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L'Afrique et ses ressources naturelles - Les Journées Annuelles sur ...

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JOBNAME: No Job Name PAGE: 1 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 48BEBE79/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04CHAPITRE 4L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> :le paradoxe de l’abondanceIntroductionL’Afrique est généreusement pourvue en <strong>ressources</strong>,terres productives <strong>et</strong> riches<strong>ses</strong> <strong>naturelles</strong>précieu<strong>ses</strong> (chapitres 2 <strong>et</strong> 3), renouvelables(eau, forêts <strong>et</strong> poissons, notamment) ounon (charbon, gaz, pétrole <strong>et</strong> autres minéraux).<strong>Les</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> dominentl’économie de nombreux pays de ce continent<strong>et</strong> représentent le plus important moyende subsistance pour des habitants majoritairementpauvres <strong>et</strong> vivant en zone rurale. Ellesconstituent ainsi le fondement du revenu <strong>et</strong>de la subsistance de larges pans de la population<strong>et</strong> l’une des principales sources derec<strong>et</strong>tes publiques <strong>et</strong> de richesse nationale.Dans des circonstances appropriées,l’essor des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> peut être unmoteur essentiel de la croissance, du développement<strong>et</strong> du passage d’un artisanat familial àune production d’usine. En eff<strong>et</strong>, lorsquel’approche r<strong>et</strong>enue est adéquate, les <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> peuvent perm<strong>et</strong>tre d<strong>et</strong>ransformer une économie à faible valeur quirepose <strong>sur</strong> les exportations de produits primairesen une économie disposant d’uneimportante base manufacturière à forteintensité de main-d’œuvre.Il est communément admis que, pour queles pays d’Afrique aux revenus les plus bassortent du piège de la pauvr<strong>et</strong>é, l’une dessolutions consiste à donner une vive impulsionà la demande, afin de susciter suffisammentde complémentarités pour élargir lesmarchés <strong>et</strong> récupérer les coûts fixes de l’industrialisation.<strong>Les</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> pourraientformer l’un de ces vecteurs ; malheureusement,dans bien des pays africains, lescycles d’expansion de ce secteur n’ont guèredéclenché de processus de croissance dynamique(encadré 4.1). C<strong>et</strong>te situation tient,dans une large me<strong>sur</strong>e, à l’incapacité à m<strong>et</strong>treen œuvre les bonnes politiques de croissance<strong>et</strong> à instaurer des institutions solides, ce quitémoigne des difficultés à opérer le grandbond requis vers la diversification <strong>et</strong> le développementdes activités manufacturières dansles régions d’Afrique riches en <strong>ressources</strong>.Une grande partie du continent risque de nepas pouvoir s’industrialiser <strong>et</strong> de rester prisonnièredu piège des produits de base, c’est-àdired’être tributaire de <strong>ses</strong> exportations d’unp<strong>et</strong>it nombre de produits minéraux 1 .Silespolitiques ne sont pas appropriées, la dépendancevis-à-vis du pétrole <strong>et</strong> d’autres sourcesponctuelles de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> peuventconduire à ce scénario.Lorsque la richesse provenant des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> ne débouche pas <strong>sur</strong> lacroissance <strong>et</strong> le développement économiquesattendus, plusieurs facteurs sont en cause, enparticulier :m 1. Voir Auty (2001), Auty (2004) <strong>et</strong> Ploeg (2007) pour uneanalyse détaillée de ces aspects


JOBNAME: No Job Name PAGE: 2 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5308AC65/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04128 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007c le « syndrome hollandais », à savoir lahausse des salaires <strong>et</strong> des taux de changeréels qui aboutit à l’éviction des secteursd’exportation <strong>et</strong> de ceux concurrençantles importations ;c la recherche de rente par les élites <strong>et</strong> pard’autres catégories de population qui,dans d’autres conditions, pourraientconsacrer leur énergie à des activitéslucratives ;c la volatilité des cours <strong>et</strong> « l’asymétrie del’ajustement » (il est plus facile d’augmenterque d’abaisser à nouveau lesdépen<strong>ses</strong> publiques) ;c la rigidité des marchés du travail, desproduits <strong>et</strong> des actifs ; <strong>et</strong>c les tensions, à l’intérieur d’un pays,entre les régions productrices de pétrole<strong>et</strong> les autres.Qu’est-ce que la malédictiondes <strong>ressources</strong> ?m 2. Overseas Development Institute (2006)m 3. Catholic Relief Services (2003)La malédiction des <strong>ressources</strong> désigne unesituation dans laquelle un pays dispose d’unsecteur des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> tourné versl’exportation, qui génère de substantiellesrec<strong>et</strong>tes publiques mais qui, paradoxalement,engendre stagnation économique <strong>et</strong> instabilitépolitique 2 . C<strong>et</strong>te expression désigne, leplus souvent, les eff<strong>et</strong>s délétères des <strong>ressources</strong>extractives non renouvelables (pétrole<strong>et</strong> autres minéraux) <strong>sur</strong> le développement 3 .Elle fait référence à la relation inverse entredéveloppement <strong>et</strong> abondance des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>. Il est souvent affirmé que l’industriepétrolière, en particulier, entraîne desproblèmes (déch<strong>et</strong>s, corruption, consommation,<strong>sur</strong>end<strong>et</strong>tement, dégradation globalede l’économie, déliquescence des servicespublics, guerres <strong>et</strong> autres formes de conflits,<strong>et</strong>c.). <strong>Les</strong> pays richement dotés ont ainsi tendanceà enregistrer une croissance plus lenteque prévu par rapport à l’abondance de leurs<strong>ressources</strong>, <strong>et</strong>, dans de nombreux cas, quecelle des économies pauvres en <strong>ressources</strong>.Il est courant, outre les considérationsgénérales ci-dessus, d’expliquer avant tout lamalédiction des <strong>ressources</strong> par le comportementde l’État. La question clé porte ici <strong>sur</strong> lamanière dont celui-ci administre <strong>et</strong> utilise larichesse procurée par l’abondance de <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>.Historiquement, l’essor du secteur des<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> n’a pas toujours abouti àune détérioration des performances économiques<strong>et</strong> a même pu favoriser la mutation del’économie, conduisant à une expansion de lacroissance, comme on l’a constaté en Europe(industrialisation), dans les « nouvelles économies» (Australie, Canada <strong>et</strong> États-Unis) <strong>et</strong>dans les pays tropicaux pratiquant une agriculturede subsistance, sans activités manufacturières.Aujourd’hui, les pays riches en<strong>ressources</strong>, tels que les Émirats arabes unis, leKoweït ou le Qatar, puisent dans les rec<strong>et</strong>testirées de ce secteur pour bâtir des mégapolesen plein désert. Il en résulte un volume considérabled’activités économiques en aval <strong>et</strong>latérales, ainsi qu’un <strong>sur</strong>croît de revenus. Cespays ont également entrepris d’investir massivementà l’étranger, ce qui encourage nonseulement le développement économique,mais aussi l’équité intergénérationnelle.Point fondamental, des connaissances, desinstitutions <strong>et</strong> des stratégies appropriées perm<strong>et</strong>tentd’éviter ce que l’on appelle fréquemment« la malédiction des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>».


JOBNAME: No Job Name PAGE: 3 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 648A7941/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 129Encadré 4.1 : Comparaison de pays frappés par la malédiction des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong><strong>Les</strong> pays riches en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> entirent généralement parti, mais il est <strong>sur</strong>prenantde constater que bon nombre d’entre euxsont aux pri<strong>ses</strong> avec une situation économiquedifficile. Du point de vue historique, il est évidentqu’une abondance de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>peut nuire aux résultats de l’économie <strong>et</strong>aux conditions de vie de la population. Il existedes exemples bien connus de pays dans lesquelsc<strong>et</strong>te abondance s’accompagne de mauvai<strong>ses</strong>performances macroéconomiques <strong>et</strong>d’un creusement des inégalités sociales. LeNigeria en constitue une illustration spectaculaire.Le Nigeria est un important exportateur depétrole depuis 1965. Il tire de ce secteur desrec<strong>et</strong>tes qui ont été multipliées par dix en35 ans, mais son revenu par habitant stagnedepuis l’indépendance nationale, en 1960, faisantdu Nigeria l’un des 15 pays les pluspauvres au monde. Pendant c<strong>et</strong>te période, sonindice numérique de pauvr<strong>et</strong>é a quasimenttriplé, les catégories aisées ayant accaparé lagrande majorité du revenu. Le citoyen lambdane profite pas des exportations de pétrole, quireprésentent un énorme volume. En outre,malgré l’accumulation rapide de capital physique,la productivité totale des facteurs (PTF)diminue <strong>et</strong> le taux d’utilisation des capacitésoscille autour de 33 pour cent. <strong>Les</strong> dictaturesmilitaires successives ont pillé les riches<strong>ses</strong>pétrolières, <strong>et</strong> nombre d’observateurs soupçonnentdes transferts de fonds (montants nonrévélés). La manne pétrolière a entraîné unchangement fondamental dans la sphère politique<strong>et</strong> la gouvernance au Nigeria. D’autresexportateurs de c<strong>et</strong>te énergie, tels que l’Iran, leVenezuela, la Libye, l’Iraq, le Koweït <strong>et</strong> leQatar, ont, eux aussi, affiché une croissancenégative ces dernières décennies, <strong>et</strong> le produitSources : Sala-i-Martin <strong>et</strong> Subramanian (2003) ; van der Ploeg (2007)national brut (PNB) par habitant de l’ensembledes membres de l’OPEP (Organisation despays exportateurs de pétrole) est en recul.À l’inverse, le Botswana est parvenu àvaincre la malédiction des <strong>ressources</strong>. Quarantepour cent de son produit intérieur brut(PIB) proviennent des diamants. Ce pays seclasse à la seconde place en Afrique pour lesdépen<strong>ses</strong> publiques consacrées à l’éducation<strong>et</strong> enregistre la croissance la plus élevée aumonde depuis 1965. Son PIB par habitant estdix fois supérieur à celui du Nigeria. Le cas duBotswana est remarquable, car, au début de lapériode postcoloniale, les investissements yétaient réduits à la portion congrue <strong>et</strong> les inégalitésconsidérables.Il semble que les Émirats arabes unis aientégalement transformé la malédiction des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> en une bénédiction. C<strong>et</strong>État produit près de 10 pour cent des <strong>ressources</strong>mondiales de pétrole brut <strong>et</strong> 4 pourcentdes réserves mondiales de gaz naturel.Sa d<strong>et</strong>te publique est très modeste, son tauxd’inflation faible <strong>et</strong> sa richesse en hydrocarbureslui a permis de moderniser son infrastructure,de créer des emplois <strong>et</strong> d’instaurer unsystème de protection sociale généreux.L’accès universel <strong>et</strong> gratuit à l’éducation <strong>et</strong> à lasanté s’est traduit par d’importants progrès del’espérance de vie <strong>et</strong> de l’alphabétisation. Anticipantl’épuisement de <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>,Dubaï se diversifie dans l’industrielégère, les télécommunications, la finance <strong>et</strong> l<strong>et</strong>ourisme, tandis que les autres émirats m<strong>et</strong>tentl’accent <strong>sur</strong> la p<strong>et</strong>ite industrie, l’agriculture, lesactivités extractives, le ciment <strong>et</strong> les servicesde transport maritime. En se diversifiant, lesÉmirats arabes unis investissent dans unecroissance durable.


JOBNAME: No Job Name PAGE: 4 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4966369E/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04130 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Questions clésEn s’appuyant <strong>sur</strong> un cadre théorique adéquat<strong>et</strong> <strong>sur</strong> la section précédente, ce chapitreexamine le cas de l’Afrique en ce qui concernele paradoxe de l’abondance <strong>et</strong> la « malédictiondes <strong>ressources</strong> ». Il s’agit d’explorer lesaspects <strong>et</strong> questions suivants :c L’abondance de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> enAfrique est-elle une malédiction ou unebénédiction ?c La gestion des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>comprom<strong>et</strong>-elle réellement les perspectivesde croissance <strong>et</strong> de développementde nombreu<strong>ses</strong> économies africainesrichement dotées dans ce domaine ?c Comment les fluctuations de la valeurdes exportations de <strong>ressources</strong> contribuent-ellesà la volatilité de la croissancedu PIB par habitant, de la croissance<strong>et</strong> du développement en général ?c Quels facteurs politiques <strong>et</strong> sociauxperm<strong>et</strong>tent à certains pays disposantd’abondantes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>d’utiliser celles-ci pour promouvoirleur développement, <strong>et</strong> lesquels empêchentd’autres de faire de même ?c En quoi l’accès ou l’absence d’accès à lacôte (c’est-à-dire le fait d’être un paysenclavé ou non) influe-t-il <strong>sur</strong> les paramètresdu développement ?c De quelle manière, <strong>et</strong> pourquoi, l’éventuellemalédiction des <strong>ressources</strong> naturelle<strong>ses</strong>t-elle dans certains cas évitée <strong>et</strong>comme pourra-t-elle être vaincue ?Caractéristiques des paysd’Afrique riches en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>Dans la plupart des analy<strong>ses</strong> ci-après, les paysd’Afrique sont classés selon la typologie suivante:(1) Pays riches en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>(exportateurs de pétrole ou d’autres minéraux);(2) Pays pauvres en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> ;(3) Pays enclavés (riches ou pauvres en<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>) ;(4) Pays côtiers (riches ou pauvres en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>), <strong>et</strong>(5) Groupe SANE (les quatre plusgrandes économies d’Afrique : Afrique duSud, Algérie, Nigeria <strong>et</strong> Égypte).L’annexe 4A en présente la liste complète.L’Afrique compte 22 pays riches en<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, définis dans ce Rapportcomme ceux dont les exportations decombustibles <strong>et</strong> de minéraux contribuent auPIB à hauteur de plus de 20 pour cent. En2006, ces pays représentaient un peu plusdes deux tiers du PIB du continent <strong>et</strong> lamoitié de sa population (tableau 4.1). Lamoitié exporte du pétrole, <strong>et</strong> l’autre moitiédes minéraux. Il convient de noter que seulementquatre des pays riches en <strong>ressources</strong>sont enclavés <strong>et</strong> que trois des quatre plusgrands qui composent le groupe SANE(Afrique du Sud, Algérie <strong>et</strong> Nigeria) sont à lafois des pays riches en <strong>ressources</strong> <strong>et</strong> côtiers. Àl’autre extrémité, on dénombre 31 pays pauvresen <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, qui correspondentà 30 pour cent du PIB <strong>et</strong> à 48 pour centde la population de la région. Un tiersd’entre eux sont enclavés.


JOBNAME: No Job Name PAGE: 5 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5232DAD3/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 131Tableau 4.1 : Indicateurs macroéconomiques2006, ou année la plus récente pour laquelle on dispose de donnéesPIB parhabitant(enUSD)Superficie(en km 2 )Enmillionsd’habitant%del’AfriqueEnmilliardsd’USD%del’AfriqueEnmilliardsd’USD(à PPP)%del’AfriquePopulation PIB nominal PIB Tauxannuelde croissancedu PIB1981-2006Part desexportationsdel’AfriqueEnmillionsd’USDIDE%del’AfriqueAfrique 838 30 323 924,3 100,0 1 079,4 100,0 1 886,5 100,0 3,0 100,0 30 669 100,0Pays riches en991 20 975 482,5 52,2 750,9 69,6 1 137,8 60,3 2,4 80,5 19 587 63,9<strong>ressources</strong>Pays exportateurs 935 11 537 278,2 30,1 431,0 39,9 519,6 27,5 2,4 55,1 10503 34,2de pétrolePays exportateurs 1 067 9 438 204,3 22,1 319,9 29,6 618,2 32,8 2,4 25,4 9 084 29,6de minérauxPays pauvres en 671 9 347 441,8 47,8 328,5 30,4 748,7 39,7 3,8 19,5 11 082 36,1<strong>ressources</strong>Pays enclavés 264 7 979 225,0 24,3 82,5 7,6 202,2 10,7 3,3 6,7 2 330 7,6Pays enclavés588 3 241 27,7 3,0 29,0 2,7 46,6 2,5 4,5 3,9 1 316 4,3riches en<strong>ressources</strong>Pays enclavéspauvres en208 4 690 194,4 21,0 49,3 4,6 146,1 7,7 2,9 2,0 981 3,2<strong>ressources</strong>Pays côtiers 1 023 22 344 699,3 75,7 996,9 92,4 1 684,3 89,3 2,8 93,3 28 339 92,4Pays côtiers riches 1 016 17 734 454,8 49,2 721,9 66,9 1 091,2 57,8 2,3 76,7 18 271 59,6en <strong>ressources</strong>Pays côtiers1 132 4 017 209,4 22,7 251,9 23,3 561,2 29,7 4,1 15,6 10 047 32,8pauvres en<strong>ressources</strong>SANE 1 482 5 528 290,8 31,5 593,7 55,0 1 072,0 56,8 3,0 59,4 16 239 52,9Source : Division de la statistique de la Banque africaine de développement, calculs d’après la base de données de la Banque africaine dedéveloppement, 2007


JOBNAME: No Job Name PAGE: 6 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 552BA147/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04132 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Pays d’Afrique riches en <strong>ressources</strong> :forte dépendance vis-à-visdes exportations<strong>Les</strong> pays d’Afrique riches en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>restent très tributaires de leurs exportations,tant en termes de devi<strong>ses</strong> que derec<strong>et</strong>tes (annexe, tableau 4B). Ainsi, entre2000 <strong>et</strong> 2005, les combustibles ont représenté65 pour cent de la hausse totale de lavaleur des exportations des économies africaines,les produits manufacturés 24 pourcent, <strong>et</strong> l’alimentation <strong>et</strong> les autres matièrespremières environ 5 pour cent chacune.Étant donné que les produits manufacturésenglobent les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> transformées,il semble bien que l’essor des exportationsdu continent provienne largement desmatières premières. Depuis 1990, la part descombustibles dans l’ensemble des exportationsdes pays pétroliers d’Afrique a progresséde quelque 12 points, avoisinant 90 pourcent. Hors combustibles, l’Afrique voit diminuersa dépendance à l’égard de <strong>ses</strong> exportationsde produits agricoles, tandis que cellesde certains biens manufacturés liés aux <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> augmentent. Dans les paysde la région riches en <strong>ressources</strong>, les exportationsde biens manufacturés sont entréespour près de 60 pour cent dans <strong>ses</strong> exportationsautres que de combustibles en 2005,contre 37 pour cent en 1985. Dans le secteurmanufacturier, les filières principales sont lespierres précieu<strong>ses</strong> (dont la proportion a étémultipliée par plus de trois depuis 1985),l’argent <strong>et</strong> le platine (quasi-doublement),ainsi que le fer <strong>et</strong> l’aluminium 4 .m 4. Fonds monétaire international (2006)Pays d’Afrique riches en <strong>ressources</strong> :forte dépendance budgétaire, maisamélioration des comptes publicsAvant l’expansion actuelle des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>, les pays d’Afrique richement dotésdans ce domaine peinaient à tirer pleinementprofit de c<strong>et</strong>te manne. En raison d’une alternancede cycles d’essor suivis de pha<strong>ses</strong> derécession, d’un manque de solidité des institutions,d’une gestion médiocre des financespubliques <strong>et</strong> de faibles mécanismes decontrôle, nombre de pays d’Afrique aux <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> abondantes ont vu leurd<strong>et</strong>te extérieure atteindre un niveau intenableà me<strong>sur</strong>e que leurs revenus baissaient, que lesrisques de conflits violents s’accentuaient <strong>et</strong>que leurs indicateurs sociaux se dégradaient.Une nouvelle tendance paraît néanmoins sedessiner avec le début de l’envolée des coursdes <strong>ressources</strong> (<strong>et</strong> <strong>sur</strong>tout avec la montée enflèche de ceux du pétrole depuis 2002). Onobserve effectivement des signes encourageants,qui indiquent que les pays exportateursafricains riches en <strong>ressources</strong> utilisentaujourd’hui plus prudemment les rec<strong>et</strong>tesqu’ils tirent de ce secteur.Ces cinq dernières années, les vigoureu<strong>ses</strong>haus<strong>ses</strong> des cours du pétrole, du gaz <strong>et</strong> desautres minéraux ont permis à ces pays dedévelopper leurs exportations de <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> <strong>et</strong>, partant, d’accroître n<strong>et</strong>tementleurs revenus. Ceux-ci constituent une sourcesubstantielle de rec<strong>et</strong>tes publiques, démontrantl’importance des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>pour la croissance de la production <strong>et</strong> la capacitéà générer des rec<strong>et</strong>tes d’exportation. Ainsi,les revenus pétroliers correspondent à plus dela moitié des rec<strong>et</strong>tes totales en Angola, auCongo, en Guinée équatoriale, au Gabon <strong>et</strong>au Nigeria, <strong>et</strong>, en dollars, elles ont augmentéd’environ trois fois <strong>et</strong> demie entre 2002 <strong>et</strong>


JOBNAME: No Job Name PAGE: 7 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4EC08AE6/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 133Tableau 4.2 : Solde budgétaire, taux d’investissement <strong>et</strong> termes de l’échange(en pourcentage)1981-1985 2001-2005DB INV VTE DB INV VTE1- Pays riches en <strong>ressources</strong> -3,6 22,6 1,6 -0,2 22,6 6,3<strong>naturelles</strong>Pays exportateurs de pétrole -4,4 24,5 -0,4 3,3 24,8 8,7Pays exportateurs d’autres -2,9 20, 3,5 -3,6 20,3 3,9minéraux2- Pays pauvres en-7,9 21,9 3,2 -4,8 20,0 -1,1<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>3- Pays enclavés -4,5 18,1 4,4 -3,2 20,2 1,1Pays enclavés riches0,2 18,0 3,8 -2,7 27,5 6,1en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>Pays enclavés pauvres-6,1 14,6 5,9 -3,9 15,2 -1,3en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>4- Pays côtiers -6,8 24,0 1,8 -2,7 21,5 2,3Pays côtiers riches-4,5 23,6 1,0 0,4 21,4 6,3en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>Pays côtiers pauvres-9,3 24,4 2,2 -6,0 21,9 -1,0en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>5- Afrique -6,1 22,2 2,7 -2,8 21,1 2,1Groupe SANE -7,3 27,7 -3,4 -0,8 22,1 7,3DB = Déficit budgétaire/PIB ; INV = Taux d’investissement intérieur ; VTE = Variation des termes del’échange.Sources : Division de la statistique de la Banque africaine de développement, d’après Fonds monétaireinternational (2007) ; Banque mondiale (2007b)2006. Parallèlement, la production s’est, elleaussi, accrue dans des proportions significatives,à savoir de 45 pour cent en moyenne,particulièrement en Angola, en Guinée équatoriale<strong>et</strong> au Tchad 5 . <strong>Les</strong> pays exportateurs depétrole dépendent donc fortement de leursrec<strong>et</strong>tes d’exportation, ce qui signifie qu’en casde transformation du cycle d’expansion actuelen un cycle d’essor suivi d’une récession(comme par le passé), prudence <strong>et</strong> disciplinebudgétaires seront de mise.m5. Ibid.<strong>Les</strong> données disponibles montrent que,globalement, les dépen<strong>ses</strong> publiques sont enhausse depuis quelques années, sans toutefoissuivre, même approximativement, le rythmedes rec<strong>et</strong>tes issues des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>.Avant le boom actuel, en 2002, bien des paysd’Afrique riches en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> affichaientdes déficits hors pétrole supérieurs àleurs revenus pétroliers (Angola, Congo <strong>et</strong>Nigeria, entre autres). Depuis c<strong>et</strong>te date, leratio des déficits budgétaires non pétroliers<strong>sur</strong> ces revenus s’améliore sensiblement(tableau 4.2), ce qui témoigne à la fois de la


JOBNAME: No Job Name PAGE: 8 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 50DD7BFF/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04134 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007progression rapide des revenus pétroliers <strong>et</strong>du resserrement du solde budgétaire horspétrole.Grâce à une politique budgétaire relativementprudente, de nombreux pays d’Afriqueriches en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> sont en traind’atténuer leurs vulnérabilités macroéconomiques.En d’autres termes, ils utilisent lesrec<strong>et</strong>tes générées par leurs <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>pour renforcer leur position extérieureen comprimant leur d<strong>et</strong>te vis-à-vis del’étranger (Gabon <strong>et</strong> Nigeria <strong>sur</strong>tout), enaccumulant des réserves de change (Angola,Congo, Guinée équatoriale, Gabon <strong>et</strong>Nigeria) ou en réduisant leurs arriérés <strong>sur</strong>leur d<strong>et</strong>te intérieure <strong>et</strong> extérieure (Angola,Guinée équatoriale, Gabon <strong>et</strong> Nigeria). LeCameroun, l’Angola <strong>et</strong> le Congo ont égalementamélioré leur solde budgétaire primairehors pétrole 6 .Pays riches en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> :concentration de l’investissementdirect étrangerL’un des grands problèmes qui se pose, c’estque les flux d’investissement direct étranger(IDE) reçus par l’Afrique sont destinés, dansdes proportions écrasantes, à l’exploitationdes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>. Dans les principauxpays bénéficiaires que sont l’Angola,l’Algérie, le Soudan, le Nigeria <strong>et</strong> le Gabon,ces flux vont majoritairement à des proj<strong>et</strong>spétroliers <strong>et</strong> gaziers. De même, plus de50 pour cent de l’IDE en Afrique du Sud <strong>et</strong>en Tanzanie ciblent l’extraction de l’or. <strong>Les</strong>ecteur primaire est, globalement, le destinataireprivilégié de l’IDE en Afrique, avec unepart de 55 pour cent <strong>sur</strong> la période 1996-2000 7 . Comme le montre le tableau 4.1, en2006, quelque 64 pour cent de l’IDE étaientconcentrés dans les pays riches en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> <strong>sur</strong> ce continent. De <strong>sur</strong>croît,92 pour cent du total reçu par ce dernierc<strong>et</strong>te même année étaient adressés à des payscôtiers <strong>et</strong>, parmi eux, <strong>sur</strong>tout aux pays richesen <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> (60 pour cent del’IDE).Pays d’Afrique riches en <strong>ressources</strong> :une croissance faible (par rapport àcelle des pays pauvres en <strong>ressources</strong>)Avant le premier choc pétrolier, <strong>sur</strong>venu dansles années 1970, les pays d’Afrique riches enpétrole bénéficiaient généralement de conditionsmacroéconomiques favorables : croissanceéconomique robuste, inflationmodérée, déficits budgétaires <strong>et</strong> d<strong>et</strong>te extérieuregérables, compte courant excédentaire.<strong>Les</strong> politiques procycliques qu’ils ontdéployées durant les cycles de boom pétrolierdes années 1970 <strong>et</strong> 1980 visaient à utiliserc<strong>et</strong>te manne au profit du développement économique<strong>et</strong> social, ainsi qu’à encourager ladiversification économique. Ces objectifsn’ont malheureusement pas été atteints : desdéséquilibres économiques ont provoqué unegrave crise lorsque les cours du pétrole se sonteffondrés dans les années 1980, <strong>et</strong> ces courssont restés bas pendant plus d’une décennie.Ce fut aussi le cas pour la plupart des exportationsd’autres minéraux (métaux <strong>et</strong> nonmétaux),sauf pour quelques pays, tels que leBotswana 8 .Sur une longue période (1981-2001), enAfrique, les pays pauvres en <strong>ressources</strong> ontaffiché une croissance réelle de leur PIB parm 6. Fonds monétaire international (2007)m 7. Anyanwu (2006)m 8. Fonds monétaire international (2006)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 9 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 21D72809/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 135En %54,543,532,521,510,50– 0,5– 1–1,5– 2– 2,5– 3– 3,5– 4– 4,5– 5– 5,5Graphique 4.1 : Comparaison de la croissance réelle du PIB par habitantentre pays riches <strong>et</strong> pauvres en <strong>ressources</strong>1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006Afrique Pays pauvres en <strong>ressources</strong> Pays riches en <strong>ressources</strong>Source : Division de la statistique de la Banque Africaine de développement, calculs d'après base de donnéesde la Banque Africaine de développement, 2007.habitant supérieure à celle des pays richementdotés (graphique 4.1). C<strong>et</strong>te tendance s’estensuite inversée, reflétant l’expansion toujoursen cours. Il convient aussi de noter qu<strong>et</strong>rois graves effondrements de la croissanceréelle du PIB par habitant sont <strong>sur</strong>venusdurant c<strong>et</strong>te période, en 1983, 1985 <strong>et</strong> 1993,le dernier étant le pire.En 1980, le PIB par habitant des paysriches en pétrole <strong>et</strong> autres minéraux était bienplus élevé que celui des pays pauvres en <strong>ressources</strong>,<strong>et</strong> c’est encore vrai aujourd’hui (graphique4.2). Cependant, en valeur réelle, ilreste obstinément en deçà de 1 000 dollarsdepuis plus de 20 ans, tombant une premièrefois à 800 dollars au milieu des années 1990,avant de remonter. À l’inverse, les pays pauvresen <strong>ressources</strong> ont pu atteindre une croissanceréelle, certes modeste, <strong>sur</strong> quasimentl’ensemble de la période 1980-2005, <strong>et</strong>,donc, réduire largement leur écart avec lepremier groupe. Il faut néanmoins soulignerque celui-ci, d’après son PIB par habitant, estn<strong>et</strong>tement mieux nanti qu’eux : outre sacroissance supérieure dans les années 1960 <strong>et</strong>1970, sa situation géographique constitue unautre facteur de poids, comme indiqué plushaut (beaucoup de pays pauvres en <strong>ressources</strong>sont encore plus défavorisés parce qu’ils sontenclavés).


JOBNAME: No Job Name PAGE: 10 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 1E5C742C/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04136 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 20071 6001 5001 400Graphique 4.2 : Abondance des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> PIB r el par habitant(en 2000 <strong>et</strong> en USD)En milliers USD par habitant1 3001 2001 1009008007006005004003001980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006AfriquePays pauvres en <strong>ressources</strong>Pays riches en <strong>ressources</strong>Groupes SANESource : Division de la statistique de la Banque Africaine de développement, calculs d'après base de donnéesde la Banque Africaine de développement, 2007.Analyse : observationdes caractéristiques<strong>Les</strong> données, tableaux <strong>et</strong> graphiques présentésperm<strong>et</strong>tent de dégager un certain nombre d<strong>et</strong>endances <strong>et</strong> de conclusions :c En Afrique, les pays aux <strong>ressources</strong>abondantes sont plus riches (en termesde rec<strong>et</strong>tes, de PIB <strong>et</strong> de PIB par habitant)que ceux pauvrement dotés.L’écart s’est resserré pendant la période1980-2000, mais s’est à nouveau élargiavec le récent essor de ce secteur.c Cependant, en moyenne, les paysriches en <strong>ressources</strong> n’ont enregistréqu’une croissance cumulée de 2,4 pourcent <strong>sur</strong> 1981-2006, c’est-à-dire n<strong>et</strong>tementinférieure aux 3,8 pour cent affichéspar les pays pauvres en <strong>ressources</strong>.c <strong>Les</strong> pays côtiers pauvres en <strong>ressources</strong>,qui abritent près d’un quart de la populationafricaine, ont atteint une croissancede 4,1 pour cent, en moyenne,soit bien davantage que les 2,3 pourcentenregistrés par les pays côtiersriches en <strong>ressources</strong>. Ces résultats montrentque le fait d’être richementpourvu n’induit pas de différence significativepour les pays côtiers. En eff<strong>et</strong>,


JOBNAME: No Job Name PAGE: 11 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 214855BC/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 1371,0Graphique 4.3 : Sources de croissance du rendement par travailleur0,80,9SANE0,60,40,20,3Pays richesen <strong>ressources</strong>0,5Pays pauvresen <strong>ressources</strong>0,4Paysenclavés0,30,3 PaysPays pauvres enriches en<strong>ressources</strong>0,4SANE<strong>ressources</strong>0,2Pays0,2enclavésPays pauvresen <strong>ressources</strong>0,0– 0,20,0Pays richesen <strong>ressources</strong>– 0,1 SANE– 0,1Pays enclavésCapital physique Éducation Productivité des facteursSource : Bosworth <strong>et</strong> Collins (2003)les pays côtiers pauvres en <strong>ressources</strong>ont un PIB par habitant légèrementplus élevé.c <strong>Les</strong> quatre pays SANE sont, <strong>et</strong> de loin,les plus riches si l’on considère leurPIB, avec une croissance substantielledepuis 1995.c <strong>Les</strong> pays enclavés pauvres en <strong>ressources</strong>sont largement les plus pauvres : leurtaux de pauvr<strong>et</strong>é est cinq <strong>et</strong> près de sixfois plus élevé que, respectivement,celui des pays riches en <strong>ressources</strong> <strong>et</strong> despays côtiers pauvres en <strong>ressources</strong>. Quiplus est, dans ce groupe de pays, lacroissance s’est limitée à 2,5 pour cent,en moyenne, de 1981 à 2006. End’autres termes, le fait d’être enclavé ounon est ce qui importe le plus, davantageque le fait d’être riche ou pauvre en<strong>ressources</strong> ou que tout autre aspectétudié ici.Il faut également prêter attention à uneautre caractéristique : <strong>sur</strong> le long terme, tantl’accumulation que la productivité des facteurssont significativement supérieures dansles pays pauvres en <strong>ressources</strong> que dans ceuxbien pourvus (graphique 4.3).L’analyse approfondie de l’expansion dela productivité (croissance de la productivitéde la main-d’œuvre par rapport au taux deprogrès technique) dans 23 pays d’Afrique


JOBNAME: No Job Name PAGE: 12 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 251BAEB4/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04138 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Graphique 4.4 : Expansion de la productivité3,00ÉGYPTE5,0TUNISIEMAURICE5,24 4,97MAROCMALAWI1,504,093,84CAMEROUN KENYA MALI3,40 MOZAMBIQUE 4,31 3,24NIGERIAOUGANDAÉTHIOPE2,86 3,05 ZIMBABWE3,69ALGÉRIE3,763,343,05AFRIQUE3,18TANZANIEDUCÔTE 3,82SUD 2,07 SIERRARWANDA 2,80 D'IVOIRE2,65 SÉNÉGAL– 1,50 – 1,00 2,59 – 0,50 0,001,49MADAGASCARGHANA1,69ZAMBIE0,50 1,00 1,50 2,00La taille des bulles reflète le taux moyende croissance du rendement (1960-2003)– 1,50Progrès technique (productivité totale des facteurs, en %)Source : Banque Africaine de développement, équipe du département de la recherche <strong>sur</strong> le développement,d'après les données de Bosworth <strong>et</strong> Collins (2003)divers révèle de fortes disparités (graphique4.4). Des pays comme l’Égypte, laTunisie ou Maurice affichent d’excellentsrésultats, <strong>sur</strong>tout par rapport à des économiestelles que Madagascar, la Zambie, le Ghana,le Rwanda <strong>et</strong> le Nigeria. On remarque ainsique les plus performants sont tous relativementpauvres en <strong>ressources</strong>.Pays d’Afrique riches en <strong>ressources</strong> :une épargne véritable négativeNombre de pays dans lesquels les <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> abondent se caractérisent notammentpar une épargne généralement plusfaible que ce que les rentes qu’ils tirent del’extraction <strong>et</strong> de la vente de ces produitsperm<strong>et</strong>traient de supposer. S’ils économisaientdavantage, leur croissance serait probablementplus pérenne <strong>et</strong> plus rapide. Pourmieux comprendre ce qu’est le développementdurable, il est utile d’examiner leconcept d’épargne véritable.On entend par épargne véritablel’épargne publique <strong>et</strong> privée au sein <strong>et</strong> àl’extérieur d’un pays, n<strong>et</strong>te des amortissements,plus les dépen<strong>ses</strong> courantes d’éducation,qui reflètent les variations du capitalhumain immatériel, moins l’amenuisementdes <strong>ressources</strong> épuisables <strong>et</strong> renouvelables,moins les dommages causés par les polluants(CO2 <strong>et</strong> particules). Ainsi définie, l’épargnevéritable correspond à un accroissement de


JOBNAME: No Job Name PAGE: 13 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 56C261B9/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 139m 9. Voir notamment Banque mondiale (2006c) <strong>et</strong> Ploeg (2007).m 10. Ibid.la richesse nationale. D’après ce que l’onappelle la règle d’Hartwick, tout amenuisementdes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> ou tout dommagedû aux polluants doit être compensépar une augmentation du capital nonhumain <strong>et</strong>/ou humain. C<strong>et</strong>te règled’épargne véritable à zéro peut être considéréecomme un principe général oumotivée par un égalitarisme maximum/minimum. Elle impose aux pays riches en<strong>ressources</strong> d’adopter une stratégie perm<strong>et</strong>tantde transformer celles-ci en d’autresformes de capital productif 9 .En Afrique, les pays largement pourvusen <strong>ressources</strong> doivent donc se doter de règlescrédibles <strong>et</strong> transparentes, favorisant uneconsommation <strong>et</strong> un investissement durables,de façon que leurs <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>non renouvelables soient progressivementtransformées en actifs productifs, localementou à l’étranger. De plus, ceux où lacroissance démographique est forte ontbesoin d’une épargne véritable positive, <strong>et</strong>non égale à zéro, pour maintenir leurconsommation par habitant. Par conséquent,ils doivent atteindre un tauxd’épargne supérieur à la rente qu’ils tirent deleurs <strong>ressources</strong> non renouvelables, mais ils yparviennent rarement. Le graphique 4.5 endépeint un tableau sombre, sous un anglemondial. <strong>Les</strong> pays dont une grande proportiondu revenu national brut (RNB) provientde la rente des minéraux <strong>et</strong> de l’énergieenregistrent généralement une épargne véritablenégative. Il s’ensuit que bien des paysriches en <strong>ressources</strong> s’appauvrissent chaqueannée, malgré c<strong>et</strong>te abondance 10 . Le graphique4.6 montre que ce phénomène peutexpliquer pourquoi un pays comme leVenezuela affiche une croissance économiquenégative, alors que d’autres, tels quele Botswana <strong>et</strong> le Ghana, où l’épargne véritableest positive, enregistrent une croissancesubstantielle. Quant au Nigeria <strong>et</strong> àl’Angola, fortement tributaires de leurs <strong>ressources</strong>,l’épargne véritable y est inférieure à30 pour cent, ce qui appauvrira massivementles générations futures.Ces résultats indiquent que, si les paysriches en <strong>ressources</strong> <strong>et</strong> dont l’épargne véritableest négative, par exemple le Nigeria,appliquaient la règle d’Hartwick, ils verraientleur capital productif quadrupler ou quintupler.De fait, dans les pays où l’épargne véritableest négative, l’érosion des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> l’emporte <strong>sur</strong> l’accumulationd’autres actifs. <strong>Les</strong> <strong>ressources</strong> y sont gaspillées,au détriment des générations futures,sans qu’il y ait d’investissements dansd’autres formes de richesse immatérielle ouproductive. C’est une caractéristique àdéplorer pour plusieurs économies d’Afriqueriches en <strong>ressources</strong> (graphique 4.7).Faible développement du capitalhumain <strong>et</strong> creusement des inégalitésde revenusL’un des dilemmes résultant de l’abondancede <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> est que celle-ci estsusceptible d’inciter un pays à négliger le développementde son capital humain. Ce sont lesmême cau<strong>ses</strong> <strong>et</strong> eff<strong>et</strong>s primaires que ceux soulignésplus haut pour l’épargne véritablenégative. Lorsque les revenus issus des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> sont substantiels, ils peuventfaire perdre de vue les objectifs de diversification<strong>et</strong> de création de richesse,notamment le développement institutionnel


JOBNAME: No Job Name PAGE: 14 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 03DABB16/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04140 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Graphique 4.5 : Épargne véritable négative dans les pays riches40Épargne véritable, en % du RNB3020100– 10– 20– 30– 40– 500 10 20 30 40 50 60 70Rente tirée des minéraux <strong>et</strong> de l'énergie, en % du RNBSource : Banque Mondiale (2006), Where is the Wealth of Nation?Graphique 4.6 : Taux d'épargne véritable <strong>et</strong> croissance économique, 200330BotswanaChineÉpargne véritable, en % du RNB20100– 10– 20– 30RépubliquecentrafricaineVenezuela, R.B.ÉthiopieGhanaAngolaNigeria– 40OuzbékistanAzerbaïdjan– 50– 10 – 505 10 15Croissance annuelle du PIB, en %Source : Banque Mondiale (2006), Where is the Wealth of Nation?


JOBNAME: No Job Name PAGE: 15 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 248A2517/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 141Graphique 4.7 : Que se passerait-il si la règle d'Hartwick était appliquée ?Accroissement du capital produit si la règle d'Hartwickstandard était appliquée, en pour cent400350300250200150100500– 50– 100– 150Faibledépendancevis-à-visdes <strong>ressources</strong>Fortedépendancevis-à-visdes <strong>ressources</strong>ZambieGuyanaBolivieÉquateurAfrique du SudGhana JamaïquePérouZimbabweMexique ChiliÉgypte,Inde République ArabeIndonésieBrésilMalaisie ChineThaïlandeRépubliquede CoréeVenezuela, R.B.Trinité-<strong>et</strong>-TobagoMauritanieGabonRépubliqueAlgérie du CongoNigeriaFaibleaccumulationde capitalForteaccumulationde capital0 5 10 15 20 25 30 35Part de la rente tirée des <strong>ressources</strong>, en % du PIB (moyenne 1970-2000)Source : Banque Mondiale (2006), Where is the Wealth of Nation?<strong>et</strong> humain 11 . C<strong>et</strong>te corrélation potentielleentre l’abondance de <strong>ressources</strong> <strong>et</strong> le désintérêtà l’égard du développement du capitalhumain devrait logiquement se traduire, dumoins à moyen <strong>et</strong> long terme, par un faibledéveloppement humain de base. L’indicateurdu développement humain (IDH) établi parles Nations Unies, qui compare l’espérancede vie, l’alphabétisation, l’éducation <strong>et</strong> leniveau de vie des pays du monde entier, constitueune me<strong>sur</strong>e standardisée du bien-êtrehumain <strong>et</strong> du niveau de développementnational. Comme le montre le Programmedes Nations unies pour le développementm11. Ibid.(PNUD) dans son Rapport mondial <strong>sur</strong> ledéveloppement humain 2006, l’Afrique est<strong>sur</strong>représentée dans le bas du classementselon l’IDH (29 des 31 pays à faible développementhumain). Seuls deux États insulaires(les Seychelles <strong>et</strong> Maurice) ont un développementhumain élevé. <strong>Les</strong> 22 autres pays, donttous les pays arabes d’Afrique du Nord, affichentun développement humain moyen. Ilconvient également de noter que c’est la Norvège,riche en pétrole, qui occupe la premièreplace mondiale en termes d’IDH 12 .m 12. Programme des Nations Unies pour le développement(2006), http ://hdr.undp.org/hdr2006/statistics/documents/hdi2004.pdf


JOBNAME: No Job Name PAGE: 16 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 3E06D972/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04142 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Tableau 4.3 : Abondance de <strong>ressources</strong> <strong>et</strong> indicateurs sociauxIndicateur dudéveloppement humain(IDH) (échelle de 0à1;score le plus faible : le Niger,avec 0,31 ; score le plusélevé : les Seychelles,avec 0,84)Inégalités de revenus(coefficient de Gini ;échelle de 0 à 100)*1- Pays riches en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>0,51 31,1Pays exportateurs de pétrole 0,55 15,3Pays exportateurs d’autres minéraux 0,46 46,82- Pays pauvres en <strong>ressources</strong>0,51 26,8<strong>naturelles</strong>3- Pays enclavés 0,42 45,0Pays enclavés riches en <strong>ressources</strong>0,42 41,6<strong>naturelles</strong>Pays enclavés pauvres en <strong>ressources</strong>0,40 42,8<strong>naturelles</strong>4- Pays côtiers 0,55 22,1Pays côtiers riches en <strong>ressources</strong>0,52 28,7<strong>naturelles</strong>Pays côtiers pauvres en <strong>ressources</strong>0,58 14,7<strong>naturelles</strong>5- Afrique 0,51 45,9Groupe SANE 0,63 42,8* 0 correspond à l’égalité parfaiteSources : Programme des Nations Unies pour le développement (2006), Rapport mondial <strong>sur</strong> le développementhumain ; Banque mondiale (2006d)D’après une analyse approfondie desvaleurs de l’IDH (tableau 4.3), le facteur premierdu développement humain semble êtrenon pas l’abondance des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>,mais la situation géographique, c’est-àdirel’absence d’enclavement : considérés entant que groupe, les pays enclavés obtiennentun score très bas (moyenne de 0,42). Si l’onn’observe pas véritablement d’écart entrepays riches <strong>et</strong> pays pauvres en <strong>ressources</strong>(0,51), force est de constater que les économiespétrolières font n<strong>et</strong>tement mieux que lespays où abondent principalement d’autresminéraux (0,55, contre 0,46).Le creusement des inégalités de revenusconstitue un autre aspect important, souventjugé problématique pour les pays riches en<strong>ressources</strong>. <strong>Les</strong> secteurs du pétrole, du gaz <strong>et</strong>des mines sont souvent considérés comme« isolés » par nature, avec peu d’interdépendancesamont <strong>et</strong> aval avec le reste de l’économie.Dans les activités d’exploitation <strong>et</strong> deproduction, ils n’emploient que relativementpeu de main-d’œuvre très qualifiée <strong>et</strong> bien


JOBNAME: No Job Name PAGE: 17 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4DD2D3E0/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 143rémunérée, <strong>et</strong> importent généralement lamajeure partie de leurs intrants. De <strong>sur</strong>croît,il existe un risque considérable, pendant unboom des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, de voir lesdépen<strong>ses</strong> publiques exacerber les inégalités,par exemple, si elles sont concentrées dansl’économie formelle à l’intérieur des zone<strong>sur</strong>baines, faussant la distribution des revenus(les ménages ruraux sont tenus à l’écart) <strong>et</strong> sielles donnent la priorité aux intérêts des élites<strong>et</strong> des clas<strong>ses</strong> aisées. En raison de ces tendances,la société tend à assimiler la production<strong>et</strong> l’exportation des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>aux intérêts des catégories nanties 13 . Commele montre le tableau 4.3, les inégalités derevenus sont sensiblement plus fortes dans lespays d’Afrique riches en <strong>ressources</strong> (coefficientde Gini : 31,1) que dans ceux pauvrementdotés (coefficient de Gini : 26,8). Ellesle sont aussi davantage dans les pays exportateursde minéraux, dans les États enclavés <strong>et</strong>dans le groupe SANE.Synthèse des caractéristiquesde l’Afrique<strong>Les</strong> caractéristiques <strong>et</strong> aspects décrits <strong>et</strong> analysésci-dessus confirment que les pays largementpourvus en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>n’exploitent pas pleinement les avantages véritables(potentiels) de c<strong>et</strong>te richesse. Cependant,les facteurs géographiques, en premierlieu l’enclavement, jouent également un rôleessentiel dans la situation actuelle. En eff<strong>et</strong>,les pays enclavés sont moins performantspour la quasi-totalité des points étudiés.Globalement, la période de 20 ans qui vade 1980 à 2000, en particulier, a été décevantepour les pays d’Afrique riches en <strong>ressources</strong>.<strong>Les</strong> cycles antérieurs d’essor suivid’une récession <strong>et</strong> les deux décennies de croissanc<strong>et</strong>rès insuffisante ont permis de tirerd’amères leçons. Celles-ci doivent être examinées<strong>et</strong> servir pour l’avenir, <strong>sur</strong>tout à présentqu’une nouvelle phase d’expansion s’affirme<strong>sur</strong> le continent africain. <strong>Les</strong> sections qui suiventexplorent ces questions en tenantcompte d’éléments théoriques <strong>et</strong> empiriquespertinents.Comment expliquerla malédiction des <strong>ressources</strong> ?Cau<strong>ses</strong> <strong>et</strong> vecteurs principauxUn large pan de la littérature traite des raisonspour lesquelles un volume important derec<strong>et</strong>tes générées par le pétrole, le gaz <strong>et</strong>autres minéraux peut se révéler une « malédiction», <strong>et</strong> non une « bénédiction ». Certainsauteurs 14 citent trois cau<strong>ses</strong> exogènes, àsavoir (1) une politique structuraliste, (2) lesyndrome hollandais <strong>et</strong> (3) la théorie del’économie tournée vers l’exportation, ainsique trois cau<strong>ses</strong> endogènes : (1) lesdéfaillances de l’action publique, (2) l’inefficiencede l’investissement <strong>et</strong> (3) la recherchede rente. Le présent Rapport examine de plusprès ces cau<strong>ses</strong>, qui, à des fins d’analyse, sontregroupées comme suit 15 :c Volatilité des rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> du cadremacroéconomique ;c Syndrome hollandais <strong>et</strong> eff<strong>et</strong>s d’éviction;c Rôle de l’État ;c Eff<strong>et</strong>s socioculturels <strong>et</strong> politiques.m 13. Overseas Development Institute (2006)m 14. Voir notamment Auty (2001)m 15. Voir Stevens (2003)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 18 SESS: 11 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 53DFDCF4/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04144 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Volatilité des rec<strong>et</strong>tes<strong>et</strong> du cadre macroéconomiqueLe boom des produits de base n’est généralementpas permanent <strong>et</strong>, <strong>sur</strong> la durée, lescours affichent, dans une certaine me<strong>sur</strong>e, unr<strong>et</strong>our à la moyenne. Par conséquent, lespays qui ont connu une ou plusieurs haus<strong>ses</strong>des cours de ces produits ont, le plus souvent,été confrontés à une forte volatilité desprix à l’exportation. Dans bien des cas, lesenvolées des cours des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>invitent à moins de prudence en matièrebudgétaire, avec peu de moyens de contrôle<strong>et</strong> une inflation faible, ce qui comprom<strong>et</strong>encore plus la croissance, l’équité <strong>et</strong> l’atténuationde la pauvr<strong>et</strong>é 16 . Dans leur majorité,les pays qui disposent d’abondantes <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> gèrent habituellement demanière peu transparente les rec<strong>et</strong>tes qui ensont issues, d’où une budgétisation parallèle,dont pâtissent la stabilité des prix <strong>et</strong> la disciplinebudgétaire. C’est pourquoi, même sices rec<strong>et</strong>tes affluent, les pays affichent souventun déficit budgétaire <strong>et</strong>, parfois, uneinflation à deux chiffres. Une telle volatilitépeut nuire à la croissance, à plusieurs égards.Elle est d’abord préjudiciable à l’investissement,à la distribution des revenus, auxrésultats éducatifs <strong>et</strong> au recul de la pauvr<strong>et</strong>é.En outre, elle entrave l’unification des tauxde change <strong>et</strong> la libéralisation du commerce.Enfin, la volatilité accroît le risque d’investissement<strong>et</strong> tend à saper les décisions dedépen<strong>ses</strong> publiques : les engagements budgétairesexceptionnels qui sont pris en périoded’expansion conduisent ultérieurement, lorsdes pha<strong>ses</strong> de récession, à des coupes drastiquesdans les dépen<strong>ses</strong> essentielles 17 .On constate, depuis quelques années, unevolatilité extrême, tant des cours du pétroleque de ceux des produits de base hors combustibles(métaux, notamment). <strong>Les</strong> paysd’Afrique aux <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> abondantesont subi une succession de cyclesd’essor/récession au cours des dernièresdécennies (graphique 4.8). Malgré deshaus<strong>ses</strong> récentes, le cours de la plupart desproduits de base hors combustibles reste inférieurà son plus haut historique en valeurréelle. Depuis une cinquante d’années, ilrecule par rapport aux prix à la consommation,au rythme d’environ -1,6 pour cent paran 18 . C<strong>et</strong>te tendance à la baisse est généralementconsidérée comme la résultanted’importants gains de productivité dansl’agriculture <strong>et</strong> le secteur des métaux parcomparaison avec le reste de l’économie.Cependant, par rapport aux prix desproduits manufacturés, les cours des produitsde base ont cessé de se replier dansles années 1990, la mondialisation croissantedes activités de transformation ayantfreiné l’inflation des prix à la production.<strong>Les</strong> métaux s’étaient appréciés de plus de75 pour cent durant les précédentes pha<strong>ses</strong>conjoncturelles ascendantes, ce qui témoignaitd’importants r<strong>et</strong>ards dans l’accroissementdes capacités de c<strong>et</strong>te branche, ainsique de la faible élasticité de la demande parrapport aux prix. Depuis cinq ans, l’évolutiondes cours des produits de base est trèsdifférente entre les sous-catégories composantl’indice hors combustibles. Ainsi, lesproduits de base hors combustibles ont augm16. Ploeg (2007)m 17. Ibid.m 18. Voir Stevens (2003)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 19 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 211E3466/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 145menté davantage que le pétrole : l’indice desmétaux a gagné 180 pour cent en valeurréelle, contre 157 pour cent pour celui dupétrole. <strong>Les</strong> denrées alimentaires <strong>et</strong> lesmatières premières agricoles ont n<strong>et</strong>tementmoins progressé (respectivement, de 20 <strong>et</strong> de4 pour cent). En conséquence, depuis 2002,les métaux ont contribué à près de 90 pourcent de la hausse réelle (de 60 pour cent envaleur cumulée) de l’indice des produits debase hors combustibles 19 .C<strong>et</strong>te hausse étonnamment forte descours des métaux est imputable, en partie, àla faiblesse de l’investissement dans ce secteurà la fin des années 1990 <strong>et</strong> au début desannées 2000, après des bais<strong>ses</strong> de cours. Certainsanalystes avancent également qu’àl’intérieur du cycle actuel, la remontée descours est amplifiée par de nouveaux facteurs :le poids de plus en plus grand des marchésémergents en croissance rapide (Chine <strong>et</strong>Inde, <strong>sur</strong>tout) au sein de l’économie mondiale<strong>et</strong> les placements financiers dans les produitsde base.Syndrome hollandais<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>s d’évictionÀ l’origine, le syndrome hollandais désignaitl’appréciation du taux de change réel, c’est-àm19. Fonds monétaire international (2006)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 20 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 58031E85/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04146 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007dire l’inflation découlant des dépen<strong>ses</strong> <strong>et</strong> provoquantune <strong>sur</strong>chauffe de l’économie ainsiqu’une hausse du taux de change nominal àme<strong>sur</strong>e qu’une monnaie nationale était deplus en plus demandée. Une telle situationentraîne généralement une contraction dusecteur exportant des produits non pétroliers,du gaz ou d’autres minéraux. Certains théoriciensutilisent le « concept du syndromehollandais » dans un sens étroit pour expliquerl’incapacité des pays aux <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> abondantes à promouvoir des activitésmanufacturières compétitives. Néanmoins,le plus souvent, le syndrome hollandaisa une acception bien plus large <strong>et</strong>englobe toutes les répercussions macroéconomiquesde la « malédiction des <strong>ressources</strong> » 20 .Ce syndrome produit deux eff<strong>et</strong>s,devenus des éléments clés de la malédictiondes <strong>ressources</strong> : le « mouvement des <strong>ressources</strong>» <strong>et</strong> les « dépen<strong>ses</strong> ». Avec le premier,le secteur des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> qui se renforcevoit son produit marginal augmenter,attirant les <strong>ressources</strong> d’autres secteurs 21 , lesquelsse contractent. Dans le second, lamanne procurée par les rec<strong>et</strong>tes stimule lademande, tant dans les secteurs exportateurs,où les prix sont en grande partie déterminéspar le marché international, que dans les secteursnon exportateurs, qui rapportent plusque les secteurs exportateurs <strong>et</strong> où se réoriententdonc les facteurs de production.D’autres dimensions du syndrome hollandais,que l’on résume par la notion decontraction des secteurs exportateurs, apparaissent.Un premier aspect de c<strong>et</strong>te évolutiondélétère se produit lorsque les subventionsdestinées à protéger les secteursexportant des produit autres que des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> (<strong>et</strong> qui sont affaiblis par leboom) aggravent les problèmes de ces secteurs<strong>et</strong> finissent par devenir ingérables. Undeuxième aspect est « l’eff<strong>et</strong> saute-mouton »,quand l’État saute la phase d’industrialisationà forte intensité de main-d’œuvre <strong>et</strong> passedirectement à une phase à forte intensité decapital, avec des conséquences négatives pourles secteurs exportateurs. Un troisième aspecta trait à l’apprentissage par la pratique 22 :onsuppose que, puisque les avantages de c<strong>et</strong>teforme d’apprentissage n’émanent que dessecteurs exportateurs, la productivité baisse sices derniers se contractent. Le quatrièmeaspect concerne l’influence des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> <strong>sur</strong> le capital social : on avance queles pays ayant peu de <strong>ressources</strong> accumulentdu capital social plus rapidement que les paysaux <strong>ressources</strong> abondantes 23 . Selon le raisonnementsous-jacent, un pays qui a peu de<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> est incité à s’industrialiserrapidement, ce qui, par suite, décourageles p<strong>et</strong>its entrepreneurs <strong>et</strong> pousse la populationà quitter les villages pour des agglomérations,où l’anonymat est plus grand <strong>et</strong> lesmarchés fonctionnent mieux. Parallèlement,c<strong>et</strong>te situation engendre un dividended’épargne via l’atténuation de la dépendancenationale.Plusieurs classements internationauxindiquent que les investisseurs privés rencontrentmanifestement davantage d’obstacles enAfrique qu’ailleurs. Une infrastructuremédiocre <strong>et</strong> un environnement d’affairesdéfavorable induisent d’importants coûtspour la création d’entrepri<strong>ses</strong>, de longs délaisd’enregistrement, des rigidités <strong>sur</strong> les marm20. Sarraf <strong>et</strong> Jiwanji (2001)m 21. Farmanesh (1991)m 22. Gylfason <strong>et</strong> al. (1997)m 23. Woollcock <strong>et</strong> al. (2001)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 21 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4A9518AF/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 147Tableau 4.4 : Abondance de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> indice de diversification, 2001-20052001 2002 2003 2004 20051- Pays riches en <strong>ressources</strong>5,5 5,1 5,1 4,5 4,1<strong>naturelles</strong>Pays exportateurs de pétrole 2,6 2,2 2,1 2,0 1,9Pays exportateurs d’autres minéraux 8,4 7,9 8,2 7,1 6,32- Pays pauvres en <strong>ressources</strong> 10,1 9,4 9,5 8,6 8,4<strong>naturelles</strong>3- Pays enclavés 4,7 4,6 4,5 4,4 4,6Pays enclavés riches en <strong>ressources</strong> 3,9 2,3 3,0 2,3 2,2<strong>naturelles</strong>Pays enclavés pauvres en <strong>ressources</strong> 4,6 4,4 3,9 4,0 3,9<strong>naturelles</strong>4- Pays côtiers 9,6 8,8 8,9 7,9 7,4Pays côtiers riches en <strong>ressources</strong>5,8 5,7 5,6 5,0 4,5<strong>naturelles</strong>Pays côtiers pauvres en <strong>ressources</strong> 13,0 11,5 11,7 10,2 9,8<strong>naturelles</strong>5- Afrique 8,2 7,6 7,7 6,9 6,6Groupe SANE 16,5 15,3 15,2 13,4 12,3Source : Organisation de coopération <strong>et</strong> de développement économiques <strong>et</strong> Banque africaine de développement(2007), Perspectives économiques en Afrique, 2007chés du travail, <strong>et</strong>c. Ce sont quelques-uns desfacteurs qui pèsent <strong>sur</strong> la diversification économiqueen Afrique, <strong>sur</strong>tout dans les paysriches en pétrole où, comme le montre clairementle tableau 4.4, l’indice de diversificationest, globalement, très inférieur à celuides pays pauvres en <strong>ressources</strong> (voir égalementgraphique 4.9). Ainsi, en 2005, c<strong>et</strong>indice n’était que de 4,1 pour le premiergroupe, contre plus du double (8,4) pour lesecond. Il est toutefois utile de noter que leproblème de la faible diversification se poseprincipalement dans les pays exportateurs depétrole (1,9 seulement en 2005). Il est moinsaigu dans les pays qui exportent d’autresminéraux (6,3).Le tableau 4.5 fait apparaître peu d’écartsde compétitivité entre les pays d’Afriqueriches <strong>et</strong> pauvres en <strong>ressources</strong>. Si les Étatsenclavés sont comparativement moins performants,les exportateurs de minéraux <strong>et</strong> lespays côtiers largement pourvus font légèrementmieux que l’ensemble du groupe despays riches en <strong>ressources</strong>.Échecs de la politique économique<strong>Les</strong> rec<strong>et</strong>tes provenant des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>m<strong>et</strong>tent en évidence les échecs desme<strong>sur</strong>es en place, notamment en ce quiconcerne l’investissement, la réforme de laréglementation <strong>et</strong> les échanges. Ce phénomèneest également lié au syndrome hollan-


JOBNAME: No Job Name PAGE: 22 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 2A51C28C/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04148 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Graphique 4.9 : Indice de diversificationPays riches en <strong>ressources</strong> Pays pauvres en <strong>ressources</strong> AfriqueTableau 4.5 : Abondance de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> indice de compétitivité, 2007Indice globalBesoin<strong>ses</strong>sentielsMoteursde l’efficienceMoteurs del’innovationScore Score Score Score1- Pays riches en <strong>ressources</strong> 3,4 3,8 3,1 3,1<strong>naturelles</strong>Pays exportateurs de pétrole 3,3 3,7 2.9 3,0Pays exportateurs d’autres3,5 3,9 3,3 3,2minéraux2- Pays pauvres en3,4 3,7 3,2 3,3<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>3- Pays enclavés 3,1 3,3 2,9 2,9Pays enclavés riches3,2 3,6 3,0 2,7en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>Pays enclavés pauvres3,0 3,2 2,9 3,0en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>4- Pays côtiers 3,7 4,0 3,3 3,4Pays côtiers riches3,5 3,9 3,2 3,2en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>Pays côtiers pauvres3,9 4,2 3,5 3,6en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>5- Afrique 3,4 3,8 3,1 3,2Groupe SANE 4,0 4,4 3,6 3,7Source : Banque mondiale <strong>et</strong> Banque africaine de développement (2007), Rapport <strong>sur</strong> la compétitivitéen Afrique


JOBNAME: No Job Name PAGE: 23 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 520AA4F6/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 149dais. Ainsi, les décisions de diversificationéconomique, c’est-à-dire les choix que l’Étatopère pour appuyer la réforme de la réglementation,le développement des compétences,l’activité des entrepri<strong>ses</strong> <strong>et</strong> l’investissementpublic dans l’infrastructure physique,telle que les ports <strong>et</strong> les routes, déterminent lafaçon dont le syndrome hollandais influe <strong>sur</strong>l’économie. Au moins deux facteurs jouentici un rôle décisif : l’eff<strong>et</strong> de l’expansion dusecteur des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> (via l’investissementpublic <strong>et</strong> la politique industrielle)<strong>sur</strong> les secteurs exportateurs par rapport auxsecteurs non exportateurs, <strong>et</strong> son impact, quivarie selon que l’action publique est orientée<strong>sur</strong> les secteurs « proches » ou « éloignés » dumarché des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> 24 .Insuffisance de la politique industrielleDans les années 1970 <strong>et</strong> 1980, en particulier,nombre de pays aux <strong>ressources</strong> abondantesont adopté une politique industrielle reposant<strong>sur</strong> le remplacement des importations <strong>et</strong><strong>sur</strong> des subventions (d’après l’argument del’industrie naissante), ainsi que <strong>sur</strong> un protectionnismecroissant. Une telle politique étaitinitialement considérée comme la solutionperm<strong>et</strong>tant de briser le cercle du sousdéveloppement,une variante de l’argumentde la « grande poussée ». Cependant, ces subventionssont devenues ingérables lorsque lesrec<strong>et</strong>tes ont diminué (récession). De plus,une fois les subventions <strong>et</strong> les mécanismesprotectionnistes en place, le flux continu derec<strong>et</strong>tes tirées des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> aréduit les incitations à instaurer un secteurmanufacturier compétitif. <strong>Les</strong> avancées économiquesdépendent largement de ce secteur,considéré par beaucoup d’économistesdu développement comme une source essentiellede progrès technologique 25 .L’assouplissement de la discipline demarché <strong>et</strong> l’accumulation de distorsions économiquesqui l’accompagne r<strong>et</strong>ardent ladiversification concurrentielle <strong>et</strong> expliquent,pour une large part, la sous-performancegénérale de bien des pays d’Afrique riches en<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, observée dans lesannées 1980 <strong>et</strong> 1990. Néanmoins, commel’ont montré les éléments empiriques exposésplus haut dans ce chapitre, certains signesindiquent que (grâce aux leçons de l’expérience)les politiques mi<strong>ses</strong> en œuvreaujourd’hui afin de profiter du boom des <strong>ressources</strong>sont plus pérennes ou, du moins,moins dommageables pour les économiesdisposant de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> en abondance.Cependant, pour tirer à c<strong>et</strong> égard uneconclusion définitive, il faudra attendre un<strong>et</strong>endance à la baisse ou l’achèvement totald’un cycle d’essor/récession.Le rôle de l’ÉtatDans la plupart des pays <strong>et</strong> des régimes juridiques,l’État est propriétaire du pétrole, dugaz <strong>et</strong> des autres produits minéraux. Puisquec’est à lui que reviennent, en premier lieu, lesrec<strong>et</strong>tes générées, il est inévitablement incitéà en dépenser une partie d’une manière oud’une autre. Comment <strong>et</strong> pourquoi c<strong>et</strong>tesituation engendre-t-elle souvent des me<strong>sur</strong>esinefficaces <strong>et</strong> une gouvernance médiocre ? Ils’agit d’un débat récurrent. Voici plusieursexplications possibles.m 24. Ploeg (2007) m 25. Ibid.


JOBNAME: No Job Name PAGE: 24 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5085D406/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04150 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Mauvaise prise de décisionSelon une première assertion, un volumesubstantiel de rec<strong>et</strong>tes exceptionnelles se traduit,globalement, par de mauvai<strong>ses</strong> décisionsdes pouvoirs publics, en raison de plusieursfacteurs 26 :c <strong>Les</strong> pha<strong>ses</strong> d’expansion du secteur des<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> accroissent lesanticipations <strong>et</strong> l’appétit de dépen<strong>ses</strong>.La promesse d’une manne financièreélargit spectaculairement les horizonsde l’État dans les pays qui exportent ces<strong>ressources</strong>. Une mentalité de l’essorinflue non seulement <strong>sur</strong> le comportementdes autorités nationales, produisantidées <strong>et</strong> plans grandio<strong>ses</strong>, mais également<strong>sur</strong> la réaction des individus.L’éthique du travail risque d’en êtresapée <strong>et</strong> d’aboutir à un recul de la productivité.c La mise en valeur du pétrole, du gaz <strong>et</strong>d’autres minéraux suscite des attentesau sein de la population, poussant lespouvoirs publics à agir, ce qui encouragedes répon<strong>ses</strong> rapides. Il en résultefréquemment des décisions hâtives,inappropriées <strong>et</strong> mal coordonnées.c L’accroissement des moyens financiersdisponibles tend à faire diminuer laprudence <strong>et</strong> la vigilance. Il arrivenotamment que l’État décide d’investirsans prêter dûment attention aux eff<strong>et</strong>sen termes de dépen<strong>ses</strong> ordinaires.c Bien souvent, les dépen<strong>ses</strong> publiquessont spectaculairement relevées, <strong>sur</strong> labase de projections de rec<strong>et</strong>tes irréalistes.Dans les pays tributaires de leurs<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, les revenus exceptionnelsfont augmenter la fois cesdépen<strong>ses</strong> <strong>et</strong> l’appétit de transferts demanière disproportionnée par rapport àl’ampleur de la hausse. <strong>Les</strong> dépen<strong>ses</strong> n<strong>et</strong>ardent donc pas à être supérieures auxrec<strong>et</strong>tes, ce qui n’empêche pas différentsintérêts <strong>et</strong> groupes de continuer àréclamer une part encore plus grandedu revenu national lorsque les rec<strong>et</strong>tesissues des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> baissent.Accentuation de la corruption<strong>et</strong> de la recherche de rente<strong>Les</strong> cycles d’essor du secteur des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> pèsent souvent <strong>sur</strong> la qualité desdépen<strong>ses</strong> publiques <strong>et</strong> favorisent la recherchede rente 27 . La centralisation <strong>et</strong>, partant,la concentration des moyens budgétaires,induit des investissements excessifs <strong>et</strong>imprudents. Il est fréquent que c<strong>et</strong> état defait aboutisse, plus ou moins n<strong>et</strong>tement, àdes erreurs de gestion <strong>et</strong> à une mauvaiseaffectation des fonds <strong>et</strong>, dans les cas les plusgraves, à une corruption massive.Le problème principal, c’est que lesrec<strong>et</strong>tes tirées des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> onttendance à remplacer des flux de revenus plusstables <strong>et</strong> plus durables, exacerbant les obstaclesau développement, à la transparence <strong>et</strong> àla responsabilisation. Lorsque ces rec<strong>et</strong>tessont relativement substantielles, la dépendancevis-à-vis des taxes prélevées dans lesautres secteurs <strong>et</strong> des autres revenus de l’Étatdécroît. En général, c<strong>et</strong>te situation libère lespays exportateurs de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> desexigences que les citoyens formulent à l’égardde la transparence <strong>et</strong> de la reddition dem 26. Voir également Ploeg (2007), Auty (2001), Auty (2004) <strong>et</strong>Stevens (2003) m 27. Ibid.


JOBNAME: No Job Name PAGE: 25 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5617375F/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 151comptes dans le cas d’une fiscalité directe. Enconséquence, les rec<strong>et</strong>tes provenant del’exportation des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> rompentdes liens importants entre la population<strong>et</strong> l’État, qui sont associés à l’intérêt public <strong>et</strong>au contrôle exercé par le grand public.Plus le budg<strong>et</strong> public est substantiel,moins les déperditions au profit de groupesd’intérêts sont perceptibles. La recherche derente est plus marquée à l’intérieur des paysaux <strong>ressources</strong> abondantes, car la richesse yest concentrée dans le secteur public (ou dansun p<strong>et</strong>it nombre d’entrepri<strong>ses</strong>). C’est pourquoiles rentes générées dans ces pays sont,pour l’essentiel, accaparées par les fonctionnaires,qui font en majorité partie desgroupes politiquement dominants. Ce comportementde recherche de rente a des conséquencesindésirables <strong>sur</strong> l’économie. Premièrement,il induit des pertes significatives pournombre de pays. Deuxièmement, il détournel’attention des objectifs de développement àlong terme, au profit d’une maximisation dela production de rentes <strong>et</strong> de leur accaparement.Troisièmement, il crée des groupesd’intérêts extrêmement puissants, qui ont lepouvoir de bloquer les réformes économiquesnécessaires. Quatrièmement, en raison del’attitude de certains de ces groupes d’intérêts,la société est confrontée à de gravesfreins à l’innovation. Cinquièmement, larecherche de rente rend plus difficile l’ajustementdes dépen<strong>ses</strong> de l’État en fonction desvariations des rec<strong>et</strong>tes publiques. Enfin, elleéquivaut à l’instauration d’un monopole, <strong>et</strong>les coûts sociaux y afférents augmentent étantdonné que s’y ajoutent les coûts visant àmaintenir ce monopole 28 .<strong>Les</strong> indicateurs de la gouvernance, quime<strong>sur</strong>ent notamment l’efficacité des pouvoirspublics, le fait d’être à l’écoute <strong>et</strong> de rendrecompte, la stabilité politique <strong>et</strong> la violence,l’État de droit, la qualité de la réglementation<strong>et</strong> la lutte contre la corruption, sont bienmoins favorables dans les pays d’Afriqueriches en pétrole (tableau 4.6). <strong>Les</strong> pays quidisposent d’autres produits minéraux enabondance affichent, <strong>et</strong> c’est peut-être <strong>sur</strong>prenant,des performances n<strong>et</strong>tement meilleuresque celles des économies pétrolières <strong>et</strong> comparablesà celles des pays pauvres en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>. On peut donc penser queces problèmes sont le plus fréquemment rencontrésdans un contexte d’exploration pétrolière,avec les revenus que c<strong>et</strong>te activitéengendre, du moins dans la phase actuelle duboom des produits de base.Mauvaise affectation des rec<strong>et</strong>tes<strong>et</strong> mauvai<strong>ses</strong> décisionsd’investissement<strong>Les</strong> études <strong>et</strong> la littérature soulignent le rôlede l’État dans la mauvaise affectation desrec<strong>et</strong>tes tirées des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> 29 .L’expansion du secteur des <strong>ressources</strong> a deseff<strong>et</strong>s négatifs, car elle incite la sphère politiqueà une redistribution inefficiente desrec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> des revenus, en échange d’un soutien.Il importe toutefois de noter que lesinstitutions en place (avant le boom des <strong>ressources</strong>)exercent une fonction cruciale, carelles déterminent dans quelle me<strong>sur</strong>e lasphère politique peut réagir à ces incitationsdélétères. Néanmoins, quel que soit le pointde départ, les pressions exercées par la populationpour que l’État relève <strong>ses</strong> dépen<strong>ses</strong> sontm 28. Voir Stevens (2003) m 29. Ibid.


JOBNAME: No Job Name PAGE: 26 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 49DBE2BB/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04152 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Tableau 4.6 : Abondance de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> indicateurs de la gouvernanceÊtreà l’écoute<strong>et</strong> rendrecompteStabilitépolitiqueEfficacitédespouvoirspublicsQualitéde laréglementationÉtat dedroitLuttecontre lacorruption2006 2006 2006 2006 2006 20061- Pays riches en-0,8 -0,7 -0,8 -0,7 -0,9 -0,8<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>Pays exportateurs de -1,3 -1,0 -1,0 -1,0 -1,1 -1,0pétrolePays exportateurs-0,4 -0,3 -0,5 -0,5 -0,6 -0,5d’autres minéraux2- Pays pauvres en -0,5 -0,4 -0,7 -0,7 -0,6 -0,5<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>3- Pays enclavés -0,6 -0,6 -0,7 -0,7 -0,7 -0,6Pays enclavés riches en -0,6 -0,5 -0,7 -0,6 -0,7 -0,6<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>Pays enclavés pauvres -0,5 -0,6 -0,7 -0,6 -0,6 -0,7en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>4- Pays côtiers -0,6 -0,4 -0,7 -0,7 -0,7 -0,6Pays côtiers riches en -0,9 -0,7 -0,8 -0,8 -0,9 -0,8<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>Pays côtiers pauvres en -0,4 -0,3 -0,6 -0,7 -0,5 -0,4<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>5- Afrique -0,6 -0,5 -0,7 -0,7 -0,7 -0,6Groupe SANE -0,5 -1,0 -0,2 -0,3 -0,4 -0,4Source : Kaufmann, D., Kraay, A. <strong>et</strong> Mastruzzi, M. (2007)susceptibles d’être substantielles, conduisantà une redistribution inefficiente, sous laforme de dispositifs pour l’emploi public, desubventions aux agriculteurs, d’une réglementationdu marché du travail <strong>et</strong> d’une protectionde l’économie nationale contre laconcurrence internationale.Eff<strong>et</strong>s socioculturels<strong>et</strong> politiquesComme indiqué plus haut, les pays comptantde nombreu<strong>ses</strong> sources ponctuelles de <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> (pétrole <strong>et</strong> autres minéraux)ont tendance à m<strong>et</strong>tre en œuvre despolitiques moins prudentes <strong>et</strong> à afficher unegouvernance médiocre. Leurs capacités institutionnellessont, en outre, généralementplus faibles. Par essence, les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>sont souvent associées à des institutionsfragiles 30 . Certaines des cau<strong>ses</strong> de c<strong>et</strong>te relation<strong>et</strong> des réflexions <strong>sur</strong> les solutions quim 30. Voir Stevens (2003)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 27 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 55D76AD0/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 153pourraient perm<strong>et</strong>tre d’y parer sont analyséesci-après.<strong>Les</strong> revenus issus des <strong>ressources</strong> constituentune invitation à un lobbying non productif<strong>et</strong> à la recherche de rente. C’est dansles pays dotés d’institutions « favorables auxprofiteurs » que ce problème est le plus fréquent.Ceux dont les institutions sont « favorablesaux producteurs » ne sont pas habituellementfrappés par c<strong>et</strong>te malédiction. End’autres termes, les pays qui ont pu échapperà c<strong>et</strong>te malédiction pendant les précédentscycles de hausse des <strong>ressources</strong> y sont parvenusparce que leurs institutions étaienttransparentes <strong>et</strong> saines, <strong>et</strong> parce qu’ils avaientpris certaines me<strong>sur</strong>es, notamment pour renforcerleurs institutions, pour limiter l’incidencede c<strong>et</strong>te manne financière <strong>et</strong> les dommagesqu’elle provoque.Par ailleurs, il est affirmé que les pays oùla gouvernance (<strong>et</strong> donc la transparence) estinitialement médiocre ont beaucoup plus derisques de voir les rec<strong>et</strong>tes exceptionnellesqu’ils tirent de leurs <strong>ressources</strong> entraîner unesituation catastrophique (encadré 4.2). Onconstate en eff<strong>et</strong> que la gouvernance est susceptiblede se dégrader encore plus lors d’unephase d’expansion du secteur des <strong>ressources</strong>,même si elle part d’un niveau faible. La gouvernance<strong>et</strong> l’efficacité des dépen<strong>ses</strong> publiquesjouent par conséquent un rôle fondamentaldans le niveau de vie <strong>et</strong> l’activité du secteurprivé, <strong>et</strong>, le secteur public pesant d’un grandpoids dans l’économie, la croissance de sapropre productivité est essentielle à la croissanceglobale. C’est pourquoi l’État doit viserdes objectifs nationaux généraux, <strong>et</strong> doncrendre des comptes aux citoyens, indépendammentde <strong>ses</strong> propres intérêts <strong>et</strong> aspirations.De piètres performances économiquespendant les précédents cycles d’essor du secteurdes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> soulignentl’importance de politiques macroéconomiques<strong>et</strong> d’institutions solides. <strong>Les</strong> grands proj<strong>et</strong>sd’investissement public des années 1970<strong>et</strong> 1980, périodes pendant lesquelles la gouvernance<strong>et</strong> les institutions étaient extrêmementfragiles dans la majeure partie del’Afrique, étaient souvent lancés sans guèred’analy<strong>ses</strong> approfondies ou d’obligation derendre des comptes. Leur rentabilité étaitdonc peu élevée. Pendant ce temps, dans plusieurspays de la région, la mauvaise gestionmacroéconomique des cycles de cours des<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> a provoqué une viveappréciation des taux de change, une érosionde la compétitivité des secteurs non pétroliers<strong>et</strong> une forte inflation. Nombre d’économiesd’Afrique capitalisant <strong>sur</strong> leurs <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> pour obtenir des prêts de fournisseursou de pays étrangers, leur d<strong>et</strong>te extérieures’est brusquement envolée au débutdes années 1990, largement au-dessus de100 pour cent du PIB, <strong>et</strong> a conduit, dans laplupart des cas, à un niveau d’end<strong>et</strong>tementexterne intenable. Ces déséquilibres macroéconomiquesont fini par appeler des ajustementstrès douloureux : contraction brutaledes budg<strong>et</strong>s, libéralisation des flux commerciaux,correction du taux de change <strong>et</strong> rééchelonnementde la d<strong>et</strong>te, notamment 31 .De <strong>sur</strong>croît, en présence d’institutionsfragiles <strong>et</strong> de dysfonctionnements du systèmejuridique, la recherche de rente rapportedavantage <strong>et</strong> les délits, la corruption, lespri<strong>ses</strong> de contrôle abusives, ainsi que d’autrespratiques douteu<strong>ses</strong>, se multiplient. Lam 31. Collier <strong>et</strong> Goderis (2007)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 28 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5E825A39/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04154 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Encadré 4.2 : Gouvernance <strong>et</strong> transparenceDans le domaine de l’exploitation <strong>et</strong> de lagestion des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, la gouvernancereste le défi suprême <strong>et</strong> le plus difficile àrelever. Même si c’est en premier lieu aux paysafricains d’administrer avec transparence,équité <strong>et</strong> responsabilité les revenus que leurs<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> leur procurent, ils neconstituent qu’un élément d’un maillage complexed’intérêts <strong>et</strong> de relations, dont font aussipartie les entrepri<strong>ses</strong> d’extraction multinationales,les États étrangers <strong>et</strong> les acteurs régionaux.On peut résumer ainsi les principauxproblèmes de gouvernance que rencontrentles pays aux <strong>ressources</strong> abondantes :Sources : Fondation Heinrich Böll (2007) ; Alley <strong>et</strong> al. (2007)TransparenceLa transparence joue un rôle clé dans l’instaurationde structures de gouvernance responsables<strong>et</strong> dans la lutte contre la corruption.Elle doit cependant commencer avec le contratde concession lui-même, ainsi qu’avec lesrec<strong>et</strong>tes tirées de la vente des <strong>ressources</strong> :(1) Lorsqu’elle entache l’attribution decontrats de concession portant <strong>sur</strong> des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>, la corruption sape non seulementla gouvernance dans les pays richementdotés, mais pèse aussi <strong>sur</strong> les citoyens.De multiples éléments montrent que les conditionsd’attribution sont opaques <strong>et</strong> que la corruptiony tient une large place.(2) <strong>Les</strong> contrats de concession comportentsouvent des clau<strong>ses</strong> de confidentialité <strong>et</strong> nepeuvent donc pas faire l’obj<strong>et</strong> d’une vérificationpublique. Or, s’ils ne connaissent pas lesdétails des accords signés par leur pays, lescitoyens ne disposent d’aucun moyen pourobliger leurs dirigeants politiques à rendre descomptes.(3) La transparence est tout aussi importantepour les flux de revenus issus des<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> entre les sociétésd’extraction <strong>et</strong> le pays hôte. Si les entrepri<strong>ses</strong>publient les montants qu’elles versent <strong>et</strong> lepays ce qu’il gagne, on peut vérifier ces flux<strong>et</strong> tenir le pays pour responsable de leurgestion durable, ainsi que d’une distributionéquitable de c<strong>et</strong>te richesse.manne procurée par les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>accroît le nombre des chercheurs de rente <strong>et</strong>réduit celui des entrepreneurs productifs. Àlong terme, les bénéfices diminuent <strong>et</strong> l’économiese détériore. La faiblesse des institutionspeut expliquer les médiocres résultatsde pays pétroliers, tels que l’Angola, leNigeria <strong>et</strong> le Soudan, de pays riches en diamants,comme la Sierra Leone, le Liberia <strong>et</strong> leCongo, <strong>et</strong> des narco-États, à l’instar de laColombie <strong>et</strong> de l’Afghanistan. Voilà pourquoi,si les institutions sont fragiles <strong>et</strong> lesconditions défavorables, la dépendance àl’égard du pétrole ou d’autres <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> s’opère au détriment de la démocratie<strong>et</strong> de la qualité de la gouvernance 32 .Le fait qu’il soit communément admisque bien des pays d’Afrique pâtissent d’institutionsrelativement fragiles, d’un développementhumain faible <strong>et</strong> d’une gouvernancemédiocre suscite beaucoup d’interrogationsquant à l’influence que la phase actuelled’appréciation des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> vaexercer <strong>sur</strong> le développement dans les partiesde l’Afrique riches en <strong>ressources</strong>. Cependant,les données recueillies à ce jour (voir sectionsprécédentes) ne sont pas toutes découram32. Ross (1999) <strong>et</strong> Ploeg (2007)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 29 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 43E9F5C1/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 155Tableau 4.7 : Guerres civiles liées aux <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, 1990-2002Pays Période Ressources <strong>naturelles</strong>Afghanistan 1978-2001 Pierres précieu<strong>ses</strong>, opiumAngola 1975-2002 Pétrole, diamantsAngola (Cabinda) 1975- PétroleCambodge 1978-97 Bois, pierres précieu<strong>ses</strong>Colombie 1984- Pétrole, or, cocaCongo, Rép. 1997 PétroleCongo, Rép. dém. 1996-97 Cuivre, coltan, diamants, or, cobaltCongo, Rép. dém. 1998- Cuivre, coltan, diamants, or, cobaltIndonésie (Acèh) 1975- Gaz naturel, marijuanaIndonésie (Papouasie occidentale) 1969- Cuivre, orLiberia 1989-96 Bois, diamants, fer, huile de palme,cacao, café, marijuana, caoutchouc, orMaroc 1975- Phosphates, pétroleMyanmar 1949- Bois, étain, pierres précieu<strong>ses</strong>, opiumPapouasie-Nouvelle-Guinée 1988- Cuivre, orPérou 1980-1995 CocaSierra Leone 1991-2000 DiamantsSoudan 1983- PétroleSource : Ross (2004), What do we know about natural resources and civil war ?geantes, <strong>et</strong>, comme souligné plus haut, plusieurspays africains aux <strong>ressources</strong> abondantesont mis en place des institutionssolides <strong>et</strong> bénéficient d’une forte croissancede leur économie <strong>et</strong> de leur développementhumain.Guerres civiles <strong>et</strong> autres formesde conflitIl apparaît clairement que l’abondance de <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> accroît l’incidence desconflits civils <strong>et</strong> des guerres, <strong>et</strong> incite à laviolence, au vol, au pillage <strong>et</strong> aux luttes entregroupes rivaux 33 . Plus de la moitié desconflits énumérés au tableau 4.7 (voir égalementgraphique 4.10) sont localisés enAfrique. Puisque de nombreux pays africainssont fortement tributaires de leurs exportationsde pétrole, de gaz <strong>et</strong> de minéraux, ilssont plus suj<strong>et</strong>s que les autres aux conflits liésaux <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> (tableau 4.8). Réciproquement,l’abondance minérale de larégion perm<strong>et</strong> d’expliquer pourquoi uneproportion considérable des guerres civiles dela planète s’est concentrée <strong>sur</strong> ce continent.En outre, si c<strong>et</strong>te richesse minérale est assom33. Voir, par exemple, Collier <strong>et</strong> Hoeffler (2004), (2005) ;Anyanwu (2002) ; Hodler (2006).


JOBNAME: No Job Name PAGE: 30 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 3CF3C754/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04156 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Tableau 4.8 : Classement des pays en fonction de leur dépendancevis-à-vis des <strong>ressources</strong> minérales, 2000Classement Pays Dépendanceaux mineraisNombre deconflits entre1990 <strong>et</strong> 20001 Bahreïn 63,44 02 Qatar 53,37 03 Turkménistan 49,91 04 Gabon 48,83 05 Nigeria 48,75 36 Arabie saoudite 44,74 07 Papouasie-Nouvelle-Guinée 41,52 08 Trinité-<strong>et</strong>-Tobago 41,16 09 Congo, Rép. 41,07 910 Brunei 37,65 011 Kazakhstan 36,11 012 Libye 35,91 313 Algérie 35,75 2714 Botswana 35,10 015 Koweït 32,41 316 Azerbaïdjan 28,83 917 Angola 27,88 7418 Zambie 27,12 019 Liberia 26,76 1420 Norvège 25,97 021 Oman 25,65 022 Iran, Rép. islamique 25,55 4223 Mongolie 25,45 024 Fédération de Russie 25,38 1525 Venezuela, R.B. 23,54 026 Yémen, Rép. 22,32 227 Émirats arabes unis 22,13 0Source : Ross (2004), What do we know about natural resources and civil war ?ciée au déclenchement de conflits non séparatistes,des éléments tendent à prouver queces guerres <strong>et</strong> conflits ont pu être prolongéspar le recours à des « contrats à terme <strong>sur</strong>butin », c’est-à-dire un droit accordé àl’avance par un groupe rebelle (ou parfois parl’État) à des entrepri<strong>ses</strong> pour l’exploitationdes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> dans des régionsdont les rebelles escomptent se rendre maîtreau cours d’un conflit. Cependant, il convientde noter que ce phénomène s’explique aussipar la persistance de la pauvr<strong>et</strong>é en Afrique,


JOBNAME: No Job Name PAGE: 31 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5762D588/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 157sachant que celle-ci accroît significativementle risque de guerre civile. Bien que leurnombre ait eu tendance à baisser ces dernièresannées, il ne faut pas oublier que ce continenta essuyé sept guerres civiles dans lesannées 1970, huit dans les années 1980 <strong>et</strong>quatorze dans les années 1990 34 .Au total, entre les années 1960, époque àlaquelle la plupart des pays africains ontgagné leur indépendance, <strong>et</strong> les années 1990,on a dénombré plus de 80 changements degouvernement opérés dans la violence <strong>sur</strong> lecontinent. L’un après l’autre, les pays se sontengagés dans des luttes intestines, des conflitsou une guerre civile 35 .Quelques caractéristiques saillantes distinguentles conflits <strong>sur</strong>venus en Afriqueaprès la guerre froide :1) fles <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> font partie desparamètres clés du conflit, que la situationsoit celle d’une abondance de <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> (pétrole ou autres minéraux) oud’un manque (terre), ou parfois les deux,comme dans le cas du Soudan (présence depétrole au Sud-Soudan <strong>et</strong> manque de terresau Darfour), <strong>et</strong>2) Ces conflits font intervenir des acteursnon étatiques, des combattants non professionnelsou des guerriers qui défient souventl’autorité <strong>et</strong> la légitimité d’États fragiles,d’acteurs régionaux <strong>et</strong> d’États voisins, ainsique des forces internationales <strong>et</strong> des réseaux.<strong>Les</strong> conflits ayant pour origine la nature,y compris les affrontements violents, guerresciviles <strong>et</strong> mouvements séparatistes, ont doncété monnaie courante en Afrique. <strong>Les</strong> conflitsm 34. Ross (2003) ; Collier <strong>et</strong> Hoeffler (2004), (2005) ; Hodler(2006)m 35. Adedeji (1999)autour des « diamants du sang » en SierraLeone <strong>et</strong> en Angola, du « bois de conflit » auLiberia, du pétrole au Nigeria <strong>et</strong> au Soudan,<strong>et</strong> des minerais en République démocratiquedu Congo en sont des exemples connus 36 .Cependant, les différends locaux portant <strong>sur</strong>la terre, l’eau, la faune <strong>et</strong> la forêt sont, enréalité, beaucoup plus fréquentes. Dans biendes endroits, ils <strong>sur</strong>chargent les tribunauxruraux <strong>et</strong> les plateformes de médiation traditionnelles37 .Complexes, les guerres civiles en Afriqu<strong>et</strong>rouvent leur origine dans une combinaisonde facteurs, que ce soit dans des pays richesou pauvres en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>. Cependant,des données empiriques de plus en plusnombreu<strong>ses</strong> tendent à montrer que les rentesissues des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> des produitsprimaires, en particulier le pétrole <strong>et</strong> aut<strong>ressources</strong> ponctuelles de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>,augmentent les risques de conflit civil <strong>et</strong> deguerre (<strong>sur</strong>tout en Afrique subsaharienne),car elles affaiblissent l’État ou financent lesrebellions. Parfois, c<strong>et</strong>te situation peut mêmeêtre liée à des engagements par les multinationales.Il importe de découvrir si les luttes<strong>et</strong> guerres civiles sont le résultat de griefs, d’unsentiment d’injustice quant à la manière dontun groupe social est traité (discriminationéconomique systématique, par exemple) oude l’avidité que peuvent susciter les rentesmassives tirées des sources ponctuelles de <strong>ressources</strong>,comme l’illustrent habituellementles cas de l’Angola, du Congo <strong>et</strong> de la SierraLeone 38 .m 36. Bannon <strong>et</strong> Collier (2003) ; Lind <strong>et</strong> Sturman (2002) ; Cilliers<strong>et</strong> Di<strong>et</strong>rich (2000) ; Reno (2000) ; Lipschutz (1987)m 37. Wolf <strong>et</strong> al. (2005) ; Veit <strong>et</strong> Benson (2004) ; LHRC (2003) ;Newmann (1998) ; Shivji (1998) ; Shivji <strong>et</strong> Kapinga (1998) ; Lane(1996)m 38. Murshed (2002) ; Olsson <strong>et</strong> Fors (2004)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 32 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 26B69599/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04158 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Graphique 4.10 : Ressources <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> conflitsSaharaOccidentalMarocAlgérieLibyeÉgypteMauritanieSénégalGambie CasamanceGuinée-Bissau GuinéeSierraLeoneLiberiaRoutesprincipalesCapitalesCabindaRessources énergétiquesAngolaPétroles <strong>et</strong> Uranium Charbongaz naturelPrincipales <strong>ressources</strong> minéralesDiamantCobaltÉtainFerOrPlatineCuivre Manganèse PlombChromite Nickel <strong>et</strong> zincZones « productives » d'AfriqueProduction pétrolièreProduction minièreMaliBurkina fasoBéninGhanaTogoCôted'ivoireOcéanAtlantiqueZones « instables » d'Afrique en 2000Conflits en cours en 2000Tension sensible ou instabilité politiqueSituation politique relativement stableNigerNigeriaCamerounTchadRépubliqueCentrafricaineSoudanMerRougeÉrythréeGuinéeRépublique OugandaÉquatorialeKenyaCongo DémocratiqueGabondu Congo RwandaBurundiTanzanieAngolaNamibieZimbabweBostwanaAfriquedu SudZambie<strong>Les</strong>othoMalawiSwazilandÉthiopieMozambiqueDjiboutiSomalieOcéanIndienMadagascarSource : Department for International Development (2006)Selon d’autres études 39 , le facteur quiinflue le plus <strong>sur</strong> le risque de conflit est leniveau de dépendance du pays vis-à-vis desexportations de produits primaires, <strong>et</strong> l’eff<strong>et</strong>n’est pas linéaire. Ainsi, un pays qui ne disposed’aucune ressource naturelle a une probabilitéde connaître un conflit civil de seulement0,5 pour cent, tandis que, pour un paysdont les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> comptent pourplus de 25 pour cent dans le PIB, la probabilitépasse à 23 pour cent. C<strong>et</strong>te comparaisonlaisse à penser que la majorité des conflitss’explique davantage par l’avidité que par desgriefs. À partir de ces résultats, les différentesm 39. Collier <strong>et</strong> Hoeffler (2004) ; (2005)variantes de la théorie de la « malédiction des<strong>ressources</strong> » attribuent la piètre exploitationdes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> dans les pays dépendantde ces <strong>ressources</strong> soit aux penchants« prédateurs » de l’État, soit à l’« avidité » desrebelles. Si l’on laisse de côté des résultatsempiriques qui tendent à indiquer lecontraire, c<strong>et</strong>te conceptualisation laisse percevoirun comportement irrationnel desprincipaux acteurs participant au contrôle <strong>et</strong>à la gestion des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>.Néanmoins, les explications ci-dessusnégligent un point crucial : le gaspillage <strong>et</strong> ladégradation des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> dans lespays suj<strong>et</strong>s à conflits sont, la plupart dutemps, imputables à des dysfonctionnements


JOBNAME: No Job Name PAGE: 33 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5643B4BF/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 159de l’État. Parfois, les responsables politiquesimpulsent une exploitation irraisonnée des<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> ou s’engagent dans c<strong>et</strong>tevoie, cherchant à atteindre des objectifs économiquesou politiques qui sont, en théorie,sans rapport avec le secteur des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>. Même certains groupes rebelles,selon la puissance de leur structure organisationnelle,peuvent tendre vers divers objectifspolitiques ou programmatiques plus vastes 40 .Comme indiqué plus haut, les donnéesempiriques suggèrent également avec forcequ’un conflit <strong>sur</strong>gira plus vraisemblablementdans des pays dont le PIB par habitant <strong>et</strong> lacroissance sont faibles. <strong>Les</strong> trois facteurs quidéterminent le déclenchement d’un conflitarmé (<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, bas revenu parhabitant <strong>et</strong> faible croissance) sont prédominantsdans de vastes parties du continent. Lalittérature 41 m<strong>et</strong> en lumière d’autres élémentsqui peuvent être significatifs, tels que la religion<strong>et</strong> l’inégalité verticale <strong>et</strong> horizontale. <strong>Les</strong>conflits au Rwanda <strong>et</strong> au Burundi, parexemple, n’ont pas été, en premier lieu,motivés par des facteurs économiques.L’eff<strong>et</strong> des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>sur</strong> l’incidence<strong>et</strong> la durée des guerres civiles figureégalement en bonne place dans la littératurede science politique 42 . Dans des pays divisés,de nombreux groupes rivaux qui luttent pours’arroger les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> risquentfort de porter atteinte à la qualité du systèmejuridique <strong>et</strong> donc de comprom<strong>et</strong>tre les droitsde propriété. Le manque à gagner qui enrésulte en termes de production <strong>sur</strong>passel’accroissement de la production dû au boomdes <strong>ressources</strong>. <strong>Les</strong> dissensions <strong>et</strong> les luttespour les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> peuvent ainsiconduire à la dissipation de rentes. Lorsqueles <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> sont abondantes,l’érosion des droits de propriété peut aisémentdéclencher une malédiction des <strong>ressources</strong>,<strong>sur</strong>tout si les groupes rivaux sontnombreux 43 . En eff<strong>et</strong>, chacun d’entre euxcherche à s’approprier le plus de <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> en se battant davantage, <strong>et</strong> commele système juridique n’est pas solide, ilsrem<strong>et</strong>tent en cause les droits de propriétéeffectifs. Des données observées <strong>sur</strong> plusieurspays indiquent que la malédiction des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> est plus aiguë dans les paysqui comptent de multiples groupes <strong>et</strong>hniquesou religieux <strong>et</strong> de nombreu<strong>ses</strong> langues.La présence de <strong>ressources</strong> faciles à piller,telles que les pierres précieu<strong>ses</strong>, a tendance àprolonger les conflits, notamment lorsque lesgroupes rebelles se battent contre les dirigeants<strong>et</strong> leurs partisans pour le contrôle desources ponctuelles de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>.Ainsi, hormis en Afrique du Sud, auBotswana <strong>et</strong> en Namibie, l’abondance de diamants<strong>sur</strong> le continent africain a généralementconduit à un recul de la croissance, leplus souvent dans des pays aux institutionspeu solides 44 .Gestion de la richess<strong>et</strong>irée des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>dans les États fragiles africainsEn Afrique, le nombre d’États fragiles estconsidérable, de loin le plus élevé par rapportaux autres continents. Si l’on trouve plusieursdéfinitions d’un État fragile, le plus imporm40. Weinstein (2005)m 41. Voir, par exemple, Stewart (2000 ; 2002)m 42. Voir, par exemple, Ross (2004) ; Fearon <strong>et</strong> Laitin (2003)m 43. Hodler (2006)m 44. Ollson (2007)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 34 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5679B6EA/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04160 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007tant, dans le contexte du présent Rapport, estque les pays disposant d’importantes <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> mais qui enregistrent demédiocres performances sont bien souventaussi des pays communément désignéscomme fragiles. Cependant, c<strong>et</strong>te fragilitérevêt différentes formes dans différents pays,mais aussi dans un même pays à des époquesdifférentes. Il existe des écarts importants entermes d’environnement politique <strong>et</strong> de sécuritépublique, de capacités institutionnelles <strong>et</strong>de performances, de responsabilité publique<strong>et</strong> d’engagement à progresser suivant un axede réformes crédible. Ces différences comportentdes implications considérables quantau champ <strong>et</strong> à la nature de l’engagement despartenaires au développement. En eff<strong>et</strong>,l’expérience montre que, souvent, uneapproche uniforme appliquée à des contextestrès variés ne produit pas les eff<strong>et</strong>s désirés <strong>et</strong>écarte toute forme d’engagement sélectif quiserait à la fois justifié <strong>et</strong> efficace 45 .En opérant une catégorisation sommaire,on peut considérer que ces contextes de fragilitésuivent typiquement un continuum desituations : détérioration marquée, conflitactif ou prolongation de la crise, situationpostcrise <strong>et</strong> transition, <strong>et</strong>, enfin, améliorationprogressive (graphique 4.11). C<strong>et</strong>te catégorisationdéfinit également, en termes génériques,les axes stratégiques par lesquels le gouvernement<strong>et</strong> les donateurs peuvent soutenirle développement dans les États fragiles. Il vasans dire que, pour les pays richementpourvus en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, le secteurdes <strong>ressources</strong> constitue un point focal extrêmementimportant, compte tenu del’ensemble des opportunités <strong>et</strong> des difficultésm45. Banque africaine de développement (2007c)induites par c<strong>et</strong>te richesse en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>(voir plus haut).En réalité, la progression le long de cecontinuum (graphique 4.11) n’est ni automatiqueni unidirectionnelle : les pays peuventavancer <strong>et</strong> reculer entre ces différentsniveaux de fragilité. L’objectif est d’empêcherles pays à risque de déraper, <strong>et</strong> d’épauler ceuxqui ont traversé un conflit ou une crise pourqu’ils renouent avec un développement économique<strong>et</strong> politique plus stable. Aider lespays (qu’ils soient riches ou pauvres en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>) à progresser entre ces différentespha<strong>ses</strong> requiert un effort stratégiquecoordonné à l’échelle internationale quicouvre la politique, la sécurité <strong>et</strong> les domainessocio-économiques d’un pays. La clé, à c<strong>et</strong>égard, consiste à développer une réponseflexible <strong>et</strong> différenciée.L’étude de la gestion des <strong>ressources</strong>minières (<strong>et</strong> pétrolières) dans les États fragilesindique clairement que celle-ci est largementfaçonnée par quatre paramètres interdépendants,définis par les interactions entre lapuissance publique, la contestation <strong>et</strong> leconflit relatif au contrôle des <strong>ressources</strong>minérales. Il s’agit (1) des dysfonctionnementsde la politique publique, (2) de la prédationétatique, où la recherche de rentes <strong>ses</strong>ubstitue à la production de revenus, (3) deséconomies (parallèles) de guerre dominéespar les rebelles, <strong>et</strong> (4) des intérêts acquis desacteurs régionaux <strong>et</strong> internationaux. Deux deces paramètres ont déjà été traités dans dessections antérieures de ce chapitre. L’analysequi suit s’intéresse avant tout à la prédationétatique <strong>et</strong> aux acteurs internationaux.Prédation étatiqueL’accession à l’indépendance politique n’apas transformé le fonctionnement de bon


JOBNAME: No Job Name PAGE: 35 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 1FDF8AC6/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 161Graphique 4.11 : Le concept d'État fragileDétériorationmarquéeConflit actif <strong>et</strong>/ouprolongation de la criseSituation postcrise/transitionAméliorationprogressiveDysfonctionnementde la gestion économique<strong>et</strong> financièreCorruption significative <strong>et</strong>mauvaise gouvernanceAbsence de consensus entreles partenaires <strong>et</strong> les pouvoirspublics <strong>sur</strong> les priorités pour ledéveloppementDégradation des indicateurséconomiques <strong>et</strong> sociauxAbsence de gouvernementlégitimeDéfaillance de l'administrationen placeConflit civil <strong>et</strong>/ou impassepolitique nationaleSanctions internationales<strong>et</strong>/ou par les IFIInversions marquéesdes indicateurs économiques<strong>et</strong> sociauxSituation postconflit aprèsaccord de paix, phase dereconstructionTransition politique/postcriseaprès réconciliation ou accordSituation globalementstabiliséAmélioration des fonctionsgouvernementalesPrésence de réformesmacroéconomiques, durelèvement du soutiendes donateursRestauration de tendancespositives dans les principauxindicateurs sociaux <strong>et</strong> derevenus quoique lentement<strong>et</strong> avec parfois, des inversionsAmélioration de l'accès auxfinancement extérieursApproche stratégiquePriorité à la prévention– dialogue <strong>sur</strong> les politiquesPriorité à l'améliorationde la gouvernance– soutienRenforcement de la basede connaissancesMaintien de l'engagement– dialogue <strong>sur</strong> les politiquesReconstructionpostconflit/postcrisePriorité à l'inversion destendances <strong>et</strong> à l'améliorationdes performancesStabilisation– dialogue <strong>sur</strong> les politiquesAmélioration des performances,réformes <strong>et</strong> normalisationSources : Banque Africaine de développement (2007c) : Engagement renforcé dans les États fragiles, document de discussionnombre des États africains, qui ont continuéà faire usage de la force <strong>et</strong> à être autoritaires.Ainsi, au lieu de transformer l’État <strong>et</strong> de faireen sorte qu’il satisfasse aux besoins <strong>et</strong> aspirationsde la population, les leaders qui ontémergé à l’ère postcoloniale se sont contentésd’employer les énormes structures autoritairesde l’État pour s’en approprier les gainséconomiques à des fins personnelles. En réactionaux vecteurs de mondialisation (fin de laguerre froide, pressions grandissantes auprofit de la libéralisation politique <strong>et</strong> économique,mais aussi résistance interne accrue <strong>et</strong>revendications de démocratisation), de nombreuxrégimes recourent à la répression <strong>et</strong> à laprédation. Un État prédateur se caractérisepar la concentration des pouvoirs au somm<strong>et</strong><strong>et</strong> la délégation à des personnes choisies,appliquée au moyen d’une répression impitoyable.Dans ce contexte, les incitations économiquesoffertes aux agents de l’État <strong>et</strong> lacorruption généralisée sont monnaie couranteparmi les pouvoirs publics 46 .Un régime prédateur a deux grandesconséquences <strong>sur</strong> la richesse que représententm 46. Castells (2000)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 36 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 565B103B/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04162 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> la gestion desrec<strong>et</strong>tes dans la plupart des États fragiles. Premièrement,l’accès au pouvoir équivaut àl’accès à la richesse <strong>et</strong> aux sources de richesse àvenir. Deuxièmement, le soutien politique seconstruit <strong>sur</strong> le clientélisme, qui m<strong>et</strong> en relationles détenteurs du pouvoir <strong>et</strong> certains segmentsde la population. La préoccupation desdiver<strong>ses</strong> élites, qui ont, au final, des liens avecle somm<strong>et</strong> de l’État, est de savoir comments’allier le soutien de leur base de clientèle <strong>et</strong> laconsolider, tout en optimisant la quantité de<strong>ressources</strong> nécessaire pour obtenir ce soutien.Ces réseaux sont constitués selon des axes<strong>et</strong>hniques, régionaux, territoriaux, religieux<strong>et</strong> économiques 47 .<strong>Les</strong> États prédateurs recourent à différentesstratégies, violentes ou non, pour gérerles <strong>ressources</strong> minérales, en particulier pétrolières,<strong>et</strong> pour s’approprier les rec<strong>et</strong>tes tiréesde leur exploitation <strong>et</strong> de leur vente. Puisqueles minéraux sont extraits <strong>sur</strong> des sitesenclavés, qui parfois ne sont pas situés <strong>sur</strong> laterre ferme, la stratégie habituelle consiste ànégocier des redevances <strong>et</strong> d’autres accordsdirectement avec les entrepri<strong>ses</strong> étrangères.Ces transactions sont souvent opaques, desorte qu’il est difficile, si ce n’est impossible,de <strong>sur</strong>veiller les montants générés <strong>et</strong> l’utilisationqui en est faite. D’après les spécialistes del’industrie pétrolière, les pays de l’OPEP(Organisation des pays exportateurs depétrole), consacrent, en moyenne, environ75 pour cent de leurs rec<strong>et</strong>tes pétrolières aubudg<strong>et</strong> de l’État, pour les charges d’exploitation.Dans le cas des producteurs de pétroleafricains, c<strong>et</strong>te proportion, même dans lemeilleur des cas, s’établit entre 55 <strong>et</strong> 70 pourcent. La différence représente la part de profitssupplémentaire que se partagent les compagniespétrolières <strong>et</strong> les élites africaines. Despratiques analogues ont pu être observéesdans la gestion des mines d’uranium auNiger, de phosphates au Togo <strong>et</strong> de bauxite<strong>et</strong> d’aluminium en Guinée. Seules de maigresrec<strong>et</strong>tes arrivent jusque dans les cais<strong>ses</strong> publiques,si tant est qu’elles y parviennent. <strong>Les</strong>véritables redevances sont versées directement<strong>sur</strong> les comptes bancaires, à l’étranger,des dirigeants politiques 48 .Intérêts acquis des acteursinternationaux <strong>et</strong> régionauxLe pillage des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> n’est pastoujours le fait des seuls groupes en lutte àl’intérieur d’un État fragile donné, mais quelquefoisaussi de pays voisins. <strong>Les</strong> acteursrégionaux participent désormais à l’exploitationdes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> d’un État voisinvia (1) les processus interdépendants de proliférationd’« économies de guerre » <strong>et</strong> desconflits régionaux, <strong>et</strong> (2) l’intervention militairedirecte en soutien au gouvernement enplace ou aux in<strong>sur</strong>gés armés.La fragilité de l’État ou <strong>ses</strong> dysfonctionnementssont à l’origine d’un certain nombred’eff<strong>et</strong>s que ressentent, par ricoch<strong>et</strong>, d’autresÉtats de la région. Économies de guerre ouéconomies parallèles en sont les conséquencesdirectes. Au Liberia <strong>et</strong> en Sierra Leone, parexemple, du fait de ces interdépendances,d’immen<strong>ses</strong> quantités de diamants <strong>et</strong> de boisont été sorties en contrebande par desmineurs ou des entrepreneurs opérant dansl’économie parallèle 49 . Un aspect importantdes <strong>ressources</strong> <strong>et</strong> des conflits a trait au rôle dem47. Ibid.m 48. Hibou (1999)m 49. Humphreys (2005)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 37 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 54D803A3/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 163gouvernements tiers cherchant à profiter deleurs voisins richement pourvus en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>. De tous les conflits qui se sontdéroulés en Afrique après la guerre froide,aucun ne reflète mieux les complexités desrelations entre <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> conflitsque la guerre civile en République démocratiquedu Congo, appelée la première « guerremondiale africaine ».<strong>Les</strong> pratiques professionnelles des acteursinternationaux constituent un autre problème.Depuis la fin de la deuxième guerremondiale, l’implication étrangère dans lesconflits africains a évolué, cédant la place auxactivités plus subtiles d’acteurs non étatiques,en particulier de services de sécurité privés, demultinationales <strong>et</strong> d’organisations non gouvernementales.C<strong>et</strong>te intervention étrangèrese répartit en deux catégories. La première,peut-être la plus controversée, est celle dessociétés de mercenaires, désignées parl’euphémisme « services de sécurité privés ».La mondialisation économique a induit unaccroissement des gains tirés des investissementsdans l’extraction de <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>,<strong>sur</strong>tout dans les États fragiles, où lesopportunités de profit sont impressionnantes.C’est pourquoi les multinationalesn’hésitent pas à y investir dans de genre de« services ».Le deuxième type d’intervention extérieuredans les conflits africains, <strong>et</strong> sans doutele plus important, est celui des entrepri<strong>ses</strong>extractives multinationales, dont beaucouptirent parti de situations conflictuelles pourmaximiser leurs bénéfices. Contrairement ausecteur manufacturier ou aux autres activitésdu secondaire ou du tertiaire, les industriesextractives ne procèdent pas à du désinvestissementou à une relocalisation lorsqu’unconflit <strong>sur</strong>vient. Compte tenu de la nature <strong>et</strong>de l’importance stratégique des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> (en particulier du pétrole <strong>et</strong> dugaz), des profits potentiels, de la forte intensitécapitalistique <strong>et</strong> de l’horizon à long termedes investissements, les entrepri<strong>ses</strong> extractivesmultinationales ne se laissent pas découragerpar l’imprévisibilité ou la dangerosité de cessituations. Bien que certaines se soient désengagéesface à l’instabilité <strong>et</strong> à la violence, elleschoisissent généralement de factoriser lescoûts des risques supplémentaires <strong>et</strong> de ne pasdévier de leur cap. Leurs pratiques dans lesÉtats fragiles ont, de diver<strong>ses</strong> manières,contribué à alimenter les conflits 50 .Gestion transfrontièredes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>L’Afrique est confrontée à un grand nombrede difficultés transfrontières, allant de l’instabilitéde <strong>ses</strong> conditions économiques <strong>et</strong> politiquesaux problèmes sectoriels liés à la santé,à l’agriculture, à la gestion des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> <strong>et</strong> l’environnement. La coopérationrégionale remonte à assez loin dans quasimenttoutes les régions d’Afrique, bien que,pendant longtemps, on se soit <strong>sur</strong>tout intéresséaux modèles d’intégration économiquerégionale. Certains progrès ayant été accomplisen ce sens, de nouveaux défis sontapparus ces dernières années, liés à la rar<strong>et</strong>éde l’eau, à la désertification, aux sécheres<strong>ses</strong>,aux inondations <strong>et</strong> à d’autres problèmes enrapport avec l’environnement <strong>et</strong> les <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>.Avec ces défis, l’attention s’est reportée<strong>sur</strong> la coopération régionale pour résoudre lesproblèmes transfrontières, bien au-delà desm 50. Ballentine (2004)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 38 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 577E1501/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04164 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Encadré 4.3 : Coopération transfrontière pour l’extraction d’hydrocarbures<strong>Les</strong> réserves d’hydrocarbures en Afrique del’Est ont suscité une attention <strong>et</strong> des spéculationsconsidérables ces dernières années. Sielles ne sont pas gérées prudemment, lesréserves potentiellement substantielles de larégion des Grands Lacs risquent de devenir unfacteur de déstabilisation entre les pays, plutôtqu’une opportunité de développement conjoint.En mars 2007, un somm<strong>et</strong> a réuni 22 desSource : Oxford Analytica (2007), Africa : Middle East and Africa Executive Summaryministres de l’Énergie de la région au Mozambiquepour discuter des problèmes qui endécoulent. Dans la région, les réserves d’hydrocarburessont susceptibles de résoudre, dumoins en partie, la crise énergétique. Néanmoins,la réussite de l’exploitation de ces <strong>ressources</strong>dépendra de la sécurité <strong>et</strong> de la stabilitédans la région, ainsi que de la coopérationrégionale.aspects politiques <strong>et</strong> commerciaux traditionnels.Le réchauffement de la planète, entreautres, appelle une réponse qui dépasse largementles frontières nationales. Concernantl’eau, le bassin du Nil constitue un très bonexemple de ressource commune qui ne peutêtre mise à profit que par une coopérationefficace. Autre exemple : l’érosion côtièreobservée en l’Afrique de l’Ouest, qui pose unproblème transfrontière, étant donné qu’elleest étroitement liée au déboisement des forêtsden<strong>ses</strong> équatoriales <strong>et</strong> des mangroves. Desproblèmes analogues apparaissent dans leszones côtières d’Afrique de l’Est. On peutciter de nombreux exemples de gravesimpacts environnementaux <strong>et</strong> sociaux actuels<strong>et</strong> potentiels de nature transfrontière (dansleurs cau<strong>ses</strong> ou leurs eff<strong>et</strong>s). Certains des plusimportants ont trait aux <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>renouvelables, comme l’eau <strong>et</strong> la terre (chapitre2). D’autres portent <strong>sur</strong> des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> non renouvelables, comme leshydrocarbures (encadré 4.3).Pour que la « gestion transfrontière des<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> » soit saine, il faut veillerà ce que les biens, les <strong>ressources</strong> <strong>et</strong> les servicesde nature transfrontière (c’est-à-dire dont lescoûts <strong>et</strong> bénéfices dépassent les frontièresnationales) soient gérés avec efficacité à traversun engagement partagé <strong>et</strong> une actioncollective, ou bien des efforts collectifsconsentis par tous les individus ou groupesqui bénéficient directement ou indirectementde ces biens ou services. En l’absence decoopération <strong>et</strong> d’action collective, des problèmesd’externalités (positives ou négatives)<strong>sur</strong>viennent 51 .Relever les défisSi la question de la souverain<strong>et</strong>é est crucialepour relever les défis transfrontières del’Afrique, la volonté politique dont fontpreuve les pays pour m<strong>et</strong>tre au jour les problèmescommuns <strong>et</strong> élaborer des accordscontraignants reste le grand facteur déterminant.<strong>Les</strong> stratégies, me<strong>sur</strong>es, cadres conjoints<strong>et</strong> les engagements subséquents à relever lesdéfis transfrontières ne peuvent donner desrésultats significatifs que si les engagementssont tenus, ou les règles communes mutuellementrespectées. Si des mécanismes sanctionnantceux qui violent ces règles peuventencourager la coopération <strong>sur</strong> ces questions,m 51. Bromley (1992)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 39 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 64D75D2E/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 165Encadré 4.4 : La Banque africaine de développement <strong>et</strong> les questions transfrontièresEn tant que première institution de développement<strong>sur</strong> le continent, la Banque africaine dedéveloppement sait depuis longtemps qu’elle aun rôle de premier plan à jouer pour aiderl’Afrique à <strong>sur</strong>monter <strong>ses</strong> défis transfrontières.À c<strong>et</strong> égard, la Banque apporte un soutien actifdans des domaines clés de la coopérationtransfrontière, notamment dans la gestion desbassins hydrographiques, l’intégration économiquerégionale, la coopération régionale pourla santé, la recherche collaborative (en particulierdans l’agriculture), la coopération pourl’infrastructure, ainsi que les conflits <strong>et</strong> leurrésolution. Le Groupe de la Banque privilégi<strong>et</strong>oujours plus des programmes qui offrent desopportunités de relever ces défis en vued’améliorer l’accès des pauvres aux <strong>ressources</strong>productives (<strong>sur</strong>tout à l’eau <strong>et</strong> auxterres), à la technologie <strong>et</strong> au savoir, ainsiqu’aux services sociaux.Dans le domaine de la gestion transfrontièredes bassins hydrographiques, la Banque soutientactivement les institutions <strong>et</strong> autorités adhoc, entre autres l’Autorité du bassin de laVolta (Afrique de l’Ouest), l’Initiative du bassindu Nil (IBN) en Afrique du Nord <strong>et</strong> de l’Est, <strong>et</strong>les bassins de l’Okavango <strong>et</strong> du Limpopo enAfrique australe. C<strong>et</strong> appui s’effectue sousforme de dons via la mise en œuvre de proj<strong>et</strong>s,ainsi que via un soutien accordé par le biais dela Facilité africaine de l’eau.Grâce à sa structure actuelle, qui comporteun « centre de savoir » (le Bureau de l’économisteen chef), la Banque a encore redoubléd’efforts en matière de production <strong>et</strong> de diffusiondu savoir, y compris par la recherche <strong>et</strong> laformation, <strong>et</strong> l’apport d’une aide liée auxconnaissances à <strong>ses</strong> pays membres régionaux.<strong>Les</strong> questions transfrontières restentalors au premier plan.Source : Banque africaine de développement (2007b), Regional Cooperation : Addressing Trans-Boundary Challengesle manque de coopération est, dans la plupartdes cas en Afrique, lié à l’insuffisance demoyens pour honorer <strong>ses</strong> engagements. Telest, en particulier, le cas pour de nombreuxp<strong>et</strong>its pays d’Afrique, qui, le plus souvent, nedisposent pas des capacités techniques, financières<strong>et</strong> humaines qui leur perm<strong>et</strong>traientd’honorer leurs engagements transfrontièresrelatifs, par exemple, à la gestion des bassinshydrographiques, au commerce internationaldes <strong>ressources</strong> forestières, à la faune mondialeou à la désertification. Il est, à l’évidence,nécessaire de renforcer les capacités des paysd’Afrique qui leur perm<strong>et</strong>tront de m<strong>et</strong>tre enœuvre leurs engagements transfrontières.Un autre point important a trait au pouvoirde négociation des p<strong>et</strong>its <strong>et</strong> grands paysd’Afrique, avec des divergences considérablesdans les capacités techniques, humaines <strong>et</strong>financières. Dans le cas de la gestion des bassinshydrographiques, il est indispensable qu<strong>et</strong>outes les parties disposent de connaissancestechniques actualisées <strong>sur</strong> la dynamique àcourt <strong>et</strong> à long terme de la situation hydriquepour qu’elles bénéficient d’un pouvoir denégociation égal. Le renforcement des capacités<strong>et</strong> l’assistance technique, perm<strong>et</strong>tantd’homogénéiser les conditions de concurrence,sont donc des éléments cruciaux à nepas négliger lorsque l’on traite des questionstransfrontières. Par sa nature même, la coopérationtransfrontière requiert une grandecoordination <strong>et</strong> une synchronisation des activités,puisque la participation <strong>et</strong> la contributionde chacun sont essentielles pour minimiserles externalités (positives <strong>et</strong> négatives)<strong>et</strong> éviter qu’il y ait des passagers clandestinsqui tirent profit des efforts des autres.


JOBNAME: No Job Name PAGE: 40 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4EEC5FF4/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04166 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007La nouvelle ruéevers les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>de l’AfriqueDepuis une décennie, on observe un rapideaccroissement des échanges commerciaux <strong>et</strong>des flux d’investissement entre l’Afrique <strong>et</strong>l’Asie, en particulier avec la Chine <strong>et</strong> l’Inde.C<strong>et</strong>te dernière pratique depuis longtemps deséchanges commerciaux avec l’Afrique de l’Est<strong>et</strong> y procède à des investissements directsétrangers, <strong>sur</strong>tout grâce aux nombreu<strong>ses</strong>communautés indiennes expatriées. S’agissantde la Chine, ces deux types de relationsavec l’Afrique remontent à quelques décennies,les premiers investissements massifsayant ciblé l’infrastructure, par exemple leréseau ferroviaire. Voici quelques donnéesfactuelles concernant les relations commercialesentre l’Asie <strong>et</strong> l’Afrique 52 :– Le volume d’exportations africainesvers l’Asie s’accélère. Il a crû de 15 pour cententre 1990 <strong>et</strong> 1995, <strong>et</strong> de 20 pour cent entre2000 <strong>et</strong> 2005.– En 2005, la part des exportations africainesadressées à l’Asie (27 pour cent) étaitdu même ordre que celles destinées à l’UE(32 pour cent) <strong>et</strong> aux États-Unis (29 pourcent).– <strong>Les</strong> exportations asiatiques à destinationde l’Afrique sont elles aussi en hausserapide. Entre 2000 <strong>et</strong> 2005, elles ont progresséde 18 pour cent de plus que les exportationsde toutes les autres régions, y comprisde l’UE.– Quelque 86 pour cent des exportationsafricaines vers la Chine <strong>et</strong> l’Inde sont constituéesde pétrole, de métaux <strong>et</strong> de produitsagricoles non transformés.m 52. Broadman (2007)– <strong>Les</strong> exportations vers la Chine proviennentà 85 pour cent de cinq pays africainsexportateurs de pétrole <strong>et</strong> d’autres minéraux,<strong>et</strong> l’Afrique du Sud représente à elle seule68 pour cent des exportations à destinationde l’Inde.Comme illustré au graphique 4.12, l’unedes évolutions les plus significatives pourl’Afrique est l’importance grandissante descapitaux émanant de pays d’Asie tels que laChine, l’Inde, la Corée du Sud <strong>et</strong> la Malaisie.L’investissement direct étranger (IDE) del’Asie en Afrique a significativement augmentéces dernières années. En 2005, les paysasiatiques représentaient environ 15 pourcent des 31 milliards de dollars d’IDE dirigésvers le continent africain. C<strong>et</strong> investissementcontribue directement au produit intérieurbrut des pays, génère de l’emploi <strong>et</strong> réduit lapauvr<strong>et</strong>é. L’Afrique devrait aussi bénéficierd’autres formes d’investissements asiatiques :c <strong>Les</strong> investissements asiatiques facilitentle transfert de compétences <strong>et</strong> de technologiesvers l’Afrique. Grâce à leurstechnologies de base à bas coûts, lesentrepri<strong>ses</strong> asiatiques pourraient créerles conditions qui perm<strong>et</strong>tront àl’Afrique d’accroître sa productivité <strong>et</strong>donc sa compétitivité.c <strong>Les</strong> entrepri<strong>ses</strong> asiatiques apportent desbiens d’équipement <strong>et</strong> des facteurs deproduction intermédiaires, qui perm<strong>et</strong>trontaux entrepri<strong>ses</strong> africaines de fabriquerdes produits susceptibles d’êtreexportés, notamment vers d’autres paysen développement, ce qui stimulera leséchanges commerciaux.c Des éléments laissent à penser que lesentrepri<strong>ses</strong> asiatiques en Afrique interagissentavec le secteur informel de c<strong>et</strong>te


JOBNAME: No Job Name PAGE: 41 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 1708E453/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 167Graphique 4.12 : Évolution des relations commerciales entre l'Afrique <strong>et</strong> l'AsiePrincipaux exportateurs africainsvers l'Asie, 2005(milliards de dollars)7060504030Balance commerciale de l'Afriquevis à vis de l'Asie(milliards de dollars)ExportationsImportationsBalance commercialeAngola7,8Afrique du sud17,8Soudan4,9Congo3,6Nigeria ; 3,3Autres9,2Égypte ; 3,2Lybie ; 3,1Algérie ; 2,6Guin ée équatoriale ; 2,2Maroc ; 2,020100– 10– 202001 2002 2003 2004 2005Égypte ; 6,7Principaux importateurs africainsde produits asiatique 2005(milliards de dollars)Nigeria ; 5,9Liberia4,1Alg rie3,8Maroc ; 2,6Soudan ; 2,6Angola ; 2,4Kenya ; 1,9Lybie ; 1,6Afrique du sud14,8Autres14,0Sources : Banque africaine de développement (2007a) : Africa and Asia : Partners in Development.région, ce qui modifie l’offre <strong>et</strong> lademande du secteur informel.<strong>Les</strong> débats <strong>sur</strong> le rôle de la Chine <strong>et</strong> del’Inde en Afrique ont souvent mis en lumièreles possibles impacts négatifs de la demande(<strong>et</strong> du contrôle) grandissante des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> par ces puissances asiatiques émergentes.La Chine <strong>et</strong> l’Inde ont enregistré unecroissance rapide <strong>et</strong> procèdent à une promptemodernisation de leurs industries. Commeelles se développent <strong>et</strong> poursuivent leur croissance,simultanément à d’autres économiesen rapide expansion, la demande de <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>, en particulier de pétrole <strong>et</strong>de métaux, devrait continuer de progresser.Ce regain d’intérêt porté à l’Afrique, enparticulier à <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, n’a certainementpas court-circuité l’Occident. De


JOBNAME: No Job Name PAGE: 42 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 57D6C9E2/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04168 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007nouveaux efforts systématiques pour continuerd’exploiter c<strong>et</strong>te richesse en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> sont devenus visibles avec l’adoptionde la Loi <strong>sur</strong> la croissance <strong>et</strong> les possibilitéséconomiques en Afrique (AGOA), promulguéepar l’administration Clinton auxÉtats-Unis. Parallèlement, l’Union européennea commencé à renégocier <strong>ses</strong> relationsavec les pays d’Afrique, des Caraïbes <strong>et</strong> duPacifique dans le cadre d’accords de partenariatéconomique. Ces négociations sont,depuis, entrées dans des pha<strong>ses</strong> critiques <strong>et</strong>ont suscité des controver<strong>ses</strong> toujours d’actualité; d’aucuns affirment, par exemple, que laDirection du commerce de l’UE essaied’imposer à toute force <strong>ses</strong> propres intérêts 53 .L’aspect positif de ce scénario, c’est quel’époque où l’Afrique était considérée commeun continent moins important ou oublié est,dans une certaine me<strong>sur</strong>e, révolue. Pourtant,dans c<strong>et</strong>te ruée vers les <strong>ressources</strong> minérales <strong>et</strong>fossiles de ce continent, l’Afrique reste ducôté de l’« offre de produits de base », lesautres se trouvant du côté qui reçoit.La nouvelle offensive déployée par laChine, l’Inde <strong>et</strong> d’autres pays (notamment laRussie <strong>et</strong> le Brésil) en quête d’un accès auxsources d’énergie fossile <strong>et</strong> d’autres minerais<strong>et</strong> métaux pour alimenter leur propre processusd’industrialisation rapide devraitaccentuer les tensions dans la lutte pourl’accès à des <strong>ressources</strong> limitées <strong>et</strong> souventnon renouvelables. Ces nouvelles forces enprésence <strong>sur</strong> le continent africain ont récemmentdonné lieu à une pléthore d’analy<strong>ses</strong>traitant essentiellement, si ce n’est exclusivement,des pratiques <strong>et</strong> l’impact de la Chine.Généralement, ces analy<strong>ses</strong> critiquent laChine, qui ne serait qu’un exemple supplémentairede capitalisme prédateur, <strong>et</strong> qui, enoutre, manquerait de transparence <strong>et</strong> soutiendraitdes régimes autocratiques. Toutefois,beaucoup tendent à négliger les eff<strong>et</strong>sinduits depuis longtemps <strong>et</strong> accentués par lesdéséquilibres socio-économiques existants <strong>et</strong>les structures de pouvoir en place (enAfrique). Il semble que la critique de la Chin<strong>et</strong>raduise davantage la crainte de perdre <strong>ses</strong>propres intérêts qu’un véritable intérêt pourla population africaine. Bien sûr, cela ne disculpepas l’actuelle offensive chinoise <strong>et</strong> <strong>ses</strong>répercussions potentiellement dommageables.D’après les bilans que l’on peut commencerà dresser de l’intervention chinoise, lamajorité des populations africaines devraienten tirer profit. Néanmoins, les intérêts àmoyen/long terme de la Chine <strong>et</strong> d’autresinvestisseurs étrangers en Afrique doiventdécouler d’un environnement propice àl’investissement <strong>et</strong> prévisible. Enfin, il fautabsolument que règnent l’État de droit (<strong>et</strong>non pas la loi du dirigeant) <strong>et</strong> d’autres pratiquespropices aux entrepri<strong>ses</strong> 54 .Une récente étude de la Banque mondiale55 exploite une multitude de donnéesd’enquête <strong>sur</strong> les entrepri<strong>ses</strong> en Afrique poursouligner combien la multiplication deséchanges de la Chine <strong>et</strong> de l’Inde avecl’Afrique, ainsi que leurs investissements,constituent, pour l’Afrique, une excellenteopportunité de croissance <strong>et</strong> d’intégrationdans l’économie mondiale. Bien qu’à l’heureactuelle, ce soient essentiellement des <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> que l’Afrique exporte versla Chine <strong>et</strong> l’Inde, ce continent devient deplus en plus attrayant <strong>sur</strong> le plan des activitésm 53. Development Today (2007)m 54. Ibid.m 55. Broadman (2007)


JOBNAME: No Job Name PAGE: 43 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 54C9EE68/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 169manufacturières à forte intensité de maind’œuvre.Il existe une demande asiatiquegrandissante de matières premières transformées,de produits manufacturés légers <strong>et</strong> d<strong>et</strong>ourisme, <strong>et</strong>, pour satisfaire c<strong>et</strong>te demande,l’Afrique dispose d’un vaste potentiel inexploité.Il faut cependant faire attention : lesopportunités générées par les échanges <strong>et</strong> lesinvestissements de la Chine <strong>et</strong> de l’Inde neseront pas automatiquement converties encroissance <strong>et</strong> en réduction de la pauvr<strong>et</strong>é dansla région. Un constat essentiel ressort de c<strong>et</strong>teétude : ce n’est pas seulement le volume deséchanges commerciaux <strong>et</strong> des investissementsqui compte, mais aussi la qualité de la relationcommerciale globale qui sous-tend <strong>et</strong>façonne ces flux. <strong>Les</strong> responsables politiquestant africains qu’asiatiques doivent doncconcevoir des instruments adéquats pouraméliorer encore c<strong>et</strong>te qualité. L’étude de laBanque mondiale m<strong>et</strong> en exergue les axes deréforme suivants (entre autres) :Réformes à mener aux frontières (at theborder), notamment– Abaissement du niveau global desdroits de douane (tous pays) ;– Suppression de la progressivité desdroits de douane, qui entravent les principalesexportations de l’Afrique (Chine <strong>et</strong>Inde) ;– Élimination des biais défavorables àl’exportation dans les régimes de droits appliquésaux importations, des biais dans les décisionsd’investissement <strong>et</strong> des éléments quidissuadent la diversification des produits (laplupart des pays africains) ;– Suppression des barrières commerciales,notamment des normes techniques,qui sont des me<strong>sur</strong>es protectionnistes (la plupartdes pays) ;– Rationalisation <strong>et</strong> harmonisation de lamultitude d’accords régionaux <strong>et</strong> bilatérauxqui forment un « bol de spagh<strong>et</strong>ti » (pays africains<strong>sur</strong>tout) ;– Renforcement du rôle des organismesde promotion des investissements <strong>et</strong> desconseils réunissant des investisseurs publics <strong>et</strong>privés (pays africains), <strong>et</strong>– Adaptation des incitations à l’exportation<strong>et</strong> à l’investissement en fonction ducontexte de chaque pays <strong>et</strong> conformémentaux règles de l’Organisation mondiale ducommerce (pays africains).Réformes à mener en deçà des frontières(behind the border), notamment :– Renforcement de la concurrence entreles entrepri<strong>ses</strong> par l’élimination des obstacleséconomiques <strong>et</strong> politiques fondamentaux àl’entrée <strong>et</strong> des obstacles à la sortie (pays africains<strong>sur</strong>tout) ;– Amélioration de la gouvernance viaune plus grande transparence <strong>et</strong> une plusgrande responsabilisation des agents del’État ; établissement <strong>et</strong> respect d’institutionsefficientes qui facilitent le règlement des différendscommerciaux (pays africains <strong>sur</strong>tout),<strong>et</strong>– Réduction de l’impact, en termes depauvr<strong>et</strong>é, des variations intérieures desprix/de la production causées par les fluxcommerciaux, grâce à l’encouragement de lamobilité de la population active, y comprispar une flexibilité accrue des marchés du travail<strong>et</strong> l’amélioration de l’efficacité des fil<strong>et</strong>sde sécurité (tous pays africains).Réformes à mener entre les frontières(b<strong>et</strong>ween the border), notamment :– Développement des infrastructuresfacilitant les échanges commerciaux, pour


JOBNAME: No Job Name PAGE: 44 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 50CE1A6A/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04170 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007l’intégration dans le marché mondial <strong>et</strong>l’intégration régionale, en particulier parl’amélioration <strong>et</strong> la modernisation des ports,routes <strong>et</strong> transports ferroviaires, ainsi que lamodernisation des télécommunications/destechnologies de l’information (pays africains<strong>sur</strong>tout) ;– Application de réformes douanièrespar l’amélioration de la coordination entre lesadministrations opérant à la frontière, simplificationdes procédures douanières, de sorteque les codes douaniers s’appuient <strong>sur</strong> desrègles, soient transparents <strong>et</strong> propices aucommerce, <strong>et</strong> introduction des technologiesde l’information dans les systèmes douaniers(pays africains <strong>sur</strong>tout) ;– Élimination des imperfections dumarché de l’information pour les opportunitéscommerciales <strong>et</strong> d’investissement, ycompris normes techniques (la plupart despays africains), <strong>et</strong>– Révision des me<strong>sur</strong>es qui restreignentle mouvement des professionnels (pays africains<strong>sur</strong>tout).La nouvelle évolution spectaculaire desrelations économiques Sud-Sud bouleverseles schémas traditionnels de développementéconomique. Comme souligné ci-dessus,c’est dans les échanges commerciaux <strong>et</strong> lesinvestissements entre Afrique <strong>et</strong> Asie que cephénomène se manifeste le plus n<strong>et</strong>tement.Ainsi, tandis que la Chine <strong>et</strong> l’Inde apparaissentcomme des géants économiques en Asie,l’Afrique se taille une part importante, jouantun rôle crucial dans c<strong>et</strong>te transformation. Cesnouvelles relations économiques Sud-Sudinduisent de véritables opportunités, ainsique des défis, pour les pays africains. Ilimporte de souligner que l’Afrique n’a pasbesoin d’une réforme unique appliquée àtous les cas, puisque les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong><strong>et</strong> les économies du continent sont fortementhétérogènes. <strong>Les</strong> réformes <strong>et</strong> me<strong>sur</strong>es doiventdonc prendre en compte le contexte spécifiquede chaque pays.SynthèseCe chapitre présente <strong>et</strong> analyse plusieurscaractéristiques typiques des économiesd’Afrique richement dotées en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>, expliquant pourquoi c<strong>et</strong>te richesserisque d’étouffer les perspectives de croissance<strong>et</strong> de développement. Cependant,l’étude des tableaux, données <strong>et</strong> graphiquesexposés révèle les tendances <strong>et</strong> conclusionssuivantes :c <strong>Les</strong> pays d’Afrique richement pourvusen <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> sont plus riches(en termes de rec<strong>et</strong>tes, de PIB <strong>et</strong> de PIBpar habitant) que leurs pairs pauvres en<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>. C<strong>et</strong> écart s’estréduit entre 1980 <strong>et</strong> 2000, mais il secreuse de nouveau à cause du récentboom des <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>.c Cependant, globalement, <strong>et</strong> enmoyenne, les pays richement pourvusn’ont enregistré qu’un taux de croissancemoyen de 2,4 pour cent <strong>sur</strong>1981-2006, niveau n<strong>et</strong>tement inférieuraux 3,8 pour cent constatés enmoyenne dans les pays pauvres en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>.c Le groupe des pays côtiers pauvres en<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, qui abrite presqueun quart de la population africaine,affiche une croissance moyenne de4,1 pour cent, bien plus que les2,3 pour cent enregistrés par les payscôtiers richement dotés. En eff<strong>et</strong>, le faitd’être richement pourvu en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong> ne semble pas faire une grandedifférence pour les pays côtiers.


JOBNAME: No Job Name PAGE: 45 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 5911D7B0/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 171c <strong>Les</strong> pays enclavés disposant de peu de<strong>ressources</strong> sont, de loin, les plus pauvres.Ils sont cinq fois plus pauvres queles pays richement pourvus en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>, <strong>et</strong> presque six foisplus que les pays côtiers dotés de peu de<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>. En outre, le tauxde croissance, dans ce groupe de pays,n’est ressorti, en moyenne, qu’à2,5 pour cent entre 1981 <strong>et</strong> 2006. End’autres termes, le facteur le plusimportant est l’enclavement du pays :ce point est encore plus important quede savoir s’il est, ou non, richementdoté en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, ou qu<strong>et</strong>out autre aspect de c<strong>et</strong>te analyse.c <strong>Les</strong> données disponibles indiquent clairementque les trois facteurs qui déterminentle déclenchement d’un conflitarmé (<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, faiblerevenu par habitant, faible croissance)sont prédominants dans de vastes zonesdu continent africain. La littératuresouligne également d’autres facteurssignificatifs, tels que l’inégalité verticaleou horizontale, la religion <strong>et</strong> les échecsde la politique publique.c La gestion des <strong>ressources</strong> minérales(pétrolières notamment) dans les Étatsfragiles est largement façonnée parquatre conditions interdépendantes,définies par les interactions entre lapuissance publique, la contestation <strong>et</strong> leconflit relatif au contrôle des <strong>ressources</strong>minérales. Il s’agit des dysfonctionnementsde la politique publique, de laprédation étatique, où la recherche derente se substitue à la production derevenus, les économies (parallèles) deguerre dominées par les rebelles, <strong>et</strong> lesintérêts acquis des acteurs régionaux <strong>et</strong>internationaux.C<strong>et</strong>te analyse montre que les véritablesavantages potentiels qui découlent de la pos<strong>ses</strong>sionde <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> ne sont paspleinement exploités par les pays qui en disposent.Globalement, les performances despays africains riches en <strong>ressources</strong> sont décevantes,<strong>sur</strong>tout <strong>sur</strong> la période 1980-2000. <strong>Les</strong>amères leçons tirées des cycles d’expansion <strong>et</strong>de récession passés <strong>et</strong> des taux de croissancedécevants <strong>sur</strong> ces deux décennies doivent êtreexaminées <strong>et</strong> servir pour l’avenir, plus encoreaujourd’hui, alors qu’un nouveau booms’affirme <strong>sur</strong> le continent.La dernière partie de ce chapitre a mis enavant deux aspects clés du développementfutur de l’Afrique : (1) la gestion transfrontièredes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>, <strong>et</strong> (2) la nouvelleruée vers les <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> del’Afrique. La première appelle une coopération,<strong>sur</strong>tout à l’échelon régional, tandis quela seconde requiert un certain nombre deréformes clés pour que l’Afrique puisse tirerprofit de c<strong>et</strong>te ruée.En conclusion, malgré les problèmes <strong>et</strong>les défis qui y sont associés, l’essor du secteurdes <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> peut, si les conditionssont réunies, constituer un catalyseurimportant pour la croissance <strong>et</strong> le développement.Ce que l’on appelle souvent la « malédictiondes <strong>ressources</strong> » peut être évité grâce àdes connaissances, institutions <strong>et</strong> politiquesadaptées. Plusieurs pays d’Afrique en ont faitla preuve, <strong>et</strong> l’on peut, avec un optimismeraisonnable, penser que d’autres sauront tirerles enseignements des eff<strong>et</strong>s négatifs de cyclesd’expansion antérieurs <strong>et</strong> suivront, à l’avenir,des stratégies <strong>et</strong> politiques qui leur perm<strong>et</strong>trontde recueillir tous les bénéfices de c<strong>et</strong>terichesse en <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>.


JOBNAME: No Job Name PAGE: 46 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4977F83F/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04172 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Annexe, tableau 4A : Liste des classifications des paysPays riches en<strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong>Pays pauvres en<strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>Pays enclavés Pays côtiers SANEPays exportateursde pétroleRiches en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>Riches en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>Algérie Bénin Burkina Faso Botswana Afrique du SudAlgériePauvres en<strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>Bénin Afrique du SudAngola Burundi République centrafricaine Angola Cap-Vert AlgérieCameroun Cap-Vert Tchad Cameroun Comores ÉgypteCongo Comores Congo Djibouti NigeriaCôte d’Ivoire Djibouti Congo, Rép. dém. ÉgypteGabon Égypte Pauvres en <strong>ressources</strong><strong>naturelles</strong>Côte d’Ivoire ÉrythréeGuinée équatoriale Érythrée Burkina Faso Gabon GambieLibye Éthiopie Burundi Guinée GhanaNigeria Gambie Éthiopie Guinée équatoriale Guinée-BissauSoudan Ghana <strong>Les</strong>otho Libye LiberiaTchad Guinée-Bissau Malawi Mauritanie MadagascarKenya Mali Mozambique MauricePays exportateurs <strong>Les</strong>otho Niger Namibie Marocd’autres minérauxAfrique du Sud Liberia Ouganda Nigeria Sao-Tomé-<strong>et</strong>-PrincipeBotswana Madagascar Rwanda Sierra Leone SénégalCongo, Rép. dém. Malawi Swaziland Soudan SeychellesGuinée Mali Zambie Tanzanie SomalieMauritanie Maroc Zimbabwe TogoMozambique Maurice TunisieNamibie NigerRépublique centrafricaine RwandaSierra Leone Sao-Tomé-<strong>et</strong>-PrincipeTanzanie SénégalSeychellesSomalieSwazilandTogoTunisieZimbabweZambie


JOBNAME: No Job Name PAGE: 47 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 4D1E0578/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 173Annexe, tableau 4B : Exportations de l’Afrique, 2005<strong>Les</strong> trois principales exportations <strong>et</strong> leur part dans le total*Produit I Produit II Produit IIINombre deproduitscomposant plusde 75 pour centdes exportationsAfrique du Sud Platine (12,5) Charbons divers, nonagglomérés (8)Algérie Pétrole brut (67,2) Gaz naturel, liquéfié(13,2)Or, non monétaire,hors minerais (7,9)Gaz naturel, à l’étatgazeux (5,6)Angola Pétrole brut (95,8) 1BéninCoton, non cardé,3peigné (55,3)BotswanaBurkina FasoBurundiDiamants, non industriels(88,2)Coton, cardé, peigné(84,5)Café, non torréfié(88)Noix comestibles,fraîches, séchées(16,5)Mattes de nickel, sinters,<strong>et</strong>c. (8,1)Cameroun Pétrole brut (48,8) Bois, hors conifères,scié (14,1)Cap-Vert Poisson, <strong>sur</strong>gelé, Pantalons, <strong>et</strong>c. (6,3)hors fil<strong>et</strong>s (61,4)ComoresÉpices, hors poivre,piments (57,9)Huiles essentielles(14,2)Déch<strong>et</strong>s métalliquesnon ferreux divers(6,4)Bananes, fraîches ouséchées (8,7)Turbines à gaz, nonprécisé ailleurs (4)Poisson, <strong>sur</strong>gelé,hors fil<strong>et</strong>s (12,7)Congo Pétrole brut (88,7) 1Congo, Diamants, non industrielsMinerais non ferreux Pétrole brut (16,7) 3Rép. dém.(42,6)divers, concentrés(17,2)Côte d’Ivoire Fèves de cacao Pétrole brut (12) Pâte de cacao (7,7) 7(38,2)Djibouti Bovins, <strong>sur</strong> pied (20) Pantalons, <strong>et</strong>c. (7,2) Déch<strong>et</strong>s/rebutsferreux divers (7)17ÉgypteÉrythréeÉthiopieGaz naturel, liquéfié(15,8)Gommes <strong>naturelles</strong>,résines <strong>naturelles</strong>,<strong>et</strong>c. (17,3)Café, non torréfié(47,8)Pétrole brut (10,3)Graines de sésame(8,7)Graines de sésame(20,2)Gabon Pétrole brut (76,7) Bois, hors conifères,brut, non transformé(10,6)GambieGhanaNoix comestibles,fraîches, séchées(43,5)Fèves de cacao(46,1)Pelles mécaniques,<strong>et</strong>c., autotractées(9,9)Minerai de manganèse,concentrés(7,2)39Ciment Portland, <strong>et</strong>c.46(4,7)Mollusques (7,6) 14Minerai de manganèse,concentrés(6,9)Arachides (cacahouètes)(7,7)Bois, hors conifères,scié (6,7)21114435168


JOBNAME: No Job Name PAGE: 48 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 45BE1921/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04174 Rapport <strong>sur</strong> le développement en Afrique 2007Annexe, tableau 4B : Exportations de l’Afrique, 2005 (suite)<strong>Les</strong> trois principales exportations <strong>et</strong> leur part dans le total*Produit I Produit II Produit IIINombre deproduitscomposant plusde 75 pour centdes exportationsGuinéeGuinée-BissauMinerai d’aluminium,concentré (50,9)Noix comestibles,fraîches, séchées(93,5)Alumine (oxyde d’aluminium)(17,2)GuinéeéquatorialeKenya Thé (16,8) Fleurs <strong>et</strong> feuilles coupées(14,2)<strong>Les</strong>otho Tricots, pullovers, articlesPantalons, <strong>et</strong>c. (22)en maille, <strong>et</strong>c.(29,2)LiberiaMinerai de cuivre,concentré (7,8)Pétrole brut (92,6) 1Navires (grands <strong>et</strong>p<strong>et</strong>its), autres embarcations(73,9)Navires spécialisés,<strong>et</strong>c. (8,9)Légumes divers, frais,réfrigérés (8,1)Diamants, non industriels(15)Caoutchouc naturel(8)Libye Pétrole brut (95,3) 1Madagascar Tricots, pullovers, articlesCrustacés, <strong>sur</strong>gelés Épices, hors poivre,14en maille, <strong>et</strong>c.(19,4)(13,2)piments (9)Malawi Tabac, écôté (59,2) Thé (7,6) Sucre, de b<strong>et</strong>terave4ou de canne, brut(5,3)MaliCoton, non cardé,peigné (81,8)1MarocMauriceMauritanieNamibieNigerAcides inorganiques,oxydes, <strong>et</strong>c. (7,2)Sucre, de b<strong>et</strong>teraveou de canne, brut(21,4)Minerai de fer,concentré, nonagrégé (51,3)Diamants, non industriels(39,1)Produits chimiquesradioactifs (79,5)Fils isolés, conducteurs,<strong>et</strong>c. (6,8)T-shirts, vestes <strong>et</strong>articles en mailledivers (18,7)Mollusques (24)Produits chimiquesradioactifs (11,4)3127Phosphates de calciumnaturels (5,6)32Chemi<strong>ses</strong> (7,6) 10Poisson, <strong>sur</strong>gelé,hors fil<strong>et</strong>s (13,5)Zinc, alliage de zinc,non travaillé (9,7)Nigeria Pétrole brut (92,2) 1Ouganda Café, non torréfié Poisson, fil<strong>et</strong>s, frais, Tabac, écôté (7,5) 5(31,1)réfrigéré (24,3)42251


JOBNAME: No Job Name PAGE: 49 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 58D1FB2C/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04L’Afrique <strong>et</strong> <strong>ses</strong> <strong>ressources</strong> <strong>naturelles</strong> : le paradoxe de l’abondance 175Annexe, tableau 4B : Exportations de l’Afrique, 2005 (suite)<strong>Les</strong> trois principales exportations <strong>et</strong> leur part dans le total*Produit I Produit II Produit IIINombre deproduitscomposant plusde 75 pour centdes exportationsRépubliquecentrafricaineRwandaSao-Tomé-<strong>et</strong>-PrincipeSénégalSeychellesSierra LeoneSomalieDiamants, non industriels(40)Café, non torréfié(51,9)Fèves de cacao(55,2)Acides inorganiques,oxydes, <strong>et</strong>c. (38,8)Poissons, préparés,mis en conserve, nonprécisé ailleurs (44,1)Diamants, non industriels(62,7)Ovins <strong>et</strong> caprins, <strong>sur</strong>pied (34,6)Bois, hors conifères,brut, non transformé(33,8)Minerai, <strong>et</strong>c., molybdène,niobium, <strong>et</strong>c.(19)Navires, structuresflottantes diver<strong>ses</strong>(10,9)Mollusques (9,8)Poisson, <strong>sur</strong>gelé,hors fil<strong>et</strong>s (27,5)Fèves de cacao (7,2)Bovins, <strong>sur</strong> pied(19,7)Coton, non cardé,peigné (8,9)Minerais d’étain,concentrés (9,8)Instruments deme<strong>sur</strong>e, dessin (7,6)Poisson, frais, réfrigéré,entier (6,4)Navires (p<strong>et</strong>its <strong>et</strong>grands) embarcationsdiver<strong>ses</strong> (11)Engins agricoles, <strong>et</strong>c.(4,1)Poisson, <strong>sur</strong>gelé,hors fil<strong>et</strong>s (7,8)Soudan Pétrole brut (89,2) 1Swaziland Sucre, de b<strong>et</strong>teraveou de canne, brut(14,1)Préparations alimentaires,non préciséailleurs (9,3)Arômes, à usageindustriel (9)20TanzanieOr, non monétaire,hors minerai (10,9)Poisson, fil<strong>et</strong>s, frais,réfrigéré (9,7)Minerais de cuivre,concentrés (8,6)Tchad Pétrole brut (94,9) 1TogoFèves de cacao Phosphates de calciumCoton, non cardé,8(22,4)naturels (19,8) peigné (18,6)Tunisie Pétrole brut (9) Pantalons, <strong>et</strong>c. (8,7) Fils isolés, conducteurs,<strong>et</strong>c. (6,7)36ZambieCuivre, anodes,alliages (55,8)Cobalt, cadmium,<strong>et</strong>c., non travaillé (7)Zimbabwe Tabac, écôté (13,9) Nickel, alliage denickel, non travaillé(12,6)Afrique Pétrole brut (49,2)[18]Diamants, non industriels(3,7) [12,6]Coton, non cardé,peigné (5,7)Minerai de nickel,concentré (12,3)Minerai de nickel,concentré (2,8) [17,5]Notes : * <strong>Les</strong> produits sont mentionnés s’ils entrent pour plus de 4 pour cent dans le total des exportations.** <strong>Les</strong> chiffres entre croch<strong>et</strong>s indiquent la part de l’Afrique dans les exportations mondiales de chaqueproduit.Sources : Division de la statistique de la Banque africaine de développement ; PC-TAS 2001-2005,Centre du commerce Conférence des Nations Unies <strong>sur</strong> le commerce <strong>et</strong> le développement/Organisationmondiale du commerce – Division de statistique des Nations Unies.33483451551626


JOBNAME: No Job Name PAGE: 50 SESS: 12 OUTPUT: Thu Feb 21 16:12:45 2008 SUM: 000FE011/antiopa/eco−b−afri/239527J/rap−2007/09−chap04

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