la France (il était alors Ambassa<strong>de</strong>ur<strong>pour</strong> <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> l’Homme) et nousrapporte son analyse.Monsieur l’Ambassa<strong>de</strong>ur,<strong>pour</strong>riez-vous nous dire quelssont <strong>les</strong> objectifs <strong>de</strong> ces PrincipesDirecteurs et comment ils sesituent dans un ensemble <strong>de</strong>normes déjà complexe ?Les Principes Directeurs s’articulentautour <strong>de</strong> trois grands « piliers » : protéger,respecter, et réparer. Les Étatsdoivent protéger <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> l’Hommeen mettant en œuvre <strong>les</strong> traités internationauxuniversels avec tous <strong>les</strong>moyens <strong>de</strong> la puissance publique,dont la loi et la justice. Les entreprisesdoivent <strong>les</strong> respecter, c’est-à-direessentiellement ne pas violer le droitnational et le droit international ni directement,ni par un défaut <strong>de</strong> surveillance<strong>de</strong> leur chaîne <strong>de</strong> fournisseurs. États etentreprises doivent veiller à ce que <strong>les</strong>victimes <strong>de</strong> violations aient un accèsaisé à <strong>de</strong>s réparations justes. JohnRuggie est largement parvenu à intégrerl’ensemble <strong>de</strong>s normes internationa<strong>les</strong>fondamenta<strong>les</strong> existantes dansun seul modèle <strong>de</strong> portée globale. LesPrincipes ne créent pas <strong>de</strong> <strong>nouveaux</strong>droits mais sont une boîte à outils auservice <strong>de</strong>s droits universels. Dans cetesprit, ils se veulent complémentaires<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>nouveaux</strong> textes élaborésau cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années pard’autres organisations internationa<strong>les</strong>qui affirme le respect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>l’Homme comme un principe fondamental: la norme ISO 26000 publiéele 1 er novembre 2010, définissant <strong>les</strong>lignes directrices <strong>de</strong> la responsabilitésociale <strong>de</strong>s organisations autour <strong>de</strong>sept questions centra<strong>les</strong> dont <strong>les</strong> droits<strong>de</strong> l’Homme et <strong>les</strong> Principes Directeurs<strong>de</strong> l’OCDE à l’intention <strong>de</strong>s entreprisesmultinationa<strong>les</strong> révisés le 25 mai 2011qui créent un nouveau chapitre sur lerespect <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme directementinspiré du texte <strong>de</strong> l’ONU.Vous regrettez que, malgré<strong>de</strong>s consultations multip<strong>les</strong> etinternationa<strong>les</strong>, le texte se soitfinalement inspiré du systèmelégislatif et judiciaire américain.Pourriez-vous nous expliquercela un peu plus en détail ?Bien que <strong>de</strong> soft law, <strong>les</strong> PrincipesDirecteurs marquent <strong>de</strong>s inflexions parrapport à l’approche européenne <strong>de</strong>la <strong>RSE</strong> :– <strong>La</strong> priorité est donnée à l’approchepar <strong>les</strong> risques ; le texte limite la responsabilité<strong>de</strong>s entreprises à la miseen place <strong>de</strong> procédures <strong>de</strong> prévention<strong>de</strong>s violations. C’est réduire cette responsabilitéau principe <strong>de</strong> légalité alorsque le Pacte Mondial <strong>de</strong>s Nations-Unies invite <strong>les</strong> entreprises à engagerune démarche proactive, commepar exemple, développer la protectionsociale, l’accès à la santé <strong>de</strong> leursemployés et <strong>de</strong> leurs famil<strong>les</strong>.Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESdu capital <strong>de</strong> sa filiale. <strong>La</strong> directive <strong>de</strong>mo<strong>de</strong>rnisation comptable <strong>de</strong> l’UnionEuropéenne, qui fon<strong>de</strong> aussi la notiond’influence à partir <strong>de</strong> critères commele pouvoir <strong>de</strong> nomination <strong>de</strong>s dirigeantsd’une autre entreprise, permet aussicette objectivation. <strong>La</strong> jurispru<strong>de</strong>ncecommence à reconnaître ce concept enretenant <strong>les</strong> notions d’influence notableet d’unité économique.– <strong>La</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> la « diligence raisonnable» : <strong>les</strong> organisations patrona<strong>les</strong>mondia<strong>les</strong> y ont facilement adhéré carel<strong>les</strong> connaissent la manière dont <strong>les</strong>ystème judiciaire américain apprécieleur responsabilité : à partir d’une analysestandard <strong>de</strong>s risques, l’entreprisequi établit <strong>de</strong>s protoco<strong>les</strong> internes estcompliant et s’assure l’indulgence dujuge. Cette approche positionne l’entreprisecomme un délinquant potentiel quiprend <strong>de</strong>s mesures défensives en vue<strong>de</strong> parer à d’éventuel<strong>les</strong> actions judiciaires.Son appréciation est subjectiveet donc sa grille <strong>de</strong> lecture peu aisée.– Toute la chaîne d’approvisionnementest, en principe, concernée par cette« diligence raisonnable ». Quid <strong>de</strong> l’effectivitépratique <strong>de</strong> ce principe comptetenu <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> traçabilité enamont <strong>de</strong> très nombreux produitscontemporains ? <strong>La</strong> notion <strong>de</strong> sphèred’influence, plus conforme à la traditionjuridique européenne et qui figure dansd’autres normes (Pacte Mondial, ISO26000 et Principes <strong>de</strong> l’OCDE), noussemble plus opérationnelle.– L’ambiguïté juridique <strong>de</strong> l’affirmationselon laquelle ces Principes <strong>de</strong>meurent« volontaires » : <strong>les</strong> Principes se réfèrentà <strong>de</strong>s traités internationaux comme <strong>les</strong>Pactes <strong>de</strong> 1966 et <strong>les</strong> huit conventionsfondamenta<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’OIT <strong>de</strong> 1998.Dans un pays moniste comme le nôtre,cela ne fait pas sens <strong>de</strong> considérer<strong>de</strong>s droits fondamentaux commed’application facultative, et <strong>de</strong> laisser<strong>les</strong> entreprises mettre en place <strong>de</strong>smécanismes privés <strong>de</strong> conciliation àleur sujet.– L’inclusion <strong>de</strong>s droits fondamentaux <strong>de</strong>l’Homme au Travail (<strong>les</strong> huit conventions<strong>de</strong> l’OIT) dans <strong>les</strong> droits <strong>de</strong> l’Homme :l’exercice est intellectuellement plaisant,mais va poser <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> compétence<strong>pour</strong> la justice spécialisée quenous connaissons en Europe, particulièrementen France, <strong>les</strong> Prud’hommesMon analyse globale est que, bien quese réclamant <strong>de</strong> la soft law, ces Principes« volontaires » sont d’une nature mixtequi peut être source <strong>de</strong> bien <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>sjuridiques <strong>pour</strong> nos entreprises.Dès leur encre séchée, on a vu du restecommencer <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s manœuvres<strong>pour</strong> <strong>de</strong>s interprétations minimalistes.Nous avons vu que la duediligence est un concept <strong>de</strong> droitaméricain. Faut-il lui préférer lanotion <strong>de</strong> « sphère d’influence » ?<strong>La</strong> notion <strong>de</strong> sphère d’influence permet<strong>de</strong> déterminer le champ d’application,matériel et temporel, <strong>de</strong>s obligations<strong>de</strong>s entreprises. Schématiquement, onplace l’entreprise au milieu <strong>de</strong> plusieurscerc<strong>les</strong> concentriques et son influencesera graduée dans la même proportionque sa responsabilité. <strong>La</strong> définition <strong>de</strong>ce champ d’application est encadréepar <strong>de</strong>s critères objectifs qui prennenten compte le secteur d’activité, la nature<strong>de</strong>s produits ou services, <strong>les</strong> processus<strong>de</strong> production et <strong>de</strong> commercialisation.Cette approche se complète <strong>de</strong> la notion<strong>de</strong> contrôle capitalistique sur la base <strong>de</strong>la jurispru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> Justiceeuropéenne qui a créé une présomptionsimple <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> la sociétémère quand celle-ci détient la totalitéLes <strong>de</strong>ux notions ne sont ni alternativesni contradictoires, mais <strong>de</strong>vraient êtrevues comme complémentaires.Le texte <strong>de</strong>s PrincipesDirecteurs est nouveau et doncperfectible. Quels sont <strong>les</strong>mécanismes <strong>de</strong> révision ?Le Conseil <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’Homme amis en place un mécanisme <strong>de</strong> suivi encréant un groupe <strong>de</strong> cinq experts indépendantsnommés <strong>pour</strong> trois ans représentant<strong>les</strong> cinq continents. Ils <strong>de</strong>vrontessayer d’éclaircir <strong>les</strong> nombreuses incertitu<strong>de</strong>sque contient ce texte. Il procé<strong>de</strong>raà <strong>de</strong> nombreuses consultations etorganisera, à ce titre, un forum annuel,autant d’occasions <strong>de</strong> lui faire remonter<strong>de</strong>s observations.Dans sa communication du 25 octobre2011, la commission européenne ditadhérer aux principes directeurs etdéclare son intention <strong>de</strong> collaborer avec<strong>les</strong> entreprises dans un nombre limité <strong>de</strong>secteurs industriels (NTIC, entreprises<strong>de</strong> travail temporaire et pétrole-gaz dansun premier temps) <strong>pour</strong> <strong>les</strong> rendre opérationnels.Elle invite <strong>les</strong> États membresà établir d’ici fin 2012 <strong>de</strong>s plans nationaux<strong>de</strong> mise en application <strong>de</strong>s principesDirecteurs.Je ne peux qu’encourager <strong>les</strong> <strong>juristes</strong>d’entreprise à faire entendre leur avisauprès <strong>de</strong>s organisations représentatives<strong>de</strong>s entreprises et <strong>de</strong>s syndicatsprofessionnels <strong>de</strong>s secteursconcernés.■ Propos recueillis par CatherineRoux, co-responsable <strong>de</strong> laCommission Environnement,Développement Durable et <strong>RSE</strong>29Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


Dynamiser l’Universitépar la <strong>RSE</strong> ?RENTRÉE 2008, UNIVERSITÉ PARIS-DAUPHINE : FRANÇOISPASQUALINI APRÈS AVOIR REDORÉ LE BLASON DU MASTERPROFESSIONNEL 221DE FISCALITÉ DE L’ENTREPRISE REPRENDUNE FORMATION HISTORIQUE CRÉÉE EN 1984 PAR ELIEALFANDARI : LE DEA 122 DE DROIT ECONOMIQUE ETSOCIAL, DEVENU MASTER RECHERCHE DE DROIT APPROFONDIDE L’ENTREPRISE.A cette époque, <strong>les</strong> vocations <strong>pour</strong> <strong>les</strong>Masters recherche sont souvent un <strong>de</strong>uxièmechoix, celui <strong>de</strong>s étudiants qui ne peuvent pasintégrer un Master Professionnel conçu <strong>pour</strong>garantir un emploi d’avocat, <strong>de</strong> juriste ou ou <strong>les</strong> enseignants potentiels ont du mal programmes n’ai<strong>de</strong> pas forcément à susciterPourtant, le contenu du programme permettait Union Européenne, propriété intellectuelle, pouvait aussi exprimer un engagement dormant » ?Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s Universités, <strong>les</strong> Eco<strong>les</strong> <strong>de</strong>Commerce ont compris l’intérêt <strong>de</strong> développer et <strong>de</strong>s langues étrangères 1 soupçon <strong>de</strong> management et <strong>de</strong> soft skills plus, <strong>les</strong> étudiants souhaitent comprendre un professeur, en Ecole <strong>de</strong> commerce, une 2 , il faut aussi donnerun sens aux étu<strong>de</strong>s <strong>pour</strong> <strong>les</strong> générations l’Université malgré une autonomie croissante– dépôt <strong>de</strong>s programmes d’accréditation conventions <strong>de</strong> stage en Master Recherche Partis <strong>de</strong> ces constats, François Pasqualini et eu l’idée <strong>de</strong> proposer un programme innovant, l’Entreprise pierre angulaire duprojet 122Si <strong>les</strong> enseignements académiques -théoriques ou sous forme <strong>de</strong> séminairesd’initiation à la recherche - couvraient <strong>les</strong>domaines du droit économique et social, ilmanquait <strong>de</strong>s séminaires <strong>de</strong> mise à niveau C’est <strong>pour</strong>quoi sept séminaires d’une matinée permettent aux étudiants chercheurs une et une sélection plus stricte sur l’anglais,le Master 122 a mis en place un accord <strong>de</strong> Knoller <strong>pour</strong> perfectionner <strong>les</strong> étudiants, au-<strong>de</strong>s étudiants s’est exprimée par l’organisation<strong>de</strong> colloques annuels - 25 ans <strong>de</strong> gouvernance2009; la <strong>RSE</strong> en Afrique 2010; droit social et sur la scène professionnels, enseignants et mémoire construire un projet autour <strong>de</strong>s grands piliers<strong>de</strong> la <strong>RSE</strong> -– gouvernance, relations socia<strong>les</strong>, Puis <strong>de</strong>s séminaires d’ai<strong>de</strong> au choix du sujetsur le premier trimestre avec recherche 1 Observatoire <strong>de</strong>s Formations Fisca<strong>les</strong> 2011 – Ernst & Young Société d’Avocats 28 mai 20112 Observatoire <strong>de</strong>s Formations Fisca<strong>les</strong> 2012 – Ernst & Young Société d’Avocats 31 mai 2012


développement d’approches qui intègrent sur la recherche tout en créant un réseauet à la structuration d’une notice détaillée Société d’Avocats impliqués dans le projet aussi <strong>de</strong> travailler <strong>les</strong> aspects « marketing etpermettant d’enrichir l’expérience d’éléments<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> projet et d’intelligenceémotionnelle nécessaires <strong>pour</strong> un travail àun dépôt avant le 30 juin, une soutenance en Cette approche très encadrée tout au long <strong>de</strong> <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s mémoires et une forte <strong>de</strong> leur réussite 2011 par SMBG 3 succès, la reconnaissance par la profession avec l’Association Française <strong>de</strong>s Juristesd’entreprise <strong>de</strong>venait une priorité qu’Hervé étrangers attirés par le 122 et un programmeau service <strong>de</strong>s entreprises dans le cadre <strong>de</strong>sactivités <strong>de</strong> recherche <strong>RSE</strong>, c’est naturellement Speer, administrateurs <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>, ont rejoint entreprises volontaires comme Sonepar<strong>pour</strong> proposer <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> recherche aux avait <strong>pour</strong> la première fois signé uneconvention <strong>de</strong> partenariat avec un master <strong>de</strong>recherche, <strong>pour</strong> accentuer la prise en comptedu droit comparé dans <strong>les</strong> travaux réalisés paraccrue <strong>de</strong> la recherche allait-il provoquer vocations d’enseignants ? Gaetan Marainlauréat du Prix du meilleur mémoire <strong>RSE</strong> l'Académie française, il partira au Canadasur la « juridicisation » <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong> auprès <strong>de</strong>Résultat <strong>de</strong> ces quatre années <strong>de</strong><strong>de</strong> candidatures sont passés <strong>de</strong> 42 en2009, 84 en 2011, à 72 candidatures <strong>pour</strong>la première session 2012 et <strong>les</strong> effectifs <strong>de</strong> Quelques exemp<strong>les</strong> <strong>de</strong> sujets Meilleur Mémoire <strong>RSE</strong> la gestion <strong>de</strong> l’entreprise en droit uniforme ou harmonisé Ruggie3 Cabinet spécialisé dans l’évaluation <strong>de</strong>s formations supérieures


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTES<strong>La</strong> collaboration avec <strong>les</strong> <strong>juristes</strong>,vue par la fonction développementdurable – Retour d’expérienceCet entretien avec Éric Molinié, s’inscrit dans le cadre du partenariat<strong>AFJE</strong>-C3D, qui a <strong>pour</strong> vocation l’engagement et la pérennisation d’undialogue entre <strong>juristes</strong> et DDD. Les 90 membres du C3D, tous DDDd’entreprises ou d’organismes publics sont ici invités à mettre en avantle point <strong>de</strong> vue, <strong>les</strong> attentes, <strong>les</strong> améliorations attendues vis-à-vis <strong>de</strong>s<strong>juristes</strong> et <strong>de</strong>s relations avec <strong>les</strong> départements juridiques.32Eric MoliniéPouvez-vous nous décriresuccinctement ce quereprésentent DD et <strong>RSE</strong> à EDF ?Notre groupe énergéticien aujourd’huimondial répond aux défis <strong>de</strong> développementdurable <strong>pour</strong> notre planète endéclinant sa politique <strong>de</strong> développementdurable selon trois enjeux : la lutte contrele réchauffement climatique et la préservation<strong>de</strong> la biodiversité, car <strong>les</strong> écosystèmessont menacés par <strong>les</strong> émissions<strong>de</strong> CO2 résultant <strong>de</strong> l’action humaine ;l’accès à l’énergie, face au développement<strong>de</strong> la précarité énergétique liéeà la crise économique mondiale et àl’augmentation inéluctable du coût <strong>de</strong>l’énergie, et la proximité avec <strong>les</strong> territoires; enfin, la contribution au débat surle développement durable par le dialogue,l’information et la communication.Plus largement, notre Responsabilitéd’Entreprise est notre contribution volontaireaux enjeux sociaux en interne,sociétaux en externe, environnementauxet économiques du développementdurable, partout où le groupe estimplanté, en interaction avec nos partiesprenantes. Outil parmi d’autres <strong>de</strong>cette démarche, un accord <strong>RSE</strong> a étésigné avec l’ensemble <strong>de</strong>s organisationssyndica<strong>les</strong> du groupe dans le mon<strong>de</strong>.Comment concevez-vousla fonction et le travail avec<strong>les</strong> <strong>juristes</strong> d’entreprise ?Une équipe dédiée <strong>de</strong> la Direction juridiqueest sollicitée à tous <strong>les</strong> sta<strong>de</strong>s<strong>de</strong> la démarche <strong>de</strong> développementdurable, et, dans le meilleur <strong>de</strong>s cas,très en amont. Elle réalise la veille juridique,analyse <strong>les</strong> projets <strong>de</strong> texte àenjeux <strong>pour</strong> l’entreprise, et exerce unemission <strong>de</strong> conseil.Le travail <strong>de</strong> cette entité porte sur undomaine à forte dimension internationale,et sur <strong>de</strong>s matières très transverses(entre autres le droit <strong>de</strong> l’environnement,le droit social, le droit <strong>de</strong> la consommation,le droit civil et le droit <strong>de</strong>s affairesainsi que le droit pénal), et où prédominela Soft <strong>La</strong>w. En, outre, à la préventiondu risque juridique, s’ajoute laprise en compte du risque d’image <strong>de</strong>l’entreprise.Pouvez-vous nous citerquelques exemp<strong>les</strong> où vousavez eu à collaborer avec<strong>les</strong> <strong>juristes</strong> d’entreprise ?L’article 225 <strong>de</strong> la loi Grenelle 2 du12 juillet 2010, dont le décret d’applicationvient d’être publié, est un bonexemple : cet article a fait entrer <strong>les</strong>conséquences socia<strong>les</strong> et environnementa<strong>les</strong><strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> l’entreprisedans le champ du rapport <strong>de</strong> gestion<strong>de</strong>s sociétés cotées. Les <strong>juristes</strong> ont collaborétrès étroitement avec la Directiondu Développement Durable afin <strong>de</strong> cernerau mieux <strong>les</strong> contraintes <strong>de</strong> l’entrepriseet <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> <strong>les</strong> faire prendreen compte au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’élaborationdu texte.<strong>La</strong> Direction du Développement Durab<strong>les</strong>ollicite régulièrement la DirectionJuridique <strong>pour</strong> relire ses conventions<strong>de</strong> partenariat.Autre exemple, la collaboration récentesur la rédaction du co<strong>de</strong> éthique Groupe.Quel avenir voyez-vous àcette collaboration ?Le groupe EDF est certifié ISO 14 001 etla Direction Juridique assure, là encore,<strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> veille, d’alerte, et est legardien <strong>de</strong> la conformité réglementaire.Du fait <strong>de</strong> l’évolution mondiale d’unGroupe comme EDF, <strong>les</strong> législationsinternationa<strong>les</strong> européennes et nationa<strong>les</strong>sont <strong>de</strong> plus en plus prégnantes.Le développement durable étant une<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> réussite et d‘acceptabilité<strong>de</strong>s projets du Groupe, le juriste<strong>de</strong>vient un défenseur du développementdurable.■ Par Eric Molinié,Directeur Adjoint du DD du GroupeEDF et membre du C3DJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESLe Juriste Développement Durabledans l’entrepriseEntretien avec Charlotte Mazur, Responsable juridique DéveloppementDurable chez Nexity, sur <strong>les</strong> enjeux et <strong>les</strong> évolutions d’un métier en pleinedéfi nition.Charlotte MazurComment êtes-vousarrivée au métier <strong>de</strong> juristeDéveloppement Durable (DD) ?J’ai intégré la société Nexity enavril 2009 après 8 ans passés dansun groupe industriel en qualité <strong>de</strong>juriste spécialisée en environnementpuis en immobilier. J’ai été recrutéepar le Directeur juridique du groupe,Catherine Stephanoff, en raison <strong>de</strong>cette double compétence, dansun poste <strong>de</strong> juriste DéveloppementDurable avec <strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong> développerla fonction au sein <strong>de</strong> la Directionjuridique. Directement rattachéeau Directeur juridique du groupe,mon poste à caractère transversalm’amène à travailler avec l’ensemble<strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> Nexity, qu’il s’agissed’un sujet lié à l’aménagement, à lapromotion <strong>de</strong> logements ou d’immobilierd’entreprise, ou aux servicesimmobiliers. Je travaille en lien directavec <strong>les</strong> collaborateurs du métierconcerné ou en collaboration avecmes collègues <strong>juristes</strong> opérationnels.À quels enjeux principauxêtes-vous confrontée ?L’arrivée <strong>de</strong>s lois Grenelle a véritablementimpulsé une dynamiquedéveloppement durable dans ledomaine <strong>de</strong> l’immobilier. Mon rôleest d’assurer la bonne intégration<strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> contraintes réglementairesdu Grenelle <strong>de</strong> l’Environnementpouvant être communes à plusieursmétiers : le bail vert, le bâtiment basseconsommation, <strong>les</strong> émissions <strong>de</strong> gazà effet <strong>de</strong> serre…Nous travaillons également à la miseen place d’une politique <strong>de</strong> gestion<strong>de</strong>s risques environnementaux auxquelsle groupe peut être exposé :sites et sols pollués, amiante,biodiversité, etc.J’accompagne par ailleurs la Directiondu Développement durable au seindu groupe, créée en 2009, dans ledéveloppement et le déploiement <strong>de</strong>la politique développement durabledu groupe. Sur ces sujets innovants,qui sont parfois à défricher, il fautun véritable esprit d’équipe. Parexemple sur <strong>les</strong> bâtiments à basseconsommation, il faut travailler avecl’ensemble <strong>de</strong>s acteurs du groupe,en incluant notamment <strong>les</strong> aspectscommerciaux et techniques.Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> perspectivesd’évolution <strong>de</strong> votre métier ?Aujourd’hui, au sein <strong>de</strong> Nexity, le développementdurable s’entend autour <strong>de</strong>trois axes prioritaires : favoriser l’accèsau logement <strong>pour</strong> tous, s’inscrire surla voie du territoire durable et être unacteur exemplaire en la matière.L’aspect prévention du risque dans lacommunication sur le sujet du développementdurable, qu’elle soit tournéeclient ou institutionnelle, est alorsimportant <strong>pour</strong> l’image du groupe etje considère qu’il fait également partie<strong>de</strong> mon poste.L’ensemble <strong>de</strong>s sujets que je suisamenée à abor<strong>de</strong>r ouvre un champtrès vaste <strong>de</strong> questions juridiques, <strong>de</strong>ssujets innovants qui forcent le juriste àdévelopper un esprit ouvert, créatif etcurieux <strong>pour</strong> accompagner le développement<strong>de</strong> ces <strong>nouveaux</strong> thèmes.Mais qui peuvent aussi être <strong>de</strong>s facteurs<strong>de</strong> risques juridiques importants,je pense par exemple à l’exploitationcommerciale du thème <strong>de</strong> la santédans le bâtiment ou à la mise en placed’une garantie <strong>de</strong> performance énergétiquedans nos opérations.■ Propos receuillis parMichele Zingari33Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


CAMPUS <strong>AFJE</strong>Ne manquez pas le ren<strong>de</strong>z-vous formation<strong>de</strong>s <strong>juristes</strong> d’entreprise !Votre ren<strong>de</strong>z-vous annuel <strong>de</strong> formation continue organisé par l’<strong>AFJE</strong> <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong> d’entrepriseUne occasion unique d’échanger entre professionnels et d’entretenir votre réseauDÉCOUVREZ LE PROGRAMME9H15 - 10H30Ouverture par Hervé Delannoy, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>Table ron<strong>de</strong> : Positionner la Direction Juridique comme un acteur incontournable <strong>de</strong> l’entreprise.Avec Antoine-Henri <strong>de</strong> Frahan, Christophe Jamin, David Zeitoun11H00 - 12H30 (1 atelier au choix )1 Rupture brutale <strong>de</strong>s relations commercia<strong>les</strong>. Par Dominique Ferré et Nadine Gile2 Négocier vos contrats internationaux en anglais : meilleures pratiques et retour d’expérience. Par Doris Lynn Speer3 Faire face aux différents types <strong>de</strong> contrô<strong>les</strong> fi scaux : contrôle <strong>de</strong> comptabilité, <strong>de</strong> facturation, contrôle informatique,perquisition fi scale. Par Jean-Clau<strong>de</strong> Drié4 Dématérialisation <strong>de</strong>s documents et signature électronique. Par Véronique Dumond et Etienne Plouvier5 Indicateurs <strong>de</strong> performance <strong>pour</strong> le juriste d’entreprise : pilotez votre activité. Par Christophe Collard et Rémy Sainte Fare Garnot14H00 - 16H00 (1 atelier au choix )6 Sécuriser vos négociations : <strong>pour</strong>parlers, avant-contrats, accords <strong>de</strong> confi <strong>de</strong>ntialité et pactes <strong>de</strong> préférence.Par Catherine Fillet et Jean-Louis Fourgoux7 Évaluer et chiffrer le préjudice commercial : connaître <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> calcul, mieux préparer vos <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> réparation.Par Louis Martin8 Délégations <strong>de</strong> pouvoirs et responsabilité <strong>de</strong>s dirigeants. Par Jean-Philippe Gille et Luc Athlan9 Lutte contre la contrefaçon sur Internet et liens commerciaux. Par Christophe Caron et Guy Gras10 Techniques <strong>de</strong> communication <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>juristes</strong>. Par Jérôme Duval-Hamel (sous réserve)16H30 - 18H30 (1 atelier au choix )11 Pratique du bail commercial : bonnes pratiques. Par Florence Samaran12 Analyse comptable et fi nancière <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> : interpréter <strong>les</strong> documents fi nanciers <strong>de</strong> l’entreprise. Par Frédéric Parrat13 Rupture conventionnelle du contrat <strong>de</strong> travail : pratique et risques. Par Marie-Charlotte Diriart14 Protection <strong>de</strong>s données personnel<strong>les</strong> dans l’entreprise. Par Merav Griguer et Hélène Legras15 Déontologie et éthique <strong>de</strong>s affaires. Par Philippe Marchandise et Joël Moret BaillyContrats <strong>de</strong> l’entreprise Anglais juridique Comptabilité et finance Gestion du risque Droit <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> technologies Outils et compétences professionnel<strong>les</strong>


2 e ÉDITION26 OCTOBRE 2012> 8h45–18h30EUROSITES GEORGE V28, avenue George V75008 ParisAvec le soutien <strong>de</strong>Bulletin d’inscriptionInscrivez-vous auprès <strong>de</strong> notre partenaire LexisNexis Formations :COURRIER TÉL. FAX E-MAIL formations@lexisnexis.fr OUI, <strong>AFJE</strong>Les frais <strong>de</strong> participation comprennent : la participation à 3 ateliers choisis dans le programme« Campus <strong>AFJE</strong> », le déjeuner, <strong>les</strong> pauses, le cocktail <strong>de</strong> clôture et le support pédagogique. 590 € HT - € <strong>pour</strong> <strong>les</strong> adhérents <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>. 890 € HT - € <strong>pour</strong> <strong>les</strong> non-adhérents <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>. TARIF DE GROUPE Venez à 2 ou 3 et économisez 15%, venez à 4 ou pluset économisez 30%** PUBMME MLLE M. NOM/PRÉNOMTÉL.FAXDEVENEZ PARTENAIREDE CET ÉVÉNEMENT !Contact : Anne-<strong>La</strong>ure Paulet<strong>AFJE</strong> Tél. 01 42 61 01 80E-MAIL ADRESSE VILLEAprès avoir pris connaissance ci-<strong>de</strong>ssous, le(s)soussigné(s) accepte(nt) <strong>les</strong> conditions d’inscription.À ____________________________LE _______ / _______ / _______ Ne manquez pasle cocktail <strong>de</strong> clôtureà 18h30Pour achever cette journée placéesous le signe <strong>de</strong>s rencontres et <strong>de</strong>séchanges, ren<strong>de</strong>z-vous au cocktail<strong>de</strong> clôture à 18H30.Une <strong>de</strong>rnière occasion d’échangerpoints <strong>de</strong> vue… et cartes <strong>de</strong> visite. N° SIRET Conformément à l’article 27 <strong>de</strong> la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et <strong>de</strong> rectifi cation<strong>de</strong>s données vous concernant. CP-12C114 - 05/2012 Photo © Carlos Seller - Fotolia.comEN PARTENARIAT AVEC7HVALIDÉESELIGIBLEDIFAU


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESLe juriste d’entreprise et la <strong>RSE</strong> :opportunités à saisir !Les <strong>juristes</strong> d’entreprise sont acteurs <strong>de</strong>s synergiestransversa<strong>les</strong> requises avec <strong>les</strong> autres départements <strong>de</strong>l’entreprise. L’ère <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong> à la tête <strong>de</strong>s directionsdéveloppement durable a sans doute sonné !36Yann QueinnecLe temps où <strong>les</strong> départementsjuridiques n’étaient pas impliquésou pouvaient constituer unfacteur <strong>de</strong> blocage <strong>de</strong>s stratégies<strong>de</strong> <strong>RSE</strong> serait-il révolu ?L’évolution du statut juridique <strong>de</strong>sco<strong>de</strong>s <strong>de</strong> conduite apporte un début<strong>de</strong> réponse. En l’espace <strong>de</strong> cinq ans,nous sommes passés d’un outil <strong>de</strong>pure communication à un objet <strong>de</strong>droit clairement i<strong>de</strong>ntifié. En effet, entrel’arrêt Dassault Systèmes rendu le8 décembre 2009, la circulaire <strong>de</strong>la direction générale du travail du19 novembre 2008 et l’article L.121-1du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la consommation qui qualifieleur violation <strong>de</strong> délit <strong>de</strong> pratiquecommerciale trompeuse, que d’attentionjuridique ! <strong>La</strong> réforme <strong>de</strong> l’obligationd’information sociale et environnementaleou encore la notion <strong>de</strong>déséquilibre significatif entre contractants(article L.442-6 1 2° C. Com)illustrent aussi cette émergence <strong>de</strong> la<strong>RSE</strong> dans le droit positif et la propensionnaturelle <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong> à s’en saisir.Apporter <strong>de</strong> la sécuritéjuridique à <strong>de</strong>s stratégies<strong>de</strong> <strong>RSE</strong> ambitieusesC’est sans doute du côté <strong>de</strong>s standardsinternationaux <strong>de</strong> <strong>RSE</strong> récemmentstabilisés (cf. la communication<strong>de</strong> la Commission européenne du 25octobre 2011) que l’implication <strong>de</strong>s<strong>juristes</strong> est la plus prometteuse. Leurmise en œuvre appelle en effet l’usage<strong>de</strong> notions clés encore dé<strong>pour</strong>vues <strong>de</strong>contours juridiques bien établis. Or,relever ce défi est indispensable <strong>pour</strong>que <strong>les</strong> stratégies <strong>de</strong> développementdurable s’engagent sur <strong>de</strong>s basesjuridiques soli<strong>de</strong>s. Citons le <strong>de</strong>voir<strong>de</strong> vigilance et la sphère d’influence,qui synthétisent <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux facettes <strong>de</strong>la <strong>RSE</strong>. Le premier exige <strong>de</strong> l’entreprisequ’elle mette tout en œuvre <strong>pour</strong>réduire ses externalités négatives. S’ils’agit essentiellement d’une obligation<strong>de</strong> moyens se traduisant par la miseen place <strong>de</strong> procédures (audits, certification,etc.), <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> seront impliqués<strong>pour</strong> évaluer l’adéquation entre<strong>les</strong> risques i<strong>de</strong>ntifiés et <strong>les</strong> moyensmis en œuvre et imaginer <strong>de</strong>s dispositifsadaptés (alerte, résolution <strong>de</strong>slitiges, etc.).Les <strong>juristes</strong> au cœur <strong>de</strong>l’innovation sociétale ?L’exercice par <strong>les</strong> entreprises <strong>de</strong> leurresponsabilité sociétale dans leursphère d’influence a un caractèreplus dynamique. Il exige d’optimiserleur contribution au développementdurable. Délimiter la sphère d’influence<strong>de</strong> l’entreprise sur un enjeu sociétaldonné n’est pas chose aisée et <strong>de</strong>nombreux dispositifs juridiques <strong>pour</strong>raientservir d’étalon (allant <strong>de</strong>s mécanismes<strong>de</strong> traçabilité alimentaire à lajurispru<strong>de</strong>nce sur <strong>les</strong> abus <strong>de</strong> dépendanceéconomique). L’ISO 26000reconnaît que l’une <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>spermettant d’exercer son influenceest l’établissement <strong>de</strong> stipulationscontractuel<strong>les</strong>. On peut anticiper uneévolution substantielle <strong>de</strong>s relationsd’une entreprise avec <strong>les</strong> acteurs<strong>de</strong> sa chaine d’approvisionnement,ses clients ou encore <strong>les</strong> ONGs…autant d’occasions <strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>juristes</strong><strong>de</strong> démontrer leur savoir-faire.■ Yann Queinnec, Directeurassocié du cabinet <strong>de</strong> recrutementOrientation DurableJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTES2012 : l’An I <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong> en FranceAvec le décret du 24 avril 2012, dit « décret article 225 » une petiterévolution s’est produite dans <strong>les</strong> rapports entre l’entreprise et lasociété. Les sept mutations qui donnent une nouvelle perspectiveà la <strong>RSE</strong> dans le paysage économique à venir.Patrick d’HumièresCela fait vingt ans que la <strong>RSE</strong>tente d’émerger <strong>de</strong> façoncohérente entre <strong>de</strong>s appréciationscontradictoires d’originesmultip<strong>les</strong>, moralisantes <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>sacteurs <strong>de</strong> la société civile motivéspar une critique <strong>de</strong> l’économie capitalisteet financière, économiques <strong>de</strong>la part <strong>de</strong>s milieux d’affaires qui n’enperçoivent que <strong>les</strong> pressions gênantes<strong>pour</strong> l’investissement et sa rentabilité,et politiques <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’opinionqui n’en ressent pas la réalité, considérantqu’elle est <strong>de</strong> la philanthropieau mieux et au pire un discours <strong>de</strong>communication artificiel. L’adoption<strong>de</strong> l’ISO 26000 par une centaine <strong>de</strong>pays en 2010 avait posé le lien fondamentalentre la <strong>RSE</strong> et l’engagement<strong>de</strong> l’entreprise en faveur du développementdurable, dans une relationéthique, transparente, avec <strong>les</strong> partiesprenantes. Au-<strong>de</strong>là du respect <strong>de</strong>sconventions internationa<strong>les</strong> et <strong>de</strong>s loisen vigueur, la <strong>RSE</strong> a quitté l’espacequ’elle occupait en <strong>de</strong>hors du droitpositif : ce n’est plus le libre territoire<strong>de</strong> l’initiative patronale qui veut « bienfaire », laquelle s’est échouée dans <strong>les</strong>faillites successives <strong>de</strong> l’autorégulationet du marché triomphant.À émergé un nouvel espace, celui dudroit mou qui se durcit au gré d’uneexigence <strong>de</strong> sécurité grandissante <strong>de</strong>scitoyens qu’encouragent la démocratisationet la transparence <strong>de</strong>s sociétésmo<strong>de</strong>rnes, que <strong>les</strong> juges actentinexorablement et dont la <strong>RSE</strong> est lepur produit. Sur ce point, la définitioneuropéenne nouvelle <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong> et l’article225 <strong>de</strong> la Loi Grenelle 2, qui faitentrer la transparence sociale, environnementaleet sociétale <strong>de</strong> l’entreprisedans le rapport <strong>de</strong> gestion, soumisà l’Assemblée Générale, au traversd’informations <strong>de</strong>mandées, justifiées,vérifiées et opposab<strong>les</strong>, constituentun tournant normatif considérable. <strong>La</strong><strong>RSE</strong> <strong>de</strong>vient un espace <strong>de</strong> collaborationobligatoire où l’entreprise doitnégocier avec son eco-système <strong>les</strong>termes d’une répartition plus équilibrée<strong>de</strong> la valeur qu’elle crée <strong>pour</strong>elle-même et qu’elle distribue à lasociété, comme sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> son « droitd’opérer ».Ce passage <strong>de</strong> « la <strong>RSE</strong>déclarative », c’est-à-direputative, fait <strong>de</strong> l’entrepriseuniquement, à « la <strong>RSE</strong>collaborative », c’est-à-direréelle, fait <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux partiesliées, se manifeste à traverssept mutations simp<strong>les</strong> qu’onpeut i<strong>de</strong>ntifier sous <strong>de</strong>sformes très diversifiées.Mutation 1, la <strong>RSE</strong> n’existe qu’à traversla mesure <strong>de</strong> performances réel<strong>les</strong>sur <strong>de</strong>s indications qui répon<strong>de</strong>ntaux divers référentiels caractérisantle modèle du développement durableen gestation. C’est le reporting quifon<strong>de</strong> la réalité <strong>de</strong> la démarche et plusle seul engagement déclaratif.Mutation 2, la <strong>RSE</strong> est la reconnaissanced’un objet élargi <strong>de</strong> l’entreprise,allant au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s intérêts et <strong>de</strong>s droits<strong>de</strong> ses actionnaires, en intégrant <strong>les</strong>autres parties prenantes – salariés,clients, citoyens, fournisseurs – quise doit <strong>de</strong> veiller à leur satisfactionconcomitante, quel que soit le droiten vigueur.Mutation 3, cette relation élargie secaractérise par une « sphère d’influence» <strong>de</strong> l’entreprise sur son environnementqui va bien-au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>son marché et qui a une réalité dansl’espace et dans le temps, dont elledoit prendre acte dès lors que sacréation <strong>de</strong> valeur génère impacts etdépendance.Mutation 4, la responsabilité <strong>de</strong> l’entreprisedans sa sphère d’influencen’implique pas une captation <strong>de</strong> ladimension politique, juridique et économique<strong>de</strong> son cadre d’activité maisdans la construction d’une « diligenceraisonnable » <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> la maîtrise <strong>de</strong>ses impacts en vue <strong>de</strong> <strong>les</strong> corriger/améliorerMutation 5, la responsabilité <strong>de</strong> l’entrepriseattachée à la recherche d’unmodèle <strong>de</strong> croissance compatibleavec la durabilité (sociale, environnementaleet gouvernance) <strong>de</strong> son cadre37Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTES38d’activité, ne sépare plus le suivi financierdu suivi extra-financier (DD), <strong>pour</strong>rendre compte <strong>de</strong> sa performanceMutation 6, la <strong>RSE</strong> ne consiste plussimplement à améliorer le modèleéconomique <strong>de</strong> l’entreprise dans sacréation <strong>de</strong> valeur partagée avec sesparties prenantes mais à contribuerpar sa participation à l’action collectiveà améliorer le fonctionnement <strong>de</strong>son cadre d’activité en logique plusdurableMutation 7, la <strong>RSE</strong>, mesurée, négociée,globalisée, assumée, conduit àinfléchir le modèle économique <strong>de</strong>l’entreprise dans ce qu’il a <strong>de</strong> nondurable, en recherchant <strong>de</strong>s innovationscorrectrices, technologiques oud’usage, et ne se contentant pas <strong>de</strong>compensations résiduel<strong>les</strong><strong>La</strong> <strong>RSE</strong> n’achèvera saconstruction normative encours, dans son espaceoriginal nouveau, entre loi etmarché, faite <strong>de</strong> volonté et<strong>de</strong> collaboration, que si elleprogresse dans la décenniequi vient sur <strong>les</strong> trois terrainsdéterminants suivants :– elle a besoin <strong>de</strong> s’intégrer dans <strong>de</strong>spolitiques publiques qui compensent<strong>les</strong> surcoûts et qui encouragent <strong>les</strong> initiativespositives, à travers <strong>de</strong>s contrepartiesqui ai<strong>de</strong>nt à internaliser <strong>les</strong>externalités négatives, lorsque la dynamiquedu marché ne suffit pas,– elle a besoin <strong>de</strong> se fon<strong>de</strong>r sur <strong>de</strong>sexpérimentations, <strong>de</strong>s évaluationset <strong>de</strong>s démarches d’apprentissagequi engendrent <strong>de</strong>s savoirs et quiconstruisent <strong>de</strong>s outils et <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>sopératoires sans <strong>les</strong>quels la <strong>RSE</strong> resteencore un champ <strong>de</strong> bonnes pratiqueséclatées,– elle a besoin enfin <strong>de</strong> viser son intégrationdans la comptabilité afin quesa mesure rejoigne <strong>les</strong> cadres universels<strong>de</strong> l’analyse économique etqu’elle soit utilisable à partir <strong>de</strong> donnéesrépondant aux mêmes exigences<strong>de</strong> rigueur que cel<strong>les</strong> qui régissent <strong>les</strong>flux monétaires.<strong>La</strong> <strong>RSE</strong> apporte à l’entreprise cettepossibilité <strong>de</strong> choisir son modèle, dèslors que la régulation l’y encourage. Lemérite <strong>de</strong>s années critiques que l’onvient <strong>de</strong> vivre et l’intérêt <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong>conscience réelle <strong>de</strong> nombreux dirigeantssur leur responsabilité intrinsèque,sous la pression d’une transparencequi est autant une menacequ’un stimulant, est <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong>un sujet très sérieux qui n’a plus rien àvoir avec la morale. C’est une questiongéopolitique par excellence, <strong>de</strong> régulation<strong>de</strong>s échanges, sur <strong>de</strong>s bases quenous voudrons – ou non – compatib<strong>les</strong>avec le modèle politique soutenable,sinon souhaitable qui se <strong>de</strong>ssine. Onvoit bien que la montée <strong>de</strong>s risquesobligera <strong>les</strong> entreprises à prendre leurresponsabilité politique dans cetteévolution et donc à <strong>de</strong>voir afficheret négocier <strong>de</strong>s comportements quicontribueront à l’équilibre durable <strong>de</strong>srapports économiques sur la planète.Cette criticité <strong>de</strong>s risques ne cessera<strong>de</strong> tirer la <strong>RSE</strong> dans un cadre normatifdur, juridique et comptable, en attendantd’être stratégique.■ Patrick d’Humières, Directeurdu CHEE-DD Paris, Executiveformation <strong>de</strong> l’École CentraleJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESPARTENARIAT : L’<strong>AFJE</strong> ET L’ASSOCIATION C3D ONT DÉCIDÉ DE TRAVAILLER ENSEMBLE…Pourquoi un partenariat <strong>AFJE</strong> – C3D ?DD et <strong>RSE</strong>, soutenabilité, préjudice écologique, principe <strong>de</strong> précaution, agenda 21,rapport environnemental, social et sociétal… autant <strong>de</strong> <strong>nouveaux</strong> concepts que <strong>les</strong>Directeurs du Développement Durable <strong>de</strong>s entreprises ont appris à transformer enactions dans leurs entreprises. Mais ces objets sont aussi appréhendés par le droit ou<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s normes juridiques que <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> d’entreprise doivent traiter ! Alorsfaudra-t-il créer un JDD (Juriste Développement Durable) ?Des conventions internationa<strong>les</strong>, <strong>de</strong>schartes, <strong>de</strong>s livres blancs ou verts,<strong>de</strong>s discours, <strong>de</strong>s directives, <strong>de</strong>slois… tout un arsenal a progressivementpermis d’installer le développementdurable comme un conceptmajeur dans le paysage médiatique,social, politique, entrepreneurial etbien évi<strong>de</strong>mment juridique <strong>de</strong>s entrepriseset <strong>de</strong> ses acteurs internes ouexternes, allant <strong>de</strong>s actionnaires auxcitoyens en passant par <strong>les</strong> salariés,<strong>les</strong> fournisseurs, <strong>les</strong> clients… En breftoutes <strong>les</strong> parties prenantes. D’abordperçu comme un enjeu environnemental,le Développement Durable(DD) concerne aussi <strong>les</strong> enjeuxsociaux et économiques et se déclineen normes aux pouvoirs réglementairesdifférents allant <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong>bonnes pratiques et <strong>de</strong>s recommandationsaux normes réglementairesétablies et le Juriste d’entreprise nepeut l’éviter aujourd’hui dans la gestionjuridique <strong>de</strong> l’entreprise. C’estun fait.Le juriste poussé vers le DDLes enjeux environnementaux furentla porte d’entrée du développementdurable. Avant même l’apparitiondu co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement relativementrécent, il existait un foisonnement<strong>de</strong> normes disparates. Plusrécemment, en 2005, la protection<strong>de</strong> l’environnement est <strong>de</strong>venue unevaleur constitutionnelle avec l’intégration<strong>de</strong> la Charte <strong>de</strong> l’Environnementdans la Constitution. <strong>La</strong> loidu 15 mai 2001 sur <strong>les</strong> Nouvel<strong>les</strong>Régulations Économiques (NRE)marque une étape importante : l’entreprisecotée va <strong>de</strong>voir communiquerdans son rapport annuel <strong>de</strong>s informationsrelatives à la prise en compte<strong>de</strong>s conséquences socia<strong>les</strong> et environnementa<strong>les</strong><strong>de</strong> son activité. C’estalors que l’on voit naître le concept<strong>de</strong> <strong>RSE</strong> qui est la contribution <strong>de</strong>sentreprises aux enjeux du développementdurable. Progressivement, leDD couvre tous <strong>les</strong> domaines et <strong>les</strong>textes dits Grenelle sont une reconnaissancejuridique officielle. « <strong>La</strong> <strong>RSE</strong>couvre <strong>de</strong> nombreux sujets allant <strong>de</strong>sdroits <strong>de</strong> l’homme à l’environnementet la biodiversité, <strong>de</strong> la productionéco-conçue à l’innovation, <strong>de</strong>s achatsresponsab<strong>les</strong> aux droits <strong>de</strong>s consommateurs,<strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s d’éthique auxprincipes <strong>de</strong> gouvernance… touty passe » disent d’une même voixHélène Vala<strong>de</strong> (Prési<strong>de</strong>nte du C3D)et Catherine Roux.Et <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> d’entreprise dans toutcela ? « Mon objectif en 2004 enreprenant l’animation <strong>de</strong> la commissionEnvironnement était déjà d’engagerune réflexion sur le rôle du juristed’entreprise dans la démarche DD ».(Voir <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> la commission surle site et en particulier le compte rendu<strong>de</strong> l’événement d’octobre 2007) etelle souligne : « aujourd’hui, se rapprocher<strong>de</strong>s acteurs du DD permet<strong>de</strong> continuer à sensibiliser <strong>les</strong> <strong>juristes</strong>sur ce concept et ses conséquencesjuridiques et <strong>les</strong> faire participer à cequi constitue un enjeu <strong>de</strong> compétitivité<strong>de</strong>s entreprises <strong>pour</strong> <strong>de</strong>main ».Le Grenelle a prévu <strong>de</strong> dépasser ledomaine <strong>de</strong> l’environnement, d’allerplus loin que la NRE, par exemple enétendant l’obligation <strong>de</strong> reporting à<strong>de</strong>s entreprises non cotées et dépassant500 personnes, mais aussi entermes <strong>de</strong> sanctions : el<strong>les</strong> venaient<strong>de</strong> la société civile, aujourd’hui el<strong>les</strong>viennent du droit lui-même. Le DD a<strong>de</strong>s conséquences juridiques et ce n’estpas qu’un discours à la mo<strong>de</strong>, il fautstructurer et prouver l’action durable.Les 3 piliers (environnement, social,économique) du DD semblentaujourd’hui équilibrés, même si l’environnementreste encore le plus visible,le plus concret, le plus mesurable,même juridiquement parlant. Lesconséquences socia<strong>les</strong>, sociéta<strong>les</strong>et économiques sont plus diffici<strong>les</strong>à appréhen<strong>de</strong>r et surtout à mesurer.Mais cela progresse très vite etle juriste d’entreprise doit y faire facedans <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> facettes <strong>de</strong> la vie<strong>de</strong> l’entreprise. Et même <strong>de</strong>s dossiersprospectifs : le respect du consommateur,l’exigence vis-à-vis <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>l’homme, la norme ISO 26000 (norme<strong>RSE</strong> <strong>de</strong> novembre 2010), etc. …Ainsi, le juriste d’entreprise peut,voire doit, utiliser une accumulation<strong>de</strong> normes qui va du réglementaire,la hard law, jusqu’à la multitu<strong>de</strong> d’éléments<strong>de</strong> soft law, allant <strong>de</strong>s conventionsinternationa<strong>les</strong> jusqu’aux gui<strong>de</strong>s<strong>de</strong> bonnes pratiques, émanant <strong>de</strong>syndicats ou d’associations professionnel<strong>les</strong>,<strong>de</strong>s chartes… Dès lors, lerôle du juriste d’entreprise ne peut se39Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESPARTENARIAT : L’<strong>AFJE</strong> ET L’ASSOCIATION C3D ONT DÉCIDÉ DE TRAVAILLER ENSEMBLE…40résumer à « appliquer le droit », il doitêtre prospectif, anticipateur, y compris<strong>de</strong> la soft law et <strong>de</strong> ses implications.Catherine Roux en est tellementconvaincue, qu’elle s’est rapprochéedu C3D <strong>pour</strong> créer ce partenariat ens’appuyant sur un évènement quisoit à la fois ludique et créateur <strong>de</strong>liens. « <strong>La</strong> pièce <strong>de</strong> théâtre “PartiePrenante”, révélatrice <strong>de</strong> la complexitédu sujet en prenant un cas concret,a surtout servi <strong>de</strong> support <strong>pour</strong> cettepremière rencontre entre nos <strong>de</strong>uxassociations. Ce n’était qu’une miseen bouche et nous allons développer<strong>de</strong>s thèmes <strong>de</strong> réflexion communs.Nous pouvons envisager la réparation<strong>de</strong>s atteintes à la biodiversité, <strong>les</strong>chartes éthiques, <strong>les</strong> achats responsab<strong>les</strong>(loyauté <strong>de</strong>s pratiques, sécurité<strong>de</strong>s produits…), la combinaison dudroit social et <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong>… ». Elle rappelleque la Commission Européennea mis l’accent dans sa <strong>de</strong>rnière déclarationsur la nécessité <strong>de</strong> créer plus<strong>de</strong> régulations et d’encourager la corégulationavec <strong>les</strong> salariés en interne.Travailler en transversal, maindans la main avec la Direction duDéveloppement Durable, semble s’imposerà terme à la Direction Juridique.Et si la fonction DD n’existe pas, lejuriste peut être lui-même initiateur<strong>de</strong> la démarche !Le DDD vient au droitHélène Vala<strong>de</strong> rappelle que la fonction<strong>de</strong> Directeur du DéveloppementDurable dans l’entreprise est une fonctionrécente, 15 ans <strong>pour</strong> le DDD leplus anciennement installé, une DDDd’ailleurs et elle fut d’abord chargéedu reporting environnemental et socialdu fait <strong>de</strong> la loi NRE ! Actuellement, ilssont environ 300 en entreprises, <strong>de</strong>profils très variés, c’est une fonctiontrès en pointe dans <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s collectivités.« On constate aussi que lafonction va vers <strong>les</strong> PME, dès que lePDG ou la DG impulse une politique<strong>de</strong> DD » constate-t-elle.Il faut aller plus loin : passer du rendrecompte à la proposition. Ainsi, en quoile DDD peut ai<strong>de</strong>r le commercial àaller vers <strong>les</strong> clients ? Comment peutilpousser l’innovation ? Etc. … Eneffet, <strong>les</strong> attentes <strong>de</strong>s clients évoluentet intègrent <strong>de</strong> plus en plus le DD.L’entreprise doit donc elle aussi sel’approprier le plus largement possible.Le DDD intervient ainsi à différentsniveaux : « que ce soit sur l’aspectargumentaire, narratif et <strong>de</strong> discours,par exemple avec <strong>les</strong> rapportsannuels, ou <strong>les</strong> références sur<strong>les</strong> aspects DD <strong>de</strong> nos produits, <strong>de</strong>nos solutions, mais aussi sur l’évolution<strong>de</strong> la présentation <strong>de</strong> ces produitsjusqu’à la commercialisation »décrypte Hélène Vala<strong>de</strong>. Ensuite, leDDD travaille sur <strong>les</strong> modifications <strong>de</strong>la conception, du process <strong>de</strong> production,<strong>de</strong> la fabrication <strong>de</strong>s produits,comme <strong>les</strong> économies d’énergie, laréduction <strong>de</strong>s coûts ou l’utilisation plusefficiente <strong>de</strong> tel ou tel produit <strong>de</strong> sacomposition. Enfin, toute l’ingénieriesociale/sociétale : gestion <strong>de</strong>s RH,avec la diversité, la formation, le handicap,l’hygiène, l’employabilité… Soitune performance sociale au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>la performance financière ! Ingénieriesociétale qui s’étend d’ailleurs à lamédiation avec <strong>les</strong> clients en difficultés,<strong>les</strong> associations loca<strong>les</strong> ou même<strong>les</strong> rapports avec <strong>les</strong> fournisseurs…C’est-à-dire à la création <strong>de</strong> rapportspositifs avec <strong>les</strong> acteurs extérieursà l’entreprise mais en lien avec elle.Sont abordées <strong>de</strong>s questions touchantaux paiements, aux économiesbudgétaires, aux nuisances <strong>pour</strong> levoisinage… <strong>La</strong> <strong>RSE</strong> va jusqu’à promouvoirla bonne gouvernance, lacitoyenneté <strong>de</strong> l’entreprise, et adopterun comportement éthique avec <strong>les</strong>parties prenantes, et <strong>les</strong> encouragerdans ce sens.Cette fonction <strong>de</strong> DDD est toute enPREMIER ACTE DU PARTENARIAT C3D – <strong>AFJE</strong> : « PARTIE PRENANTE »Une pièce <strong>de</strong> théâtre « Partie Prenante » a été l’occasion <strong>de</strong> rapprocher <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux professions,<strong>juristes</strong> d’entreprise et directeurs du développement durable, <strong>pour</strong> mieuxexplorer leurs complémentarités. Les échanges animés qui ont suivi la représentationsont porteurs d’une promesse <strong>de</strong> lien… durable entre nos <strong>de</strong>ux associationsdont la première étape a été la signature d’une convention <strong>de</strong> partenariat.Créée par <strong>les</strong> associés d’ASG Stratégie et Gouvernance à <strong>de</strong>s fi ns pédagogiques et jouée par<strong>de</strong> talentueux comédiens professionnels, Partie Prenante, présente <strong>les</strong> vastes périmètres et <strong>les</strong>enjeux du développement durable et <strong>de</strong> la responsabilité sociale. Construite autour <strong>de</strong> quatrepersonnages porteurs <strong>de</strong> visions très contrastées, cette pièce <strong>de</strong> théâtre met en scène leursparadoxes et contradictions quand il s’agit <strong>de</strong> mettre en place concrètement une démarche <strong>de</strong> développement durable dans l’entreprise.Plus <strong>de</strong> 80 <strong>juristes</strong> d’entreprise et directeurs du développement durable étaient présents à cette représentation, reçus par le CabinetDeloitte. Motivée par ce succès et la richesse <strong>de</strong>s échanges, Catherine Roux, acteur majeur <strong>de</strong> ce partenariat, prépare dès à présent <strong>les</strong>econd acte <strong>de</strong> ce partenariat avec C3D. Pour ce faire, elle sera accompagnée par <strong>de</strong>ux <strong>nouveaux</strong> co-animateurs <strong>de</strong> la CEDD : Anne-Gwenn Alexandre (voir encadré page 24) et Emmanuel <strong>La</strong>clavière.Pour toute question : afje.cedd@gmail.comPour en savoir plus sur C3D : contact@cddd.frJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA <strong>RSE</strong>, DE NOUVEAUX DÉFIS POUR LES JURISTESPARTENARIAT : L’<strong>AFJE</strong> ET L’ASSOCIATION C3D ONT DÉCIDÉ DE TRAVAILLER ENSEMBLE…transversalité. Elle a aussi <strong>pour</strong> particularité<strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong> sujets <strong>nouveaux</strong>,jusqu’alors inconnus ou délaissés,puis <strong>de</strong> <strong>les</strong> retravailler <strong>pour</strong> <strong>les</strong>renvoyer vers <strong>les</strong> opérationnels afinqu’ils s’en emparent et <strong>les</strong> appliquent.« C’est afficher un certain côté militant,car il faut incarner une problématiqueémergente et être très professionnel ! »souligne Hélène Vala<strong>de</strong>.L’entreprise ne peut plus être renferméesur elle-même. En intégrant cettenouvelle problématique, elle appréhen<strong>de</strong><strong>de</strong> <strong>nouveaux</strong> territoires (quellegouvernance est acceptable <strong>pour</strong> nossalariés ? <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong>sont-el<strong>les</strong> durab<strong>les</strong> ? le climat est-ilnotre problème ?…) et le businessmo<strong>de</strong>l s’en trouve automatiquementimpacté, pas tant en terme <strong>de</strong> quantitémais au niveau <strong>de</strong> la valeur. Le DDpermet d’accé<strong>de</strong>r au cœur <strong>de</strong> l’entreprise: son modèle économique.Il faut concrétiser le DD, et <strong>de</strong> cecôté-là, Hélène Vala<strong>de</strong> le confirme :<strong>les</strong> DDD ont besoin du droit et donc<strong>de</strong>s <strong>juristes</strong> <strong>de</strong> l’entreprise où ils sont.Certes, travailler ensemble, mais surtoutrattraper le retard <strong>de</strong> coopérationqui s’est installé. Les DDD ont rapi<strong>de</strong>menttravaillé avec <strong>les</strong> qualiticiens<strong>de</strong>s entreprises (sur <strong>les</strong> process, leconcret…), mais pas assez vite avec<strong>les</strong> <strong>juristes</strong> d’entreprise. Hélène Vala<strong>de</strong>le constate : « on s’est aperçu que lemon<strong>de</strong> juridique était aussi présentdans l’entreprise et pouvait <strong>de</strong>venir unréel partenaire. Car quand on inventedu neuf, il est nécessaire <strong>de</strong> le passerau crible du droit ». C’est d’un juristed’entreprise qui ai<strong>de</strong> à faire appliquerle DD et non le freiner que <strong>les</strong> DDDont recherché.On a cru qu’avec la crise, le DD etdonc <strong>les</strong> fonctions liées allaient s’estompervoire disparaître. L’antienneliant préoccupation <strong>pour</strong> l’environnementet pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> prospéritéest enterrée. Le DD est au contrairele domaine dont il faut s’occuper,quoiqu’il advienne, et même, il peutpermettre <strong>de</strong> participer à la sortie <strong>de</strong>la crise. Sur ce point <strong>les</strong> entreprises,poussées sans doute par le consommateuracteur du DD, vont plus viteque <strong>les</strong> politiques. D’ailleurs, le DDn’est plus vraiment un sujet clivantdans la société (sauf peut-être encoresur ses aspects fiscaux et sur le « quipaie quoi ? »). « On n’est plus du toutdans l’idéologie, le discours d’intention,on est dans l’action et la solution» conclut Hélène Vala<strong>de</strong>.Des <strong>juristes</strong> intégrés au sein<strong>de</strong> la Direction DD ou <strong>de</strong>sexperts DD et <strong>RSE</strong> au sein<strong>de</strong> la Direction Juridique ?Tout d’abord, soulignons que, enterme <strong>de</strong> métier, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux professionsdoivent démontrer la valeur ajoutée <strong>de</strong>leur fonction au sein <strong>de</strong> l’entreprise etleurs contributions à sa performance.Ensuite, un autre point commun entrejuriste d’entreprise et Directeur/responsabledu Développement Durable,c’est d’être très transversaux. Entrele droit pur et dur, <strong>les</strong> risques, <strong>les</strong>accords internes, la conformité, lecontrôle, la compliance, l’éthique,la qualité. C’est aussi d’être en lienavec toutes <strong>les</strong> autres fonctions <strong>de</strong>l’entreprise, y compris <strong>les</strong> opérationnels.Verra-t-on naître un être hybri<strong>de</strong>nommé JDD ou J<strong>RSE</strong> (Juriste experten DD et <strong>RSE</strong>) ?Comme le souligne Catherine Roux :« <strong>les</strong> collaborations sont à envisageret seront multip<strong>les</strong>, avec <strong>de</strong> <strong>nouveaux</strong>sujets à traiter en commun tels que lereporting renforcé en matière <strong>de</strong> <strong>RSE</strong>ou <strong>les</strong> montages juridiques sur la compensationécologique. Il ne s’agit pasd’une révolution mais d’une évolution<strong>de</strong> notre métier, une nouvelle manièred’utiliser le droit <strong>pour</strong> le mettre au service<strong>de</strong> la <strong>RSE</strong>. Nous savons gérer <strong>les</strong>risques et révéler <strong>les</strong> opportunités etcomme la <strong>RSE</strong> est source d’opportunitéset créatrice <strong>de</strong> valeur, nousavons bouclé la boucle… ! »Helène Vala<strong>de</strong> remarque qu’on n’intègrepas encore <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong> dans <strong>les</strong>services dévolus au DD (sauf à imaginer<strong>de</strong>s doub<strong>les</strong> compétences, <strong>de</strong>sdoub<strong>les</strong> formations), mais qu’on estdans « la recherche <strong>de</strong> lien, <strong>de</strong> réalisationsmain dans la main. Le rôle dujuriste auprès <strong>de</strong> nous, c’est <strong>de</strong> nousdire jusqu’où pousser le reporting ou<strong>les</strong> actions, comment sécuriser <strong>les</strong>clauses qui nous permettront d’appliquertel ou tel aspect du DD dans uncontrat, etc. Bref, c’est le défi d’êtreun juriste qui innove et qui se situedans l’audace contrôlée ». Donc, passeulement un applicateur du droit, etsurtout pas un empêcheur <strong>de</strong> faire.Le droit <strong>de</strong> l’environnement a été lepremier domaine partagé entre <strong>les</strong><strong>de</strong>ux professions, il est aussi le premierperçu, le plus visible et le pluslégiféré. Les relations vont bien au-<strong>de</strong>làaujourd’hui et couvrent <strong>de</strong> bien nombreuxdomaines <strong>de</strong> droit. Mais l’intérêt<strong>pour</strong> <strong>les</strong> DDD d’avoir <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> aveceux, c’est bel et bien l’innovation juridique,<strong>pour</strong> porter <strong>de</strong>s solutions, <strong>de</strong>trouver <strong>de</strong>s innovations, par exempleen transposant. Ainsi sur l’organisationsur <strong>les</strong> sujets <strong>de</strong> la ville durable, ousur <strong>de</strong>s partenariats entre entreprisesdifférentes, par exemple <strong>de</strong> tail<strong>les</strong> différentes,ou entre l’agriculture et <strong>les</strong>distributeurs : <strong>de</strong>s formes juridiquesnouvel<strong>les</strong> sont nécessaires. Les DDDont <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s actions à mener,<strong>les</strong> JE <strong>de</strong>s expertises et un arsenaljuridique, il s’agit <strong>de</strong> <strong>les</strong> lier.Peut-être <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong> d’entrepriserejoindront ou <strong>de</strong>viendront <strong>de</strong>s DDDdans l’entreprise ? Peut-être <strong>de</strong>s finsconnaisseurs du DD feront le chemininverse et se joindront aux équipes<strong>de</strong> <strong>juristes</strong> ? Peut-être <strong>de</strong>s hybri<strong>de</strong>sDroit et Développement Durable semultiplieront ? Chez TOTAL, certains<strong>juristes</strong> sont chargés <strong>de</strong> la <strong>RSE</strong>, chezSaint-Gobain, la démarche durableest confiée à une juriste.Pas forcément. Mais finalement peuimporte. L’intérêt du partenariat <strong>AFJE</strong>/C3D sera <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s relations entreDDD et <strong>juristes</strong> d’entreprise, afin <strong>de</strong><strong>les</strong> ai<strong>de</strong>r à appréhen<strong>de</strong>r <strong>les</strong> enjeux duDD qui s’amplifient, s’infiltrent et seconcrétisent tous <strong>les</strong> jours.■ Nathalie Rebhy41Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


POINT DE VUEDélais <strong>de</strong> paiement : <strong>les</strong> impacts <strong>de</strong>la loi WarsmannPar Chloé Mathonnière, Secrétaire générale <strong>de</strong> la Rédaction <strong>La</strong>my droitéconomique42Chloé MathonnièrePeut-être se souviendra-t-on <strong>de</strong> la XIII elégislature, qui se clôt avec l’adoptiond’une quatrième et <strong>de</strong>rnière loi <strong>de</strong> simplification,comme celle <strong>de</strong> la simplificationdu droit ? En effet, après la loin o 2007-1787 du 20 décembre 2007relative à la simplification du droit, laloi no 2009-526 du 12 mai 2009 <strong>de</strong>simplification et <strong>de</strong> clarification du droitet d’allégement <strong>de</strong>s procédures et laloi n o 2011-525 du 17 mai 2007 <strong>de</strong>simplification et d’amélioration <strong>de</strong> laqualité du droit, voici celle relative à lasimplification du droit et à l’allégement<strong>de</strong>s démarches administratives (1) .Initiée par le député Jean-LucWarsmann, fortement critiquée enraison <strong>de</strong> son caractère « fourretout», la loi du 22 mars 2012, diteloi Warsmann, modifie la réglementationsur <strong>les</strong> délais <strong>de</strong> paiement.D’emblée, une remarque : si certaines<strong>de</strong>s modifications ainsi apportéess’inscrivent pleinement dans(1) Loi n o 2012-387, 22 mars 2012, JO 23 mars. Pour <strong>de</strong>sdéveloppements approfondis sur la loi du 22 mars 2012,nous invitons le lecteur à lire la Revue <strong>La</strong>my Droit <strong>de</strong>s affairesno 2012/71 (mai 2012), qui comporte un dossier spécial « LoiWarsmann ».l’objectif – louable – <strong>de</strong> simplificationdu droit et « d’allégement du poids<strong>de</strong>s contraintes administratives et<strong>de</strong>s normes désuètes » <strong>pour</strong>suivi parle législateur (par exemple, la suppression<strong>pour</strong> <strong>les</strong> commissaires auxcomptes <strong>de</strong>s microentreprises et <strong>de</strong>sPME <strong>de</strong> leur obligation <strong>de</strong> signaler auministre <strong>de</strong> l’Économie <strong>les</strong> manquementsaux délais <strong>de</strong> paiement fixés parla loi), d’autres, au contraire, vont bienau-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cet objectif et réforment ledroit existant (par exemple, la transposition<strong>de</strong> la directive 2011/7/UEconcernant la lutte contre le retard<strong>de</strong> paiement).Allégement <strong>de</strong> l’obligationd’information pesant sur <strong>les</strong>commissaires aux comptes <strong>de</strong>smicroentreprises et <strong>de</strong>s PME<strong>La</strong> LME avait instauré à l’égard <strong>de</strong>ssociétés dont <strong>les</strong> comptes annuelssont certifiés par un commissaire auxcomptes, une nouvelle obligation d’information: la publication, notammentdans leur rapport annuel <strong>de</strong> gestion,<strong>de</strong>s informations sur <strong>les</strong> délais <strong>de</strong> paiement<strong>de</strong> leurs fournisseurs ou <strong>de</strong> leursclients (2) . Et institué son corolaire <strong>pour</strong><strong>les</strong> commissaires aux comptes : <strong>les</strong>ignalement au ministre <strong>de</strong> l’Économie<strong>de</strong>s manquements significatifsaux délais <strong>de</strong> paiement (3) . Désormais,<strong>les</strong> commissaires aux comptes <strong>de</strong>smicroentreprises et <strong>de</strong>s PME (4) sontdispensés <strong>de</strong> cette obligation <strong>de</strong>signalement.(2) C. com., art. L. 441-6-1, al. 1 er .(3) C. com., art. L. 441-6-1, al. 2.(4) Les microentreprises sont défi nies comme <strong>les</strong> entreprisesdont le nombre <strong>de</strong> salariés est inférieur à 10 et dont le chiffred’affaires annuel ou le total du bilan ne dépasse par 2 millionsd’euros. Les PME, comme cel<strong>les</strong> dont le nombre <strong>de</strong> salariésest inférieur à 250 et dont le chiffre d’affaires annuel ou le totaldu bilan ne dépasse pas respectivement 50 millions ou 43 millionsd’euros.Transposition <strong>de</strong> ladirective sur la lutte contrele retard <strong>de</strong> paiement<strong>La</strong> loi Warsmann transpose en droitinterne la directive n o 2011/7/UE du16 février 2011 concernant la luttecontre le retard <strong>de</strong> paiement dans <strong>les</strong>transactions commercia<strong>les</strong> (5) .Première modification : le taux <strong>de</strong>référence <strong>de</strong> la Banque centrale européenne(BCE) applicable aux pénalités<strong>de</strong> retard. L’article L. 441-6 duCo<strong>de</strong> <strong>de</strong> commerce renvoyait uniquementau « taux d’intérêt <strong>de</strong> laBanque centrale européenne à sonopération <strong>de</strong> refinancement la plusrécente majoré <strong>de</strong> 10 points <strong>de</strong> <strong>pour</strong>centage». À compter du 1 er janvier2013, le taux applicable pendant lepremier semestre <strong>de</strong> l’année concernéesera le taux <strong>de</strong> la BCE en vigueurau 1 er janvier <strong>de</strong> l’année en questionet, pendant le second semestre, celuien vigueur au 1 er juillet.Secon<strong>de</strong> modification : la créationd’une in<strong>de</strong>mnité forfaitaire <strong>pour</strong> frais<strong>de</strong> recouvrement due <strong>de</strong> plein droitau créancier par tout professionnelen situation <strong>de</strong> retard <strong>de</strong> paiement.Le montant <strong>de</strong> cette in<strong>de</strong>mnité, quisera fixé par décret, ne <strong>pour</strong>ra êtreinférieur à 40 euros (c’est-à-dire, aumontant minimal retenu par la directive).Il <strong>de</strong>vra figurer dans <strong>les</strong> conditions<strong>de</strong> règlement et sur la facture.Troisième modification : l’introductiondu principe d’une limitation dans(5) Dir. Parl. et Cons. no 2011/7/UE, 16 févr. 2011, JO 23 févr.,n o L 48. Les dispositions directement issues <strong>de</strong> cette transpositionentreront en vigueur le 1 er janvier 2013 et s’appliqueront,s’agissant <strong>de</strong>s contrats en cours, aux créances dont le délai <strong>de</strong>paiement commence à courir après cette date.Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


POINT DE VUEle temps <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> vérificationet d’acceptation <strong>de</strong>s marchandises(et <strong>de</strong>s services). Lorsque <strong>de</strong>tel<strong>les</strong> procédures seront prévues,el<strong>les</strong> ne <strong>pour</strong>ront excé<strong>de</strong>r 30 jours àcompter <strong>de</strong> la date <strong>de</strong> réception <strong>de</strong>smarchandises (ou <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> laprestation <strong>de</strong> services). Un délai autre<strong>pour</strong>ra être prévu entre <strong>les</strong> parties,sous réserve cependant que cela neconstitue pas une pratique abusiveau sens <strong>de</strong> l’article L. 442-6 du Co<strong>de</strong>du commerce.Extension <strong>de</strong> la durée<strong>de</strong>s accords dérogatoiresprévus par la LME<strong>La</strong> LME avait permis la conclusiond’accords interprofessionnels dérogatoiresaux plafonds <strong>de</strong>s délais <strong>de</strong> paiement,qui sont venus à échéance le31 décembre 2011. <strong>La</strong> loi du 22 mars2012 autorise leur prorogation – cequi n’a pas été sans susciter <strong>de</strong> nombreusescritiques (6) .(6) Cf. par exemple, Rapp. Observatoire <strong>de</strong>s délais <strong>de</strong> paiements,Exercice 2011, <strong>La</strong> Documentation française. Cf.également <strong>les</strong> travaux parlementaires, et plus précisémentl’amen<strong>de</strong>ment déposé par J.-M. Clément (amen<strong>de</strong>ment n o 45,secon<strong>de</strong> lecture, AN, 27 janv. 2012) et l’audition par le Sénat dumédiateur <strong>de</strong>s relations inter-entreprises, Jean-Clau<strong>de</strong> Volot.<strong>La</strong> reconduction <strong>de</strong> ces accords dérogatoiresest cependant soumise aurespect <strong>de</strong> strictes conditions (ce qui<strong>de</strong>vrait limiter au maximum <strong>les</strong> effetsnégatifs éventuels d’une telle prorogationsur <strong>les</strong> délais <strong>de</strong> paiement) :– Ces accords doivent porter sur <strong>de</strong>sventes <strong>de</strong> produits ou <strong>de</strong>s prestations<strong>de</strong> services relevant <strong>de</strong> secteurs ayantété couverts par un accord concluconformément à l’article 21 <strong>de</strong> la LMEet qui présentent un caractère saisonnierparticulièrement marqué rendantdifficile le respect du délai prévu à l’articleL. 441-6 du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> commerce.— Ils doivent fixer <strong>de</strong>s délais inférieursaux délais <strong>de</strong> paiement applicab<strong>les</strong>au 31 décembre 2011 en application<strong>de</strong> l’accord conclu conformément àl’article 21 <strong>de</strong> la LME.— Ils <strong>de</strong>vront avoir été conclusdans <strong>les</strong> six mois suivant l’entrée envigueur <strong>de</strong> la loi (c’est-à-dire, avantle 1 er octobre 2012) et leur durée ne<strong>pour</strong>ra dépasser trois ans.– Ils <strong>de</strong>vront être homologués pardécret pris après avis <strong>de</strong> l’Autorité<strong>de</strong> la concurrence.Le secteur bâtiment<strong>La</strong> loi Warsmann rappelle clairement leprincipe <strong>de</strong> l’applicabilité <strong>de</strong>s dispositions<strong>de</strong> l’article L. 441-6 du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>commerce aux acomptes mensuels etau sol<strong>de</strong> <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> travaux privésconclus entre professionnels dansle Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la construction et <strong>de</strong> l’habitation.Afin d’assurer l’effectivité <strong>de</strong>cette nouvelle disposition, la loi nouvelleouvre la faculté aux entrepreneursdu bâtiment, en cas <strong>de</strong> dépassementdu plafond légal, <strong>de</strong> suspendrel’exécution <strong>de</strong>s travaux à l’issue d’undélai <strong>de</strong> 15 jours suivant une mise en<strong>de</strong>meure <strong>de</strong> payer restée sans effet. Ils’agit ici d’un mécanisme proche <strong>de</strong>celui prévu à l’article 1799-1 du Co<strong>de</strong>civil qui prévoit une telle possibilité<strong>de</strong> suspendre l’exécution du contratlorsque la garantie <strong>de</strong> paiement dumarché n’a pas été fournie.■43Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


CULTURE JURIDIQUELA CULTURE JURIDIQUE D’ENTREPRISEen partenariat avec :<strong>La</strong> Culture Juridique dans le groupePROMODLes habits du droit chez PROMOD44<strong>La</strong> notion <strong>de</strong> culture juridique est directement liée à ladurée car cela ne s’obtient, en général, que <strong>de</strong> façon trèsprogressive. D’où la question : une jeune entreprise peutelleavoir sa culture juridique ? Anne Steverlynck nousmontre comment <strong>les</strong> choses se font chez PROMOD.Anne SteverlynckLe groupe PROMOD a démarréson activité en 1975 dans leNord, en France. Son activitéconsiste à concevoir et distribuer <strong>de</strong>sartic<strong>les</strong> <strong>de</strong> prêt-à-porter (mo<strong>de</strong> simpleet féminine) <strong>pour</strong> <strong>les</strong> jeunes femmesactives <strong>de</strong> 20 à 35 ans. Le Groupe secaractérise par sa large implantation àl’international puisqu’il est aujourd’huiprésent dans 52 pays au travers <strong>de</strong>magasins succursalistes et <strong>de</strong> magasinsexploités par <strong>de</strong>s distributeurs.Le développement international s’estopéré en plusieurs étapes :– jusqu’en 1990 : création <strong>de</strong>filia<strong>les</strong> proches situées en Belgique,Espagne, Italie, Allemagne, Portugal,Suisse exploitant <strong>de</strong>s magasinssuccursalistes,– <strong>de</strong> 1990 à 2000 : expansion duréseau succursaliste en Europe <strong>de</strong>l’Est (Pologne, Hongrie, RépubliqueTchèque…) et signature du premiercontrat <strong>de</strong> distribution avec un distributeurlocalisé en Arabie Saoudite.– <strong>de</strong> 2000 à 2005 : l’internationalisations’est <strong>pour</strong>suivie avec la signature<strong>de</strong> contrats <strong>de</strong> distribution au Moyen-Orient, en Russie, en Roumanie.– <strong>de</strong>puis 2006 : le Groupe s’estimplanté en Asie tant au travers <strong>de</strong>magasins succursalistes qu’au travers<strong>de</strong> distributeurs. Il est ainsi présent enIn<strong>de</strong>, Chine, Thaïlan<strong>de</strong>, Malaisie, auxPhilippines, et à Singa<strong>pour</strong>…Le groupe a par ailleurs développéune activité <strong>de</strong> commerce électroniqueen créant en 1999 un premier site <strong>de</strong>commerce électronique.<strong>La</strong> Direction juridique rattachée à laDirection Financière est composée<strong>de</strong> sept personnes pluridisciplinaireset multinationa<strong>les</strong>. Elle a vocation àaccompagner le développement duGroupe en mettant en place <strong>de</strong>s pro-cess intégrant <strong>les</strong> législations nationa<strong>les</strong>.Centralisée en France, el<strong>les</strong>’appuie sur un réseau <strong>de</strong> cabinetsd’avocats implantés localement.Face à cette évolution très internationale,la Direction juridique a fortementévolué en contribuant notammentdans <strong>de</strong>s domaines très diversau développement <strong>de</strong> l’activité, enalertant <strong>les</strong> divers acteurs <strong>de</strong> l’entreprisesur <strong>les</strong> risques juridiques pouvantêtre encourus, en participant enfin auxnégociations relatives à l’élaboration<strong>de</strong>s relations contractuel<strong>les</strong>.Elle a vocation à accompagnerle développement duGroupe en mettant en place<strong>de</strong>s process intégrant <strong>les</strong>législations nationa<strong>les</strong>.<strong>La</strong> Direction juridique a notammentparticipé <strong>de</strong> façon proactive au développementorganique du Groupe enjouant un rôle majeur dans l’élaboration<strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> distribution,Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


CULTURE JURIDIQUEclientes, montage <strong>de</strong> jeux/concourset, enfin concernant la protection <strong>de</strong>sdonnées personnel<strong>les</strong>. <strong>La</strong> culture juridiqueest ainsi très opérationnelle.Chez PROMOD, <strong>les</strong> fonctions <strong>de</strong> laDirection juridique et la culture juridique<strong>de</strong> l’entreprise ont évolué <strong>de</strong>façon très significative au cours <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rnières années compte tenu <strong>de</strong>l’internationalisation croissante duGroupe dont l’activité est aujourd’hui<strong>pour</strong> <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux tiers située hors <strong>de</strong>l’Hexagone. Elle a vocation à <strong>pour</strong>suivreson internationalisation.« Chaque cadre lors <strong>de</strong>son parcours d’intégrationa un entretien avec laDirection juridique »accords <strong>de</strong> joint venture, ou, encorela négociation <strong>de</strong> rachats <strong>de</strong> réseaux<strong>de</strong> distribution.De plus elle a <strong>pour</strong> vocation d’alerter<strong>de</strong> façon constante sur <strong>les</strong> risquespouvant être encourus à chaque étape<strong>de</strong> la relation : recueil <strong>de</strong>s élémentsd’information, <strong>pour</strong>parlers, conclusiondu contrat, résiliation, échéance ducontrat. Les opérationnels sollicitentla Direction juridique en amont. Sonavis est requis <strong>de</strong> façon systématiquemême s’il peut consister à préconiserl’abandon d’un projet compte tenudu risque encouru. Deux <strong>juristes</strong> sontaujourd’hui dédiés à cette activité, qui<strong>les</strong> amène à se déplacer.De la même façon, la Direction juridiquea pris une part active dans laformalisation <strong>de</strong>s relations fournisseursen mettant en place <strong>de</strong>s conventionsavec ces <strong>de</strong>rniers. Cel<strong>les</strong>-ci incluentune charte éthique concernant l’interdictiondu travail <strong>de</strong>s enfants, le travaildissimulé, ou encore l’interdictiond’utiliser <strong>de</strong>s fourrures anima<strong>les</strong>. Unjuriste est dédié à cette activité.<strong>La</strong> Direction juridique a enfin été trèsimpliquée dans la mise en place dusite <strong>de</strong> commerce électronique. Elleintervient quotidiennement et systématiquementdans la validation <strong>de</strong>sdiverses opérations promotionnel<strong>les</strong>,validation <strong>de</strong>s mailings adressés auxÀ titre d’exemp<strong>les</strong> et afin <strong>de</strong> démontrerla prise en compte <strong>de</strong> cette culturejuridique voulue et soutenue par ladirection PROMOD :– chaque cadre lors <strong>de</strong> son parcoursd’intégration a un entretien avec laDirection juridique au cours duquell’activité <strong>de</strong> la Direction est présentéeet son attention attirée sur <strong>les</strong> principauxéléments juridiques à prendre encompte dans l’exercice <strong>de</strong> son métier.Il est ainsi « en alerte » et informé <strong>de</strong>spersonnes à contacter en cas <strong>de</strong> problématiquejuridique.– chaque trimestre la Direction juridiqueélabore une Lettre Juridique diffuséeaux cadres dirigeants du Groupeafin <strong>de</strong> leur annoncer <strong>les</strong> principa<strong>les</strong>modifications législatives.En un mot la culture juridique faitaujourd’hui partie intégrante dugroupe PROMOD.■ Anne Steverlynck, Head of theLegal DepartmentRubrique suivie par ChristopheRoquilly, professeur àEDHEC Business School etRémy Sainte Fare Garnot,administrateur <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>.45Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


Avis d'experts : Frédéric Duponchelet Christophe Schmit, associés d'AccuracyContentieux et transactions :<strong>de</strong> la perte comptable au préjudice subiPubli rédactionnelFrédéric Duponchel,Christophe Schmit,DES PERTES COMPTABLES CONSTATÉES PARL’ACHETEUR D’UNE SOCIÉTÉ APRÈS L’OPÉRATIOND’ACQUISITION ET QUI REPRÉSENTENT UNEDÉGRADATION DE L’ACTIF NET CAUSENT-ELLESNÉCESSAIREMENT UN PRÉJUDICE ?COMMENT APPRÉCIER CELUI-CI ? NOUS LIVRONSICI UN CERTAIN NOMBRE DE PISTES DE RÉFLEXIONSAINSI QU’UNE GRILLE D’ANALYSE ISSUES DE NOTREEXPÉRIENCE EN TANT QU’EXPERT DE PARTIE DANSLES CONTENTIEUX POST-ACQUISITIONS.<strong>La</strong> comptabilité n’est pas une science. Eneffet, la conformité <strong>de</strong>s principes comptab<strong>les</strong>à un référentiel reconnu, par exemple <strong>les</strong>IFRS, n’est pas une garantie d’homogénéité<strong>de</strong>s modalités d’application <strong>de</strong> ces principes.Ainsi, <strong>de</strong>ux sociétés <strong>de</strong> même taille, ayantla même activité, la même performance l’importance <strong>de</strong> la part du jugement humaindans le choix <strong>de</strong>s options comptab<strong>les</strong> :1. <strong>les</strong> dépréciations sur stocksLes principes comptab<strong>les</strong> internationauxrecomman<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> constituer une provision,au cas par cas, en cas d’obso<strong>les</strong>cence ou <strong>de</strong>dégradation d’éléments <strong>de</strong> stocks. Comment du catalogue mais peut être vendu à un nécessité <strong>de</strong> constituer ou non une provision<strong>pour</strong> dépréciation est évi<strong>de</strong>nt, cette provision2. <strong>les</strong> pertes à terminaison sur<strong>les</strong> contrats à long termeLes principes comptab<strong>les</strong> internationaux(IAS 11) recomman<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> constituer uneprévisions <strong>de</strong> marge à terminaison anticipentun résultat négatif.Dans le cas <strong>de</strong> contrats s’étalant sur le recensement et l’évaluation <strong>de</strong>s coûtsà terminaison dépen<strong>de</strong>nt d’élémentsou moins gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> sur ces coûts augmente nécessitant souvent <strong>de</strong>s ajustements <strong>de</strong>s3. la dépréciation <strong>de</strong>simmobilisations incorporel<strong>les</strong>Les principes comptab<strong>les</strong> internationaux surveillance <strong>de</strong> la substance et <strong>de</strong> la valeur<strong>de</strong>s actifs corporels ou incorporels : le test142 (Normes américaines), ce test consiste àva rapporter. Si ce test fait apparaître un doute, correspondant à la différence entre le prix<strong>de</strong> l’actif net comptable <strong>de</strong> cette société. Letest d’ « impairment » consistera à comparer générer cette société, non actualisés, à sa <strong>pour</strong>ra conduire à déprécier l’actif incorporel,une vision plus agressive et ambitieuse conduiraà préserver la valeur <strong>de</strong> cet actif. Ainsi, dans lecas <strong>de</strong> transactions, l’acheteur d’une sociétépeut être conduit au moment où il se trouveaux comman<strong>de</strong>s, à passer <strong>de</strong>s provisions détériorer l’actif net <strong>de</strong> la société rachetée. Cettedétérioration peut donc trouver son origine dansune appréciation plus pru<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la situation écouler <strong>les</strong> stocks concernés ; exemple N°2 :<strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> construction supplémentaires une activité stagnante ou <strong>de</strong>s coûts plus du déroulement <strong>de</strong>s opérations. Que l’actifnet <strong>de</strong> la Cible ait été ou non garanti par une nette à la date du « closing » soit au moinségale à un certain montant), l’acheteur<strong>pour</strong>rait alors réclamer dédommagement auestimée est importante. Se pose alors la


comment <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> écritures d’ajustement, pru<strong>de</strong>nce supplémentaire ou à une visiondu futur différente, comment l’acheteur ajustements comptab<strong>les</strong>, parfois sans effetdirect sur la trésorerie future <strong>de</strong> la société, à ces ajustements. Dans la mesure où il Quel est l’effet <strong>de</strong> cesajustements sur la présentation consolidés, il convient <strong>de</strong> mesurer l’effet <strong>de</strong>ces ajustements sur <strong>les</strong> agrégats examinés non anticipé <strong>de</strong> provisions sur stocks peutentraîner une forte dégradation du résultat, d’ouverture (« purchase accounting ») et uneforte baisse <strong>de</strong> l’actif réalisable, <strong>de</strong> natureà dégra<strong>de</strong>r la perception <strong>de</strong> la performanceet <strong>de</strong> l’état du patrimoine du groupe en l’anticipation d’une perte future<strong>La</strong> simple constatation d’une écriturecomptable dépréciant <strong>les</strong> stocks n’entraînepas un décaissement futur et certain (àl’inverse, par exemple, d’une provisionconstatée suite à une condamnation d’untribunal à payer une amen<strong>de</strong>). En revanche, soit ils <strong>de</strong>vront être remplacés. Il s’agit, par<strong>de</strong> chance d’un encaissement futur, ou d’undécaissement à venir, à condition bien sûr Le patrimoine <strong>de</strong> la société achetée a doncété surévalué au moment <strong>de</strong> la transaction,Quels sont <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> cesont été utilisés <strong>pour</strong> déterminer le<strong>les</strong> agrégats (actif net, niveau du besoinen fonds <strong>de</strong> roulement, résultat net,parties et d’étudier l’effet <strong>de</strong>s ajustements entrés au cours <strong>de</strong> l’année dont le résultatd’exploitation faisait référence <strong>pour</strong> ladétermination du prix, peut avoir un impactconsidérable. En effet, l’entrée <strong>de</strong> <strong>nouveaux</strong>stocks, <strong>pour</strong> une valeur <strong>de</strong> 100, a augmenté<strong>de</strong> 100 le résultat d’exploitation. Si le prix<strong>de</strong> la transaction était déterminé à partird’un multiple <strong>de</strong> 7 du résultat d’exploitationsociété. Dans ce cas, la dégradation <strong>de</strong> l’actifrentabilité <strong>de</strong> la société.d’anticiper la dégradation <strong>de</strong>l’actif net, compte tenu <strong>de</strong> sespropres investigations ayantComme nous l’avons dit, la dégradationconstatée doit constituer une mauvaise sur la société cible : examen <strong>de</strong> « vendordue diligence », analyse <strong>de</strong> « data rooms », travaux <strong>de</strong> « due diligence » effectuées par <strong>de</strong>sprofessionnels sur site,etc.Il est donc nécessaire <strong>de</strong> conserver latraçabilité <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s informationsmises à disposition et <strong>de</strong>s échanges effectuéspas l’existence <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s stocks enl’opération s’ils avaient étéconnus préalablement à la<strong>La</strong> gravité <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> ces ajustements peut En effet, la constatation post opération <strong>de</strong>provisions à constituer <strong>pour</strong> déprécier <strong>de</strong>s renouvelab<strong>les</strong> (vieil<strong>les</strong> eaux <strong>de</strong> vie altérées).Le fait <strong>de</strong> constater ces provisions peut la société, nécessitant <strong>de</strong> rechercher <strong>de</strong><strong>nouveaux</strong> dirigeants.L’effet chiffré <strong>de</strong> ces ajustements peut s’agit donc ici d’un « <strong>de</strong>al breaker » etl’approche du chiffrage du préjudice s’enune comparaison entre l’état du patrimoine<strong>de</strong> l’acheteur s’il n’avait pas acheté la l’opération. simp<strong>les</strong> ajustements sur la valeur <strong>de</strong>sstocks constatés à partir <strong>de</strong> provisionssociété et donc constituer un préjudice son évaluation nécessitent une parfaiteconnaissance <strong>de</strong>s mécanismes comptab<strong>les</strong>l’opération et du détail <strong>de</strong> son déroulement.


LA PAROLE EST DONNÉE À... UNIDROIT 2010Les Principes d’UNIDROIT 2010 :un outil nécessaire du commerceinternationalPar Daniel Tricot, Membre du Conseil <strong>de</strong> Direction d’Unidroit à Rome48Daniel TricotQuel juriste d’entreprise n’a pascraint d’affronter l’insécurité<strong>de</strong>s contrats d’affaires internationaux? Les questions fusent.Quel système juridique appliquer ?Comment interpréter et dominer <strong>les</strong>difficultés d’exécution ?Les Principes d’UNIDROIT 2010répon<strong>de</strong>nt à ces questions et à biend’autres. Ils sont <strong>de</strong>stinés aux contratsdu commerce international et constituentun recueil <strong>de</strong>s coutumes ducommerce international que l’Institutinternational <strong>pour</strong> l’unification dudroit privé (UNIDROIT) a rédigé <strong>de</strong>puis1980. Des <strong>juristes</strong> du mon<strong>de</strong> entier yont participé en trois étapes (1994,2004 puis 2010) avec le souci d’éviterune terminologie propre à un systèmejuridique particulier. Les rédacteurs<strong>de</strong>s Principes se sont abstenus <strong>de</strong>faire référence aux droits nationaux.C’est en quelque sorte un droit idéal.Seu<strong>les</strong> ont été admises <strong>les</strong> référencesà la Convention <strong>de</strong>s Nations-Unies sur<strong>les</strong> contrats <strong>de</strong> vente internationale <strong>de</strong>marchandises (CIVM) dont <strong>les</strong> solutionssont reconnues universellement.Le résultat est impressionnant : <strong>les</strong>Principes d’UNIDROIT 2010 énoncentun ensemble cohérent et complet<strong>pour</strong> <strong>les</strong> contrats du commerceinternational.Des principes cohérents<strong>La</strong> liberté contractuelle est la règle ;la force obligatoire du contrat estaffirmée ainsi que <strong>les</strong> exigences <strong>de</strong>la bonne foi dans le commerce international.Il est donc interdit <strong>de</strong> secontredire et, sauf clause contraire,s’appliquent <strong>les</strong> usages auxquels <strong>les</strong>parties ont consenti, ceux qu’el<strong>les</strong>ont établis entre el<strong>les</strong> et ceux qui sontlargement connus et régulièrementobservés dans la branche commercialeconsidérée. Les règ<strong>les</strong> d’ordrepublic doivent être respectées et, enprincipe, la preuve est libre.Des principes completsLes Principes indiquent comment seforme le contrat par le jeu <strong>de</strong> l’offreet <strong>de</strong> l’acceptation ; ils exposent <strong>les</strong>règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> la représentation et précisent<strong>les</strong> normes d’interprétation du contrat,<strong>les</strong> motifs <strong>de</strong> son annulation et <strong>les</strong>exigences <strong>de</strong> la licéité. Le contenudu contrat est analysé <strong>pour</strong> prévenir<strong>les</strong> conflits et, par exemple, connaître<strong>les</strong> effets éventuels <strong>de</strong>s obligationsimplicites, <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> déterminationdu prix ou <strong>les</strong> droits <strong>de</strong>s tiers. Lesmodalités d’exécution du contrat ysont décrites, notamment face à laforce majeure ou lorsque l’exécution<strong>de</strong>s obligations <strong>de</strong>vient plus onéreuse.<strong>La</strong> clause <strong>de</strong> hardship est limitée dansses conditions d’application et dansses effets. En cas d’inexécution, <strong>les</strong>Principes traitent <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux solutionspossib<strong>les</strong> — la résolution et <strong>les</strong> dommages-intérêts— en exigeant que lepréjudice soit prévisible et certain et ensoulignant que si chacun a droit à uneréparation intégrale, il est tenu d’atténuerson préjudice. Outre <strong>les</strong> délais <strong>de</strong>prescription, <strong>les</strong> Principes traitent <strong>de</strong>la compensation, <strong>de</strong> la cession <strong>de</strong>scréances ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes, <strong>de</strong> la cessiondu contrat et <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> pluralité<strong>de</strong> débiteurs ou <strong>de</strong> créanciers.Les Principes d’UNIDROIT 2010 fontainsi un inventaire complet <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong>juridiques régissant <strong>les</strong> contrats ducommerce international. Le juriste <strong>de</strong>culture romano-germanique y est aussià l’aise que le juriste anglo-saxon.LES PRINCIPESD’UNIDROIT 2010EN CHIFFRES211 artic<strong>les</strong>, pas davantage, alorsque le co<strong>de</strong> civil français en compte unpeu plus <strong>de</strong> 300 sur <strong>les</strong> mêmes sujets,ceux <strong>de</strong> la prescription compris.40 années entre l’idée suggérée parun français, le Professeur René DAVID,et sa réalisation complète.30 années <strong>pour</strong> écrire <strong>les</strong> troiséditions successives qui se complètent<strong>les</strong> unes <strong>les</strong> autres.Des centaines <strong>de</strong> <strong>juristes</strong>, <strong>de</strong>tous pays, ont travaillé à la rédaction<strong>de</strong> ces Principes adoptés le 10 mai2011.Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


LA PAROLE EST DONNÉE À... UNIDROIT 2010Comment s’en servir ?Il suffit que <strong>les</strong> parties acceptent <strong>de</strong>s’y soumettre ce qu’el<strong>les</strong> peuventexprimer par un simple renvoi auxPrincipes, ou même, implicitement,par une référence aux principes générauxdu droit, à la lex mercatoria ou àune formule similaire. <strong>La</strong> formule estd’autant plus souple qu’à l’exception<strong>de</strong>s quelques normes impérativescontenues dans <strong>les</strong> Principes, tel<strong>les</strong>la liberté contractuelle, la force obligatoiredu contrat, la bonne foi ou lafixation du prix, <strong>les</strong> parties ont la libertéd’écarter <strong>les</strong> autres règ<strong>les</strong>. Il suffit <strong>de</strong>le préciser au contrat.PRÉSENTATION DE DANIEL TRICOTFaut-il s’en servir ?Chacun répondra à cette questionen fonction <strong>de</strong> son expérience <strong>de</strong>scontrats internationaux ou, plus généralement,<strong>de</strong>s contrats susceptib<strong>les</strong> <strong>de</strong>connaître un développement internationalmais la question mérite un examensérieux.Si vous êtes <strong>de</strong> ceux qui pensent quele flou <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> juridiques est sourced’insécurité, si vous êtes <strong>de</strong> ceux quicraignent <strong>les</strong> divergences d’interprétationet <strong>les</strong> incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> définition<strong>de</strong>s obligations réciproques, le renvoiaux Principes d’UNIDROIT 2010 estun instrument commo<strong>de</strong> et économe.Daniel Tricot est arbitre et médiateur en affaires. Agrégé <strong>de</strong>s facultés <strong>de</strong> droit etdocteur en droit d’Etat, il est membre élu du Conseil <strong>de</strong> direction d’UNIDROIT (Rome),Vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission d’examen <strong>de</strong>s pratiques commercia<strong>les</strong> (CEPC),prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Association Française <strong>de</strong>s Docteurs en Droit (AFDD) et co-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>Web TV Droit & Management <strong>de</strong>s Affaires [www.tvdma.org]. Il a été avocat durant près<strong>de</strong> trente années, professeur d’Université, doyen <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> Dijon et juge.Conseiller à la Cour <strong>de</strong> cassation <strong>de</strong> 1991 à 2002 et conseiller-doyen à partir <strong>de</strong> 1999,il a été Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la chambre commerciale, fi nancière et économique <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong>cassation (France) <strong>de</strong> 2002 à 2007.Commo<strong>de</strong>, dès lors que l’ampleur <strong>de</strong>sPrincipes est aujourd’hui telle qu’il y a<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s chances qu’ils trouvent às’appliquer dans toutes <strong>les</strong> situations<strong>pour</strong> fixer une règle <strong>de</strong> conduite auxparties.Économe, car il ne sert à rien <strong>de</strong> développerdans le contrat <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> techniquessi, préalablement, <strong>les</strong> partiesn’ont pas fixé le socle contractuel etses règ<strong>les</strong> généra<strong>les</strong>, en renvoyantpar pru<strong>de</strong>nce aux usages reconnusdans la branche considérée. Quelqueslignes suffisent <strong>pour</strong> faire ce renvoiaux Principes d’UNIDROIT 2010 et enfixer <strong>les</strong> limites. Autant <strong>de</strong> centaines<strong>de</strong> pages, incertaines, qui <strong>de</strong>viennentinuti<strong>les</strong> !Il faut en convenir : il y aurait aujourd’huifaute professionnelle à ne pas s’interroger,lors <strong>de</strong> la rédaction <strong>de</strong> chaquecontrat international, sur l’utilité ou lanécessité d’un renvoi total ou partielaux Principes d’UNIDROIT 2010.Essayez : vous <strong>les</strong> adopterez !Pour aller plus loin : http://www.unidroit.org/french/princip<strong>les</strong>/contracts/main.htm49Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


L’ACTUALITÉ EN RÉGION | LorraineUn fort renouveau en Lorraine50Sylvie Gatto, déléguée régionale Lorraine qui, en étroitecollaboration avec François Ruiz, délégué départemental<strong>de</strong> la Moselle, a <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans relancé la vie <strong>de</strong> cettedélégation, fait le point sur <strong>les</strong> activités et <strong>les</strong> projets danscette vaste région.Quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> priorités <strong>de</strong>la délégation Lorraine ?Notre priorité au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniersmois a été <strong>de</strong> relancer la délégation. Jesuis déléguée régionale <strong>de</strong>puis 8 ans,j’ai <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans eu la possibilité <strong>de</strong>m’impliquer davantage dans la vie <strong>de</strong>l’Association et relancer la délégation.Lors <strong>de</strong> nos réunions, il est apparuque François Ruiz était intéressé <strong>pour</strong>relancer la délégation sur le territoire<strong>de</strong> la Moselle, et nous nous sommeslancés dans une entreprise <strong>de</strong> prospectionet <strong>de</strong> mobilisation <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong><strong>de</strong> la région. Il y a ici un vrai vivier <strong>de</strong><strong>juristes</strong>, et il nous faut un public <strong>pour</strong>faire venir <strong>de</strong>s intervenants et développernos activités. Actuellement,l’enjeu principal en Lorraine, régiongran<strong>de</strong> et assez dispersée, est donc<strong>de</strong> faire connaître l’<strong>AFJE</strong>, et parallèlement<strong>de</strong> mieux connaître <strong>les</strong> <strong>juristes</strong><strong>de</strong> la région. Nous souhaitons pouvoirtoucher le maximum <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, et<strong>pour</strong> cela il faut auparavant i<strong>de</strong>ntifierqui est susceptible d’être intéressé.Avec François, nous avons répertorié<strong>les</strong> entreprises <strong>de</strong> la région, i<strong>de</strong>ntifié<strong>les</strong> <strong>juristes</strong>, et établi <strong>de</strong> nombreuxcontacts, en constituant notammentun fichier qui nous permet d’impliquer<strong>les</strong> personnes intéressées dans nosmanifestations. Nous avons remarquéqu’il y avaient encore <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong>qui ne connaissaient pas l’<strong>AFJE</strong>, celapermet donc <strong>de</strong> stimuler l’intérêt <strong>pour</strong>celle-ci. Dans un <strong>de</strong>uxième temps, unefois i<strong>de</strong>ntifié un nombre significatif <strong>de</strong><strong>juristes</strong>, nous avons voulu connaîtreleurs attentes, leurs besoins et leursintérêts. Nous avons <strong>pour</strong> cela misen place une enquête et un sondageen ligne, qui a bien marché, et dont<strong>les</strong> résultats sont encore en phased’analyse. Mais certaines tendancesgénéra<strong>les</strong> en sont ressorties, et nousavons été surpris <strong>de</strong> voir qu’il y a unintérêt très fort <strong>pour</strong> <strong>les</strong> groupes et <strong>les</strong>thématiques <strong>de</strong> travail.Une autre action importante a consistéà développer l’aspect communicationsur la région Lorraine. François Ruiza établi <strong>de</strong>s contacts avec la presselocale <strong>pour</strong> faire mieux connaître l’Associationet <strong>les</strong> événements. Le butest <strong>de</strong> compenser le manque d’informations,en incluant la presse aumaximum afin <strong>de</strong> toucher le maximum<strong>de</strong> personnes et faire connaîtrel’Association.Quel<strong>les</strong> activités spécifiquesavez-vous pu organiser ?Quels sont vos objectifs ?Nous avons récemment organisé<strong>de</strong>s réunions dédiées au droit <strong>de</strong>saffaires, et aux conventions intergroupes.Nous avons invité <strong>de</strong>s avocats,et nous avons également organiséune réunion intéressante avec unhuissier <strong>de</strong> justice sur la présentationdu métier d’huissier, et <strong>les</strong> formes <strong>de</strong>collaborations <strong>de</strong> celui-ci en partenariatavec l’entreprise. Nous avonségalement fait une intervention surl’efficacité <strong>de</strong>s procédures amiab<strong>les</strong>et <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>, qui s’est dérouléesur le site Novasep. Nous essayonsau maximum <strong>de</strong> nous faire inviter par<strong>les</strong> entreprises <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong> membres,<strong>pour</strong> mieux connaître <strong>les</strong> métiers <strong>de</strong>suns et <strong>de</strong>s autres et développer leréseau régional. Nous avons égalementvisité le site d’Expertis CFE,ainsi que celui d’Hominis, société <strong>de</strong>François Ruiz. Notre objectif est d’arriverà une réunion par trimestre, si possib<strong>les</strong>ur <strong>de</strong>s thématiques ciblées, enalternant entre Nancy et Metz, ce quipermet <strong>de</strong> travailler davantage avecFrançois chacun <strong>de</strong> notre côté. L’une<strong>de</strong> nos prochaines réunions porterasur la prévention et la sécurité dans<strong>les</strong> entreprises.Vous avez également diversprojets en cours avec <strong>les</strong>universités loca<strong>les</strong>…Nous avons effectivement établi <strong>de</strong>soli<strong>de</strong>s contacts avec <strong>les</strong> universitésloca<strong>les</strong>. François a rencontré le Doyen<strong>de</strong> l’Université Nancy 2, lui présentantl’<strong>AFJE</strong> et ses activités, il a été question<strong>de</strong> collaborer, en particulier <strong>pour</strong>mettre en place un programme <strong>de</strong>parrainages sur lequel il y a un fortintérêt <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s étudiants. Sur cepoint, nous souhaiterions marcher sur<strong>les</strong> pas <strong>de</strong> la délégation toulousaineet <strong>de</strong> Colm Mannin, initiateur du projetparrainages, avec qui François aéchangé sur le sujet, et développerun pacte <strong>de</strong> parrainage. Les <strong>juristes</strong>que nous avons consultés à ce sujetnous ont fait part <strong>de</strong> leur fort enthousiasme,et il y a une réelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


Lorraine | L’ACTUALITÉ EN RÉGION51<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s étudiants. Il est prévuque nous présentions l’<strong>AFJE</strong> et lemétier <strong>de</strong> juriste d’entreprise lors <strong>de</strong>la prochaine journée <strong>de</strong>s métiers dudroit à Nancy, et le premier projet <strong>de</strong>parrainage <strong>de</strong>vrait pouvoir démarrerau cours <strong>de</strong> la prochaine annéeuniversitaire.Un autre point <strong>de</strong> collaboration avecl’Université concerne la mise en place<strong>de</strong> formations d’excellence réservéesaux professionnels du droit, dont naturellement<strong>les</strong> <strong>juristes</strong> d’entreprise. LeDoyen a notamment souhaité savoirquel<strong>les</strong> thématiques particulièresétaient susceptib<strong>les</strong> d’intéresser <strong>les</strong>PARCOURS<strong>juristes</strong> <strong>de</strong> la région. Il est prévu que<strong>les</strong> adhérents <strong>AFJE</strong> aient un accèsprivilégié à ces journées <strong>de</strong> formationà la faculté <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong> Nancy.Vous avez également œuvré<strong>pour</strong> l’ouverture <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>à <strong>de</strong>s métiers proches dujuriste d’entreprise. Pouvezvousnous en dire plus ?J’ai fait une présentation <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>à l’Association Nationale <strong>de</strong>s DRH(ANDRH) <strong>de</strong> Lorraine, car j’aimeraisqu’on leur propose <strong>de</strong>s expertises endroit du travail. Je pense qu’on peut<strong>les</strong> ai<strong>de</strong>r dans certains domaines,Juriste <strong>de</strong> formation, Sylvie Gatto a rapi<strong>de</strong>ment intégré un cabinet d’expertise comptable,EXPERTIS CFE, initialement en tant que juriste en droit <strong>de</strong>s sociétés, puis responsable duservice juridique. Juriste <strong>de</strong> l’entreprise, elle s’occupe également <strong>de</strong> la partie RH et droitsocial. Le groupe EXPERTIS CFE emploie près <strong>de</strong> 200 personnes.et on <strong>pour</strong>rait envisager <strong>de</strong>s actionscommunes. Nous avons égalementet surtout réussi à faire ouvrir l’adhésionà l’Association à <strong>de</strong>s personnestravaillant dans <strong>de</strong>s cabinets comptab<strong>les</strong>ou <strong>de</strong>s fédérations professionnel<strong>les</strong>,<strong>pour</strong> <strong>de</strong>s profils qui ne correspon<strong>de</strong>ntpas à la définition stricte <strong>de</strong><strong>juristes</strong> d’entreprise, mais qui sont <strong>de</strong>s<strong>juristes</strong>, travaillant sur <strong>de</strong>s thématiquesqui nous intéressent forcément. Cetravail d’ouverture est très intéressant,nous souhaitons créer, à notre petiteéchelle, un effet <strong>de</strong> rapprochemententre professions. Depuis <strong>de</strong>ux ansils peuvent <strong>de</strong>venir membres. Le toutreste <strong>de</strong> faire connaître l’<strong>AFJE</strong> et <strong>de</strong> serapprocher <strong>de</strong>s acteurs locaux, notamment<strong>de</strong>s experts comptab<strong>les</strong>. Il fautpouvoir se retrouver, discuter, échangeret faire en sorte que <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> sesentent moins seuls.■ Propos recueillis parMichele ZingariJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


ART & DROITLe musée Jacquemart-André,un lieu d’exception52Nicolas Sainte Fare Garnot, Conservateur du Musée Jacquemart-André <strong>de</strong>puis 18 ans,partage avec <strong>les</strong> lecteurs du JEM, la riche histoire <strong>de</strong> son établissement et nous présente<strong>les</strong> modalités juridiques entourant le prêt <strong>de</strong>s oeuvres d’art.Quelle est l’histoire du muséeJacquemart-André ?Pour comprendre l’histoire du musée,il faut remonter au XVI e siècle et auxorigines <strong>de</strong> la famille André, protestants<strong>de</strong>s Cévennes qui, ayant quittéla France, ont fait fortune à Gênes.Revenus en France en 1763, aumoment <strong>de</strong>s édits <strong>de</strong> tolérance <strong>de</strong>Louis XVI, ils sont, au XIX e siècle, àla tête d’une fortune immense, et lafamille s’investit dans l’industrialisationdu pays. Edouard André, né en1833, héritier unique, s’intéresse trèstôt à l’art, et <strong>de</strong>vient un grand collectionneur.Il est surtout intéressé parl’art français du XVIII e siècle. Lorsqu’ilépouse Nélie Jacquemart en 1881,celle-ci contribue gran<strong>de</strong>ment à la collection,par son amour du XV e siècleitalien. N’ayant pas d’enfants, lecouple lègue, en 1912, l’ensemble<strong>de</strong>s œuvres et l’hôtel particulier à l’Institut<strong>de</strong> France. Le musée est ouvertau public <strong>de</strong>puis 1913.Pouvez-vous nous préciser <strong>les</strong>tatut particulier du Musée ?Le choix <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> France, quiest la réunion <strong>de</strong>s cinq Académies,est assez particulier, puisqu’habituellement<strong>les</strong> collections <strong>de</strong> ce type étaientléguées à la Ville <strong>de</strong> Paris, commec’est le cas <strong>pour</strong> <strong>les</strong> frères Dutuit etle Petit Palais, ou bien à l’Etat. Noussavons aujourd’hui que ce choix étaitpolitique, l’Institut <strong>de</strong> France représentantune France éternelle, sans partisJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


ART & DROITNicolas Sainte Fare Garnotpris politiques. Une autre particularitédu musée Jacquemart-André estqu’il s’agit d’un musée <strong>de</strong> fondation.L’Institut <strong>de</strong> France dispose en effetd’une fondation Jacquemart-André,qui permet <strong>de</strong> <strong>pour</strong>voir aux charges <strong>de</strong>fonctionnement. C’est un statut quel’on rencontre habituellement dans <strong>les</strong>pays anglo-saxons, car dans <strong>les</strong> pays<strong>de</strong> droit latin on préfère considérer lefait patrimonial comme une prérogativerégalienne.Comment se déroule leprêt <strong>de</strong>s œuvres ?Une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> prêt provient le plussouvent d’un directeur ou prési<strong>de</strong>ntdu musée, sous la forme d’un courrier<strong>de</strong> sollicitation du prêt. À partir<strong>de</strong> là, on analyse en premier lieu lapertinence du projet. Cela se règ<strong>les</strong>ouvent au niveau du conservateur,qui reçoit une « lettre <strong>de</strong> motivation »<strong>pour</strong> évaluer l’intérêt du projet d’exposition.Si par exemple le MetropolitanMuseum organise une rétrospectivesur François Boucher, on peut considérerque le fait <strong>de</strong> rassembler l’œuvre<strong>de</strong> l’artiste a une vraie importance, etque la présence <strong>de</strong> nos œuvres <strong>les</strong>valorise. <strong>La</strong> <strong>de</strong>uxième considérationconcerne l’état <strong>de</strong> l’œuvre, et donc lapossibilité qu’elle soit prêtée ou non.Par exemple nous avons la chanced‘avoir une série <strong>de</strong> portraits françaisdu XVI e , peints à l’huile sur panneaux<strong>de</strong> bois, or le bois se déformesi on le déplace, ce qui met en dangerl’intégrité <strong>de</strong> l’œuvre. Il y a donc<strong>de</strong>s œuvres qui ne peuvent pas êtreprêtées, sous aucun prétexte.Quel<strong>les</strong> précautions juridiquesentourent ces prêts ?Un musée ne prête généralement qu’àun musée, car la nature <strong>de</strong> l’interlocuteurest une vraie garantie. On ne prêtejamais à <strong>de</strong>s commerçants, ou à <strong>de</strong>sparticuliers.Pour ce qui est <strong>de</strong>s précautions, uncontrat <strong>de</strong> prêt est toujours rédigé. Il estassez développé, le prêt n’est accordéqu’en fonction d’un certain nombre <strong>de</strong>garanties.Le transport <strong>de</strong> l’œuvre doit se faire dans<strong>de</strong>s conditions adéquates. Par exemple,<strong>pour</strong> une exposition aux USA, lors duvol, le conditionnement <strong>de</strong> l’œuvre doitêtre parfait, dans une caisse spécifique,et un accompagnateur doit être présent.Il est <strong>de</strong> plus impératif que dans le localqui abrite l’exposition on retrouve <strong>les</strong>conditions appropriées. Pour cela, ona recours à un document qui s’appellefacility report : c’est un engagement écritet circonstancié sur <strong>les</strong> conditions généra<strong>les</strong>et particulières d’exposition dans<strong>les</strong> bâtiments d’accueil. Y sont détaillésl’âge du bâtiment, <strong>les</strong> données techniquesd’éclairage, <strong>de</strong> température, <strong>les</strong>conditions <strong>de</strong> sécurité, etc. Il peut êtretrès long. Nous <strong>de</strong>mandons, par ailleurs,à ce que l’assureur et le transporteursoient désignés par le prêteur, et quele tribunal civil en cas <strong>de</strong> litige dépen<strong>de</strong>du pays du prêteur. Sans ces garanties,on ne saurait envisager le prêt d’œuvres<strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> valeur.Comment assurez-vousces opérations ?Vous imaginez que lorsqu’on prête enItalie une œuvre <strong>de</strong> Mantegna, d’unevaleur déclarée <strong>de</strong> 45M€, on ne peutpas s’adresser à n’importe quel assureur.Il y a <strong>de</strong>s courtiers spécialisés dansl’assurance d’œuvres d’art. Derrière cela,80 % <strong>de</strong>s contrats sont renégociés àLondres, principalement par le Lloyd’s.Pour vous rendre au musée :158 boulevard Haussmann – 75008 PARISwww.musee-jacquemart-andre.comIl y a en outre <strong>de</strong>s pratiques spécifiquesqui se développent, comme un système<strong>de</strong> bonus basé sur la bonne réputationd’un établissement.Par ailleurs, il y a <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong>sprocédures qui se sont développéesaux Etats-Unis et en France sur la base<strong>de</strong> la garantie d’État. Nous déclaronsune valeur dans le contrat d’assurance,puis, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’emprunteur, nousacceptons la garantie d’État, et celui-cisigne un document nous assurant qu’encas <strong>de</strong> problème cette valeur sera immédiatementappliquée <strong>pour</strong> un remboursementou une restauration. <strong>La</strong> garantied’État se pratique fréquemment auxÉtats-Unis, et se développe en Europe.Sur le sol français, et en particulier avecle Musée du Louvre, nous avons <strong>de</strong>saccords afin <strong>de</strong> pratiquer entre nous lanon-assurance. L’emprunteur s’engageà retenir la valeur fixée en cas <strong>de</strong> litige, undocument est signé et nous ne souscrivonspas <strong>de</strong> police d’assurance. Étantdonné la fréquence <strong>de</strong>s échanges entrenos établissements, cela va naturellementdans l’intérêt <strong>de</strong> chacun.Avez-vous, en tant queConservateur, été formé au droit ?L’école du Patrimoine offre, dans son cursus,une branche juridique. Il est importantque <strong>les</strong> jeunes conservateurs soientformés sur ces questions, vu leur importance.Je n’ai moi-même pas eu <strong>de</strong> formationjuridique, car cela n’existait pas<strong>de</strong> mon temps, j’ai donc appris sur leterrain. Il existe <strong>de</strong>s compétences juridiquesà l’Institut <strong>de</strong> France, auxquel<strong>les</strong> jefais régulièrement appel, ou à la Direction<strong>de</strong>s Musées <strong>de</strong> France (DMF). Et si laquestion est trop pointue, nous nousadressons <strong>de</strong>s avocats spécialisés sur<strong>les</strong> questions qui nous concernent.■ Propos recueillis parMichele Zingari53Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


CULTURELivresLe droit au but en droit <strong>de</strong> l’informatique« Droit <strong>de</strong> l’Informatique, Éléments <strong>de</strong> droit à l’usage <strong>de</strong>sinformaticiens », par Yves Bismuth, Éditions L’Harmattan,443 pages (39 €)Le traité d’Yves Bismuth (Avocat, AFDIT,IFCLA, chargé d’enseignement à Paris XIIet à l’IEP Grenoble) n’est pas le premier dugenre (mis à jour <strong>de</strong> l’édition <strong>de</strong> 1986). Cequi constitue une première <strong>de</strong> la littératurejuridique est le langage ramassé, lacible et le ton. Le style est celui ducompendium, <strong>les</strong> annexes sont à jour. Àquand la version en ligne <strong>pour</strong> garantir uneactualité complète aux textes cités ?■ Philippe CoenRéviser sa bioéthique : arrêtsur réflexion« <strong>La</strong> révision <strong>de</strong>s Lois <strong>de</strong> bioéthique »(Loi n° 2011-814 du 7 juillet 2011), par Virginie<strong>La</strong>rribau-Terneyre et Jean-Jacques Lemouland,Éditions L’Harmattan, 199 pages (19 €)54Le hasard ne frappe jamais par hasard« <strong>La</strong> Compagne <strong>de</strong> Russie », par Edouard Morad<strong>pour</strong>, MichalonEditeur, 254 pages (20 €)<strong>La</strong> quête <strong>de</strong> l’auteur est hédoniste. Edouard Mourad<strong>pour</strong> nous emmène ici trèsloin. L’auteur est né à Téhéran d’une mère russe ayant immigré après la révolutionsoviétique. Il travaille en France et fait une carrière ensuite dans la publicité enRussie avant la chute du mur. Au travers du roman dont on pressent <strong>les</strong> momentsautobiographiques, le lecteur perçoit que Edouard Mourad<strong>pour</strong> a effectivement retrouvéson pays familial au détour d’un voyage organisé en 1979 par le CE <strong>de</strong> son entreprise.Puis la découverte du pays se fait subrepticement. Le livre est fait d’énigmes doucesaux yeux du lecteur comme celle mise ici en exergue : « le hasard ne frappe jamais parhasard ». À méditer sérieusement.■ Philippe CoenLe droit <strong>de</strong> ne pas haïr« L’Internet <strong>de</strong> la Haine », par Marc Knobel, Berg InternationalEditeurs, 181 pages (14 €)Marc Knobel est un expert reconnu <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong>haines sur Internet. Internet est un terrain <strong>de</strong> jeux dangereux,accueillant <strong>les</strong> mouvements racistes, antisémites, néonazis,intégristes, islamistes, terroristes homophobes. Le livre reproduitintégralement <strong>les</strong> rapports à l’intention <strong>de</strong> la Commissionnationale consultative <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l’homme. Marc Knobelbrosse un portrait inquiétant <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> la prolifération <strong>de</strong> lahaine et du même coup, <strong>de</strong> la faib<strong>les</strong>se <strong>de</strong>s recours juridiques àson encontre sur la toile minée.■ Philippe CoenLes auteurs sont professeurs <strong>de</strong> droit privé et <strong>de</strong>sciences criminel<strong>les</strong> à l’Université <strong>de</strong> Pau et <strong>de</strong>s Pays<strong>de</strong> l’Adour et co-directeurs du Centre <strong>de</strong> Rechercheset d’Analyse juridiques. <strong>La</strong> réforme <strong>de</strong> 2011 méritaitl’arrêt sur réflexion. <strong>La</strong> Loi change tous <strong>les</strong> sept ans. <strong>La</strong>Bioéthique, reflet <strong>de</strong>s mœurs d’un pays, ses atermoiementsfondamenta<strong>les</strong>. Le texte émane <strong>de</strong>s actes d’un colloqueétabli lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> travaux préparatoires (sanscontrôle <strong>de</strong> constitutionalité ceci dit). <strong>La</strong> loi prévoit uneclause <strong>de</strong> révision en 2018 ; <strong>de</strong> quoi prévoir <strong>de</strong> rafraîchirabondamment l’ouvrage à cette échéance. Le sujet <strong>de</strong> labioéthique est un sujet où le droit plus qu’ailleurs fréquentela morale. Il suffit <strong>pour</strong> cela <strong>de</strong> mesurer <strong>les</strong> retombées enpresse <strong>de</strong>s débats préparatoires à la révision <strong>de</strong> 2011. I<strong>les</strong>t intéressant <strong>de</strong> relever que <strong>les</strong> 57 premières pages <strong>de</strong>l’ouvrage se penchent sur <strong>les</strong> prolégomènes : fallait-il unerévision, l’intégrité <strong>de</strong> l’esprit <strong>de</strong> la loi précé<strong>de</strong>nte dans laréforme, etc. Puis vient le fond : l’Information génétiquefamiliale, dons d’organes, <strong>de</strong> cellu<strong>les</strong> et <strong>de</strong> sang, l’idéed’un contrôle qualité <strong>de</strong> l’enfant à naître (<strong>les</strong> contrô<strong>les</strong>anténataux) et enfin l’assistance médicale à la procréation.Un regret simplement : manque le chapitre en droitcomparé si éclairant en ces domaines où l’Hexagone nesuffit pas à penser pleinement.■ Philippe CoenJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


CULTUREAbdou DIOUF, PASSION FRANCOPHONE, Discours et interventions 2003-2010,306 pages, BRYULANT (Bruxel<strong>les</strong>), 2010Ancien Prési<strong>de</strong>nt du Sénégal,successeur <strong>de</strong> Boutros Boutros-Ghali, Abdou Diouf est <strong>de</strong>puis 2002Secrétaire général <strong>de</strong> l’OrganisationInternationale <strong>de</strong> la Francophonie,organisation reconnue par l’ONUen 1998 comme observateur. Ontrouve, dans l’ouvrage d’AbdouDiouf, la formule connue dont il estl’auteur : Notre village global est<strong>de</strong>venu transparent.Tout un chacun paraît avoiroublié que, <strong>de</strong>puis 1988 chaque20 mars constitue la Journéeinternationale <strong>de</strong> la Francophonie.<strong>La</strong> francophonie fait parfoisl’objet <strong>de</strong> questionnements enraison le plus souvent d’unecertaine méconnaissance <strong>de</strong> sesfondamentaux, <strong>de</strong> ses formulationset <strong>de</strong> ses applications pratiqueset d’une ténacité <strong>de</strong> clichés et<strong>de</strong> prêt-à-penser hors la réalitéd’aujourd’hui.Curieusement largement méconnueen France, il semble que l’OIFsoit bien connue hors <strong>de</strong> France,parce que <strong>les</strong> Etats membresfrancophones en ressentent unepossible justification politique et uneutilité vérifiée <strong>de</strong> partage d’idéaux.S’il est indiscutable que l’OIF s’estimposée comme un organismeinternational fédérant <strong>de</strong>s valeursidéalisées, la francophonie ressent lebesoin d’un nouvel humanisme lié àune culture globale fondée sur unediversité linguistique et culturelle.Elle souhaite tenir une place à part,en jouant un certain rôle dans lagouvernance mondiale, repenser<strong>les</strong> relations internationa<strong>les</strong> grâcenotamment à un multilinguismeraisonné et à l’implication <strong>de</strong>sacteurs non-gouvernementaux,en somme contribuer à ouvrir <strong>de</strong>nouvel<strong>les</strong> voies ou <strong>les</strong> soutenir.<strong>La</strong> francophonie agit grâce à unecommunauté <strong>de</strong> <strong>de</strong>stin fondée surla solidarité, en luttant <strong>pour</strong> undéveloppement durable et équitableet en créant une dynamique <strong>de</strong>partage du savoir. Elle cherche àenraciner <strong>les</strong> valeurs universel<strong>les</strong>au service <strong>de</strong> la paix, en ancrantla démocratie et l’Etat <strong>de</strong> droit, endéfendant l’universalité et l’efficacité<strong>de</strong>s droits fondamentaux, enassurant la paix et la sécurité. <strong>La</strong>francophonie envisage sereinementson futur, en voulant servir <strong>de</strong>fondamentaux à un nouveau contratsocial, en bousculant <strong>les</strong> idéesreçues et en misant sur la jeunessefrancophone.Dans <strong>les</strong> discours ou <strong>les</strong> extraits<strong>de</strong> discours publiés à l’occasiondu quarantième anniversaire <strong>de</strong> laFrancophonie, classés avec métho<strong>de</strong>selon une ossature claire et parlante,Abdou Diouf se fait le défenseur etle promoteur <strong>de</strong> la Francophonieet insuffle en permanence <strong>de</strong>sidées-forces, neuves ou reformuléesavec talent, au service <strong>de</strong> cettegran<strong>de</strong> cause, <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong>stinéesà la communauté universellefrancophone, transcendée par unrôle d’exemple à suivre. Il s’agitparfois d’affirmations sans racine<strong>pour</strong> <strong>de</strong>s pays francophones niantcertaines valeurs en raison <strong>de</strong>régimes politiques inacceptab<strong>les</strong> auxyeux d’Etats tiers. Abdou Diouf ne<strong>les</strong> montre pas du doigt, <strong>les</strong> secoueindirectement en profon<strong>de</strong>ur dansson enthousiasme <strong>de</strong> défenseur <strong>de</strong>l’universel et leur apporte la bonneparole, l’unique voie, si on accepte<strong>de</strong> l’écouter et <strong>de</strong> mettre en œuvre<strong>de</strong>s idées généreuses et bénéficiantau plus grand nombre. Comme leprési<strong>de</strong>nt Léopold Sédar Senghor,Abdou Diouf cherche un paradis enpaix, <strong>pour</strong> reprendre un mot <strong>de</strong> sonprédécesseur à la tête du Sénégal.<strong>La</strong> composante juridique irrigue toutcet ouvrage, en soutenant <strong>de</strong>s idéesfondamenta<strong>les</strong>, relayées par <strong>de</strong>sréseaux institutionnels naturels : lecontenu <strong>de</strong> la convention <strong>de</strong> Niameydu 20 mars 1970 fondant l’OIF,un outil déterminatif <strong>de</strong>s relationsinternationa<strong>les</strong>, un instrument dudéveloppement durable et équitable,un gardien <strong>de</strong> la démocratie et <strong>de</strong>l’Etat <strong>de</strong> droit, un cadre d’expression<strong>de</strong> la Justice, un enracinement durespect <strong>de</strong>s valeurs universel<strong>les</strong>et <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong>s droitsfondamentaux, une apologieen faveur d’une Justice pénaleinternationale.Abdou Diouf invite <strong>les</strong> États àélaborer et à faire respecter <strong>les</strong>règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> droit sur leur propreterritoire, comme un moyen <strong>de</strong>respecter <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> démocratiqueset <strong>de</strong> dénoncer la dictature. Ildéfinit l’avocat d’une manièretoute personnelle : être avocat,c’est, en effet, à travers la défensed’un homme vouloir, à chaquefois, défendre la justice, la liberté,l’humanité, vouloir, à chaque fois,que la justice soit juste <strong>pour</strong> tous etpartout. (p. 212)Il n’y a pas <strong>de</strong> place à l’affirmationd’un besoin d’uniformisation<strong>de</strong>s droits francophones ouune approche sur une exigencecomparatiste. Cela n’a aucuneimportance, puisque tout droit,digne <strong>de</strong> ce nom, doit reconnaîtreet appliquer <strong>de</strong>s valeurs communesuniversel<strong>les</strong> et tous <strong>les</strong> acteurs sansexception doivent <strong>les</strong> respecter et<strong>les</strong> appliquer.Le message d’Abdou Diouf apparaîttellement universel qu’il peut êtreaccepté, médité et appliqué partoutes <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s communautéslinguistiques : anglaise, espagnole,portugaise, russe, chinoise,alleman<strong>de</strong>… Pour sa part, le lecteurfrancophone y trouvera l’espoir d’unmon<strong>de</strong> meilleur par le respect etla promotion <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s valeursuniversel<strong>les</strong>. Il s’agit d’un ouvragesalutaire pouvant livrer <strong>de</strong> l’espoirà la communauté <strong>de</strong>s hommes et<strong>de</strong>s femmes et invitant toujours àfaire primer l’idéal sur un intérêtparticulier.Un juriste d’entreprise peut lirecet ouvrage avec une passionphilosophique, qui lui servira à mieuxcomprendre la francophonie et àdonner plus <strong>de</strong> sens personnel à <strong>de</strong>sconcepts à partager.■ Didier <strong>La</strong>mèthe55VidéoSortie Vidéo <strong>de</strong> « L’homme qui négocia avec <strong>les</strong> nazis »Justice (tardive) <strong>pour</strong> le Schindler juif – Documentaire <strong>de</strong> Gaylen RossHéros ou traître ? Le Juif qu’on accusa d’avoir collaboré avec <strong>les</strong> nazis, Reszo Kasztner, considéré comme le Schindler juif,négocia face à face avec Adolf Eichmann et réussit à sauver 1 700 juifs, convoyés en train vers la Suisse. Ce fut probablementla plus gran<strong>de</strong> opération <strong>de</strong> sauvetage <strong>de</strong> ce genre durant la Shoah. Pourtant, en Israël où il avait émigré, Kasztner fut considérécomme un traître, accusé <strong>de</strong> collaboration lors d’un procès dont le verdict divisa le pays et le marqua à jamais du sceau infamant<strong>de</strong> « l’homme qui vendit son âme au diable ». Il fut assassiné en Israël par un illuminé aujourd’hui libre et interviewé dans ledocumentaire qui tente une confrontation entre l’assassin repenti et la famille <strong>de</strong> Kasztner. Un documentaire sur la réhabilitationet <strong>les</strong> tabous qui montre un côté inédit <strong>de</strong> la société israélienne et comment le martèlement en presse d’une campagne trèsorchestrée a pu finir par influencer <strong>les</strong> magistrats perméab<strong>les</strong> aussi au conditionnement.■ Philippe CoenJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


VIE DES COMMISSIONS <strong>AFJE</strong>Retour sur la <strong>de</strong>rnière réunion <strong>de</strong>la Commission Propriété Intellectuelle& AudiovisuelComment éviter <strong>de</strong> « se prendre <strong>les</strong> doigts dans la trappe » dansl’intégration <strong>de</strong>s composants logiciels tiers et logiciels libres ?PI) dans l’accompagnement <strong>de</strong>s directionsopérationnel<strong>les</strong> lors <strong>de</strong>s processus<strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s composantslogiciels notamment dans l’i<strong>de</strong>ntification<strong>de</strong>s risques (juridiques mais aussifinanciers).56Le 7 mars <strong>de</strong>rnier, la CommissionPropriété intellectuelle &Audiovisuel tenait son atelierconsacré aux risques et solutions enmatière d’intégration <strong>de</strong> logiciels tierset libres. Cette table ron<strong>de</strong>, animéepar Philippe Coen et Antoine Jacquet,réunissait <strong>de</strong>s intervenants provenantd’entreprises du secteur <strong>de</strong>s NTIC(Rodolphe Pantanacce, Directeur <strong>de</strong>la Propriété Intellectuelle <strong>de</strong> DassaultSystèmes, et Nicolas Grollier, précé<strong>de</strong>mmentDirecteur <strong>de</strong> la propriété intellectuelled’IBM France) et un avocatspécialisé en propriété intellectuelle etmultimédia (Edmond Tahar, associé ducabinet Tahar & Rosnay-Veil).Plus <strong>de</strong> 40 adhérents <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>, majoritairement<strong>juristes</strong> en NTIC et contrats<strong>de</strong> ce domaine, s’étaient joints à cetévénement afin <strong>de</strong> partager en directleurs questions liées à <strong>de</strong>s cas rencontrésdans le quotidien <strong>de</strong> leurs activités.Ces échanges ont abordé notamment ;– <strong>les</strong> processus d’i<strong>de</strong>ntification enamont <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong>s composantslogiciels intégrés,– <strong>les</strong> contraintes renforcées liées à l’utilisation<strong>de</strong> logiciels dits « libres » maisgrevés <strong>de</strong> risques quant à leur utilisationfinale engendrant <strong>de</strong>s coûts additionnelsavérés,– <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>ssources auprès <strong>de</strong> l’Agence <strong>pour</strong> laProtection <strong>de</strong>s Programmes,– <strong>les</strong> types <strong>de</strong> programmes <strong>de</strong> gestion<strong>de</strong>s royalties pouvant être mis en place,– <strong>les</strong> risques contractuels liés aux obligations<strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong>s fournisseursvis-à-vis <strong>de</strong> leurs clients/utilisateursfinaux,– <strong>les</strong> responsabilités <strong>de</strong>s entreprisesvis-à-vis <strong>de</strong>s actes d’intégrations logiciel<strong>les</strong>par leurs salariés,– <strong>les</strong> limites <strong>de</strong> responsabilité pesantsur <strong>les</strong> fournisseurs et <strong>les</strong> types d’assurancespouvant être souscrites enmatière <strong>de</strong> PI.Il ressort <strong>de</strong> cette table ron<strong>de</strong>, <strong>de</strong> par<strong>les</strong> échanges avec <strong>les</strong> participants, untrès fort engouement dans la détermination<strong>de</strong> bonnes pratiques concernantle rôle du juriste (ou Conseil enDe même, <strong>les</strong> retours d’expériencesconcernant l’exécution <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong>ventes et <strong>de</strong> prestations, liés à ces intégrationslogiciel<strong>les</strong>, nous ont permis <strong>de</strong>cerner <strong>de</strong>s alternatives <strong>de</strong> compensations,auprès <strong>de</strong>s clients et utilisateursfinaux, en lieu et place <strong>de</strong>s classiquespénalités liées aux responsabilités <strong>de</strong>sfournisseurs et prestataires.En conclusion, une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’ateliers,spécialisés et très pragmatiques(basés sur <strong>les</strong> retours d’expériencespar <strong>de</strong>s experts, nous exposant <strong>de</strong>slignes directrices et <strong>de</strong> bonnes pratiques),sur ces sujets aussi techniques,nous a été confirmée par <strong>les</strong> participants<strong>de</strong> cet atelier.<strong>La</strong> Commission Propriété intellectuelle& Audiovisuel remercie en premier lieu<strong>les</strong> intervenants <strong>de</strong> cet atelier, et prendnote <strong>de</strong>s attentes émises par <strong>les</strong> participantsafin d’y répondre à nouveaudans <strong>les</strong> ateliers à venir.■ Antoine Jacquet, co-responsable<strong>de</strong> la Commission PropriétéIntellectuelle & AudiovisuelAntoine Jacquet, Rodolphe Pantanacce,Nicolas Grollier, Philippe CoenJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


POINT DE VUE D’ICC FRANCELes Incoterms ® 2010 dans la stratégiedu juriste d’entrepriseChristoph Martin-RadtkeIl arrive que <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> considèrent<strong>les</strong> Incoterms comme un <strong>de</strong>s élémentsdu transport ou <strong>de</strong> la logistiqueet sous-estiment ainsi l’impactfondamental qu’ils peuvent avoir sur<strong>les</strong> obligations contractuel<strong>les</strong> du ven<strong>de</strong>uret <strong>de</strong> l’acheteur dans le cadred’un contrat <strong>de</strong> vente international,alors même que l’utilisation <strong>de</strong> l’Incotermmérite d’être pris en considérationet validé comme <strong>les</strong> autresclauses du contrat <strong>de</strong> vente ou <strong>de</strong>sconditions généra<strong>les</strong>.marchandises, l’accomplissement<strong>de</strong>s formalités d’import et d’export,le paiement <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> douane, laconclusion <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> transportou encore, la présentation <strong>de</strong>s documents<strong>de</strong> transport.Les Incoterms 2010, dans leur versionen vigueur <strong>de</strong>puis le 1 er janvier 2011sont, à ce titre, un outil essentiel <strong>de</strong> lanégociation internationale.En effet, leur utilisation facilite gran<strong>de</strong>mentla rédaction d’un contrat <strong>de</strong> vente,dès lors que <strong>les</strong> parties à la négociationauront porté une attention particulièreau choix du bon Incoterm, auregard <strong>de</strong>s conséquences susceptib<strong>les</strong>d’y être attachées principalement enmatière <strong>de</strong> coût, <strong>de</strong> service, mais aussi<strong>de</strong> risque.<strong>La</strong> référence ou le choix qui en est faitrésulte en règle générale <strong>de</strong> la mentiondans le contrat <strong>de</strong> vente, d’une <strong>de</strong>sabréviations officiel<strong>les</strong> (FCA, FOB, etc.),qui est suffisante <strong>pour</strong> être reconnue<strong>de</strong>vant <strong>les</strong> tribunaux comme uneacceptation et référence aux règ<strong>les</strong>Incoterms, en tant que norme du commerceinternational.Il importe, par conséquent et dans toutela mesure du possible, aux <strong>juristes</strong> d’entreprise<strong>de</strong> superviser le choix <strong>de</strong> l’incotermpar le commercial <strong>de</strong> sa sociétéqui négocie en général <strong>les</strong> éléments ducontrat <strong>de</strong> vente, alors que le choix <strong>de</strong>l’Incoterm est souvent déterminé enfonction du prix <strong>de</strong> vente négociéOr le choix <strong>de</strong> l’Incoterm ne peut serésumer à une question <strong>de</strong> prix, quecelui-ci soit en rapport avec le lieu <strong>de</strong>livraison, <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> risque, <strong>de</strong> priseen charge <strong>de</strong> formalités <strong>de</strong> dédouanement,<strong>de</strong>s taxes etc.Un <strong>de</strong>s principaux avantages <strong>de</strong>sIncoterms est <strong>de</strong> donner une définitionphysique précise du lieu <strong>de</strong> livraisoncontractuel, en même temps que dulieu <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong>s risques, en fonctiondu choix <strong>de</strong> l’Incoterm.Il permet, en effet, dès l’instant où lecontrat <strong>de</strong> vente se réfère aux Incoterms2010, <strong>de</strong> préciser à quel endroit <strong>les</strong> partiesont convenu que le ven<strong>de</strong>ur exécuterason obligation <strong>de</strong> livraison ouà quel moment s’opérera le transfert<strong>de</strong>s risques et <strong>de</strong> la responsabilité duven<strong>de</strong>ur vers l’acheteur.57Le rôle fondamental <strong>de</strong>sIncoterms ® 2010 dans<strong>les</strong> contrats <strong>de</strong> vente<strong>de</strong> marchandisesLes Incoterms sont connus, acceptéset mis en œuvre dans le mon<strong>de</strong>entier <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 70 ans, commeétant <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>Commerce Internationale ICC, quireflètent la pratique <strong>de</strong>s exportateurset importateurs.Ils définissent <strong>les</strong> obligations incombantau ven<strong>de</strong>ur et à l’acheteur <strong>pour</strong>la livraison et le transfert <strong>de</strong> risques, lechargement et le déchargement <strong>de</strong>sJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


POINT DE VUE D’ICC FRANCELes principaux changements<strong>de</strong>s 11 Incoterms 2010A titre d’exemple et sans être exhaustif,on notera que la liste <strong>de</strong>s 13Incoterms 2000 a été remplacéepar une présentation qui distingueentre <strong>les</strong> 7 Incoterms 2010, <strong>de</strong>stinésà tous <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport,et <strong>les</strong> 4 Incoterms 2010 applicab<strong>les</strong>au transport exclusivement maritime,en vue <strong>de</strong> remédier à une confusionfréquente en pratique.Il est à noter également la fin <strong>de</strong>sIncoterms FOB, CFR et CIF <strong>pour</strong> <strong>les</strong>conteneurs : <strong>les</strong> notes-conseil <strong>pour</strong>ce qui est <strong>de</strong>s FOB, CFR et CIF <strong>de</strong>sIncoterms 2010 indiquent, en effet,clairement aux utilisateurs qu’il fautvérifier si le point <strong>de</strong> livraison prévudans ces règ<strong>les</strong> est approprié <strong>pour</strong><strong>de</strong>s marchandises en conteneurs.En effet, <strong>les</strong> marchandises en conteneurssont typiquement remises parle ven<strong>de</strong>ur à l’entrée d’un terminal àconteneurs ou d’un entrepôt, et cepoint est le lieu <strong>de</strong> livraison approprié.Dans <strong>les</strong> Incoterms FOB, CFRet CIF, le ven<strong>de</strong>ur supporte le risque<strong>de</strong> perte ou d’endommagement <strong>de</strong>la marchandise jusqu’au moment<strong>de</strong> leur mise à bord du navire sansaucune possibilité <strong>de</strong> contrôle <strong>pour</strong> leven<strong>de</strong>ur. Dans la mesure où la remise<strong>de</strong>s marchandises a lieu, en réalité,bien avant, à savoir à l’entrée du terminal,<strong>les</strong> Incoterms FCA, CPT ouCIP qui prévoient une livraison à celieu, sont beaucoup plus appropriés.Un ensemble d’aménagements a égalementété effectué avec notamment lacréation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>nouveaux</strong> IncotermsDAT et DAP qui remplacent 4 anciensIncoterms « D » : DDU, DAF, DEQ et DES.Ils nécessitent <strong>de</strong> se familiariser avecl’ensemble, ce dont ICC FRANCE sepréoccupe d’ailleurs, en organisant<strong>de</strong>s formations <strong>de</strong>stinées à préparer<strong>les</strong> entreprises et leurs <strong>juristes</strong> à lameilleure utilisation qui soit <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong>règ<strong>les</strong> Incoterms 2010.■ Christoph Martin Radtke,Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la commissionDroit et Pratiques du CommerceInternational d’ICC France, Avocatà la Cour, Associé RechtsanwaltLAMY & AssociésPour plus d’informations :www.icc-france.fr/organes-travail-comite-national-francais.html58BULLETIN D’ADHÉSION 2012Cher(e) adhérent(e),Avez-vous pensé à régulariser votre cotisation 2012 ?Pour bénéficier <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s services mis à votre disposition par l’<strong>AFJE</strong>, <strong>pour</strong> continuer à faire partie du réseau <strong>de</strong> la seuleorganisation représentative <strong>de</strong> la profession <strong>de</strong> juriste d’entreprise, nous vous invitons à nous retourner le coupon ci-joint.Je, soussigné(e) (nom, prénom, mail) ...................................................................................................................................................................souhaite renouveler mon adhésion en qualité <strong>de</strong> : Juriste Senior Île <strong>de</strong> France : 210 euros Juriste Junior Île <strong>de</strong> France (- <strong>de</strong> 3 ans d’expérience) : 105 euros Juriste Senior Région : 130 euros Juriste Junior Région (- <strong>de</strong> 3 ans d’expérience) : 75 euros Juriste exerçant à l’étranger : 105 euros Juriste Retraité : 60 euros Juriste en recherche d’emploi : 35 euros Membre honoraire : 210 euros Membre associé : 130 euros Membre bienfaiteur : à partir <strong>de</strong> 265 eurosJe joins à ce coupon-réponse mon règlement : Par chèque :Envoyer un chèque à l’ordre <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong> à l’adressesuivante :<strong>AFJE</strong> – 9, rue du Faubourg Poissonnière75009 Paris – France Par virement : HSBC PARIS GAILLONCo<strong>de</strong> Banque : 30056 / Co<strong>de</strong> Guichet : 00005 /N° <strong>de</strong> compte : 0005 007 7929 / Clé RIB : 14International Bank Account Number : FR76 30056000 0500 0500 7792 914Bank I<strong>de</strong>ntification Co<strong>de</strong> : CCFRFRPP En ligne : sur le site www.afje.org,rubrique « mon compte »Pour vous i<strong>de</strong>ntifier sur votre compte, munissezvous <strong>de</strong> vos co<strong>de</strong> et i<strong>de</strong>ntifiant.Pour un document d’adhésion plus complet, connectez-vous sur le site www.afje.org.Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


ECLAAssemblée générale ECLA 2012 –European Company <strong>La</strong>wyers à LondresThe <strong>La</strong>w Society’s Hall113 Chancery <strong>La</strong>ne – London WC2A 1PLAprès Paris et Turin en 2011,c’est à Londres, dans lecadre majestueux <strong>de</strong> la <strong>La</strong>wSociety que s’est déroulée l’AssembléeGénérale <strong>de</strong> l’ECLA, le 16 mars<strong>de</strong>rnier. Etaient présents à cetteAssemblée <strong>les</strong> représentants <strong>de</strong>sassociations nationa<strong>les</strong> <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong>d’entreprise d’Allemagne, Angleterre,France, Irlan<strong>de</strong>, Italie,Pays-Bas,Belgique, Danemark, Finlan<strong>de</strong>,Norvège, Pologne, Bulgarie, Croatie,République Tchécoslovaquie.Après avoir approuvé le rapportfinancier et <strong>les</strong> comptes 2011 et lerapport <strong>de</strong> gestion du Prési<strong>de</strong>nt, leBureau composé du Prési<strong>de</strong>nt PeterKriependorf, <strong>de</strong>s Vices-prési<strong>de</strong>nts :Han Koy et Sergio Marini, du TrésorierJean Cattaruzza, et <strong>de</strong> sa SecrétaireMarina Kralj Milisa a été renouvelé,ainsi que Didier Pissoort, dans sesfonctions d’auditeur <strong>de</strong>s comptes.Hervé Delannoy, <strong>pour</strong> la France aproposé à l’Assemblée d’examiner laproposition <strong>de</strong> nomination <strong>de</strong> PhilippeCoen, Vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>AFJE</strong> et GeneralCounsel The Walt Disney Company,en qualité <strong>de</strong> Vice-prési<strong>de</strong>nt ECLA.Cette proposition a été adoptée parl’Assemblée. Philippe Coen, en qualité<strong>de</strong> membre du Bureau, s’attacheraà travailler à la valorisation <strong>de</strong> laplace du juriste au sein <strong>de</strong>s sociétéseuropéennes et à défendre la confi<strong>de</strong>ntialité<strong>de</strong>s avis.Deux thématiques qui ont été placéesau cœur <strong>de</strong>s échanges lors <strong>de</strong>cette réunion. L’ECLA s’est fixée <strong>pour</strong>objectif dans <strong>les</strong> prochains mois <strong>de</strong>travailler à définir <strong>les</strong> valeurs communesau juriste d’entreprise enEurope, en tenant compte <strong>de</strong> la diversité<strong>de</strong>s statuts nationaux. Ce travai<strong>les</strong>t fondamental et répond notammentà l’attente <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong>s associationsnationa<strong>les</strong> dont <strong>les</strong> membresne disposent pas d’un statut particulieret ne peuvent pas revendiquerle bénéfice <strong>de</strong> la confi<strong>de</strong>ntialité <strong>de</strong>ses avis. L’ECLA a rappelé que surce point, l’action concertée <strong>de</strong>vaitêtre privilégiée à toute éventuelleaction unilatérale vers <strong>les</strong> instanceseuropéennes.Second axe prioritaire <strong>de</strong> travail <strong>pour</strong>le Board exécutif ECLA : la mo<strong>de</strong>rnisation<strong>de</strong> son site web, afin d’en faireun réel vecteur <strong>de</strong> communicationet d’échange d’informations, vitrinedu métier <strong>de</strong> juriste d’entreprise enEurope.Cette journée a été l’objet d’une présentationparticulièrement intéressante<strong>de</strong> M. Mark Lomas sur la thématique<strong>de</strong> la diversité et <strong>de</strong> l’égalité, sur lequelnous reviendrons lors d’un prochaindossier ainsi que <strong>de</strong> l’intervention <strong>de</strong>M. Warclick, sur le programme anticorruption<strong>de</strong> Shell.Le réseau ECLA, sera désormais plusprésent dans notre magazine grâceà une nouvelle rubrique qu’HervéDelannoy a souhaité créer et qui permettra<strong>de</strong> donner la parole aux associationsnationa<strong>les</strong> qui la composeafin <strong>de</strong> mettre en valeur <strong>les</strong> particularismeset la richesse <strong>de</strong> la professionen Europe.<strong>La</strong> prochaine assemblée <strong>de</strong> l’ECLAse tiendra à Berlin, sur invitation<strong>de</strong> l’Arbeitsgemeinschhaft <strong>de</strong>rSyndikusanwälte im DeutschenAnwalterverien, au mois <strong>de</strong>novembre 2012 et portera à sonordre du jour, l’élection du Prési<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> l’ECLA.■ Anne <strong>La</strong>ure Paulet,Secrétaire GénéralThe Honourable Societyof the Middle TempleMiddle Temple <strong>La</strong>neLondon – EC4Y 9ATevents@middletemple.org.uk59Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


ACTUALITÉS DE L’<strong>AFJE</strong>Nouveau partenariat <strong>AFJE</strong> avec leMaster 2 droit approfondi <strong>de</strong> l’entreprise<strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Paris-Dauphine60L’<strong>AFJE</strong> constitue un carrefournaturel d’échange d’informationset d’expériences <strong>pour</strong>tous <strong>les</strong> <strong>juristes</strong> travaillant au sein<strong>de</strong>s entreprises sur <strong>les</strong> grands sujetsd’actualité juridique qui animent <strong>les</strong>entreprises et le mon<strong>de</strong> du droit.Depuis <strong>de</strong> longues années, l’<strong>AFJE</strong> atissé <strong>de</strong> nombreux partenariats répondantà <strong>de</strong>s objectifs divers. Avec lemon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la formation, l’<strong>AFJE</strong> a suscité,créé, organisé et fait vivre différentspartenariats avec <strong>de</strong>s Universitésou <strong>de</strong>s Éco<strong>les</strong> <strong>de</strong> commerce enseignantle droit.Afin <strong>de</strong> repenser et d’élargir la coopération,il a été décidé <strong>de</strong> conclure unpartenariat avec le prestigieux Master2 Recherche <strong>de</strong> droit approfondi <strong>de</strong>l’entreprise <strong>de</strong> l’Université Paris-Dauphine (Master 122) qui fait régulièrementévoluer ses programmeset ses enseignements en fonction<strong>de</strong>s changements et <strong>de</strong> la perceptiondu droit <strong>de</strong> l’entreprise, avec uneapproche européenne et comparative.Ce Master accueille tous <strong>les</strong> ans uneforte proportion d’étudiants étrangers(Amérique du Sud, Afrique du Nord,Afrique subsaharienne, Chine, Coréedu Sud…).Par échange <strong>de</strong> courriers en date du4 avril et du 11 avril entre le ProfesseurFrançois Pasqualini, Directeur duMaster 122, et Hervé Delannoy,Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>, un partenariata été conclu, étant observé que leMaster 2 Recherche 122 travaille<strong>de</strong>puis plusieurs années en nouant<strong>de</strong>s liens privilégiés avec le cabinetErnst & Young, qui se sont traduitspar un accord. En outre, le Master122 a également conclu cette annéeun partenariat avec le Centre Français<strong>de</strong> Droit Comparé.Le Master 122 est recherché par <strong>de</strong>sétudiants <strong>de</strong> haut niveau envisageant<strong>de</strong> s’orienter vers le métier <strong>de</strong> juristed’entreprise et accueille <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong>déjà en entreprises souhaitant approfondirdifférents aspects du droit <strong>de</strong>saffaires dans ses actualités.Dans ce contexte, l’<strong>AFJE</strong> a souhaitérenouer <strong>de</strong>s liens actifs avec l’UniversitéParis-Dauphine et créer unPartenariat local <strong>pour</strong> la première foisavec un Master 2 Recherche, pouvantêtre considéré comme <strong>de</strong> pointe.De son côté, le Master 122 a entreautres <strong>pour</strong> objectifs <strong>de</strong> renforcer<strong>les</strong> liens avec <strong>les</strong> entreprises dans ladurée, <strong>de</strong> bénéficier d’une meilleureconnaissance <strong>de</strong>s différentes facettesdu métier <strong>de</strong> Juriste d’Entreprise, <strong>de</strong>répondre à un intérêt réel <strong>de</strong>s étudiants<strong>pour</strong> le métier <strong>de</strong> Juriste d’Entrepriseet <strong>de</strong> réaliser un enseignementorienté vers <strong>les</strong> préoccupations <strong>de</strong>sentreprises.Doris Speer, administratrice <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>,participera aux travaux du Comité <strong>de</strong>perfectionnement du Master 122 etDidier <strong>La</strong>mèthe, administrateur <strong>de</strong>l’<strong>AFJE</strong>, sera le point <strong>de</strong> contact entrele Master 122 <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Paris-Dauphine et l’<strong>AFJE</strong>.Ce partenariat doit être considérécomme porteur d’avenir <strong>pour</strong> <strong>les</strong><strong>de</strong>ux partenaires, dans la mesure où<strong>les</strong> <strong>juristes</strong> d’entreprises, membres<strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>, <strong>pour</strong>ront proposer <strong>de</strong>sthèmes <strong>de</strong> recherche nécessitant<strong>de</strong>s réflexions approfondies. Lesrecherches réalisées par le Master122 se veulent appliquées, pratiques,efficaces et opérationnel<strong>les</strong>, étantobservé que le diplôme s’est engagé,au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années,dans un vaste projet <strong>de</strong> recherchesur la Responsabilité Sociétale <strong>de</strong>sEntreprises avec Ernst & YoungSociété d’Avocats.Dans un prochain numéro <strong>de</strong> la revue,François Pasqualini sera invité à présenteren détail le Master 122 qu’ildirige et ce partenariat, qui se veutactif et modèle.■ Didier <strong>La</strong>mèthe,administrateur <strong>AFJE</strong>Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


ACTUALITÉS DE L’<strong>AFJE</strong>Retour sur la Journée<strong>de</strong>s Régions <strong>AFJE</strong>BOITE A IDÉESLes membres d’une Direction Juridique d’ungroupe britannique expérimentent avec succèsune métho<strong>de</strong> originale <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong>leur fonction. Tous <strong>les</strong> mois, à tour <strong>de</strong> rôle,un juriste accepte <strong>de</strong> réfléchir sur une idéesusceptible d’améliorer le fonctionnement <strong>de</strong>l’équipe. Chaque juriste est entièrement libredu choix du sujet, lequel n’est pas forcémentjuridique, dès lors qu’il a <strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong> servir<strong>les</strong> intérêts <strong>de</strong> l’entreprise. Il est tout aussilibre <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la manière dont il entenddévelopper son sujet. Il peut s’agir simplementd’étudier un article potentiellement intéressant,<strong>de</strong> faire un benchmarking auprès <strong>de</strong>s <strong>juristes</strong>d’une autre entreprise ou bien <strong>de</strong> mener unepetite enquête interne sur une difficulté <strong>de</strong>fonctionnement.Le juriste résume ensuite <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> sesréflexions dans une présentation postée surun blog spécialement conçu à cet effet. Puis,il se réunit avec ses collègues <strong>pour</strong> débattrel’idée en vue <strong>de</strong> l’améliorer ou éventuellement<strong>de</strong> ne pas y donner suite.Cette métho<strong>de</strong> originale <strong>de</strong> brainstorming apermis la réalisation d’un certain nombre d’initiativesdans <strong>de</strong>s domaines aussi variés quecontrats, propriété intellectuelle, fusions etacquisitions et contentieux sans oublier <strong>de</strong>saméliorations dans le fonctionnement interne<strong>de</strong> la Direction Juridique.À force <strong>de</strong> conduire ce projet en commun,l’esprit d’équipe s’est renforcé <strong>de</strong> même quela motivation individuelle. En outre, l’image <strong>de</strong>marque <strong>de</strong> la Direction Juridique s’est considérablementbonifiée puisque perçue par <strong>les</strong>opérationnels comme une équipe soudée, créativeet dynamique.Le 30 mars <strong>de</strong>rnier, a eu lieu la journéeconsacrée aux délégations régiona<strong>les</strong>. Leursreprésentants se sont retrouvés à Paris ausiège <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>, <strong>pour</strong> une journée dédiéeà l’animation et au fonctionnement <strong>de</strong>srégions <strong>AFJE</strong>.Autour du Prési<strong>de</strong>nt, Hervé Delannoy étaientréunis Sarah Lynch <strong>pour</strong> le <strong>La</strong>nguedoc-Roussillon, Sylvie Gatto <strong>pour</strong> la Lorraine,Isabelle Sabanowski <strong>pour</strong> Midi-Pyrénées,Marie-<strong>La</strong>ure Carrau <strong>pour</strong> l’Aquitaine, ÉricBossuyt <strong>pour</strong> le Nord, Philippe Gambini<strong>pour</strong> la région PACA et Olivier Koch <strong>pour</strong>la région Bretagne-Pays-<strong>de</strong>-Loire.Cette journée a été l’occasion d’officialiserle nouveau statut <strong>de</strong> délégué départemental; nécessité <strong>pour</strong> <strong>les</strong> délégations <strong>AFJE</strong>qui couvrent <strong>de</strong> nombreux départements.Le plan stratégique 2012 réalisé par Jean-Philippe Gille, administrateur <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong> aété longuement détaillé par le Prési<strong>de</strong>nt.Une journée intense, riche d’échanges et<strong>de</strong> retours d’expérience a permis <strong>de</strong> sou<strong>de</strong>r<strong>les</strong> relations entre <strong>les</strong> délégués régionauxet leurs délégués départementaux. Uneinitiative couronnée <strong>de</strong> succès !Pour plus d’informations, ren<strong>de</strong>z-vousà la rubrique Régions www.afje.org■ Gaëlle TouffetteDÉLÉGUÉS DÉPARTEMENTAUXDamien Zarrouati : Pyrénées-AtlantiquesJean-François Bosquer : FinistèreStéphanie Caverot et Virginie Pain :Loire-AtlantiqueCorinne Gillet et Dominique Baratange :Ile-et-VilaineFrançois Ruiz : MoselleDidier <strong>La</strong>nglois : Alpes-Maritimes61Ce « rêve anglais » <strong>pour</strong>rait sûrement se réaliserdans bon nombre <strong>de</strong> directions juridiquesfrançaises et ce d’autant que sa mise en placene nécessite ni budget ni même feu vert duManagement. Valorisons plus <strong>pour</strong> gagner plus !Toute la série <strong>de</strong> Best Practice Clip setrouve sur :www.juriscampus.fr/best-practice-legal■ Colm Mannincolm.mannin@wanadoo.frJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


ACTUALITÉS DES PARTENAIRES DE L’<strong>AFJE</strong>TVDMA.org, la 1 re web TV en Droit etManagement <strong>de</strong>s Affaires, lance sonnouveau site Internet62Forte <strong>de</strong> son succès, TV DMA. orgchange <strong>de</strong> visage :– Un moteur <strong>de</strong> recherche revu, plusrapi<strong>de</strong> et plus effi cace ;– Une interface plus épurée et plusclaire ;– Des podcasts réorganisés enrubriques et sous-rubriques ;TV DMA, c’est en un clic votrenouvelle encyclopédie en Droitet Management <strong>de</strong>s Affaires.Sur TV DMA.org, <strong>les</strong> professionnels,<strong>les</strong> étudiants et <strong>les</strong> universitairespeuvent s’informer en 3 minutes sur<strong>les</strong> grands sujets qui font l’actualitéjuridique et économique, comme parexemple : « L’avenir du juriste d’entreprise» par Jean-Char<strong>les</strong> Savouré « <strong>La</strong>concurrence, élément clé <strong>de</strong> l’économie<strong>de</strong> marché ? » par Nicolas Bouzou,« Quel<strong>les</strong> causes profon<strong>de</strong>s à la criseéconomique ? » par Collette Neuville.Un an seulement, après sa création,TVDMA a su s’affirmer commele média <strong>de</strong> référence en ligne.Aujourd’hui c’est le fond européenle plus important jamais constitué :avec plus <strong>de</strong> 1 000 podcasts audio etvidéos couvrant plus <strong>de</strong> 2 500 sujets.Déjà plus <strong>de</strong> 300 experts <strong>de</strong> premierplan interviewés, parmi <strong>les</strong>quels :Muhammad Yunus, inventeur dumicrocrédit et Prix Nobel <strong>de</strong> la paix,Pascal <strong>La</strong>my, Directeur General <strong>de</strong>l’OMC, Bruno <strong>La</strong>sserre, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>l’Autorité <strong>de</strong> la Concurrence, FranckRiboud, PDG <strong>de</strong> DANONE et biend’autres.TV DMA bénéficie aujourd’hui d’unrayonnement réel : un temps <strong>de</strong> visiteexceptionnellement long, sans rebond<strong>de</strong> 7 minutes. Des personnalités dudroit et du management <strong>de</strong> plus enplus nombreuses souhaitent être interviewées.Une présence continue surFacebook Twiter Daylimotion.Toujours dans le souci d’améliorerla navigation et <strong>de</strong> rendreaccessible l’information au plusgrand nombre, TVDMA.org travailleactuellement sur le lancement<strong>de</strong> son nouveau site.TVDMA.org vous proposera prochainementune toute nouvelle interfaceweb. Tout un panel <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong>fonctionnalités seront auprogramme. Un gain d’efficacitéavec la possibilité d’avoir accès enun clic à tous <strong>les</strong> podcasts vidéo etaudio d’un intervenant, un Player pluslarge et plus visible vous permettantune navigation plus agréable, etenfin la possibilité <strong>de</strong> « partager »toutes <strong>les</strong> vidéos en <strong>les</strong> exportant versFacebook, Twitter et d’autres sites !■ Diane Delvaux, ResponsableCommunication et MarketingTV DMATenez-vous informés <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnièresactualités en vous abonnant à notrenewsletter, sur www.tvdma.orgJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


ACTUALITÉS DES PARTENAIRES DE L’<strong>AFJE</strong>Section internationale <strong>de</strong> l’ACE :16 e séminaire franco-allemandDans le cadre du partenariat <strong>AFJE</strong>-ACE et <strong>de</strong> sa sectioninternationale et plus particulièrement <strong>de</strong>s liens qui unissentdorénavant nos <strong>de</strong>ux associations, nous avons décidé <strong>de</strong>revenir sur le Colloque ACE qui s’est tenu à Evian car certaines<strong>de</strong>s thématiques abordées sont au coeur <strong>de</strong>s préoccupations<strong>de</strong>s <strong>juristes</strong> d’entreprise.Bénédicte Querenet-HahnLe désormais traditionnel séminairefranco-allemand organisépar l’ACE en coopération avecle DAV a réuni cette année à Evian,<strong>les</strong> 11 et 12 mai <strong>de</strong>rnier, plus <strong>de</strong> 60participants, autour d’un panel d’éminentsspécialistes, <strong>pour</strong> réfléchir à laquestion <strong>de</strong> savoir si <strong>les</strong> filia<strong>les</strong> font,encore aujourd’hui, écran entre leurscréanciers et leurs sociétés mères.Ce thème avait été choisi en raison<strong>de</strong> la tendance actuellement observée<strong>de</strong> chercher <strong>les</strong> responsabilitéslà où se forment <strong>les</strong> décisions et <strong>de</strong>faire supporter à la société mère <strong>les</strong>conséquences <strong>de</strong> ses décisions prises<strong>pour</strong> sa filiale.L’objectif <strong>de</strong> ce séminaire était <strong>de</strong>passer cette question au crible <strong>de</strong>sprincipa<strong>les</strong> branches du droit <strong>de</strong>l’entreprise, dans une perspectivefranco-alleman<strong>de</strong>, afin <strong>de</strong> déterminers’il s’agit d’une évolution généraleet européenne et <strong>de</strong> s’interroger sur<strong>les</strong> précautions que doivent prendre<strong>les</strong> groupes <strong>de</strong> sociétés franco-allemands,<strong>pour</strong> éviter d’exposer leurssociétés mères au risque d’avoir àsupporter une responsabilité supérieureà leurs apports, <strong>pour</strong> leursfilia<strong>les</strong>.Les exposés <strong>de</strong> Thomas Jahn etMartin Prager, en droit <strong>de</strong>s sociétés,Fabien Zivy et Sylvia Kaufhold, endroit <strong>de</strong> la concurrence, Marc Frilet etPatrick Ehret en droit du financement<strong>de</strong>s entreprises, Christian Connor etCatharina Klumpp, en droit du travail,Isabelle <strong>de</strong> <strong>La</strong>motte et Stefanie Besteen droit <strong>de</strong> l’environnement, Jean-Yves Mercier et Wilhelm Haarmannen droit fiscal, ont montré <strong>de</strong>s évolutionsdisparates, marquées par <strong>les</strong>objectifs <strong>pour</strong>suivis par ces différentesbranches du droit <strong>de</strong> l’entreprise.Le droit <strong>de</strong>s sociétés, évi<strong>de</strong>mment,<strong>de</strong>meure le plus attaché aux principesd’autonomie <strong>de</strong>s personnes mora<strong>les</strong>et <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong> la société mèrelimitée à ses apports, tandis que ledroit <strong>de</strong> la concurrence présume lasociété mère responsable <strong>de</strong>s agissementsanti-concurrentiels <strong>de</strong> safiliale détenue à 100%, dans le but<strong>de</strong> rendre plus efficace la répression<strong>de</strong>s pratiques anti-concurrentiel<strong>les</strong>.Même si <strong>les</strong> différentes branches dudroit <strong>de</strong> l’entreprise évoluent dans<strong>de</strong>s directions parfois contraires,néanmoins, tous <strong>les</strong> orateurs se sontaccordés <strong>pour</strong> faire trois constats.Dans toutes <strong>les</strong> branches du droit<strong>de</strong> l’entreprise, l’autonomie <strong>de</strong>s personnesmora<strong>les</strong> souffre <strong>de</strong> plus enplus d’exceptions.Par ailleurs, dans la jurispru<strong>de</strong>nce,l’écran <strong>de</strong> la personne morale a tendanceà cé<strong>de</strong>r, lorsque la société mèrea pesé dans la <strong>de</strong>stinée <strong>de</strong> sa filialeet que cette <strong>de</strong>rnière a perdu, en toutou en partie, son autonomie commerciale,financière, décisionnelle.Enfin, dans la pratique, <strong>les</strong> créancierset partenaires <strong>de</strong> la filiale exigent <strong>de</strong>sgaranties <strong>de</strong> la société mère. Garantiesd’actif et <strong>de</strong> passif et lettres <strong>de</strong> confortou <strong>de</strong> soutien sont dans la plupart <strong>de</strong>scas exigées et sont autant d’indices<strong>de</strong> l’imbrication ou <strong>de</strong> la confusion<strong>de</strong>s sociétés d’un groupe. Le témoignaged’Isabelle <strong>de</strong> <strong>La</strong>motte, juristed’entreprise et membre <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong>, aparticulièrement bien mis en exerguequ’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s principes, la pratiqueexige que la société mère s’engageaux côtés <strong>de</strong> sa filiale, ce qui induit unrisque <strong>de</strong> responsabilité.Même si, en droit allemand, le principed’autonomie <strong>de</strong> la personne moraleest mieux préservé qu’en France, ilressort néanmoins <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nceque si <strong>les</strong> sociétés mères ont, el<strong>les</strong>mêmes,ignoré l’autonomie <strong>de</strong> leursfilia<strong>les</strong>, el<strong>les</strong> sont alors sanctionnées.C’est la raison <strong>pour</strong> laquelle le PrHaarmann a très justement soulignéque le meilleur moyen, <strong>pour</strong> <strong>les</strong> sociétésmères, <strong>de</strong> se protéger et d’éviterd’être tenues <strong>pour</strong> responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> ladéfaillance <strong>de</strong> leurs filia<strong>les</strong>, est <strong>de</strong> res-63Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


ACTUALITÉS DE L’<strong>AFJE</strong>Fabien Zivy a, quant à lui, indiquéque <strong>les</strong> groupes <strong>de</strong>vaient faire unchoix d’organisation et <strong>de</strong> gouvernance,entre une gestion centraliséeou décentralisée, et que ce choix étaitdéterminant <strong>de</strong>s risques pris par lamaison mère. Il a par ailleurs appeléà combler le vi<strong>de</strong> juridique <strong>de</strong> notredroit positif qui ne tient pas compte<strong>de</strong> la réalité sociale et économiqueque constituent <strong>les</strong> groupes.64pecter scrupuleusement <strong>les</strong> structuresjuridiques et <strong>les</strong> organes <strong>de</strong> décision<strong>de</strong>s différentes sociétés.S’associant à ce propos, ThomasJahn et Marc Frilet ont énuméréquelques-unes <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> préventionélémentaires à observer àl’effet <strong>de</strong> préserver l’autonomie <strong>de</strong>sfilia<strong>les</strong>, parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> :– le respect <strong>de</strong>s règ<strong>les</strong> formel<strong>les</strong> dudroit <strong>de</strong>s sociétés,– la tenue d’assemblées d’actionnaires/associés,avec documentation<strong>de</strong>s décisions <strong>de</strong>s organes <strong>de</strong>la société,– la mise en place <strong>de</strong> chaînes <strong>de</strong>délégations <strong>de</strong> pouvoir, clairementdocumentées,– éviter que <strong>les</strong> services supports neprennent <strong>de</strong>s décisions et ne se substituentaux organes <strong>de</strong> décision,– faire attention aux lignes <strong>de</strong> « reporting» vers d’autres sociétés et organisationsmatriciel<strong>les</strong>,– documenter <strong>les</strong> flux intra-groupe,<strong>les</strong> contrats d’assistance ou <strong>de</strong>management, en y détaillant clairement<strong>les</strong> tâches, responsabilités etrémunérations,– facturer <strong>les</strong> prestations intra-groupesau prix du marché,– éviter que d’autres personnes que<strong>les</strong> organes <strong>de</strong> la société ne prennent<strong>de</strong>s décisions ou ne signent <strong>de</strong>s actes,en lieu et place <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>la société, habilités à signer.Ils ont par ailleurs suggéré quelquessolutions, tel<strong>les</strong> que la création d’organesad hoc au sein <strong>de</strong>s filia<strong>les</strong>, dans<strong>les</strong>quels faire siéger <strong>de</strong>s représentants<strong>de</strong> la maison mère, afin <strong>de</strong> permettreun contrôle par la maison mère <strong>de</strong>sdécisions <strong>de</strong> la filiale, tout en évitantque ce contrôle ne soit exercé auniveau <strong>de</strong> la société mère, <strong>pour</strong> qu’ellene se voit reprocher d’avoir pris <strong>de</strong>sdécisions <strong>pour</strong> sa filiale.Marc Frilet a par ailleurs souligné l’importance<strong>de</strong> préserver l’autonomie<strong>de</strong>s entités ad hoc ou special purposevehicule, <strong>de</strong> façon que le risque <strong>de</strong>certains projets puisse être pris sansexposer la maison mère.Pour <strong>les</strong> groupes très intégrés,Thomas Jahn a estimé qu’ils <strong>de</strong>vaients’interroger sur la nécessité <strong>de</strong> maintenirtoutes leurs filia<strong>les</strong> et sur l’opportunité,notamment <strong>pour</strong> <strong>les</strong> groupesfranco-allemands, <strong>de</strong> se constituersous forme <strong>de</strong> société européenne.Le sujet professionnel du séminaireétait consacré à la compatibilité <strong>de</strong>la profession d’avocat avec d’autresmétiers. Michaël Brauch a expliquéqu’en Allemagne, certains avocats,<strong>pour</strong> <strong>de</strong>s raisons économiques,exercent, en parallèle <strong>de</strong> la professiond’avocat, un autre métier. Sur leplan déontologique, l’exercice d’unautre métier est possible, au nom <strong>de</strong>la liberté <strong>de</strong> travailler, dès lors que cetautre métier est compatible avec laprofession d’avocat.Côté français, Louis-BernardBuchman a décrit <strong>les</strong> raisons <strong>pour</strong><strong>les</strong>quel<strong>les</strong>, <strong>de</strong> plus en plus, <strong>les</strong> avocatsdoivent, <strong>pour</strong> exercer leur profession,acquérir <strong>les</strong> compétencesd’autres métiers, et la façon dont laprofession s’était adaptée à cette évolution,en autorisant l’exercice <strong>de</strong>s« <strong>nouveaux</strong> métiers ». Il a égalementdégagé l’avantage et la protectionaccrue <strong>de</strong>s clients <strong>de</strong>s avocats exerçantl’un <strong>de</strong> ses <strong>nouveaux</strong> métiers, enraison notamment <strong>de</strong> la déontologieà laquelle ils sont soumise.Ces travaux passionnants ont étéagrémentés <strong>de</strong> moments conviviaux,propices aux échanges, dansle magnifique cadre d’Evian, fort bienchoisi <strong>pour</strong> cette rencontre par Marie-Christine Midavaine <strong>pour</strong> l’ACE.Date est déjà prise <strong>pour</strong> le 17 e séminairefranco-allemand co-organisépar l’ACE et le DAV <strong>les</strong> 26 et 27 avril2013, à Berlin. A vos agendas !■ Bénédicte Querenet-Hahn,Chargée du partenariat <strong>AFJE</strong>/ACEJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


ACTUALITÉS DE L’<strong>AFJE</strong>Le droit allié à la gestion : formation d’excellence !Le MBA/Master 2 Droit <strong>de</strong>s affaires et management en tête <strong>de</strong>s classements français et européens➔ En 4 ans d’existence, l’École <strong>de</strong> Droit et <strong>de</strong> Management <strong>de</strong> Paris 2-Assas,dont l’<strong>AFJE</strong> est le partenaire historique, s’est affi rmée comme le lea<strong>de</strong>rfrançais dans sa catégorie.➔ Le MBA/Master 2 Droit <strong>de</strong>s affaires et Management-Gestion est classén° 1 <strong>de</strong>s formations françaises en droit et management par l’agenceSMBG.➔ L’École a reçu plus <strong>de</strong> 600 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’inscription en 2011.PALMARÈS du MBA/M2 Droit <strong>de</strong>s Affaires & Management➔ N° 1 <strong>de</strong>s MBA/Masters 2 Droit <strong>de</strong>s Affaires et Management/Universités etgran<strong>de</strong>s Éco<strong>les</strong> – SMBG 2011 et 2012➔ N° 1 <strong>de</strong>s Masters 2 Universitaires <strong>de</strong> Droit <strong>de</strong>s Affaires et Management –SBMG 2010-2011-2012➔ Meilleurs diplômes 2010, 2011, 2012 – Le Nouvel Observateur➔ 1 er prix du <strong>La</strong>ncement <strong>de</strong> diplôme – SMBG 2008, 2009➔ N° 4 <strong>de</strong>s 50 meilleurs diplômes européens <strong>de</strong> Business & Commercial<strong>La</strong>w et N° 2 européens <strong>de</strong> Droit et Gestion – Classement mondialEUDUNIVERSAL65Pour plus d’informations : www.mba-pantheon-assas.comCocktail <strong>nouveaux</strong> adhérentsNOMINATIONSJEAN-PASCAL MÉO estnommé Directeur juridiquedu groupe EUROCOPTER.CYRILLE DEMIGNEUX est nomméeDirecteur juridique d’Arc International.Comme chaque année, l’<strong>AFJE</strong> a organisé le 12 avril <strong>de</strong>rnier, letraditionnel cocktail <strong>de</strong> bienvenue, qui a réuni une trentaine <strong>de</strong>personnes.L’équipe <strong>de</strong> l’<strong>AFJE</strong> était présente au complet <strong>pour</strong> accueillir <strong>les</strong><strong>nouveaux</strong> adhérents 2012, autour du Prési<strong>de</strong>nt, Hervé Delannoy et <strong>de</strong>sadministrateurs David Zeitoun et Erwan Tomasi-Carpentier.■ Gaëlle TouffetteKATRINA BURCHELL est nomméeDirectrice <strong>de</strong> la PropriétéIntellectuelle du groupe PPR.ÉRIC THOMAS est nomméDirecteur juridique du groupe EDF.À ce titre, il <strong>de</strong>vient membre ducomité <strong>de</strong> direction du Groupe.Pour nous faire part <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong> nominations,contactez-nous :gaelle.touffette@afje.orgJuriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


AGENDAProgramme <strong>de</strong>s ateliers <strong>AFJE</strong>6613 SEPTEMBRE201227 SEPTEMBRE201211 OCTOBRE201215 NOVEMBRE2012Groupes <strong>de</strong> sociétés et co-emploi sur <strong>les</strong> risques encouruscompte tenu <strong>de</strong> la réglementation en droit socialIntervenants : Jean-Michel Lepêtre, avocat associé et ChristineGuillot-Bouhours, avocate associéeGérer <strong>les</strong> situations conflictuel<strong>les</strong> au Moyen-Orient et dansla zone Asie Pacifique : retour d’expériences et analyse <strong>de</strong>soutils existantsIntervenants : Karim J. Nassif, associé bureau Dubaï, PhilippeTaverne, associé bureau Singa<strong>pour</strong> et Fabrice Marchisio, associébureau ParisInterrogations autour <strong>de</strong>s promesses unilatéra<strong>les</strong> oucroisées d’achats et <strong>de</strong> ventes : droits sociaux, immobilier.Intervenants : Alain Couret, avocat associéPanorama <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décisions judiciaires <strong>de</strong>contentieux M & AIntervenants : Jean-François Louit, avocat associé et FrançoisKopf, avocat associéPanorama <strong>de</strong>s actions <strong>AFJE</strong>JUINMercredi 20 juin 2012 – 12 h 30<strong>La</strong> nécessité absolue <strong>de</strong> la maîtrise<strong>de</strong>s langues par un juriste<strong>AFJE</strong> – Commission Carrière & ÉvolutionJeudi 21 juin 2012 – 8 h 30Contrôle <strong>de</strong>s concentrations – Négocierefficacement <strong>de</strong>s engagements :conseils à suivre et erreurs à éviter<strong>AFJE</strong> – Herbert SmithJeudi 21 juin 2012 – 9 h 302 e Journée du Management Juridique<strong>AFJE</strong> – LegiteamMardi 26 juin 2012 – 18 h 00Conseil d’administration<strong>AFJE</strong>Jeudi 28 juin 2012 – 8 h 30<strong>La</strong> vision financière <strong>de</strong>s clauses<strong>de</strong> cession d’action<strong>AFJE</strong> — AccuracyVendredi 29 juinRemise du prix <strong>AFJE</strong> Édition 2012FNDE - <strong>AFJE</strong>JUILLETJeudi 5 juillet 2012 – 8 h 30Verdissement <strong>de</strong>s immeub<strong>les</strong> – Les nouvel<strong>les</strong>règ<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’urbanisme et <strong>de</strong> la construction<strong>AFJE</strong> – CGR LegalMardi 10 juillet 2012 – 18 h 00Conseil d’administration<strong>AFJE</strong>Mercredi 11 juillet 2012 – 19 h 00Commission Métier<strong>AFJE</strong> – Délégation AquitaineCet agenda n’est pasexhaustif, retrouvez tousnos événementssur www.afje.orgSEPTEMBREJeudi 13 septembre 2012 – 8 h 30Groupes <strong>de</strong> sociétés et co-emploi sur<strong>les</strong> risques encourus compte tenu <strong>de</strong>la réglementation en droit social<strong>AFJE</strong> – OrrickJeudi 20 septembre 2012 – 8 h 30Droit boursier et ingénierie financière<strong>AFJE</strong> – Commission Droit <strong>de</strong>s sociétés,droit boursier et ingénierie financièreN’oubliez pas laprochaine éditiondu CAMPUS <strong>AFJE</strong>Le 26 octobre 2012Juriste d’Entreprise Magazine N°14 – Juillet 2012


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