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La voie du disciple - Plough

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table des matièresAvant-propos / vPréface / viiiLe <strong>disciple</strong><strong>La</strong> vie intérieure / 2Le repentir / 11<strong>La</strong> conversion / 17<strong>La</strong> foi / 21Le dogmatisme / 29L’engagement / 34<strong>La</strong> nature déchue / 37<strong>La</strong> pureté / 61<strong>La</strong> confiance / 65<strong>La</strong> vénération / 71L’abandon / 73<strong>La</strong> sincérité / 80L’EgliseL’Eglise / 85<strong>La</strong> communauté / 92<strong>La</strong> direction spirituelle / 102


Les dons / 109Le pardon / 116L’unité / 123<strong>La</strong> discipline de l’Eglise / 129Le baptême / 136<strong>La</strong> Cène / 142L’amour et le mariage / 146<strong>La</strong> vie de famille / 163<strong>La</strong> maladie et la mort / 180Le mal et les ténèbres / 189Le combat / 196<strong>La</strong> souffrance <strong>du</strong> monde / 207<strong>La</strong> mission / 216Le Royaume de DieuJésus / 225<strong>La</strong> croix / 240Le salut / 247Le Royaume de Dieu / 254Les Eglises-communautés / 264


Avant-propos<strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong> est un livre <strong>du</strong>r. Dès le début de sa lecture,je fus frappé par les paroles d’Heinrich Arnold commepar une épée à double tranchant, m’appelant à choisir entrela vérité et le mensonge, le salut et le péché, la lumière et lesténèbres, entre Dieu et le démon. Tout d’abord, je n’étais passûr de vouloir être interpellé de manière aussi directe, et jedécouvris une certaine résistance en moi-même. Je voulaisque la bonne nouvelle de l’évangile soit douce, consolante etréconfortante, offrant la paix intérieure et l’harmonie.Mais Arnold me rappelle que la paix de l’évangile n’est pasla même chose que la paix <strong>du</strong> monde, que la consolation del’évangile est tout autre chose que la consolation <strong>du</strong> monde,que la douceur de l’évangile n’a rien à voir avec la mentalitéde laissez-faire <strong>du</strong> monde. L’évangile exige un choix, unchoix radical, un choix qui n’est pas toujours loué, soutenuni glorifié.Et cependant, l’ouvrage d’Arnold n’est aucunement sévère,inflexible, fanatique ou suffisant. Bien au contraire, ce livre estplein d’amour, un amour exigeant mais vrai, le même amourqui s’écoule <strong>du</strong> cœur brisé de Jésus. Les paroles d’Arnold sontdes paroles qui guérissent parce qu’elles ne se fondent pas


vi<strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>sur une idée, une idéologie ou une théorie, mais sur une connaissanceintime de Jésus-Christ. C’est Jésus, le Christ, quiest au centre de toutes les suggestions, de tous les conseilsqu’il nous donne et de toute la sollicitude exprimée dans cesréflexions. C’est vraiment un livre centré sur le Christ.Heinrich ne parle pas en son nom propre. Il parle aunom de Jésus. Il a enten<strong>du</strong> clairement les paroles de Paul àTimothée:Je te demande solennellement devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui jugera les vivants et les morts, je te le demandeau nom de la venue <strong>du</strong> Christ et de son royaume : « Prêche laparole de Dieu et annonce-la avec insistance, que l’occasionsoit favorable ou non. Persuade, adresse des reproches etencourage, en enseignant avec une patience parfaite » (2Timothée 4. 1-2).Le profond enracinement d’Arnold en Jésus-Christ fait de luiun guide plein de sagesse, très sûr, un guide qui nous interpellesur notre chemin spirituel. En outre, son enracinementdans le Christ n’est pas simplement un enracinement dansle Christ qui vécut il y a longtemps. C’est un enracinementdans le Christ présent aujourd’hui dans la vie de la communautéde foi.Arnold n’est pas un guide pieux ni sentimental. Chacune deses paroles jaillit de son expérience en communauté, où l’étatde <strong>disciple</strong> est vraiment vécu. C’est dans la vie de communautéque nous sommes mis à l’épreuve et que nous sommes purifiés.C’est dans la vie de communauté que nous apprenons ceque sont le pardon et la guérison, et qui est notre prochain.<strong>La</strong> communauté est la véritable école de l’amour. Arnold avécu en communauté toute sa vie. Il a connu ses exigences et


Avant-proposviises récompenses. Par-dessus tout, il savait que c’est en communautéque nous rencontrons le Christ des évangiles.Je suis extrêmement reconnaissant pour ce livre. C’estun livre prophétique, à une époque où peu de gens osentexprimer de telles paroles — des paroles qui plaisent peumais qui guérissent véritablement.Je prie les lecteurs de ce livre de ne pas avoir peur d’êtreinterpellés, et je suis convaincu que la parole de Dieu qui lesatteindra à travers ces lignes leur apportera le vrai réconfort,la vraie consolation, l’espoir et le courage véritables.Henri J.M. Nouwen


PréfacePour décrire certains livres, il est parfois plus facile de direce qu’ils ne sont pas. Celui-ci n’est pas un recueil de dévotionsni de méditations. Il n’est pas non plus un livre de conseilsà l’eau de rose sur comment « cheminer avec Dieu », niun guide d’épanouissement personnel ou de développementintérieur. C’est, tout simplement, un livre qui nous montrecomment être <strong>disciple</strong> de Jésus-Christ : comment le suivrehumblement, avec un cœur ouvert et obéissant. Ce livre estécrit par un homme dont le message ne peut être comprisd’aucune autre manière.Johann Heinrich Arnold (1913–1982) grandit au milieude personnes pour qui cet état de <strong>disciple</strong> s’exprimait d’unemanière assez dramatique. Quand il avait six ans, ses parents,Eberhard et Emmy, quittèrent leur appartement bourgeoisde Berlin pour aller vivre à Sannerz, un village au centrede l’Allemagne. Là, avec un petit cercle d’amis, ils commencèrentune vie communautaire, en communauté totalede biens, basée sur les Actes des Apôtres (chapitres 2 et 4) etsur le Sermon sur la montagne.C’était une période de grands bouleversements. Cettemême agitation d’après-guerre qui avait con<strong>du</strong>it son père,


Préfaceixéditeur, théologien et conférencier, à faire ce saut de la foi,incita des milliers d’autres à se soulever contre les conventionsreligieuses et sociales rigides de l’époque et à chercherde nouvelles <strong>voie</strong>s. Ce furent les années de formation deHeinrich. Le flot continu de jeunes anarchistes, vagabonds,professeurs, artisans et libre-penseurs qui passaient par lacommunauté, l’influença profondément.Tous ceux-là avaient abandonné l’hypocrisie d’un christianismequi avait per<strong>du</strong> son sens et beaucoup se sentaientattirés par la vie de service et de joie qu’ils trouvaient àSannerz.Heinrich lui-même ressentit l’appel à suivre Jésus-Christà l’âge de onze ans. Plus tard, jeune homme, il s’engageapour la vie comme membre des Church CommunitiesInternational, connue alors sous le nom de « Bruderhof » ou« foyer des frères ». En 1938, il fut choisi comme serviteur dela Parole — ou pasteur — et de 1962 jusqu’à sa mort, il servitle mouvement grandissant en tant qu’ancien de toutes lescommunautés.Le petit groupe confié aux soins d’Arnold ne formait pas ceque l’on appelle généralement une église, et lui n’était certainementpas un pasteur dans le sens conventionnel <strong>du</strong> terme. Iln’avait pas non plus une personnalité charismatique et n’avaitjamais reçu d’instruction théologique formelle. Il était un véritableSeelsorger (guide spirituel), sincère, et qui se souciait profondément<strong>du</strong> bien-être intérieur et extérieur des communautésqui lui étaient confiées. Il servait avant tout ses frèreset sœurs sur un pied d’égalité, partageant leur vie quotidiennedans le travail et le loisir, dans les repas pris en commun, lesréunions d’ordre pratique et les réunions de prière.


x<strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Les extraits et les citations de ce livre furent compilés etédités pendant plusieurs années par des membres des ChurchCommunities International qui ont connu Arnold personnellement.Ce ne fut pas une tâche facile que de tamiser, pourainsi dire, tout ce matériau, tant il y en avait. Ses écrits comprenaient,entre autres, les articles publiés, sa correspondancepersonnelle, les transcriptions des réunions de prière, leslettres circulaires écrites au nom <strong>du</strong> mouvement tout entier.Le but de cette sélection est tout simplement de présenter aulecteur le message d’Arnold dans toute sa force.Le style d’Arnold est direct et spontané. Il se servait rarementde notes, et quand il écrivait, il allait droit au cœur<strong>du</strong> sujet, quelquefois même d’une manière presqu’agressive.Certains le trouvaient trop brusque. C’est néanmoins cettesimplicité qui justement rendait son témoignage accessibleà tous. Sa foi n’était pas une affaire de termes raisonnés outhéologiques — il fallait qu’elle s’exprime en actes : « Nousen avons assez, des paroles. Elles sont faciles, on les entendpartout — qui d’entre nous, en effet, dirait qu’il est contre lafraternité et l’amour ? »Arnold fut appelé à s’exprimer sur tous les aspects de lavie spirituelle — personnelle et communautaire. Mais un filcon<strong>du</strong>cteur parcourt toute son œuvre : le Christ et sa croixcomme centre de l’univers. Arnold nous répète avec insistanceque si nous ne rencontrons pas Jésus-Christ personnellement,si nous ne sommes pas interpellés par son messagede repentance et d’amour, il n’est pas possible de vivrela foi chrétienne. Ainsi, peu lui importait que la question àrésoudre soit d’ordre pratique ou concerne la vie intérieure,


Préfacexiou que les exigences <strong>du</strong> jour surgissent sans prévenir ou demanière dérangeante. Chaque problème était affronté surla base solide des commandements de Jésus-Christ. Cecin’était pas seulement le cas pour tous les problèmes internesde la vie en communauté, mais aussi pour tout ce qui se passaità l’extérieur et qui méritait que l’on y réfléchisse telsqu’événements politiques, questions et courants sociaux.L’attitude d’Arnold, centrée sur le Christ, lui donnaitun courage hors <strong>du</strong> commun pour affronter le péché. Il netolérait pas l’indifférence aux préceptes de l’évangile. Mais demême qu’il combattait le mal présent dans son prochain, il lecombattait aussi en lui-même. Jamais cette lutte ne fut contrela personne elle-même, mais uniquement contre le péché.Cela lui valait parfois la critique d’être trop émotif. Maislorsqu’on aime le Christ, comment peut-on être froidementindifférent, si l’honneur de l’église est en jeu ?Je m’élève contre l’idée selon laquelle il est mal de réagir avecémotion ou véhémence lorsque Dieu est attaqué, des frèreset sœurs maltraités ou l’église outragée. Je protesterai toutema vie contre la sombre froideur face à la cruauté ou tout cequi détruit l’œuvre de Dieu.C’était cela, aussi, qui lui permettait d’appeler parfois sévèrementà la repentance :Sommes-nous prêts à subir l’action tranchante de la parole<strong>du</strong> Christ en nous, ou désirons-nous nous en protéger etnous en<strong>du</strong>rcir envers elle ? Nous ne pouvons pas concevoir àquel point nous gênons l’action de Dieu. Mais nous pouvonsle prier de nous fendre avec sa parole, même si cela estdouloureux.


xii<strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Avec la même vigueur et la même insistance que lorsqu’ilappelait à la repentance, Arnold s’efforçait à la compassionet au pardon. Il prenait très au sérieux l’injonction de Jésusà pardonner pour être soi-même pardonné, et de pardonner« jusqu’à soixante-dix fois sept fois ». A ceux qui l’avaientblessé ou qui avaient trahi sa confiance, il redonnait toujourssa confiance, intacte. Pourquoi ? Parce qu’il croyait fermementà la puissance <strong>du</strong> pardon total, parce qu’il avait confianceen Dieu de tout son être, et que grâce à cette confiance,il pouvait surmonter toutes ses peurs humaines.Paradoxalement, de même qu’on se moquait de lui et qu’ilétait rejeté pour son insistance sur la nécessité d’un repentirprofond, il était aussi méprisé à cause de son humilité. Carbien qu’il refusât de fermer les yeux sur le péché dans l’églisecommunauté,il refusait aussi de s’élever au-dessus de celuiqui avait commis le péché ou de réagir avec <strong>du</strong>reté ou rigiditéà son égard. Ayant souffert lui-même dans sa propre vie, ils’identifiait facilement avec la souffrance d’autrui.En tant que pasteur principal, Arnold passait des heuresentières à lire, relire et réfléchir dans la prière au contenud’un flot quotidien de lettres. Son propre courrier illustrel’humilité avec laquelle il répondait. Quand on lui posait unequestion, il conseillait, réconfortait, exhortait, mais jamaisil ne critiquait la personne qui s’était adressée à lui en touteconfiance. Des centaines de personnes avaient recours à lui,année après année, et Arnold les poussait toujours de l’avant,sur la <strong>voie</strong> de Jésus-Christ, au-delà de leur préoccupation deleur péché ou de leur sainteté personnelle.Arnold savait bien qu’il ne possédait pas toutes les réponses.Il lui arrivait souvent de dire qu’il avait besoin de réfléchir


Préfacexiiisur une question ou d’y penser dans la prière, ou mêmequ’il ne savait pas quoi faire à tel sujet. Si on lui demandaitd’expliquer un verset difficile, une contradiction apparenteou le sens d’un passage mystérieux dans la Bible, il lui arrivaitde dire : « J’ai beaucoup pensé à ces paroles, mais je ne lescomprends pas moi-même pleinement. Confions ceci à Dieu.Un jour, cela nous sera révélé », et il n’essayait même pas dedonner une interprétation. Malgré un grand savoir livresqueet une très bonne connaissance de l’Ancien et <strong>du</strong> NouveauTestament, c’était un homme dont l’instruction était celle<strong>du</strong> cœur, la connaissance, celle de l’âme humaine, et dont lacompréhension des <strong>voie</strong>s de Dieu provenait de son amourpour Lui, pour Jésus, et pour l’église. Mais avant tout, Arnoldsavait écouter. Il écoutait ses frères et sœurs, ses amis, lesétrangers, les critiques et surtout, il écoutait Dieu.Du plus profond de mon cœur, je veux écouter la voix deDieu, qui parle à travers la fraternité. Je veux témoignerde Jésus pour notre temps. Je veux être pauvre avec vous,spirituellement pauvre. Je veux obéir, aller là où l’églisem’enverra, et agir selon la volonté de Dieu. J’aspire à une viede fraternité unie, une fraternité qui rassemblerait ceux quisont dispersés.Plusieurs aspects de l’œuvre d’Arnold pourraient être étudiésde manière plus approfondie, comme l’influence primordialede son père, Eberhard Arnold; celle des deux pasteurs allemandsJohann Christoph et Christoph Friedrich Blumhardt,et leur vision <strong>du</strong> Royaume en tant que réalité présente ici etmaintenant ; ou l’influence de Maître Eckhart, dont le mysticismese reflète dans le propre penchant mystique d’Arnold. Ily a aussi les livres de Dietrich von Hildebrand et de Friedrich


xiv<strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>von Gagern, auxquels il se référait souvent. Toutes cessources ne sont pas importantes en elles-mêmes, mais ellesdonnent à son message dans son ensemble une profondeuret une largeur de vue qui ne peuvent être ignorées.Ceci est peut-être l’élément essentiel <strong>du</strong> témoignaged’Arnold, car il nous oblige, encore et encore, à surmonter lapetitesse de notre vie quotidienne et à ouvrir nos yeux surde plus grandes réalités que nous ignorons si souvent. Pourreprendre ses propres paroles :« Quel don précieux ce serait si nous pouvions saisir untout petit peu de la grande vision de Jésus — si nous pouvionsvoir au-delà de nos petites vies ! Il est certain quenotre horizon est très limité. Mais nous pouvons au moinsdemander à Jésus de nous élever au-dessus de notre mondelimité et de notre égocentrisme. Et nous pouvons au moinsdemander à percevoir son appel à la grande moisson qui doitêtre récoltée — le rassemblement de toutes les nations et detoutes les personnes, y compris des générations futures. »Hela EhrlichChristopher Zimmerman


LE DISCIPLE


<strong>La</strong> vie intérieureQuand on pense aux millions de personnes qui se disent chrétiens,on a l’impression que, de nos jours, la religion chrétiennene consiste presqu’exclusivement qu’à aller à l’église ledimanche matin. Je sais qu’il y a des exceptions, mais soyonsréalistes: l’église a très peu à dire aux jeunes — les offices etles sermons les ennuient, alors ils se tournent vers d’autreschoses. Et cependant, les gens sont vaguement conscientsqu’il manque quelque chose à leur vie intérieure, et mêmes’ils ne vont pas trouver leur pasteur ou leur prêtre pourdemander conseil, ils cherchent de l’aide, souvent en allantvoir un psychiatre. Il est vrai qu’une fois que l’être intérieurchange, tout le reste change aussi. Mais ceci ne peut se réaliserque par Dieu, et non par l’homme.Jésus-Christ a enseigné qu’un changement complet devraits’opérer en chacun de nous, et que ce changement doit commencerdans notre être intérieur. Pierre et les apôtres ontenseigné la même chose à la Pentecôte. Lorsque les gens luidemandèrent : « Que devons-nous faire ? », il leur répondit: « Croyez, repentez-vous et que chacun de vous sefasse baptiser au nom de Jésus-Christ » (Actes 2.37-38). Et


<strong>La</strong> vie intérieure 3lorsqu’ils acceptèrent ces paroles, le changement qui s’opéraen eux se manifesta dans les domaines pratique et économiquede leur vie. Ils déposèrent tout ce qu’ils possédaient auxpieds des apôtres. Chacun renonça volontairement à toutepropriété privée, et pourtant, par ce choix <strong>du</strong> partage total,nul ne fut dans le besoin.Pour notre époque aussi, nous croyons en une nouvellesociété sur le même modèle, née de ce changement intérieur.Si Dieu pénètre notre vie intérieure, le changement qu’ilopère en nous affectera toute notre vie extérieure. Si notrechristianisme n’est qu’une religion <strong>du</strong> dimanche matin, ilrestera vide et superficiel.Que signifie « être créé à l’image de Dieu » ? Lorsque Dieuinsuffla la vie dans le premier homme, il donna à chaque êtrehumain la possibilité de faire l’expérience de la richesse <strong>du</strong>cœur de Dieu: l’amour, la joie, l’humour, la colère, la souffrance,la pureté et l’unité. Parce que tout cela nous est familier,nous pouvons percevoir quelque chose <strong>du</strong> divin en nousmêmes— bien que d’une manière souvent très déformée.<strong>La</strong> ressemblance avec Dieu est préservée de la manière laplus pure dans les enfants. En tant qu’a<strong>du</strong>ltes, nous vivonsbien souvent une vie médiocre, qui reflète l’extrême petitessede nos âmes, nos pensées centrées sur nous-mêmes, sans rapportavec Dieu. Mais nous sommes créés pour bien plus grandque cela. Je ne crois pas qu’aucun d’entre nous ait encore faitl’expérience de la pleine richesse d’esprit, d’âme et de cœurque Dieu nous accorde pour notre bonheur.Et pourtant, en tant qu’enfants de Dieu, nous sommescapables de faire l’expérience de toutes ces choses mieux que


4 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>toute autre créature. Et Dieu nous aime tant, qu’il nous aenvoyé son fils unique pour nous sauver. Dans la premièrelettre aux Corinthiens, Paul nous dit que l’église jugera lesanges (1 Corinthiens 6.3). Cela devrait nous donner une idée<strong>du</strong> sens profond de notre vocation et de ce que signifie êtrecréés à l’image de Dieu.Dieu créa le ciel, la terre, et toutes les constellations del’univers. Il créa aussi quelque chose d’autre, quelque chosede très mystérieux: l’esprit humain. Dieu créa cet esprit et lemit en nous parce qu’il désire vivre en nous. <strong>La</strong> Bible nous ditque Dieu « n’habite pas dans les temples construits par leshommes » (Actes 17.24) — que nous devrions nous-mêmesêtre un temple pour Lui (1 Corinthiens 6.19).Mon père avait coutume de dire que la stupidité était leplus grand des péchés. Par là, il n’entendait pas la simplicitéd’esprit, mais la lourdeur spirituelle : avoir une conscienceéteinte et ne pas écouter Dieu dans son cœur.Peu de gens, aujourd’hui, ont une idée des richesses <strong>du</strong> cœurhumain. Nos cœurs ont été créés pour faire l’expérience degrandes choses. <strong>La</strong> plupart d’entre nous n’avons aucune idéede ce qui pourrait se passer dans notre vie si nous surmontionsnotre stupidité et l’engourdissement de notre esprit. Paul dit :Je me mets à genoux devant Dieu... Je lui demande que, selonla richesse de sa gloire, il vous donne d’être puissamment fortifiéspar son Esprit dans votre être intérieur, et que le Christhabite dans vos cœurs par la foi. Je demande que vous soyezenracinés et solidement établis dans l’amour et que, avectous les membres <strong>du</strong> peuple de Dieu, vous soyez capablesde comprendre combien l’amour <strong>du</strong> Christ est large et long,


<strong>La</strong> vie intérieure 5haut et profond, et de connaître cet amour qui surpasse touteconnaissance — de sorte que vous soyez remplis de toute laplénitude de Dieu » (Ephésiens 3.14-19).Si nous pouvions saisir ce passage, nous comprendrions toutl’évangile. Nous ne sommes pas remplis de la plénitude deDieu, et ce serait arrogant de croire que nous le sommes.Mais la prière de l’apôtre Paul devrait nous éveiller et nousinspirer!Dieu dit à Israël : « Prêtez l’oreille et venez jusqu’à moi.Ecoutez, et votre âme vivra (Esaïe 55.3) ». Il est extrêmementimportant de se tourner vers Dieu avec tout son être,et de croire qu’il parlera. Tout repose sur la demande quenous lui faisons de nous parler. Si, pendant longtemps, nousn’entendons rien de Dieu, c’est peut-être qu’il y a quelquechose entre nous et le ciel — peut-être manquons-nousd’amour envers notre frère, ou sommes-nous en désaccordavec notre conjoint. Si c’est le cas, notre attente sera vaine.Naturellement, nous ne pouvons pas attendre de réponsede la part de Dieu après cinq minutes seulement de silence.Pensez au nombre de fois où Jésus lui-même a dû attendre !Mais plus notre vie appartiendra au Christ, plus profonde seranotre relation à lui, plus rapide sera aussi sa réponse et plusvite se servira-t-il de nous pour accomplir ses desseins — car Ilsaura qu’ici, quelqu’un est entièrement prêt à le servir.Extrait d’une lettre : Maître Eckardt 1 a souligné l’importance d’uncœur qui écoute. Il voulait dire par là, un cœur qui n’écoute queDieu. Il affirmait que Dieu désire, par-dessus tout, un cœur1Mystique allemand, 1260 – 1328


6 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>qui se tourne vers Lui dans le silence, un cœur qui se détachede tout pour l’entendre parler. Ceci implique le détachementde Mammon, de l’impureté et de la Schadenfreude ou malice,<strong>du</strong> mensonge, de la méfiance, et de la haine ; de l’esprit <strong>du</strong>monde, et de tous les autres esprits qui Lui sont étrangers.Quand les gens sont en bonne santé et qu’ils sont heureux, ouqu’ils ont une base économique solide, ils deviennent souventtièdes. Ils remettront peut-être à Dieu ce qui en eux leur sembleaffecter leur santé — ce qui leur cause de la détresse ou ceavec quoi ils se débattent. Mais même si cela les pousse à prier,ils gardent pour eux-mêmes leur être le plus profond.Le fait que nous cherchons Dieu quand tout va mal nousmontre que, au plus profond de nous-mêmes, nous avonsfaim et soif de lui. Nous devrions confier à Dieu toutes noscraintes, nous devrions Lui confier notre maladie et notreangoisse. Mais cela ne suffit pas. Il nous faut Lui offrir notreêtre profond, notre cœur et notre âme. Si nous nous abaissonsainsi devant Dieu et que nous nous donnons entièrementà Lui, si nous abandonnons à lui tout ce que nous sommes,toute notre personnalité, sans plus résister, alors Dieupeut nous aider : d’abord Il nous ré<strong>du</strong>it à la faillite, puis Ilnous comble de la vie véritable.Extrait d’une lettre : Le plus important, pour vous, est de reconnaîtrela grandeur souveraine de Dieu et de vivre pour Lui.Essayez de lire la Bible, au moins deux ou trois chapitreschaque jour. Ceci vous ouvrira les yeux sur la grandeur deJéhovah, le Seigneur de l’univers. Ainsi, vous verrez combienla recherche <strong>du</strong> bonheur personnel est insignifiante.


<strong>La</strong> vie intérieure 7Extrait d’une lettre : Lorsque le diable vous incite à haïr votreprochain, je vous conseille de trouver le calme intérieur. Voussavez bien que, dans votre for intérieur, vous ne voulez pascette haine.Je peux très bien comprendre votre souffrance. Essayezquand même de devenir absolument calme intérieurement etcroyez que Dieu vous aime et qu’Il désire vous aider, même sicette conviction est continuellement assaillie par le doute. Decette manière, votre crainte sera surmontée petit à petit.Si vous essayez de combattre vos émotions avec d’autresémotions, vous n’en deviendrez que plus confus. Vous nepouvez rectifier vos émotions, mais vous pouvez avoir confianceen Dieu. Il connaît le tréfonds de votre cœur, et Il vousredressera. Ayez foi en Lui seul.Extrait d’une lettre : Vous demandez comment trouver le calmeintérieur. Souvenez-vous des paroles de Jésus à propos de laprière ; elles sont très importantes : « Lorsque tu veux prier,va dans ta chambre, ferme la porte et prie ton Père qui est là,dans cet endroit secret. Et ton Père, qui voit dans le secret, terécompensera » (Matthieu 6.6). Si vous vous détachez de vosémotions, de l’agitation de votre vie et que vous recherchezDieu dans ce détachement de vous-même, vous trouverez lapaix <strong>du</strong> cœur.Extrait d’une lettre : Les longues prières ne sont pas toujours efficaces.Même Jésus nous met en garde contre elles. En général,elles sont plus païennes que chrétiennes.Que votre vie de prière soit plus vivante! Mais ne la forcezpas, qu’elle soit très libre. Lorsque la prière devient une force


8 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>vivante pour vous, le feu de l’Esprit s’embrasera et ceci vousapportera la vie !Extrait d’une lettre : Nous ne pouvons pas vivre sans une vie deprière personnelle. Nous avons besoin de la prière autant qued’eau à boire. Nous avons tous besoin de temps de silencedevant Dieu. Jésus nous dit spécifiquement de ne pas nousdonner en spectacle quand nous prions. Nous devons prier ensecret et ne pas en parler. <strong>La</strong> prière dans la solitude est absolumentnécessaire, et tout aussi importante que les prières encommun de l’Eglise rassemblée.Nous avons tendance à prier uniquement pour ce que nousdésirons pour nous-mêmes, et nous ne nous préoccupons quepeu de ce que Dieu, à un moment donné, désire de nous. Ilm’arrive de penser que Dieu répondrait plus vite à nos prièressi celles-ci étaient dirigées davantage à faire sa volonté, et sinotre cœur, con<strong>du</strong>it par l’Esprit Saint, Lui demandait plutôt cequ’Il désire. Je pourrais l’exprimer ainsi : Dieu a besoin de nouschaque jour. Il a besoin de personnes qui réalisent Sa volonté.Ainsi, nous ne devrions pas prier pour ce que nous voulonspour nous-mêmes, mais nous devrions plutôt demander àDieu la force d’accomplir ce qu’Il désire de nous.Dieu a besoin de personnes qui Lui demandent que Savolonté soit faite. Si personne ne s’y intéresse, Il doit laisserson travail sur la terre inachevé. Mais s’il y a des gens qui tendentles mains vers Lui, désirant sa volonté et cherchant àl’accomplir, alors Il peut faire quelque chose dans ce monde.C’est une erreur de penser que tout vient tout seul, que rienn’est atten<strong>du</strong> de nous. Jésus nous a enseigné à prier pour que


<strong>La</strong> vie intérieure 9sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel. (Matthieu6.10).Il nous faut aussi prier pour que la volonté de Dieu soit faitedans notre vie personnelle. Parce que le Malin essaye toujoursde nous con<strong>du</strong>ire sur le mauvais chemin, il nous faut noustourner vers Dieu chaque jour et lui demander de renouvelernotre cœur. Mais nous ne devrions pas prier uniquement pournous-mêmes. Nous devrions prier pour le monde entier —pour toute l’humanité et pour toutes les nations.Extrait d’une lettre : Il existe une prière qui n’est pas bonne — laprière opiniâtre. Mais si l’objet de notre prière est en accordavec la volonté de Jésus, cette prière est juste. Du momentqu’il n’y a pas ni obstination ni suffisance dans notre prière,elle n’est pas mauvaise.Il est tout à fait étranger aux <strong>voie</strong>s de Jésus de faire desprières égoïstes en son nom, comme par exemple désirerune carrière couronnée de succès ou mille dollars. LorsqueJésus nous dit : « Je ferai tout ce que vous demanderez enmon nom » (Jean 14.13-14), il veut dire : tout ce qui glorifiele Père et le Fils.Dans notre vie de prière, il nous faut écouter l’Esprit de Dieu.Ce que Dieu veut nous dire est plus important que ce quenous-mêmes désirons Lui dire. C’est pour cela que le silenceen commun, partagé dans la certitude que Dieu désire parlerau cœur de chacun, sera toujours riche de sens pour nous.Nous devrions toujours croire que nos prières obtiendrontune réponse, même si ce n’est pas immédiat. Daniel pria Dieu


10 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>avec ferveur pendant des journées entières pour le pardonde ses péchés et des péchés d’Israël. Cependant, il ne reçutaucune réponse pendant trois semaines. Puis un ange luiapparut dans une vision et dit :N’aie pas peur, Daniel ! Dès le premier jour où tu as manifestéton humble soumission envers ton Dieu, en ayant àcœur de comprendre ce qui se passait, ta prière a été enten<strong>du</strong>eet c’est en réponse à tes paroles que je viens. Mais l’ange<strong>du</strong> Royaume de Perse s’est opposé à moi pendant vingt etun jours, jusqu’au moment où Michel, l’un des principauxanges, est venu à mon aide (Dan 10.12-13).Ainsi, les prières de Daniel avaient été enten<strong>du</strong>es dès le début,mais des puissances obscures avaient entravé la réponse del’ange à Daniel.Aujourd’hui, malgré la victoire de la Croix, il y a encore despuissances maléfiques à l’œuvre. Comme pour Daniel, nosprières ne peuvent pas toujours recevoir de réponse tout desuite. Mais Dieu les entend, et nous devons croire cela trèsfermement.Extrait d’une lettre : Donnez tout à Jésus. Plus vous lui donnereztout, plus son esprit vous remplira. Même les chrétiens lesplus sincères traversent des périodes de sécheresse intérieure,par lesquelles Dieu les met à l’épreuve. Mais ensuite, Dieu lesinonde de Son grand amour. Ainsi, ne désespérez pas lorsquevous ressentez une sécheresse intérieure.


Le repentirL’évangile commence par un appel au repentir. Se repentirsignifie que tout doit être renouvelé et changé. Ce qui étaiten haut doit descendre, et ce qui était en bas doit monter.Tout doit être vu comme Dieu le voit, tout notre être doitêtre renouvelé. Penser par nous-mêmes doit être abandonnécomplètement. C’est Dieu qui doit devenir le centre de notrepensée et de nos émotions.Jésus-Christ est venu pour sauver l’humanité, mais il ad’abord appelé au repentir et à le suivre. Beaucoup de chrétienssont attirés par sa promesse de salut mais ils ne veulentpas se repentir totalement. Il est tragique de voir queles pires ennemis de Jésus sont, bien souvent, les croyantseux-mêmes et non pas les incroyants. Même pendant sa viesur terre, ceux qui haïssaient le plus Jésus n’étaient pas lessoldats qui l’ont crucifié, mais les très pieux pharisiens et lesscribes. Ils haïssaient son message de repentance.Lorsque Jean-Baptiste apparut dans le désert de Judée, ilappela les hommes au repentir — à changer leur cœur etleur esprit. Il n’a certainement pas flatté ceux qui venaient


12 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>à lui. Il leur a dit clairement combien ils étaient loin de Dieu(Matthieu 3.7-8). Jean-Baptiste ne fut pas le seul à parler <strong>du</strong>repentir. Jésus le fit lui-même, depuis son premier enseignementdans la Bible jusqu’au dernier.Les gens n’aiment pas l’appel de Jean-Baptiste : « Repentezvous,car le Royaume des cieux est proche! », parce qu’ils necomprennent pas ce que se repentir signifie. Se repentir neveut pas dire se tourmenter, ni être jugé par les autres. Serepentir signifie se détourner de la corruption et <strong>du</strong> mammonismede l’humanité déchue, et laisser son cœur êtretouché par l’atmosphère <strong>du</strong> Royaume de Dieu. Quiconque avécu le vrai repentir sait qu’il fait fondre notre cœur commede la cire, et combien il nous secoue en ouvrant nos yeux surnotre péché. Mais ceci ne devrait pas être le cœur de cetteexpérience. C’est Dieu qui doit être au centre d’un cœurrepentant — Dieu, révélé sur la croix comme étant amour etqui, seul, peut apporter la réconciliation.Extrait d’une lettre : Nous devons tous passer par des périodesdifficiles et douloureuses de repentance. Je vous supplie deles accepter non pas comme une pénitence, mais comme unegrâce ; et je vous implore de ne pas vous tourmenter, mais decomprendre que Jésus-Christ désire vous libérer.Extrait d’une lettre : Savez-vous ce que se repentir signifie vraiment? Quand une personne se repent, elle change d’unetelle manière que tous ceux qui la rencontrent perçoiventson changement intérieur. Dans Un conte de Noël, de CharlesDickens, il fut évident pour tous ceux qui rencontrèrentle vieux Mr. Scrooge le jour de Noël, qu’il était devenu un


Le repentir 13homme très différent de ce qu’il était la veille au soir. Je voussouhaite un tel repentir.Si nous avons confiance en Jésus et dans le pouvoir de samort, nous trouverons le pardon, quelque soit notre péchéprésent ou passé. Mais nous ne devons pas jouer avec sabonté. Il jugera chaque péché, chaque compromis que nousfaisons avec le diable. Par exemple, il nous met si fortementen garde contre l’immoralité qu’il nous dit que nous ne devrionsmême pas regarder une femme avec concupiscence.Acceptons le caractère tranchant de ses mises en garde.Il y a des moments dans la vie de chacun où Dieu se fait trèsproche. De même, il y a de semblables moments ou périodesprivilégiés avec Dieu pour chaque église. Selon le livre del’Apocalypse, Jésus, <strong>du</strong> ciel, a parlé par Jean aux sept églises,disant à chacune ce qu’elle devait reconnaître et pourquoielle devait se repentir, tout en l’encourageant. Ce fut, assurément,un grand moment de Dieu pour ces églises.Dieu est infiniment bon. S’il s’est approché d’une personneune fois, il peut revenir une seconde, une troisième,une quatrième et même une cinquième fois, mais il peutaussi ne pas revenir. L’écouter ou non dépend uniquementde nous-mêmes.Quel que soit le contrôle que nous ayons sur nous-mêmes etquel que soit notre tromperie ou notre mensonge, Dieu voitjusqu’au tréfonds de notre cœur. Nous placer dans Sa lumièreest le seul acte par lequel nous pouvons être renouvelés. Toutest possible si nous nous mettons librement dans la lumière


14 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>de Dieu. Mais si nous refusons de le faire, tout dans notre viesera en danger.Lorsque quelqu’un se repent vraiment, c’est une des plusmerveilleuses choses qui puissent se pro<strong>du</strong>ire. Dieu est tellementproche d’une âme repentante ! Le cœur de pierre setransforme alors en un cœur de chair, et toutes les émotions,les pensées et les sentiments changent. Le regard qu’une personneporte sur le monde change totalement quand le don<strong>du</strong> repentir lui est accordé.Il nous faut recevoir une nouvelle vie, il nous faut changer.Mais c’est Dieu qui doit nous changer. Et il peut nous changerd’une toute autre manière que celle que nous aurions pudésirer ou imaginer. Nos propres idéaux — nos propres projetsde développement intérieur ou de changement personnel— tout cela doit cesser d’exister. Toute attitude hautainedoit être abandonnée, tout effort humain pour obtenir quoique ce soit doit être sacrifié. Pour être prêts pour le nouvelavenir de Dieu, nous devons être transformés par lui.Extrait d’une lettre : Je suis convaincu que Jésus peut vous accorderun cœur complètement pur et une paix parfaite. Au début, plusvous vous rapprocherez de lui, plus vous vous sentirez jugé parvotre péché. Mais à la fin, vous connaîtrez une joie et une paixprofondes. Votre recherche de Dieu ne doit pas faire de votrevie un tourment. Il voit que vous le cherchez avec un cœur sincère.Je vous souhaite courage et espérance.Extrait d’une lettre : Le remords ouvre le cœur à Dieu. L’expérienceelle-même est très douloureuse, mais plus tard, vous vous en


Le repentir 15souviendrez avec reconnaissance comme d’une lumière dansvotre passé. Le repentir ne signifie pas que vous devez vousattarder dans votre péché, mais que votre cœur doit s’adoucirenvers Dieu et ceux qui vous entourent.Extrait d’une lettre : Je voudrais tellement que vous trouviez levrai repentir, car pour vous, il est le seul espoir dans votrelutte contre l’amertume. Il n’existe pas de cœur si <strong>du</strong>r queDieu ne puisse toucher ni adoucir. Je sais ceci parce qu’il n’y apersonne parmi nous qui n’ait pas, à un moment ou un autre,en<strong>du</strong>rci son cœur envers Dieu. Si seulement vous pouviezéprouver son désir et son amour ardent pour vous et pourchacun d’entre nous ! Vous accepteriez alors que tout ce quivous sépare de ce grand amour vous soit arraché, aussi douloureuxque cela puisse être.L’amour de Dieu est semblable à l’eau : il recherchel’endroit le plus bas. Et pourtant, nous ne pouvons pas devenirvraiment petits et humbles par nos propres forces. Nousne pouvons nous voir tel que nous sommes — « or<strong>du</strong>re <strong>du</strong>monde et rebut de l’humanité » (1 Corinthiens 4.13) — quedans la lumière de la toute puissance, de l’amour, de la puretéet de la vérité de Dieu.Une fois que nous avons vu les ténèbres <strong>du</strong> péché et l’horreurde la séparation d’avec Dieu, nous pouvons alors percevoirquelque chose de ce que Jésus veut dire par le repentir. Lerepentir signifie pourtant plus que la reconnaissance denotre péché. Le repentir signifie se tourner vers le Royaumede Dieu. Cela signifie aussi être prêt à parcourir le mondepour défaire tout le mal que nous avons causé, tout en sachantbien que nous ne pouvons pas défaire quoi que ce soit.


16 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Finalement, cela signifie de nous abandonner totalement àDieu, qui pardonne et libère <strong>du</strong> péché.Extrait d’une lettre : Je suis reconnaissant que vous voyiez clairementvotre péché, mais je vous conjure de cesser de penserà vous-même, à votre passé et à votre dépression. Vous n’enserez qu’encore plus déprimé. Ce n’est pas cela, le repentir.Imaginez votre être intérieur comme un étang limpide,reflétant le soleil, les étoiles et la lune. Si vous remuez la boueau fond de l’étang, tout deviendra troublé et brouillé, et plusvous le remuez, plus il sera troublé. Devenez calme et tenezferme face au diable. Alors l’eau deviendra limpide à nouveau,et vous y verrez reflété l’amour <strong>du</strong> Christ pour vous et pourle monde entier.


<strong>La</strong> conversionDans le troisième chapitre de l’évangile de Jean, nous lisonsque nous devons naître à nouveau de l’eau et de l’Esprit-Saint. Ceci ne peut être compris dans le sens humain, commeNicodème a essayé de le faire. <strong>La</strong> nouvelle naissance est unsecret, un mystère, un miracle. Mais si nous croyons queJésus a été envoyé par Dieu le Père et si nous croyons au pouvoirde l’Esprit-Saint, Il peut nous faire renaître. Ceci dépendentièrement de la foi (Jean 3).<strong>La</strong> décision de suivre Jésus ne peut être une décision pour unan ou deux seulement. Ce doit être une décision pour toujours.Jésus nous dit : « Celui qui se met à labourer puis regardeen arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu » (Luc 9.62).Mais si nous lui restons fidèles, Il nous rendra purs et Il nousaccordera l’unité avec Dieu, l’unité entre nous, et Il nous donnerala vie éternelle.Tous ceux qui veulent suivre Jésus ne doivent pas seulementlui ouvrir leur cœur et dire : « Viens dans mon cœur et purifiemoi». Ils doivent aussi être prêts à dire : « Je veux faire toutce que tu me diras de faire ». Jésus dit : « Venez à moi, vous


18 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>tous qui peinez sous le poids d’un lourd fardeau (Matthieu11.28). Si vous voulez venir à lui — le laisser entrer dansvotre cœur — alors vous devez aussi accepter de le laisservous diriger et abandonner votre volonté propre.L’état de <strong>disciple</strong> exige l’abandon de tout, y compris tout ceque nous considérons comme positif en nous-mêmes. Demême que Paul a bien voulu abandonner la loi juive, nousdevons abandonner la bonne image que nous avons de nousmêmes,notre rectitude, notre gentillesse, et les considérercomme néant par amour pour Jésus-Christ.Le radicalisme de la <strong>voie</strong> de Jésus doit être un défi pour nous.Jésus ne désire pas gagner de grands nombres, mais descœurs dévoués. Il ne promet pas la sécurité — économiqueou autre. Il cherche tous ceux qui veulent se donner sansréserve à Dieu et à leurs frères, sans chercher quoi que ce soitpour eux-mêmes.<strong>La</strong> décision de suivre le Christ doit être une décision essentiellementpersonnelle. Mais cela ne peut jamais vouloir dire,comme quelqu’un me le disait : « Il ne reste plus que Jésus etmoi-même. » L’état de <strong>disciple</strong> doit toujours être en relationavec ses frères et sœurs. C’est pour cela que Jésus rassembleles deux commandements, « Aime le Seigneur ton Dieude tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit »,et « Aime ton prochain comme toi-même » (Matthieu 22.37-39). Nous ne pouvons pas séparer ces deux commandements.Il est vrai qu’une expérience spirituelle et personnelle doitavoir lieu au plus profond de notre être, mais elle ne peutêtre une expérience solitaire ou égoïste.


<strong>La</strong> conversion 19Ce qui fait l’essentiel de la foi doit devenir plus clair pournous. Si nous acceptons les enseignements de la Bible sanstoutefois rencontrer Jésus lui-même, cela ne nous servira àrien. De même, si nous avons des convictions sans avoir faitl’expérience et ressenti profondément la personnalité, l’êtreet la nature de Jésus, cela ne nous aidera pas. Chacun doitêtre confronté personnellement avec Jésus lui-même.Si nous pouvons réaliser en notre cœur que Jésus est mortpour nous, cela nous changera complètement : ce sera unevéritable révolution. Par la destruction de notre moi pécheur,nous serons renouvelés et nous ne serons plus esclave <strong>du</strong>péché.Être prêt à souffrir avec le Christ, le Christ souffrant, fait partiede l’expérience d’une véritable conversion. Je ne crois pasqu’une vraie conversion soit possible sans cela.Être <strong>disciple</strong> signifie une consécration complète. Tout estexigé : notre cœur, notre esprit et notre existence tout entiers,y-compris notre temps, notre énergie et nos biens — toutcela pour la cause de l’amour. Un christianisme tiède est pireque pas de christianisme <strong>du</strong> tout.Jésus dit : « On reconnaît un arbre à ses fruits » (Matthieu12.33). Ceci veut dire que c’est par les fruits de la vie d’une personneque l’on saura si elle est hypocrite ou non. « Ce ne sontpas ceux qui disent «Seigneur, Seigneur» qui entreront dansle Royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté de monpère qui est dans les cieux » (Matthieu 7.21). Faire ce que Dieuveut signifie manifester les fruits <strong>du</strong> repentir. De même, Jésus


20 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>dit : « Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Tout sarmentqui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche;et tout sarment qui porte <strong>du</strong> fruit, il l’émonde, afin qu’il porteencore plus de fruit. » (Jean 15.1-2).Nous voyons ici qu’il est impossible d’être simplement converti,baptisé et « sauvé », puis vivre ensuite sa vie sans tentations.Si nous voulons porter de bons fruits, il nous faut sanscesse nous repentir et être purifiés.Un sarment ne peut de lui-même porter <strong>du</strong> fruit s’il nedemeure attaché au cep (Jean 15.4). De même, nul d’entrenous ne peut porter de fruit sans avoir une relation personnelleavec Jésus. Sans une telle relation, nous mourronsintérieurement et nous ne porterons pas de fruit. Et si nousne portons pas de fruit, nous serons coupés de la vigne, jetésdans le feu et brûlés. C’est là le grand défi : rester unis à lavigne, rester unis à Jésus.


<strong>La</strong> foiQ ui est Dieu, et comment pouvons-nous le trouver ? Uneréponse à cette question est, qu’au plus profond <strong>du</strong> cœur dechacun, quelque chose de la lumière de Dieu est déjà présent.Parfois, nous ressentons ceci uniquement comme un désirardent pour le bien, la justice, la pureté ou la fidélité. Mais siun tel désir se transforme en foi, nous trouverons Dieu.Les premiers chrétiens disaient que si l’on cherche Dieu onle trouve, car il est présent partout. Il n’y a pas de limite quine puisse être franchie ni d’obstacle qui ne puisse être surmontépour trouver Dieu. Pensez à Nicodème qui d’abord,ne pouvait croire qu’il pouvait changer à son âge. Même luitrouva la foi. Nous ne pouvons pas nous justifier de ne pastrouver la foi. Si nous frappons à la porte, elle s’ouvrira.Dieu vient dans le cœur de chaque personne qui croit qu’Ilviendra, dans tout cœur qui le cherche. Mais c’est à nous dele chercher et d’attendre qu’Il vienne à nous. Si nous vivonsnotre vie dans l’engourdissement, il ne se passera rien. Ilnous faut d’abord chercher — c’est alors seulement que noustrouverons.


22 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>C’est un miracle de la foi quand quelqu’un trouve Jésuset le reconnaît comme étant le Christ. C’est ce que nousvoyons dans l’évangile de Jean 4.42, quand les Samaritainsrépondent à la femme qui avait rencontré Jésus au puits :« Ce n’est plus sur tes dires que nous croyons ; nous l’avonsenten<strong>du</strong> nous-mêmes, et nous savons qu’Il est vraimentle Sauveur <strong>du</strong> monde. » Si seulement cette foi pouvait êtrevivante, ici et maintenant, dans notre église-communautéet parmi les nombreuses personnes qui ont soif de quelquechose de nouveau!Pour les Samaritains, Jésus n’était qu’un homme ordinaire,connaissant la faim, la soif et la fatigue. Aucune personneordinaire n’aurait pu percevoir la plus petite trace deson identité. A qui pourrait-on reprocher de ne pas l’avoirreconnu immédiatement ? Si nous rencontrions un parfaitétranger, nous ne pourrions pas reconnaître immédiatementen lui le Sauveur <strong>du</strong> monde.L’apparence de Jésus était tout sauf celle d’un Sauveur.C’était un homme humble. Il grandit dans une petite ville, ilentra en conflit avec les chefs religieux et il souffrit une mortinfâme. C’est pourquoi c’est un miracle lorsque quelqu’unvient à croire en lui. Lorsque nous pouvons dire, commeles Samaritains : « Voici le Christ, le Sauveur <strong>du</strong> monde »,c’est que notre cœur a été ouvert et rempli de lumière (Jean4.42).Extrait d’une lettre: On dirait qu’un nouveau brin d’herbe verdoyantde foi vivante commence à grandir dans votre cœur.Protégez-le et ne cédez pas à la chair, à votre ego, ou àn’importe quelle forme de péché. Prouvez, à vous-même et


<strong>La</strong> foi 23à ceux autour de vous, que ceci est un nouveau chapitre devotre vie.<strong>La</strong> foi et une conscience paisible sont étroitement entrelacées.Si nous n’écoutons pas notre conscience, notre foi fera naufrage.Et si nous perdons la foi, nous perdons la possibilitéd’avoir une conscience vivante et pure. C’est pourquoil’apôtre nous dit que la conscience de ceux qui ne croient pasest souillée (Tite 1.15). Cela ne pourrait être autrement, carsans la foi, la conscience ne peut se raccrocher à rien.J’ai rencontré un jour des gens qui critiquaient le fait que nousaccordons trop d’honneur à Jésus. Nous étions en train deparler d’une parole de Jésus quand l’un d’eux me demanda :« Croyez-vous ceci parce que Jésus l’a dit, ou parce que c’estla vérité ? » J’ai répon<strong>du</strong> que je croyais pour les deux raisons :parce que Jésus l’avait dit et parce que c’était la vérité. J’aitoujours eu l’impression que j’aurais dû alors en dire plus.J’aurais dû être prêt à passer pour un idiot et dire : « Mêmesi je ne le comprenais pas, je le croirais quand même parceque Jésus l’a dit. » Ces personnes étaient horrifiées que l’onpuisse avoir en Jésus une foi d’enfant.Celui qui n’est pas perturbé par le scandale des souffrances<strong>du</strong> Christ et son humiliation totale, ignore ce que signifiecroire en lui.<strong>La</strong> Bible nous dit : « Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donnéson Fils unique... Dieu n’a pas envoyé son Fils pour condamnerle monde, mais pour le sauver » (Jean 3.16-17). Mais laBible nous dit aussi que le monde sera jugé à cause de son


24 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>manque de foi. Nous devons être bouleversés par le sens desparoles : « Dieu a tant aimé le monde … » — nous verronsalors combien il est terrible de ne pas croire en lui. Nous devonsdemander à Dieu de nous éveiller à une foi et à une croyanceplus profondes — une foi qui fait face à tous les problèmespersonnels, tous les problèmes de la vie communautaireet, finalement, les problèmes <strong>du</strong> monde entier.Extrait d’une lettre: Pierre dit à Jésus qu’il était prêt à mourirpour lui et pourtant, il le renia trois fois. Personne d’entrenous ne peut dire qu’il aura la force de tenir. Cela n’est possiblequ’avec la force de Dieu. Lui seul peut nous donner cetteforce.Lorsque nous nous sentons seuls et peu sûrs de nousmêmes,c’est souvent parce que nous ne croyons pas assezfermement que Dieu nous comprend parfaitement. L’apôtrePaul écrit que si nous aimons pleinement, nous connaîtronspleinement comme Dieu nous connaît (Corinthiens 13.12).Les paroles de Jean sont aussi très importantes : Dieu nousa aimé le premier, bien avant que nous soyons capables del’aimer. Voilà ce qui doit pénétrer dans nos cœurs, et ce à quoinous devons nous accrocher : l’amour <strong>du</strong> Cœur immense, quinous comprend parfaitement (1 Jean 4.19).Nous vivons à une époque de grande agitation dans le mondeentier, et nous pouvons nous attendre à des événementsplus choquants encore que tout ce que nous avons vu jusqu’àprésent. Il n’y a qu’un espoir, une seule chose à quoi se raccrocheren toutes circonstances : Jésus et son Royaume. Dans la


<strong>La</strong> foi 25vie ou dans la mort, dans la joie ou dans le jugement, Jésusdemeure notre unique Sauveur.Paul nous met en garde : des enseignements faux et dangereuxsont répan<strong>du</strong>s, même parmi les soi-disant chrétiens(Colossiens 2.4-23). Restons donc simples et commedes enfants dans notre foi dans le fils de Dieu et le fils del’homme, et bâtissons notre vie d’amour fraternel sur le rocde cette foi.Pourquoi tant de personnes aujourd’hui ne peuvent-ellestrouver la foi ? Je pense qu’il y a plusieurs raisons. Il y a ceuxqui sont satisfaits de ce qui se passe. Ils sont fiers de vivre àune époque de grande culture et de grande civilisation, maisils sont aveugles à la souffrance de l’humanité et de toute lacréation. Ils ont per<strong>du</strong> Dieu de vue.D’autres désespèrent. Ils reconnaissent l’injustice deMammon et souffrent avec les opprimés. Mais dans leur compassion,ils oublient la culpabilité de l’homme — culpabilitéque nous devons tous porter. Et même s’ils <strong>voie</strong>nt cette culpabilité,ils ne <strong>voie</strong>nt que celle d’une certaine classe socialeou d’une certaine nation, et non celle de tous les hommes.Ceux-là <strong>voie</strong>nt la création, mais pas le Créateur. Eux aussi ontper<strong>du</strong> Dieu de vue.D’autres encore <strong>voie</strong>nt le péché, la culpabilité et la faiblessehumaine, mais ils n’ont pas de cœur, pas de patienceenvers les opprimés et ne souffrent pas avec eux. Parce qu’ilsont per<strong>du</strong> Dieu de vue, ils n’entendent pas le cri venant de lacréation tout entière. Ils n’ont pas de foi véritable, ou bien ilsont trouvé une certaine foi, mais uniquement pour leur âmepropre et non pas pour l’humanité souffrante.


26 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Nous ne pouvons trouver la foi que si nous trouvonsd’abord Dieu. Quand nous aurons trouvé Dieu, nous commenceronsà percevoir la misère de l’homme <strong>du</strong> point de vuede Dieu, et nous croirons qu’il peut vaincre cette misère. Leshommes doivent reconnaître que Dieu aime le monde, mêmeà notre époque. Dans les ténèbres de notre soi-disant civilisationactuelle, les hommes ont besoin d’entendre que Dieules aime encore, et qu’Il aime sa création. Le message de la foiest un message d’amour.LE DOUTEExtrait d’une lettre : Vous ne pourrez jamais prouver, même àvous-même, que Jésus existe. <strong>La</strong> foi doit être une expérienceintérieure. Tant que vous essaierez de prouver votre foi intellectuellement,vos efforts vous empêcheront de vivre cetteexpérience. Je ne peux prouver l’existence de Jésus — je n’airien d’autre que ma foi vivante. Thomas doutait de la résurrectionde Jésus, et il dit : « Si je ne mets ma main dans soncôté, je ne croirai pas. » Puis il vit Jésus, et il crut. Mais Jésusdit alors : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jean20.25-29)Douter de l’amour de Dieu et de sa proximité con<strong>du</strong>it à lamort pour celui qui lui a déjà consacré sa vie. Il est bon dereconnaître le mal en nous-mêmes. Mais jamais nous nedevrions douter de la grande miséricorde de Dieu, mêmedans le jugement. Le doute mène à des tourments qui donnentl’impression de vivre en enfer. Nous devons être con<strong>du</strong>itsà un approfondissement toujours renouvelé de notrefoi.


<strong>La</strong> foi 27Quiconque croit que ses péchés sont trop graves, quiconquedoute que Jésus puisse l’aider, se lie avec le diable. Il doutede la victoire de la Croix et empêche le Saint-Esprit d’entrerdans son cœur. Ce doute doit être rejeté. Après tout, l’évangilene nous dit-il pas que Jésus porte le péché <strong>du</strong> monde entier,et : « cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira» (Matthieu 7.7) ? Christ, le Vivant, est mort sur la croixpour réconcilier toutes choses en Dieu. Cette réconciliationdépasse notre entendement humain, mais nous savons qu’elleest possible pour chacun d’entre nous, et que nous sommesappelés à nous repentir et à trouver la réconciliation.Extrait d’une lettre: <strong>La</strong> seule réponse à votre tourment intérieur,c’est la foi en Dieu. Ceci peut vous paraître théorique, mais lafoi est vraiment la seule brèche par laquelle la lumière peutinonder votre vie. Pensez au Sermon sur la Montagne, quandJésus enseigne à ses <strong>disciple</strong>s comment prier : il dit que sivous vous retirez dans votre chambre et priez dans le secret,Dieu, qui voit dans le secret, vous récompensera. Faites ceci,et croyez que Dieu vous entend. Alors, il vous sera possible detrouver la grâce de Dieu, et vous la trouverez. <strong>La</strong> rédemptionexiste grâce à la foi.Extrait d’une lettre: Jésus nous met en garde contre l’inquiétudequi, en fin de compte, est un manque de confiance dans lePère (Luc 12.22-26). Libérez-vous de votre inquiétude et devos soucis (Jean 14.1). Tranquillisez votre cœur et ayez simplementconfiance en Dieu et en Jésus.Vous écrivez que ce sont toujours les petites choses quivous font douter. Ne permettez pas cela. Dieu veut nousmontrer de grandes choses. Il est présent depuis le début et,


28 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>avec lui, la Parole — le Christ. Tout a été créé par lui. Pensezà la magnifique création de Dieu dans son ensemble et dansl’éternité de Dieu.Je désire encourager tous ceux qui se sentent découragésen raison de leurs vains efforts à suivre le Christ. De nousmêmes,nous ne le pouvons pas, nous en sommes tous égalementincapables. Mais c’est parce que nous ne nous donnonspas totalement au Christ. Il ne peut nous aider que si nousnous vidons tout à fait, si nous lui abandonnons tout. Tantque nous agirons avec notre propre vanité, nous échouerons.Dieu nous montre sans cesse combien nous lui faisons terriblementobstacle, en tant qu’indivi<strong>du</strong>s ou comme église. Etre<strong>disciple</strong> ne dépend pas de nos propres efforts. Il s’agit de faireen nous la place pour que Dieu puisse vivre en nous.


Le dogmatismeExtrait d’une lettre : Puisse Dieu nous donner de grands cœurs.Puissions-nous avoir foi dans ce qu’il fait en chacun, sansqu’il y ait de place pour aucune confusion intérieure. Puisset-ilnous donner une foi pure comme <strong>du</strong> cristal qui inclutl’amour de tous, sans que s’y mêle aucune obscurité, une foiqui pardonne et comprend tout, sans pour autant trahir neserait-ce qu’une infime parcelle de vérité.Il nous faut saisir le Christ tout entier — la clarté de sescommandements et son acte d’amour sur la croix. L’amour<strong>du</strong> Christ pour tous les hommes, c’est l’amour de l’Agneauqui porte le péché <strong>du</strong> monde. Jésus cependant nous dit quela damnation éternelle est nécessaire pour le règne futurde Dieu, règne d’amour, d’unité et de justice (Jean 5.29).Changer ou affaiblir ceci serait dénaturer son message.Extrait d’une lettre: Vous affirmez que croire ceci ou cela est <strong>du</strong>dogmatisme. Mais cette façon de penser est pure théologie.Ce sont les églises qui sont coupables — elles ont donné àdes millions de personnes l’impression que certaines croyancesn’étaient autre chose que des dogmes, alors que ce


30 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>sont ces églises elles-mêmes qui ont transformé ces croyancesen dogmes.Nous sommes libres de tout doute à l’égard des miraclesde Dieu. Nous nous sentons entièrement libres de croireau miracle de la naissance de Jésus et à la venue de Dieu enJésus. Et cependant, jamais nous ne voudrions imposer cecià la conscience d’autrui, et nous refusons toute discussionthéologique à ce sujet. Nous ne doutons pas que Jésus deNazareth soit venu directement de Dieu, qu’il ne faisait etne fait qu’un avec Dieu, mais nous ne voulons pas débattrede cela sur un plan dogmatique. Nous rejetons tout dogmatisme,parce que le dogmatisme tue. Nous espérons et nouscroyons en l’Esprit-Saint.<strong>La</strong> naissance <strong>du</strong> Christ a lieu continuellement. Là où deuxou trois personnes sont rassemblées en son nom, là où ilest accepté avec la même foi que celle de Marie, là aussi naîtle Christ vivant. Si nous croyons en l’Esprit-Saint, le Verbedeviendra chair dans nos cœurs et il se manifestera commeFils de Dieu.Cette incarnation dans la chair est une réalité. Mais c’estparce que vous ne pouvez pas croire qu’il vous est possiblede faire partie d’une église où des conditions injustes restentinchangées. Vous êtes contre l’injustice sociale, cependantvous continuez à participer à une église où l’amour de Dieune devient pas chair et où le monde matériel est séparé del’expérience spirituelle. Il y a là une profonde séparation entrela foi et l’expérience. Vous qualifiez nos croyances de dogmes.En réalité, toute vie spirituelle qui ne change pas notre existenceà la fois dans notre chair et dans le domaine économiqueest dogmatique et dangereuse pour l’être intérieur.


Le dogmatisme 31Nous devons devenir « étroits », dans le bon sens <strong>du</strong> terme,« étroits » dans le sens où nous ne vivons que pour le Christ.Je ne veux pas <strong>du</strong> tout dire par là que nos vies doivent manifesterplus de religiosité. Personne n’a le cœur aussi ouvertque le Christ crucifié, dont les bras grands ouverts sont ten<strong>du</strong>svers tous les hommes. Il s’agit d’une décision <strong>du</strong> cœur, <strong>du</strong>choix de vivre uniquement pour le Christ. Si nous avons cetteattitude décisive, nous aurons des cœurs généreux, mais pasdans le sens <strong>du</strong> monde comme une tolérance qui accepteraittout et n’importe quoi.Extrait d’une lettre : L’essentiel, c’est que nous sommes unis danstout ce que nous jugeons précieux — l’amour, l’ouvertureet le partage — dans notre lutte contre la coercition, dansnotre combat contre l’égoïsme, dans la compréhension denos enfants, dans notre recherche pour nous libérer de lapropriété privée et ainsi de suite. C’est pour tout cela quenous vivons ensemble. Nous voulons suivre Jésus, et personned’autre. Nous voulons que le Royaume de Dieu viennesur la terre.Vous désirez une vie libérée des péchés de la société. Jésuslui-même, pourtant, n’était pas libre de la « culpabilité » del’usage injuste de l’argent (Matthieu 17.27). Il y a une différenceentre la culpabilité personnelle et la culpabilité collectivede la création déchue. Nous ne pouvons nous séparer dela culpabilité collective. Il nous faudrait pour cela vivre seul,sur un bout de terre isolé, et nous perdrions tout contact avecnotre prochain. Il vaut mieux avoir une relation d’affaires avecquelqu’un que de n’avoir pas de contact <strong>du</strong> tout.Dans quel sens entendez-vous : « Pourquoi ne pouvonsnoustravailler à reconquérir la terre et à aider à la remettre


32 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>sous le pouvoir de Dieu, au lieu de participer à l’actiondestructrice <strong>du</strong> monde ? » Comment pourrions-nous faire ceque vous suggérez si ce n’est en nous coupant complètement<strong>du</strong> monde ? Essayez. Faites ce que vous voulez faire. Vousvous retrouverez avec beaucoup de principes, mais dans laplus totale solitude et sans amour.Extrait d’une lettre: Les principes en eux-mêmes ne con<strong>du</strong>isentpas au manque d’amour, mais, d’après mon expérience, ilscon<strong>du</strong>isent souvent au désastre. J’ai connu quelqu’un qui nevoulait se servir ni d’argent, ni de la poste ni d’un passeport,et qui fut mis en prison plus d’une fois parce qu’il ne payaitpas ses impôts. Il tenait bon dans ses principes mais il finitpar perdre sa foi en Jésus, puis finalement, il perdit aussitous ses principes.Extrait d’une lettre: Où est Dieu dans votre peur d’employer desmanifestations extérieures de religiosité ? En Lui, tout futcréé; et sans Lui, rien ne fut. C’est Lui qui donne forme à toutce que nous voyons de beau sur la terre. Votre désir de vouspasser de toutes les formes est antichrétien. Jésus lui-mêmene s’est-il pas laissé baptiser, et n’a-t-il pas instauré le Repas<strong>du</strong> Seigneur ou Repas <strong>du</strong> Souvenir ?Le christianisme formel est horrifiant. Mais vous allez troploin avec vos peurs. Le mariage aussi est une forme, commele sont également la table commune et la caisse commune.Vous ne pouvez pas fuir toutes les formes, car sinon vous neserez plus capables de vivre une vie chrétienne.Extrait d’une lettre: A quoi cela nous sert-il de partager nosbiens, de vivre en communauté et d’avoir la même foi, si des


Le dogmatisme 33âmes souffrent en raison <strong>du</strong> peu de temps que nous prenonspour aimer nos frères et sœurs et manifester sans cesse cetamour ? Veillons à ne jamais devenir obsédés par un principe,aussi conforme ou aussi juste soit-il. Considéré pour luimême,le principe « juste » est meurtrier. Il tue l’âme. Desprincipes « justes » ont donné Gethsémani. Ils prennent tropfacilement la place que seul doit occuper Dieu, sa bonté et sagrâce. Nos principes doivent être surpassés par notre amourles uns pour les autres et par la compassion et la grâce deDieu.


L’engagementBeaucoup de gens s’habituent à une sorte de <strong>du</strong>alisme quidivise leur vie en parties et qui crée des tensions. C’est aussile cas chez les personnes qui se disent très attachées à la pratiquereligieuse, et peut-être même surtout chez ces personnes-là.Mais Jésus, lui, était très ferme. Il nous demandede vendre tous nos autres trésors en vue d’acheter la perleunique de grand prix (Matthieu 13.45-46). Il ne faut pas convoiterquelque chose d’un œil et essayer de suivre Jésus del’autre. Si nous méditons profondément ces paroles, chacunde nous se rendra compte qu’il lui faut faire face au <strong>du</strong>alismedans son propre cœur. Il nous faut rejeter toute divisionintérieure. Nous désirons l’unité <strong>du</strong> cœur et de l’âme,en nous-mêmes et avec notre prochain. C’est une questionde vie ou de mort. Si nous ne trouvons pas l’unité de cœur etd’esprit, nos divisions intérieures nous déchireront.Extrait d’une lettre: Il nous faut être prêts à tenir ferme dans nosconvictions, et même à mourir pour Jésus. Dans The Chronicle 1 ,on relate l’histoire d’un jeune garçon de seize ans, fils d’un1The Chronicle of the Hutterian Brethren (<strong>La</strong> chronique des frères huttériens), The<strong>Plough</strong> Publishing House, 1986.


L’engagement 35meunier, qui se convertit à l’anabaptisme. Quant il fut pris etcondamné à être décapité, un homme noble et riche lui proposade le prendre chez lui et de l’élever comme son propre fils,s’il désavouait sa foi. Mais le jeune garçon garda sa foi en Dieuet fut exécuté.Si nous voulons vraiment suivre le chemin <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>,nous devons être prêts à un tel sacrifice — si difficile qu’ilpuisse être, et malgré nous-mêmes et notre faiblesse.Une promesse faite à Dieu ne peut s’appuyer sur la force d’unefidélité simplement humaine. Nous devons nous appuyer surla fidélité de Dieu. Personne n’est assez fort pour en<strong>du</strong>rer deses propres forces ce que, par exemple, les premiers martyrschrétiens et les autres à travers l’histoire ont dû en<strong>du</strong>rer.Mais Dieu est fidèle. Si nous nous donnons à Lui, Ses angescombattront pour nous.Avons-nous gardé notre premier amour pour Jésus, sommes-noustoujours prêts à tout abandonner, et même à faireaffronter la mort, pour l’amour de Jésus ? Aujourd’hui nousavons une maison, un foyer, mais nous ne savons pas ce quel’avenir nous réserve. Nous vivons des temps très incertains.Au cours de l’histoire de nos communautés, nous avons dûdéménager d’un pays à l’autre. Nous ne pouvons offrir aucunesécurité humaine. Jésus promit à ses <strong>disciple</strong>s qu’ils seraientpersécutés et qu’ils souffriraient. Nous ne pouvons rien promettrede mieux. Notre seule sécurité, c’est Jésus lui-même.Nous ne devons pas oublier que Jésus a enseigné la <strong>voie</strong> del’amour total — une <strong>voie</strong> qui implique d’aimer même nosennemis et de prier pour ceux qui nous persécutent. En tantque <strong>disciple</strong>s de Jésus, il ne nous est pas promis que des jours


36 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>heureux. Il nous faut être prêts à être persécutés. A traversl’histoire, de nombreuses personnes ont été tuées pour leursconvictions. Nous devrions être reconnaissants d’avoir étéprotégés jusqu’à présent, mais nous devons également êtreprêts à souffrir pour notre foi.L’engagement d’un chrétien envers le Christ ne peut changerà cause des circonstances. Ceci doit être très clair. Pour cequi nous concerne, dans nos communautés, la protection del’église-communauté peut nous être enlevée à tout moment.Mais même si, à cause de la persécution, il ne restait qu’uneseule personne de la communauté, elle serait encore tenuepar son engagement.Si nous aimons Dieu de tout notre cœur, de toute notre âmeet de tout notre être, si nous vivons pour son honneur etpour son Royaume — alors nous pouvons parler de lui avecassurance dans nos prières comme « notre Seigneur, notreroc. » Peu importe si nous avons des ennemis, ni ce qu’ilsdisent de nous. Nous entendrons la voix de Dieu dans noscœurs et nous resterons fidèles.Il nous faut être fidèles jusqu’au bout. Le moment le plus dangereux,pour un chrétien, c’est le milieu de sa vie. Au début,quand notre foi est nouvelle, Dieu peut nous paraître particulièrementproche. Mais après quelques années, cependant,la tiédeur s’installe souvent. Si nous sommes totalementconsacrés à Dieu, il nous portera pendant ces années de l’âgemûr, mais nous devons malgré tout rester vigilants. N’ayonsaucune crainte. Si nous restons fidèles à Dieu, rien ne peutnous séparer de sa paix.


<strong>La</strong> nature déchueLA TENTATIONJe me demande parfois si nous ne sommes pas devenus tropmondains à propos de certaines choses. Le sport, les affaireset l’argent ne prennent-ils pas trop de place dans notre cœur ?Ceux-ci sont des distractions et des tentations <strong>du</strong> monde évidentes.Mais il y a aussi un autre danger : même les dons deDieu, comme la beauté de la nature ou les joies de l’amourhumain, peuvent devenir un substitut à la véritable expériencede Jésus-Christ.<strong>La</strong> Lettre aux Hébreux affirme clairement que Jésus futtenté, comme n’importe quel être humain (Hébreux 2.18).Lorsque Jésus était dans le désert (Luc 4.1), Satan vint à luiet se servit de paroles tirées des écritures pour le tenter. Cen’est qu’après la troisième tentation que Jésus le reconnut etlui dit : « Retire-toi, Satan ! » (Matthieu 4.10).Il fut un temps où l’idée de la tentation de Jésus me semblaitblasphématoire. Mais maintenant, je me rends comptequ’il n’y a aucun doute : il fut bien tenté, comme tout être


38 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>humain. C’est ce que l’évangile nous affirme. Malgré cela, il estclair que Jésus n’a jamais commis de péché (Hébreux 4.15).Où finit la tentation et où commence le péché ? Si noussommes tourmentés ou tentés par de mauvaises pensées, cecien soi-même n’est pas un péché. Si, par exemple, une penséeimpure nous vient et que nous la rejetons, nous ne commettonspas de péché. Mais si nous achetons une revue malsainepour satisfaire des fantasmes sexuels, cela est un péché.<strong>La</strong> question serait plutôt : que faisons-nous face à la tentation— quelle est notre attitude ? Lorsque Jésus fut tentépar Satan, il lui fit une réponse pour chaque tentation. C’estpour cela qu’il nous faut prier : pour que Dieu nous donneune réponse à chaque tentation.Nous ne serons jamais complètement libérés de la tentation— nous ne devons pas même l’espérer. Même Jésusne parvint jamais à cet état. Mais nous devrions demanderà Dieu de nous protéger dans la tentation, afin qu’Il nousdonne, à chaque fois, la bonne réponse au tentateur.Extrait d’une lettre : Je ne peux le dire assez fermement : si vousfaites étalage de vos cheveux ou de votre silhouette, ou sivous vous habillez de façon à attirer des regards lascifs, vouscommettez un péché qui mérite la discipline de l’église. Jésusnous dit dans le Sermon sur la montagne que si une personneregarde une autre avec un regard impur, elle est coupable. Maissi, volontairement et intentionnellement, vous menez un autreà cette tentation, vous êtes aussi coupable que lui.Paul décrit le combat <strong>du</strong> croyant contre les mauvaises penséescomme un combat victorieux dans lequel « nous faisonsprisonnière toute pensée, pour l’amener à obéir au Christ »


<strong>La</strong> nature déchue 39(2 Corinthiens 10.5). Paul considère comme allant de soi queles hommes aient des arguments et des obstacles intérieurs,et que ces pensées doivent être faites captives pour obéir auChrist. Nous avons tous à mener cette bataille. Ne soyons doncpas surpris quand nous sommes tentés, cela fait partie de lavie.Ce qui est merveilleux dans les paroles de Paul, c’est sa certitudeque ces pensées peuvent être faites prisonnières pourles amener à obéir au Christ. <strong>La</strong> victoire n’est évidemmentpas toujours aussi simple. Il nous faut savoir que le combatentre le bien et le mal est toujours présent, dans toutel’humanité. Cela existe depuis la chute de l’homme, mais surtoutdepuis la mort <strong>du</strong> Christ et la descente <strong>du</strong> Saint-Esprità la Pentecôte. Si quelqu’un est tourmenté par de mauvaisespensées, qu’il se rappelle que le combat spirituel est beaucoupplus vaste que celui qui se livre dans son propre cœur,plus vaste même que celui de l’église tout entière.L’ennemi est très réel. Si nous reconnaissons cela, nousne pouvons pas rester tièdes. Mais le Christ aussi est trèsréel. Pour trouver la vraie liberté <strong>du</strong> cœur, nous devons fairel’expérience <strong>du</strong> Christ.Nous savons, d’après la Lettre aux Hébreux, que Jésus futtenté, comme nous le sommes (Hébreux 4.15). Il ne commitpas de péché, mais il nous comprend, dans notre tentation etnotre misère. Chacun — chaque frère, chaque sœur, chaquepersonne, jeune ou âgée — devrait savoir que nous avons unGrand Prêtre, un Roi, un Maître, qui nous comprend. Dansla Lettre aux Hébreux, il est écrit : « Durant sa vie terrestre,Jésus adressa avec de grands cris et des larmes des prières etdes supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort »


40 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>(Hébreux 5.7). Nous sommes tous coupables à cause de nospéchés <strong>du</strong> passé. Aussi devrions-nous tous vouloir venir àDieu dans la prière « avec de grands cris et des larmes », etnous tourner vers lui, sûrs, dans notre foi, qu’Il peut noussauver, ainsi que tous ceux pour qui nous prions.Si nous entretenons délibérément de mauvaises pensées,qu’il s’agisse de pensées de pouvoir sur les autres, de penséesimpures, de haine, ou d’autres mauvaises pensées de cegenre, ces pensées deviendront un jour des actes.Mais il est très différent d’être tourmenté par des idées,des images ou des pensées que nous ne voulons absolumentpas, alors que nous donnerions n’importe quoi pour avoir uncœur pur. Par notre seule volonté, il ne nous sera jamais possiblede devenir pur. Et quand nous résistons intérieurementde toutes nos forces contre un mal, cela peut même con<strong>du</strong>ireà ce que ce mal ait encore plus de pouvoir sur nous. Mais nousne devrions jamais oublier que Dieu voit plus profondémentque nous. Même si nous nous enfonçons toujours plus dansdes pensées que nous ne voulons pas, Dieu verra que nous neles voulons pas, et Il nous aidera.Même Jésus fut tenté par le diable. Mais il surmonta tout malpar sa confiance parfaite en son Père. Vous serez tentés, vousaussi, et quand cela se pro<strong>du</strong>ira, tout ce qui importera seravotre confiance totale en Jésus et dans le pouvoir de la croix.Si vous ne mettez pas votre confiance et votre foi entière enJésus, vous serez vaincus.Le sentiment d’être abandonné par Dieu génère la plus terribledes souffrances. Ce sentiment d’abandon, que le Fils de Dieua ressenti au moment de sa mort, a dû être quelque chose de


<strong>La</strong> nature déchue 41si effroyable que nous ne pouvons l’imaginer. Pourtant malgrécela, Jésus s’écria : « Père, je remets mon esprit entre tesmains » (Luc 23.46). C’est cela, la foi suprême : Jésus faitl’expérience de l’abandon sans perdre sa confiance et sa foi enson Père, en notre Père ; Il remet son esprit entre ses mains.Si nous désirons être guéris des blessures que Satan nousinflige avec ses pièges et ses flèches — par de mauvais sentimentsou de mauvaises pensées — il nous faut avoir la mêmeconfiance totale de Jésus en Dieu, de manière à ce que, mêmesi nous ne ressentons encore rien, nous nous abandonnionsquand même entièrement et sans réserve à Dieu, avec tout ceque nous sommes et tout ce que nous avons. Tout ce que nousavons, en fin de compte, ce n’est que notre péché. Mais nousdevons lui remettre notre péché, dans la confiance. Alors, ilnous pardonnera, il nous purifiera et il nous donnera la paix<strong>du</strong> cœur. Et ceci mène à un amour qui est indescriptible.Lorsque la dépression, ou quelque chose autre que Jésusmenace de régner dans nos cœurs, il nous faut aller à Jésus.Là, nous trouverons la victoire et la paix. Je suis absolumentcertain que la croix peut nous donner la victoire sur tout cequi assaille notre vie, quoique ce soit.LE PÉCHÉBeaucoup de personnes ne savent plus ce qu’est une bonneconscience. Elles portent le poids des péchés de notre temps.Nous devons veiller à ce que notre conscience reste pure, dèsnotre enfance. Si nous nous habituons à vivre avec une mauvaiseconscience, nous perdrons tout : notre relation avecDieu et notre amour pour notre prochain.


42 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Qui de nous prend sa lutte contre le péché tellement ausérieux qu’il le combat avec de grands cris et avec des larmes ?C’est ce que fit Jésus (Hébreux 5.7). Personne n’a jamais combattucomme Jésus — personne. Le diable voulait conquérirle cœur de Jésus, plus que tout autre. Et c’est parce que Jésusa mené des combats bien plus <strong>du</strong>rs qu’aucun d’entre nousn’aura jamais à mener qu’il comprend nos luttes. De cela,nous pouvons être sûrs.Mais il nous faut nous battre. Jésus nous dit que ceux quiveulent le suivre doivent porter leur croix, comme lui a portéla sienne. Je veux appeler chacun à combattre comme Jésusl’a fait — jusqu’à la mort (Matthieu 16.24).L’apôtre Paul a parlé de lui-même comme <strong>du</strong> plus grandpécheur. Ce n’était pas seulement des paroles pieuses, il lespensait vraiment. Il avait persécuté l’église primitive et ilportait la responsabilité de la mort de nombreux martyrs —il savait qu’il avait été un ennemi de Dieu.A la Pentecôte, les habitants de Jérusalem se reconnurentaussi comme pécheurs, ils pensaient qu’ils étaient mauvais.« Ils eurent le cœur transpercé » (Actes 2.37), et lorsque leSaint-Esprit descendit sur eux, ils ne s’en sentirent pas dignes.Ils se voyaient plutôt comme les assassins <strong>du</strong> Christ. Maisgrâce à cette reconnaissance de leur péché, Dieu a pu se servird’eux. Si nous voulons que Dieu se serve de nous, nous ne devonspas parler d’amour ni le prêcher sans reconnaître en mêmetemps que chacun de nous est aussi, en vérité, un pécheur.Le péché n’est pas seulement une affaire de notre naturedéchue. Nous devons tous combattre notre nature inférieure,mais certaines personnes vont plus loin et tombent dans le


<strong>La</strong> nature déchue 43péché satanique. Le péché satanique, c’est vouloir recevoirles louanges et la gloire qui n’appartiennent qu’à Dieu, c’estle désir de pouvoir sur les corps et les âmes en vue d’êtreadoré. C’est, en fin de compte, le désir d’être Dieu — c’est la<strong>voie</strong> de l’Antéchrist.Si nous nous livrons au péché satanique, tous les péchés denotre nature inférieure se manifesteront aussi : l’impureté, leculte de l’argent, l’hypocrisie, l’envie, la haine, la brutalité etfinalement, le meurtre.Extrait d’une lettre : Je vous remercie pour le long récit de votrevie, et pour votre tentative de confesser tous vos péchés.J’éprouve pour vous une vive compassion quand vous parlezde votre enfance, si difficile. Quand je pense combien monenfance fut bénie, je me sens tout honteux. Dieu demanderasûrement plus de moi que de vous.Votre passé me rappelle les paroles de Jésus : « Je ne suis pasvenu appeler les justes et les bien-portants au repentir, maisles malades et les pécheurs … ». N’oubliez pas ceci ; raccrochezvousà ces paroles aux heures de détresse et de tentation.Cher frère, nous devons voir et faire l’expérience del’évangile tout entier : l’amour incommensurable de Jésuspour le pécheur, pour lequel il est mort ; mais aussi, sesparaboles sans ambigüité et ses paroles très troublantes àl’encontre de ceux qui ne se repentent pas : « Il y aura despleurs et des grincements de dents » (Matthieu 8.12).Le chapitre 22 (versets 12-15) de l’Apocalypse contientl’essence même de l’évangile : il parle des récompensesaccordées à tous ceux qui ont fait le bien et des bénédictionspour tous ceux qui ont lavé leur robe dans le sang de l’Agneau.


44 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Mais vient ensuite un passage dont nous ne pouvons adoucirle caractère tranchant : « Dehors les chiens, les enchanteurs,les impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconqueaime et pratique le mensonge ! » (Apocalypse 22 :15)Si nous livrons notre cœur au mal, le diable entrera en nouset nous gouvernera. Il fait cela chaque fois que nous fabriquonsnos propres dieux. Pour les anciens juifs, c’était le veaud’or. Aujourd’hui, c’est Mammon — l’argent — qui est devenuun dieu. C’est pourquoi le premier commandement deDieu est de l’aimer de tout son cœur, de toute son âme et detout son être (Matthieu 12.30). Ce commandement est évidemmentimpossible à réaliser sans une confiance totale enDieu, sans être capable de croire que de Dieu ne vient que <strong>du</strong>bien et qu’il ne désire que notre bien, à condition que nousfassions sa volonté.Le second commandement de Jésus, qui est aussi importantque le premier, est d’aimer son prochain comme soimême(Matthieu 12.31). Satan nous soufflera toujours àl’oreille de ne pas avoir confiance en notre prochain, et si nousl’écoutons, la division, la méfiance et le péché s’infiltrerontdans nos relations. Ici en Amérique, cela s’exprime particulièrementdans le racisme. Mais nous le voyons aussidans le monde entier : dans la guerre et dans chaque cœurhumain où règne la haine envers un autre.Nous ne pouvons rien cacher à Dieu. Vous pouvez dissimulervos péchés aux autres, mais ils seront finalement révélés unjour, jusqu’à vos pensées les plus secrètes. Ce qui fait d’unemauvaise pensée un péché dépend de ce que nous en faisons :


<strong>La</strong> nature déchue 45l’entretenir ou bien y résister. Luther dit que les mauvaisespensées sont comme des oiseaux qui viennent voler au-dessusde nos têtes. Cela, nous ne pouvons le changer. Mais sinous leur permettons de faire leur nid sur notre tête, alorsnous en sommes responsables.Extrait d’une lettre : Je vous conjure de vous détourner à jamais detoute <strong>du</strong>reté et de toute cruauté, surtout de la cruauté enversles enfants et les personnes faibles ou malades. Qu’a dit Jésusà ses <strong>disciple</strong>s, lorsque ses <strong>disciple</strong>s appelaient le feu <strong>du</strong> cielpour détruire le village qui n’avait pas voulu les accueillir ? Ilfut choqué par leur attitude <strong>du</strong>re, si loin de l’esprit d’enfance,et il les réprimanda : « Vous ne savez de quel esprit vous êtesanimés. Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour détruire la viedes hommes, mais pour les sauver » (Luc 9.55-56). Pensez toujoursà Jésus et votre cœur changera.Extrait d’une lettre : Je ne comprends pas pourquoi vous avezrejoint l’église ni pourquoi vous avez menti. Lorsque Ananiaset Sapphira ont rejoint l’église à Jérusalem tout en dissimulantleur argent, Paul leur demanda : « Comment avez-vouspu concevoir pareil dessein dans vos cœurs ? Ce n’est pas auxhommes que vous avez menti, mais à Dieu » (Actes 5.4). Illeur dit également qu’ils auraient pu rester chez eux et garderce qu’ils possédaient.Pourquoi vous joignez-vous à nous si en même tempsvous chargez votre conscience de mensonges envers Dieuet envers nous ? Il vous faudra rendre compte de tout ceci.L’homme est destiné à mourir, puis à être jugé par Dieu. Sivous ne voulez pas faire face au jugement maintenant, vousdevrez le faire plus tard. Nous ne vous forcerons pas. Il est


46 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>écrit dans Hébreux 10.26-27 : « Si nous péchons volontairementaprès avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne resteplus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible <strong>du</strong>jugement et l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles. »Puis il est écrit : « Veillez à ce que nul ne se prive de la grâcede Dieu » (Hébreux 12-15). Vous êtes libre de continuer à nepas prendre Dieu au sérieux, mais alors, nous ne pouvonsrien avoir à faire avec vous, et vous aurez à rendre compte àDieu seul. Il vous reste encore une chance pour changer !« Maintenant donc, il n’y a plus de condamnation pour ceuxqui sont unis à Jésus-Christ. Car la loi de l’Esprit, qui donnela vie par l’union avec Jésus-Christ, m’a libéré de la loi <strong>du</strong>péché et de la mort » (Hébreux 8.1-2).Voilà une pensée bien joyeuse : nous sommes libérés <strong>du</strong>péché. Mais si nous regardons notre propre expérience, nousvoyons qu’il n’en est pas ainsi partout, pour la bonne raisonque nous ne vivons pas en Jésus-Christ, mais selon notreancienne nature. Il est illusoire de croire que nous n’avonspas de nature inférieure. Nous sommes venus au monde avecelle et, de nous-mêmes, nous ne pouvons pas la changer,même avec les meilleures intentions. Mais le Christ peutopérer ce changement, si nous lui faisons confiance et si nousnous donnons à lui sans condition.« Ceux qui vivent selon leur propre nature se préoccupentde ce que cette nature demande, mais ceux qui vivent selonl’Esprit Saint se préoccupent de ce que l’Esprit demande »(Romains 8.5). Nous en faisons l’expérience sans cesse : ceuxdont la perspective de vie se base sur leur nature inférieurese montrent hostiles, jaloux, envieux — comme si le Christ


<strong>La</strong> nature déchue 47n’était pas venu, comme s’il n’était pas mort sur la croix,comme si son sacrifice avait été en vain. Cela est extrêmementdouloureux. Paul dit que « l’homme livré à lui-même,dans toutes ses tendances, n’est que haine de Dieu. Il ne sesoumet pas à la loi de Dieu car il ne le peut même pas. Leshommes livrés à eux-mêmes ne sauraient plaire à Dieu »(Romains 8.7-8).On ne peut le dire plus fortement : ceux qui ne peuvent maîtriserleurs désirs ne veulent peut-être pas faire de mal, maisen réalité leur vie est hostile à Dieu. Ils ne se sont pas soumisà sa loi. C’est le cas de tous ceux qui vivent dans l’impureté, lahaine, la jalousie, l’hypocrisie ou d’autres formes de péché. Illeur est impossible de plaire à Dieu.Dans le huitième chapitre de sa Lettre aux Romains, Paulparle de la nature inférieure ou nature charnelle. Il est clairque ceci comprend le désir de nourriture, de confort et desexe. Tous doivent être soumis à l’Esprit. Nous avons besoinde nourriture et de logement, et nous soutenons les relationssexuelles au sein <strong>du</strong> mariage, mais si ces choses nous dominentà la place <strong>du</strong> Christ, nous commettons un péché. Dieusait combien nous avons besoin de nourriture tous les jours,mais cela ne doit pas nous gouverner. Nous ne devons pasêtre dépendants des bonnes nourritures ni gâter nos enfantset nous-mêmes. <strong>La</strong> nourriture n’est qu’un exemple, bien sûr.Si nous sommes dominés par quoique ce soit d’autre queJésus-Christ — même s’il s’agit de quelque chose de spirituel,de lectures ou de méditations religieuses — nous vivonsselon la chair. Et quand bien même si nous adhérerions à laplus mortifiante des philosophies, comme celle <strong>du</strong> Bouddha,


48 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>ce serait encore vivre selon la chair, car nous nous enorgueillirionsen nous mettant au centre à la place <strong>du</strong> Christ.Tout dépend de notre abandon total à Jésus-Christ. « Siquelqu’un n’a pas l’Esprit <strong>du</strong> Christ, il ne lui appartient pas »(Romains 8.9). Toutefois nous ne pouvons pas l’acquérir parnous-mêmes. Nous ne pouvons recevoir l’Esprit qu’en nousdonnant à Dieu. L’évangile nous dit : « Demandez, et l’on vousdonnera … frappez, et l’on vous ouvrira » (Matthieu 7.7-8).En d’autres termes, celui qui demande recevra l’eau vive sansdevoir payer quoique ce soit.Nous avons beaucoup de compassion pour tous ceux qui,pendant des années, luttent en vain pour surmonter leurs faiblesses.Mais il nous faut en même temps admettre qu’ils sontcoupables. Ils n’ont pas d’excuse car ils ne s’abandonnent pas auChrist dans la foi. Comme l’écrit Paul : « Il n’y a donc maintenantaucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ.En effet, la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchide la loi <strong>du</strong> péché et de la mort » (Romains 8.1-2).Ceci est à la portée de chacun. Nous ne pouvons pas nouscacher aux yeux de Dieu et dire : « nous sommes trop faibles »ou « nous voulons changer, mais nous ne le pouvons pas ».Ces excuses n’ont aucun fondement. Paul continue :Ainsi donc, frères, nous ne sommes pas redevables à la chairpour vivre selon la chair. Si vous vivez selon la chair, vousmourrez. Mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions<strong>du</strong> corps, vous vivrez (Romains 8.12-13).Voilà de très fortes paroles. Qui de nous peut affirmer que sanature inférieure n’a aucun pouvoir sur lui ? Une telle libération<strong>du</strong> péché dépend d’un abandon complet au Christ. Nous


<strong>La</strong> nature déchue 49devons mettre à mort toute forme de péché. Alors, il seraimpossible à la jalousie, la haine, l’impureté, au mensonge ouà tout autre forme de péché de triompher de nous.Il y a des personnes qui ne rompent pas avec leur péché,parce qu’elles croient ne pas le pouvoir. Ceci est faux. Jésus-Christ est toujours présent, ainsi que le Saint-Esprit, et siune âme crie vers Dieu, l’Esprit intercédera pour elle. Il n’y adonc aucune excuse pour ne pas arrêter de pécher. Personnen’a autant de compassion et d’amour pour les pécheurs queJésus, mais il n’excuse pas le péché. Prions pour que chacunpuisse trouver la libération <strong>du</strong> péché en Jésus-Christ.L’apitoiement sur soi-même et l’orgueil, qui sont étroitementliés, n’ont rien à voir avec la croix. Tous deux ne se préoccupentque de moi, moi, moi. Nous devons nous détourner d’eux,sinon nous ne pourrons triompher totalement de notre péché.On dit que, au temps de l’église primitive, les démons criaient:« Qui est-il, celui qui nous vole notre pouvoir ? » Les croyantsrépondaient avec un cri triomphant : « Le Christ crucifié! »Voilà ce que nous devrions proclamer.« Aimez-vous les uns les autres » (Jean 13.34) est l’un desplus importants commandements de Jésus — nous ne leprendrons jamais trop au sérieux. Il y a d’autres commandementsauxquels nous devons obéir également : nous ne devonspas aimer l’argent, ne devons pas commettre d’a<strong>du</strong>ltère,ne devons pas souiller la chair, et il y a beaucoup d’autrespéchés qu’il nous faut éviter. Mais le plus grand commandement<strong>du</strong> Christ, c’est l’amour. Je pense par conséquent que leplus grand péché, c’est le manque d’amour.


50 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Dieu jugera toutes les formes de manque d’amour, mais iljugera surtout le mépris, quand on fait croire à quelqu’unqu’il est un imbécile. Jésus-Christ nous dit : « Tout hommequi se met en colère contre son frère sera amené devant lejuge … et celui qui dit à son frère : « Fou ! », mérite d’allerdans le feu de l’enfer » (Matthieu 5.22).Qui de nous ne s’est jamais mis en colère contre son frère,ou ne l’a jamais traité avec mépris ? Qui de nous n’a jamaisprononcé de paroles dénigrantes ? Le Christ nous invite àvivre dans l’amour parfait.Extrait d’une lettre : Je me sens coupable d’être trop <strong>du</strong>r , et parfoismême de me mettre en colère contre mes frères et sœurs. DeJésus, nous devons apprendre comment être bienveillants etdoux. Mais par ailleurs, nous ne devons jamais être faibles, età notre compassion doit toujours être mêlé le sel <strong>du</strong> Christ.L’idée que nous sommes « dans le monde » mais non pas« <strong>du</strong> monde », ne peut être comprise par notre seule intelligence.Il est certain que nous resterons dans le monde aussilongtemps que nous vivrons, mais nous ne devons pas fairepartie « <strong>du</strong> monde ».Certains disent que la danse est « <strong>du</strong> monde », ou « dela chair ». D’autres disent que porter des jupes courtes est« <strong>du</strong> monde ». D’autres encore disent que l’alcool, certainesmusiques ou certains véhicules sont « <strong>du</strong> monde ». Il y a beaucoupde choses que l’on dit « <strong>du</strong> monde ».Si nous vivons selon le Saint-Esprit, nous sentirons dansnos cœurs ce à quoi nous devons renoncer dans le monde.Puissions-nous ne pas désirer ce qui est de la chair, mais


<strong>La</strong> nature déchue 51puissions-nous aussi être libérés de faire des règles et desrèglements pour nous protéger de l’esprit <strong>du</strong> monde ! PrionsDieu afin qu’Il nous montre ce qui est de l’Esprit-Saint et cequi est de l’esprit <strong>du</strong> monde (Jean 17.15-16).Si nous n’avions que la loi, nous pourrions quand-même haïrquelqu’un, même sans le tuer ; nous pourrions quand-mêmepenser <strong>du</strong> mal de quelqu’un sans verser de sang. Mais ceci nesuffit pas. Comme Paul nous le dit avec justesse, la loi ne peutchanger nos cœurs. C’est Jésus qui doit vivre en nous. Par lui,nous pouvons aimer notre ennemi et par lui, nous pouvonsremplir nos cœurs de pensées de Dieu.Extrait d’une lettre : Il vous faut absolument devenir résolu àsuivre Jésus-Christ. Il n’est pas vrai que vous êtes trop faiblepour vaincre le péché, c’est un mensonge <strong>du</strong> diable. EnJésus, il est possible de vaincre le péché. C’est pour cela qu’ilest mort sur la croix. Ne vivez que pour lui.« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, heureuxles miséricordieux, heureux ceux qui ont le cœur pur... »(Matthieu 5.6-8).Avoir un cœur pur, voilà ce qui est peut-être le plus difficile.Il est plus facile d’avoir faim et soif de la justice, oud’être compatissant ou miséricordieux. Seuls, nous nepouvons pas rendre notre cœur pur. Seuls les enfants ont lecœur pur, c’est pour cela que Jésus nous demande de devenircomme des enfants. Mais nous savons aussi que, mêmesi nous nous efforçons de devenir comme des enfants, ce quin’est pas de Dieu — l’impureté, l’envie, la vanité — pénètre


52 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>continuellement dans nos cœurs. Ainsi, nous avons sanscesse besoin d’être purifiés par le Christ.LA CONFESSIONExtrait d’une lettre : J’ai beaucoup de compréhension pour toutepersonne tourmentée et accablée par ses péchés <strong>du</strong> passéet qui désire ardemment se confesser. Cependant la confessionen elle-même ne sert à rien. Les gens payent beaucoupd’argent aux psychiatres pour leur raconter toutes leurs souffranceset leurs péchés, et ces psychiatres les aident à trouverdes moyens pour apaiser leur conscience. Mais la psychiatrieseule n’apporte pas de véritable libération.Vous dites que vous avez confessé vos péchés mais quevous n’avez pas trouvé de libération. Vous ne la trouverezque si vous confessez vos péchés dans la foi, la foi en Dieuet en la croix de Jésus-Christ, qui est mort pour les péchés<strong>du</strong> monde. Toute autre confession n’est qu’une déchargemomentanée de notre fardeau sur une autre personne, etplus tard, ce fardeau revient. Seuls ceux qui lient la confessionde leurs péchés à une foi vivante trouvent la paix <strong>du</strong>cœur. Je vous souhaite cette foi.En ce qui concerne la confession, chaque péché conscientdevrait être confessé. Ceci ne veut toutefois pas dire qu’il fautfouiller chaque petite chose dans le subconscient. Quand, àtravers notre conscience, Dieu nous dit que quelque choseest mal, nous devons le confesser et le tirer au clair afin qu’ilpuisse être pardonné. Mais la confession ne doit pas nousrendre égocentrique. C’est Jésus que nous désirons trouver,pas nous-mêmes.


<strong>La</strong> nature déchue 53Extrait d’une lettre : Vous demandez quelles mauvaises penséesdoivent être confessées. Tout être humain a des pensées quilui viennent et auxquelles il doit dire : « Arrière, Satan ! » Sivous affrontez les mauvaises pensées dans cet esprit, il n’estpas nécessaire de les confesser, mais il vous faut les oublierle plus vite possible. Même si vous avez à lutter quelquesinstants contre une mauvaise pensée avant de la rejeter, vousne devez pas nécessairement la confesser. Mais, si vous consentezà cette mauvaise pensée et si vous la laissez devenirune partie de vous-même, alors vous devez la confesser. Jevoudrais vous conseiller de ne pas trop vous occuper de vospensées.Extrait d’une lettre : Je maintiens le caractère sacré de la confessionpersonnelle dans la crainte de Dieu, et je pense qu’il n’estpas juste de mettre une étiquette sur quelqu’un en raisondes péchés confessés. Cependant, pour ce qui est <strong>du</strong> secretde la confession, il y a des cas où je pécherais si je gardaispour moi ce que j’ai enten<strong>du</strong>. Si un membre de l’église-communautéavait commis un péché grave, tel que la fornicationou l’a<strong>du</strong>ltère — voire le meurtre (ce qui ne nous est jamaisarrivé) — je me sentirais coupable de trahison envers Dieu sije gardais le silence.L’ORGUEIL SPIRITUEL<strong>La</strong> Bible nous dit que nous devons combattre la chair et engénéral, les gens comprennent par là notre sexualité, ou peutêtrel’excès de boisson ou de nourriture. Mais là n’est pas leseul sens <strong>du</strong> mot « chair ». Certes, l’impureté sexuelle et unstyle de vie luxueux font partie de la « chair », mais il en est


54 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>de même de notre ego, de notre orgueil spirituel et de touteautre chose en nous-mêmes qui n’est pas le Christ.Nous devons demander à Dieu que la chair en nous-mêmes— surtout notre orgueil — meure. Si nous sommes orgueilleux,Dieu ne peut pas venir à nous. L’orgueil est la pire formede la chair, parce qu’il ne laisse pas de place à Dieu dans notrecœur.Jésus nous met fermement en garde contre la fausse piété,contre le désir de paraître aux yeux des autres comme « spirituel» ou « bon ». Tous ceux qui recherchent ce genre dereconnaissance n’auront pas de récompense au ciel. Honorésici-bas, ils ont déjà reçu leur récompense. Il en est de mêmepour ceux qui font le bien et qui le font valoir. Jésus-Christnous dit que la main gauche ne doit rien savoir de ce que faitla main droite (Mathieu 6 :3).Nous avons tous en nous le désir d’être appréciés, d’êtrerespectés ou honorés pour nos qualités. Mais Jésus nous meten garde contre cette tentation et nous dit de ne pas faireétalage de notre piété. Dieu voit ce qui est caché, et il nousrécompensera.Dès que nous croyons être quelqu’un de spécial ou que nousavons en nous quelque chose de spécial aux yeux des autres,nous sommes en danger de perdre tout ce que nous avonsreçu de Dieu. Quelque soit notre expérience de Dieu, nousdemeurons spirituellement pauvres. Il y a une vérité religieusedans ces paroles de Jésus : « Malheur à vous qui êtesriches … malheur à vous qui avez tout en abondance maintenant» (Luc 6.24-25). Dès que nous adhérons à notre


<strong>La</strong> nature déchue 55propre compréhension de la vérité au lieu de nous tenir auDieu vivant, notre expérience spirituelle devient comme unepierre froide entre nos mains. Même l’expérience spirituellela plus profonde et la plus riche sera per<strong>du</strong>e si elle devientune chose en soi.Extrait d’une lettre : Cher frère, vous avez été fier de votre travail; vous n’avez que peu pensé à vos frères et sœurs et vousavez vécu dans la fausse humilité, qui est la forme d’orgueilspirituel la plus mortelle. Certes, vous avez <strong>du</strong> talent, vousêtes fort, vous êtes intelligent et pouvez accomplir beaucoup,mais là n’est pas la question. Nous ne vivons pas ensemble àcause de ces talents. Ils sont tous périssables et disparaîtrontun jour. Ce qui demeure à jamais, c’est l’humilité et l’amour— l’amour, ce « trésor incorruptible <strong>du</strong> ciel » dont Jésus parledans le Sermon sur la montagne.Quand Jean-Baptiste jeûnait, les gens le méprisaient, etquand Jésus mangeait et buvait, ils le méprisaient également.Regarder ses frères et sœurs comme à travers un microscope,à la recherche de quelque chose à critiquer, peut amener unecommunauté à l’effondrement total. N’attendons pas desautres ce que nous n’attendons pas de nous-mêmes.Extrait d’une lettre : Chère sœur, détournez-vous de votreopiniâtreté et de votre besoin d’avoir raison. Comme les chosesseraient différentes si vous aviez l’oreille humble et attentive.Soyons ouverts au cœur de l’autre, quand nous parlons.Partageons les uns avec les autres et écoutons-nous les uns lesautres. Il nous faut comprendre, en définitive, que nous sommestous des pierres d’achoppement. Dieu seul est bon.


56 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Extrait d’une lettre : Votre façon de juger les gens remarquablesou insignifiants, faibles ou forts, n’est absolument pas chrétienne.Pensez-vous que les apôtres étaient forts ? Ils étaientpauvres d’esprit. Pierre fut sans aucun doute un lâchequand il renia Jésus trois fois, et son histoire a été transmiseà travers les siècles. Pierre n’eut aucune honte de ce que satrahison fut rapportée dans chaque évangile, bien qu’il s’ensoit repenti toute sa vie. Vous voulez être important, vousvoulez être fort, mais ce faisant, vous commettez une injusticeenvers vos frères et sœurs.Quand Jésus s’approche d’une personne, il regarde cequ’il a dans le cœur. Il a de la compassion pour le pécheur. Iln’appelle jamais le mal un bien ; il le juge. Vous devez purifiervotre cœur de toute pensée critique, de toute jalousie etde toute haine, et vous devez cesser d’étiqueter les gens. Jepense à vous avec beaucoup d’affection.Extrait d’une lettre : Ne craignez pas de ne jamais pouvoir êtrelibéré de l’orgueil et de l’envie. Vous le pouvez. Mais il vousfaut d’abord reconnaître combien Jésus est beaucoup plusgrand que tous vos péchés — alors il pourra les enlever.Demandez-vous : qu’y a-t-il encore en moi qui empêche Jésusde me combler totalement ? Pour que Jésus puisse remplirvotre cœur, il faut d’abord qu’il soit vide. Lisez les Béatitudes,elles commencent avec les paroles : « Heureux les pauvresd’esprit » (Matthieu 5.12). Ceci signifie se faire complètementvide et sans défense devant Jésus.Extrait d’une lettre : Plus vous reconnaitrez profondément quevotre orgueil vous sépare de Dieu, plus votre paix sera profonde.L’orgueil que vous tirez de toutes vos connaissances estvotre pire ennemi. Cher frère, si seulement vous reconnaissiez


<strong>La</strong> nature déchue 57combien vous êtes en réalité pauvre et misérable, et combienvotre péché vous rend malheureux ! Je vous souhaite le vrairepentir.Extrait d’une lettre : Je ne peux le dire assez fortement : votreorgueil spirituel — écouter la parole de Dieu afin d’être vousmêmeexalté, au lieu d’être jugé et de recevoir une vie nouvelle— est absolument opposé à la <strong>voie</strong> de Jésus. Renoncez àvotre vanité spirituelle. Elle con<strong>du</strong>it à la mort.Extrait d’une lettre : Je crois que votre servitude au péché a sesracines dans un orgueil et une suffisance terribles. Lorsquevous voyez de petites fautes chez les autres, vous vous sentezspirituellement supérieur. Ce devrait être le contraire. Entant que chrétiens, nous devrions être humbles et nous rappelerque celui à qui beaucoup a été pardonné rayonne un grandamour (Luc 7.47). L’orgueil est une racine empoisonnée qui tirel’amour vers soi et détourne de Jésus et de nos frères et sœurs.Si nous restons humbles, cette racine empoisonnée mourra,car elle ne trouvera ni nourriture ni eau dans nos cœurs.A l’époque de Paul, certains croyants proclamaient le Christpar jalousie et par esprit belliqueux, et non par bonne volonté.Ceci, né de la convoitise des honneurs humains, était terrible.Devenons humbles et reconnaissons que tout honneurhumain est autant d’honneur que l’on soustrait à Dieu, à quiseul appartient l’honneur. N’honorons personne d’autre queDieu, et n’acceptons jamais d’être nous-mêmes honorés.Ce qui est important, c’est que Dieu agisse en nous, qu’ilinspire notre volonté et nos actes. Pour que Dieu puisse fairecela, nous devons nous abandonner à lui et renoncer à toutevanité et tout honneur.


58 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>L’EGOLes personnes dont les pensées tournent uniquement autourd’elles-mêmes oublient que le christianisme a un contenuobjectif. Le christianisme est une cause pour laquelle unepersonne doit s’oublier totalement, oublier son petit ego.Si nous nous mettons au centre, nous plaçons Dieu endehors de nous et nous le rendons très petit. Il est importantde reconnaître qu’Il existe même sans nous. Sa cause esttellement plus grande que notre existence. C’est merveilleuxsi nous pouvons servir la cause de Dieu, mais elle existeraitquand même, même si nous n’existions pas.Le meilleur moyen de faire l’expérience <strong>du</strong> néant est de continuerà se regarder intérieurement. Mais plus vous serezcapable de regarder à l’extérieur et de vous oublier vousmême,plus vous pourrez être transformé par Dieu. Il y a despersonnes (et j’ai pour elles beaucoup de pitié) qui ont tendanceà s’observer constamment, comme dans un miroir. Ceciles rend inutilement ten<strong>du</strong>es et elles ne peuvent plus entendrece que Dieu leur dit.Nous ne pouvons pas nous libérer de nous-mêmes ni devenirmeilleurs de nos propres forces. Tout ce que nous pouvonsfaire, c’est nous donner complètement à Dieu. Lorsque nousnous donnons à lui sans aucune réserve, Il nous aide. C’est lànotre foi, notre croyance et notre expérience. Se libérer soimêmeest hors de question, et nous devons reconnaître iciles limites de la psychologie et de la psychiatrie. Nous ne lesrejetons pas complètement, mais elles sont limitées. Dieu esttellement plus grand.


<strong>La</strong> nature déchue 59Extrait d’une lettre : Si vous vous examinez honnêtement, vousverrez l’orgueil, l’impureté, l’égoïsme et toutes sortes demaux. Détournez votre regard de vous-même. Regardez leChrist. En lui, vous trouverez un caractère parfait.Extrait d’une lettre : Détournez-vous de vous-même, de la peur devotre péché et de la crainte d’avoir peut-être commis un péché.Ouvrez-vous à Dieu et à son église. Il n’est pas si impitoyableque vous deviez vivre dans la crainte permanente.Vous êtes porté à vous analyser et à vous juger d’une façonqui ne vous libère pas. Paul nous dit que celui qui se juge luimêmene sera pas jugé. Mais il y a un jugement de soi-mêmequi engendre une dépression terrible et qui éloigne de Dieu.Tout dépend de si oui ou non vous avez une foi d’enfant enJésus-Christ, qui veut nous libérer de tout péché. Jugez-vousavec cette foi-là, et ce jugement sera béni. <strong>La</strong> manière dontvous vous jugez maintenant pourrait vous rendre maladementalement et vous con<strong>du</strong>ire au désastre total.Il se peut que vous soyez fortement enclin à tel ou telpéché, mais ce penchant est présent en chacun de nous àdivers degrés — et chacun doit y mourir. Tout dépend devotre conviction que Jésus-Christ est mort pour vos péchés.Lisez avec un cœur d’enfant le chapitre cinq de la Lettre auxHébreux, versets 7 à 9 :Durant sa vie terrestre, Jésus adressa des prières et des supplications,accompagnées de grands cris et de larmes, à Dieuqui pouvait le sauver de la mort. Et Dieu l’entendit à causede sa soumission. Bien qu’il fût le fils de Dieu, il a apprisl’obéissance par tout ce qu’il a souffert. Après avoir été ren<strong>du</strong>parfait, il est devenu la source d’un salut éternel pour tousceux qui lui obéissent (Hébreux 5. 7-9).


60 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Si vous croyez vraiment cela, vous pouvez trouver laguérison.Extrait d’une lettre : Si nous réfléchissions à tout ce que Jésus faitpour nous chaque jour, nous désirerions le chercher fidèlement,encore et toujours. Vous pensez ne rien avoir à lui donneren retour. Cependant, même s’il vous faut reconnaitrevotre égoïsme et votre manque d’amour, je ne pense pas quevotre dépression soit juste. Les premiers chrétiens disaient :il y a une tristesse qui con<strong>du</strong>it à Dieu et une tristesse qui con<strong>du</strong>ità Satan. Si vous réfléchissez profondément à ces paroles,vous vous détournerez de toute dépression qui fait obstacleà l’amour.Extrait d’une lettre : Je vous prie d’abandonner votre désird’être aimé. Il est à l’opposé <strong>du</strong> christianisme. <strong>La</strong> prière deSaint-François dit : « O Seigneur, que je ne cherche pas tantà être aimé qu’à aimer. » Tant que vous chercherez à êtreaimé, vous ne trouverez jamais la paix. Vous trouverez toujoursdes raisons pour justifier votre envie, mais la véritableracine de l’envie est l’amour-propre. C’est votre désird’être aimé qui est la cause de votre chute. Mais vous pouvezchanger, il n’y a aucune raison de désespérer. Vous devezapprendre à aimer votre prochain comme vous-même.


<strong>La</strong> puretéExtrait d’une lettre : Jésus dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur »(Matthieu 5.8). C’est là la seule réponse à votre question concernantles relations entre jeunes hommes et jeunes femmes.Le combat contre le tentateur se livre partout. Jésus déclareque nous devrions plutôt nous arracher un œil que de regarderune femme avec convoitise (Matthieu 5.27-29). Seule cetteattitude peut nous donner un cœur pur. Nous ne pouvons lepurifier par nos propres efforts, mais nous pouvons adoptercette attitude, alors Dieu nous aidera jusqu’à la victoire.<strong>La</strong> pureté <strong>du</strong> cœur est un cadeau de Dieu, et l’église-communautédoit se battre pour la protéger. Nous combattons la convoitisetout autant que nous combattons la propriété privéeet l’esprit de meurtre. <strong>La</strong> pureté est la volonté de Dieu, etchaque mariage dans l’église doit en être le témoignage, demême que la vie de chacun de ses membres. <strong>La</strong> pureté est unebénédiction. Qu’elle soit accordée dans le mariage ou à unepersonne célibataire, une vie pure est une grande grâce.Nous ne devons pas sous-estimer les armées d’esprits impursqui incitent l’homme au mal. Si nous jouons avec l’impureté,


62 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>nous nous mettons sous l’emprise des démons, et notre sexualité— destinée pourtant à être une merveilleuse expériencede Dieu — devient alors une expérience terrible et destructrice.Ceci est vrai non seulement dans la prostitution maisaussi quand quelqu’un recherche la satisfaction par des actesimpurs sur son propre corps. Un homme ne doit pas penserqu’il peut se livrer à la masturbation sans en subir des conséquences; par cet acte, une personne offense Dieu et senuit à elle-même. Elle s’ouvre ainsi aux mauvais esprits —des démons dont elle ne peut imaginer la cruauté — et d’elleémanera quelque chose de malsain.L’impureté flagrante montrée à la télévision, dans les revueset au cinéma est un crime commis en public contre lequelnous devons nous élever. Il ravage l’âme des enfants et desjeunes gens. Tout est devenu permis — je pense, par exemple,aux actes homosexuels, que l’on a légalisés, et au mal terriblefait à la pureté de la jeunesse. Quelque chose dans laconscience humaine a été détruite.<strong>La</strong> convoitise finit par con<strong>du</strong>ire au meurtre. Il suffit depenser au nombre illimité d’avortements effectués depuisleur légalisation. Pensons aussi à la terrible souffrance psychiquedes jeunes femmes coupables d’avoir tué l’enfant dansleur sein. Le nombre de dépressions qui en résultent est incalculable.Jésus est l’unique réponse à tout cela, et nous devonstémoigner ensemble <strong>du</strong> chemin qu’Il nous montre dans unmonde devenu très sombre.Lorsque quelqu’un satisfait sa pulsion sexuelle sur son proprecorps, il nuit à son âme, créée à l’image de Dieu. Employerquelque chose dont la finalité est sublime contrairement à


<strong>La</strong> pureté 63cette finalité, c’est la désacraliser. De la même manière qu’uneroyauté serait avilie par l’esclavage, l’homme avilit sa nobledestinée d’image de Dieu s’il abuse sexuellement de son proprecorps.Extrait d’une lettre : Cher frère, il n’est pas nécessaire que votrevie toute entière soit une lutte crispée pour la pureté personnelle.Mais il vous faut rejeter toute attirance secrète pourl’impureté. Voilà d’où vient votre tension intérieure. Jésuspeut vous libérer totalement de cela. Si vous vous savezentièrement dépendant de lui, il y a de l’espoir pour vous.Extrait d’une lettre : Chère sœur, il me semble qu’il y a une atmosphèred’érotisme autour de vous et je veux vous mettre engarde à ce propos. Il n’y a rien de surprenant à ce que le pouvoirde l’érotisme et <strong>du</strong> sexe soient un problème auquel chacunest confronté, et vous n’êtes pas différente des autres.Mais je vous supplie d’accorder de la valeur au don de lapureté — la lumière de la chasteté et de la virginité parfaites.Ne permettez pas que votre vie soit assombrie par la moindrerelation passagère avec un garçon ou un homme, ni parvotre façon de vous habiller ou de marcher. Veuillez accepterce conseil de la part de quelqu’un qui vous aime.Extrait d’une lettre : Cher frère, vous me dites ne pas avoirrésisté au mal, particulièrement dans le domaine <strong>du</strong> sexe.Il est extrêmement important que vous teniez ferme pourl’amour de Jésus. Je sais que c’est souvent difficile, surtout àl’université. Mais les temps deviennent de plus en plus corrompus,et il sera d’autant plus nécessaire d’avoir la force


64 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>de dire « non » à tout ce qui est accepté généralement par laplupart des gens. Je vous souhaite le courage de faire cela.Extrait d’une lettre : Vous devez chercher à avoir un cœur pur.Alors vous ne pécherez plus quand des images impures, votreimagination ou toute autre chose vous tenteront.Vous reconnaissez qu’il vous faut rompre avec toutes ceschoses, mais vous devez également reconnaître que vousjouiez avec elles. Ceci est un péché. L’apathie et l’indifférencene feront qu’affaiblir votre fermeté contre la tentation. En finde compte, tout se résume à la question suivante : votre vieest-elle, oui ou non, fondée sur Jésus-Christ ? Vous ne trouverezun cœur pur qu’en lui.


<strong>La</strong> confiancePourquoi est-il si difficile de croire au Christ et d’avoir uneconfiance totale en lui ? Le Christ désire nous donner sa vieet son Esprit, et si nous nous tournons vers lui, ne seraitcequ’un instant, notre cœur nous dit : voici quelqu’un enqui nous pouvons avoir confiance. Pourtant, chacun de nousconnaît la peur et l’anxiété. Quelque chose en nous recherchele Christ, mais en même temps, quelque chose d’autre ennous désire servir notre ego et refuse de s’abandonner totalementau Christ. C’est cependant ce que nous devons faire,parce que l’évangile nous dit : « Ne soyez pas inquiets. Croyezen Dieu et croyez aussi en moi » (Jean 14.1). Il ne suffit pasde donner au Christ tout ce qui est bon en nous-mêmes, oude lui donner nos péchés ou de lui apporter nos fardeaux. Ildésire notre être tout entier. Si nous ne nous donnons pastotalement à lui — si nous restons sur la réserve — nous netrouverons jamais la totale liberté intérieure et la paix promisesdans l’évangile. Nous devons donner au Christ jusqu’ànotre être le plus profond.Le pouvoir des ténèbres remplit souvent notre cœur decrainte et bloque notre total dévouement à Dieu. QuandJésus dit dans la synagogue : « Si vous ne mangez pas la


66 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>chair <strong>du</strong> Fils de l’homme et si vous ne buvez pas son sang,vous n’aurez pas la vie en vous », même ses compagnonstrouvèrent ses paroles difficiles à accepter et bon nombre lequittèrent. Mais lorsque Jésus demanda à ses douze <strong>disciple</strong>s: « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Pierre répondit :« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu a les paroles qui donnentla vie éternelle. Maintenant nous croyons et nous savons quetu es le Christ, le Saint de Dieu » (Jean 6.67-69).Nous aussi, nous devons avoir une telle foi — dans notrecœur, dans notre âme, dans notre être tout entier. <strong>La</strong> foi doitdevenir une réalité en nous-mêmes, encore et toujours : nonpas un système religieux ni une théorie, mais la conviction quenous pouvons avoir une confiance totale en Jésus et que nouspouvons tout lui donner — toute notre vie — pour l’éternité.Il n’est pas nécessaire de tout comprendre intellectuellement.Il est beaucoup plus important de faire l’expérience de la confianceet de la foi dans notre cœur et dans notre être.En dehors de Jésus, nous ne trouverons pas de paix. Là oùse trouve Jésus se trouve Dieu. Il est présent même à ceux quil’ont quitté, comme beaucoup l’ont fait à son époque, parceque ses paroles semblaient trop difficiles à accepter. C’estpour cela que nous prions pour eux et pour nous : « Seigneur,aide-nous. Viens dans ce monde. Nous avons besoin de toi,de ta chair, de ton Esprit, de ta mort et de ta vie, et de tonmessage pour toute la création. »Nous ne devons craindre ni nos ennemis, ni la calomnie oula persécution que nous subirons peut-être un jour. Nos devonsmettre notre confiance en Jésus, il fut lui aussi calomniéet persécuté. Nous ne désirons rien de meilleur. Si nous nous


<strong>La</strong> confiance 67tournons vers Jésus avec amour et avec une confiance totale,je suis absolument certain qu’il nous gardera sous sa protectionet dans son amour.Il nous faut avoir confiance et croire que Jésus est la solutionà toutes nos incertitudes, nos problèmes et nos inquiétudes.Je n’ai pas toujours suffisamment fait confiance àJésus, et je me rends compte que ce manque de confiance estun péché. <strong>La</strong> vie n’est pas sans doutes ni sans inquiétudes.Mais nous savons vers qui nous tourner. C’est très simple :si vous ne comprenez pas quelque chose, faites confiance àJésus. Ceci n’est pas toujours facile ; parfois, cette adhésiontotale <strong>du</strong> cœur doit s’acquérir au prix d’une lutte intérieure.Mais Jésus nous dit : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi enmoi » (Jean 14.1). Voilà l’unique réponse.Extrait d’une lettre : Je vous conseille de ne pas trop vous tracasserà propos de questions de foi difficiles, telles que : pourquoiDieu se servirait-il de quelqu’un qu’il aime commeinstrument de sa colère? Nous ne connaissons pas suffisammentl’amour de Dieu. <strong>La</strong> seule réponse à ce genre de question,c’est la confiance totale et inconditionnelle.Extrait d’une lettre : Même lorsque nous sommes tourmentés,nous devons nous oublier nous-mêmes et nous donner enservant ceux qui nous entourent. Alors Dieu nous aidera. Iln’est pas toujours bon de parler sans cesse de ses problèmeset de partager ses difficultés. Dieu sait ce dont nous avonsbesoin, bien avant que nous lui demandions. Ayez confianceen lui comme un enfant. Il vous aidera.


68 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Si nous sommes tentés de perdre confiance les uns enversles autres à cause de nos luttes pénibles <strong>du</strong> passé ou pourtoute autre raison, nous devons trouver le calme intérieur.Nous devons avoir une attitude d’abandon confiant en Jésus,lui disant : « Non pas ma volonté mais la tienne » (Matthieu26.39) — une telle confiance nous donne la vraie tranquillitéintérieure. Sans cette confiance fortifiante, je ne pourraispas vivre un seul jour. Notre mouvement, le Bruderhof, passera; nous tous, nous passerons. Jésus, finalement, sera leseul vainqueur.Extrait d’une lettre : Je sais, pour avoir enten<strong>du</strong> des mamansde petits enfants, qu’elles ont souvent peur de choses terriblesqui pourraient arriver à leurs enfants dans ce monded’aujourd’hui. Je peux très bien le comprendre. Mes premiersenfants sont nés en Angleterre, pendant la Deuxième Guerremondiale, alors que des bombardiers nous survolaient toutesles nuits. Par deux fois, des bombes touchèrent notre voisinage— elles tombèrent une fois sur nos terres, et l’autrefois sur le village voisin. Mais plus grande que notre peurdes bombardements était notre crainte qu’Hitler ne conquîtl’Angleterre — pour nous, c’eût été la mort — et ma détresseintérieure était indicible quand je pensais à ce qui pourraitarriver à nos enfants.Nous ne vivons pas dans la crainte des bombardements ence moment, mais il est vrai que nous vivons à une époque degrande souffrance et de mort. Il est même très possible qu’ungrand nombre d’entre nous — y compris des parents de petitsenfants — aient un jour à souffrir et à mourir pour notrefoi. Je vous supplie <strong>du</strong> fonds <strong>du</strong> cœur de mettre toute votre


<strong>La</strong> confiance 69confiance en Dieu. Il y a de nombreux passages effrayantsdans la Bible, surtout dans l’Apocalypse de Jean. Pourtant,même là il est écrit que Dieu lui-même essuiera les larmesde tous ceux qui ont souffert (Apocalypse 21.4). Il nous fautcroire réellement que Jésus est venu non pas pour juger, maispour apporter le salut :Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique,afin que tout homme qui croit en lui ne meure pas maisqu’il ait la vie éternelle. Dieu n’a pas envoyé son Fils dans lemonde pour condamner le monde, mais pour que le mondesoit sauvé par lui (Jean 3.16-17).Nous voyons ici l’immense désir de Dieu de sauver l’humanité.A la fin, nous serons unis à Dieu. Nous devons croire cela,pour nos enfants aussi, même s’il nous faut souffrir pourl’amour de Jésus.Comme le soleil brille sur une vallée, le grand amour de Dieus’étend sur toute la terre. Il est vrai qu’il y a des choses terriblesdans ce monde, comme la guerre ; et d’autres guerresarriveront, mais Dieu est plus puissant. Il est beaucoup plusgrand que l’homme, et son amour est beaucoup plus grandque l’amour humain. Ne vivez pas dans la peur. Regardez lavallée, levez les yeux vers la montagne, et pensez à Dieu qui acréé toutes choses et qui vous tient dans sa main.Si nous vivons selon Jésus et ses enseignements, nousn’avons aucune raison d’avoir peur. Soyons fidèles à Dieu et àJésus-Christ, et abandonnons toute crainte.Apprenez à avoir toujours confiance en Jésus, même lorsquevous ne comprenez pas tout. Vous connaitrez maintes


70 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>situations dans la vie que vous ne comprendrez pas. <strong>La</strong>seule réponse est votre confiance en Jésus. Vous vivrez desmoments très difficiles, mais n’oubliez jamais qu’à Dieuappartient la victoire finale. Ayez toujours cette foi. Le ciel etla terre disparaîtront, mais un nouveau ciel et une nouvelleterre apparaîtront (Apocalypse 21.1).


<strong>La</strong> vénérationNous devrions craindre Dieu, et nous devrions craindre deblesser ou d’offenser toute créature, mais jamais nous nedevrions avoir peur de Dieu. <strong>La</strong> Bible parle de la crainte deDieu, mais il y a aussi une autre sorte de crainte qui éloignede Dieu et qui refroidit l’amour. Malheur à nous si nous confondonsla vraie crainte avec la fausse. Notre crainte devraitnaître de l’amour et de la vénération.Lorsque Pierre reconnut en Jésus le Fils de Dieu, il luidit : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un hommepécheur ! » (Luc 5.80). Il avait peur d’être mis en présence dela pureté de Jésus. Une telle crainte est juste. Mais la craintequi détruit la confiance et l’assurance, ou notre cœur d’enfant,est injuste. Nous devons craindre Dieu de façon juste.Extrait d’une lettre : Jean écrit que le craintif aime imparfaitement(1 Jean 4.18). J’ai souvent réfléchi à ceci, car certainesparaboles de Jésus, comme par exemple celle des dix vierges,pourraient nous effrayer. Le livre de l’Apocalypse aussi peutfaire peur. Jésus nous dit que nous ne devons pas craindre« ceux qui tuent le corps » mais que nous devons craindre« celui qui peut faire périr le corps et l’âme dans l’enfer »


72 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>(Matthieu 10.28). Il existe donc une crainte de Dieu qui estjuste et bonne. En somme, si nous sommes en Dieu, nous necraindrons rien sauf Dieu. C’est l’état idéal pour un chrétien.Nous nous sommes toujours servis <strong>du</strong> nom de Dieu avecréserve, non seulement parce que nous sentons qu’il nousfaut être prudents, mais aussi parce que les dix commandementsnous disent : « Tu ne prononceras pas le nom del’Eternel, ton Dieu, en vain » (Exode 20.7).Il est essentiel pour les parents d’apprendre à leurs enfantsà respecter Dieu, afin qu’ils ne se posent même pas la questiond’abuser <strong>du</strong> nom de Dieu.Les gens ont terriblement tendance à oublier Dieu et sesactes d’amour. C’est ce qui peut arriver de pire à l’humanité.Lorsque plus personne n’a d’intérêt pour Dieu, que personnene désire le connaître ni témoigner de lui, ceci est encore plusnéfaste que l’hostilité envers Dieu, car l’hostilité manifesteau moins un intérêt.L’histoire de Siméon et d’Anne, qui attendaient la venue<strong>du</strong> Messie au nom de tout le peuple d’Israël devrait nousinspirer (Luc 2.25-39). Peu importe s’il ne reste que deux personnes,car même dans ce cas, la terre n’a pas complètementoublié Dieu. Nous devrions désirer ardemment témoigner deDieu, l’aimer, et attendre son avènement.


L’abandonMalgré les circonstances de notre époque, il nous fautêtre ouverts et libres de vivre selon ce que Dieu veut pourl’avenir — la communauté fraternelle et le Royaume de Dieu.Nous devons être prêts et désireux d’abandonner notrerésistance à Dieu. Alors, Il agira en nous à travers son Esprit-Saint.Dieu est toujours prêt, toujours présent. C’est nous qui nesommes pas prêts pour sa cause. Si seulement nous nous soumettionsà l’autorité de Dieu, à la <strong>voie</strong> de Jésus et au pouvoirde l’Esprit, alors la flamme qui donne la lumière au mondeentier pourrait être allumée.Nous connaissons les commandements de Jésus : « Vavendre tout ce que tu possèdes … puis viens et suis-moi ! »(Matthieu 19 :21) ; « Suis-moi, et laisse les morts enterrerleurs morts » (Matthieu 8.22) ; « Venez avec moi et je ferai devous des pêcheurs d’hommes » (Matthieu 4.19).Les <strong>disciple</strong>s aussi connaissaient les commandementsde Jésus. Ils savaient également que chacun, à sa façon, estassez « riche » pour pouvoir résister, en s’accrochant mêmeau peu qu’il a : « … je ne peux y aller » (Luc 14.20). C’est pourquoiils demandèrent, très étonnés : « Mais alors, qui peut


74 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>être sauvé ? » Jésus répondit : « Aux hommes, cela est impossible,mais à Dieu, tout est possible » (Matthieu 19.25-26).Si nous nous ouvrons à l’action de Dieu en nous et que nousrenonçons à notre propre volonté, Dieu est toujours prêt ànous donner la foi et l’amour.Dieu désire que nous lui demandions de l’aide. Ce n’est pasqu’il ne puisse ou ne veuille agir sans notre demande, maisil attend que nous lui ouvrions notre cœur et notre vie, afinque lui — et lui seul — puisse agir.Beaucoup de personnes se demandent pourquoi Dieu estainsi, pourquoi il n’impose pas sa volonté aux hommes. Maisc’est ainsi qu’il est. Il attend que nous soyons prêts. Il est vraique Dieu punit des indivi<strong>du</strong>s et des nations afin de les appelerà la repentance, mais jamais il n’imposera son amour.Si un parent prenait son enfant à la gorge pour lui imposerses bonnes intentions, l’enfant sentirait instinctivement quecela n’est pas de l’amour. Pour la même raison, Dieu n’imposejamais sa volonté sur personne. Ainsi, nous nous trouvonsface à une question d’une importance capitale : sommes-nousdisposés à nous abandonner librement à Dieu ? Sommesnousdisposés à ouvrir les fenêtres de notre cœur, afin queDieu, dans sa bonté, puisse entrer et prendre le relais ?Nous devons nous abandonner entièrement à Dieu, et sinous échouons, il nous faut nous donner à nouveau. Nousavons tous besoin <strong>du</strong> pardon pour nos péchés et nos manquements.Ce qui est important est de vouloir être fidèle,fidèle jusqu’à la fin de sa vie. Cela veut dire renoncer à tout —à sa volonté propre, à ses espoirs de bonheur personnel, à sapropriété privée et même à ses faiblesses — et croire en Dieu


L’abandon 75et en Jésus-Christ. C’est tout ce qui est demandé de chacun.Jésus n’attend pas la perfection, mais il désire que nous nousdonnions entièrement et de tout cœur.Extrait d’une lettre : Qu’est-ce que l’abandon véritable et inconditionnel? Quelqu’un peut se soumettre à quelqu’un de plusfort, une armée peut céder à une autre qui est plus forte. Onpeut se soumettre à Dieu parce qu’il est tout-puissant, ouparce qu’on craint son jugement. Rien de cela n’est l’abandonparfait. Ce n’est que lorsqu’on fait l’expérience que Dieu estbon — et que lui seul est bon — qu’il est possible de lui remettreson cœur, son âme, son être tout entier, sans condition.Lorsque quelqu’un s’est abandonné cœur et âme à Dieu, ilrecherchera d’autres personnes chez qui le même amour semanifeste clairement, et il s’abandonnera également à cellesci.Mais il ne peut s’engager envers les autres que si son premierengagement est envers Dieu.Extrait d’une lettre : Si jamais nous trouvions un groupe —même s’il était bien plus petit que le nôtre — où l’amour deJésus s’exprimait de manière plus entière et plus claire quechez nous, j’espère et je crois que nous voudrions le rejoindre,même si cela signifiait la perte de notre identité en tantqu’église-communauté.Extrait d’une lettre : Dieu doit nous con<strong>du</strong>ire jusqu’au point oùnous reconnaissons combien nous sommes misérables etfaibles — oui, combien nous sommes pauvres en esprit ettotalement impuissants. A quiconque sent encore la moindreforce en lui-même, sa faiblesse doit être révélée. Lorsque Dieunous montre combien nous sommes démunis et pauvres,


76 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>nous nous sentons complètement impuissants devant lui.Mais alors, Il nous aide de sa grâce, et Il nous fortifie deson amour infini. Nous dépendons entièrement de Dieu, <strong>du</strong>Christ, et <strong>du</strong> Saint-Esprit. Il n’y a pas d’autre secours.Céder à la volonté de Jésus signifie s’unir à lui et s’unir lesuns aux autres. Jésus s’est tellement battu pour soumettre savolonté à celle de son Père qu’Il en transpira des gouttes desang (Luc 44.22). Des puissances démoniaques l’entouraientet tentèrent de provoquer sa chute, mais il resta fidèle : « Quece ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne » (Luc22.41). Cette attitude devrait aussi être la nôtre, dans tousles domaines, même si nous sommes persécutés à cause denotre foi. Quoi qu’il arrive — l’emprisonnement ou même lamort — nous devrions dire : « Non pas ce que je veux, maisce que tu veux » (Marc 14.36).LA SOUMISSIONLe Christ nous dit : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ;mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, pour quevous alliez et portiez <strong>du</strong> fruit et que votre fruit demeure »(Jean 15.16). Ces paroles sont tellement importantes : « Jevous ai établis... » (dans la tra<strong>du</strong>ction allemande d’Albrecht :« je vous ai assigné votre place »). Comme il est fréquentde voir une personne causer beaucoup de mal parce qu’ellen’est pas satisfaite de sa place dans la vie. Un tel sentimentd’insatisfaction con<strong>du</strong>it à la haine. Nous devrions nous aimerles uns les autres et accepter la place que Dieu a donnée à chacunde nous.


L’abandon 77Lorsque Jésus envoya deux de ses <strong>disciple</strong>s chercher uneânesse et son ânon, le dimanche des rameaux, ces <strong>disciple</strong>s neconcevaient pas d’autre tâche plus importante que de les trouver.Si quelqu’un leur avait dit : « Vous êtes appelés à accomplirdes choses plus importantes, n’importe qui peut aller chercherun âne », et s’ils ne l’avaient pas fait, ils auraient été désobéissants.Mais il n’y avait pour eux, à ce moment-là, rien de plusimportant que d’aller chercher l’âne pour le Christ. Je souhaite,pour moi-même et pour chacun, que nous puissions accomplirtoute tâche, grande ou petite, dans cette obéissance. Il n’y arien de plus important que d’obéir au Christ.L’HUMILITÉJésus appelle chacun de nous à être humbles. Si une personnerecherche la grandeur humaine, la communauté chrétiennen’est pas sa place. Chacun d’entre nous peut être tenté parl’ambition, mais il nous faut rejeter cette tentation.Extrait d’une lettre : Il est bon d’être faible. Notre faiblessehumaine n’est pas un obstacle au Royaume de Dieu tant quenous ne nous en servons pas comme excuse pour nos péchés.Lisez 2 Corinthiens 12.7-9, où Paul écrit que c’est dans notrefaiblesse que Dieu se révèle dans toute sa gloire. Ce passagede la Bible n’est certainement pas le plus important pourl’église dans son ensemble, mais il est peut-être le passage del’évangile le plus important pour ce qui concerne l’état de <strong>disciple</strong>dans la vie personnelle.Extrait d’une lettre : En lisant l’évangile de Marc, je suis frappé parl’importance que Jésus donne à la nécessité d’être humble.


78 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Lui-même n’est pas venu pour se faire servir, mais « Il estvenu pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude» (Marc 10.45). C’est ce que nous devons faire également,bien que nous soyons conscients d’être très loin del’accomplir.Les Béatitudes ne demandent pas de grands saints qui brillentdans le monde, mais des personnes humbles.Extrait d’une lettre : Si vous savez que vous êtes parfois portéà la critique et que vous manquez d’humilité, alors recherchezl’humilité. L’humilité est une vertu que l’on peut déciderde vouloir acquérir. L’humilité adoucit le cœur et le rend disponiblepour Dieu. Critiquer n’est pas nécessairement mal,ce peut être positif. Mais ce peut être aussi extrêmementdestructif.Nous ne devrions pas trop penser à la petitesse de notrecœur et à la faiblesse de notre caractère. Nul n’est pur et bonexcepté Jésus-Christ. Il est le seul caractère vraiment sainet, dans sa miséricorde infinie, Il peut purifier nos cœurs envue d’accomplir son dessein. Donnons-nous à lui afin qu’Ilpuisse nous guider et se servir de nous selon sa volonté.Détournons-nous de la tentation de Caïn, qui envia l’intimitéde son frère avec Dieu (Genèse 4.5). Soyons joyeux de simplementappartenir à Jésus, et laissons-le nous placer là où nouspouvons porter le plus de fruit pour la gloire de Dieu.Extrait d’une lettre : Si nous acceptons la faiblesse et la petitessede nos vies d’une façon qui nous con<strong>du</strong>it à l’humilité devantDieu, nous verrons que notre unique secours est dans notre


L’abandon 79soumission totale à lui et dans notre dépendance de lui. C’estpeut-être là une prise de conscience douloureuse, mais la victoiresera la vie !Saint-Paul nous dit : « Ne faites rien par esprit de rivalité oupar vaine gloire » (Philippiens 2.3). Il ne parle pas seulementde la vanité de vouloir paraître beau — ce qui est égalementantichrétien — mais de la vanité religieuse de ceux qui veulentbriller parmi les hommes et recevoir leurs honneurs. Untel orgueil n’a pas sa place parmi nous. Paul continue : « Quechacun considère les autres comme supérieurs à lui-même »(Philippiens 2.3). Voilà bien le contraire de vouloir surpasserses frères et sœurs. Si nous désirons suivre Jésus, commentpourrions-nous vouloir être supérieur ou important ? Jésus« s’est abaissé lui-même, se faisant obéissant jusqu’à la mort,et à la mort sur la croix » (Philippiens 2.8).


<strong>La</strong> sincéritéQu’il est important que notre vie soit sincère et reste sincère,et que nous ne fassions rien de plus — mais aussi riende moins — que ce que Dieu demande de nous à chaqueinstant ! Le danger existe d’arriver à une compréhensionintellectuelle de la vérité et d’y conformer sa vie, alors que lavérité n’a pas encore été intro<strong>du</strong>ite par Dieu dans nos cœurset dans nos âmes.Ne prononçons jamais de paroles spirituelles si nous n’ycroyons pas réellement. Si nous parlons, plein d’admiration,de l’état de <strong>disciple</strong>, mais qu’en même temps nous résistonsà ses exigences, cela fera beaucoup de tort à notre âme et ànotre vie intérieure. Usons des termes religieux et des expressionsde la foi avec réserve. Les employer sans véritable sincériténous détruira, et notre hypocrisie sera particulièrementdésastreuse pour nos enfants.Jésus nous met fermement en garde de ne pas chercherà paraître pieux aux yeux <strong>du</strong> monde. Soyons vrais et exprimonsce que nous pensons réellement, même si nous noustrompons. Cela vaut mieux que de prononcer de bonnesparoles sans y croire sincèrement (Matthieu 6.5).


la sincérité 81Extrait d’une lettre : D’après une ancienne tradition juive, legrand-prêtre ne prononçait le nom de Jéhovah qu’une seulefois par un — le jour <strong>du</strong> grand pardon — et ceci seulementdans le Saint des Saints <strong>du</strong> Temple. Pour nous, un tel respectdans l’emploi <strong>du</strong> langage religieux est un aspect importantde la chasteté intérieure. Nous employons le nom de Dieuavec beaucoup de prudence.Extrait d’une lettre : Il est important d’être franc et honnête pource qui est de vos vrais sentiments. Soyez plutôt trop rude quetrop doucereux, trop brusque que trop gentil. Mieux vautexprimer une parole désobligeante mais vraie qu’une parole« gentille » qui ne l’est pas. On peut toujours demander pardonpour une parole <strong>du</strong>re, tandis que l’hypocrisie peut causerdes dommages permanents, à moins qu’une grâce spéciale nesoit donnée.Le « Mouvement de la Jeunesse 1 », dans lequel nos communautésont leurs racines, fut marqué par une soif d’authenticité,et quelque chose de Jésus l’animait. <strong>La</strong> première questionque l’on se posait n’était pas de savoir si une chose était juste,bonne ou vraie, mais si elle était authentique. On préféraitécouter une personne dire quelque chose d’incorrect ou demaladroit en toute innocence plutôt que d’avoir à écouter des1Le Mouvement de la Jeunesse Allemande, ou Jugendbewegung, fut unphénomène d’une grande ampleur. Actif entre 1913 et 1933, il était constituéde groupes de jeunes, organisés sans structure stricte, qui rejetaient les conventionsde la société établie en faveur de la simplicité, la liberté, l’authenticité etl’amour de la nature. Eberhard Arnold, qui fonda le Bruderhof en 1920 et étaitconnu au niveau national pour ses écrits et ses conférences, fut l’un des leadersde ce mouvement.


82 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>discours religieux hypocrites. On rejetait une religion de perroquet,on luttait pour trouver la vérité.Des profondeurs des cœurs naissait une nouvelle approchede la vie, un nouvel amour de la vie, qui s’exprimait de multiplesfaçons. Cette soif intérieure con<strong>du</strong>isit les jeunes às’associer dans un esprit de camaraderie pour faire des randonnées,chanter, danser des danses folkloriques — certainsmêmes s’organisèrent en communautés. Se rassembler autourd’un feu flamboyant devenait une expérience intérieureprofonde, et le mouvement rythmique d’une danse en cercleexprimait quelque chose venant <strong>du</strong> fond des cœurs. L’ons’efforçait de n’exprimer que ce qui était vraiment authentique,ce qui impliquait le rejet de tous faux-semblants, ycompris la mode. L’essentiel était l’expérience intérieure, etelle s’exprimait avec force dans tous les domaines de la vie.Extrait d’une lettre : Ce n’est pas celui qui pèche de manière évidentequi fait obstacle à Dieu. Les plus grands ennemis deDieu sont ceux qui, ayant reçu et accepté l’appel à suivrele Christ, continuent à servir Satan malgré leur langagereligieux.<strong>La</strong> plupart des paraboles de Jésus parlent de ce genre depersonnes, et non pas des gens <strong>du</strong> monde. Les dix viergesdans le chapitre 25 de Matthieu sortent pour aller à la rencontrede l’époux, mais cinq d’entre elles s’endorment. Dans lechapitre 24, la responsabilité des biens <strong>du</strong> maître est confiéeau serviteur, qui devient infidèle, et ainsi de suite (Matthieu24.48-49). Voilà le plus grand obstacle au royaume de Dieu :ceux qui ont enten<strong>du</strong> et répon<strong>du</strong> à l’appel de Dieu, mais qui


la sincérité 83continuent à employer des paroles chrétiennes tandis qu’ilsservent Satan.Si nous restons proches de Jésus, nous trouveronsl’authenticité dans sa forme la plus pure. Comme Jésus parlesévèrement contre cette forme de piété qui cherche à se purifierde l’extérieur ! Comme il nous dit clairement que c’estl’intérieur qui doit d’abord être purifié!


L’EGLISE


L’EgliseNous savons combien l’humanité est tourmentée et divisée.Un aspect de ce tourment est la solitude, qui ne peut êtresurmontée qu’en faisant l’expérience de l’église vivante. Cetteéglise-communauté n’est pas un groupe ou une organisationspécifique, et pourtant, elle existe bel et bien. Elle est vivanteet tend la main aux personnes humbles en recherche. Le faitque l’église existe est la réalité la plus importante sur terre.Lorsque Dieu parle au plus intime de notre cœur, notre sentimentd’être séparé et notre solitude, causés par le péché, sontsurmontés ; nous faisons l’expérience de la vie en communautéavec nos frères et sœurs.Nous ne pouvons pas dire que l’église soit ici ou là. L’églisedescend des cieux vers tous ceux qui se savent pauvres d’esprit.L’église vient à ceux qui renoncent à tout pour l’amour <strong>du</strong>Christ, y-compris à leurs opinions personnelles et à leurs droits.Lorsque cela se pro<strong>du</strong>it — et cela peut survenir n’importe où— des personnes sont rassemblées dans l’unité.D’après les premiers chrétiens, l’église existait avant mêmela création. L’église existe en l’Esprit-Saint. Le Christ en<strong>voie</strong>son église partout où deux ou trois se rassemblent en son


86 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>nom — et lorsqu’ils renoncent à tous leurs droits, au pouvoir,à la propriété privée, et à eux-mêmes, par amour de Dieu.Lorsqu’on nous demande si nous sommes l’église, nousdevons répondre : « Non, nous ne sommes pas l’église ».Mais si l’on nous demande si l’église vient à nous, nous devonsl’affirmer, surtout quand nous sommes découragés etpauvres devant Dieu. Plus un groupe est pauvre spirituellement,plus l’église peut s’en rapprocher. Il nous faut renoncertotalement à nos propres idées, surtout celle concernantnotre influence ou notre pouvoir sur les autres. Il nous fautdevenir pauvres comme des mendiants devant Dieu.Lorsque nous parlons de l’église véritable, nous ne pensonsabsolument pas à notre mouvement. Nous voulons simplementdire par là tous ceux qui vivent leur vie en unité totale avecle Christ. Ce n’est que là que les fruits peuvent se manifester.Dans les écrits des premiers chrétiens, comme par exempledans Le Pasteur d’Hermas, nous retrouvons sans cesse l’idéeque l’église existait avant toute création. Ceci est une penséeprofonde et remarquable, en contraste total avec l’idée d’unepetite congrégation de fidèles ou même d’une assemblée deplusieurs millions de personnes, se disant l’église.Quand nous parlons de notre mouvement en tant qu’église,nous ne voulons absolument pas dire qu’il est l’Eglise. L’égliseest quelque chose de beaucoup plus grand, elle remonte aucommencement de toute chose, avant la création <strong>du</strong> monde.Mais nous désirons ardemment que l’église soit vivante etactive aujourd’hui, et entre autres parmi nous.Peter Riedemann, un anabaptiste <strong>du</strong> seizième siècle, acomparé l’assemblée des croyants dans l’église à une lanterne.


L’Eglise 87Sans lumière, une lanterne ne sert à rien. Il en est de mêmepour l’église-communauté. Elle peut vivre en communautétotale de biens, sans propriété privée ; il peut y avoir l’amour,le dévouement parfait et une véritable communauté. Maistout ceci ne garantit pas qu’elle soit vivante. L’église est undon de Dieu. Elle vient à ceux qui se savent pauvres d’esprit,et c’est le Saint-Esprit qui lui donne la vie et l’unité.Extrait d’une lettre : En cette heure de désespoir et de misère partoutdans le monde, il n’y a rien de plus important que la viede fraternité, la vie d’amour et d’unité. C’est peut-être trèspeu, presqu’invisible en comparaison avec toute la souffrance<strong>du</strong> monde, mais cela ne restera pas sans effet.Aujourd’hui, le monde n’a pas besoin de longs sermonsni de paroles religieuses. Il a besoin de voir des actes et la<strong>voie</strong> pratique d’une vie de <strong>disciple</strong>. Notre époque a besoin dela démonstration tangible que Dieu est plus fort que toutehaine, toute misère, tout péché et toute désunion. Dieu abesoin d’un peuple de personnes qui dévouent toute leur vie,sans réserve, à sa cause — des personnes qui ne pensent pasd’abord à leur propre salut, mais qui intercèdent par la prièrepour les besoins des hommes, des personnes qui espèrent etcroient en la victoire de Dieu.Une vraie communauté ne peut exister un seul jour sans ledon <strong>du</strong> Saint-Esprit. Ainsi, que nous soyons ensemble ensilence, ou que nous chantions ensemble, nous attendons,nous espérons ce don que Dieu nous a offert par la mort deJésus.On dit que l’église primitive était parfaitement unie decœur et d’esprit. Le groupe n’était peut-être pas très bien


88 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>organisé, mais il formait un seul cœur et une seule âme. Sesmembres étaient poussés et guidés par l’esprit. Grâce à cela,« nul ne disait que ses biens lui appartenaient en propre,mais, tout ce qu’ils avaient était propriété commune » (Actes4 :32). Ce n’était pas une question de loi rigide et insensible,ce n’était pas un communisme organisé, mais une questionde cœurs mus par l’amour.Extrait d’une lettre : Ce n’est pas nous qui pourrons construire lafraternité, ou fonder une église, ou même changer un seul êtrehumain. Nous dépendons tous entièrement de l’atmosphère— celle de l’Esprit de Dieu — qui règne parmi nous. Et pourtant,nous avons tous une certaine influence sur cette atmosphère.Ainsi, il est de la responsabilité de chacun de veiller àne laisser entrer dans notre vie aucun esprit opposé à Dieu.Si nous sommes fidèles à Jésus, nous serons aussi fidèlesles uns aux autres. Nous appartenons les uns aux autres. Siquelqu’un se consacre à Jésus, il sera uni à d’autres croyants,et ils deviendront tellement unis qu’ils seront comme un seulcorps. Dans le corps humain, si l’œil est en danger, le bras selève aussitôt pour le protéger, même si, ce faisant, il pourraitêtre endommagé. C’est un mouvement instinctif, commeguidé par l’amour. Il en est de même pour ceux qui se consacrentau Christ et les uns aux autres. Chacun devrait être prêtà souffrir pour l’autre, le plus fort pour le plus faible.Extrait d’une lettre : En Jésus et son Esprit nous devenons tousun, et nous nous unissons même avec l’église céleste, avec lesapôtres et les martyrs, et avec tous ceux qui ont été et qui


L’Eglise 89sont unis à Jésus. Mais si notre amour s’éloigne de Jésus,rédempteur et sauveur <strong>du</strong> monde, alors notre foi en l’églisedevient une idolâtrie.Le paradoxe est que nous devons nous distancier de cettegénération corrompue — et nous ne le ferons jamais assezrigoureusement — mais en même temps nous devons aussinous unir au Christ, qui est mort par amour pour chaqueindivi<strong>du</strong> de cette même génération. Ce dont nous avons leplus besoin, en tant qu’église, c’est de trouver le Christ crucifié,l’Agneau de Dieu, qui est mort pour les péchés <strong>du</strong> monde.Si nous sommes unis au Christ, nous ne serons pas insensibles,que ce soit envers une jeune fille qui a avorté ou enversqui que ce soit qui commet le mal. Nous aurons des cœursremplis de compassion.Extrait d’une lettre : Notre mouvement a certaines caractéristiquesqui proviennent en partie de son origine européenneet de certaines circonstances historiques. Il en est de mêmepour la Church of the Brethren (l’église des frères), lesQuakers et d’autres mouvements religieux. Je comprendstrès bien que l’on aime et que l’on soit attaché à une cultureet plus encore, au peuple dont on est originaire.Mais considérons un instant la « communauté des croyants», le corps <strong>du</strong> Christ, qui se perpétue à travers les siècles.Dans ce contexte, qu’est-ce que notre mouvement et saculture ? Tout ce qu’il peut y avoir de bon en lui ne l’est quedans la mesure où il est soumis et saisi par ce courant de vie.Notre mouvement s’éteindra, de même que d’autres mouvements,mais le courant de vie dont il fait partie, lui, ne passerajamais. C’est cela qui compte.


90 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Si nous avions pris la décision d’être une communautéchrétienne de culture germanique, uniquement au servicedes personnes venues <strong>du</strong> Mouvement de la jeunesse allemande,nous aurions été en danger de disparaître avantmême d’avoir existé. Nous voulons remettre nos vies à Dieutotalement, lui permettre de se servir de nous comme Il ledésire, là où Il touche le cœur des gens, et rester ouverts à cequ’Il nous donne. Sinon, nous serions en danger de mettredes limites à la vérité.Nous ne sommes qu’un faible cercle d’êtres humains — souventbien trop humain. Mais notre tâche ne peut jamais êtrelimitée. Dieu n’a pas de limites.Plus je vieillis, plus nos communautés perdent de l’importancepour moi. L’essentiel, c’est que l’église priante de Dieu existesur cette terre. C’est pour cela que nous voulons nous donnernous-mêmes, et c’est pour cela que nous voulons vivre.Il nous faut ressentir une certaine urgence intérieure.Nous ne pouvons pas laisser la vie passer comme cela, sansnous être consacrés totalement à l’église-communauté.L’église était avec Dieu avant la création <strong>du</strong> monde, et elleest maintenant avec Dieu dans le ciel comme « l’église d’enhaut », la multitude des témoins de toutes les nations, tribuset races. Nous ne pouvons pas rester indécis face à cettesainte réalité.Extrait d’une lettre : Sommes-nous tellement dévoués en tantqu’église, tellement comblés de vérité et de sel, que nouspouvons influencer toute la terre, comme une pincée de selassaisonne tout un plat ? Il ne suffit pas de vivre en communauté,de s’entraider, de se rendre heureux — de faire des


L’Eglise 91confitures pour le voisin, qui en fera à son tour pour son voisin.Il nous est demandé plus.Je crois que nous vivons la fin des temps. C’est un momentcrucial. Tout dépend de si nos lampes ont de l’huile, si noussommes prêts à rencontrer l’époux (Matthieu 25.1-13). Lesparoles d’adieu de Jésus dans l’évangile de Jean sont claires :l’église doit être tellement unie que le monde doit pouvoirreconnaître Dieu comme le Père qui a envoyé Jésus (Jean17.21). Est-ce vraiment ce que nous montrons au monde ?<strong>La</strong> question me fait trembler jusqu’au plus profond de moncœur.


<strong>La</strong> communautéNous devons renoncer à toute propriété privée, et à toutdésir d’amasser des biens pour nous-mêmes. <strong>La</strong> jouissancedes richesses pour soi-même, pour sa famille, ou même poursa communauté, con<strong>du</strong>it à la mort intérieure. L’abondancecon<strong>du</strong>it à la mort parce qu’elle sépare notre cœur de Dieuet de notre prochain. Nous cherchons une réponse à cela enpartageant nos biens de telle façon qu’il soit impossible detomber dans le péché de la richesse collective. Notre porteest ouverte à tous ceux qui cherchent Dieu et la vérité. Sousl’intendance de l’église, chacun reçoit ce dont il a besoin.<strong>La</strong> <strong>voie</strong> de Jésus implique la dépossession totale ! Nous avonschoisi ce chemin, et nos enfants doivent le savoir dès leurjeune âge. Il faut qu’ils sachent que notre argent appartient àDieu et non pas à nous. Jésus nous dit de ne pas amasser derichesses dans ce monde, mais de chercher notre trésor dansle ciel (Matthieu19.21; 6.19-20).Extrait d’une lettre : Vous demandez : « Comment pouvons-nous,en tant que personnes et familles distinctes, devenir partieintégrante des autres ? » Ceci doit être donné par l’esprit de


<strong>La</strong> communauté 93Jésus, mais il nous faut d’abord être totalement vides de nospropres idées, de nos idéaux, de notre être. Il nous faut êtretotalement présents pour Jésus et son esprit.Extrait d’une lettre : Il n’existe aucun substitut pour l’expériencede la vie communautaire chrétienne, pour le mouvement del’esprit de Dieu, et l’unité des croyants dans l’église. J’ai bienconscience, en écrivant cela, que les mots ne peuvent jamaiscontenir l’esprit d’amour de Dieu, qui vit en ceux qui lui onttout remis.En réponse à votre question à propos <strong>du</strong> fondement bibliquede notre vie, il y a les versets 33 <strong>du</strong> chapitre 14 de Luc,où Jésus dit clairement que seuls ceux qui renoncent à toutce qu’ils possèdent peuvent être ses <strong>disciple</strong>s (Luc 14.33).Il y a aussi l’évangile de Jean, qui nous dit : « Quand viendral’Esprit de vérité, il nous con<strong>du</strong>ira dans toute la vérité »(Jean 16.13). C’est ce qui se pro<strong>du</strong>isit à la Pentecôte, lorsqueles <strong>disciple</strong>s vivaient en union parfaite de cœur et d’esprit, etavaient tout en commun (Actes 2.44; 4.32-35). Voyez aussi lechapitre 12 de la 1 ère épître aux Corinthiens, surtout les versets25 et 26. Comment comprendre ces paroles dans touteleur acception si ce n’est dans le contexte d’une vie d’églisecommunauté? Il en est de même dans 2 Corinthiens, chapitre8, versets 13 et 15.A la Pentecôte, les cœurs touchés par l’Esprit débordèrentd’amour : les croyants furent remplis d’amour pour Dieu etles uns pour les autres. Je ne pense pas que vous nierez le faitque lorsque ceci se passa, « une grande grâce était sur euxtous » (Actes 4.33). <strong>La</strong> communauté des biens fut le résultatde cet amour et de cette grâce. Cette communion d’amour


94 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>est bien éloignée <strong>du</strong> christianisme d’aujourd’hui, quand,par exemple, des gens témoignent avec reconnaissance quedepuis qu’ils versent un dixième de leurs revenus à leur église,Dieu a merveilleusement fait prospérer leurs affaires.Ce serait présenter les choses sous un faux jour de dire quele partage de l’argent et des biens est le fondement de notrefoi — il en est le résultat, pas le fondement. 1 Il est le fruit denotre abandon total au Christ et à son amour. Nous redonnonsà Dieu tout ce qu’Il nous a donné — nos biens, nos talentset notre vie — afin d’être guidés uniquement par Lui etpar son Esprit.Vous nous demandez si cela aidera à gagner des âmes auChrist. Nous dirons : non. Le simple partage des biens necon<strong>du</strong>it pas nécessairement à Jésus-Christ. Mais si c’est lerésultat d’un amour débordant, cela peut con<strong>du</strong>ire à Lui.Beaucoup d’entre nous, dans nos communautés, viennent demilieux non-chrétiens. C’est la fraternité et l’amour vécus quinous ont attirés. Nous étions las des paroles, car elles sontfaciles et on les entend presque partout — qui, en effet, diraitqu’il est contre la fraternité et l’amour ? Nous ne cherchionspas des paroles, mais des actes ; non pas des pierres, mais <strong>du</strong>pain. Voilà ce que le Christ a proposé : une vie nouvelle oùl’amour gouverne tout, en actes et en vérité.Vous demandez si un membre a souvent l’occasion derépandre le message de l’évangile véritable, et non pas« l’évangile de notre mouvement » ? Qu’entendez-vous parévangile ? Que signifie la bonne nouvelle, si ce n’est la bonnenouvelle qu’il existe un chemin autre que celui de la mort et1Voir Vivre en communauté — une nécessité ineluctable, The <strong>Plough</strong> PublishingHouse, 2010.


<strong>La</strong> communauté 95<strong>du</strong> désespoir qui règnent sur notre monde d’aujourd’hui ?Qu’est-ce que la bonne nouvelle si ce n’est la nouvelle que leshommes peuvent vivre ensemble en frères, dans la paix, lapleine confiance et l’amour mutuel, comme les enfants d’unseul Père ? L’évangile n’est pas fait seulement de paroles, ilest porteur d’actes et de vérité, et d’une façon de vivre quele Christ nous a montrée. L’évangile est l’expression d’uneexpérience vivante. Nous n’interpellons pas les autres pourqu’ils se joignent à nos communautés, mais pour qu’ils viventla fraternité. Nous ne voulons rien ajouter à l’évangile, maisnous sentons aussi très fortement qu’il ne faut rien y ôter etque nous devons faire face à tout ce que l’évangile exige denous.Vous demandez s’il est nécessaire de nous isoler, en tantque communauté, de façon à être « dans » le monde, maisnon pas « <strong>du</strong> » monde. Nous ne nous séparons <strong>du</strong> monde quedans le sens où nous voulons nous couper des mauvaises racinesde l’égoïsme, de la cupidité et de l’injustice — de toutce qui est manque d’amour dans le monde d’aujourd’hui. <strong>La</strong>société actuelle n’est pas fondamentalement différente de cequ’elle était au temps de Jésus-Christ. L’homme est toujourségocentrique, orgueilleux, avide de gains, de pouvoir et d’uneposition élevée. Les fruits de ces maux envahissent toute lasociété sous différentes formes : impureté, haine, alcoolisme,pauvreté, délinquance juvénile, maladies mentales, violences,et enfin, guerres. Voilà les fruits de Mammon, les fruitsd’une société non-chrétienne, les fruits de l’ordre mondialactuel. C’est le monde que Jésus nous a invités à quitter— et qu’Il nous invite toujours à quitter. Il nous appelle etnous rassemble pour édifier la Cité de Dieu, où seul l’Esprit


96 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>régnera — la Cité sur la montagne, qui ne peut être cachée,mais qui rayonne sur le monde entier.L’évangile nous dit que nous reconnaîtrons l’arbre — unepersonne ou un groupe — à ses fruits, car un bon arbre nepeut pro<strong>du</strong>ire de mauvais fruits, et un mauvais arbre ne peutpro<strong>du</strong>ire de bons fruits (Matthieu 7.16-18). Les fruits d’unevie fondée sur le Christ ne sont pas simplement prêcher etparler. Ce sont nos actes qui comptent. Le Christ a dit quetous les hommes sauraient que nous sommes ses <strong>disciple</strong>spar notre amour les uns pour les autres, et non par nos parolessur notre amour les uns pour les autres.Sa dernière prière fut pour l’unité de ses <strong>disciple</strong>s : « Quetous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi,afin qu’eux aussi soient un en nous pour que le monde croieque tu m’as envoyé » (Jean 17.21). C’est ainsi que l’églisedevrait être visible dans le monde. <strong>La</strong> lumière de l’union descroyants doit briller dans les ténèbres <strong>du</strong> monde, à la gloirede Dieu. Vous demandez : « Si nous renonçons suffisammentà nous-mêmes pour suivre Jésus, ne pourrions-nous pasalors vivre une vie raisonnable parmi les hommes, en dehorsd’une communauté de frères et sœurs ? »Vous devez répondre vous-même à cette question. Noussommes ici parce que nous avons trouvé qu’une vie « raisonnable» n’était pas suffisante — que Jésus-Christ nous demandaitbien plus. Il veut la personne tout entière. Nous ne sommespas une « association de frères et de sœurs », mais simplementun groupe de personnes qui cherchent à vivre plusprès de Dieu. Nous voulons prendre à la lettre les paroles <strong>du</strong>Christ dans le Sermon sur la montagne, et nous désirons êtremesurés et jugés par ces paroles. Nous ne pouvons répondre


<strong>La</strong> communauté 97pleinement à ses paroles qu’en abandonnant nos vies à savolonté, sûrs, dans la foi, qu’Il nous con<strong>du</strong>ira à la vérité.Extrait d’une lettre : Notre vie en communauté est une lutteconstante : il nous faut continuellement résister à tout cequi nous sépare de Dieu et de nos frères et sœurs. Cet acted’abnégation cette mort à soi-même — peut être une expériencetrès douloureuse. Nous croyons que ce qui nous estdemandé, c’est notre être tout entier. Tout orgueil et toutevolonté propre doivent disparaître, ainsi que toute la structurede notre vie et de nos pensées dans laquelle nous recherchionsla sécurité. Ceci ne se pro<strong>du</strong>it pas dans un soudainéclair de lumière, mais petit à petit. En vivant ensemble, nousprenons conscience de ce que certaines choses mènent à laséparation : l’orgueil, l’apitoiement sur soi-même et la faussepiété. Nous devons nous détourner de ces maux lorsqu’ilsnous sont révélés. Nous resterons toujours faibles, mais nouspuisons notre joie dans la découverte d’une source de forcequi peut triompher dans chaque combat.Extrait d’une lettre : C’est une grande bénédiction de pouvoirvivre avec des frères et des sœurs. Lorsque l’amour de Dieubrûle en nous et cimente notre unité pour persévérer dans lasolidarité, aucune difficulté ni aucun combat n’est insurmontable.C’est un soulagement que de savoir que la vie de <strong>disciple</strong>n’est jamais quelque chose d’appris, pas même à traversdes luttes pénibles. Il s’agit plutôt de l’expérience, toujoursrenouvelée, de la grâce. Quel profond paradoxe ! Le Dieud’Abraham, d’Isaac et de Jacob est toujours le même, et pourtantlui seul nous délivre de la monotonie et de la loi. En Luitout se renouvelle.


98 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Nous devons toujours être conscients <strong>du</strong> danger <strong>du</strong> matérialisme,<strong>du</strong> règne de l’argent ou de tout autre élément matérielsur nos cœurs et nos âmes. Jésus a dit : « Personne ne peutservir deux maîtres ... Vous ne pouvez servir à la fois Dieu etl’argent » (Matthieu 6.24). Ce ne sont pas les choses matériellesen elles-mêmes qui sont l’ennemi, elles font partie del’existence. Mais elles doivent être utilisées pour les tâchesde l’église. C’est, en fait, une question d’état d’esprit. <strong>La</strong>dégénérescence de l’âme fait que tout ce qui est matériel peutdétruire une vie. Mais si quelqu’un a avec Jésus et l’église unerelation vivante, il pourra se servir de choses matérielles sansêtre dominé par elles.Extrait d’une lettre : Cela ne nous intéresse pas de gagnerquelqu’un par des paroles suaves. Notre vie de communautéest beaucoup trop exigeante. Aujourd’hui, nous avons untoit, un foyer, <strong>du</strong> travail et le pain quotidien. Mais commel’histoire des Anabaptistes, des Quakers et d’autres mouvementsradicaux nous l’a montré, nous ne savons pas ce qui sepassera demain.Un danger immense pour la vie en Dieu, que ce soit en communautéou non, c’est l’argent — Mammon. Jésus nous ledit très clairement : « Car là où est ton trésor, là aussi estton cœur » (Matthieu 6.21). Hermas, prophète chez les premierschrétiens, parle <strong>du</strong> danger de posséder des champs,des maisons et toutes choses qui ont une valeur matérielle. Ilproclame : « Homme stupide, hypocrite et misérable, ne comprends-tupas que toutes ces choses ne t’appartiennent pas,qu’elles sont sous un pouvoir étranger à ta nature ? »


<strong>La</strong> communauté 99Bien que nous vivions la communauté de biens et definances, le danger de Mammon est toujours présent. Jésusdit de lui-même : « Les renards ont des tanières, les oiseauxont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas un endroit oùreposer sa tête » (Luc 9.58).Peut-on se lier pour la vie à un groupe de personnes ? Lorsquenos novices font leurs vœux, nous leur demandons : « Etesvousprêts à vous abandonner totalement à Dieu, au Christet à vos frères ? <strong>La</strong> question ici n’est pas celle de la consécrationà Dieu ou à Jésus-Christ mais celle de savoir si l’on peutse lier à un groupe de personnes. J’ai réfléchi sur le sens dela consécration dont il est question ici, l’abandon à Dieu, auChrist et aux frères et sœurs. Nous connaissons le premiercommandement — ne pas avoir d’autres dieux que Dieuseul — et nous connaissons le commandement <strong>du</strong> Christd’aimer son prochain comme soi-même (Matthieu 22.39).Nous savons aussi que celui qui dit qu’il aime Dieu maisqui en même temps hait son frère, est un menteur (1 Jean4.19). Ainsi, nous ne pouvons pas séparer notre engagementenvers Dieu de notre engagement envers ceux qui veulent,eux-aussi, suivre Dieu.D’autre part, il est dangereux de s’engager sans réserve enversn’importe qui, ou, comme il est dit ici, « envers les frères ». Quese passe-t-il si ces frères tournent mal, même d’une manièresubtile ? Après la première et la deuxième génération, certainsgroupes religieux peuvent devenir rigides à propos de certaineschoses. Ils peuvent alors vivre selon des règlements et des loisinternes qui leur semblent justes, mais cela se fait aux dépensde leur vie spirituelle.


100 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Si nous sommes conscients de ce danger, la véritable questionest : comment pouvons-nous nous lier, malgré cela, lesuns aux autres ? <strong>La</strong> réponse ne peut être trouvée que dans lafoi en l’Esprit, l’esprit <strong>du</strong> Christ. Il n’y a pas d’autre réponse.Extrait d’une lettre : Je vous suis reconnaissant d’avoir confessépubliquement vos pensées et vos sentiments négatifs enversd’autres membres de l’église-communauté. Dieu est plusgrand que la sympathie et l’antipathie. Il nous donne l’amouret la communauté, où justement la sympathie et l’antipathiesont surmontées.Extrait d’une lettre : Comme je comprends bien que vous soyezdéçu dans notre communauté ! Moi aussi je frémis en pensantà tout ce qui s’est passé dans notre histoire. Cependant,en fin de compte, ce n’est pas à une communauté ou à uneéglise que nous avons consacré notre vie, même si nous prononçonsdes vœux de fidélité à nos frères et sœurs. C’est àJésus-Christ que nous nous sommes consacrés. Lui a ététrahi, il a été abandonné par tous ses <strong>disciple</strong>s, il a ressentil’abandon de Dieu. Et malgré cela, la volonté <strong>du</strong> Père étaitplus importante pour lui que toute autre chose.Je me tiens donc fermement à ceci, et je vous encourageà vous y tenir vous-aussi. Aujourd’hui, où l’Ennemi dispersetant de monde, nous devons prendre les paroles de Jésus àcœur : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ; et celuiqui ne rassemble pas avec moi, disperse » (Matthieu 12.30).Mon désir, c’est de prouver ma fidélité à Jésus et envers mesfrères et sœurs, en me rassemblant avec eux.


<strong>La</strong> communauté 101Si nous voulons vivre dans l’église-communauté, nousdevons le faire uniquement par amour de Dieu. Autrement,même avec la meilleure volonté, nous serons comme des parasitesde la vie spirituelle de l’église. Même si nous travaillonsplus longtemps que les autres, même si nous faisonsrentrer plus d’argent dans la communauté que les autres, nosefforts seront comme un poids pour toute la communauté.Notre porte est ouverte à tous, mais nous attendons de chacundésirant vivre avec nous qu’il accepte pleinement le défid’être un <strong>disciple</strong> à part entière. Sans cela, notre communautés’effondrera.Notre témoignage d’une vie de communauté totale, en manifestantque Jésus rassemble et unit les hommes, est en accordparfait avec les paroles et la nature de Jésus. Mais ce n’estpas la communauté en elle-même qui est décisive ; ce qui estdécisif, c’est l’amour. <strong>La</strong> communauté de travail, de biens etles repas en commun ne sont que les fruits de cet amour.Extrait d’une lettre : Nous sommes toujours reconnaissantsquand Dieu renforce notre communauté en lui donnant denouveaux membres. Mais nous ne voulons pas gagner desmembres avec des paroles suaves, ni essayer de convaincrequelqu’un de se joindre à nous en faisant bonne impression.<strong>La</strong> vie en communauté occasionne trop de souffrances et debesoins, et on ne peut pas supporter tous ces combats sansune confiance totale en la force de Dieu. Nous n’en avons pasla force par nous-mêmes : c’est Dieu qui est la source de notreforce.


<strong>La</strong> direction spirituelleUne église chrétienne véritable ne peut être un organismevivant sans une direction claire. Pour être dirigé, le navirequ’est la communauté a besoin d’un homme de barre, et luimêmedoit se laisser diriger d’en haut avec une grande humilité,tout en honorant et en respectant les frères et sœurs qu’ilcon<strong>du</strong>it. Etre dirigé d’en haut signifie écouter la voix <strong>du</strong> Saint-Esprit parlant à l’église tout entière.Un leader ne doit pas s’isoler. Par une proche coopérationentre tous les membres, il est possible de trouver une directionclaire à tous les niveaux. Ceci est vrai à l’égard des questionsconcernant la foi, des questions d’ordre pratique ainsique des questions concernant l’attitude spirituelle de l’églisedans son ensemble.Tout véritable service ren<strong>du</strong> à l’église — y-compris celui deleadership — est accompli par un des organes <strong>du</strong> corps. Il doitpar conséquent être fait avec amour, sincérité, honnêteté etavec un cœur d’enfant. Une personne chargée de responsabilitésn’est pas supérieure à quelqu’un qui n’en a pas : personnen’est plus haut, et personne n’est plus bas. Nous sommestous membres d’un seul corps.


<strong>La</strong> direction spirituelle 103<strong>La</strong> vraie direction spirituelle signifie servir. Il est donc terribled’en profiter pour avoir un pouvoir sur les autres. Untel abus de pouvoir dans une église-communauté est particulièrementdiabolique, parce que les frères et sœurs se donnentlibrement, en toute confiance et avec un cœur ouvert,à l’église.Dans un état dictatorial, on peut parfois céder à une forceplus puissante, même si sa conscience la rejette comme unmal. Mais dans une communauté de croyants, où les membresont confiance en leurs dirigeants, l’abus de pouvoir aune influence meurtrière sur les âmes.Lorsque nous demandons à des frères de diriger l’église, nousdevons prier Dieu qu’il leur soit accordé beaucoup. Mais nousdevons aussi les laisser être eux-mêmes, tels que Dieu lesa créés. Ils ne doivent pas être présomptueux ; ils doiventexprimer uniquement ce que Dieu leur a donné à dire. Nousn’attendons rien de plus. Ce serait un désastre si quelqu’un sesentait forcé à tenir un rôle qui ne serait pas vraiment le sien.Nous n’attendons pas d’une personne qui est faite pour être« oreille » qu’elle soit « œil ».Lorsque nous parlons de l’autorité des dirigeants dans l’église,il doit être absolument clair que jamais nous n’entendons parlà une autorité sur des personnes. Jésus donna l’autorité à ses<strong>disciple</strong>s, mais il leur donna le pouvoir sur les esprits, pas surles personnes. Ainsi, ceux d’entre nous qui ont été désignéspour guider l’église-communauté reçoivent une autorité,mais pas de pouvoir sur les personnes. Il est facile d’oublierceci. Il nous faut sans cesse rechercher l’humilité.


104 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Un serviteur de la Parole 1 est toujours en danger d’enseignerquelque chose d’erroné, ou d’omettre une partie de lavérité. J’ai de cela une grande crainte, et je vous demanded’intercéder pour nous tous par la prière. L’apôtre Paul a pudire qu’il n’avait rien négligé et qu’il avait accompli tout sondevoir d’apôtre au sein de l’église (2 Timothée 4.7-17). Cecime touche profondément. Priez pour que tous les serviteursde la parole apportent sans cesse à l’église tout l’évangile sansle déformer et sans y changer quoi que ce soit.Jésus dit clairement : « A qui l’on a beaucoup donné, ondemandera beaucoup » (Luc 12.48). Un serviteur de la Paroledoit savoir que beaucoup plus sera exigé de lui que des autres.Sa tâche n’a aucun privilège.Un dirigeant de l’église devrait certainement être admonestési quelqu’un pense qu’il a mal agi. Je me souviens combienje fus reconnaissant lorsque, il y a quelques années decela, un frère me prit à l’écart après une réunion — où jem’étais mis en colère contre quelqu’un — et me demanda :« Es-tu vraiment sûr que ta colère venait <strong>du</strong> Saint-Esprit ? »Je <strong>du</strong>s admettre que ce n’était pas le cas. J’ai alors rappelé laréunion et j’ai pu remettre les choses en ordre. Si vous avezl’impression que moi ou quelqu’un d’autre abuse de sa positiond’autorité, faites-nous la faveur de le dire.Nous ne voulons pas d’une fraternité liée à un homme. Je necrains rien de plus qu’un service dans l’église — qu’il s’agisse1Terme employé pour un pasteur dans les communautés de Church CommunitiesInternational.


<strong>La</strong> direction spirituelle 105d’enseigner ou de conseiller — qui lie émotionnellement unepersonne à une autre. Ceci est terrible, et je ne veux rienavoir à faire avec cela. Nous devons être unis ensemble enJésus-Christ.Je ne déteste rien de plus que le pouvoir sur les âmes et lescorps, surtout dans une communauté chrétienne. Je me suisfait la promesse de combattre ce mal jusqu’à la fin de ma vie,et si quelqu’un peut me montrer où j’ai pu abuser de monpouvoir sur quelqu’un — même inconsciemment — je veuxm’en repentir profondément. Le pouvoir personnel est leplus grand ennemi d’une église vivante.Jésus mit un enfant parmi ses <strong>disciple</strong>s et dit : « Si vousne changez pas pour devenir comme des enfants, vousn’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Le plus granddans le Royaume des cieux est celui qui s’abaisse et devientcomme un enfant » (Matthieu 18.3-4). Ici, nous voyons combienJésus aime l’esprit d’enfance. Il devrait en être de mêmeparmi nous. Dans un mariage, le mari et la femme doiventtous deux vouloir être le plus petit. Et dans l’église-communauté,chaque membre — serviteur principal, intendant ouqui que ce soit— doit aussi vouloir être le plus petit. C’estnotre but.Dire la vérité, ce qui est la tâche <strong>du</strong> serviteur de la parole,n’est pas un don accordé seulement aux personnes intelligentesou supérieures. S’il en était ainsi, les personnes auraientraison de craindre de devenir <strong>disciple</strong>s de Jésus ou leaderau sein de l’église. Ce n’est pas l’intellect de l’homme qui estréceptif à la vérité, mais son esprit d’enfance. Jésus nous dit :


106 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>« ...si vous ne changez pas pour devenir comme des enfants,vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Matthieu18.3). L’esprit d’enfance est esprit et demeure esprit, et c’estpour cette raison qu’il est autorité et révélation. En tant que<strong>disciple</strong> de Jésus, il est crucial de réaliser que la vérité n’estrévélée qu’aux enfants et aux cœurs simples.Extrait d’une lettre : Je vous remercie vivement de votre souci àpropos de notre dernière réunion de membres. Il y avait tanten jeu, et pourtant, nous nous sommes per<strong>du</strong>s dans des conversationsinsignifiantes. <strong>La</strong> direction que j’aurais dû donneren tant qu’aîné a dû manquer. Il y a toujours une certaine tension: d’une part on ne veut pas imposer, mais d’autre part, sichacun parle à sa guise, ce n’est pas mieux, car alors l’Espritde Dieu ne peut pas parler.Une personne à qui l’église a confié des responsabilités particulières— comme par exemple celle <strong>du</strong> service de la parole,de diaconesse ou d’intendant, de répartiteur <strong>du</strong> travail ou decontremaître — ou bien servira avec humilité, ou bien dominerales autres comme s’ils étaient ses sujets. Ce dangerexiste aussi pour les a<strong>du</strong>ltes travaillant avec des enfants. Il ya en chacun de nous une tendance à vouloir être important.Et même si ce n’est qu’une petite tendance à être autoritaire,par exemple, c’est le début d’un plus grand mal qui, finalement,causera beaucoup de souffrance.C’est incroyable combien de souffrance peut être causéepar une personne avec des responsabilités et qui fait sentirson autorité et traite ses frères et sœurs comme des sujets.Si un serviteur de la parole est autoritaire, il faut un certaincourage pour se risquer à faire quelque chose et protester.


<strong>La</strong> direction spirituelle 107Mais je souhaite ce courage à tous nos membres. Jésus seulest notre maître, et nous sommes tous frères.Les dirigeants d’une église-communauté n’ont aucun droitsur les âmes qui leur ont été confiées. Regardez la façondont Jésus a confié son troupeau à Pierre. Il ne lui a donnéaucun droit sur ses agneaux. Il a seulement demandé :« M’aimes-tu ? », puis il a dit : « Prends soin de mes brebis »(Jean 21.15-17). C’est un péché terrible — qui s’apparenteau meurtre — lorsque quelqu’un qui se voit confier un servicepastoral pense alors qu’il a le droit de gouverner les âmes.Ceci s’applique aussi à ceux qui s’occupent des enfants.Je ne veux rien avoir à faire avec l’honneur humain. Je vousdemande de ne jamais honorer une personne, qui que ce soit— honorez uniquement le Christ présent en elle. Nous dénonçonsl’honneur envers les hommes, parce que ceci con<strong>du</strong>itau sectarisme. Dans une secte, le chef croit qu’il est grand etimportant, mais c’est une terrible illusion. Nous voulons honorerle Christ en nos frères et sœurs, nous voulons nous aimerles uns les autres, comme Jésus nous l’a demandé. Mais nousrejetons l’idée de la grandeur humaine, qui est folie aux yeuxde Dieu.Nous désirons ardemment que toutes les puissances ettous les esprits se soumettent, et que notre Jésus bien-aimépose sur nous ses mains transpercées. Nous avons soif de saprésence parmi nous, et nous désirons être prêts à le servir.Nous demandons que tout ce qui est superficiel en nous, ettout ce qui pourrait nous effrayer ou nous entraver, soit dissipé.Nous ne voulons reconnaître que l’autorité de Jésus.Oui, tout est entre ses mains : Il est le maître de toutes les


108 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>puissances et principautés, il est le chef de l’église et la vignedont nous ne sommes que les rameaux.<strong>La</strong> révélation <strong>du</strong> Christ ne supporte aucune lumière humaineà ses côtés. S’il y a une lumière humaine — orgueil ou présomption— en l’un ou l’autre serviteur de la parole, elle doitêtre éteinte. Seule la lumière de Jésus doit régner dans l’église.Dieu n’a pas besoin de lumière humaine. Il a besoin d’hommeset de femmes qui attendent sa lumière dans l’obscurité, quiont faim de vérité, et soif d’eau vive. Si quelqu’un prêchel’Evangile à son propre profit et ne reconnaît pas qu’il ne peutrien faire sans Dieu, c’est un voleur. Il s’accapare les parolesde Jésus et s’en sert pour sa gloire personnelle.Il est impossible à un indivi<strong>du</strong> ou à une communauté de porterdes fruits sans être uni à Jésus. Une fois que quelqu’uns’est décidé à suivre Jésus, il devient un rameau de la vigneet ne peut plus vivre pour lui-même. Se séparer, s’isoler, parorgueil ou par vanité, est la <strong>voie</strong> de Satan, et cela con<strong>du</strong>it à lamort. Pour chaque membre de l’église, et tout spécialementpour ses dirigeants, je souhaite qu’ils demeurent en Jésus, et,plus encore, que Jésus demeure en eux.


Les donsExtrait d’une lettre : N’oublions jamais qu’un acte d’amour enversson prochain est le seul geste important de la journée. Touteautre chose n’a aucune valeur devant Dieu, et peut mêmenous détacher de lui ou nous séparer de nos frères. CommeJésus grave ceci profondément en nos cœurs dans ses prophéties<strong>du</strong> Jugement Dernier (Matthieu 25.31-46) ! <strong>La</strong> questionn’est jamais de savoir si nous sommes bien organisés ni sinous agissons correctement mais si nous donnons à mangerà ceux qui ont faim, hébergeons les étrangers, donnons desvêtements à ceux qui sont nus, rendons visite à ceux qui sontmalades ou en prison — en d’autres termes : agissons-nouspar compassion et par amour ? Ne passons jamais à côté de lamisère d’un autre, et n’oublions jamais les paroles et les actesqui renforcent l’amour.Personne n’a si peu de talents que Dieu ne puisse s’en servir, etpersonne non plus ne possède tant de dons qu’il soit trop bonpour faire un simple travail manuel. Nous devons être prêtsà accomplir tout service qui nous est demandé, et servir à laplace la plus humble. Un homme peut être le plus doué de sa


110 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>communauté, mais s’il lui manque l’humilité, si son cœur n’estpas touché et dirigé par l’esprit de Jésus, sa vie restera stérile.<strong>La</strong> parabole des talents se comprend peut-être mieux dansle contexte de l’église : les talents sont les dons accordés auxdifférents frères et sœurs. Une personne reçoit le don de lasagesse, une autre celui de la connaissance, une autre encore,la foi, le don de guérir, la prophétie, le discernement, le don deslangues ou de l’interprétation. Ces dons sont tous nécessairesaux diverses tâches de l’église — de la direction spirituelle àtoutes les autres. Il n’y a pas de différence d’importance : tousfont partie d’un même corps. L’œil n’est pas plus importantque l’oreille — ce sont simplement deux organes différents.Il y a des gens qui aimeraient ne voir aucune différence. Ilspensent que si nous étions tous pareils, nous ne pourrionspas non plus nous différencier et la justice véritable pourraitalors être établie. Mais ceci n’est pas l’évangile de Jésus. Dansle chapitre 25 de Matthieu, nous lisons l’histoire d’un serviteurqui ne reçut qu’un seul talent. Il trouvait qu’il n’avait pasreçu sa juste part et il détesta son maître. Il ne fit rien de sontalent, et son cœur s’en<strong>du</strong>rcit. Non seulement il lui manquaitl’amour, mais il était aussi rempli de haine. Il dit : « Maître,je savais que tu étais un homme <strong>du</strong>r ». Voici ce qui peut nousarriver de pire : le sentiment de ne pas avoir reçu notre justepart et que les autres ont plus reçu de Dieu, puis de devenirsi envieux et sans amour — si séparés <strong>du</strong> Corps — quenous n’y contribuons plus en aucune façon. Dans la parabole,le maître dit : « Eh bien, tu aurais dû au moins placer monargent à la banque ». Il voulait dire par là : « Fais au moins lepeu dont tu es capable. » (Matthieu 25.24-27).


Les dons 111Une personne est brillante, une autre adroite de ses mains,une autre encore très musicienne. Ce sont des dons naturelsqui ne doivent pas être enterrés même si, pour le bien del’église, il faut souvent les sacrifier. Si quelqu’un qui a desdons intellectuels pense ne pouvoir faire que <strong>du</strong> travail intellectuelsous peine « d’enterrer ses talents », il se trompe, demême qu’une personne très musicienne qui penserait qu’ellegâche son talent en faisant des travaux domestiques. Nousdevons être prêts à sacrifier nos talents naturels au profit <strong>du</strong>Corps tout entier.Extrait d’une lettre : Vous écrivez que vous n’êtes pas très doué.Cela n’a aucune importance. Nul n’est si peu doué que Dieune puisse se servir de lui. Ce qui importe, c’est que vous utilisiezles dons que vous possédez vraiment, et que Dieu lesanime. Ce n’est jamais le manque de dons qui est le problème,mais le manque de disponibilité à être au service de Dieu.Dans 1 Corinthiens chapitres 12 et 13, l’apôtre Paul parledes différents dons — la prophétie, l’autorité, la guérison, etle don des langues. Mais ensuite il dit que tous ces dons nesont rien sans l’amour. Notre vie en communauté est aussiun don, mais si Dieu ne nous donne pas l’amour, toujours etsans cesse, elle deviendra comme une machine sans vie.Le don <strong>du</strong> discernement des esprits est essentiel pour uneéglise vivante, mais c’est un don qui doit venir de Dieu. Ce n’estpas un don humain. Lorsque nous tolérons, indivi<strong>du</strong>ellementou en groupe, un mélange d’esprits différents parmi nous —même si, ce faisant, nous pensons faire preuve d’ouvertured’esprit — nous perdons le contact avec l’esprit de Dieu.


112 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>D’autre part, il nous faut veiller à ne pas combattre lesesprits impurs ou néfastes avec un zèle humain, corrigeantou critiquant notre prochain de peur que quelque chose defaux s’intro<strong>du</strong>ise dans l’église. Nous devons reconnaîtrel’importance <strong>du</strong> discernement des esprits, mais nous devonsaussi reconnaître qu’il ne sert à rien de les rejeter en seplaçant sur un plan humain.<strong>La</strong> parabole <strong>du</strong> blé et des mauvaises herbes poussant côteà côte dans un même champ (Matthieu 13.24-30) montrecombien nous risquons de causer <strong>du</strong> tort en voulantarracher les mauvaises herbes nous-mêmes pour « nettoyer »le champ. Les <strong>disciple</strong>s étaient pleins de zèle, mais Jésus lesmit en garde : « ...en enlevant la mauvaise herbe vous risquezd’arracher aussi le blé » (Matthieu 13.29). Il y a toujours ledanger de vouloir trop corriger, de réprimander trop souvent.<strong>La</strong> seule réponse est de devenir plus dépendant de Dieu.Le don des langues fut accordé à la Pentecôte grâce à l’effusion<strong>du</strong> Saint-Esprit. Ce fut réellement une expérience sainte etdivine, pour laquelle nous devons avoir un profond respect.Je crois fermement que de telles expériences peuvent êtreaussi accordées aujourd’hui. Mais, nous devons être vigilants.On parle trop facilement de personnes « comblées parl’Esprit », ou possédant les « dons de l’Esprit ». On appliqueces termes au don des langues également, mais dans leNouveau Testament, ces termes ne sont employés dans cesens que rarement. Et en beaucoup d’endroits, il n’est pasquestion <strong>du</strong> don des langues.Qui de nous aurait l’audace de dire qu’on ne peut pas êtrerempli de l’Esprit-Saint sans posséder le don des langues ?


Les dons 113Trente ans avant la pentecôte, Elizabeth et Zacharie furentremplis <strong>du</strong> Saint-Esprit (Luc 1.41, 67). Et depuis, il y a eudes milliers d’exemples où des personnes furent con<strong>du</strong>ites ausalut sans avoir le don des langues.Dans l’église primitive, le don de parler en langues étaitétroitement lié à la repentance. Jésus commença sa missionavec un appel au repentir, et l’apôtre Pierre fit de même avecces paroles : « Repentez-vous, et que chacun de vous se fassebaptiser au nom de Jésus-Christ, afin que vos péchés voussoient pardonnés. » Si nous ne nous sommes pas repentishonnêtement, et que nous n’avons pas cru sincèrement enJésus-Christ, nous n’avons pas reçu le don <strong>du</strong> Saint-Esprit.Le repentir manque malheureusement dans beaucoupde mouvements actuels, qui considèrent le fait de parleren langues comme un signe que l’on est « rempli <strong>du</strong> Saint-Esprit ». C’est un manque de sagesse que d’identifier le don<strong>du</strong> Saint-Esprit avec l’épanchement de certaines émotions.Comme si c’était la seule façon d’agir de l’Esprit ! Que l’Esprithabite en nous ne dépend pas de nos émotions, mais de notreunion avec le Christ qui nous est accordée grâce à notre foien lui. Les conditions bibliques pour le don de l’Esprit sont larepentance, la foi en Jésus-Christ, et la rémission ou pardonde nos péchés.Extrait d’une lettre : Nous devons respecter le don des langues telqu’il est décrit dans la lettre aux Corinthiens (1 Corinthiens12) et dans le premier chapitre des Actes des Apôtres (Actes2). Mais, il est faux et malsain d’en faire un enseignementou une religion. Dans le chapitre 13 de la première lettreaux Corinthiens, Paul nous dit de prier pour les dons


114 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>supérieurs de la foi, l’espérance et l’amour, l’amour étant leplus important.Le don de l’amour nous con<strong>du</strong>it à Jésus-Christ, à la communautéet à la mission, et non pas à parler de nos propresdons spirituels. Si nous sommes remplis d’amour, il est possibleque nous parlions en langues, mais il n’est pas nécessaired’en parler. Jésus nous dit : « Mais toi, lorsque tu veuxprier, entre dans ta chambre, ferme la porte, et prie ton Pèrequi est là, dans cet endroit secret. Et ton Père, qui voit ce quetu fais en secret, te récompensera » (Matthieu 6.6).Le mouvement charismatique, qui met tant l’accent surle don de parler en langues, est fondé sur un enseignementerroné, qui sème la division. Il donne honneur et gloire auxhommes plutôt qu’à Dieu. Si quelqu’un venait me dire qu’il ale don de parler en langues, je lui conseillerais de ne pas enparler, mais plutôt de manifester les fruits de l’Esprit tels quedécrits dans le Sermon sur la montagne. Jésus ne nous a pasdemandé de parler en langues, mais de nous abstenir de faireparade de notre religion, et de suivre la <strong>voie</strong> de l’humilité, del’amour et de l’unité.Si nous prions Dieu de nous accorder les dons de prophétie,de guérison ou d’autres dons décrits dans les chapitres 12 et13 de la première lettre aux Corinthiens, nous devons veillerà ne pas désirer recevoir des louanges à cause d’eux. Nousne devrions pas demander ces dons pour nous-mêmes, maisuniquement au nom de tout le Corps <strong>du</strong> Christ sur terre.Pour nous-mêmes, nous devrions prier pour avoir un cœurpur, la sagesse, la foi, l’espérance et l’amour, et pour plus depatience et de compassion.


Les dons 115Ce n’est pas le développement de l’homme qui changera lecours de l’histoire de l’humanité, mais c’est l’intervention <strong>du</strong>Dieu vivant dans la vie des hommes. Lorsque Dieu nous atouchés, nous pouvons espérer un changement de cœur etd’âme, et l’avènement de l’Esprit et <strong>du</strong> royaume de Dieu.L’Esprit nous apporte la joie de Dieu : joie d’aimer, joie departager avec nos frères et sœurs ; joie des relations puresentre hommes et femmes et joie en la justice et la paix parmiles races et les nations. Seuls, nous restons pauvres, vulnérableset tourmentés. Mais nous devons croire que la joie deDieu et de Son royaume peuvent changer le ciel et la terre !


Le pardonIl devrait être hors de question, pour qui que ce soit, de prendrepart à la prière sans avoir pardonné à son frère, à sonvoisin ou même à son ennemi. Jésus dit clairement : « Maissi vous ne pardonnez pas aux autres le mal qu’ils ont commis,votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos proprespéchés » (Matthieu 6.15). Nous ne pouvons rien changer, pasmême pas un iota, à cette vérité. <strong>La</strong> seule manière pour trouverla paix intérieure dans le Christ, c’est à travers la paixavec ses frères et sœurs. Si nous ne pardonnons pas, nos penséescon<strong>du</strong>isent à la séparation et à l’isolement, et la séparationest nuisible pour notre vie intérieure et con<strong>du</strong>it à lamort. Une paix totale exige une honnêteté totale. Nous nepouvons vivre en paix avec nos frères que si nous portonsla vérité dans notre cœur et si nous sommes sincères dansnotre amour.Extrait d’une lettre : Le véritable pardon des péchés n’est possiblequ’en Jésus-Christ. Dans le monde, les gens se pardonnentles uns les autres, mais sans Jésus, ce qui ne sert à rien.Au temps de la Réforme, l’Eglise Catholique, qui avait uneinfluence considérable sur les personnes, « pardonnait » les


Le pardon 117péchés en vendant des in<strong>du</strong>lgences. Aujourd’hui, ce sont lespsychologues et les psychiatres qui « pardonnent » les péchés.Ils disent : « Vous n’avez pas commis de péché, votre comportementest tout à fait normal ; il n’y a rien de mal à cela. Nulbesoin d’avoir mauvaise conscience, vous n’y pouvez rien. »Voilà comment le monde pardonne les péchés (Ephésiens1.7; Colossiens 1-14).Les choses tournent mal dans les églises et les communautéschrétiennes, parce que les paroles de Jésus à propos del’obligation de se réconcilier avec son frère avant de présenterson offrande à l’autel, ne sont plus prises au sérieux (Matthieu5.23-24). Jésus lui-même a dit ceci, et nous a confié à nous,ses <strong>disciple</strong>s, d’être les témoins de ses paroles. Pour nous,cela signifie que nous ne pouvons participer à la prière ou à laCène tant qu’il n’y a pas une paix totale parmi nous. Il arrivetrop souvent que quelque chose reste non résolu quand onprie ensemble. Cependant, la vie en communauté ne peut<strong>du</strong>rer ainsi, et il en est de même pour le mariage. Il nous fauttout tirer au clair et sans cesse nous pardonner les uns lesautres.Si nous en voulons à quelqu’un, la porte vers Dieu se fermera.<strong>La</strong> porte sera tout à fait bloquée, sans accès possible à lui.Nous ne serons pardonnés que si nous pardonnons à notreprochain. Je suis convaincu qu’un grand nombre de prièresn’obtiennent pas de réponse parce que la personne qui prie agardé une rancune contre quelqu’un, même si elle n’en a pasconscience. Jésus nous dit plus d’une fois qu’avant de prier,il nous faut pardonner. Si nous voulons Jésus, nous devonsavoir un cœur qui pardonne.


118 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Comme au temps des apôtres, l’église de Jésus-Christ a reçul’autorité de représenter son royaume ici et maintenant. Ellea l’autorité de lier et de délier, de pardonner et de laissernon pardonné (Matthieu 18.18). Sans le pardon des péchés,aucune conscience ne peut vivre, et sans le pardon, personnene peut entrer dans le royaume de Dieu. Mais, à moins depardonner d’abord nous-mêmes à notre prochain, nous nepouvons recevoir le pardon (Matthieu 6.14-15).Dans la lettre de Jacques, nous lisons que nous devons confessernos péchés les uns aux autres pour recevoir le pardon(Jacques 15.15). Mais ceci n’est possible que si Jésus vit ennous. Sans lui, il n’y a pas de pardon.Si le pardon n’est pas exprimé en communion avec Jésus età travers son Saint-Esprit, il ne signifie rien. C’est Jésus quinous promet le pardon lors <strong>du</strong> Dernier Jugement, et c’est luiqui vaincra les démons et les esprits maléfiques ce jour-là. Denous-mêmes, nous ne pouvons pas surmonter le mal, mêmesi nous vivons en fraternité, même si nous souffrons le martyre<strong>du</strong> feu. A moins que Jésus ne vive en nous et nous en lui,tous nos efforts sont vains.« Le Christ nous aime, il nous a délivrés de nos péchés ... AJésus-Christ soient la gloire et la puissance pour toujours ! »(Apocalypse 1.5-6). Ces paroles indiquent que ce n’est pas nousqui pouvons pardonner les péchés. Le pardon des péchés n’estpossible que par Jésus-Christ, qui nous aime et nous a délivrésde nos péchés par son sang versé pour nous.Nous prononçons le pardon des péchés dans l’églisecommunauté,mais ce pardon vient <strong>du</strong> ciel — nous-mêmes


Le pardon 119n’avons absolument aucune autorité. Rien d’humain ne peuts’y substituer. <strong>La</strong> grâce de la croix doit être présente.De même qu’une bougie brûle, se consume et illumine, lalumière <strong>du</strong> Christ ressuscité rayonne sur nous à travers samort. Lorsque le Christ se manifeste en nous — lorsque lesoleil se lève — la nuit est vaincue par le jour. Il en est de mêmepour le pardon des péchés. Nous devons faire l’expérience <strong>du</strong>fardeau de nos péchés puis celle d’en être délivrés. C’est alorsque nous verrons comment le soleil de Jésus-Christ rayonneà nouveau grâce au pardon des péchés.Le pouvoir rédempteur <strong>du</strong> pardon, qui réside uniquement enJésus, doit demeurer le point central de l’église vivante et denotre espérance pour le monde entier.Le pardon signifie la rédemption et la délivrance personnelles,mais il doit toujours être considéré dans le contexteplus général de la rédemption <strong>du</strong> monde entier. Nous devonsespérer et attendre que le pardon apporte le règne de la paixà toutes les nations et à tous les hommes. Cette attente, quel’on retrouve à chaque page <strong>du</strong> Nouveau Testament, vientde Jésus. Elle doit être présente en nos cœurs, de manière àce que ce ne soit pas simplement quelque chose à quoi nouscroyons, mais quelque chose qui brûle dans nos cœurs.Parce que Jésus est mort pour nous, son sang versé parleplus fort que le sang d’Abel, qui symbolise l’homme innocentassassiné. En Jésus, même un assassin peut trouver le pardon.Le sang de Jésus parle plus fort que le sang accusateurversé par la main d’un homme.


120 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Le Christ nous a fait cette merveilleuse promesse : si nouspardonnons, nous serons pardonnés. Nous avons égalementson avertissement tranchant : si nous ne pardonnons pas,nous ne serons pas pardonnés. Regardons-nous les uns lesautres avec un regard nouveau et voyons en notre prochainun don de Dieu, même si nous connaissons nos faiblessesmutuelles.Paul écrit aux Colossiens qu’ils sont appelés à vivre dans lapaix <strong>du</strong> Christ comme les membres d’un seul corps. Il nesuffit pas de sentir la paix de Dieu autour de nous — cettepaix doit régner dans nos cœurs. L’âme humaine a soif depaix. C’est pourquoi, le dernier soir, Jésus dit à ses <strong>disciple</strong>s :« C’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pascomme le monde la donne » (Jean 14.27). Par notre naturemême, nous ne sommes pas en paix, nous sommes divisés.Mais nous sommes appelés à trouver la réconciliation avecDieu en Jésus-Christ. Il nous offre le pardon des péchés afinque nous trouvions l’unité et la paix, avec lui et entre nous.Il ne suffit pas de rechercher la paix pour nous-mêmes, pournotre âme — nous devons la rechercher pour le Corps toutentier et, en fin de compte, pour toute la création.LE RESSENTIMENTExtrait d’une lettre : Tout chrétien qui prend sa foi au sérieuxdoit traverser des périodes d’abandon de Dieu ; mêmeJésus a connu cela. A de tels moments, la seule réponse est :« Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Luc 23.46).Si nous nous donnons inconditionnellement au Père, Il nous


Le pardon 121montrera le chemin. Mais rien ne sera montré à celui qui nepardonne pas à son frère. Dieu n’aura pas de pitié pour lui, etil sera abandonné de Dieu aussi longtemps qu’il reste dans sahaine et sa rancune.Extrait d’une lettre : Soyez ferme dans votre rejet de toute susceptibilitéet de tout ce qui détruit l’amour. Frère et sœurbien-aimés, vous n’êtes pas les seuls à avoir de bonnes raisonsd’être susceptibles. Moi-même, je suis haï et accusé parbeaucoup. Et pourtant, si je cède au ressentiment, la porte dela prière à Dieu me sera fermée. Dieu n’entend que ceux quipardonnent.Extrait d’une lettre : Je suis peiné qu’il vous faille subir de tellesluttes à votre jeune âge. Ne rendez pas votre père responsablede vos difficultés. Depuis Adam, nous sommes tous sousla malédiction <strong>du</strong> péché et de la mort, et nous ne pouvonstrouver une vie nouvelle et un cœur pur que par le sang deJésus-Christ. Il en est ainsi pour vous, pour moi et pour toutêtre humain. Accrochez-vous à Jésus.Extrait d’une lettre : Vous êtes cynique à propos de la tromperiequi a été révélée parmi nous. Oui, c’est terrible, si terriblequ’on peut se laisser détruire par cela. Mais vous ne faitesqu’ajouter <strong>du</strong> péché au péché si vous devenez amer. Lisez lePsaume 22, pensez à ce qui est arrivé à Jésus et quelle a étésa réponse aux railleries, au mépris et à la trahison. Lui n’estpas devenu cynique.Extrait d’une lettre : Vous demandez le pardon pour votre envieet votre haine. Personnellement, nous vous pardonnons avec


122 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>joie. Mais le pardon de toute la fraternité, qui signifie le renouveaude l’unité avec Jésus-Christ et avec son église-communauté,ne peut être accordé que si vous vous détournez complètementde votre péché.Nous ne sommes pas fâchés contre vous, mais nous nepouvons pas prononcer le pardon de la part de la fraternitépour votre péché si vous ne manifestez pas un repentir plusprofond. Peut-être avez-vous déjà commencé. Si c’est le cas,continuez dans cette direction. Dieu est bon, et il ne vousrepoussera pas. De même, la fraternité vous aime, et elle nonplus ne vous repoussera pas. Mais nous ne pouvons pas nousunir avec vous aussi longtemps que vous éprouvez de l’envieet de la haine.Extrait d’une lettre : Vous avez écrit qu’il vous était impossiblede travailler, parce que vous étiez trop blessé par le mal quel’on vous a fait. Votre ressentiment doit être clarifié et surmonté.Car finalement, le mal qui vous a été fait ne peut vousséparer de Dieu. C’est uniquement le mal que vous faites àvotre prochain qui vous sépare de Dieu. Ceci est de la plushaute importance : toute amertume, toute offense doit êtresurmontée.Extrait d’une lettre : Tenez ferme dans l’espérance et la foi, etune joie profonde remplira votre cœur et guérira vos blessures— une joie qui surmontera toute crainte et tout pessimisme.Après tout, nous sommes appelés à la joie — la joieen Dieu, et les uns dans les autres, car dans son sens le plusprofond, l’amour signifie la joie.


L’unitéJésus dit, dans Matthieu 23:37 : « Combien de fois ai-je désirérassembler tes enfants comme une poule rassemble sespoussins sous ses ailes, mais vous ne l’avez pas voulu ! »Cet appel, ainsi que la dernière supplication de Jésus : « Père,qu’ils soient unis à nous comme toi tu es en moi et moi entoi » (Jean 17.21), sont pour nous un appel décisif et constant,nous invitant à vivre en total amour fraternel et en totale unitéavec Jésus. Il nous appelle à le suivre, unis, afin que le mondepuisse reconnaître que nous sommes ses <strong>disciple</strong>s.Rien ne lie ou n’unit plus étroitement les personnes qued’avoir la même espérance, la même foi, la même joie et lamême attente. Il est donc très triste lorsque des croyantsrestent isolés. Il y a toujours eu des personnes qui ont dûrester isolées à cause de leur foi — parfois en prison pendantdes années. Mais généralement, là où il y a une véritableespérance, les gens se rassemblent. Cette foi commune con<strong>du</strong>ità la communauté, où l’on peut se fortifier et s’encouragermutuellement. Témoigner de Dieu a toujours un pouvoir unitif.Prions pour que nous soyons rassemblés avec tous ceuxqui vivent dans l’espérance de Dieu.


124 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Extrait d’une lettre : Le premier commandement de Jésus estd’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toutson esprit, et ensuite d’aimer son prochain comme soimême(Matthieu 22.37-39). A notre époque indivi<strong>du</strong>aliste àl’extrême, une église de personnes engagées les unes enversles autres dans un tel amour et une telle fidélité est unenécessité absolue. Jésus souligne sans cesse l’importance del’amour et de l’unité absolue — une unité telle qu’elle existeentre lui et son Père (Jean 14.17). Je pense que nous n’avonspas encore atteint cet état d’ultime unité, même dans nosmoments les plus bénis ; Dieu seul sait. Nous voulons malgrétout témoigner de cet amour et de cette unité. Nous nepouvons pas séparer le dévouement envers Jésus de notredévouement envers nos frères et sœurs.Extrait d’une lettre : Il est vrai que Jésus peut être servi n’importeoù. Pourtant, quelle bénédiction lorsque plusieurs personnes,deux ou trois, ou plus, deviennent unis de cœur et d’esprit !Ceci ne peut être fabriqué, c’est un don.Dieu ne se contredit jamais. Il ne dit pas à l’un : « Tu doisaller à la guerre » et à un autre : « Tu ne dois pas aller à laguerre » ; ou bien à l’un : « Tu seras fidèle à ton mariage » età l’autre : « Tu es libre de divorcer ». Si nous sommes ouvertsà la vérité — si nous écoutons Dieu dans notre cœur — nousverrons que Dieu dit la même chose à chacun, y compris pource qui est des aspects pratiques de la vie. Nous ne croyonspas à la règle de la majorité et de la minorité. Nous croyonsà l’unanimité que Jésus-Christ nous accorde en exprimantla même vérité dans chaque cœur. Cette unité est une grâceet un miracle que nous vivons constamment. Mais elle nous


L’unité 125sera enlevée si nous sommes infidèles envers Dieu et enversnos frères et sœurs.L’unité des croyants est le seul critère de la vérité. Quandl’unité véritable vient à manquer, le charisme — le pouvoird’une personne ou d’une personnalité sur d’autres —prend sa place. Les gens en écoutent alors d’autres de façonhumaine parce ceux-ci ont une forte personnalité ou parcequ’ils sont des leaders. Le charisme est non seulement unfaux fondement pour une communauté, il est aussi extrêmementdangereux.Un groupe religieux ne peut trouver une vie intérieuresaine que si ses membres recherchent constamment l’unitéavec l’Esprit et avec Dieu. Ce n’est qu’alors que la consciencede chacun peut vivre et s’épanouir et que la véritable unanimitépeut être réalisée.Peu importe l’endroit où l’unité est vécue. L’important c’estqu’elle soit réalisée quelque part.Beaucoup de gens aujourd’hui recherchent des expériencesspirituelles ou des dons charismatiques, comme le don deparler en langues. Mais en cherchant cela, ces personnes sonten danger de passer à côté <strong>du</strong> message essentiel de l’évangile :l’unité dans l’amour. Quel serait l’avantage, pour l’humanité,que des milliers et des dizaines de milliers de gens parlent enlangues s’ils ne vivent pas l’amour et l’unité ?Notre foi en Jésus-Christ nous unit comme frères et sœurs, etnous encourage à appeler les autres à le suivre avec nous. Nousfaisons ceci dans un esprit de pauvreté absolue — il ne s’agit


126 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>pas de gagner des nouveaux membres. Mais nous nous sentonspoussés à appeler les autres à vivre l’unité. L’Esprit-Saintne disperse pas, Il rassemble (Matthieu 12.30).Les efforts pour réconcilier les diverses églises et confessionssont sans aucun doute une bonne chose. Mais l’unitévéritable — celle qui brise toutes les barrières — commencepar le repentir. Lorsque le Saint-Esprit descendit à laPentecôte, les gens se demandaient : « Frères, que devonsnousfaire ? » (Actes 2 :37). Ils furent profondément bouleversés,se repentirent de leurs péchés et devinrent parfaitementunis de cœur et d’esprit. Malheureusement, dans lemouvement œcuménique actuel, les barrières et les obstaclesdemeurent, et au-dessus de ceux-ci, on se serre la main.Nous devons cependant témoigner qu’une unité véritable estpossible entre les hommes. Cette unité vient uniquementpar le repentir et par la rencontre personnelle avec Jésus —homme, esprit vivant et Seigneur.Extrait d’une lettre : Le mouvement œcuménique tend à résoudreles difficultés en faisant des compromis. Les concessionsprennent alors la place <strong>du</strong> repentir, de la réconciliation enprofondeur, et de l’unanimité qui est le fruit <strong>du</strong> repentir. Endéfinitive, de graves maux sont ainsi camouflés.Un simple sentiment d’unité, au niveau émotionnel, ne suffitpas. Dans nos communautés, nous promettons de nous parlerouvertement s’il y a des problèmes, de nous admonester réciproquementet d’accepter la réprimande. Lorsque nous évitonscette honnêteté fraternelle parce que nous en craignons lesconséquences éventuelles, notre unité n’est plus une réalité.


L’unité 127<strong>La</strong> volonté de Dieu, ce sont des actes, et nous devons agir enaccord avec cette volonté par nos actes. Quand nous agissonsainsi, le Christ peut alors créer une église vraiment unie, purifiéepar le Saint-Esprit. Alors nous ne garderons aucun ressentimentles uns envers les autres, et nous serons unis de cœuret d’esprit, comme dans l’église primitive.Jésus a dit plus d’une fois que l’on reconnaît un arbre à sesfruits (Matthieu 12.33). N’oublions jamais cela. Nous pouvonstous voir quels sont les fruits de notre société actuelle : lemeurtre, l’injustice, l’impureté, l’infidélité et la destruction.Quels sont les fruits que Jésus désirait voir ? Le premierfruit est l’unité. Sans elle, comment le monde pourra-t-ilreconnaître ses <strong>disciple</strong>s ? Jésus dit : « ... que tous soient uncomme toi tu es en moi et moi en toi » (Jean 17.21).Comment pouvons-nous manifester les fruits de l’unité,tout en faisant partie de la société actuelle ? C’est impossible :la société est dominée par Mammon, l’esprit de ce monde, quiest « menteur et assassin dès le début » (Jean 8:44). Le monden’est pas régi par l’esprit d’unité, mais par les esprits de la désintégration,de la destruction et de la séparation. L’unité véritablene peut être trouvée que dans une vie de fraternité.N’est-il pas vrai que le Christ demande l’abandon del’homme tout entier à ce nouvel ordre ? C’est urgent. Faisonsvraiment face à nos responsabilités ! Rassemblons-nous autourde Jésus-Christ, et soyons unis à lui comme les rameauxà l’arbre de vie!Dans une fraternité guidée par le Saint-Esprit, de nombreuxaspects de Jésus se manifestent, comme on perçoit les différentescouleurs de l’arc-en-ciel. Chacun de nous est différent,


128 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>mais Dieu nous a créés, et nous ne devons pas essayer d’êtrequelque chose que nous ne sommes pas. Nous devrions donnernotre cœur, notre âme et tout notre être à Jésus, et le laisserfaire ce qu’Il veut de nous. Alors notre vie sera véritablementcomblée, et nous nous aimerons tels que nous sommes,avec nos différences — et même avec nos différentes nationalités.C’est le même Jésus qui s’exprime dans chaque frèreet sœur.


<strong>La</strong> discipline de l’EgliseLors <strong>du</strong> baptême dans nos communautés, chaque membrefait une alliance avec Dieu et promet de ne plus pécher volontairementcontre Dieu. Si après son baptême, un membrecommet malgré tout volontairement un péché contre Dieu,il doit se soumettre à la discipline de l’église, afin de recommencertotalement à neuf.Les péchés de moindre importance, que nous commettonstous journellement, peuvent être pardonnés par notreprière quotidienne. S’il s’agit de péchés plus graves, ils peuventêtre pardonnés grâce à la confession. Jacques nousdit : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres et priezles uns pour les autres, afin d’être guéris » (Jacques 5.16). Al’égard des péchés plus graves encore, la discipline de l’égliseest nécessaire.<strong>La</strong> discipline n’est appliquée qu’à la demande de la personneconcernée. Dans certains cas, une personne peut être excluede la prière commune et des réunions de la fraternité jusqu’àce qu’elle se soit repentie et ait été pardonnée. Dans d’autrescas, la personne est mise en « petite exclusion ». Ceci impliquequ’elle ne participe pas à la prière commune et qu’elle nereçoit pas la salutation de la paix, mais elle peut participer à la


130 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>vie quotidienne de la communauté. S’il s’agit d’un péché plusgrave encore, l’église peut appliquer la « grande exclusion ».Dans ce cas, la personne concernée est déclarée séparée <strong>du</strong>Royaume de Dieu et ne peut prendre aucune part à la vie encommunauté de l’église jusqu’à ce qu’elle se soit repentie detout son cœur.Lorsqu’une personne doit se repentir d’un péché particulièrementgrave et commis volontairement, nous utilisonsles paroles de Paul : « Vous devez livrer cet homme àSatan afin que son corps soit détruit et qu’ainsi son espritpuisse être sauvé au jour <strong>du</strong> Seigneur » (1 Corinthiens 5.5).Paul parlait d’un homme vivant avec la femme de sonpère. Il était pourtant convaincu que, même à la suite d’untel péché, l’exclusion pouvait con<strong>du</strong>ire cet homme au salutde son âme.Nous croyons également — et nous en avons faitl’expérience — que, grâce à la discipline de l’église, des personnespeuvent se repentir totalement et être complètementpardonnées, redevenant ainsi des frères et sœurs à partentière.Paul avertit l’église primitive de ne permettre à aucunemauvaise herbe amère d’empoisonner le corps tout entier(Hébreux 12.15). Si cet avertissement fut donné aux premierschrétiens, alors il s’applique sûrement à nous également.C’est une des raisons pour lesquelles nous nous servonsde la discipline de l’église : afin qu’aucun poison ne détruisel’église. Une autre raison est de donner à la personne sanctionnéel’occasion de prendre un nouveau départ, de trouverle pardon de ses péchés et de purifier sa vie.


<strong>La</strong> discipline de l’Eglise 131Nous ne pouvons exclure un frère ou une sœur que si nousreconnaissons que le péché dans notre propre cœur doit égalementêtre jugé. <strong>La</strong> discipline de l’église n’est pas pratiquéedans le but de juger quelqu’un, mais uniquement dans le butde séparer le mal dans cette personne de l’église. Il nous fautsans cesse appliquer ceci dans notre propre cœur.Lorsque des frères et des sœurs acceptent la discipline del’église, cela doit nous rappeler la grâce de la repentance. Sileur repentir est authentique, ils réaliseront quelque chosequi bénéficiera à l’église tout entière et même au mondeentier, car le mal aura été vaincu par Jésus.C’est dans cet esprit que nous devons avoir un profondrespect pour ceux qui subissent une sanction, car nous savonsque nous avons besoin nous-mêmes de la pitié et de la compassionde Dieu.Nous devons être extrêmement vigilants à ne pas chargersur les épaules d’une personne ne serait-ce qu’un milligrammede plus que sa culpabilité réelle. Il nous faut être reconnaissantsde ce que le repentir et la réconciliation avec Dieu sontpossibles pour ceux qui ont été exclus, pour nous-mêmes etpour l’humanité tout entière. <strong>La</strong> discipline de l’église est unevictoire de la lumière sur les ténèbres, elle marque le début dela guérison d’une personne. Si elle est acceptée dans ce sens— son seul sens véritable — alors elle est une grâce.Je suis convaincu que la question de l’exclusion et de laréintégration — tout comme la question de la discipline del’église dans son ensemble — est étroitement liée à Jésus, leSauveur et Rédempteur, qui porte les péchés <strong>du</strong> monde entier.Il accepta la mort sur la croix afin de donner à tous les hommes


132 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>la possibilité d’être sans cesse réconciliés avec Dieu. Cette réconciliationne peut être séparée <strong>du</strong> pardon des péchés.Dans le christianisme d’aujourd’hui, la question de la disciplinede l’église a per<strong>du</strong> de sa clarté, ou s’est affaiblie. Il nes’agit pas ici <strong>du</strong> point de vue de nos communautés par rapportà celui <strong>du</strong> christianisme en général. Notre compréhensionde la discipline de l’église est totalement fondée sur lesparoles de Jésus et de ses apôtres. Elles sont notre seule lignede con<strong>du</strong>ite (Matthieu 18.15-20).Dans une église morte ou presque morte, les gens cancanentsur les faiblesses de leur prochain. Il y a peu — pour ainsi direpas — de discipline de l’église et, par conséquent, il n’y a pasnon plus de pardon. Jésus a ordonné : « Si tu viens présenterton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frèrea quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devantl’autel, et va d’abord faire la paix avec ton frère. Puis revienset présente ton offrande » (Matthieu 5.23-24).Jésus nous dit aussi que nous ne devons pas prier si nousn’avons pas pardonné à toute personne, dans le mondeentier, qu’elle ait raison ou non, que ce soit un ami ou unennemi (Matthieu 11.25). Ces commandements de Jésus ontété presque totalement oubliés.<strong>La</strong> parabole de la mauvaise herbe dans le blé est souventutilisée comme excuse dans une église en train de disparaître(Matthieu 13.24-30). Je crois pourtant qu’elle ne s’appliquepas d’abord à l’église mais au monde tout entier. Nous nepouvons pas nous servir de cette parabole comme d’uneexcuse pour tolérer le mal. Si nous savons qu’il y a péché ausein de l’église, il doit être déraciné par la discipline de l’église,


<strong>La</strong> discipline de l’Eglise 133par amour pour la personne concernée et pour l’église ellemême.Sinon l’église entière est per<strong>du</strong>e.Paul nous dit que l’église doit être « pure et sans défaut,sans tache ni ride ni aucune autre imperfection... » (Ephésiens5.27), et que nous devons paraître « saints, purs et sans fautedevant Jésus » (Colossiens 1.22), comme Jésus lui-même estsaint. Nous ne pouvons pas excuser le mal en disant que partoutoù il y a <strong>du</strong> blé, il y a aussi de la paille.Il n’existe pas de meilleur moyen pour vaincre le diable dansnotre propre cœur que de se donner entièrement à Jésus. Cecis’applique particulièrement aux membres qui se trouvent sousla discipline de l’église et à ceux qui luttent contre de mauvaisespensées et de mauvais sentiments. Ils doivent se redonnersans cesse à Jésus. Ce n’est qu’ainsi que la victoire est possibledans les luttes quotidiennes <strong>du</strong> cœur humain.Paul dit que la parole de Dieu est plus coupante qu’une épéeà double tranchant (Hébreux 4.12). Il nous faut appliquercette sévérité tout d’abord à nous-mêmes. Mais le NouveauTestament parle aussi de la grande compassion, <strong>du</strong> grandamour et <strong>du</strong> réconfort de l’Esprit. Nous devons toujoursmanifester cet amour envers notre prochain, et particulièrementenvers les pécheurs.Nous pouvons aller à Jésus avec n’importe quelle souffrance.En lui, nous trouverons toujours la compassion et la grâce.Mais nous devons aussi accepter sa sévérité. Chaque chrétiena besoin de quelqu’un qui lui dise la vérité au nom de l’amour<strong>du</strong> Christ — même si ceci est très douloureux — afin de combattrele mal en lui.


134 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Nous devons prier pour manifester non seulement le sel de lavérité, mais aussi un amour compatissant et miséricordieux.Alors nous ne tomberons pas dans l’excès et ne parlerons passans amour. Mon père écrivit un jour : « Celui qui réprimandeson frère sans l’aimer est un assassin. » A mon avis, lorsquenous avons manqué d’amour, il nous faut le reconnaître etdemander à être pardonné.Lorsque quelque chose ne va pas chez un frère ou une sœur,nous devons leur parler par amour. Et si quelqu’un nous parlefranchement, nous ne devons pas être susceptibles. Je peuxvous assurer que Jésus parlait très directement à ses compagnons,sans ambages. Peut-être sommes-nous encore bientrop polis, par rapport à Jésus. Il honorait sa mère, mais Il luia aussi dit : « …est-ce toi ou moi que cette affaire concerne ? »(Jean 2.4). Sa <strong>voie</strong> d’amour n’est pas une <strong>voie</strong> de politesse.Extrait d’une lettre : Si vous êtes témoin d’exemples de suffisance,de manque d’amour ou de péché dans notre communauté,veuillez bien nous le signaler. Mais ne faites pasd’accusations générales, et n’en parlez pas avec d’autres.Parler ainsi est extrêmement dangereux, sème la division etne rassemble pas les frères et sœurs. Au contraire, ils serontencore plus éloignés les uns des autres.Il est très clair dans le Nouveau Testament que le pardon despéchés est étroitement lié à l’église (Matthieu 16.19). Jésusdonne à l’église le pouvoir de lier et de délier. Ainsi, n’importeoù sur la terre, là où deux ou trois se réunissent en son nom— dans un esprit d’abandon total et inconditionnel à Jésus— sont également données les clés pour lier et délier. Lepardon n’est pas simplement une affaire privée.


<strong>La</strong> discipline de l’Eglise 135Dieu désire que nous ayons plus de clarté dans notre discernement; mais Il désire aussi que nous ayons plus d’amour,plus de compréhension et plus de compassion. <strong>La</strong> disciplinede l’Eglise doit exister, mais n’oublions pas les paroles deJésus : « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés » et : « Onvous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis »(Luc 6.37-38). L’amour est le plus grand des dons.


Le baptêmeEn ce qui concerne le baptême, trois points sont extrêmementimportants : la foi en Jésus-Christ, la certitude <strong>du</strong> pardondes péchés par la repentance, et l’intégration au Corpsqu’est l’église.Le baptême est une alliance avec Dieu et son église, danslaquelle nous consacrons totalement et sans réserve à Jésustout notre être et tout notre avoir, dans la foi qu’Il pardonneranos péchés. Ce pardon des péchés n’est possible que parla mort de Jésus, bien qu’Il ait donné à son église le pouvoirde pardonner les péchés en son nom (Ephésiens 1.7 ; Jean20.23).Puisse Dieu pardonner les péchés de tous ceux qui désirentle baptême, et puisse Jésus les purifier par son sang, eten faire des enfants de Dieu et de véritables frères et sœurs(1 Jean 1-7).Le baptême est une confession de notre repentance, il signifiedonc un dévouement absolu. Ce dévouement implique quenous déversions notre être tout entier en Jésus, de façon àdevenir vide de nous-mêmes et pauvres devant Dieu.


Le baptême 137Le baptême est la déclaration d’une bonne conscience devantDieu, ce qui n’est possible qu’à travers l’aide et le pouvoirpurificateur <strong>du</strong> sang <strong>du</strong> Christ (Romains 6.3-4). C’est l’esprit<strong>du</strong> Christ, l’esprit de vérité qui parle à la conscience <strong>du</strong> croyant,et la guide vers son unité avec la volonté de Dieu. <strong>La</strong> paixvéritable n’existe qu’en cette unité — l’unité d’une bonneconscience avec Dieu. C’est là que la conscience est affranchiede la loi et des puissances de l’esprit de notre temps (Galates3.25-27).Jésus fut baptisé dans le Jourdain, et je crois qu’il voulait ainsisignifier que le baptême doit se faire par immersion totale.Mais la forme n’a pas tant d’importance. S’il n’y a pas assezd’eau disponible pour l’immersion, on peut également verserde l’eau sur la personne que l’on baptise. Ce qui est important,c’est que, par le baptême, nous sommes enterrés avec leChrist et que nous ressuscitons avec lui grâce à la foi qui agiten nous, comme Jésus fut ressuscité d’entre les morts.L’étape <strong>du</strong> baptême est une démarche de consécration totale àDieu et à l’église, et nous ne chercherons jamais à persuader quique ce soit à prendre cette décision. Mais nous devons appelerles gens à la repentance, nous devons montrer que l’on trouvedans l’évangile la condamnation la plus sévère <strong>du</strong> péché et qu’ony trouve aussi l’accueil à bras ouverts <strong>du</strong> pécheur repentant.Dieu nous appelle sans cesse à venir vers lui avec nos fautes etnotre misère, et nous pouvons toujours nous tourner vers luien toute confiance, quelles que soient les circonstances.Extrait d’une lettre : Nous ne devenons pas meilleurs par le baptême,nous ne grimpons pas des échelons pour devenir des


138 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>dieux. Nous resterons toujours d’humbles pécheurs, verslesquels Dieu descend. C’est un miracle dont nous ne sommesjamais dignes, mais Dieu est plein de grâce.Il vaut mieux ne pas être baptisé que de franchir ce passans grande conviction, pour faire plaisir à ses parents ou àquelqu’un qu’on aime, ou bien pour trouver la sécurité dansl’appartenance à l’église. Le baptême doit être une décisionpersonnelle. Personne ne peut la prendre à votre place.Des millions de gens sont baptisés, mais pour beaucoup,ce n’est qu’une formalité sans vie. A chacun qui désire sefaire baptiser je conseillerais de se demander : « Suis-je prêt,pour l’amour de Jésus, à l’aimer plus que tout — plus que mafemme, mes parents ou mes enfants — afin qu’Il puisse vivreen moi ? Suis-je prêt à tout donner à Jésus et à mes frères ? »Si vous ne l’êtes pas, ne vous laissez pas baptiser. Vousdevez être prêt à mourir pour lui, afin qu’Il puisse vivre dansvotre cœur. Jésus doit être votre unique trésor.Si vous vous faites baptiser pour l’amour <strong>du</strong> Christ, Il vousaccueillera, Il vous aimera et Il vous accordera son pardon et sapaix. Il vivra en vous et Il vous aidera à surmonter toute tentation.Vous serez lavé, purifié par son sang (Romains 8.1-4).Le véritable baptême est en lien étroit avec la mort et la résurrectionde Jésus (Romains 6.3-4), on ne peut les séparer.Le baptême signifie réellement « mourir avec le Christ » etensuite renaître avec lui. Les mots « mourir avec le Christ »ont été tellement employés qu’ils ont peut-être per<strong>du</strong> deleur force. Mais si nous réfléchissons profondément à ce quesignifie la venue de Dieu sur cette terre, à sa mort pour nous,


Le baptême 139nous commencerons à mesurer la gravité de ce qu’Il demandede nous : mourir avec lui.Le baptême exige la décision personnelle de confesser sespéchés et de donner toute sa vie à Jésus. Cela veut dire préférermourir plutôt que de pécher consciemment à nouveau. Ilvous faut éprouver personnellement que Jésus est la paix devotre cœur et qu’Il est mort pour vous. Mais ceci ne suffit pas.Il vous faut une vision beaucoup plus grande <strong>du</strong> Christ. Ceci neveut pas dire que vous devez oublier votre expérience personnelle,mais vous devez la dépasser et reconnaître l’immensitéde la souffrance et <strong>du</strong> péché dans le monde entier. Vous devezreconnaître aussi la grandeur de Dieu, la grandeur de l’universet la grandeur de Jésus, qui est le roi <strong>du</strong> royaume de Dieu etqui détient les clefs de l’empire des ténèbres. Il détient le pouvoirsur toutes les puissances.Le baptême n’est pas une institution humaine. C’est uneétape par laquelle les péchés sont pardonnés et les démonsexpulsés par Jésus-Christ et son Esprit Saint. Nul hommene peut faire ceci, ni aucun groupe d’hommes. Nous avonsbesoin de la présence <strong>du</strong> Christ lui-même, et c’est pour celaque nous prions Dieu d’être présent à nos rassemblementsde baptême. C’est lui que nous honorons, c’est lui qui pardonnenos péchés, par notre foi en la mort de Jésus-Christ.Bien sûr, avant que Dieu ne puisse pardonner les péchés parle baptême, il faut qu’il y ait la repentance.Nous devons tous prendre la repentance très au sérieux,nous devons tous nous couper de la justice humaine, de labonté humaine et de l’honnêteté humaine. Aucun de nousn’est juste. Dieu seul l’est. Jésus fut le plus sévère avec ceux


140 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>qui étaient « justes » — ceux qui n’avaient pas besoin de lacroix, ou qui pensaient être sauvés parce qu’ils étaient lesenfants d’Abraham. Jésus a dit : « Les personnes en bonnesanté n’ont pas besoin de médecin, ce sont les malades quien ont besoin. Je ne suis pas venu appeler les justes mais lespécheurs » (Marc 2.17).Paul nous dit qu’une fois que nous avons été convertis etbaptisés — une fois que nous avons pris la décision de suivreJésus — nous ne devons plus mettre les diverses parties denotre corps au service <strong>du</strong> péché (Romains 6.12-13). Ceciest très important : le cerveau doit être rempli de la grâcede Dieu et de pensées de Dieu ; les mains ne doivent jamaisplus verser le sang ou commettre des actes obscènes ouimpurs ; les yeux ne doivent plus jamais être utilisés pour laconvoitise mais doivent rayonner d’amour pour les frères etsœurs. Lorsque nous nous consacrons au Christ dans le baptême,nous apposons le sceau <strong>du</strong> Christ sur notre corps toutentier, afin qu’il soit à son service.Cependant, nous savons tous qu’après le baptême, le malcherche toujours à pénétrer en nous. Ce peut être l’impuretéchez l’un, l’orgueil chez un autre, ou encore la haine etl’amertume. Il est impossible de nous extraire de cette bouepar nos propres forces. Nous pouvons lutter et nous battre,mais nous ne pourrons jamais nous changer nousmêmes.C’est par la mort de Jésus, par son pardon et sonpouvoir de vaincre le mal en nos cœurs que nous ne seronsplus les esclaves <strong>du</strong> péché. Les tentations viendront quandmême, mais nous y répondrons par l’expérience profondeet intérieure de la foi. Si nous n’avons que la Loi — « Tu ne


Le baptême 141convoiteras pas » — et que le désir cupide vient dans notrecœur, nous ne saurons qu’en faire. Mais si nous avons faitl’expérience de Jésus par la repentance, nous serons capablesde surmonter ce désir. Nous continuerons à être humains,mais nous ne serons plus les esclaves <strong>du</strong> péché (Romains 6).


<strong>La</strong> Cène<strong>La</strong> Cène est un symbole extérieur, le signe <strong>du</strong> don de nousmêmes,brisés, à Jésus, dont le corps fut lui-même brisé etcrucifié. Le Christ désire être présent dans le cœur de chacunqui rompt le pain et boit le vin. Il veut que nous devenionsfaibles avec lui, afin de redevenir forts par sa force, et decommunier avec lui. Le pain et le vin ne sont que des symboles,mais l’unité purificatrice avec Jésus qu’ils symbolisentest une magnifique réalité. Pendant la Cène, nous faisonsl’expérience de la communion avec le Christ.De même que des grains provenant de différents champssont moulus et cuits pour former un seul pain, et que desgrappes de raisin de plusieurs vignes sont pressées en vue depro<strong>du</strong>ire <strong>du</strong> vin, nous pouvons, nous qui venons de diverspays et cultures, être tous unis dans la célébration de la Cène.Cette unité n’est cependant possible que si nous renonçons àtout sentiment d’importance de nous-mêmes.<strong>La</strong> Cène est un repas d’unité, et nous devrions nouspréparer intérieurement, de façon à pouvoir y participercomme il le faut. C’est un repas pendant lequel nous noussouvenons de Jésus, dont l’esprit rédempteur de pardon est


<strong>La</strong> cène 143présent pour le monde entier, pour tous les peuples et toutesles races. <strong>La</strong> Cène est aussi le moment pour nous de renouvelernotre engagement de fidélité envers Dieu et de déchargernotre cœur afin qu’il soit à nouveau disponible pour êtreentièrement à son service.En nous rappelant comment Jésus a institué la Cène lorsde sa dernière soirée sur terre, nous devrions aussi nousrappeler que chaque chrétien devrait être prêt à sacrifier savie — devrait, en fait, la sacrifier — comme Jésus l’a fait.Nous vivons dans un monde qui est aussi hostile envers leroyaume de Dieu qu’au temps de Jésus, et Jésus ne nous apas promis un meilleur destin. Il a même dit que ses <strong>disciple</strong>sseraient persécutés, et que ce qui avait été fait à leur Maître,leur serait fait également (Jean 15.18-20).En célébrant la Cène, nous témoignons de l’amour de notreSeigneur Jésus, dont la mort nous a permis d’obtenir le pardondes péchés, l’amour et l’unité entre nous. Au fond, laCène est un repas très simple, mais Jésus a demandé à ses<strong>disciple</strong>s de l’instituer en sa mémoire, et nous le célébronsdans cet esprit.Paul nous dit : « ...si quelqu’un mange le pain et boit la coupesans discerner le corps <strong>du</strong> Seigneur, il attire le jugement surlui-même... » (1 Corinthiens 11.29). Il est donc clair que nousne devons pas participer à la Cène si notre conscience estchargée de péchés non-confessés. Cependant, ne permettonspas aux sentiments d’indignité de nous tourmenter. Paulparle ici surtout de l’attitude intérieure avec laquelle nousdevrions venir au Repas <strong>du</strong> Seigneur. Nous devrions y participeravec la même crainte respectueuse que Moïse ressentit


144 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>lorsque Dieu lui montra le buisson ardent et lui dit : « Enlèvetes sandales car le lieu où tu te tiens est une terre sainte »(Exode 3.5).Dans l’église primitive, les croyants se réunissaient souventpour célébrer la Cène, avec le but de chasser les mauvaisesprits parmi eux. Lorsqu’il y a une lutte spirituelle dansnotre fraternité, nous nous sentons également poussés àcélébrer la Cène. Jörg Blaurock, un leader anabaptiste de lapremière heure, disait que si l’on célébrait souvent la Cène,cela révélerait les faux frères parmi nous.Lorsque nous rompons le pain et que nous buvons le vin pendantle repas <strong>du</strong> Seigneur, nous nous unissons au Christ ausens le plus profond. Nous nous rappelons sa mort salvatrice.Comme le dit l’apôtre : « chaque fois que vous mangez ce painet buvez à cette coupe, vous proclamez la mort <strong>du</strong> Seigneurjusqu’à ce qu’Il vienne. » (1 Corinthiens 11.26) Nous proclamonsla mort <strong>du</strong> Christ comme étant le plus grand événementhistorique : « C’est par ses blessures que vous avez étéguéris » (1 Pierre 2.24, Esaïe 53.3). Par sa souffrance, noustrouvons Dieu, et par sa grande lumière, nous trouvonsl’amour. Nous prions pour que lui seul soit notre Seigneuret Maître. Aimons Jésus — sa <strong>voie</strong> et sa vie — de tout notreêtre.Le Nouveau Testament dit que si nous aimons le Christ,nous devons mourir avec Lui (Jean 12.24-25). Cela signifiequ’il nous faut mourir à nous-mêmes. Renoncer à soi-même estsouvent très douloureux et peut nous coûter une longue lutte,mais c’est possible si nous aimons suffisamment le Christ et sacroix. Il ne s’agit pas de se tourmenter, mais de trouver Jésus.


<strong>La</strong> cène 145Certes, nous ne devons pas seulement penser à la mort deJésus et à sa souffrance lorsque nous pensons à la Cène —nous devons nous souvenir également de sa résurrection etde son ascension vers le Père, à côté <strong>du</strong>quel Il règnera surl’église et dans le cœur de chaque croyant. Et nous devonsnous rappeler sa promesse de son retour parmi nous, pournous juger et pour établir son merveilleux royaume.


L’amour et le mariageL’AMOURJésus nous a montré que l’amour signifie donner sa vie pourson prochain plutôt que la prendre, devenir le plus petit et leplus humble plutôt que le plus puissant. L’amour nous libère.Une personne désirant dominer les autres et avoir sur eux unpouvoir a l’âme tourmentée, tandis qu’une personne brûlantd’amour a l’âme comblée de joie. Pour nos couples, nous souhaitonsque l’amour domine leurs vies, et que le service de l’autrevienne avant le service de soi-même. Plus encore, nous souhaitonsqu’ils se consacrent à la grande cause de Dieu, et que leuramour pour lui passe avant toute autre chose — même avantleur propre mariage.Dans le domaine de l’amour, l’élément déterminant est toujoursce qui n’est pas physique : c’est la relation de cœur à cœur,d’une âme à une autre. Nous ne pouvons pas oublier que,sans âme, le corps n’est rien d’autre qu’une forme humaine,rien que de la matière. Nous ne devons pas pour autant lemépriser. « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple


L’amour et le mariage 147<strong>du</strong> Saint-Esprit, cet Esprit qui est en vous et que Dieu vous adonné ? » (1 Corinthiens 6.19).Le corps exprime les impulsions <strong>du</strong> cœur. Un doux sourire,des yeux qui s’éclairent après un mot d’affection, le tendretoucher d’une main, peuvent con<strong>du</strong>ire à l’étreinte passionnéeet aux caresses dans l’union ultime.Extrait d’une lettre : L’attraction vers le sexe opposé est unechose naturelle, mais elle est loin de former une base suffisammentsolide pour se marier ou fonder une famille. Il esttout-à-fait normal que, lorsqu’un homme aime une femme,il se demande si celle-ci est vraiment « la bonne ». Il n’y aqu’une réponse à cette question : tous deux doivent sentirqu’une relation conjugale les con<strong>du</strong>ira plus près de Jésus.Je peux donc très bien m’imaginer — en fait, j’en suis certain— que le bon choix d’une épouse ne se portera pas surcelle qui est la plus attrayante érotiquement, mais celle dontla présence con<strong>du</strong>ira les deux partenaires plus près de Jésus.Si le mariage n’est basé que sur une attraction physique, ils’effondrera facilement.Extrait d’une lettre : En cherchant un partenaire pour la vie, nelaissez pas vos sentiments d’affection courir de l’un à l’autre.Testez vos sentiments devant Jésus. L’étape <strong>du</strong> mariage,pour un chrétien, n’est juste que s’il a l’assurance qu’elle lecon<strong>du</strong>ira plus près de Jésus, et que les deux partenaires leserviront mieux ensemble que seuls. Je ne crois pas qu’unchrétien devrait se marier si c’est uniquement pour satisfaireses désirs physiques et émotionnels. Un désir personnel etémotionnel doit être présent, mais il ne devrait pas être lefacteur déterminant.


148 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Extrait d’une lettre : Si vous envisagez de lier une autre âme àvotre vie par le mariage, apprenez à aimer, apprenez à avoirle cœur ouvert et à considérer l’autre en premier.Extrait d’une lettre : Je vous le dis avec beaucoup de sérieux etpour votre bonheur : il vaut mieux vous assurer maintenant— avant que vous ne vous engagiez l’un envers l’autre — quecette appartenance l’un à l’autre est bien la volonté de Dieu.Avoir des doutes une fois que l’on s’est engagé l’un enversl’autre par les fiançailles est terrible, mais les avoir quandon est marié est bien plus terrible encore. Puisse Dieu vousmontrer clairement si vous êtes faits l’un pour l’autre ou pas.Il vaudrait mieux le choc de la fin d’une relation plutôt qu’unchoc sans fin pour le reste de votre vie. Je vous dis cela paramour. Puisse Dieu vous guider.Extrait d’une lettre : Votre question : « Pourquoi suis-je attiré versce garçon, s’il n’est pas fait pour moi mais pour quelqu’und’autre ? », est une question quelque peu rebelle. Elle accusequelqu’un de plus grand que vous-même car, en définitive,elle accuse Dieu. <strong>La</strong> nature humaine étant ce qu’elle est, nouséprouvons souvent des attirances que nous n’avons d’autrechoix que de rejeter. Cela fait simplement partie de notrefaiblesse humaine. Ce n’est pas à moi de vous dire qui vousest ou ne vous est pas destiné. L’important, pour vous, c’estd’offrir votre vie à Jésus.LE MARIAGEJésus prend le lien <strong>du</strong> mariage tellement au sérieux, qu’ildéclare : « Tout homme qui regarde la femme d’un autre pour


L’amour et le mariage 149la désirer a déjà commis l’a<strong>du</strong>ltère avec elle en son cœur »(Matthieu 5.28). Jésus parle sévèrement parce qu’Il désireprotéger le merveilleux don divin qu’est l’unité entre deuxpersonnes.Dans un véritable mariage, l’homme et la femme sontunis, avant tout, spirituellement. Cela veut dire qu’ils nesont qu’un dans leur foi et dans leur expérience de Dieu etqu’ils sont unis dans la pureté de l’église. Deuxièmement, lemariage signifie l’union de leurs âmes. On peut être parfaitementuni en esprit avec n’importe quel croyant, mais il y aune différence entre le lien <strong>du</strong> mariage et le lien qui nous unità d’autres personnes. Il y a chez les conjoints un amour particulieret une joie particulière lorsqu’ils sont en présence l’unde l’autre. C’est parce que les époux s’aiment d’une manièretoute particulière qu’ils restent fidèles et qu’ils veillent à lapureté de leur relation.Troisièmement, le mariage signifie qu’un couple est uniphysiquement, par l’union corporelle. Si l’infidélité brise cetteunion, c’est un péché terrible, car alors tout dans le mariageest détruit aux yeux de Dieu. Ce qui était une bénédictiondevient alors une malédiction, et il ne reste plus rien si cen’est l’espoir que, par la repentance et la grâce de Dieu, il soitaccordé la possibilité d’un nouveau départ. Il n’y a aucuneexcuse pour l’a<strong>du</strong>ltère, surtout lorsqu’il s’agit de personnescroyant en Jésus.<strong>La</strong> bénédiction de Dieu repose sur chaque couple, jeune ouâgé, qui vit cette unité dans l’ordre juste : en premier lieu l’unitéspirituelle, ensuite l’unité <strong>du</strong> cœur et de l’âme, puis l’unité corporelle.Trop souvent, un couple s’unit physiquement alorsqu’il a peu d’unité de cœur et encore moins d’unité spirituelle.


150 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Nous prenons très au sérieux les paroles de Jésus dans leSermon sur la montagne à propos de la convoitise, <strong>du</strong> divorceet <strong>du</strong> mariage, et nous maintenons une position très fermepar rapport à l’immoralité sexuelle. Un membre de nos communautésne peut jamais divorcer pour se remarier ensuite,et aucune personne remariée ne peut devenir membre à partentière, s’il continue de vivre cette relation conjugale alorsque le conjoint précédent est toujours en vie.Nous croyons à la fidélité pour la vie — et nous y tenonsaussi à cause des enfants, lorsqu’il y en a. L’engagement <strong>du</strong>mariage entre deux personnes doit être un engagement pourtoute la vie, auquel on ne peut toucher : « Ce que Dieu a uni,que l’homme ne le sépare pas » (Matthieu 19.6).Le fondement d’un vrai mariage est l’amour pour Jésus. Vousdevez accepter Jésus comme étant une force vivante dansvotre relation. Vous devez vous abandonner entièrement àlui.C’est la tâche de l’homme de représenter Jésus en tant quechef de famille mais ceci signifie aussi qu’il doit suivre sonexemple d’humilité. Un homme qui ne veut pas être humblene peut pas être un <strong>disciple</strong>.<strong>La</strong> tâche de la femme est de représenter Jésus en tant queCorps, celui de l’église. Elle doit suivre l’exemple de Marie,qui a dit : « Je suis la servante <strong>du</strong> Seigneur, qu’il me soit faitselon ta parole » (Luc 1.38).Au sens le plus profond, le mariage con<strong>du</strong>it à la vie en communauté.Comme Dieu l’a dit : « Il n’est pas bon que l’hommereste seul » (Genèse 2.18). D’un seul être humain, Dieu en fit


L’amour et le mariage 151deux — homme et femme — et ils deviennent à nouveau unseul être dans le mariage.Un mariage ne <strong>du</strong>rera que si les deux époux ont un cœurhumble et ouvert. <strong>La</strong> jalousie et la suffisance essaieront toujoursde s’insinuer dans leur relation pour les séparer, maisl’amour triomphera, parce que « l’amour est patient, il estplein de bonté; l’amour n’est pas envieux; l’amour ne se vantepas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, ilne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonnepas le mal, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il se réjouitde la vérité » (1 Corinthiens 13.4-6, Segond 21).Ceci veut aussi dire que l’amour pardonne. Lorsqu’onest marié, on se rend compte, jour après jour, que son conjointn’est pas parfait. Mais si l’on se pardonne réciproquement,chaque jour sera un nouveau départ, et chaque jourapportera une joie nouvelle ; l’amour « pardonne tout, il croittout, il espère tout, il supporte tout » (1 Corinthiens 13.7).Rien n’est trop <strong>du</strong>r à supporter, s’il y a l’amour. Même si, entant que couple, vous avez à affronter une situation difficile,vous serez, grâce à l’amour, fermes dans l’espérance et la foi,car l’amour permet de tout supporter.<strong>La</strong> fidélité dans le mariage est d’une importance capitalepour la vie intérieure de chaque conjoint. Il existe un rapportprofond entre la dimension spirituelle et émotionnellede l’amour entre deux conjoints, et sa dimension sexuelle.Lorsque, dans un vrai mariage, deux personnes ne deviennentqu’une seule chair, leur union physique a un lien trèsprofond avec Dieu. Si la dimension sexuelle de leur relationdevait se séparer de Dieu, elle deviendrait péché, même au


152 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>sein <strong>du</strong> mariage. Avoir un certificat de mariage ne donne pasla liberté de vivre pour le corps et ses appétits.En raison de l’intimité si unique et <strong>du</strong> mystère de la sexualitédans le mariage, une union sans pareille s’établit lorsquechaque conjoint renonce complètement à soi-même en faveurde l’autre. Cette union est l’expression physique de l’amourconjugal, dont le but même est le don mutuel de soi. Chaquepartenaire connaît le secret de l’autre et c’est la volonté deDieu que cet homme et cette femme gardent leur secret et nele révèlent à personne d’autre.Notre vocation essentielle est de suivre Jésus, quel qu’ensoit le prix. Si Dieu nous accorde le don d’un époux ou d’uneépouse, cela devrait doubler notre consécration à Jésus etnon pas l’affaiblir. Le mariage doit nous con<strong>du</strong>ire plus prèsde Jésus. Nous prions pour que tous ceux qui se marient nelaissent rien les séparer de l’amour de Dieu, quoiqu’il arrive.Car son amour est toujours là pour les soutenir, indivi<strong>du</strong>ellementmais aussi ensemble, dans les moments de souffrancecomme dans les moments de joie.Le lien <strong>du</strong> mariage est la promesse de rester fidèle, à traversvents et marées, aux jours de bonheur comme aux jours difficiles,et d’être entièrement dépendant de l’amour de Dieu pourtoute la vie.Les petites querelles — lorsqu’on montre son mécontentementà propos de petites choses parce que l’on sent que sonpartenaire n’est pas parfait — représentent l’un des plusgrands dangers dans le mariage. Si quelqu’un pense avoir toujoursraison, il ne sera pas ouvert à l’amour. Peut-être craint-il


L’amour et le mariage 153Dieu et entend-il sa volonté et sa Parole, mais l’Ennemi chercheratoujours l’occasion de le tenter, même dans les petiteschoses de la vie. Si l’on commence à trouver sans cesse àredire à son partenaire, l’amour s’attiédira peu à peu. Il nousfaut être conscient de ce danger. Mais si nous sommes prêtsà tout oser, à tout espérer et à tout pardonner, alors chaquejour sera une nouvelle expérience d’amour, même si notremariage passe par des heures difficiles.Extrait d’une lettre : J’ai l’impression que vous devez vousdemander sérieusement si vous avez manifesté assez d’amouret de patience envers votre épouse, et si vous avez fait suffisammentd’efforts pour comprendre sa situation et sesbesoins. Un mari doit guider sa famille — cela veut dire queson premier devoir doit être de comprendre les besoins de safemme et de ses enfants. Sans les comprendre, il ne peut pasleur montrer d’amour ni les guider.Extrait d’une lettre : Lorsque la situation entre vous et votre marise sera clarifiée dans votre cœur, devant Dieu qui seul voittout, vous verrez qu’il y a des torts des deux côtés. Lisez 1Corinthiens 13.4-7, en regardant votre mariage avec les yeuxde votre âme :L’amour est patient, l’amour est bon, il n’est pas envieux ;l’amour ne se vante pas, il ne se gonfle pas d’orgueil ; l’amourne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il nes’irrite pas, il ne soupçonne pas le mal ; l’amour ne se réjouitpas de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité. L’amour permetde tout supporter, il nous fait garder en toute circonstance lafoi, l’espérance et la patience (1 Corinthiens 13.4-7).


154 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Je crois que si vous lisez ceci, vous sentirez que vous êtes tousdeux coupables, et que vous avez tous deux offensé l’amourdans votre mariage.Extrait d’une lettre : Je crois que vous avez raison : votre mari estblessé dans son cœur. Vous ne pouvez pas guérir sa peine,mais vous pouvez vous faire très humble. L’humilité a uneffet guérisseur sur une personne que l’on a blessée. <strong>La</strong> Biblenous dit : « Femmes, soyez soumises à vos maris », et « …lemari est le chef de sa femme » (Ephésiens 5.22-24).Je sais que vous avez votre propre fardeau à porter et vousavez raison, vous devez le déposer aux pieds de la croix, defaçon à recevoir le pardon et la guérison. Déposer tout ce quenous portons au pied de la croix implique le regret profondde tout ce que nous avons fait. Je pense à vous deux avecamour, et je prierai pour vous.Extrait d’une lettre : Cher frère, soyez absolument silencieuxdevant Dieu et que votre cœur écoute sa voix. RecherchezDieu ensemble, avec votre femme. C’est Dieu qui vous a unis,c’est Dieu qui vous gardera ensemble, et c’est Dieu qui vousprotégera.LA SEXUALITÉDans la relation conjugale, le domaine sexuel n’est certainementpas le domaine le plus important. De nos jours,l’importance de la sexualité est exagérée de façon vraimentmalsaine. L’amour entre un homme et une femme n’est considérébien trop souvent que dans un sens purement animal,


L’amour et le mariage 155comme une impulsion sexuelle, et l’on passe à côté de sa véritablesignification.Certes, il y a des différences biologiques entre l’homme et lafemme. Mais c’est un point de vue totalement matérialisteque de penser que la différence entre l’homme et la femmeest seulement biologique. Une femme désire ardemmentabsorber en elle celui qu’elle aime. <strong>La</strong> nature l’a faite pourrecevoir et en<strong>du</strong>rer ; pour concevoir et donner naissance ;pour prendre soin et protéger. <strong>La</strong> révolte des femmes contrele fardeau et la souffrance de la grossesse et de la naissanceest l’un des maux de notre temps. L’homme, par contre,désire entrer en sa bien-aimée et ne faire avec elle qu’uneseule chair ; il est fait pour entreprendre et pénétrer plutôtque pour donner.Un homme véritable représente le Christ, en tant quechef, même s’il est lui-même très faible. Ceci ne signifie pasqu’il doit jouer au suzerain. <strong>La</strong> tâche de l’homme est cellede l’apôtre : « Allez donc auprès des hommes de toutes lesnations, et faites d’eux mes <strong>disciple</strong>s. Baptisez-les au nom <strong>du</strong>Père, <strong>du</strong> Fils et <strong>du</strong> Saint-Esprit » (Matthieu 28.19-20). Lesfemmes ne sont aucunement exemptées de cette tâche, maisc’est le devoir de l’homme d’une manière toute particulière.Il est clair que les différences entre l’homme et la femmene sont pas absolues. Une femme véritable représentera leChrist et la vérité apostolique, et un homme véritable auraen lui la soumission et l’humilité de Marie.<strong>La</strong> religion d’aujourd’hui est de la psychologie, et la psychologieanalyse l’être humain comme étant un animal, et non


156 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>comme étant à l’image de Dieu. Freud a raison sur beaucoupde points, mais il oublie le facteur principal : Dieu. Parce qu’ilanalyse l’homme comme s’il n’était pas créé à l’image de Dieu,il explique que l’instinct sexuel est la force qui motive l’actionhumaine. Il considère que même la relation de l’enfant avecses parents est basée sur la sexualité.Les psychologues ont raison de nous enseigner qu’il y a denombreuses impulsions en nous — non seulement le désirsexuel, mais aussi le désir de possessions matérielles et le désirde puissance. Mais ils concluent qu’il n’est pas bon de refoulerces désirs — et cela est faux. Ils ignorent totalement la réalitéde Dieu, et le fait que l’homme a été créé à son image.L’amour et l’unité entre deux personnes dans le mariagesont profondément symboliques. L’apôtre Paul dit : « ... pourma part, j’estime qu’elle se rapporte au Christ et à l’église. »(Ephésiens 5.32). Telles sont les saintes paroles utilisées pourparler <strong>du</strong> mariage, et c’est pour cette raison qu’il doit absolumentêtre soumis à Dieu. Sa nature véritable ne peut êtrecomprise qu’en rapport avec le Christ et l’éternité. Dès quele domaine sensuel ou sexuel est isolé de Dieu et considérécomme une fin en soi, l’âme devient souillée et malade. Lesexe est certes quelque chose de distinct de l’amour, mais ildoit y avoir une harmonie profonde entre le sexe et l’amourconjugal.<strong>La</strong> sexualité est essentiellement intime et mystérieuse, etdevrait le rester, en raison de son lien étroit avec l’amour, quiest lui-même la plus profonde et la plus spirituelle de toutesles expériences. Ce serait une grave erreur de croire que lorsquedeux personnes, destinées l’une à l’autre, deviennent


L’amour et le mariage 157une seule chair, c’est uniquement dans le but de la procréation.Il est tout simplement faux de croire que le mariage n’ade sens que dans cette perspective limitée.Le domaine de la sexualité a ceci de spécifique qu’il a en luimêmeune profondeur que n’ont aucune des autres expériences<strong>du</strong> corps. Sa sensualité comprend certains élémentsessentiels qui pénètrent jusqu’aux racines mêmes de l’êtrehumain, dans sa nature corporelle et jusqu’à son âme. <strong>La</strong> sexualitéest d’une profondeur et d’une gravité qui dépassent deloin les limites <strong>du</strong> corps, rejoignant les expériences mentaleset spirituelles.C’est pour cela que, lorsqu’un homme cède au désir sexuel,il s’avilit tout autrement que si, par exemple, il s’adonnait à lagloutonnerie. Céder à la luxure blesse l’homme au plus profondde son cœur et de son être, et agresse et abîme son âmedans son essence même.L’aspect sexuel <strong>du</strong> domaine sensuel occupe une place centralechez l’être humain car c’est là que le corps, l’âme etl’esprit se rencontrent comme dans aucun autre domaine del’expérience humaine. Ainsi l’intimité de la vie sexuelle a uneintimité propre, que l’indivi<strong>du</strong> dissimule instinctivementaux yeux des autres. Le sexe est son secret, quelque chosequi, il le sent, le touche au plus profond de son être. Chaquefois que quelque chose de ce domaine est divulgué, quelquechose d’intime et de personnel est révélé, permettant ainsi àune autre personne de connaître son secret. Voilà pourquoile domaine <strong>du</strong> sexe est aussi le domaine de la honte : nousavons honte de dévoiler notre secret devant les autres.


158 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Terrible est l’époque dans laquelle l’homme a un tel mépris delui-même et de sa valeur qu’il perd tout sentiment de honte !Pour une personne pure, le domaine sexuel est son propresecret ; et s’il le révèle, c’est uniquement dans l’abandon total<strong>du</strong> « moi » à une seule et unique personne, dans le mariage.<strong>La</strong> révolution sexuelle de nos jours est en train de détruirel’âme humaine. Nous voulons témoigner, par notre vie, dequelque chose de radicalement différent : le fait que la puretéet la fidélité absolues au sein <strong>du</strong> mariage sont possibles.Toute l’idée de la relation sexuelle entre l’homme et la femmevient de Dieu. Ce n’est pas quelque chose dont il faut avoirhonte, mais c’est simplement une réalité trop sacrée pourque l’on en parle constamment.En raison de son caractère unique, le sexe peut prendre deuxformes très différentes : il peut être un acte mystérieux, noble,chaste et paisible, inspirant le respect — dans ce cas, il a uneffet rédempteur. Mais il peut aussi être un acte défen<strong>du</strong>d’abandon à la pure convoitise — l’âme, ren<strong>du</strong>e malade, deviendraalors le domaine <strong>du</strong> mal et de l’attrait diabolique.Toute profanation est un péché. Si j’abuse d’un être humainen le traitant comme un objet et non comme un être humain,je viole sa dignité en tant qu’image de Dieu. Sé<strong>du</strong>ire un êtrehumain sans penser à la responsabilité que l’on a envers l’âmede celui-ci ou de celle-ci est une profanation. C’est un crimecontre l’esprit, l’âme, et le corps de l’autre et contre soi-même.Sé<strong>du</strong>ire une personne <strong>du</strong> même sexe est encore plus terrible.C’est sacrilège et pervers. L’Ancien et le Nouveau


L’amour et le mariage 159Testament, tout comme les pères de l’église primitive, le condamnentfermement.Se marier uniquement pour satisfaire le désir de la chair estabsolument hors de question. On ne peut cependant pas nonplus dénier complètement les sens. Lorsque vous écoutezun beau chant, vous ne niez pas votre sens de l’ouïe. Et lorsquevous voyez la beauté de la création, vous ne niez pasvotre sens de la vue. Lorsque vous sentez l’odeur des fleurset <strong>du</strong> printemps, vous ne niez pas votre odorat. Il en est demême avec la sexualité. Séparée de Dieu, elle n’est que terribleténèbres, c’est vrai. Mais si vous essayez de la nier complètement,vous vous forcez à accepter une situation qui n’estpas naturelle.Les gens s’approchent beaucoup trop près <strong>du</strong> feu de l’amour et<strong>du</strong> sexe sans avoir les fondements intérieurs nécessaires. Ilsont des relations sexuelles superficielles, sans aucun respectpour Dieu, et leur vie intérieure s’en trouve détruite. Mêmela fidélité au sein <strong>du</strong> mariage est devenue de plus en plus rarede nos jours. Dieu, cependant, reste fidèle, et il veut que nousle soyons aussi.Extrait d’une lettre : Le sexe n’a pas de raison d’être en dehors <strong>du</strong>mariage. En dehors <strong>du</strong> mariage, c’est un péché. <strong>La</strong> Bible exigela chasteté avant et en dehors <strong>du</strong> mariage, ceci est très clair.Ainsi, si vous n’avez pas toujours suivi la <strong>voie</strong> de la chastetéet de la pureté, vous devez chercher le pardon afin de pouvoirvous tenir à nouveau devant Dieu. Mais Jésus désire vousaccorder son pardon.


160 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>LE CÉLIBATNous devons reconnaître que renoncer au mariage est ungrand sacrifice. Mais, d’autre part, appartenir totalement etentièrement au Christ est aussi un grand don. Dans un sens,une relation avec le Christ peut acquérir un sens plus profondpour une personne célibataire que pour une personne mariée,parce que son cœur peut être entièrement tourné versle Christ. Ainsi, une relation personnelle entière et absolueavec lui est possible.Le Christ compare plus d’une fois le royaume de Dieu àun banquet de noces. Il invite l’âme à s’unir à lui, et Il désirese donner entièrement à chacun. Rien ne surpasse l’intimité,la tendresse et la fécondité de l’union avec Jésus. Ce lien, leplus élevé et le plus intime de l’âme, peut combler n’importequel vide. Pensez, par exemple, aux nombreux croyantsqui, à travers l’histoire, ont souffert en prison pendant desannées — voire des dizaines d’années — à cause de leur foi.Par la grâce, chacun de nous peut trouver ce lien d’amour etd’unité.Jésus parle de ceux qui ont refusé son invitation au banquetde noces, à cause de leur amour pour d’autres choses(Luc 14.16-20). Il s’agit, en fait, de devenir tout entier à lui.Afin d’être totalement remplis de Dieu et parfaitement libresde le suivre, il nous faut être intérieurement vide de touteautre chose. Le danger d’un cœur divisé est particulièrementgrand lorsqu’il s’agit d’objets ou de personnes dignes d’amour.Lorsque notre regard intérieur ne se porte plus uniquementsur le Christ, alors la maternité, la paternité, la famille, lesenfants, et même la communauté de vie et d’amour dans le


L’amour et le mariage 161mariage peuvent devenir des idoles qui absorbent facilementtout notre amour.Nous ne devons offrir notre cœur qu’à Dieu. Notre amourpour Dieu et le Christ doit devenir si fort que nous sommesprêts, dans la joie, à tout sacrifice. Nous prions pour que nouspuissions mourir à nous-mêmes, afin que le Christ puisseirradier de nous, que nous ne vivions plus pour nous-mêmes,mais que Jésus-Christ vive en nous.Extrait d’une lettre : Vous demandez si Jésus vous appelle à renoncerau mariage, pour l’amour de Dieu et de son royaume. Jecrois qu’une telle vocation est possible, et pas seulement pourdes personnes provenant d’un milieu catholique. J’hésiteraiscependant à faire ce vœu hâtivement. Il faudrait d’abord considérerceci très prudemment.Extrait d’une lettre : Je puis bien m’imaginer votre peine et votrelutte pour renoncer au mariage, mais sachez que vous n’êtespas la seule à souffrir et à ne pas trouver la paix à ce sujet. Enfin de compte, nous devons tous être prêts à nous laisser con<strong>du</strong>ireet à servir Dieu comme Il le veut. <strong>La</strong> pensée que Dieu nenous aime pas vient assurément <strong>du</strong> diable. Vous vous cramponneztrop à ce grand don qu’est le mariage alors qu’il y ad’autres dons bien plus grands que Dieu désire vous accorderégalement. Le plus grand don, c’est un amour ardent pourle Christ. Nous devrions être prêts à renoncer à tout pouracquérir ce don.Extrait d’une lettre : En chaque être humain existe le désir d’unconjoint, et il n’y a rien de mal à cela — Dieu a déposé ce désiren nous. Il est pourtant possible de trouver l’accomplissement


162 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>de ce désir sans le mariage, en étant <strong>disciple</strong> de Jésus — mêmesi ce don s’accompagne souvent de grandes souffrances, debeaucoup de larmes et de tourments <strong>du</strong> cœur.Je vous souhaite de trouver une telle guérison en Jésus-Christ — une richesse et une abondance telles qu’il ne resteraplus aucun vide dans votre vie. Ceci n’est possible qu’à traversune consécration profonde à Jésus lui-même, et à traversl’expérience de sa grâce au plus profond de votre cœur.Puisse votre vie être guidée uniquement par le Christ,quelle que soit sa volonté, de sorte qu’à la fin de votre vie, oulorsque le Christ reviendra sur cette terre, vous soyez prête,comme une vierge attendant l’époux avec sa lampe allumée(Matthieu 25.1-10).


<strong>La</strong> vie de familleLES ENFANTSJésus dit que seuls les enfants — ou ceux qui sont commeeux — entreront au royaume des cieux (Marc 10.14-15). Ala différence des a<strong>du</strong>ltes, les enfants ne sont pas des êtresdivisés ou de nature <strong>du</strong>aliste. Ils sont entiers, vulnérables,totalement dépendants de leur père et de leur mère. Le Christnous invite à devenir comme des enfants — cela signifie quenous devons tout laisser tomber pour devenir totalementdépendants de Dieu et les uns des autres.Si nous aimons Dieu de tout notre cœur et de toute notreâme, nos enfants auront pour nous un juste respect, et nousaurons aussi <strong>du</strong> respect pour eux et pour le merveilleux mystèrede l’être et <strong>du</strong> devenir de l’enfance. <strong>La</strong> vénération pourl’esprit qui se manifeste dans la relation entre parents etenfants, est l’élément fondamental d’une véritable vie defamille (Matthieu 18.3-6).« Les <strong>disciple</strong>s s’approchèrent de Jésus et lui demandèrent :“Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ?” Jésus


164 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>appela un enfant, le plaça devant eux et dit : “En vérité, jevous le dis, si vous ne changez pas pour devenir comme desenfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.” »(Matthieu 18.1-3).Ces paroles de Jésus nous disent combien est grande,aux yeux de Dieu, la valeur de l’âme d’un petit enfant. Nouspouvons être sûrs que chaque cheveu de chaque enfant estcompté par Dieu (Luc 12.7), et que chaque enfant a un angegardien ayant toujours un accès au trône de Dieu (Matthieu18.10).L’innocence d’un enfant est une grande bénédiction. Enchaque enfant il existe cependant une disposition au péché.C’est pour cela que nous devons bien guider nos enfants,afin qu’ils ne perdent pas leur esprit d’enfance, c’est à dire lapureté de cœur. C’est un crime terrible de con<strong>du</strong>ire un enfantvers le péché.Il est extrêmement important que parents et é<strong>du</strong>cateurssèment en chaque enfant un amour profond pour Dieu, Jésuset tous les hommes. Parents et é<strong>du</strong>cateurs devraient parlerde Jésus aux enfants : comment Il est né dans une étable,comment Il a vécu et travaillé, comment Il a guéri des malades,combien Il aimait les enfants et les bénissait, commentIl est mort sur la croix puis est ressuscité, et l’importance <strong>du</strong>monde des anges dans sa vie. Il est très important d’avoir unesprit d’enfance vis-à-vis <strong>du</strong> monde des anges et de la vie deJésus. Les enfants ont des expériences spirituelles bien plusréelles et profondes que nous ne l’imaginons.Il est plus important de con<strong>du</strong>ire les enfants vers un amourardent pour Jésus que de leur enseigner — ou pire encore de


<strong>La</strong> vie de famille 165les forcer — à dire régulièrement, matin et soir, des prièresqui ne viennent pas <strong>du</strong> cœur. Les enfants peuvent apprendreà aimer Dieu par des chants, et des histoires de la Bible et dela vie de Jésus. <strong>La</strong> première tâche des é<strong>du</strong>cateurs et des parentsest d’éveiller l’amour de Jésus-Christ chez les enfants.Alors, le désir de prier s’éveillera en eux.Cela ne sert a rien de connaître la Bible par cœur ni de la faireapprendre à fond aux enfants, si Dieu ne parle pas directementau cœur. Nous devons faire très attention à ne pasexercer de pression religieuse sur les enfants. Nous désironsqu’ils aient envers Dieu, Jésus et la Bible une attitude simpleet un cœur d’enfant.De même que nous devons constamment purifier nos cœurs,nous devons aussi préparer les cœurs de nos enfants afinqu’ils deviennent un terrain fertile pour la Parole de Dieu.Dieu souffre quand un cœur est comme un sentier <strong>du</strong>rementpiétiné et caillouteux, ou quand il est plein d’épines.Sermonner, cependant, ne pro<strong>du</strong>it pas de sol fertile et souventmême en<strong>du</strong>rcit le cœur.Nous avons notre propre crèche où nous pouvons accueillirnos enfants dès l’âge de six semaines, et nous nous occuponsde nos jeunes au moins jusqu’à la fin de leurs étudessecondaires — si ce n’est au-delà 1 .Mais nous ne pensons pas que l’église-communautésoit la principale autorité en ce qui concerne l’é<strong>du</strong>cationdes enfants — cette autorité revient aux parents. Le foyer1<strong>La</strong> communauté a ses propres crèches, jardin d’enfants et école. Une fois lascolarité terminée, la poursuite des études est envisagée et possible au cas par cas.


166 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>familial est le fondement de l’é<strong>du</strong>cation. Ceux qui s’occupentdes enfants à l’école ou ailleurs ne peuvent que compléterl’atmosphère spirituelle <strong>du</strong> foyer.Le sentiment de sécurité intérieure de l’enfant commencedans sa relation avec ses parents. Les Dix Commandementsne sont pas là pour rien : « Honore ton père et ta mère »(Exode 20.12). Nous avons remarqué que lorsqu’un enfantn’apprend pas à honorer son père et sa mère, il a souvent <strong>du</strong>mal, plus tard, à trouver sa place dans la société.Extrait d’une lettre : Pour un enfant, la crainte de Dieu doit commenceravec la crainte de ses parents. L’idée de la craintede Dieu est biblique (Deutéronome 6.13) mais cela ne veutpas dire qu’un enfant doit avoir peur de ses parents ou deDieu. Cela signifie simplement qu’il doit avoir pour eux uneprofonde considération, un profond respect, et un profondamour.Extrait d’une lettre : On dit que les quatre premières années de lavie sont les plus cruciales dans l’é<strong>du</strong>cation d’un enfant 1 . Si unenfant a <strong>du</strong> respect et de la considération pour ses parents etpour Dieu quand il a trois ou quatre ans, la victoire est gagnée.Mais si c’est son propre entêtement qui est victorieux àcet âge, il sera plus difficile à surmonter plus tard.Extrait d’une lettre : En ce qui concerne l’é<strong>du</strong>cation des enfants,je dirais d’une manière générale que je me méfie desextrêmes — quand le pen<strong>du</strong>le oscille d’un côté à l’autre, de la<strong>du</strong>reté à la douceur, de la dépression à la joie exagérée, d’une1Foerster, Friedrich Wilhelm: Hauptaufgaben der Erziehung, Freiburg, 1959, p. 69


<strong>La</strong> vie de famille 167attitude négative à une attitude positive qui ne voit aucunréel problème. Il faut trouver une façon de gérer toutes lesdifficultés avec patience, avec joie, et avec un amour éclairé.En tant que parents, nous devons dépasser l’illusion que nosenfants sont bons. Nous devons faire attention de ne pasavoir d’eux une perception trop idéalisée, et nous ne devonspas nous sentir offensés si quelqu’un remet en question leurcomportement. Nous devons tellement aimer nos enfantsque nous devons être prêts à nous battre pour leur âme.Extrait d’une lettre : Vous dites que vous vous sentez totalementimpuissants devant le comportement difficile de votre enfant.S’il vous plaît, ne vous cachez pas derrière cette excuse. Noussommes tous impuissants et dépendants de Dieu et vousn’êtes aucunement différent. Mais c’est un péché de lever lesbras au ciel en s’exclamant : « Nous sommes impuissants ».En tant que parents, Dieu vous appelle à aider votre enfant,à l’aimer, mais aussi à vous battre pour lui et à être ferme etsévère si nécessaire. Ce qui importe, c’est de gagner le cœurde votre enfant.Extrait d’une lettre : L’égoïsme, l’égocentrisme et l’agitation de vosenfants vous inquiètent. Soyez ferme par rapport à ces choses.C’est parce que vos enfants veulent être au centre de l’attentionqu’ils deviennent, comme vous l’écrivez, tyranniques, susceptibleset qu’ils manquent de respect. Renoncez à cette mollesse,que vous avez reconnue, mais ne devenez pas trop <strong>du</strong>r.Cela non plus n’est pas la bonne réponse. Il vous faut trouverla juste fermeté dans l’amour de Dieu. Dieu ne tolère pasces choses dont vous parlez. Nous manquons à notre devoir


168 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>envers nos enfants quand nous nous laissons dominer par nossentiments et nos liens émotionnels.Extrait d’une lettre : Je vous supplie de vous battre pour vosenfants. Ne désespérez pas si vous échouez encore et toujours.Il faut simplement continuer à lutter. On ne peut pastolérer qu’un enfant tourne mal et gâche sa vie. Soyez compatissant,soyez sévère, puis tendre à nouveau. Ce ne sera pastoujours facile, mais vous êtes responsable de vos enfantsdevant Dieu.Extrait d’une lettre : Je veux vous encourager à avoir de la patienceavec vos enfants. Une certaine sévérité avec les enfants estsaine, mais l’impatience ne l’est pas. Que Dieu nous donneun cœur patient.Extrait d’une lettre : Merci pour votre lettre à propos de votrefils. Sa con<strong>du</strong>ite est tout à fait normale pour un enfant dedeux ans. Dans ma propre é<strong>du</strong>cation, lorsque mes parentsdisaient quelque chose, c’était indiscutable, et il fallait s’ytenir. Ceci ne veut pas dire qu’à l’âge de deux ans, nous étionstoujours obéissants. Mais plus tard, il aurait été inconcevablede désobéir à nos parents. Ils n’étaient pas <strong>du</strong>rs envers nous,mais ils étaient fermes, et leur parole était à prendre absolumentau sérieux.Extrait d’une lettre : Merci pour votre lettre où vous me faitespart de vos soucis avec votre enfant de trois ans. A cet âge,les enfants ont besoin d’une main sûre. Les explosions desévérité ne sont pas bonnes pour eux — ce qui les aide, c’estune con<strong>du</strong>ite réfléchie, ferme et pleine de bonté.


<strong>La</strong> vie de famille 169Extrait d’une lettre : Il est bien naturel que la situation difficileavec votre fille vous cause de la souffrance. Ce ne serait pasnormal, si une mère ne souffrait pas de cette situation. Maisservez-vous de cette occasion pour approfondir votre foi enDieu, en Jésus-Christ et en l’église. Alors vous trouverez lafoi qui vous permettra d’aider votre fille.Augustin, le mystique, vivait dans le péché dans sa jeunesse.Mais sa mère, Monique, profondément croyante, n’ajamais cessé de croire et de prier pour lui, jusqu’à ce qu’ils’effondre et se repente. Plus tard, il devint un serviteur <strong>du</strong>Christ, et à travers les siècles, il a influencé beaucoup de personnesdans leur recherche de Dieu. Je vous souhaite la foide Monique — elle commence avec la souffrance que vousressentez aujourd’hui. Dieu est toujours plus grand que toutesnos souffrances. Je vous en<strong>voie</strong> mes sentiments affectueux.Extrait d’une lettre : Cette tendance qu’a notre siècle à vouloirexpliquer de manière purement scientifique les mystèresaussi importants de la vie que la naissance d’un enfant,n’est pas bonne. Même s’il nous est possible d’expliquerbiologiquement comment deux cellules grandissent dans lesein de la mère, ceci n’est que la moitié de la vérité. Les chosesles plus importantes — la venue d’une âme, le premier sourire,les capacités <strong>du</strong> cœur humain et tout ce qu’il est capabled’éprouver — ne peuvent jamais être expliquées. Nous sommesdevant l’invisible réalité de l’éternité.Il peut être nuisible de trop parler de sexe, de naissance etde mort à un enfant, et nous devons tout faire pour l’éviter.Nous ne voulons absolument pas dire qu’il faut faire de nosenfants des prudes. Mais nous croyons que la naissance et


170 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>la mort n’existent qu’en relation avec le monde céleste etqu’elles ne devraient être expliquées qu’en lien avec Dieu.Malgré tout ce qu’il y a de merveilleux chez les enfants, nousdevons reconnaître que, par leur nature humaine, ils ontaussi hérité d’une inclination au péché. Qu’il prenne la forme<strong>du</strong> mensonge, <strong>du</strong> vol, <strong>du</strong> manque de respect pour les parentsou les é<strong>du</strong>cateurs, ou de l’impureté sexuelle, le mal doit êtrecombattu en chaque enfant.Nous devons faire attention à ne pas gâter nos enfants,même quand ils sont très petits. Il n’est pas bon pour le caractèred’un enfant d’être élevé avec trop d’in<strong>du</strong>lgence. <strong>La</strong> mollesseest un signe d’égoïsme, et l’égoïsme con<strong>du</strong>it toujours aupéché. <strong>La</strong> faiblesse peut aussi venir d’une relation affectivemalsaine entre un enfant et son parent ou son é<strong>du</strong>cateur.Comment combattre le péché chez l’enfant est une questiontrès difficile. S’il y a des indécences par exemple, cequi commence généralement quand des enfants s’exposentles uns aux autres et se touchent parfois, l’enfant sentirainstinctivement que c’est mal. Ces indécences impliquentpresque toujours un mensonge. Nous devons éviter de fairetrop d’histoires lorsque ceci est découvert chez des enfants,car cela pourrait attirer leur attention davantage encore surtout ce qui touche au sexe. <strong>La</strong> meilleure réponse est peut-êtrede leur donner une petite punition et de clore l’affaire, puisde les aider à penser à autre chose.Nous, les a<strong>du</strong>ltes, nous oublions trop facilement que beaucoupde choses n’ont pas le même sens pour nous et pourl’enfant, et nous ne devons jamais projeter sur lui nos propresidées, sentiments ou expériences. N’oublions pas non plus


<strong>La</strong> vie de famille 171que, en un sens, il est naturel pour les enfants de passer pardes périodes de curiosité sexuelle. Cela ne doit pas être confon<strong>du</strong>avec le péché. Mais nous devons guider nos enfants detelle manière que leurs âmes restent pures et innocentes. Tropquestionner peut faire <strong>du</strong> tort à l’enfant, car alors, par peur, ilpourrait s’empêtrer dans le mensonge.Il est très injuste d’étiqueter les enfants ou les adolescents,particulièrement ceux qui ont failli dans le domaine sexuel.Dans notre évaluation <strong>du</strong> péché chez l’enfant, gardonsnousde juger trop vite et trop <strong>du</strong>rement le caractère d’unenfant, ainsi que son développement futur. Aidons-le plutôtà s’intéresser à d’autres choses et à prendre, dans la joie, unnouveau départ.Nous savons que nous pouvons toucher le cœur d’unenfant en faisant appel à sa conscience. Tout enfant a dansson cœur le désir instinctif d’une conscience pure, et nousdevons encourager ce désir, car il souffrira s’il a quelque chosesur la conscience.Il vient un moment où l’enfant n’est plus un enfant, au vraisens <strong>du</strong> terme. Dès lors qu’il commet le mal consciemment,il cesse d’être un enfant. C’est alors la tâche des parents etdes é<strong>du</strong>cateurs de l’aider à trouver le repentir, l’expérience deJésus et de la croix, et la conversion qui con<strong>du</strong>it au pardondes péchés. Grâce à la croix, une enfance per<strong>du</strong>e peut êtrerestaurée.Extrait d’une lettre : Il est indiscutable que les enfants diffèrentdans leur façon d’apprendre. Les uns apprennent mieux enécoutant, d’autres en ressentant les choses, d’autres encoreen regardant, et ainsi de suite. Nous devons nous efforcer


172 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>d’être justes avec chaque enfant. Il est hors de question depousser tous les enfants vers de longues études. L’essentielest d’entourer l’enfant d’amour.L’enfant doit étudier, mais malheur à nous si cet effort estaccompli au prix <strong>du</strong> cœur de l’enfant ou de l’enfant lui-même.Par arrogance et stupidité, certains é<strong>du</strong>cateurs choisissentparmi les enfants à leur charge ceux qu’ils trouvent douésintellectuellement — comme ils s’imaginent l’être euxmêmes.Cela est un véritable péché. Nous devons être con<strong>du</strong>itspar le Christ, chef <strong>du</strong> Corps qu’est l’église. En lui sontles véritables esprits d’enfance, compassion, et pardon.Extrait d’une lettre à un jeune enfant : Afin d’entendre Jésus nousparler, il est important d’écouter notre cœur. Lorsque nousressentons de l’amour envers Dieu, envers Jésus, envers nosparents et nos frères et sœurs, c’est cela, la voix de Jésus.LA JEUNESSEC’est un privilège de con<strong>du</strong>ire des jeunes à Jésus, de leurmontrer combien le monde de Dieu est merveilleux malgrél’impureté terrible, la corruption et les ténèbres de notreépoque. Pour les jeunes, il est extrêmement important queleur vénération envers Dieu et leur respect pour leurs parentsne s’éteignent jamais, même s’ils commettent le péchéconsciemment.Les parents doivent rechercher une relation de confianceavec leurs enfants dès leur plus jeune âge et ne pas attendrequ’il y ait des problèmes, disons vers l’âge de cinq ou six ans.S’ils attendent trop longtemps, ils obtiendront peut-être une


<strong>La</strong> vie de famille 173obéissance extérieure, mais non pas la réponse intérieure nile respect nécessaires pour résoudre des problèmes tels quele mensonge, l’indécence et la désobéissance. Tandis que s’ily a une relation de confiance et de respect, il sera impossibleà l’enfant de résister à ses parents.Certains jeunes passent par des périodes difficiles dans leurdéveloppement, et nous devons prendre garde de ne pas êtretrop <strong>du</strong>rs avec eux ni de les juger trop sévèrement. L’essentielest de les con<strong>du</strong>ire à la repentance, à la conversion et à la foi.Et je ne crois pas que cela puisse se faire à coup de punitionssévères. Aussi longtemps qu’il y a en eux une petite flamme derespect pour Dieu et leurs parents, leur cœur restera ouvert.Mais si la dernière étincelle de vénération s’est éteinte chezun jeune, il ne reste plus que la prière pour la conversion.Rappelons-nous que la conversion ne se gagne jamais par lapersuasion.Extrait d’une lettre : Votre fils est maintenant un adolescent,et vous avez envers lui de grandes responsabilités. Si j’étaisvous, je lui dirais que le pouvoir magnétique d’attractionentre jeunes gens et jeunes filles est tout à fait naturel, maisque cet attrait doit être gouverné par Dieu et qu’il doit êtreréservé pour la personne que Dieu lui donnera peut-être plustard en mariage. Vous pouvez aussi lui parler des relationsphysiques entre époux et épouse. Je pense que vous avez déjàétabli de solides bases pour sa connaissance des choses de lavie, mais au collège il entendra beaucoup de choses à ce sujet,et il vaut mieux qu’il les apprenne de vous d’abord.Extrait d’une lettre : Si j’étais vous, je parlerais clairement etfranchement à votre fils des changements physiques qui se


174 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>pro<strong>du</strong>iront en lui, et je lui dirais que s’il garde son corps dansla pureté dès maintenant, ce ne sera pas difficile plus tard, aucours de sa vie. S’il n’est pas capable de rester pur maintenant,il connaîtra de difficiles combats plus tard. Je lui dirais aussique le sexe est uniquement pour le mariage — il n’a de placenulle part ailleurs. Votre fils doit se garder pur pour cette jeunefille que Dieu lui donnera peut-être un jour. Ce n’est pas toujoursfacile de parler de ceci — tout cela doit être dit dans lalumière de Dieu et avec le respect que nous lui devons. Mais jesuis certain que Dieu vous montrera le bon chemin.Mon père a toujours eu un cœur disponible pour les jeunes,mais il n’a jamais fait de concessions concernant l’érotismeou les choses de ce monde. Avoir un grand cœur ne signifiejamais faire des concessions avec le diable.Extrait d’une lettre à un garçon de dix-sept ans : Cher frère, je meréjouis de ce que tu veuilles prendre un nouveau départ. Jepense que tu as été très orgueilleux. Lis l’Ancien et le NouveauTestament, et tu verras combien l’orgueil empêche Dieu denous parler et de travailler en nous. Ta vie quotidienne a constammenttourné autour de toi-même, et je remercie Dieude ce que maintenant, tu veuilles te détourner de ton égocentrisme.Sois un exemple de dévouement et d’humilité, etsois un témoin de Jésus au collège. C’est quelque chose dontnotre époque a tant besoin.Extrait d’une lettre : Je pense souvent aux paroles de Jésus : « Aquoi servirait-il à un homme de gagner le monde entier, s’ilperd son âme ? » (Matthieu 16.26), surtout quand je vois cequi est enseigné aujourd’hui à la jeunesse dans le domaine de


<strong>La</strong> vie de famille 175la psychologie. Je crains pour leurs âmes. Ce qui m’inquiète,c’est que les instincts inférieurs de l’homme sont mis au centreet considérés comme inoffensifs simplement parce qu’ilssont naturels. C’est terrible d’instruire les gens sur l’âmehumaine sans leur enseigner aussi sa relation avec Dieu.Extrait d’une lettre à un enfant handicapé : Ton corps est faible, maiston âme est vivante. Remercie Dieu de cela. Il y a beaucoupde gens dans ce monde dont le corps est fort mais l’espritterne. En fait, tous, même si nous sommes forts et en bonnesanté, nous dépendons de Dieu et de Jésus. Seulement parfois,nous n’en sommes pas conscients. Ce qui est merveilleux,c’est que toi, tu en es conscient. Accroche-toi bien àcela, et Jésus t’accompagnera toujours.Extrait d’une lettre : On n’est jamais trop jeune pour donner sa vieà Jésus, et on n’est jamais trop jeune pour sentir sa proximité.Je suis heureux que vous désiriez tout donner à Dieu et quevous vouliez être humble. Gardez ce désir à travers toutes lesluttes que la vie vous apportera sûrement, car on ne peut être<strong>disciple</strong> sans souffrance et sans combat. Je vous souhaite laprotection de Dieu dans tout ce que vous traverserez. Puissentles mains transpercées de Jésus vous tenir fermement, commevous, vous vous tenez fermement à lui.Extrait d’une lettre : Vous avez raison : l’important n’est pas derejoindre notre mouvement mais de suivre Jésus. Si vous êtesclair sur ce point, Dieu vous montrera la meilleure manièrede le faire. Nous vous aiderons, même si votre vocation n’estpas la communauté.


176 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Extrait d’une lettre : Ne penser qu’à la patience et au pardoninfinis de Dieu fait de lui quelque chose qu’Il n’est pas véritablement.Nous devons craindre Dieu : il est terrible detomber dans ses mains. Votre idée de Dieu n’est pas Dieumais plutôt un outil entre les mains d’une jeune effrontée.Vous avez mené vous-même votre barque. Je vous supplied’avoir <strong>du</strong> respect devant la colère de Dieu.Extrait d’une lettre : C’est une bonne chose de réaliser que suivreJésus peut coûter beaucoup de souffrance et peut-être mêmela mort, pour l’amour de Dieu. A ce propos, il vous fautprendre position contre le mal que vous rencontrez dans lemonde et au collège. Je peux très bien comprendre que vousayez de nombreuses tentations, surtout dans le domaine del’impureté. Mais si vous défendez la cause de Jésus, sa lumièrepure vous donnera le dégoût de tout péché. Puisse Jésus vousguider chaque jour, et puissiez-vous ne jamais vous écarterde sa volonté.Extrait d’une lettre à un enfant de treize ans : Il te faut déjà, à ton âge,te décider pour ou contre Jésus. Si tu ne te décides pas pourlui, alors tu te décides contre lui. C’est un fait. On ne peut setenir quelque part entre les deux.Extrait d’une lettre à un étudiant : Jésus nous dit qu’Il est le bonpasteur, que ses brebis le connaissent, et qu’elles écoutent savoix (Jean 10.14). Tu fais partie de son troupeau, et j’espèreque tu trouves des moments de calme pour entendre sa voixet retrouver des forces intérieures. Je sais qu’il y a beaucoupde choses dans la ville qui distraient et fatiguent, en plus detes longues heures de travail. Mais il n’en reste pas moins


<strong>La</strong> vie de famille 177que ta vie intérieure est plus importante que l’obtention d’undiplôme, même si tu touches au but. Je t’encourage à tenirferme. Cela forme le caractère de persévérer jusqu’au bout.LES LIENS DE FAMILLELe Christ a sacrifié sa vie pour l’église, et Il l’aime profondément.Mais Il est aussi le Sauveur de l’église, et l’église lui estsoumise. Dans le mariage, la mariée est souvent comparée àl’église, et le marié au Christ. Le Christ ne manifeste pas sonamour pour son église qu’avec de douces paroles : Il la disciplineaussi avec sévérité (Apocalypse 2.16-23). Il nous fautprendre garde de ne pas laisser un émotionalisme amollissantpénétrer notre vie de famille, que ce soit entre mari etfemme ou entre parents et enfants. L’émotionalisme ruinecette clarté dans nos relations qui nous vient <strong>du</strong> Christ(Ephésiens 5.22-33).Extrait d’une lettre : Je comprends votre lutte intérieure pourobéir à ce commandement : honore ton père et ta mère. Vousécrivez que vous aimez votre père <strong>du</strong> fond <strong>du</strong> cœur, et c’est làce qu’il y a de plus important — c’est la même chose que del’honorer. Mais le fait de devoir désapprouver ses actions, celaest également vrai et juste devant Dieu. Jésus dit : « Celui quivient à moi doit me préférer à son père, sa mère, sa femme,ses enfants, ses frères, ses sœurs et même à sa propre personne.Sinon, il ne peut être mon <strong>disciple</strong> » (Luc 14.26). Lemot « « haïr », dans certaines tra<strong>du</strong>ctions, ne doit pas vouschoquer. Jésus n’enseigne pas la haine. Ce mot signifie ici :prendre position contre quelque chose qui est mal. Si vousacceptez à la fois ce passage et ce commandement, « honore


178 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>ton père et ta mère... » (Exode 20.12), comme votre guide, jepense que vous trouverez l’attitude juste envers votre père etvotre mère.<strong>La</strong> sainteté que Jésus nous demande concerne même les relationsde famille les plus proches. Il nous dit : « Celui qui aimeson père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celuiqui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi.Celui qui ne se charge pas de sa croix et ne marche pas à masuite n’est pas digne de moi » (Matthieu 10.37-38).Si nous voulons être <strong>disciple</strong>s de Jésus, il nous faut prendreces paroles au sérieux. Jésus dit aussi : « Celui qui voudragarder sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie pour moila retrouvera » (Matthieu 10.39). Ainsi, si nous nous oublionsentièrement pour l’amour de Jésus, nous gagnerons la vieéternelle. Mais si nous nous cramponnons à nos propresidées et à nos propres idéaux, à nos biens, notre famille ou ànos enfants, nous perdrons tout.Extrait d’une lettre : Je pense que vous avez créé entre vosenfants a<strong>du</strong>ltes et vous-même un attachement excessif, cequi a également amené la division entre vous et votre mari.Vos filles n’étaient pas libres devant Dieu. Les parents doiventdéjà donner la liberté à leurs enfants quand ils sont petits,et plus encore quand ils sont a<strong>du</strong>ltes. Il ne s’agit pas deleur donner la liberté de faire le mal, mais de les rendre libresde tout lien affectif trop fort qui les lierait à leurs parentsd’une manière qui n’est pas juste.Il nous faut apprendre le sens des paroles de Jésus : « Siquelqu’un vient à moi et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa


<strong>La</strong> vie de famille 179femme, ses enfants, il ne peut être mon <strong>disciple</strong> (Luc 14.26).Jésus ne parle pas d’un sentiment de haine. Le NouveauTestament dit : « Tout homme qui a de la haine pour son frèreest un meurtrier... » (1 Jean 3.15). Jésus veut dire que nousdevons le placer en premier, avant les liens affectifs de la viede famille. Ces liens affectifs sont souvent, mais pas toujours,mêlés de mammonisme. Il nous faut être exigeants avec nousmêmeset prendre clairement position pour le Christ. Il est vraique dans une famille sans amour, Dieu n’est pas présent. Maisune famille dominée par les émotions complexes des liens <strong>du</strong>sang n’aura pas d’amour pour Dieu et le Christ. Aimons-nousles uns les autres uniquement dans l’amour <strong>du</strong> Christ et <strong>du</strong>Saint-Esprit. Alors, les liens entre père, mère et enfants, cesliens qui sont un don de Dieu, recevront sa bénédiction.


<strong>La</strong> maladie et la mortExtrait d’une lettre : Toute maladie est une forme de mal, etpourtant, nous devons l’accepter comme venant de la mainde Dieu. C’est un paradoxe — un paradoxe que nous pouvonsvoir aussi dans la croix. Pour Dieu, la croix fut le moyen denotre rédemption, mais la croix fut aussi l’œuvre <strong>du</strong> diable.Extrait d’une lettre : Je comprends très bien votre crainte face àl’opération que vous allez subir ; j’aurais peur moi aussi. Maisje sais que vous êtes dans les mains de Dieu et qu’Il comprendvotre peur. Il y a d’innombrables versets encourageants dansla Bible, qui nous disent de ne pas avoir peur et de rester fermementancrés en Dieu. C’est ce que je souhaite pour vous.Remettez votre vie entre ses mains dans la confiance.Extrait d’une lettre : Je voudrais vous conseiller de ne pas vousinquiéter autant à propos de votre santé. Même la personne laplus saine deviendrait folle à force de se prendre le pouls constammentou d’écouter les battements de son cœur. <strong>La</strong> vraiequestion, c’est votre peur de la mort et de l’inconnu. Vous vivrez,très probablement, encore quelques dizaine d’années.Mais il vous faudra affronter la question de l’éternité. Nous


<strong>La</strong> maladie et la mort 181devrions tous vivre de telle manière que nous puissionsfaire face à l’éternité à n’importe quel moment. Peu avantsa mort, ma tante a semblé entrevoir l’éternité, et elle a dit :« C’est tellement merveilleux — si merveilleux! C’est tellementplus réel que la vie ici-bas sur terre. » Cette attitude étaitl’accomplissement d’une vie vouée à Dieu. Je vous souhaitela même chose pour vous, et je vous en<strong>voie</strong> mes sentimentsd’affection.Extrait d’une lettre : Vous écrivez avoir l’impression de déclinerphysiquement. Mais je suis sûr que Jésus vous aidera avecson amour et sa force, si ce n’est par la guérison physiquealors en vous accordant la paix intérieure et la joie pour supportervotre maladie. Je remercie Dieu de ce que vous êtestoujours capable de trouver la paix intérieure en vous tournantvers Jésus. C’est une grâce de pouvoir ainsi relativiservotre souffrance face à la souffrance <strong>du</strong> monde entier. Unetelle prise de conscience ne peut venir que de Dieu. Je prieDieu pour qu’Il vous guide et vous donne sa force.Extrait d’une lettre : Ne devenez pas la proie de vos pensées sombreset anxieuses. Si vous avez peur de tout — peur de vousmême,de votre faiblesse, de vos péchés, peur des autres,peur de commettre des erreurs, et ainsi de suite — votre âmeva devenir malade.Vous avez raison de dire : « <strong>La</strong> seule véritable guérison,c’est la foi en Jésus. » Quelle merveilleuse vérité! En Jésus,toute crainte disparaît. Tenez ferme à cette vérité.L’apôtre Jacques écrit : « Quelqu’un parmi vous est-il malade? Qu’il appelle les anciens de l’église, ceux-ci prieront


182 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>pour lui et verseront de l’huile sur lui au nom <strong>du</strong> Seigneur »(Jacques 5.14-16). A ce sujet, il écrit aussi : « Confessez doncvos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autresafin d’être guéris. <strong>La</strong> prière fervente de l’homme juste a unegrande efficacité. »C’est dans ce sens que nous intercédons pour quelqu’un detrès malade en lui imposant les mains et par l’onction, afinde lui donner notre soutien intérieur et le pardon total, s’il ya lieu de pardonner quelque chose. Quelle que soit la gravitéde sa maladie, sa vie est entre les mains de Dieu et de l’église.Extrait d’une lettre : Que devons-nous faire pour recevoir le donde guérison ? Dans le chapitre 12 de l’épître aux Corinthiens, ilest écrit clairement que le don de guérir est accordé à l’église,mais pas à tous ses membres. <strong>La</strong> pauvreté d’esprit et un cœurpur devant Dieu sont les conditions nécessaires pour recevoirce don si précieux. Ainsi, si le don de guérir ne nous est pasaccordé, il est très possible que ce soit de notre faute. Mais cepeut être aussi la volonté de Dieu qu’il en soit ainsi.Le puissant don de guérison que Dieu accorda à Blumhardtet à son fils fut remarquable. A la fin de sa vie cependant,Blumhardt fils se servait de moins en moins de ce don, caril sentait que Dieu n’était pas honoré après les guérisonsmiraculeuses qui se manifestaient. Les gens étaient guéris,mais uniquement dans leur corps. Ensuite, ils parlaient et sevantaient de leur guérison. Parfois, ils en tiraient même deshonneurs et de la gloire. Blumhardt sentait que si ces miraclesn’étaient pas accompagnés de repentance, Dieu ne pouvaitplus agir à travers lui.


<strong>La</strong> maladie et la mort 183L’attitude de Blumhardt doit nous interpeller. Quand Dieunous accorde un don, il veut que nous l’acceptions dans ladiscrétion. Si la grâce de guérir nous est accordée, ce n’est pasnous qui devons être honorés mais Dieu.Blumhardt mettait souvent en garde : « Lorsqu’une grâcevous est donnée, que cela reste un secret entre vous-mêmeet Dieu et n’en faites pas étalage. Restez naturel et honorezDieu. »Il insistait aussi sur le fait que la guérison n’est pas cequ’il y a de plus important ; la maladie n’est pas un péché. Ilest plus important de donner sa vie à Dieu, même si l’on estmalade, que d’être guéri puis d’oublier Dieu. « Si Dieu vousguérit, soyez joyeux, mais soyez tout aussi joyeux dans lamaladie. »Extrait d’une lettre : Ces derniers jours, Dieu nous a parlé à tousà travers la mort soudaine qui a frappé votre famille. Nousvoulons porter votre douleur avec vous. Je sais qu’elle ne disparaîtrapas avant longtemps. Mais c’est peut-être la volontéde Dieu qu’il en soit ainsi. <strong>La</strong> souffrance approfondit quelquechose dans notre cœur et dans notre vie.Après la mort d’un bébé : Il est très difficile de comprendre pourquoiDieu en<strong>voie</strong> un être humain sur terre pour n’y vivre qu’uneheure. Nous nous trouvons ici devant un mystère que seulDieu lui-même comprend. Nous pouvons nous demander :« Pourquoi cela s’est-il passé ? Pourquoi ? Pourquoi ? » Dieuseul le sait. Et nous croyons en lui et son Fils, le Bon Pasteur,qui l’est aussi pour les petits agneaux comme ce tout petitbébé.


184 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Peu avant la mort de l’enfant de l’auteur : Nous ne savons pas <strong>du</strong>tout quelle est la volonté de Dieu — si cet enfant est destinéà vivre ou pas — mais nous savons que si c’est sa volonté,l’enfant guérira. Après que les médecins nous aient dit qu’ilsne pouvaient plus rien faire, je sens en moi, comme unepromesse, que si nous croyons, Jésus-Christ peut tout. Dansun sens ou dans un autre, la volonté de Dieu et la miséricordede Dieu seront manifestées à travers ce petit enfant. Ce n’estque lorsque l’homme n’est plus capable de faire quoi que cesoit que l’œuvre <strong>du</strong> Christ peut commencer. Il ne peut agirque si nous lui donnons notre confiance et notre foi totalementet sans réserve. Nous ne devrions dépendre de rien dematériel ni d’extérieur, ni de l’argent ni des médecins, maisuniquement de Jésus-Christ.Après la mort de l’enfant de l’auteur : <strong>La</strong> mort est destruction ; lamort est division et séparation. Mais Jésus unit, et la vie parfaitesignifie l’unité parfaite. Là où Jésus est à l’œuvre, il secrée l’unité. Ainsi, nous lançons à tous le défi de participer àcette unité. Ceux qui ne rassemblent pas dispersent et séparent,et ceux qui séparent et détruisent servent la mort. Maisceux qui unissent servent Jésus, et un jour il les réunira dansl’éternité.Extrait d’une lettre : Chère sœur, je comprends bien que voussouffriez encore après la perte de votre père. Ce n’est jamaisfacile de faire face à la mort et à la peine qui en résulte ; lamort est l’ennemi de Dieu, et elle ne sera vaincue qu’à ladernière résurrection.Mais nous devons aussi voir que, pour tous ceux qui ont suiviJésus, la mort signifie être auprès de lui. Il est compréhensible


<strong>La</strong> maladie et la mort 185que l’idée de l’éternité vous ébranle. Mais ne regardez pas lefutur avec crainte. Remettez tout entre les mains de Jésus.Extrait d’une lettre : Cela me peine beaucoup que vous ayez eu àsubir une telle perte. Une expérience aussi douloureuse que lavôtre, la perte de votre enfant, nous rappelle que cette terren’est pas encore vraiment notre demeure, qu’elle ne le sera quelorsque Jésus-Christ en sera le seul souverain, et que le péché,la mort, le chagrin, la peur et la souffrance auront été complètementvaincus et surmontés. Mais en attendant ce jour — quisera le plus grand de tous les jours — nous pouvons être certainsque votre enfant et tous les enfants sont entre les mainsde Jésus.En ce qui concerne la question de la prière pour un défunt, jedois reconnaître que je ne sais pas quelle est la bonne réponse.Je ne sais pas si vous connaissez le passage suivant de l’évangilede Jean. Peut-être l’avez-vous déjà accueilli dans votre cœur :En vérité je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croiten celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle. Il ne sera pasexposé au jugement, mais il est déjà passé de la mort à lavie. En vérité je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà là,où les morts entendront la voix <strong>du</strong> Fils de Dieu et ceux quil’auront enten<strong>du</strong>e vivront. Car, de même que le Père a la vieen lui-même, Il a accordé au Fils d’avoir la vie en lui-même.Et Il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’Il est le Fils del’Homme. Ne vous étonnez pas de cela, car l’heure vient oùtous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix.Lisez ce passage et méditez-le profondément sous le regardde Dieu. Peut-être vous révélera-t-il l’immensité de l’amourde Dieu.


186 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Tous les hommes craignent la mort. Mais le Christ prometquelque chose qui surmonte la mort et qui demeure pourl’éternité : son amour éternel. C’est là quelque chose quitouche l’être dans ce qu’il a de plus profond, ouvre les <strong>voie</strong>s<strong>du</strong> pardon — par-delà même la mort physique — et nouscon<strong>du</strong>it jusqu’au royaume de Dieu.Nous prions tous les jours pour que nous fassions l’expériencede la vie de Jésus en nous. Mais nous savons aussi qu’Il estassis à la droite <strong>du</strong> Père, régnant sur les mondes célestes, sespuissances et ses principautés, de même que sur son église.Nous ne pouvons avoir qu’une très petite idée de la grandeursupra-cosmique de ces réalités mystérieuses.En quittant ses <strong>disciple</strong>s, Jésus leur dit qu’Il leur prépareraitune place dans les cieux. Ce qu’est cette place, ce qu’il s’ypasse, cette éternité <strong>du</strong> monde des étoiles et des anges, parmiles âmes de ceux qui sont morts dans le Christ, demeure unmystère qui inspire une crainte révérencielle. Lorsqu’Etienneétait en train d’être lapidé, il vit les cieux s’ouvrir et Jésusdebout à la droite de Dieu (Actes 7.55). Plus tard, Jean vitaussi Jésus, et ses yeux étaient comme une flamme ardente(Apocalypse 1.14). Je crois sincèrement que lorsque Jésusreviendra, nous le verrons, nous aussi, en personne.<strong>La</strong> relation fondamentale de l’homme avec Dieu, dont toutesles autres relations ne sont que des reflets, est plus puissanteque toute autre relation humaine. Finalement, c’est devantDieu que nous nous tenons — cela apparaît le plus clairementlorsqu’une personne doit faire face à la mort. Celui qui a étéau chevet d’un mourant sait l’importance absolue de la relationintérieure et <strong>du</strong> lien premier entre l’homme et Dieu. Alors


<strong>La</strong> maladie et la mort 187qu’il rend son dernier soupir, le mourant comprend que finalement,cette relation est la seule chose qui compte.Nous savons, grâce aux évangiles, que l’amour pour Dieu nepeut être séparé de l’amour pour notre prochain. Le cheminde l’homme vers Dieu, c’est le prochain, le frère. Si un hommevit complètement pour les autres, alors Dieu sera très prochede lui quand viendra la dernière heure — j’en ai moi-mêmeété le témoin.Extrait d’une lettre : Que votre fils ait déjà, enfant, connu tantde souffrance et d’épreuves aura sûrement un fort impact surle reste de sa vie — et sur la vôtre également. Il est étrangeque les enfants aient à souffrir — comme s’ils portaient laculpabilité d’autres qu’eux-mêmes, comme s’ils souffraient àcause de la chute originelle. Dans un sens, ils semblent payerle prix <strong>du</strong> péché, bien qu’il s’agisse d’un péché auquel ils n’ontpas encore pris de part active. J’ai souvent pensé à cela, et jecrois que la souffrance des enfants est peut-être en lien étroitavec la plus grande des souffrances jamais en<strong>du</strong>rées : la souffrancede Dieu, la souffrance <strong>du</strong> Christ pour la création per<strong>du</strong>e.Car ce sont les enfants dont le cœur est le plus prochede Jésus, et Il nous les montre en exemple. Voilà pourquoije crois que la souffrance d’un enfant innocent est lourde desens pour l’église.Pendant les périodes de souffrance, la chose la plus importanteest de conserver et de protéger votre joie intérieure,c’est-à-dire Jésus, le Ressuscité. Alors son pouvoir, qui est lepouvoir de la lumière, sera aussi le pouvoir de guérir.Le combat de chaque indivi<strong>du</strong> contre la maladie et la mort nousmontre le combat dans lequel nous avons tous été placés : la


188 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>lutte contre les ténèbres. Lorsqu’elles nous attaquent, nousdevons nous mettre complètement <strong>du</strong> côté de la lumière deJésus-Christ. Nous ne devrions pas désespérer quand nosforces humaines nous abandonnent, car c’est justement à cemoment là que le Christ peut commencer. C’est ce que nouspouvons lire dans l’évangile de Jean : « <strong>La</strong> lumière est encoreparmi vous, mais pour peu de temps. Marchez pendant quevous avez de la lumière, pour que l’obscurité ne vous surprennepas ». (Jean 12.35).


Le mal et les ténèbresNous vivons une époque où beaucoup de gens soit minimisentle mal, soit nient carrément son existence. A causede cela, ils ne comprennent ni la grandeur <strong>du</strong> Golgotha nil’importance <strong>du</strong> dernier jugement de Dieu. Ce jugement, quiest décrit dans l’Apocalypse de Jean, ne peut être compris sansune compréhension de la puissance <strong>du</strong> mal. Si le mal n’est pasperçu comme quelque chose de particulièrement grave, alorsil n’y a pas de raison de le combattre sérieusement.<strong>La</strong> croix n’aurait pas été nécessaire si la force <strong>du</strong> mal n’étaitpas si terrible. J’ai enten<strong>du</strong> des gens poser la question : « Dieun’aurait-il pu pardonner les péchés sans le sacrifice de Jésus ? »<strong>La</strong> question est tentante, mais une fois que nous reconnaissonsla puissance immense <strong>du</strong> mal que Dieu devait combattre,nous comprenons qu’il n’y a pas de pardon sans la croix.Il y a des gens qui essayent de comprendre les profondeurset les secrets de Satan, ou qui essayent de découvrir l’origine<strong>du</strong> mal. Ceci peut se comprendre mais cette curiosité nevient pas de Dieu. Le cœur de bien trop de personnes dansnotre société est troublé et alourdi par ce qu’ils ont apprissur le meurtre, la fornication et d’autres maux. Un véritable


190 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>chrétien devrait rester comme un enfant devant le mal, sansexpérience de ses secrets.L’homme moderne pense d’une manière trop matérialiste. Ilne voit pas qu’il y a un pouvoir <strong>du</strong> bien et un pouvoir <strong>du</strong> malen dehors de lui, et que le cours de sa vie dépend <strong>du</strong> pouvoirauquel il ouvre son cœur.Jeune homme, j’ai vécu en Allemagne nazie, et j’y ai connudes personnes assez inoffensives en elles-mêmes, mais quiavaient été saisies et entraînées par quelque chose de trèsmaléfique. Et bien qu’ils aient été nombreux — plus nombreuxque nous ne le savons — ceux qui mouraient en protestantcontre ce mal, la majorité y a cédé. Ce n’était pas simplementquelques hommes gouvernant la nation ; l’Allemagnetout entière était dominée par des puissances spirituellesmaléfiques et des démons.Nous croyons que, comme à l’époque <strong>du</strong> Christ, les démonspeuvent être chassés, et que lorsque le Christ reviendra surterre, tous les hommes vivront totalement libres, bien que lejugement doive précéder.Nous rencontrons sans cesse l’occulte, surtout dans les universitéset les collèges. Pourtant, nous rejetons fermementtoute forme de contact avec les forces démoniaques, et nousmettons aussi nos enfants en garde contre ce genre de contact.Il y a des choses de Satan dont nous ne devrions absolumentrien savoir. Pour parler franchement, nous devrionsrester ignorants de ces choses-là. Nous ne voulons tout simplementrien savoir de l’occulte. Aujourd’hui, l’occultisme estsouvent considéré comme une science à étudier comme uneautre. Mais nous ne voulons rien avoir à faire avec ceci.


Le mal et les ténèbres 191Une personne menant une vie innocente en Jésus n’a aucuneraison de craindre d’être possédée par un mauvais esprit. Enrevanche, quelqu’un ayant pratiqué la magie ou la sorcelleriea des raisons d’avoir peur. Nous rejetons même les formes lesplus « inoffensives » de spiritisme, de même que les pratiquessuperstitieuses comme le port de bagues de santé, les tablestournantes ou le dialogue avec les morts. Ces pratiques peuventcommencer de manière tout à fait innocente, mais peuventlier une personne à Satan sans qu’elle n’en s’aperçoive.Tout ceci n’a rien à voir avec une foi d’enfant en Jésus.Nous sollicitons le jugement de Dieu, afin que sa lumièrepuisse jaillir. Plus sa lumière jaillit vivement, plus l’amour deson Fils unique brûle en nos cœurs, alors plus sa vérité serarévélée avec clarté. Lorsque Jésus touche les hommes de salumière, cela implique aussi bien le jugement que la liberté etla rédemption. Tous les doutes, tout ce qui enchaîne et écraseles hommes, tous les péchés qui les accablent — tout celaest touché, et les hommes sont libérés. Cette délivrance etcette rédemption qu’apporte le jaillissement de la lumière <strong>du</strong>Christ sont offertes au monde entier, comme l’est égalementla foi qu’il apporte. Car le Christ a dit qu’Il n’est pas venudans le monde pour le juger, mais pour le sauver.Jésus-Christ désire que les plus opprimés, les plus affligésse tournent vers la lumière et soient sauvés. Ce sont justementceux qui se sentent les plus accablés, les plus indignes etles plus coupables, qui devraient se laisser toucher et émouvoirpar l’amour infini de Dieu. Et lorsqu’ils l’auront senti, ilssauront qu’ils sont dans cet amour et qu’il les a libérés. Cesont précisément ceux-là que Jésus a pris dans son amour :


192 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>les malfaiteurs, les percepteurs, les prostituées, les méprisés.Il n’a pas critiqué ceux qui étaient possédés, Il les a délivrés.Mais dans cette libération, il y avait le jugement, car les ténèbresfurent révélées puis chassées. Le mal ne fut en aucunemanière ignoré, mais les hommes en furent délivrés.Extrait d’une lettre : Jusqu’à ce que Jésus ne revienne et nouslibère complètement, nous aurons toujours à combattre lepéché sur cette terre. Ce combat est tout d’abord une luttecontre notre nature déchue. C’est ensuite un combat spirituelcontre Satan et ses démons. Votre chute n’est pas seulementliée à votre nature déchue, mais elle est aussi une affaire satanique.<strong>La</strong> Bible dit que lorsque Judas trahit Jésus, « Satanentra en lui » (Luc 22.3). Je n’oserais dire cela de vous, mais jepense néanmoins que votre situation va dans cette direction.Je ne crois pas que Satan aurait pu entrer en Judas, si celui-cine s’était pas d’abord ven<strong>du</strong> à lui. Judas avait déjà été trouverle grand-prêtre, il avait déjà accepté les pièces d’argent quandil prit le repas pascal avec Jésus et que Satan entra en lui.Même si cette comparaison est trop forte dans votre cas,vous n’en avez pas moins ouvert votre cœur aux forces <strong>du</strong>mal. Où et quand cela a-t-il commencé ? N’oubliez pas quele remords est une merveilleuse expérience, qui n’est pas àcraindre. Si vous faites l’expérience <strong>du</strong> vrai repentir, vous enserez reconnaissant toute votre vie.C’est une chose horrible que l’homme, créé à l’image de Dieu,ait pu construire des bombes capables d’exterminer desmillions de gens en un temps très court. Il nous faut nousrepentir. Le fait que notre nation possède de telles armesdoit nous montrer l’urgence de nous consacrer à quelque


Le mal et les ténèbres 193chose de tout à fait différent. Pour certains, cela peut êtrela politique — travailler et lutter pour l’élection de citoyensresponsables qui n’utiliseront jamais ces armes. Nous avonsbeaucoup de respect pour cela. Mais notre opposition doitaller plus loin encore. L’esprit qui pousse les hommes à construiredes armes est l’esprit <strong>du</strong> mal, et nous ne pouvons lecombattre qu’en vivant pour l’esprit <strong>du</strong> bien.Nous ne pouvons pas suivre le chemin de Jésus sans unchangement personnel. Si nous prétendons le suivre tout encontinuant à vivre dans l’impureté par exemple, nous n’avonsaucun droit de protester contre certaines choses commel’injustice. Nous ne combattons pas la chair et le sang — lesbons contre les méchants — mais les forces et les puissancesdes ténèbres.Lorsque nous commettons un péché, nous faisons de laplace dans notre vie et dans notre entourage à un démonmaléfique. Soyons réalistes : le mal n’est pas quelque chosed’abstrait. Dans la Bible, certains démons ont même des noms(Luc 8.30). Il n’y a aucune excuse, surtout pour ceux qui se disentêtre des chrétiens engagés, à laisser des démons entrerdans sa vie ou de les servir de quelque façon que ce soit. Si onle fait, les démons ne feront pas seulement <strong>du</strong> tort à la personneelle-même mais aussi à son entourage.Extrait d’une lettre : <strong>La</strong> vie de l’église est extrêmement importanteet précieuse aux yeux de Jésus. C’est pourquoi le dangerdes attaques de Satan contre l’âme de l’église est constant ettrès grand. Blumhardt écrit que lorsque Jésus reçut <strong>du</strong> Pèrecéleste la mission de créer des enfants de lumière, il prévitque Satan le suivrait et créerait des enfants <strong>du</strong> mal, et que


194 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>ces enfants <strong>du</strong> mal prospéreraient au sein même de l’église,là où ne devraient grandir que des enfants de lumière. Ceciest une chose terrible, mais à laquelle nous devons faire face.Cela arrive surtout quand le pouvoir humain prend la place<strong>du</strong> pouvoir <strong>du</strong> Christ, qui devrait être seul à gouverner.Jésus dit que tous les hommes verront « le Fils de l’Hommesiégeant à la droite <strong>du</strong> Tout-Puissant » (Marc 14.62). Jésusparle de son Père comme <strong>du</strong> Tout-Puissant. C’est là la plusgrande des réalités, bien plus grande que notre vie mortelle. Sinous craignons le Malin (et cette crainte peut être très réelle),nous pouvons toujours avoir confiance en Jésus. Lui aussi estréel. Il est au cœur <strong>du</strong> trône de Dieu. Il est le cœur même del’église, le chef de l’église, et Il comprend notre cœur, que nousne comprenons pas nous-mêmes.C’est une grande erreur que de croire que nous pouvonscomprendre notre propre cœur. Nous pouvons nous comprendrede manière superficielle, mais seul Dieu connaît vraimentnos cœurs. Ainsi, même si nous sommes tourmentés par degrandes tentations, par les épreuves et par les attaques <strong>du</strong>Malin, nous pouvons toujours nous tourner vers Dieu avecconfiance et une grande espérance en la victoire.<strong>La</strong> paix ne peut être trouvée qu’auprès <strong>du</strong> Crucifié. Mêmel’église unifiée ne suffit pas. Le seul endroit où nous puissionstrouver la paix et le repos est le Golgotha. De nous-mêmes,nous ne pouvons laver un acte meurtrier ou a<strong>du</strong>ltère. Le seulmoyen de se libérer <strong>du</strong> mal est de se tourner vers la lumière,de confesser ses péchés et de venir à la croix. C’est là, commenous pouvons le lire dans l’Apocalypse, que le sang de Jésuspeut nous purifier (Apocalypse 7.14).


Le mal et les ténèbres 195Extrait d’une lettre : J’ai enten<strong>du</strong> votre appel désespéré au secours,et je vous comprends très bien. Vos pensées vous effrayenttellement qu’elles prennent <strong>du</strong> pouvoir sur vous. Vous devezvous détourner de cette peur. Car c’est la peur qui met cespensées dans votre cœur, et alors des peurs et des angoissesplus terribles encore vous saisissent.Ne laissez pas les peurs vous ébranler. Si vous réussissez àles mettre de côté et à avoir confiance en Dieu, beaucoup dechoses changeront. Ne doutez jamais de l’aide de Dieu et deson intervention. Je vous assure qu’Il vous aime et qu’Il estbien plus proche de vous que vous ne le savez.Jésus nous promet qu’Il sera avec nous tous les jours jusqu’àla fin <strong>du</strong> monde (Matthieu 28.20). Mais ne sous-estimonspas les forces obscures de l’impureté, <strong>du</strong> mammonisme, <strong>du</strong>meurtre, de la haine et de la rancune autour de nous — ellesattaquent les frères et sœurs dans l’église. Jésus a dû prévoirque l’église serait attaquée par les forces de l’enfer, car Il adit à Pierre qu’elles ne pourraient rien contre elle (Matthieu16.18). Nous devons veiller et prier constamment.Avec le reste de l’humanité souffrante, nous aspirons ardemmentà ce que le filet démoniaque qui enveloppe encore laterre puisse être déchiré — même si cela implique de grandsbouleversements. Nous croyons qu’il sera ôté à l’heure deDieu, par l’avènement de son royaume.


Le combatLes puissances invisibles qui nous entourent, nous êtreshumains sur cette terre, peuvent apporter beaucoup de souffrancesou beaucoup de joies. Il y a des pouvoirs de Dieu quiapportent la paix, la joie, le pardon des péchés et la vie encommunauté. Ces pouvoirs sont incarnés en Jésus-Christ.Mais il y a également des puissances obscures — celles <strong>du</strong>meurtre, de l’envie, de l’ambition et de l’injustice. Ces puissancessont elles aussi invisibles, mais dès qu’elles s’emparentde l’âme de quelqu’un, elles le poussent à commettre de mauvaisesactions qui, elles, sont visibles.Il nous faut bien comprendre que ces puissances dont nousparlons ne sont pas simplement des abstractions parce qu’ellessont invisibles. Nous avons à faire à quelque chose de tout à faitréel — non pas à une philosophie ou à un enseignement quelconque,mais à des puissances des ténèbres et de la lumière, aubien et au mal, à la destruction et à l’unité, à des forces qui veulenttuer et d’autres qui veulent nous amener à la vie.Lorsque Jésus chassait les démons de personnes possédées, Ilguérissait leur âme et leur cœur. Ses ennemis disaient : « C’estpar Belzébuth, le prince des démons, qu’Il chasse les démons. »


Le combat 197(Luc 11.15). Mais Jésus répondit : « Si donc Satan est en luttecontre lui-même, comment son royaume pourrait-il continuerd’exister ? » (Luc 11.17-18). L’armée de Satan est très disciplinée: elle sait comment attaquer une âme, un groupe de personnesunies ou même une nation.L’évangile nous apprend que le monde tout entier est lechamp de bataille de Dieu contre Satan — le cœur humainl’est aussi. Mais nous devons également tenir compte <strong>du</strong>fait que si deux ou trois personnes sont totalement unies enJésus, le diable en sera furieux.<strong>La</strong> lutte entre Dieu et Satan ne fut jamais aussi féroce lecombat que Jésus mena au Golgotha. Il semblait même àJésus que Dieu l’avait abandonné. Malgré tout cela, Jésusremit avec confiance son âme et son esprit dans les mains <strong>du</strong>Père. Dès lors, la victoire fut gagnée, non seulement sur cetteterre, mais aussi sur toutes les puissances, toutes les principautéset tous les anges.Extrait d’une lettre : Notre combat n’est pas contre la chair et lesang ni contre d’autres êtres humains. C’est le combat pourl’esprit de la véritable Eglise de Dieu — pour l’esprit de Dieudans chacune de nos communautés et dans le cœur de chaquefrère et chaque sœur. Nous passons tous par la souffrance etle jugement, mais les choses ne devraient pas s’arrêter là. Lejugement n’est que le début d’une nouvelle joie, d’une nouvelleespérance et de la rédemption victorieuse. Le jugementdevrait nous rendre libres pour aimer, pour servir et pourDieu.L’esprit qui règne dans chacune de nos communautés doitêtre renouvelé constamment, pour qu’il devienne l’esprit


198 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>d’amour, de pureté et de tout ce que Jésus représente. Cen’est qu’alors que notre amour peut rayonner vers tous leshommes. Il nous faut prier et lutter sans cesse pour cela.L’idée que Jésus aurait fondé une nouvelle philosophie ouune religion est totalement fausse. Sa personne, son esprit,la cause qu’il servait, ses guérisons — tout cela n’est pas unephilosophie comme celle des grecs ou des égyptiens. Il étaitet Il est toujours une personne, et c’est lui-même qui vient ànotre rencontre. J’aime ses paroles : « Si vous ne mangez pasla chair <strong>du</strong> Fils de l’Homme et si vous ne buvez pas son sang,vous n’aurez pas la vie en vous. » (Jean 6.53). Cela n’est pas laphilosophie de quelque grand homme ; c’est Jésus lui-même.Personne ne peut rester indifférent à Jésus. Chacun doit sedécider à être pour ou contre lui. Le fait d’être des pécheursne nous empêche pas de venir à lui, tout comme le fait d’avoirdes tentations. Même si le Malin nous tourmente, ce n’est pasun obstacle. Mais nous ne pouvons tolérer ni l’indifférenceenvers Jésus, ni aucun effort humain pour l’interpréter. Sinous faisons l’expérience — non pas avec notre intellect maisavec notre cœur — des paroles : « Voici l’Agneau de Dieu quienlève le péché <strong>du</strong> monde » (Jean 1.29), ou : « … cette mortdélivre les hommes des fautes commises quand ils étaientsoumis à la première alliance » (Hébreux 9.15), nous verronsalors qu’il ne s’agit pas là d’une philosophie mais de la vie.Il nous faut faire l’expérience de Jésus dans sa hauteur, salargeur et sa profondeur. Et nous devons comprendre la croix,qui était fermement dressée et qui l’est toujours dans un sensspirituel. <strong>La</strong> croix atteint le ciel et le trône de Dieu, et ses braséten<strong>du</strong>s sont toujours ouverts pour l’humanité per<strong>du</strong>e.


Le combat 199Extrait d’une lettre : Frères et sœurs, soyons bien vigilants carlorsque Dieu désire faire quelque chose de bien parmi leshommes, le diable fait tout ce qu’il peut pour le détruire.Pensez à la tentation de Jésus après son baptême : Il futtenté par Satan parce que son cœur était si pur et parce qu’Ilappartenait entièrement à Dieu.Rien n’est plus exaspérant pour le prince de ce mondequ’une Eglise dans son premier amour. Dans l’Apocalypsenous pouvons lire que, déjà à l’époque de Jean, le diable réussità faire <strong>du</strong> tort à l’Eglise. Le mal fut même si grand queJésus <strong>du</strong>t dire à un groupe de fidèles : « Je sais que tu passespour vivant, mais tu es mort » (Apocalypse 3.1). Il donnanéanmoins la chance à cette communauté de se réveiller, dechanger et de revenir à un amour vrai et authentique.Je crois — si j’ose parler ainsi <strong>du</strong> fond de mon cœur — queJésus désire venir à nous de façon aussi intime que si sonsang était le nôtre, afin de nous purifier complètement.Extrait d’une lettre : Je proteste contre l’idée qu’il ne faut pas réagirvivement lorsque Dieu est attaqué, que des frères ou dessœurs sont maltraités ou lorsqu’on fait <strong>du</strong> tort à l’Eglise. Jene pense pas que Jésus était calme et posé quand il chassa lesmarchands <strong>du</strong> temple, où l’honneur de Dieu était en jeu. Jeprotesterai toute ma vie contre une froide distance face à lacruauté ou toute autre chose qui détruit l’œuvre de Dieu.Dans notre souci pour l’œuvre de Dieu, la tendance de jugerles hommes d’une manière purement théorique est l’une desplus graves tentations. Nous avons besoin d’une telle effusionde l’Esprit de Dieu en nous pour que tout, en nousmêmeset autour de nous, nous soit révélé. Alors, la clarté


200 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>et les bonnes décisions viendront d’elles-mêmes. Nous devonssupplier Dieu de nous accorder un amour tel pour Jésus-Christ que toutes ténèbres et tout mal dans notre communauténous soient révélés.Si nous nous livrons à Dieu et à Jésus dans la foi, nous seronspurifiés. Dans ses paroles d’adieu, Jésus dit : « Je suis le cep,vous êtes les sarments » (Jean 15.5). Il ajoute que si nous voulonsporter <strong>du</strong> fruit, nous devrons être purifiés et le couteau<strong>du</strong> jardinier devra tailler dans nos cœurs. En tant que <strong>disciple</strong>sde Jésus nous avons besoin de cette purification, de cecouteau, de ce tranchant dans notre cœur et notre vie. Si nousrefusons le jardinier qui nous purifie, nous sommes infidèlesaux yeux de Dieu et nous serons incapables de porter <strong>du</strong> fruit.Sommes-nous prêts à laisser la Parole <strong>du</strong> Christ remodelernos cœurs, ou nous défendrons-nous toujours davantagecontre elle en nous en<strong>du</strong>rcissant ? Nous ne nous rendons pascompte <strong>du</strong> nombre de fois où nous sommes nous-mêmes unobstacle pour Dieu. Mais nous pouvons lui demander que,dans sa miséricorde et son amour, Il nous remodèle avec saparole tranchante — même si cela fait mal.Nous devrions mettre toute notre confiance en Dieu seul.Pourtant, nous avons besoin aussi de notre confiance lesuns dans les autres. Nous ne pouvons pas vivre sans cetteconfiance, même si nous savons aussi que les hommes sontfaillibles. Pierre trahit Jésus trois fois, et pourtant il fut l’undes <strong>disciple</strong>s en qui Jésus eut le plus confiance. Pierre faillit,mais ensuite il sortit et pleura amèrement (Luc 22.62). Pournous non plus il n’y a pas d’autre moyen que de nous repentiraussi profondément et de pleurer aussi amèrement que Pierre.


Le combat 201Même s’il nous faut reconnaître que nous avons failli, nousne devons pas voir tout en noir ni penser que nous avonsper<strong>du</strong> ce qui faisait le fondement de notre vie. Le jugement deDieu, c’est sa bonté — Il ne peut être séparé de sa miséricordeet de sa compassion. Si nous nous repentons profondément etdevenons humbles devant Dieu, nous ne serons plus rien, etc’est alors que le Christ peut vivre en nous.Utiliser l’action de Dieu en nous-mêmes pour servir notreorgueil est certainement un péché. Mais c’est également unpéché que de dénier la grâce de Dieu quand nous avons failli.Nos manquements devraient nous con<strong>du</strong>ire à l’humilité et àDieu.Ce qui fut écrit à propos de l’église de Sardes est peut-être lapire chose que l’on puisse dire contre une église : « Je sais quetu passes pour vivant, mais tu es mort » (Apocalypse 3.1).Si une église est morte, elle est comme le sel dont parle leSermon sur la montagne, qui a per<strong>du</strong> toute saveur et qui estjeté dehors et foulé aux pieds (Matthieu 5.13). Chaque égliseest en danger de s’endormir et de perdre sa vie. Mais Jésusdit que, s’Il trouve la vie ne fût-ce que dans quelques uns, Ilprendra patience et leur donnera le temps de se repentir.Au cours de la brève histoire de notre mouvement, nousavons connu le combat pour la pureté au sein de notre église.Nous avons connu la lutte contre l’absence de vie et contre lefait de passer pour une église vivante alors qu’en réalité elleétait morte. Mais à chaque fois, Jésus nous corrige et nousaccorde le temps de nous repentir, aussi bien en tant qu’églisequ’en tant qu’indivi<strong>du</strong>s.


202 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Un passage de l’évangile est devenu très clair pour nous : nousdevons être le sel de la terre (Matthieu 5.13). Nous avonsréalisé — avec une certaine crainte — combien il est dangereuxpour une église si elle perd la saveur et la force de sonsel. Le sel donne <strong>du</strong> goût à ce qui est insipide, et il empêche ladécomposition. Notre époque a besoin de sel.Nous sommes coupables d’avoir toléré les mauvais espritstrop longtemps. Jésus nous met en garde sévèrement contreles faux prophètes, contre ceux qui parlent de paix là où il n’ya pas de paix et d’amour là où il n’y a pas d’amour.Extrait d’une lettre : Nous devons trouver le moyen de suivrele commandement de Jésus de pardonner à notre prochaincomme Il nous pardonne, mais nous devons aussi être clairset ne laisser rien d’obscur pénétrer dans l’église-communauté.Ceci est parfois source d’une grande tension pourmoi. Paul nous dit, dans son épître aux Colossiens (3.12-17), d’avoir envers notre frère un cœur compréhensif, bonet qui pardonne — et il devrait en être ainsi. Néanmoins, àcause <strong>du</strong> combat spirituel dans lequel nous sommes engagés,il est clair que rien d’obscur ne doit entrer dans l’église.Puisse Dieu nous aider à trouver sa volonté — et seulementla sienne — pour sortir de cette tension.Si Dieu seul règne dans chaque cœur, nous aurons une communautésaine, pleine de joie, de dévouement et d’amour.Chacun sentira cela dans l’ambiance qui règnera dans notrecommunauté. Chaque membre ira demander pardon à celuiqu’il aura blessé ou atteint dans son amour. Et ceci ne sefera pas parce qu’on lui aura dit de le faire, mais par un élanintérieur.


Le combat 203Dans chaque église il faut des voix osant parler au nom <strong>du</strong>Christ, même si cela est douloureux pour la personne qui parleou pour d’autres membres. Cependant, prendre la parole doittoujours être fait par amour <strong>du</strong> Christ, sinon c’est un péché.Jésus est venu sur terre pour détruire l’œuvre de Satan, etIl a des millions d’anges à sa disposition pour l’aider dansce combat spirituel. Cependant, Satan a lui aussi beaucoupd’anges — esprits mauvais, diables et démons — à sadisposition.Ce combat spirituel se présente ainsi : l’Esprit-Saint, quiest l’esprit de Jésus, nous aide à trouver Dieu, ses penséeset son amour. Cet esprit nous aide à surmonter tout mal ettoute émotion impure. En même temps, le diable est à l’œuvredans nos cœurs, nous donnant des mauvaises pensées, despensées d’impureté, de meurtre, d’envie, de méfiance et desoif de pouvoir. Mais nous avons aussi chacun un ange gardien,qui nous protégera si nous continuons à vouloir suivrele bien.Le Christ doit descendre jusqu’aux tréfonds de notre être, plusprofondément que nos pensées conscientes et que nos sentimentshabituels. Toute personne qui a connu quelque lutteintérieure profonde a au moins une vague perception de cela.Avec le Christ, elle peut trouver le courage de croire contre touteincroyance, même lorsqu’elle n’avait aucun espoir de croire enDieu ; avec le Christ, elle peut trouver la force d’espérer, contretoute espérance, de trouver l’amour chez un prochain.Extrait d’une lettre : Je peux comprendre que vous ayez peurde ce que les autres pensent de vous. Mais même si c’est


204 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>compréhensible, c’est un péché. Si nous dépendons complètementde Dieu, nous aurons le courage de tenir tête à quiconqueoffense notre conscience ou celle d’un autre, ou maltraiteune autre personne. C’est un péché que de se taire parcequ’on a peur. Dans ma vie, j’ai souvent commis ce péché, maisj’en ai aussi goûté les fruits amers pour moi-même et pourl’église dans son ensemble.Nous connaissons tous les luttes <strong>du</strong> cœur humain, et pourtant,il nous faut voir au-delà. Il nous faut voir le combat del’église toute entière contre les ténèbres. C’est un combatimmense. Et nous devons aussi le voir dans sa relation aucombat bien plus grand encore de tout l’univers, qui est menépar Dieu, par ses armées de milliers et de milliers d’anges etpar ses étoiles que sont la lumière, la musique et l’harmonie.« Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avecquoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehorset foulé aux pieds par les hommes » (Matthieu 5.13).Si nousvoulons être le sel, nous ne pouvons pas être des diplomates,qui approuvent les arguments <strong>du</strong> mal. Nous ne pouvons pasêtre « impartial ». Il nous faut être absolument et complètementpartial dans notre loyauté envers Dieu et Jésus.Extrait d’une lettre : Nous devons nous décider à être pour Jésus,sinon nous serons contre lui (Matthieu 12.30). <strong>La</strong> situationmondiale nous pousse à prendre position pour le Christ — uneposition contre la violence, l’injustice, la haine et l’impureté.Il nous faut témoigner non seulement en paroles mais aussien actes. Nos vies doivent prouver qu’il y a un autre chemin,un chemin meilleur.


Le combat 205EXTRAIT DE L’ALLIANCE DE LA CÈNE 1Nous nous déclarons unis, sous le jugement et la miséricordede Dieu.Nous faisons le serment de vouloir vivre dans la vénérationde Dieu, de Jésus-Christ et de son Esprit Saint.<strong>La</strong> croix, où nous trouvons le pardon des péchés, est le centrede notre vie.Nous déclarons la guerre à tout outrage envers Dieu, leChrist ou son Eglise.Nous déclarons la guerre contre les abus <strong>du</strong> nom de Dieu,<strong>du</strong> Christ et <strong>du</strong> Saint-Esprit.Nous déclarons la guerre à tout outrage envers l’espritd’enfance de Jésus tel qu’il est présent chez les enfants, etnous voulons lutter pour les enfants plus âgés chez qui cetesprit d’enfance a été en partie per<strong>du</strong>.Nous déclarons la guerre à toute forme de cruauté émotionnelleou physique envers les enfants.Nous déclarons la guerre à toute recherche de pouvoir surles autres, y-compris sur l’âme des enfants. Nous recherchonsl’esprit de l’église et des anges de Dieu.Nous faisons le serment de prier pour que la lumière deJésus libère tous ceux qui sont asservis au mal ou qui sonttourmentés par de mauvaises pensées, et qu’elle nous révèleceux qui servent les ténèbres afin que ceux-ci puissent êtrecon<strong>du</strong>its à la repentance.1L’Alliance de la Cène fut rédigée par Heinrich Arnold et signée par tous lesmembres <strong>du</strong> Bruderhof le 30 décembre 1975 après une année de luttes intenses.Elle avait pour but de clarifier les vues de la communauté sur plusieurs sujetsimportants.


206 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Nous déclarons la guerre à l’esprit de Mammon et à toutfaux amour lié à Mammon.Nous déclarons la guerre à toute grandeur humaine et àtoutes les formes de vanité.Nous déclarons la guerre à tout orgueil, y compris l’orgueilcollectif.Nous déclarons la guerre à l’esprit de rancune, d’envie etde haine.Nous faisons le serment de déposer au pied de la croixnotre propre pouvoir et notre propre « grandeur ».Nous déclarons la guerre à tout avilissement des autres,y-compris de ceux qui sont tombés dans le péché.Nous déclarons la guerre à toute forme de cruauté enversles autres, même s’ils ont péché.Nous déclarons la guerre à toute forme de magie et à toutecuriosité vis-à-vis des ténèbres sataniques.Nous prions d’avoir le courage de nous réjouir si nous souffronsou sommes persécutés pour la justice.Nous prions pour le pardon de nos péchés car sans Jésus,nos cœurs et nos actions ne peuvent être purs.Nous prions de pouvoir vivre pour le monde, comme Jésusl’a exprimé dans le chapitre 17 de Jean : que nous soyons un,comme le Christ est uni au Père, afin que le monde croie quele Christ a été envoyé par le Père (Jean 17.21). Nous demandonsavec le Christ de ne pas être retirés <strong>du</strong> monde, mais d’êtreprotégés des forces <strong>du</strong> mal.Nous prions Jésus-Christ de consacrer notre communautédans sa vérité. <strong>La</strong> Parole <strong>du</strong> Christ est la vérité. Nous prionsqu’Il nous en<strong>voie</strong> dans le monde, afin d’être une lumière pourle monde.


<strong>La</strong> souffrance <strong>du</strong> mondeSi nous cherchons les racines de la souffrance, nous les trouveronsdans le désir de possession et l’esprit de Mammon. Cetesprit est l’esprit de Satan, attaché à faire mourir l’hommedès le commencement, comme le dit Jésus (Jean 8.44). Ilamène les ténèbres et la mort. Beaucoup de ceux qui serventMammon essaient de le dissimuler derrière de merveilleuxidéaux. Mais malgré ces idéaux, les fruits de cet esprit sontl’injustice et la mort — c’est là la cause de la souffrance denotre époque et de tous les temps. Si nous considérons honnêtementla souffrance <strong>du</strong> monde, nous verrons combien elleest étroitement liée à notre propre culpabilité et la culpabilitéde toute l’humanité aujourd’hui. Nous reconnaîtrons égalementque, comme toute cette souffrance est une, nous en faisonspartie et devons souffrir avec tous ceux qui souffrent.Il y a tant de souffrance sur la terre! Si nous sommes remplisde l’amour de Dieu, nous ressentirons cette souffrancenous-mêmes. Nous sentirons quelque chose de la misèredes enfants, des vieillards, de ceux qui ont des problèmesmentaux, des exclus et de ceux qui ont faim. Cependant,si nous ne voyons que la misère <strong>du</strong> monde, notre vision est


208 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>incomplète. Pour l’amour de Dieu, nous devons reconnaîtreet proclamer le fait que la souffrance est le fruit <strong>du</strong> péché etde la culpabilité <strong>du</strong> monde, le fruit de la révolte de l’hommecontre Dieu.Dieu seul connaît la part de péché et la part de souffrancedans la misère <strong>du</strong> monde. Il a été dit que si l’on mettait toutle mal <strong>du</strong> monde sur un côté d’une balance, et toute sa souffrancesur l’autre, la balance serait probablement en équilibre.Je ne sais pas si cela est vrai, mais il est assez clair cependantque le mal et la souffrance vont de pair. Ainsi par exemple, laguerre est péché, mais elle implique aussi beaucoup de souffrance.Dieu voit les deux, le mal et la souffrance.Nous croyons au désir incommensurable de Dieu de sauverl’humanité non seulement de la souffrance, mais aussi <strong>du</strong>péché. Il est irrespectueux de parler de la misère <strong>du</strong> mondesans considérer aussi combien Dieu souffre lui-même <strong>du</strong>péché <strong>du</strong> monde, qui est aussi notre péché.Si ce n’était le désir de Dieu de sauver les hommes par lagrâce de Jésus, il n’y aurait sur la terre que mort spirituelleet physique. Jésus est l’Agneau de Dieu, qui porte le péché <strong>du</strong>monde (Jean 1.29). Il est la réponse, la seule réponse à toutpéché et à toute misère.Si nous considérons les églises d’aujourd’hui, où l’argent atellement de pouvoir et où il y a si peu de compassion enversles pauvres, nous devrions nous sentir appelés à un travail demission plus intense. Nous savons que les premiers chrétiensà Rome nourrissaient les pauvres parmi eux, mais aussi tous


<strong>La</strong> souffrance <strong>du</strong> monde 209les pauvres de la ville 1 . Ils vivaient dans le premier amourde Jésus, et c’est cela qui nous manque. Notre époque nousappelle à retrouver ce premier amour.Extrait d’une lettre : Dans le chapitre 25 de Matthieu, Jésus nousparle de ceux qui ont faim et soif, qui sont nus et qui se trouventen prison. Ces personnes nous concernent également,de même que la faim et la misère dans le monde. Que devonsnousfaire ? Nous vivons trop bien. Nous devrions mangermoins et nous contenter de moins, afin de pouvoir partageravec les pauvres. Les premiers chrétiens jeûnaient un ou deuxjours par semaine pour pouvoir nourrir les affamés. Nous nefaisons pas assez lorsque nous partageons simplement avecnos propres frères et sœurs.Dans chaque communauté, nousdevrions désigner au moins un frère pour aller au-devant despersonnes dans le besoin, afin de leur apporter de la nourritureet des vêtements, de veiller à leur chauffage etc.Extrait d’une lettre : Vous dites que les pauvres n’ont pas de désirde Dieu, qu’ils sont complètement mornes et indifférents ;que vous avez été vous-même dans une maison d’accueilpour clochards, et que ceux-ci ne désiraient rien d’autre quede s’élever et de dominer les autres, etc. Vous dites mêmequ’il ne sert à rien d’essayer d’aider de tels gens, et que detoute façon, ils ne désirent rien d’autre.Cher frère, ceci n’est pas l’esprit d’amour de Jésus. Il est vraique beaucoup de personnes sont intérieurement éteintes,mais cette apathie est l’expression de leur misère. Elle est unsigne, probablement le plus grave, qui nous montre à quel1Eberhard Arnold, The Early Christians (Rifton, NY : <strong>Plough</strong>, 1970), pp. 17-19


210 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>point Satan, ennemi de Jésus et meurtrier dès le commencement,domine le monde. Ne réalisez-vous pas à quel pointcela doit blesser Jésus que nous parlions de la misère de notreprochain avec tant de froideur et de condescendance?Croyez-vous que Jésus avait cette attitude ? Croyez-vousqu’Il serait mort pour nous s’Il avait pensé de la sorte ? Nousne pouvons parler ainsi des pauvres et des opprimés — aucontraire, nous sommes appelés à aimer notre prochain, etparticulièrement celui qui est dans un tel dénuement qu’ilne voit plus d’issue.Extrait d’une lettre : Offrir l’hospitalité pour la nuit à un sansabria toujours été un principe fondamental de nos communautés.Il est arrivé que la police nous amène des sans-abris,même des familles avec des enfants, au milieu de la nuit, etnous avons toujours trouvé le moyen de leur donner uneplace pour dormir.Sous le régime de Hitler, la police secrète nazie nous avaitinterdit de prendre des hôtes. Mais nous les avons informésde ce que jamais nous ne refuserions de loger quelqu’un pourla nuit, même si la police le désapprouvait — jamais nous nerefuserions d’ouvrir la porte à un sans-abri.Notre témoignage n’aurait aucun sens si nous ne voulionsmême pas donner asile pour la nuit à quelqu’un dans le besoin.Mais, le plus important, c’est l’amour. Paul nous dit que, mêmesi nous donnons tous nos biens aux pauvres, cela ne sert à riensi nous n’avons pas l’amour (1 Corinthiens 13.3).Lorsque, dans les premières années de notre mouvement,une fille-mère venait chercher asile chez nous, mon pèrel’invitait toujours à rester deux ou trois nuits. Plusieurs de ces


<strong>La</strong> souffrance <strong>du</strong> monde 211femmes avaient été chassées de chez elles, alors elles restèrentet certaines eurent même leur bébé chez nous. Nous avionsaussi des ivrognes, des voleurs et des gens recherchés par lapolice. Un meurtrier, qui avait fait plus de vingt ans de prison,a vécu parmi nous. Mes parents n’étaient pas inquiets quantaux répercussions possibles de telles situations sur les enfants.Mais jamais nous n’avons été exposés à l’impureté sexuelle.Si les gens qui étaient accueillis se comportaient de manièreindécente, mon père ne le tolérait pas.Aucune de ces personnes ne s’est jointe à notre communauté,et je ne pense pas qu’aucune d’entre elles ne se soitintéressée à nous en tant qu’église. Elles étaient simplementsans abri. Mais mon père ne leur a jamais refusé un toit. <strong>La</strong>Bible nous dit qu’en hébergeant des étrangers, beaucoup ontainsi accueilli des anges sans le savoir (Hébreux 13.3).En ces jours de bouleversements violents dans notre pays,l’extrême droite est très active 1 . En même temps, d’autrespersonnes, luttant avec beaucoup d’idéal pour la droiture etla justice parmi les hommes et les nations, sont très activeségalement. Nous ne pouvons rester à l’écart. Si des gens sontjetés en prison et donnent leur vie pour ce en quoi ils croient,nous ne pouvons qu’avoir le plus grand respect pour eux.Mais nous, nous devrions aussi œuvrer pour une justice quiva plus loin que celle qui est basée sur les droits de l’homme.Je suis inquiet à propos d’un incident qui s’est déroulénon loin de chez nous, et ne sais comment nous devrionsréagir 2 . Un homme de notre voisinage a été battu — il a reçu1Note datée <strong>du</strong> 13 juin 1964.2Note datée <strong>du</strong> 12 avril 1964


212 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>deux coups à la tête — parce qu’il avait retiré des affichesantisémites qui avaient été collées dans des lieux publics. Dequelle manière devrions-nous protester contre une telle violenceet témoigner de l’amour et de la justice ? D’une part, ily a le danger de trop nous impliquer dans la politique, ce quin’est pas notre tâche. D’autre part, nous ne pouvons restersilencieux face à l’injustice dans notre propre voisinage ;nous ne pouvons être complaisants et dire que ce ne sont pasnos affaires. Ayant vécu en Allemagne dans les années trente,je sais ce que cela implique de rester silencieux sur ce genrede sujets. Hitler a pu prendre le pouvoir en l’Allemagne simplementparce que tant de gens n’ont pas osé protester ous’impliquer.<strong>La</strong> direction que prend le monde est grave. Avec la courseaux armements, l’homme se prépare à des tueries comme lemonde n’en a jamais connues. Chaque jour au Vietnam, desgens sont torturés, blessés ou tués 1 . Quelle est notre responsabilité? Il nous faut nous poser cette question avec franchise.Nous avons fait très peu. Nous avons rejoint les manifestationsdans le sud contre l’injustice raciale, et nous noussommes prononcés contre la guerre <strong>du</strong> Vietnam. Nous avonsrencontré nos sénateurs et nos représentants pour leur fairepart de nos inquiétudes à ce sujet — mais tout ceci n’est quepeu de chose.Nous savons que le passé, le présent et le futur sont entreles mains de Dieu, et que si nous nous donnons à Dieu, nousdevons être prêts à souffrir et même à mourir. Des hommes1Note datée <strong>du</strong> 22 août 1965


<strong>La</strong> souffrance <strong>du</strong> monde 213comme Michael Schwerner 1 sont morts pour leur convictionque l’amour entre les hommes devait être renforcé. Nousaussi, nous devons être prêts à souffrir et à mourir si Dieunous le demande.Notre cœur est petit — je le sais de moi-même — maissi nous nous laissons guider par Dieu, nous trouverons laréponse à la question de notre responsabilité. Tout autremoyen échouera. Si l’amour de Dieu anime nos cœurs, notrevie atteindra de nouvelles cimes et de nouvelles profondeurs,et il nous mènera vers l’action juste. Mais nous devons luidemander de toucher notre cœur — aujourd’hui, demain etchaque jour.Etre complaisant face à l’injustice est un péché terrible, c’estpourquoi nous avons beaucoup de respect pour le Mouvementdes droits civiques. Beaucoup de personnes engagées dans cemouvement font des sacrifices pour plus de justice, et certainsont même fait le sacrifice de leur vie. Cependant, lalutte pour les droits civiques en elle-même ne pourra amenerle royaume de Dieu. Cela, nous ne devons pas l’oublier, malgrétout le respect que nous avons pour ceux qui sacrifienttout pour ce combat. C’est quelque chose de beaucoup plusgrand qui doit paraître, quelque chose que nous ne pouvonspas réaliser nous-mêmes : l’esprit de Jésus, qui doit pénétrerle monde entier.Tandis que l’injustice continue d’augmenter, accrochonsnousà l’espérance <strong>du</strong> royaume de Dieu, et cherchons à vivreen accord avec celui-ci, afin d’être les témoins d’une nouvelle1Jeune militant des droits civiques, assassiné dans le Mississipi en 1964


214 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>justice — une justice qui inclut l’amour, même l’amour enversles ennemis. C’est là la réponse aux grands besoins de notreépoque en général, et tout particulièrement sur la scène politiqueet raciale ici, en Amérique.Daniel et tous les autres prophètes — tout comme Jean dansl’Apocalypse — parle des « derniers temps » avant l’avènement<strong>du</strong> royaume de Dieu, quand l’humanité devra faire face au jugementdernier. Les famines et les épidémies des siècles passés,la persécution de nos ancêtres anabaptistes et d’innombrablesautres petites communautés, la guerre de trente ans, le massacredes amérindiens, sont autant d’exemples des souffrancesimmenses qui sont déjà l’accomplissement d’un grand nombrede prophéties <strong>du</strong> jugement dernier. Il en est de même face à laGrande Guerre et à la Seconde guerre mondiale, qui ont probablementété ce que l’humanité a vu de plus horrible. Les derniersjours ont déjà commencé.Il existe une misère infinie sur terre — plus que nous nepourrons jamais le savoir. Elle est en partie économiqueou sociale mais, dans un sens plus profond, il s’agit d’unemisère intérieure, qui entre dans la vie des hommes parles forces obscures de l’injustice, <strong>du</strong> meurtre et l’infidélité.Certains d’entre nous ont cru que des mesures politiques etsociales entraîneraient des changements radicaux dans notresociété — des changements qui répondraient aux besoinsdes hommes. Mais comme nous l’avons constaté mainteset maintes fois, les dirigeants <strong>du</strong> monde d’aujourd’huis’embourbent dans leurs propres mensonges et dans lamalhonnêteté. Le dollar est maître, et partout règnentl’impureté et l’infidélité.


<strong>La</strong> souffrance <strong>du</strong> monde 215Nous savons que nos quelques communautés ne changerontpas le monde. Mais le Christ, lui, le changera, et nous désironsnous consacrer à lui. Il demande notre personne toute entièreet toute notre vie. Il est venu pour sauver le monde, et nouscroyons que c’est lui, et non un dirigeant humain, qui un jourgouvernera le monde. C’est pour lui que nous vivons, quenous nous donnons autant que nous le pouvons, et pour luique nous sommes prêts à mourir.


<strong>La</strong> missionEn tant que fraternité, nous aspirons profondément à allerà la rencontre d’autres personnes en recherche. Mais ceci neveut pas dire que nous devrions tous nous mettre en routepour aller parler aux gens de notre foi. L’apostolat doit êtreun don, un don brûlant et authentique qui vient de Dieu etqui nous con<strong>du</strong>it vers ceux qui veulent entendre. Il ne s’agitpas simplement de prêcher. Nous recherchons une relationpersonnelle et intime avec les gens — quelque chose qui nepeut être réalisé par les hommes. Dieu seul peut nous donnerla parole juste, au bon moment, pour la bonne personne.Gagner de nouveaux membres pour nos communautés nenous intéresse pas, contrairement à ce que l’on pourraitpenser. Si c’était là notre motivation, notre mouvements’effondrerait. Nous désirons rassembler, parce que Jésusnous demande de rassembler. Lorsque mon frère Hardy étaitétudiant à l’université de Tübingen dans les années trente,mon père lui avait demandé d’y organiser quelques conférences.Hardy avait fait de grandes affiches, annonçant quele Dr Eberhard Arnold viendrait parler de notre mouvement.Mais mon père dit : « Il ne s’agit pas de cela. Je parlerai de la


<strong>La</strong> mission 217cause de Dieu, je ne mentionnerai pas notre mouvement. »C’est la cause de Dieu qui devrait être notre souci principal.Nous aspirons profondément à avoir des contacts avec plusde gens, mais tous nos souhaits et nos aspirations doiventêtre soumis à un seul désir : qu’à tout moment, en tout lieu,la volonté de Dieu soit faite, et non la nôtre. Nous devonsnous soumettre à cela librement. Ces dernières années nousont montré — ou auraient dû nous montrer — notre propreincapacité, notre péché et notre impuissance. L’apostolatdépend de cette question : notre foi est-elle vivante ou non.Veillons à ne pas partir en mission en comptant sur nosforces humaines. Les gens entendent suffisamment de sermons; trop de personnes s’en vont prêcher de leur propreinitiative. Je suis pleinement pour l’apostolat, mais uniquementsi c’est Dieu qui nous y incite, et non pas notre ego.Dans l’église primitive, où le véritable apostolat était particulièrementvivant, il y avait deux conditions importantes :les croyants étaient parfaitement unis de cœur et d’esprit, etils étaient repentants. Il nous faut trouver cette unité parfaite<strong>du</strong> cœur, de l’esprit et de l’âme, et nous devons trouverl’humilité et la repentance de Paul.Nous ne pouvons nous dérober au commandement del’apostolat. Afin de rester vivante, une église doit envoyerdes missionnaires — parfois deux par deux, comme dansl’église primitive et chez les anabaptistes <strong>du</strong> 16ème siècle. <strong>La</strong>cité doit être bâtie sur la montagne, et sa lumière doit brillerpour les hommes. Le monde reconnaît-il réellement à traversl’église d’aujourd’hui que le Père a envoyé Jésus-Christ dans


218 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>le monde ? N’avons-nous pas une responsabilité énorme ?« Allez dans le monde entier et annoncez la bonne nouvelle àtous les hommes. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé,mais celui qui ne croira pas sera condamné. » (Marc 16.15-16)Il est peu probable qu’il y aura une nouvelle Pentecôte, où desmilliers seront baptisés en un seul jour. Mais nous avons unimmense désir : que les graines de la Parole de Jésus puissentêtre semées dans notre société corrompue, même si nousdevons laisser à Dieu le fait qu’elles grandissent et portentou non <strong>du</strong> fruit. Les douze apôtres ont beaucoup accompli —mais ils avaient été envoyés avec l’autorité <strong>du</strong> Christ. Rien desemblable ne s’est jamais pro<strong>du</strong>it depuis.Je sais que pour ce qui est de l’apostolat, on ne peut forcerles choses, mais j’aspire tant à ce que la graine soit semée,que les hommes s’éveillent, qu’ils aiment Jésus et observentses paroles. Alors, Jésus viendra vers eux et demeurera aveceux.Prions pour que, chaque fois que nous prononçons le nom<strong>du</strong> Seigneur et que nous proclamons l’évangile, nous le fassionsavec le feu <strong>du</strong> Saint-Esprit. C’est ce dont notre époquea besoin, ce dont a besoin notre pauvre terre, qui fut visitéepar le Fils de Dieu et que celui-ci n’a pas oubliée.<strong>La</strong> croix est profondément plantée dans la terre. Elle estdressée vers le ciel, mais ses bras ouverts expriment la faimet la soif de Jésus pour tous les hommes. Il dit : « Et moi,quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes àmoi » (Jean 12.32).


<strong>La</strong> mission 219Il semble y avoir une certaine contradiction dans notre vie.D’un côté, nous aimerions étreindre l’humanité toute entière.Si c’était possible, nous aimerions convaincre des milliers, desmillions de personnes de vivre comme des frères et sœurs enJésus-Christ. Nous désirons qu’un maximum de personnesvienne à nous, pour que nous puissions partager avec elles.Et nous voulons que notre désir d’apostolat se fasse encoreplus ardent. Mais par ailleurs, nous préférons avoir deux outrois membres totalement engagés, plutôt que des centainesqui ne le sont pas. Nous ne voulons pas que le sel de notretémoignage se perde. Nous préférerions être un petit groupe,qui a un véritable amour pour le Christ et une foi réelle enlui, plutôt qu’un groupe rassemblant des masses mais où règnentla jalousie et la haine.D’après les trois premiers évangiles, les douze apôtres furentenvoyés en mission avec les paroles suivantes : « Allez doncauprès des hommes de toutes les nations et faites d’eux mes <strong>disciple</strong>s; baptisez-les au nom <strong>du</strong> Père, <strong>du</strong> Fils et <strong>du</strong> Saint-Esprit »(Matthieu 28.19 ; Marc 16.15 ; Luc 24.47). Dans l’évangile deJean, Jésus parle d’une autre forme de mission : « Je prie pourque tous soient un. Père, qu’ils soient unis à nous, comme toitu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un pour que le mondecroie que tu m’as envoyé » (Jean 17.21).Ceci est tellement important pour nous aujourd’hui. Jésusici ne met pas l’accent sur la prédication de l’évangile pourgagner des âmes, mais sur l’unité, « pour qu’ils soient parfaitementun et que le monde reconnaisse ainsi que tu m’asenvoyé » (Jean 17.23). Dans cette prière, c’est l’unité des <strong>disciple</strong>squi constitue l’apostolat.


220 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>L’unité se fait au prix d’un combat, au prix de la disciplinede l’église et de la souffrance ; elle exige, de manière sanscesse renouvelée, le pardon, la confiance et l’amour enversles personnes qui nous ont blessés. Si l’unité est forte entrenous, elle rayonnera vers l’extérieur, dans le monde. Nous nesavons pas comment, mais cela se fera.Nous devons désirer ardemment que notre cercle rayonnede plus en plus l’amour, afin de pouvoir envoyer des frèreset des sœurs en mission à partir d’une église-communautéunie. Tant que nous ne pouvons faire cela, c’est que nous nevivons pas encore exclusivement pour l’amour. Lorsque nousn’avons pas la force de partir en mission, c’est un signe quenotre église n’est pas entièrement consacrée à l’amour, et cecidevrait nous rendre humbles.Nous vivons en communauté parce que nous voulons êtrefrères et sœurs. Voilà notre premier appel : être des frères,même pour les plus petits, afin que personne ne soit mépriséet que personne ne soit laissé dans le besoin. Nous sommesici pour prendre soin de nos enfants, de nos frères et sœurs,de nos membres âgés, des veuves et des orphelins. Notrevocation première n’est pas d’aller chercher des gens dans lesbidonvilles ; cela pourrait même nous détruire. Si chacun denous devait se disperser, ce serait la fin de notre mouvement,qui deviendrait alors une organisation comme une autre,consacrée au travail social.Si nous considérons notre état de <strong>disciple</strong> à la lumière desparoles de Jésus, lorsqu’Il parle de ramener les mort à lavie et de chasser les mauvais esprits (Matthieu 18.5 ; Marc


<strong>La</strong> mission 22116.18), nous verrons que, spirituellement, nous sommes uneéglise très pauvre. Ceci doit nous rendre humbles, mais nonpas résignés.Dans sa dernière lettre, mon père écrit : « Nous n’avonspas encore atteint au véritable apostolat, mais il devient deplus en plus urgent de le solliciter par la prière. » Je sais qu’ilespérait que cet apostolat — ramener les morts à la vie etchasser les mauvais esprits — serait à nouveau accordé ànotre époque. Peu lui importait qu’il lui fût accordé à lui, personnellement,ou à nos communautés, mais il souhaient qu’ilfût accordé quelque part.Extrait d’une lettre : J’aspire ardemment à la mission apostolique— aller le long des routes et inviter les gens au grandfestival <strong>du</strong> royaume de Dieu. Mais chaque jour vécu dansl’unité véritable est également un apostolat. Lisez Jean 17, oùJésus dit que, par l’unité et l’amour de ses <strong>disciple</strong>s, le mondereconnaîtra que le Père l’a envoyé. Il n’y a pas de vision plusgrande que celle-ci. Si seulement nous combattons pour cetteunité, Dieu nous donnera la force de réaliser les deux formesd’apostolat, et chaque membre y prendra part.Extrait d’une lettre : <strong>La</strong> sévérité tranchante de certains passagesde l’évangile n’est plus prêchée dans le christianismed’aujourd’hui. Jean-Baptiste commença son message avec cesparoles : « Race de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère quivient ? Accomplissez donc des actes montrant votre repentir,et ne pensez pas que vous n’avez qu’à vous dire à vous-mêmes :«Abraham est notre ancêtre» » (Matt 3.7-9).Je considère qu’il est de ma vocation et de mon devoir deproclamer l’évangile avec la même fermeté, mais aussi avec la


222 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>même bonté et la même compassion que l’on trouve dans leNouveau Testament.Jésus envoya ses <strong>disciple</strong>s sous le signe de l’Agneau. Celuiqui a vécu des pressions, et spécialement des pressions religieuses,saura pourquoi Il fit cela. Cela devient encore plusclair si l’on pense à la colombe, symbole de l’esprit de Dieu.L’Esprit descendit sur Jésus comme une colombe : ni dansla force, ni dans la contrainte ou la malveillance, incapabled’attaquer et sans forcer son libre-arbitre. Voilà le caractèrede la mission apostolique : aucune coercition, aucune pression,aucune persuasion. Jamais la personnalité la plus fortene doit dominer la plus faible, elle doit être aussi inoffensivequ’une colombe. Cependant, lorsqu’Il dit : « Soyez innocentscomme des colombes », Jésus dit aussi : « Soyez prudentscomme des serpents. » (Matthieu 10.16).A cette époque corrompue, la responsabilité de l’égliseest d’appeler les hommes à une vie en Dieu et en Jésus. Sinous regardons la société d’aujourd’hui, nous nous rendonscompte que l’humanité est totalement corrompue et qu’ellen’est pas <strong>du</strong> tout réconciliée avec Dieu. <strong>La</strong> réconciliation n’estpossible qu’à travers la croix. Sans Jésus, sans sa souffranceet sa mort, personne ne peut trouver Dieu.Beaucoup d’entre nous désirent ardemment que notreéglise parte en mission apostolique, et j’en suis heureux.Mais si ce n’est pas Dieu qui nous en<strong>voie</strong>, comme il envoyaPaul, nous ne serons capables d’aucun apostolat, mêmesous la forme la plus humble. Au moment de la conversionde Paul, Jésus lui dit : « Je t’en<strong>voie</strong> pour que tu leur ouvresles yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière, et <strong>du</strong>


<strong>La</strong> mission 223pouvoir de Satan à Dieu, afin qu’en croyant en moi, ils reçoiventle pardon de leurs péchés et une place parmi ceux quiappartiennent à Dieu » (Actes 26.18). Voilà le but de la mission.Il est clair qu’elle ne peut jamais être une entreprisehumaine. Nous en sommes incapables — absolument incapables— sans une relation profonde et intime avec Dieu,avec Jésus et avec l’église.En ce qui concerne notre participation aux différents mouvementsde protestation sociale, j’espère qu’il nous sera donnésuffisamment de discernement pour reconnaître ce qui vientde Dieu, et l’encourager, et pour rejeter ce qui est mauvais.Nous devons rester ouverts pour recevoir, mais en mêmetemps nous devons témoigner d’une véritable fraternité.


LE ROYAUMEDE DIEU


JésusJésus fut le serviteur souffrant. Sa vie débuta dans une humbleétable et se termina par la mort — au seul nom de l’amourparfait — sur une croix, entre deux criminels. Il fut vraimenthomme, tout en étant Dieu ; Il fut le Verbe devenu chair ; Ilfut Fils de Dieu mais Il se dit aussi le Fils de l’Homme.Jésus-Christ est le rédempteur qui vient à nous, hommesfaibles et pécheurs. Il nous libère <strong>du</strong> péché et des puissancesdémoniaques. Il fait de nous des hommes véritables. Il est leguérisseur qui guérit sans rien demander en échange. Il est lavraie vigne, l’arbre vivant. Il reste le même, hier, aujourd’huiet pour toute l’éternité. Jésus est le cœur même de la compassion,l’ami de l’homme, celui qui appelle à une vie nouvelle.Il est le vrai et le bon berger, le roi <strong>du</strong> Royaume de Dieu. Onl’appelle le merveilleux conseiller, le Dieu puissant, le Pèreéternel et le prince de la paix.Le Christ est la puissance qui rassemble : « Combien defois ai-je désiré rassembler tes enfants, comme une poulerassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous ne l’avezpas voulu » (Luc 13.34). Sa dernière prière fut pour l’unitéet l’amour entre ses <strong>disciple</strong>s. Sa nouvelle vie triomphe desséparations, con<strong>du</strong>it à la communauté et rend les hommes


226 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>un de cœur et d’esprit. Il est la révélation de l’amour de Dieuet de son royaume.Nous devons faire l’expérience de Jésus dans notre cœur etdans notre âme. Mais il nous est demandé bien plus encore :nous devons faire l’expérience de Jésus comme Seigneur detoutes choses, roi de toutes les principautés et de tous lesmondes divins. Nous devons concentrer notre cœur, notreesprit et notre âme sur la vision de son royaume et sur lui,Celui qui vient.Extrait d’une lettre : Je sais que certains concepts bibliques sur leChrist vous posent problème. Cependant, si vous ne voulezpas <strong>du</strong> Christ tout entier, même ce que vous en acceptez vousglissera entre les doigts et vous vous retrouverez sans rien. Jevous confie ceci avec amour et par souci pour vous.<strong>La</strong> question, en fin de compte, se ré<strong>du</strong>it à ceci : acceptezvousJésus-Christ, qui est né, par l’Esprit-Saint, de la ViergeMarie ? Toute puissance lui est accordée, sur la terre commeau ciel, et Il est venu dans ce monde pour réconcilier l’universen lui, en versant son sang sur la croix.<strong>La</strong> foi dans le Christ suppose que nous sommes prêts àcroire en des mystères que nous ne pouvons ni voir, ni sentir,ni comprendre avec notre intellect stupide.Je me demande souvent si nous avons le Christ tout entiersuffisamment à l’esprit. Pour tout chrétien — aussi bien surle plan indivi<strong>du</strong>el que celui des églises — le danger existe dene faire l’expérience que d’une partie <strong>du</strong> Christ, de n’accepterqu’une partie de son message et de rester fidèle à cela. Il nousfaut trouver et servir le Christ tout entier. Je suis incapablede dire : « le Christ tout entier, c’est ça. » Même si nous


Jésus 227apprenions tout l’évangile par cœur, nous ne pourrions pasprétendre avoir le Christ en entier. Seul l’Esprit Saint estcapable de nous le révéler.Jésus perçoit le mal dans une personne d’une manière sitranchante et si claire que l’on pourrait croire que cette personnen’a pas d’amour en elle ; et pourtant, l’espoir de Jésuspour la personne est si grand que l’on pourrait croire qu’iln’y a aucun mal en elle. Dans le Nouveau Testament, noustrouvons simultanément les paroles de condamnation éternelleles plus sévères et l’amour le plus tendre.Il nous faut tout aimer en Jésus : sa sévérité et sa compassion.En aimant sa sévérité, nos cœurs seront purifiés etémondés ; mais nous ne pourrions pas vivre si son amour, sacompassion et sa pitié n’étaient plus grands encore.C’est une erreur de penser que Jésus n’était que fort et courageux.Il fut crucifié dans la faiblesse, et ceci est un profondmystère. Il s’est fait faible par amour pour nous tous, pour lespéchés <strong>du</strong> monde, et pour amener la réconciliation et la victoirede Dieu sur la terre et au ciel. C’est pour cela que nousl’aimons.Jésus fut crucifié dans la faiblesse, mais aujourd’hui, Il vitdans la puissance de Dieu. Nous aussi, nous sommes faiblescomme Il le fut, et pourtant, par la puissance de Dieu, nouspouvons devenir unis à lui et pleins de vie.Si nous sommes orgueilleux, nous ne pouvons pas vivrepar la puissance de Dieu, car quand nous nous sentons fortsde corps et d’esprit, nous lui faisons obstacle. Mais lorsquenous sommes faibles, il n’y a pas d’entrave.


228 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Dans le chapitre 15 de Jean, Jésus parle <strong>du</strong> fond <strong>du</strong> cœur del’unité de ses <strong>disciple</strong>s. Il se compare à une vigne, et Il compareson Père au vigneron qui ôte de la vigne toute branchequi ne porte pas de fruits et taille celles qui en portent, afinqu’elles pro<strong>du</strong>isent encore plus.Le Sauveur ne nous laisse pas dessécher en nous coupanttout à fait de la vigne. Mais plutôt, Il nous purifie, et nousrattache à sa vigne. Nous devons vivre cette expérience depunition et de jugement, car Jésus dit que quiconque porte<strong>du</strong> fruit, Il le purifie. Quand un vigneron taille les branches,il se sert d’un couteau. Il nous faut prier pour que le couteaupénètre profondément dans notre cœur, même si c’est trèsdouloureux, afin que, purifiés par lui, nous puissions êtregreffés sur la vraie Vigne.Notre Sauveur dit : « Demeurez en moi et je demeureraien vous. » J’aspire ardemment à ce que nous demeurionstous en lui et lui en nous. Il n’y a rien de plus grand, rien deplus merveilleux, rien de plus joyeux que l’unité avec Jésus-Christ.Lorsque les anges apparurent aux bergers, ils dirent : « Cettenuit, dans la ville de David, un Sauveur vous est né » (Luc2.11). Il nous faut prendre cela à cœur : un enfant vous estné. Il ne s’agit pas de croire seulement qu’un enfant est né àBethléem, mais qu’un enfant nous est né. Nous devons croirececi très personnellement : Jésus est venu pour chacun denous.<strong>La</strong> vie de Jésus commença dans une étable et se termina surla croix entre deux criminels. L’apôtre Paul a dit qu’il ne voulaitproclamer rien d’autre que ce Christ crucifié.


Jésus 229Nous non plus, nous n’avons rien d’autre à quoi nous raccrocherque ce Christ. Nous devons, encore et toujours nousposer la question : sommes-nous prêts à suivre son chemin,de l’étable jusqu’à la croix ? Jésus n’a pas promis à ses <strong>disciple</strong>sle confort et <strong>du</strong> bon temps — Il dit que nous devonsrenoncer à nous-mêmes, et souffrir avec et pour lui. C’est laseule façon de le suivre, mais derrière cela se cache la vie danstoute sa gloire — l’amour ardent de Dieu, infiniment plusgrand que nos cœurs et nos vies.Extrait d’une lettre : Jésus fut un homme fort, d’une manièrenouvelle. Il était à la fois très faible et très fort. Il n’eut pashonte de verser des larmes sur Jérusalem, qu’Il voulait rassemblercomme une poule rassemble ses poussins ; Il n’eutpas peur de pleurer en public à la résurrection de <strong>La</strong>zare ; etIl n’eut pas peur de montrer son agonie à Gethsémani. Toutceci ne faisait pas de lui un homme « fort » dans le sens où lemonde l’entend. Et pourtant, l’amour de Jésus était si grandqu’Il fut capable de supporter la douleur la plus atroce etl’abandon de Dieu, et dans sa force, Il accomplit la tâche quele Père lui avait confiée.Dans la véritable faiblesse nous devenons impuissants, etdans la véritable impuissance nous trouvons la force. C’estcela le secret.Chacun de nous doit avoir une relation personnelle avecJésus. Jeune homme, je n’arrivais pas à comprendre pourquoiles sentiments de joie et d’amour que j’avais éprouvésaprès ma conversion n’avaient pas <strong>du</strong>ré. J’en étais très troubléet interrogeai mon père à ce sujet. Il me dit : « Tu ne peuxpas fonder ton christianisme sur des sentiments. Il y a des


230 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>moments où l’on doit continuer d’avancer sans rien ressentirde profond. »Paul compare la relation <strong>du</strong> Christ et de son église avecle mariage, qui parfois apporte la joie et parfois la tristesse.L’essentiel est la fidélité à la relation ; les sentiments ne serontpas toujours les mêmes. Lorsque nous sommes rappelés aupremier amour, cela peut nous donner une joie immense,c’est un don de Dieu. Ce sentiment ne <strong>du</strong>rera pas toute la vie.Mais si nous restons fidèles, notre relation avec le Christ nechangera pas, même si nous avons à traverser des périodes desouffrance et de larmes, de chagrin et de vide.Jésus dit : « Celui qui m’aime gardera ma Parole et mon Pèrel’aimera ; mon Père et moi viendrons à lui et nous feronsnotre demeure chez lui » (Jean 14.23). Il n’y a rien de plusintime que de demeurer dans le cœur d’un autre.Jésus dit aussi : « Si vous ne mangez pas la chair <strong>du</strong> Fils del’homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pasla vie en vous » (Jean 6.53-56). C’est un Evangile d’une unitéparfaite ; il exclut la possibilité d’un demi-engagement. Jésuspréfère un cœur glacé à un cœur tiède.Quand nous aimons quelqu’un, nous désirons connaître sonêtre profond. Le connaître uniquement dans son aspect extérieurne nous satisfait pas. Il en est de même avec l’amourenvers Dieu. Si nous nous abandonnons à lui, nous apprendronsà connaître son être profond, son cœur, son caractèreet son amour. Il ne suffit pas seulement de parler de Dieu.Nous cherchons sa révélation. <strong>La</strong> Bible dit que le Seigneurpunit ceux qu’Il aime, car c’est un signe de son amour. Si nousn’acceptons pas la sévérité de Jésus, nous ne pouvons faire


Jésus 231l’expérience de la libération totale qu’amène le pardon despéchés. Si nous l’acceptons, nous pourrons alors éprouveraussi sa bonté, sa compassion et son amour infini.Il y a une certaine relation subjective de l’homme avec Jésusque nous rejetons car cette subjectivité oublie la grandeur deDieu et de l’église, comme si seules mon âme et ma rédemptionétaient importantes. Mais rejeter notre relation intimeavec Jésus parce qu’elle est subjective serait aussi une erreur— nous devons faire l’expérience de son amour, de sa mortsur la croix et de son pardon d’une manière personnelle.Tout ce dont nous avons besoin pour trouver Dieu nous estdonné à travers le Christ. Mais cela ne sert à rien de vouloircomprendre cela par notre intellect, ni d’apprendre la Bibleou des prières par cœur. Jésus doit venir au plus profond denotre cœur afin que nous soyons touchés par sa personne.Il compare cette expérience à manger son corps et boire sonsang. C’est le contraire d’une expérience uniquement intellectuelle.C’est une expérience qui vient <strong>du</strong> fond <strong>du</strong> cœur.Etre véritablement <strong>disciple</strong> exige un amour tel pour Jésusque tout autre amour — même celui pour notre femme etnos enfants — parait petit en comparaison. Nous devons tellementl’aimer que même la plus petite partie de son évangileprend pour nous une importance capitale. Nous devons toutaimer en lui : sa mort, sa résurrection, son jugement et sonfutur royaume éternel. Mais nous devons par-dessus toutaimer sa vie intérieure, dans ce qui nous en a été révélé àtravers sa vie et sa mort. Cette vie intime est l’esprit de Dieu.<strong>La</strong> plus grande tâche d’un chrétien est d’aimer Jésus, de le


232 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>reconnaître et d’apprendre à le comprendre dans le tréfondsde son être.Jésus désire que nous aimions tout en lui — ses actes, sesparaboles, son rejet de Mammon et des biens de ce monde,sa pureté de cœur et sa fidélité dans les relations, la tristesseet la souffrance que lui cause l’injustice, sa mort avec descriminels — mais plus que tout le reste, Il désire que nousl’aimions lui, personnellement, son cœur et son sang.Les juifs avaient de la difficulté à accepter l’idée de boire lesang de Jésus et de manger sa chair, car la loi de Moïse défendaitde boire <strong>du</strong> sang. Jésus cependant voulait montrer à ses<strong>disciple</strong>s une unité et une communauté qu’Il ne pouvait quecomparer avec le corps et le sang. En fait, Il parle de la communionéternelle avec lui dans le royaume de Dieu.Jésus est venu comme un médecin pour les malades etcomme un berger pour ceux qui sont per<strong>du</strong>s ; Il n’est pas venuque pour les justes. Il est l’amour de Dieu à l’œuvre sur la terre.Si nous comprenons cela réellement, nous saurons que suivreJésus signifie souffrir. Ce ne peut être un chemin facile.Extrait d’une lettre : Consacrez-vous tous les jours à la personnede Jésus. Alors il vous sera possible de brûler pour lui etd’abandonner toute préoccupation personnelle.Lorsque Jésus était sur terre, Il promit qu’Il reviendrait pourfonder le royaume de Dieu, un royaume de paix et d’amour.Dans la parabole des dix vierges, cinq d’entre elles étaientprêtes, mais les cinq autres n’avaient pas d’huile, pas d’amourbrûlant pour Dieu et pour leur prochain. Les vierges insenséespossédaient la lampe, dans sa forme extérieure, mais


Jésus 233leur feu intérieur avait disparu. Jésus dit qu’Il ne les connaissaitpas et qu’elles ne pourraient entrer dans le royaume.Cette parabole s’adresse à notre époque, car il y a presque2000 ans que Jésus vécut sur la terre, et nous nous sommeshabitués à attendre. Le monde continue comme avant. Maisle temps viendra où nous souhaiterons avoir de l’huile.Si nous voulons être les <strong>disciple</strong>s <strong>du</strong> Christ, il nous faut êtreprêts à tout en<strong>du</strong>rer dans la foi et à renoncer à tout, commelui l’a fait. L’abandon total <strong>du</strong> Christ crucifié doit sans cesseêtre proclamé dans l’église, à chaque nouvelle génération.Extrait d’une lettre : Je remercie Dieu que vous ressentiez un peude la réalité de Jésus dans votre vie. Nourrissez cette petiteflamme, et laissez-la grandir. Jésus ne peut entrer dans votrecœur que dans la mesure où celui-ci a été vidé de toute autrechose. Quand un seau d’eau est plein, vous ne pouvez rieny ajouter ; mais si on le vide, il peut être rempli. Vous devezdevenir vide. Jésus vous touchera, même s’il n’y a qu’un peude place pour lui.Extrait d’une lettre : N’oubliez jamais que votre cœur doit êtrevide et pauvre en esprit pour que Jésus y règne — vous nepouvez garder pour vous-même aucun recoin caché. Regardeztout <strong>du</strong> point de vue de Jésus et non <strong>du</strong> vôtre. Ce que vouspensez ou éprouvez n’a pas d’importance. Ce qui importe,c’est la volonté de Jésus. Si vous vous abandonnez à lui, tousvos sentiments changeront.Extrait d’une lettre : Si vous désirez vraiment ne servir que Jésus,manifestez-le dans vos actes : dans la manière d’élever vos


234 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>enfants, dans votre attitude vis-à-vis de votre mari, et dansvotre attitude vis-à-vis de l’église. Il n’est pas vrai que vousêtes une pauvre personne, comme vous l’écrivez. J’aimeraisque vous le soyez, car Jésus dit : « Heureux les pauvres enesprit ». Par moments vous êtes très riche — riche en opinionset remplie d’amour-propre et d’estime de vous-même.Devenez véritablement pauvre.Extrait d’une lettre : Je sais que Dieu vous a donné un cœur quiaime, mais votre vieille nature doit mourir afin que vouspuissiez accueillir son amour. Alors Il pourra se servir devous tel qu’Il vous a créé. Mourir avec le Christ ne veut pasdire s’éteindre. Cela veut dire lui offrir notre être le plus profond,déposer nos péchés au pied de la croix, et devenir unavec celui qui est mort pour nous.Quand un grain de blé est mis en terre, il meurt. Il nedemeure pas grain, mais à travers la mort, il porte <strong>du</strong> fruit.Voilà la <strong>voie</strong> <strong>du</strong> vrai christianisme. C’est la <strong>voie</strong> de Jésus quiest mort sur la croix pour chacun de nous. Si nous voulonsque nos vies deviennent des fruits de la mort de Jésus sur lacroix, nous ne pouvons rester des grains indivi<strong>du</strong>els. Nousdevons être prêts à mourir, nous aussi.Ayez toujours Jésus-Christ devant vous, afin de pouvoirmourir pour lui! Aspirez à venir toujours plus près de lui.Vivez dans le même esprit — à son service — afin que lagrâce de Dieu soit toujours avec vous. Alors vous serez pleinde joie, même si le jour vient où vous devrez verser votre sangpour lui. Ce ne sera que victoire!


Jésus 235Jésus dit que si nous l’aimons et suivons ses commandements,Il nous aimera et se révélera à nous. Ceci n’est pas unequestion de théologie ou de doctrine, mais une question devie — celle de recevoir Jésus en tant que personne réelle, entant que Fils de l’Homme qui désire nous aimer et se révélerà nous. Si nous demeurons en lui, Il demeurera en nous, etnous pourrons dire comme l’apôtre Paul : « Ce n’est plus moiqui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi » (Galates 2.20).Il ne faut pas chercher à expliquer ni à comprendre la façondont Dieu a envoyé son fils dans le monde. Jean dit simplementque le Verbe s’est fait chair. Ce Verbe, c’est son amour,et Il l’a manifesté par l’Esprit Saint à travers Marie. Ce n’estque dans ce sens-ci que nous pouvons commencer à comprendrele mystère de la naissance virginale.Nous prions afin de pouvoir voir le vrai Christ. Nous prionspour qu’Il nous soit révélé tel qu’Il fut — d’abord un bébé nédans une étable à Bethléem, puis un condamné suspen<strong>du</strong>à la croix entre deux criminels au Golgotha — tel qu’Il estaujourd’hui — à la tête de toutes choses, et particulièrementde son église — et tel qu’Il sera à la fin des temps — celui quijuge les vivants et les morts, l’époux au grand repas dans leroyaume de Dieu.Sommes-nous prêts à suivre ce même chemin de souffrancede Jésus sur terre ? Voulons-nous nous donner sitotalement à lui que nous sommes prêts à être persécutés,battus ou même tués pour lui ?Jésus-Christ ! Il doit rester le centre à tout moment. L’églisene peut être notre centre, car un corps sans tête est mort. Ilnous faut constamment nous ressourcer de l’intérieur — je


236 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>veux dire par là qu’il nous faut sans cesse de nouvelles rencontresavec Dieu et avec le Christ. Ceci doit se pro<strong>du</strong>ire dansnos réunions de prières ainsi que dans le cœur de chacun.Renaître signifie la présence <strong>du</strong> Père en nous, et cela se fait àtravers le Saint-Esprit.LA PAROLE VIVANTE« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprèsde Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencementprès de Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et sans lui,rien n’a été fait » (Jean 1 : 1-3).Le Verbe est l’expression personnelle de Dieu. Il est devenuchair et Il a demeuré parmi nous en tant qu’homme — celuiqui était et qui est le Christ. C’est avec sa Parole que Dieuparle aux cœurs des hommes et qu’Il les juge. Et lorsqu’ilsrecevront la parole et qu’ils se repentiront — lorsqu’ils ressentirontbeaucoup de douleur et de remords pour l’injusticeet les fautes qu’ils ont commises, pour leurs mensonges,meurtres, impureté et ténèbres — alors le royaume viendra.Rien, absolument rien ne peut nous aider, si ce n’est la Parolede Dieu. Par la Parole nous ne voulons pas entendre les lettresmortes de la Bible. Il est vrai que la Bible, qui contientles paroles de Jésus et des prophètes par écrit, est le livre leplus sacré qui existe. Mais la Bible en elle-même n’est pas laParole, elle n’en est que le témoignage. Lorsque nous lisonsla Bible et que nous sentons que Dieu parle directement ànotre cœur, quand quelque chose commence à brûler dansnotre cœur, c’est cela, la Parole vivante. L’Esprit apporte lavie, mais la lettre morte tue.


Jésus 237<strong>La</strong> lettre morte de l’Ancien et <strong>du</strong> Nouveau Testaments estl’arme de l’Antéchrist. Il vient toujours avec la Bible à la main.Lorsque les catholiques romains persécutaient les anabaptistesau temps de la Réforme, ils venaient la Bible à la mainpour les noyer, les décapiter ou les pendre.En ce qui concerne la Parole, ce qui importe n’est pas ceque nous pensons ou ressentons ni ce que nous mémorisons— même si nous connaissons toutes les paroles deJésus telles que rapportées dans le Nouveau Testament —mais c’est que ses paroles soient gravées dans nos cœurs parDieu Lui-même. C’est cela l’Evangile.Sommes-nous prêts à entendre la Parole de Dieu, qui coupebien plus fort qu’une épée à double tranchant ? L’épître dePaul aux Hébreux dit : « Car la parole de Dieu est vivante etefficace ... et c’est à lui que nous devons rendre compte. » Ilparle aussi de l’acuité qui coupe et partage jointures et moelle.Mais ensuite, il dit qu’en Jésus nous avons quelqu’un qui a dela compassion pour notre faiblesse, nos peurs et notre misèreintérieure — quelqu’un qui comprend. Si nous sommesprêts à offrir notre cœur à cette épée tranchante, nous trouveronsJésus. Mais si nous la rejetons, nous serons rejetésnous-aussi.Jésus dit que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais detoute parole venant de la bouche de Dieu. Notre Dieu n’estpas un Dieu silencieux. <strong>La</strong> Parole n’est pas rigide, comme sielle était coulée dans le fer ou enfermée dans un livre — pasmême lorsque ce livre est la Bible. <strong>La</strong> Parole ne contreditjamais les prophètes de l’Ancien Testament ni le Nouveau


238 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>Testament, mais elle est révélée sans cesse aux cœurs deshommes. Elle nous apporte toujours de nouvelles révélationset rend toutes choses vivantes pour nous. Nous ne pouvonspas vivre sans la Parole vivante de Dieu.Extrait d’une lettre : Je me réjouis que la Bible soit devenuevivante pour vous. C’est tellement important : non pas la lettremorte mais le Jésus vivant. Puisse-t-il brûler dans noscœurs et dans nos vies. Alors nous ne serons plus préoccupésde nos activités extérieures au point que notre vie intérieureen souffre. Lorsque Jésus devient le centre de notre vie, notrevie intérieure devient comme une flamme qui brûle pour lui.LE SAINT-ESPRITLe Saint-Esprit est comme l’eau, qui cherche l’endroit le plusbas. Il ne vient que dans le cœur brisé et humble.Le grand événement de la Pentecôte — la fondation d’uneéglise vivante par la venue <strong>du</strong> Saint-Esprit — est un défi pournous tous. Nous voyons à travers cet événement que lors del’effusion de l’Esprit sur un groupe de <strong>disciple</strong>s qui attend, il sepasse quelque chose qui influence le monde entier. L’attentedes <strong>disciple</strong>s était si grande qu’en un seul jour, trois mille personnesfurent ajoutées à leur nombre (Actes 2 .41).A notre époque où tant d’esprits maléfiques sont à l’œuvre— des esprits d’impureté et de destruction, d’injustice, derébellion et de meurtre — nous avons plus que jamais besoin<strong>du</strong> don <strong>du</strong> Saint-Esprit. Chaque fois que nous sommes rassemblés,que ce soit pour le travail, pour la prière, dans noschants ou dans nos temps de silence, nous devons attendre


Jésus 239l’Esprit. Mais nous ne devons pas l’attendre pour nousmêmesuniquement — il nous faut voir beaucoup plus grand.Prions pour que l’Esprit de Dieu se répande sur l’impiété dela terre entière.L’expérience <strong>du</strong> Saint-Esprit ne peut jamais rester une expérienceindivi<strong>du</strong>elle : elle mène vers la communauté. Lorsquele Saint-Esprit descendit sur les <strong>disciple</strong>s à Jérusalem, ilsdevinrent un de cœur et d’esprit. Ils furent tellement remplisd’amour qu’ils ne pouvaient plus vivre pour eux-mêmesseulement. C’est là le plus grand des dons : l’expérience del’union avec Jésus en communion avec d’autres.Extrait d’une lettre : Il n’y a probablement rien de plus merveilleuxque ce qui se passa à la Pentecôte, quand l’Esprit Saint descenditsur les <strong>disciple</strong>s <strong>du</strong> Christ. L’amour était si fort parmi euxqu’ils étaient unis de cœur et d’esprit et qu’ils proclamaientl’évangile de Jésus même s’ils savaient qu’ils auraient à souffrirà cause de cela. Implorons l’Esprit Saint afin qu’Il remplisseégalement nos cœurs de flammes de feu, afin de pouvoirœuvrer à la cause de Jésus dans ce monde souffrant.Dans le Nouveau Testament, le Saint-Esprit est comparé àune colombe. Une colombe est douce, ne fait de mal à personneet ne s’imposera jamais à personne. Elle s’enfuit devantles rapaces. Depuis la chute de l’homme, nous sommes tousdevenus des rapaces, et nous avons chassé l’Esprit Saint sansle savoir. Si l’on résiste à l’Esprit, Il disparaît. Il ne vient quevers les humbles, vers ceux qui sont brisés, et vers ceux quile cherchent.


<strong>La</strong> croixLe fait que le sang de Jésus fut versé pour le pardon des péchésest un mystère. Beaucoup disent : « Dieu est si grand, si puissant,qu’Il aurait pu sauver l’humanité sans la croix. » Maisceci n’est pas vrai. Nous devons nous rappeler que Dieu n’estpas seulement pur amour — ce qui aurait pu lui permettre depardonner nos péchés sans la croix — mais qu’Il est égalementpure justice. L’amour de Dieu et la justice de Dieu devaient êtrerévélés au monde des anges, car il y a des anges maléfiquescomme il y a des anges saints.Tuer le Fils de Dieu a été le plus grand mal jamais commis.Mais c’est précisément à travers cet acte que Dieu a manifestéson amour le plus grand, et qu’Il a offert à tous la possibilitéde trouver la paix en lui ainsi que le pardon des péchés.Extrait d’une lettre : Nous avons constamment besoin, dans notrecœur, <strong>du</strong> Christ crucifié. Pour le recevoir, il nous faut encoreet toujours faire le silence en nous, sous le regard de Dieu. LeChrist désire vivre dans nos cœurs pour que nous puissionsvaincre toute chose. C’est par lui que tout reçoit son véritablesens. Il n’y a pas d’autre fondement pour la véritable paix<strong>du</strong> cœur que l’unité en lui. Seul le Christ peut nous amener à


<strong>La</strong> croix 241la confiance totale en Dieu. C’est en lui que nous trouvons lejugement le plus sévère de la colère vis-à-vis de tout le mal,mais aussi la révélation de sa grâce aimante.Si nous ne croyons pas à la puissance <strong>du</strong> mal, nous ne pouvonspleinement comprendre Jésus. On ne peut nier qu’Il soitvenu pour sauver tous les hommes. Mais tant que nous necomprenons pas que la raison principale de sa venue fut dese joindre au combat entre Dieu et Satan — pour détruire lesœuvres de Satan — nous ne pourrons comprendre complètementla nécessité d’une expiation par la mort sur la croix.<strong>La</strong> pensée que Dieu est tout amour peut aussi nous priver del’expérience de sa puissance. Les gens savent que Dieu pardonneles péchés, mais ils oublient qu’Il juge également. Ily a, dans la pensée moderne, quelque chose d’une révoltecontre l’Expiation. Peut-être que notre idée d’un Dieu toutamour nous empêche d’être prêts à faire face au jugement.Nous croyons que seuls l’amour et le pardon sont nécessaires,mais ceci n’est pas tout l’évangile — et cette croyancerend Dieu bien trop humain.Il est d’une importance cruciale que la croix de Jésus-Christsoit au centre de nos cœurs — au centre de notre vocationet au centre de notre mission. L’Agneau de Dieu sur la croixse tient devant le trône de Dieu. <strong>La</strong> croix est le centre del’univers. Nous devons faire l’expérience, dans sa hauteur,sa profondeur et sa largeur, <strong>du</strong> sens de cette révélation mystiqueà travers le Saint-Esprit. Il ne suffit pas de le croire ;nous devons demander à Dieu de le vivre.


242 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong><strong>La</strong> croix est le seul endroit où nous puissions trouver la purification— pas seulement de l’impureté sexuelle, mais de toutce qui souille l’âme : la tromperie, l’hypocrisie, le meurtre, lemanque d’amour et l’envie. Nous ne trouverons la purificationque si nous trouvons le Crucifié.Extrait d’une lettre : Avoir la croix au centre de nos vies signifien’aimer rien de plus que la croix — quand nous nous levonsle matin, pendant la journée et en toute situation. Quand ilsse marient, les époux se promettent de s’aimer l’un l’autrejusqu’à ce que la mort les sépare. Mais notre amour de la croixdoit aller au-delà de la mort jusqu’à la vie éternelle.Si un homme est confronté à un criminel, ou bien il le jugeraou bien il éprouvera pour lui de la compassion. Dieu seul peutfaire les deux à la fois : juger et inonder de sa compassion etde sa miséricorde.Si nous voulons être aidés dans notre détresse — car nouséprouvons de la détresse — nous ne devrions pas noustourner vers Dieu en pensant d’abord à notre souffrance personnelle; nous devrions plutôt penser, dans notre esprit etnotre cœur, au moment où la souffrance <strong>du</strong> monde a commencé.Si nous ne venons à Dieu qu’avec nos propres fardeauxintérieurs, nous commettons une injustice envers lui.Mais si nous voyons combien Dieu a souffert depuis la chuted’Adam — et particulièrement à travers la mort de Jésus surla croix — alors nous pouvons lui demander de nous libérerde notre propre détresse.


<strong>La</strong> croix 243Jésus est venu pour détruire les œuvres <strong>du</strong> diable, et la maladieet la mort sont les œuvres <strong>du</strong> diable. Dieu les permet,mais dans le Christ, Il les prend sur lui. Les sept dernièresparoles <strong>du</strong> Christ commencent par : « Mon père, s’il est possible,éloigne de moi cette coupe de douleur » (Matthieu26.39). Nous ne pouvons nous imaginer tout ce que cettecoupe contenait. Mais Il était prêt à l’accepter, et bien qu’Ilne sentît pas la proximité de Dieu, Il remit quand même sonesprit entre ses mains. C’est là la seule façon de triompherdes œuvres <strong>du</strong> diable.Quand je pense à Jésus, je vois sa croix enracinée dans laterre, s’élevant vers les hauteurs, avec les bras éten<strong>du</strong>s pourétreindre tous ceux qui viennent à lui. <strong>La</strong> croix est le seulendroit où la victoire sur la tentation, le péché et le diable estcomplète. Il n’y a pas d’autre endroit.Dieu désire nous révéler la grandeur de la croix. Nous connaissonstous la croix et sa signification, nous y croyons touset elle nous émeut probablement tous. Mais je crois que Dieuveut qu’elle atteigne notre cœur comme une épée. Le Christ afait l’expérience de l’abandon de Dieu afin que nous puissionstrouver le pardon des péchés et la vie éternelle en Dieu — jene crois pas qu’aucun d’entre nous soit capable de saisir toutle sens de cela.Nous devons prier pour que tous les obstacles dans notre cœursoient surmontés, afin que nous puissions faire l’expériencede la mort de Jésus dans sa totalité. Nous ne sommes pasencore assez touchés par sa souffrance et sa mort innocentesur la croix. Jésus a donné son sang pour que chaque cœurrepentant puisse recevoir le pardon des péchés. Ses bras sont


244 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>grand ouverts, comme ils l’étaient sur la croix, pour tous lescroyants repentants.Nous savons que beaucoup de choses dépendent de notrevolonté, mais nous savons aussi que nous sommes incapables,par nos propres forces, de renaître de l’Esprit Saint, comme lesgens en ont fait l’expérience à la Pentecôte. Nous devons donnernotre âme, notre esprit et notre cœur à Dieu en lui disant :« Change-les ! ». Nous avons besoin d’être changés dans tout cequi concerne le passé, le présent et le futur, d’être saisis par lamort douloureuse <strong>du</strong> Christ et par sa résurrection.C’est parce que nous sommes préoccupés de nousmêmes— parce que nos cœurs sont pleins d’amour-propre,d’envie et d’autres choses — que nous ne pouvons répondrecomme les personnes l’ont fait à la Pentecôte. A ce moment,l’Esprit descendit et transperça leurs cœurs comme une épéetransperce l’os et la moelle. Et ceci doit être notre prièreaujourd’hui : donne-nous ton Saint-Esprit et transpercenous.Aie pitié de nous, et transforme-nous jusque dans lesprofondeurs de notre être !Si nous voulons marcher dans les pas de Jésus, nous devonsreconnaître que pour toute chose, il y a l’heure de Dieu, qu’ils’agisse <strong>du</strong> mariage, de la mission, de la persécution ou de lamort. Nous ne pouvons plus déterminer nous-mêmes l’heurede ces événements, car nous nous sommes abandonnés d’unemanière telle que l’heure de Dieu est notre heure — que ce soitcelle de la joie, de la peine, ou de boire avec Jésus une coupeamère jusqu’à la lie.Je n’ai pas de plus grand souhait, pour ceux qui me sontle plus chers, que de les savoir prêts à boire la coupe amère


<strong>La</strong> croix 245jusqu’au bout. C’est beaucoup plus facile pour nous que pourJésus, parce qu’Il nous a précédés dans la <strong>voie</strong> de la souffranceassumée jusqu’au bout. Nous devons brûler d’un telamour pour lui que nous pouvons boire avec joie et jusqu’à ladernière goutte, la coupe qui nous est destinée.Jésus a pris le chemin de la croix par amour pour nous. Mais sinous ne voulons pas mourir pour lui, si nous ne voulons pasnous perdre pour lui, Il aura souffert pour rien. Demandonsà Dieu que nos pensées et nos émotions soient touchées parsa mort sur la croix, sa descente aux enfers, sa résurrection,et son ascension au ciel.Vous devez trouver l’humilité de la croix. Vous pouvezchercher partout dans le monde — nulle part vous ne trouverezle pardon des péchés en dehors de la croix.Nous ne pouvons pas rencontrer Jésus sans rencontrer lacroix. De sa personne émane la <strong>voie</strong> de la souffrance. Par sonsacrifice, son immense amour pour tous les hommes inondenos cœurs, nous incitant à sauver ceux qui se trouvent prisonniersdes ténèbres. Si nous aimons Jésus, le désir de souffrirpour lui naîtra en nous tout naturellement. Je ne peux imaginercomment on peut suivre Jésus sans une compréhensionprofonde de sa <strong>voie</strong> de la souffrance.Pour faire l’expérience des grandes pensées de Dieu, il nousfaut dépasser nos luttes personnelles. Il est important deressentir la rédemption personnelle à travers la croix, maisil ne faut pas en rester à ce stade. <strong>La</strong> croix est tellement plus


246 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>grande que le domaine personnel ; elle embrasse la terreentière — et bien plus.Il y a des secrets que seul Dieu connaît. <strong>La</strong> mort <strong>du</strong> Christ surla croix est l’un de ces mystères. <strong>La</strong> Bible dit que par la croix,ce n’est pas seulement la terre, mais aussi le ciel et toutesles puissances et les principautés <strong>du</strong> monde des anges quiseront réconciliés en Dieu. L’homme, et peut-être même lesanges, ne peuvent comprendre les mystères qui se cachentderrière tout ceci. Mais nous sommes sûrs d’une chose : leChrist a vaincu la mort, le dernier ennemi. Et à travers lacroix, quelque chose s’est pro<strong>du</strong>it, dont le pouvoir a dépasséde loin les limites de la terre et dépassé de loin ce que notreâme peut concevoir.


Le salutExtrait d’une lettre : Dans sa parabole des dix vierges, Jésus metl’accent sur la réalité <strong>du</strong> châtiment <strong>du</strong> péché et la perte <strong>du</strong> salutéternel. <strong>La</strong> pensée d’un châtiment éternel certes fait peur,mais Jean écrit que l’amour total chasse la peur, car la peurpense encore au châtiment et celui qui pense au châtimentn’aime pas totalement. <strong>La</strong> tension entre ces deux pôles — lapeur <strong>du</strong> châtiment et l’amour qui chasse toute peur — ne peutêtre surmontée que par l’expérience de l’amour.Si vous aimez quelqu’un profondément, vous n’aurez paspeur de lui. De même, si vous aimez vraiment Jésus, vous nele craindrez pas. Vous ne pouvez servir Jésus par crainte.Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et qu’aucunne soit per<strong>du</strong>. Mais les évangiles disent aussi très clairementqu’aucun de nous ne sera sauvé s’il ne fait l’expérience dela renaissance dans l’Esprit Saint, s’il ne trouve la foi par larepentance et la conversion. Et Jésus, dont l’amour est bienplus grand que tout amour humain, parle clairement de ladamnation. Bien que Dieu soit tout-puissant et que ce soit saprofonde volonté que tous soient sauvés, Il ne nous imposepas sa volonté. Sa nature est celle de l’agneau, le Christ, et de


248 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>la colombe, l’Esprit Saint. Il dépend donc de nous-mêmes,de chaque indivi<strong>du</strong>, de s’ouvrir à la grâce de la renaissance.Il nous faut cependant tout d’abord devenir humble et avoirle cœur brisé, car cette nouvelle naissance n’est pas possiblesans jugement sévère. Le jugement de Dieu est amour.Dans le chapitre 8 de l’Epître aux Romains, Paul parle <strong>du</strong> salutdes élus. On pourrait se demander : « Et les autres ? Serontilssauvés, eux aussi ? » L’apôtre Pierre éclaire cette questiondans sa deuxième lettre (3.9), où il écrit : « Le Seigneur netarde pas à accomplir ce qu’Il a promis, comme certains lepensent. Mais Il est patient envers vous, ne voulant qu’aucunpérisse mais voulant que tous se détournent <strong>du</strong> mal. » Il estdonc clair que Dieu désire que chacun, même ses ennemis, serepente et trouve le salut. Mais ne devenons pas coupablesen jouant avec sa patience.Lorsque le Christ est victorieux dans nos cœurs, ce n’est pasle résultat d’une lente évolution, cela ne veut pas dire qu’ons’améliore de jour en jour. Cela veut dire qu’il y a d’abord lejugement et puis le changement. Il n’y a pas de place pour latiédeur. Ou bien une personne se tournera complètementvers Jésus, ou bien elle sera jugée.Toute l’idée de la damnation <strong>du</strong> pécheur est très difficile àaccepter et à concilier avec l’amour de Jésus tel qu’Il nous l’arévélé de manière si puissante sur la croix, au Golgotha. Maistoute personne qui reste liée par le péché ne peut entrer dansle royaume de Dieu, car autrement le monde resterait diviséet sous l’emprise <strong>du</strong> mal. Nous ne saisissons pas la plénitudede l’amour de Dieu. Cependant, nous savons que Jésus porteles péchés <strong>du</strong> monde entier, et qu’Il se tient devant le trône


Le salut 249de Dieu. Le point central est son sacrifice pour la rédemption<strong>du</strong> monde. Nous ne devrions jamais perdre cela de vue.Enfant, j’avais le sentiment qu’un jour les masses — la classeouvrière — se rapprocheraient de Dieu. Peut-être étais-jeinfluencé par les nombreux anarchistes, socialistes et socialistesreligieux qui venaient séjourner chez nous. Mais lorsqueje fus plus âgé, je lus dans l’Apocalypse comment les coupesde la colère de Dieu seraient versées l’une après l’autre sur lesgens, et comment ceux-ci ne se repentiraient toujours pas.C’était très <strong>du</strong>r pour moi. Je ne pouvais pas accepter l’idée queseule une petite partie de l’humanité serait sauvée. Cette idéeallait à l’encontre de toute ma manière de penser. J’étudiai laBible — les prophètes et le Nouveau Testament — avec cettequestion en tête.Dans l’évangile de Jean, je tombai sur le passage où Jésusdit que le monde sera jugé : « Le prince de ce monde serachassé dehors. Et moi, quand j’aurai été élevé de terre,j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12.31-32). Je nesais comment Jésus fera cela, mais j’ai la conviction qu’Ilattirera tous les hommes à lui et qu’Il n’est pas mort sur lacroix pour quelques-uns seulement. Jésus dit que le cheminvers la vérité est étroit, et que peu de gens le trouveront carla plupart prennent la <strong>voie</strong> large qui mène à la damnation.Ceci est indéniable, mais il serait terrible de penser que nousavons trouvé le chemin étroit et de ne pas avoir d’amourenvers ceux qui sont sur le chemin large.Le huitième chapitre de Jean commence par l’histoire despharisiens voulant lapider la femme a<strong>du</strong>ltère, et se terminepar celle où des juifs veulent lapider Jésus. Jésus rendait les


250 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>juifs furieux parce qu’Il disait clairement qui Il était, quelleétait sa mission et qu’Il était venu pour sauver l’humanité.Ce chapitre soulève une question décisive, pour nous et pourchaque indivi<strong>du</strong> : sommes-nous prêts à croire les paroles deJésus, ou en doutons-nous ? Jésus dit que si nous ne croyonspas, nous sommes des esclaves — nous ne sommes paslibres, même si nous croyons l’être. Il dit qu’il n’y a pas d’autre<strong>voie</strong> que la foi en lui pour trouver la liberté, la rédemption etla libération.Jésus dit aussi : « …car si vous ne croyez pas ce que jesuis, vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8.24), et : « Siquelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort » (Jean8.51). Ces paroles devaient être prononcées, car elles sontla vérité et le resteront pour l’éternité. Si nous trouvons lafoi, nous trouverons la libération <strong>du</strong> péché, de la peur, de lamort et <strong>du</strong> manque d’amour de notre époque. Mais si nousne trouvons pas la foi, nous resterons esclaves de toutes ceschoses. Le défi, pour chacun de nous, c’est d’aimer Jésus etd’accepter la liberté qu’Il nous offre.Dans la parabole des dix vierges, Jésus ne parle pas <strong>du</strong> monde,mais des Chrétiens. Toutes celles qui allaient à la rencontrede l’époux étaient vierges, c’est à dire qu’elles étaient chrétiennes.Cinq cependant étaient sages, tandis que les autresétaient insensées. Elles possédaient la forme extérieure — lalampe — mais elles n’avaient pas d’huile. L’huile dont Jésusparle, c’est l’Esprit Saint, la vie qui vient de Dieu, et seulescinq d’entre elles l’avaient.Dans les béatitudes, nous voyons les caractéristiques deceux qui possèdent le Saint-Esprit. Ils sont pauvres en esprit,


Le salut 251affligés, doux, ils ont faim et soif de justice, ils sont miséricordieux,leur cœur est pur, ils aiment la paix et ils sontpersécutés pour leur amour de la vérité. En fait, tout le Sermonsur la montagne nous dit comment nous devons vivre : nousne devrions jamais venir à la prière sans avoir pardonné ànotre frère, nous devons aimer nos ennemis et bénir ceux quinous maudissent ; nous ne devons pas amasser d’argent nide biens sur terre ; nous devons mettre toute notre confiancedans le Père; et nous ne devons pas utiliser la force.Interdire l’entrée <strong>du</strong> royaume <strong>du</strong> ciel aux vierges insenséesest un jugement sévère, et ceci doit nous interpeller dedeux manières. Tout d’abord, nous devons veiller et attendrela venue <strong>du</strong> Saint-Esprit pour qu’Il transforme notre âme etnotre être et que nous puissions renaître — pour que noussoyons chaque jour touchés par Jésus. Ensuite, il nous fautvivre pour ceux qui, avec nous, vont à la rencontre de l’époux,et nous devons leur rappeler de mettre de l’huile dans leurlampe. <strong>La</strong> forme extérieure ne suffit pas ; il ne suffit pas devivre en communauté ou d’adopter les signes extérieurs <strong>du</strong>christianisme, même jusque dans les détails. Vivre en <strong>disciple</strong>doit jaillir d’un cœur vivant.Il est possible que Dieu ait choisi certains à l’avance pour êtreses <strong>disciple</strong>s. Il est clair que Jean-Baptiste fut choisi avantsa naissance, et je peux imaginer que Paul aussi était déjàbien avant sa naissance ce qu’il serait appelé à être. Maissi certaines personnes sont choisies à l’avance par Dieu,qu’en est-il de toutes les autres ? Dans l’Ancien Testament,nous pouvons lire : « Prendrais-je donc plaisir à la mort <strong>du</strong>méchant ? » (Ez.18.23). Et dans le Nouveau Testament, nous


252 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>lisons : « Il ne veut pas qu’un seul périsse, mais au contraire,que tous viennent au repentir » (2 Pierre 3.9). <strong>La</strong> Bible nousdit ainsi clairement que Dieu désire le salut de tous.Jésus dit à Simon Pierre : « Satan vous a réclamés pour voussecouer comme le blé dans un crible ; mais j’ai prié pour toiafin que ta foi ne défaille point ; et toi, lorsque tu seras revenu,affermis tes frères » (Luc 22.31-32). Je crois que Satancherche à nous secouer, nous aussi, et nous devons demanderà Jésus de prier pour nous afin que notre foi reste ferme ainsique celle de nos frères.Chaque fois que je faiblis, je ressens fortement ces paroles :« Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre » (Luc 22.54-62). Je suis convaincu qu’il arrive souvent que Jésus seretourne et nous regarde, plein de tristesse. Lorsque Jésusdit que Pierre le trahira trois fois, il ne prédit pas simplementun fait qu’il le laisse indifférent. Il en souffre, même s’ilsavait à l’avance ce qui se passerait. Il en est de même avecJudas. Lorsque Jésus, troublé intérieurement, dit : « L’und’entre vous me trahira » (Jean 13 :21), il souffre une véritableagonie. Puissions-nous avoir tous un cœur ouvert auregard que Jésus pose sur nous. Il désire protéger ses <strong>disciple</strong>s,mais même s’ils ont été choisis à l’avance, ils courent ledanger d’être per<strong>du</strong>s.Malheur à nous si nous croyons pouvoir entrer au ciel parceque nous vivons en communauté. Si nous croyons cela, nousn’aimons pas suffisamment le Christ.Dans sa lettre aux Romains, Paul écrit que Jésus n’est pas venuuniquement pour les juifs, mais pour tous les hommes. Et il


Le salut 253poursuit : « Car ce n’est pas ce qui se voit qui fait le juif, ni lamarque visible dans la chair qui fait la circoncision, mais c’estce qui est caché qui fait le juif » (Romains 2.28-29). De même,le vrai chrétien ne se reconnaît pas de l’extérieur, même s’il estbaptisé. Verser de l’eau sur une personne ou l’immerger dansl’eau n’est pas un moyen de salut en soi. « <strong>La</strong> vraie circoncisionest celle <strong>du</strong> cœur, selon l’esprit, non selon la lettre. Un tel juifreçoit sa louange non des hommes, mais de Dieu » (Romains2.29). Ceci est un point important : la foi n’est pas faite depréceptes écrits. Paul faisait référence à la Loi de Moïse, maisaujourd’hui aussi, nous pouvons être esclave de lois écrites— c’est un de nos dilemmes dans nos communautés. Jamaisnous ne devons abandonner la liberté de l’Esprit, sans laquellenous ne pouvons trouver la paix en Dieu.Même si nous ne comprenons pas pleinement les penséesde Paul au sujet <strong>du</strong> salut, le cœur et le sens de ses parolesest très facile à comprendre : les pharisiens gardaient la loimais restaient néanmoins hypocrites et orgueilleux, alorsque « nous estimons que l’homme est justifié par la foi, sansles œuvres de la loi. » (Romains 3.28).Peut-être avez-vous des questions par rapport au millénaire,à la résurrection des justes et au futur <strong>du</strong> royaume de Dieu.<strong>La</strong>issez tout cela simplement dans les mains de Dieu. Pour cequi est de l’avenir, nous sommes en face de beaucoup de mystères; nous ne connaissons pas la raison de ceci ou de cela.L’essentiel est qu’à la fin, Dieu est tout en tout. Il triompherade tout mal et de tout ce qui lui est hostile. Cela devrait êtrenotre plus grande attente.


Le Royaume de DieuIl est tout à fait clair que le royaume de Dieu ne peut existerlà où des bombes sont lâchées sur des hommes, qu’ilssoient coupables ou innocents, là où existe la haine racialeentre les hommes, là où la répartition de la nourriture esttelle que certains meurent de faim pendant que d’autres onttrop, là où des personnes ne trouvent pas de travail à causede l’automatisation.Si nous percevons réellement l’injustice dans le monde,alors nous aspirerons ardemment au royaume de Dieu. Sajustice ne peut paraître que lorsque le cœur des hommes setourne vers l’amour et la paix. Ceux qui restent indifférentsne peuvent entrer dans le royaume. C’est pour cela que Jean-Baptiste disait : « Repentez-vous car le royaume des cieux estproche ! » (Matthieu 3.2). Et Jésus dit : « Cherchez d’abord leroyaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donnépar surcroît » (Matthieu 6.33).Jésus est venu pour préparer les hommes au royaume de Dieuqui — nous ne le savons que trop bien — n’est pas encorearrivé. Il nous a dit que le royaume serait parmi nous si nousaimons Dieu de tout notre cœur et de toute notre âme, et si


Le Royaume de Dieu 255nous aimons notre prochain comme nous-mêmes. Si seulementnous faisions cela, non pas en paroles mais en actes!Jésus n’est pas venu comme un grand roi ou un président,mais comme un humble bébé. Les gens n’ont pas compris cela.Il annonçait la venue <strong>du</strong> royaume de Dieu. Il n’y a peut-êtrejamais eu d’époque où ceci ne fut si urgent que maintenant.Les hommes ont plus de pouvoir que jamais, et la puissancede leurs armes est terrifiante. Les relations entre les peuples,les races et les nations restent non résolues, et ce sont ceuxqui possèdent l’argent qui règnent. Jésus dit que nous devonsdevenir pauvres. Si nous lui obéissons et si nous abandonnonsles privilèges <strong>du</strong> monde et tout pouvoir sur les autres, noscœurs seront libérés pour le royaume de Dieu. Oh, puissionsnousentrevoir ce que ce royaume signifie : la repentance, unamour ardent, et le règne de Dieu sur toutes choses !Les nations sont en train de construire leur liberté et leursécurité sur les armes les plus terribles qui aient jamaisexistées. Et pourtant, nous sommes appelés à bâtir notresécurité sur autre chose — sur ce qui est de Dieu. Et notreprofond désir, c’est que quelque chose de Dieu puisse êtredonné à toutes les nations. Quand bien même notre vie encommunauté serait une vie de paix parfaite, cela ne serait passuffisant. Notre soif ne sera satisfaite que lorsque toute laterre sera sous le gouvernement de Dieu et non sous le gouvernementde la force.Quand Jésus donna de quoi manger à 5000 personnesavec cinq pains et deux poissons, il se passa quelque chosed’étonnant : les gens voulaient le forcer à devenir leur roi


256 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>(Jean 6 :15). Mais Jésus leur dit : « Vous me cherchez parceque vous avez mangé <strong>du</strong> pain » (Jean 6.26), et Il les repoussa.Alors, ceux qui avaient voulu le faire roi le quittèrent. Certainsfurent même agressifs. Après cela, Jésus dit à ses <strong>disciple</strong>s :« Ils sont tous partis, voulez-vous me quitter, vous aussi ? »Il est significatif que les gens aient désiré faire Jésus roiseulement après qu’Il leur eût donné <strong>du</strong> pain. Ceci ne s’étaitpas même pro<strong>du</strong>it lorsqu’Il avait ressuscité quelqu’un d’entreles morts. En soi, il n’y a rien de mal à attendre que Dieu nousdonne <strong>du</strong> pain, ou à attendre que Jésus réponde à nos besoins.Jésus nous a enseigné de demander à Dieu notre pain quotidien.Mais ce qu’Il rejette si fermement, c’est l’édification d’unroyaume basé sur Mammon. Il préférerait perdre ses <strong>disciple</strong>sque de bâtir son royaume sur de fausses fondations.Jésus veut se donner à chacun de nous au point que noussoyons unis à lui par la chair et le sang. Ceci n’est pas une philosophie,mais une nourriture réelle ; c’est la vie. Et lorsquequelqu’un en fait l’expérience, tout est changé pour lui — passeulement pour un moment, mais pour l’éternité.Le Christ nous promet la vie éternelle dans un royaumefondé non sur le travail et le pain mais sur la foi. En général,un roi exige le sang de ses sujets. Mais le Christ, lui, a donnéson sang pour ses sujets. Il a offert sa vie et son corps pour lavie des autres. Lorsque le Christ offrit son corps à ses <strong>disciple</strong>s,Il avait à ce moment là — pour autant qu’on le sache — le plusgrand nombre de <strong>disciple</strong>s à sa suite. Mais après cela, beaucoupd’entre eux le quittèrent. C’est pourquoi Jésus demandaaux douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » <strong>La</strong> réponse dePierre est merveilleuse : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu asles paroles de la vie éternelle » (Jean 6.68-69).


Le Royaume de Dieu 257Il est important que nous décidions si nous désirons simplementune belle église avec Jésus comme roi, ou si nousvoulons le chemin de la croix. Ceci doit être très clair pournous : la <strong>voie</strong> de Jésus, c’est la <strong>voie</strong> de la croix, <strong>du</strong> changementpersonnel total, d’une société bâtie sur des fondationsradicalement différentes de celles <strong>du</strong> travail, <strong>du</strong> pain et desprivilèges. Il nous faut être prêts à être entourés d’ennemiset à être méprisés pour avoir choisi ce chemin.L’évolution de la société au cours de ce siècle si plein de terribleinjustice et de sang versé, nous montre que le salut et larédemption ne peuvent venir des hommes ; ils doivent venirde Dieu. Il nous faut donc d’autant plus implorer Dieu denous révéler son royaume de justice parmi les hommes.Jésus est le royaume de Dieu. Quand Il pardonnait les péchés,c’était le royaume de Dieu. Quand Il rassemblait ses <strong>disciple</strong>sdans l’unité, c’était le royaume de Dieu. Quand Il chassaitles démons et les esprits impurs, c’était le royaume de Dieu.Chaque acte de sa mission parmi les hommes fut le royaumede Dieu.Je me demande parfois si notre communauté n’a pas complètementoublié le royaume de Dieu, si la différence entre lesalut personnel et le royaume est assez claire pour nous. Tousdeux sont très importants. Le salut éternel est très important— c’est une expérience merveilleuse que de sentir leChrist très proche de nous, et d’être sauvé par lui. Mais leroyaume de Dieu est encore plus grand!


258 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong><strong>La</strong> proximité <strong>du</strong> royaume de Dieu ne peut être mesurée entermes de temps. Jésus dit : « Le royaume de Dieu est proche »(Matthieu 4.17). Paradoxalement, il fut plus proche à cetteépoque-là que maintenant — il ne le fut pas en termes detemps, mais en termes d’espace.Il faut lutter et combattre pour le royaume de Dieu. Dans cecombat, les prières des hommes et des femmes ont une trèsgrande influence (Jacques 5 :16, Marc 9 :29).Si nous aimons le Christ et sa cause, nous aurons à cœurl’intérêt de son royaume. Le Christ est venu sur terre et asouffert pour y amener ce royaume, et Il a confié à son églisel’immense tâche d’être missionnaire pour ce royaume.Quelle grande chose que de vivre pour le royaume deDieu ! Ne vous dérobez pas. Vivez pour le royaume, cherchezle,et vous découvrirez qu’il est si puissant qu’il vous bouleverseracomplètement — il résoudra chaque problème sur laterre. Tout sera neuf, et chacun aimera son prochain dans leChrist. Chaque séparation qu’apporte la mort sera vaincue etl’amour régnera.Jésus nous a donné la mission, en tant qu’église, de travaillerpour son royaume et pour son règne futur. Il n’y a rien deplus grand sur terre que d’œuvrer à cela. Vivons avec intensité,et utilisons notre temps pour le royaume ! Aimons-nousles uns les autres !Dieu a besoin d’un endroit sur terre où Il puisse se révéler.Marie, dont le consentement permit au Christ de naître àBethléem, fut une telle demeure. Lorsque Dieu peut faire sa


Le Royaume de Dieu 259demeure dans quelque endroit, que ce soit à Bethléem, enChine, en Russie, au Vietnam — dans un cœur humain oùqu’il soit — c’est comme si une porte s’ouvrait. Quand la ported’une pièce est ouverte, ne serait-ce qu’un tout petit peu, lalumière peut entrer. Et si la lumière de Dieu peut entrer dansle cœur de deux ou trois personnes sur la terre et le changer,cela influencera tous les autres — cela influencera même desprésidents, des ministres, des généraux et des soldats. Je nepeux croire que les hommes soient tellement isolés les unsdes autres qu’il n’y aurait aucune influence.De même qu’à travers Adam, l’humanité toute entière aconnu la chute, elle peut aussi trouver la liberté, la guérisonet la rédemption à travers Jésus, le « nouvel Adam », le vraihomme, Dieu lui-même.Tournons-nous vers Dieu, et demandons-lui de pouvoir lutterpour son royaume. Plus nous entrerons dans ce combat,plus nous ferons l’expérience de la croix <strong>du</strong> Christ, de la résurrectionet de la Pentecôte, et plus le royaume sera proche denous. Vivez intensément dans l’attente <strong>du</strong> Seigneur ! Celuiqui n’attend pas le Seigneur dans chaque aspect de sa vie,n’attend pas <strong>du</strong> tout. Chaque soir je me demande : ai-je assezaimé, assez espéré, assez lutté, assez travaillé ? L’attente <strong>du</strong>royaume doit mener à des actes.Karl Barth 1 a dit que le royaume de Dieu devait nous êtrerévélé comme quelque chose de complètement différent denous-mêmes, quelque chose de totalement indépendant quenous ne pouvons mêler à nous-mêmes. Je pense qu’il est trèsimportant de reconnaître cela. Tant que nous ne mourrons1Théologien suisse (1886 – 1968)


260 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>pas à nous-mêmes, nous vivrons en opposition avec lui et neserons pas dignes de lui.Dieu aurait pu arrêter l’histoire de l’humanité au Golgotha,lorsque Jésus vainquit le diable et la mort. Mais Il ne l’a pasfait, et une chance était encore laissée au mal. Ceci est unmystère pour nous. Beaucoup de personnes, de toutes lesnations, sont acquises au royaume de Dieu, mais beaucoupd’autres sont égarées. Je n’oserais tenter de deviner pourquoiil en est ainsi, mais je sais que c’est Dieu qui règne surl’univers, et que son jugement demeure sans appel. Nouspouvons lire que ceux qui sont égarés, ceux « qui adorent labête et son image » (Apocalypse 14.9-10), recevront un signesur le front ou sur leur main, et qu’ils boiront le vin de la colèrede Dieu. Nous ne savons pas quand cela se passera, ni quandle royaume de Dieu paraîtra, mais nous devons é<strong>du</strong>quer nosenfants afin qu’ils soient prêts lorsque ce moment viendra.Nos enfants doivent avoir suffisamment de courage pourdéfendre la vérité.Quel est le lien entre le royaume de Dieu et le jugement dernier? Comment le royaume viendra-t-il, et quel sera-t-il ? Lesparoles de Jésus nous en disent beaucoup, de même que lesécrits de l’église primitive, ainsi que l’action de l’Esprit Saintdans le cœur de chaque indivi<strong>du</strong>. Jésus disait cependant queseul le Père connaissait l’heure de la venue <strong>du</strong> royaume, etque même lui, le Fils de Dieu, ne la connaissait pas. Nous nepouvons aborder ces questions qu’avec le plus grand respect,vénération et prudence. Ceci dit, nous voyons aussi combienles premiers chrétiens se préoccupaient de la venue <strong>du</strong>royaume. Toutes les paroles des apôtres nous l’indiquent.


Le Royaume de Dieu 261Nous ne savons pas si nous sommes loin ou proches <strong>du</strong>royaume de Dieu en termes de temps, mais nous savons quenous pouvons en être très proches ou très loin en esprit —c’est là la question décisive. Jésus nous dit que nous pouvonsnous attendre à voir des signes de l’avènement <strong>du</strong> royaume,et certains de ces signes sont évidents aujourd’hui (Luc 21.9-11). Cependant, Il dit aussi que le dernier jour viendra commeun voleur dans la nuit, c’est-à-dire à un moment où l’on s’yattend le moins (Luc 12.39-40).Il y a beaucoup de mystères que nous ne pouvons éclairer,car Dieu désire qu’ils restent cachés. Mais nous pouvons nousréjouir de ceci : il est certain que le royaume de Dieu viendra,et c’est un royaume de paix, de victoire, et de justice.Nous ne savons pas pourquoi Dieu a permis à la mort et aumal d’entrer dans la création, mais nous savons que l’hommes’est laissé sé<strong>du</strong>ire par le mal. De même, nous ne savons pasquel a été le combat de Dieu contre le mal avant la créationde l’homme, et nous ne savons pas non plus quelle est la proportionni la nature de la tâche de l’homme dans ce combat.Nous savons cependant que ce fut un combat décisif, quimena le Fils de Dieu lui-même à la croix.Dans l’Apocalypse de Jean, nous lisons qu’un combat auralieu dans le ciel à la fin des temps. En tant que Corps <strong>du</strong> Christ,l’église doit mener ce même combat ici, sur la terre. De mêmeque Dieu n’a pas épargné la souffrance de son propre Fils maisl’a livré à la plus grande détresse, c’est par la souffrance et lesacrifice de l’église que le royaume pourra être instauré.<strong>La</strong> séparation <strong>du</strong> spirituel et <strong>du</strong> matériel, de l’âme et <strong>du</strong>corps, c’est la mort, mais l’unité, c’est la vie. Jésus a apporté


262 <strong>La</strong> <strong>voie</strong> <strong>du</strong> <strong>disciple</strong>le message d’un nouveau royaume, où l’âme et le corps, lespirituel et le matériel ne seront plus séparés. Dans ce nouveauroyaume, le Créateur sera un avec sa création.Quand nous regardons la terre telle qu’elle est en ce moment,nous nous rendons compte que le jugement est inévitable. Defait, le péché de l’homme porte déjà en lui ce jugement. Maissi nous considérons profondément les paroles <strong>du</strong> Christ,nous trouverons que la grâce, la miséricorde et la compassiontriompheront <strong>du</strong> jugement.Nous attendons une terre nouvelle et un ciel nouveau, maisnous ne devons pas nous préoccuper de quand ni commentce royaume adviendra. Et depuis que Pierre a dit que l’églisedoit attendre, aider et hâter la venue de Dieu, nous savonsque c’est notre tâche de faire en sorte que quelque chose dece royaume soit révélé et vivant parmi nous.Au commencement, bien avant la création de l’univers, il yavait le Père infiniment aimant, Dieu, et avec lui, le Verbe,qui est Jésus-Christ, et le Saint-Esprit. A la fin des tempsaussi, Dieu seul règnera. <strong>La</strong> création gémissante sera sauvée,et l’univers tout entier sera joyeux. <strong>La</strong> joie et l’amour purs,l’harmonie et la justice, règneront. Dieu effacera toute larme,et il n’y aura plus ni mort, ni chagrin ni souffrance. Le désirde ce moment brûle dans le cœur de tout être, pur esprit ouhumain.Quel grand don ce serait si nous pouvions apercevoir unepetite partie de la grande vision de Jésus — si nous pouvionsvoir plus loin que nos petites vies! Notre vue est certes trèslimitée, mais nous pouvons au moins lui demander de nous


Le Royaume de Dieu 263sortir de nos petits mondes et de notre égocentrisme, commenous pouvons aussi lui demander de nous faire sentir le défide la grande moisson qui doit être récoltée — la moisson detoutes les nations, de tous les peuples et de toutes les générationsfutures.


Les Eglises-communautésMalgré tout le mal qui existe dans notre société, nous tenonsà témoigner <strong>du</strong> fait que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre dansle monde aujourd’hui. Dieu nous appelle encore à quitterles systèmes qui génèrent l’injustice, la violence, la peur etl’isolement, et à suivre la nouvelle <strong>voie</strong> de la paix, de l’amouret de la fraternité. Dieu nous appelle à vivre en communauté.Dans ce sens, nous — les frères et sœurs des Eglisescommunautés— désirons vous communiquer quelque chosede notre réponse à cet appel.Notre vie en communauté 1 est basée sur les enseignements<strong>du</strong> Christ dans le Sermon sur la Montagne et dans tout leNouveau Testament, notamment les enseignements concernantl’amour fraternel, l’amour envers les ennemis, le servicemutuel, la non-violence et le refus de porter les armes, lapureté sexuelle et la fidélité dans le mariage.Nous n’avons pas de propriété privée ; nous partageonstous nos biens comme les premiers chrétiens, comme ledécrit le livre des Actes des Apôtres, chapitres 2 et 4. Chaquemembre consacre ses talents et tous ses efforts aux besoins1Church Communities International


de la communauté. L’argent et les possessions sont misvolontairement en commun, et en échange, chaque membrereçoit ce dont il a besoin. Nous nous rassemblons tous lesjours pour les repas, les réunions, le chant, la prière et pourprendre des décisions.En 1920, Eberhard Arnold, théologien bien connu, conférencieret écrivain, quitta l’abondance, la sécurité et une carrièreprofessionnelle importante à Berlin, et vint s’installer avec safemme et ses enfants à Sannerz, petit village en Allemagne,où ils fondèrent une petite communauté — appelée alors leBruderhof (foyer des frères) — basée sur la vie de l’Egliseprimitive.Malgré les persécutions des nazis, la communauté survécut.Elle fut expulsée d’Allemagne en 1937 et le mouvements’établit en Angleterre. Cependant, lors de la Seconde Guerremondiale, une deuxième émigration fut nécessaire, cette foiscien Amérique <strong>du</strong> Sud. Pendant vingt ans, la communautésurvécut dans les régions lointaines <strong>du</strong> Paraguay, le seul paysprêt à recevoir ce groupe multinational. En 1954, une nouvellebranche <strong>du</strong> mouvement fut fondée aux Etats-Unis.En 1961, les communautés au Paraguay furent fermées ettous les membres partirent pour l’Europe et les Etats-Unis.Aujourd’hui, il y a quelque trois douzaines de communautésaux Etats-Unis, en Angleterre et dans d’autres pays. Notrenombre est insignifiant, mais nous savons que notre tâcheest d’une importance primordiale : suivre les enseignementsde Jésus dans une société qui s’est tournée contre Lui.<strong>La</strong> mission a toujours été un point essentiel de notre activité,non pas dans le sens d’essayer de « sauver » les personnes,


ou de gagner des membres pour nos Eglises-communautés,mais pour témoigner de la puissance <strong>du</strong> message de l’Evangiledont le but est une vie de paix, d’amour et d’unité.Notre porte est ouverte à toute personne qui veut chercherla <strong>voie</strong> de Jésus avec nous. Bien qu’on puisse penser quenous vivons une utopie, ce n’est pas le cas. Nous ne sommespas des saints et nous avons les mêmes problèmes que toutle monde. Ce que nous avons que le monde n’a pas, c’est unengagement pour la vie et la promesse de lutter pour l’âmede chaque frère et sœur et de nous sacrifier jusqu’à la mort sinécessaire.


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