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Bagne de Rochefort

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( 9 0î )discours fut remarquable. « Ce n'est pas , dit-il , le penchant au crime qui» m'a fait commettre toutes les sottises que j'ai faites ; s'il m'avait fallu ,» pour pourvoir à ma malheureuse existence , verser une seule goutte» <strong>de</strong> sang, vous ne me verriez point aujourd'hui sur le banc <strong>de</strong>s accu-« ses; s'il m'avait, fallu dévaliser un <strong>de</strong> mes semblables sur la gran<strong>de</strong>» route , vous ne m'y verriez point non plus ; s'il m'avait fallu seulement» forcer la serrure d'un meuble pour voler <strong>de</strong> l'argent, je ne me serais» jamais déterminé à cette action criminelle. »Depuis huit ans Collet est mort pour le mon<strong>de</strong>; on a droit <strong>de</strong> s'étonnerdu long sommeil d'un génie si actif; mais il est dans un lieu où il ya concurrence <strong>de</strong> génies <strong>de</strong> cette trempe , où, du reste , on laisse le moins<strong>de</strong> prise possible à leur coupable industrie. Collet s'y conduit à merveille.Pendant les premières années, les chefs s'étaient mis en gar<strong>de</strong> contre ceredoutable pensionnaire; on le tenait éloigné <strong>de</strong>s travaux; il a <strong>de</strong>mandélui-même à y participer afin d'avoir part aussi aux légères douceurs quien sont le prix. Je l'ai vu souvent concentré en lui-même , et semblantconsidérer avec dédain les misérables avec les quels il se trouvaitaccouplé , et dont les goûts crapuleux sympathisaient peu avec ses ancienneshabitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bon ton ; je l'ai entendu traiter avec mépris cesmouches du bagne qui servent d'espions <strong>de</strong> police.Il y a quelque temps , se trouvant mala<strong>de</strong> à l'hôpital , je lui parlais <strong>de</strong>santécé<strong>de</strong>ns <strong>de</strong> sa vie ; il me répondait peu. Jelui rappelai ce chef <strong>de</strong> bataillonretraité qu'il avait créé régisseur <strong>de</strong> ses terres, et qu'il avait fait marierau préalable; alors ses yeux s'animèrent comme s'il se fût délivré d'unrêve pénible, et passant sa main dans sa veste, il me dit avec un airgrave et risible : « Monsieur, si vous connaissez cet officier, dites-moi» donc ce qu'il est <strong>de</strong>venu? s'il est heureux dans son ménage? Il doit» l'être , car il a épousé un excellent parti sous plusieurs rapports. Mon-» sieur, moi qui vous parle , j'ai fait le bonheur <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>!»Puisqu'aussi bien maintenant tout le mon<strong>de</strong> fait ses mémoires, pourquoiCollet ne ferait-il pas les siens? Mais ce malheureux a encoredouze ans <strong>de</strong> fers à subir.H...., avocat.CHRONIQUE ^USïCIASilBDÉPARTEMENS.— On nous écrit <strong>de</strong> Montauban :Vous avez dû connaître, par les journaux politiques, le résultat <strong>de</strong> la missiondu père Guyon ; je ne vous parlerai pas <strong>de</strong> la violence avec laquelleil déplaça, dans la nuit et avec l'assistance <strong>de</strong> la force armée , une croixrévérée parmi nous, et qui avait été posée par <strong>de</strong>s missionnaires en 1817.M. Guyon a voulu absolument que sa croix s'élevât au même lieu. Cetacte <strong>de</strong> vendalisme a surpris et indigné ceux-là même, qui s'étaientmontrés satisfaits <strong>de</strong>s sermons <strong>de</strong> M. Guyon et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses confrères ;quoiqu'il en soit, la croix fut portée en triomphe an milieu <strong>de</strong>s vociféz-ationsbruyantes d'une foule déjeunes gens qui criaient : vive la croix!avec une fougueuse véhémence, à côté <strong>de</strong> jeunes filles qui chantaient enchœur <strong>de</strong>s cantiques.Tous les hommes sensés étaient bien convaincus que ces hurlemensne pouvaient se concilier avec la véritable piété, et le len<strong>de</strong>main on eneut la preuve. Le nommé G , le plus zélé d'entre eux ( du moins enapparence) commit un vol <strong>de</strong> chapelets, avec effraction. On a tout faitpour étouffer cette affaire; on a voulu faire embarquer ce jeune homme;mais le tribunal est saisi <strong>de</strong> la cause et justice sera rendue.— Parmi les affaires jugées à la <strong>de</strong>rnière session <strong>de</strong> la Cour d'assises<strong>de</strong> Saône-ct-Loire ( Châlons-sur-Saône ), il en est une qui a particulièrementfixé l'attention publique.Deux frères, âgés à peine <strong>de</strong> 28 à 3o ans, Benoît et Jean Dumas, <strong>de</strong>meurantaux Ruches ( arrondissement d'Autun), ont paru <strong>de</strong>vant laCour comme accusés d'assassinat sur la personne d'un gar<strong>de</strong> particuliernommé Juillet. Celui-ci , par suite <strong>de</strong> procès-verbaux qu'il avait rédigéscontre les accusés , était <strong>de</strong>puis long-temps en butte à leur haine. Le jourmême <strong>de</strong> sa mort, il avait constaté contre eux un délit à l'occasion duquel il se rendit dans la soirée chez Jean, l'un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux frères. Il lesquitta à une heure avancée dans la nuit, en leur faisant connaître laroute qu'il <strong>de</strong>vait suivre. Cette conli<strong>de</strong>nce lui fut fatale : Benoit s'armad'un bâton , et les <strong>de</strong>ux frères se mirent sur les traces <strong>de</strong> Juillet dont ondécouvrit le len<strong>de</strong>main le cadavre au fond d'un vallon. Signalés par laclameur publique, les frères Dumas furent arrêtés. Le bâton dont l'uns'était armé fut trouvé à peu <strong>de</strong> distance du cadavre, et reconnu pouravoir appartenu à Benoit. On suivit en outre <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> pas qui partaientdu lieu où Juillet avait perdu la vie, et qui se dirigeaient versl'habitation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux frères. Parmi ces traces, quelques unes qu'on distinguaitsur le lieu même du crime , présentaient une circonstance frappante: on comptait les empreintes <strong>de</strong>s clous dont étaient garnies leschaussures qui avaient formé ces traces; sept clous sur un talon, huitclous sur l'autre. Benoit Dumas portait <strong>de</strong>s sabots où le même nombre<strong>de</strong> clous a été constaté, et ou a reconnu que d'autres empreintes avaientété faites par <strong>de</strong>s sabots appartenant à Jean Dumas. Telles sont en résumetoutes les charges que les débats ont soulevées contre les <strong>de</strong>ux frères.M. Rabou, substitut du procureur du Roi, a soutenu l'accusation avecbeaucoup <strong>de</strong> talent. Benoit et Jean Dumas , déclarés par le jury coupablesd'assassinat , l'un comme auteur, l'autre comme complice, ont étécondamnés à la peine <strong>de</strong> mort. Ils ont entendu leur arrêt avec une impassiblefermeté.PARIS, 5 JUILLET.— La Gazelle île France , pour toute réponse aux pièces foudroyantesqui viennent d'achever la défaite <strong>de</strong>s jésuites, dit qu'il n'y a jamais eu(h; diplôme <strong>de</strong> jésuite à robe courte, et que M. Grivel n'a jamais été provincial<strong>de</strong>sjésuites.Quant au diplôme, M. Bcck et le général <strong>de</strong>s jésuites en savaient sansdoute autant sur ce point que MM. les rédacteurs <strong>de</strong> la Gazette <strong>de</strong> France.Or, le révérendissime général , dans la lettre latine que nous avons citéeannonce à M. Beck qu'il lui envoie tin petit présent spirituel (munusculuinspirituale) et M. Beck, dans une lettre postérieure, rappelle au pèr eGrivel qu'il est jésuite h robe courte, affilié à la société par une PATENT*<strong>de</strong>s plus honorables , écrite par le révérendissime père général Guerberlui-même et ACCOMPAGNÉE D'UNE LETTRE ENCORE DE MAIN-PROPRE. Estceclair et positif?Quant au père Grivel, nous avions nous-mêmes déclaré hier qu'iln'avait pas été provincial. Mais qu'importe! M. Jennesseaux annoncedans une lettre que ce père Grivel vient d'être nommé sociusprovincialiset le jugement du Tribunal le désigne ainsi : Un membre influent <strong>de</strong> l acorporation.Nous engageons la Gazette <strong>de</strong> France à ne pas se hasar<strong>de</strong>r sur ce terrein; elle y aurait par trop <strong>de</strong> désavantage. Lorsque les faits sont si positifset parlent si haut, il n'y a plus qu'une seule réponse possible : c'estle silence.— Là Cour royale s'est réunie en audience solennelle sous la prési<strong>de</strong>nce<strong>de</strong> M. Séguier et a entendu la plaidoirie <strong>de</strong> M c Coffinières dans lacause <strong>de</strong> la mineure <strong>de</strong> Borton. La Gazette <strong>de</strong>s Tribunaux a donné, dansson numéro du 29 juin , les faits <strong>de</strong> cette cause qui a été renvoyée à laCour <strong>de</strong> Paris après cassation d'un arrêt <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> la Gua<strong>de</strong>loupe.Il s'agit <strong>de</strong> savoir lequel du tuteur nommé à Paris et qui est défendu parM"-Jouhaud , ou du tuteur nommé à la Basse-Terre, doit être chargéd'administrer la personne et les biens <strong>de</strong> la pupille. M e Coffinières a établi, pour M. Moreau, tuteur <strong>de</strong> la Gua<strong>de</strong>loupe , que feue M mc <strong>de</strong> Borton,mère <strong>de</strong> l'orpheline, décidée il est vrai à Paris , étant créole <strong>de</strong> la Gua<strong>de</strong>loupeet propriétaire dans cette colonie , c'était en ce lieu que se trouvaitson principal établissement ainsi que son domicile, et que le conseil<strong>de</strong> famille assemblé <strong>de</strong>vant le juge dé la Gua<strong>de</strong>loupe était le seul compétent.Nous rendrons compte <strong>de</strong>s conclusions <strong>de</strong> M. Jaubert, avocat-général, et <strong>de</strong> l'arrêt.— La Cour royale ( i 10 chambre ) a procédé hier au tirage au sort <strong>de</strong>sjurés pour la <strong>de</strong>uxième section <strong>de</strong>s assises du département <strong>de</strong> la Seine,qui doit s'ouvrir le 21 juillet 1828 :Jurés : MM. Berton, Lepec, avocat, le baron Dupont-Delporte , Guenebault,Baffos chirurgien, Savey-Gtierras, Etienne-Thomas-Joseph Guérin, LaurentSalmon, Auguste-Jean-Marie Petit, Fouquet, Moufle, Joseph-Ferdinand Maury,agent d'affaires, Muller, Nicolas-Samson Dupont, Chenié, Lebas <strong>de</strong> Courmontjeune, référendaire à la Cour <strong>de</strong>s comptes, Collache, Berthault, Poulet,Dupin, agent <strong>de</strong> change, Voillot, Louveau notaire, Bauzon, Arago, académicien,Menville, capitaine en retraite, Renard, Divat, Michel ReroonMoisson, Mauduit-d'Hainneville, Jean-Baptiste-Mo<strong>de</strong>ste Dumont, Fossart,agent <strong>de</strong> change, Glanda/., avoué, Poyet, Mansion aîné, ébéniste, Etienne-Alexandre Lenoir, Pochard.Jurés supplémentaires : MM. Quentin, Joseph-Sigisbert Benoist, Jordan,Kropper jeune.— Un particulier assistait aujourd'hui aux plaidoiries <strong>de</strong> la Cour royaleen allant successivement <strong>de</strong> la première à la troisième chambre. 11paraissait prendre beaucoup <strong>de</strong> plaisir aux affaires <strong>de</strong>s autres, lorsqu'onest venu l'avertir que quelqu'un désirait lui parler pour une certaine affairequi lui était personnelle. On l'a conduit à la salle <strong>de</strong>s Pas-Perdus,où <strong>de</strong>s agens, porteurs d'un mandat d'amener décerné contre lui, l'ontarrêté et mené au bureau <strong>de</strong>s huissiers.— Un capucin, accusé d'attentat à la pu<strong>de</strong>ur sur une fille <strong>de</strong> huitans , vient d'être cité <strong>de</strong>vant le conseil <strong>de</strong>s Rho<strong>de</strong>s extérieures d'Appenzell(Suisse ), qui l'a condamné à une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 5o florins, à une in<strong>de</strong>mnité<strong>de</strong> pareille somme payable à la jeune fille, et à une détention <strong>de</strong>huit jours , au pain et à l'eau.— Hier, à six heures du soir, le cabriolet <strong>de</strong> place, 11" 378, dans le quelse trouvaient <strong>de</strong>ux domestiques <strong>de</strong> M. Royer-Collard, éclaboussa, enpassant rue Caumartin , un gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s cent-suisses. Celui-ci, furieux (levoir son pantalon blanc couvert <strong>de</strong> boue, tire son arme du fourreau, semet à la poursuite du cabriolet, l'atteint, en traverse la capotte d'uncoup d'épée, et blesse à l'épaule l'un <strong>de</strong>s domestiques. Par ordre <strong>de</strong> l'etat-major,le soldat Suisse vient d'être arrêté.— Les expéditions nocturnes contre les magasins <strong>de</strong> librairie continuentet nous ne saurions trop engager MM. les libraires à redoubler <strong>de</strong>vigilance. La nuit <strong>de</strong>rnière, <strong>de</strong>s voleurs ont brisé , à l'ai<strong>de</strong> d'une pin« 1la serrure <strong>de</strong> la porte d'entrée chez M. Gœury, rue Pavée Saint-André<strong>de</strong>s-Arcsn" i5. Arrivés dans la boutique <strong>de</strong> ce libraire, ils ont fait effractionà la porte <strong>de</strong> son cabinet, et, après avoir forcé les tiroirs du secrétaire,ils ont enlevé un billet <strong>de</strong> Goo fr., 100 fr. en argent, 80 frenvironen petite monnaie et quelques billets à ordre; puis ils se sontemparés <strong>de</strong> plusieurs ouvrages <strong>de</strong> prix, ont pénétré même dans la cuisineà l'ai<strong>de</strong> d'une fausse clef, et ont ouvert une armoire, où se trouvaitl'argenterie qu'ils ont emportée. En se retirant , ils ont pris le soin <strong>de</strong>refermer toutes les portes.TRIBUNAL DE COMMERCE.FAILLITES. — Jugemens du 4 juillet.Moulin fils négociant, rue <strong>de</strong> la Tonnellerie, n° 55. — ( Jiige-ccimiiiiss all ' e 'M. Samson Davillier; agent, M. Moisson, rue Fey<strong>de</strong>au, n" 16.Chausson et Rosselot , marchands <strong>de</strong> Sangsues , rue <strong>de</strong> la Tonnellerie , n° 9— ( Juge-commissaire, M. Samson Davillier ; agent , M. Rpuzière , rue Saint-Antoine.Jour<strong>de</strong>au et femme, marchands <strong>de</strong> vins et épiciers, rue <strong>de</strong> Vendôme, 11° *'— (Juge-commissaire, M. Lablié; agent, M. Bart, rue <strong>de</strong>s Cinq-Diamanl*n" la.)Houyan et compagnie, ex-négoeiaus , rue Shnon-Lcfraiic , n" 8. — (J"ê ecommissaire, M. Ferrere-Lafiitte ; agent , M. Moûsset, rue Simcm-Ï.(francRenault, entrepreneur <strong>de</strong> maçonnerie, rue Folie-Méricotirt , n" ti. —ge-connnissaire , M. Aubé; agent, M. Cottin , rue d'Anjou , au Marais.IMPRIMERIE ANTHELME BOUCHER, RUE DES BONS-ENFANS, W 34.

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