La Grande Noctule Nyctalus lasiopterus (Schreber ... - Le Vespère

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Résumé Sané (2008) Le Vespère n°1 L’article présente les résultats d’une semaine de suivi radio télémétrique de 5 Grandes noctules, 4 mâles et 1 femelle non reproductrice, menée entre le 08 et le 14 juillet 2007 dans le vallon de la Biourière en Lozère, sur les contreforts des Monts d’Aubrac, dans le centre ouest du Massif Central. Au terme des 7 nuits de suivi, 404 azimuts ont été relevés, permettant 73 localisations. En plus du gîte trouvé en 2006 (un Peuplier tremble Populus tremula) deux nouveaux arbres gîtes ont été découverts : un autre Peuplier tremble et un Chêne Quercus sp. Les trois arbres sont localisés dans une futaie de Hêtre Fagus sylvatica couvrant l’étage inférieur du versant nord du vallon, entre les altitudes de 1100 et 1200 mètres. Le gîte le plus éloigné se situe à 2000 mètres du site de capture. Malgré le faible nombre de localisations obtenues en raison notamment de la perte rapide des émetteurs par les animaux, du relief et de la courte durée du suivi, l’essentiel de l’activité de vol des individus semblait concentré les premières heures de la nuit et dans les limites du vallon dans lequel ils ont été capturés. Une distance maximale de 6,1 km a été notée entre les deux localisations les plus éloignées pour un même individu. La population fréquentant le vallon, d’après le résultat des captures au filet, apparaît très majoritairement composée de mâles et de quelques femelles non reproductrices. Son effectif doit être supérieur à une quinzaine d’individus. Mots clés : Chiroptera, Grande Noctule, Nyctalus lasiopterus, radio pistage, télémétrie, Lozère, Massif Central, France
INTRODUCTION La Grande Noctule Nyctalus lasiopterus, plus rarement nommée Noctule géante, est la plus grande et sans doute aussi la moins bien connue des chauves-souris européennes. Elle est génétiquement plus proche de la Noctule commune Nyctalus noctula que de la Noctule de Leisler Nyctalus leisleri (MAYER & VON HELVERSEN 2001). En main, elle se distingue aisément de ces deux autres espèces par la longueur sensiblement plus grande de son corps et de ses avant-bras (>61 mm). Des critères acoustiques ont par ailleurs récemment été proposés permettant de différencier ses émissions sonores de celles du Molosse de Cestoni Tadarida teniotis (HAQUART & DISCA 2007). La répartition de ce la Grande Noctule est mal définie mais semble s’étendre de façon très morcelée depuis le Portugal jusqu’à la mer Caspienne (et l’Ouzbékistan ?) et du Maghreb (Maroc, Libye et peut-être Algérie) jusqu’à l’Oural au sud du 55° parallèle nord. La sousespèce du Japon Nyctalus lasiopterus aviator ayant été élevée au rang d’espèce, la distribution connue de Nyctalus lasiopterus apparaît donc exclusivement Ouest Paléarctique et le taxon est désormais considéré comme monotypique. En Europe, et jusqu’en 1999, ce vespertilionidé n’était signalé qu’en 120-130 localités (BENZAL 1999). Ce nombre s’est sensiblement accru cette dernière décennie avec de nouvelles mentions en Suisse 1 (MAUMARY 2007), en Hongrie (DOBROSI 1993, GOMBKÖTO et al. 1996, CZAJLIK & HARMOS 1997, BIHARI et al. 2000, MATIS et al. 2003), en Slovaquie (UHRIN et al. 2006), en France... Dans son aire de répartition, l’espèce n’en semble pas moins rare partout, hormis en Espagne et en Grèce où elle est considérée comme localement assez commune. A ce jour, des gîtes de parturition n’ont été découverts qu’en Espagne (IBAÑEZ et al. 2001) et en Hongrie (GOMBKÖTO et al. op. cit.) bien que des preuves de reproduction ont anciennement été obtenues en Suisse 2 (MAUMARY 2007) et plus récemment en Slovaquie 3 (UHRIN et al.. op. cit.). Du fait de sa rareté et du déclin supposé de ses populations, la Grande Noctule est inscrite dans la catégorie NT (Near Threathned = presque menacée) de la liste rouge mondiale de l’UICN (HUTSON et al. 2008). En France, cette espèce a d’abord été signalée dans les Landes et en Corse où sa découverte date de 1999 (COURTOIS et al. 1999). Elle a depuis été contactée dans la plupart des départements du sud du Massif Central : en Aveyron en 2004 (LIOZON 2004), en Lozère en 2005 (DESTRE 2007), puis dans le Cantal, la Haute- 1 1 individu observé le 25/09/2001 dans le château de Hallwil (AG), 1 individu capturé le 29/09/2006 et le 17/09/2007 au col de Jaman. 2 Au milieu du XIXe siècle, plusieurs individus ont été découverts dans une cavité d’arbre près d’Amsteg (UR). Trois de ces spécimens se trouvent au Muséum d’histoire naturelle de Genève (MHNG, deux femelles adultes et 1 jeune). 3 Capture en 2005 et 2006 de 2 femelles postlactantes et de 5 juvéniles/subadultes. 23 Sané (2008) Le Vespère n°1 Loire et dernièrement sur les contreforts du Larzac à Soubès dans l’Hérault en 2007 (HAQUART & DISCA op. cit.). Dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, une donnée ancienne révèle la capture de quatre mâles réfugiés dans la branche creuse d’un platane à Hyères (Var) à la fin du XIX ème siècle (SAINT-GIRONS 1973, SIEPI in LAURENT, 1941a). Des données acquises au détecteur d’ultrasons en 2007 ont permis de redécouvrir la présence de l’espèce dans ce département (commune de Correns) ainsi que sur la commune d’Arles dans les Bouches-du-Rhône (HAQUART & DISCA op. cit.). La découverte de Nyctalus lasiopterus en Lozère date de l’été 2005, avec la capture au filet japonais d’un individu mâle le 16 juillet par Th. Deana, suivie trois jours plus tard de celle d’un autre mâle (longueur d’avant-bras différente), exactement au même endroit, par R. Destre, T. Coulée et L. Seguin (DESTRE op. cit.). Un inventaire réalisé par l’ALEPE 4 dans le cadre d’une étude d’impact pour un projet éolien a révélé la présence dans ce secteur d’un peuplement chiroptérologique d’une grande richesse, puisque composé d’au moins 21 espèces 5. Constatant la présence et la capture régulière de la Grande Noctule dans le vallon de la Biourière et considérant la faiblesse des connaissances relatives à l’écologie de cette espèce, il a donc été décidé d’organiser un suivi par radio pistage de quelques individus en juillet 2007. Le présent article présente les résultats de ce travail dont les objectifs étaient les suivants : - localiser les terrains de chasse des individus équipés de micro émetteurs, - localiser les gîtes et notamment la ou les éventuelles colonies de reproduction dans un but de protection, - évaluer le rythme d’activité des individus. AIRE D’ETUDE L’aire d’étude se situe dans le centre ouest du Massif Central, dans l’ouest du département de la Lozère (3°7’34,22’’- 3°13’49,50’’ E et 44°32’24,65’’- 44°35’44,09’’ N). Centrée sur le vallon de la Biourière, elle couvre la bordure sud orientale du « plateau ouvert de l’Aubrac » et les contreforts de ce massif (unités paysagères du « plateau boisé de l’Aubrac » et des « Boraldes de l’Aubrac ») (Fig. 1). Le plateau de l'Aubrac, au substratum basaltique et granitique, s’étend sur les trois départements de la Lozère, du Cantal et de l’Aveyron. D’une altitude moyenne de 1200 mètres, il culmine à 1469 m au signal de Mailhebiau (4 km environ à l’ouest de l’aire d’étude). Son relief présente un aspect doucement ondulé, avec des sommets arrondis et des dépressions souvent hydromorphes ou tourbeuses. Le paysage consiste en 4 Association Lozérienne pour l’Etude et la Protection de l’Environnement 5 la dernière répertoriée étant la Sérotine bicolore Vespertilio murinus ; la capture d’un mâle en juillet 2007 a fournit la première donnée de cette espèce pour la Lozère.
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