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La Caféine - CHU de Montpellier

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<strong>La</strong> <strong>Caféine</strong>Dossier réalisé par Marian Chabaud, PharmacienAMPD LRCopyright 2010<strong>La</strong> caféine est une substance naturelle d'origine végétale utilisée pour sespropriétés stimulantes sur le système nerveux, et connue <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s milliersd'années. Elle est aujourd'hui très présente dans notre culture, et ainsi on la retrouvesous différentes formes, notamment dans les boissons telles que le café, le thé, lessodas industriels, boissons énergisantes, ainsi que dans <strong>de</strong>s spécialitéspharmaceutiques et compléments alimentaires.Origine :<strong>La</strong> caféine est un alcaloï<strong>de</strong> d'origine végétale, appartenant à la famille <strong>de</strong>sbases puriques ou plus précisément <strong>de</strong>s méthylxanthines. C'est une substanceprésente dans les graines, les feuilles et les fruits <strong>de</strong> différentes plantes où elle agitcomme mécanisme <strong>de</strong> défense naturel. En effet, la caféine est toxique pour lesinsectes, paralysant ou tuant ceux qui s'en nourrissent. En 1819, le chimisteallemand Friedrich Ferdinand Runge a isolé pour la première fois <strong>de</strong> la caféinerelativement pure. Il la nomma « kaffein » en tant que composé chimique du café, quien français <strong>de</strong>vint caféine. <strong>La</strong> caféine n'est généralement pas synthétisée car elle estdéjà disponible en gran<strong>de</strong> quantité en tant que sous-produit <strong>de</strong> la décaféination .Répartition <strong>de</strong> la caféine dans le mon<strong>de</strong> végétal :<strong>La</strong> caféine est retrouvée dans plusieurs espèces végétales <strong>de</strong> différentesfamilles originaires d'Amérique du Sud principalement mais aussi d'Asie et d'Afrique.<strong>La</strong> caféine est souvent accompagnée d'autres alcaloï<strong>de</strong>s, notamment <strong>de</strong>sméthylxanthines comme la théobromine et théophylline.- Le caféier, coffea sp. arabica et canephora (robusta) : grain <strong>de</strong> café séché (latorréfaction diminue la teneur en caféine) 0.6-2% pour l'arabica, et 3-4,5% pour lerobusta.


- Le théier, Camellia sinensis : Feuilles thé séchées ; on distingue thé vert et thénoir car la fermentation influe <strong>de</strong> manière importante sur leur composition : environ2.2% <strong>de</strong> caféine pour le thé vert, et jusqu'à 4% dans le thé noir.- Le Cacaotier, Theobroma cacao : fève <strong>de</strong> cacao (le cacao est la poudre obtenueaprès torréfaction et broyage <strong>de</strong> l'aman<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fèves <strong>de</strong> cacao fermentées) : <strong>de</strong> 0.05-0.30% <strong>de</strong> caféine.- Le Guarana, Paullinia cupana : Aman<strong>de</strong> du grain séché, et c'est la drogue la plusriche en caféine, <strong>de</strong> 2,0-5,8%.- Le Maté, ilex paraguariensis : Feuilles séchées, <strong>de</strong> 0,3-2,4% <strong>de</strong> caféine.- Noix <strong>de</strong> Kola, cola acuminata : Graines séchées, environ 1,5-3% <strong>de</strong> caféine.[1] , [2]Teneur en caféine <strong>de</strong> différents aliments et boissons[3'] , [3] , [4] , [5]


Structure : <strong>La</strong> caféine C 8 H 10 N 4 O 2 , ou 1,3,7-triméthylxanthine ou encore 1,3,7-trimethyl-1H-purine-2,6-dioneFigure 2 : XanthinesFigure 1 : <strong>La</strong> caféine[2] , [7]Mécanismes d'action possible : [6]1) <strong>La</strong> caféine agit tout d'abord comme antagoniste compétitif <strong>de</strong>s récepteurs <strong>de</strong>l'adénosine, neuromodulateur limitant la libération <strong>de</strong>s principaux neurotransmetteursexcitateurs. Il existe plusieurs types <strong>de</strong> récepteurs différents A1, A2a etA2b et A3, quisont <strong>de</strong>s récepteurs RCPG entraînant inhibition (A1) ou stimulation (A2) <strong>de</strong>l'adénylate cyclase modifiant ainsi les taux d'AMPc intracellulaire. On connaît mieuxles A1 et A2 respectivement à haute et basse affinité pour l'adénosine, que l'onnotamment retrouve au niveau du SNC, <strong>de</strong>s bronches, <strong>de</strong>s vaisseaux, et du cœurpour A1, régulant ainsi <strong>de</strong> nombreuses fonctions physiologiques. L'action <strong>de</strong>l'adénosine est complexe, car les effets <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s récepteurs peuvent êtredifférents, voire même s'opposer mais globalement l'effet antagoniste <strong>de</strong> la caféinesera plus marqué par le blocage <strong>de</strong>s récepteurs A1. L'inhibition <strong>de</strong>s récepteurs A1 <strong>de</strong>l'adénosine, ce qui entraîne :→ accélération du rythme cardiaque avec possibilité <strong>de</strong> palpitations→ stimulation du système nerveux central avec augmentation <strong>de</strong> la vigilance etparfois <strong>de</strong> l'anxiété.→ bronchodilatation, ou plus précisément effet antagoniste <strong>de</strong> labronchoconstrition chez l'asthmatique où l'adénosine paraît jouer un rôleprépondérant.→ stimulation respiratoire par action centrale bulbaire, ce qui explique que lathéophylline et la caféine soient utilisées pour la prévention <strong>de</strong> l'apnée dunouveau-né. [8]


2) <strong>La</strong> caféine tout comme la théophylline, est aussi un inhibiteur compétitif maisnon spécifique <strong>de</strong>s phosphodiestérases dont on a décrit 11 types, entraînantl'augmentation <strong>de</strong> l'AMPc intracellulaire ayant <strong>de</strong> nombreux impacts à différentsniveaux <strong>de</strong> l'organisme (glycogénolyse, augmentation <strong>de</strong>s sécrétions digestives,dilatation bronchique, vasculaire…) mais l'effet semble moins marqué aux tauxcirculants <strong>de</strong> caféine in vivo.3) Il y aura aussi une augmentation <strong>de</strong> la concentration <strong>de</strong> calcium disponibledans la cellule, avec notamment un rôle musculaire au niveau <strong>de</strong> l'actomyosine,augmentant ainsi la contraction.4) <strong>La</strong> caféine va aussi modifier la libération <strong>de</strong> catécholamines, dontl'augmentation <strong>de</strong> la synthèse et turnover <strong>de</strong> noradrénaline, modifier lesconcentrations régionales <strong>de</strong> dopamine et sérotonine[6], et peut favoriser latransmission dopaminergique D2 par blocage <strong>de</strong>s A2a (possible action positive dansla maladie <strong>de</strong> parkinson) [9].5) Enfin la caféine, peut avoir une légère action diurétique par diminution <strong>de</strong> laréabsorption tubulaire du sodium et par augmentation <strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong> filtrationglomérulaire. [10]Effets liés : [10], [11]♦Au niveau cérébral : effet désinhibiteur, psychostimulant, avec augmentation <strong>de</strong>l'éveil (augmente le délai d'endormissement, rend le sommeil moins profond etabaisse le seuil <strong>de</strong> réveil) et <strong>de</strong> la vigilance, elle peut également stimuler le travailintellectuel, et parfois aussi l'anxiété. A dose faible à modérée (jusqu’à 4 tasses <strong>de</strong>café/jour), la caféine contracte les vaisseaux sanguins cérébraux, d'où ses propriétésd'anti-migraineux. De plus, associée à certains analgésiques, elle pourrait augmenterleur pouvoir anti-douleur.♦Au niveau du cœur : on a un effet inotrope positif (par augmentation <strong>de</strong> l'entrée<strong>de</strong> calcium durant le potentiel d'action), et chronotrope positif ( tachycardie à doseélevée supérieures à 500 mg).♦Au niveau du muscle strié : elle renforce les contractions et augmente le travailmusculaire.♦Au niveau bronchopulmonaire : il y relaxation <strong>de</strong>s muscles lisses bronchiques etstimulation <strong>de</strong> la respiration.Vasodilatation, excepté au niveau cérébral.♦Au niveau gastro-intestinal, il y a stimulation <strong>de</strong>s sécrétions digestives etrelaxation <strong>de</strong>s muscles lisses intestinaux. Il y a aussi dépression du sphincterinférieur <strong>de</strong> l'œsophage (possible reflux gastrique).♦Effet diurétique léger.


♦Au niveau métabolique : augmentation <strong>de</strong> la thermogénèse, stimulation <strong>de</strong> lalipolyse et augmentation <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s gras libres, <strong>de</strong> la néoglucogenèse, et <strong>de</strong> laglycogénolyse.♦Les métabolites <strong>de</strong> la caféine contribuent aussi aux effets <strong>de</strong> la caféine. <strong>La</strong>paraxanthine est responsable <strong>de</strong> l'augmentation <strong>de</strong> la lipolyse. <strong>La</strong> théobromine, lathéophylline contribuent aux effets <strong>de</strong> la caféine notamment pour leur effet stimulantet au niveau <strong>de</strong>s muscles lisses.Pharmacocinétique : [10], [12]AbsorptionPar voie orale : résorption rapi<strong>de</strong>, mais irrégulière par le tractus gastro-intestinal. Lepic <strong>de</strong> concentration plasmatique est atteint entre 15 et 120minutes et atteint 8-10mg/l pour <strong>de</strong>s doses <strong>de</strong> 5-8mg/kg.Par voie rectale : résorption lente et irrégulière.Par voie intramusculaire : résorption lente.DistributionChez l'adulte, taux plasmatique voisin <strong>de</strong> 1,5 microgramme par millilitre 1 h après100 mg per os.Chez le nouveau-né, taux plasmatique compris entre 6 et 10 microgrammes parmillilitre, 30 mn après 10 mg/kg per os.- Corrélation entre taux plasmatiques et taux salivaires : S/P= 0,9.- Demi-Vie : environ 4h, entre 50-100h chez le nouveau-né, 10-15h chez la femmeenceinte. Elle diminue pendant l'exercice physique, par une augmentation <strong>de</strong> sonmétabolisme (58%), et <strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong> la xanthine oxydase (110%).- Liaison au protéines plasmatiques : varie <strong>de</strong> 10 à 30%- Volume <strong>de</strong> distribution : 0,71L/kg (entre 0,5-0,8L/kg)Franchit la barrière placentaire.Passe dans le lait.Passe bien la barrière hémato-encéphalique.MétabolismeHépatique : la déméthylation conduit à la paraxanthine(3-méthyl) très majoritaire(~80%) il y a aussi formation <strong>de</strong> théophylline et théobromine en quantité faible(surtout par le CYP1A2), oxydation et formation <strong>de</strong> dérivés <strong>de</strong> l'aci<strong>de</strong> urique (aci<strong>de</strong>1-methylurique).Très peu métabolisé chez le nouveau-né.


EliminationChez l'adulte, la clairance est <strong>de</strong> 155ml/kg/h.Voie rénale majoritairement, réabsorption tubulaire importante (peu excrétée)Chez l'adulte : 10% sous forme inchangée, le reste sous forme <strong>de</strong> métabolites .Chez le nouveau-né : 85% <strong>de</strong> la dose administrée est éliminé sous forme inchangée,cette fraction diminue au cours <strong>de</strong>s premiers mois <strong>de</strong> la vie pour atteindre 3% à l'âge<strong>de</strong> 8 mois.- Les contraceptifs oraux augmentent la <strong>de</strong>mi-vie jusqu'à 10h.- Les fluoroquinolone dont Enoxacine, Ciprofloxacine, norfloxacine peuvent entraînerune forte augmentation <strong>de</strong>s concentrations <strong>de</strong> caféine.- Elle est réduite à environ 2h chez les fumeurs par induction du CYP1A2, etaugmentation <strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong> la xanthine oxydase. Ce cytochrome peut aussi êtreinduit par <strong>de</strong>s aliments tels que les brocolis ou les haricots verts.Effets ergogéniques : [11]→ Psychostimulant, diminue la sensation <strong>de</strong> fatigue→ Stimulation cardiaque et respiratoire (bronchodilatateur)→ Augmentation <strong>de</strong> la lipolyse, utilisation <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s gras libres comme sourceénergétique→ Augmentation <strong>de</strong> la thermogenèse, perte <strong>de</strong> poids→ Léger diurétiqueStatut réglementaire sportif :D'après la liste <strong>de</strong>s interdictions 2010 <strong>de</strong> l'agence mondiale antidopage, lacaféine n'est pas considérée comme une substance interdite. Elle figure dans leProgramme <strong>de</strong> surveillance 2010. [15]Toxicité : [13] , [14]Apports maximum quotidiens recommandés :chez l'enfant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12ans jusqu'à 2,5 mg/kg. Chez l'adulte jusqu'à 300mg pourune femme, et 400mg pour un homme.→ Effets neurologiques liés à une consommation excessive : céphalées, insomnies,nervosité, irritabilité, anxiété, tremblements.→ Accoutumance voire dépendance par une consommation régulière importante.→ Au niveau cardiovasculaire, elle peut provoquer une tachycardie, <strong>de</strong>s palpitations,une arythmie, <strong>de</strong> l'hypertension. Pendant l’effort certaines étu<strong>de</strong>s montrent que laprise <strong>de</strong> caféine diminue l’apport d’oxygène à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s muscles. <strong>La</strong> caféinediminue l’afflux <strong>de</strong> sang au niveau du muscle cardiaque, c’est pour cela qu’il estdéconseillé chez les patients ayant présenté un infarctus.


→ Au niveau musculaire, elle peut également occasionner <strong>de</strong>s myalgies, et mêmeune rhabdomyolyse. Une concentration <strong>de</strong> lymphocytes plus élevée (+35%) a étéconstatée chez <strong>de</strong>s footballeurs <strong>de</strong> haut niveau lorsque la caféine était associée àl'exercice d'où un risque accru <strong>de</strong> lésions musculaires [14].→ Sur le plan digestif, la caféine stimule les sécrétions gastriques et la motricitéintestinale, elle peut conduire à <strong>de</strong>s ulcères gastro-duodénaux, <strong>de</strong>s œsophagitesérosives et <strong>de</strong>s reflux gastro-œsophagiens (contre-indiquée chez individu présentantdéjà ces pathologies). L'augmentation <strong>de</strong> l'excrétion urinaire <strong>de</strong> calcium, magnésium,sodium et chlore favorise les effets contracturants chez le sportif.→ En consommation chronique, il peut y avoir un phénomène <strong>de</strong> tolérance, <strong>de</strong>dépendance puis <strong>de</strong> sevrage, avec augmentation du nombre <strong>de</strong> récepteur et <strong>de</strong> lasensibilité à l'adénosine.→ Syndrome <strong>de</strong> sevrage : céphalées, vertiges, asthénie, irritabilité, agressivité,idées dépressives. [6]→ Intoxication aiguë : l'ingestion <strong>de</strong> 10g serait mortelle pour 50% <strong>de</strong>s hommesadultes (DL50 estimée à 150 à 200 mg par kg <strong>de</strong> poids corporel).EFFETS ERGOGENIQUES RECHERCHES PAR LESSPORTIFS♦ Diminuer la sensation <strong>de</strong> fatigue, augmenter la vigilance♦ Stimuler le système nerveux, le cœur, la respiration♦ Economiser le glycogène en optimisant l'utilisation <strong>de</strong>s graisses en favorisant lalipolyse libérant <strong>de</strong>s aci<strong>de</strong>s gras libres. (remis en question)♦ Augmenter la force <strong>de</strong> contraction musculaire (Non avéré)♦ Perte <strong>de</strong> poids et <strong>de</strong> graisse♦ Lors d'un exercice <strong>de</strong> type aérobie, elle permet <strong>de</strong> retar<strong>de</strong>r le seuil d'épuisement(Hoffman JR et al.,2007) (non avéré)


REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES[1] Plantes thérapeutiques 2 ème édition Robert Bruneton, Max Wichtl, P367, 436, 438,602-608, 662[2] Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales Robert Anton P1072-1086[3'] http://www.danger-sante.org/category/cafeine/[3] http://www.hc-sc.gc.ca/fn-an/securit/facts-faits/caffeine-fra.php[4] http://www.cspinet.org/new/cafchart.htm[5] http://www.me<strong>de</strong>cinedusportconseils.com/2009/12/06/cafeine-et-sport/[6] Le café et la santé, Gérard Debry, 1994 page 200-211[7] www.benbest.com/health/xanthines.gif[8] http://www.pharmacorama.com/Rubriques/Output/A<strong>de</strong>nosinea3_1.php[9] http://www.santecafenews.net/pdf/SanteetCafeNews24.pdf[10] http://www.biam2.org/www/Sub1587.html[11] Mé<strong>de</strong>cine du sport 3e édition, Hugues Monod 2005, 317[12] Le café et la santé, Gérard Debry 1994 page134-139[13] http://www.me<strong>de</strong>cinedusportconseils.com/2009/12/06/cafeine-et-sport/[14] Caffeine does not increase resistance exercice - induced microdamage MarcoMachado, Paulo Vinícios C. Zovico, Daílson Paulúcio da Silva,Lucas Novaes Pereira,Juliano G. Barreto, Rafael Pereira, <strong>La</strong>boratory of Physiology and Biokinetics,Universida<strong>de</strong> Iguaçu Campus[15] http://www.chu-montpellier.fr/publication/inter_pub/R226/A4557/NL102009listeinterdictions2010.pdf

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