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Dépistage de l'ostéoporose: sur quels critères prescrire une ...

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RECHERCHE CLINIQUEET MÉDECINE GÉNÉRALE<strong>Dépistage</strong> <strong>de</strong> l’ostéoporose :<strong>sur</strong> <strong>quels</strong> <strong>critères</strong> <strong>prescrire</strong><strong>une</strong> ostéo<strong>de</strong>nsitométrie ?Article analysé : Cadarette SM, Jaglal SB, Kreiger N, McIsaac WJ, Darlington GA, Tu JV. Development and validationof the Osteoporosis Risk Assessment Instrument to facilitate selection of women for bone <strong>de</strong>nsitometry. CMAJ. 2000 May 2;162(9):1289-94. LES DONNÉES DE L’ÉTUDE ProtocoleL’ostéoporose entraîne souvent <strong>de</strong>s fractures responsables <strong>de</strong> souffrances, déformations et invalidité.Bien que le dépistage <strong>de</strong> masse ne soit pas recommandé,l’ostéo<strong>de</strong>nsitométrie pour les patientes à hautrisque est essentiel pour faire le diagnostic d’ostéoporose, et éventuellement instaurer un traitementpréventif. Or, on ne sait pas i<strong>de</strong>ntifier ces femmes. L’objectif <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> était d’élaborer et <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>run outil <strong>de</strong> repérage simple pour ai<strong>de</strong>r les mé<strong>de</strong>cins à i<strong>de</strong>ntifier les patientes qui <strong>de</strong>vraient bénéficierd’<strong>une</strong> ostéo<strong>de</strong>nsitométrie.Une cohorte canadienne a été suivie pendant 5 ans, pour évaluer la relation entre les facteurs <strong>de</strong> risque<strong>de</strong> l’ostéoporose, la me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité osseuse et les fractures ostéoporotiques. De cette cohorte, les auteurs <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> ontinclus les seules femmes habitant en Ontario, <strong>de</strong> 45 ans et plus, et ayant eu <strong>une</strong> ostéo<strong>de</strong>nsitométrie par absorptiométrie biphotoniqueaux rayons X (DXA), au niveau <strong>de</strong> la tête fémorale et <strong>de</strong>s vertèbres lombaires. En revanche, celles ayant déjà eu un diagnosticd’ostéoporose au moment <strong>de</strong> l’inclusion ou traitées par calcitonine, biphosphonate ou fluor ont été exclues.Une faible <strong>de</strong>nsité minérale osseuse était objectivée par un T-score au test DXA, <strong>de</strong> 2 ou plus déviations standard au-<strong>de</strong>ssous<strong>de</strong> la moyenne au niveau <strong>de</strong> la tête fémorale ou <strong>de</strong>s vertèbres lombaires. C’était le critère <strong>de</strong> jugement principal.Des analyses <strong>de</strong> régression logistiques ont été utilisées pour évaluer la relation entre chaque facteur <strong>de</strong> risque et la faible <strong>de</strong>nsitéosseuse au niveau <strong>de</strong> la tête fémorale et <strong>de</strong>s vertèbres lombaires. RésultatsUn total <strong>de</strong> 1 376 femmes répondaient à l’ensemble <strong>de</strong>s <strong>critères</strong> d’inclusion, 926 ont été randomisées dans le groupe d’élaboration<strong>de</strong> l’outil, et 450 dans celui utilisé pour sa validation.Des différents <strong>critères</strong> analysés (âge, poids, prise d’œstrogènes, ménopause, activité physique, antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> fractures suite à<strong>de</strong>s traumatismes mineurs après 45 ans…), les 3 premiers ont finalement été retenus pour constituer un outil d’évaluation durisque ostéoporotique (ORAI) : âge (score <strong>de</strong> 15 si plus <strong>de</strong> 75 ans ; <strong>de</strong> 9 entre 65 et 74 ans ; <strong>de</strong> 5 entre 55 à 64 ans, et <strong>de</strong> 0 entre45 et 54 ans), poids (score <strong>de</strong> 9 si poids inférieur à 60 kg, <strong>de</strong> 3 entre 60 et 69 kg, et <strong>de</strong> 0 si supérieur ou égal à 70 kg) et prise régulièred’œstrogène (score <strong>de</strong> 2 si non et <strong>de</strong> 0 si oui). Un score total supérieur ou égal à 9 repérait 90 % <strong>de</strong>s femmes ayant <strong>une</strong> <strong>de</strong>nsitéosseuse d’au moins 2 déviations standard au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la moyenne.La validation <strong>de</strong> cet algorithme a montré qu’il avait <strong>une</strong> forte sensibilité (93 %) et <strong>une</strong> faible spécificité (46 %) pour repérer lesfemmes avec <strong>une</strong> faible <strong>de</strong>nsité osseuse. Sa sensibilité pour i<strong>de</strong>ntifier celles qui ont <strong>une</strong> ostéoporose était <strong>de</strong> 94 %. L’utilisation<strong>de</strong> l’ORAI diminuerait <strong>de</strong> 38 % le nombre d’ostéo<strong>de</strong>nsitométries par rapport à un dépistage systématique, comme dans lacohorte d’étu<strong>de</strong>. ConclusionUn simple algorithme basé <strong>sur</strong> l’âge, le poids et la prise d’œstrogènes i<strong>de</strong>ntifie correctement la majorité <strong>de</strong>sfemmes susceptibles d’avoir <strong>une</strong> <strong>de</strong>nsité osseuse faible. Il réduit significativement le nombre d’ostéo<strong>de</strong>nsitométriespar rapport à un dépistage systématique.2060LA REVUE DU PRATICIEN - MÉDECINE GÉNÉRALE. TOME 15. N° 555 DU 26 NOVEMBRE 2001


COMMENT SÉLECTIONNER LES FEMMES RELEVANT D’UNE OSTÉODENSITOMÉTRIE ?La rubrique Recherche clinique et mé<strong>de</strong>cine générale a pourobjectif <strong>de</strong> communiquer les résultats d’étu<strong>de</strong>s importanteschoisies pour leur pertinence en mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> soins primaires.L’exposé <strong>de</strong> ces données est confronté au point <strong>de</strong> vue d’unmé<strong>de</strong>cin généraliste* pour qu’elles soient resituées dans le contexte<strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine générale.* Mé<strong>de</strong>cins généralistes participants à cette rubrique : Jean-Pierre Aubert (Paris 75), HectorFalcoff (Paris 75), Pierre Ferru (Gençay 86), Patrick Flores (Clichy 92), François Gargot (Poitiers 86),Bernard Gavid (Neuville-<strong>de</strong>-Poitou 86),Philippe Hofliger (Nice 06), Anne-Marie Magnier (Paris 75),Frédérique Noël (Paris 75), Henri Partouche (Saint-Ouen 93), Denis Pouchain (Vincennes 94),Marianne Samuelson (Cherbourg 50). QUE PENSERDE CES DONNÉES ?Par Anne-Marie Magnier,mé<strong>de</strong>cin généraliste, 75013 Paris.Une <strong>de</strong>s difficultés quotidiennes en mé<strong>de</strong>cinegénérale est le « passage » <strong>de</strong> la problématique<strong>de</strong> santé publique à la pratiqueindividuelle : face à un patient précis,quelleprévention individuelle mettre en œuvre ?Pour le dépistage <strong>de</strong> l’ostéoporose, laconduite à tenir relève <strong>de</strong> l’appréciationindividuelle <strong>de</strong> recommandations qui peuventparaître contradictoires.Car si la définition<strong>de</strong> l’ostéoporose repose <strong>sur</strong> l’ostéo<strong>de</strong>nsitométrie(T-score inférieur à 2 DS),l’examen n’est pas remboursé actuellement.Le dépistage systématique <strong>de</strong> toute la populationn’est pas non plus recommandé carla me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> la masse osseuse n’est pas unbon test <strong>de</strong> dépistage : l’existence <strong>de</strong> fauxpositifs et <strong>de</strong> faux négatifs diminue la valeurprédictive <strong>de</strong>s fractures à l’échelon individuel[1,2]. En revanche, la nécessité d’instituerun traitement hormonal substitutifpour prévenir l’ostéoporose en raison <strong>de</strong>seffets prouvés <strong>de</strong>s œstrogènes est soulignéepar l’ANAES.En pratique : Pourquoi <strong>prescrire</strong> <strong>une</strong> ostéo<strong>de</strong>nsitométrieet dans quel but ?L’ostéo<strong>de</strong>nsitométrie est recommandéepour « convaincre <strong>une</strong> patiente, dont lerisque d’ostéoporose est la motivationessentielle, <strong>de</strong> prendre un traitementhormonal substitutif » [3] et pour encouragerla mise en route <strong>de</strong> ce traitement [1].L’ANAES préconisait <strong>de</strong> réserver le dépistageà certaines patientes «à risque»:ménopauseprécoce, petit poids-petite taille,alcoolisme, tabagisme, histoire familialed’ostéoporose.La validation d’un algorithme simple, telqu’il nous est proposé dans cette étu<strong>de</strong>,afin<strong>de</strong> repérer effectivement les femmes à risqued’ostéoporose confirme donc cette attitu<strong>de</strong>.Cela ne peut que renforcer la détermination<strong>de</strong>s praticiens à mettre en œuvre lesstratégies préventives individuelles actuellementvalidées : conseils hygiéno-diététiqueset traitement hormonal substitutifen l’absence <strong>de</strong> contre-indications. ■Références1.ANAES. L’ostéoporose chez les femmes ménopauséeset chez les sujets traités par corticoï<strong>de</strong>s : métho<strong>de</strong>s diagnostiqueset indications. Rapport. Avril 2001.Les indications <strong>de</strong>s me<strong>sur</strong>es quantitatives du tissuosseux : actualisation. Mars 2000.2. MarshallD, Johnell O,We<strong>de</strong>l H. Meta-analysis of howwell mea<strong>sur</strong>es of bone mineral <strong>de</strong>nsity predict occurrenceof osteoporotic fractures. BMJ 1996 ; 312 : 1254-9.3. Traitement <strong>de</strong> l’ostéoporose GRIO. Rev Prat Med Gen1999 ; 13 : 473-93.LA REVUE DU PRATICIEN - MÉDECINE GÉNÉRALE. TOME 15. N° 555 DU 26 NOVEMBRE 20012061

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