Ãcole primaire: - SNUipp
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enêTres[ f ]HEBDOMADAIREN°37415 OCTOBRE 2012ISSN1241-0497École primaire :le présidents’engageDOSSIERDe l’artà l’école !QUESTIONNAIRELesenseignantsprennentla parole
édito[ ]sommaireÀ LA UNEÉcole primaire :le présidents’engagef ][ enêTresHebdomadaire du syndicat nationalunitaire des instituteurs, professeursdes écoles et PEGC128 boulevard Blanqui 75013 ParisTél. : 01 40 79 50 00E-mail : fsc@snuipp.fr© ZELDA ZONK5L’ENFANT A L’ÉCOLEL’ONU LANCE LA CAMPAGNE« L’ÉDUCATION AVANT TOUT »6ACTUSÉCOLE PRIMAIRE :LE PRÉSIDENT S’ENGAGE10GRAND ANGLEPAROLE AUX ENSEIGNANTS12DOSSIERART ET CULTURE :DÈS L’ENFANCE DE L’ART18MÉTIERÉGALITÉ FILLES-GARÇONS :FORMATION OBLIGATOIRE24RESSOURCESEN AVEYRON LES PROFSRAMÈNENT LEUR SCIENCE26AUTOUR DE L’ÉCOLEMARIAGE HOMOSEXUEL :UN DÉBAT CONTROVERSÉ30GRAND INTERVIEWALAIN REYDirecteur de la publication : Sébastien SihrRédaction : Marianne Baby, Alexis BisserkineGinette Bret, Lydie Buguet, Judith Fouillard,Claude Gautheron, Pierre Magnetto, VincentMartinez, Philippe Miquel, Jacques Mucchielli,Emmanuelle Roncin, Sébastien Sihr.Conception graphique : Acte Là !Et maintenant, dumieux pour l’école !Le président s’engage. Solennellementdevant 17 ministres, FrançoisHollande a tracé, le 9 octobre à la Sorbonne,les grandes lignes du projet éducatif à venir :de la priorité au primaire au « plus de maîtresque de classes », en passant par la formationdes enseignants et la maternelle, avec, notamment,la scolarisation des enfants de moinsde trois ans, le discours montre que les enseignantsdes écoles qui se sont mobilisés massivementces dernières années ont été entendus ! Alors, de nouvellescouleurs pour l’école ? Il s’agit bien évidemment de traduire désormaistout cela concrètement : une école bienveillante, plus sereine... cela passerapar des mesures qui améliorent le quotidien des élèves et des enseignants,ce qui demande des moyens. La modification des rythmes, tantcommentée dans les médias, ne sera elle même une réforme réussie quesi les nombreuses questions qui en découlent quant à la prise en chargedes élèves hors temps de classe, la compensation des inégalités entrecommunes ou la nouvelle définition du service des enseignants... serontréglées de façon satisfaisante, notamment pour les enseignants qui fontl’école au quotidien.Il est encore temps pour vous de donner votre avis en renvoyant le questionnairedu SNUipp. Jusqu’à la fin du mois, pour l’école, les élèves et lesenseignants : ne vous privez pas ! Le SNUipp fera entendre votre voix !Impression : SIEP Bois-le-RoiRégie publicité : Mistral Media365 rue Vaugirard 75015 ParisTél. : 01 40 02 99 00Prix du numéro : 1 euro Abonnement : 23 eurosISSN 1241 0497 / CPPAP 0415 S 07284Adhérent du syndicat de la presse socialeMarianne Baby© MIRA/NAJA3
PETITESANNONCES LOCATIONSBUDAPEST CENTRELOUE STUDIO 4 PERS38E/n, 235E/s,ruben54@freemail.huVenise part loueappts 2 à 6 pers Centreville tt conft tél 04 73 3355 95COURCHEVEL-LATANIA LOUE APPART 6PL PIED PISTES T / 0477 71 97 63Gîte 5P VALLEEASPE 05 59 20 40 80ROME, Appart. Tél.02 33 28 60 97TARIFS 2011 Pour une ligne de 35 caractères (blancs inclus) — Tarif syndiqué/abonné 14 euros TTC — Tarif non syndiqué 23,5 euros TTC l En pavé encadré sans fond couleur —Tarif syndiqué/abonné 20 euros TTC — Tarif non syndiqué 30 euros TTC la ligne de 35 caractères l En pavé encadré avec fond couleur — Tarif syndiqué/abonné 24 euros TTCTarif non syndiqué 36 euros TTC la ligne de 35 caractères l Renvoyer au SNUipp - 128, Bd Blanqui - 75013 ParisSNUIPP.FR SUR SMARTPHONELe site du SNUipp est optimisé pour unpermutations mais aussiCompte tenu de la progression exponentiellede l'usage des terminaux mobiles (smartphones,tablettes...), le SNUipp a développé une applicationpour iPhone et smartphones sous Androïd.Disponible gratuitement, elle permet d'avoir accèsaux informations du site du SNUipp,et offre de nombreux services pratiques.Sur itunes.apple.com et play.google.comLe fait du jour, l'enfant, l'école, le métier,la carrière, le syndicat ;;Ces informations sont actualisées chaque jour.une réponse personnaliséedépartement.La carte d'identité du SNUipp, localiser le siègede la section départementale...Partage des articles, géolocalisation,gestionnaire d'alerte permettant de recevoirdes informations exclusives... L'applicationSmartphone du SNUipp, c'est (presque)tout le SNUipp dans votre mobile !
Pour l’ONUc’est « L’éducationavant tout »Avec le programme « L’éducation avant tout » , l’ONU se fixe l’objectifhistorique de faire de l’éducation une priorité pour « construire des sociétésplus durables, pacifiques et prospères » .Pour la première fois, et sous l’impulsion deson secrétaire général, M. Ban Ki-moon,l’ONU place l’éducation comme priorité descinq prochaines années. Placé sous l’égidede l’UNESCO, le programme « L’éducation avanttout » souhaite « remettre la communauté internationalesur la bonne voie en l’enjoignant à tenirses engagements en matière d’éducation » . Lorsdu lancement officiel du programme le 26 septembredernier, M. Ban Ki-moon a déclaré quel’éducation « est le meilleur investissement que lesnations puissent réaliser pour construire des sociétésprospères, saines et équitables » .Si la réalisation de l’enseignement primaire universelfixée par l’ONU d’ici à 2015 reste trèsincertaine, l’UNESCO peut se féliciter que lenombre d’enfants scolarisés ait progressé significativement(+9 %) en 10 ans et que l’écart entrela scolarisation des garçons et des filles ait étéconsidérablement réduit.Les taux de scolarisationdans le 1 er degréont ainsi progresséde 18 % en Afrique subsaharienne, de 12 %en Asie du Sud et de l’Ouest et de 9 % dans lesÉtats arabes. Pourtant, de fortes disparités mondialespersistent, notamment en Afrique subsaharienneoù 33 % d’enfants en âge d’être scolarisésne vont pas à l’école et dans les Étatsarabes qui ne scolarisent que 86 % des enfants.Des réalités que l’UNESCO entend bien prendreà bras-le-corps en fixant trois priorités à ce programmeambitieux qui a déjà recueilli plus de 1,5milliard de dollars de promesses de dons : favoriserla citoyenneté mondiale, améliorer la qualitéde l’apprentissage et scolariser tous les enfantsd’ici 2017. En outre, « L’éducation avant tout »définit 10 actions clés parmi lesquelles figurentla formation des enseignants ou encore l’alphabétisationdes 500 millions de femmes encoreprivées du droit fondamental à l’éducation.www.unesco.org VINCENT MARTINEZen BREFL’enfanT[ ]à l’éColERECHERCHEVIVE LA SÉRENDIPITÉUne recherche en sciences del’information tend à montrer que lasérendipité, c’est à dire la faculté desaisir et d’interpréter ce qui seprésente à nous de manièreinattendue, permettrait aux jeunesconnectés de prendre le contrôle deleur recherche sur internet en l’utilisantcomme une fin en soi pourapprofondir leurs connaissances etpas simplement pour chercher unsimple résultat. Une compétence quipermet d’exercer son esprit critique.Sciences humaines N°241, octobre 2012ALIMENTATIONDIVERSITÉ EN BAISSELa diversité alimentaire diminue enFrance chez l’enfant. C’est ce queconclut le CREDOC suite à une étudecomparée entre les modes et lesconsommations alimentaires enFrance et aux États-Unis. Si le modèlefrançais, structuré par les 3 repasprincipaux, assure une plus grandediversité alimentaire que le modèleaméricain basé sur l’autonomie, cettevariété alimentaire est perturbée parla crise qui conduit à des réductionsdes budgets alimentaires.TABLETTESNOUVEAU DOUDOU ?Selon leurs parents, 71 % des enfantsde moins de 12 ans « utilisentfréquemment ou de temps en temps »la tablette présente dans le foyer, 67%la liseuse, 55 % l’ordinateur, 51 % la TVconnectée et 43 % le téléphonemultifonctions, d’après le sondageCSA pour l’observatoire Orange/Terrafemina*. Une familiarisationprécoce qui n’effraie pas les parentspuisque 76 % d’entre eux considèrentque c’est une bonne chose. Enfin, 53 %des parents interrogés sont mêmefavorables à ce que l’on remplace lesmanuels scolaires par l’utilisation detablettes. 42 % y sont opposés.*Tablette tactile, la nouvelle nounou ?www.terrafemina.com/observatoires/vague/tablette-tactile-la-nouvelle-nounou-5
actus[ ]en BREFSUISSETOUT POUR LA MUSIQUE« La Confédération et les cantonsencouragent la formation musicale,en particulier des enfants et desjeunes ». Cette proposition demodification de la constitutionsuisse a été adoptée parreferendum le 23 septembre.Le texte reconnaît à l’éducationmusicale une place qui obligeratous les cantons à revoir l’éducationmusicale sous le contrôle dela fédération.ANGLETERRECHASSE AUX ESPACESVIDESPour réduire ses dépenses,le gouvernement britannique atrouvé une solution inattendue :diminuer de 15% la superficie desétablissements. La chasse auxespaces « inutiles » est ouverte.Les couloirs, amphithéatre, sallesde réunion, cantine n’ont qu’à biense tenir. Les salles de classe ferontun minimum de 54 m2.Le National Union of Teacherscraint les conséquences sur ladiscipline si les couloirs sont moinslarges. Le Nasuwt, lui, dénonceune dégradation des conditionsde travail.SYRIEL’ACCÈS À L’ÉDUCATIONPOUR LES RÉFUGIÉSL’Internationale de l’éducation lanceun appel urgent pour permettreaux enfants syriens réfugiésd’accéder à l’éducation et auxservices de base. Selon le HCR, lenombre officiel de réfugiés syriensdépasse actuellement les 250 000personnes, dont la plupart ont fuivers la Jordanie.On estime à 65 millions $ lemontant nécessaire pour fournir lesservices de base à la populationréfugiée. Le secteur de l’éducationrequiert un financement de16,1 millions, dont 7,7 millionsont seulement été fournis.EUROPEQuelle éducationà la citoyenneté ?Comment les politiques d’éducation à la citoyenneté ont-elles évoluéces dernières années dans les pays européens ? Le récentrapport du réseau Eurydice montre que les pays européens partagent« une compréhension commune du contenu et des objectifsde l’éducation à la citoyenneté » . Dans tous les pays en effet, oncherche à développer la pensée critique, à faire acquérir une culturepolitique, à développer des attitudes et des valeurs citoyennes et àencourager la participation des élèves dans l’école et la société. Pouratteindre ces objectifs, les moyens sont différents : certains font del’éducation à la citoyenneté une matière à part entière étalée sur la scolarité,d’autres l’intègrent à des domaines disciplinaires comme l’histoiregéographie ou l’éducation morale et religieuse, mais la plupart combinentces deux approches en y ajoutant des démarches transdisciplinaires.Le rapport constate que les objectifs d’apprentissage dans ledomaine de la citoyenneté sont « plus susceptibles d’être atteints par lapratique que par les méthodes d’enseignement traditionnelles » . Ilencourage donc les institutions scolaires à favoriser les pratiques démocratiquesdans les établissements comme par exemple les élections dereprésentants de classe ou de conseils d’élèves. Enfin le rapport insistesur les progrès qui doivent être faits partout dans le domaine de la formationdes enseignants car, si les curricula ont changé, la formation,elle, n’a pas suivi. ALEXIS BISSERKINEJose Campos-Trujillo, Secrétaire général de la Fédération de l’éducation des commissions ouvrières en Espagne.3 QUESTIONS A« 8 Md€ en moins pourl’éducation depuis 2000 »39 Md€ d’économies dansle budget 2013 de l’Étatespagnol. Quelles en sontles conséquences surl’éducation?Les budgets de l’éducationsubissent une nouvelle baisse deprès de 333 M€, soit une réductionde 14,6 %. À la fin de l’année, l’investissementéducatif public enEspagne aura diminué d’environ 8Md€ depuis 2000. En 2015, ladépense publique pour l’éducationaura diminué jusqu’à 3,9 % du PIB,ce qui représente un retour enarrière de vingt ans et nous situeraà la queue des pays de l’OCDE etde l’Union européenne. Dans le projetde budget, les programmesd’éducation prioritaire et de soutienaux activités scolaires sont suppriméset le volume consacré au programmed’éducation compensatricequi est réduit de 68,6 %, passede 169,8 M€ à 43,3 M€.En ce qui concerne lessalaires et les conditionsde travail, quelle est lasituation ?La situation est très négative parceque les réductions qu’ont subi tousles agents publics en mai 2010s’ajoutent à celles appliquées* parle nouveau gouvernement qui aannoncé la suppression de laprime de Noël. De plus, le processusa débuté avec 50 000 enseignantsen moins et on nousmenace de détruire encore plusd’emplois publics dans le secteurde l’éducation.Devant la décision desupprimer les déchargessyndicales desfonctionnaires, quelle est laréaction de la FE CCOO ?La décision de supprimer lesdécharges dans le secteur de l’enseignementpublic s’inscrit dansun processus de démantèlementdu service public d’éducation etd’élimination de tout foyer derésistance à ces politiques inspiréespar un capitalisme sauvage.Pour contrecarrer cette offensivegouvernementale, nous avonsavec les autres syndicats dénoncéau Conseil scolaire de l’Etat la suppressiondu pacte qui avait étésigné avec le ministère en juin etqui nous accordait des déchargesinstitutionnelles pour participeraux négociations collectives etaux organes consultatifs. Cesmesures ont été annulées par undécret en juillet. PROPOS RECUEILLISPAR PIERRE MAGNETTO* Le gouvernement espagnol conservateur deMariano Rajoy a été élu en décembre 2011 aprèsune mandature dirigée par le socialiste Jose-Luis Rodriguez-Zapatero.6[FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
École primaire :Le Président s’engageLe discours présidentiel du 9 octobre a fixé les orientations de la future loi surl’école. À l’image du « plus de maîtres que de classes » , il a repris un certain nombred’idées portées par le SNUipp. Il faut maintenant traduire les paroles en actes.Le Président FrançoisHollande aprononcé le 9octobre à la Sorbonneun discours fixantle cap de la nouvelle loid’orientation et de programmationde l’écolelors de la remise officielledu rapport sur larefondation de l’école.Selon le Président,l’orientation globale dusystème doit être remiseà l’endroit. C’est pourquoiil veut donner lapriorité au primaire enposant la réussite detous comme le cap ultime. Il a affiché clairementdes choix dans l’affectation des moyens. La scolarisationdes moins de trois ans sera relancée« dès la rentrée 2013 dans les zones en difficulté ».Le principe du « plus de maîtres que de classes »sera mis en œuvre « dans les établissements quien ont le plus besoin » pour « faciliter le développementdu travail en commun ». « De nouvellesméthodes d’accompagnement des élèves »© MIRA/NAJAactus[ ]seront développées qui doivent prévenir « lespremiers retards ». Concernant les enseignants,il a réaffirmé l’objectif de créer environ 10 000postes par an sur le quinquennat ainsi que 6 000« emplois d’avenir professeur » , par an, entre2013 et 2015. Le rétablissement de la formationinitiale avec la mise en place d’Écoles supérieuresdu professorat et de l’éducation (ESPE)est annoncé pour 2013. En validant dans son discoursnombre d’analyses et de positions duSNUipp, le chef de l’État montre que ce derniera remporté une première victoire décisive dansla bataille des idées. Mais un deuxième combats’engage : les engagements présidentiels doiventmaintenant se traduire dans la loi et dans sesapplications concrètes. C’est tout l’enjeu desnégociations qui vont débuter le 15 octobre avectous les syndicats. Le SNUipp y portera son projetpour l’école et la parole des enseignants qu’ilcontinue à consulter dans une grande enquêtediffusée jusqu’à fin octobre à toute la profession.LYDIE BUGUETNÉGOCIATIONS: LE SNUIPPAVEC LES ENSEIGNANTS !Jeudi 11 octobre, après l’étape de laconcertation, Vincent Peillon a lancé l’étape dela négociation qui va mener aux arbitrages.Selon le ministre, la loi d’orientation et deprogrammation serait rédigée début novembrepour être présentée en conseil des ministresmi-décembre. Toujours selon le ministre, cetteloi devrait sanctuariser des moyens budgétairessur le quinquennat. Au-delà de la Loi, lesnégociations auront à préciser les mesurescensées entrer en vigueur dès la rentrée 2013 :hausse de l’accueil des tout-petits à lamaternelle, mise en place de plus de maîtresque de classes, création des écoles supérieuresdu professorat et de l’éducation (ESPE),passage à quatre jours et demi. Vincent Peillona également annoncé la création d’un Conseilnational des programmes et l’ouverture d’unchantier sur l’évaluation de l’école. Il a évoquéun service public de l’éducation numérique etun service public de l’aide aux devoirs. Pour leSNIipp, la séquence qui s’ouvre se doit deprendre en compte l’avis et l’expertise desenseignants. C’est ce que fera le syndicatnotamment en portant publiquement leurparole qui s’est exprimée dans le questionnairelancé par le SNUipp.en brefRYTHMES SCOLAIRESNON TROPPOLe président s’est dit « favorable » au retour à unesemaine de quatre jours et demi mais il a préciséqu’elle devait « pouvoir être engagée – je dis bienengagée – dès la rentrée 2013 ». Sur ce sujet il aprécisé que l’Etat ne peut pas agir seul « lescollectivités territoriales seront donc associées dansle cadre des projets éducatifs locaux. » Mais pas unmot sur la question cruciale des inégalitésterritoriales et sur les conséquences sur le temps detravail et la vie des enseignants.DU CÔTÉ DES PRATIQUESNOTATION, DEVOIR,REDOUBLEMENT...Réduire les redoublements,faire les devoirs dansl’établissement plutôtqu’à la maison, revoir lanotation qui doit « indiquer un niveau plutôt quede sanctionner » , assurer une meilleure fluiditéentre le CM2 et le passage au collège, via unemeilleure collaboration entre les établissements,réussir à relever le défi du numérique, sur tousces sujets le Président a demandé augouvernement de prendre des initiatives.LE RAPPORTSUR LACONCERTATIONLes rapporteurs de laconcertation pour l’école ontremis vendredi 5 octobre leurrapport à Vincent Peillon.Il constitue un point d’appuipour les négociations quis’ouvriront le 15 octobre.RubriqueL’école/Le système éducatif7
actus[ ]2,2%C’est en pourcentage la progression prévuepour le budget 2013 du ministère del’enseignement supérieur et de la recherche(M.E.S.R.). Les 22,95 milliards d’euros debudget global sont répartis entre la vieétudiante (2,33 MD d’euros), l’enseignementsupérieur (12,76 MD d’euros) et la recherche(7,86 MD d’euros).BUDGETSALAIRESBAISSE OU GEL EN EUROPE« 16 pays de l’Union européenne dont laFrance ont gelé ou réduit les salaires desenseignants en réaction au ralentissementéconomique » . Face à ce constat de laCommission européenne, la commissaire àl’éducation, Androulla Vassiliou, estime que« pour attirer et garder les enseignants les pluscompétents, il faut accorder la priorité absolueau traitement et aux conditions de travail » .Rubrique La carrière/ Les rémunérationsen BREFe nMOBILITÉMUTATIONS 2013Lors d’une audience au ministère, leSNUipp a obtenu des premièresavancées pour favoriser lerapprochement familial. Pour lesmutations 2013 seront prises encompte, dans le rapprochement deconjoints, les périodes dedisponibilité et de congé parental.Par ailleurs la situation desconjoints séparés depuis plusieursannées bénéficiera d’une attentionparticulière. Un groupe de travailqui se tiendra fin octobre devraitpermettre d’inscrire cesmodifications dans la prochainecirculaire mobilité.ARRÊT MALADIEREVENIR SUR LAJOURNÉE DE CARENCEDepuis le premier janvier dernier,l’instauration d’un jour de carenceen cas d’arrêt maladie dans lafonction publique érode un peuplus le pouvoir d’achat desfonctionnaires. La FSU estsignataire d’un courrierintersyndical adressé à MaryliseLebranchu. Elle demandel’abrogation d’un dispositif « injusteet inefficace » qui pénalise lespersonnels contraints à un arrêtmaladie en les rendant « coupablesd’être malades ».CM2/6 ELE POINT SUR AFFELNETL’utilisation d’AFFELNET, interfaced’inscription et d’affectation encollège des élèves de CM2concernait l’an dernier 63départements. Le ministèresouhaite cette année l’étendre àtout le territoire. Avant toutedécision, le SNUipp a demandé etobtenu la réunion d’un groupe detravail sur le sujet. Il invite tous lespersonnels concernés à donner leuravis en participant à uneconsultation en ligne.www.snuipp.fr/questionnaires/index.php?sid=43435&lang=frPrimaire : 23 000 postes en moins depuis 2008Au cours de la période 2008-2012,l’éducation nationale a perdu 26 416postes d’enseignants du premier degré enéquivalents temps plein. Le projet de budgetprévoit une remontée en 2013. Les 9 000recrutements à venir devraient se traduire parle remplacement de tous les départs à laretraite et la création de 4 569 emplois destagiaires qui seront affectés pour un tierstemps dans les écoles (environ 3 000 supportsd’enseignement).ÉVOLUTION DES CRÉATIONS ET SUPPRESSIONS DE POSTES DE STAGIAIRESET DE TITULAIRES EN ÉQUIVALENTS TEMPS PLEIN DU PREMIER DEGRÉ DEPUIS 2008.4 0002 0000- 2 000- 4 000- 6 000- 8 000- 10 000+2602008-52502009-67592010-89672011-5700201233002013d’après uneprojectiondu SNUippSources : Les PLF, projets de lois de finances depuis 20088 [FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
Budget 2013 :un effort à poursuivreLa présentation du budget 2013 confirme un changement de cap pourl’éducation nationale mais l’action gouvernementale devra s’inscrire dansla durée pour être efficace.Le projet de loi de finances (PLF)présenté le 28 septembre auconseil des ministres a délivré unsignal positif en direction del’école. Malgré un recul de la dépensepublique de 10 milliards qui affecte laplupart des ministères, le budget del’éducation nationale affiche une augmentationde 2,9% (+0,6% hors pensions).Le sinistre dogme du un sur deuxprend fin avec la création nette de 10 011postes dans l’enseignement dont 8781pour les écoles, collèges et lycées. Unebouffée d’oxygène offerte par les40 000 professeurs recrutés en 2013 parle biais de deux concours et qui permettrontde compenser les départs en retraite. Maisl’effort qui s’enclenche devra impérativementêtre poursuivi . Compte tenu de l’inflation, del’augmentation du poids des pensions, de lahausse annoncée des effectifs (20 600 élèvesdans le premier degré), la prochaine rentrée s’effectueraquasiment à moyens constants. Lesdépenses de fonctionnement des écoles sontmême revues à la baisse avec une enveloppe quipasse de 40 millions d’euros à 36,5 millions.Aucune perspective non plus pour le salaire desenseignants, puisque le PLF confirme la poursuitedu gel du point d’indice. Pour être suiviesd’effets, les récentes annonces de François Hollandeà la Sorbonne ne pourront se contenter decette première amorce budgétaire. Le SNUipppèsera pour que l’investissement dans l’énergiescolaire s’inscrive dans la durée. Car, si lesmoyens ne font pas tout, ils sont un levier indispensablepour engager les transformationsnécessaires : alléger les effectifs des classes,implanter les premiers « plus de maîtres que declasses » , reconstituer les RASED et concrétiserune vraie priorité à l’école primaire. PHLIPPE MIQUELen régionsactus[ ]ACADÉMIE D’AMIENSENFIN, DEUXMOUVEMENTS !Victoire pour les enseignants del’Aisne, l’Oise et la Somme : le recteura décidé de revenir en 2013 à uneorganisation plus conforme à leursrevendications. Avec deux phasesdistinctes du mouvement despersonnels et deux saisies de vœux.Depuis 3 ans le SNUipp pointe lanocivité de la formule de mouvementunique qui augmente les affectationssur des postes non demandés, remeten cause les barèmes et lesprérogatives des représentants despersonnels. Le SNUipp sera attentif àce que cette décision soit généralisée.SEINE-SAINT-DENISGRÈVE ETRASSEMBLEMENTSuite à la pénurie d’enseignants dansle département, l’intersyndicale dupremier degré a appelé à la grève et àun rassemblement devant le ministèrele 11 octobre. Au regret des syndicats,le nombre d’enseignants recruté estinsuffisant (seuls 82 étudiants ont étérecrutés sur des contrats de stagiairesde 4 semaines en octobre). Pour sapart, le DASEN envisage, lui,maintenant 100 à 120 contrats allantjusqu’à fin août 2013... L’intersyndicaleréclame 250 créations de postespérennes et demande à ce que legouvernement s’engage dans un planpluriannuel de création de postes.PROJET D’ÉCOLEUn avenant pour cette annéeSuite à l’interpellation du SNUipp le ministère a annoncé que la validité des projets d’école renouvelablescette année sera bien prolongée d’un an. En effet, il semblait déraisonnable de demanderaux équipes enseignantes non encore engagées dans la réécriture de ce document de semettre au travail dans le cadre du socle commun Fillon appelé à être repensé. Dans les départementsconcernés par cette mesure les écoles pourront donc ne rédiger qu’un simple avenant. LeSNUipp a également dénoncé les dérives dont les projets d’école sont souvent l’objet : tableaux debords en nombre à remplir, indicateurs multiples à renseigner... De plus en plus, ces documentsrelèvent davantage de la procédure administrative normée que du projet pédagogique adapté auxbesoins des écoles pour la réussite des élèves. Cette question a été abordée au cours de la consultationet le SNUipp souhaite que ce sujet comme d’autres impactant directement l’activité enseignantefassent l’objet de discussions lors des négociations à venir.RISC’EST LA SAISON !Les calendriers des réunionsd’information syndicale s’affichent surtous les sites des sectionsdépartementales du SNUipp. Lesnégociations préparatoires à la loid’orientation s’engagent, la parole desenseignants est d’autant plusprécieuse. Le SNUipp donnerendez-vous pour échanger etdébattre, souvent autour duquestionnaire qu’il a initié. Qu’ils soienttrès nombreux comme à Poitiers(200) et Caen (150) ou en plus petitnombre dans des réunions locales, lesenseignants répondent présent.9
Grand Angle[ ]Questionnaire : les enseignantsLes huit enseignants de l’école de Tourouvre dans l’Orne ont rempli en même temps le questionnairedu SNUipp-FSU, l’occasion de discuter de l’école et de son avenir.«Ho mais il faut qu’on file manger !» Ilest 13h et les huit enseignants del’école de Tourouvre dans l’Orne sesont pris au jeu du questionnaire duSNUipp-FSU intitulé « Refondation de l’école primaire: prenez la parole » jusqu’à en oublier demanger ou presque. Entre doutes, débats, questionnements,le questionnaire s’est révélé commeun support à discussion sur le métier, le fonctionnement,les missions et la réforme de l’école.Des dizaines de milliers de questionnaires ontété distribués aux enseignants du primairedans tous les départements pendant les réunionsd’information syndicale ou lors de tournéesd’écoles... Et plus de 10 000 d’entre euxsont déjà remontés à l’institut Harris interactivequi est chargé de compiler les résultatsde cette enquête.À Tourouvre, c’est donc sur le temps de midique l’équipe renseigne les 26 questions et lesdiscussions commencent dès l’entrée enmatière avec l’intervention d’Élodie. Cettejeune enseignante fait sa quatrième rentrée etassure un quart temps, elle prévient « toutesmes réponses vont être orientées par le faitque j’assure 4 quarts de décharge sur 4 écolesdifférentes et que je travaille à 2 heures dechez moi ! » Une façon de dire que l’on n’estpas enseignant hors sol, et que les discussionssur la réfondation percutent le réel descontraintes liées aux territoires, aux conditionsde vie et de travail...Pendant les négociations, le SNUipps’appuiera sur la parole des enseignantsqui se sont exprimés par le biais duquestionnaire.Pour un avenir meilleurDans cette école primaire l’équipe est stable eta manifestement l’habitude d’échanger. À proposdes missions de l’école, les discussionss’orientent sur les difficultés du système à « formerdes citoyens responsables » et « apprendreà lire, écrire, compter ». Qu’est-ce qui tient àl’organisation du système lui-même ? Aux pratiquesdans les classes ? « Chaque semaine dèsla PS, les élèves amènent un livre à la maison,or on se rend compte que même arrivés en CP,pour certains enfants le rapport au livre reste del’ordre de la salle d’attente, on feuillette et onrepose l’objet. Ce rapport au livre on n’arrive pasà le construire » explique Sylvie la directrice.© MIRA/NAJA10 [FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
prennent la paroleverbatimGrand Angle[ ]« On peut dire que l’école maternellefonctionne très bien, non ? »interroge Fabienne, enseignanteen CP/CE1 qui intervient en tantque maman. « Les enseignantesde mes enfants ont toujours prisle temps d’écouter, de discuter »souligne-t-elle. La série de questionssur le fonctionnement et surl’avenir de l’école commence parce satisfecit repris par les enseignantesde maternelle qui réfléchissentà l’évolution de leurécole. Isabelle, l’enseignante deGS dit qu’avec le temps elle estplus satisfaite de son fonctionnementcar elle est aujourd’huimieux à même de tempérer lapression liée aux évaluations. Laprésence de plus de maîtres quede classes est accueillie par lemême enthousiasme partagé.« On en demande qu’un seul »plaisante la directrice qui imaginedéjà une organisation « enfonction des besoins » des élèveset des maîtres. Même unanimitéquand il s’agit de baisser lenombre d’élèves par classe. Plusieursautres items ne vont pas de soi. « Laformation continue ? Ça dépend ce qu’on ymet ! », « Du temps pour le travail en équipe ?Encore faut-il que l’on sache ce qu’on fait pendantces réunions. »Des sujets épineuxToutes les questions sur l’aide aux élèves en difficultéprennent un tour plus ironique et sontplus débattues. « Êtes vous satisfaite de l’aideaux élèves en difficulté ?... On me demande si jesuis satisfaite de moi-même ? Parce que moi jesuis toute seule dans ma classe ! »L’aide personnalisée est l’objet d’un petitdébat entre celle qui dit « avoir mauvaiseconscience de prendre des élèves après laclasse même si eux sont globalementcontents » et une autre qui souligne les progrèsde certains élèves qui avaient besoin d’uncoup de pouce et l’ont obtenu grâce à ce travailen petit groupe. « D’accord ça ne marchepas pour les élèves en grande difficulté maispour ceux-là oui. Et avant on n’avait pas cemoyen de leur venir en aide » .REMPLIR LE QUESTIONNAIREC’est le moment où Peggy, enseignante encycle 3, qui a rempli le questionnaire plus vitedans la pièce d’à côté, s’est écrié « dessous ! » déclenchant un rire général.La réforme des rythmes scolaires a rencontréune vague de protestations. « Moi, j’ai tout fait :4 jours, 4 jours et demi samedi, 4 jours et demimercredi, et à chaque fois, il s’est trouvé unebonne raison pour regretter l’organisation passée» . Un constat résumé par la formule « c’estl’arbre qui cache la forêt des réformes nécessairesà l’école ! » . Dans le détail, les avis sontdivers mais assez peu tranchés. « Raccourcirles vacances, pourquoi pas mais si on réussit àorganiser la classe de manière moins scolaire »tandis qu’Élodie imagine les conséquencesd’une nouvelle organisation du temps si elledoit continuer à faire la route tous les jours...Pas de prêt à penser, ni de déploration dansles débats suscités par le questionnaire maisla preuve que quand on prend la peine de lesinterroger, les enseignants ont des choses àdire sur leur école et leur métier. À bon entendeurMonsieur le ministre ! LYDIE BUGUETinitiativesLe SNUipp-FSU a lancé cette enquêtepour que les enseignants puissent participer àla concertation. L’étude est pilotée parl’institut Harris interactive qui est responsable du traitement desquestionnaires et de l’analyse des réponses. Les résultats de l’enquêteseront rendus publics au mois de novembre et le SNUipp-FSU portera laparole des enseignants pendant les négociations.Il est toujours temps pour les enseignants qui le souhaiteraient dedonner leur avis. Pour ceux qui ne l’ont pas en leur possession, il estpossible de demander le questionnaire aux sections départementaleset de le renvoyer au SNUipp ou à Harris interactive directement.Les enseignants peuvent écrirelibrement à la fin du questionnaire.Extraits des premiers verbatim :LA RÉFORME«Je ne suis opposé à aucuneréforme, à condition quema condition d’enseignants’améliore. Il ne faut absolumentpas que l’on soit les oubliés d’uneréforme nécessaire pour nosélèves (augmentaton des salaires,allègement du temps journalier,considération de la hierarchie, bienêtre ou mieux-être au travail...) »LE MÉTIER«Le métier me prend du tempset je n’en sors pas vraimentmême les week-ends. Et pourtantà l’extérieur, j’hésite à dire queje suis enseignante du fait descommentaires immédiats surles vacances... J’en ai marre depasser pour une fainéante. »LES PRIORITÉS«Déjà la première chose àfaire c’est de nous mettre à20 gamins par classe et pas 32...avec 20 on voit plus clair. J’avais29 enfants en CE1 l’an passé. Avecceux qui ne lisent pas, on galère.Donc on aura beau nous remettrele samedi, si on a toujours 32élèves, ce n’est pas la peine. »LES RYTHMES«Pour l’anecdote, on a évoquéla question des rythmesscolaires en conseil d’école, il yavait 20 personnes autour de latable, et je crois qu’il y avait 20 avisdifférents. Je ne sais pas commentva faire le gouvernement. »11
dOSSIER]Éducation artistique & culturelledès l’enfance...de l’art !L’art et la cultureà l’école ne se limitentpas à l’enseignement del’histoire mais répondentà des enjeux d’éducationfondamentaux commel’acquisition d’uneculture commune,l’éducation à lacitoyenneté ou la luttecontre les inégalitésscolaires.DOSSIER RÉALISÉ PARGINETTE BRETCLAUDE GAUTHERONPIERRE MAGNETTOPHILIPPE MIQUEL.est de généraliserles programmes d’éducationculturelle de la maternelleà la terminale » . Si«l’objectifl’enseignement des artsà l’école est déjà inscrit au programme, la volontédu chef de l’État est d’en ouvrir le champ à la cultureau sens plus large, car il y voit « un enjeu d’épanouissement,de confiance et de fierté » . C’est en tout casce qu’il a déclaré le 9 octobre dernier à la Sorbonnelors de la conclusion de la concertation sur la refondationde l’école au cours de laquelle il a présentéles grandes lignes de la future loi d’orientation et deprogrammation. Cette volonté trouve aussi sa traductiondans le chantier de l’éducation artistique etculturelle que s’apprête à lancer la ministre de laculture et de la communication, Aurélie Filippetti.« Mis devant l’acte de créer,l’enfant se révèle à lui-même etpeut ainsi trouver son identité etsa place dans la société.»Cet affichage ambitieux sera-t-il suivi d’effets ? Ça,c’est l’avenir qui le dira, la concrétisation d’une tellepromesse ne pouvant se mesurer que dans la durée.Ceci-dit, en soulignant cet aspect de son projet, lechef de l’État met le doigt sur un véritable enjeupour l’école. L’enseignement des arts et de la cultureest en effet une arme à multiples facettes. Commele souligne le SNUipp (lire p13), il participe à laconstruction d’une culture commune de hautniveau et l’école primaire a un rôle fondamental àjouer dans cette entreprise. Les programmes de2008 qui voulaient recentrer l’enseignement primairesur les savoirs fondamentaux, ont quelquepeu réduit les objectifs de cet enseignement. L’approchese cantonne essentiellement à la transmissionde l’histoire de l’art. Ce volet reste indispensableà l’acquisition d’une culture générale et faitpartie intégrante du travail de l’école. Il s’avère toutefoislimitatif compte tenu des potentialités éducativesde cette matière.Les chemins de la citoyennetéGérard Garouste, peintre et sculpteur créateur del’association La Source qui diffuse les pratiquesartistiques chez les jeunes des quartiers populairesen souligne quelques traits saillants (lire p17). « Pourcertains enfants, ne pas lire, ne pas écrire, c’est résisterau monde des adultes » remarque-t-il, lui qui travailleessentiellement avec des jeunes en échec scolaire.« L’artiste les embarque dans une espèce d’utopieà laquelle ils adhèrent spontanément. Mis devantl’acte de créer, l’enfant se révèle à lui-même et peutainsi trouver son identité et sa place dans la société ». Favoriser le développement de l’enfant, lui faireprendre les chemins de la citoyenneté, c’est bien làune des missions fondamentales de l’école.Cet intérêt de l’enseignement artistique pour donnerun coup de pouce aux enfants des milieux défavorisés,l’équipe de l’école maternelle Barbanègre à Paris12 [FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
l’a bien assimilé (lire p14). Avec le soutien du muséedu Louvre qui lui prête des moulages d’œuvres d’art,les enseignants ont entrepris une démarche qui n’estpas sans rappeler celle de « La main à la pâte » avecdes manipulations et de l’expérimentation puisqueles enfants deviennent aussi producteurs. A traverscet outil c’est le langage, l’expression corporelle, legraphisme… autant de domaines spécifiques à lamaternelle et qui sont ici travaillés.Gérard Garouste qui a souvent à faire à des enseignantspropose une approche particulière pourconstruire des formes de progression qui facilitentl’accès des élèves à l’univers artistique et culturel.L’art pariétal dans les petites classes ou les civilisationsprécolombiennes au Cycle 3 par exemple, desformes de médiation culturelle faisant appel à l’imaginairedes enfants.Une porte ouverte sur les savoirsdits « fondamentraux »« L’éducation artistique est émancipatrice. Encorefaut-il qu’elle s’élabore sur la base de la participationet de l’activité réelle de l’enfant » . Katell Tison-Deimat,animatrice à l’Office centrale de coopération àl’école ajoute ainsi une autre dimension : l’émancipation(lire p14). Une notion qui n’est pas sans rapportavec l’acquisition de l’autonomie, de l’espritcritique : encore une mission de l’école, non ? L’animatricede l’OCCE estimequ’il faut aujourd’hui « inverserla logique précédente quitendait à sortir l’éducationartistique du domaine de lascolarité obligatoire » .Mais l’éducation artistiquec’est aussi une question decompétence de l’enseignantqui parfois ne s’estime pas àla hauteur. La formation initialeet continue est doncprépondérante pour lui permettred’acquérir pas seulementdu savoir, mais du savoir-faire professionnel.Les moyens aussi sont indispensables. Quelquesclasses bénéficient encore des financements classeà PAC, mais la source s’est singulièrement tarie cesdernières années, économies budgétaires obligent.À propos des pratiques, l’inspectrice généraleViviane Bouysse avait piloté en 2007 une étude dontun des titres résume plutôt bien la situation : « Uneréalité complexe et très variée » (lire p14). Le rapportpointait notamment deux tendances claires : despratiques fréquentes et régulières à la maternelle,une insuffisance des pratiques à l’élémentaire.Enfin, le développement de cet enseignement estaussi une affaire de ressources. Le territoire surL’ÉDUCATION FONDAMENTALEL’éducation artistique et culturelle est une ouverture capitalepour donner aux élèves la capacité de comprendre le mondedans lequel il progresse et ceci, quel que soit son milieu social et cultureld’origine. Mais dans les écoles, elle est trop souvent soumise à l’aléatoiredes compétences et des goûts personnels des enseignants et auxinégalités d’accès aux artistes et aux œuvres sur le territoire. C’estpourquoi pour le SNUipp, elle doit rester inscrite dans les programmeset des moyens doivent être mis en œuvre pour qu’elle devienne uneréalité pour tous les élèves (budgets pour classes à PAC, module deformation, intervenants qualifiés...). Cette éducation est partie intégranted’une culture commune qui au-delà des « fondamentaux » que sont lelire, écrire, compter doit intégrer les arts, les sciences, l’EPS qui œuvrentconjointement à la construction de l’individu et du citoyen.lequel s’insère l’école peut être parfois un atout.C’est le cas à Chalon-sur-Saône ville qui a unelongue histoire culturelle, technologique et industrielleliée à la photographie. Les élèves de CM1de l’école Jean Lurçat bénéficient chaque annéede 108 heures dédiées à cette activité pour refairele chemin des inventeurs de la photo. Ceux duCM2 travaillent avec des artistes sur des gros projets.« C’est une expérience qui marque autant leplan artistique que tous les autres apprentissages », explique Caroline Tejedor (lire p15). Finalement,l’enseignement artistique comme porte d’entréevers plus de transversalité avec les savoirs fondamentaux,tout le monde s’y retrouve.13
dOSSIER]Éducation prioritaireEn famille au musée !Éducation prioritaire à l’art, c’est possible ? Une école du 19 e arrondissementde Paris fait toucher les œuvres du doigt, aux enfants et aux parents.L’école maternelle Barbanègre coincée dans le19 e arrondissement à Paris, 8 classes, 185élèves, une directrice et les enseignantes passionnéesde pratiques artistiques et deculture, une certitude partagée : « faire découvrir l’artà l’école maternelle le plus tôt possible » ... et c’est touteune école, un quartier et ses familles qui plongentdans la culture. Après quelques sorties au Louvre,les classes découvrent l’étonnante galerie tactile,conçue au départ pour les mal et non voyants, seulendroit où on peut « toucher » les œuvres. L’idéal pourse constituer des repères formels et stylistiques.Puis c’est la rencontre avec l’équipe Education duLouvre. Et hop ! sous la houlette avertie d’EmmanuelleWolff, un partenariat est signé : le Louvreprête des moulages d’oeuvres à l’école et l’école travailleà une exploitation pédagogique de la galerietactile pour les autres écoles maternelles. Six moisde travail dans le cadre d’une classe PAC : travail surle langage (nommer les parties du corps des statues,inventer des histoires sur les sculptures, les enregistrer...),expression corporelle, graphisme, artsplastiques... tous les paliers du socle passés à lamoulinette de la culture !Les petits élèves sont égalementmédiateurs de la cultureauprès de leurs parents, souventtrès éloignés des arts:« Viens voir, papa, la statue quiest dans la classe » « Regarde ça,c’est moi qui l’ai fait ! » Pointd’orgue de ce travail foisonnant: une exposition de travauxdes élèves, avec les œuvres,dans la mezzanine du Louvrependant une semaine. Avecvernissage un samedi pour lavenue des familles, qui se sontvu offrir des billets gratuits parle musée.Fin d’une belle histoire ? Non, Emmanuelle et lesenseignantes ont eu une crainte : que l’art dans la têtedes enfants ne se réduise à un musée et des œuvresfigées. Elles font venir un street artist, Da Cruz, grâceau soutien de la ville et de l’OCCE. Pendant 15 jours,sous les yeux et les questions des enfants, il peint lesmurs de la cour de l’école. Une immense fresque,avec un oiseau « pour envelopper les enfants de couleur» , gravée dans un DVD.Le partenariat avec le Louvre durera 3 ans, car pourEmmanuelle et ses collègues, « au niveau des arts àl’école, tout est à construire » .Envelopper les enfants de couleurdans la cour de recré.Katell Tison-Deimat, animatrice nationale OCCE arts et culture, vice-présidente de l’ANRAT*3 QUESTIONS À« Lire, dire, voir, jouer, partager »Quels sontles buts viséspar l’OCCE à travers Théa(théâtre, coopération, école) ?Théa organise des rencontresentre des classes de la grande sectionà la troisième et des écrituresthéâtrales contemporaines. Poursa 9 e édition, près de 400 classesparticipent à la construction unprojet artistique autour de l’œuvrede Karin Serres. Théa porte deuxenjeux : celui du partenariat ,chaque projet est porté par uneclasse entière en complicité avecdes comédiens, des metteurs enscène qui rejoignent les élèves encours de parcours. Celui de la formation,en effet les enseignantssont invités à deux stages dansl’année pour travailler avec auteurset artistes.Quelle place tient l’art dans ledéveloppement de l’enfant ?L’éducation artistique est émancipatrice.Mais elle doit s’élaborer surla base de la participation et de l’activitéréelle de l’enfant. En mettanten jeu le corps, la voix, la prise deparole autour de textes d’unegrande qualité littéraire, on développel’intelligence sensible de l’enfant.Nous construisons notre actioncoopérative autour des verbes lire,dire, voir, jouer, partager. Mais l’enfantacteur doit aussi devenir spectateur: voir du théâtre dans les lieuxdédiés et être accompagné par desenseignants capables de lier lesdimensions artistiques et pédagogiques.C’est aussi la démarche del’école du spectateur que nousmenons au sein de l’ANRAT.Quel rôle doit jouerl’école dans le domaineartistique ?La place spécifique de l’artistiquedoit être réaffirmée et pas noyéedans un concept d’éducation culturelleaux contours trop flous. Il fautinverser la logique précédente quitendait à sortir l’éducation artistiquedu domaine de la scolaritéobligatoire. La démocratisation deschamps artistiques passe aucontraire par le cœur de la classequi concerne tous les enfants. Pourleur permettre de proposer à leursélèves des pratiques artistiques etculturelles pertinentes, les enseignantsdoivent pouvoir établir undialogue permanent avec lesartistes, les lieux de culture. La formationest donc un maillon essentiel.*Association nationale de recherche etd’action théatrale14[FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
PhotographieDu négatif, maispas queÀLes élèves de CM1 deNicolas Pied font dela photo sans appareilphotos maisavec un... sténopé ! Ilsvous apprendraient qu’ils’agit d’une boîte quiconstitue une chambrenoire et d’une lentille parlaquelle la lumière va venirimpressionner le papierphoto collé au fond de laboîte. Les élèves semettent rapidement autravail, d’abord dans lacour de l’école puis au labophoto installé près de leurclasse. Quand la lumièredu labo revient, les enfantspeuvent découvrir les productionsdu jour. « Ondirait que le ciel est noir,qu’un gros orage se prépare» , s’exclame Guillaumequi découvre avec ses camarades ce qu’estun négatif. Les travaux sont observés, analysés etdes conclusions sont tirées sur le cadrage, lessujets, la durée d’exposition.Depuis quatre ans, l’école Jean Lurçat de Chalonsur Saône a mis en place un travail autour de laphotographie. Il faut dire que la ville entretientavec cet art une longue histoire technologique,industrielle et artistique. C’est ici qu’est né en1765 le célèbre Nicéphore Nièpce inventeur de laphoto et que se sont installées dans les années 60les usines Kodak. Les CM1 et les CM2 bénéficientde 108 heures annuelles dédiées à cette activité.« Le travail s’étale sur deux ans : les CM1 refont enquelque sorte le parcours des inventeurs de la photographie,du sténopé à l’appareil numérique. LesCM2 sont investis dans deux gros projets avec desartistes. » explique Lionel Lhenry, des Amis dumusée, association partenaire du projet. Ainsi lesCM2 de l’année dernière se sont rendus à Lyondans l’atelier de l’artiste Philippe Pétremant avantChalon-sur-Saône, ville berceau de la photographie,les élèves de l’école Jean-Lurçat marchent dans les pasdes pionniers de cet technique et de cet art.Coller le papier photo au fond du sténopé, opérationdélicate qui se fera dans le noir et qui demande unepréparation minutieuse. Photo prise par les enfantsde l’école Jean-Lurçat de Chalon-sur-Saône.de le recevoir au musée de Chalon et à l’école. Ceprojet s’est clôturé par une exposition des œuvresproduites par les élèves dans un galerie du centreville. « C’est une expérience qui marque autant leplan artistique que tous les autres apprentissages.Les élèves ne regardent plus de la même manière, ilsont appris à lire et construire les images et les paysages.En histoire et en géographie, leur regard estplus aiguisé et leur sens critique plus développé. Enarts plastiques, leurs productions sont plus riches etleur démarche différente.» témoigne Caroline Tejedor,la maîtresse des CM2.Ce sont des activités qui profitent à tous « mais plusparticulièrement aux élèves qui rencontrent des difficultésscolaires. Ils arrivent à avoir une autre idéede l’école, leurs travaux sont de même qualité queceux de leurs camarades et sont valorisés par lesexpositions » assure Nicolas Pied. Bel exempled’articulation réussie entre arts, sciences et techniquesen lien avec le patrimoine local et transversalitédans les apprentissages.en BREFCHANTIER NATIONALLA CULTURESUR TOUT LE TERRITOIREAvec un budget en hausse de 8%pour l’éducation artistique, la ministrede la culture Aurélie Filippetti veutprivilégier les pratiques artistiques dèsle plus jeune âge pour éveiller lesenfants mais aussi dépasser lesinégalités sociales. Un grand chantiernational de l’EAC (éducationartistique et culturelle) reposera surun partenariat entre ministères del’EN et ceux de la Ville, de la Santé, dela Justice... Un dialogue sera conduitavec les collectivités territoriales,notamment auprès des publicséloignés socialement ougéographiquement de la culture ens’appuyant sur les DRAC (Directionsrégionales des affaires culturelles).PROGRAMMESTOUTE UNE HISTOIRE ?Avec les programmes de 2008,l’entrée de l’histoire des arts faisaitcraindre une pratique académique del’éducation artistique et culturelle.Pour Joëlle Gonthier, « c’était sanscompter sur l’inventivité desenseignants. Faire formuler desquestions aux élèves face auxœuvres, comprendre comment unartiste génère sa connaissance etélabore sa démarche, verbaliser,définir des critères, identifier desindices... c’est aller vers une approchehistorique de l’art en situation » .ET DEMAIN ?LA FUTURE LOID’ORIENTATIONLe Président de la République aassuré l’engagement de l’État pourrefonder une éducation culturelle,artistique qui permette à chaqueélève de profiter d’un parcours riche,équilibré et cohérent tout au long desa scolarité. Prendre pleinement encompte la dimension culturelle danschaque programme d’enseignementet dans le socle commun, redéfinir laplace et le contenu del’enseignement de l’histoire des arts,rendre possible des regroupementsd’horaires pour mettre en œuvre desprojets... La volonté est là et leSNUipp restera vigilant.15
dOSSIER]Arts à l’écoleun tableau contrastéL’éducation artistique et culturellea une place particulière dans lespratiques de classe avec des disparitéstrès importantes selon le niveau, lacompétence et l’envie des enseignants.«Une réalité complexe et très variée » . Lerapport des inspecteurs générauxpiloté notamment par Viviane Bouysseen 2007* se garde bien de tirer desconclusions trop précises sur les pratiques enseignantesen matière d’éducation artistique et culturelleet dresse un tableau plutôt contrasté. En maternelle,l’enquête montre des pratiques régulières etfréquentes. Confrontés à de jeunes enfants quidécouvrent le monde d’abord par l’explorationmotrice et la manipulation, leurs enseignantsadmettent que les apprentissages ne soient pasencore contraints par le seul vecteur du langage.Même si le rapport indique clairement que l’expressionpar la voix et le geste prend le pas sur les dimensionstrop souvent délaissées de l’écoute et du regard.Réalité tout autre en élémentaire : le rapport pointel’insuffisance des pratiques pour des enseignementsqui « ne font que rarement l’objet de progressions et deprogrammations » . Car pour les rapporteurs « lareprésentation floue que se font les enseignants des disciplinesartistiques qui en exagèrent la difficulté et lacomplexité les conduit à se penser, souvent, commeinsuffisamment compétents pour conduire les enseignementsattendus. » .Manque de pratique, contenus mal cernés, sentimentd’incompétence... on comprend que les enseignantsaient parfois du mal à mettre l’éducation artistiquesur le même plan que les autres apprentissages.Pourtant la plupart sont conscients de l’importancede ces enseignements pour leursélèves. Dans ce domaine plus qu’ailleurs,ils sont capable de mener et deconcevoir des « projets » qui structurentle travail de l’année. Le foisonnementdes blogs d’enseignantsconsacrés aux activités artistiques,l’investissement des équipes d’écoledans les activités de « monstration »(spectacles, expositions...) témoignentde la diversité des pratiques. Et parceque c’est sans doute moins « coûteux »pour eux, les enseignants souscriventen nombre aux opportunités qu’ils ontde confronter leurs élèves aux œuvres,au spectacle vivant : visite de musées,exploration du patrimoine, cinéma,théâtre, concert... font partie du quotidiende la vie des écoles.Insuffisamment formés, cadenasséspar un temps d’enseignement réduit à 24 heureset des programmes recentrés sur l’histoire de l’art,empêchés par une diminution constante des budgetsde fonctionnement, la majorité des enseignantscontinue à montrer son attachement à l’artet à la création. Le terreau est bien là pour sortirdes « pratiques aléatoires » dénoncées par VivianeBouysse et rendre à l’éducation artistique et culturellela place qui lui revient à l’école.Les enseignants sont nombreuxà s’investir dans des projets àdominante artistique et culturelle.Photo prise par les enfants de l’écoleJean-Lurçat de Chalon-sur-Saône.BLOGSDE L’ART SURLE NETFaute de trouver descanaux institutionnels,de nombreux enseignantsutilisent la toile pour mutualiser les pratiques,partager les expériences. Le champdes arts visuels est particulièrement investitémoignant de la richesse et de la créativitédes activités plastiques proposées auxenfants. Quelques pépites parmi d’autres :www.cahierjosephine.canalblog.comwww.artsvisuelsecoleprimaire.over-blog.comwww.artsvisuelsecole.free.frSITEHISTOIRE DES ARTSLe ministère de la culture a créé un siteressources à destination des élèves de tousniveaux pour aborder l’histoire des arts.On peut y effectuer des visites virtuelles,se repérer dans la chronologie, pratiquerdes jeux interactifs et explorer des liensqui renvoient à l’histoire de l’ensembledes domaines artistiques.www.histoiredesarts.culture.fr© FRAC LANGUEDOC-ROUSSILLONART CONTEMPORAINMUSÉE MOBILEL’association Art et Enfance a créé depuis2011, un musée mobile, le MuMo qui part à larencontre des enfants de 6 à 12 ans sur lesroutes de France et d’Afrique. Ce muséeitinérant prend la forme d’un container quipeut aisément voyager par bateau, avantd’être chargé sur un camion. Parvenu àdestination il se transforme en un musée,ouvrant sur quatre espaces distincts chacunplongeant les enfants dans un universdifférent : peinture, sculpture, installation,vidéo, design, etc.Présentation du projet et itinéraire du muséesur www.musee-mobile.fr/projet.htmlen bref16[FENÊTRES SUR COURS] N°373 - 1 ER OCTOBRE 2012
Gérard Garouste, peintre et sculpteurENTRETIEN AVEC« L’acte de créer révèlel’enfant à lui-même »Pourquoi un artiste commevous a-t-il choisi de s’investirdans le champ éducatif ?C’est lié à mon histoire personnelle.Enfant, j’étais dans un échec scolaireénorme dû à des névroses assezfortes. Le dessin était pour moi laseule manière d’exister et j’ai réaliséà cette époque que créer quelquechose avec mes mains était une questionde survie. Plus tard, en Normandiedans un atelier d’artiste, j’aicôtoyé une famille dans un dénuementinsupportable. Ce qui m’a faitme poser des questions sur la responsabilitéde la collectivité à leurégard. Pour moi, chaque individuqu’il soit boulanger, maçon ou artistea un véritable devoir citoyen detransmission vis-à-vis de sa famillemais aussi de la société toute entière.C’est un rôle politique au sens platoniciendu terme.« Il y a des passerelles àconstruire entre Molièreet l’art de la rue, entrele rap et l’opéra »Quel est le projet del’association La Sourceque vous avez créée ?Il s’agit d’aider les enfants quiviennent d’un milieu très défavoriséen les mettant en contact avec desartistes professionnels lors d’ateliersafin de s’immerger dans l’activitécréatrice. Dans nos deux centres nousavons vu passer en vingt ans près de15 000 jeunes de 6 à 18 ans. L’art estune manière de se construire particulièrementbénéfique pour tous ceuxqui ont des difficultés à être. Pourcertains enfants, ne pas lire, ne pasécrire, c’est résister au monde desadultes. L’artiste les embarque dansune espèce d’utopie à laquelle ilsadhérent spontanément. Un enfantdevant l’acte de créer, se révèle à luimêmeet peut ainsi trouver son identitéet sa place dans la société.Quel lien avec l’école ?Notre action est maintenant reconnuepar l’Éducation Nationale quimet à notre disposition un prof desécoles détaché pour construire desprojets avec les classes. Pour moi, lesélèves doivent sortir de l’école pouraller dans les ateliers, les théâtres, lessalles de concert... Ils accèdent ainsià un univers ludique propice à lacréation qui est celui de l’art alorsqu’à l’école on est plutôt là pour recevoirun enseignement. Pour l’instant,l’Éducation Nationale est dans unétat d’esprit pénalisant pour lesdémarches artistiques. Un exemple,les coefficients aux épreuves ditesartistiques du baccalauréat devraientêtre importants dans les sectionsscientifiques. L’art y est particulièrementnécessaire. Il passe par la transmissionorale, la pratique immédiate,l’urgence et se situe du côté de la vie,de la poésie et l’école a du mal à intégrerces dimensions.Comment combler lefossé entre la culturepopulaire et une conceptionplus académique etélitiste souvent véhiculéepar l’école ?Il y a déjà une question de moyens.L’expérience de notre associationmontre que les jeunes issus demilieux défavorisés sont tout à faitouverts à des pratiques artistiquescontemporaines : peinture, danse,musique, cinéma... Encore faut-ilqu’ils aient l’occasion de les découvriret de partir à la rencontre des artisteset de leurs œuvres. L’attitude deséducateurs est aussi un obstacle. Pasforcément à l’aise avec l’art contemporain,ils ne l’abordent pas toujoursavec la souplesse et la légèreté quiconvient. En 2000 lors d’une expérienceavec le plasticien Jean-PierreRaynaud et des classes primaires surdes installations à base de carreauxblancs, les enfants étaient enthousiastes,les réticences venaient plutôtdes enseignants ! Il y a des passerellesà construire entre Molière etl’art de la rue, entre le rap et l’opéra,Cela suppose une meilleure formationdes professeurs qui pourraientpar exemple participer à des séminairesavec les artistes pour s’ouvriraux pratiques contemporaines.Comment aborderl’histoire de l’art dans lesprogrammes ?On pourrait transposer ce qu’ondemande à un étudiant en histoire del’art aux préoccupations de l’enfant.Dans les petites classes, il s’agiraitd’étudier l’art pariétal, Lascaux, lagrotte Chauvet. À huit-neuf ans, aborderles civilisations pré-colombiennesavec ses rites, ses sacrifices humains,passionne les enfants. L’important estde saisir l’aspect universel de toutesles cultures et de tous les mythes.Roland Barthes avait montré leurimportance pour « faire société ».Aujourd’hui, on n’est même plusconscient des mythologies qui nousentourent. Pour les retrouver, il faut sepencher sur l’étude des civilisations.GÉRARD GAROUSTE,PEINTRE ET SCULPTEUR ACRÉÉ, EN 1991, L’ASSOCIATIONLA SOURCE QU’IL PRÉSIDE.IMPLANTÉE SUR DEUX SITES :À LA GUÉROULDE (EURE) ETAU DOMAINE DE VILLARCEAUX(VAL D’OISE), ELLE A POURVOCATION PREMIÈRE D’AIDERDES ENFANTS ET DESADOLESCENTS VIVANTEN MILIEU RURAL ETCONNAISSANT DESDIFFICULTÉS SOCIALES,FAMILIALES ET SCOLAIRESÀ DÉVELOPPER LEURCRÉATIVITÉ ARTISTIQUE© HUGO MISEREY17
métieR[ ]en BREFÉGALITÉ FILLES-GARÇONSFormation obligatoireEMPLOIS D’AVENIRPROJET DE LOI ADOPTÉPAR LE PARLEMENTLa semaine dernière, le Parlement etle Sénat ont adopté le projet de loiportant sur la création des emploisd’avenir professeur. Le dispositif estdestiné à des étudiants boursiers,inscrits en L2, L3 ou M1, âgés de25 ans au plus et se destinant auxmétiers du professorat. L’étudiantrecruté par les EPLE, sur une duréemaximale de trois ans s’engageà passer un des concours del’enseignement contre une activitérémunérée au sein de cesétablissements. À partir de janvier2013, ce sont 6 000 emplois d’avenirprofesseurs qui seront créés.CONGÉ PARENTALÉGALITÉ PÈRESET MÈRESLe congé parental devient un droitindividuel ce qui entraîne lapossibilité pour les deux parents dele prendre en même temps et pourun même enfant. La demande peutse faire à n’importe quel moment quiprécède les trois ans de l’enfant maisau moins deux mois avant la dateprévue de son début. Autrenouveauté : la réintégration qui étaitjusqu’alors automatique doitdésormais faire l’objet d’unedemande et d’un entretien avec leresponsable DRH pour en étudier lesmodalités au moins 6 semainesavant la reprise. L’agent en congéparental conserve ses droits àl’avancement d’échelon en totalité lapremière année et pour moitié pourles années suivantes. Il est considérécomme en service effectif selon lesmêmes modalités. Les nouveauxarticles s’appliquent à partir du 1 eroctobre 2012.C’est par la mise en place d’un modulede formation obligatoire des enseignantset des personnels d’encadrementque la question de l’égalitédes sexes à l’école devrait trouver de nouvellesréponses concrètes à partir de la rentrée2013. Ce module devrait être intégréaux maquettesdes Écoles supérieuresdu professoratet de l’éducation(ESPE) etla question del’égalité entre garçonset filles traitéepar la commissionsur la moralelaïque. Dès la rentréeune expérimentationseradéveloppée à partir du CP dans au moins cinqacadémies et devrait conduire les enseignantsà intégrer dans leurs pratiques la luttecontre les stéréotypes. La formation initialeprendra en compte cette dimension et lesdébutants seront formés au repérage des stéréotypeset tout particulièrement à ceux véhiculésdans les manuels scolaires.La question n’est pas nouvelle. Depuis 2000plusieurs conventions interministériellespour l’égalité entre les filles et les garçonset les femmes et les hommes ont étésignées. Pourtant les chiffres sont tenaces :malgré des résultats scolaires meilleurs queles garçons, les filles ne représentent que26% des diplômés d’écoles d’ingénieurs etsont sous représentées dans la plupart desfilières scientifiques. Les choix en matièred’orientation expliquent majoritairement cetétat de fait et la volonté d’engager un travailpartenarial sur la question de la « doublemixité » (amener davantage de filles versles métiers encore connotés « masculins » etdavantage de garçons vers ceux connotés« féminins » ) a été affirmée. Travail qui pourraitse conduire dès l’école primaire à partirde l’émergence et de l’analyse des représentationsdes élèves eux-mêmes : en effet, ilsemblerait que pour eux, les discriminationsse fassent davantage sur le nom ou l’appartenanceà une minorité que sur le sexe.CLAUDE GAUTHERONRedoublement : l’école en retard15,4 % des garçons et 12,3 % des filles sont âgés de 11 ans et plus à l’entrée au CM2. Ce « retardscolaire » s’accumule tout au long de la scolarité des élèves et l’écart entre les garçons et lesfilles s’accentue. Des chiffres qui s’expliquent par des taux de redoublement de 3,3% et 3,9 %au CP et au CE1, puis de respectivement 1,6 %, 1,1 % et 1,5 % au CE2, CM1, CM2. Des éléments à prendreen compte avant la loi d’orientation.15,4 %15 TAUX DE RETARD13,3 %12,3 %11,7 %10,7 %10503,7 %5,3 %7,4 %9,5 %9,1 %CP CE1 CE2 CM1 CM2FillesGarçonsRetard enpourcentage selonle niveau de classeen 2011-2012(source RERS 2012)18 [FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
ECLAIRDES PRIMES PAS CLAIRESL’indemnité ECLAIR qui a été mise en placel’an dernier comprend une part« modulable » . Le SNUipp-FSU a lancé uneenquête pour faire le point, alors que leversement de cette prime a été effectué suraoût et septembre dans les deux tiers des 64départements concernés par ce dispositif.Des situations très diverses ont étéconstatées. Si une majorité d’enseignantsexerçant en ECLAIR ont reçu cette part, onobserve une grande variété quant auxmontants et aux critères d’attribution. Cesécarts n’ont pas de justification et résultentd’une interprétation propre aux DASEN,certains ayant parfois fait le choix de verserla même prime à tous. Au final il apparaîtqu’il n’y ait aucun fondement à vouloirmettre en place une prime en fonction del’investissement constaté, notamment enregard du travail en équipe. Le SNUipp-FSU,qui dénonce ce type de rémunération, avaitrevendiqué une répartition équitable entretous les enseignants. C’est ce qu’il a étérappelé à la nouvelle directrice générale desressources humaines lors de l’audience dulundi 24 septembre.Rubrique La carrière/Les rémunérationsPlus de maîtres que de classes :on concrétise !Plus de maîtres que de classes ! Afin de cheminer avec succès du sloganà la pratique, le SNUipp-FSU organise une journée nationale de réflexionle 14 novembre prochain à Paris.Plus de maîtres que de classes, mesure pharedu projet syndical du SNUipp pour une écolede la réussite pour tous. Aujourd’hui, la miseen place de ce dispositif fait partie des engagementsdu Président de la République. Pour leSNUipp, seule l’expertise professionnelle desenseignants pourra concrètement apporter lespistes possibles pour faire vivre ce dispositif auplus près des réalités de terrain. La journée deréflexion du 14 novembre organisée par le SNUippà Paris permettra d’élaborer collectivement desréponses à quatre questions essentielles : comment? où ? pour quoi faire ? et avec qui ?Du slogan à la pratiqueLes équipes qui bénéficieront de maîtres supplémentairesauront besoin d’un accompagnement,de formation : par l’équipe de circonscription ?des formateurs ? La recherche ? Si ce dispositifmétieR[ ]est mis en place dès la prochaine rentrée danscertaines écoles, selon quels critères le ministèreflèchera ces dotations supplémentaires ? Critèresde territoires, de réussite des élèves ? Le tempsscolaire pour les élèves et le travail en équipe desenseignants seront ré-organisés : sur quels projets? Pour quels apprentissages ? Et à quellesconditions ? Et qui seront ces maîtres supplémentaires? Volontaires ? Avec une expertise ? Iln’y aura pas de réponses toutes faites ni derecette miracle pour la mise en place d’un teldispositif dans les écoles. A la journée du 14novembre, les débats et les pistes de solutionsémises par les enseignants permettront auSNUipp de porter ses propositions auprès duministre dans les discussions qui acteront la miseen place de ce dispositif. L’avenir de l’école sejoue dès maintenant, mais avec les enseignants.GINETTE BRETJean-Louis Durpaire, Inspecteur général de l’Éducation nationale3 QUESTIONS À« Une dimension réflexiveaux mathématiques »Le CNDP publie« Le nombre au cycle 3* ».Qu’est-ce qui a motivé cetravail ?Produire une réflexion sur les programmesavec un double souci :fournir des éléments théoriquessur la discipline elle-même etapporter des éléments didactiqueset pédagogiques. Les collèguestrouvent souvent desoutils qui satisfont leur façon defaire la classe mais nous avonspointé un manque de formationen mathématiques. À bac + 5, onn’a pas forcément un parcoursscientifique. Nous voulons donnerune dimension réflexive auxmathématiques.Quels éléments souhaitezvousmettre en avant ?D’abord dire que la démarche d’apprentissageest un continuum, elleest progressive et cumulative, il nefaut pas rater de marche. Noustenons également à un équilibreentre le sens et la technique. Fairedes mathématiques, c’est résoudredes problèmes mais pour cela ilfaut développer des automatismes.Les élèves ont besoin d’avoir enmémoire des faits mathématiques.Pour arriver à une intelligence ducalcul, il faut une gymnastique. Latroisième idée c’est que les mathématiquesdoivent être une activitéludique et de recherche. La quatrième,c’est que les mathématiquesà l’école, ce n’est pas de lathéorie, c’est concret, il faut faire lelien avec la vie courante avec l’utilisationde la monnaie et desmesures par exemple. Enfin nousavons voulu donner une place auxTIC et à la culture numérique.Comment utiliservotre ouvrage ?Les collègues ont besoin d’outilsconcrets pour enseigner. Notretravail est davantage conçucomme une aide à la formation.Nous travaillons en réseau avecdes IEN référents en mathématiquesdans chaque département.Notre équipe d’auteurs va élaboreravec eux un programme decréation d’outils de formation,comme des animations pédagogiquesde circonscription. Notretravail peut aussi inspirer lesconcepteurs de manuels.PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXIS BISSERKINE*Dans la collection « Ressources pour faire laclasse ». Coordination : J-L. Durpaire et M.Mégard, téléchargeable sur eduscol19
métieR[ ]Gardanne : vendredi,Tous les vendredis, les CM1 de l’écoleLucie Aubrac de Gardanne font leurjournal télévisé. Recherche d’infos,tournage, montage... L’apprentissagecollectif et pédagogique del’éducation aux médias se fait sous ladirection de l’enseignant Jean-LouisDumas, un fana de vidéo, désireux desensibiliser ses élèves au pouvoir del’image.Trier les infos, écrire ce qui sera dit « àl’antenne » et après, silence on tourne !Àl’école Lucie Aubrac de Gardanne dansles Bouches du Rhône, c’est le rituel duvendredi depuis trois ans maintenant :toute la classe des CM1 participe à lacréation du journal télévisé qui sera diffusé lesoir même sur Youtube. Afin de garder intactesl’enthousiasme et l’attention des 27 élèves, etd’avoir le temps de préparer le matériel vidéo,Jean-Louis Dumas, enseignant expérimenté dela classe, découpe la journée en trois séances :la collecte et le tri des infos dans la matinée, letournage en début d’après-midi et le montageen fin de journée. Chaque élève apporte uneinformation, locale ou non, sur un événementà venir dans la ville, trouvée sur internet oudonnée par son entourage, avec une consignestricte du maître : « on ne répète pas celle déjàdonnée par les grands médias nationaux » .Des reportages sur la vie de la classe ont ététournés dans la semaine comme l’apprentissagedu rugby, l’observation de grenouillesdans leur milieu naturel, l’entretien du potagerou la récitation collective de la poésie, reportagesqui alimenteront le déroulé du JT. Laclasse des CP participe aussi à la fabrication dujournal en apportant un reportage sur une desactivités de classe. Toutes ces informations,« Apprendre à assumerles choix d’infos,à en être responsablescar tout ne peut passe dire à l’antenne. »notées au tableau par l’enseignant, formentainsi un sommaire du JT assez conséquent. Untri s’organise ensuite avec les élèves pour déciderde ce qu’il faut garder ou rejeter. L’occasiond’assumer des choix, d’en être responsables, etde s’interroger sur le sens des mots et de leurpouvoir à l’antenne. Puis la classe s’organiseautour de petits groupes d’élèves qui se partagentle travail d’écriture de chaque info, écriturequi doit respecter les codes de l’oralisationà venir. Jean-Louis Dumas désigne ensuite les« journalistes » qui affronteront la caméra, afinqu’ils s’exercent pendant les récrés.Protéger son imageLe tournage peut enfin commencer. Le maîtreinstalle sa propre caméra et chaque petit journalisteen herbe revêt un masque décoré. Cetartifice permet ainsi de protéger l’image desélèves, le journal étant ensuite diffusé surinternet, via Youtube et les parents, rassurés,peuvent visionner le travail final de leursenfants sans crainte de dérives possibles. Etles élèves se prennent vite au jeu, commeCélia, 9 ans qui murmure « Au début, ça mafaisait peur, la caméra, internet, tout le mondequi peut me voir... même en Chine !» et Quentin,lui qui assène tranquillement : « Moi ça neme fait plus peur, car ça se passe bien. Et puisj’aime bien donner des infos » . Duygu, qui neparlait pas français il y a deux ans, est radieuse :« J’aime bien passer devant la caméra car aprèsje suis sur Internet ! Plus tard, je serai journaliste! » De futures vocations ?Pour Jean-Louis, ce qui est sûr, c’est que l’activitéen elle-même est source d’apprentissagesimportants : savoir articuler et soigner sa diction; respecter la ponctuation ; parler haut etclair ; passer du langage écrit à l’oral ; dominersa crainte de parler en public ; confronter sonpoint de vue ; argumenter ; trier les infos ; assumerce qu’on dit... Alors heureux Jean-Louis ?Pas vraiment. « J’aimerais faire ça toute l’annéemais mon institution me le reprocherait... J’attendsla semaine à quatre jours et demi pouravoir plus de temps » Et comme il le dit avecregret « Je rame. Je fais ça depuis trois ans etles télévisions locales que j’ai contactées pourparler de mon expérience ne m’ont jamaisrépondu... Je suis inspecté lundi... pas sûr quemon IEN m’interroge sur ce projet. » Mais fortheureusement, le CLEMI, centre de liaison del’enseignement et des médias de l’info, basé aurectorat, le soutient dans sa démarche. Demême que LaTéléLibre.fr, journal libre et indépendant.Un début pour encourager ce pionnierde l’info ! GINETTE BRETVoir le JT à www.ecprim.fontvenelle.free.fr (onglet JT et ses making off)20 [FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
c’est JTOdile Chenevez, coordinatrice CLEMI3 QUESTIONS À« La régularitéest la marqued’un vrai journal »en BREFmétieR[ ]CEMEAÉCRANS-MÔMES : UNPROGRAMME ÉDUCATIFÉcrans-Mômes est un dispositifpluri-médias éducatif pour les enfantsde 8 à 12 ans, réalisé par les CEMEA(Centres d’Entraînement auxMéthodes d’Éducation Active ).Le cédérom est construit en sixactivités qui permettent de manipuler,construire et déconstruire desséquences d’images animées, pourcomprendre le sens des images et detravailler sur le récit à partir d’élémentsdéclencheurs. Il contient des fichesimprimables pour prolonger horsécran chacune des activités.cemea.asso.fr/spip.php?article4602Pourquoi le CLEMI s’est-ilintéressé au JT de Gardanne ?Former l’esprit critique des élèves, aiguiserleur curiosité par rapport au monde par laproduction d’un média dans la classe, entredans les objectifs du CLEMI, le Centre deliaison de l’enseignement et des médias del’Info, qui s’intéresse à toutes sortes demédias, depuis le journal scolaire de Freinet.La régularité du journal télévisé deJean-Louis Dumas est la marque d’un vraijournal. Les élèves ne cherchent pas à singerles adultes. L’intégration, la participation, laproduction de chaque enfant font que cetteactivité est vécue comme une activité scolaireà part entière. Le JT de Gardanne seveut dans la norme de ce type de médias,avec des invités, des reportages menés àl’extérieur, des informations diverses. On ytrouve les intérêts de chaque élève au seinla classe et de celle-ci dans son ensemble.Que pensez-vous de laprésence de ce JT sur Youtube ?Au début, l’académie était réticente ! MaisJean-Louis Dumas a tenu bon et il a maintenantsa « chaîne » sur Youtube. Rien n’interdità un enseignant d’y mettre des productionsd’élèves. Et les hébergements surle site académique ne sont pas encore trèsfaciles d’accès... L’enseignant a aussi pristoutes les précautions nécessaires pourprotéger le droit à l’image de ses élèves.Chaque présentateur du journal porte unmasque, un loup, qui cache la moitié de sonvisage. Ainsi, les parents, informés dès ledébut de l’année scolaire du projet de journaltélévisé sur internet, peuvent être rassuréssur la démarche.Quelles sont lesmissions du CLEMI ?Le CLEMI favorise l’éducationaux médias dans tousles cycles de l’enseignement.Il existe un correspondantdans chaque académie,rattaché au rectoratet implanté au CRDP. Nousaccompagnons les projetsmais sans les financer. Nous en proposonsaussi, ce qui nous permet de relayer certainesinitiatives d’enseignants dispersés.Nous menons aussi des actions de formation.Dans le 1er degré par exemple, leCLEMI propose des animations pédagogiquesdans les circonscriptions, les mercredis.Pour cette année, quelques pistesd’intervention et de formation sont misesen avant, l’éducation à Internet, la télévisionet ses langages, l’utilisation pédagogiquede la presse écrite... Mais avec macollègue Françoise Tona, nous ne sommesque deux. C’est peu...Et pourtant, l’éducationaux médias, tout le monde en parle !La bonne volonté ne suffira pas.ODILE CHENEVEZ,À L’ORIGINE PROFESSEUR DEMATH EST AUJOURD’HUIDÉLÉGUÉE ACADÉMIQUE DUCLEMI POUR L’ACADÉMIED’AIX-MARSEILLEDEPUIS 1999. ELLE A SUIVIUNE FORMATION DEJOURNALISTE.CLEMI« ÉDUQUER AUX MÉDIAS,ÇA S’APPREND ! »La brochure 2012-2013 « Éduquer auxmédias, ça s’apprend ! » éditée par leCLEMI est parue cet été. Débuter uneactivité d’éducation aux médias,questions-clés pour démarrer unmédia scolaire, analyser unecouverture de magazine, débattre destechniques récentes employées enmatière publicitaire, publication de« propositions pour un référentielenseignant » ...www.pressealecole.frUNESCOEMI : ENSEIGNANTSET MÉDIASEn 2011, l’UNESCO a lancé unprogramme de formation à destinationdes enseignants. A noter l’apparitiondu sigle EMI et de l’expression« éducation aux médias et àl’information » , qui précise le concept.Paru l’été dernier, le programme del’information qui vise « plusprécisément, les enseignants desniveaux primaire...» est un outil« spécialement conçu pour les institutsde formation d’enseignants » . Il visel’intégration de l’EMI dans tous lessystèmes éducatifs. Une ressourceincontournable en ce début d’annéescolaire à pressealecole.fr/2012/09/unesco-et-emi-des-reflexions-aux-outils/21
métieR[ ]EXPÉRIMENTATION DEPP68 %DEVOIRSC’est le pourcentage des Français opposés à lasuppression des devoirs à la maison pour lesélèves du primaire. La pression des parents restedonc forte alors même que l’on sait que le travailhors la classe est très discriminant.SANTÉLA PRÉVENTION VOCALEDE L’ENSEIGNANTOrthophoniste au centre de santé de Paris,Corinne Loie estime que les troubles de la voixde l’enseignant sont dus « à un comportementvocal inadapté dans un environnementimpitoyable. Niveau sonore trop important,changements de température brutaux, tempsde parole... les maux qui en découlent ont desconséquences sur le travail. La préventionpasse notamment par la maîtrise de lapratique et des méthodes pédagogiques quipermettent de parler moins.Rubrique Le métier/ Les témoignagesDe l’utilité de laformation continueune nouvelle note de la DEPP publiée début octobre a démontré l’impact dela formation continue sur la réussite des élèves. En effet, une expérimentationintitulée « Projet pour l’acquisition de compétences par les élèves en mathématiques» a été lancée par la DEPP en 2010 pour mesurer la transformationdes pratiques des enseignants dans le cadre d’un dispositif de formation continue.L’étude s’est concentrée sur « Grandeurs et mesures » , domaine qui a fait sa réapparitiondans les programmes de 2002 dans les classes de CM1, CM2 et 6 e , 5 e . Lesdifficultés rencontrées par les élèves pourraient être liées à un manque de « vécuphysique » et de manipulationdans les classespour estimer les longueursdans la cour ou travaillerles contenants avec récipientset bassine d’eau. Ledispositif comprenait destests pour les élèves endébut et fin d’année, uneformation dispensée auxenseignants, l’accès à unsite collaboratif, une collaborationde la DEPP avecles équipes de circonscriptionsconcernées. La formations’est articuléeautour de quatre temps : une phase de déconstruction, une phase d’apports decontenu, une phase d’appropriation avec mise en situation à travers différents scénariosalternatifs au manuel et fichier, une phase d’organisation et de structurationpour construire des séances, des séquences. Au final les performances des élèvesexpérimentateurs par comparaison à celles d’élèves témoins sont significativementmeilleures. La DEPP devrait maintenant évaluer la diffusion des éléments de la formationauprès des collègues des établissements. LYDIE BUGUETen brefÉDUCATION AU GOÛTDES CHEFSDANS LESÉCOLESLa 23 e semainedu goût setiendra du 15 au21 octobre avec comme motd’ordre : le goût c’est tout.La formation au goût et lapédagogie sont cette année misesen avant avec un colloque sur« l’Éducation au goût ». L’occasionde faire venir dans les écolesun chef ou un artisan des métiersde la bouche.www.legout.comPOÉSIEUN NOUVEAU LABELL’OCCE et le Printemps desPoètes proposent un label« École en poésie » visant àfavoriser l’imprégnation poétiquequotidienne des enfants. Pourobtenir le label, les écoleschoisissent des projets à partird’une charte proposée par l’OCCEet le Printemps des Poètes.La demande est à faire parveniraux associations départementalesde l’OCCE qui participerontà l’attribution du label.www.occe.coopMULTIMÉDIASSALON EDUCATEC-EDUCATICELe salon Educatec-Educatice quise veut « le rendez-vous annueldes professionnels del’enseignement engagés dansl’innovation et le multimédia »aura lieu cette année du 21 au 23novembre, à Paris Porte deVersailles. Les trois jours sontrythmés par des débats et desespaces de démonstration aveccette année un focus surl’enseignement supérieur.Programme en ligne.www.educatec-educatice.comOFAJ50 ANS, 50 PROJETSL’Office franco-allemand pour laJeunesse (OFAJ) célèbre ses 50ans. À cette occasion, il lance unappel à projets pour le programmespécifique « 50 ans, 50 projets ».Ce dispositif soutiendra « desprojets innovants, prospectifs etorientés vers l’avenir ». Lescandidatures peuvent être portéespar des associations, desfédérations de jeunesse, desorganisations ou des institutionsmais aussi par des personnesindividuelles ou en petits groupes.Inscriptions jusqu’au 31 octobre.www.ofaj.org/50projets22 [FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
infos servicesCalendrier prévisionnel despermutations informatiséesJEUDI 8 NOVEMBRE 2012 Les dates définitives seront publiéesdans la note de service qui paraîtraen principe au BOEN du jeudi 8novembre 2012.Ludans leBométieR[ ]LUNDI 12 NOVEMBRE 2012 n° 36 du 4 octobre 2012JEUDI 15 NOVEMBRE 2012À 12H00MARDI 4 DÉCEMBRE 2012À 12H00VENDREDI 7 DÉCEMBRE 2012AU PLUS TARDVENDREDI 14 DÉCEMBRE 2012AU PLUS TARDVENDREDI 1 ER FÉVRIER 2013AU PLUS TARDENTRE LE VENDREDI1 ER FÉVRIER 2013 ET LEMERCREDI 6 FÉVRIER 2013JEUDI 7 FÉVRIER 2013À PARTIR DUVENDREDI 8 FÉVRIER 2013LUNDI 11 MARS 2013 SIAMdans les départements. SIAM et fermeturede la plateforme « Info mobilité » dans la boîte électronique I-Prof du candidat. département et des pièces justificatives dans les directions des servicesdépartementaux de l'éducation nationale. des barèmes validés par le DA-SEN. de l’administration centrale.AU MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE Traitement des demandes de mutations. Actions éducatives :Actions éducatives en faveur de la languefrançaisen° 35 du 27 septembre 2012Indemnités propres à certaines fonctions :Rémunération des intervenants participant,à titre d’activité accessoire, à des activitésde formation et de fonctionnement de jurysrelevant du ministre chargé del’enseignement supérieurLivret personnel de compétences :Simplification pour l’année 2012-2013Actions éducatives :Programme prévisionnel 2012-2013n° 34 du 20 septembre 2012Actions éducatives :Prix de l’éducation 2013Actions éducatives :Concours des écoles fleuries 2012-2013Formation professionnelle continue :Modification pour l’année scolaire 2012-2013 du calendrier des sessions 2011-2013du diplôme de compétence en langueIndemnité de sujétions spéciales des directeurs d’école et d’établissements spécialisésCette indemnité, versée mensuellement, se compose d’une part principalecommune à toutes les écoles et d’une part variable liée à la taille de l’école.TABLEAU SIMPLIFIÉ REMPLAÇANT LE TABLEAU PARU DANS L’ENCART « DIRECTION » SUPPLÉMENT AU N°373 DE FENÊTRES SUR COURSNOMBRE DE CLASSES DE L'ÉCOLE PART PRINCIPALE PART VARIABLEDe 1 à 4 classes 1 295,62 € (107,97 € / mois) 300 € (25 € / mois)De 5 à 9 classes 1 295,62 € (107,97 € / mois) 600 € (50 € / mois)10 classes et plus 1 295,62 € (107,97 € / mois) 900 € (75 € / mois)L’indemnité est majorée de 20 % pour les écoles en ZEP et de 50 % pour les écoles en ECLAIR.23
essources[ ]Carnet de voyageLe concours concocté cette année par le SNUIPP, la BNF et leurs partenaires invite chaque classe à rendre compted’un voyage, réel ou imaginaire, dont un « carnet de voyage » offrira la trace : itinéraire, anecdote, recettes, cartes etplans, croquis, aquarelles, photos, billets… Cela peut être un voyage réel, le périple d’une famille d’émigrés, leregard d’un voyageur étranger sur le pays traversé, la découverte de terres inconnues ou imaginaires.LES GUIDESBRETAGNE : LE CARNET DEVOYAGE DU VADROUILLEUR,Vadrouilleur 2012 (20 €)Bien sûr, on peut puiser des idées dans desguides de voyages novateurs pour lajeunesse qui fourmillent d’infostraditionnelles ou insolites, d’activitésludiques, de cartes à gommettes, maisaussi de pages blanches pour des écritspersonnels et des collages.VADROUILLE (ITALIEET MAROC) de D. Gaussen - Mango(Cf. Biblios) ;MON CARNET DE VOYAGE ÀLONDRES, M. Jaubert, E. Bonetto- Jo & Moi autour du monde, Sikanmar2012 (14,90 €)LES GRANDS EXPLORATEURSMARTIN DESCOLIBRIS, A. Serres& J. Gueyfier – Rue dumonde 2008 (22,50 €)Parfois le voyage est réel.En 1822, René-PrimevèreLesson, authentiqueornithologue français,embarque sur le voilier LaCoquille, pour étudier lafaune des pays lointains.Le petit Martin est del’expédition. Fasciné parles oiseaux, il les observe et les. Bientôt ildécouvre les colibris, menacés par lesmarchands de plume. Emerveillé, il lesreproduit dans son « Cahier de voyage » ,merveille de couleurs flamboyantes.UN CERTAIN REGARDMON VOYAGE INOUBLIABLE : UNARTISTE INDIEN HORS DE CHEZLUI (Biblios) Bhajju Shyam – Syros.Comme dans Les lettres persanes, unvoyageur étranger, un jeune peintre Gond,donne dans cet album original sa vision deLondres. Dans son carnet, Londres devientun fabuleux bestiaire : train et métro sontdes vers et serpents sillonnant le sous-sol,le cadran de Big Ben est un œil de coq,symbole du temps chez les Gonds et lesAnglais sont des chauves-souris car ilsvivent la nuit dans les pubs… Un vraibonheur !VOYAGES IMAGINAIRESDINOTOPIA, UN VOYAGE ACHANDARA, J. Gurney – Fleurus2008 (20 €) Palpitantes aventures duprofesseur Denison et de son fidèledinosaure Blix, à la découverte d’une« Terra incognita » l’empire de Chandara oùhommes et dinosaures vivent en harmonie.Magnifiques aquarelles en plan largeréinterprétant les différents habitats denotre planète, entrecoupées de quelquesplanches plus techniques, sur l’utilisationd’un boulier par exemple.LETTRES DESISLESGIRAFINES, A.Lemant – Seuil 2003(18 €) Au début duXX e siècle, estretrouvée toute unecorrespondance,accompagnée de cartes, de croquisminutieux et insolites qui permet dereconstituer une étrange histoire. En 1912,l’explorateur Lord Mamaduke Lovingstonepart à la recherche des Isles Girafines,territoire des Girafawaras, peuple mythiquequi vit en totale symbiose avec les girafes.Mais le Lord entame bien vite la colonisationforcenée des Isles jusqu’à la disparition desdites girafes et des Girafawaras, tandis quelui sombre dans la folie…RÊVEUR DECARTES, M. Jarrie– Gallimard 2012(20 €) Dans sesimmenses illustrationspleine page, MartinJarrie dépeint des payspas si étranges : « L’archipel d’A » , la sinistre« Cenzère , capitale polluée d’Asthmée » ,les grottes d’Anamnézie, « Les îles Molles » ,« Demain » , il n’y a pas si longtemps,désertée par ses ouvriers et bientôtcolonisée par une souris géante venued’Amérique, qui y construisit un parcd’attraction…ATLAS DES GÉOGRAPHESD’ORBAE, T1 : DU PAYS DESAMAZONES AUX ILES INDIGO ; T2 : DUPAYS DE JADE A L’ÎLE QUINOOKT ; T3 : DELA RIVIERE ROUGE AU PAYS DESZIZOTLS ; F. Place – Casterman1996/2001 (28,95 €) Attention, chefd’œuvre ! La trilogie de l’Atlas d’Orbae estun essai des Cosmographes qui règnentsur l’Île d’Orbae pour recenser le mondedans sa diversité. Il est tenu à jour grâceaux récits des explorateurs qui arpententles 26 îles de la planète dont le nomcommence par une lettre de l’Alphabet.A comme « Amazones » , Q comme« Quinookt » , Z comme « Zizotls » . Leshistoires se succèdent, comme autantd’escales à la rencontre de peuplesinconnus, d’animaux étranges, depaysages envoûtants, de personnagesexceptionnels. S’ajoutent à la parfaiteconstruction de mondes imaginaires,la mélodie des textes, la richesse desaquarelles et des dessins légendés.MARIE-CLAIRE PLUME24 [FENÊTRES SUR COURS] N°373 - 1 ER OCTOBRE 2012
FÊTE DE LA SCIENCE DU 10 AU 14 OCTOBREEn Aveyron les profs ramènentleur science à l’écoleen BREFressources[ ]UNICEFDEUX OUTILSPÉDAGOGIQUESL’UNICEF France lance deux nouveauxoutils pédagogiques : un kit sur lesenjeux liés à l’eau, à destination desélèves du primaire, et une applicationiPad inédite sur les droits de l’enfant,adaptée aux collégiens. Le kit, élaboréen partenariat avec la Maud FontenoyFondation, croise des problématiquestelles que le changement climatiqueou la pollution de l’eau, et leur impactsur l’humanité en général, et sur lesenfants plus particulièrement.L’application iPad explore 5 grandsthèmes relatifs aux droits de l’enfant,comme par exemple la santé, oul’éducation, et aborde desthématiques, telles que le VIH-sida, lamalnutrition ou les enfants soldats.www.unicef.fr/contenu/actualitehumanitaire-unicef/sensibiliser-les-enfantsl-eau-source-de-vie-et-dedanger-2012-10-01Deux collégiens encadrent unatelier scientifique à l’écoleprimaire de Cassagnes-Begonhes.MUSÉE D’HISTOIRE NATURELLEDINOSAURE,LA VIE EN GRANDde la science ! » Jean-FrançoisSegonds et Christophe De Pommier,profs au collège Célestin Sourèzes de«FaitesRequista (12) n’ont pas attendu le 10octobre pour mettre en œuvre ce précepte. L’ ateliersciences qu’ils animent dans leur établissement etqui regroupe des élèves de la sixième à la troisièmene se contente pas de réaliser des objets techniqueset de mettre en pratique les principes et propriétésétudiés en classe. Plusieurs fois dans l’année, les collégienspartent à la rencontre des écoliers pour leurfaire partager leurs connaissances. Ce sont 7 écolesdu secteur qui reçoivent ainsi régulièrement leurvisite. Les élèves de tous les cycles du primaire sontainsi conviés à des activités scientifiques en petitsgroupes sous la conduite de deux ou trois collégiens.Cette liaison école collège originale présente de multiplesavantages pour Muriel Barriac, directrice de lapetite école de 2 classes de Cassagnes-Begonhes :« Ça fait quatre ans que ça marche grâce à la mairiequi finance les déplacements. J’organise mes progressionsautour des ateliers proposés ces jours là.Les échanges avec les profs de sciences me permettentde récupérer des idées. »À la découverte du collègeMuriel souligne également l’intérêt des interactionsentre élèves d’âge différent : « Dès lamoyenne section, ce contact avec des plus grandsdans des situations d’apprentissage les aide àmesurer et à dédramatiser ce qui se passe au collège». Une expérience déterminante pour leuravenir, qui se complète d’un déplacement detoute l’école au collège dans le cadre de la fêtede la science.Jean-François détaille le programme proposé :« Nos élèves prépareront et animeront trois ateliers: le premier autour de l’énergie éolienne destinéaux classes de cycle I et II avec la constructiond’un trimaran avec des matériaux derécupération. Le deuxième permettra de mettreen évidence les propriétés d’un circuit électriqueavec la réalisation d’un jeu. Quant au troisième,il fera appel aux notions de levier et de masseavec la réalisation et l’utilisation de balancespour peser les ingrédients d’un gâteau au chocolat.». Et pour l’occasion, même les cuisiniersdu collège mettront « la main à la pâte » !PHILIPPE MIQUELUne exposition temporaire, entre le 24octobre 2012 et le 13 mai 2013, explorel’incroyable biologie des plus grandsdes dinosaures : les sauropodes, cesherbivores géants hauts comme quatreautobus et pouvant peser 90 tonnes,qui ont vécu pendant 140 millionsd’années. Cette exposition estspectaculaire grâce notamment à lareconstitution à taille réelle d’unMamenchisaurus, de plus de 3 m dehaut et 18 m de long, laissant voir d’uncôté ses organes et de l’autre la texturede sa peau. Autres surprises : unchantier de fouilles miniature ou encoredes os de dinosaures à toucher...www.mnhn.fr25
a utOuR[ ]de l’éColEleur avisIRÈNE THÉRYSOCIOLOGUE DU DROITDE LA FAMILLESi nous parlons aujourd’hui« d’instituer un mariage pourtous, c’est avant tout parce quenotre représentation collective del’homosexualité a changé et quenous refusons de l’assimiler à unpéché ou une pathologie. Maisc’est aussi parce que le mariage luimêmea évolué très profondément.La présomption de paternité n’estplus ce qu’elle était, elle n’estplus « le cœur du mariage ». Voilàpourquoi ce dernier n’est pluspour nous par définition l’uniond’un homme et d’une femme. »APGLASSOCIATION DES PARENTSET FUTURS PARENTS GAYSET LES BIENSUn mariage pour tous, doit« ouvrir, aux couples de mêmesexe, tous les droits attachés aumariage y compris l’AssistanceMédicale à la Procréation. C’estune question d’égalité et derespect des droits pour tous lescitoyens de la République.»XAVIER LACROIXPHILOSOPHE ET THÉOLOGIENLe premier des biens« de l’enfant, c’est ladifférence entre deux repèresidentificatoires, masculin etféminin : l’enfant a besoin d’unjeu subtil d’identifications et dedifférenciations avec ses deuxinstances paternelle et maternelle.»ADFHASSOCIATION DES FAMILLESHOMOPARENTALESAu sein des familles« homoparentales, l’ouverture dumariage aux couples homosexuelsapportera la faculté pour le secondparent d’adopter l’enfant de sonconjoint. Cela va permettre à nosenfants d’être sécurisés, commele sont déjà les enfants issus descouples hétérosexuels mariés. »Mariage homosexuel :un débat controverséLe projet de loi sur le mariage et l’adoption pour tous sera présentéen Conseil des ministres à la fin du mois et au parlement début 2013.Un débat tranché mais des controverses encore vives.« C’est une loi qui sera votée.Ca dépasse les débats de droiteet de gauche. Il s’agit d’égalitéet de liberté.» François Hollande65 % des Français « sont favo-Français se déclare favo-rables au mariage homosexuel» (IFOP Août2012). Si la majorité desrable à une modification du code civil, desrésistances ou de violentes oppositions s’exprimentencore à la veille de l’étude par leconseil des ministres de la loi « autorisant lemariage pour tous » . Le calendrier est maintenantconnu : le texte devrait être soumis auparlement dans le premier semestre 2013. Ils’agit pour le gouvernement de tenir un desengagements du candidat François Hollandeavant les présidentielles. Aujourd’hui, septpays européens l’ont déjà autorisé en donnantles mêmes droits aux couples gays et lesbiennesqu’aux couples hétérosexuels. Si laFrance doit légiférer c’est qu’en droit français,la différence de sexe, non spécifiée à l’originedu texte, est devenue une condition fondamentaledu mariage. On se souvient de NoëlMamère, le maire de Bègles qui avait joué surl’ambigüité du texte en prononçanten 1994 un mariageentre deux hommes. Mariagecassé par le tribunal de Bordeaux.Et jugement confirmépar la Cour de cassation et leConseil constitutionnel malgréla demande du Parlementeuropéen «d’abolir touteforme de discrimination dontsont victimes les homosexuels,notamment en matière dedroit au mariage et d’adoptiond’enfants».Mariage, adoption,mais pas procréation …Le PACS institué en 1999 n’apas mis fin aux revendicationsdes couples de même sexe quisouhaitent à travers le mariageaccéder aux prérogatives descouples hétérosexuels dans lesdomaines de l’adoption et dela filiation. En cela le PACS est un « contratd’union civile » suffisant ou à améliorer pourcertains, mais très insuffisant pour les autres.Car autoriser le mariage c’est autoriser l’adoption.La ministre chargée de la famille DominiqueBertinotti a été claire sur cette question :« Les personnes de même sexe qui le souhaitentpourront se marier et adopter ensemble. Lemariage va de pair avec l’adoption puisquelorsque l’on se marie on obtient le droit àl’adoption. » Les couples homosexuels pourrontadopter sans se présenter comme descélibataires. Mais ces intentions ne vont pasassez loin pour les associations gays et lesbiennesqui revendiquent le droit à la procréationmédicale assistée pour les couples defemmes ou l’autorisation de la gestation parautrui. « Pour l’instant, ce n’est pas le périmètredu projet de loi », a dit en substance ChristianeTaubira, la garde des sceaux. Les contours dela loi sur « le mariage et l’adoption pour tous »restent encore à préciser.ALEXIS BISSERKINE26 [FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
a utOuR[ ]de l’éColEMobilité sociale des enfants d’immigrésLes enfants d’immigrés sont majoritairement issusde milieux ouvriers mais l’origine sociale et le diplômedéterminent davantage la mobilité professionnelleque l’origine géographique.Une note de la Dares de septembre dernierétudie les trajectoires professionnellesdes enfants d’immigrés à partir d’uneenquête de l’Insee de 2008. Elle mesurela mobilité sociale d’une génération à l’autre encomparant la situation professionnelle desenfants d’immigrés à celle de leur père. L’origineouvrière des enfants d’immigrés est très marquée: 66 % d’entre eux ont un père ouvriercontre seulement 39 % des personnes sansascendance directe immigrée, population dite« majoritaire » . Cela est particulièrement vraichez les descendants d’immigrés venus d’Europedu sud et du Maghreb. Ces derniers étantsurreprésentés parmi les ouvriers non qualifiés.Corollaire, les pères immigrés occupant desprofessions intermédiaires (7%) ou des fonctionsde cadres (4 %) sont bien moins nombreuxque ceux de la population majoritaire(respectivement16 % et 10 %).Pour l’ensemble desdescendants d’immigrés,les périodes dechômage, d’inactivité, d’alternanceemploi/chômage correspondentà 13 % de leur temps depuisla fin des études contre 11 % dans la populationmajoritaire. Mais cette part est de 21 % chez lesfils et de 33 % chez les filles d’immigrésmaghrébins, particulièrement touchés par lechômage et la précarité de l’emploi.L’ascension sociale tout de mêmePourtant, à origine sociale équivalente, lesenfants d’immigrés ont une « destinée » professionnelleproche de celle de la populationmajoritaire et leurs chances de connaître unemobilité ascendante sont équivalentes.Ainsi, alors que seuls 8 %des pères immigrés travaillaientdans la Fonction publique pour22 % des pères de la populationmajoritaire, cet écart seréduit chez les enfantspuisque 23 % des descendantsd’immigrés en activité sontfonctionnaires contre 25 % dansla population majoritaire. Demême, les enfants d’immigrés sontbeaucoup moins souvent ouvriers queleur père (42 % contre 66 %) et ils accèdentà une catégorie socioprofessionnelle supérieureà celle de leur père dans des proportionséquivalentes à celles de la population majoritaire(2 1 %).Ces mobilités seraient liées aux mutations dumarché du travail (baisse du travail non qualifié,tertiarisation des emplois) et à l’élévationdu niveau de formation. Ainsi, détenir undiplôme de niveau Bac+3 ou plus augmentepar trois les chances d’être en mobilité ascendantepar rapport à un diplôme de niveau Bac.VINCENT MARTINEZSylvie Vassalo, directrice du salon du livre et de la presse jeunesse qui se tiendra du 28 novembre au 3 décembre3 QUESTIONS A« la littérature : le premier artque touchent les enfants »Comment va l’éditionjeunesse à l’heure de la28 e édition du salon ?Un livre acheté sur cinq est publiédans le secteur jeunesse. C’est direle dynamisme de ce secteur quipublie chaque année 12 000 titresdont 6 000 nouveautés. Il est à lafois très créatif mais basé sur deslivres de fond « classique » . L’écoley est pour beaucoup car la littératurea pris une place importantedans les programmes mais aussidans les pratiques des enseignants.Le salon se porte bien lui aussi. Ilreflète la préoccupation très fortede la société autour de la lecturedes enfants. La littérature est le premierart qu’ils touchent.Pourquoi avoir choisil’aventure commethématique cette année ?La littérature de jeunesse se renouvelleaussi par les romans et l’aventurey tient une part symboliqueavec les clubs des 5 et autres fantômettesqui ont peuplé nos bibliothèques.Comment cette littératureexiste-t-elle aujourd’hui alors quel’inconnu, l’exploration ou le risquesont des notions totalement transforméesdans un monde globalisé ?Nous avons invité des auteurs detoute l’Europe qui nous montrentque la littérature s’est notammentadaptée par le biais du fantastiqueet de la fantasy en créant sespropres mondes.Le salon dispose dorénavantd’une école. Pour qui ?Il y a quelques années, nous avionsfait une enquête sur notrepublic et nous nous sommes renduscompte du décalage socialentre les 30 000 enfants quiviennent avec leur classe et lepublic du weekend, des famillesdéjà conquises à la littérature.Cette école est donc ouverte auxparents qui sont en difficultésface aux livres pour des raisonssociales, de langues... Elle estaussi ouverte aux professionnelsqui travaillent avec eux. Nousavons élaboré un programme deformation qui propose des ateliersautour de thématiques aussidiverses que les mangas, ladécouverte de livres atypiques, lalecture à haute voix...www.salon-livre-presse-jeunesse.netPROPOS RECEUEILLIS PAR LYDIE BUGUET28 [FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012
agendaLE 24 OCTOBRE À BONNEUIL-SUR-MARNELA LECTURE :DE LA RECHERCHEÀ LA PRATIQUECette journée d’études est proposéepar l’IUFM de l’académie de Créteilafin d’ouvrir des pistes de réflexionsur les facteurs qui peuvent faireobstacle à la lecture. Elle s’articuleraautour de deux interventions : FranckRamus, « Apprentissage de la lectureet dyslexie développementale : apportdes sciences cognitives » et de ThierryBaccino, « Lecture numérique :investigations cognitives etergonomiques »www.creteil.iufm.fr/evenements/LES 18 & 19 OCTOBRE À PARISÉDUCATION À LASANTÉ ET COMPLEXITÉ :RECHERCHES,FORMATIONS ETPRATIQUESLes trois premiers colloques (2006,2008, 2010) ont permis d’interrogerla nature des dispositifs de formationen éducation à la santé, plusparticulièrement en milieu scolaire,et le lien entre formation etrecherche. Ce 4ème colloque duRéseau UNIRéS invite chercheurs,jeunes chercheurs, formateurs etpraticiens à poursuivre le travaild’élaboration des recherches et desformations en éducation et santé.LES 24, 25, 26, 27 OCTOBRE À LYONLE MÉTIER D’ENSEIGNANTAUJOURD’HUI ET DEMAINCe colloque organisé par la CDIUFM,l’Ifé et l’ENS se donne comme objectifde proposer un état des lieux de laprofession enseignante et de poser enpleine lumière les questions deprincipes comme les questionspratiques que se doit d’affronter unetelle entreprise de rénovation.www.ife.ens-lyon.fr/journee-detudes-sciences-cognitives-etpedagogiewww.plates-formes.iufm.fr/educationsante-prevention/spip.php?article74manifestations/2012-2013/ab-le-metier-d2019enseignant-aujourd2019hui-et-demain-bbMUSIQUECINÉMACÉSAR DOIT MOURIRLes spectateurs français, qui avaient adoré Padre Padrone (1977) ou Kaos(1984), croyaient à tort que les frères Taviani avaient disparu. Leur travailse poursuivait pourtant, mais il ne nous apparaissait plus beaucoup enFrance. Avec l’Ours d’or obtenu cette année à Berlin, leur nouveau filmest en train de faire le tour du monde. Il a déjà été vendu dans 74 pays ! Entièrementtourné à l’intérieur du quartier de haute sécurité de la prison de Rebibbiaà Rome, le film fait le récit des répétitions du Jules César de Shakespearepar une troupe de théâtre composée d’assassins, de trafiquantsde drogue et de chefs mafieux condamnés àperpétuité. Les Taviani ne s’attendrissent pas. Ils détestentla mafia et le crime, mais ils regardent en face deshommes réels. Ils montrent des êtres humains confrontésà la violence et la cruauté inscrites dans les lignes deShakespeare, des êtres humains qui savent exactementce que signifient la haine, la trahison, le meurtre et ladouleur. Ce film court (76 mn) est très loin du documentairemême si tout est tourné sur place avec les prisonniersvéritables. Il est très loin aussi du « film de théâtre »ou du « film de prison ». Il nous montre des corps, desvisages, des esprits extraordinaires vivant pour d’interminablesannées dans un enfer qu’il ont rejoint à causede leurs crimes : ils s’en échappent en devenant des acteurs d’exception. Ilss’échappent en réinventant à eux seuls le sens profond de ce Jules César, untexte qui n’a pas pour but de divertir les spectateurs, mais de leur tendre lemiroir de l’impitoyable réalité. RENÉ MARXLes critiques de cinéma de Fenêtres sur Cours sont sur laviedesfilms.comLes fées sont làSYLVAIN BEUFELECTRIC EXCENTRICLE 11 DÉCEMBRE À LAGNY SUR MARNEa utOuR[ ]de l’éColEANNE PACEO YÔKAÏ EN CONCERTLE 26 OCTOBRE AU NEW MORNING À PARISAnne Paceo nous embarque pour un voyage spirituelmusical bercé d’imaginaire. Il est question de Yokai, cesêtres surnaturels japonais hérités de la tradition animiste.Un univers dense qui fait la part belle à ces petites histoiresinventées, rencontres réelles ou imaginaires. L’albums’ouvre avec “Shwedagon” sur des accents birmans, s’échappepour faire parler les drums, donne de la voix à Léonardo Montanaau piano dans “Toutes les fées étaient là”. Antonin Tri-Hoang est à la clarinette basse et au saxophone alto, StéphaneKerecki à la contrebasse et Pierre Perchaud à la guitare. Unalbum en périple pour une jeune batteuse qui a passé les premièresannées de sa vie en Côte d’Ivoire avec pour voisins instigateursde grands percussionnistes. Pour son neuvième album,Sylvain Beuf a choisi une couleur résolument électrique. Il s’agitde plonger dans un répertoire plus rock, jazz électric, dans l’espritde Weather Report. Manu Codjia à la guitare, sublime d’inventivitéet de douceur harmonique, arrondit les angles de sonorités plus free, plus saillantes. Un quarteten mouvement avec Philippe Bussonnet à la basse, transfuge de Magma et Julien Charlet à labatterie. Deux invités, Nicolas Folmer à la trompette et Thomas Guei aux percussions élargissent l’horizon.Electrique résolument, excentrique sans excès, inventif et flamboyant à coup sûr. LAURE GANDEBEUF29
GRAnD Interview[ ]Alain Rey, linguiste et lexicographe est l’auteur de Trop forts les mots, édition Milan, 2012ENTRETIEN AVEC« Les mots sont des boîtesà surprises »« Trop forts les mots », c’est un livre avec desmots, classés par ordre alphabétique mais cen’est pas un dico. Qu’est-ce que c’est ?J’ai d’abord choisi des mots et j’ai pensé les classer pardomaine d’intérêt mais au final c’était artificiel. Alors,je me suis dit que manipuler l’ordre alphabétique sansinsister dessus, sans lui donner une importance organisatricetrop importante était utile. Le choix des motsa été, quant à lui, arbitraire. J’ai choisi des mots intéressantssur lesquels on pouvait apprendre des connaissancesnouvelles et je les ai racontés.Qu’avez-vous voulu dire aux jeuneslecteurs ?Que chaque mot quotidien est une boîte à surprise,intéressante à ouvrir pour découvrir des tas d’histoires.Par exemple, j’ai choisi le mot fraise pour son caractèreanecdotique. Tous les jeunes connaissent les fraisesmême s’ils ne différencient pas les fraises Tagada, desfraises des bois, de celles que rapporta l’officier demarine Fraizier du Chili et qui leur donna leur nom. Lemot fesses est là car c’est un mot qui fait rire et qui aune étymologie particulière. Je propose un parcoursaffectif, intellectuel, sémantique et linguistique autourdes mots pour expliquer des choses que les gens quiles emploient ne connaissent pas. Certains marquentles emprunts d’une langue à l’autre comme la tomatedes Aztèques ou le thé des Chinois. J’ai mis dans mapetite nomenclature les mots princes et princesses carces mots sont vivants pour les enfants mais pas commeils le sont pour un historien. Les mots ont des facettes.Les enfants ont le sens de la forme qui les conduitspontanément à la poésie. Ce livre veut garder cetesprit d’enfance et créatif.On entend souvent que les jeunesmanquent de vocabulaire. Mais commentapprendre les mots ? Faut-il qu’à l’école onétudie un mot par jour ?Le constat est juste mais, un mot par jour, ça ne meparaît pas une très bonne idée si ce mot n’est pas placédans un contexte humoristique, littéraire ou poétique.Il ne faut jamais s’occuper des mots indépendammentdes contextes possibles. Il faut redonner aux mots leursfamilles à travers des textes comme ceux que j’élaboredans ce livre, à travers leur forme (solidaire, solide, sou,solde) et leur sens. Lesenfants sont sensibles àtoutes ces dimensionset à la force qui s’endégage. Apprendre lesmots comme des chosesmortes, avec des définitionstrop stables c’estun peu énervant et cen’est vraiment pas drôle.Il faut mettre en avantleur dimension ludiqueet narrative. DanièleMorvan avec qui jedevais écrire ce livre m’a interrogé sur la difficulté destextes que je proposais. Mais moi je pense que créerune difficulté de déchiffrage peut fixer l’attention desjeunes ados. Ils détestent qu’on les prenne pour desnuls, des « quiches » . Les illustrations stimulent l’imaginaireet si un enfant lit un passage et se laisse porterpar le dessin, ce n’est pas un problème. On peut fairele pari qu’il y reviendra. Ce livre n’est pas linéaire et cen’est pas un dictionnaire.Pensez-vous que des enseignantsutiliseront votre livre en classe ?Y avez-vous pensé ?J’aimerais bien mais cela dépend de la personnalitédes enseignants. Il y aura des professeurs pour se servirdu bouquin comme un stimulateur, comme une pistepour créer des choses avec leurs élèves. Pour desenfants plus jeunes, il faudrait un autre livre et y mettreun peu plus d’imaginaire et trouver une forme plusadaptée. Cela n’existe pas encore mais cela se fera. Laseule condition c’est qu’on ne raconte pas n’importequoi aux enfants, qu’il n’y ait pas d’erreur qui s’y cache.Bistrot par exemple, tout le monde dit que ce mot vientdu russe, ce qui n’est pas vrai. Il existe des étymologiespopulaires quasi mythiques ! Ce travail sur les motsfrançais, il serait intéressant de l’effectuer égalementpour le vocabulaire fondamental des langues étrangères,comme Mallarmé l’a fait avec les mots anglais.D’ailleurs, prenons exemple sur les frères Grimm. Enmême temps qu’ils écrivaient les contes, ils rédigèrentun dictionnaire historique de la langue allemande.PROPOS RECUEILLIS LYDIE BUGUETALAIN REY,L’ÉMINENT RÉDACTEUREN CHEF DES PUBLICATIONSDU ROBERT INVITE LESENFANTS À UNE EXPLORATIONDE LA LANGUE FRANÇAISE ENRACONTANT, AVEC FACÉTIE,L’HISTOIRE DE CINQUANTEMOTS CHOISIS DANSL’UNIVERS DE JEUNESLECTEURS.© ZELDA ZONK30 [FENÊTRES SUR COURS] N°374 - 15 OCTOBRE 2012