À côté des personnes souffrant de l’absenced’un logement, le mal-logement recouvre aussitoutes les situations relevant de mauvaises conditionsd’habitat. À partir de l’enquête Logementde 2006, l’Insee estime aujourd’hui, sans doublescomptes, que 2 778 000 personnes vivent dans deslogements inconfortables (2,1 millions de personnes)ou surpeuplés (800 000 personnes). Paranalogie avec les critères retenus par la loi Dalo,l’Insee considère comme «privés de confort» leslogements situés dans des immeubles insalubres,menaçant de tomber en ruine ou ayant au moinsdeux défauts parmi les suivants : installation dechauffage insuffisante ou mauvaise isolation, infiltrationsd’eau, électricité non conforme, absenced’installation sanitaire ou de coin cuisine.Le surpeuplement «accentué» renvoie pour sapart aux logements auxquels il manque au moinsdeux pièces par rapport à la norme de «peuplementnormal» 7 . À noter que l’identification desdoubles comptes permet désormais de mettre enlumière les situations de personnes confrontéesà un cumul de difficultés : en 2006, 28 000 ménages(soit 145 000 personnes) vivent ainsi dansdes logements qui sont à la fois inconfortables etsurpeuplés.La problématique du mal-logement renvoieégalement à des situations d’occupation précaire,et notamment aux locataires de logements meublésqui bénéficient d’un environnement juridiquemoins protecteur que les locataires classiques (duréede bail de un an). Si de récentes évolutions législativesont amélioré leur situation, la FondationAbbé Pierre estime toutefois que la frange la plusmodeste d’entre eux constitue, ne serait-ce que parleur fragilité et leur absence de perspectives, un publicmal logé, soit 172 847 personnes appartenantau premier quartile de niveau de vie (hors étudiants).Parce qu’elles constituent des victimes dumal-logement trop souvent négligées, la FondationAbbé Pierre souhaite enfin pointer la situation denombreuses familles de Gens du voyage, notammentcelles qui bénéficient de revenus modesteset ne peuvent donc accéder à un terrain privatif.Compte tenu de l’insuffisance des aires d’accueilaménagées 8 , on estime en 2010 que plus de 20 000familles (et environ 80 000 personnes) ne peuventaccéder à une place sur une aire d’accueil et donc àdes conditions de vie décentes.7- La norme de « peuplement normal » prévoit au minimum unepièce pour le ménage, une pièce pour chaque couple, pour les célibatairesde 19 ans et plus, une pièce pour deux enfants s’ils sontde même âge ou ont moins de 7 ans, sinon une pièce par enfant.8- Il manque 20 029 places en aires d’accueil (par rapport àl’objectif de 41 569 places prescrites dans les schémas départementaux).Le chiffre de 80 116 personnes a été obtenu parl’application d’un ratio de 4 personnes par famille.9- Le surpeuplement « au sens large » renvoie aux logementsauxquels il manque une pièce par rapport à la norme de « peuplementnormal » au sens de l’Insee.Plus de 5 millions de personnesen situation de réelle fragilitéCes problématiques extrêmes de mal-logementne doivent pas masquer toutes les situationsde personnes en situation de réelle fragilité dansleur logement. Il en est ainsi des ménages qui,bien que propriétaires, se retrouvent fragiliséslorsqu’ils résident dans des copropriétés en difficulté.Les récentes exploitations de l’enquête Logementde 2006 permettent désormais d’estimerà 730 000 le nombre de personnes confrontéesà un très mauvais fonctionnement de leur copropriété,à un défaut d’entretien ou à des impayésimportants et nombreux. Précisons toutefois quece chiffre ne concerne que les copropriétairesoccupants, c’est-à-dire à peine plus de la moitiédes ménages vivant en copropriété, alors que lesobservateurs de terrain montrent que les locatairessont généralement surreprésentés dans lescopropriétés en difficulté. L’augmentation incontrôléedu coût du logement précipite par ailleursde nombreux locataires dans une situation degrande fragilité : 1 252 000 personnes étaient enimpayés locatifs en 2006. Un chiffre basé sur desdonnées antérieures à la crise économique apparuecourant 2008, et dont on peut donc craindreaujourd’hui qu’il ne soit plus inquiétant encore.Sans qu’elles relèvent d’une forme aigüe demal-logement, de nombreuses situations de surpeuplementet d’hébergement chez des tiers retiennentpar ailleurs notre attention : il en est ainsides 3,2 millions de personnes qui habitent dansdes logements surpeuplés «au sens large» (horssurpeuplement «accentué») 9 et des quelques240 000 enfants de 18 ans ou plus, qui ont dûretourner vivre chez leurs parents ou grands-parentsfaute de ressources suffisantes pour accéderà un logement autonome et se retrouvent ainsidans une forme d’hébergement «résigné» (horshébergement «contraint»).À partir de ces différentes situations, il est possibleaujourd’hui d’estimer, sans doubles comptes,que 8 millions de personnes sont en situation demal-logement ou de fragilité dans leur logement.Sans compter les situations de cumul de difficultés,qui concernent au total 1 million de personnes.31
32Au total, 10 millions de personnessont touchées par la crise du logement…Ce chiffre de 8 millions ne tient toutefoispas compte de nombreuses autres situations defragilité (non comptabilisées afin d’éviter tousdoubles comptes), mais qui constituent des signauxd’alerte quant aux difficultés des ménagespar rapport au logement. Ainsi, s’il est statistiquementimpossible d’agréger les données suivantes(établies par ménage) au total des 8 millionsde personnes, elles indiquent toutefois que lenombre de personnes touchées par la crise du logementest bien plus important dans son ampleurque ce que la statistique publique actuelle nouspermet d’appréhender :– 1,2 million de ménages sont en attente d’unlogement social ; (11)– 3,8 millions de ménages sont en situationde précarité énergétique d’après l’enquête Logementde 2006 ; (11)– 1 305 200 locataires ont rencontré des difficultéspour s’acquitter du paiement de leur loyerd’après l’enquête Logement de 2006 (hors ménagesayant déclaré un impayé de loyer) ; (6)– 565 000 ménages propriétaires ou accédantsont eu, dans les deux ans précédant l’Enquête logement2006, des difficultés à payer leurs chargesou leurs remboursements d’emprunts immobiliers,dont 70 000 se sont trouvés en situationd’impayé ; (11)– 92 233 ménages se retrouvent sans droit nititre dans leur logement suite à une décision dejustice d’expulsion. (12)Pour la Fondation Abbé Pierre, ce sont sansaucun doute plus de 10 millions de personnesqui subissent aujourd’hui les conséquences dela crise du logement (production de logementsinsuffisante et inaccessible aux plus modestes,flambée des coûts du logement et des charges,blocage de la mobilité résidentielle…).Si les progrès réalisés par la statistique publiquecontribuent aujourd’hui à une meilleure «objectivation»de la crise du logement et de ses conséquencespour les ménages, la Fondation AbbéPierre pointe malgré tout d’importantes zonesd’ombre et une trop faible actualisation des données,qui appellent des moyens supplémentairespour pouvoir prendre la mesure de ces situationsdifficiles et être en capacité d’agir. Mais la FondationAbbé Pierre attend surtout des signes fortsen direction des personnes défavorisées et un engagementréel des pouvoirs publics pour offrir desperspectives aux plus modestes et éviter que desménages fragiles ne viennent à l’avenir grossir lesrangs des personnes très mal logées.SOURCES(1) Insee, à partir du Recencement général de la populations(RGP) 2006, de l’enquête Établissements sociaux (ES) 2008,sources administratives.(2) Ministère du Logement, 2010.(3) Insee, RGP 2006.(4) Insee, Enquête nationale Logement (ENL), 2002.(5) Insee, ENL, 2006. In Insee première n°1330, janvier 2011.(6) Fondation Abbé Pierre, à partir des données de l’Insee -ENL 2006.(7) Estimation Fondation Abbé Pierre, à partir des donnéesdu ministère du Logement, 2010.(8) Jean-Claude Driant, exploitation de l’ENL 2006 pour laFondation Abbé Pierre.(9) ENL 2006. Calcul Insee à partir d’une variable DGALN, ministèredu Logement.(10) Fondation Abbé Pierre, à partir des données de l’Ined etde l’Insee - ENL 2002.(11) ENL 2006.(12) Estimation Fondation Abbé Pierre, à partir des donnéesdu ministère de l’Intérieur, 2010.INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES* Parmi l’ensemble des personnes locataires d’un logementloué meublé (hors hôtels et garnis, et hors étudiants), soit432 118 personnes, l’Insee indique que près de 40 % appartenaientau 1er quartile de niveau de vie, soit 172 847 personnes(chiffre retenu par la Fondation).** Sachant que les Schémas départementaux d’accueil desGens du voyage établissent un objectif à 41 569 places enaires d’accueil pour répondre à l’ensemble des besoins, etque 21 540 places étaient disponibles fin 2010, on peut estimerque 20 029 familles n’ont pas accès à une place en aired’accueil aménagée, soit 80 116 personnes (en appliquantun ratio de 4 personnes par famille).*** 695 648 enfants de 18 ans sont retournés vivre chezleurs parents ou grands-parents (après avoir occupé unlogement indépendant pendant plus de 3 mois). En retirantles étudiants, ceux qui n’ont pas le projet d’habiter dans unlogement indépendant et ceux qui ont le projet et les moyensfinanciers, et en retirant également le «noyau dur» des personnesen hébergement contraint chez des tiers (déjà comptabiliséparmi les 3,6 millions de personnes mal-logées), onpeut estimer que 240 599 personnes sont «résignées» parrapport à leur situation d’hébergement chez leurs parents.**** Au cours des trois dernières années (2008 à 2010), ily a eu 125 849 demandes de concours de la force publiquefaisant suite à une décision de justice prononçant l’expulsion.Ces locataires deviennent de fait occupants sans droit ni titreet peuvent être expulsés sans nouvelle décision de justice(certains décidant de quitter leur domicile, sous la contraintede la procédure et avant l’intervention des forces de l’ordre).Si l’on extrait de ces ménages les 33 616 ménages qui onteffectivement été expulsés avec le concours de la forcepublique de 2008 à 2010, on trouve le résultat suivant :125 849 – 33 616 = 92 233 ménages qui se retrouvent dansdes situations extrêmes de fragilité.
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