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Compendium - Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès ...

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DEUXIÈME PARTIE – Interventions en Séances PlénièresColloque International, 8-11 novembre 2010 - DAKARForces de Défense et de Sécurité au cœur de la Séurité Humainement de paradigme. Le point de convergence doit sʼétendre de la sécuritédʼÉtat ou de régime à la sécurité du peup<strong>le</strong>, la sécurité humaine. La sécuritéhumaine implique de protéger <strong>le</strong>s libertés vita<strong>le</strong>s. Cela veut dire quʼil convientde protéger <strong>le</strong>s gens contre des menaces et situations critiques et croissantes,et construire à partir de <strong>le</strong>urs forces vives et de <strong>le</strong>urs aspirations. Cela veutdire éga<strong>le</strong>ment créer des systèmes donnant aux gens <strong>le</strong>s piliers de la survie,de la dignité et de la subsistance. La sécurité humaine relie différentes sortesde libertés : être libre du besoin, de la peur, être libre dʼagir selon son gré.Les rô<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s missions des organismes de sécurité ne sont pas appréciés dela même manière par toutes <strong>le</strong>s couches de la société. De plus, la plupart desattributs fortement souhaités dans <strong>le</strong> cadre d'une force armée efficace (sacapacité coercitive, sa structure bien définie, sa discipline, son bon ordre, sonefficacité, etc.) peuvent éga<strong>le</strong>ment se transformer en menaces à lʼencontre dela société. En lʼabsence dʼinstitutions permettant de contrebalancer la situation,il y a toujours une crainte que <strong>le</strong>s forces armées utilisent <strong>le</strong>ur pouvoir (ou quece pouvoir <strong>pour</strong>rait être utilisé par un autre segment de la société) <strong>pour</strong> perturberlʼordre social et politique, et donc fragiliser <strong>le</strong> bien-être de la société.Pendant longtemps, il y a eu en Afrique une confusion entre mission dedéfense et de sécurité et un détournement des forces armées de <strong>le</strong>ur missionpremière, du fait du pouvoir politique 41 . Dʼune part <strong>le</strong>s forces armées sont éloignéesde <strong>le</strong>urs préoccupations de défense – dʼoù <strong>le</strong>ur incompétence –, dʼautrepart el<strong>le</strong>s sont amenées à exercer des tâches de sécurité en réalitérépressives, à lʼencontre des forces politiques et socia<strong>le</strong>s supposées ou ditesdʼopposition. Ainsi, la principa<strong>le</strong> menace au regard de ces régimes politiquesréside non pas aux frontières, mais plutôt à lʼintérieur du pays 42 . La fonctiondʼintégration socia<strong>le</strong>, qui consiste à recruter dans un même creuset <strong>le</strong>s filsprovenant de toutes <strong>le</strong>s régions et de toutes <strong>le</strong>s ethnies du pays, nʼest pas appliquée,<strong>pour</strong> des raisons politiques et parfois économiques. Les dirigeantspréfèrent sé<strong>le</strong>ctionner des troupes politiquement fiab<strong>le</strong>s, très souvent de <strong>le</strong>urgroupe ethnique, quʼils peuvent manipu<strong>le</strong>r et contrô<strong>le</strong>r.Pour la plupart des pays africains, la participation de lʼarmée au monde politiquea constitué lʼaspect prédominant des relations civilo-militaires. Lʼarméea été <strong>le</strong> principal élément imprévisib<strong>le</strong> au sein du contexte politique dans detrès nombreux pays africains, dont la plupart ont été sous régime militaire directpendant une bonne partie des années qui ont suivi lʼindépendance audébut des années 1960. Les coups dʼÉtat militaires ont éga<strong>le</strong>ment constituéla méthode la plus souvent utilisée <strong>pour</strong> changer de régime en Afrique (plusdʼune centaine depuis 1963). Selon une étude, seuls cinq pays dans toute larégion nʼont pas connu de participation militaire en politique, directe ou indirecte.Dans <strong>le</strong>s cas où lʼarmée a évité toute participation directe, <strong>le</strong>s liensétroits entre lʼarmée et <strong>le</strong> pouvoir exécutif ont favorisé lʼimage des relationsentre lʼarmée et la politique nationa<strong>le</strong>.41Voir Bangoura, op. cit.42Ibid.43Voir Bangoura, op. cit.Sur <strong>le</strong> plan du développement économique, <strong>le</strong>s armées africaines ont aussijoué un rô<strong>le</strong> appréciab<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong>s années 1950, de nombreux chercheurs ontexprimé <strong>le</strong> point de vue, à partir des expériences de lʼAmérique latine et desBalkans, que <strong>le</strong>s forces armées étaient <strong>le</strong>s dépositaires de va<strong>le</strong>urs essentiel<strong>le</strong>mentautoritaires, sinon réactionnaires, et étaient par conséquent des entitésincompétentes sur <strong>le</strong> plan administratif. Toutefois, dans <strong>le</strong>s années 1960,cette conception a énormément évolué. De nombreux analystes sont désormaisplutôt disposés à voir l'armée comme une force dynamique, capab<strong>le</strong> nonseu<strong>le</strong>ment de moderniser <strong>le</strong>s sociétés traditionnel<strong>le</strong>s, mais aussi de maintenirla stabilité et la maîtrise du communisme. Les partisans de la théorie de lamodernisation ont soutenu que la charge politique sur <strong>le</strong>s institutions de lʼÉtatest allégée considérab<strong>le</strong>ment lorsque <strong>le</strong> dynamisme de base <strong>pour</strong> la trans-58

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