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( )(fenêtres)sur. coursActu5Dossier14ENSEIGNANTS-PARENTS:la coopération parents enseignantsest un facteur de réussite scolaire;Métier2028N° 316 29 août 2008UNE RENTRÉE BOULEVERSÉE :60 heures, programmes, formation, budgetun objet professionnel quis’apprend.CHAMPS SURMARNE:2 semaines de classesur un bateauRéflexionsRENTRÉE SCOLAIRE:quel coût?ERIC MANGEZ:quels contenus d’enseignement?EditC ’est la rentrée.Enthousiasme et émotion, espoiret inquiétude se mêlent à la veillede rencontrer nos nouveaux élèves.Une rentrée particulière où les premiersmots échangés dans la classe ouavec les parents seront chargés des incertitudesqui pèsent sur notre métier.Remise en cause des résultats de l’école,bouleversements opérés sansconcertation et dans la confusion, programmesplus lourds et horaire diminué,travail pédagogique montré dudoigt, suppressions de postes, suppressionde l’année de formation professionnelleà l’IUFM… C’est peu direque le ministère a jeté un trouble profonddans l’école.Et pourtant les Français nous disenttoujours leur confiance dans l’école(de 65 à 78 %)* alors que 51 % * pensentqu’en matière de réduction del’échec scolaire le gouvernement vaplutôt dans le mauvais sens.Cela confirme l’urgence d’une véritabletransformation de l’école, la nécessitéde lui donner les moyens demieux prévenir les difficultés, mieuxindividualiser l’enseignement… pourque tous les enfants réussissent.Vraiment. Ce sera le sens des mobilisationsles plus larges que le <strong>SNUipp</strong>développera au service des solidaritésde l’école et des élèves.Et… bonne rentrée.Gilles Moindrot*sondage CSA pour le SNuipp, rentrée 2008, surwww.snuipp.frSyndiquez-vous… Dès la rentréeRentrée bouleversée, école malmenée. Les nouvelles orientations ministérielles mettent à mal l’école. Pourtant, dans leurs classes, la volontédes enseignants à faire réussir leurs élèves reste leur engagement quotidien. Depuis sa création, le <strong>SNUipp</strong> devenu majoritaire, réfléchit,débat avec tous et trace des pistes pour la transformation d’une autre école qui prenne en compte la diversité des élèves et des situations.Parce que chacun ne s’accommode pas d’une école qui laisse du côté les plus fragiles, il est urgent d’agir. Toujours plus nombreux, pour êtreforce de propositions et d’actions, rejoignez le <strong>SNUipp</strong>.Adhésion auprès du <strong>SNUipp</strong> de votre département d’exercice.XX.snuipp.fr où XX est le numéro du départementsont joints à ce numéro un encart « ADL PARTNER », un encart « NATHAN»(destiné aux enseignants de maternelle) et le« Guide Pratique Sécurité » du <strong>SNUipp</strong>


ActuServices publics plébiscitésL’éducation en têteDepuis septembre 2004, un « baromètre » service public est publiétous les 6 mois. Les chiffres de juin 2008 ont montré des mouvementsnotables sur les priorités des Français. A travers d’autresdonnées l’étude montre que l’éducation est devenue leur premièrepréoccupation devant la santé publique et l’emploi, qui perd lapremière place. Ce baromètre montre à quel point les opinions surles services publics changent qu’on en soit usager ou non.Seulement 47 % des Français se disent satisfaits de l’Éducation nationale,contre 78 % des usagers. Autre chiffre intéressant, alorsqu’en décembre 2006 47 % des personnes interrogées déclaraientqu’on pouvait réaliser des économies importantes dans l’Éducationnationale, seuls 32 % le pensent encore aujourd’hui. À l’heureoù le gouvernement réduit les effectifs des enseignants, il sembleraitque ces mesures ne soient pas comprises.MUn fichier nommé Edvigeais qui est donc cet « Edvige » quia défrayé la chronique tout l’été ?Ce nouveau fichier de police intitulé« Exploitation documentaire et valorisationde l’information générale », annoncéau Journal Officiel le 1 er juillet, a, en2 mois, mobilisé contre lui associations,syndicats et personnalités politiques. Unappel* a été lancé pour son abandon le10 juillet qui a reçu depuis près de84000 signatures dont celles de 675 organisationsdont la FSU. Que lui reproche-t-on?Ce fichage effectué par latoute nouvelle direction centrale du renseignementintérieur vise à collecter desrenseignements sur les personnes deplus de 13 ans considérées, par la police,comme susceptibles de porter atteinte à« l’ordre public ». Il recensera aussitoute personne « ayant sollicité, exercéou exerçant un mandat politique, syndicalou économique ou qui joue un rôleinstitutionnel, économique, social ou religieuxsignificatif ». Les informationsconcerneront à la fois le domaine publiccomme l’appartenance politique, l’engagementassociatif… mais aussi des donnéesbeaucoup plus personnelles commel’orientation sexuelle ou la situation familiale.Un mélange des genres inacceptablespour ces opposants qui ont déposédes recours devant le conseil d’État.Le <strong>SNUipp</strong> invite les enseignants à signerl’appel.Lydie Buguet*http://nonaedvige.ras.eu.org/Ossétie: l’IE appelleà des mesures d’urgenceL’Internationale de L’Éducation a exprimé son inquiétudesur la situation en Géorgie et Ossétie duSud. Elle demande des mesures d’urgence pourporter assistance aux familles des civils ayanttrouvé la mort dans le conflit et aux personnes déplacées.La fédération syndicale mondiale, qui représenteplus de 30 millions d’enseignants, vientde lancer un appel d’action urgente pour réhabiliterles établissements scolaires endommagés.Soutenez handicap InternationalLe kit PLIO est l'indispensable accessoire de cetterentrée. Vendu 5€ (1€ revient à l'association), ilcomprend 10 feuilles transparentes repositionnables,des pastilles autocollantes et 10 étiquettes illustréespar Olivier Dutto, prix jeunesse Angoulême 2005, surle thème des bombes à sous-munitions. En couvrantfacilement livres et cahiers, vous attirez l'attentiondes enfants sur les actions de Handicap Internationalet vous soutenez l'association.5


6ActuAfghanistanles écoles incendiéesAu-delà de l’actualité militaire et de sesconséquences, et alors que la nouvelleannée scolaire va commencer dans les provincesdu sud afghan, cinq écoles ont étéincendiées par les Talibans cet été, aprèsles deux écoles qui avaient été incendiéesen avril à Kaboul même. Lorsqu’ils étaientau pouvoir les Talibans avaient interditl’école aux filles. 90 % de la populationféminine et 60 % de la population masculineest illettrée.Iran: un syndicalisteenseignant condamnéà mortL’Internationale de l’Éducation lance unappel pour sauver Farzad Kamangar, unenseignant de 33 ans, syndicaliste de laprovince du Kurdistan iranien, torturé etcondamné à mort. Un comité de soutiens’est créé en Iran autour de ShirinEbadila, Prix Nobel. Lors de sa premièreréunion trois enseignants ont été arrêtés,deux sont toujours emprisonnés.« L’arrestation, la détention et lacondamnation de syndicalistes en raisonde leurs activités […] constituent nonseulement des violations graves des droitsfondamentaux, mais créent en outre unclimat de peur préjudiciable au développementd’activités syndicales » dénoncel’IE.42 %des Français ne sont pas partis envacances cet été, 10 % de plusqu’en 2005. La baisse du pouvoird’achat est en cause et touche plusdurement les catégories populaires,deux fois plus nombreusesà ne pas partir en vacances: de20 % en 2005 à 41 % cette annéeSource : IFOP, juillet 2008Biélorussie:un an de moinspour la scolaritéDécidé à réduire les dépenses de l’État, legouvernement biélorusse a trouvé la solution:rabaisser d’un an la scolarité obligatoire,de 12 à 11 ans. La mesure, additionnéed’un allégement conséquent des programmes,particulièrement des enseignementsportant sur l’art et la culture, permettraitd’économiser plusieurs milliardsd’euros. Il fallait y penser.« La volonté politique n’est pas assez forte »Solidarité Laïque lance sanouvelle campagne « un cahier,un crayon » du 4 septembreau 30 novembre en directiondu Bénin. Pourquoice choix?La situation de ce pays en matièred’éducation est très difficile.Les écoles sont sous équipées,54 % des enfants seulementsont scolarisés et surtoutle pays connaît un taux trèsfort d’abandon des élèves. Encause l’exploitation des enfants,un tiers des 6- 14 anstravaillent et 50 % des inscritsfinissent leur cycle de scolaritéprimaire. De fait, l’objectifde notre campagne solidaire seveut double. C’est à la fois une opération decollecte de matériel scolaire neuf complétépar un achat local. C’est également une actionde sensibilisation et d’éducation auxactions de solidarité. Pour ce faire, un dossierpédagogique en ligne pour réfléchir auxrelations Nord/Sud, à l’Education, àl’Histoire, est mis à disposition des enseignants.Où en est-on des objectifs de l' EducationPour Tous en 2015 ?A mi-parcours, le bilan reste décevant.Certains progrès ont été réalisés notammentpour l’école primaire. Le taux de scolarisationa progressé de 36 % en Afrique subsaharienne,de 22 % en Asie du sud. Au total,entre 1999 et 2005, le nombre d’enfants nonscolarisés à travers le monde est passé de 96Carole Coupez,Solidarité Laïque,déleguée aux actionsd’éducation aux développementet à lasolidarité internationaleà 72 millions. Mais les autresobjectifs concernant l’égalitédes sexes et l’accès aux programmesd’apprentissage, laprotection et l’éducation de lapetite enfance, le taux d’alphabétisationdes adultes sont loind’être atteints. On sait déjàqu’ils ne seront pas réalisés en2015 notamment concernantles pays d’Afrique. Ainsi, lamédiocrité des services éducatifset le coût élevé de la scolariténe fléchissent pas.Comment expliquer des résultatsaussi médiocres?Force est de reconnaître que,sur ce dossier, la volonté politique des paysles plus riches n’est pas assez forte : lesmoyens ne sont pas à la hauteur des engagementspris. Seulement 10 % de l’aide prévuepour l’Education Pour Tous a été verséepar les états du G8. La France n’a contribuéqu’à hauteur de 28 % de ce qu’elle avaitpromis. Conséquence, même si les budgetspublics consacrés à l’éducation progressentdans la plupart des pays les plus pauvres, ilsne sont souvent orientés qu’en direction del’enseignement primaire. Pour les autres domaines,les financements restent tropfaibles. Enfin, l’éducation des filles et l’alphabétisationdes femmes doivent encoreêtre plus soutenues.Propos recueillispar Sébastien SihrParticiper, consulter les documents pédagogiques:www.uncahier-uncrayon.orgL’Europe fruite l’écoleLes écoliers européens auront-ilsbientôt droit à des tournées gratuitesde fruits? C’est ce que vientde proposer la Commission européenneafin de lutter contre laprise de poids des enfants. Ellevise à encourager et ancrer de bonnes habitudesalimentaires qui, selon les études, restentensuite généralement acquises. Cettedistribution pourrait être financée à hauteurde 90 millions par an par l’Europe et complétéepar des fonds nationaux. Outre la distributiongratuite de fruits et légumes, le programmeexigera, de la part desÉtats membres participants,l’élaboration de stratégies nationales,y compris des initiativesen matière d’éducation etde sensibilisation et le partagedes meilleures pratiques. 22 millions d’enfantsdans l’Union européenne souffrent desurpoids et plus de 5 millions d’entre euxsont obèses. Un chiffre qui augmente de plusde 400000 chaque année. La proposition vamaintenant être transmise au Conseil et auParlement européen.


En cette rentréepeu ordinaire, le<strong>SNUipp</strong> s’adressemassivementaux parents.Une rentrée à l’économieLes réformes guidées par les restrictions budgétaires semettent en place en cette rentrée. Elles restent àcontre-courant de la professionnalité enseignante etde l’ambition affichée par le ministre de réduirel’échec scolaire. Autant de raisons de multiplier lesinitiatives pour une autre école.C’est une rentrée peu ordinaire, une rentrée bouleversée.En une année, le ministre a mis enplace une à une des mesures (voir ci-contre) censées« diviser par trois en cinq ans l’échec scolaire». L’inventaire des changements donne levertige. D’un côté, dans un climat d’inquiétudescolaire, le ministre illusionne l’opinion publiqueavec ses recettes miracles très simplistes.De l’autre, il nie l’expertise et la professionnalitédes enseignants. Sur la plupart de ces nouvellesorientations, le ministre s’est d’ailleurspassé de l’avis de la communauté éducative, desapports de la recherche et de l’intérêt des élèves(p 8 et 10).De fait, l’école s’appauvrit. Elle propose moinsd’heures et de jours de classe. Les nouveauxprogrammes de maternelle et d’élémentaire fontl’impasse sur le développement de l’enfant, lesactivités de réflexion et de compréhension.Enfin, par des suppressions de postes, la politiquebudgétaire assèche les ressources humaines.Sans attendre la rentrée, en juillet, le ministreXavier Darcos a confirmé sa stratégie.« J’ai proposé le non renouvellement de 13500départs à la retraite » a-t-il décliné dans la presse.En plus des 11200 l’an dernier, cette saignées’intègre dans la proposition du gouvernementde ne pas remplacer 30600 fonctionnaires partantà la retraite. Dans l’Éducation nationale, cessuppressions devraient toucher les écoles et lescollèges. Pourtant, les opérations de carte scolairebouclées tardivement laissent apparaître desbesoins en postes dans de nombreux départementscomme en Loire-Atlantique, en Girondeou en Guyane où se sont mobilisés les enseignants.À cela s’ajoute l’inquiétude concernantl’avenir des AVS et EVS présents pour aider lesenfants en situation de handicap et les directeursmais toujours sous contrats précaires. Côté pouvoird’achat et donc salaires, la préoccupationest générale. Pour les enseignants, on est loin ducompte et ce malgré des déclarations ministériellesqui parlent de revalorisation. Déclarationsperçues comme des tromperies (p 13).Sur tous ces points, le <strong>SNUipp</strong> a mis à dispositiondes enseignants une lettre à l’adresse des parentsà distribuer lors de la rentrée. Un outil pourdénoncer les réformes engagées et proposerd’autres choix pour une école de la réussite:« réduire les effectifs, développer le travail enéquipe, mettre en place des dispositifs d’aide surle temps scolaire, assurer une formation initialeet continue de qualité ».Enseigner est un métier de conception. Il doits’enrichir des apports de la recherche, être appréhendédans le cadre de l’équipe avec plus demaîtres que de classes et du temps. Autant de leviersprofessionnels pour une réelle transformationdu système. Dans les semaines à venir, le<strong>SNUipp</strong> invite les enseignants et les parents à seréunir. Dans la suite des actions nombreuses etsouvent foisonnantes (nuit des écoles) de l’andernier, il proposera dans l’unité des initiativespour transformer et construire l’école dont lesélèves ont besoin et notamment lors des rendezvousdes fédérations de fonctionnaires et de l’Éducationdes prochains jours. Sans relâche etsans économie.Sébastien SihrActuUne écoleau nouveau visageUne nouvelle semaine scolairepour les élèvesLa durée hebdomadaire d’enseignementpasse de 26 à 24 heures.Certains élèves « en difficultéd’apprentissage » bénéficieront deprises en charge hors temps declasse.De nouveaux programmes pourl’élémentaire et la maternelleCe contenu « plus court et plus lisible» selon le ministre est censéaider à mieux faire réussir lesélèves. Sur ce point, l’avis de lacommunauté éducative, les apportsde la recherche et l’intérêtdes élèves ont été en fait peu prisen compte.L’accompagnement éducatifLe soir après la classe, il offretrois types d’activités: soutienscolaire, pratique sportive, pratiquesartistique et culturelle.Obligatoire en cette rentrée enéducation prioritaire, il doit êtregénéralisé à toutes les écoles en2009.Des évaluations nationalesElles s’adresseront aux élèves deCE1 en mai et de CM2 en janvierfévrier.Le ministère compte toujoursen publier les résultats parécole.Une nouvelle répartition dutemps de service pour les enseignantsAvec la suppression de2 heures d’enseignement,108 heures annuelles sont disponibles.Elles se répartissent en60 heures pour « à l’aide personnalisée» et « son organisation »,24 heures pour les « travaux enéquipes pédagogiques, les relationsavec les parents, l’élaborationet le suivi des PPS »,18 heures pour les « animationspédagogiques » et 6 heures pourles conseils d’école7


ActuLivret de compétences:pas avant 2009Après une année d’expérimentation, le livretde compétences est en cours de réécritureau ministère. Il devrait arriver dans lesécoles fin 2008. Le <strong>SNUipp</strong> sera vigilantafin que les remontées du terrain lors del’expérimentation de l’an dernier soientprises en compte.Travailler moins pour apprendre plus.Voilà donc le curieux remède de XavierDarcos pour réduire l’échec scolaire. Avecla parution en août du décret (1) définissantla durée hebdomadaire d’enseignementdes élèves à 24 heures (soit 2 heures enmoins), le ministre trace la ligne. Une stratégieen trompe l’œil malgré un affichagetrès médiatique en direction de l’opinionpublique. Une partie des heures récupérées(60 h) sera, selon le texte officiel, consacrée« à l’aide personnalisée » pour lesélèves en difficulté d’apprentissage. Sur leterrain, les organisations recensées à partirdu dispositif national de suivi du <strong>SNUipp</strong>(FSC n° 315) apparaissent assez inégalesselon les départements et les écoles (temps d’aide et d’organisation, contenu del’aide, calendrier des prises en charge,nombre d’élèves concernés). Mais pourquelle efficacité ? Alors que la durée d’unejournée de classe en France est déjà trèslongue, les enseignants se voientcontraints de placer les aides sur desplages horaires peu propices à la mobilisa-60 heuresUne aide en trompe l’œiltion et à l’attention d’élèves ayant souventdes difficultés de cet ordre. C’est un défiquasi impossible qui est lancé aux enseignants.Et que dire pour les élèves de maternellequi ont des besoins physiologiquesparticuliers ? Pour Hubert Montagner,chronobiologiste, « c’est la quasi-certitudeque les élèves seront encore plus fatigués,stressés, démotivés, en déficit deconfiance ». Le <strong>SNUipp</strong> qui après consultationdes enseignants n’a pas signé letexte du ministère demande aujourd’huique soit réalisé un bilan précis du dispositif.Il continue d’exiger plus de temps, plusd’enseignants spécialisés.Du côté des mairies, Jacques Pélissard,président de l’AMF (2) a écrit au ministrepour demander un report de la mesure. Ilfait état d’un « sentiment de pagaille » oùles différents schémas d’organisation télescopentl’organisation périscolaire oucelle des transports. Pas de quoi mettrel’échec scolaire en échec.Sébastien Sihr(1)Tous les textes officiels sur le site du <strong>SNUipp</strong>(2)Association des Maires de FranceRASEDle ministère interrogéLe 25 juin, le <strong>SNUipp</strong>, le SE et le Sgen ont,dans une lettre commune, de nouveau interrogéle ministère sur l’avenir des missionsdes Rased qui sont directement impliquésdans le traitement de la difficulté scolaire.« Le rôle des enseignants qui exercent enRased devra évoluer », est-il répondu depuisdes mois. Il est temps que le ministèreprécise ses intentions. La lettre demandeaussi que « les acteurs de ce dispositifsoient associés au débat dans la plus grandeclarté ».5 C’est le pourcentaged’élèves de CM1 et CM2qui ont été inscrits auxstages de remise à niveau. Selon le ministère:50000 pour 10000 enseignants enjuillet et 65000 pour 12000 enseignantsen août. Le ministre s’est engagé à effectuerun bilan afin de mesurer l’impact deces stages sur la scolarité et les compétencesdes élèves. De leur côté, les enseignantstémoignent tous qu’il n’y a pasd’effet « baguette magique » et que la difficultése résout sur la durée. Pas en 15heures!8Universitéd’automneInscriptionsouvertesSi la recherche ne vient pas à toi, va à la recherche. Telle pourrait être la devise de l’Université d’automnedu <strong>SNUipp</strong> dont la 8 e édition se déroulera du 24 au 26 octobre à La Londe-les-Maures dans le Var. Lecontact direct avec les chercheurs est une occasion unique de faire le point sur leurs travaux, d’échangeravec eux, de partager les expériences entre enseignants. Une Université très professionnelle donc, mais égalementun moment de convivialité au bord de la grande bleue alors que débutent les vacances d’automne.Une quarantaine de conférences sont annoncées, ainsi que deux séances plénières. Quelques noms parmi lesintervenants: Mireille Brigaudiot (CNRS), Sylvie Cèbe, (sciences de l’éducation), Anne-Marie Chartier(docteure en sciences de l’éducation), Franck Ramu (neurobiologiste), Yvanne Chenouf (Association françaisepour la lecture), Bernard Hugonnier, directeur de l’éducation à l’OCDE qui analysera les résultats desétudes internationales, Nicole Mosconi, professeure en sciences de l’éducation.La liste des intervenants et le programme seront prochainement mis en ligne (www.snuipp.fr). Fenêtres surcours distribuera aussi le programme complet ainsi que le bon d’inscription.Les inscriptions seront alors ouvertes au siège du <strong>SNUipp</strong> (01 44 08 69 36).


ActuProgrammesL’appel des 19Alors que les programmes de l’école primaire doivents’appliquer dès cette rentrée, 19 organisations s’adressentà l’opinion publique pour « rétablir les faits ».Les nouveaux programmes et horairesde l’école primaire sont parus au BOhors série n° 3 du 19 juin dernier. Au-delàdes critiques que l’ensemble de la communautééducative a formulées tout au longde leur élaboration, 19 organisations éditenten cette rentrée un « 4 pages » pour« délivrer une information claire sur la réformeen cours » et « rétablir un climat deconfiance entre les familles et l’école, fondamentalepour la réussite des enfants ».À l’encontre des déclarations du ministre,le document fait le point sur la soit disant« dangereuse baisse de niveau », sur lesenseignements des évaluations internationales,sur la réalité du « retour aux fondamentaux». Il explicite la nécessité des différentesapproches dans les apprentissageset réfute l’idée qu’apprendre se réduirait àquelques opérations simples. Alors que leministre répète à l’envi qu’il est un défenseurde la liberté pédagogique, les organisationsappellent les enseignants à « s’appuyersur leur expérience, sur les résultatsde la recherche, pour mettre en œuvre unepédagogie efficace au service de la réussitede leurs élèves ».Le <strong>SNUipp</strong> a pour sa part interpellé le ministèresur le devenir des documents d’accompagnementet d’application publiésaprès les programmes de 2002. Après lesdéclarations du directeur de l’enseignementscolaire (« ils sont obsolètes »), le<strong>SNUipp</strong> a demandé au ministre de confirmer« qu’ils restent valables et utilisablespar les enseignants des écoles ».Daniel LabaquèreDroit d’accueil:la garderielabelliséeVotée en urgence le 23 juillet, laloi instaurant un droit d’accueilpour les élèves des écoles publiqueset privées s’appliquera àla rentrée en cas d' « absenceimprévisible de son professeuret de l’impossibilité de le remplacer.Il en est de même en casde grève » (article 2). Les enseignantsdevront se déclarer engrève 48 heures à l’avance auprèsde l’autorité administrativeet à partir d’un taux de 25 % degrévistes dans l’école, le maire(le directeur d’établissementpour les écoles privées) devraorganiser un accueil. Pour leConseil constitutionnel, il n’y a« pas de restriction injustifiéeaux conditions d’exercice dudroit de grève » contrairement àce que dénoncent les organisationssyndicales. En cas d’accidentla responsabilité administrativede l’État se substituera àcelle des communes. Une listedes personnes habilitées seraétablie après vérification del’autorité académique (absenced’inscription sur le fichier desdélinquants sexuels).Direction d’école: paroles, paroles…?10Revaloriser lafonction dedirecteur,avoue leministre,reconnaissantl’insuffisancedu protocole.« Je veux aussi revaloriser la fonction de directeurd’école dès la rentrée en reconnaissant leur engagementdans la réussite de l’école primaire et en améliorant leurrégime indemnitaire », annonçait Xavier Darcos à lapresse en juillet. Une manière de reconnaître que le protocolen’a pas résolu le dossier de la direction d’école.Mais depuis cette déclaration, rien est venu concrétisercette intention qui, rappelons-le, n’est qu’une des donnéesdu problème. Le nombre de directions vacantesd’écoles de moins de 3 classes à l’issue du 1 er mouvementmontre combien la question du temps de déchargeest prégnante pour une fonction qui a vu encore s’accroîtresa charge de travail avec les dernières réformes.Les 10 heures de décharge accordées aux directeurs 3 et4 classes sur les 60 heures d’aides personnaliseés ne résoudrontpas le problème. Pour les écoles à 4 classes ladécharge est actuellement assurée du fait des stages filésdes PE2, qu’en sera-t-il l’année prochaine avec la fin annoncéedes IUFM? Reconnaître l’engagement des directriceset directeurs est essentiel mais prendre en compteleurs demandes l’est tout autant. Le <strong>SNUipp</strong> réitère sademande d’ouverture de discussions sur ces questions.


ActuFormation des maîtresCompagnonnage ou professionnalisation?Les décisions àvenir sur lesmasters et lesconcours doiventassurer uneformation professionnelledequalité.Enseignants maîtres formateurs:quel devenir?L’existence des PEIMF, à la fois praticiens et formateurs,est une spécificité de la formation des enseignantsdu premier degré. Le risque de leur disparitionavec la réforme de la formation des maîtres etla disparition d’une réelle formation professionnellefait courir le danger d’un éloignement encore plusgrand entre la formation et le terrain. Quelle seraleur place dans la nouvelle architecture de la formation?En septembre 2010, les enseignants admis auconcours seront immédiatement mis « en situationd’enseignement à temps plein avec l’aide etle soutien de professeurs expérimentés », ce quisignifie qu’ils n’auront reçu aucune formationprofessionnelle en dehors de leur cursus! C’estavec le recrutement au niveau master, le pointprincipal de la réforme de la formation des enseignants,annoncée par le président de laRépublique le 2 juin, suivie par un communiquédu Conseil des ministres. Cette réforme annoncéesans concertation etdans la précipitationaura des effets dès cetterentrée puisque les étudiantsdoivent s’inscriredans des cursus quin’existent pas encore !Dès le début la communautééducative s’estémue du risque de disparitionde formationprofessionnelle (voirFSC n° 315). Le manque de référence auxIUFM, dont on sait qu’ils doivent évoluer, estsymbolique d’une conception qui vise à privilégierles formations disciplinaires et qui va àl’encontre de ce qui se passe dans les pays européens.Aucune des questions importantes sur lescontenus des masters et des concours n’est tranchée.Les IUFM et les universités devront dansl’urgence réfléchir sur des sujets dont la complexitésemble échapper au ministre. La FSU ademandé immédiatement l’ouverture de négociations,en défendant l’idée de préserver uneformation professionnelle de qualité, parce que« le métier d’enseignant est un métier qui s’apprend».Les syndicats de la FSU font partie des 500 signatairesqui ont lancé un appel « pour une formationdes enseignants de haut niveau dans desIUFM rénovés » et qui appellent à l’organisationd’États généraux de la formation le 4 octobre àla Sorbonne. En tout état de cause, il est urgentde prendre sérieusement le temps de la réflexion!Daniel LabaquèrePatrick Baranger: « préserver la formation professionnelle »12Quelle est votre réaction après les annoncesministérielles sur la formation?Des réunions sont programmées à larentrée pour discuter du contenu desmasters et des concours. Notre préoccupationactuelle est de préserver uneformation professionnelle de qualité.Nous sommes attachés au master maisnous aurions préféré que le recrutementpar concours précède la formation,comme c’est le cas pour les ingénieurs ou les médecins.Quels écueils les masters devront-ils éviter?Ils devront comporter une réelle formation professionnelle maisaussi prendre en compte les étudiants qui seront diplômés mais quine réussiront pas le concours et donc offrir une ouverture professionnelleplus large. Concernant le premier degré, il faudra tenircompte des difficultés actuelles rencontrées lors de la création delicences pluridisciplinaires. Avec un effet important d’appel d’air,elles peuvent fragiliser certaines filières traditionnelles et créer desfilières ghetto. Le montage des formations pour le premier degrésera extrêmement complexe. Le référentiel de compétences doitrester un point d’appui.Les décisions qui seront prises quant au concours serontPatrickBaranger estprésident de laConférence desdirecteursd’IUFM(CDIUFM)importantes…En effet, il faudra absolument qu’il soitbien plus professionnalisé dans sesépreuves qu’il n’était auparavant. Noussavons bien ce qu’induit le dispositif terminalsur la formation en amont. C’estdonc une condition essentielle pour préserverune formation professionnelle.Le ministre a annoncé qu’après la réussiteau concours, les enseignants n’auraient qu’une formationpar compagnonnage, avec un enseignant expérimenté. Qu’enpensez-vous?Si le compagnonnage n’est a priori pas à rejeter, nous avons de sérieusesréticences. Tout d’abord ce modèle suppose une cultureprofessionnelle unifiée, c’est-à-dire que les enseignants partagentles mêmes valeurs et les mêmes pratiques. C’est loin d’être le cas,comme le montrent les débats actuels. Le compagnonnage supposeaussi de travailler ensemble, et non l’un après l’autre, ce qui malgréles injonctions de travail en équipe ne correspond pas à la culturede l’école. Il serait aussi important de voir plusieurs pratiqueset plusieurs maîtres. Enfin, à l’heure où l’on sait qu’il faudras’adapter encore plus aux mutations sociales, évoluer et s’engagerdans la voie de l’innovation, on ne peut pas prendre le risque degénérer une reproduction des pratiques à l’identique.


DÉPARTS EN RETRAITEEN 2007Aujourd’hui seulement 14%des professeurs des écoles partenten retraite en ayant atteintun échelon de la hors-classe.QRevalorisation,même métier,même dignité?uand Xavier Darcos « communique »sur la revalorisation du métier d’enseignant,les enseignants du premierdegré sont amers car ils sont oubliés. Siavec la création du corps de PE en 1990,l’ambition de l’unification des carrières desenseignants (premier et second degré) étaitaffichée, où en est-on dix-huit ans après?En matière de salaires le rapport Pochard(mars 2008) pointe une première inégalité :la rémunération globale moyenne des enseignantsdu premier degré s’élève à 1900 €contre 2700 € dans le second degré. Les rémunérationsaccessoires (heures supplémentaireset indemnités) bénéficient plusaux enseignants du second degré qu’aux enseignantsdu premier degré (de 10 à 15 % dutraitement pour les premiers contre 5 %pour les seconds).Autre injustice, en juin 2007, plus de 51 %des enseignants du premier degré sont partisen retraite en étant au 10ème échelon ducorps des PE et seulement 14 % avaient atteintun échelon de la hors-classe. A contrariodans le second degré, près de 65 % desenseignants partant en retraite sont à lahors-classe. (voir graphique)Le « travailler plus pour gagner plus » trouveson illustration dans la rémunération desstages de remise à niveau durant les vacances.La différence de rémunération entreles corps, pour le même travail, est injuste :23,90 € pour un professeur des écoles,Accompagnement scolaire: même travail, rémunérationdifférenteTaux de l’heure supplémentaire d’enseignementPECLASSENORMALEHORSCLASSECERTIFIÉSCLASSENORMALE36,77 € pour un certifié.Même métier, même dignité ? On est loin ducompte. Les enseignants du premier degréont déjà été échaudés par les injustices généréespar la création du corps des PE,nombre trop faible d’intégrations, inégalitésentre l’intégration par liste d’aptitude et parconcours, exclusion des retraités, bouchondans les promotions… Ils sont aujourd’huiexclus des mesures « ciblées » annoncéespar le gouvernement. L’exemple le plusfrappant est évidemment les augmentationssalariales. Refusant d’augmenter pour tousle point d’indice de manière à rattraper l’inflation,le gouvernement décide que les évolutionsnormales de carrière (changementsd’échelon) sont la preuve de la hausse dessalaires et invente une prime, la garantie individuellede pouvoir d’achat (GIPA) pourpermettre aux fonctionnaires n’ayant eu aucunepromotion dans les 4 dernières annéesde limiter les pertes. Très peu d’enseignantsdu premier degré la percevront et les PE anciensinstituteurs en sont exclus.Atteints dans leur professionnalité par la réformedes programmes, confrontés auxchamboulements de leur service(60 heures), touchés par la perte du pouvoird’achat, bloqués dans leur carrière, les enseignantsdu premier degré exigent que lespromesses de revalorisation ne soient pasqu’un leurre médiatique.Daniel LabaquèreInstituteur 21,27 €Professeur d’école 23,90 €Professeur d’école hors classe 26,29 €Professeur certifié 36,77 €HORSCLASSEActuBase élèves:recul ministérielEn juin, le ministère de l’Éducationnationale a retiré plusieurs champs deBase élèves, tels ceux concernantl’absentéisme, les besoins éducatifsparticuliers, la catégorie sociale etprofessionnelle des parents. La duréede la conservation des données estraccourcie à la durée de scolarisationdans le premier degré. La mobilisationdes enseignants, des parents etdes partenaires de l’école dans lesdépartements, comme au plan nationalavec la pétition « Nos enfantssont fichés », n’est pas étrangère à cesecond recul, après le retrait des critèresliés à la nationalité en octobre.Tout en se félicitant de ces avancées,le <strong>SNUipp</strong> avec la Ligue del’Enseignement, la Ligue des droitsde l’homme, la FCPE, demande auministère la mise en place d’un observatoiredes fichiers utilisés dansl’Éducation nationale.Nantes: dialoguesocial en berne!Lors d’une occupation pacifique del’inspection académique de Nantes,le 12 juin, par des parents et des enseignantsvenus réclamer l’arrêt desmesures Darcos, l’octroi de 200postes supplémentaires et des emploisstatutaires pour les précaires,les manifestants ont subi une interventionpolicière extrêmement violente.Sami Benméziane, professeurdes écoles, a été emmené menotté aucommissariat et inculpé pour coupset blessures. La FSU et le <strong>SNUipp</strong>ont demandé l’arrêt des poursuites etappellent à signer la pétition de soutienà Sami*.*http://44.snuipp.frPrime pour les nouveauxtitulairesLe ministre a annoncé une primepour les nouveaux titulaires sur lapaye de novembre. En espérant qu’ils’agisse d’autre chose que d’un effetd’annonces, le <strong>SNUipp</strong> rappelle qu’ila toujours défendu le principe d’uneprime conséquente d’installation etd’équipement.13


DossierEnseignants-ParentsUn lien professionnel14C’est la rentréepour lesparentsaussi. Leurmobilisationcontre lesréformes témoignedeleur forteimplicationdans l’école.Créer desliens aveceux, une nécessitéprofessionnellepour laréussite desélèves.Dossier réalisé parDaniel Labaquère,Pierre Magnetto,Arnaud Malaisé,Sébastien SihrLe moins que l’on puisse dire est que lesnouveaux programmes ont créé un largeconsensus contre eux au sein de la communautééducative. Et, parmi les membres decette communauté, les parents d’élèves n’ontpas été en reste. Ils se sont mobilisés à plusieursreprises et dans plusieurs villes deFrance à l’appel de la FCPE, mais c’est aussiet souvent de leur propre initiative qu’ils sontallés à la rencontre des enseignants, lors deréunions d’information et d’échanges organiséesdans les écoles de nombreuxdépartements (lire Fsc314). Signe des temps, leur implicationdans un dossier qu’ilsauraient pu croire réservé à des« spécialistes », témoigne deleurs fortes attentes enversl’école. Comme l’expliqueMartine Kherroubi, sociologuede l’éducation à l’IUFM deCréteil, « à leurs yeux l’école apris une grande importance dansle processus de qualification des élèves etleur souci est aussi de mieux comprendrel’école afin de mieux accompagner leurs enfantsdans leur scolarité » (lire page 19).Aujourd’hui, les textes font obligation auxenseignants d’organiser cette relation entrel’école et les parents. Leur rôle, leur place,ont été précisés dans les textes de 2006 (lireci-dessous), mais les premières réglementationssont récentes, elles datent de 1989. Cen’est pas un hasard si l’institution s’est préoccupéetardivement de cette question.L’image de l’instituteur seul maître bord danssa classe s’efface, mais les réticences demeurentencore souvent quant à l’ouverture qui« leur implicationdans un dossierqu’ils auraient pucroire réservé àdes« spécialistes »témoigne de leursfortes attentesenvers l’école »doit être faite aux parents. Un rapport del’Inspection générale notait il y a deux ansque malgré les dispositions réglementaires,les relations parents-enseignants restaientsouvent difficiles et qu’il fallait s’interrogersur l’écart qui existe entre les textes et la réalitételle qu’elle est vécue sur le terrain. C’estque la nécessité de mise en œuvre d’un partenariatn’est pas forcément toujours biencomprise de part et d’autre. Pour améliorer lasituation, les IG proposaient d’observer lesbonnes pratiques et d’essayerde les généraliser.À l’école maternelle del’Haÿ-Les-Roses dans leVal-de-Marne (lire page 17),les enseignantes estimentqu’on ne naît pas parentsd’élève, mais qu’on le devient.Sylvie Lebas expliqueque l’accueil des « nouveaux» parents doit servir à« créer à la fois un premiercontact et un premier regard sur l’école, leplus positif possible ». La capacité des enseignantsà aider les parents, du moins à ceuxqui sont le plus éloignés de l’école, à devenirparents d’élèves, est devenue un signe de leurcompétence professionnelle.Cette compétence ne vise pas seulement à répondreaux exigences posées par les textes,telle l’organisation d’une rencontre deux foispar an. L’intérêt est ailleurs, il est dans l’instaurationd’une relation de confiance, qui vapermettre aux parents de mieux comprendrel’école, de mieux jouer leur rôle de co-éducateuret de participer à la place qui est la leur àla réussite de leur enfant-élève. De leur côté,


les enseignants doivent renforcer leur expertisepour mieux communiquer avec lesparents, apprendre à mieux les connaître.À l’école élémentaire Hoche de Colombes,dans les Hauts-de-Seine, les enseignants recherchentcette coopération. Ils organisent àla fin de chaque trimestre « l’heure des parents». Il s’agit de recevoir ces derniersdans la classe où ils s’assoient à la place deleurs enfants, tandis qu’au tableau, ces derniersrendent compte de leur activité enclasse. « C’est l’occasion de créer une véritablesituation de communication » noteBénédicte Floquet, enseignante en CE1(lire page 16).Mais si la coopération des parents est unfacteur de réussite scolaire, paradoxalementce sont les élèves les plus en difficulté quibien souvent en bénéficient le moins. Uneétude du chercheur en sciences de l’éducationPierre Périer (lire page 18), montre quece sont d’abord les parents des classesmoyennes qui maîtrisent « le code del’échange et les règles du jeu ». À l’inverseles parents issus des familles populaires ontparfois bien des obstacles à surmonter pourse sentir à l’aise. Pour certains, leurs faiblescompétences scolaires, leurs difficultés langagières…sont autant d’obstacles qui leslaissent à la porte de l’école.Construire une coopération avec les parentsne va pas de soi. Cela s’apprend, et si depuis2006 cela est inscrit au cahier des chargesdes IUFM, bien souvent la formation se réduità une communication institutionnellesans module spécifique. « Les parents peuventse sentir mal à la l’aise dans ce lieu quine leur rappelle pas toujours de bons souvenirs.Les enseignants ont l’angoissed’être délégitimés: les formations doiventUne histoire récenteles amener à se sentir légitimes dans le dialogue,avec le but de faire des parents de véritablespartenaires épaulant l’action enseignante», souligne Jean-Louis Auduc, directeurdes études du 1er degré à l’IUFM deCréteil. Construire un partenariat avec lesparents c’est créer un lien professionnel.(1)La place et le rôle des parents dans l’école, RapportIGAENR - Rapport conjoint IGEN-I.G.A.E.N.R. octobre200: http://www.education.gouv.fr/cid4221/laplace-et-le-role-des-parents-dans-l-ecole.htmlLa massification de l’enseignement des années 60 a eu pour effet collatéral de faire de tousles Français des parents d’élèves: prolongation de la scolarité obligatoire à 16 ans en 1959,objectif de 80 % d’obtention du baccalauréat en 1980.Alors que jusque-là les familles faisaient confiance au système pour sélectionner et gérer lespetits flux des « méritants », elles prennent conscience des possibilités de parcours, de l’importancedu choix pour l’avenir des enfants et revendiquent le partage de responsabilité autourde l’orientation. Le niveau de satisfaction des parents dépend désormais de la réussitedes enfants.Si depuis longtemps la complémentarité de l’action éducative de l’école et de la famille étaitsoulignée, ce n’est que récemment que les droits des parents ont été inscrits dans la loi: participationà la vie scolaire et dialogue avec les enseignants (1989), démarche d’éducationpartagée et partenariat (2001)… La circulaire du 25 août 2006 rassemble l’ensemble destextes précédents et précise le droit à l’information des parents sur la scolarité de leur enfant,la définition des moyens dont disposent les associations et les représentants des parents.15


DossierC’est16« Gérer le pour tous et le pourchacun »Jean-Louis Auduc est directeuradjoint de l’IUFM deCréteil.Il est l’auteur de « Les relationsparents-enseignants àl’école primaire », 2007,CRDP CréteilLe travail avec les familles est-il une compétenceprofessionnelle ?Pour exercer le métier d’enseignant, avoir debonnes relations avec les parents d’élèves estaujourd’hui une nécessité et exige des compétencesprofessionnelles spécifiques: menerun entretien et le gérer, réagir à des situationsdélicates, présenter une situation et expliquerdes décisions, annoncer de mauvaisesnouvelles… Les médecins disposentde 15 jours de formation spécifique à l’accueildes patients et les formations sur lagestion des réunions et des conflits sont développéesdepuis longtemps dans le mondede l’entreprise. L’inscription en 2006 du travailavec les parents parmi les 10 compétencesdu cahier des charges des IUFM avaitpermis la mise en place de l’enseignementde ces compétences professionnelles.Vous parlez au passé ?Je suis très inquiet des changements annoncésdans la formation des enseignants. Enparticulier, je crains que l’obsession de fairedes économies et le pilotage par le concoursn’aboutissent à une régression très importan-te de la formation professionnelle des enseignants,au bénéfice de la formation académique.Quelles sont les priorités sur lesquelles vousaxez les formations?Dans l’académie de Créteil, le travail sur larelation enseignants/parents est ancien. Sansdoute parce que les difficultés sont plus importantes,les enseignants sont en demande.Les formations essaient de décrypter ladouble angoisse des parents et des enseignants.Les parents peuvent être mal à l’aisedans ce lieu qui ne leur rappelle pas toujoursde bons souvenirs. Les enseignants ont l’angoissed’être délégitimés: les formationsdoivent les amener à se sentir légitimes dansle dialogue, avec comme but de faire des parentsde véritables partenaires épaulant l’actionenseignante. Pour cela, la valorisationdu soutien parental est très efficace.L’enseignant est porteur d’un collectif et leparent porteur de l’intérêt de son enfant. Laprofessionnalité se niche exactement là, dansla gestion du « pour tous » et du « pour chacun».À Colombes, dans lesHauts-de-Seine, les famillespeuvent assister àla classe durant« l’heure des parents ».Un moyen de découvrirl’élève qui se cache derrièreleur enfant.Lors du dernier samedi de l’année, lesélèves, regroupés au pied du tableau,rendent compte de leurs activités scolaires àleurs parents, installés à leur place dans lasalle de classe. Cette scène peu habituelle sedéroule régulièrement à l’école élémentaireHoche de Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Pour Sophie Vallée, enseignante enCE2, cette « heure des parents » permet de« travailler le lien des parents avec l’école »et également de « rencontrer ceux qui neviennent pas habituellement ». L’invitationlancée aux parents d’élèves à chaque fin depériode ne prend pas la forme d’un classiqueentretien individuel ou d’une réunion institutionnelle.Elle se déroule dans un climatconvivial qui crée de la confiance et permetune connaissance vécue et plus approfondiede ce qui se vit, de ce qui s’apprend en classe.Un parent d’élève explique qu’il peut dela sorte s’approprier « l’univers dans lequelson enfant vit durant la journée ». En parallèleau « sentiment fabuleux de se retrouverà nouveau en classe », les parents peuventainsi « découvrir l’élève » derrière leur enfant.Ce bilan positif est partagé par les enseignants,Sophie Vallée estime que le rapportentre l’école et les parents a changé. Envoyant ce que font leurs enfants, ils sontmoins inquiets, posent moins de questionssur la classe, qui n’est plus « un grand mystère». La participation est également massive,seule une famille n’a participé à aucune« heure des parents » durant l’année.Ce temps de rencontre est également l’occasionpour Bénédicte Floquet, enseignante en


COLOMBESl’heure des parentsCE1, de « créer une véritable situation decommunication ». Les élèves produisentainsi « des écrits sociaux à destination desparents ». L’occasion pour eux de narrer lasortie, la veille, de la classe au cirque, de réciteren duo les poèmes qu’ils ont créés surle monde du cirque… En mathématiques, lesélèves proposent aux parents de résoudre desexercices de calcul rapide, de jouer au« compte est bon »… L’enseignante n’intervientpas directement, elle gère le déroulé dela séance et le fluidifie au besoin.Mais l’avenir de ce temps est en suspends.Les deux enseignantes souhaitent le poursuivremais s’interrogent sur les modalitéssuite à la suppression de la classe le samedimatin. Cette journée, sans accueil avant laclasse et sans cantine après, était l’occasiond’un contact direct avec les familles et permettaitau plus grand nombre de se rendredisponible en fin de matinée pour participerà « l’heure des parents ». Quelle que soit lasolution retenue, « on ne sera plus sur unedynamique d’apprentissage durant le tempsscolaire » regrette Bénédicte Floquet.L’Haÿ-les-Roses, toute première fois…À la maternelle de l’Haÿ-les-Roses, dans le Val de Marne, le lien deconfiance parents-enseignants se construit dès l’accueil des nouveauxparents. « Et ce, pour créer à la fois un premier contact et unpremier regard sur l’école le plus positif » confie Sylvie Lebas, enseignantede petite section. Dans son ouvrage (1) , CatherineLefebvre, ancienne directrice et initiatrice du projet expose lesphases du travail entrepris. Premier temps: l’accueil des nouveauxparents se fait entre mars et mai, qui précède la première rentréedes enfants. Individuellement, parents et enfants sont reçus lorsd’une visite « pédagogique et humaine » de l’école. Rien de mieuxpour lever les angoisses des familles envers l’école que de s’approprierles lieux, les espaces, les personnes, les choses concrètes queles parents vont découvrir en traversant les locaux et les classes.Deuxième temps: une rencontre qui permet de présenter les partenairesde l’école aux parents. « L’objectif est de favoriser les relationsentre les adultes » témoigne Sylvie.Puis au quotidien, l’accueil du matin est valorisé. Les parentsdéshabillent l’enfant puis circulent avec lui au milieu des puzzles,jeux, pâtes à modeler, chevalets de peinture… Cet accompagnementparent-enseignant-enfant favorise la séparation et aide l’élèveà trouver des règles et repères communs entre ces deux espaces devie que sont le milieu familial et le milieu scolaire. Les réunionsd’information se font autour de vidéos. Les parents découvrent lavie de classe, leur enfant filmé en situation d’apprentissage. La formulereçoit une forte adhésion des parents. Certes, c’est de la logistique,du travail supplémentaire plus facile à mettre en place quandles enseignants ont du temps.Certains parents amènent un magnétoscope, un téléviseur, d’autresune spécialité culinaire à partager à l’issue de la réunion. Chacuncontribue à sa mesure. Tous ces moments particuliers construisentdes liens dans la durée et facilitent par la suite la constitution deséquipes éducatives, le travail de prévention, la construction de réponsesà certaines difficultés. Catherine Lefebvre développe soncrédo: « si on veut travailler sur ces difficultés, il faut travailleraussi en dehors de celles-ci ».(1): construire des projets pour la réussite des élèves en maternelle- SCEREN17


DossierFamilles populaires:partenaire paradoxal18Pas facile de trouverun langage communLes résultats des recherches internationalesdonnent des indications sur le contenu deséchanges entre école et familles. Aux rappelscourants de l’école quant aux responsabilitésparentales concernant l’environnement scolaire(surveillance des devoirs, hygiène de viedes enfants, fournitures et livres à apporter…)succèdent des échanges sur les résultats scolaireset le comportement de l’enfant en classe.Sur ces derniers points, les études montrentde nombreux décalages entre les perceptionsdes parents et celles des enseignants.Ainsi, quand l’enfant est en difficulté, alorsque les enseignants essaient manifestementde souligner les soutiens possibles, les parentsressentent les entretiens tout entiers dominéspar le diagnostic de l’échec et l’espritnégatif qui en découle, les autres aspects del’échange étant alors rejetés dans l’oubli.Des formations pourles parents d'élèvesétrangers ?Une opération expérimentale destinée aux parentsd’élèves, étrangers ou immigrés est lancéecette année par la biais du BO n° 29 du17 juillet. Appelée “Ouvrir l’École aux parentspour réussir l’intégration”, cette initiativevise à familiariser les parents étrangersavec l'institution scolaire et ses règles parfoiscomplexes. Elle repose sur le volontariat desparents. « Ces formations gratuites sont organiséessur la base de modules d’une duréemaximale de 120 h ».L’opération se déroule dans les écoles et lescollèges, notamment sur l’horaire d’ouvertureprévu pour l’accompagnement éducatif destinéaux élèves.Les enseignements sont prioritairement dispenséspar des enseignants, notamment ceuxqui exercent en classes d’initiation (CLIN),des formateurs de GRETA ou des personnelsd’associations agréées par le ministère del’Éducation nationale.Tous les parents sont-ils à égalité faceau partenariat avec l’école ? PierrePérier, chercheur en sciences del’éducation, a conduit une enquête surle rapport entre l’école et les famillespopulaires. Il relève des obstacles pesantsur les possibilités de rencontreset d’échanges entre l’école et les parents.Parmi ces obstacles culturels, lechercheur met l’accent sur le rapportà l’écrit, les difficultés langagières,les codes sociolinguistiques et lacompétence scolaire des parents.Lors des entretiens menés au cours decette recherche, tous les parents interrogésse sont montrés conscients desenjeux de l’école et ont émis le souhaitde voir leurs enfants réussir.Mais, au contraire des parents desclasses moyennes reconnus comme« partenaires » de l’institution scolairejusque dans la participation auconseil d’école, les parents de famillespopulaires ne maîtrisent pas« le code de l’échange et les règles dujeu » et font donc figure de parents« non partenaires ». Pierre Périeravance trois raisons à ce « retrait » oucette « distance ». Il distingue toutd’abord une « logique de confiance »où les parents s’en remettent totalementà l’école et attendent d’être informésdes problèmes éventuels, cequi arrive souvent trop tard à leursyeux. Ensuite, la « logique critique »renvoie aux reproches émis par lesparents, en dehors de l’école, surl’élitisme de la culture scolaire, lemanque d’autorité des enseignants etles traitements discriminatoires àl’égard de leurs enfants. Enfin, ensuivant une « logique de protection »,ils se tiennent à distance de l’écolepour se protéger d’une mise en causede leurs qualités éducatives de parents,notamment pour les femmesqui ne disposent pas nécessairementd’une autre ressource identitaire tiréedu monde du travail.Pour les familles populaires, le partenariatest donc paradoxal. Il leséloigne de l’école au lieu de les rapprocher,« redoublant des inégalitésde réussite entre élèves par des inégalitésde reconnaissance des parentsà et par l’école ».


« UN POINT D’APPUI AU TRAVAILÉDUCATIF DES FAMILLES »L’étude de Martine Kherroubi montre que l’école primaire est un des momentsclés pour aider les parents à devenir des parents d’élèves en capacitéd’agir sur la scolarité de leur enfant.Suite à votre étude, comment définiriezvousles attentes des parents dans leur relationà l’école?Quel que soit le milieu, elles sont prioritairementd’ordre scolaire. L’importance priseaujourd’hui par l’école dans le processus dequalification sociale est très nettement perçuepar toutes les familles. La réussite scolaireest ainsi essentielle pour leurs enfantset pour elles. Elles sont en attente de dialogue,de relations directes avec l’enseignant.Elles cherchent à soutenir les effortsscolaires de leur enfant en encadrant le travailscolaire à la maison et en s’intéressantà ce qu’il fait quotidiennement à l’école.Mais, toutes les familles n’ont pas lesmêmes facilités à décoder cet univers scolaire.Souvent, par manque de lisibilité del’institution scolaire, les familles jonglenten permanence entre défiance et réassurance.D’où les tensions perçues collectivementpar les enseignants et les malentendusqui peuvent en découler.Dans ce contexte, les familles des milieuxpopulaires surtout se tiennent à l’écart carelles se trouvent incompétentes lorsqu’ils’agit d’intervenir à l’école. Du coup, ellessont dans une logique de délégation. Or, onsait aujourd’hui le rôle actif que joue la familledans la réussite des parcours scolaires.Quel rôle peut alors jouer l’école?L’école primaire est un des moments cléspour aider les parents à devenir des parentsd’élèves en capacité d’agir sur la scolaritéde leur enfant. Notre recherche, qui a étémenée dans 18 écoles élémentaires et maternellesqui donnaient de nombreuses possibilitésaux parents d’entrer dans l’école,ouvre des perspectives en ce sens. Nos observationsmontrent que les actions de coopérationgénèrent des nouveaux temps etde nouveaux espaces d’échanges. Lescontacts non seulement individualisés maispersonnalisés recherchés par les parentssont facilités tout comme les rencontres collectivesdes familles avec les enseignantsou des parents entre eux. Au centre, seconstruit une familiarisation des parentsavec l’école qui sert de point d’appui au travailéducatif des familles.Concrètement, comment construit-on cettefamiliarisation?Elle se fait par une ouverture de l’école auxparents en leur offrant des opportunitésd’observation et de participation. Ce peutêtre voir la classe qui fonctionne, collaboreractivement à la préparation de la fête del’école, participer à certaines activités del’école (visites à l’extérieur, piscine, ateliers,bibliothèque, groupe de parole,conseils d’école…). Ce qui engage les enseignantsà mieux accueillir les parents et àmieux communiquer sur l’univers scolaireavec eux.L’école reste le cadre régulateur de ces actions.À ce titre, les directrices et directeursjouent souvent un rôle moteur. Mais il nesuffit pas de donner aux parents des « clésde lecture » pour qu’automatiquement ilss’en saisissent. Ces dispositifs visent plutôtà les mettre en situation d’élaborer leurpropre compréhension de l’institution scolaire,voire d’acquérir une compétence pédagogique.Non pour empiéter sur les prérogativesdes enseignants mais pour seconstruire des ressources afin de mieux accompagnerla scolarité de leur enfant, dedécoder plus facilement les attentes pédagogiques.Les propositions extrêmementdiversifiées et variées permettent à de nouveauxparents de s’investir. Il n’y a pas de« recettes » partout reproductibles mais desressources et des dynamiques locales à fairejouer.Entretien avecMartineKherroubiMaître de conférences en sociologie del’éducation à l’IUFM de Créteil-ParisXII. Elle vient de diriger une étude sur lesactions de coopération école-familles.Celle-ci est présentée dans un livre intitulé« des parents dans l’école ».Les enseignants sont-ils suffisamment outilléspour mieux s’approprier ces démarches?C’est peut-être là une difficulté pour eux.Les lignes de démarcation habituelles entreécole et famille se trouvent modifiées. Leparent devient un « parent usager ». Il exprimeplus facilement des attentes que lesenseignants n’ont pas l’habitude d’entendre.Se construisent à la fois la confianceet la vigilance. Penser la relation aux famillesdoit devenir un réel objet professionneldont on parle et que l’on analyse. Queveut dire concrètement donner une placeaux parents? Quelles compétences cela sollicite-t-il? Mais le pari est bien là.Apprendre à coopérer, c’est continuer de réfléchirà la manière dont tous les parentspeuvent être co-producteur de la réussitescolaire de leur enfant.19


Métier20CONCOURSNos livres d’enfants…Offrez un livre! Voilà le motd’ordre du prochainconcours organisé par laBNF, le <strong>SNUipp</strong>, la Liguede l’enseignement et leMonde de l’éducation.Chaque classe est invitée àoffrir un livre qu’elle auraconçu et fabriqué elle-mêmeen choisissant bien son ouses bénéficiaires: une autreclasse, un enfant du bout du monde, etc. Lechoix du destinataire guidera le contenu du livre,ses illustrations… Quatre catégories de livre sontproposées. Sur le fonds, le choix se fera entre« fiction » et « documentaire ». Sur la forme, lelivre pourra être « réel » ou « virtuel ». Les enseignantstrouveront sur le site de la Bnf* desressources conçues autour de l’exposition sur leslivres d’enfants (ceux qu’on leur offre cette fois)qui aura lieu à la bibliothèque FrançoisMitterand à partir d’octobre 2008. Vous trouverezun coupon d’inscription dans le prochain numérode Fenêtres sur cours ou sur le site.*www.snuipp.fr/concours/La date limite des inscriptions est fixée au 30 novembre--PUBLICATIONLa maternelle a del’avenirUne école maternelletournée versl’avenir. Telle estl’ambition du numérospécial publiépar le <strong>SNUipp</strong>à cette rentrée. Avec les témoignages de chercheurset de spécialistes (Viviane Bouysse,Mireille Brigaudiot, Thierry Vasse, SylvieChevillard,…), cette parution, a contrario desréformes engagées, défend les thèmes du colloqueorganisé par le syndicat en novembredernier: formation initiale et continue à lahauteur des enjeux, avec des apports solidespour la construction du langage, de l’évaluation,de la relation aux familles, des gestesprofessionnels si particuliers et ce avec deseffectifs adaptés aux besoins des enfants. Cenuméro est disponible auprès des sections départementalesdu <strong>SNUipp</strong>.LE LOUVREPour un geste artistiqueéphémèreC’est avec des objectifs ambitieux quese poursuit le partenariat entre LeLouvre et des écoles et collèges del’éducation prioritaire de Champignysur-Marne(94): sensibiliser à l’histoireet aux arts des populations éloignéesdes institutions culturelles, introduireétude des œuvres, notions artistiques etconnaissance des civilisations dans lesapprentissages quotidiens, amener lesenseignants à développer des pratiquesautonomes dans les collections.Cette année l’association entre la pratiquedes arts vivants et la découvertedes arts plastiques anciens a été privilégiée.Rencontresavec le commissaired’une exposition surle XVIII ème siècle etun chorégraphe, travailavec des danseursà l’école, expositionde dessins,séances de travail au musée se sontconclus par la présentation d’un spectaclesous la Pyramide. L’implicationdes parents a été sollicitée depuis ledébut : si les élèves leur ont effectivementfait visiter « leur » Louvre et lesont entraînés dans la danse le 7 juin, lePREMIER POSTEPremières ressourcesfinancement considérable du projetavait en amont permis que les famillesaccompagnent leur enfant au théâtre deChaillot et participent aux répétitions.Les retours qu’ont eus les enseignantset Agnès Renard, la coordonnatriceREP en charge du projet, montrent quele pari semble gagné. Les confidencesaux enseignants (« Jamais je n’auraisosé y aller seule. Je n’aurais jamaiscru que j’y entrerais un jour… »),montrent qu’il est possible d’agir pourréduire la distance symbolique entreles lieux institutionnels de culture et« les quartiers ». Point d’orgue du projet,le bal du Louvre.Animé par des professionnels,ce fut unmoment exceptionneloù élèves et parents(plus de 300 personnes!), totalementdans l’objectif de ladanse collective, ont impressionné lesspectateurs par leur maîtrise et le résultatde leur travail. Une récompenseaussi pour les enseignants qui se sontdépensés sans compter leur temps ettout au long de l’année pour permettrece « moment fort de liens tissés. »« Si l’école s’intéresse aux langues parlées et transmisesdans l’environnement familial, elle permetaux élèves d’une part de mieux assumer leur héritagelinguistique et culturel, de mieux construireleur identité, et d’autre part d’envisager leurs différencescomme des richesses à partager ».Christine Hélot et Andrea YoungPremier poste et premiers stress. On cherche à se rassurer, à s’ancrer dans le vif dumétier. Comme chaque année, depuis la rentrée 2005, le SCEREN met en ligne denombreuses ressources documentaires à destination des nouveaux enseignants: desoutils pour faire la classe, des programmes, des références spécifiques sur l’éducationprioritaire, des repères sur le système éducatif, des informations sur sa régionou son département de nomination par des liens vers les CRDP et CDDP, en plusd’un accès à une cyberlibrairie. http://www.cndp.fr/


FILM D’ANIMATIONFestival des petites lanternesmagiquesEt si les élèves des écoles primairesdevenaient des réalisateurs de filmd’animation? C’est le projet proposéaux écoles du Tarn et Garonnepar le GRAPE (Groupe de rechercheet d’action pédagogiques etéducatives) et le cinéma Utopia deTournefeuille. Depuis 2006, le festivalscolaire des petites lanternesmagiques donne à voir les filmsréalisés par les classes, du cycle 1au lycée, dans les salles de projectiondu cinéma Utopia. Un festivalqui connaît un succès grandissant.550 scolaires ont pu voir une trentained’œuvres en 2006. Cetteannée, l’événement en a rassemblé954 autour de 65 films. AurélienDaniel, membre de l’association etréalisateur avec sa classe deCP/CE1, explique que la ligne deconduite est de projeter tous lesDVD envoyés sans aucune sélection.Autre principe directeur, tousles enfants voient sur grand écranleur travail. Les thématiques, lessupports sont différents. Aurélien,lui, a fait le choix de concevoir àpartir d’albums sur les loups. Pargroupe, ses élèves ont réalisé 5courts-métrages. Après une phasede découverte des dessins animés,de questionnement, les enfants s’essaientà une mini-réalisation. Puisvoilà le temps du vrai film. « Le travailpar groupe permet à chacund’avancer à des rythmes différents,quand certains dessinent encore lestoryboard, d’autres prennent déjàdes photos image par image », explique-t-il.Cette année, le festivals’est accompagné d’une expositiondes décors et d’affiches explicativesdes méthodes utilisées par lesclasses.Les films ainsi que des aides techniquesà la réalisation sont à consultersur le site : http://festival.inatten-du.org/-Le-festival-Lydie BuguetHANDICAPAu-dessus des nuages…Pour les enfants comme pour lesadultes, parler de la différence et dela diversité n’est jamais simple etrecouvre des représentations trèsdiverses. Que peut faire un enfanten situation de handicap? Quelssont ses loisirs ? Comment travaille-t-ilen classe ? Pour évoquersimplement toute ces questions, leDVD « au-dessus des nuages »édité gratuitement par La sourisverte et La cuisine aux images proposeà partir à la rencontre deBenoît, Angelo, Tristan, Solène,Louna et Guillaume, des enfantsdans leur quotidien à l’école, dansleurs activités, avec leur famille…Des outils d’accompagnement duDVD (glossaire, fiches pédagogiques…)peuvent être téléchargéssur le site : http://www.enfantdifferent.org/audessusdesnuages/Le <strong>SNUipp</strong> s’associe à cette démarche.Il met à la disposition desenseignants des écoles des exemplairesde ce DVD. À emprunterdans les sections départementales.LMarie-Anne SantoniPortraite culturel, l’environnement, le social, l’économique,Marie-Anne Santoni est sur tous lesfronts. En poste à la Ligue de l’Enseignement, elle atrouvé dans cet engagement de quoi prolonger sa« vocation ». L’acte éducatif, « au cœur du métier »,comme elle le dit, c’est par exemple l’organisationdes ateliers relais, pour près de 60 jeunes en rupturescolaire l’année dernière. Le travail sur la confianceen soi, la mobilisation de beaucoup d’adultes, unedémarche d’inclusion permettent de construire desremédiations innovantes.Actes éducatifs encore avec les campagnes nationalesd’éducation à la citoyenneté et de lutte contreles discriminations ou avec la transmission de valeursdans les formations BAFA.Acte social aussi avec le projet « quartier Bastiacentre ancien ». Si à Bastia les difficultés de certainsquartiers n’ont pas l’ampleur qu’elles peuvent avoirailleurs, la situation a tendance à se dégrader, et lesactions de prévention, encore possibles malgré lesMétierEnseignante en Haute-Corse, Marie-Anne estdétachée à la FALEP, laFédération desassociations laïques etd’éducationpermanente, à Bastia.« Lessynergiess’installententregénérations,entreassociations… »baisses de moyens, sont efficaces.Soutien scolaire, aide à la parentalité,projets de vacances, point accueilmultimédia permettent, de« reconstruire une vie de village ».« Et ça marche! », s’enthousiasmeMarie-Anne, les pratiques de travailen commun s’installent, lessynergies (son mot préféré) s’installententre générations, entre associations,les familles en prennent conscience. Etcomme on est en Corse, la langue et la culture corsesirriguent toutes les actions. En « promotion sociale», la Ligue forme à la langue corse des publics trèsdivers, chômeurs, détenus et personnels des prisons,professionnels (garçons de café, kiné) qui en ont besoindans leur travail… C’est dans ce foisonnementd’actions que se déploie l’énergie de Marie-Anne,mais aussi dans ses convictions: « On y croit vraiment!», conclut-elle avec fougue.Daniel Labaquère21


Métier22En ce dimanche matin, dans le petit portde l’île de Groix on peut voir l’ÉtoileMolène, vieux Gréement, avec enguise d’équipage les 20 élèves de la classede CM1-CM2 de l’école Paul Langevin deChamps-sur-Marne. Voilà 14 jours que laclasse de Céline Branchu vit sur le bateau.Ils sont partis du port de Saint Malo et ontlongé toute la côte bretonne jusqu’à l’île.Demain ils feront cap vers le port deLorient pour la fin du périple. Les enfantsne sont pas seuls maîtres à bord, AntoineRacine, le capitaine et Jérôme Lebeltel, lesecond, veillent aux manœuvres du navire.Pour l’instant, le bateau est à quai et onpeut apercevoir sur le pont un groupe d’enfantsqui nettoie le bateau, un autre s’occuperd’une dernière lessive, tandis que la3 ème « bordée » s’occupe de la préparationdu repas de midi. « L’objectif principal decette classe de découverte c’est « vivre ensemble», explique Céline, « la grand voilepèse 600 kg, si on ne« Redonnerà ces sortiesuneimpulsion àla mesuredes bénéficesque lesélèvespeuventretirer decetteexpérienceéducative etpédagogiqueunique. »BO du13.01.05tire pas tous ensembleet dans le même sens,elle ne montera pas. »Belle image de solidaritéqui se compliqueun peu au moment deprendre les douches.Pour que tout le mondeait de l’eau chaude,chacun doit se restreindre…ce matincertains ont pris unedouche froide. La viesur le bateau est organiséeen 3 quarts. Lequart de 6 à 9h: petitdéjeuneret vaisselle,quart de 12 à 15h :repas, vaisselle, quart de 18 à 20 h: dîner etvaisselle. C’est la quatrième année queCéline pratique la classe sur le bateau.L’année passée les enfants avaient travaillésur le journal de bord. Cette fois, le livre decuisine est à l’honneur avec des recettes facileset rapides données par les parents queles enfants testent avec Anne-Marie LeRousseau, une accompagnatrice. La vie estrythmée par les repas mais surtout par lesescales dans les ports. « Si j’ai imaginécette classe de découverte en bateau, expliqueCéline, c’est qu’elle est itinérante,elle me permet d’organiser des visites trèsdiversifiées au fil des étapes. » Les enfantsont ainsi découvert la cité corsaire de l’îlede Bréhat, l’usine d’algues de Roscoff, leChamps sur MarneUne classe au gré du ventUne classe de CM1-CM2 de l‘école PaulLangevin de Champs sur Marne a passé 15 joursen mer sur un vieux gréement, un dundee thonier.Une classe « hors la classe » pour apprendreà vivre ensemble et découvrir un patrimoinemarin.musée Océanopolis deBrest… Et ce matin, une foisles tartes prêtes à cuire, laclasse va visiter le musée del’île de Groix accompagnéede Pierre, ancien pêcheur surun thonier, qui leur expliqueles techniques de pêche. Lesenfants visitent attentifs cepetit musée où ils découvrentla vie de cette île marquéepar la pêche au thon.« Durant ces deux semaines,ils auront approché un patrimoine marintrès riche et rencontré des gens passionnéscomme Pierre par leur histoire, leur métier», insiste Céline. Cet après-midi seraconsacré à une sortie en mer pour faire letour de l’île et découvrir ses côtes, façon defixer définitivement la différence entre unecôte rocheuse et une côte sableuse. Des enfantssous l’œil d’Antoine se relaient à labarre, tandis que certains s’essaient à lapêche à la ligne, que d’autres s’exercent à« L’objectifprincipal de cetteclasse dedécouverte c’est« vivreensemble » etavec lescontraintesinhérentes à lavoile. Sur unbateau cela prendtout son sens »faire des nœuds et d’autresencore révisent les signauxmarins… Organiser une telleclasse de découverte demandede la volonté autant quede l’enthousiasme. Obtenirun agrément pour le bateau etl’équipage, imaginer le périple,trouver des financements,convaincre les parents…,chaque année cesdeux semaines hors la classemobilisent Céline, directricede l’école, bien longtemps après la classe.« La mairie s’est engagée avec nous sur ceprojet mais l’Éducation nationale reste discrètesur le plan financier. Les classes dedécouverte n’existent que grâce aux enseignantsconvaincus de leur intérêt. » regrette-t-elle.Un intérêt bien compris des enfantsqui à la veille du retour proposent derepartir « à l’envers » pour prolonger encorele voyage.Lydie Buguet


MétierPhoto souvenir de deuxsemaines pendant lesquellesle mot école aurarimé avec mer, environnement,navigation, patrimoine,musée, pêche,bordée et même aventure!Entretien« Un terraind’expériences »Qu’apprend-on hors la classe ?L’école reste un espace clos où tous lesobjectifs éducatifs ne peuvent être atteintspleinement parce qu’il leurmanque la confrontation à la vie. Ainsien va-t-il du vivre ensemble, de l’acquisitionde l’autonomie, des compétencessociales et civiques pour ne prendre quequelques-unes des dimensions du soclecommun.Par ailleurs, ces confrontations ne sontsouvent plus rééquilibrées hors l’écoleoù les inquiétudes parentales limitentde plus en plus fréquemment toutes lesformes de « terrain d’expérience » del’enfant.Cette rencontre avec le réel s’avèrepeut-être encore plus nécessaire qu’auparavant,y compris dans le domainedes connaissances et ce, malgré l’accèsà une abondance d’informations masquantparfois l’insuffisance des acquisfondamentaux.Ainsi, le « sortir de l’école » sous sesformes les plus diverses constitue un tenantessentiel de la formation de cet êtreen devenir qu’est l’enfant.Quels sont les freins à l’organisationdes classes de découvertes?Tous les indicateurs et enquêtes placenten tête la dimension financière. Coûtsdes séjours de plus en plus élevés notammentpar la croissance des misesaux normes de sécurité, diminution desaides des collectivités, baisse du pou-Denis KleinResponsable de la FOL57 et responsablenational du groupe « Classes de découvertes» de la Ligue de l’Enseignementvoir d’achat des familles…Responsabilités des enseignants (souventpar méconnaissance) et « tracasseries» administratives sont égalementévoqués surtout depuis les circulairesde 1997/1999.Charge de travail pour organiser un séjour,évolution des approches du métier,féminisation de la profession, réticencesparentales… Autant de facteursqui, conjugués les uns aux autres,conduisent à la diminution des départsou au raccourcissement de la durée desséjours.Quels soutiens les enseignants peuvent-ilstrouver pour organiser un séjour?À la Ligue de l’Enseignement, à tousles niveaux, national, départemental,centres d’accueil, chacun s’attache à allégerau maximum les charges de l’enseignant.Travail sur les coûts et les aides possibles,rencontres avec les décideurs,accompagnement administratif et dansles rencontres avec les parents ou lesélus, soutien pédagogique des centresd’accueil, élaboration d’outils pratiques,conseils, mise en réseau… Noussommes présents dans toutes les dimensionsd’un projet afin de faciliter saconcrétisation et permettre à l’enseignantde rester centré sur ce qui relèvede l’exercice de son métier: le projetpédagogique.Textes officiels:Deux textes principaux régissent lesclasses de découvertes:- organisation des sorties scolaires dansles écoles maternelles et élémentairespubliques. Circulaire n°99-136 du21/9/1999. BO n°7 du 23 septembre1999.http://www.education.gouv.fr/bo/1999/hs7/sorties.htm- sorties scolaires. Séjours scolairescourts et classes de découvertes dans lepremier degré. Circulaire n°2005-001 du52005. BO n° 2 du 13/1/2005http://www.education.gouv.fr/bo/2005/2/MENE0402921C.htmL’aide au départ JPA/ ANCVLa JPA, en partenariat avec L’ANCV(l’Agence nationale pour les chèques-vacances),développe une importante politiqued’aide aux départs des élèves desétablissements du premier degré. Cetteaide individuelle peut-être compriseentre 25 % et 40 % du coût du séjour.Pour 2008, les dossiers de demande d’aideconcernent les séjours organisés parles établissements qui relèvent de l’éducationprioritaire.Une aide a aussi été mise en place pourle départ des enfants en situation de handicap.En 2008, elle est au minimum de30 % du coût du séjour (en incluant lesurcoût lié au handicap). En revanche, lequotient familial doit être inférieur ouégal à 800. Vous pouvez télécharger desdossiers d’aide sur le site de la JPA:http://www.jpa.asso.frGuide responsabilitédu<strong>SNUipp</strong>Vous trouverez joint à cenuméro de fenêtres surcours le guide pratique du<strong>SNUipp</strong>. Au programme,les principaux aspects dela responsabilité des enseignants pendantles sorties scolaires mais aussi ce quiconcerne la protection scolaire, la sécuritédans l’école…23


Métier24LITTÉRATURE JEUNESSEContes d’Antanen habits neufsLes contes du temps jadis de diverses cultures inspirentles artistes qui, en cette rentrée, nous offrentde superbes recueils. La comparaison des illustrationsmontre les influences diverses qu’elles exercentsur le sens même des textes.Le petit chaperon rouge, Grimm; ill. K.Pakovska – Minedition – 21 €Nouvelle merveille de K. Pakovska !Envahissant la double page, son loup,dressé sur ses deux pattes, est habillécomme un dandy, costume chatoyant etfoulard rose. Mais la gueule est féroce,noire, armée de crocs, avec une langue quidarde des flammes. Le Chaperon rouge, lechasseur et son chien, croqués au trait depastel gras, minuscules, circulent dans uneforêt animée de fleurs somptueuses,d’énigmatiques oiseaux, de personnagesgéométriques. Certes, le texte est deGrimm : après la funeste rencontre et la délivrance,la grand-mère, savoure sa galetteet son vin, tandis que Le Petit ChaperonRouge, plein de bonnes résolutions retrouvesa mère. Mais Kvéta Pakowska assumeaussi l’avertissement du conte de Perraultavec ce loup ambigu, mi-séducteur, mibête,à la queueagressivementdressée, un piedchaussé d’uneélégante bottinetandis quel’autre arbore lapatte noire etgriffue dumonstre…Les histoires de Blanche Neige racontéesdans le monde – F. Morel & G.Bizouerne ; ill. Ch. Gastaut – Syros, Letour du monde d’un conte (15 €)Perrault et Grimm ne sont pas les premiersà conter Blanche Neige, des dizaines deversions depuis des siècles ont vu le jourdans bien d’autres cultures. Ainsi, le recueilprésente, outre la version allemandeconnue, des versionsplus ou moinsproches, deBretagne, duDanemark, duNiger, d’Ecosse, etde Grèce, où lemotif central, lahaine de la marâtre,est constant. Lesillustrations coloréess’inspirent joliment des arts locaux.Cf. aussi « Les Histoires du Petit Poucet » et cellesde « Cendrillon », SyrosAu pays des contes: 9 contes malicieuxde Grimm et de Perrault, ill. HansFischer – NordSud (17,50 €)Avec cet album, les éditions NordSud rendenthommage à Hans Fischer, célèbreillustrateur suisse décédé il y a 50 ans.Voici réédités Le Chat Botté de Perrault et8 contes des frères Grimm plus ou moinsconnus comme les Musiciens de Brème,Le Petit Chaperon Rouge, ou peu connus,comme Les vagabonds. L’illustration autrait, à l’encre de chine ou aux crayons decouleur, rehaussée de quelques tachesvives d’aquarelle, avec ses personnagesdésopilants, est un délicieux mélange deprécision, de gaîté et de malice. De plus,Hans Fischer ajoute son grain de sel auxtextes: « Ce qui n’est pas dit dans le conte(du Chat Botté), c’est qu’il n’est pas facilepour un chat d’enfiler des bottes et demarcher sur deux pattes. ». Suivent alorsdix croquis irrésistibles des acrobaties duchat au cours de son entraînement.Souvent, le conte tient en une fresqued’une page, organisée en deux colonnes.Ainsi pour Le Chaperon Rouge, on voit enhaut son départ, puis sa rencontre avec leloup et la découverte de la bête dans le lit.Parallèlement, le chasseur traverse avecson chien une forêt où se cachent mille etune bestioles, lutins et plantes. Et le contese clôt par un festin rassemblant sauveur etvictimes - plus quelques invités imprévus:cerf, lapin et corbeau - tandis que tout enbas, le loup poursuivi par le chien, fuit, laqueue basse.Petits Chaperons Loups, Ch. Bruel, ill.N. Claveloux - ÊTRE (Vis à vis) (14 €)Réédition reliée d’un savoureux albumsans texte de 1997. 2 cahiers se font face.Sur les pages du cahier de gauche, apparaissentsuccessivement des PetitsChaperons Rouges, plus futés et extravagantsles uns que les autres, déguisés enphotographe, loup, infirmière… Ils croisent,sur chaque feuillet du cahier de droite,des loups travestis en Chaperon Rouge,dessinateur, magicien, bébé, rockeur, etc.En feuilletant simultanément les deux livrets,on organise des rencontres jubilatoires.Chaque scène fait sens et éclairedifféremment les vignettes en noir et blancsituées aux côtés des images centrales.Ainsi le même petit Loup qui se roule parterre en braillant pourra paraître terrorisépar le Chaperon-infirmière et sa seringue…ou écroulé de rire quand il faitface au Chaperon qui montre sa culotte…Les contes des fées par Ch. Perrault, ill.L. Laforge –Albin Michel,17 €L’album publiéen 1920 présente8 contes, deCendrillon auxFées en passantpar Riquet à laHouppe. Laforce des illustrationsde Lucien Laforge tient à sa simplificationdes formes proches de la caricature,à son refus du réalisme, à son traitd’un noir pur, épais qui sertit à la manièred’un vitrail, les aplats de couleurs rares -rose sourd, vert d’eau, bleu de Chine -mises en valeur par les fonds sombres.C’est une approche inusitée de Perrault, unsuperbe livre d’art.Marie-Claire PlumePour la rentrée, retrouvez sur le site du <strong>SNUipp</strong> la sélection« Vive l’École ! »


Infos servicesLa note de serviceconcernant les électionsdes représentantsde parentsd’élèves aux conseilsd’école pour l’année2008-2009 est parue(voir BO n° 31 du31 juillet 2008). Deuxdates proposées : les17 et 18 octobre. Lejour sera choisi par lacommission électoraledu 1er degré en accordavec les fédérationsde parents. Lesdates limite de dépôtde candidature serontrespectivementle 6 et le 7 octobre.Le vote par correspondanceest encouragé.Documents demandéspour l’inscriptiond’un élève : livret defamille, carnet desanté (vaccinationobligatoire :DTPolio), certificatmédical d’aptitude àla vie scolaire pourune première scolarisation,certificatd’inscription délivrépar la mairie, et éventuellement,certificatde radiation de l’écoleprécédemment fréquentée.Voir le Kisaitou en ligne surwww.snuipp.frEnseigner hors deFrance, du rêve à laréalité… Commechaque année, le<strong>SNUipp</strong> publie leguide pour aider lescandidats à un départ àl’étranger. Pour mieuxcomprendre et appréhenderle recrutement,vous trouverez le calendrier,les élémentsà respecter, les écueilsà éviter. Disponibleauprès des sections<strong>SNUipp</strong> de votre département.Aide Handicap ÉcoleCe dispositif à destination des famillesd’élèves handicapés fonctionnera de nouveauà partir du 25 août du lundi au vendredide 8 heures à 18 heures.N°Azur: 0810 55 55 00aidehandicapecole@education.gouv.frNOTA:Il n’y aura plus de format papier du BO à partirdu 28 août. Les BO sont référencés surnotre site www.snuipp.fr à la rubrique InfoCarrières.Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans leMétierLu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BOBO n° 24 du 12 juin 2008Pensions: Cotisation et contribution dues pour la couverture des charges de pensionset allocations temporaires d’invalidité (concerne les collègues détachés )Actions éducatives: Programme prévisionnel des actions éducatives 2008-2009 -Note de service n° 2008-079 du 5-6-2008BO n° 25 du 19 juin 2008Encart : Mise en place de l’accompagnement éducatif à compter de la rentrée 2008dans les écoles élémentaires de l’éducation prioritaire et généralisation de l’accompagnementéducatif à compter de la rentrée 2008 à tous les collègesEcole primaire :Organisation et fonctionnement des écoles maternelles et élémentaires - Décret n°2008-463 du 15-5-2008 - et Horaires des écoles maternelles et élémentaires (abrogation)-Arrêté du 16-5-2008.Organisation du temps d’enseignement scolaire et de l’aide personnalisée dans lepremier degré - Circulaire n° 2008-082 du 5-6-2008Instructions pédagogiques: Éducation au développement et à la solidarité internationaleExamen DDEEAS: Session d’examen 2009 pour l’obtention du diplôme de directeurd’établissement d’éducation adaptée et spécialisée- Arrêté du 2-5-2008BO spécial n° 3 du 19 juin 2008Horaires et programmes d’enseignement de l’école primaire :Arrêtés du 9-06-2008BO n° 26 du 26 juin 2008Encart : Liste des établissements scolaires français à l’étranger - Arrêté du 17-4-2008.BO n° 27 du 3 juillet 2008TOM et DOM: Affectation de personnels de direction en Nouvelle-Calédonie, àWallis-et-Futuna, en Polynésie française, à Mayotte et à Saint-Pierre-et-Miquelon -rentrée 2009 -Note de service n° 2008-083 du 17-6-2008BO n° 28 du 10 juillet 2008Pensions: Conditions de validation de certains services de non-titulaire- Note deservice n° 2008-084 du 3-7-2008Activités éducatives: Prix de l’Académie des sciences« La main à la pâte»Commissions consultatives paritaires: agents non titulaires exerçant des fonctionsd’enseignement, d’éducation, d’orientation, de surveillance et d’accompagnementdes élèves et relevant du MEN- Circulaire n° 2008-087 du 3-7-2008Liste d’aptitude : Recrutement des personnels de directionde 2ème classe - année 2008- Arrêté du 3-7-2008BO spécial n° 5 du 17 juillet 2008Concours de recrutement de personnels gérés par la direction générale des ressourceshumaines session 2009 -Note de service n° 2008-091 du 8-7-2008BO n° 29 du 17 juillet 2008Encart : Élections des représentants du personnel aux commissions administrativesparitaires nationale et locales A. du 3-7-2008Instructions pédagogiques:Enseignement de la Shoah à l’école élémentaireListe d’aptitude : directeurs d’EREA et d’ERPD - année 2008 -BO n° 30 du 24 juillet 2008Vie scolaire : Fournitures scolaires- Circulaire n° 2008-093du 10-7-2008BO n° 31 du 31 juillet 2008Conseil d’école : Élections des représentants de parents d’élèves aux conseils d'école- année 2008-2009 -Note de service n° 2008-101 du 25-7-2008Éducation prioritaire : Liste des établissements scolaires des réseaux « ambitionréussite »Santé des maîtres et des élèves: Interdiction de la consommation des boissons énergisantesdans les établissements scolaires - Circulaire n° 2008-229 du 11-7-2008Relations école-famille : Opération expérimentale « Ouvrir l’École aux parents pourréussir l’intégration » -Circulaire n° 2008-095 du 25-7-2008Vie scolaire : Coopérative scolaire-Circulaire n° 2008-095 du 23-7-2008Assistants d’éducation: Formation des auxiliaires de vie scolaire- Circulaire n°2008-100 du 24-7-2008Vacances de postes: Postes et missions à l’étranger (hors AEFE) - Avis du18-7-2008Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BOLu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le BO Lu dans le25


Métier26Rapport INRPQuand les artistes entrent à l’écoleUn rapport de recherche a été publié à l’occasion d’un programmed’éducation artistique et culturelle dans des classes maternelles lyonnaisesdevenues lieux de résidence d’artistes. L’occasion pour une équipede recherche d’observer les interactions entre professionnels.Dans le cadre du programme enfance artet langages, des résidences d’artistessont organisées dans les écoles maternelleslyonnaises. Une équipe de chercheursassociant l’IUFM de Lyon et l’INRP observeau fil du temps le travail coopératif des artistes,des enseignants et des ATSEM qui expérimententde nouveaux langages et de nouvellesmanières de faire autour de l’éducationartistique. Le rapport sur l’année scolaire2006-2007 sous la direction de Jean-PaulFiliod, intitulé « Quand l’éducation artistiquene va pas de soi » interroge les gestesprofessionnels des enseignants et des artistes,les modes de gestion du groupe, le rôle del’exploration, de la trace… du point de vuedes uns et des autres. Chaque résidence s’estaccompagnée d’un projet des enseignants, del’artiste puis d’un projet conjoint. Projet quiau fur et à mesure s’est modifié, signe d’uneconstruction entre les différents partenaires,signe aussi que les objectifs des uns et desautres n’étaient pas d’entrée explicités. Ladéfinition même de l’éducation artistiques’est posée: l’art pour développer le langage,la motivation, la citoyenneté ou l’art pourl’art? Décliner en compétences scolaires unprojet artistique n’est pas a priori le soucipremier d’un artiste. Dans le processus deproduction, quels que soient les domaines artistiques,le travail d’exploration a occupé lapremière période de l’année. Ceci s’est faiten groupe classe, en petits groupes, avec un,deux ou trois adultes selon les priorités quese sont données les équipes. Mais au-delà del’exploration, peut-on parler d’intention artistiquedans les productions des enfants?Quelle place laisser à la répétition dans ceprocessus de production? Pour les auteurs durapport « l’expérience esthétique est indissociablede l’acte même de perception. Il s’agitde faire entrer le sujet dans une conduite oùla perception permet une prise en compte,dans l’instant, de ce que ses gestes lui fontproduire ». L’observation des classes a misen évidence la place donnée au langage dansEnseignement de la Shoahune mise en œuvre « respectueuse de lasensibilité des enfants »les pratiques artistiques. Le contexte scolairefaisant beaucoup exister le verbal et la recherchedu sens. Enfin, la mise en place deces projets à l’année dans un contexte scolairepose la question de la trace, de la « productionfinale ». Comment faire pour que leprojet ne soit pas absorbé dans une formeculturelle déjà normée et convenue ? Ilsemble que des solutions ont été trouvéespour que les projets artistiques trouvent uneforme d’exposition construite. Une enseignantedéclare à ce propos « cette trace estprépondérante pour moi; c’est le sentimentd’avoir œuvré ».Lydie Buguethttp://www.enfance.lyon.fr/rapiufm07.pdfLes instructions pédagogiques sur l’enseignementde la Shoah viennent de paraître auBO (N° 29 du 17 juillet). La circulaire reprenden partie les conclusions de la missionWaysbord-Loing qui avait été mise en placesuite à l’injonction du président de laRépublique qui voulait associer à un enfantvictime de la Shoah un écolier. À l’époque,cette annonce avait soulevé émoi et contestationde la communauté éducative et de nombreusespersonnalités.De fait, aujourd’hui, la mise en œuvre pédagogiqueexclut, très clairement, l’idée présidentiellede tout parrainage. Si la thématiquedes enfants victimes est une entrée à privilégierau CM2, elle doit se faire à partir « d’unnom, d’un visage, d’un itinéraire, del’exemple singulier d’une famille dont l’histoireest liée aux lieux proches (l’école, lacommune, le département) ». Autant d’approches« respectueuses de la sensibilité desenfants » insiste la circulaire. L’objectif decet enseignement doit allier à la fois « la nécessitéde conserver une mémoire et d’édifierle socle d’une culture historique ». Les enfantsappréhenderont les notions « d’extermination,de discrimination, d’arrestations, decamps d’internement ». De plus, « à partird’exemples des maisons d’enfants, des enfantscachés, des Justes », les élèves approcheront« les notions de solidarité… »Il est rappelé que « les maîtres sont libres deleurs choix pédagogiques ». L’étude de laShoah peut se construire sur la « complémentaritédes disciplines »: histoire, histoiredes arts, littérature à partir d’œuvres.Nouveauté, en complément des enseignements,le 27 janvier, l’anniversaire de la libérationdu camp d’Auschwitz constituera «unmoment privilégié de mémoire et de réflexiondans les écoles ». Enfin, un livret pédagogiquedevrait être diffusé auprès des enseignantsde CM2 lors de cette rentrée. Un portailinternet répertoriant l’ensemble des ressourcesdoit également être mis à leur disposition.Sébastien Sihr


Réflexions28Leur avisHenri Joyeuxprésident de Famillesde France« Cette baisse… pour la premièrefois depuis 24 ans! Mais lechangement de comportementdes consommateurs fait partiedes explications. Les parents fontleurs courses sans leur enfantpour ne pas se disperser. Ilssavent rester raisonnables etrecentrent leur budget sur lafamille »Brigitte Masuresecrétaire généraleadjointe de la CSF« La Confédération Syndicaledes Familles n’arriveracertainement pas aux mêmeschiffres et devrait annoncer unepetite hausse, qui ne sera pas trèsdifférente des autres années »Michel-EdouardLeclerc« Le problème du pouvoird’achat à la rentrée, ce n’est pasforcément les produits scolaires,mais les produits alimentairesissus des matières premièresagricoles »Gilles Moindrotsecrétaire généraldu <strong>SNUipp</strong>« La circulaire est partie le10 juillet alors que lesenseignants étaient en vacances.C’est une opérationdémagogique »PCoup de pubsur coût de rentréeLa baisse du coût desdépenses liées à larentrée est l’objetd’une riche communicationréoccupation récurrente à chaque rentrée,le coût des dépenses liées à la scolaritéfait l’objet d’avis contradictoires entreles associations familiales. Ainsi la fédérationnationale des Familles de France a annoncéune baisse de 7,67 % du coût de la rentréepour les élèves de 6 e , baisse mise au créditde la « liste Darcos ». Cette liste de« fournitures essentielles » pour l’école primaire,le collège et le lycée est jointe en annexed’une circulaire ministérielle du10 juillet. Élaborée avec les parents d’élèvesde la Peep et de Familles de France, en accordavec huit enseignes de la grande distribution,elle comprend une quarantaine deproduits dont le prix n’augmentera pas parrapport à 2007, jusqu’à la mi-septembre.Mais peu de parents ont reçu cette informationavant les vacances et les achats sont déjàréalisés pour environ la moitié des familles.La circulaire rappelle que cette liste n’a pasde caractère obligatoire et recommande auxécoles primaires de soumettre « la liste desfournitures scolaires individuelles susceptiblesd’être demandées aux familles… auconseil d’école… après examen en conseildes maîtres ou en conseil des maîtres decycle ». Rappelons que ce sont les communesqui ont la charge des fournitures scolaires– hormis le cartable et l’équipement desport. Et les inégalités à ce niveau sont trèsL’allocation de rentrée scolaire, versée dès le20 août à près de 3 millions de familles, est désormaismodulée en fonction de l’âge des enfants.« Il s’agit d’un simulacre de modulation:constante pour les enfants de 6 à 10 ans(272,59 euros), l’ARS ne sera augmentée que de15 euros pour les 11-14 ans (287,59 euros) et de25 euros pour les adolescents de 15 à 18 ans(297,59 euros) », estime la CSF qui demandeune augmentation pour les collégiens à350 euros et pour un lycéen à 500 euros, surtoutpour ceux des lycées technologiques et professionnels.importantes: les revendications syndicales etfamiliales portent plus sur un véritable cahierdes charges commun…Il semble que la baisse soit finalement plusdue au changement d’attitude des familles etaux enseignes spécialisées (- 30,27 %) contre-0,23 % pour les supermarchés et +0,98 %pour les hypermarchés. Les produits ne semblentpas toujours faciles à trouver comme le« cartable solide et résistant dont le poids estinférieur à un kilo ». Et les produits bas degamme ne représentent pas forcément uneéconomie. « Comme ces crayons à papierqui se cassent à mesure qu’on les taille. »,explique Brigitte Masure de la CSF.Mais cette baisse est contestée par les autresassociations familiales. En fait, tout dépendde ce que l’on prend en compte. L’Ufal,union nationale des familles laïques, fait étatd’une hausse de 3 % en ajoutant les vêtementsdans le panier de la rentrée. D’autresdépenses comme les frais de transport, decantine, d’activités culturelles et sportives,d’assurance, de livres… « ont doublé depuis2007 », de l’avis même de Familles deFrance.En fait cette opération ministérielle n’auraque peu de conséquence et l’agacement desfamilles face aux pertes de pouvoir d’achat –selon l’Insee, 3,6 % d’inflation sur un an – setrouve alimenté avec le versement de l’allocationde rentrée scolaire (voir tiroir).Enfin selon la circulaire, une éducation à laconsommation est nécessaire pour préparerles jeunes à être « de futurs consommateurséclairés » et à être indépendants « des incitationspublicitaires »: difficile quand lesjeunes sont le cœur de cible du marketing!Michelle Frémont


SCINÉMACinémaitalien àAnnecyi on nous demande, de ce côté-ci desAlpes, de citer un cinéaste italien enactivité, lequel d’entre nous pourra fairemieux que donner le nom des deuxgrands: Nanni Moretti et RobertoBenigni ? Peut-être certains citeront-ilsMarco Tullio Giordana ou MatteoGarrone, mais ce seront alors des quasispécialistes.Et pourtant, ce sont nos voisins,et pourtant ils nous ressemblent plusque nous ne le croyons, et pourtant, il y atrente ans, certaines semaines, le cinémaitalien réalisait le tiers des entrées dans lescinémas français. C’est l’honneur desRencontres du Cinéma Italien d’Annecyde tenter de changer les choses, de tenterde convaincre que le cinéma italien existe,est bien vivant et qu’on peut même le rencontrer.Du 30 septembre au 7 octobre, ilrassemblera quelques milliers de spectateursautour de ses axes habituels: le patrimoineet l’actualité. Le patrimoine, c’estcette année le centenaire d’Anna Magnani,celle que les Romains appellent Nanarellaet qui fut une grande comédienne au cinémamais aussi au théâtre. On verra une dizainede ses films. C’est aussi l’hommagerendu à Florence et à la région Toscane,ou tournèrent Mauro Bolognini, MarioMonicelli, Ettore Scola, Paolo et VittorioTaviani, Luchino Visconti, Valerio Zurliniet dont le symbole aujourd’hui est le plustoscan des cinéastes, le « Toscanaccio »Benigni. L’actualité, c’est la présence dePaolo Virzi, un auteur remarquable que lesFrançais ignorent absolument et qu’il fautdécouvrir. Et une vingtaine de films defilms de fiction et de documentaires decette année, en présence des auteurs et deleurs équipes. Certains sont des débutants,d’autres des cinéastes très importants quenous devons apprendre à connaître,Papier recyclécomme Carlo ou Silvio Soldini. Le paradoxeétant qu’on a l’impression d’évoquerdes cinéastes exotiques en prononçantces noms… On annonce la présenceaussi de Gilles Jacob, l’homme deCannes, qui devrait animer un importantmoment des Rencontres. Le festival estbien sûr ouvert au public, et très chaleureux.Il a pour cadre le beau théâtre dela Scène Nationale d’Annecy. On pourradonc achever ce premier mois de rentréestudieuse en faisant une escapade sur lesbords du lac, pour rencontrer un artproche et vivant et qui nous est devenuinexplicablement mystérieux.Les renseignements pratiques sont disponiblessurwww.annecycinemaitalien.comRené MarxLes critiques de cinéma de Fenêtres sur Courssont sur www.laviedesfilms.com( fenêtres sur cours )Hebdomadaire du Syndicat National Unitairedes instituteurs, professeurs des écoles etPEGC — 128 Bd Blanqui — 75013 ParisTél : 01.44.08.69.30 — e-mailfsc@snuipp.fr• Directeur de la publication: SébastienSihr • Rédaction: Marianne Baby, RenaudBousquet, Lydie Buguet, Laura Cella,Michèle Frémont, Daniel Labaquère,Pierre Magnetto, Arnaud Malaisé, GillesMoindrot, Jacques Mucchielli, SébastienSihr • Impression SIEP — Bois-le-Roi •Régie publicité : MISTRAL MEDIA, 365 rueVaugirard 75015 PARIS Tél :01.40.02.99.00 • Prix du numéro : 1 euro— Abonnement 23 euros • ISSN 1241 —0497 • CPPAP 0410 S 07284 • Adhérent duSyndicat de la Presse SocialeL’AGENDAApproches plurielles endidactique des mathématiques- Apprendre à fairedes mathématiques du primaire à l’enseignementsupérieur: quoi de neuf?Colloque DIDIREM avec 4 thèmes:Enseignement des mathématiques etappui sur le réel ; Technologies numériquesdans l‘enseignement des mathématiques;Enseignement des mathématiquesau début de l‘enseignement supérieur;Étude des pratiques des enseignantsde mathématiques, y comprisdans les classes difficiles.Du 5 au 6 septembre 2008 à Paris àl’Université Paris 7Rens: http://www.didirem.math.jussieu.fr/didirem.htmlDispositifs relais: quelseffets pour la réussitedes élèves?Journées d’étudesRéflexion, partant d’une étude portantsur six ateliers relais de l’Académie duRhône, éclairée par des travaux sur le"décrochage cognitif" des élèves quisouvent précède ou accompagne l’absentéisme,ainsi que sur les effets observésdans divers dispositifs européens.Du 23 au 24 septembre 2008 à Lyon-INRPRens: http://centre-alain-savary.inrp.fr/.../jour-nees-d-etude-pour-les-dispositifs-relais-23-et-24-septembre-20086ème forum de la visitescolaireUn forum destiné aux enseignants desclasses élémentaires aux classes delycée pour aider les acteurs de l’éducationà préparer leur projet pédagogiqueet le transformer en sortie éducative.Le mercredi 1er octobre de 10h à17h30, à la cité des sciences et del’industrie, ParisRens: http://www.cite-sciences.fr/29


RéflexionsQuelle réformedes contenus?30Les réformes des contenus d’enseignementse multiplient depuis les années 70.Qu’est-ce qui motive ces changements?Dès les années 1970, des travaux ont mis enévidence la corrélation entre origine socialeet réussite scolaire. Ce constat, parce qu’ilmet en cause l’idéal d’une école égalitaire, acontribué à la multiplication des réformesqui voulaient apporter une réponse à ce problème.À cela il faut ajouter aujourd’hui unnouveau « moteur »: le processus de mondialisation.Les États sont davantage sensiblesaux exigences de la compétition économiquequi, dans le cadre d’une économiede la connaissance, dépend du niveaud’éducation des individus. Le type de diplômesau sein d’un pays ou d’une régionpeut contribuer à générer de nouveaux investissementssur le territoire. L’éducationtend dès lors à devenir un moyen dont lesÉtats peuvent se servir pour se positionnerfavorablement. Les politiques éducativessont de plus en plus souvent pensées enfonction d’objectifs qui dépassent le secteurde l’éducation.Comment les évaluations internationalesinfluent-elles sur les politiques éducativesdes États?Les évaluations internationales jouent unrôle nouveau qui demeure mal compris.Elles rendent l’Europe mesurable, quantifiable,commensurable. Elles obligent lesÉtats à se comparer les uns aux autres, touten passant souvent sous silence les spécificitéssociales et culturelles de leur histoire.De telles évaluations peuvent avoir poureffet de reconfigurer l’espace mental au seinduquel on pense les politiques éducatives.Sous l’apparence de mesures techniques sedissimulent en réalité des choix politiques.Les « indicateurs » ne sont pas de simplesmesures chiffrées. Ils sont avant tout desmanières de définir ce qu’il faut observer, àquelle échelle et de quelle manière.Autrement dit, leur rôle premier ne consistepas à nous dire quels sont les résultats obtenuspar tel ou tel pays mais de configurerEric MangezDocteur en sociologieauteur de « Réformerles contenus d’enseignement», PUF, 2008une manière de penser les questions liées àl’éducation. L’attention des commentateursest souvent concentrée sur les chiffres alorsqu’il faudrait également s’interroger sur lesens politique des indicateurs.Comment analysez-vous le cas hybride dela politique éducative de la France qui développela problématique des compétencestout en favorisant une pédagogie mécanisteet une référence au passé ?La sociologie nous apprend que les programmesde cours sont souvent l’expressionde réalités politiques, sociales et culturelles.L’articulation de la notion de compétence -qui est plutôt tournée vers l’avenir - et de référencesau passé traduit vraisemblablementdes tensions propres à la France, qui doit àla fois penser son histoire et se projeter dansla mondialisation. Les références au passépeuvent constituer une forme de défenseidentitaire dans un contexte de mondialisation.On doit en outre souligner que la notionde compétence est ambivalente. Si ellepeut faire écho à diverses demandes émanantdu monde des entreprises, elle peut enmême temps, à gauche du spectre politique,être associée à l’idée d’une rupture avec leprimat des savoirs et d’une ouverture à ladiversité sociale et culturelle.Vous étudiez dans votre ouvrage le rôle descadres intermédiaires dans la mise enœuvre des réformes. Comment le qualifieriez-vous?Les cadres intermédiaires (conseillers pédagogiques,inspecteurs, chefs d’établissement…)jouent un rôle clé dans la mise enœuvre des politiques éducatives. Ils réalisentun travail de traduction des orientationspolitiques vers les enseignants. Cette positionspécifique leur permet de reconstruireau moins partiellement le sens de certainesinjonctions politiques.Quel avenir imaginez-vous pour les nouveauxprogrammes français qui dans leprimaire ont fait l’unanimité contre eux?Les programmes de cours sont des instrumentsimportants des politiques éducatives.Mais il ne faut pas perdre de vue que les enseignantsdans leurs classes disposent toujoursd’une certaine autonomie. Il leur estpossible de contourner au moins partiellementles programmes de cours ou d’en faireune réception de façade par exemple enajustant certains intitulés de leur cours pourdonner l’apparence d’une conformité auxnouveaux programmes. Autrement dit, lesenseignants ne sont pas dépourvus demoyens face aux injonctions qui leur sontformulées. En outre, la réalité du travail réaliséen classe dépend au moins autant desrapports de forces au niveau local (relationsavec les parents, les élèves, les collègues)que des programmes de cours proprementdits.Propos recueillis parLydie Buguet

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