Revue Dräger n°11 : Résilience
La force invisible qui nous permet de résister aux situations extrêmes
La force invisible qui nous permet de résister aux situations extrêmes
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Revue Dräger 11 2 ème numéro 2015 Résilience
Revue Dräger 11
La technologie pour la vie 2015
Incertitude
La gestion des risques
réduit les erreurs p. 20
Balles réelles
Les bancs d’essais testent
les véhicules blindés p. 26
Assistants
Les anticorps ciblent
les drogues p. 34
Résilience
La force invisible qui nous permet de
résister aux situations extrêmes
Sommaire 11
6
FORCE PSYCHIQUE
Dans la vie, nous sommes tous
confrontés à des situations qui
nous montrent nos limites – des
limites qui se font sentir à
retardement. La résilience est la
capacité à affronter des situations
difficiles et à se reconstruire.
PHOTOS : PICTURE ALLIANCE/DPA, BMW AG, PATRICK OHLIGSCHLÄGER. COUVERTURE : PICFOUR
Env. 300 millions
d’années, c’est l’époque à laquelle remonte l’origine du
grisou dans les mines – détails à partir de la page 44.
14
PROTECTION EXTERNE
Brillance et protection à la fois.
La Lufthansa Technik utilise plusieurs
dizaines de peintures pour protéger
les avions contre la corrosion à plus de
10 000 mètres d’altitude. C’est du
travail manuel car il en va de la sécurité
des passagers. Les personnels
doivent se protéger contre les solvants.
26
SÉCURITÉ INTÉRIEURE
Les véhicules blindés sont des
forteresses roulantes protégeant les
passagers de dangers divers, de
gaz toxiques aux salves de balles. Les
bancs d’essais allemands testent les
concepts selon des critères très stricts
et pour différents types de dangers.
2 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
4
Hommes d’action à Aalborg
et Potsdam
Un médecin danois et un concepteur
media allemand : ils nous
touchent, chacun à leur manière.
6
Surmonter les crises
Le stress, les problèmes et les soucis :
nous sommes tous confrontés à
des situations difficiles un jour ou
l’autre. Certains les maîtrisent mieux
que d’autres, certains de façon
innée, d’autres grâce à un apprentissage.
14
Scintillants dans la troposphère
Les avions doivent être résistants
au sol et dans les airs. C’est
pourquoi on leur passe jusqu’à
25 couches de peinture.
20
Peur, craintes, risques
Nous avons peur de l’inconnu. La
gestion des risques rend l’inattendu
prévisible rationnellement pour
que la peur ne prenne pas le dessus.
26
P-A-N !
Les bancs d’essais, c’est du
sérieux car on y teste la résistance des
blindages de différents véhicules.
30
Sauvetage en rouge et blanc
Les sapeurs-pompiers de Hambourg
interviennent env. 700 fois par jour
pour éteindre des incendies en rouge
et sauver des vies, en blanc. Une
journée dans la ville de Hambourg.
34
Détecteurs sensibles
Les héros des tests de salive, ce sont
les anticorps, qui réagissent aux
drogues de façon sensible et sélective.
40
Un tas de cendre
Tous les enquêteurs lisent dans
la cendre et les résidus comme dans
un roman policier.
44
Coups de grisou souterrains
Les mineurs ne doivent pas
prendre garde aux dragons mais
aux gaz toxiques.
50
Renifleurs sensibles
Petits mais performants : les
capteurs électrochimiques mesurent
le gaz pour sauver des vies.
56
De l’air frais
Une légère ventilation aspire l’air
ambiant pour le purifier. Nous vous
présentons le fonctionnement de
ce dispositif et les équipements avec
l esquels il fonctionne.
MENTIONS LÉGALES
ÉDITEUR :
Drägerwerk AG & Co. KGaA,
Communication entrepreneuriale
ADRESSE DE LA RÉDACTION :
Moislinger Allee 53–55,
23558 Lübeck, Allemagne
E-mail : draegerreview@draeger.com
RÉDACTION EN CHEF :
Björn Wölke,
Tél. +49 451 882-2009, Fax +49 451 882-7-2009
CONSEILS RÉDACTIONNELS :
Nils Schiffhauer
DIRECTION ARTISTIQUE, AGENCEMENT,
RÉDACTION-PHOTO ET COORDINATION :
Redaktion 4 GmbH
TRADUCTION :
Lektornet GmbH
IMPRESSION :
Lehmann Offsetdruck GmbH
ISSN : 1869-7275
RÉFÉRENCE : 90 70 398
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à filtre double (modèle Dräger X-plore 3500/5500 ;
page 19), système d’air frais ESS II (page 26 et suivantes),
Tubes Dräger (page 32), Dr ugTest 5000 (page 34 et suivantes),
Multi-PID 2 (page 40 e t suivantes), les capteurs
(électrochimiques) (page 50 e t suivantes) et X-plore
8000 (page 56).
www.draeger.com
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
3
EXPÉRIENCES
NOUVELLES DU MONDE
Des gens
qui nous
touchent
PHOTOS : UFFE WENG, NILS SCHIFFHAUER
Lars Kjaersgaard,
médecin chef au CHU
d’Aalborg/Danemark
« Tout n’est pas toujours bon pour
le patient. Il y a bien entendu
les statistiques, les algorithmes et
la science. Si on veut trouver la
thérapie intensive adaptée, le contact
avec les patients est décisif. Je
m’adresse donc aux 60 infirmières
de mon service d’égal à égal. Je
passe une heure par jour avec les
patients, les infirmières toute la
journée. Un exemple : lorsque je
prescris un masque respiratoire,
c’est souvent ressenti comme désagré
able. Le patient transpire et
certains souffrent même de claustrophobie.
L’infirmière doit veiller
à ce que le patient comprenne vraiment
l’importance de ce traite -
ment. Pendant mes études, je n’ai
pas appris à instaurer ce climat
de confiance. Lorsque nous avons
eu besoin de nouveaux appareils
respiratoires, le personnel soignant a
été consulté également. Certes, les
fonctions techniques doivent être prises
en compte mais les infirmières ont
souligné l’importance d’une formation
intensive pour l’utilisation des respirateurs.
Chaque fois que j’arrive au chevet
d’un patient, je le salue, même s’il
est sous sédation car, parfois, les patients
s’en rendent compte. Et il n’y
a rien de plus humiliant qu’un médecin
qui commence un traitement sans
saluer son patient. »
4 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
Mario Schuster, concepteur
média, Art-EFX,
Potsdam/Allemagne
« Oui, mes quatre enfants connaissent
mon métier. Quand nous sortons,
ils me demandent souvent si c’est moi
qui ai fait ça et il m’arrive de leur
dire : oui, ce dessin est de moi. Je con -
çois des façades, des transformateurs
et des intérieurs. J’ai découvert
ma passion pour les tags grâce à un
éducateur dans un club pour jeunes. Je
suis originaire de Kleinmachnow près
de Potsdam où j’ai pu taguer légalement.
Je n’ai pas vraiment de source d’inspiration
mais les œuvres de Gerhard
Richter me fascinent. Je voulais faire
des études mais j’ai préféré taguer professionnellement.
Au départ, je travaillais
sept jours sur sept. Maintenant,
je suis directeur artistique adjoint chez
Art-EFX, où je suis entre autre responsable
pour le Land de Schleswig-
Holstein. Connaissez-vous la ville de
Süderbrarup ? J’y ai décoré les transformateurs
pour un fournisseur d’énergie.
Quand on travaille jusqu’à dix heures
par jour, on ne voit pas beaucoup le paysage.
Je tague en me conformant
à un modèle sur une feuille de format
A4. Et si un client veut admirer son
chat sur un pan de mur entier, pas de
problème ! Je mets mon masque,
prends des bombes aérosols et c’est
parti. Le client est content, tout
comme mes enfants quand je passe
par là avec eux. »
Professionnellement résilient ?
Trois personnes sont mortes dans un carambolage sur
l’A31 en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il y a eu de
nombreux blessés. Les sauveteurs ont bloqué l’accès
à ceux qui n’auraient peut-être pas supporté cette
horreur et, pour finir, ils ont eux-mêmes eu besoin de
beaucoup d’énergie pour surmonter ce qu’ils ont vécu.
L’énergie de
Stress au travail, problèmes privés ou soucis : chacun de nous est
confronté à une situation de fort stress à un moment ou à un autre.
Les personnes résilientes GÈRENT MIEUX LES CRISES. Certaines
sont plus solides de nature, d’autres peuvent apprendre à le devenir,
que ce soit au niveau individuel, de l’entreprise ou de la métropole.
Texte : Isabell Spilker
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LA FORCE PSYCHIQUE
L’ACCENT SUR
ceux
PHOTO : DDP IMAGES
qui résistent
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7
L’ACCENT SUR
LA FORCE PSYCHIQUE
L
Les sauveteurs reçoivent l’appel d’urgence à 9h33. Les heures
qui vont suivre vont les confronter à leurs limites. À Winnenden,
petite commune du Bade-Wurtemberg, un écolier abat 15 personnes
au mois de mars 2009 avant de se donner la mort. Martin
Luitjens est présent ce jour-là. Cet urgentiste s’est occupé des
survivants et des sauveteurs en prêtant une oreille attentive à
leurs problèmes. Le soir, celui qui aide les autres sent ses forces
diminuer pour lutter contre des événements traumatisants.
Les sauveteurs qui tentent de sauver des enfants,
des policiers dont les collègues sont tués en service
travaillent tous dans des situations inhumaines. Une
fois le calme revenu, ils ressentent le contrecoup du
stress. Ceux qui ne disposent pas des mécanismes
appelés « résilience » par les psychologues, auront
bien du mal à gérer leur vie quotidienne. « Ceux qui
rentrent chez eux après une telle journée ne sont pas
immédiatement en mesure de surmonter ces événements
», dit Luitjens, qui travaille également comme
« coach de résilience ». « On est perturbé car le mental
a besoin de temps. » Certains se ressaisissent en
quelques jours, d’autres ont besoin de plusieurs mois, voire plusieurs
années ou toute une vie.
Résistant aux perturbations
Résilience est synonyme de résistance mentale. Ce concept peut
être appliqué aux systèmes, organisations, infrastructures, matériaux
et sociétés. Il décrit la résistance aux perturbations et la
capacité à prendre des mesures pour empêcher le pire de se
produire ou pour réduire les effets du stress.
Cela fonctionne aussi dans les hôpitaux et les systèmes complexes.
Un exemple : les conséquences du changement climatique
sur les villes ont été étudiées ces dernières années. Il s’agit
de savoir comment les villes pourront affronter des conditions
météorologiques extrêmes pour revenir le plus rapidement possible
à la normale. La capacité d’apprentissage est une dimen-
8 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
Le bruit était assourdissant, le spectacle effroyable :
Le 3 juin 1998, le TGV « Wilhelm Conrad Röntgen » déraille près
d’Eschede, à proximité de la commune de Celle. Cet accident
ferroviaire a été l’une des pires catastrophes en Allemagne et les
sauveteurs ont été suivis psychologiquement. 700 des quelque
2 000 secouristes ont bénéficié trois ans durant de soutien psychologique
et 100 d’entre eux ont souffert de problèmes à long
terme avec des troubles mentaux et des troubles du sommeil
La résilience
peut protéger le
psychisme,
comme un système
immunitaire
sion importante pour la robustesse et l’aptitude à surmonter les
difficultés. Un système résilient est en mesure d’apprendre et
de s’adapter à de nouvelles conditions. « Pour les hommes, la
résilience désigne les mécanismes qui permettent de ressortir
renforcé de situations stressantes et traumatisantes », explique
Michèle Wessa, professeur de psychologie clinique et de neuropsychologie
à l’Université Gutenberg de Mayence. Depuis l’été
2014, cette université accueille le premier centre de recherche
sur la résilience qui se penche sur les bases moléculaires, l’expérimentation
animale et la neuroscience de la résistance. Ces
résultats vont permettre de mettre au point de nouvelles méthodes
de prévention.
L’intérêt pour des concepts efficaces augmente. La constitution
psychique de l’homme est un thème d’actualité.Malgré l’aisance
matérielle et les efforts physiques réduits (par rapport à des
PHOTO : DPA/SÜDDEUTSCHE ZEITUNG PHOTO
époques révolues), de nombreuses personnes sont sous pression
sur le plan professionnel et privé. Nous pensons souvent que
ceux qui ne peuvent pas suivre le rythme sont des « loosers ». Des
études sur la santé mentale de personnels des professions médicales
montrent par exemple qu’au moins 20 pour cent des médecins
souffrent de burnout. Le stress lié à la vie professionnelle
est un des plus grands défis de notre temps. La résilience est ici
un aspect complémentaire qui peut nous protéger – comme de
la corne sous les pieds.
« Ce qui ne me tue pas me rend plus fort »
Mais comment naît ce mécanisme protecteur ? Les systèmes
peuvent être renforcés, mais l’homme ? La résilience peut protéger
notre psychisme et éviter qu’on ne tombe malade après des
événements négatifs intenses. Et, tout comme
le système immunitaire, elle diffère en fonction
des individus. Mais elle peut être amélio-
ENVELOPPE DURE
L’American Psychological
rée. Pourquoi certains sont-ils plus résilients
Association a mis au
que d’autres ? Est-ce un fait génétique, une point un plan d’action
aptitude acquise durant l’enfance ou se développe-t-elle
à l’âge adulte ? La résilience peut-
résilience accrue :
en 10 points pour une
elle augmenter à tous les niveaux ? La formule
pourrait être très simple. Un enfant foncièrement
optimiste n’est pas chouchouté par ses
1. Efforcez-vous de vous
faire des amis.
2. Voyez les crises
parents. Il doit affronter des crises. Une fois
comme des obstacles
adulte, il est psychiquement plus résistant et surmontables.
affronte les difficultés avec une grande force 3. Acceptez les changements
comme partie
intérieure.
Stephen Joseph étudie ce phénomène. intégrante de la vie.
Ce chercheur anglais coordonne la formation
4. Efforcez-vous
d’atteindre vos objectifs.
psychothérapeutique et psychologique pratique
à la School of Education de l’Université 6. Cherchez des
5. Décidez d’agir.
de Nottingham. Jusqu’en 2013, il était professeur
de psychologie et directeur du Center for « vous recentrer ».
possibilités pour
Trauma, Resilience and Growth : « De nombreuses
aptitudes de l’âge adulte ont déjà été
7. Ayez une image
positive de vous-même.
8. Voyez les choses
objectivement.
9. Soyez optimiste.
10. Prenez soin
de vous.
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
9
L’ACCENT SUR
LA FORCE PSYCHIQUE
« La résilience
des secouristes
dépend aussi
de la culture au
sein de
l’organisation »
acquises enfant. Nous devons apprendre à gérer les
situations difficiles. Ceux qui sont confrontés à l’adversité
et à des catastrophes font preuve de plus de
résilience s’ils ont tiré les enseignements de leurs
expériences antérieures. » Ils voient ce qu’il y a de
positif dans une crise, fidèles au « Crépuscule des
Dieux » de Nietzsche : « Ce qui ne me tue pas me
rend plus fort. » Stephen Joseph a emprunté le titre
du livre de Nietzsche (« What doesn’t kill us ») et parle de gens
que les coups du sort ont rendus plus forts. « La croissance posttraumatique
requiert de se fixer de nouvelles priorités et de déterminer
ce qui est vraiment important. » Mais ceux qui n’ont
pas fait d’expériences positives pour surmonter des crises antérieures
seront d’autant plus vulnérables.
C’est ce que prouve une étude à laquelle Joseph a participé
en 1987 après le naufrage d’un ferry dans le port belge de
Zeebrugge, qui a fait 193 victimes. Les survivants, qui ont dû surmonter
d’autres crises durant les trois années après l’accident
(comme une maladie ou la perte d’un proche), étaient plus vulnérables
que le groupe témoin.
Être froid et dur comme le fer
ne rend pas plus résilient
L’étude a aussi mis en évidence ce qui suit : les personnes, incapables
d’extérioriser leurs émotions et celles n’ayant que peu
d’amis se sentaient encore plus mal. Le coach de résilience Luitjens
soutient lui aussi ce résultat : « Le soutien sociétal est un
facteur décisif. La résilience a beaucoup à voir avec l’environnement
personnel, par exemple chez les secouristes. Leur niveau
de résilience dépend aussi de la culture au sein de l’organisation.
» Ne peut-on pas discuter après une intervention et se dire
que tout ne s’est pas passé comme il faudrait ? « Les structures
relayant le mythe de l’invulnérabilité compliquent la façon d’aborder
les situations traumatisantes. Dans un tel environnement,
rares sont ceux qui osent avouer une prétendue faiblesse. » A
son avis, les ressources sociales, c’est à dire le soutien au sein
du groupe, sont des facteurs décisifs pour une résilience accrue.
La chercheuse Michèle Wessa va encore plus loin : « La cohésion
n’est pas aussi forte qu’on le pense. Ces caractéristiques
(optimisme, soutien social et expériences antérieures) ont certes
une influence décisive mais elles ne suffisent pas à prédire la
résilience d’une personne dans une situation donnée. » La résilience
résulte probablement de la combinaison de différents
facteurs et mécanismes. « Si seules certaines caractéristiques
rendaient résilients, ces personnes seraient résilientes tout au
long de leur vie. Mais ce n’est pas le cas. Un exemple : de nombreux
secouristes travaillent toute leur vie sans rencontrer de
problèmes notoires et soudain, quelque chose leur fait perdre
pied. Il faut donc plutôt renforcer durablement les ressources
qui peuvent s’épuiser. »
Partie intégrante de nombreuses formations
Le service d’urgence du Centre allemand de résilience essaie
d’être présent au moment crucial. Il ne s’adresse pas aux individus
confrontés à une crise, et qui ont besoin de résilience immédiatement
mais à des personnes et institutions stressées, avant
Se jeter à l’eau
dans l’espoir
de trouver des
survivants
et ne repêcher
que des
cadavres :
le naufrage du
Costa Concordia
au large des
côtes italiennes
a demandé
une grande force
mentale
aux plongeurs
10 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
Interview
Appareils
résistants
Il y a cinq ans, Dräger a inauguré
un service pour tester les appareils
médicaux dans la pratique afin
de les rendre plus résistants aux
influences environnementales.
Dirk Zumtobel dirige le service en
charge de la fiabilité des produits.
Monsieur Zumtobel,
l’assurance-qualité va de soi.
Que faites-vous de plus ?
Zumtobel : Les standards habituels
appliqués aux tests fonctionnels
d’assurance- qualité ne suffisaient
plus. Nous testons la stabilité
des systèmes pendant un laps de
temps plus long dans des « conditions
cliniques ». Des composants
sans défaut ne garantissent pas un
système parfait. Nous travaillons à ce
que nos composants soient sans
défaut et fonctionnent parfaitement
au sein du système global.
Avez-vous construit
un petit hôpital ?
Zumtobel : Oui, presque. Dans notre
laboratoire, nous sommes techniquement
en mesure de simuler des situations
quotidiennes. Nous y soumettons à une
situation de stress jusqu’à 25 appareils
ou plus, d’un certain type dans différentes
conditions. Nous consignons les résultats
et les analysons statistiquement, ce qui
permet de tirer des conclusions sur la
robustesse et fiabilité de nos systèmes.
A quelles conditions vos appareils
sont-ils exposés ?
Zumtobel : Autant qu’on peut en
prévoir : des patients en surcharge
pondérale, des prématurés (sous
respiration artificielle), des désinfections
régulières (avec différents
détergents et diverses méthodes),
des fluctuations de température
et de pression (pour l’alimentation en
gaz), des pannes de courant etc.
Quel a été le résultat
le plus important ?
Zumtobel : Après les essais avec
les prototypes, nous avons été surpris
du nombre de résultats effectivement
consignés. Les utilisateurs ne
remarquent pas toujours tout.
Nous avons déterminé les endroits
où l’architecture du système est
« limite », comme pour un système
d’exploitation informatique qui
peut bugger pendant l’utilisation.
L’appareil est d’abord rendu
résilient vis-à-vis de lui-même.
Quelles sont les influences
dont il faut le protéger ?
Zumtobel : Le plus grand défi pour
la technologie, ce sont les utilisateurs.
Tant qu’ils se conforment au mode
d’emploi, tout se passe bien. Mais il
y a les « abus prévisibles ». Nous
demandons donc régulièrement à des
personnes avec des connaissances
cliniques et techniques d’utiliser spontanément
nos nouveaux appareils. Nous
confrontons également les dispositifs à
d’autres situations inattendues :
l’utilisation d’accessoires inadaptés,
une interruption soudaine, un mauvais
nettoyage, etc. Cela nous permet
d’obtenir des informations supplémentaires
pour rendre nos appareils
encore plus résistants.
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
11
PHOTO : PICTURE ALLIANCE/DPA
L’ACCENT SUR
LA FORCE PSYCHIQUE
que la rupture ne se produise, afin de pouvoir réagir à temps :
avec une gestion du stress, des techniques de relaxation et un
réseau social qui apporte un réel soutien.
Souvent, les mesures favorisant la résilience font partie intégrante
de la formation des pompiers, policiers et pilotes. Il est important
de reconnaître ce qui suit : « Résilient ou non,
ça n’existe pas ! Chacun dispose d’un certain degré
de résilience, suffisant pour relever les défis mais parfois,
ces défis sont au-delà de nos forces », explique
Martin Luitjens, qui a mis trois jours avant de retrouver
son équilibre après la tragédie de Winnenden. « Je
connais les processus nécessaires et je sais ce qu’il
faut faire pour s’en remettre. » Luitjens est paré pour
ces éventualités mais il sait aussi que ceux qui ont été
résilients à un certain moment face à un problème
ne le seront pas forcément plus tard. Ce n’est pas
prévisible mais on peut s’armer de son mieux.
LITTÉRATURE ET LIENS UTILES (EN ANGLAIS)
Stephen Joseph : « What does’nt kill us ».
288 pages, Jackson/TN, USA, Basic Books, 2013
Karen Reivich, Andrew Shatte : « The Resilience Factor:
7 Keys to Finding Your Inner Strength and Overcoming Life’s Hurdles ».
352 pages, Harmony Publishers, New York, 2013
American Psychological
Association :
www.apa.org/helpcenter/road-resilience.aspx
Resilence Training Institute
(Succursales dans de nombreuses villes des États-Unis) :
www.resiliencetraininginstitute.com
« Résilient
ou non,
ça n’existe pas ! »
12 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
Même si le travail requiert une certaine robustesse :
l’image du pompier intrépide a changé ces dernières
années. De nos jours, les secouristes peuvent
avouer que des interventions de plusieurs heures,
comme un grand incendie, les perturbent
VOTRE PSYCHISME EST-IL RÉSISTANT ?
Nous réagissons tous différemment à des événements stressants.
C’est dû surtout à notre résistance psychique individuelle,
la résilience. Ce test vous permet de déterminer votre degré de
résilience. Voilà comment ça fonctionne : cochez les cases qui
vous correspondent le plus. Ensuite, additionnez les points.
Vous trouverez l’évaluation ci-dessous.
1. Je fais tout pour mettre mes plans en œuvre.
1 2 3 4 5 6 7
2. Normalement, je réussis à tout faire.
1 2 3 4 5 6 7
3. Je ne me laisse
pas facilement perturber.
1 2 3 4 5 6 7
4. Je m’apprécie.
1 2 3 4 5 6 7
5. Je peux faire plusieurs choses en même temps.
1 2 3 4 5 6 7
6. Je suis résolu(e).
1 2 3 4 5 6 7
7. Je prends les choses comme elles viennent.
1 2 3 4 5 6 7
8. Je m’intéresse à beaucoup de choses.
1 2 3 4 5 6 7
9. Normalement, je peux aborder
une situation sous plusieurs angles.
1 2 3 4 5 6 7
10. Je parviens à me forcer à faire des choses
que je n’ai pas envie de faire.
1 2 3 4 5 6 7
11. Quand je suis confronté(e) à une situation difficile,
je parviens en général à m’en sortir.
1 2 3 4 5 6 7
12. J’ai suffisamment d’énergie
pour faire tout ce que j’ai à faire.
1 2 3 4 5 6 7
13. Je peux accepter que
certaines personnes ne m’apprécient pas.
1 2 3 4 5 6 7
Basé sur : Karena Leppert et autres, Magazine de « Diagnostic
clinique et d’évaluation », 2008, p. 226–243, avec autorisation.
ÉVALUATION
Jusqu’à 58 points : Votre résilience
n’est pas très prononcée mais cela
ne signifie pas que vous êtes sans
défense face aux problèmes de la vie
quotidienne. Vous aurez cependant
davantage besoin de soutien psychologique
que d’autres personnes
confrontées aux mêmes problèmes.
De 59 à 82 points : Vous avez une
résistance au-dessus de la moyenne.
Normalement, vous savez gérer
même les situations difficiles et vous
retrouvez votre équilibre après un
certain temps.
83 points et plus : Vous ne vous
laissez pas perturber facilement. Vous
réagissez de façon flexible aux coups
du sort et pour trouver une stratégie
adaptée à la situation. Si vous ne
pouvez rien faire dans une situation
difficile, vous parvenez le plus
souvent à l’accepter.
PHOTO : ULLSTEIN BILD – CARO/MARIUS SCHWARZ
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
13
AÉRONAUTIQUE
INDUSTRIE
Étincelant
dans la
Les avions doivent être très résistants à 10 000 mètres d’altitude mais
pas uniquement : chez LUFTHANSA TECHNIK, on connaît les ingrédients
pour éviter que les peintures se décolorent ou s’écaillent.
Texte : Olaf Krohn Photos : Patrick Ohligschläger
troposphère
A
Antonio Borrego a un air intrépide quand il se prépare
pour aller travailler. La combinaison blanche jetable n’a
pas de détails à la mode et ses mains sont gantées. Le bonnet
à revers, recouvrant ses oreilles, fait penser à un casque
de moto rétro. Il est difficile de reconnaître la bouche et
le nez derrière le masque. Les yeux de Bor rego pétillent
de malice et ne sont pas pr otégés quand il saisit le pist o-
let contenant une peinture spéciale, qu’il pulvérise avec
beaucoup de soin sur une pièce mét allique suspendue au
plafond au moyen de c haînes. « Il s’agit d’une partie du
châssis d’un British Aerospace 146 », explique Borrego. Une
fois sorti de l’atelier de peinture et après avoir enlevé son
FOTO: BLIND
14
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
INDUSTRIE
AÉRONAUTIQUE
Épuisant :
Antonio Borrego porte
un masque respiratoire
dans un atelier de
peinture de la Lufthansa
Technik pour peindre
une pièce de carlingue
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
15
AÉRONAUTIQUE
INDUSTRIE
masque respiratoire, la sueur perle sur son front. « C’est
fatigant de travailler avec un masque. Un cycle complet
dure entre 15 et 45 minutes. » Selon la peintur e, il faut
appliquer trois à sept couches.
La polyvalence dans les airs
La peinture pulvérisée est maintenant par tout : ongles,
meubles, chauffages et voitures. Les avions sont ici la catégorie
reine. Afin que les avions soient impeccables, des procédés
longs et coûteux sont nécessaires car la peinture d’un
avion doit être résistante : « Les températures en vol à 10 000
mètres d’altitude et les temps au sol dans les déser ts (par
ex. Dubaï ou Phénix/Arizona) peuvent varier de plus de 120
degrés Celsius », dit Maik e Timm. « Les peintures doivent
être flexibles car les ailes vibr ent. Elles doivent résister au
soleil, à la pluie, à la neige, à la cendr e volcanique et aux
produits chimiques de dégivrage. » Une peinture pour l’aéronautique
doit donc être polyvalente.
Maike Timm travaille comme ingénieur pour la Lufthansa
Technik depuis 1998 et dirige maintenant l’atelier de
peinture. Elle est plus précisément Manager Operations Aircraft
Painting Services. Environ 40 hommes
sont sous ses or dres dans les halls étendus
de l’atelier de la Luf thansa. Antonio Borrego
en fait partie, tout comme son jeune collègue
Jan Kleineidam. « Je voulais de venir
mécanicien aéronautique et la peinture me
semblait moins passionnante. » Entretemps,
Kleineidam a choisi de s’y consacrer entièrement
: « Maintenant je sais que ce travail est
passionnant et exigeant. » Les f abricants de
peintures de la Lufthansa Technik proposent
une gamme variée de produits. Les peintures
ne se distinguent pas seulement par leurs couleurs
mais aussi par leur s compositions et
leurs domaines d’application. « La connaissance
des matériaux est essentielle dans no tre domaine »,
dit Maike Timm. « Nous utilisons entre 30 et 50 systèmes de
peinture différents. »
Les aménagements
de la
cabine
reçoivent
jusqu’à 25
couches de
peinture
Coupure
électrique :
quand Paul
Spalek pulvérise
une protection
anticorrosion, les
autres travaux
doivent cesser
et le courant doit
être coupé
16 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
RYTHME DE
MAINTENANCE
Pour le contrôle D, un
avion est retiré de
la circu lation pendant
jusqu’à 4 semaines.
L’avion est contrôlé et
entretenu méticuleusement
car dans les airs, il
n’y a ni autoroute, ni
service de dépannage.
Fabricants et autorités
de surveillance fixent
les intervalles de maintenance
pour les avions.
La Lufthansa Technik
fait la différence entre
maintenance (jusqu’au
contrôle C) et la
révision (contrôle D).
Sous cette couche, d’autres qualités sont requises, comme
par ex. la protection anticorrosion ou d’autres propriétés
spécifiques. Le châssis est ainsi revêtu d’une peinture thermique
qui se colore durablement dès que des composants
surchauffent pour que les techniciens puissent reconnaître
des vices éventuels. Parfois, la peinture témoigne des préférences
personnelles et sert de signe distinctif : l’atelier de la
Lufthansa à Hambourg s’entend comme secteur VIP pour les
réaménagements sur mesure d’avions de ligne en jets privés
exclusifs. « Parfois, nous revêtons certains meubles en cabine
de 25 couches de vernis », dit Jan Kleineidam.
Ces vernis contiennent des solvants, nécessaires pour
le traitement et la formation d’un film. Ils sont souvent
toxiques et cancérigènes. C’est pourquoi Jan Kleineidam et
ses collègues veillent toujours à la peinture et à la protection
Contrôle au
sol : effectué
avant chaque vol,
également par le
pilote lui-même, qui
dure jusqu’à
60 minutes
Contrôlé de
service : effectué
hebdomadairement.
On ajoute par ex.
des consommables,
jusqu’à 55 heures
de travail
Contrôle
C : tous les 15
à 18 mois – jusqu’à
5 000 heures de travail
et plusieurs jours
d’immobilisation
Ramp-
Check :
effectué chaque
jour – jusqu’à
35 heures de
travail
Contrôle
A* : toutes les
350 à 750 heures
de vol – jusqu’à
260 heures de
travail
Contrôle D :
tous les cinq à six ans,
au plus tard après 25 millions
de kilomètres. L’avion
est entièrement démonté ; env.
25000 heures de travail et
* Contrôle B : complé. jusqu’à quatre semaines
ment au contrôle A ; d’immobilisation
uniquement pour des
types d’avions particuliers
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
17
AÉRONAUTIQUE
INDUSTRIE
respiratoire adaptée. « En principe, nous travaillons avec des
masques filtrants, contrairement aux pompiers, qui portent
des masques isolants », précise Maike Timm. Les peintres
doivent insérer différents filtres dans leurs masques respiratoires
en fonction des peintures utilisées. La Luf thansa
achète ces équipements de sécurité notamment chez Dräger.
Chaque gramme compte !
Le travail manuel prévaut car les composants, utilisés dans
l’atelier de peinture, sont de dimensions, formes et matériaux
très variés. « La peinture doit être assez épaisse pour
remplir son objectif et la couche aussi fine que possible. Dans
l’aéronautique, chaque gramme compte », dit Maike Timm.
Dans l’idéal, la peinture d’un Airbus A340 pèse 300 kilos. Ne
pas appliquer trop de peinture, avec 100 ou 300 kilos supplémentaires,
est donc une question de doigté.
Maike Timm a rendez-vous avec Paul Spalek à 11 heures.
Ce dernier travaille dans le hall des g ros avions de ligne.
L’ingénieur consulte sa montr e. Le bus par t dans trois
minutes. La maison mère de la Lufthansa Technik à Hambourg
mesure l’équivalent d’env. 1 000 terrains de football.
Pour que les 7 500 ingénieurs ne perdent pas de temps en
déplacements inutiles, une ligne de bus r elie toutes les dix
minutes l’entrée de l’usine aux hangar s, halls et bureaux
importants.
Ceux qui découvrent cette vaste zone près de l’aéroport
de Fuhlsbüttel et le terrain d’Airbus au Sud de l’Elbe à F inkenwerder
se rendent compte que la ville de Hambourg, avec
l’Elbe, les conteneurs et les bateaux de croisière s’est également
solidement établie comme site numéro un de l’aéronautique
en Allemagne. La Lufthansa Technik entretient plus
de 50 sites différents dans le monde entier. Avec 26 000 collaborateurs
et 700 clients, elle est le leader dans ce domaine.
Après trois arrêts, Maike Timm descend du bus et se rend
en hâte dans le grand hall. Paul Spalek se tient devant les ailes
gigantesques d’un Airbus de la Lufthansa avant le contrôle D
(voir page 17). Le peintre appose une petite couche de peinture
et une protection anticorrosion d’un vert brillant, appelée
Travail manuel :
les pièces, peintes
dans un atelier de
peinture, sont toutes
différentes ; il est
donc difficile d’automatiser
ces tâches
« traitement au Dinol ». Le travail est effectué sur deux postes.
« Dans ce hall, on trav aille aussi la nuit », raconte Spalek .
« Quand nous peignons l’avion, il doit être exempt de courant. »
En d’autres mots : les techniciens doivent avoir fini leur travail.
Outre des peintures high-tech et une protection anticorrosion,
les spécialistes apposent aussi sur les carlingues des
films autocollants et des messages spéciaux. Le plus célèbre
exemple récent est un Boeing 747, qui a ramené l’équipe
allemande de football, championne du monde, apr ès la
grande finale à Rio l’année dernière. Pour éviter les confusions,
l’avion portait la mention « Avion des vainqueurs » en
lettres géantes. Afin de pouvoir appliquer rapidement les
films après la finale, six mécaniciens s’étaient rendus au Brésil.
Ils avaient aussi prévu une alternative : si l’équipe allemande
avait perdu, l’avion aurait porté l’inscription « Merci
les gars ! » L’inscription sur l’avion nommé « Potsdam » ne
sera retirée qu’après les championnats d’Europe de 2016.
18 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
26 000 collaborateurs,
700 clients :
Lufthansa
Technik est
le leader
mondial
Consignes de
sécurité :
il y a de nombreuses
consignes de
sécurité dans les
avions. Les films
sont apposés dans
l’atelier de peinture
(en haut). Précision
dans le travail sur
différentes parties de
l’appareil (à gauche)
Efficace pour un air frais
Dans les petits ateliers de peinture de la Lufthansa Technik, on utilise les
demi-masques Dräger. Une ventilation garantit l’évacuation des gaz et vapeurs
tout en amenant de l’air frais. Dans les grands halls, où les ouvriers appliquent
la protection anticorrosion directement sur la carlingue et les ailes des avions, on
utilise des masques intégraux. Pour les demi-masques et masques intégraux,
on distingue les filtres uniques et filtres doubles. Pour le masque à filtre unique
(modèle Dräger X-plore 6570 ou X-plore 4740), le filtre se trouve au milieu
du visage. Pour le masque à filtre double (modèle Dräger X-plore 3500 ou X-plore 5500),
le filtre se situe sur les joues. Cette variante permet à l’utilisateur de mieux voir
les surfaces à traiter. Il existe aussi des appareils à cartouches filtrantes (voir page 56).
En fonction des peintures utilisées et des substances toxiques, on insère différents
filtres dans le dispositif avant de commencer à peindre. Dräger propose également d’autres
masques et filtres pour d’autres domaines d’application et substances toxiques.
En principe, on distingue les protections respiratoires filtrantes ou légères. Il existe
aussi une protection respiratoire isolante, par exemple pour les pompiers.
Masques
respiratoires :
en haut, le Dräger
X-plore 5500, en
bas l’X-plore 6570
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
19
Là où des hommes sont impliqués,
il y a toujours un RISQUE RÉSIDUEL.
Rares sont ceux qui en sont conscients
dans la vie quotidienne, dans le
cas contraire on ne ferait plus rien.
Texte : Regina Naumann
Les intrépides
ILLUSTRATIONS : HONG LI/GETTY IMAGES
RISQUES
GESTION
IIl n’y a pas de vie sans r isque. Tous
les êtres vivants ont développé une stratégie
pour affronter un avenir incertain.
Les plantes se protègent avec des épines
ou des toxines pour ne pas être mangées.
Les écureuils emmagasinent des noix
pour survivre pendant les hivers rigou-
reux. Depuis des temps immémoriaux,
les hommes cherchent à minimiser la
portée des événements inopportuns.
Mais prendre des risques peut être
un vrai plaisir. Le suspense, ne pas savoir
précisément ce qui nous attend, est un
moteur puissant qui nous pousse à dépasser
nos limites, à inventer ou à f aire des
découvertes. Les découvreurs ne sont pas
seulement des Christophe Colomb ou
Albert Einstein mais tous ceux qui font
un grand pas dans la vie. U n mariage
Les données
heuristiques
aident à
surmonter les
22 incertitudes
RISQUES
GESTION
peut représenter un risque et il en v a
de même pour un nouvel em ploi ou un
déménagement. Nombre d’entre nous ne
sont pas conscients des r isques de la vie
quotidienne : par exemple en voiture ou
en traversant une route à une heure de
pointe, ce qui peut mal se terminer.
Les règles d’or au quotidien
La notion de « gestion des r isques » est
souvent associée à la per ception, au
calcul et à la suppr ession de r isques
au sein d’organisations et de systèmes,
avec des plans d’urgence e t des checklists.
Mais tout commence bien plus tôt.
Dès la naissance, nous disposons tous du
bagage nécessaire pour affronter les dangers
et incertitudes de la vie quotidienne.
L’aversion des enfants en bas âge pour les
aliments amers est un réflexe salvateur
car de nombreuses substances amères
sont toxiques. « Au q uotidien, les heuristiques
nous aident à é viter des situations
critiques », explique le professeur
Gerd Gigerenzer, directeur de l’Institut
Max Planck, organisme de r echerche
en éducation à Berlin, qui étudie comment
nous prenons des décisions face aux
situations critiques. « Les systèmes heuristiques
sont des règles simples qui nous
protègent des dangers dans des situations
incertaines, par ex. ne pas traver ser la
route quand une voiture approche. »
Ces règles doivent être apprises par
l’imitation, les instr uctions et l’expérience.
Plus nous avons d’expér ience,
moins nous avons besoin d’informations
dans des situations critiques. Cela nous
permet de nous fier à notre instinct. En
janvier 2009, les pilotes du vol US-Airways
1549 n’ont eu que trois minutes pour un
atterrissage forcé sur la rivière Hudson,
à Manhattan, car des oies avaient endommagé
les turbines. Ils se sont f iés à leur
expérience et à une règle simple : si on
voit apparaître le point, ver s lequel on
veut se diriger, sur la vitr e du cockpit,
c’est bon.
Il y a des risques qui nous mettent tous
d’accord. Quand un crash d’un avion, un
tsunami ou une épidémie de grippe tuent
de nombreuses personnes, nous sommes
tous sous le c hoc. La peur est immanente
à l’homme depuis son origine. « Il
n’y a pas que la peur de mourir mais aussi
la peur que de nombreuses personnes
meurent en même temps », explique Gigerenzer.
« Autrefois, les hommes vivaient
en petits groupes et quand de nombreux
individus mouraient subitement, cela
représentait un r isque élevé pour les
chances de survie. » C’est ce qui explique
pourquoi certains risques, dont les effets
se font sentir uniquement à long terme,
ne sont pas ressentis comme une véritable
menace : un carambolage de masse sur
l’autoroute nous perturbe davantage que
plusieurs milliers de morts sur les routes
chaque année.
Une perception différente
des risques
Les risques objectifs pouvant être calculés
sur la base de données st atistiques
au moyen du calcul des pr obabilités, ne
GESTION INTÉGRA-
TIVE DES RISQUES
POUR LES RISQUES
GLOBAUX
Deepwater Horizon,
Fukushima ou la crise
financière, ces événements
sont autant de
correspondent pas aux
risques ressentis. Nombreux
sont ceux q ui
catastrophes aux conséquences
globales. Depuis
2011, l’Eidgenössische
pensent que voler est
Technische Hochschule
risqué. Il n’en va pas
(ETH) de Zurich mène des
de même pour un trajet
en voiture. Et pour-
si complexes qu’elles
recherches sur des risques
tant, la route tue plus peuvent même influer sur
de gens par individu et la politique, les sciences et
l’économie. Les modèles
par kilomètre. Quand
tiennent compte des
nous montons à bord
risques technologiques,
d’un taxi à l’aéroport économiques et écologiques
ainsi que des fac-
pour prendre l’avion,
c’est la partie la plus teurs politiques et sociaux.
sûre du voy age qui www.riskcenter.ethz.ch
nous attend.
Pour l’évaluation subjective, le fait
d’être concernés ou de faire confiance
aux responsables ou aux institutions
joue un rôle crucial. En général, un
risque est jugé moins dangereux quand
on le prend volontairement et qu’il se
laisse prétendument contrôler. Un alpiniste
estime que le risque pour la santé
est maîtrisable mais il a peut-êtr e
davantage peur des pesticides dans
son alimentation, sur lesquels il n’a
pas d’influence. Les sociétés évaluent
également les risques différemment.
« Les Américains pensent par exemple
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
23
GESTION
RISQUES
qu’il est totalement irresponsable de
décorer son sapin avec de vraies bougies
mais ils ne pensent pas qu’il soit
risqué de laisser des enfants jouer avec
des armes à feu », cite à titre d’exemple
le professeur Gigerenzer.
L’Institut fédéral d’évaluation des
risques à Berlin (BfR) effectue des sondages
et des études sur la per ception
et l’évaluation de r isques sanitaires
qui témoignent souvent d’un décalage
entre amateurs et experts. En général,
contrairement aux experts, les consommateurs
estiment que les résidus de pesticides
dans l’alimentation représentent
un risque élevé. Les statistiques et
le calcul des probabilités sont des outils
mathématiques pour prévoir les événements
inopportuns. Il faut tout d’abord
identifier un risque. L’Institut Robert
Koch de Berlin collecte par exemple des
données sur toutes les maladies infectieuses
et établit des cartes numériques
permettant de suivre rapidement la propagation
d’une épidémie. La gestion des
risques d’une épidémie de g rippe est
plutôt banale : se laver les mains, por -
ter des gants, isoler les malades e t être
vigilant.
Un système d’alerte sophistiqué
Les risques en milieu hospitalier sont
plus complexes. Des standards minimum
sont entrés en vigueur en janvier
2014 pour la mise en œuvre de vastes systèmes
d’alerte qui permettront d’appliquer
les prescriptions de la loi de 20 13
sur les droits des patients. Le Dr Mar ia
Ines Cartes, responsable de la gestion
stratégique des risques et de la sécuri-
Gérer les risques avec succès –
avec la norme DIN EN 80001-1
L’évolution rapide des technologies modernes entraîne des risques :
les réseaux IT des hôpitaux détiennent par exemple la documentation de
différents diagnostics et traitements, des archives et servent au
transfert de photos et de données médicales. La grande variété des
dispositifs médicaux, standards et configurations utilisés augmente
la propension aux risques des réseaux IT médicaux.
La norme DIN EN 80001 1, un corpus de règles, définit trois
objectifs principaux dont il faut tenir compte pour l’intégration de dispositifs
médicaux dans un réseau IT existant :
• Sécurité (sécurité des patients)
• Sécurité des données et des systèmes (protection
des données médicales)
• Efficacité des déploiements (disponibilité)
Afin de mettre en œuvre la gestion des risques de façon adéquate,
l’ensemble des employés et unités organisationnelles des hôpitaux doit
collaborer sur le plan interprofessionnel. « Il en résulte forcément un
nouveau secteur d’activité, celui du Medical IT Network Risk Manager »,
souligne Jutta Antwi-Schultze-Lebenstedt de l’Académie Dräger.
L’organisation propose différents modules ainsi que des formations dans
les trois grands pays germanophones, notamment sur la sécurité
la sécurité IT ou pour apprendre à gérer les risques (selon la norme
DIN EN 80001 1) ainsi que le cours agréé par la CCI du « Medical
IT Network Risk Management ».
té des patients au C HU de Hanovre a
mis en place un sy stème d’alerte pour
les risques, erreurs et incident évités de
justesse. On met l’accent sur les erreurs
découvertes juste à temps avant qu’un
incident n’ait pu se produire. Les erreurs
sont traitées de façon anonyme, volontaire
et sans aucune sanction. C’est possible
uniquement quand on peut parler
ouvertement des circonstances qui ont
conduit à éviter de justesse un incident
ou une erreur. Cette analyse implacable
joue un rôle crucial pour supprimer des
tâches à risques. « Les salariés sont sensibilisés
à traiter et, si possible, à éliminer
les risques récurrents aussi rapidement
que possible », dit le Dr Car tes. Il
a ainsi été possible d’amélior er le stockage
des médicaments, de r édiger des
check-lists très strictes pour les opérations
ou de trouver des solutions créatives
pour identifier les patients ne parlant
pas l’allemand.
Même s’il y a toujours de nouveaux
risques dans les hôpitaux, un système
d’alerte garantit une sécur ité accrue.
« Je préfère donc parler d’une culture
de la sécurité et non d’une culture des
erreurs », conclut le Dr Cartes.
24 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
Les systèmes
d’alerte peuvent
minimiser
les risques
ILLUSTRATIONS : HONG LI/GETTY IMAGES
VÉHICULES
SÉCURITÉ
Forteresses
roulantes
Dans un monde plein de dangers, les VÉHICULES BLINDÉS doivent offrir
une protection maximale qui, en Allemagne, est testée sur des bancs d’essais.
Viennent s’y ajouter différents mécanismes de protection qui vont jusqu’à
l’alimentation indépendante en air pour protéger de la fumée ou des gaz irritants.
Texte : Peter Thomas
Pare-balles : voilà à quoi ressemble un véhicule qui
a passé les tests avec succès. Les experts des bancs
d’essais tirent jusqu’à 300 fois sur le véhicule blindé
26 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
L
Le bruit des balles est presque imperceptible
derrière les vitres de la cabine.
Là où le point rouge du laser brillait sur
le métal scintillant, une minuscule fleur
noire ouvre ses corolles menaçantes sur
la tôle acérée. C’est la trace laissée par
un projectile sur la car rosserie déchiquetée.
C’est ainsi que les experts des
bancs d’essais allemands testent en laboratoire
si un matériau ou une construction
répond aux exigences de résistance
aux balles.
Les véhicules civils sont soumis à
des tests très stricts. Il s’agit de limousines
ou de 4 x 4 blindés grâce au montage
de matériaux spéciaux résistant
surtout aux tirs de balles. « Ces véhicules
sont répartis en dix catégories différentes
(VR1 à VR 10), dont le degré de
protection est défini dans la directive
BRV 2009 (Bullet Resistant Vehicles) »,
explique Peter Häußler, spécialiste en
technique de sécurité des bancs d’essais
d’Ulm, dans la région de Tübingen. Il
existe encore deux autres instituts effectuant
ce type de tests en Allemagne,
situés à Mellrichstadt près de Fulda et
à Munich.
Rien d’étonnant que la compétence
balistique soit concentrée dans le Sud
de l’Allemagne car c’est surtout ici que
sont construites les limousines de lux e
et les 4 x 4 qui sont habituellement transformés
en véhicules blindés. Outr e les
marques de luxe allemandes, des entreprises
étrangères font également partie
des clients. Les testeurs tirent plusieurs
centaines de balles sur un véhicule pour
tester la sécurité. Après des essais de plusieurs
jours, des impacts de balles par -
sèment le capot, les f lancs, le toit et
l’arrière du véhicule. Le par e-brise est
parcouru de fissures ressemblant à une
toile d’araignée laiteuse. Mais l’im portant,
ce n’est pas l’esthétique. Ce qui
compte, c’est de savoir si des éclats, voire
des balles ont pénétré dans le véhicule.
Toujours de nouveaux risques
Les tirs de balles restent le risque majeur
contre lequel les passagers des véhicules
blindés doivent êtr e protégés. Il faut
ici respecter la règle suivante : plus la
classe de résistance est élevée, plus la
sécurité des passagers l’est également.
Les clients, exposés à des r isques relativement
réduits, comme des attaques
à main ar mée, choisissent plutôt des
modèles avec un blindage léger (de la
classe VR4). Les véhicules à par tir de la
classe VR7 sont adaptés aux risques plus
élevés (y compris des attentats terroristes).
Mais ils doivent aussi protéger des
gaz, vapeurs et aérosols toxiques, qu’aucun
blindage n’arrête.
C’est pourquoi, dans leurs véhicules
blindés, tous les fabricants proposent
PHOTOS : BMW AG
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
27
VÉHICULES
SÉCURITÉ
Système
d’aération
autonome
pour
sortir de
la zone de
danger
l’Emergency Supply System (ESS), mis
au point par Dräger et lancé sur le marché
en 2004 pour une alimentation d’air
frais indépendante de l’air ambiant pour
le chauffeur et les passagers. En 2011, la
société a présenté l’ESS II, offrant une
sécurité accrue contre d’éventuelles
défaillances.
Le réservoir d’air frais, intég ré au
sein du véhicule, comprimé à 300 bars
conformément à la nor me DIN EN
12021, est suffisant pour pouvoir sortir
de la zone de danger. « En cas de danger,
ce système est déclenché par le conducteur
en appuyant simplement sur un bouton
», explique André Huschke, directeur
de la gestion-produits Engineered Solutions
de Dräger. « Cette impulsion ouvre
la soupape d’arrêt du réservoir d’air frais,
comme pour déclencher un airbag. »
Ensuite, l’air circule dans un réducteur
de pression. Un système de mesure intégré
conduit l’air dans des tuyaux qui alimentent
l’habitacle en air frais (à une
surpression relative de quelques Pascals).
Cela évite que des gaz t oxiques
pénètrent dans le véhicule lor sque portières
et fenêtres sont fermées.
Le marché des véhicules blindés
est dominé par les pr incipaux fabricants
automobiles. Viennent s’y ajouter
quelques PME, spécialisées dans le montage
de dispositifs de sécurité. Ce secteur
se caractérise par un degré élevé de travail
manuel et d’individualisation. C’est
également le cas de l’Audi A8 L Security,
présenté l’année dernière, fabriqué
en 450 heures de travail à Neckarsulm
et équipé sur demande du Dräger ESS II.
Cette limousine, mesurant 5,27 mètres
de long, à transmission intégrale, répond
aux prescriptions de la classe de r ésistance
VR7. Le blindage répond même par
endroit aux classes de r ésistance VR9 et
VR10. Le véhicule, qui a également passé
les tests de résistance aux explosifs (directive
ERV 2010), est considéré comme le
plus léger de sa catégorie.
Légèreté et protection spéciale, comment
est-ce possible ? Lorsque cette technologie
a été mise au point dans les
années 1930, les ingénieurs avaient opté
pour des plaques blindées massives. A
l’époque, on construisait des véhicules
civils pour des chefs d’État et de grands
industriels. Les véhicules étaient même
munis de fenêtres rabattables en acier,
notamment pour l’empereur japonais
Hirohito, système sombre mais sûr. Par
la suite, on a utilisé des couc hes protectrices
spéciales, intégrées au véhicule. De
Effets et causes : les tirs de balles sur le
pare-brise (à gauche) font partie des tests. Une
installation de tir (à droite) garantit la précision
PHOTOS : DAIMLER AG (2), PETER THOMAS
28 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
nos jours, on emploie des métaux et des
matériaux en céramique, des tissus spéciaux,
des films et composés de fibres de
verre.
Focus sur les points faibles
Dans le cas de l’Audi A8 L Security, la protection
est obtenue grâce à de l’acier de
blindage en aramide et en alliages ultrarésistants
d’aluminium. De l’extérieur,
le véhicule blindé ne dif fère guère des
autres. Cette discrétion caractérise tous
les véhicules des grands fabricants automobiles
car passer r elativement inaperçu
contribue également à la sécur i-
té des passagers. Les testeurs des bancs
d’essais n’omettent aucun détail, aussi
minime soit-il. Les experts commencent
par étudier le véhicule. Leur s observations
permettent de fixer un catalogue
de points d’impact. Les techniciens pratiquent
un « Reverse Engineering » pour
ensuite contrôler leurs conclusions avec
des méthodes radicales.
Pour les tests de plusieur s jours, ils
commencent par apposer des autocollants
sur les points d’im pact prévisionnels,
avant même de tirer la première balle sur
le véhicule. Les autocollants se retrouvent
en grand nombre sur les soudures et à
différents niveaux de la str ucture de la
carrosserie car ces zones sont considérées
comme points d’attaque potentiels.
Mais les portières, capots, planchers et
toits portent également des autocollants.
Les experts tirent jusqu’à 300 fois sur
le véhicule blindé, notamment selon le
modèle de tir comme le « tr iangle 120 »
(trois impacts sous forme de triangle isocèle
avec des côtés de 120 mm de long)
et « Multihit » (tr ois impacts sous forme
de triangle dont les trous sont séparés de
trois fois, mais pas plus de q uatre fois la
distance correspondant au calibre).
Sur les bancs d’essais d’Ulm, les collaborateurs
ne portent pas d’armes. Ils
travaillent avec des équipements de précision,
équipés d’un sy stème laser et
commandés à distance. Afin de positionner
l’objet du test de façon optimale, les
véhicules mesurant jusqu’à six mètres
de long, pesant jusqu’à cinq tonnes, sont
placés sur un pont t ournant. Un pont
tournant de cette dimension est unique
en Allemagne. Quand on a besoin d’un
site particulièrement haut ou bas, par
exemple pour tester un toit, on utilise un
robot. Les résultats de tous les tirs sont
ensuite consignés, évalués et marqués
avec des autocollants verts (« la balle
ne traverse pas ») et rouges (« la balle
a traversé »). Si aucune balle e t aucun
éclat n’ont réussi à perforer le blindage,
le fabricant se voit décerner le certificat
tant convoité.
Outre les véhicules blindés civils
(jusqu’à la classe de r ésistance VR10),
il existe des classes de sécur ité supérieures,
capables de résister à des tirs
de projectiles développant une éner -
gie nettement plus élevée. Les normes
pour ces blindages sont du r essort de
la technologie militaire mais l’armée
n’est pas la seule à profiter de ces techniques.
Le président américain Barack
Obama se déplace par ex emple dans
une limousine pesant huit tonnes et les
portières blindées ont une épaisseur de
20 centimètres.
Sécurité et tradition :
Dräger propose l’alimentation
en air frais ESS depuis 2004 et,
depuis 2011, nous proposons
la deuxième génération pour les
coffres des véhicules blindés
Quand le danger est imminent
Le système d’air frais ESS II produit une pression de
quelques Pascals supérieure à l’air ambiant pour protéger
les passagers des gaz, vapeurs et aérosols.
Les gaz sont des substances présentes dans l’air sous forme gazeuse à pression atmosphérique
normale et à température ambiante. En principe, ils emplissent entièrement et
régulièrement la pièce, sauf s’ils sont plus lourds que l’air. Ils s’accumulent alors à hauteur du
sol, comme les gaz lacrymogènes ou les gaz neurotoxiques comme le sarin et le tabun.
Les vapeurs sont produites par le passage d’une substance liquide en phase gazeuse.
Au quotidien, les mélanges de la phase gazeuse d’une substance et de l’aérosol en
phase liquide sont désignés par le terme de vapeur. Contrairement à la plupart des gaz,
les vapeurs, comme le gaz chlorhydrique et le phosgène, sont visibles.
Les aérosols forment le plus grand groupe des substances volatiles transportées
par l’air, comme des poussières (microparticules de substances solides), le brouillard
(gouttes) et la fumée (le plus souvent des particules de substances solides et
liquides alliées à des gaz de combustion engendrées par des processus d’oxydation)
comme l’anthrax ou des toxines mortelles comme la ricine.
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
INCENDIE
CASERNE DE POMPIERS
Sauvetage
en rouge et blanc
Les risques ont changé, pas le nombre d’interventions.
Les POMPIERS de la ville libre et hanséatique de Hambourg interviennent
env. 700 fois par jour pour éteindre des incendies et sauver des vies.
Texte et photos : Peter Thomas
30 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
Changement
de poste par tous
les temps :
peu après 6 heures, la
3 ème équipe prend la
relève dans la caserne
des pompiers de
Hambourg-Barmbek
(à gauche). Parmi
eux (en haut), les
pompiers Micha
Zöllner (à gauche) et
Clemens Wegner
M
Masques respiratoires, agents
d’extinction et autres équipements, sans
oublier les tronçonneuses : Clemens
Wegner et Micha Zöllner analysent en
détail tout l’équipement du véhicule
des pompiers de Hambourg (HLF).
Ensuite, ils contrôlent le véhicule.
L’apprenti-pompier Wegner et le pompier
Zöllner sont aujourd’hui en charge
du HLF2 de la caserne de la 23 ème
caserne de pompiers (FuRW 23) du
quartier de Barmbek. Quand ils
partent pour un incendie, ils prépa rent
les masques respiratoires, tou jours
accrochés derrière les sièges de la
cabine pendant le trajet.
Les pompiers de Hambourg (BF) interviennent
env. 700 fois par jour dans la
deuxième plus grande ville allemande,
parfois ce sont même plus de 1 000
interventions. « Il y a de tout, de l’assistance
technique à des incendies »,
dit Zöllner. Les sapeurs-pompiers de la
ville s’occupent non seulement des
incendies mais aussi de missions de
sauvetage. Ils sont donc non seulement
qualifiés comme pompiers mais
aussi comme secouristes ou infirmiers.
Dans le reste de l’Allemagne, une
des conditions requises pour faire
carrière chez les pompiers est d’avoir
suivi une formation technique mais
Clemens Wegner et Micha Zöllner ont
déjà travaillé comme secouristes
avant de devenir pompiers.
Offensive de formation contre
l’évolution démographique
La qualification de nouveaux pompiers
et secouristes joue un rôle important
pour les pompiers de Hambourg, qui
doivent embaucher de nouveaux
éléments pour pouvoir répondre au
nouvel objectif de formation et aux
prescriptions du groupe de travail des
directeurs des pompiers professionnels
en Allemagne (AGBF) après un incendie
critique. De plus, de nombreux collègues
d’un certain âge vont partir à la
retraite ces prochaines années. « Nous
allons être frappés de plein fouet par
l’évolution démographique. A partir
de 2017, nous devrons compenser de
plus en plus de départs à la retraite »,
explique le responsable, Klaus Maurer,
directeur des pompiers de Hambourg.
« Même si nous avons initié les
premières mesures avec une offensive
de formation, un cursus de secouriste
en trois ans permettra également de
rejoindre les rangs des pompiers tandis
que de nombreux infirmiers suivront
une formation de secourisme. »
Le nombre élevé d’interventions
à Hambourg s’explique par leur double
mission : lutter contre les incendies
et sauver des vies. C’est le cas depuis
1946, quand l’administration de la
zone d’occupation britannique avait
chargé les pompiers d’effectuer
les transports d’urgence et médicaux.
Ainsi, le parc de véhicules rouges des
secours a été complété par une flotte
d’ambulances blanches (à l’époque
sans gyrophare et sirène). Mais ces
deux couleurs côte à côte ont été remplacées.
Les ambulances, montées
sur des châssis de voitures particulières,
ont été complétées par des camionnettes
Volkswagen et la couleur rouge
des véhicules de pompiers s’était
déjà imposée pour les transports de
malades. Maintenant, les véhicules
des pompiers et les ambulances de la
BF de Hambourg sont revêtus d’un
film de couleur rouge.
La FuRW 23 dans le quartier de
Barmbek compte parmi les plus
actives. Outre une équipe de pompiers
avec deux véhicules à grandes échelles,
cette caserne accueille aujourd’hui
quatre ambulances (RTW). Barmbek
abrite également le groupe spécial
de sauvetage en altitude. Cette caserne
dispose aussi d’un véhicule de secours
d’urgence (NEF) et d’une ambulance
supplémentaire dans l’hôpital local.
Lundi, 6 heures : prise de poste de la
3 ème compagnie de sapeurs-pompiers.
Pour être sûrs : après chaque
changement de poste, les véhicules
et les équipements des
pompiers et secouristes de Barmbek
sont contrôlés en détail
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
31
INCENDIE
CASERNE DE POMPIERS
Plus de
250 000
interven tions
en douze
mois
Jürgen Toms affecte ses hommes
aux différentes tâches de la journée.
Chaque étiquette colorée sur le
porte-documents du chef d’équipe
correspond à un de ses hommes
et chaque étiquette est affectée à un
véhicule, à une exception près : les
deux pompiers affectés au quatrième
véhicule de secours (RTW K), qui
s’occupent du véhicule avec les équipements.
Les véhicules et équipements,
de la grande échelle en passant par les
outils, sont toujours contrôlés avant
le petit- déjeuner.
Intervention en combinaisons
de protection
Ce matin, quatre chaises restent vides.
Les véhicules de secours A et B sont
partis en intervention. L’alerte retentit
de nouveau entre muesli et petits
pains. Le signal lumineux pour la troisième
ambulance s’allume pour une
urgence médicale. Il y a deux ans, les
pompiers de Hambourg ont atteint
le chiffre de 250 000 interventions en
douze mois. Plus de 85 pour cent des
interventions étaient des missions de
sauvetage. De grands incendies dans
des bâtiments et en mer, autrefois les
missions les plus spectaculaires, sont
beaucoup plus rares. C’est dû entre
autre à l’installation de détecteurs de
fumée dans les appartements et
d’installations performantes d’extinction
de gaz sur les navires.
Les sapeurs-pompiers suivent une
formation dans la caserne de Barmbek.
Ils y sont formés notamment à l’utilisation
de Tubes Dräger pour la mesure
de substances dangereuses. Micha
Zöllner parle de ses expériences de
sauvetage avec un patient potentiellement
atteint du virus Ebola : assistance
dans une combinaison de protection,
communication avec un expert
en maladies tropicales via le centre
d’appel d’urgence, intervention
de l’ambulance, transport dans un
hôpital spécialisé et décontamination
des intervenants. Dans une métropole
comme Hambourg, cela n’a rien
d’exceptionnel. Forte concentration de
population, 30 ports, de grands complexes
industriels et toute la palette de
l’infrastructure des transports rendent
le travail des pompiers de Hambourg
Bien équipé :
le véhicule
dispose de tout
ce dont on a
besoin dans une
métropole
Reconnaître
les dangers :
la formation
de la matinée
a pour thème
l’utilisation des
Tubes Dräger
32 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
aussi exigeant. Outre 2 440 sapeurspompiers
professionnels dans six
casernes (dont deux unités spéciales
pour l’aéroport), 2 500 pompiers volontaires
dans 87 casernes veillent à la
protection contre les incendies dans la
métropole au bord de l’Elbe. Ce fleuve
joue un rôle important pour leur travail,
pas seulement en raison des ports
(du ressort des pompiers professionnels),
de deux bateaux-pompes et du nouveau
tunnel sous l’Elbe. Les deux
casernes des pompiers du tunnel sous
l’Elbe, autrefois du ressort des services
d’urbanisme, sont gérées par des
pompiers professionnels depuis 2001.
Le centre-ville
en état de siège
Parfois, la métropole est elle-même
source de dangers. C’est vrai aussi pour
la violence dont sont victimes les
secouristes, surtout le soir. Selon une
étude actuelle, l’agresseur type est
un homme sous l’influence de l’alcool
ou de drogues, âgé de 20 à 40 ans. Ce
phénomène n’est pas nouveau, comme
le prouve le grand classique « Florian
14 : Achter Alarm (Huitième alarme) » !
Le journaliste Hans Georg Prager a
écrit son livre de reportage, consacré aux
pompiers, au milieu des années 60.
Il y présente ses expériences de pompiersecouriste,
par exemple lors d’interventions
en centre-ville le vendredi soir,
en plein « bal de soir de paie », quand
l’alcool coulait à flots.
Mais les interventions sur les
incendies présentent également des
parallèles. Les incendies spectaculaires
sur des navires de transport de
marchandises en vrac ont cédé la
place à des interventions sur des porteconteneurs
ou des installations portuaires.
Et le grand incendie, qui ravagea
Hambourg quatre jours durant
en 1842, détruisant une grande partie
de la vieille ville historique, est encore
dans toutes les mémoires. Les sapeurspompiers
s’étaient vus octroyer un
statut de sapeurs-pompiers professionnels
le 12 novembre 1872.
SOURCE : POMPIERS DE HAMBOURG, RAPPORT ANNUEL DE 2013 DU MAGISTRAT DE LA VILLE RÜSSELSHEIM, SERVICE DE PROTECTION CONTRE LES INCENDIES
De quoi faire
Que ce soit à Hambourg ou à Rüdesheim, dans le Land de Hesse, les pompiers
allemands ont fort à faire, peu importe la façon dont leur travail est structuré.
HAMBOURG*
1 752 000 HABITANTS
JEUNES
POMPIERS
900
2 500
VOLON-
TAIRES
23
CASERNES DE
PROFESSIONNELS
87 CASERNES DE
VOLONTAIRES
11 500
INTERVENTIONS DE LUTTE
CONTRE LES INCENDIES/AN
21 750 INTERVENTIONS
D’ASSISTANCE TECHNIQUE/AN
19 INTERVENTIONS DE POMPIERS/AN
POUR 1 000 HABITANTS
2 400
PROFES-
SIONNELS***
VOLON-
TAIRES
313
INTERVENTIONS DE LUTTE
CONTRE LES INCENDIES/AN
554 INTERVENTIONS
D’ASSISTANCE TECHNIQUE/AN
14 INTERVENTIONS DES POMPIERS/AN
POUR 1 000 HABITANTS
1
CASERNE DE
POMPIERS
PROFESSIONNELS**
3 CASERNES DE
POMPIERS VOLONTAIRES
JEUNES
POMPIERS
60
198
PROFES-
SIONNELS
38
RÜSSELSHEIM
61 000 HABITANTS
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
* État en 2013 ; ** Rüsselsheim jouit d’un statut spécial et dispose également d’une caserne
de pompiers professionnels. La caserne emploie des pompiers professionnels et volontaires.
*** Secouristes compris.
Héros
Le Drugtest 5000 montre en quelques minutes qui est
sous l’influence de drogues. Sa précision repose sur
des ANTICORPS SPÉCIFIQUES qui s’adaptent aux drogues
comme une clé dans une serrure.
Texte : Dr Hildegard Kaulen
34 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
DÉTECTION DE DROGUES
IMMUNODIAGNOSTIC
PHOTO : HANS-JÜRGEN KOCH
L
La consommation de drogues est une réalité sociale. Nombreux
sont ceux qui ne veulent et ne peuvent pas renoncer à l’élargissement
du champ de conscience, même si la prise de drogues nuit à
la longue à la santé. Selon un rapport récent du gouvernement allemand,
un Allemand sur quatre, âgé entre 18 et 64 ans, a déjà consommé
du cannabis et 319000 Allemands sont dépendants aux drogues
illégales. Les statistiques des accidents de l’Office fédéral des statistiques
sont également claires : en 2013, on a enregistré 3896 accidents
de la route sous l’influence de drogues avec 1913 blessés,
dont 457 blessés graves. Plusieurs dizaines de personnes sont décédées
parce qu’elles-mêmes ou les conducteurs avaient consommé
des drogues avant de prendre le volant.
Lorsque les gendarmes veulent contrôler l’aptitude à la conduite,
tout doit aller vite et le test doit fournir des informations sur la situation
Cannabis sativa
est le nom latin du chanvre.
On voit ici le cliché d’un
examen microscopique de la
tige sous éclairage rasant
actuelle. « La police doit donc mesurer la consommation de drogue du
moment, pas celle du passé », explique Rainer Polzius, responsable du
développement du DrugTest 5000 chez Dräger. « Il ne s’agit pas de
montrer si un conducteur était apte à conduire hier ou la semaine dernière
mais s’il l’est maintenant ! » L’appareil teste la salive et non le sang
ou l’urine. Les drogues, détectables uniquement à court terme dans la
salive, sont présentes bien plus longtemps dans l’urine. Le tétrahydrocannabiol
(THC), principal composant du cannabis, est même détectable
encore des semaines plus tard. En revanche, la salive est facile
à analyser lors d’un contrôle routier. L’échantillon ne peut pas être manipulé
et toute tentative de fraude serait démasquée immédiatement.
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
35
IMMUNODIAGNOSTIC
DÉTECTION DE DROGUES
Les anticorps
sont
les héros
moléculaires
de la
détection de
drogues
DrugTest 5000 de Dräger – des
anticorps spéciaux permettent actuellement
de détecter huit stupéfiants illégaux, dont
le cannabis et les amphétamines, les types
de stupéfiants les plus consommés selon
le rapport mondial sur les drogues en 2014
Le test de salive repose sur une réaction des antigènes d’anticorps,
comme pour un test de grossesse. Les anticorps font partie intégrante
de l’immunodiagnostic en raison leur spécificité élevée. Ce
sont des héros moléculaires car ils permettent à l’organisme de se
défendre contre les agressions extérieures. Ils procèdent de façon
très précise et s’adaptent parfaitement aux agresseurs. Si les anticorps
détectent un antigène spécifique, ils forment un complexe immun.
Cette reconnaissance spécifique est la raison pour laquelle on
qualifie les anticorps de héros, base de l’utilité de cette classe de
molécules. Dans les diagnostics, les anticorps sont utilisés pour détecter
des protéines, hormones, poisons ou agents infectieux. Dans
la médecine, on traite des maladies chroniques inflammatoires et
le cancer au moyen d’anticorps parce qu’ils détectent de manière
infaillible les cellules à traiter. Les vaccins reposent également sur
les principes actifs des anticorps. Dans l’immunisation active, les
anticorps constituent une mémoire immunologique et dans l’immunisation
passive, les médecins interviennent en cas d’urgence avec
des anticorps spécialement adaptés. Le tour de force est la reconnaissance
à coup sûr de l’antigène.
Le DrugTest 5000 fonctionne avec les anticorps spécifiques aux
drogues pour détecter plus d’une demi-douzaine de substances :
amphétamines, opiacés, cocaïne, benzodiazépine, cannabis, méthadone,
produit de substitution de l’héroïne et kétamine, un narcotique
synthétique. Le seul problème qui se pose est de différencier dans
la salive les restes d’un petit pain du pavot de l’héroïne, ce qui est
également très difficile au niveau chimique. Les anticorps spécifiques
aux drogues réagissent à un certain groupe de substances,
permettant de reconnaître plusieurs agents d’une catégorie de drogues.
Le test de salive se compose d’un réservoir (la cassette de
test avec les bandelettes réactives), une cartouche de solvant et
un appareil d’analyse. La cassette de test contient cinq bandelettes
à deux positions pour la détection de drogues. « On pourrait aussi
détecter dix stupéfiants », ajoute Rainer Polzius. « Actuellement,
huit positions sont affectées mais nous recherchons en permanence
s’il est opportun et techniquement possible de détecter de
nouvelles drogues. »
Le principe de la concurrence
Les bandelettes de test se composent d’une membrane poreuse et
le test fonctionne automatiquement. Une fois la salive, la cassette
de test et les cartouches de solvants insérés dans l’appareil d’analyse,
la température est portée à une valeur optimale. La salive est
mélangée à des solvants. Ensuite, les bandelettes de test sont plongées
dans un mélange. Le liquide imprègne la bandelette par effet
capillaire. Commence alors ce qu’on appelle « Lateral Flow Test »
dans le jargon professionnel. Peu après le début du test, l’anticorps
spécifique aux drogues arrive sur la membrane et une petite quantité
de drogue à détecter se dépose au centre de chaque bandelette.
Lorsque le mélange, composé de la salive et des solvants, imprègne
36 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
La méthylamphétamine
forme
des cristaux rappelant
la glace,
présentés ici sous
un microscope à
lumière polarisée
Petit dictionnaire
des molécules
Le système immunitaire protège les êtres vivants des
substances étrangères ou des virus. Ses principaux
protagonistes contribuent aussi à l’immunodiagnostic.
Antigène = substance reconnue comme
étrangère au système immunitaire et contribuant
à la formation d’anticorps.
Anticorps = protéines, formées par les cellules
B du système immunitaire. Ils reconnaissent
les antigènes et aident à les combattre dans le
cadre de la réponse immunitaire.
Cellule B = cellules immunitaires appartenant aux
globules blancs et formant des anticorps.
Clones de cellules B = un clone de cellule
B est un groupe de cellules B identiques, issu
de la division d’une cellule B.
Épitope = partie de l’antigène, reconnue par
l’anticorps et liée spécifiquement.
PHOTOS : DRÄGERWERK AG & CO. KGAA, DENNIS KUNKEL MICROSCOPY, INC./VISUALS UNLIMITED/CORBIS
Immunodiagnostic = domaine des diagnostics
reconnaissant des substances ou molécules
via la spécificité élevée d’une réaction antigène
d’anticorps. La détection s’effectue au moyen
de marquages sur les anticorps. On utilise en
général des anticorps monoclonaux.
Les anticorps monoclonaux sont formés d’un
seul clone de cellule B. Ils reconnaissent un
seul épitope de l’antigène. Les anticorps monoclonaux
sont tous identiques.
Les anticorps polyclonaux sont formés de
différents clones de cellules B et reconnaissent
différents épitopes de l’antigène. Les anticorps
polyclonaux sont un mélange de différents anticorps.
Principe clé-serrure = principe selon lequel deux
ou plusieurs structures complémentaires ne
remplissent leur fonction biologique que lorsqu’elles
vont parfaitement ensemble. La reconnaissance
d’un antigène par un anticorps suit ce principe.
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
37
IMMUNODIAGNOSTIC
DÉTECTION DE DROGUES
Test rapide
en moins
de dix
minutes
la bandelette, les anticorps des drogues sont séparés de la membrane.
Si la salive contient de la drogue, les molécules s’agglomèrent
à l’anticorps respectif. Ce dernier ne peut plus s’allier à la substance
de comparaison au centre, qui est déjà imprégnée des molécules
de drogue de l’échantillon de salive. S’il n’y a pas de drogues, l’anticorps
adhère aux substances de comparaison au centre, qui n’ont
pas réagi avec les molécules de drogues de la salive. Le principe
du test repose donc sur une réaction de concurrence. Le justificatif
visible s’effectue via un marquage sur les anticorps spécifiques
des drogues. Il s’agit de particules d’or qui reflètent la lumière d’une
certaine longueur d’ondes dès qu’elles sont éclairées. Si l’appareil
d’analyse enregistre un signal lumineux, l’anticorps s’est aggloméré
à la drogue au centre de la bandelette de test. Cela signifie qu’il
n’y a aucune molécule de drogues dans la salive. S’il n’y a pas de signal
lumineux, on peut partir de la présence de drogues. Il y a donc
une relation inverse entre la concentration de drogues dans la salive
et la puissance du signal de l’anticorps aggloméré au centre de la
bandelette de test. Le résultat pour sept drogues est disponible au
bout de cinq minutes, sauf pour le cannabis dont la détection dure
environ trois minutes plus longtemps. Le DrugTest 5000 est un appareil
de test préliminaire permettant de prédire la consommation
en temps réel de drogues avec une probabilité élevée. Les tests suivants
doivent être effectués en laboratoire pour confirmer les résultats
obtenus. Les analyses en laboratoire sont nécessaires en raison
des risques de réactivité croisée ou de contaminations externes.
Tests de drogue sur le lieu de travail
Avec le test de salive, il est possible de contrôler l’aptitude à conduire
et la consommation de drogues sur le lieu de travail ou en prison.
En Allemagne, les tests de drogues sur le lieu de travail sont rares
car ils violent les droits de la personne des salariés. Il existe pourtant
de nombreuses professions à risques, où la consommation de
drogues peut être fatale, par exemple pour les conducteurs de bus,
pilotes, caristes et grutiers ou encore dans des branches comme
l’énergie nucléaire et la (pétro)-chimie. « En Allemagne, les tests
de drogues se font sur la base du volontariat et sont régis par les
conventions collectives », explique Rainer Polzius. « Selon un jugement
des prud’hommes de Hambourg, il est possible d’effectuer des
contrôles en cas de doute si l’activité professionnelle est liée à un
risque élevée et que l’aptitude au travail ne peut pas être constatée
par un autre moyen. » Aux États-Unis, en Australie et dans d’autres
pays européens, la situation est différente. La sécurité prime sur le
droit de la personne. On ne peut effectivement pas voir si quelqu’un
consomme de la drogue car les drogués modernes ne répondent
plus aux clichés classiques.
PHOTO : STAR-MEDIA
Risques des
nouvelles drogues
Le marché des drogues est submergé de nouvelles
substances psychoactives. Les « New Psychoactive Substances
» (NPS) sont des dérivés de médicaments
autorisés, de substances naturelles ou de combinaisons
synthétisées par l’industrie pharmaceutique avant d’être
abandonnées. Aucun de ces produits n’a été testé en
détail. Les effets secondaires, la toxicité et la diffu sion
dans l’organisme se retrouvent peu à peu dans les dossiers
des services d’urgence ou les rapports d’autopsie.
Vendre et posséder de nouvelles drogues, mentionnées
dans la loi sur les stupéfiants, est passible de peines.
C’est le cas pour quelques rares substances, soit parce
qu’on ne connaît pas encore les autres ou que le pro -
cessus prend du temps. Dès que les substances sont
listées dans la loi sur les stupéfiants,
les dealers modifient la composition
chimique pour contourner la loi. C’est
toujours une course contre la montre
où les dealers ont (souvent) une longueur
d’avance. Une ou deux nouvelles
drogues synthétiques arrivent sur le
marché chaque semaine.
38 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
SOURCE : A. VERSTRAETE, « THER DRUG MONIT », VOL. 26, NUMÉRO. 2, AVRIL 2004, 200 ET SUIVANTES ; S. NIEDBALA ET AL., « J ANAL TOXICOL », 2001, 25: 289–303
Durée de détectabilité de drogues
Les stupéfiants ont des durées de détectabilité différentes dans le sang, la
salive et l’urine. Les diagrammes indiquent la durée en heures. Le THC-COOH peut
encore être détecté des semaines après dans l’urine.
Amphétamines
Méthylamphétamines
24
46
20–50
Tétrahydrocannabinol
5
4–16
10
Tétrahydrocannabinol-COOH (acide organique)
36
Cocaïne
12
5–12
Benzodiazépine
Morphine
12–24
20
12–24
48
48
11–54
24–72
48–72
87 (+/-51)
34–87
24 heures 48 heures 72 heures 96 heures
Sang
Salive
Urine
VUE DE LA
CASSETTE DE TEST
Elle contient cinq
bandelettes de test côte
à côte. Les extrémités
libres aspirent le mélange
de salive et de solvants.
Cette image se lit de haut
en bas. Les champs
marron foncé représentent
des anticorps spécifiques
aux drogues. Les lignes bleu
clair symbolisent les
substances de référence
en concurrence avec
les drogues dans la salive et
les anticorps marqués.
1
Flux d’échantillon
LED Détecteur Signal
2 « Négatif »
Test
négatif
Sans drogues dans la
salive, l’anticorps marqué
s’agglomère sur la
substance de référence
au centre. Le signal
symbolise un test de
drogues négatif.
1
2
Flux d’échantillon
LED Détecteur Signal
« Positif »
Test
positif
Des drogues dans la
salive s’agglomèrent sur
l’anticorps marqué au
centre. Le signal manquant
symbolise un test de
drogues positif.
Amphétamines
Méthylamphétamines
Tétrahydrocannabiol
Benzodiazépine
Cocaïne – Opiacés
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
39
INCENDIE
CAUSES
Traces volatiles :
le Dr Dag Leine
cherche des traces
d’accélérateurs
d’incendie avec un
détecteur à
photoionisation
Détectives
dans la cendre
40 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
Un incendie est parfois comme un film policier : qui est
l’auteur, quelle est la cause ? L’enquête ne doit pas
seulement identifier l’incendiaire. Souvent, les résultats
servent à faire progresser la PRÉVENTION DES INCENDIES.
Texte : Regina Naumann Photos : Sibylle Zettler
C
Chaque année, les pompiers éteignent
env. 200 000 incendies en Allemagne.
Une fois le feu éteint, des experts, mandatés
par les assurances et les tribunaux,
essaient de déterminer les causes de l’incendie
à par tir des restes carbonisés.
C’est le travail de Kai Günther, expert à
l’Institut de Kiel de prévention des dommages
et de recherche (IFS). Cet ingénieur
est chargé de déterminer les causes
des incendies et dommages dans le secteur
électrotechnique.
Les restes des différents incendies
qu’il analyse ne sont pas beaux à voir .
Il s’agit souvent d’appareils carbonisés,
qui sentent mauvais et sont méconnaissables,
comme par exemple ce sèchecheveux,
dont on a bien du mal à reconnaître
la forme d’origine. Au début,
Günther ne savait pas encore que ce
sèche-cheveux allait devenir un cas passionnant.
Au départ, cela r essemblait à un
court-circuit. Les pompiers ont été appelés
pour un incendie dans une salle de
bain. La famille avait été réveillée en
pleine nuit par des bruits de crépitement
avant de se précipiter hors de la maison
car les pièces ét aient déjà bien enfumées.
Le lieu de l’incendie a intrigué
Kai Günther car l’incendie s’était propagé
à partir d’un sèche-cheveux. Comment
un court-circuit peut-il survenir si
l’appareil n’était pas branché ? La famille
dormait, personne n’avait utilisé le
sèche-cheveux. L’examen microscopique
a confirmé le court-circuit. On apercevait
nettement les fils carbonisés derrière
l’interrupteur principal. Kai Günther
n’a pas pu tirer ce cas au clair car
les restes de l’appareil étaient détruits.
Il a dû classer l’affaire sans suite e t
l’assurance a chiffré les dommages à
135 000 euros.
Rappel de produit
par le fabricant
L’année suivante, un sèche-cheveux a
de nouveau brûlé. Kai Günther a examiné
les restes carbonisés. Il y avait de
nouveau un court-circuit à quelques
centimètres de la batterie. « Cette fois,
nous avons eu plus de chance », dit l’expert.
« La moitié de l’interrupteur était
intact, ce qui a permis d’analyser les
causes en détail. » La comparaison avec
un appareil neuf a per mis de trouver
la solution. « Avec le boîtier fondu en
Carbonisés :
les restes des
batteries ont
conduit sur la
bonne piste
avec le deuxième
sèche-cheveux
TIRER LES
ENSEIGNEMENTS
DES ERREURS
Les pompiers ne
sont pas seulement
là pour éteindre
le feu : « nous nous
engageons aussi
dans la prévention »,
dit Thorsten Grams,
porte-parole des
pompiers de Hambourg.
En 2013,
ils sont intervenus plus
de 9 000 fois à titre
préventif. Les mesures
préventives reposent
aussi sur les enseignements
tirés des
incendies. Aux États-
Unis, les premiers
extincteurs ont été mis
au point en 1874 pour
avoir de l’eau à disposition
rapidement.
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
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STATISTIQUES DES CAUSES D’INCENDIE
Un tiers des 1 200 dommages, analysés par l’Institut
de prévention des incendies et de recherche de Kiel en
2013, sont dus à l’électricité. Les dommages dus à
la foudre ne sont pas de leur ressort car ils sont facilement
reconnaissables et ne font pas l’objet d’enquêtes.
SOURCE : IFS-SCHADENDATENBANK 2013
33 ÉLECTRICITÉ
23 AUTRES/INCONNUS
16 ERREURS HUMAINES
10 SURCHAUFFE
9 INCENDIES VOLONTAIRES
3 TRAVAUX DANGEREUX
3 FLAMMES OUVERTES
2 EXPLOSION
1 AUTO-INFLAMMATION
0 FOUDRE
Causes d’incendie (en pour cent)
tion respective. L’expert en incendie a
donc pu transmettre plus d’informations
à l’assurance. « Nous avions trouvé de
petits morceaux de matière plastique
qui, sous le microscope, nous ont permis
d’identifier le sigle CE et le fabricant. »
Mais l’affaire n’était pas encore résolue
car le fabricant mettait les analyses en
doute et renvoyait au résultat de l’organisme
de contrôle. L’appareil serait équipé
d’une protection contre la surchauffe,
empêchant tout risque d’incendie.
Kai Günther a donc poussé ses investigations
plus loin. « J’ai acheté un nou-
matière plastique, l’interrupteur était
resté bloqué au moment de l’incendie,
entre la position de mise en et hors
service. » Les conséq uences étaient
fatales : « De pe tites vibrations étaient
suffisantes pour q ue l’interrupteur
glisse en position allumée, par exemple
lorsque le ressort se détendait. »
Et c’est ce q ui s’est produit. Le
sèche-cheveux s’était allumé tout seul,
entre autre parce qu’il était encore branché.
Il s’agissait apparemment d’une
erreur de fabrication car l’interrupteur
coulissant ne restait pas fixé dans la posiveau
sèche-cheveux de cette marque,
muni d’une protection anti-surchauffe
pour éteindre l’appareil automatiquement.
» Mais Günther avait encore un
deuxième sèche-cheveux qu’il avait acheté
pour les analyses précédentes. Sous le
microscope, il s’est rendu compte que
les anciens modèles n’avaient pas de protection
contre la surchauffe. L’incendie
était donc sans conteste dû à l’appar eil
défectueux qui pouvait s’enclencher tout
seul et n’avait pas de protection anti-surchauffe.
Le fabricant a donc rappelé les
anciens modèles et a lancé un nouveau
produit sur le marché avec les améliorations
techniques nécessaires.
Analyses en laboratoire
Un incendie sur tr ois, élucidé à Kiel,
est dû à une déf aillance électrique,
expose le Dr Hans-Her mann Drews,
directeur. Mais un incendie sur dix est
un incendie volontaire. Le Dr Dag est
aussi régulièrement de la partie quand
les pompiers, la police ou les témoins
émettent des soupçons. Ce c himiste
analyse le lieu de l’incendie avec un
détecteur à photoionisation (PID), par
exemple pour détecter des accélérateurs
d’incendie.
« L’appareil aspire l’air avec une
petite pompe et analyse si l’air ambiant
contient des substances organiques volatiles,
comme de l’essence. Cela me fournit
de premiers indices en cas d’incendie
volontaire », explique l’expert. « Mais
des produits volatiles peuvent aussi indiquer
un résultat positif. L’échantillon
PID n’a pas encore valeur de preuve. » La
preuve doit être apportée en laboratoire,
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CAUSES
INCENDIE
Compagnons
permanents :
les indices
ne sont
souvent visibles
que sous
le microscope
Court-circuit :
Kai Günther, expert en
incendie, explique comment
il a tiré au clair l’incendie
du sèche-cheveux
où on enr ichit de minuscules r estes
de cendres sur un suppor t. Ensuite,
un chromatographe en phase gazeuse
sépare les différentes substances avant
de les analyser dans un spectrographe
de masse. « Nous disposons d’env. 50
à 60 substances de comparaison dans
notre banque de données chimique », dit
le Dr Dag Leine. « N ous la complétons
en permanence car les produits combustibles
et leur composition évoluent
en permanence. »
Il est donc difficile et coûteux d’identifier
un produit déterminé, comme
dans le cas d’un détective mandaté par
une assurance, qui a acheté 20 allumefeux
différents dans tous les magasins de
bricolage. Un de ces allume-feux avait
servi à allumer un incendie. Outr e la
créativité et la minutie, il f aut parfois
aussi avoir un peu de chance.
Recherche d’indices microscopiques
En cas d’incendie volontaire, il faut détecter des restes de liquides souvent
facilement inflammables. Les premiers indices sont fournis par un détecteur à
photoionisation (PID). L’appareil aspire l’air ambiant vers une chambre de
mesure avec une pompe. L’air ambiant est analysé à la lumière UV au moyen
d’une lampe à décharge gazeuse à haute énergie. Si l’air contient des substances
ionisables via des rayons UV, un flux de courant est généré dans le
champ électrique de la chambre de mesure. Ce champ est renforcé et sa
concentration est affichée sur l’écran de l’appareil. Le Multi-PID 2 de Dräger
mesure les combinaisons organiques volatiles. Avec sa lampe UV de 10,6 V,
il couvre une plage de mesure de 0 à 2000 ppm (ppm = parts per million, part
par million). L’appareil contient une bibliothèque gazeuse de plusieurs dizaines
de substances. 60 autres peuvent être identifiées et remplacées
dans la bibliothèque. Cet appareil est adapté à différentes
utilisations : analyse de sols, d’eau et de gaz dans
des réservoirs, détection de fuites
et mesures dans des locaux fermés.
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L’école
des dra
Mélange explosif :
l’onde de choc d’une
poche de méthane
en feu se propage à
travers une galerie.
C’est un coup de
grisou qui menace
hommes et matériel
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MINES
ESSAI
Autrefois, les coups de grisou étaient considérés
comme l’œuvre de monstres, de dieux ou de démons.
Aujourd’hui, on sait qu’il s’agit de MÉTHANE.
Texte : Silke Umbach
gons
SOURCE : PROTECTION CONTRE LES EXPLOSIONS DANS LES MINES SOUS TERRE, DR JÜRGEN MICHELIS, DÉFLAGRATION DE MÉTHANE, PHOTO PRISE DANS LA MINE EXPÉRMIENTALE TREMONA À DORTMUND, 4 ÈME NIVEAU
P
Pendant des siècles, les savants
s’interrogeaient sur les forces maléfiques
qui régnaient au fond des galeries. On
pensait qu’il s’agissait de dragons protégeant
leurs trésors. Ceux qui les dérangeaient
étaient tués dans de gigantesques
incendies ou par le souffle pestilentiel
de leur haleine. Les sceptiques, souvent
des théologiens, étaient sûrs que des
démons hantaient les galeries et puits de
mines. Georgius Agricola (1494–1555),
le premier minéralogiste allemand, dont
l’ouvrage « De re metallica » a fait référence
pendant deux siècles, cherchait un
compromis. Ces choses étranges dans
le ventre de la terre seraient des êtres
vivants mais non des créatures spirituelles.
Il y voyait lui aussi des forces surnaturelles
et en voulait pour preuve un
attentat meurtrier : « Il y en a un à Annaberg
qui a tué plus de douze mineurs […]
de son haleine. » Là où des mineurs creusaient
des galeries, ils étaient confrontés
à des événements mystérieux et à des
risques mortels incompréhensibles.
Gare au grisou
L’origine du feu des dragons n’a été
découverte qu’en 1667 par Thomas
Shirley. Il s’agit en fait de méthane, un
hydrocarbure simple (CH 4
), formant la
composition dangereuse du grisou. Toutes
les veines de charbon en contiennent
dans des concentrations diverses. Les
veines à forte teneur en grisou requièrent
des mesures de sécurité élevées. Si le
grisou se mêle à l’air frais, il y a un risque
de coup de grisou. Si ce mélange s’enflamme,
les flammes se propagent à travers
les galeries et puits de mines, suivies
ensuite de nuages de fumée dus à l’explosion,
enrichis de monoxyde de carbone
toxique. Ceux qui se trouvent alors enfermés
dans une galerie risquent l’intoxication
et une mort immédiate. Un équipement
de secours, porté par tous les
mineurs, éliminant le monoxyde de carbone
de façon catalytique ou indépendamment
de l’air ambiant, permet maintenant
de s’échapper.
Le méthane mortel s’est formé
en même temps que le charbon dans
les marais et zones humides il y a
env. 300 millions d’années. A l’époque,
d’immenses forêts se sont transformées
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ESSAI
MINES
Purifier l’air,
éliminer les sources
d’inflammation –
sinon, il faut fuir
en marécages dans la région de la Ruhr,
formant de la tourbe qui emprisonnait des
bactéries méthanogènes dont le métabolisme
énergétique anaérobe a constitué le
méthane. Puis la région a été envahie par
la mer, qui a recouvert les marais avant
de se retirer à nouveau au bout de cinq
millions d’années. Les veines de tourbe,
asséchée peu à peu, sont passées du stade
de lignite à celui de houille, profondément
enfouie sous les sédiments. C’est
également le cas du méthane, piégé dans
les cavernes et les roches poreuses sous
forme de bulles de gaz ou dans la houille
même, atteignant jusqu’à 30 mètres
cubes par tonne ! Le méthane dort sous
la roche, comme un dragon au repos.
Et c’est là que réside le risque car chaque
molécule de méthane contient une
quantité d’énergie qui peut être libérée
si le gaz entre en contact avec l’oxygène.
Un pourcentage de méthane de 4,4 à
16,5 pour cent dans l’air présente un fort
risque d’explosion s’il s’enflamme.
Le cauchemar des mineurs
Ken Follet, auteur à succès, originaire
du bassin houiller de Cornouaille,
en parle dans son roman « La Chute des
Géants », le premier tome de sa trilogie
consacrée au XX ème siècle. Il y décrit
l’onde de choc massive qui afflue et
reflue tout aussi subitement. Lorsque le
méthane explose, son volume est multiplié
par onze. Après la réaction de l’eau
et du monoxyde de carbone, le nuage
gazeux se retire de façon sensible. La
scène dans le roman de Ken Follett
se déroule peu avant la première guerre
mondiale. A l’époque, des centaines de
Soutien pour les sauveteurs :
les sauveteurs équipés des
nouveaux appareils respiratoires
de Dräger se rendent en hâte
de la Ruhr dans le Nord de la France,
où un coup de grisou a fait plus
de 1 000 victimes dans une mine
de Courrières en 1906
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milliers de mineurs gagnaient leur vie
sous terre. Il fallait creuser de plus
en plus profond pour parvenir aux galeries
qui crépitaient et grésillaient. On
disait : « La montagne respire ! » Les statistiques
de l’époque étaient sans équivoque
: en 1861, il y avait eu 32 coups de
grisou dans la Ruhr, 30 ans plus tard,
ce chiffre était passé à 90. L’accident
que Follett décrit dans une mine de
Cornouaille ne se déroule que quelques
années avant le pire accident minier
Représentation
d’une explosion
minière :
les dangers du
méthane sont craints
depuis des siècles
PHOTOS : COMPAGNIE DES MINES DE COURRIÈRES, MAURITIUS IMAGES/UNITED ARCHIVES
en Europe. En 1906, à Courrières,
dans le Nord de la France, un accident a
coûté la vie à plus de 1 000 mineurs.
Les cartes postales montrent des groupes
de secouristes allemands équipés
d’appareils respiratoires Dräger, tentant
de sauver des mineurs dans les fumées
toxiques après l’explosion. Environ 600
mineurs ont survécu à cette tragédie.
Courrières nous a appris une chose : l’onde
de choc de nombreuses explosions
sous terre présente une source de danger
importante par l’interaction avec le
méthane, facilement inflammable. Il
peut provoquer d’importants dégâts,
qui sont encore renforcés quand un coup
de grisou enflamme de la poussière de
charbon, qui peut s’accumuler n’importe
où dans une mine mal entretenue.
Flammes interdites
Des siècles d’expérience et une recherche
intensive ont permis de réduire systématiquement
les risques de coups de grisou.
Autrefois, on ne reculait pas devant
des actions de sauvetage mortelles, par
exemple en envoyant un « pompier »
dans la galerie, revêtu d’un linge mouillé
et portant un long bâton avec une
bougie. Son rôle consistait à enflammer
le méthane accumulé dans la mine.
William Tonks, expert en méthane,
constate avec un humour typiquement
britannique : « Mis à part la vitesse
de réaction spectaculaire, cette méthode
avait ses avantages. La procédure était
rapide, peu coûteuse et très efficace. Et,
même si on n’en avait pas conscience
alors, très écologique. Mais il est probable
que le pompier ne le voyait pas ainsi. Il
avait ses propres inquiétudes. » On
pourrait encore ajouter : sa carrière était
de courte durée.
Aujourd’hui, les risques sous terre
peuvent être contrôlés de manière plus
sécurisée. Dans les mines, on peut
maintenant voir des girouettes jaunes
avec les résultats des mesures en
temps réel. Elles indiquent la teneur en
méthane dans l’air. Est considéré comme
« pur » un air avec une teneur en CH 4
inférieure à un pour cent, donc nettement
en-dessous du risque d’explosion. Si
la teneur en méthane augmente, l’air
devient impur et il faut réduire la teneur
en méthane au moyen de différentes
techniques d’aération en amenant de l’air
frais grâce à la commande automatique
de la ventilation et à une détection de gaz
active en permanence. Garantir un air
pur est un objectif primordial contre les
coups de grisou. Il faut aussi éloigner
les sources d’inflammation. ! Les coups
de grisou ne se produisent que si une
étincelle ou une flamme les déclenchent.
Si ce n’est pas le cas, il est encore possible
de prendre des mesures lorsque le
méthane est détecté. Les mineurs
ne portent jamais de fibres synthétiques,
qui pourraient se charger statiquement.
Leurs outils de travail sont protégés
contre les étincelles et les arcs électriques.
Une fois traversée la lampisterie,
l’équipement de sauvetage revêtu et la
lampe de mineur allumée, toute forme de
flamme est interdite. La lampe est devenue
depuis longtemps électrique, ce qui
n’était pas toujours le cas. Pendant
des siècles, des flammes ouvertes, sources
de dangers, ont permis aux mineurs
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ESSAI
MINES
Une Technologie
de pointe et la
chimie appliquée
peuvent éviter
des accidents
de s’éclairer. Les premières lampes de
sécurité sont apparues au début du XIX ème
siècle. La lampe à essence était protégée
contre les coups de grisou par un tube en
verre et du fil de fer fin. Un autre avantage
de cette construction s’est vite fait
sentir : elle indique la teneur en gaz dans
l’air ambiant et dans la zone de danger,
la forme de la flamme indique le taux de
concentration en méthane. C’est ainsi
que la lampe de sécurité est devenue un
système personnel de détection de gaz.
On continue à l’utiliser dans de nombreux
pays, en complément des technologies
de capteurs électroniques modernes.
Comment dompter un dragon ?
Malgré une technologie complexe et des
connaissances approfondies en chimie et
en physique, de terribles accidents se
produisent régulièrement dans les mines,
comme par exemple en novembre 2010
en Nouvelle-Zélande. Une explosion de
méthane tue 29 mineurs. Seuls deux d’entre
eux sont sauvés. Les jours suivants, les
sauveteurs arrivés sur place ont observé,
impuissant, à une deuxième, troisième
puis quatrième explosion. Ils ne pouvaient
pas pénétrer dans la mine. Un forage sur
le lieu présumé de l’accident indiquait un
taux de 95 pour cent de méthane dans
l’atmosphère et surtout du monoxyde de
carbone. Tout espoir était perdu.
Les méchants dragons mythiques
se terrent encore au cœur des montagnes.
Seule une technologie de pointe et
une attention accrue permettent de les
maîtriser. Dans le cas présent, les
mineurs avaient éventuellement fait
preuve de négligence.
CLIMAT
Pour protéger
l’atmosphère,
il vaut mieux
recycler le grisou
que de le laisser
s’échapper.
Le méthane est un
gaz à effet de serre
et presque
30
fois plus actif que le
dioxyde de carbone.
UN BŒUF
PRODUIT
CHAQUE JOUR
JUSQU’À
200
LITRES DE
MÉTHANE.
CH4
EST LA
FORMULE DU
MÉTHANE.*
* Il se compose de carbone et d’hydrogène.
Découvert en 1776, on s’est rendu compte en 1772
que le méthane était dû à un processus de décomposition.
Les alchimistes parlent d’ « air des marécages ».
Quand le méthane brûle pour former
du dioxyde de carbone et de l’eau, on
obtient un coup de grisou typique :
CH4 + 2O2 CO2 + 2H2O
Pendant l’explosion,
le gaz augmente onze fois
de volume, formant
ainsi une onde de choc.
48 REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
LE MÉTHANE COMPTE
PARMI LES PRINCIPALES
RESSOURCES ÉNERGÉTIQUES :
MOINS D’
LE GAZ NATUREL CONTIENT
ENTRE
85 98
ET
POUR CENT DE MÉTHANE.
JUSQU’À
3 000
MILLIARDS DE TONNES
DE MÉTHANE SONT STOCKÉS
DANS LES FONDS MARINS*
* sous forme d’hydrate de méthane.
Le méthane dans les veines de charbon est connu
sous le nom de grisou.
LE MÉTHANE S’EST FORMÉ
IL Y A ENV.
300
MILLIONS D’ANNÉES
DANS LE NORD-OUEST DE
L’EUROPE À PARTIR DE
FORÊTS, ENFOUIES DANS DES
MARAIS AVANT D’ÊTRE
RECOUVERTES PAR LA MER.
ILLUSTRATIONS : SHUTTERSTOCK, PICFOUR
L’EXPLOITATION
MINIÈRE PEUT À TOUT
MOMENT LIBÉRER
DU GRISOU. ON ESTIME
LE MÉTHANE
LIBÉRÉ RIEN QU’EN
ALLEMAGNE À 1,5
MILLIARD DE MÈTRES
CUBES PAR AN.
POUR CENT,
C’EST LA TENEUR
EN MÉTHANE
DANS LES MINES
DE CHARBON GRÂCE
AUX TECHNIQUES
D’AÉRATION.*
* Il y a un risque
d’explosion pour certains
mélanges d’oxygène
et de méthane. La limite
d’explosibilité
est comprise entre 4,4 et
16,5 pour cent
de masse volumique
dans l’air.
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49
RÉTROSPECTIVE
CAPTEURS ÉLECTROCHIMIQUES
Renifleurs
Ils sont au cœur de tous les détecteurs
de gaz : les capteurs électrochimiques
reconnaissent les substances dangereuses
et mesurent leur concentration pour donner
l’alerte et SAUVER DES VIES. Ils sont fabriqués
à la main, en très petites dimensions.
Texte : Nils Schiffhauer Photos : Patrick Ohligschläger
I
Ils ressemblent à des confettis dans un f ilm en noir et
blanc mais peuvent sauver des vies. Une perforatrice spéciale
découpe les électrodes pour capteurs de gaz dans des f ilms
ultrafins en matière plastique. Les films en fluorocarbone
PTFE (polytétrafluoéthylène) jouent un rôle décisif car leur
composition microporeuse fait barrage à l’humidité, tout en
laissant passer gaz et vapeurs.
« Les électrodes forment le cœur de nos capteurs électrochimiques
», dit Axel Silz, qui, à Lübeck, dirige la production
de plusieurs centaines de milliers de capteurs de formes et
dimensions différentes (pour des gaz très variés). Ce service
emploie quelques douzaines de salariés. « Il faut compter un
an avant de pouvoir monter les 1 40 variantes quasiment les
yeux fermés », dit Silz, qui a d’abord suivi une formation commerciale.
Il illustre parfaitement la façon dont notre société
reconnaît et encourage les talents pour les employer aux
tâches qui leur conviennent le mieux. Cela se traduit également
par une fluctuation quasiment nulle au sein de ce service.
Il faut disposer d’une longue expér ience pour la production
des capteurs, dont le plus pe tit modèle tiendrait
facilement dans un comprimé d’aspirine. Il se compose de
nombreuses pièces mécaniques et abrite un laboratoire électrochimique
résistant aux influences environnementales. La
50
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
sensibles
société elle-même dispose d’une longue expér ience dans la
fabrication de capteurs de gaz électrochimiques et détient
divers brevets.
Ces « renifleurs » sensibles et fiables sont employés pour
la détection mobile et fixe de gaz, offrant ainsi une protection
contre le monoxyde de carbone, l’oxyde d’azote et d’autres
sources de danger et surtout de gaz explosifs. Les capteurs
électrochimiques fonctionnent sur la base d’un procédé catalytique
basé sur la réactivité du gaz. Ils sont construits sur le
modèle des batteries ou des condensateurs : un voile en nontissé,
imbibé d’un liquide conducteur et d’une infime quantité
d’acide sulfurique, sépare les deux électrodes. La construction
spéciale et la chimie des électrodes et électrolytes entraînent
une réaction chimique avec certains gaz, générant un courant
entre les deux électrodes. Un dispositif électronique en
aval mesure en permanence le courant et analyse les changements
pour donner une alerte acoustique et visuelle.
Ce qui est passionnant en laboratoire doit fonctionner de
façon fiable sur les champs pétrolifères en Alaska et dans les
installations de liquéfaction de gaz sous le soleil de la région
du Golfe, sur une plateforme de forage avec ses vibrations ou
dans l’espace car, à Lübeck, nous fabriquons aussi des capteurs
permettant de détecter l’hydrazine. Ce liquide extrêmement
réactif sert de carburant efficace pour les fusées mais il
est très cancérigène. Ainsi, dans l’aérospatiale, des appareils
de détection de gaz sont indispensables au sol. La N ASA fait
elle aussi confiance aux capteurs Dräger, dont le cœur est formé
par un film en PET blanc perforé de la dimension d’une
feuille DIN A5, stockée à l’abri de la poussière.
De nombreuses
étapes sont nécessaires
avant que les capteurs
offrent la qualité garantie
par Dräger. Ici, une
vue microscopique de la
structure en couches
Des métaux précieux dans toutes les électrodes
L’étape suivante consiste à imprimer le film avec un mélange
spécial, préparé spécialement à ce t effet, contenant des
métaux précieux comme le platine, l’or et le ruthénium. « Ce
mélange », explique Axel Silz, en tenant contre la lumière un
petit gobelet rempli d’un liquide gris-noir, de la consistance
du miel, « ne conserve pas longtemps ses propriétés. La prochaine
charge est ensuite préparée par un laborantin (selon
une recette spéciale), parfaitement adaptée au gaz à détecter.
» Toutes les étapes de production sont documentées. Le
REVUE DRÄGER 11 | 2 / 2015
51
RÉTROSPECTIVE
CAPTEURS ÉLECTROCHIMIQUES
Tous les
capteurs sont
testés, sans
exception
numéro apposé sur le cap teur permet ensuite de savoir de
quelle charge provient le mélange.
Ce dernier est ensuite appliqué finement avec une spatule
sur le film qui, une fois imprimé, est recouvert d’une multitude
de points. Quand les électr odes sont fabriquées pour
les plus petits capteurs (XXS), il y a plusieur s centaines de
points sur une feuille DIN A5. Les électr odes pour les capteurs
de la technologie de détection fixe sont nettement plus
grandes. Les électrodes ne sont pas toujours rondes et il existe
également des électrodes doubles. Le film est pesé deux fois
pour contrôler si chaque point de l’électrode contient précisément
la quantité souhaitée de mélange. L’étape suivante
consiste à « cuire » les films imprimés pendant plusieurs
heures. Les électrodes sont découpées à la main dans le film
avec le plus grand soin afin que même les plus petites irrégularités
en surface ou des décolorations minimales soient
détectées. « Les é ventuels résidus inutilisables sont jetés
immédiatement dans les déchets recyclés », explique Silz.
Ils contiennent différents métaux précieux et nous recevons
un avoir.
Comment le
capteur renifle
Le principe : l’air atteint l’électrode
de mesure en traversant la membrane
et sa fonction de filtre. Tout comme
la contre-électrode, elle est logée dans
un liquide électriquement conductible
(« électrolyte ») permettant à un flux de
circuler pour l’analyse (« Affichage »).
Filtre et revêtement spécifique pour le
gaz garantissent une réaction des
électrodes à certains gaz, modifiant la
pression entre elles. Ce changement
de pression correspond au degré de
concentration du gaz en question.
Réaction chimique sur la contre-électrode
Membrane poreuse
Contre-électrode
Électrolyte
Écran
Gaz Électrode de mesure Contre-électrode Potentiostat
Réaction chimique sur l’électrode de mesure
CO + H 2 O CO 2 + 2H + + 2e - ½O 2 + 2H + + 2e - H 2 O
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Précision :
jusqu’à
140 variantes
de capteurs
sont fabriquées
à Lübeck
Contrôles
rigoureux :
ici, les capteurs
plus grands
pour les appareils
fixes sont testés
séparément
sous une hotte
aspirante avec des
gaz de référence
normalisés
Pendant la fabrication des électrodes, nous préparons en
parallèle les autres composants du capteur de gaz. Pour le
modèle XXS, le capteur est entouré d’un boîtier en matière
plastique de façon à ce que seul le côté recouvert du film
soit en contact avec l’environnement. Indépendamment de
sa position dans l’appareil, la face revêtue est quant à elle
en contact permanent avec les électrolytes. Des films supplémentaires
filtrent parfois l’air ambiant, comme des f iltres
sélectifs qui, en présence de mélanges gazeux, sont étanches
au gaz pour lequel le détecteur n’est pas conçu, tout en détectant
les gaz en question (« sensibilité croisée »).
Molécule CO
Gaz de mesure, pénètre dans
l’électrode de mesure
Molécule CO 2
Produit réactif, s’échappe de
l’électrode de mesure
Molécule H 2O
Composant des électrolytes
H + Ion d’hydrogène
chargé positivement car il
manque un électron
Atome d’oxygène
Molécule d’oxygène
de l’air ambiant
Électron
Des pores comme des rochers
Les contacts en or pour la connexion électrique avec le détecteur
de gaz sont d’abor d pressés dans la forme en matière
plastique. Nous y relions un fil fin en platine de q uelques
micromètres qui protège les contacts avec les électr odes
sous forme de spirale résistant aux vibrations. Avec les électrodes,
on utilise des voiles non-tissés spécialement f ormés.
Cet assemblage est également effectué à la main sous microscope
au moyen de deux pincettes, une opération réclamant
concentration et méditation, agissant jusque sur la respiration
des collaborateurs. « Tout se passe dans une salle
blanche », explique Axel Silz. « Si un seul por e tombe sur le
détecteur dans cet univers microscopique, le film se détend
comme s’il y avait un rocher en-dessous. »
On applique un matériau d’étanchéité pâteux sur le bord
du capteur. Ce matériau évite que l’électrolyte s’échappe
sur le bord du couvercle, muni d’un trou minuscule, pressé
durant l’étape suivante. Ce trou permet de remplir aux deux
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53
RÉTROSPECTIVE
CAPTEURS ÉLECTROCHIMIQUES
Production
exigeant
concentration,
expérience
et habileté
Couleurs
variées : les
capteurs XXS
pour différents
gaz transmettent
les substances
dangereuses à
l’appareil via des
broches en or
tiers le capteur, presque prêt à l’emploi, d’électrolyte. Même
les gouttes de pluie sont plus g randes. Dès que le trou est
refermé, on imprime les données générales (type, utilisation)
et les informations individuelles (numéro de charge). Le capteur
est alors en état de marche – entre douze et 60 mois, en
fonction du modèle et de l’utilisation.
Plusieurs milliers de capteurs par an
Les capteurs sont maintenant soumis à un pr ocessus de
vieillissement (« rétrécissement ») à une tem pérature et
humidité de l’air déf inies entre douze heures et quatre
jours. Ensuite, il est possible de contr ôler si les capteurs
répondent aux spécifications garanties. Plusieurs milliers de
capteurs par an sont ensuite alimentés en gaz d’essai pour
mesurer et documenter la réaction pendant un temps donné.
Les capteurs quittent ensuite la production, pilotée efficacement
via le procédé Kanban. « Nous travaillons comme
dans une usine et la concentration, l’expérience et l’habileté
sont indispensables », résume Silz. La majeure partie des
capteurs est utilisée pour notre propre production de détecteurs
de gaz. Ils sont utilisés pour dif férentes applications,
incluant non seulement la tec hnologie de mesure de gaz
mobile et fixe mais aussi des alcootests et appareils respiratoires.
Un grand plus en matière de sécurité, produit étape
après étape à Lübeck.
Un super
odorat : Axel
Silz dirige la
prod uction des
capteurs électrochimiques.
Il
a aussi les bons
réflexes pour
la qualité haut de
gamme et
l’ambiance au
sein de l’équipe
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PRODUITS
SERVICE
En un coup d’œil
Dräger est partout, même dans ce magazine. Vous trouverez les PRODUITS DRÄGER de ce
numéro ici, dans l’aperçu, dans l’ordre de leur apparition. Chaque produit porte un code
QR spécial que vous pourrez scanner avec votre smartphone ou votre tablette. Ensuite, la
page correspondant au produit s’affiche. Vous avez des questions concernant un produit ?
Alors envoyez-nous un e-mail en indiquant le mot clé à l’adresse draegerreview@draeger.com
Page 4
EVITA INFINITY V500 :
respirateur de réanimation pour
le traitement de patients adultes.
Mot clé : RD11#4
Page 32
Tubes Dräger :
ils permettent de déterminer la
concentration momentanée
d’env. 500 substances différentes.
Mot clé : RD11#32
Page 5
X-plore 3300 :
protection et confort –
ce demi-masque offre les deux.
Mot clé : RD11#5
Page 36
DrugTest 5000 :
test de salive qui détermine avec
une forte probabilité la consommation
de drogue en temps réel.
Mot clé : RD11#36
Page 19
X-plore 5500 :
masque intégral pour l’utilisation dans
des environnements où on a besoin
d’une protection respiratoire élevée.
Mot clé : RD11#19
Page 40
Multi-PID 2 :
appareil de mesure par
photoionisation de composés
organiques très volatiles.
Mot clé : RD11#40
Page 19
X-plore 6570 :
masque respiratoire intégral en
silicone robuste et hypoallergénique.
Mot clé : RD11#19_2
Page 54
Capteur XXS :
le plus petit capteur électrochimique
de Dräger – détecte
différents gaz et vapeurs.
Mot clé : RD11#54
Page 29
ESS II :
système d’air frais, qui
protège les passagers des
fumées ou gaz irritants.
Mot clé : RD11#29
Page 56
X-plore 8000 :
appareil filtrant à ventilation –
purifie l’air ambiant de façon
intelligente et fiable.
Mot clé : RD11#56
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APERÇU X-PLORE 8000
De l’air frais
sous la
cagoule
6
3
4
7
2
5
X-plore 8000 :
l’appareil filtre intelligemment
et fiablement l’air ambiant
pour tous les travaux durs et
exigeants réalisés avec des
casques ouverts et fermés
1
PHOTOS : DRÄGERWERK AG & CO. KGAA
De nombreux clients ont été interrogés
de manière détaillée lors de
la mise au point du nouvel appareil
filtrant à ventilation. L’X-plore
8000 alimente en air ambiant la
personne équipée d’une cagoule ou
d’un masque 1 . Cet air est exempt
de particules dangereuses, de gaz et
de vapeurs. L’air ambiant est aspiré
grâce à un système silencieux 3
(masqué) par une entrée éloignée
du corps 2 pour traverser un
« labyrinthe ». Ainsi, ni les étincelles,
ni une infiltration d’eau subite
ne menacent la sécurité du filtre 4
(sous le couvercle de protection
anti-éclaboussures). Selon le modèle,
il s’agit d’un filtre à particules, à
gaz ou combiné.
L’affichage interne du code
couleur indique à l’appareil le type
de filtre utilisé et compense différentes
résistances initiales lors de
l’affichage de la saturation du
filtre à particules. Une batterie
lithium-ion 5 fournit de l’énergie
pour plusieurs heures. Après
la mise en marche, l’élec tronique
contrôle toutes les fonctions et
signale les éventuels dys fonctionnements.
L’électronique reconnaît
le tuyau raccordé 6 via le code RFID
et le type de protection portée
(casque, visière de protection ou masque)
et règle la valeur de base pour le
débit, qui peut être modifié manuellement.
En outre, le système avertit
par un signal acoustique et visuel lorsque
le filtre arrive à saturation et doit
être remplacé, voire si l’appareil ne
contient pas de filtre. L’appareil
correspond à la classe de protection
IP65. Il est protégé contre la
poussière et les pro jections d’eau et
disponible avec différents systèmes
de transport 7 , par exemple (comme
sur la photo), avec un équipement
de décontamination.