La Grande Noctule Nyctalus lasiopterus (Schreber ... - Le Vespère
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INTRODUCTION<br />
<strong>La</strong> <strong>Grande</strong> <strong>Noctule</strong> <strong>Nyctalus</strong> <strong>lasiopterus</strong>, plus rarement<br />
nommée <strong>Noctule</strong> géante, est la plus grande et sans<br />
doute aussi la moins bien connue des chauves-souris<br />
européennes. Elle est génétiquement plus proche de la<br />
<strong>Noctule</strong> commune <strong>Nyctalus</strong> noctula que de la <strong>Noctule</strong> de<br />
<strong>Le</strong>isler <strong>Nyctalus</strong> leisleri (MAYER & VON HELVERSEN<br />
2001). En main, elle se distingue aisément de ces deux<br />
autres espèces par la longueur sensiblement plus grande<br />
de son corps et de ses avant-bras (>61 mm). Des<br />
critères acoustiques ont par ailleurs récemment été<br />
proposés permettant de différencier ses émissions<br />
sonores de celles du Molosse de Cestoni Tadarida teniotis<br />
(HAQUART & DISCA 2007).<br />
<strong>La</strong> répartition de ce la <strong>Grande</strong> <strong>Noctule</strong> est mal définie<br />
mais semble s’étendre de façon très morcelée depuis le<br />
Portugal jusqu’à la mer Caspienne (et l’Ouzbékistan ?)<br />
et du Maghreb (Maroc, Libye et peut-être Algérie)<br />
jusqu’à l’Oural au sud du 55° parallèle nord. <strong>La</strong> sousespèce<br />
du Japon <strong>Nyctalus</strong> <strong>lasiopterus</strong> aviator ayant été<br />
élevée au rang d’espèce, la distribution connue de<br />
<strong>Nyctalus</strong> <strong>lasiopterus</strong> apparaît donc exclusivement Ouest<br />
Paléarctique et le taxon est désormais considéré comme<br />
monotypique. En Europe, et jusqu’en 1999, ce<br />
vespertilionidé n’était signalé qu’en 120-130 localités<br />
(BENZAL 1999). Ce nombre s’est sensiblement accru<br />
cette dernière décennie avec de nouvelles mentions en<br />
Suisse 1 (MAUMARY 2007), en Hongrie (DOBROSI 1993,<br />
GOMBKÖTO et al. 1996, CZAJLIK & HARMOS 1997,<br />
BIHARI et al. 2000, MATIS et al. 2003), en Slovaquie<br />
(UHRIN et al. 2006), en France... Dans son aire de<br />
répartition, l’espèce n’en semble pas moins rare partout,<br />
hormis en Espagne et en Grèce où elle est considérée<br />
comme localement assez commune. A ce jour, des gîtes<br />
de parturition n’ont été découverts qu’en Espagne<br />
(IBAÑEZ et al. 2001) et en Hongrie (GOMBKÖTO et al.<br />
op. cit.) bien que des preuves de reproduction ont<br />
anciennement été obtenues en Suisse 2 (MAUMARY<br />
2007) et plus récemment en Slovaquie 3 (UHRIN et al..<br />
op. cit.). Du fait de sa rareté et du déclin supposé de ses<br />
populations, la <strong>Grande</strong> <strong>Noctule</strong> est inscrite dans la<br />
catégorie NT (Near Threathned = presque menacée) de<br />
la liste rouge mondiale de l’UICN (HUTSON et al.<br />
2008).<br />
En France, cette espèce a d’abord été signalée dans les<br />
<strong>La</strong>ndes et en Corse où sa découverte date de 1999<br />
(COURTOIS et al. 1999). Elle a depuis été contactée dans<br />
la plupart des départements du sud du Massif Central :<br />
en Aveyron en 2004 (LIOZON 2004), en Lozère en<br />
2005 (DESTRE 2007), puis dans le Cantal, la Haute-<br />
1 1 individu observé le 25/09/2001 dans le château<br />
de Hallwil (AG), 1 individu capturé le 29/09/2006 et le<br />
17/09/2007 au col de Jaman.<br />
2 Au milieu du XIXe siècle, plusieurs individus ont<br />
été découverts dans une cavité d’arbre près d’Amsteg (UR).<br />
Trois de ces spécimens se trouvent au Muséum d’histoire<br />
naturelle de Genève (MHNG, deux femelles adultes et 1<br />
jeune).<br />
3 Capture en 2005 et 2006 de 2 femelles postlactantes<br />
et de 5 juvéniles/subadultes.<br />
23<br />
Sané (2008)<br />
<strong>Le</strong> <strong>Vespère</strong> n°1<br />
Loire et dernièrement sur les contreforts du <strong>La</strong>rzac à<br />
Soubès dans l’Hérault en 2007 (HAQUART & DISCA op.<br />
cit.). Dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, une<br />
donnée ancienne révèle la capture de quatre mâles<br />
réfugiés dans la branche creuse d’un platane à Hyères<br />
(Var) à la fin du XIX ème siècle (SAINT-GIRONS 1973,<br />
SIEPI in LAURENT, 1941a). Des données acquises au<br />
détecteur d’ultrasons en 2007 ont permis de<br />
redécouvrir la présence de l’espèce dans ce département<br />
(commune de Correns) ainsi que sur la commune<br />
d’Arles dans les Bouches-du-Rhône (HAQUART &<br />
DISCA op. cit.).<br />
<strong>La</strong> découverte de <strong>Nyctalus</strong> <strong>lasiopterus</strong> en Lozère date de<br />
l’été 2005, avec la capture au filet japonais d’un individu<br />
mâle le 16 juillet par Th. Deana, suivie trois jours plus<br />
tard de celle d’un autre mâle (longueur d’avant-bras<br />
différente), exactement au même endroit, par R. Destre,<br />
T. Coulée et L. Seguin (DESTRE op. cit.). Un inventaire<br />
réalisé par l’ALEPE 4 dans le cadre d’une étude<br />
d’impact pour un projet éolien a révélé la présence dans<br />
ce secteur d’un peuplement chiroptérologique d’une<br />
grande richesse, puisque composé d’au moins 21<br />
espèces 5. Constatant la présence et la capture régulière<br />
de la <strong>Grande</strong> <strong>Noctule</strong> dans le vallon de la Biourière et<br />
considérant la faiblesse des connaissances relatives à<br />
l’écologie de cette espèce, il a donc été décidé<br />
d’organiser un suivi par radio pistage de quelques<br />
individus en juillet 2007. <strong>Le</strong> présent article présente les<br />
résultats de ce travail dont les objectifs étaient les<br />
suivants :<br />
- localiser les terrains de chasse des individus<br />
équipés de micro émetteurs,<br />
- localiser les gîtes et notamment la ou les<br />
éventuelles colonies de reproduction dans un but de<br />
protection,<br />
- évaluer le rythme d’activité des individus.<br />
AIRE D’ETUDE<br />
L’aire d’étude se situe dans le centre ouest du Massif<br />
Central, dans l’ouest du département de la Lozère<br />
(3°7’34,22’’- 3°13’49,50’’ E et 44°32’24,65’’-<br />
44°35’44,09’’ N). Centrée sur le vallon de la Biourière,<br />
elle couvre la bordure sud orientale du « plateau ouvert<br />
de l’Aubrac » et les contreforts de ce massif (unités<br />
paysagères du « plateau boisé de l’Aubrac » et des<br />
« Boraldes de l’Aubrac ») (Fig. 1).<br />
<strong>Le</strong> plateau de l'Aubrac, au substratum basaltique et<br />
granitique, s’étend sur les trois départements de la<br />
Lozère, du Cantal et de l’Aveyron. D’une altitude<br />
moyenne de 1200 mètres, il culmine à 1469 m au signal<br />
de Mailhebiau (4 km environ à l’ouest de l’aire d’étude).<br />
Son relief présente un aspect doucement ondulé, avec<br />
des sommets arrondis et des dépressions souvent<br />
hydromorphes ou tourbeuses. <strong>Le</strong> paysage consiste en<br />
4 Association Lozérienne pour l’Etude et la<br />
Protection de l’Environnement<br />
5 la dernière répertoriée étant la Sérotine bicolore<br />
Vespertilio murinus ; la capture d’un mâle en juillet 2007 a<br />
fournit la première donnée de cette espèce pour la Lozère.