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Un dépôt <strong>de</strong> fouillesarchéologiques en <strong>Savoie</strong>pour conserver et étudier les archives du solACTUALITÉSLe développement <strong>de</strong> l’Archéologie à partir<strong>de</strong>s années 1970 a eu pour conséquencela mise au jour <strong>de</strong> nombreux vestiges archéologiquesimportants et une vingtaine d’années plustard, l’émergence d’une réflexion sur l’aménagementd’un dépôt départemental <strong>de</strong> fouillesarchéologiques.En effet, la dispersion géographique et la précarité<strong>de</strong> conservation d’une partie conséquente<strong>de</strong>s documents archéologiques nuisaient à leurconservation, à leur gestion, à leur protection età leur exploitation.Il apparaissait nécessaire d’éviter, à terme, ladétérioration et la disparition d’une part significatived’un patrimoine aux sources <strong>de</strong> l’Histoire.Le département <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> dispose désormaisd’un dépôt <strong>de</strong> fouilles archéologiques. Placé sousle contrôle scientifique <strong>de</strong> l’Etat, il est <strong>de</strong>stiné àrecevoir le produit <strong>de</strong>s fouilles effectuées dansle département. Lieu <strong>de</strong> stockage et <strong>de</strong> conservation,il est aussi un lieu d’étu<strong>de</strong> puisque leschercheurs y dispose <strong>de</strong> vastes espaces pourtravailler.Réalisé conjointement par le Département etl’Etat, il constitue une étape importante pour lasauvegar<strong>de</strong> du patrimoine archéologique départemental.L’importance <strong>de</strong>s besoins en <strong>Savoie</strong>Depuis une quarantaine d’années, à l’issue <strong>de</strong>chaque fouille, les archéologues trouvaient <strong>de</strong>ssolutions provisoires pour abriter le produit <strong>de</strong>leurs recherches dont une part importante estconservée dans plus d’une vingtaine <strong>de</strong> lieuxprécaires : réserves personnelles, locaux municipauxou autres totalement inadaptés avec <strong>de</strong>srisques <strong>de</strong> perte, <strong>de</strong> vol et <strong>de</strong> détérioration sansqu’étu<strong>de</strong>s et échanges d’informations ne puissentêtre correctement assurés.L’effort consenti par tous les partenaires dans ledomaine <strong>de</strong> l’archéologie n’a <strong>de</strong> sens que s’ildébouche sur une réelle valorisation <strong>de</strong>s informationsscientifiques recueillies.Les fonctions du DépôtLe dépôt <strong>de</strong> fouilles offre la possibilité <strong>de</strong>rassembler en un même lieu, le mobilier et ladocumentation issues <strong>de</strong>s fouilles, <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>rà leur traitement et à leur étu<strong>de</strong>, d’assurer leurconsultation dans <strong>de</strong> bonnes conditions, <strong>de</strong>constituer un pôle d’étu<strong>de</strong>s et d’échanges.A l’issue <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> terrain, les objetspeuvent être directement acheminés vers ledépôt, où ils seront entreposés, lavés, marqués,consolidés si nécessaire, <strong>de</strong>ssinés, photographiés,classés et étudiés.L’archéologue, professionnel ou amateur disposeainsi <strong>de</strong>s locaux spécialisés nécessaires.Le bâtimentLe dépôt <strong>de</strong> fouille est installé dans un bâtimentdésafecté du Centre Hospitalier Spécialisé <strong>de</strong>Bassens, le pavillon Morel mis à la dispositiondu Département par bail emphytéotique et réhabilitéavec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Etat.Sur les 1200 m² <strong>de</strong> surface totale utile, environ900 m² sont dévolus au dépôt, le reste étant vouéà une réserve départementale <strong>de</strong> collections.Les surfaces sont réparties en locaux <strong>de</strong> stockagesécurisés avec <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> conservationstrictes (stockage, chambre froi<strong>de</strong>, chambreforte), en espaces <strong>de</strong> travail (bureaux, aire <strong>de</strong>lavage, réserve documentaire, salle <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin eten espaces d’accueil, salle <strong>de</strong> réunion). Unecours est équipée pour le lavage en extérieur<strong>de</strong>s grosses pièces.Aujourd’hui, plusieurs équipes travaillent auconditionnement et à l’étu<strong>de</strong> du mobilier issu <strong>de</strong>leurs fouilles.Une fois ces opérations réalisées, objets et documentationsont <strong>de</strong>stinés à rejoindre les collectionspubliques <strong>de</strong>s musées labellisés « musée<strong>de</strong> France ».Pôle d’activité archéologique, le dépôt peut<strong>de</strong>venir un lieu d’échange, accueillant réunionset tables-ron<strong>de</strong>s. Il peut aussi ponctuellementservir <strong>de</strong> support à <strong>de</strong>s opérations d’animation,<strong>de</strong> sensibilisation <strong>de</strong>s publics scolaires ou <strong>de</strong>journées portes ouvertes.A la fois outil <strong>de</strong> travail performant et facteurdynamisant <strong>de</strong> l’activité archéologique, il estappelé à <strong>de</strong>venir le lieu <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> toutarchéologue qui intervient dans le département.Françoise BalletPATRIMOINESVue du laboratoirepour le traitementet l’étu<strong>de</strong> du matérielarchéologique.<strong>La</strong>ncement<strong>de</strong> l’inventairedu patrimoinehydraulique <strong>de</strong>s Pays<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> : approchesméthodologiqueet documentaireLe <strong>Conseil</strong> général<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> a lancé enoctobre l’inventaire dupatrimoine hydrauliquepour une durée <strong>de</strong><strong>de</strong>ux années. Ce projetconjoint avec le <strong>Conseil</strong>général <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> est placé sousl’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Assemblée<strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.Cette mission a pourobjectif <strong>de</strong> recensertoutes les ins tallationshydrau liques indus -trielles et thermalespostérieures à 1850 etqui sont encore visibles,élé ments <strong>de</strong> construc -tions (murs, canaux)ou éléments <strong>de</strong> machi -neries… Le premieracte <strong>de</strong> cet inventaireest l’élabo ration d’unemétho dologie <strong>de</strong>recherche, d’i<strong>de</strong>ntifica -tion et <strong>de</strong> <strong>de</strong>scriptionadaptée au domaine <strong>de</strong>l’eau. Cette recherchenécessite une approchepluridisciplinairecroisant <strong>de</strong>s donnéeshistoriques, géogra -phiques et biologiques.De plus, la nature même<strong>de</strong>s sites à inven torierimplique une démarchescienti fique qui doitpermettre <strong>de</strong> localiser<strong>de</strong>s sites encore enactivité ou abandonnés,à suivre dans leprochain numéro…Yannick MilleretA gauche, vue du dépôt :matériel archéologiqueconditionné et entreposéen compactus.3
ACTUALITÉSPATRIMOINESEcrin <strong>de</strong> découvertes archéologiquesL’ancienneChambre <strong>de</strong>s comptesdu château <strong>de</strong>s ducs <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>Haut lieupatrimonial oùla restauration sefond à l’histoire…pour accueillirun nouvelespace cultureldépartemental.Petite salle : vued’une baie avec gran<strong>de</strong>fenêtre à meneauxrestaurée, nouvellehuisserie et restitution<strong>de</strong>s coussièges en boisd’après leur empreintelaissée dansl’ébrasement.le château <strong>de</strong>s Ducs <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> à Chambéry<strong>de</strong>meure l’un <strong>de</strong>s monuments majeursdu département <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>. Situé en pleincœur <strong>de</strong> la ville, sur une butte naturelle enmollasse, il abrite aujourd’hui la Préfecture et le<strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.En dépit <strong>de</strong> son histoire prestigieuse, le châteaun’avait pas vraiment subi d’investigations archéologiquesauparavant, or quelques sondages sousl’escalier d’honneur ou dans la cour du château…Aujourd’hui, c’est chose faite dans l’aile ditehistorique pour les salles <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>scomptes où <strong>de</strong> nouvelles découvertes permettent<strong>de</strong> mieux comprendre l’évolution construc -tive du château, <strong>de</strong>puis ses origines jusqu’à nosjours.Avant le démarrage du chantier, <strong>de</strong>s fouillespréventives furent engagées pendant un mois,en avril-mai 2008, par la société agréée Archéodunum,sous le contrôle <strong>de</strong> la DRAC Rhône-Alpesaprès prescription du Service archéologiquerégional. Cette intervention porta principalementsur les élévations intérieures <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux salles,complétée par <strong>de</strong>ux sondages exploratoires auniveau <strong>de</strong>s sols. Pour parfaire cette quête historique,<strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> <strong>de</strong>ndrochronologie audroit <strong>de</strong>s poutres maîtresses et <strong>de</strong>s solives duplafond à la Française <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux salles furentcommandées à la société Archéolabs par le<strong>Conseil</strong> général et revélèrent les datationssuivantes: 1483 et 1500-1501 avec modificationsen 1502 et 1510-1530.Après quelques fenêtres <strong>de</strong> sondages, réaliséespar les archéologues, il s’est avéré que le protocole<strong>de</strong> piquage prévu initialement dans le cahier<strong>de</strong>s charges resterait inchangé, puisqu’aucunestrate <strong>de</strong> peintures murales n’était alors apparue:seul un épais enduit en ciment <strong>de</strong> 5 cm parendroits couvrait d’une façon homogène l’ensemble<strong>de</strong>s murs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux salles.Le piquage et le décroûtage complet <strong>de</strong>s élévationsintérieures purent alors être engagés sanscrainte. Néanmoins, quelques traces anciennes<strong>de</strong> badigeons beige et ocre, <strong>de</strong> polychromies ou<strong>de</strong> grisailles furent trouvées dans la premièresalle : dans l’ébrasement <strong>de</strong> la fenêtre est, au<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong> la porte menant à l’escalier à vis, dansl’angle nord-est <strong>de</strong> la pièce, ou bien contre uncorbeau en pierre <strong>de</strong> taille…Par contre, <strong>de</strong>s percements, rebouchés à différentesépoques, apparurent sur certaines élévations,comme les anciennes fenêtres ou portes,situées entre la porte d‘entrée et la porte <strong>de</strong>l‘escalier à vis. Leur chronologie n’est, à ce jour,pas arrêtée.Sur l’élévation biaise <strong>de</strong> la première salle, lafenêtre actuelle a été apparemment retravailléecomme en témoigne l’arc <strong>de</strong> décharge enbriques conservé : les textes parlent d’interventionsen 1757.En face, sur l’élévation intérieure sud, ondécouvre dans l’ébrasement <strong>de</strong> la fenêtre gauche,les négatifs complets <strong>de</strong>s coussièges: hauteur etprofil d’assise sont encore lisibles.Mais l’élément le plus remarquable fut, sansaucun doute, le <strong>de</strong>ssin d’une hotte et d’unmanteau avec jambages, le tout en pierre <strong>de</strong>taille, sur le mur <strong>de</strong> refend délimitant les <strong>de</strong>uxsalles. Cette composition témoigna l’existenced’une ancienne cheminée monumentale exceptionnelle,accompagnée, <strong>de</strong> part et d’autre, par<strong>de</strong>ux passages latéraux, hélas rebouchés par dubéton coulé.L’émerveillement fut complet lorsqu’un encadremententier en pierre <strong>de</strong> taille, avec feuillureextérieure, le tout surmonté d’une voussure enarc segmentaire, se dévoila sur le mur <strong>de</strong> refendouest… serait-ce l’ancienne porte d’entréemenant à la Chambre <strong>de</strong>s comptes?Quant à la <strong>de</strong>uxième salle, les découvertes furentplus mo<strong>de</strong>stes, mais néanmoins intéressantes :<strong>de</strong>ux placards et une niche, ces trois élémentsétant très bien conservés, n’ayant été murésqu’au niveau <strong>de</strong> leur ouverture, au revers du mur<strong>de</strong> faça<strong>de</strong>.On ne releva pas <strong>de</strong> présence <strong>de</strong> coussiège dansles ébrasements <strong>de</strong>s fenêtres; une petite ouverturefut dégagée sous l’enduit, dans l’angle su<strong>de</strong>st,éclairant petitement le fond <strong>de</strong> la pièce.Les <strong>de</strong>ux sondages au sol, réalisées dans la dallebéton, support <strong>de</strong> l’ancien plancher, dévoilèrentdans l’angle nord-est <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième salle, unmassif <strong>de</strong> maçonneries – les archéologues pensèrentà un ancien escalier <strong>de</strong>s latrines ? – et, <strong>de</strong>smorceaux <strong>de</strong> dalles <strong>de</strong> pierre cassés mélangésau substrat, au pied <strong>de</strong> l’ancienne cheminée,située entre les <strong>de</strong>ux salles.4
Les opérations archéologiques étant terminées,le terrain concerné par l’opération fut libéré pourlaisser place aux entreprises mandatées par le<strong>Conseil</strong> général, maître d’ouvrage, pour lestravaux <strong>de</strong> restauration <strong>de</strong> l’ancienne Chambre<strong>de</strong>s comptes, sous ma maîtrise d’œuvre.Consciente du challenge à relever tant auprès<strong>de</strong>s services <strong>de</strong> l’Etat – Conservation régionale<strong>de</strong>s Monuments historiques, Service régional <strong>de</strong>l’Archéologie, Direction régionale <strong>de</strong>s Affairesculturelles, Service départemental <strong>de</strong> l’Architecture– qu’auprès <strong>de</strong> la Conservation départementaledu Patrimoine que du <strong>Conseil</strong> général<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, j’ai souhaité mener à bien cetteopération en articulant mon intervention autourd’un respect total du lieu, tout en m’imprégnantau mieux <strong>de</strong>s découvertes mises à jour au fur età mesure du dégagement entrepris par lesarchéologues. Ce travail <strong>de</strong>manda une immersioncomplète dans l’histoire propre du château,une imprégnation discrète mais étudiée <strong>de</strong>chaque élément, tout en pesant leur qualitéarchitecturale et historique.Le but n’était pas <strong>de</strong> tout « montrer », <strong>de</strong> tout« dévoiler », car la lecture <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux espacesaurait été chahutée par l’existence d’un élémentpar rapport à un autre.Il fallut, <strong>de</strong> toute cette diversité <strong>de</strong> composants,dégager l’intérêt <strong>de</strong> certains au détrimentd’autres, pour rendre ces espaces didactiquespar eux-mêmes, et pour éviter <strong>de</strong> perturber lafonction <strong>de</strong> présentation d’expositions et d’accueildu public, dévolue à ces salles.Mais comment rendre lisible tous ces élémentsdont ils ne restent parfois, aujourd’hui, que leursnégatifs ?Dès le départ, le parti architectural s’articulaitautour d’une restauration intérieure menée dansles règles <strong>de</strong> l’art : réfection d’enduit plein lisséau mortier <strong>de</strong> chaux sur les murs, teinté dans lamasse, voile <strong>de</strong> lait <strong>de</strong> chaux sur les encadrementsen pierre <strong>de</strong> taille pour harmonisationgénérale, révision et mise en teinte du plafondà la Française, mise en œuvre d’un carrelage encarreaux <strong>de</strong> terre cuite (d’après un échantillondécouvert en sondage), restitution <strong>de</strong>s menuiseriesen chêne avec vitraux à maille <strong>de</strong> plombrectangulaire et volets intérieurs pour les gran<strong>de</strong>sfenêtres, traitement et mise en teinte <strong>de</strong>s menuiseriesexistantes, le tout mis en valeur par unsystème d’éclairage adéquat et contemporain, àbase <strong>de</strong> rails suspendus, munis <strong>de</strong> projecteurset <strong>de</strong> spots, répondant aux exigences muséographiques. <strong>La</strong> sécurité, du public comme <strong>de</strong>sœuvres d’art, fut également étudiée avec soin etsobriété.Comme certains éléments archéologiques ontdisparu <strong>de</strong>rrière l’enduit plein, d’autres ont prisleur place discrètement: l’encadrement en pierre<strong>de</strong> taille <strong>de</strong> l’ancienne porte d’entrée a été traitéen niche, les placards et la niche accueilleront<strong>de</strong>s étagères pour permettre une scénographieoptimale, le pseudo-passage au revers <strong>de</strong> la fa -ça<strong>de</strong> fut ouvert pour restituer, en partie, la com -position d’autrefois, accompagnant la chemi néemonumentale, la trace au sol <strong>de</strong> l’ancien mur <strong>de</strong>faça<strong>de</strong> a été conservé en l’état, dans l’ébrasementd’une fenêtre, avec ses marques <strong>de</strong> solivage,et présenté comme témoin, serti <strong>de</strong> fersen métal posés sur champ <strong>de</strong> part en part…Quant à la lecture <strong>de</strong> la cheminée, a été retenueune restitution perspective effectuée par photomontagepour ne pas surcharger et pertur ber lafonction ultime <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux espaces, d’expositionset <strong>de</strong> visites.Les coussièges ont été rétablis en bois, suivantle profil et l’assise relevés auparavant, et traitésen mobilier amovible, pour permettre aux utilisateursd’optimiser l’espace dans le cadre d’expositionsconséquentes.Pour parfaire l’opération, les anciennes traversesen pierre <strong>de</strong> taille <strong>de</strong>s fenêtres à meneauxouvrant sur la Place du Château, ont été rétabliessur l’ensemble du niveau <strong>de</strong>s salles, redonnantun sens à la lecture et à l’équilibre <strong>de</strong> lagran<strong>de</strong> faça<strong>de</strong> tant remaniée au fil <strong>de</strong>s siècles.Mais une <strong>de</strong>rnière découverte – quelques coups<strong>de</strong> broche réguliers, sur une épaisseur constanteet verticale <strong>de</strong> parement en pierre <strong>de</strong> taille –laisse supposer la présence d’un ancien placardprimitif dont le fond aurait été bûché… à la placedu passage ré-ouvert entre les <strong>de</strong>ux salles…Ce <strong>de</strong>rnier indice est le signe que l’histoire duchâteau <strong>de</strong>s ducs <strong>de</strong>meure sans fin et qu’elle sepoursuit…Manuelle Veran-HeryACTUALITÉSPATRIMOINESLot 1MaçonneriePierre <strong>de</strong> tailleEntreprise ComteLot 2SerrurerieEntreprise Devauxet FillardLot 3MenuiserieEntreprise SantaillerLot 4PeintureEntreprise BarbierLot 5ElectricitéEntreprise ADSELot 6ChauffageEntreprise ATHEAEn haut, à gauche,vue <strong>de</strong> la petite salle,murs avec enduit pleinlissé au mortier <strong>de</strong>chaux et sol encarreaux <strong>de</strong> terre cuite.Ci-<strong>de</strong>ssous, gran<strong>de</strong> salle.Dans l’embrasement <strong>de</strong>la baie, vestige d’unancien mur avec traces<strong>de</strong> solivage.5
COLLECTIONSLe grand chemin royal<strong>de</strong> la Grotte, un <strong>de</strong>ssin inéditnouvelle acquisition pour les collectionsdépartementales <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>DÉPARTEMENTALES1. Né vers 1620 àPerinaldo, secrétaireet valet <strong>de</strong> chambredu duc, Giovanni-Tommaso Borgonio<strong>de</strong>vint Maître auxécritures, peintre <strong>de</strong>cour, calligraphe,miniaturiste, cartographeet ingénieur. Il servitla première MadameRoyale, Christine <strong>de</strong>France (1637-1663),duchesse et régente,et le duc Charles-Emmanuel II (1648-1675) avant 1645 puisla secon<strong>de</strong> MadameRoyale, Marie-Jeanne-Baptiste <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>-Nemours (1675-1684)et enfin le duc Victor-Amédée II (1680-1730).G.-T. Borgonio, mortvers 1691, réalisa <strong>de</strong>nombreux <strong>de</strong>ssinscélébrant les fastes <strong>de</strong>la cour. Il est l’auteur<strong>de</strong> 47 <strong>de</strong>s planches duTheatrum sabaudiaedans la premièreédition <strong>de</strong> 1682.2. Edition originale :THEATRVM STATVVMREGIAE CELSITVDINISSABAVDIAE DVCIS,pe<strong>de</strong>montii principis,cypri regis. PARSALTERA, IlluftransSABAVDIAM ETCAETERAS DITIONESCIS & TRANSALPINAS,Priore Parte <strong>de</strong>relictas .– AMSTELODAMI,Apud Haere<strong>de</strong>s IOANNISBLAEV. MDCLXXXII<strong>La</strong> planche du « Grandchemin royal <strong>de</strong> laCrotte » a été gravéepar Johannes <strong>de</strong> Ram(1648-vers 1696).Dans la première moitié du XVII e siècle,le trafic commercial transalpin délaissel’itinéraire savoyard du Mont-Cenis pour les colssuisses du Simplon et du Saint-Gothard du fait<strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> succession du Montferrat puis <strong>de</strong>la fron<strong>de</strong> <strong>de</strong>s princes Thomas et Maurice <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>. Genève – foyer économique protestant –concurrence Lyon. Christine <strong>de</strong> France, duchesseet régente <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> (1638-1663) et le jeune ducCharles-Emmanuel II (1648-1675) s’efforcent <strong>de</strong>rétablir le passage du Mont-Cenis, à force diplomatie,par un rapprochement d’intérêt avec laFrance. Ils lancent une politique routière etmercantiliste. Un projet s’esquisse entre 1649 et1654. Le fermier du fameux dace <strong>de</strong> Suse (grandpéage), le banquier Lobera, escompte alors leretour <strong>de</strong>s « gran<strong>de</strong>s voitures » lyonnaises.Aux Echelles, l’ancien chemin muletier du défilé<strong>de</strong> la Grotte, avec son passage malcommo<strong>de</strong> du« Scabilio » ou « Grand Escallier » à <strong>de</strong>grés – <strong>de</strong> 8pieds <strong>de</strong> large – fait l’objet d’un premier rapport,le 27 février 1654, pour la canalisation <strong>de</strong> laRavoyre au « Grand Goulet ». En 1661, un privilègeducal est accordé au marquis Nicolas <strong>de</strong>Neufville <strong>de</strong> Villeroy pour un service <strong>de</strong> messageriehebdomadaire Lyon-Milan; il sera sans suite.En 1667, Charles-Emmanuel II déci<strong>de</strong> l’aménagementd’une route charretière <strong>de</strong> Pont-<strong>de</strong>-Beauvoisinà Saint-Jean-<strong>de</strong>-Maurienne, par les gorges<strong>de</strong> Chailles et le défilé <strong>de</strong> la Grotte évitant l’itinérairedu col Saint-Michel par la montagne <strong>de</strong>l’Epine. <strong>La</strong> suppression du « Scabilio » est estiméeà 2 370 ducatons par le maître-auditeur NicolasDeschamps. Le chantier est adjugé le 5 septembre1667 et placé sous le contrôle <strong>de</strong>s maîtres auditeursNicolas Deschamps et René-Philibert Balland<strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.Le projet <strong>de</strong> rampe carrossable, à même lafalaise, <strong>de</strong> l’ingénieur architecte Daverolles estrefusé suite à l’expertise du RP jésuite et mathématicienFrançois Milliet <strong>de</strong> Challes (1621-1678)qui révèle <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> calcul: la pente estiméeentre 12,5 et 14,5 %, varie en fait <strong>de</strong> 17 à 18 %.Alors que les travaux débutent au cours <strong>de</strong>l’hiver 1667-1668, une polémique surgit entreDeschamps et Balland. Après l’inspection ducontrôleur général <strong>de</strong>s Finances et conseillerd’Etat Aynard Carron, le chantier se poursuit sousla direction <strong>de</strong> Balland et d’un maître maçonchambérien César Ver<strong>de</strong>t. Entaillant la falaise, lachaussée à rampe régulière, munie d’un parapetà clefs en quart-<strong>de</strong>-rond, <strong>de</strong> chasse-roues, <strong>de</strong>cunettes, <strong>de</strong> canaux, est rapi<strong>de</strong>ment achevée le31 mai 1670, malgré plusieurs acci<strong>de</strong>nts et lesdifficultés <strong>de</strong> terrassement. Plus <strong>de</strong> 6 000 m 3 <strong>de</strong>maçonnerie en pierres <strong>de</strong> grand appareil et plus<strong>de</strong> 13000 m 3 <strong>de</strong> remblais ont été mis en oeuvre.Des travaux complémentaires sont adjugés en1670 et 1671 pour le passage <strong>de</strong>s bourbiers dumarais <strong>de</strong> <strong>La</strong> Corbière sur la route <strong>de</strong> Couz etl’édification du Pont Saint-Charles sur l’Hyère, àCognin. Fin 1670, une visite d’une députationdu Consulat <strong>de</strong> Lyon se rend sur place en préalableà l’élaboration d’un traité franco-savoyardpour le passage <strong>de</strong>s « gran<strong>de</strong>s voitures ». Mais lenouvel itinéraire ne sera carrossable qu’à partir<strong>de</strong> 1672. Le passage <strong>de</strong>s Echelles figurera ainsidans le texte du traité d’Utrecht du 11 avril 1713(article X) qui rétablit le monopole transalpin duMont-Cenis au profit <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.Une stèle à la gloire du duc Charles-Emmanuel IIest proposée par Balland en 1670. Sa réalisationest adjugée au maître sculpteur François Devaugepour 240 ducatons d’après un modèle du maître<strong>Conseil</strong> général<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, collectionsdépartementales,Inv. 2008-2-1,plume et lavis d’encresur papier vergé filigrané,H 23,5 cm x L 35 cm.6
sculpteur François Rumellin. Mais une polémiquesurgit en 1674 lors du passage <strong>de</strong> Giovanni-Tommaso Borgonio 1 , chargé par le duc du <strong>de</strong>ssindu « Grand chemin royal <strong>de</strong> la Crotte » pour leTheatrum sabaudiae 2 qui critique la réalisation:la mention même du nom <strong>de</strong> Balland dans cettepremière inscription, véritable bour<strong>de</strong> <strong>de</strong> lèsemajesté,vaudra à celui-ci la disgrâce ducale.Le nouveau monument, adjugé le 12 septembre1674 aux mêmes maîtres sculpteurs pour 2000ducatons, présente, d’après <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins du PèreClau<strong>de</strong> Cavoret (1674), prêtre d’honneur <strong>de</strong> laSainte-Chapelle, <strong>de</strong>ssinateur et topographe ducal 3 ,une inscription latine en cartouche composée parle Père jésuite Emmanuel Tesauro (1592-1675),historiographe, épigraphiste et précepteur ducal:« CAROLVS EMANVEL II. / SABAVDIAE DVX, PEDEM . PRINC.CYPRI REX. / PVBLICA FELICITATE PARTA, SINGVLORVMCOMMODIS INTENTVS,/ BREVIOREM, SECVRIOREMQVE VIAMREGIAM, / ANATVRA OCCLVSAM, ROMANIS INTENTATAM,CAETERIS DESPERATAM, / DEICTIS SCOPVLORVM REPAGVLIS,AEQVATA MONTIVM INIQVITATE, / QVAE CERVICIBVS IMMI-NEBANT, PRAECIPITIA PEDIBVS SVBSTERNENS, / AETERNISPOPVLORVM COMMERCIIS PATEFECIT. / ANNO MDCLXX. »Charles-Emmanuel II, duc <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, prince <strong>de</strong>Piémont, roi <strong>de</strong> Chypre a ouvert pour la Félicitépublique et la commodité ce chemin plus courtet plus sûr, que la Nature avait fermé, que lesRomains n’avaient osé entreprendre et qu’ilsconsidéraient comme impossible, ayant à cet effetaplani les montagnes, brisé les rochers, et foulésous ses pieds ceux qui menaçaient <strong>de</strong> tombersur les têtes, pour le commerce éternel <strong>de</strong> sespeuples l’an 1670.Cette inscription accostée d’une paire <strong>de</strong> pilastresreposant sur un soubassement à bossage estsurmontée par un attique à fronton interrompuà l’écu couronné, aux armes <strong>de</strong> Charles-EmmanuelII ornées du collier <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong> l’Annoncia<strong>de</strong>,tenu par une paire <strong>de</strong> lions sous un dais.Le monument est réalisé entre fin octobre 1674et mai 1675, peu avant la mort du duc le 12 juin1675. Le rapport <strong>de</strong> réception <strong>de</strong>s travaux estauditionné par la Chambre <strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> le 22 novembre 1676. Le sol<strong>de</strong> <strong>de</strong> 5788florins <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> avait été versé aux sculpteursdès le mois <strong>de</strong> juin 1676. Le monument seraendommagé à la Révolution puis restauré en1803 par le Préfet du Département du Mont-Blanc Joseph <strong>de</strong> Verneihl (1802-1804) qui y fitapposé une inscription sur une plaque <strong>de</strong>bronze aujourd’hui disparue:« HOC MERITVM / OPTIMI SABAVDIAE DVCIS MONVMENTVM/ AVSPICE BONAPARTE / PRIMO FRANCORVM CONSVLE /RESTAVRATVM / ANNO REIPVBLICAE GALLICAE XI – 1803 /JOSEPHO VERNEILH PROVINCIAE PRAEFECTO »Ce monument édifié au mérite du meilleur <strong>de</strong>sducs <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, a été restauré sous les auspicesdu Premier Consul <strong>de</strong> France Bonaparte, l’An XI<strong>de</strong> la République française – 1803 / JosephVerneilh Préfet du Département.Le <strong>de</strong>ssin inédit entré récemment dans les collectionsdépartementales vient enrichir à proposl’iconographie du Passage <strong>de</strong>s Echelles dont lemotif – d’après nature – est traité à vol d’oiseau.Un point <strong>de</strong> fuite artificiel exagère la perspectiveet la ligne diagonale <strong>de</strong> l’éclairage matinalaccentue l’austérité du lieu par ses jeux d’ombreet <strong>de</strong> lumière. <strong>La</strong> composition se rapproche, d’unpaysage animé attribué à Joseph-François-Marie<strong>de</strong> Martinel conservé au Musée Faure 4 daté <strong>de</strong>1787. Ces <strong>de</strong>ux vues « pittoresques » – termeapparu en 1708 – différent <strong>de</strong> la planche idéaledu Theatrum sabaudiae gravée par Johannes <strong>de</strong>Ram (1648- vers 1696) d’après le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong>Borgonio. Il faut d’ailleurs noter que Borgonioavait placé en situation le nouveau monumentencore à l’état <strong>de</strong> projet en 1674!Voir note 4 en marge.Le <strong>de</strong>ssin porte la signature du célèbre peintreSalvator Rosa (1615-1673) qui peut néanmoinslaisser perplexe. En effet, le monument commémoratifdédié à Charles-Emmanuel II, représentétel que réalisé en 1675 et les projets mêmes <strong>de</strong>Cavoret sont postérieurs à la mort du maître en1673 qui ne semble pas avoir reçu comman<strong>de</strong> <strong>de</strong>la Maison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> 5 . Le <strong>de</strong>ssin illustrerait l’engouement<strong>de</strong>s « gran<strong>de</strong>s voitures » pour la nouvelleroute après le traité <strong>de</strong> paix d’Utrecht (1713).Il s’agirait donc d’une signature apocryphe bienque conforme à une <strong>de</strong>s signatures du maître 5 ;la différence d’encre indiquerait une attributionpostérieure; le <strong>de</strong>ssin porte un ancien cachet d’uncollectionneur turinois, G. Chiontoré qui avait étérépertorié par Frits Lugt 6 . Toutefois, certainscaractères <strong>de</strong>s paysages <strong>de</strong> Salvator Rosa, tels leseffets <strong>de</strong> rocaille, les frondaisons, enfin les figurinespopulaires issues <strong>de</strong>s bambocha<strong>de</strong>s seretrouvent dans ce <strong>de</strong>ssin et répon<strong>de</strong>nt au goûtinspiré <strong>de</strong> la manière du maître que l’onrencontre jusqu’au cours <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitiédu XVIII e siècle dans les vedute du Voyaged’Italie.Après le percement du tunnel <strong>de</strong>s Echelles (1804-1814) inauguré en 1820, la voie dite « sar<strong>de</strong> » futabandonnée. Dès 1884, un syndicat pour lapromotion touristique du site se constitua et <strong>de</strong>stravaux <strong>de</strong> restauration furent entrepris par lasociété <strong>de</strong>s Grottes <strong>de</strong>s Echelles. Malgré la<strong>de</strong>struction d’une section <strong>de</strong> la rampe en juin1940, le site connaît un regain d’intérêt aprèsguerre. Le monument inscrit à l’Inventairesupplémentaire <strong>de</strong>s Monuments historiques pararrêté préfectoral du 22 juillet 1952 est restauréentre 1980 et 1988. Le site fait aujourd’hui l’objetd’une valorisation patrimoniale par la commune<strong>de</strong> Saint-Christophe-la-Grotte.Philippe RaffaelliBibliographie– MD, Notice sur Le Passage <strong>de</strong>s Echelles (cat. 29,tableau <strong>de</strong> Joseph-François-Marie <strong>de</strong> Martinel) In Lepaysage et la question du sublime. – ARAC, RMN, 1997,p 223-224.– Martin-Franklin J. et Vaccarone L. , « Notice historique surl’ancienne route <strong>de</strong> Charles-Emmanuel II et les grottes <strong>de</strong>sEchelles ». – Chambéry: Imprimerie A. Perrin, 1887, 98 p.COLLECTIONSDÉPARTEMENTALES3. « Messire Cavoretprestre d’honneuren la Sainte Chapelle<strong>de</strong> Savoye pour les <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>ssins qu’il a faict <strong>de</strong>sarmes <strong>de</strong> S.A.R. et <strong>de</strong> la<strong>de</strong>rnière inscriptiona mettre au lieu <strong>de</strong> laCrotte… » Trésoreriegénérale <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>,r. 347, art. 213 inSche<strong>de</strong> Vesme, p. 301.4. PeintureLe Passage <strong>de</strong>s Echelles,huile sur toile, 1787,Joseph-François-Marie<strong>de</strong> Martinel (Aix-les-Bains 1763 – Lyon1829), Aix-les-Bains,Musée Faure, Inv. 30-78(provenance ancienMusée Lepic).5. Salvator Rosa,célèbre peintre, graveurà l’eau-forte, musicienet poète (Naples,l’Arinella 20 juin 1615 –Rome 15 mars 1673),Ecole italienne. Il futréputé pour sespaysages préromantiques,et futactif à Viterbo, Naples,Florence puis Rome.(Bénézit E. Dict. <strong>de</strong>speintres, sculpteurs,<strong>de</strong>ssinateurs etgraveurs, 1976, t. 9,p. 84-86).Quelques échanges<strong>de</strong> courrier entre lemarquis <strong>de</strong> Saint-Thomas, ministre duduc Charles-EmmanuelII et le comman<strong>de</strong>urGino, Rési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> à Rome attestentun projet <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>pour le plafond d’unesalle du Palazzo reale<strong>de</strong> Turin en 1665-1666(Sche<strong>de</strong> Vesme, III,p. 939-940).6. Réf. Frits Lugt, Lesmarques <strong>de</strong> collection<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins et <strong>de</strong>sestampes, 1921, n° 540.7
COLLECTIONSAu Château<strong>de</strong> Clermont-en-Genevoisexpertise du mobilier Haute-EpoqueDÉPARTEMENTALESArticle rédigé à partirdu rapport d’expertise<strong>de</strong> Patrick Goy, ébénisterestaurateur, expert prèsla Cour d’appel <strong>de</strong>Chambéry.Coffre <strong>de</strong> mariagerichement sculpté,d’époque Renaissance,monté sur socle-soubassementamovible etpieds tournés.Le château <strong>de</strong> Clermont-en-Genevois, témoinrare <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong>Renaissance française en <strong>Savoie</strong>, classé Monumenthistorique en 1950, est propriété du <strong>Conseil</strong>général <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> <strong>de</strong>puis 1966. Aprèsavoir achevé la rénovation architecturale du bâtiment,le <strong>Conseil</strong> général a souhaité redonner vieaux appartements <strong>de</strong> Monseigneur Gallois <strong>de</strong>Regard, commanditaire du château. Dans ce cadre,ont été acquis au cours <strong>de</strong>s années <strong>de</strong>s meubleset objets Haute-Epoque, XVI e et XVII e siècles, ainsique <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> style Néo-Renaissance.Afin d’approfondir la connaissance <strong>de</strong> ces pièceset d’assurer au mieux leur conservation et leurvalorisation, la Direction <strong>de</strong>s Affaires Culturellesdu Département <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> a confiél’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trente-huit <strong>de</strong> ces meubles à un expertmobilier spécialisé. Cette expertise était d’autantplus nécessaire que la connaissance <strong>de</strong> la Haute-Epoque se limite aujourd’hui à un petit nombred’initiés.L’expertise a été confiée à Monsieur Patrick Goy,ébéniste d’art restaurateur à Saint-Alban-Leysse,expert près la Cour d’Appel <strong>de</strong> Chambéry. Pourcette expertise, chacun <strong>de</strong>s meubles a fait l’objetd’une étu<strong>de</strong> technique et stylistique, d’une re -cher che d’attribution et <strong>de</strong> provenance et enfind’une évaluation <strong>de</strong> sa valeur.Description et étu<strong>de</strong> structurelleCette phase technique permet <strong>de</strong> déterminer lanature <strong>de</strong>s matériaux, les techniques et mo<strong>de</strong>sd’assemblage utilisés pour le travail <strong>de</strong> menuiseriecomme pour le travail <strong>de</strong> ferronnerie. AinsiMonsieur Goy repère très rapi<strong>de</strong>ment aussi bienles traces d’outils qui caractérisent l’ancien queles traces <strong>de</strong> scie mécanique, visibles sur <strong>de</strong>smeubles récents.Armoire à <strong>de</strong>ux corps d’époque Renaissance.Cette première phase <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> est aussi l’occasion<strong>de</strong> pointer les réemplois, les restaurations,les transformations apportées. Parmi les meublesexpertisés se trouve un coffre <strong>de</strong> mariaged’époque Renaissance, orné <strong>de</strong> panneaux richementsculptés en haut relief, dit « haute taille »,représentant, comme très souvent sur les coffres<strong>de</strong> mariage, <strong>de</strong>s scènes bibliques: ici la Nativitéet la Résurrection.Ce superbe coffre est monté sur un socle amo -vible et quatre pieds en bois tourné. <strong>La</strong> hauteurexcessive <strong>de</strong> ces pieds donne un aspect bahutélevé assez étonnant pour ce type <strong>de</strong> meuble.D’anciens pieds <strong>de</strong> lit Renaissance ont en effetété adaptés sur ce coffre, sans doute au XX esiècle, afin <strong>de</strong> l’élever et d’en faire concor<strong>de</strong>rl’usage avec l’ouverture réalisée sur la faça<strong>de</strong>.Ces transformations ne correspon<strong>de</strong>nt pas àl’usage initial <strong>de</strong> ce meuble. Les coffres <strong>de</strong> cetteépoque s’ouvraient en effet uniquement par le<strong>de</strong>ssus et étaient posés soit directement au solsur corniche basse, soit sur caisson à tiroirs,pattes <strong>de</strong> lion, ou pieds tournés en rave, maisen aucun cas sur ce genre <strong>de</strong> pieds.Si <strong>de</strong>s modifications peuvent altérer l’authenticitéd’un meuble, elles font cependant partie <strong>de</strong>son histoire et témoignent <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong>spropriétaires à un moment donné, d’adapter cemobilier au goût et aux usages <strong>de</strong> leur époque.8
L’étu<strong>de</strong> stylistique où l’analyse <strong>de</strong>s décorsCette partie <strong>de</strong> l’expertise permet <strong>de</strong> repérer lesinfluences stylistiques qui ont imprégné le travail<strong>de</strong> l’artisan et <strong>de</strong> déterminer si ce travail s’inscritdans un mouvement artistique particulier.Elle contribue également à la datation dumeuble. L’étu<strong>de</strong> stylistique d’une armoire à <strong>de</strong>uxcorps, richement moulurée et sculptée nousapprend ainsi que ce meuble est <strong>de</strong> style HenriII et date <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> Renaissance française(vers 1570-1580). De facture <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong> Bourgogneou du Lyonnais, il correspond à l’ordonnancementclassique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> JacquesAndrouet Du Cerceau au XVI e siècle, caractériséspar <strong>de</strong>s décors <strong>de</strong> termes 1 , et <strong>de</strong>s sculptures<strong>de</strong> faible relief « en basse taille ».L’analyse stylistique nous apporte aussi <strong>de</strong>s informationssur le sens <strong>de</strong>s représentations. C’est lecas pour un coffret <strong>de</strong> mariage suisse du XVII esiècle. L’expertise a révélé en effet que le décorriche, fouillé et symbolique <strong>de</strong> ce coffret comporteun « message caché ». Les lions vilainés qui tiennentl’amphore (femme désirée ou ventreféminin) symbolisent un désir <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendanceet donc une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en mariage. Les <strong>de</strong>uxcouleurs majeures <strong>de</strong> ce coffre sont d’ailleurs leblanc, symbole <strong>de</strong> la pureté et <strong>de</strong> la virginité etle rouge qui représente l’acte d’amour par lesang virginal. Un modèle similaire <strong>de</strong> coffre,présenté dans la Chambre Suisse du XVII e siècleau sein du Métropolitan Museum of Art <strong>de</strong> NewYork permet <strong>de</strong> confirmer l’époque et la provenance<strong>de</strong> ce coffret.Etu<strong>de</strong> d’attribution et <strong>de</strong> provenanceCette phase consiste à rechercher d’éventuellesmarques d’ébénisterie, d’ateliers (poinçons,étiquettes, inscriptions) mais aussi à dresser unhistorique <strong>de</strong> la provenance en repérant lesmarques <strong>de</strong> propriétaires, numéros d’inventaire,marques diverses et en retrouvant auprès <strong>de</strong>spropriétaires et/ou marchands successifs lesconditions d’acquisition ou <strong>de</strong> transmission.A titre d’exemple, sur le dormant central d’undressoir moyenâgeux, est représenté un blasondont la partie supérieure a été bûchée 2 . L’analyse<strong>de</strong> M. Le Druillennec, maître graveur héraldisteà Chambéry, démontre que le motif bûchéétait un chapeau d’ecclésiastique, à la base d’uncordonnet à <strong>de</strong>ux fois dix glands, ici parfaitementreprésentés, qui indique le titre d’archevêque.S’il l’on sait que ce meuble appartenaità la famille d’un archevêque, l’absence <strong>de</strong> représentations<strong>de</strong> couleurs ne permet pas enrevanche <strong>de</strong> préciser le nom <strong>de</strong> famille dupropriétaire.<strong>La</strong> comparaison <strong>de</strong> certains meubles du châteauavec ceux d’autres collections a permis parfois<strong>de</strong> retracer leur histoire. C’est le cas d’unensemble <strong>de</strong> six chaises et un banc coffre auxarmoiries <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, d’époque fin XIX e . Cesmeubles se sont avérés en tous points sembla -bles à ceux conservés au Château <strong>de</strong>s ducs <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>, à Chambéry. Il pourrait s’agir d’unecomman<strong>de</strong> conjointe <strong>de</strong>s départements <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> réalisée à l’occasiondu rattachement <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France et<strong>de</strong> leur création en 1860 ou d’une commémoration.Ces sièges sont mentionnés sur les inventairesdu château <strong>de</strong> Chambéry en 1876. Une étu<strong>de</strong><strong>de</strong>s inventaires antérieurs permettra sans doute<strong>de</strong> connaître les circonstances précises <strong>de</strong> réalisationet <strong>de</strong> partage <strong>de</strong> ce mobilier.L’ensemble <strong>de</strong>s points abordés dans cette expertisepermet <strong>de</strong> confirmer ou d’infirmer pourchaque meuble son caractère authentique et sonintérêt patrimonial. <strong>La</strong> confrontation <strong>de</strong> cesdonnées avec la connaissance du marché <strong>de</strong>santiquités, rend possible l’évaluation financière<strong>de</strong> chaque pièce et celle <strong>de</strong> la collection dansson ensemble. En approfondissant notre connaissance<strong>de</strong> ce mobilier, cette expertise va égalementpermettre d’apporter au public davantaged’informations et d’attirer son attention sur levocabulaire ornemental et les principales caractéristiquesdu mobilier Renaissance.Sophie Carette1. Figure dont la partie inférieure est terminée engaine.2. Bûcher: terme moyenâgeux: enlever avec <strong>de</strong>s outilstranchants.Banc coffre aux armoiries <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,style Second Empire, fin XIX e siècle.Coffret <strong>de</strong> mariage(détail), d’époqueXVII e siècle, en boispeint.Blason présent sur ledormant central d’undressoir moyenâgeux(fin XV e siècle).9
COLLECTIONSDessins du fonds CoppierAcquisitions du Conservatoire d’art et d’histoire<strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>DÉPARTEMENTALESDialogues entrepatrimoine et artcontemporain<strong>La</strong> Chartreuse <strong>de</strong> Mélanà Taninges, domainedu XIII e siècle classéMonument historique,est le Pôle départemen -tal d’art contemporaindu <strong>Conseil</strong> général<strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>.Expositionstemporaires, rési<strong>de</strong>ncesd’artistes et parc <strong>de</strong>sculptures dialo guentavec cet excep tionnelpatrimoine.De 1923 à 1967,l’édifice <strong>de</strong>vint unorphelinatdépartemental. Le 5 mars1967, un incendie leravagea et fit 18 petitesvictimes. En mémoire<strong>de</strong> ces enfants disparus,l’artiste Régine Raphoza créé une sculptureoriginale où 18 oiseaux<strong>de</strong> bronze côtoient <strong>de</strong>véritables oiseaux,friands <strong>de</strong>s végétauxgraminées constituantl’un <strong>de</strong>s autres maté -riaux <strong>de</strong> cette œuvreémouvante. A ce jour,8 autres sculpturescontemporaines sontdisposées dans le parc<strong>de</strong> sculptures.En savoir plus:www.culture74.frAu printemps <strong>de</strong>rnier, le <strong>Conseil</strong> général<strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> a saisi l’occasion<strong>de</strong> la dispersion en vente publique du fonds dupeintre graveur André-Charles Coppier pourréaliser quelques acquisitions intéressantes <strong>de</strong>cet artiste.Né en 1867 à Annecy, André-Charles Coppier,peintre et <strong>de</strong>ssinateur, s’est fait connaître aussiet surtout comme graveur médailliste. Invité auSalon <strong>de</strong>s artistes français, membre <strong>de</strong> la SociétéNationale <strong>de</strong>s Beaux-Arts, il se distingue à l’ExpositionUniverselle <strong>de</strong> 1900 à Paris, où il obtientune <strong>de</strong>uxième médaille.Illustrateur et écrivain d’art, il est l’auteur d’uncatalogue <strong>de</strong>s eaux-fortes <strong>de</strong> Rembrandt plu -sieurs fois réédité. Ses ouvrages sur la <strong>Savoie</strong> etla Haute-<strong>Savoie</strong> documentent les œuvres nonseulement dans le domaine <strong>de</strong>s paysages, ycompris <strong>de</strong> haute montagne, mais aussi danscelui <strong>de</strong>s costumes, <strong>de</strong>s coutumes et <strong>de</strong>s caractères<strong>de</strong> nos régions.André-Charles Coppier joint à son talent d’observateurune exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>scriptive dans sesportraits, scènes <strong>de</strong> genre et paysages qui font<strong>de</strong> lui un remarquable chroniqueur <strong>de</strong> la vie en<strong>Savoie</strong> et Haute-<strong>Savoie</strong>.<strong>La</strong> précision <strong>de</strong> son <strong>de</strong>ssin et les points <strong>de</strong> vuequ’il choisit, par exemple dans l’Ermitage <strong>de</strong>Saint-Germain, confèrent un caractère documentaireà ces pièces témoins <strong>de</strong>s monumentshistoriques, ou <strong>de</strong>s paysages tels qu’ils se présentaientà l’époque.Pour compléter le fonds Payot constitué pourl’essentiel <strong>de</strong> paysages <strong>de</strong> montagne, le Départementa privilégié le choix <strong>de</strong> quelques vues<strong>de</strong>s bords <strong>de</strong> lacs où l’artiste traduit avec uncertain lyrisme l’atmosphère paisible ou lalumière éclatante <strong>de</strong> la surface du lac. Il utilisela technique du brou <strong>de</strong> noix qui permet précisémentd’accentuer les contrastes <strong>de</strong> lumière.Plusieurs aquarelles en couleur <strong>de</strong> petit formatvalent plutôt par le rendu <strong>de</strong> l’instantané, révèlantson habileté à rendre par exemple les teinteschatoyantes nuancées <strong>de</strong> rose, violacé, orangé,que prennent les rives au moment du coucherdu soleil.En plus <strong>de</strong> ces 32 <strong>de</strong>ssins d’André-CharlesCoppier, le Département a acquis une gouache<strong>de</strong> Georgette Agutte, une vue <strong>de</strong> lac prise <strong>de</strong>puisla Villa <strong>de</strong> l’artiste à Talloire, où il a vécu jusqu’àsa mort en 1948.Corinne ChorierLes <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>La</strong>nfon et Menthon,aquarelle, 34,5 x 26 cm, acquisition 2008,<strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>.Vue sur le lac avec peupliers au premier plan,aquarelle, 21,7 x 15,5 cm, acquisition 2008,<strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>.<strong>La</strong> châtaigneraie <strong>de</strong> Duingt vue du lac,<strong>de</strong>ssin au brou <strong>de</strong> noix, 22,5 x 30,8 cm,acquisition 2008,<strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>.10
Les outils du patrimoineregard sur les technologiesA R C H I V E Sles Archives départementales <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>accueillent <strong>de</strong>s stagiaires pour unepremière découverte <strong>de</strong>s archives ou les formerau métier d’archivistes avec son jargon, ses techniqueset ses technologies. Comme beaucoup<strong>de</strong> professionnels, les archivistes ont développéet fait développer <strong>de</strong>s outils spécifiques pourrépondre à leurs besoins. Nous vous proposons<strong>de</strong> découvrir ce volet technologique au coursd’une série en trois épiso<strong>de</strong>s : « Histoire <strong>de</strong> ratset <strong>de</strong> souris ou la bibliothèque change <strong>de</strong> look »,« les archives face à la caméra » ; « CommentAnobium punctatum et Penicilium sont partisrendre visite à autoclave et anoxie ou <strong>de</strong> labiochimie appliquée au patrimoine ».Episo<strong>de</strong> 1 : Histoire <strong>de</strong> rats et <strong>de</strong> sourisou la bibliothèque change <strong>de</strong> « look »Depuis longtemps, les rats <strong>de</strong> bibliothèquessavent tirer le meilleur parti <strong>de</strong> leur cohabitationavec les souris <strong>de</strong>s ordinateurs qui contiennentles catalogues <strong>de</strong> références bibliographiques.Bref aperçu <strong>de</strong> la bibliothèque<strong>de</strong>s Archives départementales <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> 1Nos Archives abritent une bibliothèque dite« historique », à double finalité: rassem bler systématiquementles publications, qui contiennent <strong>de</strong>sinformations sur l’histoire locale et fournir auxchercheurs les ouvrages qui leur permettent <strong>de</strong>compléter leurs travaux. <strong>La</strong> plaquette du particulierqui a réalisé un historique <strong>de</strong> sa communeédité à compte d’auteur voisine avec les dictionnairesencyclopédiques du XVIII e siècle. S’y ajoutentle dépôt <strong>de</strong>s travaux universitaires, les inventaires<strong>de</strong>s autres services d’archives, les publicationsadministratives et les différents journaux officiels.<strong>La</strong> bibliothèque bénéficie aussi <strong>de</strong> la mise àdisposition <strong>de</strong> leurs fonds d’ouvrages par l’Académie<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et la Société Savoisienne d’Histoireet d’Archéologie. Dans le cas <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>,les dossiers documentaires <strong>de</strong> l’ancien centre <strong>de</strong>documentation ont été ajoutés au fonds. Enfin, labibliothèque <strong>de</strong>s Archives comporte <strong>de</strong>s collections<strong>de</strong> périodiques locaux mais aussi nationauxqui peuvent être dépouillés pour en extraire lesarticles. <strong>La</strong> cohabitation <strong>de</strong> documents <strong>de</strong> natureaussi diverse n’est pas sans poser quelquesproblèmes quand il s’agit d’élaborer <strong>de</strong>s instruments<strong>de</strong> recherche. Ce qui avait conduit à opérer<strong>de</strong>s choix lors <strong>de</strong> la première informatisation et<strong>de</strong> la mise en ligne sur Internet du catalogue <strong>de</strong>la bibliothèque.Informatisation, version 0Une première informatisation eut lieu en 1989,avec le logiciel Texto. Elle ne concernait que lecentre <strong>de</strong> documentation et la bibliothèque historiqueet ne permettait la consultation que sur unposte en salle <strong>de</strong> lecture. Quel progrès cependant<strong>de</strong> pouvoir croiser <strong>de</strong>s critères pour effectuerune recherche et ne plus avoir à feuilleterles fiches cartonnées!Informatisation, version web.1En 2000, le catalogue <strong>de</strong> la bibliothèque connutun premier changement, avec le passage au logicielAlexandrie. Les pé rio diques furent invités àse montrer sous un jour électronique. Cette opérationpermettait l’interconnexion <strong>de</strong> fichiers et lesinterrogations croisées. Les Archives <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>ne sont pas les seules à disposer d’une bibliothèqueen rapport avec l’histoire <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>: telest le cas <strong>de</strong>s Archives départementales <strong>de</strong> laHaute-<strong>Savoie</strong>, <strong>de</strong> la Médiathèque <strong>de</strong> Chambérymais aussi <strong>de</strong> l’Évêché et du Palais <strong>de</strong> Justice <strong>de</strong>Chambéry. L’informatisation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnièresinstitutions a été développée en collaboration avecles Archives départementales. Lorsque l’Assemblée<strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> a créé un site Internetdédié à l’histoire <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> (www.sabaudia.org),les Archives <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux dé partements se sontadjointes la Bibliothèque diocésaine et celle duPalais <strong>de</strong> Justice pour créer une bibliographieélargie. Ce sont ainsi 46000 notices d’ouvrages,<strong>de</strong> brochures, d’articles et <strong>de</strong> périodiques qui s’ouvraientaux internautes et aux lecteurs.Mais la version web d’Alexandrie n’était pascompatible avec Linux utilisé sur le serveur <strong>de</strong>Sabaudia. Il a été nécessaire <strong>de</strong> créer une passerelleet d’effectuer <strong>de</strong>s choix dans les donnéesmises en ligne: une partie <strong>de</strong>s périodiques et lebulletinage ont été laissés <strong>de</strong> côté et gérés enmo<strong>de</strong> local sous Excel. <strong>La</strong> mise à jour <strong>de</strong>sdonnées était difficile. Ce n’était donc pas l’ensemble<strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong>s Archives départementales<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> qui étaient accessibles.Informatisation, version web.2Au cours <strong>de</strong> l’année 2007, une opportunité s’estprésentée d’étudier les possibilités offertes parun nouveau logiciel <strong>de</strong> bibliothéconomie, PMB.Les Archives départementales ont <strong>de</strong>mandé auprestataire <strong>de</strong> proposer un projet, accepté après<strong>de</strong>s tests auprès <strong>de</strong>s utilisateurs et <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>nts<strong>de</strong> salle <strong>de</strong> lecture. Restait à transférer lesdonnées. Il fallut créer une concordance <strong>de</strong>champs entre ancien et nouveau logiciels. Ce futchose faite au cours <strong>de</strong> l’été 2008. Les fichiersExcel <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s périodiques ont été intégrésdans la nouvelle base bibliographique.Les avantages <strong>de</strong> ce nouveau logiciel sontmultiples : il est sous « unimarc », aux mêmesnormes que la Bibliothèque nationale <strong>de</strong> France,ce qui permet <strong>de</strong> récupérer les notices <strong>de</strong> soncatalogue ; les informations <strong>de</strong> la base sont enligne, sans attendre <strong>de</strong> mise à jour complexe; l’ensemble<strong>de</strong>s collections <strong>de</strong> périodiques et leur étatsont accessibles et interrogeables. Cet accès auxréférences sera complété par un accès direct àcertains titres <strong>de</strong> périodiques numérisés. LesArchives départementales <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> participenten effet au programme <strong>de</strong> l’ARALD 2 qui numériseles journaux <strong>de</strong>s différentes institutions culturelleset patrimoniales pour reconstituer virtuellement<strong>de</strong>s collections complètes <strong>de</strong> journaux.Sylvie ClausDÉPARTEMENTALEShttp://sabaudia.bibli.fr/opac/1. Pour <strong>de</strong> plus amplesrenseignements, consulterle site <strong>de</strong>s Archivesdépartementales<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>www.savoie-archives.frou André Perret,Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong>, Chambéry, 1979.2. www.arald.org11
ARCHITECTURE<strong>La</strong> maison forte <strong>de</strong> Blay& MONUMENTSA quelques kilomètres d’Albertville, en basse vallée <strong>de</strong> Tarentaise, le « château »d’Esserts-Blay se dresse sur les flancs <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> <strong>La</strong>nche. Adroitement érigésur un piton rocheux en surplomb <strong>de</strong> l’Isère, il relayait le contrôle <strong>de</strong> la vallée,entre le château <strong>de</strong> Chantemerle à <strong>La</strong> Bâthie et celui <strong>de</strong> Feissons-sur-Isère.Actuellement niché dans un écrin <strong>de</strong> verdure, cette remarquable bâtisse estpourtant passée bien près <strong>de</strong> l’abandon.ContactMairie d’Esserts-Blay,Chef-lieu 73540Tél.04 79 31 00 75mairie.essertsblay@wanadoo.frLocation <strong>de</strong>la salle <strong>de</strong> la Aulas’adresser au secrétariat<strong>de</strong> la mairieVisites <strong>de</strong> la maisonforte <strong>de</strong> Blaysur réservation,les premiers mercredis<strong>de</strong> chaque moisTél. 06 03 93 69 77Association <strong>de</strong> Sauve -gar<strong>de</strong> du Patrimoined’Esserts-Blay.Un témoin précieux<strong>La</strong> seigneurie <strong>de</strong> Blay est mentionnée pour lapremière fois en 1257. Construite vers 1400, lamaison forte <strong>de</strong> Blay, improprement nommée« château », s’inscrit parfaitement dans l’époquecharnière du XV e siècle: le Moyen âge féodal etguerrier s’effaçe peu à peu, une nouvelle sociétévoit le jour. Cette évolution, favorisée par uncommerce florissant, <strong>de</strong>s progrès techniquesfulgurants et une large diffusion <strong>de</strong>s idées grâceà l’imprimerie, suscitera <strong>de</strong> nouvelles manières<strong>de</strong> vivre et d’appréhen<strong>de</strong>r le bien-être <strong>de</strong> l’individu.Architecturalement parlant, on passe du « toutdéfensif » au confort rési<strong>de</strong>ntiel relatif. LesSeigneurs <strong>de</strong> Blay, nécessairement dotés d’une<strong>de</strong>meure bien protégée, tant au niveau <strong>de</strong> labâtisse elle-même que <strong>de</strong> l’armement dont ilsdisposaient, résidaient néanmoins dans un cadre<strong>de</strong> vie digne d’une grosse maison bourgeoise.Aucun fait d’arme, aucune trace <strong>de</strong> combat neviendra défrayer la chronique <strong>de</strong> cette petiteseigneurie rurale et, sans un violent incendie en1609, la maison forte aurait pu traverser le temps.Elle ne sera donc habitée que <strong>de</strong>ux cent ans, etses murs s’effriteront ensuite inexorablementjusqu’en 1992, date <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> l’Associationpour la Sauvegar<strong>de</strong> du Patrimoine d’Esserts-Blay.De la sauvegar<strong>de</strong> à la réhabilitation« C’est à l’occasion <strong>de</strong>s Jeux Olympiques <strong>de</strong> 1992,alors que l’édifice était magnifiquement éclairé,que nous avons véritablement pris conscience <strong>de</strong>sa valeur, et décidé <strong>de</strong> créer une association pourle sauver. » explique Daniel Blanc, prési<strong>de</strong>ntfondateur <strong>de</strong> l’Association. Celle-ci géra lesdossiers techniques ainsi que les recherches <strong>de</strong>12
Vues du chantier <strong>de</strong> réhabilitation.financements, alors que la mu ni cipalité d’Esserts-Blay acquérait l’ensemble. Les travaux <strong>de</strong> consolidationet <strong>de</strong> sécurisation seront engagés en1998, préservant la bâtisse d’une <strong>de</strong>structioninéluctable après préconisations du Servicerégional <strong>de</strong> l’Archéologie, DRAC Rhône-Alpes.Sauvée certes, mais un rêve <strong>de</strong>meurait: pourraitt-onlui rendre vie ? En 2002, le maire, JamesDenche, proposera au <strong>Conseil</strong> municipal <strong>de</strong>réaliser une salle d’animation à l’intérieur <strong>de</strong> l’enceintefortifiée. Cette initiative sera approuvéeet le nouvel espace <strong>de</strong> vie pour la commune,sera inauguré en mai 2008 avec le concoursfinancier du <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>.De la réhabilitation à l’utilisationGuy Desgrandchamps, architecte haut-savoyard,a appréhendé en connaisseur ce travail sur unestructure médiévale préexistante en ruines, nonprotégée au titre <strong>de</strong>s Monuments historiques,mais néanmoins source <strong>de</strong> choix délicats : quefallait-il réhabiliter, res taurer, modifier ouconserver?Le programme du projet dictait assez naturellement<strong>de</strong> conserver l’affectation initiale <strong>de</strong>s différentsespaces : la salle d’animation dans lagrand’salle ou Aula (nom <strong>de</strong>s salles d’apparat<strong>de</strong>s châteaux médiévaux), l’office-bar dans lesanciennes cuisines et l’espace accueil-sanitairesà l’emplacement <strong>de</strong> l’ancien hall.Cette philosophie générale, ainsi que le partipris<strong>de</strong> reconstruire dans le volume <strong>de</strong>s murs,sans surélévation, n’excluaient pas pour autantla mo<strong>de</strong>rnité : à l’instar du hall d’entrée vitréconçu dans la partie en re<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la bâtisse, dubalcon jaillissant perpendiculairement à la faça<strong>de</strong>ou <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> plancher collaborant boisbétonentre le toit terrasse et la gran<strong>de</strong> salle.Enfin, en forme <strong>de</strong> clin d’œil à l’histoire, GuyDesgranchamps proposa une tour en bois à l’emplacementd’une tour disparue (ou qui ne futjamais cons truite) permettant <strong>de</strong> rejoindre le toitterrassepar un escalier hélicoïdal en mélèze. Unescalier jumeau fut logé dans les vestiges d’uneautre tour, à l’opposé du bâtiment.<strong>La</strong> salle <strong>de</strong> la Aula, conçue pour recevoir 200personnes, est dotée d’un équipement scéniquepermettant d’accueillir <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong>petites formes: spectacle vivant, cinéma, conférence,séminaire…Bruno De VisscherARCHITECTURE& MONUMENTSBibliographieHudry MariusLe château <strong>de</strong> BlayLes cahiers du VieuxConflans, 1963.Berthier Bruno etBornecque Robert,Pierres fortes <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong><strong>La</strong> Fontaine <strong>de</strong> Siloé,2002.Sirot ElisabethNoble et forte maison,l’habitat seigneurialdans les campagnesmédiévalesPicard, 2007.Conservation <strong>de</strong> l’affectation initiale<strong>de</strong>s différents espaces <strong>de</strong> la maison forteet aménagements contemporains.Maîtrise d’œuvre <strong>de</strong> Guy Desgrandchamps,architecte du patrimoine.13
MONUMENTS &<strong>Savoie</strong>, place-forte <strong>de</strong> Chamoussetouvrage <strong>de</strong> protection Séré <strong>de</strong> Rivières <strong>de</strong> première générationLe fort <strong>de</strong> Montperchéentre Maurienne et Combe <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>SITES HISTORIQUESLe généralRaymond-AdolpheSéré <strong>de</strong> Rivières(1815-1895), auteurdu « Système défensif<strong>de</strong> la France », 1874.Fort <strong>de</strong> Montperché73220 Aitontél. 04 79 84 10 10fort-<strong>de</strong>-montperche.comPour en savoir plus surles visites, l’accueil <strong>de</strong>sgroupes, les animationset les week-ends <strong>de</strong>travaux, nous vousinvitons à consulter lesite internet. Le fortn’étant pas ouvert aupublic en permanence,merci <strong>de</strong> téléphoneravant <strong>de</strong> vous déplacer.Double caponnière (est).Après la guerre franco-prussienne <strong>de</strong>1870, la France se retrouve isolée politiquement,affaiblie, et à la merci d’un envahisseur.Ses fortifications sont obsolètes et unpassage non-protégé existe avec la perte <strong>de</strong> l’Alsaceet <strong>de</strong> la Lorraine. Le comité <strong>de</strong> défenseadopte en 1873 le projet du général Séré <strong>de</strong>Rivières : <strong>de</strong>s places fortes composées d’un en -semble <strong>de</strong> forts et <strong>de</strong> batteries annexes permettant<strong>de</strong> bloquer l’ennemi par <strong>de</strong>s tirs croisés. Plus<strong>de</strong> 500 ouvrages sont ainsi construits ou mo<strong>de</strong>rnisésle long <strong>de</strong> la frontière et autour <strong>de</strong>s axesprincipaux.<strong>La</strong> <strong>Savoie</strong>, française <strong>de</strong>puis 1860, verra dans unpremier temps l’édification <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux places fortesaux débouchés <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> la Tarentaise et<strong>de</strong> la Maurienne : la place forte d’Albertville,composée <strong>de</strong> quatre forts (Le Villard, Le Mont,Tamié et Lestal) et d’une dizaine <strong>de</strong> batteriesannexes et la place forte <strong>de</strong> Chamousset.Si le risque d’une invasion par les Alpes était peuconsidéré par la France lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1874,il en sera bien différent avec la montée en puissance<strong>de</strong> l’Italie unifiée et surtout avec la Triplealliance signée en 1882 avec les Empires centraux.Les Italiens et leurs alliés austro-allemands<strong>de</strong>viennent un risque majeur et les fortificationsvont s’avancer vers la frontière franco-italienne.Pour la Maurienne, ce sera la réalisation du fortdu Télégraphe près <strong>de</strong> Valloire, la place forte <strong>de</strong>Modane (forts du Sappey et du Replaton) puisles forts du Montfroid et <strong>de</strong> la Turra sur la frontièreau-<strong>de</strong>ssus du lac du Mont-Cenis alorsitalien ; pour la Tarentaise, la place forte <strong>de</strong>Bourg-Saint-Maurice (forts <strong>de</strong> la Platte, du Truc,batterie casematée <strong>de</strong> Vulmix) et sur la frontière,au-<strong>de</strong>ssus du Col du Petit-Saint-Bernard, le fort<strong>de</strong> la Redoute Ruinée.<strong>La</strong> place forte <strong>de</strong> Chamousset<strong>La</strong> place forte <strong>de</strong> Chamousset compose un arc<strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> trois forts et <strong>de</strong> huit batteriesannexes autour du bourg d’Aiguebelle: en vallée,à Aiton, un fort d’interdiction et sur les hauteurs<strong>de</strong>ux forts <strong>de</strong> protection : Mongilbert et Montperché.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Mongilbert se trouvent troisbatteries et <strong>de</strong>ux blockhaus pour éviter uncontournement <strong>de</strong> l’envahisseur par le col duCucheron (Roche-Brune, Plachaux, Tête-<strong>La</strong>sse,Sainte-Lucie, Foyatier). Entre les forts d’Aiton et<strong>de</strong> Montperché, on réalise <strong>de</strong>ux batteries d’intervalle(Frépertuis et Tête-Noire).Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Montperché, l’envahisseur peutpasser à couvert par le col du Crépa ; on yconstruit « la coupure du Crépa » composée d’unblockhaus, d’un mur d’enceinte crénelé avecporte sur l’ancien chemin sar<strong>de</strong> et d’une plateformed’artillerie pour <strong>de</strong>s canons <strong>de</strong> montagne.Cet ensemble fortifié est <strong>de</strong>stiné à bloquer l’ennemiavant Aiguebelle et lui interdire le passageen Combe <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.Le site du Montperché était stratégiquement trèsbien placé avec ses « vues » sur les vallées maisil n’y avait ni route d’accès, ni pierre, ni sable,ni eau. Il fallut construire la route <strong>de</strong>puis Aitonsur 7 km, trouver une source et la relier au chantieravec une conduite en fonte sur 3 km. Pourle sable, les sondages effectués autour du Montperchén’ayant rien donné, il fut remonté <strong>de</strong>puisles rives <strong>de</strong> l’Arc avec un monte-charge aérien àcâble actionné par une machine à vapeur situéeau Chap<strong>de</strong>y. Quant aux pierres, une double voie<strong>de</strong> rails (système Péchot) fut installée sur 5 kmvers l’amont pour exploiter une strate <strong>de</strong> granità ciel ouvert en contrebas du Petit-Arc.C’est ainsi que ce gigantesque chantier <strong>de</strong> 5,5hectares commença. Confié à l’officier du GénieWagner, les plans évoluèrent d’une année àl’autre en fonction <strong>de</strong> la découverte du reliefrocheux. Au regard du schiste friable, <strong>de</strong>s importantssoubassements furent édifiés. Le fort estconstruit « en escalier », les huit bâtiments principauxse succédant en quatre niveaux <strong>de</strong>terrasses surmontées <strong>de</strong>s plateformes <strong>de</strong> tir puis<strong>de</strong>s abris. Une fois les voûtes <strong>de</strong>s casemates réalisées,d’une épaisseur <strong>de</strong> 80 à 120 cm selon lesbâtiments, une étanchéité <strong>de</strong> goudron <strong>de</strong> houille(Coaltar) fut posée puis recouverte <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux àsix mètres <strong>de</strong> terre. Ce qui constitue la couche<strong>de</strong> protection résistante aux obus explosifs à lapoudre noire.Le chantier réunit 500 hommes pendant sixannées <strong>de</strong> 1875 à 1881. Des milliers <strong>de</strong> tonnes<strong>de</strong> pierres furent ainsi transportées, taillées à lamain, assemblées à la chaux avec les moyens <strong>de</strong>l’époque: échafaudages en bois, chèvre, brouette,Vue cavalière du fort <strong>de</strong> Montperchéd’est en ouest.14
pour construire les 82 salles et les 700 m <strong>de</strong>couloirs et souterrains qui composent le fort.Vinrent ensuite les menuiseries avec 304 porteset fenêtres, <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> mètres carrés <strong>de</strong>plancher et d’étagères en chêne, puis les grilleset barrières en fer forgé. Le fort <strong>de</strong> Montperchéreste un hommage au savoir-faire <strong>de</strong> ceux quil’ont construit.A la fin <strong>de</strong> sa construction, le fort pouvaithéberger 592 hommes <strong>de</strong> troupe, 17 officiers et10 chevaux. Il comportait une forge, troiscuisines, un four à pain <strong>de</strong> 250 rations, uneciterne <strong>de</strong> 528 m 3 et <strong>de</strong> nombreuses réservespour six mois <strong>de</strong> siège. Sa défense était assuréepar 35 pièces d’artillerie (3 <strong>de</strong> 150 mm, 11 <strong>de</strong>133 mm, 7 <strong>de</strong> 95 mm, 2 canons revolvers,6 canons <strong>de</strong> monta gne, 2 mortiers <strong>de</strong> 22 et4 mortiers <strong>de</strong> 15), 3 doubles-caponnières, 78 meurtrièreset créneaux <strong>de</strong> pied. Le fort comportait troismagasins à poudre et aux cartouches, <strong>de</strong>uxateliers d’assemblage <strong>de</strong> munitions et neuf abrispour le stockage <strong>de</strong>s munitions confectionnées.A l’inverse <strong>de</strong>s casernes habitées en factionpermanente, le fort était vi<strong>de</strong> à l’année, sauf ungardien <strong>de</strong> veille. En cas <strong>de</strong> manœuvres ou <strong>de</strong>crise frontalière, une garnison prenait placecomposée d’artilleurs, <strong>de</strong> fantassins, d’équipesdu Génie ainsi qu’une compagnie <strong>de</strong> muletspour le transport <strong>de</strong>s réserves et <strong>de</strong> chevauxpour l’armement lourd.Le fort a servi pour <strong>de</strong>s manœuvres comme l’indiquentencore quelques graffitis, comme campmobilisateur en 1914 et 1939, et en école à feuen 1932 et 1939. A partir <strong>de</strong> 1948, il <strong>de</strong>vient unecolonie <strong>de</strong> vacances pour l’Action Sociale <strong>de</strong>sForces Armées jusqu’en 1972.En 1977, un particulier l’achète aux Domaines,puis en 1987 une SCI pour le transformer enhôtel <strong>de</strong> luxe pour les jeux olympiques d’Albertville<strong>de</strong> 1992. Le projet ne voit pas le jour etle fort tombe à l’abandon. Pillé et squatté régulièrement,la nature a repris ses droits au rythme<strong>de</strong>s années. Mis en vente en 2000 et sans acquéreur,il <strong>de</strong>vient un centre <strong>de</strong> tir pour une société<strong>de</strong> formation jusqu’en 2004.<strong>La</strong>issé à l’abandon pendant 33 ans, le fortretrouve un nouveau souffle en 2005 quandPhilippe et Isabelle Jeanne-Beylot le rachètent.Plus passionnés que fortunés, ils s’entourent <strong>de</strong>bénévoles pour rendre au fort son aspect d’origine.<strong>La</strong> tâche est ru<strong>de</strong> car la végétation a envahile site et les bâtiments sont ouverts à tous ventset remplis <strong>de</strong> nombreux déchets en tout genre.Pendant plus d’un an, <strong>de</strong>s centaines d’arbres sontcoupés, les terrains débroussaillés, les déchetstriés puis évacués en déchetterie. Pour stopperles actions du gel et <strong>de</strong> la con<strong>de</strong>nsation, les bâtimentssont fermés avec <strong>de</strong>s panneaux <strong>de</strong> bois,peints en trompe-l’oeil pour l’esthétique.Ces travaux permettent l’ouverture à la visite dèsl’été 2006 puis l’organisation d’animations tellesque la Journée <strong>de</strong>s narcisses, la Fête <strong>de</strong> lamusique et les Journées européennes du patrimoine.Avec le conseil <strong>de</strong> la Direction du Patrimoinedu <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, lespropriétaires rejoignent les réseaux <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>du patrimoine : Sentinelles <strong>de</strong>s Alpes, PatrimoineRhônalpin, Alpyfort, Pierres Fortes <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>. Ils visitent <strong>de</strong> nombreux sites fortifiés etse forment à la mise en tourisme patrimoniale.En 2008, les travaux sont loin d’être terminésmais grâce à la tenacité <strong>de</strong>s propriétaires et <strong>de</strong>leur équipe <strong>de</strong> bénévoles, ils avancent progressivementet ce, sans ai<strong>de</strong> financière.Philippe et Isabelle Jeanne-Beylot continueronten 2009 à faire partager leur passion <strong>de</strong> la fortificationen organisant avec la Fédération Alpyfortle premier Forum <strong>de</strong> la Fortification Alpineles 1 er , 2 et 3 mai prochain pour présenter aupublic l’étendue et la richesse du patrimoinefortifié alpin. Sauvé <strong>de</strong> la ruine, le fort <strong>de</strong> Montperchéa encore <strong>de</strong> l’avenir.Philippe Jeanne-Beylot1954. Les colonies <strong>de</strong> vacances.Marche sur la place d’armes.MONUMENTS &SITES HISTORIQUESGraffiti. 1908 – 48Jà la fuite. Témoignaged'un soldat pendant sonservice militaire dont ilreste 48 jours à faire.Après la crise <strong>de</strong> l’ obustorpille, le poste <strong>de</strong>télégraphie optique dufort est remplacé par unmodèle en béton spécial.Les colonies<strong>de</strong> vacances <strong>de</strong> 1948à 1972.Cette pério<strong>de</strong> a marquél’histoire <strong>de</strong>s villagesalentours dont leshabitants étaientsollicités pour lestravaux d’entretien etd’intendance. Les criset les rires <strong>de</strong>s enfantssemblent encorerésonner dans lesanciens dortoirs où l’onretrouve <strong>de</strong>s lignées <strong>de</strong>portes-manteaux et <strong>de</strong>sprénoms gravés sur lesmurs. C’est avec uneforte émotion que cesenfants retrouventaujourd’hui le fort avecleur regard d’adulte ou<strong>de</strong> retraité. Certainsracontent, d’autresécrivent ou envoient<strong>de</strong>s photos. Le premierrassemblement <strong>de</strong>sanciens a eu lieu enjuillet 2008 avec ladécision <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>rune association.Atelier d’assemblage <strong>de</strong>s munitions (ouest).15
D O S S I E RUne cinémathèqueen Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>Cinémathèque<strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>7 bis place CharlesMérieux74290 Veyrier-du-lactél. 04 50 60 28 0806 85 07 71 43www.letelepherique.orgcontact@letelepherique.org<strong>La</strong> Cinémathèque<strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> estsoutenue par l’Assem -blée <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,le <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong>l’Ain et le <strong>Conseil</strong>régional Rhône-Alpes.<strong>La</strong> Cinémathèque <strong>de</strong>sPays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> estmembre <strong>de</strong> l’associationInédits – Films amateurs– Mémoire d’Europe.Dix ans <strong>de</strong> parcours et <strong>de</strong> balisage,pour constituer la mémoire filmiquedu territoire savoyard.la création <strong>de</strong> l’Association pour la Cinémathèque<strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> a eu lieuen 1999, dans une salle communale, en Bauges.Elle résulte d’une prise <strong>de</strong> conscience que lesfilms amateurs <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> – en véritéles films échappant à la catégorie <strong>de</strong>s filmsprofessionnels <strong>de</strong> fiction, qu’il est convenuaujourd’hui <strong>de</strong> nommer « inédits » – <strong>de</strong>vaient êtreconservés.<strong>La</strong> mission d’une « cinémathèque » liée à un territoirese fon<strong>de</strong> d’abord sur l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> celles et<strong>de</strong> ceux qui prirent l’initiative <strong>de</strong> mettre en -semble leur expérience singulière. Amateurs <strong>de</strong>vieilles bobines, d’antiques appareils hétéroclites,d’objets d’art, collectionneurs-chineurs-bricoleurs,documentaristes professionnels, cinéastesamateurs, réalisateurs <strong>de</strong> courts métrages dontle scénario s’ancrait dans la mémoire régionale,enseignants-chercheurs en histoire ou en cinéma,passionnés <strong>de</strong> films et militants <strong>de</strong> l’éducationpopulaire : ainsi se formait d’emblée une pensée<strong>de</strong> l’archive filmique fondée sur le plaisir etl’émotion <strong>de</strong> la découverte, <strong>de</strong> la trouvaille, etsur le désir <strong>de</strong> faire partager ce plaisir, en valorisantl’archive, en la diffusant, en l’enseignantmême.L’histoire <strong>de</strong> la Cinémathèque <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>se définit <strong>de</strong>puis dix ans comme une rechercheopiniâtre pour faire valoir et rendre manifestecette orientation initiale. Tout d’abord, il s’agitd’acquérir une légitimité <strong>de</strong> « cinémathécaires ».<strong>La</strong> collecte, l’in<strong>de</strong>xation et la documentation sontles étapes indispensables <strong>de</strong> la mise en valeurd’un fonds d’archives cinématographiques :– <strong>La</strong> collecte, même si le dépôt est unedémarche volontaire, est un travail qui exige uneprise <strong>de</strong> contact avec le déposant, car faute d’intégrerles films à un dispositif qui les recadre,les met en question, ils risquent <strong>de</strong> n’être que<strong>de</strong>s clichés et se réduire aux fausses évi<strong>de</strong>ncesd’une mémoire patrimoniale figée.– L’in<strong>de</strong>xation documentaire est d’autant pluscomplète et rigoureuse que le travail <strong>de</strong> collecteest effectué dans une rencontre effective. L’entreprisepatrimoniale est un itinéraire.– Ensuite, il faut valoriser et diffuser le fondscollecté, l’histoire du matériau cinématographiqueet l’histoire que permettent les images.Écrire donc à partir <strong>de</strong>s archives par les moyensdu cinéma. <strong>La</strong> cinémathèque s’est engagée dansla production <strong>de</strong> réalisations qui témoignentd’une réflexion sur la spécificité <strong>de</strong>s films, <strong>de</strong>sconditions sociales, techniques et esthétiques <strong>de</strong>leur production et sur la façon dont la naturemême <strong>de</strong> l’archive filmique influe sur les dispositifset la perception <strong>de</strong> sa restitution. L’inventairepatrimonial est ainsi une invention.Enfin, il reste à installer la cinémathèque dansun lieu qui lui permette <strong>de</strong> mener à bien sesmissions. Après plusieurs années d’emménagementsdivers, la « cinémathèque » est hébergéedans <strong>de</strong>s locaux mis à sa disposition par lacommune <strong>de</strong> Veyrier-du-<strong>La</strong>c en Haute-<strong>Savoie</strong>.Cette rési<strong>de</strong>nce est provisoire.<strong>La</strong> Municipalité <strong>de</strong> Veyrier-du-<strong>La</strong>c a le projet d’accueillirla cinémathèque dans le bâtiment <strong>de</strong> lagare inférieure <strong>de</strong> l’ancien téléphérique, rénovéeet aménagée. <strong>La</strong> cinémathèque disposera doncd’un lieu <strong>de</strong> documentation et <strong>de</strong> projectionpermettant l’accueil <strong>de</strong> tous les publics : chercheurs,grand public, public scolaire et étudiant,touristes.René Richoux16
D O S S I E RMission et activités<strong>de</strong> la cinémathèque<strong>La</strong> Cinémathèque <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> assure lasauvegar<strong>de</strong> et la transmission <strong>de</strong> la mémoirecinématographique et audiovisuelle régionale.Son activité couvre les départements <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>, <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> et <strong>de</strong> l’Ain. Elle collecte lesfilms amateurs et professionnels pour assurerleur conservation et leur valorisation.Les images déposées sont restituées au publiclors <strong>de</strong> projections, expositions, édition <strong>de</strong> DVD.<strong>La</strong> Cinémathèque met à la disposition <strong>de</strong>s chercheurset autres curieux les fonds qu’elle archive.Elle s’intéresse en particulier :• aux mutations <strong>de</strong> la montagne• au développement du tourisme• à l’activité industrielle <strong>de</strong> l’arc alpin• aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie familiaux.<strong>La</strong> cinémathèque en quelques dates• 1999 – création <strong>de</strong> la Cinémathèque.• 2001 – plan <strong>de</strong> numérisation. Transfert <strong>de</strong>sfilms pellicule sur support vidéo.• 2003 – base <strong>de</strong> données. Archivage et in<strong>de</strong>xationdocumentaire <strong>de</strong>s films.• 2004 – adhésion à l’association européenneINÉDITS.• 2006 – production du DVD Feuilleton d’unemémoire heureuse.• 2007 – site internet letelepherique.org• 2010 – installation dans la gare du Téléphérique<strong>de</strong> Veyrier-du-<strong>La</strong>c.<strong>La</strong> cinémathèque en quelques chiffres• 200 déposants – particuliers, sociétés savantes,collectivités, entreprises…• 5000 bobines <strong>de</strong> films et cassettes vidéo déposées.• 2800 documents in<strong>de</strong>xés.• 350 heures d’images numérisées.Les films déposés• Films <strong>de</strong> famille• Films <strong>de</strong> vacances• Reportages• Fictions• Fêtes <strong>de</strong> villages• Manifestations publiques• Films institutionnels• Films <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>…Les films sont <strong>de</strong>s témoignages uniques. En lesdéposant à la Cinémathèque, leurs propriétairescontribuent à la constitution d’une mémoirecollective.<strong>La</strong> Cinémathèque garantit aux déposants lapréservation <strong>de</strong> leurs droits, la conservation etla numérisation <strong>de</strong> leurs films.Le DVD duFeuilleton d’unemémoire heureuse estune série documentaireconstituée <strong>de</strong> dixépiso<strong>de</strong>s d’unevingtaine <strong>de</strong> minutes.Chaque documentairecorrespond au regardd’un réalisateur sur unfonds <strong>de</strong> films déposésà la cinémathèque.190 min. Disponible surplace à la Cinémathèqueou par correspondance(20 e + 5,15 e <strong>de</strong> frais<strong>de</strong> port).17
D O S S I E R <strong>La</strong> valorisation <strong>de</strong>s inéditsl’invention documentairela fabricationd’un documentaire d’archivesQuand l’image <strong>de</strong>vient-elle archive? Elle est rarementenregistrée comme telle. Elle le <strong>de</strong>vient avecle temps. Les images inédites <strong>de</strong>s cinéastesamateurs – histoire <strong>de</strong> famille, récit <strong>de</strong> la vie quotidienne– ont été tournées la plupart du tempspour un usage privé et sont <strong>de</strong>stinées d’abord àun public restreint, soumises à l’arbitraire d’uneinterprétation partielle, voire partiale. Même quandl’amateur est un technicien du cinéma, il filmesans vraiment un souci affiché <strong>de</strong> postérité.Par conséquent, ces images ne sont pas souventprises au sérieux, une fois éloignées du momentet du lieu <strong>de</strong> leur tournage. Elles rejoignent lesobjets qu’on gar<strong>de</strong> comme par inadvertance,négligemment déposés dans un tiroir ou sur uneétagère.L’archivisation consiste au contraire à ce que cesfilms ne restent pas inédits et ne disparaissent pas<strong>de</strong> notre mémoire. C’est un coup <strong>de</strong> force quiparaît à beaucoup farfelu, puisqu’il s’agit <strong>de</strong> donnersens à ce qui est anecdotique, intime, non spectaculaire,non historique, anodin, futile même.<strong>La</strong> valorisation fait basculer l’insignifiance suppo -sée <strong>de</strong> ces inédits dans le domaine du sens. <strong>La</strong>Cinémathèque <strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> confie à <strong>de</strong>sréalisateurs ses images d’archives pour qu’ils leurdonnent la dignité qu’elles méritent dans <strong>de</strong>sfilms documentaires.Témoignages filmés, arpentage <strong>de</strong>s lieux, récitsfilmés pour combler le hors-champ, tournage <strong>de</strong>straces visibles du passé : tout un dispositif <strong>de</strong>création cinématographique est mis en placepour que ces inédits qui ont une histoire <strong>de</strong>viennenteux-même une fiction.Par exemple, faire d’une fenaison en Beaufortain,à l’instant où une agricultrice filme avec sacaméra super 8 mm, une scène où rien n’est plusvraiment indifférent et témoigne d’une réalitépersonnelle qui <strong>de</strong>vient fragment <strong>de</strong> la mémoirecollective.Autre aventure : saisir les reportages d’un journaliste-cinéasteet les monter <strong>de</strong> façon qu’apparaissentà la fois son désir d’exprimer une visionprogressiste du mon<strong>de</strong> (en filmant les transformations<strong>de</strong> l’espace urbain) et l’utopie <strong>de</strong> transmettrepar le cinéma une prise <strong>de</strong> conscienceesthétique du réel.Ainsi, pour nombre <strong>de</strong> fonds confiés à la Cinémathèque<strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, se clôt à chaquefois une boucle dans laquelle <strong>de</strong>s rushes, <strong>de</strong>sbobines se transforment pour <strong>de</strong> bon en films,spectacles, fictions, pour le public d’aujourd’hui.L’éternelle saison<strong>de</strong> la récolte, la collecte<strong>La</strong> plupart <strong>de</strong>s dépôts sont issus d’une démarchevolontaire <strong>de</strong>s propriétaires <strong>de</strong> films. <strong>La</strong> collecteest cependant souvent favorisée par l’intermédiaire<strong>de</strong> relais locaux, <strong>de</strong> la presse locale etsurtout du suivi <strong>de</strong>s projections organisées parla cinémathèque. Souvent, les déposants ignorentle contenu <strong>de</strong>s images, n’étant plus enpossession <strong>de</strong>s appareils qui permettent <strong>de</strong> lireles films. Ils signent donc avec la cinémathèqueun contrat provisoire <strong>de</strong> dépôt et une pré-i<strong>de</strong>ntificationétablie le contenu <strong>de</strong>s films. Puis, si lesfilms ont <strong>de</strong> l’intérêt, un contrat <strong>de</strong> dépôt définitifest signé qui vaut garantie d’une numérisationsur copie vidéo <strong>de</strong>s films déposés.Les originaux sont stockés aux Archives départementales.<strong>La</strong> cinémathèque gar<strong>de</strong> une copievidéo et en livre une au déposant.S’il s’agit <strong>de</strong> films nitrate très anciens, les originauxsont déposés aux Archives Nationales duFilm qui dépen<strong>de</strong>nt du CNC (Centre national <strong>de</strong>la cinématographie).18
Le cinéma, le patrimoine<strong>de</strong>s films inédits pourcomprendre le mon<strong>de</strong>D O S S I E RÀ partir <strong>de</strong> sa collection,la Cinémathèque <strong>de</strong>s Pays<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> assure <strong>de</strong>s ateliersd’éducation à l’image.Le but est <strong>de</strong> faire comprendreaux écoliers le fonctionnement<strong>de</strong> l’image animée, d’apprendreà analyser les images et<strong>de</strong> réaliser un film.Les différents ateliers proposés sont dispenséspar <strong>de</strong>s intervenants professionnels <strong>de</strong> la Cinémathèque<strong>de</strong>s Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. Ils sont adaptésau niveau <strong>de</strong> la classe. Chaque projet est uniqueet déterminé avec le concours <strong>de</strong> l’enseignant.Les ateliers s’articulent autour <strong>de</strong> quatre grandsaxes:<strong>La</strong> découverte du pré-cinéma :Praxinoscopes– Présentation et expérimentation d’appareils:phénakistiscopes, praxinoscopes, zootropes.– Réalisation <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> praxinoscope.<strong>La</strong>nterne magique– Projection <strong>de</strong> fables et <strong>de</strong> contessur plaques <strong>de</strong> verre du XIX e siècle.– Présentation <strong>de</strong> la lanterne magiqueaux enfants, histoire et fonctionnement<strong>de</strong> l’appareil.– Réalisation <strong>de</strong> vignettes sur transparentset projection du travail réalisé.Production d’images– Réalisation d’un court-métrageen prise <strong>de</strong> vue réelle.– De l’élaboration du scénario au montagedu film.Découverte <strong>de</strong> la collection<strong>de</strong> la CinémathèqueLes films trouvés, inventoriés et répertoriés sontd’excellents objets d’observation. Documents,témoignages, fictions permettent <strong>de</strong> croiser l’histoire,la géographie, l’ethnologie, la sociologie,l’architecture… Ils questionnent sur l’évolution<strong>de</strong> notre société avec, par exemple, la prise <strong>de</strong>conscience <strong>de</strong> notre environnement ou <strong>de</strong> l’emprisedu tourisme sur le mon<strong>de</strong> rural. Commentla petite histoire fait comprendre l’Histoire augré <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong> films et <strong>de</strong>s réflexionspartagées.Marion GrangeInitiation au langage cinématographique– Initiation à l’histoire du cinéma, aux genrescinématographiques, aux métiers du cinéma.– Lecture <strong>de</strong> l’image et analyse <strong>de</strong> films.19
MONUMENTS &Le Pont-<strong>de</strong>-Beauvoisin (<strong>Savoie</strong>)<strong>La</strong> restauration du chœur<strong>de</strong> l’église <strong>de</strong>s CarmesSITES HISTORIQUES1. Francesco, GiuseppeAntonio et Lorenzo.« Questa nota potrebbefar cre<strong>de</strong>re che i <strong>de</strong>ttifreschi siano in parteopera di GiovanniAvondo (1763-1829)ma essi furano invecesoltanto dipinti daifigli suoi. »Sche<strong>de</strong> Vesme, L’Artein Piemonte, dal XVI alXVII secolo, vol. primo.– Torino : SPABA, 1963,p. 58.Ala suite <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> restaurationextérieure qui ont rendu sa dignité àl’église <strong>de</strong>s Carmes, classée Monument historique,si bien insérée dans le paysage (voir <strong>La</strong>Rubrique <strong>de</strong>s patrimoines <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> n° 14,décembre 2004), les travaux intérieurs ontdébuté par le chœur.Cette première tranche donne une bonne idée<strong>de</strong> ce que sera le volume intérieur <strong>de</strong> l’églisequand les crédits peu à peu mis en place aurontpermis <strong>de</strong> mener à son terme sa revalorisationcomplète.<strong>La</strong> simplicité du plan et <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> l’église<strong>de</strong>s Carmes n’a d’égal que son austérité extérieure,mais les proportions amples <strong>de</strong> la nefunique, terminée après <strong>de</strong>ux travées droites <strong>de</strong>chœur par une absi<strong>de</strong> à trois pans et bordéed’un seul bas-côté au Nord, révèlent un espacecalme et équilibré caractéristique <strong>de</strong>s constructionsréalisées par les ordres mendiants à l’épo -que gothique, ici à la fin du XV e siècle.Entièrement voûtée sur croisées d’ogives,éclairée par <strong>de</strong> simples baies doubles percéesdans <strong>de</strong>s murs plats, l’église est ennoblie <strong>de</strong>puisle début du XIX e siècle par un riche décor <strong>de</strong>peintures murales <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> qualité. Elles’intègre ainsi admirablement dans l’histoire <strong>de</strong>l’art savoyard, quand l’époque <strong>de</strong> la Restaurationsar<strong>de</strong> (1815-1860) vient orner avec magnificenceles volumes simples <strong>de</strong> ses sanctuairesanciens ou contemporains.À Pont-<strong>de</strong>-Beauvoisin, ce sont les frères Avondo 1qui sont venus du Valsesia décorer l’ensemble<strong>de</strong> l’église <strong>de</strong> différentes scènes encadrées parun riche réseau flamboyant proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>la Métropole <strong>de</strong> Chambéry.Restauration <strong>de</strong>speintures murales parl’atelier Mériguet-Carrère.20
Dans le chœur qui nous occupe, la voûte estornée <strong>de</strong>s vertus cardinales et <strong>de</strong>s évangélistestandis que les murs portent quatre admirablestableaux représentant <strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> la vie duChrist (la Nativité, la Cène, le Jardin <strong>de</strong>s oliviers,la Descente <strong>de</strong> croix) inspirées du décor réalisépar Gau<strong>de</strong>nzio Ferrari au début du XVI e siècleà Sainte-Marie-<strong>de</strong>s-Grâces <strong>de</strong> Varallo.Ces peintures murales sont accompagnéesd’autres éléments <strong>de</strong> décor intéressants: pierrestombales, autel classique, boiseries et vitraux duXIX e siècle.L’intérieur a subi pendant longtemps les conséquencesd’un manque d’entretien <strong>de</strong>s toitures et<strong>de</strong>s murs auquel ont pallié les récents travaux,et se trouvait très dégradé par les infiltrations etl’humidité ambiante qui ont provoqué le décollementou la chute <strong>de</strong>s enduits, l’encrassementet l’effacement <strong>de</strong>s peintures ou le pourrissement<strong>de</strong>s menuiseries.Sur les bases <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> préalable réalisée parmon prédécesseur Alain Tillier, Architecte enchef <strong>de</strong>s monuments historiques <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>,j’ai conduit les travaux <strong>de</strong> restauration actuels,assisté par Jean-Pascal Duméril et <strong>La</strong>urenceDupont-Montet, la maîtrise d’ouvrage déléguéeétant assurée par la Conservation régionale <strong>de</strong>smonuments historiques en la personne <strong>de</strong>Franck Senant, Ingénieur du patrimoine, pourla commune.C’est l’entreprise Comte qui a assuré les travaux<strong>de</strong> reprise <strong>de</strong>s enduits et du sol, suivie par l’atelierMériguet-Carrère pour les peintures murales,l’Estampille Gauthier et Goutelle pour les menuiserieset l’entreprise Chirpaz pour l’électricité.L’aspect le plus spectaculaire <strong>de</strong> cette restaurationa résidé dans la véritable résurrection dudécor <strong>de</strong> peintures murales dont la fraîcheurintacte <strong>de</strong>s couleurs a réapparu après nettoyageminutieux <strong>de</strong> l’encrassement, consolidation etextraction <strong>de</strong>s sels. Peu d’éléments importantsdu décor avaient heureusement disparu et l’authenticitéest restée complète sur les médaillons<strong>de</strong> la voûte et les tableaux <strong>de</strong>s murs.En médaillon, allégorie <strong>de</strong> la Justice en vertu cardinale.<strong>La</strong> dépose pour restauration <strong>de</strong>s boiseries, dontle revers s’est avéré très attaqué par les vers, apermis <strong>de</strong> découvrir un enfeu médiéval qui apu être mis en valeur après remontage <strong>de</strong>spanneaux <strong>de</strong> noyer.L’autel majeur du XVIII e siècle a retrouvé sa polychromietrès originale <strong>de</strong> divers faux-marbresdégagée sous une triste peinture grise rehaussée<strong>de</strong> bronzine.Enfin, la remise aux normes <strong>de</strong> l’installation électriquepourra, quand les moyens le permettront,se poursuivre par la pose d’un lustre qui viendrailluminer l’un <strong>de</strong>s plus beaux décors peints <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>.Il ne reste plus maintenant qu’à souhaiter queles partenaires <strong>de</strong> l’opération (Ministère <strong>de</strong> laCulture et <strong>de</strong> la Communication, <strong>Conseil</strong> général<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, Région Rhône-Alpes, Europe) puissentai<strong>de</strong>r la commune propriétaire à poursuivreune œuvre <strong>de</strong> longue haleine qui redonne peuà peu son intérêt à ce monument important <strong>de</strong>l’avant-pays savoyard.Jean-François Grange-ChavanisVue du décor peint <strong>de</strong>la voûte du chœur.Détail <strong>de</strong> la Cène.Autel majeur, détail <strong>de</strong> la polychromieen faux marbre retrouvée.2121
M U S É E SACTUALITÉSEspace AluMusée <strong>de</strong> l’aluminiumSitué à Saint-Michel-<strong>de</strong>-Maurienne, au cœur <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> l’Arc,qui a vu naître à la fin du XIX e siècle l’industrialisation <strong>de</strong> l’aluminium,l’Espace Alu vous invite à découvrir la gran<strong>de</strong> aventure mauriennaise etmondiale <strong>de</strong> ce métal, <strong>de</strong> ses origines à ses applications futures.Espace AluMusée <strong>de</strong> l’AluminiumPlace <strong>de</strong> l’Eglise73140 Saint-Michel<strong>de</strong>-MaurienneTél. 04 79 56 69 59Fax 04 79 59 26 42musee@espacealu.frwww.espacealu.frPourquoi <strong>de</strong>s usines d’aluminium en Mau -rienne ? Quels scientifiques ont con tri buéà la découverte <strong>de</strong> l’aluminium ? Quel est sonprocédé <strong>de</strong> fabrication ? Quels en étaient et ensont les usages ? Quels sont les métiers qui luisont liés?C’est à l’Espace Alu, unique musée au mon<strong>de</strong>entièrement consacré à l’aluminium, inauguré le30 novembre 2007, que le public vient chercher<strong>de</strong>s réponses entre amis ou en famille.Divertissant et interactif grâce à <strong>de</strong>s maquettes,<strong>de</strong>s expériences, <strong>de</strong>s jeux, <strong>de</strong>s films et une trèsbelle collection d’objets en aluminium, leparcours <strong>de</strong> visite sur 600 m 2 est adapté à tousles publics : véritable terrain d’aventure scientifiquepour les débutants et lieu d’approfondissementpour les plus experts.L’Espace Alu – Musée <strong>de</strong> l’Aluminium, <strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-Mau rienne, est le premier espacemuséal intégralement consacré à l’histoire dumétal léger, avec une approche pluridisciplinaire:origine géologique, recherche scientifique,procédés techniques, dimension sociale, regardsà la fois sociétal, culturel, littéraire… Espace Alupeut se visiter seul ou en famille : Tubalu, lamascotte du musée propose aux enfants unparcours ludique, ponctué <strong>de</strong> découvertes et <strong>de</strong>manipulations, pour apprendre en s’amusant, àtout âge ! <strong>La</strong> scénographie originale <strong>de</strong> GillesCourat en fait un lieu accueillant où il fait bonse laisser conter l’histoire du « métal blanc… plusléger que le verre » 1 .Apparues à la fin du XIX e siècle dans les Alpes,les usines électro-métallurgiques d’aluminiumont considérablement marqué le territoire, tantdu point <strong>de</strong> vue du paysage que <strong>de</strong>s conséquenceséconomiques et sociales. Pour expliquerle choix <strong>de</strong>s industriels <strong>de</strong> s’implanter enMaurienne, la première partie du parcoursretrace l’histoire <strong>de</strong> la vallée, <strong>de</strong> la préhistoire àson industrialisation, puis <strong>de</strong> sa désindustrialisationà sa reconversion, au moyen d’un dispositifaudiovisuel qui anime une maquetteblanche. D’autres séquences abor<strong>de</strong>nt l’histoire<strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s six usines mauriennaises et lanécessité <strong>de</strong> « dompter les torrents » pourproduire l’indispensable électricité, et mon trentles équipements collectifs mis en place par lesindustriels pour loger et améliorer les conditions<strong>de</strong> vie <strong>de</strong> leurs salariés. Enfin, l’évolution économique<strong>de</strong> l’industrie française <strong>de</strong> l’aluminium,en comparaison avec ses rivales européennes etinternationales, complète l’ensemble.L’escalier <strong>de</strong>s matériaux, gran<strong>de</strong> fresque chronologique,où l’on situe l’apparition <strong>de</strong> l’aluminiumdans l’histoire générale, permet d’arriverdans un superbe décor <strong>de</strong> bauxite – minerainécessaire pour produire l’alumine – où sontalors évoquées les origines géologiques et laquête <strong>de</strong>s scientifiques pour isoler le métal ettrouver <strong>de</strong>s procédés <strong>de</strong> pro duction. Les explicationsallient l’histoire à la technique, <strong>de</strong> façonconviviale et ludique : cubes à tourner, vidéos,rouleaux à ajuster, périscopes… Sainte-ClaireDeville, Héroult et Hall font l’objet <strong>de</strong> dispositifsspécifiques. Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’usine d’électrolyseau XXI e siècle est tout autre : à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>différents médias, dont une maquette <strong>de</strong> cuveAP 30, le visiteur découvre le procédé <strong>de</strong> production<strong>de</strong> l’aluminium et les différentes opérations22 22
générations à venir, l’histoire du métal léger et<strong>de</strong> ses usages mais aussi la mémoire industrielle<strong>de</strong> cette vallée. Lieu <strong>de</strong> vie, un espace a étéréservé pour les expositions temporaires, <strong>de</strong>sateliers pédagogiques sont prévus, tandis queles objets <strong>de</strong>s vitrines seront régulièrementrenouvelés. <strong>La</strong> boutique spécialisée dans l’aluminiumpermet <strong>de</strong> découvrir <strong>de</strong> nombreuxca<strong>de</strong>aux originaux, pour toutes les bourses, etquelques pièces uniques réalisées par <strong>de</strong>sartistes. Le rayon librairie propose entre autre<strong>de</strong>s ouvrages sur le métal léger et sur laMaurienne, ainsi que <strong>de</strong>s cartes postales… enaluminium.Sylvie Bouillar<strong>de</strong>t Florence Hachez-LeroyM U S É E SACTUALITÉS1. Henri Sainte-Claire Deville, Compte-rendus<strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s Sciences, 6 février 1854.nécessaires au fonctionnement <strong>de</strong> la série d’électrolyse.<strong>La</strong> dimension scientifique et techniquen’est pas oubliée: films et manipulations permettentd’appréhen<strong>de</strong>r les caractéristiques du métalet les procédés <strong>de</strong> transformation.L’âge <strong>de</strong> l’aluminium ouvre sur un nouvelunivers, celui <strong>de</strong> l’objet. L’évolution <strong>de</strong> notrequotidien et la rapi<strong>de</strong> progression <strong>de</strong>s usages <strong>de</strong>l’aluminium <strong>de</strong>puis plus d’un siècle et <strong>de</strong>mi sontainsi mises en évi<strong>de</strong>nce par un croisement <strong>de</strong>vitrines thématiques et chronologiques: époqueSainte-Claire Deville, Première guerre mondiale,années Pop, arts <strong>de</strong> la table, électroménager,loisirs, jouets, emballage… <strong>La</strong> collection JeanPlateau-IHA contribue incontestablement à assurerl’étonnement et le plaisir <strong>de</strong>s visiteurs ; elle estbien complétée par la collection <strong>de</strong> l’Espace Alu,enrichie <strong>de</strong>puis quinze ans par <strong>de</strong> nombreuxdons et acquisitions.Enfin, le troisième niveau Au travail ! évoquel’amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> travail dans lesusines d’aluminium, par un spectacle audiovisuelcirculaire. Des témoignages d’anciens salariéset quelques objets symboliques <strong>de</strong> la pro -duc tion du métal sont proposés : tenues <strong>de</strong>cuviste, lingots d’usines étrangères, lingotière,ringart, louche, matériel <strong>de</strong> laboratoire, matérieldu dispensaire <strong>de</strong> l’usine… Les anciens n’oublientpas <strong>de</strong> feuilleter le journal <strong>de</strong>s médaillés.<strong>La</strong> visite se termine par une promena<strong>de</strong> littéraireparmi <strong>de</strong>s occurrences du terme « aluminium »dans la littérature, <strong>de</strong>puis le XIX e siècle, avecJ. Verne, I. <strong>de</strong> <strong>La</strong>utréamont, G. Flaubert, P. d’Ivoi,G. Garcia-Marquez…<strong>La</strong> sortie s’effectue par un magnifique escalieren bois lamellé, doté d’un mât central munid’étagères transluci<strong>de</strong>s, sur lesquelles sont disposées<strong>de</strong>s séries d’objets donnés, pour la plupart,par les habitants <strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-Maurienneet <strong>de</strong> ses environs. L’accumulation, réussie,souligne la gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> forme d’un objetaussi simple que le pot à lait, la casserole ou lacafetière en aluminium.Espace Alu n’est pas voué à la nostalgie: sa vocationest <strong>de</strong> transmettre, <strong>de</strong> façon dynamique, auxEn 1992, <strong>de</strong>s passionnésd’histoire locale etd’aluminium travaillantla plupart à l’usinePechiney <strong>de</strong> Saint-Jean<strong>de</strong>-Mauriennefon<strong>de</strong>ntl’AMMA (Association duMusée Mauriennais <strong>de</strong>l’Aluminium) dans lebut <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r lamémoire industrielle <strong>de</strong>la vallée. Pendantplusieurs années,l’association rassemble<strong>de</strong>s documents, <strong>de</strong>sarchives, <strong>de</strong>s objets…pour finalement réussirà constituer une impor -tante collection liée àl’histoire industrielle<strong>de</strong> la vallée.Porteur d’un projet <strong>de</strong>valorisation <strong>de</strong> cepatrimoine et <strong>de</strong>développement <strong>de</strong>l’offre touristique <strong>de</strong> lavallée, l’association semet alors à la recherched’un partenaire suscep -tible d’en assurer lamaîtrise d’ouvrage.A gauche, presse-citron, créé parPhilippe Starck, XX e siècle.A droite, paire <strong>de</strong> jumelles <strong>de</strong> théâtreen aluminium chimique, objet <strong>de</strong> luxe,XIX e siècle (coll. Jean Plateau).En 1999, le conseilmunicipal <strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-Maurienne(3000 habitants), sous laresponsabilité <strong>de</strong> sonmaire Félix Anselme,déci<strong>de</strong> d’étudier ceprojet. Un groupe <strong>de</strong>réflexion est alors misen place. Un comitéscientifique est constitué(l’Institut pour l’Histoire<strong>de</strong> l’Aluminium, leConservatoire <strong>de</strong>s Artset Métiers, la Conserva -tion départementale duPatrimoine, le CCSTI <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>, l’usine Alcan <strong>de</strong>St-Jean-<strong>de</strong>-Maurienne,l’association Solid’ArtMaurienne, l’AMMA),chargé du choix <strong>de</strong>sgran<strong>de</strong>s orientations, <strong>de</strong>la définition du projet et<strong>de</strong>s diverses validations(opportunité, faisabilité,programmation…) etune étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faisabilitéest lancée.L’Espace Alu ouvrefinalement ses portes23au public en octobre2007 grâce à un soutienfinancier <strong>de</strong> l’Europe(LEADER +, OBJECTIF 2),du <strong>Conseil</strong> régionalRhône-Alpes, du <strong>Conseil</strong>général <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, <strong>de</strong>l’Etat (FNADT), <strong>de</strong> laCommunauté <strong>de</strong>communes Maurienne-Galibier, mais également<strong>de</strong> l’usine Alcan <strong>de</strong>St-Jean-<strong>de</strong>-Maurienne,<strong>de</strong> la Fondation duCrédit Agricole et <strong>de</strong>EDF unité <strong>de</strong> produc tionAlpes et <strong>de</strong> l’auto -financement <strong>de</strong> laCommune <strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-Maurienne.L’Espace Alu est géré endirect par la commune<strong>de</strong> Saint-Michel-<strong>de</strong>-Maurienne.
M U S É E SACTUALITÉSNotes1. A partir <strong>de</strong> lacollection personnelle<strong>de</strong> Marguette Bouvier(archives photographi -ques, articles <strong>de</strong> presse,correspondance…) miseà disposition du MuséeAlpin par sa fille, Cisca<strong>de</strong> Ceballos.2. Les Poésies <strong>de</strong>Mallarmé illustrées parMatisse (1932), LesChants <strong>de</strong> Maldoror duComte <strong>de</strong> <strong>La</strong>utréamontillustrés par Dali (1934),et le Florilège <strong>de</strong>s Amours<strong>de</strong> Ronsard illustré parMatisse (1948) dont unemaquette annotée parl’artiste est présentéedans l’exposition (Coll.Marguette Bouvier).3. Marguette Bouvier,Maillol, éd. Marguerat,<strong>La</strong>usanne, 1945. Aristi<strong>de</strong>Maillol est représentédans l’exposition par« Femme <strong>de</strong>bout »,sculpture en bronzeprêtée par le Musée <strong>de</strong>Grenoble.4. <strong>La</strong> Fondation PierreGianadda a prêté pourl’exposition Le port <strong>de</strong>Collioure <strong>de</strong> HenriMatisse et <strong>La</strong> jeune filleet le Minotaure <strong>de</strong> HansErni. Grâce à l’interven -tion <strong>de</strong> M. LéonardGianadda, une peinture<strong>de</strong> Raoul Dufy et <strong>de</strong>ux<strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> Jean Cocteauappartenant à <strong>de</strong>s col -lec tionneurs privés ontcomplété l’ensemble.Marguette Bouvieralpiniste, journaliste, critique d’art, reporter <strong>de</strong> guerre…Histoire d’une vieVice-championne du mon<strong>de</strong> en ski et première femme à skier sur le Mont-Blanc,vice-championne <strong>de</strong> France en patinage, aviatrice et première civile européenneà se poser dans le désert marocain, journaliste sportive, reporter <strong>de</strong> guerreet critique d’art, Marguette Bouvier a fêté en 2008 sont centième anniversaire.Pour marquer l’événement le Musée Alpin <strong>de</strong> Chamonix a conçu et réalisé 1une exposition qui retrace le parcours atypique <strong>de</strong> cette femme étonnante etcomplète : l’histoire d’une vie captivante dédiée au sport et à l’art.Marguette Bouvier est née en Algériele 25 août 1908, issue d’une famillebourgeoise et cultivée. Son père, ingénieur agronome,est un passionné d’alpinisme et luiinculque les valeurs du sport. Sa mère, miniaturiste,élève <strong>de</strong> Gustave Moreau et amie <strong>de</strong>Matisse, lui transmet sa passion pour l’art. Dès1913, sa jeunesse s’écoule à Chamonix, entre unenseignement bilingue à domicile et l’apprentissage<strong>de</strong>s sports <strong>de</strong> montagne.En 1924, Marguette Bouvier suit <strong>de</strong> près la préparation<strong>de</strong>s premiers Jeux Olympiques d’hiver auxcôtés <strong>de</strong> Roger Frison-Roche ; elle rencontre lechampion <strong>de</strong> ski polonais Henri Mückenbrunnqui l’initie au saut tandis que son père l’entraîneau patinage. En 1928, elle participe au ChampionnatInternational <strong>de</strong> ski et se classe secon<strong>de</strong>en fond. Déçue, elle s’attaque l’année suivanteau Championnat <strong>de</strong> France <strong>de</strong> patinage encouple avec Charles Sabouret et obtient encorela secon<strong>de</strong> place. Le 5 février 1929, elle se lanceun nouveau défi et part pour le Mont-Blanc avecArmand Charlet, bravant les débris d’une ava -lanche <strong>de</strong> glace, un vent violent et un froi<strong>de</strong>xtrême: on suit d’en-bas, avec <strong>de</strong>s jumelles, legui<strong>de</strong> confirmé qui emmène une jeune fille <strong>de</strong>En Coco Chanel au Palais <strong>de</strong>s Glaces.vingt ans réaliser, au cœur <strong>de</strong> l’hiver, la première<strong>de</strong>scente féminine à ski du géant <strong>de</strong>s Alpes.En-<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> son parcours sportif, qu’elle poursuivrajusqu’en 1935, Marguette Bouvier sepassionne pour les Beaux-arts. C’est à l’issued’une conférence sur John Ruskin, donnée àChamonix par le compositeur Ignace Pa<strong>de</strong>rewski,qu’elle déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa vocation <strong>de</strong> critique d’art.En 1928, sur les conseils <strong>de</strong> Matisse, elle entre àl’Ecole du Louvre. Elle travaille conjointementcomme pigiste pour le quotidien Le Journal.Avec Henri Matisseà Vence en 1943.24
Avec Pierre Bonnard au Canet en 1942.Diplômée en 1932, elle se voit offrir un posted’assistante auprès <strong>de</strong> Robert Rey, alors conservateurdu Palais <strong>de</strong> Fontainebleau, mais sarencontre avec Albert Skira l’en détourne etmarque un véritable tournant dans sa vie.Sa collaboration avec la prestigieuse maisond’édition va permettre à Marguette Bouvier <strong>de</strong>tisser <strong>de</strong>s liens avec les gran<strong>de</strong>s figures artistiqueset littéraires <strong>de</strong> l’époque. Aux côtés d’AlbertSkira, elle participe à la publication <strong>de</strong> plusieursouvrages <strong>de</strong> grand luxe illustrés par Matisse etDali 2 ainsi qu’au lancement, en 1933, <strong>de</strong> la revueMinotaure où le mouvement surréaliste occuperaune place prépondérante. De 1944 à 1946,elle collabore au journal <strong>La</strong>byrinthe conçu parAlbert Skira et Alberto Giacometti pour faire suiteà Minotaure dont la publication est interrompuepar la guerre. Pendant le conflit, MarguetteBouvier rencontre plusieurs artistes: Frida Kahloen 1939, Vlaminck et Braque en 1942 puis, en1943, Oscar Dominguez. Cette même année, ellese rend trois fois à Banyuls, chez Aristi<strong>de</strong> Mailloldont elle admire le travail. De ses entretiens avecl’artiste naissent une série d’articles et un ouvragerétrospectif <strong>de</strong> son œuvre 3 . Nommée attachée<strong>de</strong> presse par le général <strong>de</strong> <strong>La</strong>ttre <strong>de</strong> Tassignyen 1944, Marguette Bouvier <strong>de</strong>vient reporter <strong>de</strong>guerre, couvrant la libération <strong>de</strong> Strasbourg auxcôtés du colonel Berger (André Malraux), puiscelle <strong>de</strong> Colmar auprès du général Schlesser.Après la guerre, à partir <strong>de</strong> 1946, MarguetteBouvier mène une vie itinérante entre la France,l’Espagne et la Suisse. Animée tout au long <strong>de</strong>son existence par une indéfectible curiosité, ellepoursuit sa carrière <strong>de</strong> journaliste pendant plusd’un <strong>de</strong>mi-siècle en s’intéressant à tous lesdomaines <strong>de</strong> la création artistique (Beaux-arts,littérature, danse, haute couture…). Entre 1989et 2003, elle se réinstalle à Chamonix où elledonne <strong>de</strong> nombreuses conférences et interviewspour promouvoir les expositions <strong>de</strong> la FondationPierre Gianadda <strong>de</strong> Martigny dont elle est,<strong>de</strong>puis sa création en 1978, une fervente ambassadrice4 . Aujourd’hui, après cent ans d’une vieriche en rencontres extraordinaires et en événementssinguliers, Marguette Bouvier vit à Madrid,entourée <strong>de</strong> sa famille.Catherine PolettiExpositionMarguette Bouvier,histoire d’une vieMusée Alpin<strong>de</strong> Chamonix89 avenue Michel Croz(zone piétonne)Tél. 04 50 53 25 93Fax 04 50 53 96 14Musee-alpin@chamonix-mont-blanc.frExpositiondu 20 décembre 2008à mai 2009,tous les jours,<strong>de</strong> 14h à 19h, et <strong>de</strong>10h à 12h pendant lesvacances scolaires.Dossier <strong>de</strong> presse<strong>de</strong> l’exposition sur<strong>de</strong>man<strong>de</strong>.A gauche, <strong>de</strong>vant sonFarman 402 en 1936.Ci-<strong>de</strong>ssous, avecAristi<strong>de</strong> Maillol àBanyuls en 1943.Avec Armand Chalet au Mont-Blanc en 1929.25
M U S É E SDrôles <strong>de</strong> mines !Dessins <strong>de</strong>s musées <strong>de</strong> ChambéryACTUALITÉSAlbert Duraz,<strong>de</strong>ssin préparatoire pourun bijou (1983), crayonrehaussé <strong>de</strong> gouache surpapier mécanique.Fort <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 5500 pièces, le fonds d’artgraphique <strong>de</strong>s musées <strong>de</strong> Chambéry estune source considérable <strong>de</strong> renseignements et<strong>de</strong> trésors conservés sauf exception à l’abri duregard <strong>de</strong>s visiteurs. Seuls quelques connaisseurset chercheurs y ont recours lorsque par exemple<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sont entreprises afin le plus souvent<strong>de</strong> mener à bien un choix d’illustration en vued’une publication. Discrètement mentionnée, lasource <strong>de</strong>s images d’un ouvrage est bien souventreléguée en <strong>de</strong>rnière page <strong>de</strong> l’ouvrage, accessibleaux seuls passionnés et curieux.Portrait <strong>de</strong> Charles-Emmanuel I er , duc<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, attribuéà Thierry Bellange,pointe <strong>de</strong> plomb, pointed’or (?) et pierre noiresur parchemin.Si ces fonds sont trop méconnus du grandpublic, les raisons essentielles <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong> faitproviennent <strong>de</strong> leur conservation extrêmementdélicate; les effets <strong>de</strong> la lumière sur les papierssont très néfastes à tel point que la Direction <strong>de</strong>sMusées <strong>de</strong> France tout comme celle <strong>de</strong>s Archivesou <strong>de</strong>s Bibliothèques recomman<strong>de</strong> instamment<strong>de</strong> ne pas exposer à plus <strong>de</strong> cin quante lux lespapiers durant une durée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à trois moismaximum et préconise, suite à cette exposition,une conservation à l’abri <strong>de</strong> toute source lumineusependant au moins <strong>de</strong>ux ans. Ces directivesincitent donc les lieux <strong>de</strong> conservation àne pas exposer ou le moins possible les fondsd’estampes afin <strong>de</strong> les conserver dans l’état leplus satisfaisant possible pour les générations àvenir.Sortie du théâtre <strong>de</strong> Chambéry en 1914,Emile Marmet, pastel sur carton.Pourquoi cette mise en lumière <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins?<strong>La</strong> volonté <strong>de</strong>s musées <strong>de</strong> Chambéry a été <strong>de</strong>faire découvrir au public, <strong>de</strong>s richesses insoupçonnéesconservées en réserves. Ainsi plus d’unecentaine <strong>de</strong> pièces seront présentées au Muséesavoisien durant un peu plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois. Leplus souvent exposées pour la première fois,toutes ces œuvres originales sont pour la plupartexceptionnelles. Si la sélection fut drastique, leschoix qui ont présidé, ont été déterminés par lavolonté <strong>de</strong> répondre à <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s problématiquesauxquelles est confronté quiconque sepenche sur une telle collection: qu’est-ce qu’un<strong>de</strong>ssin ? Et à quoi sert un <strong>de</strong>ssin ou pourquoi a-t-il été réalisé ?En effet, estampe, gravure, lithographie, <strong>de</strong>ssin,aquarelle, fusain, eau-forte, aquatinte, héliogravure,mais aussi crayon, pointe sèche, burin,manière noire, encre, gouache, mine <strong>de</strong> plomb,plume, sanguine, lavis, rehaut, craie, et biend’autres sont <strong>de</strong>s techniques qui déconcertent leprofane <strong>de</strong>vant un cabinet d’art graphique. Dela même manière pour les supports, bien <strong>de</strong>stermes spécialisés apparaissent : parchemin,papier vergé, papier mécanique, toile, pour n’enciter que quelques-uns. Sans parler <strong>de</strong> toutes lesinventivités <strong>de</strong>s artistes qui ne manquent jamais<strong>de</strong> mêler plusieurs techniques, supports etmo<strong>de</strong>s d’expression au sein d’une même réalisation.Dans le fonds d’art graphique, après avoirdéterminé et analysé avec précision les supportset techniques <strong>de</strong>s oeuvres, il a été possible <strong>de</strong>répartir les pièces en <strong>de</strong>ux grands domaines: lesestampes et les <strong>de</strong>ssins. Les premières, issues leplus souvent d’une série <strong>de</strong> multiples, regroupentenviron les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> la collection, alorsque les seconds, les <strong>de</strong>ssins, sont <strong>de</strong>s œuvresplus originales par leur caractère unique. Ilsreprésentent bien évi<strong>de</strong>mment une plus faiblepart mais restent pour la plupart très exceptionnelstel le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> Charles Le Brun (1619-1690),ou l’aquarelle <strong>de</strong> Georges Seurat (1859-1891),ou encore ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>ssins sur parchemin attribuésà Thierry Bellange (1613-1680).26
Ce fonds fut constitué principalement à la fin duXIX e siècle, grâce notamment à l’appel aux donssuggéré par le directeur du musée. En effet, uneà <strong>de</strong>ux fois par an, Benoît Molin (1810-1894),conservateur <strong>de</strong> 1850 à sa mort, par voix <strong>de</strong>presse faisait appel à <strong>de</strong> généreux donateurs sur<strong>de</strong>s thématiques précises telles que l’iconographie<strong>de</strong>s Savoyards, la Maison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, leshommes illustres, les sites régionaux… Ainsi en1886, pas moins <strong>de</strong> 132 gravures, estampes et<strong>de</strong>ssins entrèrent dans les collections du muséeà titre gracieux. Mais outre cette pério<strong>de</strong> particulière,la collection a continué à se constituerau cours <strong>de</strong>s décennies. Encore en 2006, quatrenouvelles pièces ont été acquises à l’occasion<strong>de</strong> l’exposition Gabriel Loppé suite à la découverte<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins préparatoires aux gravures quenotre collection conservait.S’échelonnant du XVII e au XX e siècle, l’essentieldu fonds <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins appartient toutefois à l’art duXIX e. siècle. Sa caractéristique essentielle rési<strong>de</strong>dans le fait qu’il est constitué <strong>de</strong> fonds d’atelierdonnant une gran<strong>de</strong> cohérence à certainsensembles constitués soit autour d’un artiste telAlbert Duraz (1926-2004) qui fut un orfèvre et quidonna à Chambéry une partie <strong>de</strong> sa collection <strong>de</strong>bijoux avec les <strong>de</strong>ssins préparatoires à ses créations,soit autour d’une provenance comme lesrécoltes organisées par les conservateurs du muséeà la fin du XIX e siècle, soit d’une pério<strong>de</strong> historiqueou littéraire.Chantal Fernex <strong>de</strong> MongexM U S É E SACTUALITÉSJoseph Massotti (1766-1842), tabouret et litpour servir les mala<strong>de</strong>s,plume et lavis d’encreavec aquarelle surpapier vergé.Rendre l’ensemble <strong>de</strong> la collectionaccessible au publicTous les « musées <strong>de</strong> France » sont dans l’obligationd’ici 2014 <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à un récolement <strong>de</strong> leurscollections et <strong>de</strong> leurs oeuvres, une première dansleur histoire. Dans cette perspective, les musées <strong>de</strong>Chambéry ont entrepris <strong>de</strong>puis 2006 d’engager cetteopération autour <strong>de</strong> la collection d’art graphique.Plusieurs actions ont été ainsi conduites autour <strong>de</strong>ces presque 6000 pièces <strong>de</strong> collection, un inventaire,une prise <strong>de</strong> photographie numérisée systématiquemais aussi une état sanitaire, un conditionnementet <strong>de</strong> multiples autres opérations afin<strong>de</strong> rendre leur informatisation complète et opérationnellepour une meilleure connaissance du fondset surtout sa mise à disposition auprès public via lesbases <strong>de</strong> données nationales par le reversement <strong>de</strong>toutes ces informations. Ainsi, une restitution seraofferte au public pour la première fois au sein même<strong>de</strong> l’exposition par la mise en place d’outils informatiquespermettant d’interroger la première version<strong>de</strong> cette base <strong>de</strong> données. Ainsi, si seule unecentaine <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins est exposée lors <strong>de</strong> la manifestationau musée, l’ensemble du fonds sera mis àdisposition grâce à l’outil informatique, sorte <strong>de</strong> cataloguevirtuel avec <strong>de</strong>scriptif et clichés numériques.Scène antique aux <strong>de</strong>ux soldats, Charles Lebrun,lavis d’encre noire sur préparation à la pierrenoire sur papier vergé.Le dôme du Mont-Blanc et l’aiguille du Goûter, près <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Chamonix,1807-1809, Elisabeth Vigée-Lebrun, pastel sur papier vergé.Quelques exemplesLe fonds MassottiConstitué d’une séried’aquarelles datées <strong>de</strong>sannées 1813-1816,Joseph Massotti (1766-1842), originaire <strong>de</strong>Parme nous faitparcourir la ville <strong>de</strong>Chambéry, avec sesvues en perspectiveparsemées <strong>de</strong> détailsanecdotiques etpittoresques. Mêlant lacraie et l’aquarelle, maisaussi la gouache avecl’encre et le trait à laplume, il réalise <strong>de</strong>splans d’architectesagrémentés <strong>de</strong> vuesen perspective et <strong>de</strong>coupes. Ces œuvressont <strong>de</strong>s témoignageshistoriques d’une qualitéremarquable du point<strong>de</strong> vue architecturaltandis que les détails <strong>de</strong>la vie quotidienne qu’ildissémine dans cescompositions, leurconfèrent un charmenostalgique trèsparticulier. Mais le talent<strong>de</strong> cet architecteingénieur <strong>de</strong> la Ville sediversifie selon sesoeuvres. Décorateur etscénographe, Massottiinvente <strong>de</strong>s formesnouvelles tant pour lesdécors que pour sesrêves d’architectes. Dela génération <strong>de</strong>s grandsutopistes du début duXIX e siècle, Massottiimagine <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong>bâtiments gigantesquestant pour <strong>de</strong>s palaisarchiépiscopaux quepour <strong>de</strong>s théâtres.Pragmatique, il réaliseaussi <strong>de</strong> très bellesplanches illustrées avec<strong>de</strong> nouveauxmécanismes, ustensilesou mobilier tel ce litinclinable à volontépour les mala<strong>de</strong>s.Le fonds SeurreSculpteurs à Paris, les<strong>de</strong>ux frères Seurre,Gabriel-Bernard (1795-1867) et Charles-Emile(1798-1858) ont obtenule Prix <strong>de</strong> Romerespectivement en 1818et 1824. Intimement liésl’un à l’autre, ils ontlaissé la trace <strong>de</strong> leurstravaux souventélaborés <strong>de</strong> concertdans les collections dumusée. Pas moins <strong>de</strong>180 <strong>de</strong>ssins illustrentleur activité autour <strong>de</strong>grands projets parisienstel que l’Arc <strong>de</strong>Triomphe ou laFontaine Molière,témoignant ainsi duprocessus <strong>de</strong> créationen vue <strong>de</strong> la réalisationd’œuvres monu -mentales. S’inscrivantpleinement dans lapolitique <strong>de</strong>scomman<strong>de</strong>s publiquesétatiques, notammentdans la diffusion <strong>de</strong> lalégen<strong>de</strong> napoléonienne,ces <strong>de</strong>ssins nous fontaussi découvrir toutleur intérêt envers lesparticuliers à traversla création <strong>de</strong> bustes,tombeaux et chapellesprivées.27
INVENTAIRETrésor, splen<strong>de</strong>ur et folie !le décor dans l’architecture aixoiseACTUALITÉSCi-<strong>de</strong>ssus, cariati<strong>de</strong>en ciment <strong>de</strong> l’ancienhôtel <strong>de</strong>s Bergues.Ci-<strong>de</strong>ssous, vitrail <strong>de</strong> lacage d’escalier, ancienhôtel Excelsior.1. « L’inventaired’Aix-les-Bains »,<strong>La</strong> <strong>rubrique</strong> <strong>de</strong>spatrimoines <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,n° 13, juin 2004, p. 5.Cette exposition abénéficié <strong>de</strong> prêtsexceptionnels <strong>de</strong>sarchives privées <strong>de</strong>l’entreprise Léon Grosse,<strong>de</strong>s Thermes nationaux,<strong>de</strong> l’association <strong>de</strong>sAmis <strong>de</strong>s palacesRossignoli, <strong>de</strong> la sociétéLes carrelages du Vieux-Lyon, <strong>de</strong>s Archivesmunicipales d’Aix-les-Bains, ainsi que <strong>de</strong> laparticipation du muséeFaure, <strong>de</strong> la Sociétéd’Art et d’Histoire d’Aixles-Bainset <strong>de</strong>l’association le Fil <strong>de</strong>l’Eau.Un catalogue <strong>de</strong>l’exposition édité parla Société d’Art etd’Histoire d’Aix-les-Bains est en vente auxArchives municipales,2 rue <strong>La</strong>martine et dansles librairies d’Aix-les-Bains. Art&mémoire,hors série n°51, 5 eurosEntre 1850 et la Secon<strong>de</strong> guerremondiale, la ville thermale d’Aix-les-Bains s’est dotée, à travers sesétablissements thermaux, son casino,ses grands hôtels, ses palaces, ses villas<strong>de</strong> villégiature…, d’un patrimoineparticulièrement riche dans lequell’ornementation tient une large place.L’exposition <strong>de</strong> l’Inventaire dupatrimoine entend présenter lesdifférentes formes que peut prendre ledécor <strong>de</strong>s édifices aixois tant du point<strong>de</strong> vue stylistique que technique.Par convention signée le 30 décembre2002, l’Etat (DRAC Rhône-Alpes) et la Villed’Aix-les-Bains ont lancé l’inventaire topographiquedu patrimoine architectural <strong>de</strong> la ville 1 .Depuis le 1 er janvier 2005, la Région s’est vutransférer les compétences en matière d’Inventairedu patrimoine culturel et s’est substituée àl’Etat dans le cadre <strong>de</strong> cette convention. L’inventaire,effectué par celle par parcelle, alimenteles bases <strong>de</strong> données du ministère <strong>de</strong> la Cultureconsultables sur Internet. <strong>La</strong> documentation,entièrement numérique et géoréférencée surle cadastre numérisé <strong>de</strong> la ville, est égalementen ligne sur le site <strong>de</strong> l’Inventaire aixois :www.patrimoine-aixlesbains.frSans prétendre présenter un inventaire exhaustifdu décor dans l’architecture aixoise, l’expositionconçue à l’occasion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières Journées européennesdu patrimoine vise à mieux faireconnaître <strong>de</strong>s éléments d’un patrimoine parfoisoublié, voire menacé <strong>de</strong> disparaître. S’inscrivantdans le thème national « patrimoine et création »,l’exposition Trésor, splen<strong>de</strong>ur et folie ! a étéprésentée pour la première fois au musée Fauredu 19 septembre au 6 octobre 2008.Le décor dans l’architecture aixoiseAu milieu du XIX e siècle, l’activité thermale prendson envol. Aix-les-Bains <strong>de</strong>vient une ville d’eauxinternationale où se retrouve la haute société.Pour satisfaire cette clientèle exigeante, la villese dote d’une parure monumentale. Les capitauxviennent <strong>de</strong> Lyon, <strong>de</strong> Genève ou <strong>de</strong> plus loinencore et alimentent une nouvelle industrie hôtelière.Hôtels, palaces et villas <strong>de</strong> villégiature semultiplient et rivalisent <strong>de</strong> luxe et d’apparat. Sousla IIIe République, l’activité constructive est telleque se créent <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> travaux trèsimportantes comme celle que fon<strong>de</strong> LéonGrosse, qui a acquis <strong>de</strong>puis une dimension nationalemais dont le siège sociale <strong>de</strong>meure encoreaujourd’hui à Aix-les-Bains. Ce remarquable essorarchitectural et urbain s’accompagne <strong>de</strong> trèsnombreuses réalisations artistiques.<strong>La</strong> richesse du patrimoine architectural <strong>de</strong> la findu XIXe siècle et du début du XX e siècle tient àla diversité <strong>de</strong>s références stylistiques qu’il a sujuxtaposer. A l’intérieur, les salons adoptent lestyle Louis XV ou Louis XVI, les halls se parent<strong>de</strong> colonnes ou pilastres aux chapiteaux doriques,corinthiens, ioniques. De plus, la mise en œuvre<strong>de</strong> nouveaux matériaux comme le fer ou lebéton, et le recours à <strong>de</strong> nouvelles techniquescontribuent à créer une architecture dans laquelleles multiples apports du passé et les innovationsformelles cohabitent librement. Les édifices, déjàdifférents dans leur forme, leur caractère ou leur<strong>de</strong>stination, font également appel à une gran<strong>de</strong>variété <strong>de</strong> matériaux pour leur décor.Frise <strong>de</strong> chimères(détail), Musée Faure.28
Le ciment occupe une place croissante dans ladécoration <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s et se substitue progressivementà la pierre. Il peut lui-même êtresculpté comme n’importe quelle pierre tendre,tel qu’on le voit sur l’entrée d’un immeuble,23 avenue Charles-<strong>de</strong>-Gaulle : les assises <strong>de</strong>pierres <strong>de</strong> taille calcaire, simplement dressées,alternent avec <strong>de</strong> fausses pierres en ciment quielles seules sont sculptées. L’œil averti du chercheurpeine d’ailleurs parfois à distinguer le vrai<strong>de</strong> la copie. Cependant, la plasticité du cimentle <strong>de</strong>stine plus spécialement au mo<strong>de</strong>lage et aumoulage. Le faible coût du moulage favorise l’apparitiond’ornements préfabriqués (frontons,encadrements, cordons, corniches, cartouches…)qui se prêtent ensuite à <strong>de</strong>s compositionsmultiples. Dans le <strong>de</strong>rnier quart du XIX e siècle,le ciment va être à l’origine d’un nouvel artisanatdécoratif, la rocaille. Cet art <strong>de</strong> l’illusion consisteà dissimuler le ciment sous l’apparence d’unmatériau traditionnel comme le bois. <strong>La</strong> rocaillese retrouve surtout dans les aménagements <strong>de</strong>jardin pour créer escaliers, rampes et gar<strong>de</strong>corps,jardinières, bancs et tables en faux-bois,mais aussi kiosques et abris <strong>de</strong> jardin supportéspar <strong>de</strong> faux-tronc d’arbres. Le rocailleur imiteégalement le rocher et la pierre dans <strong>de</strong>s escaliers,<strong>de</strong>s fontaines et bassins ou encore <strong>de</strong>sgrottes avec stalactites.A côté d’éléments architectoniques et <strong>de</strong> sculpturesen pierre ou en ciment, les faça<strong>de</strong>s s’ornent<strong>de</strong> carreaux <strong>de</strong> céramique, <strong>de</strong> mosaïque ou<strong>de</strong> peinture. Les textes ou représentationsanciennes témoignent <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> la peinturemurale dans la décoration <strong>de</strong>s édificesaixois. Son emploi en faça<strong>de</strong> semble réservépresque exclusivement aux villas <strong>de</strong> villégiature.En 1893, l’ingénieur turinois, Paul Chevalley,choisit <strong>de</strong> peindre entièrement la villa <strong>de</strong> laGrimottière d’un faux appareil animé <strong>de</strong> frisesgéométriques dans le style <strong>de</strong>s villas italiennes.Un décor semblable, actuellement peu lisible,orne en 1896, l’annexe Cléry dépendant duchalet Charcot. Le plus souvent, le décor se limiteà une frise placée sous l’avant-toit, comme à lavilla <strong>de</strong>s Chimères, actuel musée Faure. A l’intérieur,la peinture couvre les voûtes, les plafondset les murs ou, en touches plus légères, court enfrises au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s plinthes, s’insère dans <strong>de</strong>scadres stuqués pour orner <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssus-<strong>de</strong>-porteou imiter <strong>de</strong>s tableaux. Mais, telle la voûte peinte<strong>de</strong>s anciens thermes <strong>de</strong> Marlioz (1860), mêlantmédaillons en camaïeu, arabesques (rinceaux,entrelacs, acanthes) et grotesques (animauxfantastiques, chimères), nombre <strong>de</strong> ces décorsont aujourd’hui disparu.<strong>La</strong> ferronnerie occupe également une place privilégiéedans la décoration <strong>de</strong>s édifices d’Aix-les-Bains, du moins jusqu’à la Secon<strong>de</strong> guerremondiale. Elle est utilisée pour les portails et lesgrilles <strong>de</strong> clôture, se déploie sur les balcons, lesgar<strong>de</strong>-corps, les portes d’entrée ou les marquiseset, à l’intérieur, orne les cages d’ascenseur, lesrampes d’escalier ou encore les gar<strong>de</strong>-corps <strong>de</strong>satriums <strong>de</strong>s grands-hôtels. Rares sont les faça<strong>de</strong>s<strong>de</strong>s palaces, comme <strong>de</strong>s maisons individuelles,qui n’y recourent pas, et dans bien <strong>de</strong>s cas, laferronnerie constitue l’essentiel du décor. L’emploi<strong>de</strong> la ferronnerie sur les immeubles aixoisest particulière. En effet, dans la plupart <strong>de</strong>s cas,les décors <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>-corps <strong>de</strong>s balcons varientsur une même faça<strong>de</strong>, d’un étage à l’autre, sanshiérarchie ni raison apparente, si ce n’est celled’éviter la monotonie. Les atriums <strong>de</strong>s hôtelsadoptent aussi ce parti décoratif. Autour <strong>de</strong> 1900,c’est souvent à travers elle que s’exprime l’Artnouveau. Les lignes courbes et sinueuses, sicaractéristiques du « style coup <strong>de</strong> fouet », seretrouvent dans <strong>de</strong> remarquables ferronneriesextérieures, notamment le long du boulevard <strong>de</strong>la Roche du Roi.En outre, l’Art nouveau, par l’intérêt qu’il porteà la lumière, favorise un nouvel essor du vitrailqui fait sa réapparition dans les constructionsciviles après avoir été presque exclusivementréservé aux églises durant tout le XIXe siècle.Nombre <strong>de</strong> vitraux aixois sont restés anonymes,comme ceux <strong>de</strong> l’hôtel Astoria qui garnissent lesbaies <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s guirlan<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fruits et fleurs(1904) et celui <strong>de</strong> la cage d’escalier <strong>de</strong> l’ancienhôtel Excelsior (1906).Cabine <strong>de</strong> luxe <strong>de</strong>s thermes Pétriaux.Mosaïque, entreprise Gentil et Bour<strong>de</strong>t.Mosaïque <strong>de</strong> la salle<strong>de</strong> jeux du CasinoGrand-Cercle, AntonioSalvati, mosaïste.Villa Bagatelle,verrière <strong>de</strong> la caged’escalier (détail),Lucien Bégule.29
INVENTAIREACTUALITÉSExpositiondu 12 janvierau 17 avril 2009Espace Rhône-Alpes,60, boulevard duPrési<strong>de</strong>nt WilsonAix-les-BainsAccès libredu lundi au vendredi<strong>de</strong> 13h30 à 17hLes artistes et les décorateurs abor<strong>de</strong>nt naturellementle thème <strong>de</strong> l’eau à l’origine <strong>de</strong> la villeet <strong>de</strong> sa prospérité. L’Art nouveau sème sur lescéramiques <strong>de</strong>s salles d’eau <strong>de</strong>s grands hôtels,<strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> libellules, <strong>de</strong> coquillages, d’algueset <strong>de</strong> nénuphars. Le thème <strong>de</strong> l’eau est encoreprésent dans les années Trente. Les mouvements<strong>de</strong> courbes du jet d’eau ou <strong>de</strong> la fontaine styliséese retrouvent dans les ferronneries. Ces décorsoffrent <strong>de</strong> nombreuses variations d’un thèmeclassique propre à l’Art déco français mais prennentici, dans une station thermale, une dimensionsymbolique.Sans surprise, ce sont les <strong>de</strong>ux « poumons » <strong>de</strong>la ville d’eaux, les Thermes nationaux et leCasino Grand-Cercle, qui concentrent les plusbelles réalisations signées par les artistes les plusrenommés. En 1883, pour les mosaïques quiAncien hôtel Excelsior, ferronerie Art nouveau<strong>de</strong> la cage d’ascenseur.Marquise Artnouveau, ancien hôtelBernascon.Détail d’un oculus,thermes Chevalley.L’exposition s’articuleautour <strong>de</strong> 7 thématiques:– Du néoclassicisme àl’éclectisme 1850-1900– Un répertoire déco -ratif renouvelé (Artnouveau/Art déco)1900-1930– Tendance du décorintérieur entre 1880 et1914– Les fastes décoratifsdu casino– L’eau et ses images:le décor <strong>de</strong>s thermes– L’eau et ses images:le décor d’une villethermale– Le retour du décordans l’architecturecontemporaine.Chaque partie est illus -trée par un panneau <strong>de</strong>présentation avecphotos, par <strong>de</strong>s docu -ments originaux (<strong>de</strong>ssin,plan, papier à en-tête),par <strong>de</strong>s tirages photosencadrés et, danscertains cas, par <strong>de</strong>sœuvres originales(fragment <strong>de</strong> stuc,verrière, céramique,carreau <strong>de</strong> sol).Par <strong>de</strong>s fiches mises àdisposition, le visiteurpeut égalementdécouvrir les savoirfaireet les techniquesemployées pour cesdécors. Les fiches auformat A3, présententune partie texte aurecto et <strong>de</strong>s photosd’exemples aixois auverso. Dix techniquessont présentées:– <strong>La</strong> sculpture, <strong>de</strong> lapierre au ciment moulé– <strong>La</strong> ferronnerie d’art– Le stuc et le staff– <strong>La</strong> peinture– <strong>La</strong> mosaïque– Le vitrail– <strong>La</strong> céramique– Le verre gravé– L’art <strong>de</strong> la rocaille– Les carreaux mosaïque:une vidéo, <strong>de</strong>s catalo -gues, <strong>de</strong>s outils, <strong>de</strong>smatériaux, et <strong>de</strong>nombreux carreaux <strong>de</strong>sol complètent laprésentation <strong>de</strong> cettetechnique (carreaux <strong>de</strong>grès cérame ou <strong>de</strong>ciment) très largementemployée <strong>de</strong> la<strong>de</strong>uxième moitié duXIX e siècle jusqu’à laSecon<strong>de</strong> guerremondiale, dans leshabitations privéescomme dans les hôtelset palaces.couvrent les voûtes du grand hall du casino, l’architecteAbel Boudier fait appel à un italien,Antonio Salviati qui compte notamment commeréférence, la restauration <strong>de</strong> la basilique Saint-Marc <strong>de</strong> Venise. Vingt ans plus tard, c’est encoreun atelier italien, Facchina, à l’origine <strong>de</strong> la diffusion<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> pose indirecte, qui réaliseles mosaïques du foyer du théâtre. Le peintreverrierparisien Jacques Galland exécute, en1896, plusieurs verrières dont une <strong>de</strong> 225 mètres<strong>de</strong> long pour la galerie <strong>de</strong>s glaces aujourd’huidisparue, et, en 1897, celle <strong>de</strong> l’actuel restaurant.En 1933, pour les mosaïques Art déco <strong>de</strong>sthermes, l’architecte Pétriaux fait appel à l’entrepriseGentil et Bour<strong>de</strong>t. <strong>La</strong> renommée <strong>de</strong> cettesociété, fondée en 1905 à Billancourt, l’amène àœuvrer dans <strong>de</strong> nombreuses stations thermales,telles Dax, Plombières ou Vichy. C’est égalementun grand artiste parisien, Edgar Brandt, chef <strong>de</strong>file <strong>de</strong> la ferronnerie Art déco en France quiconçoit la ferronnerie du nouvel établissementthermal et fourni les <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong>s verrières.Si nombre d’œuvres privées restent anonymesd’autres sont dues à <strong>de</strong>s créateurs <strong>de</strong> renomcomme le maître-verrier lyonnais, Lucien Bégule,auteur, en 1903, <strong>de</strong>s verrières <strong>de</strong> la cage d’escalier<strong>de</strong> la villa Bagatelle. Ces vitraux civils, <strong>de</strong>style Art nouveau, témoignent <strong>de</strong> la créativité <strong>de</strong>cet artiste célèbre surtout pour son œuvre religieuse,qui dix ans auparavant a exécuté, dansun style très différent, les verrières du chœur <strong>de</strong>l’église Notre-Dame d’Aix.Enfin, alors que, dans la première moitié du XXesiècle, le mouvement « mo<strong>de</strong>rne » n’a accordéque peu <strong>de</strong> place au décor, réapparaissent,<strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s années 1970, <strong>de</strong>s formes quin’ont qu’une fonction ornementale. Lesnouveaux thermes <strong>de</strong> Chevalley (2000) illustrece renouveau <strong>de</strong> l’ornementation. Ce retour dudécor dans l’architecture contemporaine estsoutenu, <strong>de</strong>puis 1951, par un dispositif législatif,dit du « 1 % artistique » qui institue l’obligation<strong>de</strong> décorer les bâtiments publics.Philippe Gras et Marie-Reine Jazé-Charvolin30
Notes <strong>de</strong> lectureL I V R E STerres <strong>de</strong> Vanoise,Agriculture en montagnesavoyar<strong>de</strong>Brien A. Meilleur, éd. Muséedauphinois, coll. Le Mon<strong>de</strong>alpin et rhôdanien, 2008,25 eurosCette monographieconsacrée à l’agriculture <strong>de</strong>montagne est l’adaptationd’une étu<strong>de</strong> ethnoécologiquemenée sur lesvingt-huit communes duParc national <strong>de</strong> la Vanoise.Leur économie d’autosubsistance a été peuétudiée jusqu’à présent,contrairement aupastoralisme. Elle estfondée sur une exploitationrationnelle et variée <strong>de</strong>ressources limitées.Des pratiques culturalesdiversifiées et complexesy sont détaillées. Leuranalyse montre que lapopulation a organisé <strong>de</strong>nombreux petits systèmes,réussissant à occuper etordonner l’espacemontagnard, à déployer<strong>de</strong>s cultures riches etdiverses s’adaptant auxaléas climatiques.Un système équilibréd’assolement parvenait ànourrir ses habitants, et lesurplus, vendu auxmarchés locaux, assurait unapport en numéraire.Une société et uneéconomie en harmonieavec le milieu, loin <strong>de</strong>l’image habituelle d’uneautarcie montagnar<strong>de</strong>précaire.Le royaume <strong>de</strong>Bourgogne autour<strong>de</strong> l’an Miltextes réunis par ChristianGuilleré, Jean-MichelPoisson, <strong>La</strong>urent Ripart,Cyril Ducourthial,éd. Université <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,2008, 18 eurosCet ouvrage rassemble lesactes du séminaire organiséles 15 et 16 mai 2003 auCentre Interuniversitaired’Histoire et d’Archéologiemédiéval <strong>de</strong> Lyon. Il vise àmieux faire connaître larichesse <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> cedouble royaume burgondoprovençalentre la fin duIX e siècle carolingien et lestoutes <strong>de</strong>rnières décenniesdu XI e siècle seigneurial etcomtal. Il comporte lescontributions <strong>de</strong> dixchercheurs et offre uneapproche résolumentrenouvelée <strong>de</strong> cette vastethématique régionale,notamment à propos <strong>de</strong>l’émergence <strong>de</strong> la Maison<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, et offre unéclairage inattendu sur unepério<strong>de</strong> méconnue dupublic :– Géographie du pouvoir enpays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> au tournant<strong>de</strong> l’an Mil, CyrilDucourthial.– Du royaume auxprincipautés (<strong>Savoie</strong>-Dauphiné, X e -XI e siècle),<strong>La</strong>urent Ripart.Sancte Bartholomæe,Patrimoine nationalBernard, Christianet Jean-Marc Vuillermet,éd. Gran<strong>de</strong>ur nature,2008, 35 eurosPour pouvoir contemplerun monument tel quel’église Saint-Barthélémy<strong>de</strong> Monsapey, bâtie surles contreforts abrupts dumassif du Grand Arc,il fallait une histoire.Celle d’une communautémontagnar<strong>de</strong> ancréedans son territoire et sestraditions. L’émergence <strong>de</strong>la vie religieuse s’y inscritsous l’autorité <strong>de</strong> l’évêque<strong>de</strong> Maurienne, et se faitsous l’impulsion <strong>de</strong>schanoines <strong>de</strong> Sainte-Catherine. En 1295,mention est faite <strong>de</strong> laparoisse <strong>de</strong> Mons Sappeti,placée sous la protection<strong>de</strong> la Vierge Marie. Unechapelle nous est déjàconnue sous le vocable <strong>de</strong>saint Bartholomé.En 1865 est décidée lareconstruction <strong>de</strong> l’égliseparoissiale sur un pland’une gran<strong>de</strong> simplicitéavec <strong>de</strong>s matériaux locaux.Il s’agit du monument <strong>de</strong>style romano-gothique quel’on peut admirer aujour -d’hui. En 1986, l’édifice estinscrit à l’Inventairesupplémentaire <strong>de</strong>sMonuments historiques,auquel fait suite en 1988 leclassement <strong>de</strong>s peinturesmurales <strong>de</strong> Pierre Moretti.Mais le bâtiment a malvieilli. Sous l’impulsion <strong>de</strong>quelques passionnésdécidés coûte que coûte àsauver ce joyau dans sonécrin <strong>de</strong> montagnes, leFestival <strong>de</strong>s Arts Jaillissantsest organisé à partir <strong>de</strong>1993. Son rayonnementculturel national, voireinternational, permet lanaissance d’un formidableélan <strong>de</strong> sympathie etd’intérêt. L’ai<strong>de</strong> privée etles subventions <strong>de</strong> l’Etat,<strong>de</strong> la Région et du Départe -ment <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>permettent à la communed’entamer une campagne<strong>de</strong> restauration ambitieuse.Ce livre en témoigne, ainsique <strong>de</strong> sa riche histoire.L’enseignementsupérieur à Chambéryet en <strong>Savoie</strong>. Hier etaujourd’huiFrancis Stefanini,2008, 13 eurosNous avions déjà présentéles <strong>de</strong>ux précé<strong>de</strong>ntesparutions <strong>de</strong> FrancisStefanini, membre <strong>de</strong>l’Académie <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>:Naissance <strong>de</strong>s écolesprimaires à Chambéry1860-1914 et Histoire <strong>de</strong>l’enseignement secondaireà Chambéry 1564-2006(Rubrique n°20/décembre2007). L’auteur clôt pourainsi dire sa trilogie avec laparution <strong>de</strong> cet ouvrage surl’Enseignement supérieur àChambéry et en <strong>Savoie</strong>.Après une introductionexpliquant l’histoire, laforme juridique et lesmissions <strong>de</strong> l’université,notre auteur développe sondiscours chronologique -ment en trois parties:1- les prémices : <strong>de</strong> la findu XV e siècle à 1950 danslequel il explique lesraisons <strong>de</strong> l’échec dans lamise en place d’uneuniversité à Chambéry,à une époque où <strong>de</strong>nombreuses gran<strong>de</strong>s villesen possédaient une.2- la naissance <strong>de</strong> l’Univer -sité <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> en 1979.3- <strong>La</strong> maturité <strong>de</strong> 1979 àaujourd’hui dans lequelsont exposées les autresformes <strong>de</strong> l’enseignementsupérieur et leur implan -tation à Chambéry: lycéesassurant les classespréparatoires et les BTS,Institut <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>smaîtres, Ecoles <strong>de</strong>commerce… Une nouvellefois, Francis Stefanini nousfait partager son éruditionavec ce troisième opus surl’Enseignement àChambéry.Le col duPetit Saint-Bernard etses fortifications 1793-1945. Redoute Ruinée– Roc Noir, <strong>La</strong>urentDemouzon, édité parl’auteur, 34 eurosCet ouvrage retracel’histoire <strong>de</strong>s dispositifsmilitaires sur ce lieu <strong>de</strong>passage immémorial qu’estle col du Petit-Saint-Bernard, <strong>de</strong>puis lescombats <strong>de</strong> la Révolutionen 1793-1794 qui ont vu lavictoire <strong>de</strong>s troupesrépublicaines jusqu’au<strong>de</strong>rnier conflit mondial.Après l’Annexion <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong> à la France en 1860,il fallut défendre cettenouvelle frontièrenationale. Si le site futfortifié et aménagé par leDuc <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> dès le XVII esiècle, ce n’est qu’après ladéfaite <strong>de</strong> 1870 que laFrance décida <strong>de</strong>verrouiller ce passage alpinface à l’Italie entrée dans laTriple-Alliance avec lesEmpires centraux.En 1882, l’Armée <strong>de</strong>s Alpesest créée. Et à sa suite laconstruction <strong>de</strong> la RedouteRuinée et du Roc Noirdébute. <strong>La</strong> vie <strong>de</strong>s troupesdans ces postes <strong>de</strong>surveillance est évoquée autravers <strong>de</strong> témoignages <strong>de</strong>l’époque. Diversesanecdotes ren<strong>de</strong>nt le récitvivant. Les combats duconflit <strong>de</strong> 1939-1945, avecles Italiens d’abord puis lesAllemands, sont racontésavec la précision dupassionné qu’est <strong>La</strong>urentDemouzon.Photos souvent inédites,archives d’époque etreconstitutions font <strong>de</strong> cetouvrage un document oùl’érudition et la richessedocumentaire sontprésentes à chaque page.<strong>La</strong> Franc-maçonneriedans les Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.1856-1944Romain Maréchal,éd. SSHA, Tome CXI coll.Mémoire et Documents <strong>de</strong>l’Histoire en <strong>Savoie</strong>, 2008,24 eurosIl n’est pas évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> traiter<strong>de</strong> la franc-maçonne rie auXIX e siècle car beaucoupd’enjeux passionnésentourent encore <strong>de</strong> nosjours cette institution. Lesétu<strong>de</strong>s fort nombreuses quila concernent portentessentiellement surl’analyse <strong>de</strong>s loges auXVIII e siècle, mettant enparallèle ferveurmaçonnique et idées duSiècle <strong>de</strong>s Lumières.Pour son travail, notreauteur a pu consulter lesarchives inédites du Grand-Orient <strong>de</strong> France et <strong>de</strong> laGran<strong>de</strong> Loge <strong>de</strong> France,ses recherches vérifiantl’hypothèse <strong>de</strong> corrélationsentre militantisme républi -cain et franc-maçonnerie.Le Rattachement <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong> à la Franceimpériale en 1860, puisl’entrée en République en1870, enracinent la fidélitéaux idées républicaines ausein <strong>de</strong> la francmaçonnerie.Dès 1877, etsous les auspices <strong>de</strong> laGran<strong>de</strong> Loge <strong>de</strong> France,puis du Grand Orient <strong>de</strong>France, les sociétésmaçonniques savoyar<strong>de</strong>ss’organisent et prennentleur essor, cristallisant ainsiune confrontation inévita -ble avec les mouvementsconservateurs <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.En décortiquant l’histoire<strong>de</strong> la Franc-maçonnerie enpays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, l’auteurdévoile la réalité qu’ellesous-tend, les idées qu’ellea véhiculées, lesconfrontations politiquesqu’elle a engendréeset son corollaire: lesattaques dont elle a faitl’objet. Il nous montre parlà même sa contributionimportante dans l’histoire<strong>de</strong> la III e République.Vinciane Néel31
Actualitéspatrimoinesp. 3 à 5Collectionsdépartementalesp. 6 à 10Archivesdépartementalesp. 11Architecture& Monumentsp. 12 & 13Monuments& sites historiquesp. 14 & 15DossierUne cinémathèqueen Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>p. 16 à 19Monuments& sites historiquesp. 20 & 21Musées actualitésp. 22 à 27Inventaire actualitésp. 28 à 30Livresp. 31