Le siècle de la voiture intelligente
Laurgeau
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C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Laurgeau<br />
<strong>Le</strong> <strong>siècle</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong><br />
<strong>intelligente</strong><br />
Collection mathématique & informatique<br />
Collection mathématique & informatique<br />
Presses <strong>de</strong>s Mines
<strong>Le</strong> <strong>siècle</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong><br />
<strong>intelligente</strong>
© Transvalor – Presses <strong>de</strong>s MINES, 2009<br />
60 boulevard Saint Michel – 75272 Paris ce<strong>de</strong>x 06 – France<br />
email : presses@mines-paristech.fr<br />
http://www.ensmp.fr/Presses<br />
© photos <strong>de</strong> couverture : Centre <strong>de</strong> Robotique, Intempora.<br />
ISBN : 978-2-911256-10-3<br />
Dépôt légal 2009<br />
Achevé d’imprimer en 2009 (Paris)<br />
Tous droits <strong>de</strong> reproduction, <strong>de</strong> traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous les<br />
pays.
C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Laurgeau<br />
<strong>Le</strong> <strong>siècle</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong><br />
<strong>intelligente</strong>
Collection Mathématiques et informatique<br />
Dans <strong>la</strong> même collection<br />
<strong>Le</strong> traité <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité virtuelle<br />
Direction P. Fuchs, Coordination générale : G. Moreau<br />
Coordination du volume : S.Donikian<br />
<strong>Le</strong> traité <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité virtuelle, volume 5<br />
<strong>Le</strong>s humains virtuels<br />
Coordination du volume : B. Arnaldi et P. Guitton<br />
<strong>Le</strong> traité <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité virtuelle, volume 4<br />
<strong>Le</strong>s applications <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité virtuelle<br />
Coordination du volume : G. Moreau et J. Tisseau<br />
<strong>Le</strong> traité <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité virtuelle, volume 3<br />
Outils et modèles informatiques <strong>de</strong>s environnements virtuels<br />
Coordination du volume : J-M. Burkhardt et S. Coquil<strong>la</strong>rt<br />
<strong>Le</strong> traité <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité virtuelle, volume 2<br />
L'interfaçage, l’immersion et l’interaction en environnement virtuel<br />
Coordination du volume : A. Berthoz et JL. Vercher<br />
<strong>Le</strong> traité <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité virtuelle, volume 1<br />
L’homme et l’environnement virtuel<br />
Edited by John Cagnol and Jean-Paul Zolesio P.<br />
Information Processing<br />
Recent Mathematical Advances in Optimization<br />
François Goulette<br />
Modélisation3 D automatique<br />
Outils <strong>de</strong> géométrie différentielle
PREMIERE PARTIE<br />
<strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport<br />
intelligents
INTRODUCTION<br />
Cet ouvrage n’accé<strong>de</strong>ra pas à <strong>la</strong> postérité, car il en est ainsi dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
nouvelles technologies, qui évoluent très vite : ce qui est écrit aujourd’hui sera<br />
obsolète dans quelques dizaines d’années et même avant. Il faut positiver et trouver<br />
à ce<strong>la</strong> au moins un avantage, c’est <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong> que les lecteurs et l’auteur ont été<br />
contemporains le temps <strong>de</strong> quelques décennies, qu’ils ont un même vécu et peuvent<br />
partager un même contexte, conditions impossibles à rassembler un <strong>siècle</strong> plus tard.<br />
<strong>Le</strong>s lecteurs <strong>de</strong> ce futur lointain pourraient difficilement imaginer l’importance <strong>de</strong>s<br />
mutations techniques que notre génération a connues pendant les vingt <strong>de</strong>rnières<br />
années.<br />
Ce document a été rédigé pendant l’été 2009, à l’occasion du vingtième<br />
anniversaire du Centre <strong>de</strong> Robotique <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong>s Mines <strong>de</strong> Paris. Ce <strong>la</strong>boratoire<br />
créé ex nihilo en 1989, a orienté ses activités <strong>de</strong> recherche autour du thème <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
robotique autonome communicante. Bien que plusieurs thèmes <strong>de</strong> recherche<br />
différents aient été abordés sur ces vingt années, l’essentiel <strong>de</strong> l’activité s’est centrée<br />
sur <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> <strong>intelligente</strong>, regardée comme un robot mobile ayant déjà son<br />
autonomie énergétique mais pas encore son autonomie décisionnelle.<br />
<strong>Le</strong> mémoire comprend <strong>de</strong>ux parties :<br />
• Une première partie dédiée aux systèmes <strong>de</strong> transports intelligents au sens<br />
<strong>la</strong>rge permettant au lecteur <strong>de</strong> se familiariser avec l’environnement technique<br />
du sujet.<br />
• Une secon<strong>de</strong> partie où sont décrites les principales actions <strong>de</strong> recherches<br />
conduites au Centre <strong>de</strong> Robotique sur ce sujet.<br />
L’auteur tient à remercier ses collègues chercheurs du Centre <strong>de</strong> Robotique pour leur<br />
contribution à <strong>la</strong> rédaction <strong>de</strong> <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> partie.<br />
LES « TIQUE S » ET LES « TIC S »<br />
L’ère <strong>de</strong>s « TIQUE s »<br />
L’ère <strong>de</strong>s IQUE s va couvrir une pério<strong>de</strong> d’une quinzaine d’années, <strong>de</strong> 1975 à 1990<br />
environ. Toute une génération <strong>de</strong> mots recouvrant <strong>de</strong>s concepts liés à l’innovation<br />
dans un domaine d’activité humaine apparaît. Certains <strong>de</strong> ces mots vont survivre,<br />
d’autres vont être effacés par le temps. Citons en vrac : robotique, mécatronique,<br />
productique, bureautique, télématique, transitique, domotique, constructique,<br />
agriotique, ….<br />
Certains <strong>de</strong> ces mots sont entrés dans les dictionnaires, un grand nombre font l’objet<br />
d’un article dans Wikipédia, <strong>de</strong> plus ou moins gran<strong>de</strong> qualité en fonction <strong>de</strong>s<br />
contributeurs.<br />
La robotique a fait son apparition en France dans les années 1970, associée à <strong>de</strong>s<br />
bras manipu<strong>la</strong>teurs se substituant à l’homme dans <strong>de</strong>s opérations répétitives <strong>de</strong>
8 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
manutention d’outils ou <strong>de</strong> pièces, opérations telles que le chargement ou<br />
déchargement <strong>de</strong>s machines, le soudage, <strong>la</strong> peinture…on parle alors <strong>de</strong> robotique<br />
manufacturière. Puis le concept s’est étendu à <strong>la</strong> robotique dite <strong>de</strong> service dans<br />
<strong>la</strong>quelle le robot <strong>de</strong>vient une machine autonome capable <strong>de</strong> se dép<strong>la</strong>cer, <strong>de</strong><br />
comprendre et d’agir sur son environnement. Dès lors, <strong>la</strong> robotique est un surensemble<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> perception avancée (reconnaissance et interprétation <strong>de</strong> scènes<br />
visuelles, reconnaissance et synthèse <strong>de</strong>s sons), <strong>de</strong>s sciences du raisonnement<br />
(métho<strong>de</strong>s d’apprentissage, intelligence artificielle) et <strong>de</strong> l’action (systèmes <strong>de</strong><br />
contrôle avancés, logiciels temps réel).<br />
<strong>Le</strong> néologisme « productique » a été créé en 1979 par <strong>la</strong> société Philips pour<br />
désigner les applications informatiques dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> production<br />
industrielle. Il provient <strong>de</strong> l'amalgame <strong>de</strong>s mots « production » et « informatique ».<br />
La productique est donc a priori un sur-ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conception Assistée par<br />
Ordinateur (CAO), <strong>de</strong>s Machines Outils à Comman<strong>de</strong> Numérique (MOCN), <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
robotique manufacturière et <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> production. La productique a surtout<br />
établi l’importance et même <strong>la</strong> prééminence <strong>de</strong> l’organisationnel sur le tout<br />
technologique. Rien ne sert d’investir dans <strong>la</strong> haute technologie si l’organisation<br />
technique et humaine est défectueuse.<br />
La mécatronique qui a fait son apparition dans le Larousse en 2005 est un concept<br />
d’origine japonaise. Il puise dans <strong>la</strong> mécanique et dans l’électronique dont il fait<br />
l’amalgame. Peu usité pendant <strong>de</strong> nombreuses années, il est remis en lumière<br />
aujourd’hui en France par plusieurs <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité.<br />
La bureautique, apparue vers 1980, correspond à l’automatisation <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong><br />
bureau. Il faut se replonger dans le contexte <strong>de</strong> l’époque avec les machines à écrire à<br />
mémoire, le papier carbone pour les copies, les premières machines à photocopier,<br />
les télex…. pour comprendre <strong>la</strong> révolution qui a résulté du déploiement massif <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
micro-informatique. <strong>Le</strong> bureau <strong>de</strong> secrétariat du passé était composé <strong>de</strong> trois<br />
parties : le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> travail proprement dit sur lequel étaient produits les documents<br />
(lettres, <strong>de</strong>vis) avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> machines à écrire et à calculer, <strong>de</strong>ux casiers pour<br />
l’arrivée et le départ <strong>de</strong>s courriers et <strong>de</strong>s armoires pour le rangement et l’archivage.<br />
<strong>Le</strong>s logiciels bureautiques d’aujourd’hui reprennent cette même organisation qu’ils<br />
dématérialisent et à <strong>la</strong>quelle ils ajoutent une totale flexibilité. La production <strong>de</strong>s<br />
documents est assurée par les traitements <strong>de</strong> texte, les tableurs, les grapheurs. La<br />
communication se fait par le courrier électronique avec une éventuelle assistance du<br />
fax, et l’archivage est assuré par les bases <strong>de</strong> données. Mais bien d’autres fonctions<br />
d’assistance sont offertes telles que les dictionnaires en ligne, les corrections<br />
orthographiques et grammaticales intégrées, <strong>la</strong> traduction automatique, <strong>la</strong> gestion<br />
d’agendas, et même les téléréunions avec l’écrit, l’image et le son.<br />
<strong>Le</strong> terme Télématique a été inventé par Simon Nora et A<strong>la</strong>in Minc dans le livre<br />
L'informatisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société (La Documentation Française, 1978). Il résulte<br />
c<strong>la</strong>irement <strong>de</strong> l’hybridation <strong>de</strong>s mots télécommunication et informatique. <strong>Le</strong>s<br />
auteurs imaginent les potentialités résultant <strong>de</strong> <strong>la</strong> connexion <strong>de</strong> terminaux permettant<br />
<strong>la</strong> visualisation <strong>de</strong> données informatiques stockées dans <strong>de</strong>s ordinateurs à travers les<br />
réseaux <strong>de</strong> télécommunication. La mise en œuvre du concept va donner naissance au
Introduction 9<br />
Minitel et au réseau Télétel reconnu dans le mon<strong>de</strong> entier comme le premier réseau<br />
télématique grand public.<br />
<strong>Le</strong> Minitel en 1982<br />
<strong>Le</strong> re<strong>la</strong>tif succès du Minitel sera<br />
toutefois éclipsé par l’avènement <strong>de</strong><br />
l’Internet et le terme télématique sera<br />
<strong>de</strong> moins en moins usité. Il est<br />
intéressant <strong>de</strong> noter qu’il est remis au<br />
goût du jour par les constructeurs<br />
automobiles qui parlent d’unité<br />
télématique pour définir un système<br />
embarqué comprenant un navigateur<br />
GPS, une carte SIM, un lecteur mp3,<br />
le tout capable <strong>de</strong> communiquer avec<br />
<strong>de</strong>s systèmes noma<strong>de</strong>s via Bluetooth<br />
ou vers l’infrastructure via DSRC. La<br />
télématique routière existe.<br />
La transitique est un sous-ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> productique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> logistique. Elle<br />
concerne l’automatisation <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> manipu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> pièces, <strong>de</strong><br />
produits finis, ou d’outils au sein même <strong>de</strong> l’entreprise <strong>de</strong> production. La transitique<br />
recouvre aussi l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s objets à manipuler par les technologies RFID ou<br />
co<strong>de</strong> barres, les outils logiciels <strong>de</strong> pilotage et <strong>de</strong> supervision <strong>de</strong>s flux physiques.<br />
C’est donc <strong>la</strong> logistique interne à l’entreprise.<br />
La domotique rassemble les innovations qui résultent <strong>de</strong>s nouvelles technologies au<br />
service <strong>de</strong> l’habitat. La domotique offre <strong>de</strong>s fonctions comme le contrôle programmé<br />
ou à distance <strong>de</strong> l'éc<strong>la</strong>irage, du chauffage, <strong>la</strong> gestion d'énergie, <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s biens<br />
ou <strong>de</strong>s personnes, et <strong>la</strong> communication. On peut y ajouter les ouvertures et<br />
fermetures à distance <strong>de</strong>s portes <strong>de</strong> garages, <strong>de</strong>s volets rou<strong>la</strong>nts, l’arrosage <strong>de</strong>s<br />
jardins et aussi <strong>la</strong> robotique d’assistance à l’intérieur <strong>de</strong>s maisons (robots aspirateurs<br />
ou assistance aux handicapés) et à l’extérieur (robot <strong>de</strong> tonte <strong>de</strong>s pelouses).<br />
Mécatronique = Mécanique Électronique<br />
Productique = Production Informatique<br />
Bureautique = Bureau Informatique<br />
Télématique = Télécommunications Informatique<br />
Transitique = Transferts Informatique<br />
Constructique = Construction Robotique<br />
Agrotique = Agriculture Informatique<br />
D’autres termes ont existé <strong>de</strong> manière éphémère dans les années 1990 comme<br />
Agrotique couvrant <strong>la</strong> robotisation <strong>de</strong>s activités agricoles (taille automatique <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
vigne, robot <strong>de</strong> traite <strong>de</strong>s vaches, machines agricoles guidées par GPS …) ou
10 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Constructique traduisant l’apparition dans l’industrie du bâtiment <strong>de</strong> <strong>la</strong> robotique<br />
<strong>de</strong> chantier et <strong>de</strong> <strong>la</strong> domotique dans l’habitat.<br />
L’auteur <strong>de</strong> ce livre a lui-même créé le terme <strong>de</strong> « Novotique » en 1983 pour parler<br />
<strong>de</strong> manière générale <strong>de</strong>s technologies innovantes issues <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong><br />
l’information et <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication, et créé une collection d’ouvrages du même<br />
nom.<br />
De manière surprenante, les termes les plus anciens Automatique et Cybernétique<br />
sont assez peu utilisés pour parler <strong>de</strong>s nouvelles technologies.<br />
L’ère <strong>de</strong>s « TIC s »<br />
L’ère <strong>de</strong>s TIQUEs aura duré une vingtaine d’années avant d’être supp<strong>la</strong>ntée par l’ère<br />
<strong>de</strong>s TIC s. <strong>Le</strong>s TIQUES avaient l’avantage <strong>de</strong> décliner <strong>de</strong>s domaines applicatifs <strong>de</strong>s<br />
nouvelles technologies dans <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong> l’activité humaine. <strong>Le</strong> X-TIQUE est<br />
re<strong>la</strong>tivement bien cerné et compris aussitôt que <strong>la</strong> variable X est définie. Avec les<br />
TICs, ce<strong>la</strong> est beaucoup moins vrai.<br />
<strong>Le</strong> premier spécimen <strong>de</strong>s termes en TICs est le sigle NTIC pour Nouvelles<br />
Technologies <strong>de</strong> l’Information et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communication. Il faut avouer que l’on<br />
s’élève là au niveau <strong>de</strong>s métas concepts et que ce<strong>la</strong> ne parle guère au citoyen<br />
ordinaire. Il y a d’abord le N <strong>de</strong> nouveau mais dix ou quinze ans après, faut-il<br />
continuer à parler <strong>de</strong> NTIC ou simplement <strong>de</strong> TIC ? Il y a ensuite le I <strong>de</strong> information<br />
et le C <strong>de</strong> communication, mais il s’agit <strong>de</strong> « information » et non « informatique »<br />
et <strong>de</strong> « communication » et non <strong>de</strong> « télécommunication ». <strong>Le</strong> T est celui <strong>de</strong><br />
« technologie » et non <strong>de</strong> « technique ». Bref nous pouvons dire que ce<strong>la</strong> est assez<br />
flou et même assez technocratique.<br />
Mais nous ne pouvons faire abstraction <strong>de</strong>s TIC s car elles s’imposent à nous au<br />
niveau <strong>de</strong>s instances <strong>de</strong> gouvernance nationale et surtout européenne. Elles dérivent<br />
<strong>de</strong> leurs homologues en ang<strong>la</strong>is, l’IS pour Information Society, l’IT pour<br />
Information Technology, NICT pour New Information and Communication<br />
Technologies ou simplement ICT pour Information and Communication Technolgy.<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s mots, qu’y a-t-il <strong>de</strong> nouveau pour justifier le passage <strong>de</strong> TIQUE à TIC ?<br />
Posons nous une question simple : quelles sont les quatre innovations qui ont le plus<br />
modifié <strong>la</strong> société tout entière sur les quinze <strong>de</strong>rnières années ?<br />
Sans chercher longtemps, nous allons annoncer : <strong>la</strong> téléphonie mobile GSM,<br />
l’ordinateur individuel et portable, l’Internet, et le GPS.<br />
À dire vrai tout le mon<strong>de</strong> trouve rapi<strong>de</strong>ment les trois premiers sans préciser l’ordre.<br />
Toutefois, les gens pensent moins spontanément aux systèmes <strong>de</strong> localisation et <strong>de</strong><br />
navigation GPS.<br />
• La téléphonie mobile ou GSM : <strong>Le</strong> Bi Bop fut <strong>de</strong> 1993 à 1997 le premier<br />
réseau <strong>de</strong> téléphonie mobile en France. Il fut rapi<strong>de</strong>ment remp<strong>la</strong>cé par le GSM<br />
(Global System for Mobile communication). En 1995, le taux <strong>de</strong> pénétration<br />
du téléphone mobile en France était <strong>de</strong> 3 %. Il a connu, comme dans tous les<br />
pays du mon<strong>de</strong> une très forte croissance. En octobre 2008, ce taux est passé à
Introduction 11<br />
88% avec plus <strong>de</strong> 52 millions d’utilisateurs. Malgré ce résultat impressionnant,<br />
<strong>la</strong> France se situe à <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière p<strong>la</strong>ce européenne puisque <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong><br />
l’EU27 est <strong>de</strong> 119%, avec 129% en Allemagne et 152% en Italie. Ce<strong>la</strong> signifie<br />
que <strong>de</strong> nombreux européens ont plusieurs téléphones mobiles à usage privé ou<br />
professionnel. Jamais, dans l’histoire <strong>de</strong> l’humanité, une innovation<br />
technologique ne s’est disséminée aussi vite et aussi massivement.<br />
• <strong>Le</strong> PC (Personal Computer) fixe ou portable : il n’y a pas d’organisme<br />
officiel en France, pour le suivi du parc informatique. Mais l’Université <strong>de</strong><br />
Sherbrooke au Canada établit à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> <strong>la</strong> banque mondiale <strong>de</strong>s<br />
modèles <strong>de</strong> prédiction fiables, selon lesquels <strong>la</strong> France compte, en 2008, 81<br />
ordinateurs pour 100 habitants.<br />
• Internet : selon l’ARCEP (Autorité <strong>de</strong> Régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s Communications<br />
Electroniques et <strong>de</strong>s Postes), le nombre d’abonnés Internet en France fin mars<br />
2009 était <strong>de</strong> 18,350 millions. La croissance sur un an a été <strong>de</strong> 13% soit 2,1<br />
millions d’abonnés supplémentaires. Tout en étant <strong>la</strong>rgement dépassé par <strong>la</strong><br />
téléphonie mobile, <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong> l’accès à Internet est aussi très<br />
impressionnante.<br />
• Navigateur GPS : il est plus difficile <strong>de</strong> trouver pour <strong>la</strong> France <strong>de</strong>s statistiques<br />
sur <strong>la</strong> pénétration <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> navigation mobiles autonomes ou intégrés<br />
dans les smart phones. En 2005, il s’était vendu 5,8 millions d’unités en<br />
Europe et 4,3 millions d’unités pour le seul premier trimestre 2006. En France,<br />
il s’est vendu 2,5 millions <strong>de</strong> navigateurs noma<strong>de</strong>s en 2007 et trois millions en<br />
2008. Sans atteindre les niveaux du GSM et <strong>de</strong> l’Internet, ces taux <strong>de</strong><br />
croissance sont considérables et supérieurs à <strong>la</strong> progression <strong>de</strong> <strong>la</strong> photo<br />
numérique par exemple.
12 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
LES GRANDS PROBLEMES DE L’AUTOMOBILE AU DEBUT DU VINGT<br />
ET UNIEME SIECLE<br />
Quatre problèmes principaux interpellent aujourd’hui <strong>la</strong> société : l’énergie,<br />
l’environnement, <strong>la</strong> sécurité et <strong>la</strong> congestion. Il y a encore quelques années, l’ordre<br />
aurait été sécurité, congestion, énergie, impact climatique... mais en peu <strong>de</strong> temps, <strong>la</strong><br />
société a pris conscience <strong>de</strong>s importances re<strong>la</strong>tives <strong>de</strong>s problèmes et a réordonné les<br />
priorités.<br />
L’énergie<br />
Toutes les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) résultent <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation sur<br />
<strong>de</strong>s millions d’années <strong>de</strong>s organismes vivants végétaux ou animaux. Or, en moins<br />
d’un <strong>siècle</strong>, l’humanité a déjà quasiment épuisé ces ressources. Quand on dit<br />
l’humanité - ce n’est pas exact. Il y a sur <strong>la</strong> micro p<strong>la</strong>nète « Terre » un peu plus <strong>de</strong><br />
six milliards d’humains et environ un milliard <strong>de</strong> véhicules, mais ceux-ci ne sont<br />
pas distribués <strong>de</strong> manière homogène parmi les popu<strong>la</strong>tions. <strong>Le</strong>s pays riches, c'est-àdire<br />
l’Amérique du Nord, l’Europe <strong>de</strong> l’Ouest et l’Asie <strong>de</strong> l’Est possè<strong>de</strong>nt plus <strong>de</strong><br />
six cents millions <strong>de</strong> véhicules (soit 60% du parc mondial) alors que leur popu<strong>la</strong>tion<br />
représente moins d’un milliard <strong>de</strong> personnes, soit 15% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion mondiale.<br />
Pour amener <strong>la</strong> Chine aux mêmes taux d’équipement que nos pays il faudra<br />
fabriquer l’équivalent du stock total <strong>de</strong> véhicules qui existent aujourd’hui sur <strong>la</strong><br />
terre.<br />
La capacité <strong>de</strong> production <strong>de</strong> <strong>la</strong> vingtaine <strong>de</strong> grands constructeurs automobiles<br />
mondiaux est d’environ 70 millions <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s par an. C’est à <strong>la</strong> fois peu, puisque<br />
ce<strong>la</strong> ne fait qu’une <strong>voiture</strong> neuve fabriquée par an et pour cent habitant, mais c’est<br />
bien trop, quand on sait que les matières premières et l’énergie vont manquer pour<br />
les fabriquer, ainsi que le carburant pour les faire rouler…<br />
L’environnement<br />
On a popu<strong>la</strong>risé récemment un indicateur d’empreinte carbone <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s en<br />
utilisant <strong>la</strong> masse <strong>de</strong> CO2 produite par kilomètre, par exemple 120g/km pour un<br />
petit véhicule récent et performant. Mais il serait plus par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> parler en volume<br />
car le CO2 ne se trouve pas à l’état soli<strong>de</strong> à <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong>s pots d’échappement.<br />
Une mole <strong>de</strong> CO2 pèse 44 g et occupe 22,4 litres à l’état gazeux, ce qui signifie<br />
qu’une <strong>voiture</strong> avec un indice <strong>de</strong> 176g/Km envoie 8,9 m3 <strong>de</strong> CO2 dans l’atmosphère<br />
pour 100 Km parcourus, en ayant détruit le même volume d’oxygène.<br />
L’essence que nous brûlons dans nos <strong>voiture</strong>s n’est pas un corps chimique pur mais<br />
un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> plusieurs dizaines <strong>de</strong> molécules dont l’une <strong>de</strong>s plus représentatives<br />
est l’octane. On a d’ailleurs longtemps apprécié <strong>la</strong> qualité d’une essence par son<br />
indice d’octane.<br />
C8H18 + 12,5 O2 8CO2 + 9H2O<br />
Quand on brûle une mole d’isooctane <strong>de</strong> masse 114 g, on détruit 12,5 moles soit 280<br />
litres d’oxygène et on rejette 8 moles <strong>de</strong> CO2 soit 179,2 litres et 162g d’eau (201,6
Introduction 13<br />
litres à l’état vapeur qui se con<strong>de</strong>nse rapi<strong>de</strong>ment). Ce sont ces volumes<br />
considérables <strong>de</strong> CO2 relâchés dans l’atmosphère qui ne peuvent plus être absorbés<br />
par les forêts ou dissous dans les océans qui produisent l’effet <strong>de</strong> serre entraînant le<br />
réchauffement climatique et sa suite <strong>de</strong> ca<strong>la</strong>mités.<br />
La sécurité<br />
Dans nos sociétés occi<strong>de</strong>ntales surprotégées, l’insécurité routière a longtemps été<br />
considérée comme le premier problème à résoudre. Il y a chaque année dans le<br />
mon<strong>de</strong> environ 1,2 million <strong>de</strong> morts liés aux acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>la</strong> route, mais là encore,<br />
ces morts ne sont pas distribués <strong>de</strong> manière homogène sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. <strong>Le</strong>s pays<br />
riches comptabilisent moins <strong>de</strong> 120 000 décès par an soit moins <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong>s drames<br />
liés à l’insécurité routière alors qu’ils possè<strong>de</strong>nt environ 60% du total <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s.<br />
<strong>Le</strong> reste du mon<strong>de</strong> subit 90% <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts mortels. L’In<strong>de</strong> à elle seule comptabilise<br />
plus <strong>de</strong> 220 000 morts par an. Pour résumer <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> manière brutale : les pays<br />
riches ont les <strong>voiture</strong>s et les pays pauvres ont les morts.<br />
Remarquons encore que tout acci<strong>de</strong>nt n’a a priori que quatre causes possibles : le<br />
conducteur, le véhicule, l’infrastructure ou <strong>la</strong> rubrique « autre cause ». Or, plus <strong>de</strong><br />
95% <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts mettent en cause <strong>la</strong> responsabilité du conducteur…. La<br />
conclusion à en tirer est simple : supprimons le conducteur et remp<strong>la</strong>çons<br />
« l’automobile » par un « robot mobile ».<br />
La congestion (ou son opposé <strong>la</strong> mobilité)<br />
La congestion résulte d’un déséquilibre en un lieu donné et à un moment donné<br />
entre l’offre et <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> surface circu<strong>la</strong>nte. Pour résoudre un déséquilibre, il<br />
existe a priori <strong>de</strong>ux solutions : augmenter l’un <strong>de</strong>s facteurs ou diminuer l’autre.<br />
On peut augmenter <strong>la</strong> surface circu<strong>la</strong>nte en construisant <strong>de</strong>s autoroutes, en<br />
é<strong>la</strong>rgissant les anciennes mais cette solution, qui a été abondamment utilisée <strong>de</strong>puis<br />
un <strong>de</strong>mi-<strong>siècle</strong>, défigure nos villes et nos campagnes et n’est jamais parvenue à<br />
résoudre <strong>la</strong> congestion en milieu urbain. La construction massive <strong>de</strong> nouvelles<br />
routes a au contraire contribué à l’étalement urbain, ainsi qu’à l’augmentation <strong>de</strong>s<br />
distances et <strong>de</strong>s consommations d’énergie.<br />
En revanche, il est très simple par <strong>de</strong> nouvelles réglementations <strong>de</strong> diminuer <strong>la</strong><br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> : il suffit par exemple <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r que les numéros impairs circuleront les<br />
jours impairs - et les pairs les autres jours. On aura ainsi divisé <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> par <strong>de</strong>ux<br />
et éliminé les bouchons mais aussi restreint les libertés individuelles.<br />
Une autre solution consiste à agir sur <strong>la</strong> fiscalité en faisant payer l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
chaussée en milieu urbain. <strong>Le</strong>s technologies <strong>de</strong> localisation et <strong>de</strong> communication<br />
permettent <strong>de</strong> manière élégante et efficace <strong>de</strong> taxer l’usager en fonction du lieu et<br />
<strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> présence, son compte bancaire est débité en temps réel. C’est <strong>la</strong><br />
version mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> l’octroi <strong>de</strong>s <strong>siècle</strong>s passés.<br />
Notre propos est justement l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s TIC sur les systèmes <strong>de</strong><br />
transports, ce qui donne corps au concept <strong>de</strong> STI (Systèmes <strong>de</strong> Transports<br />
Intelligents). Depuis une vingtaine d’années, ce domaine d’activité s’est structuré au<br />
niveau international sous l’acronyme ITS pour Intelligent Transportation System.
14 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Chaque année <strong>de</strong>puis le premier congrès tenu à Paris en 1994, se tient l’ITS World<br />
Congress qui se dép<strong>la</strong>ce chaque année entre les USA (ITS America), l’Europe<br />
représentée par ERTICO et l’Asie (principalement ITS Japan).<br />
Cette manifestation rassemble entre 5000 et 7000 participants du mon<strong>de</strong> entier pour<br />
partager les avancées scientifiques, technologiques ou sociétales du moment,<br />
découvrir en parcourant l’exposition les <strong>de</strong>rnières innovations <strong>de</strong>s constructeurs ou<br />
équipementiers et assister aux démonstrations <strong>de</strong> savoir-faire <strong>de</strong>s industriels ou <strong>de</strong>s<br />
<strong>la</strong>boratoires.<br />
<strong>Le</strong>s congrès ITS ont eu lieu à New York (2008), à Stockholm (2009) et à Pusan<br />
(Corée) en 2010.<br />
<strong>Le</strong>s pays avancés ont tous créé <strong>de</strong>s associations <strong>de</strong> personnes physiques ou morales<br />
impliquées professionnellement dans ces sujets.<br />
En France, l’ATEC a été créée (http://www.atec-itsfrance.net/home.cfm ).<br />
Signalons aussi pour <strong>la</strong> France le dynamisme particulier du Conseil Général <strong>de</strong>s<br />
Côtes d’Armor qui anime ITS Bretagne et organise un congrès biannuel.<br />
(http://www.itsbretagne.net/ )<br />
<strong>Le</strong>s TICs permettent d’accroître fortement <strong>la</strong> sécurité et <strong>de</strong> diminuer <strong>la</strong> congestion,<br />
ce que nous allons développer dans les prochains chapitres. Malheureusement, il<br />
nous faut admettre que les <strong>de</strong>ux problèmes essentiels <strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong><br />
l’environnement ne peuvent être résolus par le déploiement <strong>de</strong>s TICs même si ça et<br />
là <strong>de</strong>s contributions peuvent être apportées.
CHAPITRE 1<br />
LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS LE VEHICULE<br />
LES SYSTEMES DE NAVIGATION<br />
Un système <strong>de</strong> navigation, encore appelé système <strong>de</strong> guidage ou navigateur,<br />
comprend quatre éléments :<br />
• Une carte numérique.<br />
• Un logiciel <strong>de</strong> routage.<br />
• Un système <strong>de</strong> géo-localisation automatique précis.<br />
• Une interface homme-machine conviviale d’interrogation et <strong>de</strong> présentation<br />
<strong>de</strong>s résultats.<br />
La cartographie numérique<br />
On appelle SIG (Systèmes d’Informations Géographiques) l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
techniques informatiques pour créer, mémoriser, manipuler les informations <strong>de</strong><br />
types cartographiques. <strong>Le</strong>s SIG concernent <strong>la</strong> cartographie routière, mais aussi les<br />
réseaux ferrés, réseaux électriques, réseaux d’eau, <strong>de</strong> gaz, d’égouts, les réseaux<br />
fluviaux…. En quelques années, plusieurs sociétés se sont développées pour créer<br />
ces bases <strong>de</strong> données gigantesques qui, outre <strong>la</strong> topologie <strong>de</strong>s routes, contiennent les<br />
noms <strong>de</strong> rues, l’emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s hôpitaux, hôtels, restaurants, musées, cinémas,<br />
sta<strong>de</strong>s…<br />
<strong>Le</strong> réseau routier français comprend un million <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> chaussées. Si on<br />
p<strong>la</strong>ce un point tous les <strong>de</strong>ux cents mètres avec ses coordonnées (<strong>la</strong>titu<strong>de</strong>, longitu<strong>de</strong><br />
et altitu<strong>de</strong>), ce<strong>la</strong> fait quinze millions <strong>de</strong> données à stocker, ce qui est peu avec les<br />
technologies <strong>de</strong> mémorisation disponibles aujourd’hui. On peut donc rajouter<br />
d’innombrables informations écrites, visuelles ou sonores - <strong>la</strong> France tiendra<br />
aisément sur un CDROM <strong>de</strong> 700 Mo.<br />
<strong>Le</strong> réseau routier est en fait un gigantesque graphe dont les sommets sont les points<br />
GPS et les arêtes les segments <strong>de</strong> route. <strong>Le</strong> routage est <strong>la</strong> recherche d’un chemin<br />
optimal, au sens d’un critère, pour relier un point <strong>de</strong> départ à un point d’arrivée. <strong>Le</strong><br />
critère pourra être le chemin le plus court ou le plus rapi<strong>de</strong> ou le plus économique.<br />
Ce qui suppose que les différents segments du graphe soient connus avec leurs<br />
longueurs, leurs capacités d’écoulement <strong>de</strong> trafic et le cas échéant leurs coûts <strong>de</strong><br />
péage.<br />
<strong>Le</strong> chemin obtenu sera un routage qualifié <strong>de</strong> statique, c'est-à-dire que le chemin<br />
retenu ne tiendra pas compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation du trafic au moment où le dép<strong>la</strong>cement<br />
sera effectué.<br />
Pour avoir un navigateur intelligent ou dynamique, il faut bien sûr disposer d’un<br />
service <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong> données trafic en temps réel <strong>de</strong> manière à modifier<br />
« l’impédance » <strong>de</strong>s segments <strong>de</strong> route qui sont chargés en circu<strong>la</strong>tion.
16 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Toutefois, pour obtenir un système <strong>de</strong> guidage, il faut disposer d’un capteur <strong>de</strong><br />
localisation qui délivre en permanence <strong>la</strong> position du véhicule et <strong>la</strong> reporte sur <strong>la</strong><br />
carte numérique. L’opération <strong>de</strong> report du point courant sur <strong>la</strong> carte numérique<br />
consiste à mettre en correspondance les données du capteur <strong>de</strong> localisation<br />
(longitu<strong>de</strong> et <strong>la</strong>titu<strong>de</strong>) et un point <strong>de</strong> <strong>la</strong> route qui est discrétisée avec un point tous les<br />
<strong>de</strong>ux cents mètre par exemple. Cette opération s’appelle le « map matching » ou<br />
mise en correspondance. <strong>Le</strong> travail est facilité par le fait que le véhicule est a priori<br />
sur <strong>la</strong> route et que l’on connaît aussi son sens <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement. Même avec <strong>de</strong>s<br />
capteurs GPS à bas coût, <strong>la</strong> localisation se fait à moins d’une dizaine <strong>de</strong> mètres.<br />
<strong>Le</strong>s cartes numériques sont fournies en Europe principalement par <strong>de</strong>ux sociétés :<br />
Navteq et Tele At<strong>la</strong>s. Ces opérateurs sillonnent les routes avec <strong>de</strong>s véhicules équipés<br />
<strong>de</strong> matériel informatique et <strong>de</strong> caméras vidéo pour relever les caractéristiques utiles<br />
comme les voies <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> signalisation, les intersections. La couverture <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> France atteint aujourd’hui 100 %. La numérisation totale du réseau routier, <strong>de</strong>s<br />
gran<strong>de</strong>s agglomérations et <strong>de</strong>s villes moyennes avec plusieurs milliers <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ns<br />
détaillés, rue par rue, constitue un travail colossal. <strong>Le</strong>s modifications comme les<br />
sens interdits, les nouveaux noms <strong>de</strong> rues, les ronds-points et l’ouverture <strong>de</strong><br />
nouvelles routes sont prises en compte dans les meilleurs dé<strong>la</strong>is. Il est d’ailleurs<br />
possible <strong>de</strong> faire remonter les erreurs en contactant directement les fournisseurs <strong>de</strong><br />
cartes : Navteq avec Map Reporter et Tele At<strong>la</strong>s avec Map Insight.<br />
Une solution « Open source » appelée OpenStreetMap constitue une alternative à <strong>la</strong><br />
cartographie commerciale. http://www.openstreetmap.fr/<br />
Openstreetmap est un projet <strong>de</strong>stiné à réaliser une carte du mon<strong>de</strong>, sous licence dite<br />
“libre”. Ce<strong>la</strong> signifie que tout le mon<strong>de</strong> est libre d'utiliser, d'améliorer, <strong>de</strong> distribuer<br />
ou d'effectuer <strong>de</strong>s travaux dérivés à partir <strong>de</strong>s cartes Openstreetmap.<br />
De nombreux opérateurs offrent sur le WEB <strong>de</strong>s services utilisant <strong>la</strong> cartographie.<br />
Via Michelin par exemple reporte sur sa carte <strong>la</strong> météo en temps réel, <strong>la</strong> position <strong>de</strong>s<br />
radars, l’état du trafic et bien sûr les restaurants, les hôtels. La préparation d’un<br />
voyage avec le routage personnalisé <strong>voiture</strong>, vélo, piétons et <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong><br />
parcours touristiques sont proposées.<br />
Google profite du succès <strong>de</strong> son navigateur pour proposer ses services autour <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
cartographie « Googlemap ». Ci-après l’image satellite <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong>s Mines <strong>de</strong><br />
Paris puis l’entrée <strong>de</strong> l’école au 60 boulevard Saint Michel sur Googlemap.
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule 17<br />
Technologie <strong>de</strong> géo-localisation automatique<br />
Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire <strong>de</strong> l’humanité, l'homme a cherché à<br />
voyager pour découvrir le mon<strong>de</strong>. Ce<strong>la</strong> l'a conduit à <strong>de</strong>voir se localiser sur <strong>la</strong> terre.<br />
Dans un premier temps, il a repéré son chemin grâce à sa mémoire visuelle, mais<br />
cette métho<strong>de</strong> limite son rayon <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement.
18 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
L'invention <strong>de</strong> <strong>la</strong> boussole a été une découverte décisive, qui lui a permis <strong>de</strong><br />
s'orienter et <strong>de</strong> se positionner sur <strong>de</strong>s cartes.<br />
<strong>Le</strong>s marins, les géologues et les aviateurs ont ainsi appris à faire le point. En<br />
reconnaissant trois points (les amers) dans son environnement, l'observateur peut<br />
mesurer au compas <strong>de</strong> relèvement trois angles par rapport au nord et ainsi se<br />
positionner au centre d'un triangle.<br />
La précision <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> positionnement est très bonne. Elle est toutefois<br />
liée à <strong>la</strong> précision <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong> pointage.<br />
De plus, l'observateur doit détecter trois amers connus sur sa carte, ce qui n'est pas<br />
toujours possible et difficilement réalisable <strong>de</strong> manière automatisée.<br />
Pour <strong>de</strong>s besoins militaires, les Etats-Unis ont développé dans les années 70 un<br />
système <strong>de</strong> localisation automatique précis d’un point quelconque <strong>de</strong><br />
l’environnement terrestre.<br />
Pour ce<strong>la</strong>, une myria<strong>de</strong> <strong>de</strong> 31 satellites a été <strong>la</strong>ncée : elle sert d’amers repérables<br />
automatiquement.<br />
<strong>Le</strong> système qui s’est appelé « GPS » (Global Positioning System) exploite, lui<br />
aussi, le principe du « point optique » exposé précé<strong>de</strong>mment.<br />
Avec retard, l’Europe s’est engagée à mettre en œuvre un système concurrent<br />
nommé Galileo. Conçu une trentaine d’années après le GPS, il apportera quelques<br />
progrès technologiques, mais le retard <strong>de</strong> son déploiement constitue un handicap<br />
important.<br />
Principe <strong>de</strong> fonctionnement du système GPS :<br />
Pour que les simples PDA (Personal Digital Assistant) que nous utilisons<br />
aujourd’hui puissent se localiser, une imposante technologie est déployée à l’échelle<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète. <strong>Le</strong> système GPS comprend en effet un ensemble <strong>de</strong> satellites qui<br />
tournent autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, un ensemble <strong>de</strong> stations au sol et bien sûr les millions <strong>de</strong><br />
récepteurs GPS passifs qui tirent les bénéfices <strong>de</strong> cette boussole électronique précise<br />
offerte à l’humanité tout entière par les Etats-Unis d’Amérique.<br />
<strong>Le</strong> segment spatial<br />
Il est constitué actuellement d'une constel<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> 31 satellites (NAVSTAR pour<br />
NAVigation Satellite Timing And Ranging). Ces satellites sont répartis sur 6 orbites<br />
quasi circu<strong>la</strong>ires d'inclinaison 55° par rapport à l’équateur, à une altitu<strong>de</strong> d'environ<br />
20.000 Km (pério<strong>de</strong> 11 heures 58 minutes 02 secon<strong>de</strong>s).<br />
La configuration du réseau <strong>de</strong> satellites est conçue <strong>de</strong> manière à assurer à tout<br />
moment <strong>la</strong> réception au sol d’un maximum <strong>de</strong> signaux en provenance <strong>de</strong>s satellites,<br />
surtout sur les parties habitées <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre.
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule 19<br />
La constel<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s satellites du GPS<br />
<strong>Le</strong>s stations <strong>de</strong> contrôle et <strong>de</strong> poursuite au sol :<br />
Observant les satellites, ces stations au sol au nombre <strong>de</strong> 5, ont un triple rôle :<br />
• Observer les dérives <strong>de</strong>s satellites par rapport à leur orbite nominale (ces<br />
dérives sont principalement dues à <strong>la</strong> pression <strong>de</strong> radiation so<strong>la</strong>ire et aux chocs<br />
avec <strong>de</strong>s micrométéorites).<br />
• Calculer le biais <strong>de</strong>s horloges atomiques <strong>de</strong>s satellites qui, malgré leur gran<strong>de</strong><br />
stabilité, dérivent légèrement (<strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 0.1 ms par an) par rapport à<br />
l'horloge <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> l'observatoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> NASA. (Rappelons que si<br />
l'horloge d'un satellite est fausse <strong>de</strong> 0.1 ms, <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> distance est fausse <strong>de</strong><br />
30 km ! Alors que <strong>la</strong> précision requise est <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 50 m ! )<br />
• Mettre à jour, à partir <strong>de</strong> relevés atmosphériques, les coefficients du modèle<br />
<strong>de</strong>s couches ionosphériques et troposphériques <strong>de</strong> l'atmosphère, utilisés par le<br />
récepteur pour le calcul <strong>de</strong> <strong>la</strong> distance à partir du temps <strong>de</strong> propagation.<br />
Ces trois informations (paramètres orbitaux, biais <strong>de</strong> l'horloge du satellite,<br />
coefficients atmosphériques) sont périodiquement réactualisées (toutes les 30 s) et<br />
transmises aux satellites qui les réémettent vers les récepteurs dans le message <strong>de</strong><br />
navigation.<br />
<strong>Le</strong>s récepteurs<br />
Ils sont constitués d'un récepteur radio, d'une horloge et d'un processeur.<br />
Un récepteur G.P.S. se positionne en mesurant les distances qui le séparent <strong>de</strong>s<br />
satellites. En théorie, trois satellites suffisent pour calculer ses trois coordonnées. En<br />
réalité, comme les distances sont calculées à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong><br />
propagation satellites récepteur et que ces temps ne sont mesurés qu’à une inconnue<br />
près (le biais <strong>de</strong> l’horloge du récepteur par rapport aux horloges <strong>de</strong>s satellites) il faut<br />
un quatrième satellite.
20 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
L’utilisateur cherche donc à déterminer 4 inconnues : sa position (trois coordonnées<br />
x, y, z) et le biais <strong>de</strong> son horloge (τ). Il a donc besoin <strong>de</strong> signaux provenant d’au<br />
moins 4 satellites.<br />
De façon schématique, on peut dire que chaque satellite émet <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong><br />
signaux : un « top » (toutes les millisecon<strong>de</strong>s) qui est utilisé pour <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong><br />
distance et un « message <strong>de</strong> navigation » (toutes les 30 secon<strong>de</strong>s) contenant les<br />
paramètres orbitaux du satellite.<br />
Supposons qu’un satellite Si émette un “top” à une heure t1 :<br />
• ce signal parvient au récepteur R à une heure t2,<br />
• <strong>la</strong> distance satellite récepteur est d (Si, R) = c.(t2-t1), avec c <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
lumière.<br />
• Or, l’horloge du récepteur étant biaisée, l’heure <strong>de</strong> réception mesurée est (t2-<br />
τ),<br />
• <strong>la</strong> distance mesurée est di = d (Si, R) + c. τ<br />
La distance di = d(Si, R) + c. τ est appelée « pseudo-distance ».<br />
Distance et pseudo-distance satellite récepteur<br />
<strong>Le</strong> récepteur doit donc résoudre le système suivant :<br />
x, y, z et τ sont les inconnues.
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule 21<br />
(xi, yi, zi) est <strong>la</strong> position du satellite Si, connue grâce au message <strong>de</strong> navigation.<br />
d1,...d4 sont les pseudo-distances mesurées par le récepteur.<br />
Ce qui a été exposé ci-<strong>de</strong>ssus correspond au mo<strong>de</strong> 3D. Il existe un autre mo<strong>de</strong>, dit<br />
mo<strong>de</strong> 2D, où le récepteur ne cherche à calculer que 3 inconnues (x, y et τ). L'altitu<strong>de</strong><br />
z est fournie par l'utilisateur (par défaut, c'est l'altitu<strong>de</strong> du <strong>de</strong>rnier point en mo<strong>de</strong><br />
3D).<br />
En mo<strong>de</strong> 2D, trois satellites suffisent pour faire un point.<br />
Ce mo<strong>de</strong> est utilisé en mer ou sur terre, lorsque l'on dispose d'un modèle numérique<br />
<strong>de</strong> terrain.<br />
On peut résumer <strong>la</strong> chaîne G.P.S par le schéma suivant :<br />
<strong>Le</strong> GPS différentiel (DGPS) et le RTK (Real Time Kinematic, en ang<strong>la</strong>is)<br />
<strong>Le</strong> but du GPS différentiel est d'accroître <strong>la</strong> précision du positionnement, en<br />
réduisant fortement les erreurs sur <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s distances satellites - récepteur.<br />
<strong>Le</strong> DGPS est basé sur un ensemble <strong>de</strong> stations fixes, dont les positions sont connues<br />
exactement. Ces stations reçoivent les signaux <strong>de</strong>s mêmes satellites que les<br />
terminaux mobiles présents dans leur zone d'action, et elles estiment en permanence<br />
l'erreur locale <strong>de</strong> positionnement du GPS en comparant <strong>la</strong> position calculée avec leur<br />
position réelle connue. Cette information est transmise par radio ou tout autre moyen<br />
aux récepteurs DGPS <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone couverte.<br />
Une correction différentielle est définie pour un satellite donné à un temps donné.<br />
On peut ainsi passer d'une précision <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 10 à 20 mètres à une précision <strong>de</strong> 5<br />
à 3 mètres sur une gran<strong>de</strong> zone (plusieurs centaines <strong>de</strong> kilomètres).<br />
<strong>Le</strong> mo<strong>de</strong> « différentiel » existe en plusieurs variantes ; <strong>la</strong> plus é<strong>la</strong>borée utilise <strong>la</strong><br />
mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase <strong>de</strong>s signaux reçus (GPS RTK) et non le co<strong>de</strong> binaire pour<br />
calculer les pseudo-distances. À partir d'une station située sur un point connu distant<br />
<strong>de</strong> quelques kilomètres, on obtient ainsi à l'ai<strong>de</strong> du GPS <strong>de</strong>s positions précises à
22 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
quelques centimètres près dans les trois dimensions (GPS géodésique ou<br />
cinématique), ce qui permet <strong>de</strong> l'utiliser non seulement pour <strong>de</strong>s levers, mais aussi<br />
pour <strong>de</strong>s imp<strong>la</strong>ntations en topographie. On peut même atteindre quelques<br />
millimètres <strong>de</strong> précision avec <strong>de</strong>s logiciels <strong>de</strong> traitement très é<strong>la</strong>borés utilisés en<br />
temps différé.<br />
Pour bénéficier <strong>de</strong>s performances du DGPS, il faut à <strong>la</strong> fois un récepteur compatible<br />
et, très souvent, s’abonner à un opérateur <strong>de</strong> service.<br />
Pour le GPS RTK, il faut disposer d’un récepteur performant et d’une station <strong>de</strong><br />
base au sol.<br />
<strong>Le</strong> navigateur embarqué et son interface homme-machine<br />
L’adaptation <strong>de</strong>s navigateurs au guidage routier et leur industrialisation ont eu lieu à<br />
partir <strong>de</strong>s années 1990, d’abord au Japon, puis aux USA et en Europe.<br />
On a pensé que les navigateurs seraient un marché réservé aux constructeurs<br />
automobiles mais ceux-ci ont tardé à les mettre à disposition en première monte et<br />
ont appliqué <strong>de</strong>s prix trop élevés.<br />
Des navigateurs noma<strong>de</strong>s sont apparus et le marché a explosé sur les cinq <strong>de</strong>rnières<br />
années. Ce sont <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> navigateurs qui ont été mis en service en Europe et<br />
en France.<br />
<strong>Le</strong>s principaux arguments avancés par les constructeurs automobiles pour justifier <strong>la</strong><br />
supériorité <strong>de</strong>s navigateurs embarqués par rapport aux systèmes noma<strong>de</strong>s concernent<br />
<strong>la</strong> précision du positionnement et <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> l’interface homme-machine intégrée<br />
au tableau <strong>de</strong> bord. Il est exact que dans les tunnels ou encore dans les rues au<br />
milieu <strong>de</strong>s bâtiments <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> dimension (on parle <strong>de</strong> « canyons urbains »), les
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule 23<br />
signaux GPS et <strong>la</strong> localisation peuvent disparaître temporairement. Dès lors, les<br />
systèmes embarqués hybri<strong>de</strong>nt les signaux GPS avec <strong>de</strong>s informations odométriques<br />
collectés sur le bus CAN pour assurer <strong>la</strong> persistance <strong>de</strong> <strong>la</strong> localisation GPS. Cet<br />
avantage ne suffit toutefois pas à justifier aux yeux <strong>de</strong>s automobilistes <strong>la</strong> différence<br />
<strong>de</strong> coût. L’intégration d’un écran couleur avec <strong>la</strong> radio, un lecteur <strong>de</strong> DVD et le<br />
téléphone offre confort et prestige au navigateur embarqué, mais les navigateurs<br />
noma<strong>de</strong>s ont rapi<strong>de</strong>ment intégré toutes ces fonctionnalités.<br />
La véritable revanche <strong>de</strong>s systèmes embarqués viendra du coup<strong>la</strong>ge du GPS avec<br />
<strong>de</strong>s organes <strong>de</strong> sécurité ou <strong>de</strong> confort du véhicule. Par exemple, le navigateur peut<br />
servir « d’ange gardien » pour respecter automatiquement les limites <strong>de</strong> vitesse<br />
grâce au coup<strong>la</strong>ge avec le régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse, ou encore contribuer à l’écoconduite<br />
en prenant en compte le profil <strong>de</strong> <strong>la</strong> route.<br />
Dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, les expressions « navigateur noma<strong>de</strong> » ou « système <strong>de</strong><br />
guidage électronique » sont <strong>de</strong> moins en moins usitées et l’acronyme GPS est<br />
<strong>de</strong>venu leur synonyme. <strong>Le</strong> GPS est entré dans le domaine du public. Il est <strong>de</strong>venu<br />
un objet banalisé et ses applications se sont multipliées. Il équipe les voiliers, les<br />
avions, les vélos et même les randonneurs avec, à chaque fois, <strong>de</strong>s cartes<br />
numériques dédiées.<br />
<strong>Le</strong> phénomène s’est encore accéléré avec <strong>la</strong> pénétration massive <strong>de</strong>s téléphones<br />
portables <strong>de</strong> nouvelle génération intégrant <strong>la</strong> cartographie, l’antenne GPS, son<br />
processeur et le guidage routier, piétonnier, ouvrant <strong>la</strong> porte à <strong>la</strong> mobilité<br />
multimodale.<br />
Une nouvelle industrie s’est développée et <strong>de</strong> nouveaux acteurs apparaissent très<br />
vite. L’édition <strong>de</strong>s cartes numériques s’est structurée autour <strong>de</strong> grands acteurs tels<br />
que Navteq et Tele At<strong>la</strong>s. <strong>Le</strong> marché <strong>de</strong>s navigateurs portables a été accaparé par<br />
TomTom, Garmin, Mio. Plus <strong>de</strong> trois millions <strong>de</strong> GPS portables ont été vendus en<br />
France en 2008.<br />
Système <strong>de</strong> navigation embarqué<br />
connecté au bus CAN pour un<br />
positionnement précis<br />
Un navigateur GPS portable<br />
typique<br />
Une gran<strong>de</strong> variété <strong>de</strong> PDA<br />
(Personal Digital Assistant)<br />
incluant <strong>de</strong>s navigateurs<br />
GPS<br />
Puis les géants <strong>de</strong> l’informatique Google et Microsoft se sont respectivement<br />
positionnés avec <strong>de</strong>s logiciels applications puissants tels que Google Earth et Virtual<br />
Earth 3D (Microsoft). De gran<strong>de</strong>s manœuvres industrielles ont eu lieu ces <strong>de</strong>ux
24 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
<strong>de</strong>rnières années avec le rachat <strong>de</strong> TeleAt<strong>la</strong>s par TomTom et <strong>de</strong> Navteq par Nokia.<br />
<strong>Le</strong> marché <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité est en effervescence.<br />
Conclusion sur les navigateurs<br />
<strong>Le</strong> service rendu à l’utilisateur est tout à fait réel et ne dépend pas <strong>de</strong>s autres<br />
usagers. L’automobiliste tire un bénéfice immédiat et tangible <strong>de</strong> son<br />
investissement. Beaucoup d’automobilistes achètent le système pour être informés<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>de</strong>s radars et <strong>de</strong>s dépassements <strong>de</strong> vitesse.<br />
Même si le fonctionnement du système <strong>de</strong> navigation est simple et bien compris, son<br />
usage gar<strong>de</strong> un côté merveilleux tant l’usager a l’illusion d’une machine <strong>intelligente</strong><br />
qui l’assiste.<br />
Si l’utilisateur s’est écarté du chemin préconisé, il peut à tout moment re<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
un calcul <strong>de</strong> chemin à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> position courante.<br />
De <strong>la</strong> même façon, l’utilisateur peut à tout moment rechercher autour <strong>de</strong> sa position<br />
courante un service, une station essence ou un hôtel par exemple.<br />
Il choisit parmi les propositions du logiciel celle qui lui convient et peut contacter<br />
l’établissement choisi par téléphone en utilisant <strong>la</strong> liaison à <strong>la</strong> base <strong>de</strong> données et <strong>la</strong><br />
communication GSM.<br />
<strong>Le</strong>s navigateurs sont fiables et précis. <strong>Le</strong>s seuls dysfonctionnements peuvent<br />
provenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> perte <strong>de</strong>s satellites ou d’une base <strong>de</strong> données incomplète ou non à<br />
jour.<br />
<strong>Le</strong>s cartes numériques doivent donc être mises à jour périodiquement pour prendre<br />
en compte les nouvelles voies, les nouveaux lotissements, les modifications<br />
topologiques <strong>de</strong> carrefour, les modifications <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalétique routière. <strong>Le</strong>s<br />
opérateurs <strong>de</strong> cartes numériques offrent ces services (y compris <strong>la</strong> mise à jour <strong>de</strong>s<br />
emp<strong>la</strong>cements <strong>de</strong>s radars fixes) par téléchargement sur Internet, moyennant <strong>de</strong>s<br />
abonnements.<br />
Pour les autres usagers, <strong>la</strong> possession par un automobiliste d’un système <strong>de</strong><br />
navigation ne présente aucun avantage ni aucune nuisance.<br />
Une <strong>de</strong>s limites du système actuel est que, pour l’usager lui-même, le système<br />
n’exploite que <strong>de</strong>s informations statiques et ne tient pas compte du trafic et <strong>de</strong>s<br />
éventuels embouteil<strong>la</strong>ges.<br />
L’utilisation d’informations contextuelles sur l’état du trafic par le navigateur<br />
conduit au concept <strong>de</strong> navigateur dynamique en temps réel. Ce<strong>la</strong> suppose que le<br />
navigateur soit alimenté en temps réel par <strong>de</strong>s données sur l’état du trafic. <strong>Le</strong> recueil<br />
<strong>de</strong> ces données a un coût, et on pressent, là encore, une économie <strong>de</strong> l’information<br />
trafic en émergence.<br />
Une autre amélioration possible <strong>de</strong>s systèmes actuels <strong>de</strong> navigation consiste en <strong>de</strong>s<br />
fonctions <strong>de</strong> copilotage. En effet, le navigateur par GPS, tel que nous le connaissons,<br />
est parfaitement opérationnel et permet un guidage performant.
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule 25<br />
Son assistance représente un confort et un gain <strong>de</strong> temps pour l’usager, mais il<br />
contribue également à <strong>la</strong> sécurité car le conducteur n’a pas à chercher sa route, à<br />
s’arrêter sur le bas-côté pour prendre <strong>de</strong>s renseignements sur une carte papier en<br />
perturbant le trafic.<br />
Mais le guidage actuel ne représente qu’un avant-goût <strong>de</strong>s possibilités offertes par le<br />
système GPS. En effet, un développement prometteur consiste à exploiter <strong>la</strong> lecture<br />
anticipée <strong>de</strong> <strong>la</strong> route, afin d’annoncer au conducteur <strong>de</strong>s éléments à venir qui lui sont<br />
invisibles au point courant, à <strong>la</strong> manière d’un copilote en rallye. On parle alors<br />
d’ « horizon électronique ».<br />
Pour ce faire, les futures cartes numériques du réseau routier vont s’enrichir <strong>de</strong><br />
nouveaux attributs comme les points « acci<strong>de</strong>ntogènes », les montées et les<br />
<strong>de</strong>scentes, les indices d’adhérence <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée, les virages en épingles avec leur<br />
courbure, les carrefours dangereux, les panneaux stop, les limitations <strong>de</strong> vitesses etc.<br />
Ces informations pourront être fusionnées pour être présentées au conducteur sous<br />
forme d’une « signalétique embarquée ».<br />
De <strong>la</strong> même façon, les opérateurs <strong>de</strong> réseaux autoroutiers pourront multiplier les<br />
panneaux à messages variables (PMV) en les géo-localisant et en les diffusant sous<br />
forme <strong>de</strong> PMV embarqués.<br />
CONTROLE LONGITUDINAL DU VEHICULE<br />
La conduite d’un véhicule comprend <strong>de</strong>ux fonctions principales : le contrôle<br />
longitudinal qui consiste à maintenir une vitesse compatible avec <strong>la</strong> géométrie et <strong>la</strong><br />
qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> route, les conditions météorologiques et l’état du trafic en assurant <strong>la</strong><br />
distance <strong>de</strong> sécurité avec les véhicules précé<strong>de</strong>nts, et le contrôle <strong>la</strong>téral qui consiste à<br />
maintenir le véhicule sur sa voie. <strong>Le</strong>s actionneurs disponibles pour assurer le<br />
contrôle longitudinal sont l’accélérateur et le frein alors que l’actionneur utilisé pour<br />
assurer le contrôle <strong>la</strong>téral est le vo<strong>la</strong>nt.<br />
<strong>Le</strong> contrôle longitudinal est un contrôle en vitesse et <strong>la</strong> consigne <strong>de</strong> vitesse est<br />
normalement donnée par le conducteur. Celui-ci est soumis à <strong>de</strong> multiples<br />
contraintes que sont les caractéristiques <strong>de</strong> son véhicule, le respect <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong><br />
vitesse, et ses propres qualités <strong>de</strong> conducteur.<br />
<strong>Le</strong> régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse<br />
<strong>Le</strong> régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse c<strong>la</strong>ssique (en ang<strong>la</strong>is Cruise controler) compare <strong>la</strong> vitesse<br />
réelle du véhicule à une vitesse <strong>de</strong> croisière choisie par l’usager, il accélère pour<br />
atteindre cette vitesse et utilise le frein moteur en cas <strong>de</strong> dépassement <strong>de</strong> <strong>la</strong> consigne,<br />
mais ne fait pas usage du frein. Ce système est pratique sur <strong>de</strong> longues distances,<br />
notamment sur autoroute et permet généralement une consommation optimale <strong>de</strong><br />
carburant. Il permet aussi d'éviter les excès <strong>de</strong> vitesse par inadvertance. <strong>Le</strong><br />
régu<strong>la</strong>teur est utilisé au-<strong>de</strong>ssus d’une vitesse minimale <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 70 Km/h. Il ne<br />
faut pas l’utiliser en milieu urbain ou si <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion est chargée et irrégulière.<br />
Ce système effectue seul les corrections du régime moteur en fonction du profil <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
route, accélérant dans les montées et ralentissant en faisant usage du frein moteur
26 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
dans les <strong>de</strong>scentes. Dans <strong>la</strong> mesure où ceci serait insuffisant par dépassement <strong>de</strong>s<br />
limites du système, il faut, bien entendu, rétrogra<strong>de</strong>r sur le rapport inférieur et, le cas<br />
échéant, freiner par les moyens c<strong>la</strong>ssiques.<br />
<strong>Le</strong> conducteur dispose d'une ou plusieurs comman<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> préférence au vo<strong>la</strong>nt sur<br />
une seule manette, lui permettant d'activer le régu<strong>la</strong>teur, <strong>de</strong> choisir sa vitesse <strong>de</strong><br />
croisière, et <strong>de</strong> revenir au mo<strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssique.<br />
Différentes fonctions peuvent être ajoutées, comme le retour en mo<strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion<br />
après un passage en mo<strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssique, le choix du mo<strong>de</strong> limiteur plutôt que régu<strong>la</strong>teur,<br />
par exemple.<br />
<strong>Le</strong>s véhicules les plus récents n'ayant plus <strong>de</strong> câble d'accélérateur, c'est le<br />
micromoteur <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gaz qui est directement commandé par le calcu<strong>la</strong>teur<br />
du véhicule.<br />
La conduite sous régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse ne présente pas <strong>de</strong> difficultés particulières.<br />
De nombreuses sécurités sont couplées à ce système : ainsi, une action sur <strong>la</strong> pédale<br />
<strong>de</strong> freins, d'accélérateur, d'embrayage (pour les boîtes <strong>de</strong> vitesses manuelles) ou sur<br />
le levier <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s vitesses, désactive immédiatement le régu<strong>la</strong>teur et fait<br />
repasser le véhicule en mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduite traditionnel.<br />
<strong>Le</strong> conducteur libéré <strong>de</strong> <strong>la</strong> hantise du dépassement <strong>de</strong>s vitesses limites autorisées<br />
peut reporter son attention autrefois dévolue à cette tâche aux autres aspects <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
conduite automobile, et adopter une conduite plus détendue.<br />
<strong>Le</strong> régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse constitue donc un progrès dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité. <strong>Le</strong><br />
régu<strong>la</strong>teur est présent sur <strong>la</strong> quasi-totalité <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s aux USA et sa pénétration sur<br />
les marchés européens a été plus tardive.<br />
<strong>Le</strong> Régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse adaptatif (RVA en français ou ACC en ang<strong>la</strong>is)<br />
<strong>Le</strong> Régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> Vitesse Adaptatif (en ang<strong>la</strong>is A.C.C. pour « Autonomous Cruise<br />
Control ») est un système d’assistance capable <strong>de</strong> contrôler <strong>la</strong> vitesse re<strong>la</strong>tive ainsi<br />
que <strong>la</strong> distance entre <strong>de</strong>ux véhicules qui se suivent sur <strong>la</strong> même voie.<br />
Si un véhicule équipé d’un régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse c<strong>la</strong>ssique réglé à 130km/h sur<br />
autoroute, rattrape un véhicule rou<strong>la</strong>nt à 110 Km/h, il le percute à une vitesse<br />
re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> 20km/h en l’absence d’intervention du conducteur.<br />
Au contraire, le Régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> Vitesse Adaptatif détecte le véhicule plus lent, calcule<br />
automatiquement <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> sécurité, ralentit et se maintient à <strong>la</strong> vitesse du<br />
véhicule plus lent dans l’attente d’une intervention du conducteur.<br />
<strong>Le</strong> Régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> Vitesse Adaptatif ne communique ni avec le véhicule suivi ni avec<br />
l'infrastructure. C’est un système d’assistance autonome qui procure un bénéfice<br />
immédiat à son propriétaire.<br />
<strong>Le</strong> composant critique du Régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> Vitesse Adaptatif est le capteur <strong>de</strong> détection<br />
du véhicule rattrapé. Deux solutions technologiques sont en compétition : le radar et<br />
le lidar. Ces solutions diffèrent en prix et en performance, mais ont <strong>de</strong>s<br />
ressemb<strong>la</strong>nces au niveau technique. <strong>Le</strong> radar utilise <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s millimétriques (3,89
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule 27<br />
mm pour le 77 GHz) alors que le lidar émet dans le visible ou l’infra rouge (1500 A°<br />
pour 200 THz).<br />
<strong>Le</strong> lidar ou télémètre <strong>la</strong>ser<br />
L'utilisation d'un <strong>la</strong>ser comme émetteur et d'un capteur monté <strong>de</strong>rrière <strong>la</strong> grille avant<br />
d'une automobile est un système peu coûteux, mais qui souffre d'un problème <strong>de</strong><br />
diffusion <strong>de</strong> son faisceau lorsque <strong>la</strong> visibilité est mauvaise. En effet, <strong>la</strong> lumière<br />
visible qu'il émet est facilement absorbée ou réfléchie par les obstacles, en<br />
particulier par <strong>la</strong> pluie, <strong>la</strong> neige ou le brouil<strong>la</strong>rd. De plus, si le véhicule à détecter est<br />
très sale ou boueux, <strong>la</strong> réflexion vers le capteur <strong>la</strong>ser est également amoindrie. Son<br />
coût <strong>de</strong> 400 à 600 €, en 2008, le rend accessible aux véhicules <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse moyenne.<br />
Il existe <strong>de</strong>s <strong>la</strong>sers tournants <strong>de</strong> haute performance (Ibeo ou Sick) qui sont<br />
abondamment utilisés par les chercheurs pour développer <strong>de</strong>s systèmes avancés <strong>de</strong><br />
perception <strong>de</strong> l’environnement, mais leurs coûts encore élevés ne permettent pas<br />
encore leur diffusion sur le marché automobile.<br />
<strong>Le</strong> radar<br />
Caractéristiques du lidar Ibeo Lux<br />
Fréquence <strong>de</strong> rotation<br />
12,5 Hz<br />
(25Hz) Champ <strong>de</strong> ba<strong>la</strong>yage horizontal 100°<br />
Portée<br />
0,3 m à 200 m<br />
Résolution en distance<br />
4 cm<br />
Résolution angu<strong>la</strong>ire 0,1° à 1°<br />
4 couches parallèles et simultanées en ba<strong>la</strong>yage<br />
Champ vertical 3.2°<br />
Dimensions H85-L128 -<br />
P83<br />
Poids ~ 1kg<br />
<strong>la</strong>ser c<strong>la</strong>sse 1<br />
Ethernet et Interface CAN<br />
L'élément essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> détection radar est un module d'émission-réception à haute<br />
fréquence (77 GHz) sur circuit intégré monolithique hyperfréquence (MMIC,<br />
Monolithic Microwave Integrated Circuit) pour détecter les autres véhicules qui se<br />
trouvent <strong>de</strong>vant le véhicule équipé. <strong>Le</strong> capteur radar, <strong>de</strong> par <strong>la</strong> longueur d'on<strong>de</strong><br />
utilisée, est beaucoup moins affecté par les conditions météorologiques. Seules les<br />
très fortes précipitations peuvent mener à une absorption <strong>de</strong> l'on<strong>de</strong>. <strong>Le</strong> coût est<br />
cependant plus élevé, <strong>de</strong> 1 000 à 2 000 € en 2008, ce qui limite pour l'instant son<br />
utilisation aux véhicules haut <strong>de</strong> gamme.
28 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Caractéristiques du radar AC10 <strong>de</strong><br />
AutocruiseLongueur<br />
200 mm<br />
Hauteur<br />
65 mm<br />
Largeur<br />
100 mm<br />
Poids<br />
0,9 Kg<br />
Fréquence 76 – 77<br />
GHz<br />
Portée<br />
1 à<br />
150 m<br />
Champ <strong>de</strong> détection 11°<br />
Résolution en vitesse 0.09<br />
kph<br />
<strong>Le</strong>s principaux avantages <strong>de</strong>s Régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> Vitesse Adaptatifs concernent les<br />
points suivants :<br />
• La sécurité par l’évitement <strong>de</strong>s collisions par l’arrière.<br />
• L’efficacité par <strong>la</strong> fluidification du trafic.<br />
• L’environnement en induisant <strong>de</strong>s économies d’essence et une réduction <strong>de</strong>s<br />
gaz à effet <strong>de</strong> serre.<br />
• <strong>Le</strong> confort en réduisant <strong>la</strong> tension du conducteur.<br />
L'architecture <strong>de</strong> ces systèmes est très simi<strong>la</strong>ire à celle <strong>de</strong>s systèmes anticollisions.<br />
La différence rési<strong>de</strong> essentiellement dans <strong>la</strong> partie algorithmique, c’est-à-dire dans<br />
les blocs <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s données pour l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong>s R.V.A. En<br />
effet, les fonctionnalités nécessaires aux systèmes R.V.A. forment un sous-ensemble<br />
<strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> détection et d'évitement d'obstacles.<br />
<strong>Le</strong>s capteurs utilisés dans les R.V.A. sont <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types : les capteurs <strong>de</strong> détection<br />
dont le rôle est <strong>de</strong> détecter le véhicule précé<strong>de</strong>nt et <strong>de</strong> retourner au processeur, sa<br />
distance, sa vitesse et sa direction, et les capteurs "d'état" dont le rôle est <strong>de</strong> fournir<br />
au système décisionnel <strong>de</strong>s informations sur les conditions climatiques et sur l'état<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> route. <strong>Le</strong>s capteurs <strong>de</strong> détection <strong>de</strong> véhicules sont les radars ou les lidars<br />
présentés précé<strong>de</strong>mment. <strong>Le</strong>s capteurs d’état sont typiquement <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong><br />
pression, d'adhérence et <strong>de</strong> frottement.<br />
<strong>Le</strong>s informations retournées par ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> capteurs <strong>de</strong>viennent ainsi <strong>de</strong>s<br />
paramètres pour le système décisionnel qui calcule une loi <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> (une<br />
vitesse en particulier) adaptée à ces conditions. En général, tous ces paramètres sont<br />
les éléments d'une équation globale et entrent dans l'expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> "distance <strong>de</strong><br />
sécurité critique". Cette distance est en général fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse du véhicule et<br />
<strong>de</strong> sa vitesse re<strong>la</strong>tive (v0, V) ainsi que <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> décélération <strong>de</strong> ce véhicule et <strong>de</strong><br />
celui qui le précè<strong>de</strong> (α2, α2) <strong>de</strong>s dé<strong>la</strong>is <strong>de</strong> réaction <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux conducteurs (t1, t2) et<br />
d'un offset constant (d). À titre d'exemple, <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> s'exprime <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
manière suivante :
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule 29<br />
<strong>Le</strong>s coefficients (α2, α2) peuvent être ceux d'un freinage automatique par exemple.<br />
Idéalement, ces coefficients pourraient tenir compte aussi du rayon <strong>de</strong> courbure<br />
actuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> route (mesuré par un système <strong>de</strong> détection et <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> ligne par<br />
exemple), ou encore intégrer les paramètres issus <strong>de</strong>s capteurs d'état.<br />
Merce<strong>de</strong>s a été le premier à proposer le RVA sur <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse S en 1998 sous le nom<br />
<strong>de</strong> Distronic puis les autres constructeurs ont suivi et proposé <strong>de</strong>s systèmes<br />
simi<strong>la</strong>ires : Audi Q7, Toyota <strong>Le</strong>xus, BMW Série 5, Renault Vel Satis. <strong>Le</strong>s premiers<br />
RVA se limitaient à <strong>de</strong>s fonctions d’alerte visuelle, sonore ou haptique au<br />
conducteur, mais progressivement l’automatisme s’est vu confier <strong>la</strong> possibilité<br />
d’activer le freinage avec un taux <strong>de</strong> 20%.<br />
<strong>Le</strong> RVA constitue un composant essentiel dans le déploiement progressif <strong>de</strong>s<br />
systèmes <strong>de</strong> transport intelligents. En effet, <strong>la</strong> technologie du RVA sera gran<strong>de</strong>ment<br />
utilisée dans le contrôle longitudinal <strong>de</strong>s véhicules automatisés et dans <strong>la</strong> conduite<br />
en peloton.<br />
<strong>Le</strong> Régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse adaptatif dynamique<br />
Nous avons vu qu’outre le confort qu’il apporte, le succès du régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse<br />
tient au fait qu’il permet au conducteur <strong>de</strong> ne plus craindre <strong>de</strong>s dépassements <strong>de</strong><br />
vitesse par inadvertance. Ceci est vrai tant que <strong>la</strong> consigne <strong>de</strong> vitesse, qui est <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
responsabilité du conducteur, est inférieure ou égale à <strong>la</strong> vitesse autorisée. Par<br />
exemple, sur autoroute, le régu<strong>la</strong>teur sera mis à 130 km/h, mais sur les routes<br />
périurbaines les panneaux <strong>de</strong> vitesses autorisées commutent fréquemment sur les<br />
valeurs 90, 70, 50 et même 45 km/h après quelques centaines <strong>de</strong> mètres parcourus.<br />
Même les conducteurs les plus pru<strong>de</strong>nts se font prendre.<br />
Plutôt que <strong>de</strong> multiplier au-<strong>de</strong>là du raisonnable les radars <strong>de</strong> vitesse dans un but<br />
répressif, il serait pertinent <strong>de</strong> promouvoir <strong>de</strong>s régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vitesse dynamiques<br />
dont <strong>la</strong> consigne <strong>de</strong> vitesse proviendrait directement d’une communication<br />
infrastructure véhicule. <strong>Le</strong>s navigateurs actuels disposent déjà dans les cartes<br />
numériques <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données <strong>de</strong>s panneaux <strong>de</strong> vitesses autorisées et alertent par<br />
synthèse vocale le conducteur en cas <strong>de</strong> dépassement. Il suffit dès lors <strong>de</strong> transmettre<br />
<strong>la</strong> vitesse autorisée en consigne au régu<strong>la</strong>teur. Une autre solution serait <strong>la</strong><br />
communication directe <strong>de</strong>s panneaux vers les véhicules…ce qui imposerait à <strong>la</strong><br />
collectivité d’équiper les panneaux pour les rendre communicants.<br />
Aux USA, les premiers régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vitesse dynamique sont commercialisés en<br />
noma<strong>de</strong>. La publicité associée ne manque pas d’humour :<br />
“Never stare at your odometer again. Smile when you see a policeman knowing<br />
that you know the speed limit better than he does.”
30 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
« Ne posez plus jamais les yeux sur votre compteur. Souriez quand vous voyez un<br />
policier sachant que vous connaissez <strong>la</strong> limite <strong>de</strong> vitesse mieux que lui. »<br />
<strong>Le</strong>s régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vitesse dynamique et l’éco-conduite (qui permet <strong>de</strong> réduire les<br />
consommations <strong>de</strong> carburant en anticipant sur les besoins <strong>de</strong> ralentissement et<br />
d’accélération grâce à une bonne connaissance <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong> route et <strong>de</strong> sa<br />
géométrie) peuvent apporter <strong>de</strong>s gains sensibles mais nécessitent une coopération<br />
entre le véhicule et l’infrastructure. Pour que ces dispositifs soient utilisables, il faut<br />
une continuité <strong>de</strong> l’information lorsque l’on passe du territoire d’un gestionnaire à<br />
celui d’un autre et une normalisation <strong>de</strong>s équipements embarqués qui utilisent cette<br />
information.<br />
LE CONTROLE LATERAL<br />
<strong>Le</strong> contrôle <strong>la</strong>téral est un contrôle en position et en orientation du véhicule par<br />
rapport à <strong>la</strong> trajectoire qu’il doit suivre. En effet, il s'agit <strong>de</strong> rouler sur une voie ou<br />
sur <strong>la</strong> partie droite d'une route, en se maintenant tangentiellement à l’axe <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie<br />
et à une distance <strong>la</strong>térale sensiblement constante. L'actionneur unique du contrôle<br />
<strong>la</strong>téral est le vo<strong>la</strong>nt. L'orientation d'un véhicule par rapport à un repère fixe, résulte<br />
d'une intégration <strong>de</strong> l'angle vo<strong>la</strong>nt, angle vo<strong>la</strong>nt qui en ligne droite est toujours nul.<br />
On utilise aussi les termes <strong>de</strong> guidage ou suivi <strong>de</strong> chemin pour parler du contrôle<br />
<strong>la</strong>téral. Il consiste à faire suivre au centre <strong>de</strong> gravité du véhicule (ou à tout autre<br />
point <strong>de</strong> contrôle) <strong>la</strong> trajectoire voulue. La qualité du contrôle s'apprécie par une<br />
mesure <strong>de</strong> distance entre <strong>la</strong> posture réelle et <strong>la</strong> posture souhaitée. La posture est un<br />
triplet x, y, θ. Pour assurer le contrôle <strong>la</strong>téral, il faut résoudre les <strong>de</strong>ux problèmes<br />
suivants :<br />
• é<strong>la</strong>borer un système <strong>de</strong> localisation permettant <strong>de</strong> mesurer en permanence <strong>la</strong><br />
posture du véhicule,<br />
• disposer d’une loi <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> asservissant le véhicule sur son chemin <strong>de</strong><br />
référence.
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule 31<br />
<strong>Le</strong>cture par un magnétomètre <strong>de</strong> <strong>la</strong> trajectoire pour le guidage <strong>la</strong>téral<br />
<strong>Le</strong>s capteurs magnétiques<br />
Il s'agit <strong>de</strong> petits aimants cylindriques que l'on p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> chaussée, tous les<br />
mètres environ le long du chemin à suivre. Sous le véhicule, on p<strong>la</strong>ce à l'avant et à<br />
l'arrière <strong>de</strong>ux magnétomètres différentiels. <strong>Le</strong> déséquilibre entre les courants induits<br />
dans les bobines dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>la</strong>térale du véhicule par rapport aux plots<br />
magnétiques.<br />
Cette technique a été expérimentée avec succès par les chercheurs du programme<br />
PATH à Berkeley, pour permettre en particulier <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion en peloton. <strong>Le</strong>s plots<br />
magnétiques peuvent être installés suivant un co<strong>de</strong> binaire (pôle N ou S) pour co<strong>de</strong>r<br />
<strong>la</strong> courbure du chemin.<br />
<strong>Le</strong>s expérimentations ont montré que le suivi est assez précis avec une marge<br />
d’erreur généralement inférieure à 10 cm, et moins <strong>de</strong> 15 cm dans les plus mauvais<br />
cas, en suivi <strong>de</strong>s courbes avec <strong>de</strong>s accélérations <strong>la</strong>térales <strong>de</strong> 0,27g.<br />
<strong>Le</strong> ruban magnétique<br />
Aimant <strong>de</strong> guidage <strong>la</strong>téral<br />
Cette solution re<strong>la</strong>tivement simi<strong>la</strong>ire est proposée par <strong>la</strong> compagnie 3M. Elle<br />
présente l'avantage d'exiger moins d'intervention sur <strong>la</strong> chaussée tout en étant plus<br />
flexible que les plots magnétiques. <strong>Le</strong>s machines <strong>de</strong> dépose et <strong>de</strong> col<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s rubans<br />
magnétiques sont les mêmes que celles qui sont utilisées pour <strong>la</strong> pose <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s<br />
réfléchissantes sur les routes actuelles.<br />
Comme pour les aimants, on peut écrire <strong>de</strong>s informations dans <strong>la</strong> chaussée, signa<strong>la</strong>nt<br />
<strong>de</strong>s approches <strong>de</strong> virages ou d'intersections par exemple, mais on gagne en<br />
flexibilité.
32 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
On signale souvent comme principal inconvénient <strong>de</strong>s solutions magnétiques, les<br />
perturbations lors <strong>de</strong>s passages sur <strong>de</strong>s ponts métalliques ou à proximité <strong>de</strong>s lignes à<br />
haute tension. La société 3M répond que <strong>la</strong> création d'une alimentation modulée<br />
spatialement le long du ruban permet <strong>de</strong> se soustraire à ces perturbations.<br />
La solution à base <strong>de</strong> ruban bénéficiera d'un avantage supplémentaire décisif lorsque<br />
l'on pourra écrire et co<strong>de</strong>r le ruban déjà posé sur <strong>la</strong> chaussée.<br />
<strong>Le</strong> ruban magnétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société 3M<br />
Machine <strong>de</strong> pose du ruban magnétique<br />
La ban<strong>de</strong> d'aluminium et le radar <strong>de</strong> lecture<br />
Cette solution est proposée par l'Université <strong>de</strong> l’Ohio. Un radar exploite le signal<br />
rétro diffusé par une ban<strong>de</strong> d'aluminium déposée sur <strong>la</strong> route. <strong>Le</strong> système ressemble<br />
en apparence au guidage magnétique, mais il présente l'énorme avantage <strong>de</strong> traiter<br />
avec le même radar le guidage <strong>la</strong>téral et <strong>la</strong> détection d'obstacles indispensable au<br />
contrôle longitudinal.<br />
La ban<strong>de</strong> d’aluminium et le radar <strong>de</strong> lecture, comme les <strong>de</strong>ux solutions magnétiques<br />
d'ailleurs, sont en principe insensibles aux conditions atmosphériques et en<br />
particulier à <strong>la</strong> neige et au brouil<strong>la</strong>rd.<br />
La vision artificielle<br />
Toutes les techniques décrites jusqu'ici utilisent <strong>de</strong>s références spécifiques installées<br />
sur ou sous <strong>la</strong> route. La vision est <strong>la</strong> technique <strong>la</strong> moins onéreuse et celle qui est <strong>la</strong><br />
plus utilisée. Elle ouvre <strong>de</strong>s possibilités d'analyse <strong>de</strong> l'environnement très<br />
supérieures aux précé<strong>de</strong>ntes techniques. En théorie elle permet, en changeant<br />
éventuellement <strong>de</strong> focale, <strong>de</strong> trouver <strong>la</strong> position et l'orientation <strong>de</strong> <strong>la</strong> route dans le<br />
repère véhicule, mais aussi <strong>de</strong> prédire au moins qualitativement <strong>la</strong> courbure et <strong>de</strong><br />
détecter les autres véhicules. La gran<strong>de</strong> réserve vient du manque <strong>de</strong> robustesse aux
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule 33<br />
conditions d'éc<strong>la</strong>irage et à <strong>la</strong> vulnérabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> par temps <strong>de</strong> brouil<strong>la</strong>rd ou<br />
<strong>de</strong> neige.<br />
De très nombreux <strong>la</strong>boratoires et sociétés dans le mon<strong>de</strong> ont développé <strong>de</strong>s<br />
algorithmes <strong>de</strong> détection et <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s marquages au sol.<br />
Algorithme <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>s lignes b<strong>la</strong>nches du Centre <strong>de</strong> Robotique (1998) avec<br />
calcul du point <strong>de</strong> fuite, en situation <strong>de</strong> changement brusque <strong>de</strong> luminosité.<br />
Localisation par GPS différentiel<br />
Cette technologie a été expérimentée à basse vitesse ou en complément d’autres<br />
capteurs.<br />
Son principal avantage est <strong>de</strong> se soustraire à tout aménagement <strong>de</strong> l'infrastructure à<br />
l'exception <strong>de</strong>s stations au sol qui réémettent les corrections différentielles. <strong>Le</strong> GPS<br />
est peu onéreux et sera <strong>de</strong> toute façon présent à bord <strong>de</strong>s véhicules pour assurer <strong>la</strong><br />
localisation, le routage et <strong>la</strong> navigation interactive.<br />
L'inconvénient principal tient au fait qu'il est possible <strong>de</strong> sortir momentanément du<br />
champ <strong>de</strong> réception <strong>de</strong>s satellites et rentrer ainsi dans un trou noir. Cette difficulté<br />
est levée en fusionnant le GPS avec l'odomètre et le gyromètre. Ces <strong>de</strong>rnières<br />
techniques <strong>de</strong> localisation à l'estime dérivent, mais peuvent être recalées par le GPS.<br />
L'autre inconvénient tient au fait que le GPS est totalement aveugle sur<br />
l'environnement <strong>de</strong>vant le véhicule. Il ne pourra pas être utilisé pour faire le contrôle<br />
longitudinal.<br />
En conclusion sur <strong>la</strong> fonction localisation, il paraît probable qu’aucune solution<br />
seule ne donnera satisfaction. Ce<strong>la</strong> montre l’importance <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fusion <strong>de</strong><br />
données.
CHAPITRE 2<br />
LES SYSTEMES D’ASSISTANCE A LA CONDUITE<br />
En ang<strong>la</strong>is, on les appelle les ADAS : Advanced Driver Assistance System. Il s’agit<br />
<strong>de</strong> dispositifs qui apportent une ai<strong>de</strong> au conducteur en termes <strong>de</strong> sécurité ou <strong>de</strong><br />
confort. Ils sont très nombreux. Certains sont déjà <strong>la</strong>rgement commercialisés alors<br />
que d’autres font l’objet <strong>de</strong> démonstrations <strong>de</strong> savoir-faire <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s industriels<br />
ou <strong>de</strong>s <strong>la</strong>boratoires.<br />
En fait, les ADAS existent <strong>de</strong>puis longtemps. On peut considérer par exemple que <strong>la</strong><br />
direction assistée ou <strong>la</strong> boîte <strong>de</strong> vitesse automatique sont <strong>de</strong>s ADAS.<br />
La sécurité passive concerne l’ensemble <strong>de</strong>s moyens utilisés pour protéger les<br />
occupants d’un véhicule en cas d’acci<strong>de</strong>nt. <strong>Le</strong> choix <strong>de</strong>s matériaux et <strong>la</strong> conception<br />
<strong>de</strong> l’habitacle jouent un rôle essentiel dans <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s passagers dans<br />
l’hypothèse d’un « crash » frontal ou <strong>de</strong> tonneaux.<br />
L’amélioration <strong>de</strong>s matériaux a été considérable, c’est ainsi que <strong>la</strong> limite é<strong>la</strong>stique<br />
<strong>de</strong>s aciers utilisés est passée <strong>de</strong> 200MPa (Méga pascals) à plus <strong>de</strong> 1000MPa et<br />
même 1650MPa pour <strong>de</strong>s pièces essentielles. La zone déformable absorbant<br />
l’énergie en cas <strong>de</strong> choc frontal a été améliorée <strong>de</strong> manière à ralentir <strong>la</strong> propagation<br />
<strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> choc vers <strong>la</strong> zone habitée du véhicule. <strong>Le</strong>s ceintures <strong>de</strong> sécurité trois<br />
points avec enrouleurs et prétenseurs, <strong>la</strong> colonne <strong>de</strong> direction encastrable, les barres<br />
<strong>de</strong> protection <strong>la</strong>térale dans les portes, l’appui-tête et les coussins gonf<strong>la</strong>bles sont<br />
autant <strong>de</strong> progrès dans <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s passagers en cas d’acci<strong>de</strong>nts.<br />
L’Euro NCAP (European New Car Assessment Program) est un organisme<br />
international qui effectue <strong>de</strong>s crashs tests afin <strong>de</strong> tester <strong>la</strong> sécurité passive <strong>de</strong>s<br />
véhicules.<br />
Suite à plusieurs tests, une note est attribuée aux véhicules en nombre d’étoiles.<br />
<strong>Le</strong>s principaux chocs utilisés par l'EuroNCAP sont :<br />
• un choc frontal : le véhicule est <strong>la</strong>ncé sur une barrière fixe déformable à 64<br />
Km/h. Ce choc représente <strong>la</strong> collision entre <strong>de</strong>ux <strong>voiture</strong>s;<br />
• un choc <strong>la</strong>téral : une barrière mobile déformable est <strong>la</strong>ncée à 50 Km/h sur le<br />
coté du véhicule statique. Ce cas simule <strong>la</strong> collision d'un véhicule avec un<br />
autre à l'arrêt (par exemple au feu tricolore);<br />
• un choc poteau : le véhicule est <strong>la</strong>ncé contre un poteau <strong>de</strong> 25,4 cm <strong>de</strong> diamètre<br />
au niveau du siège conducteur à 29 Km/h. Ici, le véhicule n'est plus sous<br />
contrôle et percute un mobilier urbain;<br />
• un choc piéton : il est fait sur l'avant du véhicule. Ces tests représentent les<br />
acci<strong>de</strong>nts avec un piéton à 40km/h.<br />
À l'issue <strong>de</strong>s tests, les mesures effectuées sur les mannequins biomécaniques p<strong>la</strong>cés<br />
dans l’habitacle ou en situation <strong>de</strong> piétons permettent d’attribuer un nombre <strong>de</strong>
36 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
points au véhicule testé. Ces tests ont eu un impact médiatique considérable et ont<br />
contraint les constructeurs à améliorer <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s véhicules.<br />
La sécurité passive rassemble l’ensemble <strong>de</strong>s moyens mobilisables pour limiter les<br />
conséquences d’un acci<strong>de</strong>nt quand celui-ci s’est produit, c’est donc un traitement<br />
« curatif ».<br />
La sécurité active au contraire rassemble l’ensemble <strong>de</strong>s moyens utilisables pour<br />
éviter l’acci<strong>de</strong>nt, il s’agit donc d’un traitement préventif.<br />
La part <strong>de</strong> l’électronique et <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
communication dans les véhicules croît <strong>de</strong> manière considérable et les ADAS sont<br />
l’illustration <strong>de</strong> <strong>la</strong> pénétration <strong>de</strong>s TIC dans <strong>la</strong> <strong>voiture</strong>.<br />
ANTI-LOCK BRAKING SYSTEM: ABS<br />
<strong>Le</strong> système antiblocage <strong>de</strong> roues est sans doute le plus connu <strong>de</strong>s ADAS. Une roue<br />
bloquée n'offrant pratiquement plus <strong>de</strong> résistance au dép<strong>la</strong>cement, ni dans le sens <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> marche, ni <strong>la</strong>téralement, le véhicule <strong>de</strong>vient difficilement manœuvrable et peut à<br />
tout moment partir en tête-à-queue. Il faut donc éviter <strong>de</strong> bloquer une ou plusieurs<br />
roues afin <strong>de</strong> garantir une adhérence suffisante et surtout <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r le pouvoir<br />
directionnel <strong>de</strong>s roues. Ainsi le véhicule peut suivre <strong>la</strong> trajectoire souhaitée par le<br />
conducteur et éviter l’acci<strong>de</strong>nt. L’ABS a bénéficié <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécatronique et<br />
en particulier <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> vitesse <strong>de</strong>s roues et <strong>de</strong>s électrovannes à hautes<br />
fréquences pour l’ouverture et <strong>la</strong> fermeture <strong>de</strong>s circuits hydrauliques <strong>de</strong> freinage.<br />
<strong>Le</strong> système antiblocage <strong>de</strong>s roues qui était un luxe réservé aux véhicules haut <strong>de</strong><br />
gamme il y a vingt ans, est obligatoire en Europe <strong>de</strong>puis le 1 er juillet 2004.<br />
ELECTRONIC STABILITY PROGRAM : ESP<br />
Son nom exact est ESC pour Electronic Stability Control, qui définit mieux sa<br />
fonction, mais ESP est le nom connu du grand public et donné par son inventeur, <strong>la</strong><br />
société Bosch. <strong>Le</strong> but <strong>de</strong> l’ESP est <strong>de</strong> maintenir <strong>la</strong> contrô<strong>la</strong>bilité du véhicule dans le<br />
cas d’un début <strong>de</strong> perte d’adhérence. L’ESP crée un couple <strong>de</strong> <strong>la</strong>cet (force <strong>de</strong><br />
rotation autour <strong>de</strong> l’axe vertical passant par le centre <strong>de</strong> gravité du véhicule) en ne<br />
freinant <strong>de</strong> manière sélective et contrôlée que sur une ou plusieurs roues. Ainsi :<br />
• En sous-virage : le train avant dérive et l'automobile va tout droit au lieu <strong>de</strong><br />
suivre <strong>la</strong> courbe. L'ESP rétablira le véhicule en donnant l'ordre <strong>de</strong> freiner sur <strong>la</strong><br />
roue arrière intérieure. En cas <strong>de</strong> fort sous virage, l'ESP freine aussi sur les<br />
roues avant.<br />
• En sur-virage : le train arrière dérive et si <strong>la</strong> trajectoire n'est pas rétablie, <strong>la</strong><br />
<strong>voiture</strong> part en tête-à-queue. L'ESP rétablira le véhicule en donnant l'ordre <strong>de</strong><br />
freiner sur <strong>la</strong> roue arrière extérieure.<br />
En plus <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> l’ABS, l’ESP mesure l’angle vo<strong>la</strong>nt, l’accélération <strong>la</strong>térale<br />
et le moment <strong>la</strong>cet pour é<strong>la</strong>borer son programme <strong>de</strong> freinage sélectif.
<strong>Le</strong>s systèmes d’assistance à <strong>la</strong> conduite 37<br />
Correction en sous-virage<br />
Correction en sur-virage<br />
La Commission Européenne a proposé (mais pas encore adopté) une loi rendant<br />
l’ESP obligatoire sur tous les nouveaux véhicules à partir <strong>de</strong> 2012.<br />
LANE DEPARTURE WARNING : LDW<br />
LK (Lane Keeping), ou en français AFIL pour Alerte au Franchissement<br />
Involontaire <strong>de</strong> Ligne, sont autant d’acronymes pour désigner un système <strong>de</strong><br />
contrôle <strong>la</strong>téral qui alerte le conducteur au cas où son véhicule changerait <strong>de</strong> voie<br />
sans que le clignotant ne soit actionné. <strong>Le</strong> système mesure plusieurs dizaines <strong>de</strong> fois<br />
par secon<strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> par rapport aux lignes b<strong>la</strong>nches <strong>de</strong> marquage au<br />
sol en analysant les images fournies par une caméra p<strong>la</strong>cée le plus souvent <strong>de</strong>rrière<br />
le pare-brise. Si le véhicule se déporte vers une ligne b<strong>la</strong>nche alors que le clignotant<br />
n’est pas activé, le conducteur est averti et peut corriger sa trajectoire.<br />
Une autre solution technique consiste à utiliser <strong>de</strong>s dio<strong>de</strong>s infrarouges et <strong>de</strong>s<br />
capteurs sensibles à ces rayonnements, p<strong>la</strong>cés sous le bouclier avant du véhicule.<br />
<strong>Le</strong>s variations <strong>de</strong> réflexion <strong>de</strong>s rayonnements infrarouges sur les ban<strong>de</strong>s b<strong>la</strong>nches<br />
engendrent le déclenchement du système via le calcu<strong>la</strong>teur du véhicule.<br />
Ce dispositif développé et appelé « Lane vision » par Valeo, a été utilisé pour <strong>la</strong><br />
première fois en gran<strong>de</strong> série par Citroën et a reçu le Prix <strong>de</strong> l'innovation 2004 du<br />
salon <strong>de</strong> Genève.<br />
L'alerte au conducteur peut être faite <strong>de</strong> manière visuelle, sonore ou par une<br />
vibration dans le siège du conducteur du côté où le franchissement a lieu.
38 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
<strong>Le</strong>s constructeurs japonais Toyota sur <strong>la</strong> <strong>Le</strong>xus et Honda sur <strong>la</strong> <strong>Le</strong>gend l’ont aussi<br />
commercialisé. Toutefois, pour éviter que le conducteur disposant <strong>de</strong> l’ACC et du<br />
LDW ne s’abandonne à une conduite automatique techniquement possible, le LDW<br />
se déconnecte au bout d’une dizaine <strong>de</strong> secon<strong>de</strong>s si aucune pression n’a été exercée<br />
sur le vo<strong>la</strong>nt. Il s’agit là d’une procédure analogue à celle adoptée pour les<br />
conducteurs <strong>de</strong> TGV.<br />
ETHYLOTEST ANTI-DEMARRAGE<br />
L’alcool au vo<strong>la</strong>nt reste avec <strong>la</strong> vitesse l’une <strong>de</strong>s principales causes d’acci<strong>de</strong>nt.<br />
L’éthylotest intégré dans le véhicule permet <strong>de</strong> bloquer le démarrage si le taux<br />
d’alcoolémie du conducteur est supérieur à <strong>la</strong> limite autorisée.<br />
L’alcootest à usage unique ou à embout amovible utilisé par les forces <strong>de</strong> l’ordre,<br />
connu sous le nom <strong>de</strong> « ballon », consiste en une mesure semi quantitative <strong>de</strong> l'air<br />
expiré par un indicateur coloré (il s’agit <strong>de</strong> l’oxydation <strong>de</strong> l'alcool par le dichromate<br />
<strong>de</strong> potassium).<br />
Par contre, l’éthylotest électronique analyse l'air alvéo<strong>la</strong>ire expiré grâce à un<br />
détecteur à semi-conducteur dont <strong>la</strong> résistivité varie en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité<br />
d'alcool absorbée en surface.<br />
La calibration est un problème en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> dérive dans le temps.<br />
<strong>Le</strong>s éthylotests anti-démarrage (EAD) sont utilisés aux USA et au Canada et dans<br />
les pays nordiques.<br />
Suite à plusieurs acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> cars sco<strong>la</strong>ires en France, une décision a été prise<br />
d’imposer à tous les bus sco<strong>la</strong>ires d’être équipés d’un EAD à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> rentrée<br />
2009. Toutefois en raison <strong>de</strong> son coût, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> mille euros, et <strong>de</strong> sa complexité,<br />
l’application <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi a été reportée.<br />
L’alcoguard <strong>de</strong> Volvo<br />
L’alcootest <strong>de</strong> Nissan<br />
Diverses mesures fiscales d’incitation, <strong>de</strong>s allègements sur les primes d’assurances<br />
sont envisagés pour promouvoir l’EAD. L’application aux professionnels du<br />
transport sco<strong>la</strong>ire serait un premier pas vers <strong>la</strong> généralisation à d’autres c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong><br />
conducteurs.
<strong>Le</strong>s systèmes d’assistance à <strong>la</strong> conduite 39<br />
ECLAIRAGE AVANCE ET VISION NOCTURNE<br />
L’éc<strong>la</strong>irage subit une vraie révolution <strong>de</strong>puis une vingtaine d’années. Après<br />
l’ampoule halogène et les projecteurs à surfaces complexes, on a vu arriver dans les<br />
années 1990 les <strong>la</strong>mpes à décharge sous xénon. Ces <strong>la</strong>mpes donnent un éc<strong>la</strong>irage<br />
puissant avec une lumière très b<strong>la</strong>nche légèrement bleutée, pour une consommation<br />
électrique faible et une durée <strong>de</strong> vie équivalente à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong>. Ce type <strong>de</strong><br />
phares reste très onéreux, car ils nécessitent une alimentation haute tension et un<br />
système d'asservissement en azimut pour éviter l'éblouissement <strong>de</strong>s conducteurs<br />
venant en sens inverse. <strong>Le</strong>s phares xénon permettent d’augmenter <strong>la</strong> portée <strong>de</strong> 80<br />
mètres à 110 mètres en feux <strong>de</strong> croisement, ce qui offre au conducteur une secon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> temps <strong>de</strong> réaction supplémentaire lorsqu’il roule à 110 Km/h. <strong>Le</strong> coût du phare<br />
xénon limite cependant sa diffusion.<br />
<strong>Le</strong>s LED (light emitting dio<strong>de</strong>) n’ont pas cet inconvénient et vont révolutionner<br />
l’éc<strong>la</strong>irage. Elles sont apparues sur le troisième feu stop puis sur les feux <strong>de</strong> jour en<br />
2003, sur les clignotants avant et les feux <strong>de</strong> croisement en 2007, enfin les premiers<br />
véhicules haut <strong>de</strong> gamme Audi sont apparus en 2008 avec un éc<strong>la</strong>irage tout LED.<br />
L’optoélectronique et <strong>la</strong> mécatronique permettent d’atteindre <strong>de</strong>s fonctionnalités<br />
impensables jusqu’alors. Par exemple, <strong>la</strong> fonction BeamAtic <strong>de</strong> Valeo gère<br />
automatiquement les transitions feux <strong>de</strong> croisement vers feux <strong>de</strong> route selon <strong>la</strong><br />
présence ou non d’un autre véhicule qu’il vienne <strong>de</strong> face ou qu’il précè<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s<br />
notions <strong>de</strong> feux <strong>de</strong> route et <strong>de</strong> feux <strong>de</strong> croisement n’existent plus, l’éc<strong>la</strong>irage<br />
adaptatif donne au conducteur l’éc<strong>la</strong>irage maximal sans jamais éblouir les autres<br />
véhicules. <strong>Le</strong>s feux <strong>de</strong> route sont en fait toujours allumés, mais l’électronique les<br />
occulte dans les zones où se trouvent les véhicules croisés ou suivis. Pour obtenir<br />
ces performances, une caméra p<strong>la</strong>cée <strong>de</strong>rrière le pare brise, au niveau du rétroviseur,<br />
analyse <strong>la</strong> scène routière, localise les autres véhicules et modifie le faisceau afin <strong>de</strong><br />
ne pas les éblouir.<br />
Écran tête haute sur <strong>la</strong> Citroën C6
40 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
<strong>Le</strong>s technologies <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité augmentée s’invitent également dans <strong>la</strong> vision<br />
nocturne. <strong>Le</strong>s corps chauds, véhicules en marche, piétons ou animaux émettent dans<br />
l’infrarouge un rayonnement non visible directement par le conducteur mais visible<br />
par une caméra sensible dans cette ban<strong>de</strong> spectrale. L’image binaire à <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
caméra infrarouge doit être présenté au conducteur sur un écran ou mieux sur un<br />
écran tête haute (Head Up Disp<strong>la</strong>y) pour qu’il puisse <strong>la</strong> fusionner avec ce qu’il voit<br />
en vision directe, obtenant dès lors une vision augmentée.<br />
<strong>Le</strong>s écrans tête haute fonctionnent avec un projecteur situé <strong>de</strong>rrière le tableau <strong>de</strong><br />
bord qui projette à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> dio<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s informations sur le pare-brise, le conducteur<br />
ayant l'illusion que ces <strong>de</strong>rnières se trouvent 2 mètres <strong>de</strong>vant lui. <strong>Le</strong> conducteur<br />
sélectionne <strong>la</strong> hauteur, l'intensité <strong>de</strong> l'affichage, qui peut être monochrome ou<br />
multicolore, et les informations souhaitées. L’image projetée peut être une image<br />
réelle en sortie <strong>de</strong> <strong>la</strong> caméra infrarouge, une image <strong>de</strong> synthèse ou un panneau à<br />
message variable embarqué.<br />
SYSTEME DE SURVEILLANCE DE LA PRESSION DES PNEUS<br />
<strong>Le</strong>s capteurs <strong>de</strong> pression sont obligatoires aux Etats-Unis sur tous les véhicules<br />
neufs d’un poids total autorisé inférieur à 4,5 tonnes <strong>de</strong>puis septembre 2007. <strong>Le</strong><br />
système doit contrôler <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>s quatre pneus et alerter le conducteur si <strong>la</strong><br />
pression <strong>de</strong> l’un d’entre eux est inférieure <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 25% à <strong>la</strong> pression préconisée à<br />
froid.<br />
La surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> pression n’est pas encore obligatoire en Europe, mais <strong>la</strong><br />
commission s’en préoccupe car le gonf<strong>la</strong>ge correct <strong>de</strong>s pneus contribue à <strong>la</strong> sécurité<br />
routière, aux économies d’énergie et à <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> pollution. En effet, un sousgonf<strong>la</strong>ge<br />
<strong>de</strong> seulement 0,2 bar augmente <strong>la</strong> consommation d’essence <strong>de</strong> 1% et<br />
accroît par là même l’émission <strong>de</strong>s gaz à effet <strong>de</strong> serre. De plus, pour l’usager, un<br />
écart <strong>de</strong> 0,6 bar réduit <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> vie du pneu <strong>de</strong> 15%.<br />
<strong>Le</strong>s équipementiers ont progressé très vite dans <strong>la</strong> technologie et <strong>la</strong> production <strong>de</strong><br />
masse du capteur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution intégrée capteur « affichage <strong>de</strong>s alertes ».<br />
Renault a été un pionnier en 2001 avec <strong>la</strong> Laguna, mais <strong>de</strong>puis les constructeurs<br />
proposent ce dispositif sur <strong>de</strong> nombreux véhicules <strong>de</strong> divers niveaux <strong>de</strong> gamme.<br />
<strong>Le</strong>s capteurs <strong>de</strong> pression piézoélectrique sont p<strong>la</strong>cés dans <strong>la</strong> jante au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
valve <strong>de</strong> gonf<strong>la</strong>ge. <strong>Le</strong> signal <strong>de</strong> pression numérisé est transmis par un réseau sans fil<br />
vers un boîtier situé sous le châssis du véhicule ou sous le capot et les données sont<br />
remontées vers le tableau <strong>de</strong> bord par le bus CAN du véhicule.<br />
<strong>Le</strong>s icônes <strong>de</strong> détection <strong>de</strong> pression au niveau du tableau <strong>de</strong> bord sont liés aux<br />
i<strong>de</strong>ntifiants <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> pression. Si on intervertit les roues en diagonale pour<br />
uniformiser l’usure, il faut évi<strong>de</strong>mment réinitialiser le système et transmettre les<br />
bons i<strong>de</strong>ntifiants au module d’affichage.
<strong>Le</strong>s systèmes d’assistance à <strong>la</strong> conduite 41<br />
Capteur <strong>de</strong> pression au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
valve dans <strong>la</strong> jante - photo Continental.<br />
Alerte <strong>de</strong> sous gonf<strong>la</strong>ge du pneu<br />
avant gauche - photo Continental.<br />
On mentionnera que le système <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>s pneus (SSPP)<br />
peut être utilisé pour détecter le vol <strong>de</strong>s roues. Si le véhicule est à l'arrêt et<br />
verrouillé, le SSPP est en veille. Si une roue est manipulée, le SSPP se réactive. Dès<br />
que <strong>la</strong> roue s’éloigne du véhicule, <strong>la</strong> communication entre le calcu<strong>la</strong>teur et le capteur<br />
<strong>de</strong> pression est coupée et une a<strong>la</strong>rme, par exemple une sirène ou un f<strong>la</strong>sh, peut être<br />
déclenchée. Lorsque le véhicule est soulevé sur une ou plusieurs roues, le SSPP peut<br />
détecter le changement <strong>de</strong> pression et déclencher l’a<strong>la</strong>rme. En cas <strong>de</strong> vandalisme,<br />
par exemple crevaison volontaire d’un pneu, <strong>la</strong> variation subite <strong>de</strong> pression peut<br />
causer l'a<strong>la</strong>rme.<br />
PARKING ASSISTE<br />
Il existe <strong>de</strong> nombreuses manières d’assister le conducteur lors <strong>de</strong>s manœuvres <strong>de</strong><br />
stationnement parallèle. <strong>Le</strong>s plus simples qui sont <strong>la</strong>rgement déployées sont les<br />
radars à ultrasons <strong>de</strong> recul qui informent le conducteur par <strong>de</strong>s bips <strong>de</strong> fréquence<br />
croissante lorsqu’il se rapproche d’un obstacle.<br />
Une secon<strong>de</strong> assistance consiste à trouver <strong>de</strong> manière automatique une p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />
longueur suffisante pour le véhicule. La mesure se fait à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> capteurs ultrasons<br />
fixés <strong>de</strong> chaque côté dans les boucliers. <strong>Le</strong> conducteur enclenche <strong>la</strong> fonction en<br />
pressant un bouton sur le vo<strong>la</strong>nt. À l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s clignotants, il indique <strong>de</strong> quel côté il<br />
souhaite se garer. Il remonte alors <strong>la</strong> file <strong>de</strong> véhicules, sans dépasser <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> 20<br />
Km/h, jusqu'à ce qu'un bip sonore indique un endroit adéquat. L'ordinateur <strong>de</strong> bord<br />
précise alors si le stationnement est possible, difficile ou non conseillé.<br />
<strong>Le</strong> sta<strong>de</strong> suivant est le parking quasi automatique. À titre d’exemple, le système<br />
Park4U <strong>de</strong> Valeo effectue automatiquement le stationnement parallèle en quelques<br />
secon<strong>de</strong>s. La p<strong>la</strong>ce disponible doit excé<strong>de</strong>r <strong>la</strong> longueur du véhicule <strong>de</strong> 80<br />
centimètres, le conducteur passe <strong>la</strong> marche arrière et contrôle <strong>la</strong> vitesse avec<br />
l’accélérateur et le frein pendant que l’automatisme prend en charge <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong><br />
l’angle <strong>de</strong> braquage. Si le résultat n’est pas satisfaisant en une seule manœuvre, le<br />
système gui<strong>de</strong> le conducteur sur plusieurs manœuvres.
42 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
La sortie <strong>de</strong> parking en créneau est une autre modalité et correspond à un algorithme<br />
<strong>de</strong> contrôle différent. Il en est <strong>de</strong> même pour le parking en marche arrière, qui est<br />
plus simple lorsque le véhicule est pré positionné.<br />
Toutefois, les systèmes ne sont pas parfaits. On ne peut pas se garer entre <strong>de</strong>ux<br />
arbres par exemple ou encore si <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce est occupée par <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> faible taille<br />
qui ne sont pas détectés par les capteurs à ultrasons.<br />
Certaines difficultés peuvent être surmontées en utilisant une caméra grand angle à<br />
l’arrière et <strong>la</strong> fusion d’informations issues <strong>de</strong>s radars ultrasons et <strong>de</strong> l’analyse<br />
d’image.<br />
APPEL D’URGENCE<br />
En Europe, près <strong>de</strong> 2500 vies pourraient être sauvées chaque année si les secours<br />
pouvaient être présents plus rapi<strong>de</strong>ment sur les lieux d’acci<strong>de</strong>nt. <strong>Le</strong>s nouvelles<br />
technologies <strong>de</strong> localisation (GPS ou Galileo) et <strong>de</strong> communication (GSM ou<br />
GPRS) permettent d’apporter un progrès considérable dans <strong>la</strong> rapidité d’intervention<br />
<strong>de</strong>s secours à condition <strong>de</strong> conjuguer <strong>la</strong> technologie et l’organisation logistique <strong>de</strong>s<br />
services. C’est le but <strong>de</strong> l’appel d’urgence.<br />
De fait, <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s automobilistes dispose <strong>de</strong> téléphones mobiles et beaucoup<br />
ont un GPS dans le navigateur noma<strong>de</strong> du véhicule ou <strong>de</strong> leur smart phone, mais en<br />
cas d’acci<strong>de</strong>nt, l’usager pris au dépourvu ne sait pas comment trouver l’information<br />
<strong>de</strong> localisation pertinente ni à qui <strong>la</strong> transmettre. L’appel d’urgence est un système<br />
automatique disposé <strong>de</strong> manière fixe dans le véhicule qui prend en charge ces<br />
problèmes.<br />
La plupart <strong>de</strong>s constructeurs automobiles ont développé <strong>de</strong>s systèmes propriétaires<br />
dans divers pays.<br />
<strong>Le</strong> constructeur français PSA a réussi une dissémination importante <strong>de</strong> sa solution<br />
grâce à plusieurs facteurs. <strong>Le</strong> système d’appel d’urgence est vendu avec une p<strong>la</strong>teforme<br />
télématique comprenant le navigateur GPS, le récepteur radio, le lecteur <strong>de</strong><br />
CD ou <strong>de</strong> clé USB et un module GSM d’accueil <strong>de</strong> carte SIM. Lancé dès 2003 en<br />
France, le service d’appel d’urgence est gratuit et s’appuie sur un partenariat établi<br />
avec Inter Mutuelles Assistance (IMA) qui reçoit et traite les appels d’urgence pour<br />
le compte <strong>de</strong> PSA Peugeot Citroën. En 2009, le service est disponible dans 9 pays<br />
européens et plus <strong>de</strong> 700 000 véhicules Peugeot et Citroën circulent en Europe avec<br />
ce dispositif d’appel d’urgence. <strong>Le</strong>s p<strong>la</strong>tes-formes IMA en Europe ont reçu et traité<br />
plus <strong>de</strong> 3000 appels d’urgence permettant <strong>de</strong> venir en ai<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s automobilistes en<br />
détresse. Ce dispositif est le seul à avoir été agréé par <strong>la</strong> Direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> Défense et<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Sécurité Civile Française (2006).<br />
Signalons qu’en Italie, les « Pink Boxes » sont <strong>de</strong>s boîtiers contenant une puce GPS<br />
et une puce SIM dont le but est <strong>de</strong> sécuriser en cas d’agression les personnes seules,<br />
en particulier les femmes. Cette technologie qui présente les fonctionnalités <strong>de</strong><br />
l’eCall a eu une certaine dissémination.
<strong>Le</strong>s systèmes d’assistance à <strong>la</strong> conduite 43<br />
Toutefois les services propriétaires proposés par les divers constructeurs ne sont pas<br />
interopérables, c’est pourquoi, sous l’appel<strong>la</strong>tion eCall pour Emergency Call, <strong>la</strong><br />
Commission Européenne souhaite intégrer un service d’appel d’urgence harmonisé<br />
avec le numéro d’appel 112 qui est le numéro d’appel d’urgence unique pour tous<br />
les pays <strong>de</strong> l’Union Européenne, accessible gratuitement à partir <strong>de</strong> tout téléphone<br />
fixe ou mobile. Près <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s Etats membres <strong>de</strong> l’Union Européenne ont<br />
signé le protocole eCall qui conduit à équiper tous les véhicules neufs à partir <strong>de</strong><br />
2010.<br />
L’eCall est activé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux manières :<br />
• d’une manière manuelle par un <strong>de</strong>s occupants du véhicule en pressant le<br />
bouton SOS sur le tableau <strong>de</strong> bord.<br />
• d’une manière automatique par <strong>de</strong>s capteurs p<strong>la</strong>cés dans le véhicule lors d’un<br />
acci<strong>de</strong>nt (lorsque l’Airbag se déclenche par exemple).<br />
Lorsque le signal est activé, le ou les occupants du véhicule sont connectés via le<br />
112 au centre <strong>de</strong> prise en charge le plus proche.<br />
L’opération doit durer moins <strong>de</strong> 34 secon<strong>de</strong>s (4 secon<strong>de</strong>s pour déclencher l’appel,<br />
20 secon<strong>de</strong>s pour l’établissement d’une conversation « voix » et 30 secon<strong>de</strong>s pour<br />
une éventuelle conversation visuelle). <strong>Le</strong> véhicule disposera d’un micro au niveau<br />
du tableau <strong>de</strong> bord, <strong>de</strong>s haut-parleurs <strong>de</strong> l’autoradio pour le son et éventuellement<br />
d’une Webcam et <strong>de</strong> l’écran du navigateur pour les images.<br />
L’unité télématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Peugeot 206<br />
La Commission Européenne estime le coût <strong>de</strong> mise en p<strong>la</strong>ce du système à 4,55<br />
milliards d’euros par an pour l’instal<strong>la</strong>tion du dispositif dans les véhicules (<strong>voiture</strong>s
44 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
et camions) et pour <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> réception d’appels d’urgence. En<br />
regard <strong>de</strong> ce coût, <strong>la</strong> CE évalue les économies liées au projet à 26 milliards d’euros<br />
chaque année tous secteurs confondus (sur les soins, l’intervention <strong>de</strong>s secours, les<br />
frais d’assurance, etc.).<br />
VIGILANCE<br />
Selon l’ASFA (Association <strong>de</strong>s Sociétés Françaises d’Autoroutes), <strong>la</strong> somnolence au<br />
vo<strong>la</strong>nt est <strong>la</strong> première cause <strong>de</strong> mortalité sur autoroute (30 à 35 % <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts).<br />
Elle est responsable <strong>de</strong> 15 à 20 % <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts sur l’ensemble du réseau routier.<br />
On connaît bien les nombreuses manifestations <strong>de</strong> l’hypovigi<strong>la</strong>nce lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
conduite automobile : lenteur <strong>de</strong> réaction face à un obstacle, difficultés à maintenir<br />
une vitesse constante, erreurs <strong>de</strong> coordination, inattention à <strong>la</strong> signalisation,<br />
incapacité à pouvoir maintenir <strong>la</strong> trajectoire du véhicule (écarts successifs),<br />
changements <strong>de</strong> voie involontaires, pério<strong>de</strong>s d’absence (aucun souvenir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers<br />
kilomètres parcourus), bâillements, une difficulté à gar<strong>de</strong>r les yeux ouverts et <strong>la</strong> tête<br />
droite, un désir <strong>de</strong> changer fréquemment <strong>de</strong> position, pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> « micro sommeils»<br />
(<strong>de</strong> 1 à 5 secon<strong>de</strong>s).<br />
<strong>Le</strong>s nombreux organismes qui s’occupent <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité routière éditent <strong>de</strong>s<br />
brochures et diffusent <strong>de</strong>s mises en gar<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s conseils aux usagers, en particulier<br />
au moment <strong>de</strong>s départs en vacances.<br />
C’est dire combien il serait important <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> détection <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
baisse <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce pour prévenir le conducteur.<br />
De très nombreuses recherches sont conduites dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis une quinzaine<br />
d’années. À chaque congrès, <strong>de</strong>s chercheurs présentent <strong>de</strong>s publications et dans les<br />
expositions, les constructeurs automobiles et les équipementiers présentent <strong>de</strong>s<br />
démonstrateurs, mais aucun constructeur n’avait osé commercialiser un capteur<br />
d’hypovigi<strong>la</strong>nce sur ses modèles.<br />
Si l’on exclue les technologies invasives avec <strong>de</strong>s électro<strong>de</strong>s EEG (Electroencéphalogramme)<br />
utiles pour <strong>la</strong> recherche mais non applicables, il y a <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s<br />
approches pour détecter un manque <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce :<br />
• l’analyse par caméra <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> clignement <strong>de</strong>s yeux et <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> pupille,<br />
• l’analyse du contact main -vo<strong>la</strong>nt.<br />
Souvent lea<strong>de</strong>r dans l’introduction <strong>de</strong>s nouvelles technologies, Merce<strong>de</strong>s Benz vient<br />
<strong>de</strong> commercialiser début 2009 « Attention Assist » un système <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
vigi<strong>la</strong>nce du conducteur sur <strong>la</strong> C<strong>la</strong>sse E.<br />
Nous disposons <strong>de</strong> peu d’informations sur les algorithmes utilisés, cependant le<br />
système utilise un capteur <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong> micro rotation angu<strong>la</strong>ire du vo<strong>la</strong>nt très<br />
sensible capable d’analyser <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>s mains sur le vo<strong>la</strong>nt.<br />
La vitesse, les accélérations <strong>la</strong>térales et longitudinales, les actions sur les pédales<br />
sont enregistrées et traitées pour définir un profil du comportement du conducteur.
<strong>Le</strong>s systèmes d’assistance à <strong>la</strong> conduite 45<br />
Une fenêtre glissante correspondant aux premières minutes <strong>de</strong> conduite du profil est<br />
comparée à <strong>la</strong> fenêtre courante pour détecter <strong>de</strong>s variations d’attention. Par le<br />
contact <strong>de</strong>s doigts sur le vo<strong>la</strong>nt, le système suit les pulsations cardiaques du<br />
conducteur. Ces pulsations ralentissent quand <strong>la</strong> somnolence guette le conducteur.
CHAPITRE 3<br />
LES NOUVELLES TECHNOLOGIES SUR LES<br />
INFRASTRUCTURES<br />
TELEPEAGE OU PEAGE ELECTRONIQUE<br />
<strong>Le</strong> télépéage ou péage électronique (en ang<strong>la</strong>is ETC pour Electronic Toll Collection)<br />
consiste à mettre en œuvre <strong>de</strong>s moyens automatisés pour collecter les droits d’usage<br />
<strong>de</strong>s automobilistes en ralentissant le moins possible <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion.<br />
Sur autoroute à péage, les automobilistes prennent un ticket au moment où ils<br />
pénètrent sur l’autoroute. Dans certains cas, le ticket permet <strong>de</strong> calculer le montant à<br />
acquitter en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> sortie. Si l’automobiliste se présente à une sortie en ayant<br />
perdu son ticket d’entrée, il <strong>de</strong>vra payer le péage maximum. <strong>Le</strong>s routes à péage sans<br />
entrée ou sortie intermédiaire n’ont qu’une station <strong>de</strong> péage à <strong>la</strong>quelle les<br />
automobilistes acquittent leur dû selon qu’ils entrent ou qu’ils sortent <strong>de</strong> <strong>la</strong> section à<br />
péage.<br />
Si <strong>la</strong> section à péage est longue avec <strong>de</strong> multiples entrées et sorties, on trouve une<br />
barrière <strong>de</strong> péage aux <strong>de</strong>ux extrémités <strong>de</strong> l’axe principal et <strong>de</strong>s péages sur les rampes<br />
d’entrée et <strong>de</strong> sortie <strong>de</strong>s accès intermédiaires.<br />
L’acquittement du péage peut se faire en liqui<strong>de</strong>, par carte <strong>de</strong> crédit, par carte<br />
prépayée ou par un système <strong>de</strong> collecte électronique. <strong>Le</strong> péage varie en fonction <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> distance parcourue, du type <strong>de</strong> véhicule et du coût <strong>de</strong> construction et <strong>de</strong><br />
maintenance <strong>de</strong> l’ouvrage d’art.<br />
<strong>Le</strong>s péages et plus particulièrement les péages manuels sont critiqués car ils<br />
imposent l’arrêt du véhicule et souvent <strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> temps.<br />
<strong>Le</strong> télépéage avec barrières matérialisées sur l’infrastructure<br />
<strong>Le</strong> télépéage est un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> paiement rapi<strong>de</strong> utilisant une communication véhicule<br />
infrastructure bidirectionnelle DSRC. <strong>Le</strong> DSRC pour (Dedicated Short Range<br />
Communications) est une norme <strong>de</strong> télécommunication utilisant <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>s 5,8<br />
GHz ou 5,9GHz. <strong>Le</strong> principal intérêt <strong>de</strong> ce système est le faible temps <strong>de</strong> réponse.<br />
<strong>Le</strong> système embarqué dans les véhicules consiste en un boîtier fixé sur le pare-brise<br />
<strong>de</strong> l’automobile. Ce boîtier ou transpon<strong>de</strong>ur est capté par un récepteur installé aux<br />
barrières <strong>de</strong> péage sur une voie réservée à cet effet, et ce à l'entrée et à <strong>la</strong> sortie d'un<br />
tronçon payant.<br />
<strong>Le</strong> règlement s'effectue par prélèvement mensuel au bénéfice <strong>de</strong> <strong>la</strong> société où <strong>la</strong><br />
location du badge a été souscrite, qui adresse à son client une facture détail<strong>la</strong>nt<br />
l'historique <strong>de</strong>s trajets effectués dans le mois. Aujourd'hui, les sociétés d'autoroutes<br />
proposent aux usagers diverses formules d'abonnement à <strong>de</strong>s tarifs étudiés au plus<br />
près <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong> trajets.
48 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
L’une <strong>de</strong>s principales difficultés a été <strong>la</strong> standardisation et l’interopérabilité <strong>de</strong>s<br />
solutions offertes par les différentes sociétés <strong>de</strong> gestion d’autoroutes. <strong>Le</strong> télépéage<br />
fonctionne désormais sur l’ensemble du réseau français.<br />
<strong>Le</strong> télépéage est présent dans <strong>de</strong> nombreux pays européens, notamment en Italie,<br />
France et en Espagne :<br />
• TELEPASS sur le réseau italien.<br />
• Liber T en France.<br />
• VIA-Tor Telepeaje en Espagne.<br />
On travaille actuellement sur une possibilité d'utilisation sans rupture à l'ensemble<br />
du réseau autoroutier européen à péage, utilisant ce même système.<br />
<strong>Le</strong> système <strong>de</strong> télépéage poids lourds est un système stop and go, c'est-à-dire que<br />
pour un fonctionnement optimal, le chauffeur doit marquer un arrêt. Sur certains<br />
péages, une temporisation entre <strong>la</strong> détection du badge et l'ouverture <strong>de</strong> <strong>la</strong> barrière<br />
oblige le véhicule à marquer un arrêt. <strong>Le</strong>s transporteurs routiers souhaiteraient <strong>la</strong><br />
généralisation <strong>de</strong>s barrières <strong>de</strong> péage à <strong>la</strong> volée pour <strong>de</strong>s raisons économiques et<br />
écologiques. Ce système permettrait d'économiser 1,35 million <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> CO 2 par<br />
an.<br />
1 2<br />
1 Une barrière <strong>de</strong> péage en France<br />
2 Barrière <strong>de</strong> télépéage Liber T<br />
3<br />
3 Balise RFID Liber-T
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies sur les infrastructures 49<br />
<strong>Le</strong> télépéage dématérialisé<br />
La France a déployé un réseau important <strong>de</strong> gares <strong>de</strong> péages car les autoroutes ont<br />
été financées par le péage. L’Allemagne au contraire n’avait pas <strong>de</strong> gares <strong>de</strong> péage<br />
puisque les « Autobahn » financées par l’Etat étaient gratuites. <strong>Le</strong>s gares <strong>de</strong> péages<br />
constituent déjà une solution technique du passé car elles sont encombrantes, et<br />
polluent le paysage visuel. La mise en p<strong>la</strong>ce du badge Liber-T fluidifie le trafic,<br />
mais seuls les usagers qui empruntent souvent l’autoroute s’abonnent, l’utilisateur<br />
occasionnel qui ne l’emprunte que pour son départ en vacance n’y trouvant pas<br />
d’intérêt. L’Allemagne a créé une rupture technologique en développant le système<br />
<strong>de</strong> péage dématérialisé « Toll Collect ». Ce système est limité aux seuls poids<br />
lourds, mais sera étendu aux véhicules particuliers et probablement adopté par <strong>de</strong><br />
nombreux pays tant il présente d’avantages par rapport aux gares <strong>de</strong> péage. La<br />
France a déjà décidé <strong>de</strong> sa mise en œuvre pour les poids lourds.<br />
Son principe est très simple. Il exploite une unité électronique embarquée contenant<br />
un GPS pour <strong>la</strong> fonction localisation, un GSM/GPRS pour <strong>la</strong> fonction<br />
communication et une carte grise électronique pour <strong>la</strong> fonction i<strong>de</strong>ntification. Ce<br />
boîtier, en ang<strong>la</strong>is OBU pour On Board Unit, sera fourni gratuitement par<br />
l’opérateur <strong>de</strong> service en charge du péage et <strong>de</strong>vra être présent dans le véhicule à<br />
l’instar <strong>de</strong>s papiers du véhicule aujourd’hui.<br />
<strong>Le</strong> prix d’un trajet peut être déterminé <strong>de</strong> plusieurs manières. La distance parcourue<br />
et le moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> journée choisi pour effectuer le trajet constituent <strong>de</strong>s facteurs<br />
clés, mais le type <strong>de</strong> véhicule, sa consommation <strong>de</strong> carburant ou ses émissions <strong>de</strong><br />
CO2 sont autant <strong>de</strong> paramètres d’ajustement possibles. Une facturation mensuelle<br />
garantit une perception simple et sûre <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> péage. Mais, pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong><br />
confi<strong>de</strong>ntialité, il est également possible d’utiliser une carte prépayée ; dans ce cas,<br />
aucune information concernant le conducteur ou le trajet effectué ne sera<br />
communiquée.<br />
L’unité embarquée permet d’afficher à tout moment le montant dû pour les trajets<br />
réalisés. <strong>Le</strong>s forces <strong>de</strong> police ou les organismes <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce autorisés peuvent<br />
procé<strong>de</strong>r ponctuellement à un contrôle pour garantir que le conducteur utilise le<br />
système aux fins prévues et simplifier ainsi sa mise en application. À cet égard, un<br />
équipement portable utilisant <strong>la</strong> technologie NFC (Near Field Communication),<br />
c'est-à-dire communication en champ proche, sera fourni aux forces <strong>de</strong> police pour<br />
lire les informations contenues sur <strong>la</strong> vignette du pare-brise. La vignette servira<br />
également <strong>de</strong> mécanisme <strong>de</strong> sécurité, en garantissant que seule l’unité embarquée<br />
spécifiquement assignée à un véhicule soit utilisée et qu’elle ne puisse pas être<br />
installée dans un autre véhicule.<br />
Cette technologie offre évi<strong>de</strong>mment d’énormes avantages et un réservoir<br />
d’applications potentielles considérable.<br />
Pour ce qui est <strong>de</strong>s avantages immédiats, mentionnons :<br />
• l’élimination progressive et définitive <strong>de</strong>s barrières <strong>de</strong> péage,<br />
• <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> faire du péage géo-localisé sur les nationales, sur les routes<br />
touristiques…
50 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
• <strong>la</strong> possibilité d’aiguiller les flux <strong>de</strong> poids lourds,<br />
• <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> décongestionner les centres villes en créant un « octroi<br />
électronique » comme au Moyen Age. Ceci est déjà en service à Londres et à<br />
Singapour,<br />
• <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> facturer le stationnement.<br />
<strong>Le</strong>s extensions <strong>de</strong>s fonctionnalités ne manquent pas non plus :<br />
• l’intégration <strong>de</strong> l’appel d’urgence E-call,<br />
• <strong>la</strong> création d’un enregistreur <strong>de</strong> conduite (« boîte noire ») consultable par les<br />
forces <strong>de</strong> police avec <strong>la</strong> technologie NFC. <strong>Le</strong>s policiers ne vérifieront plus <strong>de</strong>s<br />
papiers mais une carte grise électronique et <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> conduite. <strong>Le</strong><br />
contrôle du conducteur ne sera plus un contrôle aléatoire mais un contrôle<br />
continu,<br />
• <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> s’assurer selon <strong>la</strong> distance parcourue et non plus <strong>de</strong> manière<br />
forfaitaire,<br />
• <strong>la</strong> possibilité d’encourager l’éco-conduite.<br />
LA BILLETTIQUE<br />
La billettique (en ang<strong>la</strong>is ticketing ou e-ticketing) est l’ensemble <strong>de</strong>s dispositifs<br />
utilisant les technologies <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication pour <strong>la</strong> fourniture<br />
et <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s titres <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement dans les transports publics. On utilise aussi le<br />
terme monétique qui est plus associée aux systèmes mécatroniques utilisés pour<br />
assurer les transactions bancaires (distributeurs automatiques <strong>de</strong> billets, guichets<br />
bancaires électroniques, terminaux <strong>de</strong> points <strong>de</strong> vente, systèmes <strong>de</strong> banque à<br />
domicile, etc.).<br />
La « smart card » ou carte à puce (CI pour Circuit Intégré) est principalement<br />
utilisée comme moyen d'i<strong>de</strong>ntification personnelle (carte d'i<strong>de</strong>ntité, badge d'accès,<br />
carte santé, carte SIM) ou <strong>de</strong> paiement (carte bancaire, porte-monnaie électronique)<br />
ou preuve d'abonnement à <strong>de</strong>s services prépayés (carte <strong>de</strong> téléphone, titre <strong>de</strong><br />
transport). La lecture et l’écriture sur <strong>la</strong> carte nécessitent <strong>de</strong>s équipements<br />
spécialisés, et peuvent se faire avec ou sans contact avec <strong>la</strong> puce.<br />
1. VCC (alimentation)<br />
2. RST (remise à zéro)<br />
3. CLK (horloge)<br />
4. D+USB Inter-chip<br />
5. GND (masse)<br />
6. SWP<br />
7. I/O (entrée/sortie)<br />
8. D-USB Inter-chip<br />
La carte vitale avec son micromodule et les fonctions associées aux huit contacts
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies sur les infrastructures 51<br />
<strong>Le</strong> circuit intégré d'une carte typique est constitué d'un microprocesseur, d’une<br />
mémoire morte <strong>de</strong> 8 à 32ko, d’une mémoire vive <strong>de</strong> quelques kilo-octets et d’une<br />
mémoire effaçable et réinscriptible (EEPROM).<br />
<strong>Le</strong> circuit intégré (puce) peut être accessible :<br />
• par contact avec <strong>de</strong>s électro<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cuivre. L'interface entre les contacts <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
puce et ceux du lecteur est le circuit imprimé doré très mince appelé<br />
micromodule. Il est divisé en 8 parties, chacune ayant un rôle précis permettant<br />
l'échange <strong>de</strong>s données entre <strong>la</strong> puce et le lecteur. <strong>Le</strong> circuit intégré est situé<br />
sous les contacts, il n’est pas visible et l’on confond souvent le micromodule<br />
avec <strong>la</strong> puce.<br />
• sans contact: par radiofréquence à courte ou moyenne portée, via une antenne<br />
interne dont les spires sont moulées dans l'épaisseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte.<br />
• par une combinaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux précé<strong>de</strong>ntes : on parle alors <strong>de</strong> cartes Avec et<br />
Sans Contact (ASC).<br />
Dans le cas <strong>de</strong> lecture sans contact physique, on parle d’étiquette RFID (Radio<br />
Frequence I<strong>de</strong>ntification), <strong>de</strong> carte <strong>de</strong> proximité (Prox Card) ou encore <strong>de</strong><br />
transpon<strong>de</strong>ur. La technologie RFID permet <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong>s étiquettes même sans<br />
contact physique et peut traverser <strong>de</strong> fines couches <strong>de</strong> matériaux (sac, embal<strong>la</strong>ge,<br />
etc.). La Prox Card fait l’objet du standard ISO/IEC 14443, développé par le<br />
Groupe <strong>de</strong> Travail 8 du sous comité 17 <strong>de</strong> ISO/IEC Comité Technique Commun. La<br />
communication entre <strong>la</strong> carte et l’émetteur lecteur se fait à 13,56 MHz.<br />
La communication sans contact est mise à profit dans les transports. Un bon<br />
exemple <strong>de</strong> son déploiement est le passe Navigo <strong>de</strong> <strong>la</strong> RATP. La RATP souhaitait se<br />
débarrasser <strong>de</strong>s péages magnétiques <strong>de</strong>venus une source <strong>de</strong> coûts récurrents et <strong>de</strong><br />
problèmes liés à <strong>la</strong> démagnétisation <strong>de</strong>s cartes.<br />
Passe NAVIGO <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
RATP<br />
Guichet <strong>de</strong> contrôle<br />
d’accès<br />
Station <strong>de</strong> recharge du<br />
passe Navigo<br />
Un passe Navigo contient le circuit intégré (puce) et un circuit Inductance Capacité.<br />
Lorsque <strong>la</strong> carte Navigo passe dans le voisinage du portique <strong>de</strong> contrôle d’accès, le<br />
circuit LC stocke une quantité d’énergie capable d’alimenter <strong>la</strong> puce pendant
52 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
quelques millisecon<strong>de</strong>s et autorise ainsi l’échange bidirectionnel <strong>de</strong> données entre <strong>la</strong><br />
carte et le portique.<br />
<strong>Le</strong> passage au portique est <strong>de</strong> 3 à 4 fois plus rapi<strong>de</strong> qu’avec le coupon magnétique<br />
ancien, ce qui contribue à fluidifier le trafic aux heures <strong>de</strong> pointe.<br />
La carte Navigo peut être rechargée dans les stations avec <strong>de</strong>s automates qui<br />
débitent une carte bancaire et créditent le passe Navigo, ou pour les abonnés, <strong>la</strong> carte<br />
est automatiquement validée et l’abonnement débité sur le compte bancaire <strong>de</strong><br />
l’usager.<br />
<strong>Le</strong> passe Navigo est compatible avec VELIB <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris et les premières<br />
expériences d’utilisation avec <strong>la</strong> SNCF sur le train Thalys sont en cours.<br />
En marche vers l’UPICA<br />
L’UPICA (Universal Personal Information and Communication Assistant) est un<br />
concept inventé par l’auteur <strong>de</strong> ce livre, qui - sous ce nom ou un autre - va se<br />
développer <strong>de</strong> manière massive dans les prochaines années.<br />
L’UPICA naîtra <strong>de</strong> <strong>la</strong> convergence <strong>de</strong>s assistants personnels (PDA), <strong>de</strong>s téléphones<br />
portables (Smart phone) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> RFID, plus précisément <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication en<br />
champ proche (NFC pour Near Field Communication).<br />
Expliquons un peu tout ce<strong>la</strong>.<br />
Comparons tout d’abord une carte à puce c<strong>la</strong>ssique, par exemple une carte bancaire,<br />
et un passe Navigo. Il y a <strong>de</strong>ux différences technologiques entre les <strong>de</strong>ux :<br />
• Si on considère l’échange <strong>de</strong> données, il se fait par contact métallique dans le<br />
cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte bancaire, ce qui suppose l’introduction physique <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte dans<br />
le lecteur que ce soit pour retirer <strong>de</strong> l’argent dans le cas d’un automate<br />
bancaire ou pour payer à <strong>la</strong> pompe à essence par exemple. En revanche,<br />
l’échange se fait sans contact physique par RFID selon une norme d’échange à<br />
13,65 MHz dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte Navigo.<br />
• Si on considère l’alimentation en énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> puce électronique présente dans<br />
<strong>la</strong> carte bancaire et dans le passe Navigo, l’énergie est fournie par le lecteur<br />
dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte bancaire et par induction dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> carte Navigo.<br />
Examinons maintenant un smart phone ou un PDA. <strong>Le</strong> smart phone ou le PDA<br />
disposent d’un processeur et d’un ensemble <strong>de</strong> mémoires. Il est donc possible<br />
d’émuler sur l’un ou l’autre les structures <strong>de</strong> données d’une carte à puce. Si on leur<br />
rajoute un module <strong>de</strong> communication RFID, on obtient les mêmes fonctionnalités<br />
qu’une carte Navigo. Bien mieux, le smart phone ou le PDA ont leur propre source<br />
d’énergie, ils n’ont donc pas besoin d’être alimentés par induction et <strong>de</strong> fait<br />
<strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s émetteurs capables <strong>de</strong> lire les passes Navigo ou d’échanger avec<br />
d’autres appareils.<br />
Remontons dans le temps, d’une vingtaine d’années, pour faire un peu d’histoire <strong>de</strong>s<br />
technologies.
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies sur les infrastructures 53<br />
L’assistant personnel (PDA) était initialement une calcu<strong>la</strong>trice <strong>de</strong> poche, puis on lui<br />
a ajouté <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> montre, <strong>de</strong> chronomètre, d’agenda, <strong>de</strong> carnet d’adresses, <strong>de</strong><br />
bloc-notes, <strong>de</strong>s fonctionnalités issues du multimédia (<strong>de</strong>s jeux, un appareil photo<br />
puis une caméra, un lecteur mp3, <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong> parole), <strong>de</strong>s fonctionnalités<br />
bureautiques (traitement <strong>de</strong> texte, tableur, base <strong>de</strong> données, grapheur…), <strong>de</strong>s<br />
fonctions <strong>de</strong> localisation les transformant en navigateurs <strong>de</strong> poche, <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>viers<br />
miniatures ou <strong>de</strong>s écrans tactiles avec c<strong>la</strong>viers virtuels ou reconnaissance d’écriture,<br />
et enfin <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> communication, d’abord d’échange à courte distance<br />
(Bluetooth puis Wifi) puis finalement GSM, GPRS …et ils sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s smart<br />
phones.<br />
Parallèlement, le smart phone était à l’origine, c'est-à-dire dans les années 1990, un<br />
simple téléphone portable ayant <strong>la</strong> même fonctionnalité qu’un téléphone fixe mais<br />
permettant <strong>de</strong> téléphoner <strong>de</strong> n’importe quel point couvert par le réseau. Puis, pour le<br />
promouvoir au niveau économique, on lui a ajouté <strong>la</strong> possibilité d’envoyer <strong>de</strong>s<br />
messages numériques courts SMS (Short Message Services), puis un microphone et<br />
un chip caméra pour générer les MMS (Multimédia Message Services). Disposant<br />
d’un système d’exploitation et <strong>de</strong> processeurs <strong>de</strong> plus en plus puissants, il est <strong>de</strong>venu<br />
tour à tour, console <strong>de</strong> jeu, caméscope, dictaphone, récepteur FM, navigateur GPS,<br />
navigateur sur le Web. Il a accaparé les fonctionnalités les plus avancées <strong>de</strong>s PDA<br />
pour <strong>de</strong>venir un assistant personnel communicant.<br />
<strong>Le</strong>s smart phones sont avant tout <strong>de</strong>s objets communicants. Ils communiquent<br />
évi<strong>de</strong>mment sur le réseau <strong>de</strong>s opérateurs téléphoniques selon les normes<br />
GSM/GPRS/EDGE/UMTS, mais beaucoup disposent en plus <strong>de</strong> communications à<br />
courtes distances selon les normes Bluetooth et Wifi.<br />
La norme Bluetooth a été conçue avec l’objectif <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer les câbles entre les<br />
ordinateurs et les imprimantes, les scanners, les c<strong>la</strong>viers, les souris, les manettes <strong>de</strong><br />
jeu vidéo, les téléphones portables, les PDA, les systèmes et kits mains libres, les<br />
autoradios, les appareils photo numériques, les lecteurs <strong>de</strong> co<strong>de</strong> barres, les bornes<br />
publicitaires interactives.<br />
WiFi est un standard international permettant <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s réseaux locaux sans fil à<br />
haut débit. Dans <strong>la</strong> pratique, le WiFi permet <strong>de</strong> relier <strong>de</strong>s ordinateurs portables, <strong>de</strong>s<br />
machines <strong>de</strong> bureau, <strong>de</strong>s assistants personnels, <strong>de</strong>s smart phones, <strong>de</strong>s objets<br />
communicants à une liaison haut débit.<br />
Bluetooth et Wifi diffèrent entre autres par leurs distances d’accès et leurs débits.<br />
Une troisième norme <strong>de</strong> communication, <strong>la</strong> NFC, va venir enrichir les<br />
fonctionnalités <strong>de</strong>s smart phones pour en faire <strong>de</strong>s Upicas.<br />
La communication en champ proche (Near Field Communication ou NFC) est une<br />
technologie d'échanges <strong>de</strong> données à une distance <strong>de</strong> quelques centimètres. C'est une<br />
application <strong>de</strong>s technologies RFID. NFC a été reconnu par les instances<br />
internationales (ISO, ECMA, ETSI). Cette technologie a été promue par Sony et<br />
Philips qui ont été rejoints par Nokia, Samsung, Panasonic, Microsoft …<br />
<strong>Le</strong> principal avantage <strong>de</strong> NFC par rapport à Bluetooth ou Wifi tient au fait que <strong>la</strong><br />
technologie est non-intrusive. NFC est utilisable sur <strong>de</strong> très courtes distances, moins
54 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
<strong>de</strong> 10 centimètres alors que <strong>la</strong> portée <strong>de</strong> Bluetooth et Wifi varient <strong>de</strong> quelques<br />
mètres à plusieurs centaines <strong>de</strong> mètres. NFC suppose une démarche volontaire <strong>de</strong><br />
l'utilisateur et ne peut donc normalement pas être utilisée à son insu.<br />
<strong>Le</strong> NFC a enrichi puissamment les fonctionnalités du smart phone qui est <strong>de</strong>venu un<br />
Upica.<br />
L’Upica permet d’émuler le fonctionnement d'une carte à puce sans contact, <strong>la</strong> carte<br />
SIM étant utilisée comme élément <strong>de</strong> sécurité.<br />
<strong>Le</strong>s usages sont multiples et forment un sur-ensemble <strong>de</strong>s usages <strong>de</strong> type « carte<br />
sans contact ».<br />
L’Upica constitue un porte-monnaie électronique. Il permet donc <strong>de</strong> dématérialiser<br />
les échanges financiers pour les petites sommes entre usagers, commerçants ou non.<br />
On peut anticiper le remp<strong>la</strong>cement progressif <strong>de</strong>s cartes bancaires traditionnelles<br />
par <strong>de</strong>s cartes ASC (Avec et Sans Contact) et <strong>la</strong> disparition progressive <strong>de</strong>s<br />
terminaux <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong>s cartes bancaires puisque cette fonction pourra être assurée<br />
par l’Upica.<br />
L’Upica est un lecteur <strong>de</strong> cartes sans contacts ou <strong>de</strong> « tags » passifs (étiquettes<br />
électroniques). Ce mo<strong>de</strong> permet à un usager <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>s informations en approchant<br />
son mobile <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s étiquettes électroniques disposées dans <strong>la</strong> rue, sur <strong>de</strong>s<br />
affiches, sur <strong>de</strong>s colis ou dans <strong>de</strong>s abris bus ...<br />
Deux UPICAs peuvent échanger <strong>de</strong> l'information, par exemple <strong>de</strong>s vCard, <strong>de</strong>s<br />
photos, <strong>de</strong>s vidéos, etc. Un Upica peut aussi échanger avec <strong>de</strong>s nouveaux objets<br />
communicants tels que <strong>de</strong>s serrures RFID dans <strong>de</strong>s bâtiments comportant <strong>de</strong><br />
nombreuses portes, permettant ainsi leur ouverture avec une clef RFID intégrée dans<br />
l’Upica. Cette solution permettra également une meilleure gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité, par<br />
exemple en ajoutant <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ges horaires d'ouverture <strong>de</strong>s portes.<br />
Au Maroc le permis <strong>de</strong> conduire puis <strong>la</strong> carte grise <strong>de</strong>s véhicules sont délivrés sur<br />
<strong>de</strong>s cartes à puce sécurisées. La technologie NFC <strong>de</strong> lecture à champ proche mise à<br />
<strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> gendarmerie, permet notamment un gain <strong>de</strong> productivité<br />
considérable dans le contrôle <strong>de</strong>s papiers <strong>de</strong>s conducteurs. <strong>Le</strong> permis à point,<br />
l’assurance et <strong>de</strong> nombreux paramètres peuvent être ajoutés. <strong>Le</strong>s responsables<br />
songent à étendre le système à une billettique uniformisée facilitant les transports<br />
multimodaux et même à en faire un porte-monnaie électronique. Cette expérience<br />
constitue une première mondiale. La technologie est fournie par SAGEM Sécurité.<br />
Cet exemple qui présente certaines <strong>de</strong>s fonctionnalités <strong>de</strong> l’UPICA montre que ce<br />
<strong>de</strong>rnier est appelé à se déployer à l’avenir, sous cette forme ou sous une autre.<br />
LES NOUVELLES TECHNOLOGIES AU SERVICE DE LA REPRESSION<br />
Chaque année, dans l’Union Européenne, les acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> <strong>la</strong> route sont <strong>la</strong> cause <strong>de</strong><br />
plus <strong>de</strong> 40 000 morts et 1 700 000 blessés. <strong>Le</strong> coût <strong>de</strong> ces acci<strong>de</strong>nts, direct ou<br />
indirect, a été évalué à 160 milliards d'euros, soit 2 % du PNB <strong>de</strong> l'Union<br />
Européenne. Certains groupes <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion ou catégories d'usagers sont<br />
particulièrement vulnérables : les jeunes <strong>de</strong> 15 à 24 ans (10 000 tués par an), les
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies sur les infrastructures 55<br />
piétons (7 000 tués) ou les cyclistes (1 800 tués). <strong>Le</strong>s causes <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts sont : <strong>la</strong><br />
vitesse excessive, <strong>la</strong> consommation d'alcool, <strong>la</strong> non-utilisation <strong>de</strong>s ceintures,<br />
l'insuffisance <strong>de</strong> protection, l'existence <strong>de</strong> points noirs, le non-respect <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong><br />
conduite et <strong>de</strong> repos pour le transport professionnel et <strong>la</strong> mauvaise visibilité.<br />
La Commission Européenne a décidé en 2003 « <strong>de</strong> recomman<strong>de</strong>r aux États membres<br />
d'intégrer dans un p<strong>la</strong>n national <strong>de</strong> contrôle les meilleures pratiques en fait <strong>de</strong><br />
mesures <strong>de</strong> contrôle ». Parmi les mesures figure « l'utilisation <strong>de</strong> dispositifs<br />
automatisés <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse ». L'objectif final est <strong>de</strong> réduire d'au moins<br />
50 % le nombre <strong>de</strong>s tués à l'horizon 2010. La France s’est montrée <strong>la</strong> première <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
c<strong>la</strong>sse Europe <strong>de</strong>vant le Portugal et le Luxembourg. Ces résultats ont été obtenus<br />
essentiellement par le déploiement <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 2500 radars <strong>de</strong> vitesse et une politique<br />
répressive ferme, notamment par l’instauration du permis à points.<br />
Évolution <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts routiers en Europe sur 2001 – 2007. Source: PIN projet<br />
ETSC<br />
<strong>Le</strong> radar automatique d’excès <strong>de</strong> vitesse<br />
Un radar <strong>de</strong> contrôle routier est un instrument servant à mesurer <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong>s<br />
véhicules circu<strong>la</strong>nt sur <strong>la</strong> voie publique à l'ai<strong>de</strong> d'on<strong>de</strong>s radar. Ce type <strong>de</strong><br />
cinémomètre est utilisé afin d'i<strong>de</strong>ntifier les contrevenants aux limites <strong>de</strong> vitesse. Il<br />
était autrefois utilisé par un policier qui détectait l’excès <strong>de</strong> vitesse et communiquait<br />
par téléphone avec un autre policier p<strong>la</strong>cé en aval, lequel interpel<strong>la</strong>it le fautif. <strong>Le</strong><br />
contrôle ne se faisait qu’aux heures <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> manière échantillonnée. La
56 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
nouveauté est le contrôle exhaustif <strong>de</strong> tous les véhicules, <strong>de</strong> jour comme <strong>de</strong> nuit, par<br />
<strong>de</strong>s radars automatiques couplés à <strong>de</strong>s caméras numériques haute définition.<br />
Ces radars utilisent le principe <strong>de</strong> l'effet Doppler pour mesurer <strong>la</strong> vitesse. Ils<br />
émettent une on<strong>de</strong> continue qui est réfléchie par toute cible se trouvant dans <strong>la</strong><br />
direction pointée. Par effet Doppler, cette on<strong>de</strong> réfléchie possè<strong>de</strong> une fréquence<br />
légèrement différente <strong>de</strong> celle émise : plus gran<strong>de</strong> fréquence pour les véhicules<br />
s'approchant du radar et plus petite pour ceux s'éloignant. En mesurant <strong>la</strong> différence<br />
<strong>de</strong> fréquence entre l'on<strong>de</strong> émise et celle retournée, on peut calculer <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
cible. Ceci se fait en trouvant le battement entre les <strong>de</strong>ux on<strong>de</strong>s.<br />
<strong>Le</strong>s données ainsi obtenues ne montrent que <strong>la</strong> vitesse radiale entre le radar et le<br />
véhicule. Il faut donc que le sens <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> <strong>la</strong> cible soit colinéaire avec le<br />
radar. Si <strong>la</strong> cible se dép<strong>la</strong>ce avec un angle par rapport à cette direction, <strong>la</strong> vitesse<br />
notée n'est que <strong>la</strong> projection sur <strong>la</strong> radiale au radar, soit <strong>la</strong> vitesse réelle fois le<br />
cosinus <strong>de</strong> l'angle (facteur variant <strong>de</strong> 0 pour un dép<strong>la</strong>cement perpendicu<strong>la</strong>ire au<br />
radar à 1 pour celui vers le radar).<br />
Radar <strong>de</strong> vitesse<br />
Camera <strong>de</strong> feu rougeMESTA<br />
3000 SAGEM<br />
Radar mobile sur<br />
trépied MESTA 1000<br />
SAGEM<br />
Une caméra numérique haute définition permet <strong>de</strong> réaliser <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux vues<br />
d'un véhicule dont <strong>la</strong> vitesse a préa<strong>la</strong>blement été déterminée par le cinémomètre<br />
auquel elle est couplée, d'adjoindre à ces prises <strong>de</strong> vues les données réglementaires<br />
(<strong>la</strong> vitesse mesurée, <strong>la</strong> date et l'heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure) et d'autres données (telles que le<br />
numéro <strong>de</strong> <strong>la</strong> vue, les références du lieu, l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l'unité qui opère le<br />
contrôle, ainsi qu'un commentaire facultatif). Un f<strong>la</strong>sh couplé à <strong>la</strong> caméra numérique<br />
illumine le véhicule, garantissant un éc<strong>la</strong>irage correct <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que<br />
d'immatricu<strong>la</strong>tion.
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies sur les infrastructures 57<br />
<strong>Le</strong>s images numériques <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ques minéralogiques associées aux véhicules<br />
verbalisés font l’objet d’une procédure <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> caractères pour<br />
i<strong>de</strong>ntifier les conducteurs à partir <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> données <strong>de</strong>s préfectures.<br />
<strong>Le</strong>s caméras <strong>de</strong> feu rouge et caméras <strong>de</strong> stop<br />
Dans le radar <strong>de</strong> vitesse, le véritable capteur d’infraction est le radar alors que <strong>la</strong><br />
caméra sert à i<strong>de</strong>ntifier le contrevenant. Dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> caméra <strong>de</strong> feu rouge, <strong>la</strong><br />
caméra sert à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> capteur <strong>de</strong> franchissement au feu rouge et d’i<strong>de</strong>ntificateur <strong>de</strong><br />
l’automobiliste. <strong>Le</strong> problème technique n’est pas simple pour autant car il faut<br />
prouver que le prévenu n’est pas passé à l’orange mais se trouvait bien engagé dans<br />
le carrefour alors que le feu était au rouge. La caméra est dès lors p<strong>la</strong>cée à plusieurs<br />
mètres en amont du feu et connaît les instants <strong>de</strong> commutation <strong>de</strong>s feux. Ces<br />
évènements sont utilisés pour prendre simultanément <strong>de</strong>s images du feu tricolore et<br />
<strong>de</strong> l’arrière <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> avec sa p<strong>la</strong>que bien visible alors que le véhicule se trouve<br />
avant et dans le carrefour.<br />
La caméra peut être utilisée <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière pour détecter les véhicules<br />
n’observant pas l’arrêt à un panneau stop. Dans ce cas, pour apporter <strong>la</strong> preuve <strong>de</strong><br />
l’infraction, il faut une séquence vidéo sur <strong>la</strong>quelle le panneau stop est bien visible<br />
et le dép<strong>la</strong>cement du véhicule sans marquer l’arrêt avéré.<br />
<strong>Le</strong>s applications potentielles répressives <strong>de</strong> <strong>la</strong> vidéosurveil<strong>la</strong>nce ne manquent pas et<br />
nous pouvons mentionner par exemple :<br />
• Caméras <strong>de</strong> franchissement <strong>de</strong> passages à niveau.<br />
• Caméra <strong>de</strong> parking signa<strong>la</strong>nt les stationnements illégaux.<br />
• Caméras <strong>de</strong> péage routier pour i<strong>de</strong>ntifier les véhicules franchissant un péage<br />
sans payer.<br />
• Caméras <strong>de</strong> franchissement <strong>de</strong> lignes continues.<br />
• Caméras <strong>de</strong> couloir <strong>de</strong> bus pour i<strong>de</strong>ntifier les véhicules non autorisés circu<strong>la</strong>nt<br />
sur les voies réservées aux bus. Ces caméras peuvent être fixes ou embarquées<br />
dans les bus, le chauffeur <strong>la</strong> déclenchant quand il constate une infraction.<br />
Observons que les chauffeurs <strong>de</strong> bus parisiens ont refusé <strong>de</strong> col<strong>la</strong>borer avec <strong>la</strong><br />
police sur ce problème précis.<br />
<strong>Le</strong>s radars <strong>de</strong> vitesse sont déployés massivement aujourd’hui en France, les<br />
premières centaines <strong>de</strong> caméras <strong>de</strong> feu tricolores sont en cours d’instal<strong>la</strong>tion en<br />
2009. <strong>Le</strong>s autres applications seront probablement développées et déployées dans les<br />
prochaines années. À terme, c’est une véritable armée <strong>de</strong> robots policiers, ayant<br />
chacun leur spécialité, qui attend le citoyen du futur.<br />
La vidéosurveil<strong>la</strong>nce<br />
<strong>Le</strong>s réseaux <strong>de</strong> caméras <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce existent <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies dans les gares,<br />
les stations <strong>de</strong> métros, les grands magasins, les zones <strong>de</strong> forte <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion.<br />
Pour <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s zones publiques <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s agglomérations, les images<br />
sont centralisées vers un Poste <strong>de</strong> Comman<strong>de</strong>ment comme c’est le cas à <strong>la</strong>
58 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
préfecture <strong>de</strong> Police pour Paris. Elles permettent surtout au surveil<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> police <strong>de</strong><br />
vérifier <strong>la</strong> véracité <strong>de</strong>s alertes radio ou téléphoniques.<br />
<strong>Le</strong>s progrès au cours <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière décennie dans le traitement <strong>de</strong> l'image ont<br />
permis <strong>de</strong> considérablement automatiser les contrôles d'inci<strong>de</strong>nts par imagerie vidéo.<br />
Auparavant, les caméras étaient reliées à un poste <strong>de</strong> contrôle (PC) en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
surveil<strong>la</strong>nce d'un réseau routier ou d'une infrastructure (pont, tunnel, etc.) où un<br />
opérateur visionnait plusieurs écrans en continu.<br />
Désormais, si les images sont toujours renvoyées vers un poste <strong>de</strong> contrôle, elles<br />
sont <strong>de</strong> plus en plus numérisées et traitées par <strong>de</strong>s algorithmes <strong>de</strong> vision artificielle<br />
permettant <strong>de</strong> détecter automatiquement <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts. L’automatisation du<br />
traitement permet <strong>de</strong> concentrer un plus grand nombre <strong>de</strong> caméras sur un seul Poste<br />
<strong>de</strong> Contrôle <strong>de</strong> sécurité.<br />
LECTURE AUTOMATIQUE DE PLAQUES MINERALOGIQUES<br />
La lecture automatique <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ques minéralogiques est un outil <strong>de</strong> base que l’on<br />
trouve dans <strong>de</strong> nombreuses applications liées aux systèmes <strong>de</strong> transports intelligents.<br />
La technique utilisée est un sous-ensemble <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> lecture automatique par<br />
vision artificielle, appelées « métho<strong>de</strong>s OCR » pour « Optical Caracter<br />
Recognition ». Elle est utilisée dans les banques ou à <strong>la</strong> Poste pour vérifier les<br />
chèques et notamment <strong>la</strong> correspondance entre les montants libellés en chiffres et en<br />
lettres, ce qui constitue un exercice difficile sur <strong>de</strong> l’écriture manuscrite et multi<br />
sources. <strong>Le</strong>s progrès <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche ont toutefois été tellement impressionnants que<br />
les scanners à bas coût sont livrés aujourd’hui avec <strong>de</strong>s logiciels OCR tout à fait<br />
corrects. On trouve même <strong>de</strong>s logiciels gratuits sur Internet.<br />
La littérature annonce pour les systèmes <strong>de</strong>s performances <strong>de</strong> lecture d’environ une<br />
p<strong>la</strong>que minéralogique par secon<strong>de</strong> sur <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s rou<strong>la</strong>nt jusqu'à 160 Km/h.<br />
<strong>Le</strong> ministère <strong>de</strong> l’intérieur publie <strong>de</strong>s statistiques dans lesquelles, un système<br />
automatisé peut contrôler <strong>de</strong> 4000 à 5000 véhicules pendant une patrouille <strong>de</strong> huit<br />
heures, avec 95% <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ques bien localisées et 94% lues correctement. <strong>Le</strong> temps <strong>de</strong><br />
calcul est d’environ dix millisecon<strong>de</strong>s.<br />
En France, <strong>la</strong> Sagem a développé un logiciel <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s formes<br />
(détection <strong>de</strong> silhouette géométrique du véhicule), qui, associé au logiciel <strong>de</strong> lecture<br />
automatique <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ques et aux bases <strong>de</strong> données <strong>de</strong>s préfectures, peut détecter les<br />
p<strong>la</strong>ques échangées ou les véhicules volés.<br />
En Italie, <strong>la</strong> lecture automatique <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ques minéralogiques par vision a trouvé une<br />
application à <strong>la</strong> détection <strong>de</strong>s dépassements <strong>de</strong> vitesse. <strong>Le</strong> radar <strong>de</strong> vitesse détecte<br />
<strong>de</strong>s dépassements instantanés. La lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que d’immatricu<strong>la</strong>tion d’un même<br />
véhicule effectuée en <strong>de</strong>ux points consécutifs séparés d’une distance connue permet<br />
<strong>de</strong> calculer une vitesse moyenne et <strong>de</strong> verbaliser le cas échéant le contrevenant.<br />
Cette solution a été déployée en Italie sous le nom <strong>de</strong> système TUTOR pour<br />
sécuriser les autoroutes. <strong>Le</strong>s résultats ont été probants.
<strong>Le</strong>s nouvelles technologies sur les infrastructures 59<br />
<strong>Le</strong>s p<strong>la</strong>ques ne sont pas uniformisées au niveau européen et les logiciels sont<br />
paramétrés pour tel ou tel pays. La caméra est souvent associée à un éc<strong>la</strong>irage dans<br />
l’infrarouge pour permettre <strong>de</strong> photographier à toute heure du jour.<br />
Variabilité <strong>de</strong>s couleurs et <strong>de</strong>s<br />
orientations<br />
Étapes <strong>de</strong> l’algorithme OCR<br />
L’algorithme <strong>de</strong> reconnaissance est décomposé en plusieurs phases :<br />
• Localisation et extraction <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que proprement dite dans l’image brute,<br />
• Compensation éventuelle <strong>de</strong> l'orientation et normalisation géométrique <strong>de</strong><br />
l’image,<br />
• Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul du seuil optimal <strong>de</strong> binarisation,<br />
• Segmentation <strong>de</strong>s caractères sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>que,<br />
• Reconnaissance optique <strong>de</strong> caractères par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> type réseaux <strong>de</strong><br />
neurones, arbres <strong>de</strong> décision ou autres.<br />
La figure ci-<strong>de</strong>ssous reconstitue le circuit logique d’automatisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> répression<br />
<strong>de</strong>s excès <strong>de</strong> vitesse.
CHAPITRE 4<br />
LES SYSTEMES D’INFORMATION ROUTIERE ET D’AIDE<br />
AU DEPLACEMENT<br />
En France, le Centre National d’Information Routière (CNIR), créé en 1967, assure<br />
le recueil <strong>de</strong> données sur l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion routière et l’information aux usagers.<br />
C’est un organisme interministériel (Transport et Equipement, Intérieur, Défense)<br />
qui s’appuie sur sept centres régionaux d’information et <strong>de</strong> coordination routières<br />
(CRICR). Son site d’information au public est :<br />
http://www.bison-fute.equipement.gouv.fr/diri/Accueil.do<br />
Qu’il s’agisse d’une gran<strong>de</strong> ville comme Paris, d’un réseau régional comme l’Ile <strong>de</strong><br />
France ou <strong>de</strong> tout un pays, <strong>la</strong> gestion du trafic suppose d’abord <strong>de</strong> s’informer sur<br />
l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion.<br />
Paris est le centre d’une agglomération <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10 millions d’habitants qui<br />
effectuent plus <strong>de</strong> 20 millions <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements journaliers, dont 7 millions dans<br />
Paris et entre Paris et banlieue. Parmi ces dép<strong>la</strong>cements, 60 % sont assurés par les<br />
transports en commun et 35 % par les <strong>voiture</strong>s. Chaque jour, 3 millions <strong>de</strong> véhicules<br />
entrent ou sortent <strong>de</strong> Paris.<br />
Un bon moyen <strong>de</strong> qualifier quantitativement l’état du trafic est <strong>de</strong> diviser le réseau<br />
en cantons auxquels sont associés <strong>de</strong>s triplets Q, T, V où Q est le débit en nombre <strong>de</strong><br />
véhicules par heure, T le taux d’occupation en nombre <strong>de</strong> véhicules par kilomètre et<br />
V <strong>la</strong> vitesse en Km/H.<br />
<strong>Le</strong> système d’information routière se divise en trois grands modules :<br />
La collecte <strong>de</strong> l’information<br />
<strong>Le</strong>s principales sources disponibles pour rassembler l’information trafic sont les<br />
boucles magnétiques, <strong>la</strong> Police et <strong>la</strong> Gendarmerie qui disposent <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong><br />
surveil<strong>la</strong>nce et <strong>de</strong> communication, <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce aérienne à certaines occasions ou<br />
certaines heures, <strong>la</strong> RATP qui suit chacun <strong>de</strong> ses bus et est ainsi informée <strong>de</strong> l’état<br />
du trafic le long <strong>de</strong> ses lignes, les patrouilleurs et le Réseau d’Appel d’Urgence<br />
(RAU) sur les autoroutes, <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce par caméras.<br />
<strong>Le</strong> traitement <strong>de</strong> l’information<br />
Ce traitement peut se faire à différents niveaux. <strong>Le</strong>s données <strong>de</strong>s boucles<br />
magnétiques sont <strong>de</strong>s données élémentaires qui doivent être prétraitées, cumulées<br />
sur <strong>de</strong>s horizons temporels courts avant d’être transmises à un calcu<strong>la</strong>teur frontal.<br />
<strong>Le</strong>s régions géographiques sont sous le contrôle <strong>de</strong> Postes <strong>de</strong> Comman<strong>de</strong> (PC) qui<br />
doivent agréger les données dans le temps sur <strong>de</strong>s horizons plus longs, consoli<strong>de</strong>r les<br />
informations <strong>de</strong>s diverses sources et qualifier l’état du trafic. <strong>Le</strong>s divers PC doivent<br />
à leur tour être interconnectés pour obtenir une vision globale.
62 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
La diffusion <strong>de</strong> l’information et <strong>la</strong> comman<strong>de</strong> en réaction sur le réseau<br />
<strong>Le</strong>s principaux moyens <strong>de</strong> réaction directe sur le réseau <strong>de</strong> transport sont les<br />
Panneaux à Messages Variables (P.M.V.), les Feux d’Affectation <strong>de</strong>s Voies<br />
(F.A.V.), les Contrôles d’Accès (C.A.). Par ailleurs l’information peut être diffusée<br />
vers les usagers et le public par divers médias : radio, Internet, terminaux<br />
embarqués….<br />
LA COLLECTE DE L’INFORMATION TRAFIC<br />
On peut distinguer <strong>de</strong>ux ensembles <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s :<br />
• <strong>Le</strong> recueil <strong>de</strong> données automatisé : boucles magnétiques, réseau <strong>de</strong> caméras<br />
avec traitement numérique <strong>de</strong>s images, les véhicules traceurs (« floating car<br />
data »).<br />
• La collecte manuelle non automatisable : surveil<strong>la</strong>nce aérienne, réseaux <strong>de</strong><br />
taxis ou <strong>de</strong> transports publics, gendarmerie et police, taux <strong>de</strong> remplissage <strong>de</strong>s<br />
parkings …<br />
<strong>Le</strong> recueil <strong>de</strong> données par capteurs magnétiques<br />
La boucle magnétique reste aujourd’hui le principal capteur utilisé pour détecter le<br />
passage <strong>de</strong>s véhicules et obtenir une image du trafic. Une station <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong><br />
données <strong>de</strong> trafic référence a été préconisée par le ministère <strong>de</strong> l'équipement et <strong>de</strong>s<br />
transports français <strong>de</strong>puis 1990 et fait l'objet d'une normalisation AFNOR (NF P-<br />
99-300). Plusieurs fabricants les produisent conformes à <strong>la</strong> norme et elles sont donc<br />
interchangeables.<br />
(http://fr.wikipedia.org/wiki/Mesures_<strong>de</strong>_trafic)<br />
Schéma d’une double boucle sur une route à <strong>de</strong>ux voies<br />
On distingue <strong>de</strong>ux entités technologiques : l’unité <strong>de</strong> détection (le capteur<br />
proprement dit) enfoui dans <strong>la</strong> chaussée et l’unité <strong>de</strong> traitement et <strong>de</strong> transmission,<br />
composée d’un processeur <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> signal et d’un module <strong>de</strong> transmission.<br />
La pose <strong>de</strong> capteurs à boucles sur <strong>la</strong> chaussée nécessite le découpage d'un rectangle<br />
d'environ <strong>de</strong>ux mètres sur un mètre cinquante (<strong>la</strong> quasi-totalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur <strong>de</strong>s<br />
voies) et sur une profon<strong>de</strong>ur d'environ sept centimètres.
<strong>Le</strong>s systèmes d’information routière et d’ai<strong>de</strong> au dép<strong>la</strong>cement 63<br />
Empreinte au sol d’une boucle<br />
magnétique<br />
Boîtier <strong>de</strong> traitement et <strong>de</strong> transmission<br />
La boucle électromagnétique est constituée <strong>de</strong> quelques spires <strong>de</strong> câble <strong>de</strong> cuivre.<br />
Cette boucle est <strong>la</strong> partie inductive d'un circuit oscil<strong>la</strong>nt entretenu et contenu dans le<br />
détecteur. Lorsqu’un véhicule passe à <strong>la</strong> verticale <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucle, ses parties<br />
métalliques en mouvement modifient l'inductance <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucle, faisant varier les<br />
caractéristiques <strong>de</strong> l'oscil<strong>la</strong>tion. <strong>Le</strong> passage d'un véhicule sur une boucle se traduit<br />
par un front montant et un front <strong>de</strong>scendant sur le signal <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucle. Chaque couple<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fronts (t1, t2) forme normalement <strong>la</strong> trace du passage d'un véhicule.<br />
L’intervalle <strong>de</strong> temps entre les <strong>de</strong>ux fronts dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse et <strong>de</strong> <strong>la</strong> longueur du<br />
véhicule, alors que <strong>la</strong> forme du signal entre les <strong>de</strong>ux fronts dépend <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse<br />
métallique et <strong>de</strong> sa géométrie, cette <strong>de</strong>rnière constituant donc une signature du<br />
véhicule. Des contrôles <strong>de</strong> p<strong>la</strong>usibilité sont effectués qui prennent en compte par<br />
exemple <strong>de</strong>s vitesses maximales <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement. Certaines boucles spéciales ont<br />
une géométrie et une sensibilité telles qu'une analyse <strong>de</strong> forme du signal produit<br />
permet, par comparaison avec une bibliothèque, d'i<strong>de</strong>ntifier le type <strong>de</strong> véhicule. <strong>Le</strong><br />
traitement du signal reste délicat lorsqu’il faut traiter les véhicules multi essieux, les<br />
atte<strong>la</strong>ges caravanes, les <strong>de</strong>ux roues.<br />
On peut ajouter aux boucles inductives <strong>de</strong>s capteurs piézoélectriques ou <strong>de</strong>s capteurs<br />
à magnétostriction qui permettent d’accé<strong>de</strong>r au poids par essieu.<br />
La pose convenable et le bon entretien <strong>de</strong>s boucles permettent d’obtenir <strong>de</strong>s<br />
informations <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> qualité selon le nombre <strong>de</strong> boucles p<strong>la</strong>cées les unes après les<br />
autres sur <strong>la</strong> même voie.<br />
Ainsi, lorsqu'une voie <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion est équipée d'une boucle <strong>de</strong> présence unique,<br />
pour chaque véhicule rou<strong>la</strong>nt, on obtient les mesures suivantes :<br />
• l'heure <strong>de</strong> passage (timbre temporel),<br />
• le numéro <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion,<br />
• les intervalles <strong>de</strong> temps avec les véhicules précé<strong>de</strong>nt et suivant,<br />
• le temps <strong>de</strong> présence du véhicule au-<strong>de</strong>ssus du capteur.
64 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Si <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion est équipée d'un <strong>de</strong>uxième capteur, on peut accé<strong>de</strong>r à<br />
• <strong>la</strong> vitesse du véhicule,<br />
• sa longueur.<br />
Si <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion est équipée d'un troisième capteur d'essieu (boucle ou<br />
force), les mesures <strong>de</strong> trafic supplémentaires suivantes peuvent être générées :<br />
• <strong>la</strong> catégorie en silhouette du véhicule,<br />
• le nombre d'essieux élémentaires.<br />
Si <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion est équipée d'un troisième capteur <strong>de</strong> force, on peut<br />
mesurer :<br />
• le poids total rou<strong>la</strong>nt,<br />
• le poids <strong>de</strong> chaque essieu.<br />
La précision <strong>de</strong>s mesures fournies à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s boucles est excellente lorsque leur<br />
pose a été faite soigneusement et selon les tolérances dimensionnelles prescrites par<br />
<strong>la</strong> norme NF P 99-301.<br />
Selon <strong>la</strong> Direction <strong>de</strong>s Routes, le réseau <strong>de</strong> recueil automatisé <strong>de</strong> données du trafic<br />
en Ile <strong>de</strong> France est constitué <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 2 500 stations, soit plus <strong>de</strong> 6 000 boucles <strong>de</strong><br />
comptage. À titre d’exemple, le périphérique parisien est instrumenté avec <strong>de</strong>s<br />
stations tous les cinq cents mètres ce qui fait environ 80 stations sur chacun <strong>de</strong>s<br />
périphériques intérieur et extérieur. On conçoit que les investissements sont très<br />
importants ainsi que les frais <strong>de</strong> maintenance. Ces équipements lourds ne sont<br />
présents que dans les gran<strong>de</strong>s agglomérations.<br />
Certaines boucles ont été mises au point pour le comptage <strong>de</strong>s cyclistes en ignorant<br />
les <strong>voiture</strong>s. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure du trafic, les boucles magnétiques peuvent être<br />
utilisées pour <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s feux <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion, pour déclencher les bornes<br />
amovibles dans les zones piétonnières….<br />
Une technologie plus récente mais toujours à base <strong>de</strong> capteurs magnétiques a été<br />
proposée à partir <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Berkeley et a donné naissance à une<br />
start-up, SENSYS Networks (http://www.sensysnetworks.com/), qui commercialise<br />
déjà <strong>la</strong> solution.<br />
C’est une première application du concept <strong>de</strong> réseau <strong>de</strong> capteurs.<br />
Chaque capteur est composé d’une boucle magnétique miniature qui détecte le<br />
passage <strong>de</strong>s véhicules, d’un émetteur radio et d’une batterie à longue durée <strong>de</strong> vie.<br />
<strong>Le</strong> principal avantage par rapport à <strong>la</strong> boucle traditionnelle est qu’il n’y a<br />
pratiquement pas <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> génie civil pour les p<strong>la</strong>cer au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée.<br />
Enfin, nous mentionnons pour mémoire les solutions temporaires à base <strong>de</strong> tubes<br />
creux en caoutchouc, tendus en travers <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie qui permettent <strong>de</strong> déceler le<br />
passage d’un essieu par mesure <strong>de</strong> pression. La technologie est peu précise, mais<br />
elle est peu coûteuse, amovible et permet <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s relevés <strong>de</strong> débit et <strong>de</strong> vitesse<br />
<strong>de</strong> manière temporaire sur une route.
<strong>Le</strong>s systèmes d’information routière et d’ai<strong>de</strong> au dép<strong>la</strong>cement 65<br />
<strong>Le</strong> capteur dans son boîtier avec son<br />
circuit <strong>de</strong> détection, son émetteur et sa<br />
batterie (photo SENSYS Networks).<br />
Réseau <strong>de</strong> capteurs sans fil déployés au<br />
niveau d’un carrefour avec les<br />
capteurs, le point d’accès et le répéteur<br />
(photo SENSYS Networks).<br />
<strong>Le</strong> recueil <strong>de</strong> données du trafic par vision<br />
Depuis longtemps, <strong>de</strong>s caméras <strong>de</strong> vidéo surveil<strong>la</strong>nce sont positionnées sur<br />
l’ensemble du réseau <strong>de</strong>s voies rapi<strong>de</strong>s. Elles permettent <strong>de</strong> surveiller le réseau<br />
24H/24. <strong>Le</strong>s écrans <strong>de</strong> visualisation se situent dans les postes <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment où<br />
ils permettent une observation visuelle <strong>de</strong>s voies pour les opérateurs. <strong>Le</strong>s<br />
informations recueillies remontent vers les centres <strong>de</strong> gestion du trafic.<br />
<strong>Le</strong> passage <strong>de</strong> l’image analogique à l’image numérisée permet <strong>de</strong> mettre en œuvre<br />
les techniques <strong>de</strong> vision artificielle pour automatiser <strong>la</strong> recherche d’informations<br />
dans les flux vidéo. <strong>Le</strong> principal avantage tient au fait qu’il n’y a pas à effectuer <strong>de</strong><br />
travaux <strong>de</strong> génie civil dans l’infrastructure, toutefois les caméras doivent être fixées<br />
sur <strong>de</strong>s supports, ponts ou pylônes, et sont ainsi positionnées une fois pour toutes.<br />
La vision artificielle a un <strong>la</strong>rge spectre d’applications potentielles et réelles, par<br />
exemple le relevé <strong>de</strong>s marquages au sol et <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalétique verticale pour <strong>la</strong><br />
création <strong>de</strong> cartes numériques actualisées, <strong>la</strong> répression <strong>de</strong>s délits au co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
route : franchissement <strong>de</strong> feu rouge, <strong>de</strong> stop, excès <strong>de</strong> vitesse ….<br />
Nous n’examinons ici l’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> vision que pour <strong>la</strong> gestion du trafic.<br />
<strong>Le</strong>s ouvrages d’art, tunnels, ponts, grands échangeurs, ont été équipés d’instal<strong>la</strong>tions<br />
<strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce télévisée afin d’assurer un contrôle visuel permanent <strong>de</strong> l’état du<br />
trafic. Toutefois, l’opérateur ne peut pas concentrer simultanément son attention sur<br />
plusieurs moniteurs. L’imagerie numérique a permis le développement <strong>de</strong> systèmes<br />
<strong>de</strong> détection automatique d’inci<strong>de</strong>nts (DAI). La mise en œuvre <strong>de</strong> cette<br />
fonctionnalité au niveau <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s tunnels permet d’assister
66 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
l’opérateur dans ses missions <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong>s ouvrages en l’informant <strong>de</strong> l’apparition<br />
d’un événement pouvant être à l’origine d’une situation périlleuse pour les usagers.<br />
Dans ces conditions, l’opérateur peut déclencher le scénario d’intervention le mieux<br />
adapté dans les dé<strong>la</strong>is les plus brefs.<br />
<strong>Le</strong>s principaux inci<strong>de</strong>nts détectés par traitement d'images sont :<br />
• un embouteil<strong>la</strong>ge,<br />
• un véhicule arrêté sur <strong>la</strong> chaussée,<br />
• l’incendie d'un véhicule,<br />
• un véhicule à contre-sens,<br />
• un objet sur <strong>la</strong> voie.<br />
Véhicule acci<strong>de</strong>nté dans un<br />
tunnel détecté par <strong>de</strong>ux<br />
caméras en moins <strong>de</strong> 10<br />
secon<strong>de</strong>s<br />
Véhicule arrêté sur <strong>la</strong> ban<strong>de</strong><br />
d’arrêt d’urgence détecté 7<br />
secon<strong>de</strong>s après l’arrêt<br />
Véhicule arrêté sur <strong>la</strong> ban<strong>de</strong><br />
d’arrêt d’urgence détecté 9<br />
secon<strong>de</strong>s après l’arrêt<br />
<strong>Le</strong> tunnel Duplex A86 qui achève le périphérique A86 à l’ouest <strong>de</strong> Paris entre<br />
Rueil-Malmaison et Pont Colbert est un bel exemple d’utilisation massive <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
vision artificielle au service <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité. Cet ouvrage futuriste a été mis<br />
partiellement en service en juillet 2009. <strong>Le</strong> système DAI-DIVA (Détection<br />
Automatique d’Inci<strong>de</strong>nts - Détection Instantanée <strong>de</strong> Véhicules Arrêtés) développé<br />
par Citilog (http://www.citilog.com/) comptera près <strong>de</strong> 500 caméras <strong>de</strong> vidéo<br />
surveil<strong>la</strong>nce numérique.<br />
On observe que les applications <strong>de</strong> <strong>la</strong> vision artificielle se concentrent sur <strong>la</strong><br />
détection automatique d’inci<strong>de</strong>nts et sur <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce en général. Bien que ce<strong>la</strong><br />
soit techniquement possible et fasse partie <strong>de</strong> l’offre référencée <strong>de</strong>s industriels du<br />
domaine, on peine à trouver <strong>de</strong>s références <strong>de</strong> vision appliquée au comptage et au<br />
recueil <strong>de</strong> données en remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong>s boucles magnétiques c<strong>la</strong>ssiques.<br />
<strong>Le</strong>s algorithmes <strong>de</strong> vision travaillent le plus souvent sur <strong>de</strong>s masques p<strong>la</strong>cés sur les<br />
voies <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion. <strong>Le</strong> logiciel Media TD <strong>de</strong> Citilog fournit le comptage <strong>de</strong><br />
véhicules ainsi que <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification <strong>de</strong>s véhicules en trois catégories basées sur <strong>la</strong><br />
longueur <strong>de</strong>s véhicules. Il fournit aussi <strong>la</strong> vitesse moyenne du flux, l'occupation<br />
moyenne (pourcentage du temps pendant lequel une zone est occupée par un<br />
véhicule) ainsi que le temps inter véhicu<strong>la</strong>ire moyenné (temps moyen entre <strong>de</strong>ux
<strong>Le</strong>s systèmes d’information routière et d’ai<strong>de</strong> au dép<strong>la</strong>cement 67<br />
fronts <strong>de</strong> véhicules consécutifs). <strong>Le</strong>s logiciels peuvent fonctionner sous <strong>de</strong>s<br />
conditions d’éc<strong>la</strong>irage et météorologiques variées à l’exception du brouil<strong>la</strong>rd et<br />
doivent gérer <strong>de</strong> façon optimale les situations extrêmes telles que les ombres en<br />
mouvement, les masquages, les pelotons <strong>de</strong> véhicules.<br />
Équipements <strong>de</strong> sécurité du Duplex<br />
A86<br />
• Caméras installées tous les<br />
80 mètres avec détection<br />
automatique d’inci<strong>de</strong>nt<br />
• Panneaux à messages<br />
variables tous les 400 mètres<br />
• Boutons-poussoirs d’appel<br />
d’urgence, tous les 40 mètres<br />
• Refuges tous les 200 mètres<br />
Contrairement aux boucles magnétiques, <strong>la</strong> vision se prête bien à <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong><br />
longueur <strong>de</strong>s files d’attente. Il est aussi possible <strong>de</strong> distinguer les poids lourds, <strong>de</strong>s<br />
véhicules légers et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux roues. En revanche, <strong>la</strong> vision ne donne aucune<br />
information sur le poids <strong>de</strong>s véhicules. L’utilisation <strong>de</strong>s caméras motorisées PTZ<br />
(Pan - Tilt - Zoom) étend considérablement les possibilités <strong>de</strong>s caméras numériques.<br />
<strong>Le</strong> capteur le mieux adapté pour obtenir <strong>la</strong> géométrie <strong>de</strong>s véhicules est le télémètre à<br />
ba<strong>la</strong>yage <strong>la</strong>ser p<strong>la</strong>cé sur un portique sous lequel le véhicule passe.<br />
<strong>Le</strong>s masques <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> véhicules dans l’imagerie numérique (photo Citilog)
68 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Recueil <strong>de</strong> données par véhicules traceurs<br />
<strong>Le</strong>s véhicules traceurs (Floating Car Data en ang<strong>la</strong>is) constituent une alternative<br />
récente aux approches c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong> données du trafic. <strong>Le</strong>s autres<br />
métho<strong>de</strong>s automatiques, boucles magnétiques et vision artificielle, nécessitent<br />
d’instrumenter l’infrastructure en p<strong>la</strong>çant <strong>de</strong>s équipements sous ou sur <strong>la</strong> route. Ces<br />
équipements sont positionnés définitivement en un endroit donné où ils délivrent <strong>de</strong>s<br />
informations précises mais locales. Autrement dit, ces métho<strong>de</strong>s qui consistent à<br />
faire « parler » l’infrastructure, sont d’autant plus coûteuses en instal<strong>la</strong>tion et en<br />
maintenance que le territoire à couvrir est grand. Ce<strong>la</strong> explique que le recueil <strong>de</strong><br />
données ne se fasse que dans les gran<strong>de</strong>s agglomérations et non dans les zones<br />
rurales ou même les villes moyennes.<br />
La métho<strong>de</strong> par véhicules traceurs consiste à transformer le véhicule en capteur.<br />
Pour ce<strong>la</strong>, il suffit <strong>de</strong> collecter en permanence <strong>la</strong> position <strong>de</strong>s véhicules en<br />
mouvement pour reconstruire l’état du trafic. Il faut donc que chaque véhicule<br />
dispose d’une fonction <strong>de</strong> localisation et d’une fonction <strong>de</strong> communication avec un<br />
serveur.<br />
Au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> localisation, <strong>de</strong>ux solutions existent : <strong>la</strong> localisation d’une puce<br />
GSM p<strong>la</strong>cée dans le véhicule par triangu<strong>la</strong>tion sur le réseau cellu<strong>la</strong>ire d’une part et<br />
le GPS d’autre part.<br />
Véhicules traceurs sur réseau cellu<strong>la</strong>ire<br />
Comme le téléphone mobile GSM assure à lui seul <strong>la</strong> localisation et <strong>la</strong><br />
communication, il constitue une solution théoriquement économique. <strong>Le</strong>s grands<br />
opérateurs <strong>de</strong>s réseaux mobiles sont les mieux p<strong>la</strong>cés pour exploiter cette possibilité.<br />
Toutefois, ce<strong>la</strong> suppose que le téléphone mobile soit allumé et se trouve dans le<br />
véhicule en mouvement. Or, <strong>de</strong> nombreux téléphones mobiles sont sur les piétons<br />
qui se dép<strong>la</strong>cent à 5 Km/H ou bien sont immobiles chez les particuliers ou dans les<br />
bureaux. Au contraire, <strong>de</strong> nombreux véhicules circulent sans qu’un téléphone mobile<br />
actif ne soit à bord.<br />
La localisation du téléphone mobile est faite par triangu<strong>la</strong>tion sur les antennes du<br />
réseau maillé <strong>de</strong> l’opérateur. Par chance, les distances entre les antennes sont moins<br />
gran<strong>de</strong>s dans les zones urbaines, ce qui accroît <strong>la</strong> précision <strong>de</strong>s données récoltées là<br />
où, justement, les informations sur le trafic sont les plus nécessaires. D’autre part,<br />
plus il y a <strong>de</strong> trafic, plus il y a <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s, plus il y <strong>de</strong> téléphones mobiles donc plus<br />
il y a <strong>de</strong> données et <strong>de</strong> précision sur l'information globale obtenue.<br />
La localisation est cependant moins précise qu'avec les systèmes <strong>de</strong> positionnement<br />
GPS.<br />
Véhicules traceurs avec localisation GPS<br />
<strong>Le</strong>s smart phones <strong>de</strong> plus en plus nombreux possè<strong>de</strong>nt à <strong>la</strong> fois le positionnement<br />
GPS et <strong>la</strong> communication GSM, GPRS, 3G - autrement dit, offrent une solution<br />
simi<strong>la</strong>ire aux véhicules traceurs purement communicants mais avec, en plus, une<br />
précision accrue.
<strong>Le</strong>s systèmes d’information routière et d’ai<strong>de</strong> au dép<strong>la</strong>cement 69<br />
Signalons l’exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> flotte <strong>de</strong>s véhicules traceurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté « Coyote »<br />
qui permet à son partenaire Infotrafic (http://www.infotrafic.com/home.php) <strong>de</strong><br />
proposer une carte routière <strong>de</strong> l’état du trafic avec 150 000 véhicules équipés sur<br />
l’ensemble du territoire. Coyote est un petit boîtier <strong>de</strong>stiné à ai<strong>de</strong>r les conducteurs à<br />
respecter les vitesses limites, en particulier en signa<strong>la</strong>nt les radars fixes ou mobiles.<br />
<strong>Le</strong> boîtier « Coyote » contient un récepteur GPS et une carte SIM intégrée,<br />
autrement dit les fonctionnalités indispensables au véhicule traceur. L’usager<br />
« Coyote » contribue à <strong>la</strong> communauté en signa<strong>la</strong>nt les radars mobiles et les<br />
ralentissements par une pression sur un bouton, en échange il reçoit une alerte en<br />
cas <strong>de</strong> dépassement <strong>de</strong> vitesse, l’annonce <strong>de</strong>s radars fixes ou mobiles.<br />
Un autre avantage offert par <strong>la</strong> localisation GPS est que <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s données<br />
<strong>de</strong> localisation ne se fait pas forcément par GSM ou GPRS mais peut être fait sur un<br />
réseau <strong>de</strong> points d’accès WIFI.<br />
À titre d’information, le fournisseur d’accès à Internet Free annonce l'ouverture du<br />
plus grand réseau WIFI communautaire, soit 3 millions <strong>de</strong> points d’accès WIFI pour<br />
ses abonnés ADSL situés en zone dégroupée.<br />
<strong>Le</strong>s opérateurs <strong>de</strong> téléphonie mobile, les fabricants <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> navigation<br />
noma<strong>de</strong>s, les fournisseurs d’accès à Internet se trouvent en compétition, avec <strong>de</strong>s<br />
atouts différents mais complémentaires pour occuper le marché du recueil <strong>de</strong><br />
données du trafic et l’offre <strong>de</strong> routage optimal dynamique qui en résulte. Ceci<br />
explique les gran<strong>de</strong>s manœuvres économiques récentes entre ces acteurs comme le<br />
rachat <strong>de</strong> TeleAt<strong>la</strong>s (cartographie numérique) par Tomtom (navigateur noma<strong>de</strong>) ou<br />
le rachat <strong>de</strong> Navteq (cartographie numérique) par Nokia (téléphonie mobile).<br />
Dans les solutions traditionnelles, le financement <strong>de</strong>s boucles magnétiques ou <strong>de</strong>s<br />
réseaux vidéo était assuré par les collectivités publiques. Avec les nouvelles<br />
technologies, <strong>la</strong> donne est changée, <strong>de</strong> nouveaux modèles économiques apparaissent<br />
inaccessibles aux pouvoirs publics.<br />
On assiste à un bouleversement <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pensée tant au niveau technique<br />
qu’économique. <strong>Le</strong>s géants mondiaux <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
communication Google, Yahoo, Microsoft et d’autres comme Tomtom, Nokia<br />
viennent offrir à l’usager (avec l’illusion <strong>de</strong> <strong>la</strong> gratuité) <strong>de</strong>s services qui relevaient a<br />
priori <strong>de</strong>s responsabilités <strong>de</strong>s états.<br />
Ces nouveaux services, avec ou sans GPS, apparaissent comme <strong>de</strong>s sous-produits <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> diffusion massive <strong>de</strong>s communications. Une couverture extensive du réseau<br />
routier, y compris les zones rurales, est assurée. Aucune infrastructure ou matériel<br />
supplémentaire ne sont nécessaires. Ce<strong>la</strong> n’implique aucune immobilisation d'une<br />
partie <strong>de</strong>s routes pour cause <strong>de</strong> chantiers, et supprime une maintenance onéreuse.<br />
<strong>Le</strong> recueil manuel <strong>de</strong> données trafic<br />
Des accords <strong>de</strong> coopération existent entre les autorités <strong>de</strong> police et <strong>de</strong> gendarmerie et<br />
les autorités en charge <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion routière. <strong>Le</strong>s patrouilles sur le terrain font<br />
remonter les informations dont elles disposent.
70 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Sur le réseau autoroutier, les barrières <strong>de</strong> péages aux entrées et sorties du réseau<br />
constituent <strong>de</strong>s capteurs. <strong>Le</strong>s patrouilleurs <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> gestion d’autoroutes<br />
collectent <strong>de</strong>s informations au même titre que les forces <strong>de</strong> police et <strong>de</strong> gendarmerie.<br />
La surveil<strong>la</strong>nce aérienne constitue un outil puissant. Elle n’est pas permanente et a<br />
lieu principalement les jours <strong>de</strong> départ en vacances ou pour les grands week-end.<br />
Plusieurs avions observent <strong>de</strong>s secteurs bien déterminés et transmettent les<br />
informations au CRICR par radio. Ces avions sont dirigés vers les zones les plus<br />
sensibles du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion routière (échangeurs importants et péages<br />
principalement).<br />
Dans les agglomérations urbaines, les réseaux <strong>de</strong> transports publics (<strong>la</strong> RATP à<br />
Paris) et les réseaux <strong>de</strong> taxis ont <strong>de</strong>s accords avec les autorités <strong>de</strong> gestion du trafic et<br />
les informent sur les difficultés <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion qu’elles rencontrent.<br />
Ces informations souvent qualitatives apportent néanmoins une contribution<br />
significative à <strong>la</strong> vision d’ensemble <strong>de</strong> l’état du trafic.<br />
LA DIFFUSION DE L’INFORMATION TRAFIC.<br />
Même si les technologies nouvelles <strong>de</strong> localisation et <strong>de</strong> communication permettent<br />
à <strong>de</strong>s sociétés privées <strong>de</strong> disposer d’informations enrichies ou inaccessibles par les<br />
moyens traditionnels, il n’en reste pas moins vrai que le recueil <strong>de</strong> données trafic et<br />
l’usage qui en est fait est assuré en gran<strong>de</strong> partie par <strong>la</strong> puissance publique au travers<br />
<strong>de</strong>s 7 centres régionaux CRICR, dont les données sont agrégées au niveau national<br />
par le CNIR.<br />
Il suffit <strong>de</strong> rappeler que les trois ministères <strong>de</strong> <strong>la</strong> Défense, <strong>de</strong> l’Intérieur et <strong>de</strong>s<br />
Transports assurent <strong>la</strong> gouvernance du Centre National d’Information Routière et<br />
<strong>de</strong>s 7 Centres régionaux pour souligner <strong>la</strong> prééminence <strong>de</strong>s pouvoirs publics dans ce<br />
domaine sensible <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité.<br />
La mission <strong>de</strong>s CRICR ne se limite pas à recueillir les flux <strong>de</strong> trafic mais à collecter<br />
également les informations concernant les chantiers, les acci<strong>de</strong>nts, les bouchons, les<br />
coupures <strong>de</strong> routes avec les déviations mises en p<strong>la</strong>ce, les manifestations, les<br />
conditions météorologiques. De nombreux partenaires, sociétés d’autoroutes,<br />
conseils généraux, acteurs du tourisme, Météo France et aussi les usagers,<br />
contribuent à cette collecte.<br />
<strong>Le</strong>s informations rassemblées sont vérifiées, analysées puis re<strong>la</strong>yées jusqu’au<br />
dispositif Bison Futé composé du Centre National d’Information Routière basé à<br />
Rosny-sous-Bois (CNIR) et <strong>de</strong>s 7 centres régionaux d’information et <strong>de</strong><br />
coordination routières (CRICR) imp<strong>la</strong>ntés à Bor<strong>de</strong>aux, Créteil, Lille, Lyon,<br />
Marseille, Metz et Rennes.<br />
<strong>Le</strong> problème qui se pose alors est : à quoi peut servir cette masse d’informations ? À<br />
qui <strong>la</strong> faire connaître ? Faut-il <strong>la</strong> faire payer ?<br />
De nombreuses informations telles que les acci<strong>de</strong>nts, les routes indisponibles, les<br />
zones <strong>de</strong> verg<strong>la</strong>s etc. concernent directement <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> <strong>la</strong> route et<br />
sont diffusées par les autorités publiques.
<strong>Le</strong>s systèmes d’information routière et d’ai<strong>de</strong> au dép<strong>la</strong>cement 71<br />
La diffusion sur Internet<br />
Si on va sur Internet, on trouve une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sites qui proposent gratuitement <strong>de</strong><br />
l’information trafic : Google Maps, Yahoo, Pages Jaunes, Sytadin, ViaMichelin,<br />
Médiamobile, InfoTrafic, Autoroute Trafic, Mappy… et bien sûr Bison Futé qui est<br />
le site officiel <strong>de</strong>s pouvoirs publics.<br />
Parmi tous ces fournisseurs d’informations trafic gratuites, <strong>de</strong>ux font l’essentiel du<br />
recueil <strong>de</strong> données : Bison Futé qui est le site du CNIR et Autoroute Trafic qui<br />
collecte directement l’information sur l’ensemble <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong>s Sociétés<br />
Françaises d’Autoroutes (ASFA).<br />
<strong>Le</strong>s sites se différencient par l’ergonomie et les informations qu’ils présentent. Ces<br />
sites sont en général très bien faits et très utiles avant le voyage… mais<br />
malheureusement, l’usager n’a plus en général accès à Internet en conduisant.<br />
À titre d’exemple, V-trafic (qui est le site <strong>de</strong> Médiamobile) renseigne <strong>la</strong> France<br />
entière, les régions, Paris et l’Ile <strong>de</strong> France ainsi que les gran<strong>de</strong>s villes. Il est<br />
possible d’accé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> météo, aux bouchons, aux acci<strong>de</strong>nts, aux travaux, aux<br />
fermetures <strong>de</strong> voies, aux radars fixes, stations services, parkings, webcams et aux<br />
stations Vélib pour Paris.<br />
La diffusion RDS/TMC<br />
<strong>Le</strong>s informations concernant l’état du trafic intéressent beaucoup l’usager qui<br />
cherche à diminuer ses temps <strong>de</strong> conduite en évitant les bouchons. Dès lors qu’il y a<br />
un besoin et une <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, une activité marchan<strong>de</strong> se crée. C’est ainsi que se<br />
développe une activité économique autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> commercialisation <strong>de</strong>s données<br />
trafic en temps réel.
72 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Certains opérateurs apportent <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur ajoutée à l’information basique gratuite en<br />
particulier en trouvant d’autres sources <strong>de</strong> données et en les diffusant en temps réel<br />
dans les véhicules afin d’alimenter les navigateurs dynamiques. C’est le cas <strong>de</strong><br />
Médiamobile et <strong>de</strong> ViaMichelin, pionniers <strong>de</strong> <strong>la</strong> télématique embarquée.<br />
Pour comprendre les mécanismes, il faut remonter le temps et faire un peu <strong>de</strong><br />
technique.<br />
<strong>Le</strong> radio data system (RDS) désigne un service <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> données<br />
numériques en parallèle avec les signaux audio diffusés par un émetteur radio<br />
principalement en ban<strong>de</strong> FM. La normalisation et les premiers déploiements <strong>de</strong> cette<br />
technologie datent d’une vingtaine d’années. <strong>Le</strong> RDS présente <strong>la</strong> particu<strong>la</strong>rité par<br />
rapport aux transmissions c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> données informatiques d’être<br />
unidirectionnel. <strong>Le</strong> récepteur, en général un autoradio RDS/TMC, ne peut pas<br />
envoyer d’acquittement en cas <strong>de</strong> mauvaise réception. Par suite, <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s<br />
détecteurs et correcteurs sont ajoutés aux messages ce qui consomme 40% <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
ban<strong>de</strong> passante du RDS ne <strong>la</strong>issant plus que <strong>de</strong>s débits <strong>de</strong> 700 bits/sec. RDS est<br />
l’ancêtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> radio numérique et a le mérite d’exister mais on peut penser qu’il<br />
disparaîtra avec l’avènement <strong>de</strong> DAB (Digital Audio Broadcast) dont les normes<br />
sont définies mais qui tar<strong>de</strong> à diffuser.<br />
RDS est souvent associé à TMC, acronyme <strong>de</strong> Trafic Message Chanel. Chaque<br />
information trafic est transmise dans un message TMC, codée selon <strong>la</strong> norme Alert-<br />
C. Cette norme contient une liste <strong>de</strong> 1460 évènements qui peuvent être traduits par<br />
le récepteur TMC dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>de</strong> l'utilisateur.<br />
La norme définit <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> co<strong>de</strong>r un événement trafic survenant sur le réseau<br />
routier et contient:<br />
• Un co<strong>de</strong> i<strong>de</strong>ntifiant <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> l'événement (acci<strong>de</strong>nt, bouchon,<br />
manifestation, etc.).<br />
• Un localisant pour situer l'endroit où l’événement a eu lieu.<br />
• Des informations complémentaires optionnelles.<br />
Alert-C est en même temps un protocole <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s messages RDS-TMC.<br />
<strong>Le</strong>s messages TMC inaudibles sur l’autoradio apparaissaient aux débuts <strong>de</strong><br />
RDS/TMC sur <strong>de</strong>s afficheurs à une ou <strong>de</strong>ux lignes.<br />
De plus en plus, on trouve <strong>de</strong>s « tuners » RDS/TMC intégrés à <strong>de</strong>s navigateurs GPS,<br />
ce qui permet <strong>de</strong> déco<strong>de</strong>r les messages, <strong>de</strong> les traduire graphiquement et <strong>de</strong> les<br />
afficher en temps réel sur l'écran d'un navigateur GPS. Ils peuvent alors être utilisés<br />
pour faire du routage dynamique permettant d’éviter les bouchons. La diffusion<br />
RDS/TMC est gratuite pour l’usager, mais le faible débit du canal TMC constitue<br />
un handicap. On peut penser que le RDS/TMC disparaîtra avec le déploiement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
radio numérique DAB qui permet un débit utile <strong>de</strong> 1.2 Mbit/s (débit global 2,4<br />
Mbit/s).
<strong>Le</strong>s systèmes d’information routière et d’ai<strong>de</strong> au dép<strong>la</strong>cement 73<br />
L’Internet mobile et le WAP<br />
L’idéal serait d’avoir Internet dans le véhicule. Avec l'émergence <strong>de</strong>s réseaux sans<br />
fil, ce<strong>la</strong> <strong>de</strong>vient possible mais avec <strong>de</strong>ux contraintes qui sont le débit et <strong>la</strong> taille<br />
réduite <strong>de</strong>s écrans.<br />
Qu’il s’agisse d’une console télématique intégrée par le constructeur automobile,<br />
d’un smart phone, d’un PDA ou d’un navigateur noma<strong>de</strong>, <strong>la</strong> liaison avec Internet se<br />
fait par un réseau sans fil. Dès lors, le débit du terminal est lié à <strong>la</strong> technologie,<br />
GSM, GPRS ou UMTS <strong>de</strong> l’usager abonné.<br />
Pour animer les terminaux graphiques <strong>de</strong>s nouvelles générations <strong>de</strong> smart phone<br />
(type Iphone <strong>de</strong> Apple) ou les navigateurs GPS, <strong>la</strong> technologie 3G UMTS donne <strong>de</strong>s<br />
performances acceptables. L’UMTS permet théoriquement <strong>de</strong>s débits <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong><br />
1,920 Mbit/s, mais les débits offerts par les opérateurs dépassent rarement<br />
400 kbit/s. Par ailleurs, le débit est différent suivant le lieu d'utilisation et <strong>la</strong> vitesse<br />
<strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> l’utilisateur, 150 kbit/s pour une utilisation mobile en zone rurale<br />
(<strong>voiture</strong>, train, etc.) et 400 kbit/s pour une utilisation piétonne en zone urbaine. Ceci<br />
a une influence importante sur <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> service à l’usager.<br />
<strong>Le</strong> téléphone mobile GSM <strong>de</strong> base avec un débit <strong>de</strong> 9,6 kbit/secon<strong>de</strong> ou même le<br />
GPRS ne peuvent donner satisfaction à l’usager pour <strong>de</strong> tels services.<br />
WAP (Wireless Application Protocol) définit <strong>la</strong> façon par <strong>la</strong>quelle les terminaux<br />
mobiles accè<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s services Internet.<br />
<strong>Le</strong> WAP définit aussi <strong>la</strong> manière dont les documents doivent être structurés, grâce à<br />
un <strong>la</strong>ngage dérivant du HTML et nommé WML (Wireless Markup Language) et un<br />
<strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> script baptisé WMLScript.<br />
L’Open Mobile Alliance, l’équivalent pour WAP du W3C (World Wi<strong>de</strong> Web<br />
Consortium), pour le HTML rédige les spécifications du protocole WAP afin <strong>de</strong><br />
permettre :<br />
• à n'importe quel terminal <strong>de</strong> pouvoir accé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s services en ligne,<br />
• <strong>de</strong> créer un protocole pouvant être utilisé sur n'importe quel réseau sans fil,<br />
• <strong>de</strong> définir les applications pouvant être réalisées,<br />
La diffusion <strong>de</strong>s informations routières sur <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> FM 107.7 MHz<br />
<strong>Le</strong>s radios généralistes (France Inter, Europe, Luxembourg..) diffusent <strong>de</strong>s bulletins<br />
d’informations routières et <strong>de</strong> conseil aux conducteurs surtout lors <strong>de</strong>s week-ends et<br />
<strong>de</strong>s vacances. Mais le réseau autoroutier français est couvert par <strong>de</strong>s radios<br />
spécialisées.<br />
La fréquence FM <strong>de</strong> 107.7 a été attribuée en 1989 par le CSA, et exclusivement en<br />
France à l'information routière. Toutes les radios d'informations routières doivent<br />
émettre sur 107.7 MHz.<br />
Autoroute FM, qui émet sur le réseau Cofiroute, est <strong>la</strong> plus ancienne radio<br />
autoroutière française, Radio Trafic FM couvre le réseau <strong>de</strong> 3000 Km <strong>de</strong> ASF et
74 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Escota au centre et au sud, Autoroute Info couvre le réseau APRR, Autoroutes Paris<br />
Rhin Rhône et 107.7 FM le réseau SANEF au nord.<br />
Ces radios diffusent <strong>de</strong>s « f<strong>la</strong>sh » d’information trafic tous les quarts d’heure, <strong>de</strong>s<br />
bulletins météo, <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s chantiers et <strong>de</strong>s reportages. L’intérêt <strong>de</strong> ces radios<br />
spécialisées est l’arrosage complet et sur une <strong>la</strong>rge zone <strong>de</strong>s automobilistes qui sont<br />
directement concernés par le trafic. Mais peu d’usagers sont formés à l’interprétation<br />
<strong>de</strong>s informations qui sont géo-localisées à <strong>de</strong>s points kilométriques (PK).<br />
<strong>Le</strong>s P.M.V. (Panneaux à Messages Variables)<br />
<strong>Le</strong>s P.M.V. (Panneaux à Messages Variables) constituent un système d'information<br />
à l'usager. Ces P.M.V. peuvent être gérés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons : automatiquement par<br />
l'unité <strong>de</strong> gestion, manuellement par l'opérateur.<br />
Un PMV possè<strong>de</strong> un certain nombre d’attributs : un numéro logique, le nom <strong>de</strong><br />
l'axe, le sens <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion, le point <strong>de</strong> repère d'imp<strong>la</strong>ntation sur <strong>la</strong> voirie, le numéro<br />
<strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong> gestion à <strong>la</strong>quelle il est rattaché, le numéro <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> gestion<br />
(manuelle ou automatique), le nombre <strong>de</strong> lignes du P.M.V. (au plus 2), le nombre <strong>de</strong><br />
caractères par ligne (au plus 18), <strong>la</strong> puissance électrique consommée en mo<strong>de</strong> jour,<br />
nuit…<br />
<strong>Le</strong>s PMV sont <strong>de</strong>s équipements dynamiques qui diffusent <strong>de</strong>s messages en temps<br />
réel. Ceux-ci doivent être conformes aux normes, décrets et règlements en vigueur.<br />
Ces messages peuvent porter sur les caractéristiques du trafic automobile, bouchons<br />
ou ralentissements, les conditions météos, <strong>la</strong> température, le temps <strong>de</strong> parcours<br />
prévisionnel, etc.<br />
Affichage <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> parcours par P.M.V sur le périphérique <strong>de</strong> Paris<br />
<strong>Le</strong>s temps <strong>de</strong> parcours qui sont annoncés sur les P.M.V. du périphérique parisien<br />
sont re<strong>la</strong>tivement fiables.
<strong>Le</strong>s systèmes d’information routière et d’ai<strong>de</strong> au dép<strong>la</strong>cement 75<br />
Notons toutefois que les P.M.V constituent <strong>de</strong>s canaux d’informations limités, et<br />
onéreux. Un panneau coûte <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 150 K€…et son intérêt est local.<br />
On peut imaginer dans un futur proche un serveur <strong>de</strong> PMV tel que les PMV seront<br />
restitués sur le tableau <strong>de</strong> bord du véhicule par une communication « infrastructure<br />
vers véhicule » du type DSRC ou par communication 3G.<br />
Signalons enfin que le CNIR offre un service téléphonique permanent et gratuit sur<br />
le n° VERT 0 800 100 200, permettant <strong>de</strong> choisir le meilleur itinéraire, d’avoir un<br />
aperçu <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s routes principales et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion ou bien encore<br />
<strong>de</strong> connaître les risques <strong>de</strong> difficultés, voire d’impossibilité <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement.<br />
Un peu d’humour
CHAPITRE 5<br />
LES NOUVEAUX MODES DE MOBILITE<br />
COVOITURAGE<br />
<strong>Le</strong> covoiturage (en ang<strong>la</strong>is le car pooling) est une solution très simple qui n’a rien <strong>de</strong><br />
technique et relève du bon sens. C’est un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement dans lequel plusieurs<br />
usagers partagent sur un trajet donné le même véhicule plutôt que <strong>de</strong> rouler seuls et<br />
séparément dans leurs <strong>voiture</strong>s.<br />
L’autostop est une forme ancienne du covoiturage. À <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> l’autostop qui<br />
est une démarche à sens unique d’une personne qui cherche une <strong>voiture</strong> pour le<br />
transporter et ne participe pas aux frais, le covoiturage est une p<strong>la</strong>nification <strong>de</strong> trajet<br />
entre personnes qui négocient le partage <strong>de</strong>s frais, déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> qui fournit le véhicule<br />
et qui assure <strong>la</strong> conduite.<br />
Pour mesurer l’efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> solution, prenons un exemple simple dans lequel<br />
quarante personnes habitent <strong>la</strong> même zone rési<strong>de</strong>ntielle et se ren<strong>de</strong>nt tous les jours<br />
dans <strong>la</strong> même zone d’activité économique. Faute <strong>de</strong> transports publics, <strong>la</strong> solution <strong>la</strong><br />
plus efficace serait d’affréter un bus <strong>de</strong> quarante p<strong>la</strong>ces. La plus mauvaise solution<br />
consiste à ce que les quarante personnes aillent seules au travail dans leur <strong>voiture</strong>.<br />
<strong>Le</strong> covoiturage consiste à ce que les personnes se regroupent par quatre et utilisent<br />
dix <strong>voiture</strong>s. On observe que l’auto partage apporte <strong>de</strong>s réponses positives à tous les<br />
problèmes : on a diminué <strong>de</strong> 75% <strong>la</strong> consommation d’énergie et par conséquent les<br />
émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre, on a divisé par quatre le nombre <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s ce qui<br />
augmente d’autant <strong>la</strong> fluidité du trafic et diminue <strong>la</strong> probabilité d’acci<strong>de</strong>nt. Et au<br />
niveau individuel, les quarante usagers divisent leurs coûts <strong>de</strong> transport par quatre.<br />
La solution usuelle<br />
La solution <strong>la</strong> meilleure<br />
La solution covoiturage<br />
On distingue <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> covoiturage : le covoiturage régulier souvent <strong>de</strong> type<br />
domicile - travail et le covoiturage ponctuel qui correspond à <strong>de</strong> plus longs trajets.
78 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Internet constitue un outil puissant pour favoriser les nombreuses variantes du<br />
covoiturage. <strong>Le</strong>s sites se spécialisent, ainsi pour les grands trajets en <strong>voiture</strong> <strong>de</strong>s<br />
sites tels que http://www.123en<strong>voiture</strong>.com/, http://www.covoiturage.com/, mettent<br />
en re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s propriétaires <strong>de</strong> véhicules effectuant <strong>de</strong> longs trajets avec d’éventuels<br />
autostoppeurs. Ce type <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement a un réel succès auprès <strong>de</strong>s jeunes qui<br />
peuvent se dép<strong>la</strong>cer avec <strong>de</strong>s budgets limités. <strong>Le</strong> propriétaire annonce son type <strong>de</strong><br />
véhicule, son trajet, ses horaires et le coût qui peut être partagé par plusieurs. <strong>Le</strong>s<br />
« co<strong>voiture</strong>urs » doivent s’inscrire sur le site, mais l’inscription peut être gratuite. La<br />
tenue du site est financée par <strong>la</strong> publicité et constitue une vitrine <strong>de</strong> savoir-faire pour<br />
vendre <strong>de</strong>s sites privés à <strong>de</strong>s entreprises ou à <strong>de</strong>s collectivités.<br />
Pour les dép<strong>la</strong>cements réguliers et <strong>de</strong> courtes distances du type domicile - travail,<br />
l’ADEME (Agence De l’Environnement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Maîtrise <strong>de</strong> l’Energie) encourage<br />
les entreprises, les établissements sco<strong>la</strong>ires, les collectivités à mettre en œuvre <strong>de</strong>s<br />
p<strong>la</strong>ns <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cements visant à économiser l’énergie et à diminuer les émissions <strong>de</strong><br />
gaz à effet <strong>de</strong> serre.<br />
Une incitation financière pour développer le covoiturage est <strong>la</strong> création <strong>de</strong> voies<br />
privilégiées sur les autoroutes à péage. <strong>Le</strong>s HOV « High Occupancy Vehicles<br />
Lanes » sont très répandues en Amérique du Nord où les autoroutes urbaines à péage<br />
sont nombreuses.<br />
En région parisienne, sur l’autoroute à péage A14, <strong>la</strong> gratuité à tout véhicule<br />
transportant au moins trois personnes effectuant, au plus, un aller-retour par jour<br />
ouvré est accordé pour favoriser le covoiturage.<br />
Malgré les efforts <strong>de</strong> l’ADEME, du CERTU (Centre d’Etu<strong>de</strong>s sur les Réseaux, les<br />
Transports et l’Urbanisme) et <strong>de</strong> nombreuses collectivités, comités d’entreprises ou<br />
compagnies d’assurance, le covoiturage peine à se développer en France.<br />
L’AUTOPARTAGE<br />
L’autopartage (en ang<strong>la</strong>is car sharing) est un mo<strong>de</strong> d’usage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> dans lequel<br />
un véhicule est mis à disposition <strong>de</strong> l’adhérent du service d’autopartage, sur<br />
réservation, pour une durée donnée. La principale spécificité tient à <strong>la</strong> notion <strong>de</strong><br />
propriété. L’usager n’achète plus un véhicule, autrement dit un bien matériel, mais<br />
un service sous forme d’un droit d’usage.<br />
Il y a plus <strong>de</strong> trente millions <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s particulières en France et, en moyenne,<br />
chaque <strong>voiture</strong> roule moins d’une <strong>de</strong>mi-heure par jour. Il suffit <strong>de</strong> se promener dans<br />
une gran<strong>de</strong> ville pour se persua<strong>de</strong>r du fait qu’il y a beaucoup plus <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s qui<br />
sont en stationnement (donc qui ne servent à rien) que <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s qui roulent. <strong>Le</strong><br />
parc <strong>de</strong> trente-cinq millions <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s qui ne servent qu’une <strong>de</strong>mi-heure par jour<br />
représente <strong>la</strong> quintessence <strong>de</strong> l’absurdité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mauvaise gestion au niveau <strong>de</strong><br />
l’économie du pays.<br />
Selon ses besoins du moment, l’usager souhaite tel ou tel type <strong>de</strong> véhicule. Il a<br />
besoin d’un petit véhicule pour ses dép<strong>la</strong>cements domicile - travail, d’un véhicule<br />
familial plus spacieux pour ses week-ends ou ses vacances, d’un utilitaire pour
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 79<br />
dép<strong>la</strong>cer <strong>de</strong>s objets encombrants. L’autopartage permet <strong>de</strong> répondre à ses besoins<br />
variés.<br />
<strong>Le</strong>s coûts d'achat, d'entretien <strong>de</strong>s véhicules et les tracas <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ces <strong>de</strong><br />
stationnement sont mutualisés au service d'autopartage.<br />
En milieu urbain, l’autopartage <strong>de</strong>vient une véritable alternative à <strong>la</strong> propriété<br />
individuelle d'une <strong>voiture</strong> et <strong>de</strong>vrait continuer à se développer dans les années à<br />
venir.<br />
L’autopartage se distingue <strong>de</strong> <strong>la</strong> location <strong>de</strong> <strong>voiture</strong> traditionnelle sur plusieurs<br />
points :<br />
• <strong>Le</strong>s usagers <strong>de</strong> l’autopartage sont membres. <strong>Le</strong>ur permis <strong>de</strong> conduire a été au<br />
préa<strong>la</strong>ble vérifié et un mécanisme <strong>de</strong> contrôle d’i<strong>de</strong>ntité et <strong>de</strong> paiement a été<br />
enregistré.<br />
• L’autopartage n’est pas limité aux heures ouvrables.<br />
• La réservation, <strong>la</strong> prise en main et le retour du véhicule sont faites par l’usager.<br />
• <strong>Le</strong> véhicule peut être loué à l’heure ou à <strong>la</strong> journée.<br />
• <strong>Le</strong>s véhicules sont disponibles souvent près <strong>de</strong>s points d’accès aux transports<br />
publics pour assurer <strong>la</strong> multi modalité.<br />
Autolib est un grand projet <strong>de</strong> mise en p<strong>la</strong>ce sur <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris d’un parc<br />
significatif <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s en autopartage qui en plus seraient à motorisation électrique<br />
donc non polluante. En attendant le déploiement <strong>de</strong> Autolib, <strong>la</strong> Mairie <strong>de</strong> Paris a<br />
créé un <strong>la</strong>bel Autopartage « autopartage, <strong>la</strong>bel Paris » qui a été attribué à cinq<br />
acteurs <strong>de</strong> l'autopartage (Caisse-Commune, Carbox, Connect by Hertz, Mobizen et<br />
Okigo). Ce <strong>la</strong>bel permet aux opérateurs <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s en autopartage sur <strong>de</strong>s<br />
« p<strong>la</strong>ces sur voirie » réservées et gardées par <strong>de</strong>s arceaux. Il existe aussi <strong>de</strong>s<br />
solutions d'autopartage réservées aux entreprises et à leurs sa<strong>la</strong>riés.<br />
La ville <strong>de</strong> La Rochelle a été pionnière dans le déploiement <strong>de</strong> l’autopartage. <strong>Le</strong><br />
retour d’expérience montre que les usagers sont satisfaits <strong>de</strong> <strong>la</strong> formule mais que les<br />
principales réserves concernent le nombre limité <strong>de</strong> stations où l’on peut se procurer<br />
et retourner les véhicules.<br />
<strong>Le</strong> projet Autolib est très prometteur, mais sa mise en p<strong>la</strong>ce est plus complexe car<br />
les véhicules sont à motorisation électrique et que les p<strong>la</strong>ces <strong>de</strong> stationnement<br />
réservées à ces <strong>voiture</strong>s <strong>de</strong>vront être multipliées. Outre le système électronique <strong>de</strong><br />
tarification pour accé<strong>de</strong>r au véhicule, il faut concevoir les dispositifs <strong>de</strong> recharge <strong>de</strong>s<br />
batteries sur les p<strong>la</strong>ces <strong>de</strong> stationnement.
80 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
VELIB<br />
Vélib est une forme d’autopartage<br />
pour les vélos en<br />
service à Paris <strong>de</strong>puis 2007.<br />
<strong>Le</strong> service a enregistré plus <strong>de</strong><br />
50 millions <strong>de</strong> locations et 6<br />
millions d’abonnements à durée<br />
limitée.<br />
Il y a déjà 170 000 abonnés à<br />
l’année et Vélib est compatible<br />
avec <strong>la</strong> carte Navigo.<br />
L’autopartage et le covoiturage sont <strong>de</strong>s concepts voisins et parfois confondus par le<br />
grand public. Ils ont en commun <strong>de</strong> chercher à augmenter <strong>la</strong> productivité <strong>de</strong>s<br />
véhicules qui sont <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement onéreux, l’un en remplissant au<br />
maximum le véhicule sur un temps limité, l’autre en faisant circuler le même<br />
véhicule le plus <strong>de</strong> temps possible sur une journée.<br />
<strong>Le</strong> réseau <strong>de</strong> stations « Autopartage » déjà en service à Paris
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 81<br />
<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux concepts peuvent d’ailleurs coexister et on peut faire du covoiturage dans<br />
une <strong>voiture</strong> autopartagée.<br />
S’il était généralisé, l’autopartage conduirait à réduire <strong>de</strong> manière très significative<br />
le parc <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s dans les villes. Ce<strong>la</strong> contribuerait à résoudre les problèmes <strong>de</strong><br />
congestion en abaissant le nombre <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s inutilisées qui encombrent les rues.<br />
La qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s citadins augmenterait <strong>de</strong> manière significative. Il suffit<br />
d’imaginer les villes avec 20% <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s en moins le long <strong>de</strong>s trottoirs.<br />
Observons qu’un taxi est une <strong>voiture</strong> en autopartage dans <strong>la</strong>quelle le conducteur est<br />
fourni en même temps que <strong>la</strong> <strong>voiture</strong>. C’est pourquoi l’augmentation du nombre <strong>de</strong><br />
taxis en service dans les agglomérations constitue une solution efficace pour<br />
diminuer <strong>la</strong> congestion et augmenter <strong>la</strong> sécurité tout en créant <strong>de</strong>s emplois. <strong>Le</strong><br />
rapport Attali a bien mis en relief ces points, mais <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> ce secteur par les<br />
pouvoirs publics au travers <strong>de</strong>s licences d’exploitation empêche d’exploiter ce<br />
réservoir <strong>de</strong> gains en termes d’énergie, <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> mobilité. Nous <strong>de</strong>vons<br />
souhaiter qu’un dirigeant politique vienne enfin résoudre cette aberration<br />
économique et écologique.<br />
L’autopartage constitue aussi <strong>la</strong> solution efficace pour compléter les transports <strong>de</strong><br />
masse (qui sont très efficaces lorsque <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est assez forte) soit<br />
géographiquement (le <strong>de</strong>rnier kilomètre), soit temporairement (pour offrir un<br />
transport aux heures creuses).<br />
LE TRANSPORT AUTOMATISE PERSONNALISE (TAP)<br />
En ang<strong>la</strong>is, il s’agit du PRT (Personal Rapid Transit), parfois appelé PAT (Personal<br />
Automated Transport) ou encore podcar. Il n’y a pas <strong>de</strong> PRT en France même si<br />
notre pays a été pionnier avec le concept ARAMIS qui n’a pas abouti, et<br />
aujourd’hui, nous nous trouvons non seulement sans PRT mais aussi sans nom dans<br />
notre <strong>la</strong>ngue pour le désigner…. alors je propose TAP.<br />
Ceci n’est pas tout à fait vrai car le VAL (Véhicule Léger Automatisé) qui <strong>de</strong>ssert<br />
Lille ressemble à bien <strong>de</strong>s égards à un PRT, en particulier par ses automatismes,<br />
mais <strong>de</strong> par sa structure en ligne, sa taille et son débit, il rentre dans <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong>s<br />
minis métros ou tramways.<br />
<strong>Le</strong> TAP est un mini réseau <strong>de</strong> transport totalement automatisé qui, à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’usager, effectue <strong>de</strong>s trajets directs entre <strong>de</strong>s stations fixes. On peut le percevoir<br />
comme un ascenseur horizontal, dont les points d’appel aux étages sont <strong>de</strong>s stations<br />
mais qui disposerait d’aiguil<strong>la</strong>ges permettant <strong>de</strong> passer d’immeuble en immeuble.<br />
La figure ci-<strong>de</strong>ssous représente un exemple <strong>de</strong> réseau possible dont les mailles<br />
peuvent être <strong>de</strong> quelques centaines <strong>de</strong> mètres. <strong>Le</strong>s rectangles noirs sur les mailles<br />
représentent les stations avec un dédoublement <strong>de</strong> voie permettant les dép<strong>la</strong>cements.<br />
<strong>Le</strong>s trains <strong>de</strong> banlieue, les RER, les métros et les tramways sont <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong><br />
transport linéaires <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> capacité sur <strong>de</strong>s distances <strong>de</strong> plusieurs dizaines <strong>de</strong><br />
kilomètres avec un mail<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s stations al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> 500m à plusieurs kilomètres. Au<br />
contraire, le TAP propose <strong>de</strong>s petites <strong>voiture</strong>s <strong>de</strong> quatre à une vingtaine <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ces
82 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
fonctionnant sur un réseau maillé avec <strong>de</strong>s arrêts espacés <strong>de</strong> quelques centaines <strong>de</strong><br />
mètres.<br />
Schéma explicatif d’un réseau maillé <strong>de</strong> TAP.<br />
Typiquement, le TAP est adapté pour <strong>de</strong>sservir les zones habitées autour <strong>de</strong>s gares<br />
<strong>de</strong> trains ou RER, les aéroports, les zones d’activité économique, les centres villes,<br />
les campus universitaires ou hospitaliers, les grands centres d’affaires, les parc<br />
nationaux …<br />
<strong>Le</strong>s principales caractéristiques qui définissent un TAP sont :<br />
• <strong>Le</strong>s véhicules sont totalement automatisés c'est-à-dire sans conducteur humain,<br />
• <strong>Le</strong>s véhicules circulent en site dédié, sur un mail<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> voies réservées,<br />
• <strong>Le</strong>s véhicules sont <strong>de</strong> faible taille (<strong>de</strong> 2 à 20 personnes),<br />
• La <strong>de</strong>sserte <strong>de</strong>s stations peut être p<strong>la</strong>nifiée et fixe aux heures <strong>de</strong> forte<br />
affluence ou à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux heures creuses,<br />
• <strong>Le</strong>s usagers montent et <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s points fixes comme pour les arrêts <strong>de</strong><br />
bus ou les stations <strong>de</strong> taxis,<br />
• <strong>Le</strong>s points d’arrêt se font en quittant <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> façon à ne pas empêcher les<br />
autres <strong>voiture</strong>s <strong>de</strong> doubler,
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 83<br />
• La traction électrique utilisée réduit <strong>la</strong> pollution et les nuisances sonores,<br />
• <strong>Le</strong> TAP est totalement automatisé au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> conduite, du routage et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
billettique,<br />
• <strong>Le</strong> mouvement <strong>de</strong>s véhicules est coordonné pour optimiser les flux,<br />
• <strong>Le</strong>s véhicules peuvent circuler en peloton, permettant <strong>la</strong> création en<br />
dynamique <strong>de</strong> trains.<br />
Il existe assez peu <strong>de</strong> réalisations en service qui satisfont à ces critères et, en<br />
particulier, qui ont un véritable réseau maillé automatisé.<br />
La notion d’appel à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’un véhicule par l’usager est un concept fort et<br />
beaucoup <strong>de</strong> systèmes n’y satisfont que partiellement : on parle alors <strong>de</strong> quasi PAT.<br />
C’est le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville universitaire américaine <strong>de</strong> Morgantown aux USA où le TAP<br />
fut mis en service en 1975. Il s’agit en fait d’une liaison linéaire <strong>de</strong> 14 Km entre les<br />
campus disjoints <strong>de</strong> <strong>la</strong> West Virginia University. <strong>Le</strong> réseau comprend 5 stations<br />
d’arrêt et dép<strong>la</strong>ce en moyenne 16 000 personnes par jour dans <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s <strong>de</strong> 20<br />
p<strong>la</strong>ces environ.<br />
Un projet en cours d’instal<strong>la</strong>tion et très médiatisé est celui <strong>de</strong> l’ULTra (pour Urban<br />
Light Transport) dont <strong>la</strong> première instal<strong>la</strong>tion commerciale est <strong>la</strong> <strong>de</strong>sserte <strong>de</strong><br />
l’aéroport <strong>de</strong> Heathrow à Londres. L’ULTra <strong>de</strong> <strong>la</strong> société ATS (Advanced Transport<br />
System) bénéficie d’un <strong>de</strong>sign soigné. La première tranche comprend 18 véhicules<br />
sur une ligne <strong>de</strong> 3,9 Km. <strong>Le</strong>s simu<strong>la</strong>tions montrent que l’usager appe<strong>la</strong>nt une <strong>voiture</strong><br />
sera servie dans un temps moyen <strong>de</strong> 12 secon<strong>de</strong>s avec 95% <strong>de</strong>s personnes attendant<br />
moins d’une minute. Si elles sont vérifiées, ces performances sont tout à fait<br />
acceptables. La vitesse maximale est <strong>de</strong> 40 Km/H. <strong>Le</strong>s <strong>voiture</strong>s possè<strong>de</strong>nt 4 p<strong>la</strong>ces<br />
assises et peuvent transporter 500kg. Un pack batterie aci<strong>de</strong> plomb <strong>de</strong> 2 KW assure<br />
<strong>la</strong> traction, <strong>la</strong> recharge se faisant en « biberonnage » en station. <strong>Le</strong> guidage sur <strong>la</strong><br />
voie <strong>de</strong> roulement en béton est assuré par mesure <strong>la</strong>ser <strong>de</strong>s distances aux parois.<br />
Masdar dans l’émirat d’Abou Dhabi est, avec Dongtan en Chine, un projet<br />
ambitieux d’urbanisme écologique visant à concevoir et construire <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>main avec les technologies les plus évoluées d’aujourd’hui. L'objectif écologique<br />
consiste à utiliser les énergies renouve<strong>la</strong>bles pour atteindre un niveau zéro<br />
d’émission <strong>de</strong> gaz carbonique. L’électricité sera générée par <strong>de</strong>s panneaux<br />
photovoltaïques, et l’air conditionné sera produit via l’énergie so<strong>la</strong>ire. La société<br />
hol<strong>la</strong>ndaise 2GetThere a été choisie pour équiper <strong>la</strong> ville future <strong>de</strong> Masdar d’un<br />
réseau TAP. La technologie <strong>de</strong> 2GetThere est semb<strong>la</strong>ble à celle <strong>de</strong> ATS pour ce qui<br />
est <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s, du réseau, <strong>de</strong>s fonctionnalités mais diffère sur <strong>de</strong>ux points<br />
essentiels :<br />
• <strong>Le</strong> guidage <strong>de</strong>s véhicules à Masdar est assuré par <strong>de</strong>s plots magnétiques p<strong>la</strong>cés<br />
dans <strong>la</strong> chaussée tous les cinq mètres environ alors que ATS a retenu un<br />
guidage <strong>la</strong>ser.<br />
• 2GetThere utilise <strong>de</strong>s batteries lithium iron phosphate en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>ssiques<br />
batteries aci<strong>de</strong> plomb pour ATS.
84 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
<strong>Le</strong> réseau <strong>de</strong> Masdar sera souterrain et les habitants ne <strong>de</strong>vront pas marcher plus <strong>de</strong><br />
200 mètres pour atteindre une station. <strong>Le</strong>s cabines pourront être appelées sur<br />
pression d'un bouton en station, et choisiront en fonction du trafic et <strong>de</strong>s trajets<br />
possibles le plus court chemin.<br />
<strong>Le</strong>s cabines assureront le transport <strong>de</strong>s passagers, mais aussi du fret en ville ainsi<br />
que l'évacuation <strong>de</strong>s déchets.<br />
L’ULTra en gare lors <strong>de</strong>s<br />
expérimentations<br />
Prototype <strong>de</strong> cabine à Masdar<br />
LES CYBERCARS<br />
Si les mots en <strong>la</strong>ngue française manquent pour désigner les technologies émergentes,<br />
les frontières entre les concepts sont souvent imprécises. Ainsi les Transports<br />
Automatiques Personnalisés (TAP) et les cybercars ont bien <strong>de</strong>s points communs.<br />
<strong>Le</strong>s TAP sont <strong>de</strong>s cabines d’ascenseurs horizontaux et automatisées évoluant sur un<br />
réseau maillé fixe et ces cabines sont contrôlées par un système informatique<br />
centralisé. La possibilité d’un service sur appel à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> tient au fait que chaque<br />
cabine est dérivée au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> station, ce qui permet aux autres cabines <strong>de</strong><br />
doubler.<br />
<strong>Le</strong>s cybercars sont <strong>de</strong>s véhicules routiers avec <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> conduite totalement<br />
automatique. Une flotte <strong>de</strong> tels véhicules constitue un système <strong>de</strong> transport à <strong>la</strong><br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> avec <strong>de</strong>s services porte-à-porte sur une infrastructure ordinaire ou<br />
légèrement instrumentée. La gran<strong>de</strong> différence est <strong>la</strong> possibilité d’utiliser <strong>de</strong>s<br />
infrastructures ordinaires, même si les spécialistes pensent qu’il ne sera pas possible<br />
<strong>de</strong> faire circuler les cybercars au milieu du trafic c<strong>la</strong>ssique (ne serait-ce pour <strong>de</strong>s<br />
questions <strong>de</strong> réglementation). Mais <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> piétons ou <strong>de</strong> cyclistes ne semble<br />
pas poser <strong>de</strong> problèmes trop difficiles, au moins pour <strong>de</strong>s vitesses inférieures à<br />
30km/h. Bien entendu, il est possible <strong>de</strong> réaliser un TAP avec <strong>de</strong>s cybercars et les<br />
systèmes <strong>de</strong> ATS et <strong>de</strong> 2GetThere sont d’ailleurs basés sur <strong>de</strong>s cybercars. Mais ceci<br />
n’est pas le cas <strong>de</strong> tous les TAP (cf. le système Vectus http://www.vectusprt.com/ ).
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 85<br />
La première expérimentation d’un TAP basé sur les cybercars est le park shuttle à<br />
l’aéroport Schiphol en Hol<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, qui date <strong>de</strong> 1997. <strong>Le</strong>s autorités aéroportuaires<br />
d’Amsterdam ont choisi <strong>de</strong> mettre une navette automatisée à l‘intérieur du parking<br />
<strong>voiture</strong>s longue durée pour rejoindre les navettes <strong>de</strong> l’aéroport. <strong>Le</strong> park shuttle est<br />
donc une navette sans chauffeur sur un parcours linéaire ayant les caractéristiques<br />
suivantes : service à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, capacité <strong>de</strong> 400 passagers par heure, service 24H<br />
sur 24, 7 jours sur sept, 7 stations d’arrêt, vitesse <strong>de</strong> 40 Km/H maximum. <strong>Le</strong><br />
véhicule se dép<strong>la</strong>ce sur une chaussée asphaltée normale, franchit les intersections<br />
qui sont protégées par <strong>de</strong>s feux contrôlés par le superviseur et dispose <strong>de</strong> capteurs<br />
<strong>de</strong> détections d’obstacles faisant office <strong>de</strong> bouclier <strong>de</strong> sécurité.<br />
D’autres réalisations ont été conduites comme lors <strong>de</strong>s Floria<strong>de</strong>s 2002 (également en<br />
Hol<strong>la</strong>n<strong>de</strong>) avec les cybercars développés par Yamaha. Près <strong>de</strong> 400 000 passagers ont<br />
été transportés sur six mois par 25 cybercars au sommet d’une colline pour observer<br />
l’exposition florale.<br />
<strong>Le</strong> concept Serpentine, inventé par Bernard Saugy à l’EPFL (Ecole Polytechnique<br />
Fédérale <strong>de</strong> Lausanne) a été testé sur les quais du <strong>la</strong>c <strong>de</strong> Genève à Ouchy pendant<br />
trois années. Sa principale caractéristique est d’être alimenté par induction et dirigé<br />
par un rail magnétique invisible p<strong>la</strong>cé dans <strong>la</strong> chaussée.<br />
En France, dans le parc Vulcania, près <strong>de</strong> Clermont-Ferrand, trois véhicules<br />
autonomes construits par Robosoft et guidés par GPS différentiel sont en service<br />
pour transporter les visiteurs.<br />
Franchissement d’une intersection par<br />
une navette automatisée à Schiphol<br />
<strong>Le</strong>s cybercars <strong>de</strong> Yamaha à Floria<strong>de</strong><br />
2002 sont filoguidés<br />
<strong>Le</strong>s cybercars et les CTS (Cyber Transport Systems) ont été étudiés <strong>de</strong>puis une<br />
dizaine d’années dans le cadre <strong>de</strong> plusieurs contrats financés par l’Europe, en<br />
particulier, les projets CyberCars, CyberMove, Edict, Netmobil, CityMobil. Michel<br />
Parent à l’INRIA a joué un rôle moteur dans l’animation <strong>de</strong> ces projets.<br />
De nombreuses démonstrations <strong>de</strong> savoir-faire ont été faites à travers l’Europe, mais<br />
aucun système en réseau maillé n’a encore été déployé au niveau opérationnel.
86 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
<strong>Le</strong>s applications concernent le transport <strong>de</strong>s visiteurs sur <strong>de</strong>s sites touristiques ou<br />
d’exposition à basse vitesse. <strong>Le</strong>s freins au déploiement sont probablement <strong>la</strong> prise <strong>de</strong><br />
risque au niveau économique et les problèmes <strong>de</strong> responsabilité juridique puisque <strong>la</strong><br />
convention <strong>de</strong> Vienne n’autorise pas <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> véhicules sans conducteur.<br />
Cependant, on peut penser que les cybercars, qui sont en fait <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s, pourront<br />
se développer <strong>de</strong> façon économique en bénéficiant du savoir-faire <strong>de</strong>s constructeurs<br />
automobiles puisque <strong>de</strong> nombreux composants sont les mêmes.<br />
L’aspect économique<br />
Il est naturellement difficile <strong>de</strong> conduire <strong>de</strong>s analyses économiques sur <strong>de</strong>s<br />
technologies qui n’existent pas encore.<br />
On peut toutefois dire <strong>de</strong> manière qualitative, que dans les zones à forte<br />
concentration démographique, les transports collectifs constituent <strong>la</strong> solution<br />
optimale. Au contraire dans les zones peu urbanisées, avec un habitat dispersé, <strong>la</strong><br />
<strong>voiture</strong> individuelle constitue <strong>la</strong> solution <strong>la</strong> plus économique.<br />
Pour chaque mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transport, il faut analyser <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s coûts, et le partage<br />
<strong>de</strong> ces coûts entre <strong>la</strong> collectivité et les particuliers. Chaque mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transport<br />
conduit notamment à :<br />
• Un coût d’investissement initial.<br />
• Un coût d’exploitation : coût annuel <strong>de</strong> l’entretien et <strong>de</strong> <strong>la</strong> maintenance.<br />
• Un coût social tenant compte <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts, <strong>de</strong> <strong>la</strong> pollution, <strong>de</strong> <strong>la</strong> congestion,<br />
du bruit, <strong>de</strong> l’espace occupé.<br />
Avec <strong>la</strong> fiscalité, le pouvoir politique dispose d’un puissant outil d’arbitrage entre le<br />
coût privé et le coût public, en jouant sur <strong>la</strong> tarification <strong>de</strong>s transports publics ou sur<br />
<strong>la</strong> taxe sur les produits pétroliers par exemple.<br />
<strong>Le</strong> coût privé est constitué du coût direct pour l’automobiliste (comprenant les<br />
charges d’acquisition, <strong>de</strong> possession et d’utilisation <strong>de</strong> son véhicule), <strong>de</strong>s recettes<br />
tarifaires acquittées par les usagers <strong>de</strong>s transports collectifs, <strong>de</strong> <strong>la</strong> valorisation du<br />
temps passé par l’usager dans les transports.<br />
<strong>Le</strong> coût public est constitué <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence entre le coût global (présenté net <strong>de</strong><br />
toute fiscalité) et le coût privé. Il correspond au financement public au titre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
voirie, et aux subventions d’exploitation et d’investissement pour les transports<br />
collectifs. Il comprend aussi les coûts sociaux supportés par <strong>la</strong> collectivité.<br />
Une étu<strong>de</strong> comparative entre le RER et l’automobile sur voirie c<strong>la</strong>ssique, utilisant<br />
l’analyse précé<strong>de</strong>nte a établi que, actuellement, dans un cercle <strong>de</strong> 20 Km <strong>de</strong> rayon<br />
autour <strong>de</strong> Paris, l’efficacité socio-économique du RER est plus gran<strong>de</strong> que celle <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> <strong>voiture</strong>. À 20 Km environ du centre <strong>de</strong> Paris, se situe le « point » pour lequel il est<br />
indifférent pour <strong>la</strong> collectivité que soit utilisé un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transport plutôt qu’un<br />
autre.<br />
Un calcul même approché sur les aspects économiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> route automatisée est<br />
difficile, car il suppose <strong>la</strong> modification du parc <strong>de</strong> véhicules existant.
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 87<br />
On peut cependant faire <strong>de</strong>s remarques qualitatives. Actuellement, <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur d’une<br />
voie routière est en France <strong>de</strong> 3,5 m, alors que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s véhicules particuliers<br />
fait moins <strong>de</strong> 2 mètres <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge. La précision du guidage <strong>la</strong>téral, que nous limitons à<br />
10 centimètres, permettrait <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> roulement <strong>de</strong> 2,5 m <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge, soit<br />
une économie <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 50 % en surface circu<strong>la</strong>nte.<br />
De <strong>la</strong> même façon, en ce qui concerne le contrôle longitudinal, les distances<br />
sécuritaires <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> véhicules prennent en compte les temps <strong>de</strong> réflexes moyens<br />
<strong>de</strong>s conducteurs, soit 1,5 secon<strong>de</strong>s. Ceci limite le débit maximum d’une voie <strong>de</strong><br />
roulement <strong>de</strong> 3,5 m <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge à 2200 véhicules/heure environ. Si les véhicules sont<br />
automatisés et communiquent entre eux, le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> réaction peut être ramené à 100<br />
ms, voire moins et le débit d’une voie, en exploitant <strong>la</strong> conduite en peloton, peut être<br />
doublé, voire triplé.<br />
Ainsi, un mètre carré <strong>de</strong> route automatisée représente pour <strong>la</strong> collectivité une<br />
productivité au mètre carré <strong>de</strong> route <strong>de</strong> 400 à 500 % supérieure à <strong>la</strong> productivité<br />
actuelle.<br />
Faute <strong>de</strong> présenter une analyse coût/bénéfice globale <strong>de</strong> <strong>la</strong> route automatisée, nous<br />
proposons néanmoins un exemple significatif sur <strong>la</strong> base d’une ligne <strong>de</strong> <strong>de</strong>sserte par<br />
une navette <strong>de</strong> transport public automatisée.<br />
Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas<br />
Une liaison <strong>de</strong> transport public <strong>de</strong> 10 kilomètres doit être mise en p<strong>la</strong>ce en zone<br />
périurbaine. On souhaite un arrêt tous les 500 mètres et une périodicité <strong>de</strong> 10<br />
minutes, soit 6 passages à l’heure à toutes les stations d’arrêt sur une durée<br />
journalière d’exploitation <strong>de</strong> 14 heures (entre 7 et 21 heures). Ce<strong>la</strong> fait donc 14 x 6 =<br />
84 trajets. Chaque trajet aller-retour dure 1 heure, y compris les arrêts.<br />
Chaque chauffeur étant assujetti à 6 heures <strong>de</strong> conduite par jour, il faut donc 14<br />
chauffeurs pour assurer <strong>la</strong> ligne. Ceux-ci se re<strong>la</strong>ient pour conduire les bus<br />
nécessaires pour garantir le service.<br />
Si on compare les coûts d’une solution automatisée à ceux d’une solution c<strong>la</strong>ssique,<br />
on a d’un côté un investissement initial important pour <strong>la</strong> ligne automatisée, qui<br />
comprend l’équipement <strong>de</strong> l’infrastructure en site propre et le surcoût <strong>de</strong>s cybercars.<br />
Évaluons le surcoût d’équipement <strong>de</strong> chaque véhicule à 50 K€ (ce coût <strong>de</strong>vrait<br />
diminuer rapi<strong>de</strong>ment si ces solutions sont <strong>la</strong>rgement diffusées) soit en tout 300K€ et<br />
le coût d’équipement <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée à 50 K€ par kilomètre (essentiellement pour <strong>la</strong><br />
protection du site mais ceci <strong>de</strong>vrait pouvoir diminuer) soit 500K€, l’investissement<br />
total est <strong>de</strong> 800K€.<br />
De l’autre côté, les économies liées à l’automatisation comprennent essentiellement<br />
les sa<strong>la</strong>ires chargés <strong>de</strong>s 14 chauffeurs soit environ 1600 x 1,6 x 14 x 12 ~ 450 K€<br />
par an.<br />
L’investissement <strong>de</strong> 800 K€ est amorti en <strong>de</strong>ux ou trois ans si on prend aussi en<br />
compte les coûts <strong>de</strong> maintenance.
88 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
1. Magnétomètre pour <strong>la</strong><br />
mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> position<br />
<strong>la</strong>térale (guidage)<br />
2. Parechoc sensible<br />
(déclenche l'arrêt<br />
d'urgence en cas <strong>de</strong><br />
choc)<br />
3. Liaison radio avec le<br />
PC (interphone,<br />
a<strong>la</strong>rme en cas<br />
d'inci<strong>de</strong>nt, télécomman<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> secours)<br />
4. Avertisseur optique<br />
(gyrophare)<br />
5. Portes automatiques<br />
avec asservissement<br />
Cyberbus et son équipement standard<br />
6. Détecteur d'obstacle<br />
infrarouge<br />
LA MOBILITE MULTIMODALE<br />
L’avènement du chemin <strong>de</strong> fer au 19 e <strong>siècle</strong> a été une révolution dans les transports<br />
et plus <strong>la</strong>rgement dans les sociétés humaines. En quelques dizaines d’années, tout<br />
point du territoire a pu être atteint au départ <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale en moins d’une journée, là<br />
où il fal<strong>la</strong>it avant jusqu’à une semaine <strong>de</strong> transports fatigants. Mais les limites du<br />
train tiennent à <strong>de</strong>ux contraintes :<br />
• spatiale car le train ne passe pas forcément par vos points souhaités <strong>de</strong> départ<br />
et d’arrivée,<br />
• temporelle car il ne part pas forcément au moment où vous en auriez besoin.<br />
L’automobile a éliminé ces <strong>de</strong>ux contraintes. <strong>Le</strong> réseau routier peut être vu comme<br />
un gigantesque graphe dont les arcs sont les routes, les nœuds les intersections et les<br />
feuilles les parkings ou les garages où se tiennent nos <strong>voiture</strong>s. L’usager peut partir<br />
en quittant sa feuille quand il veut et atteindre tout point du territoire sans <strong>de</strong>scendre<br />
<strong>de</strong> sa <strong>voiture</strong> donc en « monomodal ». Sa liberté est totale et c’est ce qui a expliqué<br />
le succès <strong>de</strong> l’automobile. Tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> première partie du vingtième <strong>siècle</strong>, il<br />
en a été ainsi pour les heureux possesseurs d’une <strong>voiture</strong>, mais <strong>la</strong> croissance rapi<strong>de</strong><br />
et soutenue du parc automobile a engendré les phénomènes <strong>de</strong> congestion. La<br />
conduite qui était un p<strong>la</strong>isir est <strong>de</strong>venue une nécessité et parfois même un<br />
cauchemar.
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 89<br />
L’exo<strong>de</strong> rural et l’urbanisation considérable <strong>de</strong> nos pays ont été impactés par<br />
l’automobile. En permettant <strong>de</strong> s’éloigner <strong>de</strong>s centres-villes où l’immobilier est cher,<br />
<strong>la</strong> <strong>voiture</strong> a contribué à l’étalement urbain, à l’abaissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion et à <strong>la</strong> ségrégation fonctionnelle <strong>de</strong>s agglomérations urbaines entre zones<br />
d’activités et zones rési<strong>de</strong>ntielles.<br />
<strong>Le</strong> développement <strong>de</strong>s transports publics <strong>de</strong> masse (train, RER, métros, tramways)<br />
s’est fait sur les zones à haute <strong>de</strong>nsité urbaine. <strong>Le</strong>s métros ne peuvent pas irriguer<br />
toutes les banlieues en raison <strong>de</strong>s coûts d’investissements. Cette irrigation s’est faite<br />
avec <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> bus le long <strong>de</strong> lignes pré-établies. Ces services <strong>de</strong> transports<br />
publics, qui doivent assurer l’équilibre économique <strong>de</strong> l’opérateur et <strong>la</strong> satisfaction<br />
<strong>de</strong>s usagers, conduisent souvent à <strong>de</strong>s temps d'attente, à <strong>de</strong>s arrêts fréquents aux<br />
stations intermédiaires, à <strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong>bout et entassés qui sont autant<br />
d’images négatives du transport public.<br />
On retrouve pour les transports publics les <strong>de</strong>ux contraintes spatiale et temporelle et<br />
les usagers qui le peuvent tentent d’y échapper en utilisant leur véhicule personnel.<br />
Des milliers <strong>de</strong> banlieusards, souvent seuls dans un véhicule qui pourrait transporter<br />
quatre personnes ou plus, partent ainsi chaque matin à l’assaut <strong>de</strong>s kilomètres <strong>de</strong><br />
bouchons, dans lesquels ils consomment <strong>de</strong> l’énergie, polluent et per<strong>de</strong>nt leur temps.<br />
Peut-on encore parler <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> conduire pour l’usager et <strong>de</strong> solution économique<br />
acceptable pour <strong>la</strong> collectivité ?<br />
Un dép<strong>la</strong>cement est « multimodal » dès lors qu’il fait appel à <strong>de</strong>ux moyens <strong>de</strong><br />
transport différents ou plus. L’offre multimodale couvre l’ensemble <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
transport : <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> particulière, les transports collectifs urbains (métro, tram,<br />
bus…) et interurbains (train, autocar, bateau, avion…). Il faut même leur ajouter les<br />
mo<strong>de</strong>s alternatifs ou émergents que sont <strong>la</strong> marche à pied, les <strong>de</strong>ux roues, le<br />
covoiturage, l’autopartage, le transport à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, les taxis et taxis collectifs, le<br />
vélo partagé …<br />
<strong>Le</strong>s transferts intermodaux - autrement dit les correspondances - restent encore<br />
souvent un vrai casse-tête qui dissua<strong>de</strong> le voyageur d’utiliser différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
transport pour un même voyage. Il rencontre <strong>de</strong>s difficultés à obtenir <strong>de</strong>s<br />
informations et à comman<strong>de</strong>r son billet lorsque le trajet implique plusieurs<br />
compagnies ou différents moyens <strong>de</strong> transport et il arrive que les transferts soient<br />
compliqués par <strong>de</strong>s infrastructures inadaptées (manque <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> stationnement<br />
pour <strong>voiture</strong>s ou vélos par exemple).<br />
Pour encourager le transport multimodal, il faut accompagner l’usager en simplifiant<br />
son travail. Il faut fournir <strong>de</strong> manière simple à l’usager toute information utile et<br />
pertinente sur les différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement existants (<strong>voiture</strong>, transports
90 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
collectifs, covoiturage, etc.), afin d’accroître le confort et l’efficacité <strong>de</strong>s trajets à un<br />
niveau individuel.<br />
À nouveau, les TIC fournissent <strong>de</strong>s outils facilitant l’intégration <strong>de</strong>s services<br />
d’information au voyageur. La mise en correspondance <strong>de</strong>s bases d’horaires,<br />
associées aux différentes lignes <strong>de</strong> transports <strong>de</strong>s différents opérateurs (SNCF,<br />
RATP, réseaux d’autobus…), permet <strong>de</strong> préparer <strong>de</strong>s routages sur <strong>de</strong>s trajets<br />
multimodaux à l’image d’un routage sur une carte routière numérique qui, elle, se<br />
limite à un routage spatial. <strong>Le</strong> voyageur exprime sa requête sous <strong>la</strong> forme d’adresse<br />
<strong>de</strong> départ et d’arrivée, le moteur <strong>de</strong> routage va explorer les données spatiales <strong>de</strong>s<br />
lignes <strong>de</strong>s différents opérateurs et proposer un itinéraire multimodal avant<br />
d’appliquer <strong>la</strong> requête temporelle pour proposer le voyage complet. Il reste le<br />
problème du paiement qui sera facilité si <strong>de</strong>s accords entre opérateurs permettent<br />
une billetterie intégrée.<br />
<strong>Le</strong> site <strong>de</strong> <strong>la</strong> RATP (http://www.ratp.fr/ ) qui couvre l’Ile <strong>de</strong> France et prend en<br />
compte les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport publics par RER, métro, train, tramway, bus, est très<br />
bien conçu et convivial.<br />
<strong>Le</strong> site donne l’état du trafic, le p<strong>la</strong>n et les horaires <strong>de</strong>s lignes, un p<strong>la</strong>n interactif<br />
offrant <strong>de</strong> nombreux services. Par exemple, en cliquant sur une ligne, les services<br />
p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> ligne et horaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne sont directement accessibles. En cliquant sur une<br />
station, il en est <strong>de</strong> même pour les services itinéraire, fiche information, prochains<br />
passages et p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> quartier qui sont disponibles. Une attention particulière est<br />
accordée aux PMR (Personnes à Mobilité Réduite), malvoyants, malentendants,<br />
handicapés moteur.<br />
<strong>Le</strong> site web est évi<strong>de</strong>mment très utile pour préparer le voyage, mais le voyageur ne<br />
doit pas être abandonné après. <strong>Le</strong>s nouvelles générations <strong>de</strong> smart phones permettent<br />
au voyageur d’accé<strong>de</strong>r aux informations en cours <strong>de</strong> trajet.
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 91<br />
Toutefois, cette qualité <strong>de</strong> service offerte aux franciliens n’est pas disponible pour<br />
l’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> France. <strong>Le</strong>s serveurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> SNCF ne prennent en charge qu’au<br />
départ <strong>de</strong>s gares. Toutefois, certaines sociétés privées, comme MOVIKEN<br />
(http://itransports.fr/) offrent les premières versions <strong>de</strong> routage multimodal sur<br />
l’ensemble du territoire. Il reste encore beaucoup à faire pour étendre les services <strong>de</strong><br />
multimodalité à l’échelon national puis européen.<br />
Pour promouvoir les transports publics, il faut continuer à assister le voyageur y<br />
compris à bord <strong>de</strong>s véhicules ou dans les gares.<br />
Dans le RER, un service d’assistance visuelle et sonore est fourni aux passagers . Un<br />
p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne affiche les stations suivantes (en tenant compte <strong>de</strong>s éventuelles<br />
branches) avec <strong>de</strong>s points lumineux indiquant les stations à <strong>de</strong>sservir (et<br />
accessoirement <strong>la</strong> prochaine station en clignotant). <strong>Le</strong> nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> gare est diffusé par<br />
les haut-parleurs, et aux embranchements, <strong>la</strong> direction est précisée.<br />
Signalétique à bord du RER<br />
Affichage <strong>de</strong>s temps d’attente aux arrêts <strong>de</strong> bus<br />
Pour les autobus, <strong>la</strong> présence au niveau <strong>de</strong>s arrêts <strong>de</strong> bus <strong>de</strong> panneaux annonçant le<br />
temps d’attente pour le prochain bus constitue un progrès considérable. Si les<br />
horaires p<strong>la</strong>nifiés permettent un routage statique, <strong>la</strong> réalité du trafic fait que les<br />
horaires ne peuvent pas être respectés avec une gran<strong>de</strong> précision par les bus en trafic<br />
chargé. L’usager apprécie donc particulièrement ce nouveau service.<br />
Signalons une technologie émergente susceptible d’un déploiement important dans<br />
l’assistance à <strong>la</strong> mobilité. Il s’agit <strong>de</strong> « f<strong>la</strong>sh co<strong>de</strong>» qui est une marque <strong>de</strong><br />
l’Association Française du Multimédia Mobile.
92 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Nous sommes familiarisés avec les étiquettes co<strong>de</strong>-barres p<strong>la</strong>cées sur tous les<br />
produits dans les magasins et qui accélèrent le passage aux caisses enregistreuses.<br />
Déjà, on peut parler d’objets communicants, même si <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> ces étiquettes<br />
requiert <strong>de</strong>s lecteurs <strong>la</strong>ser spécialisés. Lorsque les barres sont remp<strong>la</strong>cées par <strong>de</strong><br />
petits carrés ou points, on obtient un co<strong>de</strong> en <strong>de</strong>ux dimensions ayant une capacité <strong>de</strong><br />
stockage <strong>de</strong> l’information bien plus gran<strong>de</strong>.<br />
L’Association Française du Multimédia Mobile a retenu <strong>la</strong> norme Datamatrix<br />
permettant <strong>de</strong> représenter une quantité importante d'informations sur une surface<br />
réduite : jusqu'à 2 335 caractères alphanumériques ou 3 116 caractères numériques<br />
sur environ 1 cm 2 . <strong>Le</strong> co<strong>de</strong> Datamatrix est dans le domaine public, ce qui signifie<br />
qu'il peut être utilisé dans toute application sans <strong>de</strong>voir acquitter une re<strong>de</strong>vance. Il<br />
répond à <strong>la</strong> norme ISO IEC16022.<br />
La quasi-totalité <strong>de</strong>s téléphones mobiles disposent <strong>de</strong> caméras numériques<br />
permettant <strong>de</strong> transformer le téléphone mobile en lecteur <strong>de</strong> f<strong>la</strong>sh co<strong>de</strong>. <strong>Le</strong>s<br />
nouvelles générations <strong>de</strong> mobiles disposent du lecteur <strong>de</strong> f<strong>la</strong>sh co<strong>de</strong> en natif, mais<br />
on peut télécharger gratuitement le co<strong>de</strong> du lecteur pour les autres. Dès lors, on<br />
accélère l’entrée dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s objets communicants.<br />
<strong>Le</strong> Japon fait un <strong>la</strong>rge usage <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s barres 2D <strong>de</strong>puis longtemps (on parle <strong>de</strong> co<strong>de</strong><br />
QR pour Quick Response). <strong>Le</strong>s applications potentielles sont considérables.<br />
On peut, par exemple, créer sa carte <strong>de</strong> visite (ou tout document) sous forme <strong>de</strong> tag<br />
et communiquer ainsi rapi<strong>de</strong>ment, évitant les pertes <strong>de</strong>s versions papier et les<br />
travaux <strong>de</strong> saisie.<br />
La RATP a mis en p<strong>la</strong>ce les premières applications c<strong>la</strong>irement illustrées par le<br />
schéma ci-<strong>de</strong>ssous.<br />
D’autres services à <strong>la</strong> mobilité sont en gestation dans les <strong>la</strong>boratoires. Si le<br />
téléphone mobile contient une caméra permettant d’exploiter les potentialités <strong>de</strong>s<br />
objets communicants, il contient aussi le plus souvent une puce GPS permettant<br />
d’exploiter <strong>la</strong> géolocalisation du voyageur en lui délivrant un contenu
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 93<br />
informationnel contextuel. L’information peut même être personnalisée en fonction<br />
du voyageur. Celui-ci est immergé dans le mon<strong>de</strong> réel composé <strong>de</strong>s rues, <strong>de</strong>s<br />
immeubles qu’il perçoit en vision directe mais aussi dans un mon<strong>de</strong> qui lui est<br />
révélé en réalité augmentée au travers <strong>de</strong> <strong>la</strong> géolocalisation et <strong>de</strong>s serveurs <strong>de</strong><br />
données.<br />
L’IMMOBILITE AU SECOURS DE LA MOBILITE<br />
Partons du principe que l’abaissement <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> vitesse autorisées accroît <strong>la</strong><br />
sécurité routière. Si on pousse le raisonnement à l’extrême en annu<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> vitesse,<br />
non seulement on obtient une sécurité maximale mais aussi une réelle contribution à<br />
l’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s autres usagers. Cette forme d’humour traduit le fait<br />
que les technologies <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication permettent <strong>de</strong><br />
supprimer <strong>de</strong> nombreux dép<strong>la</strong>cements. Nous évoquerons simplement le e-travail, le<br />
e-commerce et le e-meeting.<br />
<strong>Le</strong> e-travail<br />
<strong>Le</strong> e-travail, encore appelé télétravail, consiste à dép<strong>la</strong>cer le travail vers le travailleur<br />
plutôt que le travailleur vers l’entreprise grâce aux technologies <strong>de</strong> l’information et<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> communication.<br />
On peut e-travailler <strong>de</strong>puis son domicile, <strong>de</strong>puis un télécentre spécialisé (appartenant<br />
à l’entreprise, ou partagé), ou encore <strong>de</strong> manière « mobile » dans d’autres lieux :<br />
chez un client, dans un cybercafé, sur un chantier... <strong>Le</strong> e-travail peut être quasipermanent<br />
(on passe rarement « au bureau »), ou plus fréquemment partiel (par<br />
exemple, un ou <strong>de</strong>ux jours à distance, et le reste au bureau).<br />
Enfin, le télétravailleur peut être un sa<strong>la</strong>rié, un indépendant, un sous-traitant. <strong>Le</strong><br />
nouveau statut d’auto-entrepreneur créé en 2009 est <strong>de</strong> nature à favoriser cette forme<br />
<strong>de</strong> travail.<br />
Bien sûr, le télétravail n’est pas adapté à tous les postes, toutes les entreprises,<br />
toutes les personnes. <strong>Le</strong> e-travail concerne principalement les travailleurs du<br />
savoir (chercheurs, enseignants, informaticiens, ingénieurs d’étu<strong>de</strong>, journalistes…),<br />
<strong>de</strong>s professions indépendantes, les cadres, certaines activités <strong>de</strong> services.<br />
<strong>Le</strong>s pays nordiques (Suè<strong>de</strong>, Norvège, Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong>) sont les pays où le télétravail est le<br />
plus développé.<br />
Il est certain que chaque journée télétravaillée correspond a priori à <strong>la</strong> suppression<br />
d’un dép<strong>la</strong>cement domicile/travail. Dès lors le e-travail représente une contribution<br />
significative à <strong>la</strong> mobilité, contribution dans <strong>la</strong>quelle les « autoroutes <strong>de</strong><br />
l’information » se substituent aux autoroutes bitumées.<br />
Dans les gran<strong>de</strong>s agglomérations, le e-travail permet l’élimination ou <strong>la</strong> réduction<br />
<strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements pendu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s travailleurs aux heures <strong>de</strong> pointe.<br />
<strong>Le</strong> e-travail tient encore une p<strong>la</strong>ce marginale dans <strong>la</strong> société et on ne trouve pas<br />
d’étu<strong>de</strong>s quantitatives sur l’impact qu’il a sur <strong>la</strong> congestion, mais sa croissance
94 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
prévisible agira non seulement sur <strong>la</strong> mobilité mais aussi sur l’aménagement du<br />
territoire.<br />
Lieu<br />
Temps<br />
Re<strong>la</strong>tion<br />
contractuelle<br />
Nature du travail<br />
L’impact <strong>de</strong>s TIC sur le travail<br />
Modification du lieu <strong>de</strong> travail : domicile, bureau, télé<br />
centre…<br />
Modification <strong>de</strong> l’organisation spatiale <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong><br />
travail.<br />
Flexibilité du temps <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> sa distribution sur <strong>la</strong><br />
journée, <strong>la</strong> semaine, l’année.<br />
Variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> durée du travail, en fonction <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong><br />
l’entreprise ou <strong>de</strong>s préférences <strong>de</strong> l’employé.<br />
Augmentation <strong>de</strong> l’externalisation.<br />
Rapprochement <strong>de</strong>s statuts sa<strong>la</strong>rié et free<strong>la</strong>nce, dans le<br />
domaine <strong>de</strong>s services aux entreprises.<br />
Développement <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> durée déterminée.<br />
Rémunération intégrant les résultats autant que le temps <strong>de</strong><br />
travail.<br />
Enrichissement du travail : é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong>s tâches, <strong>de</strong>s<br />
réseaux re<strong>la</strong>tionnels, diversification, autonomie.<br />
Développement <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s TIC.<br />
Taylorisation <strong>de</strong> certaines activités <strong>de</strong> service.<br />
Formation tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie.<br />
Mobilité fonctionnelle (et géographique associée).<br />
<strong>Le</strong> e-commerce<br />
<strong>Le</strong> e-commerce qui s’est développé <strong>de</strong>puis une dizaine d’années avec Internet a été<br />
précédé aux niveaux <strong>de</strong>s entreprises par l’EDI ou Electronic Data Interchange.<br />
Lorsqu’une entreprise émet ses comman<strong>de</strong>s, ses avis d'expédition, ses factures par<br />
EDI, elle émet <strong>de</strong>s messages électroniques normalisés qui sont télétransmis vers le<br />
système d’information <strong>de</strong> ses partenaires commerciaux (fournisseurs, clients,<br />
banques), lequel va intégrer automatiquement les données correspondantes sans<br />
support papier ni intervention humaine. Ce processus permet <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>s<br />
documents papier acheminés par <strong>la</strong> poste ou par fax et les saisies manuelles par <strong>de</strong>s<br />
opérateurs. Il est le résultat d’un important travail <strong>de</strong> standardisation.<br />
<strong>Le</strong> e-commerce entre entreprises, qualifié <strong>de</strong> B2B (acronyme <strong>de</strong> Business to<br />
Business) a été étendu au commerce entre l’entreprise et le consommateur (B2C<br />
Business to Consumer) et entre les consommateurs (C2C : Consumer to Consumer).<br />
<strong>Le</strong> e-commerce justifie <strong>de</strong> longues analyses sur ses impacts économique et sociétal,<br />
mais nous nous limiterons à son impact sur le trafic. Prenons <strong>de</strong>s exemples simples.
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 95<br />
Si j’utilise les services <strong>de</strong> ma banque en ligne pour faire un transfert <strong>de</strong> compte à<br />
compte, j’évite <strong>de</strong> me dép<strong>la</strong>cer à <strong>la</strong> banque et j’effectue une tâche habituellement<br />
dévolue à un employé.<br />
Si je réserve et paie mon billet d’avion ou <strong>de</strong> train sur les sites d’Air France ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
SNCF, j’évite <strong>de</strong> me dép<strong>la</strong>cer dans une agence ou à <strong>la</strong> gare et j’effectue <strong>la</strong> tâche<br />
d’un agent. Dans les <strong>de</strong>ux cas, je <strong>de</strong>vrais bénéficier d’une réduction puisque dans <strong>la</strong><br />
re<strong>la</strong>tion B2C, j’allège <strong>la</strong> charge sa<strong>la</strong>riale <strong>de</strong> B. J’ai contribué à économiser un<br />
dép<strong>la</strong>cement coûteux en énergie, pollution, congestion mais j’ai malheureusement<br />
contribué à détruire un emploi à <strong>la</strong> banque, à l’agence ou à <strong>la</strong> SNCF.<br />
<strong>Le</strong> e-commerce s’est étendu aux produits <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> consommation avec le<br />
supermarché virtuel en ligne. <strong>Le</strong> fait <strong>de</strong> faire ses courses sur Internet et <strong>de</strong> se faire<br />
livrer à domicile contribue à diminuer <strong>la</strong> congestion du trafic routier. En effet, si un<br />
véhicule <strong>de</strong> livraison livre en une journée 20 particuliers, il évite le dép<strong>la</strong>cement <strong>de</strong><br />
19 véhicules, ce qui n’est pas négligeable, en termes d’économie d’énergie,<br />
d’empreinte carbone, <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> congestion.<br />
La visioconférence<br />
<strong>Le</strong>s technologies en TIC mettent souvent à dure épreuve <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française et même<br />
<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ang<strong>la</strong>ise, qui peinent à suivre le rythme rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’innovation en trouvant<br />
les mots justes pour décrire <strong>de</strong>s concepts en rapi<strong>de</strong> évolution.<br />
<strong>Le</strong>s termes e-meeting ou e-réunion ne s’imposent pas. La téléconférence ou réunion<br />
téléphonique existe bien, elle est <strong>la</strong>rgement utilisée et correspond à une réunion <strong>de</strong><br />
travail audio entre plusieurs personnes, présentes sur <strong>de</strong>s lieux différents.<br />
La vidéo téléconférence (VTC), plus simplement visioconférence, permet <strong>de</strong> faire<br />
<strong>de</strong>s réunions à distance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou plusieurs interlocuteurs avec retours visuel, audio<br />
et tableau b<strong>la</strong>nc, permettant d’éviter <strong>de</strong>s dép<strong>la</strong>cements multimodaux (<strong>voiture</strong>s,<br />
avion…).<br />
www.improvinggovernance.be/en/vi<strong>de</strong>oconference
96 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
À l’instar <strong>de</strong> l’email qui s’appellerait courriel, les instances <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
francophonie tentent <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> « conférentiels » mais sans trop <strong>de</strong> succès.<br />
La visioconférence permet <strong>de</strong>s économies financières : plus <strong>de</strong> billets d'avion, <strong>de</strong><br />
train, <strong>de</strong> nuits d'hôtel, moins <strong>de</strong> fatigue et <strong>de</strong>s risques routiers supprimés.<br />
La crise financière et économique, les risques liés au terrorisme et aux épidémies et<br />
surtout les progrès importants dans les débits <strong>de</strong> communication et les techniques <strong>de</strong><br />
compression nous <strong>la</strong>issent penser que, dans l’avenir, les dép<strong>la</strong>cements en avion ou<br />
par voie terrestre pour <strong>de</strong>s raisons professionnelles seront <strong>de</strong> moins en moins<br />
nécessaires.<br />
En offrant <strong>de</strong>s solutions alternatives <strong>de</strong> rencontres et <strong>de</strong> dialogues, les TIC<br />
permettent aux riches <strong>de</strong>s économies et aux plus pauvres <strong>de</strong> participer, comme le<br />
suggère l’image ci-avant d’une visioconférence à l’échelle du mon<strong>de</strong> entre pays<br />
riches et pauvres.<br />
CALCULS ELEMENTAIRES SUR LES DEBITS ET LES DISTANCES DE<br />
SECURITE<br />
Considérons 2 véhicules Vi et Vi+1 qui se suivent et roulent à <strong>la</strong> même vitesse V. Si<br />
le véhicule <strong>de</strong> tête freine au maximum <strong>de</strong> sa capacité <strong>de</strong> freinage jusqu’à l’arrêt, le<br />
véhicule Vi+1 qui le suit doit être en mesure <strong>de</strong> s’arrêter sans le heurter. La vitesse<br />
du véhicule Vi décroît selon une loi linéaire : V (t)=V-γi t et s’arrête au bout d’un<br />
temps T=V/γi, après avoir parcouru une distance<br />
Di = V 2<br />
2γi<br />
où γi est <strong>la</strong> décélération <strong>de</strong> freinage du véhicule i.<br />
Compte tenu du temps <strong>de</strong> réaction du conducteur humain que nous notons τ, le<br />
véhicule (i+1) a déjà parcouru Vτ avant <strong>de</strong> commencer à freiner. Ensuite, il s’arrête<br />
€<br />
selon le même processus que le véhicule i, c’est-à-dire qu’il parcourt une distance<br />
totale :
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 97<br />
Pour éviter le choc, il faut donc nécessairement que :<br />
€<br />
D i+1<br />
= Vτ + V 2<br />
2γ (i+1)<br />
Soit<br />
La distance <strong>de</strong> sécurité minimale est donc <strong>la</strong> somme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux termes :<br />
• Un terme V τ lié directement au conducteur humain et aux limites <strong>de</strong> son<br />
temps- réflexe. <strong>Le</strong> paramètre τ est estimé entre 1 et 1,5 secon<strong>de</strong>. C’est ce<br />
terme qui pourra être abaissé <strong>de</strong> manière significative dans l’hypothèse d’une<br />
conduite automatisée. Dans le calcul <strong>de</strong>s distances <strong>de</strong> sécurité, l’administration<br />
en prend un majorant à 2 secon<strong>de</strong>s.<br />
• Un terme qui exprime le différentiel <strong>de</strong>s<br />
capacités <strong>de</strong> freinage <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux véhicules. Ce<br />
terme<br />
peut être négatif si le véhicule <strong>de</strong> tête a un<br />
freinage plus performant que le véhicule suiveur ou positif dans le cas<br />
contraire. Dans le premier cas, <strong>la</strong> distance théorique <strong>de</strong> sécurité doit être<br />
augmentée et dans le second, elle peut être abaissée. <strong>Le</strong> problème est que le<br />
véhicule suiveur ne sait pas si ses freins sont plus ou moins performants que<br />
ceux <strong>de</strong> son prédécesseur. Pour respecter le principe <strong>de</strong> précaution, il convient<br />
<strong>de</strong> se p<strong>la</strong>cer dans les conditions les plus défavorables.<br />
Supposons que les véhicules ont exactement les mêmes capacités <strong>de</strong> freinage, alors<br />
<strong>la</strong> distance <strong>de</strong> sécurité correspond au premier terme seul.<br />
Ds = Vτ<br />
Si on prend τ =2 secon<strong>de</strong>s et si on exprime V en Km/H, alors Ds= 20/36 * V. On<br />
obtient les distances <strong>de</strong> sécurité légales aux différentes vitesses limites.<br />
€<br />
Vitesse en Km/H 50 70 90 110 130<br />
Distance <strong>de</strong> sécurité m 28 39 50 62 73
98 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Ce sont ces distances <strong>de</strong> sécurité que nous sommes astreints à respecter selon les<br />
nouvelles règles. <strong>Le</strong> problème est que les conducteurs connaissent <strong>la</strong> vitesse à<br />
<strong>la</strong>quelle ils roulent grâce au tachymètre, mais n’ont pas d’instrument pour leur<br />
indiquer les distances <strong>de</strong> sécurité à l’exception <strong>de</strong>s véhicules haut <strong>de</strong> gamme équipés<br />
<strong>de</strong> régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse adaptatif. <strong>Le</strong> respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> distance réglementaire est donc<br />
une affaire d’appréciation du conducteur.<br />
Sur autoroute, <strong>la</strong> ligne discontinue entre <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> droite et <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> d'arrêt<br />
d'urgence constitue un repère : il est recommandé <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser un espace équivalent<br />
d'au moins <strong>de</strong>ux ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> peinture entre son véhicule et le précé<strong>de</strong>nt.<br />
En effet, ces ban<strong>de</strong>s ont pour longueur 39 mètres et alternent avec <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 13<br />
mètres. Ainsi, <strong>de</strong>ux ban<strong>de</strong>s correspon<strong>de</strong>nt à une longueur <strong>de</strong> : 39 + 13 + 39 = 91<br />
mètres, distance supérieure à <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> sécurité réglementaire à <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> 130<br />
Km/h (73 m).<br />
Par temps <strong>de</strong> pluie ou sur sol mouillé, les capacités <strong>de</strong> freinage étant diminuées,<br />
plutôt que <strong>de</strong> changer <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> sécurité recommandée, les pouvoirs publics ont<br />
opté pour une réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse autorisée d'au moins 20 Km/h.<br />
Ces règles <strong>de</strong> sécurité abaissent fortement les débits, c'est-à-dire <strong>la</strong> productivité <strong>de</strong>s<br />
infrastructures. Par exemple, suite au dramatique acci<strong>de</strong>nt du tunnel du Mont B<strong>la</strong>nc,<br />
le légis<strong>la</strong>teur a porté <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> sécurité à 150 mètres dans les tunnels. Dès lors,<br />
pour une vitesse <strong>de</strong> 50 Km/H le débit est réduit à 330 véhicules/heure, ce qui est peu<br />
pour <strong>de</strong>s ouvrages onéreux et très sollicités. On définit aussi une distance <strong>de</strong> sécurité<br />
encore plus contraignante dite du « mur <strong>de</strong> brique » en considérant que le premier<br />
véhicule Vi s’arrête instantanément (capacité <strong>de</strong> freinage infinie, chute dans un trou<br />
dans <strong>la</strong> route, effondrement d’un pont ou chute d’une météorite). La distance <strong>de</strong><br />
sécurité est alors augmentée et vaut :<br />
Si les pouvoirs publics imposaient <strong>de</strong> respecter les distances d’arrêt « mur <strong>de</strong><br />
brique », selon les vitesse limites autorisées, elles seraient <strong>de</strong> :<br />
€<br />
Ds = Vτ + V 2<br />
Vitesse en Km/H 50 70 90 110 130<br />
Distance <strong>de</strong> sécurité m 44 70 102 138 180<br />
On aurait alors une sécurité maximale, mais il <strong>de</strong>viendrait impossible <strong>de</strong> se dép<strong>la</strong>cer.<br />
En notant l <strong>la</strong> longueur moyenne d’un véhicule et avec l’hypothèse <strong>de</strong> véhicules<br />
parfaitement i<strong>de</strong>ntiques, le débit en véhicules par heure est :<br />
Ce débit croît avec <strong>la</strong> vitesse et tend vers une valeur asymptotique <strong>de</strong> 1/t.<br />
€<br />
Q =<br />
V<br />
l + Vτ<br />
2γ
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 99<br />
En conduite humaine avec τ =2 secon<strong>de</strong>s, on obtient un débit maximum <strong>de</strong> 1624<br />
véhicules par heure à 50 Km/H. Mais avec une conduite automatisée et τ =0.5<br />
secon<strong>de</strong>s, ce débit est multiplié par 4 et <strong>de</strong>vient donc <strong>de</strong> 5027 véhicules par heure.<br />
Vitesse en Km/H 50 70 90 110 130<br />
Débit max en conduite humaine<br />
avec T=2sec<br />
Débit max en conduite automatisée<br />
avec T=0.5 sec<br />
1624 1671 1698 1715 1728<br />
5027 5502 5806 6018 6174<br />
On voit tout l’intérêt que présente l’automatisation pour accroître les débits et<br />
augmenter <strong>la</strong> productivité <strong>de</strong>s routes.<br />
<strong>Le</strong>s calculs ci-<strong>de</strong>ssus supposent que tous les véhicules ont les mêmes capacités <strong>de</strong><br />
freinage et que l’adhérence <strong>de</strong> <strong>la</strong> route est toujours <strong>la</strong> même.<br />
Nous allons effectuer un calcul <strong>de</strong> sensibilité en considérant que les véhicules ont<br />
une dispersion <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> freinage. <strong>Le</strong>s véhicules i et i+1 ont respectivement<br />
pour capacités <strong>de</strong> freinage :<br />
γi = γ(1+ ε)<br />
γi +1= γ(1−ε)<br />
La distance <strong>de</strong> sécurité minimale est alors égale à :<br />
€<br />
€<br />
On peut calculer le débit en véhicules par heure sur une voie dans l’hypothèse où les<br />
véhicules se suivent en respectant cette distance <strong>de</strong> sécurité. On trouve :<br />
<strong>Le</strong> débit Q dépend <strong>de</strong> plusieurs termes : <strong>la</strong> vitesse, <strong>la</strong> longueur moyenne <strong>de</strong>s<br />
véhicules, <strong>la</strong> capacité moyenne <strong>de</strong> freinage et sa dispersion. On peut calculer le débit<br />
maximum en annu<strong>la</strong>nt<br />
dQ<br />
dV<br />
€
100 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
On trouve :<br />
Effectuons une estimation numérique en prenant l=3 mètres, γ= 6m/sec 2 , τ =2<br />
secon<strong>de</strong>s, puis <strong>de</strong>ux valeurs <strong>de</strong> ε =0,1 et ε =0,2 soit une dispersion <strong>de</strong> 10% et 20%<br />
<strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> freinage.<br />
<strong>Le</strong>s figures montrent que le débit est d’autant plus élevé que <strong>la</strong> dispersion <strong>de</strong>s<br />
capacités <strong>de</strong> freinage est faible. <strong>Le</strong> débit chute donc considérablement lorsque les<br />
véhicules sont très hétérogènes du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leur freinage. De plus, le débit<br />
maximum correspond à une p<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> vitesse réduite alors que le maximum est plus<br />
p<strong>la</strong>t quand le parc <strong>de</strong> véhicules est homogène.<br />
X=0.1<br />
X=0.2<br />
La vitesse qui donne le débit optimal est 48 Km/H lorsque <strong>la</strong> dispersion <strong>de</strong>s<br />
capacités <strong>de</strong> freinage X= 0,1. Elle ne dépend pas du temps réflexe.<br />
Toutes choses égales par ailleurs, le principal moyen d’accroître le débit est<br />
évi<strong>de</strong>mment d’agir sur le temps réflexe.<br />
La figure ci-<strong>de</strong>ssous montre que pour une vitesse <strong>de</strong> 48 Km/heure et une dispersion<br />
<strong>de</strong> freinage <strong>de</strong> plus ou moins 10%, il est possible néanmoins d’obtenir <strong>de</strong>s débits <strong>de</strong><br />
5500 véhicules par heure si le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> freinage est abaissé en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 200<br />
millisecon<strong>de</strong>s.<br />
Seule <strong>la</strong> conduite automatisée autorise <strong>de</strong> telles performances.
<strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité 101<br />
Conduite automatisée<br />
Il est intéressant <strong>de</strong> noter que le débit maximum est obtenu à 48 Km/H et non à <strong>de</strong>s<br />
vitesses plus élevées. La démonstration en vraie gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> <strong>la</strong> conduite en peloton a<br />
été réalisée dans le cadre <strong>de</strong> PATH à San Diego en 1997.<br />
Au débit maximum <strong>de</strong> 5500 véhicules par heure et par voie, les inter-distances entre<br />
les véhicules seraient <strong>de</strong> (48000/5500 – 3) = 6 m environ. Ce<strong>la</strong> suppose que chaque<br />
véhicule perçoit les accélérations et freinages du véhicule <strong>de</strong>vant lui. Ce<strong>la</strong> peut être<br />
<strong>la</strong>rgement amélioré et sécurisé si on dispose d’une communication véhicule à<br />
véhicule avec échange <strong>de</strong> capacités <strong>de</strong> freinage.<br />
Démonstration <strong>de</strong> « p<strong>la</strong>tooning » à San Diego en 1997 par PATH UC Berkeley
CHAPITRE 6<br />
LES COMMUNICATIONS DANS LES SYSTEMES DE<br />
TRANSPORT INTELLIGENTS<br />
<strong>Le</strong> déploiement <strong>de</strong>s communications dans les Systèmes <strong>de</strong> Transports Intelligents<br />
représente l’un <strong>de</strong>s plus grands réservoirs d’innovations pour <strong>la</strong> sécurité, <strong>la</strong> mobilité<br />
et les loisirs.<br />
<strong>Le</strong> domaine est toutefois en évolution rapi<strong>de</strong> tant au niveau technologique qu’au<br />
niveau <strong>de</strong> sa normalisation et il est difficile <strong>de</strong> se faire une idée c<strong>la</strong>ire dans <strong>la</strong> jungle<br />
<strong>de</strong>s sigles et <strong>de</strong>s terminologies.<br />
Pour illustrer cette complexité, voici un petit échantillon <strong>de</strong>s mots en usage dans ce<br />
domaine en pleine effervescence :<br />
• Bluetooth, CALM, DSRC, WAVE, WIMAX, WIFI, Zigbee,<br />
• Normes IEEE : 802.11 (Wifi), 802.15.4 (Zigbee), 802.15.1 (BlueTooth),<br />
802.16 (Wimax).<br />
• Protocoles : 802.11a, 802.1b, 802.11d, 802.11e, 802.11f, 802.11g, 802.11h,<br />
802.11i, 802.11R, 802.11p, 802.11s.<br />
• Réseaux infrastructure, Ad-hoc, MANET, VANET ….<br />
Bien que le domaine ne soit pas stabilisé, nous avons mis en caractère gras les<br />
termes qui semblent importants pour les systèmes <strong>de</strong> transport intelligents.<br />
Sans entrer dans les détails, nous allons préciser un peu le vocabu<strong>la</strong>ire.<br />
<strong>Le</strong>s réseaux <strong>de</strong> téléphonie mobile (GSM, GPRS, 3G, UMTS) que nous utilisons<br />
chaque jour, sont <strong>de</strong>s réseaux cellu<strong>la</strong>ires qui fonctionnent en mo<strong>de</strong> infrastructure :<br />
ce<strong>la</strong> signifie que <strong>de</strong>ux téléphones mobiles ne peuvent pas communiquer directement<br />
entre eux, même s’ils sont l’un à côté <strong>de</strong> l’autre. Ils communiquent via les points<br />
d’accès que sont les antennes <strong>de</strong>s opérateurs qui maillent le territoire. <strong>Le</strong>s points<br />
d’accès suivent en permanence et localisent par triangu<strong>la</strong>tion les portables qui sont<br />
ouverts, afin <strong>de</strong> les mettre en re<strong>la</strong>tion avec leur interlocuteur, en cas d’appel. Il en est<br />
<strong>de</strong> même pour les réseaux domestiques WIFI, pour lesquels <strong>la</strong> « box ADSL » sert <strong>de</strong><br />
point d’accès et <strong>de</strong> routeur.<br />
Au contraire, si on met en communication directe <strong>de</strong>ux ou plusieurs processeurs<br />
sans points d’accès, on parle <strong>de</strong> réseau ad hoc. Si les processeurs sont fixes dans un<br />
environnement <strong>de</strong> bureaux par exemple, <strong>la</strong> topologie du réseau ne se modifie pas. En<br />
revanche si les objets communicants se dép<strong>la</strong>cent, <strong>la</strong> topologie du réseau se modifie.
104 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
<strong>Le</strong>s véhicules V1 et V2 communiquent en mo<strong>de</strong> infrastructure via les points<br />
d’accès PA1 et PA2 (antennes du réseau GSM ou Road Si<strong>de</strong> Unit).<br />
Sur <strong>la</strong> figure ci-<strong>de</strong>ssous, les véhicules V1 et V2 peuvent communiquer ensemble en<br />
mo<strong>de</strong> ad hoc. Il en est <strong>de</strong> même pour V2 et V3. Mais V1 et V3 ne peuvent pas<br />
communiquer directement car ils ne sont pas dans <strong>la</strong> même zone <strong>de</strong> couverture. V2<br />
peut servir <strong>de</strong> re<strong>la</strong>is, il <strong>de</strong>vient un point d’accès mobile et un routeur. Pour définir ce<br />
type <strong>de</strong> réseau mobile ad hoc, on parle <strong>de</strong> MANET pour Mobile Ad hoc NETwork.<br />
<strong>Le</strong>s Véhicules V1 et V3 communiquent en mo<strong>de</strong> ad hoc via le routeur V2.<br />
Toutefois, <strong>la</strong> communication entre les véhicules dans le cas <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />
transport intelligents est simplifiée car les véhicules ne se dép<strong>la</strong>cent pas selon un<br />
mouvement brownien. Ils se dép<strong>la</strong>cent sur <strong>la</strong> route qui a une géométrie connue, et<br />
les points d’accès (RSU pour Road Si<strong>de</strong> Unit) sont a priori le long <strong>de</strong> <strong>la</strong> route. On<br />
parle alors <strong>de</strong> VANET (pour Vehicu<strong>la</strong>r Ad hoc NET work) pour les réseaux mobiles<br />
ad hoc entre les véhicules. Toujours au niveau du vocabu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> base, V1 pour<br />
atteindre V3 fait un saut (« hop ») via V2. On peut rencontrer <strong>de</strong>s communications<br />
« multi hop » et même <strong>de</strong>s trous si <strong>la</strong> continuité n’est plus assurée par les véhicules<br />
seuls. On voit dès lors que pour assurer le service, le routage doit emprunter d’autres<br />
chemins en utilisant le réseau cellu<strong>la</strong>ire ou les réseaux dédiés <strong>de</strong>s Road Si<strong>de</strong> Unit,<br />
quand elles existeront.<br />
Commençons dès le départ par distinguer quatre grands types <strong>de</strong> communication<br />
rencontrés dans les systèmes <strong>de</strong> transport intelligents. :<br />
• La communication à l’intérieur du véhicule.<br />
• La communication entre le véhicule et l’infrastructure proche.<br />
• La communication locale <strong>de</strong>s véhicules entre eux.<br />
• La communication longue distance entre les véhicules et un serveur<br />
informatique.
<strong>Le</strong>s communications dans les systèmes <strong>de</strong> transport intelligents 105<br />
LA COMMUNICATION A L’INTERIEUR DU VEHICULE<br />
L’informatique embarquée d’un véhicule mo<strong>de</strong>rne rassemble plusieurs dizaines <strong>de</strong><br />
processeurs dédiés à <strong>de</strong> multiples tâches. Certaines fonctions sont à finalité<br />
sécuritaire et doivent satisfaire <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> fiabilité et <strong>de</strong> rapidité alors que<br />
d’autres sont moins critiques.<br />
Il convient <strong>de</strong> distinguer <strong>la</strong> communication à finalité sécuritaire pour <strong>la</strong>quelle les<br />
temps <strong>de</strong> réponse sont critiques et <strong>la</strong> communication dite <strong>de</strong> confort ou <strong>de</strong> détente<br />
que l’on appelle encore <strong>la</strong> télématique embarquée.<br />
Communication fi<strong>la</strong>ire sécuritaire :<br />
<strong>Le</strong> bus CAN (Controller Area Network) utilise le multiplexage, qui consiste à<br />
raccor<strong>de</strong>r sur un même câble, appelé bus, un grand nombre <strong>de</strong> capteurs, processeurs,<br />
actionneurs qui doivent communiquer entre eux.<br />
Si N est le nombre <strong>de</strong> points à raccor<strong>de</strong>r, il faudrait N*(N-1)/2 liaisons pour les<br />
relier <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux. <strong>Le</strong> câb<strong>la</strong>ge dans <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> atteindrait <strong>de</strong>s longueurs, un poids et<br />
un coût prohibitifs. <strong>Le</strong> bus multiplexé permet d’éliminer le besoin <strong>de</strong> câbler <strong>de</strong>s<br />
lignes dédiées pour chaque information à faire transiter (connexion <strong>de</strong> type point à<br />
point).<br />
L'introduction <strong>de</strong>s bus multiplexés (principalement le CAN) dans l'automobile avait<br />
pour objectif initial <strong>de</strong> réduire <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> câbles dans les véhicules (il y a jusqu'à<br />
3 Km <strong>de</strong> câbles ou plus par <strong>voiture</strong>), mais elle a surtout permis l'explosion du<br />
nombre <strong>de</strong> calcu<strong>la</strong>teurs et capteurs distribués dans tout le véhicule, et <strong>la</strong><br />
multiplication <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> sécurité, d’économie ou <strong>de</strong> confort (sécurité active<br />
par les ADAS, baisse <strong>de</strong> consommation, dépollution, diagnostic en ligne, confort…).<br />
<strong>Le</strong> bus CAN, développé initialement par Bosch, s’est diffusé à partir <strong>de</strong> 1985 suite à<br />
un accord entre Bosch et Intel qui a permis <strong>de</strong> mettre le protocole CAN dans les<br />
circuits <strong>de</strong> Intel. La première <strong>voiture</strong> multiplexée à utiliser le bus CAN comme<br />
support <strong>de</strong> transmission a été réalisée en 1991 (avec un débit <strong>de</strong> 500 Kbps). Depuis,<br />
il a <strong>la</strong>rgement conquis l’industrie automobile et <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s véhicules construits<br />
aujourd’hui en sont équipés.<br />
Pour les <strong>voiture</strong>s <strong>de</strong> tourisme, il existe généralement <strong>de</strong>ux réseaux CAN :<br />
• l’un concerne l’injection électronique, l’allumage électronique, <strong>la</strong> boîte <strong>de</strong><br />
vitesse automatique et les systèmes ABS, ESP.<br />
• l’autre est utilisé pour le chauffage, <strong>la</strong> climatisation, les vitres et les<br />
rétroviseurs électriques, les sièges ajustables, <strong>la</strong> fermeture centralisée <strong>de</strong>s<br />
portes, l’optique...<br />
Avec le protocole CAN, les contrôleurs, capteurs et actionneurs communiquent entre<br />
eux sur <strong>de</strong>ux câbles à une vitesse pouvant aller jusqu'à 1 Mbits/s.<br />
L’accès aux informations circu<strong>la</strong>nt sur le bus CAN constitue un outil <strong>de</strong> travail<br />
précieux pour les chercheurs qui travaillent sur le véhicule intelligent,<br />
malheureusement le codage <strong>de</strong>s informations sur le bus CAN est propre à chaque
106 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
constructeur qui protège son savoir-faire. Il faut <strong>de</strong>s accords spéciaux pour accé<strong>de</strong>r<br />
aux informations critiques.<br />
<strong>Le</strong> CANalyzer est un outil d’analyse et d’ému<strong>la</strong>tion, fonctionnant sous Windows,<br />
développé par <strong>la</strong> société VECTOR. Il comporte plusieurs fonctionnalités : affichage<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> trace du trafic sur le bus, affichage du contenu <strong>de</strong>s messages, report <strong>de</strong>s<br />
statistiques et <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge du bus, enregistrement <strong>de</strong>s informations pour <strong>de</strong>s<br />
évaluations ultérieures…<br />
Une prise dite OBD pour « On Board Diagnostic » a cependant été rendue<br />
obligatoire, mais cette prise, accessible sur toutes les <strong>voiture</strong>s récentes, délivre<br />
surtout <strong>de</strong>s informations re<strong>la</strong>tives aux composants du groupe motopropulseur<br />
impactant les émissions polluantes du véhicule.<br />
Des outils (boîtiers autonomes ou bien câble OBD–USB avec logiciel pour PC)<br />
permettent <strong>de</strong> diagnostiquer l'état d'un véhicule en utilisant <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> diagnostic<br />
OBD standard, permettant ainsi <strong>de</strong> déterminer les réparations nécessaires en cas <strong>de</strong><br />
panne.<br />
Réseau télématique du véhicule<br />
Avec le navigateur, le téléphone à bord, <strong>la</strong> musique sur MP3, les jeux ou les vidéos<br />
accessibles, <strong>la</strong> télématique embarquée progresse très vite.<br />
<strong>Le</strong>s autoradios du passé ont été progressivement enrichis par <strong>de</strong>s ensembles stéréo<br />
ou quadriphonique, par <strong>de</strong>s lecteurs <strong>de</strong> cassettes, puis <strong>de</strong>s lecteurs <strong>de</strong> CD avec <strong>de</strong>s<br />
chargeurs jukebox, puis <strong>de</strong>s lecteurs mp3 avec prise USB ou <strong>de</strong>s communications<br />
bluetooth avec <strong>de</strong>s ba<strong>la</strong><strong>de</strong>urs musicaux.<br />
<strong>Le</strong>s opérateurs téléphoniques poussent ce marché d’avenir et commencent<br />
maintenant à proposer un mo<strong>de</strong>m routeur embarqué qui se connecte au réseau<br />
grâce à une carte SIM et sélectionne le meilleur réseau disponible parmi le EDGE, <strong>la</strong><br />
3G ou <strong>la</strong> 3G+ pour atteindre <strong>de</strong>s débits <strong>de</strong> 7 Mbits/s.<br />
Cette « car box » joue à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> un rôle analogue aux boîtiers <strong>de</strong>s<br />
opérateurs ADSL qui permettent <strong>de</strong> distribuer les flux image et son, en fi<strong>la</strong>ire ou en<br />
WIFI dans nos appartements et maisons.<br />
La « car box » intègre un module WiFi interne et plusieurs ports Ethernet. Ainsi, les<br />
passagers du véhicule peuvent accé<strong>de</strong>r à Internet avec ou sans fil sur leurs<br />
ordinateurs, console <strong>de</strong> jeux ou autres périphériques.<br />
La « car box » s’installe dans le véhicule et se branche à l’alimentation 12 volts<br />
disponible. <strong>Le</strong> service est disponible dès que le contact est mis dans le véhicule.<br />
LA COMMUNICATION ENTRE LE VEHICULE ET L’INFRASTRUCTURE<br />
PROCHE.<br />
Par infrastructure proche, il faut comprendre, communication entre le véhicule et<br />
<strong>de</strong>s points communicants RSU (Road Si<strong>de</strong> Unit) p<strong>la</strong>cés sur les bas-côtés <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
chaussée ou au niveau <strong>de</strong> portiques perpendicu<strong>la</strong>ires à <strong>la</strong> chaussée.
<strong>Le</strong>s communications dans les systèmes <strong>de</strong> transport intelligents 107<br />
C’est seulement en août 2008 que l’ETSI (European Telecommunications Standards<br />
Institute) a alloué une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> 30 MHz dans <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>s 5,9 GHz pour le<br />
déploiement <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents en Europe. Cette décision est<br />
justifiée au niveau technique par le fait que les caractéristiques <strong>de</strong> propagation à ces<br />
fréquences sont favorables pour les environnements <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion routière,<br />
permettant d’obtenir <strong>de</strong>s débits élevés sur <strong>de</strong>s distances al<strong>la</strong>nt jusqu’à 1000 mètres<br />
avec une faible dépendance aux conditions météorologiques.<br />
Cette technologie dite DSRC pour Dedicated Short Range Communication est celle<br />
déjà déployée pour les barrières <strong>de</strong> péage électroniques.<br />
Mais il existe <strong>de</strong> nombreuses applications potentielles <strong>de</strong> communication VI en<br />
DSRC comme par exemples :<br />
• Télépéage (autoroutes ou parkings).<br />
• Mise à jour <strong>de</strong>s logiciels embarqués dans les « garages télématiques » du futur.<br />
• Mise à jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> cartographie dans les mêmes boutiques télématiques.<br />
• Information trafic à bord sous forme <strong>de</strong> PMV Virtuels.<br />
• Transfert <strong>de</strong> contenus multimédias (jeux, musiques, vidéo) dans <strong>de</strong>s pointsrepos<br />
sur les autoroutes.<br />
• Contrôle aux barrières douanières.<br />
• Feux tricolores ou panneaux stop communicants.<br />
• Toute <strong>la</strong> signalisation routière communicante (annonce d’école, passage<br />
piétonnier, limite <strong>de</strong> vitesse…).<br />
<strong>Le</strong>s USA et le Japon ont retenu <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fréquence très proches mais non<br />
i<strong>de</strong>ntiques, et les protocoles ne sont pas compatibles. <strong>Le</strong>s conséquences pratiques<br />
sont limitées du fait que les trois régions sont séparées par <strong>de</strong>s océans.<br />
LA COMMUNICATION LOCALE DES VEHICULES ENTRE EUX<br />
La technologie <strong>la</strong> plus utilisée à ce jour dans le domaine <strong>de</strong>s transports est le DSRC<br />
qui se limite en France au télépéage mais peut potentiellement répondre à d’autres<br />
applications.<br />
En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s transports, <strong>la</strong> technologie <strong>de</strong> communication sans fil <strong>la</strong> plus répandue<br />
est le WIFI avec en particulier les standard 802.11b et 802.11g.<br />
La norme 802.11b est <strong>la</strong> norme <strong>la</strong> plus répandue en base installée actuellement. Elle<br />
propose un débit théorique <strong>de</strong> 11 Mbit/s (6 Mbit/s réels) avec une portée pouvant<br />
aller jusqu’à 300 mètres (en théorie) dans un environnement dégagé. La p<strong>la</strong>ge <strong>de</strong><br />
fréquences utilisée est <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>s 2,4 GHz.<br />
La norme 802.11g est celle qui est <strong>la</strong> plus commercialisée actuellement. Elle offre<br />
un débit plus élevé (54 Mbit/s théoriques, 25 Mbit/s réels) sur <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> fréquence<br />
<strong>de</strong>s 2,4 GHz. La norme 802.11g a une compatibilité ascendante avec <strong>la</strong> norme<br />
802.11b, ce qui signifie que <strong>de</strong>s matériels conformes à <strong>la</strong> norme 802.11g peuvent<br />
fonctionner en 802.11b. Cette aptitu<strong>de</strong> permet aux nouveaux équipements <strong>de</strong>
108 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
proposer le 802.11g tout en restant compatibles avec les réseaux existants qui sont<br />
souvent encore en 802.11b.<br />
Ce sont ces technologies que nous avons utilisées dans nos propres<br />
expérimentations, au Centre <strong>de</strong> Robotique.<br />
Mais suite à <strong>la</strong> décision <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission européenne d’allouer <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>s 5.9<br />
GHz pour les applications <strong>de</strong> sécurité routières et pour <strong>la</strong> communication V2V2I2V,<br />
le groupe IEEE 802.11p travaille pour modifier le standard 802.11 afin <strong>de</strong> permettre<br />
<strong>la</strong> communication sans fil entre véhicules. WAVE (pour Wireless Access in<br />
Vehicu<strong>la</strong>r Environment) est aussi l’appel<strong>la</strong>tion usitée pour parler <strong>de</strong> cette nouvelle<br />
norme. <strong>Le</strong>s spécifications complètes du protocole 802.11p sont annoncées pour<br />
novembre 2010. <strong>Le</strong> 802.11p sera donc un WIFI dans <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>s 5.9 GHz avec une<br />
portée <strong>de</strong> l’ordre du kilomètre.<br />
DSRC/WAVE Wi-Fi Cellu<strong>la</strong>r Mobile<br />
WiMAX5<br />
Débit 3-27Mbps 6-54Mbps < 2 Mbps 1-32 Mbps<br />
Latence < 50ms Seconds Seconds ?<br />
Portée < 1km < 100m < 10km < 15km<br />
Vitesse > 100 km/h ? > 100 km/h > 100 km/h<br />
Ban<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
fréquence<br />
Standard<br />
IEEE<br />
CALM<br />
5.86-5.92GHz<br />
(ITS-RS)<br />
2.4GHz,<br />
5.2GHz (ISM)<br />
800MHz,<br />
1.9GHz<br />
2.5 GHz<br />
802.11p 802.11a N/A 802.16e<br />
Tableau comparatif <strong>de</strong> différents systèmes <strong>de</strong> communication sans fil<br />
(d’après l’UCLA - Université <strong>de</strong> Californie Los Angeles)<br />
L’ISO est l’organisme mondial <strong>de</strong> normalisation formé par l’union <strong>de</strong>s instituts<br />
nationaux <strong>de</strong> normalisation <strong>de</strong> 148 pays.<br />
L’ISO TC204 WG16 travaille à l’é<strong>la</strong>boration du standard CALM (pour Continuous<br />
Air Interface for Long and Medium range). Ce standard sera normalement le sta<strong>de</strong><br />
ultime <strong>de</strong> <strong>la</strong> normalisation <strong>de</strong>s communications pour les Systèmes <strong>de</strong> Transport<br />
Intelligents.<br />
CALM <strong>de</strong>vra permettre l’interopérabilité universelle <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> télématique.<br />
CALM <strong>de</strong>vra définir un accès réseau standardisé capable <strong>de</strong> se connecter <strong>de</strong> manière<br />
continue et transparente aux équipements <strong>de</strong> bord <strong>de</strong> route (RSU). CALM n’est pas<br />
une nouvelle technologie mais plutôt un « esperanto » <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication. <strong>Le</strong>s<br />
principales caractéristiques <strong>de</strong> CALM sont :
<strong>Le</strong>s communications dans les systèmes <strong>de</strong> transport intelligents 109<br />
• Taux <strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> 54 Mbps avec une portée <strong>de</strong> 1 Km.<br />
• Communication multimodale incluant notamment les réseaux cellu<strong>la</strong>ires, le<br />
DSRC, l’infrarouge et le WAVE.<br />
• Usage <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers protocoles Internet.<br />
• Différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> communication permettant <strong>de</strong>s liaisons à courte, moyenne<br />
et longue distances entre les véhicules et les accotements, les véhicules entre<br />
eux, <strong>de</strong>s équipements fixes ou mobiles éloignés.<br />
La spécification complète <strong>de</strong> CALM implique <strong>de</strong>s modifications dans <strong>de</strong> nombreux<br />
autres domaines, ce qui explique <strong>la</strong> lenteur du processus <strong>de</strong> standardisation.<br />
CALM : standard d’interopérabilité<br />
Pour compléter le survol rapi<strong>de</strong> du domaine <strong>de</strong>s communications dans les systèmes<br />
<strong>de</strong> transport intelligents, il faut mentionner le TPEG. <strong>Le</strong> TPEG pour Transport<br />
Experts Group a été créé en 1997 par l’Union Européenne <strong>de</strong> Radio Télévision, pour<br />
é<strong>la</strong>borer un standard d’échange <strong>de</strong>s informations liées au trafic routier en Europe.<br />
<strong>Le</strong> TPEG est une norme ISO/CEN qui concerne <strong>la</strong> transmission d’informations sur<br />
le trafic et le tourisme. Une caractéristique du TPEG est <strong>la</strong> multiplicité <strong>de</strong>s systèmes<br />
porteurs (DAB, Internet), alors que le RDS-TMC s’appuie sur une sous-porteuse<br />
d’un programme <strong>de</strong> radiodiffusion <strong>de</strong> <strong>la</strong> ban<strong>de</strong> FM. <strong>Le</strong> TPEG prend en charge<br />
différentes applications, pour tous les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> transport : messages sur le trafic<br />
routier, arrivées et départs <strong>de</strong>s trains, trams, bus, ferries et avions.<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> notre contribution au projet européen COOPERS, nous avons<br />
implémenté <strong>la</strong> norme TPEG pour les démonstrations faites sur les autoroutes<br />
françaises en partenariat avec l’Association Française <strong>de</strong>s Sociétés d’Autoroutes.
CHAPITRE 7<br />
PLAIDOYER POUR UN GRAND PRIX DE FRANCE DES<br />
CYBERCARS<br />
Il y a cent ans, au début du vingtième <strong>siècle</strong>, le moyen <strong>de</strong> transport routier dominant<br />
était encore <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> hippomobile (fiacre, diligence, charrette…). En quelques<br />
décennies, le sort d’une industrie al<strong>la</strong>it basculer au profit du tout automobile.<br />
En mai 1923, Lagache et <strong>Le</strong>onard sur Chenard et Walcker remportaient le premier<br />
Grand Prix d’Endurance « 24 heures » du Mans en parcourant 2209,5 Km soit<br />
92 Km/h.<br />
Cette épreuve mythique al<strong>la</strong>it pendant <strong>de</strong>s décennies contribuer au progrès<br />
technologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> automobile.<br />
Pourtant, il est probable que les promoteurs <strong>de</strong> cette compétition étaient à l’époque<br />
perçus comme <strong>de</strong>s aventuriers utopistes.<br />
La Formule 1 (en abrégé <strong>la</strong> F1), née en 1950, est considérée comme <strong>la</strong> catégorie<br />
reine du sport automobile. Elle a pris au fil <strong>de</strong>s ans une dimension mondiale et, avec<br />
les jeux olympiques et <strong>la</strong> coupe du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> football, elle est l'un <strong>de</strong>s événements<br />
sportifs les plus médiatisés.<br />
Ces épreuves, malgré leurs budgets considérables et leurs impacts médiatiques,<br />
apparaissent aujourd’hui comme <strong>de</strong>s aberrations économiques et écologiques et<br />
n’apportent plus rien en termes <strong>de</strong> progrès technologique. Avec <strong>la</strong> crise, les grands<br />
constructeurs automobiles s’en désintéressent les uns après les autres : Honda a<br />
annoncé son désengagement, d’autres y pensent.<br />
<strong>Le</strong> vingtième <strong>siècle</strong> a été celui <strong>de</strong> l’automobile, <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse. Il<br />
n’y a plus grand-chose à prouver sur ces critères. <strong>Le</strong> vingt et unième <strong>siècle</strong> sera celui<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> citoyenne et <strong>de</strong> l’intelligence embarquée.<br />
Il paraît pertinent à l’instar <strong>de</strong> nos ancêtres <strong>de</strong> créer un Grand Prix <strong>de</strong> France <strong>de</strong>s<br />
Cyber-<strong>voiture</strong>s. Une telle initiative serait, pour un budget limité et <strong>de</strong>s objectifs<br />
c<strong>la</strong>irs, un formidable catalyseur <strong>de</strong> l’innovation technologique dans les systèmes<br />
embarqués temps réels intelligents.<br />
Nos <strong>de</strong>ux constructeurs nationaux ont montré leurs compétences en dominant au<br />
niveau mondial et sur plusieurs années respectivement <strong>la</strong> Formule 1 et <strong>la</strong><br />
compétition rallye. Unissant leurs compétences à celles <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche française, ils<br />
pourront légitimement prétendre aux premières p<strong>la</strong>ces au niveau mondial. L’avenir<br />
avec ou sans nous se jouera <strong>de</strong> manière irréversible dans cette direction.<br />
La France et l’Europe ont déjà été <strong>de</strong>vancées par l’Amérique avec le DARPA<br />
challenge. Il ne faudrait pas refaire une secon<strong>de</strong> erreur.
112 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Certes, l’urgence première est <strong>la</strong> recherche d’énergies alternatives aux énergies<br />
fossiles nécessairement limitées, mais l’intelligence embarquée est indépendante <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> source d’énergie motrice et <strong>la</strong> symbiose d’une infrastructure et <strong>de</strong> véhicules<br />
intelligents et communicants contribuera à <strong>la</strong> sécurité, à <strong>la</strong> mobilité et à <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong><br />
vie <strong>de</strong>s citoyens <strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />
LE DARPA CHALLENGE<br />
<strong>Le</strong>s USA ont montré leur lea<strong>de</strong>rship et leur vision du futur en organisant les<br />
premières compétitions <strong>de</strong> véhicules autonomes.<br />
<strong>Le</strong> DARPA Grand Challenge est une compétition organisée par <strong>la</strong> DARPA (Defense<br />
Advanced Research Projects Agency), agence américaine en charge <strong>de</strong>s projets en<br />
recherche avancée pour <strong>la</strong> Défense, mettant en jeu <strong>de</strong>s véhicules terrestres sans<br />
pilote et autonomes c'est-à-dire non télé-opérés.<br />
Trois épreuves ont déjà eu lieu.<br />
<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux premières années en 2004 et 2005 étaient <strong>de</strong>s épreuves en milieu naturel,<br />
du type Paris-Dakar.<br />
<strong>Le</strong>s véhicules <strong>de</strong>vaient parcourir un circuit <strong>de</strong> 150 miles (241,4 Km) dans le désert<br />
<strong>de</strong>s Mojaves en Californie. <strong>Le</strong>s règles étaient particulièrement simples :<br />
• se dép<strong>la</strong>cer <strong>de</strong> manière autonome et parcourir le circuit en moins <strong>de</strong> 10 heures ;<br />
• utiliser les différents capteurs et actionneurs disponibles : GPS, radar, lidar,<br />
centrale inertielle, caméras etc. ;<br />
• ne recevoir aucune comman<strong>de</strong> lors <strong>de</strong> son parcours à l’exception <strong>de</strong> l’arrêt<br />
d’urgence ;<br />
• ne pas gêner <strong>de</strong> manière intentionnelle un autre véhicule <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétition.<br />
Quelques heures avant le départ, les concurrents ont reçu un fichier contenant en<br />
format texte <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> passage séparés par <strong>de</strong>s virgules avec comme<br />
attributs le numéro du point, sa longitu<strong>de</strong>, sa <strong>la</strong>titu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> vitesse autorisée et <strong>la</strong><br />
<strong>la</strong>rgeur <strong>de</strong> voie délimitante. <strong>Le</strong> règlement était donc très simple.<br />
<strong>Le</strong> parcours comprenait néanmoins le passage <strong>de</strong> trois tunnels étroits, plus d’une<br />
centaine <strong>de</strong> virages serrés à droite ou à gauche, enfin le franchissement du col <strong>de</strong><br />
Beer Bottle Pass à 1070 mètres d’altitu<strong>de</strong>.<br />
Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> première édition en 2004, aucun <strong>de</strong>s compétiteurs n’acheva les 150 miles<br />
du parcours, le meilleur s’arrêtant avant le 12 e kilomètre.<br />
L’épreuve fut reconduite en 2005, et cinq <strong>voiture</strong>s robots achevèrent le parcours<br />
dont quatre en moins <strong>de</strong> dix heures.<br />
L’Université <strong>de</strong> Berkeley qui avait été <strong>la</strong> référence sur les systèmes <strong>de</strong> transports<br />
intelligents n’avait pas cru bon <strong>de</strong> participer.<br />
L’Université <strong>de</strong> Stanford fut <strong>la</strong> première en 6H54mn <strong>de</strong>vant Carnegie Mellon<br />
University.
P<strong>la</strong>idoyer pour un Grand Prix <strong>de</strong> France <strong>de</strong>s cybercars 113<br />
<strong>Le</strong> véhicule autonome Stanley <strong>de</strong> Stanford dans le col <strong>de</strong> Beer Bottle Pass.<br />
Une troisième édition eut lieu en 2007 mais avec <strong>de</strong>s règles plus complexes et en<br />
milieu urbain en interaction avec d’autres véhicules. L’épreuve fut rebaptisée Urban<br />
Challenge.<br />
L’épreuve consistait en une course <strong>de</strong> six heures entre véhicules robotisés, organisée<br />
sur les routes suburbaines d’une ancienne base <strong>de</strong> l’U.S. Air Force à Oro Gran<strong>de</strong> en<br />
Californie. <strong>Le</strong>s <strong>voiture</strong>s robots avaient plusieurs missions à accomplir, tout en<br />
respectant les règles du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> route et en évitant <strong>de</strong>s obstacles et les collisions<br />
avec les autres véhicules. Outre les robots, une quarantaine <strong>de</strong> véhicules avec<br />
chauffeurs se trouvaient sur le parcours, afin <strong>de</strong> simuler une circu<strong>la</strong>tion.<br />
Six <strong>de</strong>s onze qualifiés à <strong>la</strong> finale ont réussi à franchir <strong>la</strong> ligne d'arrivée, mais seuls<br />
les trois premiers dans les six heures imparties. Lors <strong>de</strong>s diverses manœuvres<br />
imposées aux concurrents, une seule collision s’est produite, sans dégâts toutefois.<br />
<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux premiers ont été les mêmes qu’en 2005 mais dans l’ordre inverse, Carnegie<br />
Mellon University ayant pris sa revanche. Sa moyenne sur le parcours d’environ<br />
90 Km fut d’un peu plus <strong>de</strong> 22 Km/h.<br />
Sans rentrer dans les détails, il est intéressant <strong>de</strong> lire attentivement quelques points<br />
du règlement pour apprécier le niveau <strong>de</strong> difficultés et aussi pour mesurer ce qui<br />
reste à faire pour atteindre le niveau <strong>de</strong> performance d’une conduite humaine.<br />
On se reporte au règlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétition publié sur le site officiel du Darpa<br />
challenge :<br />
http://www.darpa.mil/grandchallenge/docs/Urban_Challenge_Rules_102707.pdf
114 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
"Boss", <strong>la</strong> <strong>voiture</strong>-robot <strong>de</strong> C.M.U. vainqueur <strong>de</strong> l’Urban Challenge 2007.<br />
<strong>Le</strong>s <strong>voiture</strong>s robots doivent pouvoir:<br />
• Effectuer une mission définie par une série ordonnée <strong>de</strong> points <strong>de</strong> passage sur<br />
un réseau complexe <strong>de</strong> routes.<br />
• Interpréter les marquages aux sols statiques fournis avec le fichier <strong>de</strong><br />
définition du réseau et conduire en respectant le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> route.<br />
• Démontrer une conduite sécurisée lorsque le véhicule en rattrape un autre sur<br />
<strong>la</strong> même voie, en particulier en respectant une distance <strong>de</strong> sécurité.<br />
• Démontrer une surveil<strong>la</strong>nce active et un comportement sécurisant lors<br />
d’opérations, comme le dépassement d’un véhicule à l’arrêt sur <strong>la</strong> voie, <strong>la</strong><br />
sortie d’une p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> parking, le franchissement d’une intersection, ou toute<br />
situation délicate.<br />
• Circuler en toute sécurité dans <strong>de</strong>s zones où le signal GPS serait absent ou<br />
altéré.<br />
• Changer <strong>de</strong> voie lorsque ce<strong>la</strong> est permis et approprié, par exemple ne pas<br />
doubler les véhicules qui font <strong>la</strong> queue à une intersection.<br />
• Marquer l’arrêt à moins d’un mètre <strong>de</strong> <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> marquage « STOP » aux<br />
intersections et démarrer dans un dé<strong>la</strong>i inférieur à dix secon<strong>de</strong>s lorsque <strong>la</strong> voie<br />
est libre.<br />
• Se comporter correctement dans une queue <strong>de</strong> véhicules, c'est-à-dire respecter
P<strong>la</strong>idoyer pour un Grand Prix <strong>de</strong> France <strong>de</strong>s cybercars 115<br />
<strong>la</strong> distance <strong>de</strong> sécurité avec le véhicule précé<strong>de</strong>nt, avancer et s’arrêter pour<br />
respecter l’avancement <strong>de</strong> <strong>la</strong> queue sans pénaliser les autres véhicules par <strong>de</strong>s<br />
temps d’arrêt excessifs.<br />
• Réaliser un routage dynamique si <strong>la</strong> première route s’avère bloquée ou<br />
infranchissable.<br />
• Circuler sur <strong>de</strong>s espaces ouverts comme <strong>de</strong>s aires <strong>de</strong> stockage ou <strong>de</strong>s grands<br />
parkings, sur lesquels l’objectif à atteindre dans <strong>la</strong> mission est défini par ses<br />
coordonnées GPS, avec <strong>la</strong> présence éventuelle d’obstacles fixes ou mobiles.<br />
• Rentrer et sortir d’une p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> parking attribuée dans <strong>la</strong> mission par ses<br />
coordonnées.<br />
• S’insérer <strong>de</strong> manière sûre dans le trafic après avoir traversé une intersection et<br />
emprunté <strong>la</strong> route.<br />
• <strong>Le</strong> fichier <strong>de</strong> définition du réseau routier contient les coordonnées GPS <strong>de</strong>s<br />
panneaux STOP et <strong>la</strong> position <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> marquages STOP au sol.<br />
En revanche les fonctionnalités suivantes ne font pas partie <strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong><br />
l’épreuve :<br />
• Reconnaissance <strong>de</strong>s panneaux <strong>de</strong> signalisation verticaux en particulier les<br />
panneaux STOP, les limites <strong>de</strong> vitesse et les feux <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion tricolores.<br />
• Détection et évitement <strong>de</strong>s vulnérables, piétons ou <strong>de</strong>ux roues.<br />
• Capacité à doubler ou à s’insérer dans une file à haute vitesse, <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong>s<br />
véhicules lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétition étant limitée à 30 mph.<br />
À partir <strong>de</strong> ces quelques points du règlement, on observe que les organisateurs<br />
privilégient le capteur GPS pour tout ce qui concerne <strong>la</strong> localisation du véhicule luimême<br />
mais aussi les attributs routiers, intersections, feux tricolores, panneaux<br />
STOP, parkings. Implicitement, on fait peu confiance à l’analyse <strong>de</strong><br />
l’environnement par vision artificielle. Pourtant, les <strong>la</strong>boratoires maîtrisent bien<br />
aujourd’hui les algorithmes <strong>de</strong> détection <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalisation routière qu’elle soit<br />
horizontale ou verticale.<br />
Dès lors que <strong>la</strong> vision n’est pas utilisée pour <strong>la</strong> détection <strong>de</strong>s feux tricolores, ce<strong>la</strong><br />
impose une communication infrastructure-véhicule par exemple <strong>de</strong> type DSRC qui<br />
est parfaitement fiable.<br />
Pour le reste, l’arrêt au stop, les dépassements, les insertions, les capteurs privilégiés<br />
sont <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> détection volumétrique <strong>de</strong> l’environnement : typiquement <strong>la</strong><br />
télémétrie <strong>la</strong>ser utilisée en mo<strong>de</strong> SLAM (Simultaneous Localisation And Mapping).<br />
Une centrale inertielle ou une bonne localisation à l’estime fusionnant odomètre,<br />
accéléromètre, et gyroscope est indispensable pour circuler dans <strong>de</strong>s espaces où le<br />
signal GPS est absent ou altéré.<br />
Il semble que beaucoup <strong>de</strong> points du règlement n’ayant pas été validés par les<br />
concurrents, l’épreuve finale était plus simple qu’on ne pouvait le supposer.
116 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
LE GCDC GRAND COOPERATIVE DRIVING CHALLENGE<br />
<strong>Le</strong> TNO est l’institut national hol<strong>la</strong>ndais <strong>de</strong> recherche technique. Cet important<br />
établissement <strong>de</strong> recherche conduit <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années <strong>de</strong>s travaux sur les<br />
systèmes <strong>de</strong> transports intelligents. Il a pris l’initiative d’organiser une compétition<br />
<strong>de</strong>s véhicules intelligents appelé le Grand Cooperative Driving Challenge (GCDC).<br />
L’événement a été annoncé lors d’un séminaire international qui s’est tenu à<br />
Eindhoven le 14 mai 2009. <strong>Le</strong> règlement définitif sera publié en décembre 2009, les<br />
inscriptions et les qualifications au printemps 2010 et l’épreuve aura lieu au<br />
printemps 2011. <strong>Le</strong> site officiel du GCDC est : http://www.gcdc.net/<br />
Toutefois, le GCDC n’est pas une épreuve mettant en œuvre <strong>de</strong>s véhicules<br />
autonomes, le contrôle <strong>la</strong>téral du véhicule restant assuré par un conducteur humain<br />
alors que le contrôle longitudinal est automatisé et surtout, coopératif.<br />
<strong>Le</strong> GCDC veut surtout mettre en exergue les apports potentiels <strong>de</strong>s communications<br />
infrastructure-véhicule et véhicule-véhicule à <strong>la</strong> sécurité et à <strong>la</strong> mobilité.<br />
Bien que les règles ne soient pas définitivement stabilisées, voici quatre scénarii<br />
envisagés :<br />
Scénario 1 : Coopération infrastructure-véhicule dans <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> nonvisibilité.<br />
Des obstacles virtuels, définis par leurs coordonnées GPS, sont p<strong>la</strong>cés sur<br />
l’infrastructure, ils sont visibles sur écran par le jury et le public, mais invisibles au<br />
conducteur. <strong>Le</strong> véhicule est informé par une communication I2V <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
position GPS <strong>de</strong>s obstacles. Il doit négocier leur évitement et se frayer une<br />
trajectoire entre ces objets invisibles.
P<strong>la</strong>idoyer pour un Grand Prix <strong>de</strong> France <strong>de</strong>s cybercars 117<br />
Scénario 2 : Formation d’un peloton <strong>de</strong> véhicules (p<strong>la</strong>tooning) et réactions<br />
au comportement du véhicule lea<strong>de</strong>r.<br />
<strong>Le</strong> véhicule noir <strong>de</strong> tête appartient à<br />
l’organisation. <strong>Le</strong>s véhicules bleu<br />
c<strong>la</strong>ir et bleu foncé sont <strong>de</strong>s<br />
concurrents. <strong>Le</strong> bleu c<strong>la</strong>ir émet par<br />
communication V2V une requête<br />
d’insertion. <strong>Le</strong> bleu foncé ralentit<br />
pour créer un trou d’insertion, le bleu<br />
c<strong>la</strong>ir se rabat et le peloton se stabilise.<br />
<strong>Le</strong> véhicule lea<strong>de</strong>r accélère puis<br />
freine et on analyse le maintien <strong>de</strong>s<br />
distances au sein du peloton.<br />
Scénario 3 : Gestion coopérative <strong>de</strong>s intersections.<br />
Quatre véhicules communicants circulent en peloton. <strong>Le</strong> véhicule rouge <strong>de</strong> tête doit<br />
passer en queue. Pour ce<strong>la</strong>, il <strong>de</strong>vra faire <strong>de</strong>ux 8 pendant que les autres n’en font<br />
qu’un. En utilisant les communications V2V, il <strong>de</strong>vra adapter sa vitesse pour ne pas<br />
perturber les trois autres à l’intersection.
118 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Scénario 4 : Intérêt du p<strong>la</strong>tooning coopératif au passage <strong>de</strong>s feux .<br />
Plusieurs véhicules communicants qui atten<strong>de</strong>nt au feu rouge accélèrent<br />
simultanément lors du passage au vert d’un feu pour augmenter le débit.<br />
Deux convois <strong>de</strong> six<br />
véhicules atten<strong>de</strong>nt à un<br />
feu rouge. Celui <strong>de</strong><br />
gauche est coopératif<br />
(V2V), l’autre non.<br />
Lors du passage au vert,<br />
les véhicules coopératifs<br />
démarrent ensemble et<br />
traversent groupés, les<br />
autres non<br />
Lorsque le feu commute<br />
au rouge, plusieurs<br />
véhicules non coopératifs<br />
n’ont pu passer.<br />
<strong>Le</strong>s scénarii imaginés par TNO sont très intéressants. <strong>Le</strong> centre a choisi<br />
délibérément <strong>de</strong> mettre l’accent sur les systèmes coopératifs, très prometteurs.<br />
Toutefois, les organisateurs vont se heurter à plusieurs difficultés. Peu <strong>de</strong><br />
concurrents sont en mesure <strong>de</strong> venir avec plusieurs véhicules pour démontrer le<br />
p<strong>la</strong>tooning coopératif. TNO qui est l’organisateur ne participera pas en qualité <strong>de</strong><br />
concurrent mais fournira les moyens techniques pour noter les compétiteurs. Or, le<br />
barème <strong>de</strong> notation n’apparaît difficile à établir.<br />
FUTURE CHALLENGE - CHINE<br />
La Chine a organisé <strong>de</strong> manière discrète mais efficace sa première compétition,<br />
baptisée FC’09 pour Challenge du Futur 2009 dans <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> X’ian les 4 et 5 juin<br />
2009.<br />
<strong>Le</strong> challenge était composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux parties, une partie A un peu simi<strong>la</strong>ire à l’Urban<br />
Challenge et une partie B en environnement rural, un peu comparable au Grand<br />
Darpa Challenge 2005.<br />
La partie A elle-même était divisée en trois catégories <strong>de</strong> tests :
P<strong>la</strong>idoyer pour un Grand Prix <strong>de</strong> France <strong>de</strong>s cybercars 119<br />
• Aptitu<strong>de</strong> aux fonctions <strong>de</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> conduite autonome, contrôle <strong>la</strong>téral,<br />
contrôle longitudinal sur une route libre (20% <strong>de</strong>s points).<br />
• Aptitu<strong>de</strong> à lire <strong>la</strong> signalisation routière (panneaux STOP, vitesse limitée, feux<br />
<strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion etc.) et à respecter le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> route (50% <strong>de</strong>s points).<br />
• Réalisation du parking automatique sur un emp<strong>la</strong>cement assigné par ses<br />
coordonnées.<br />
À <strong>la</strong> différence du GCCD qui innove avec <strong>la</strong> conduite coopérative, le Challenge du<br />
Futur s’inspire <strong>la</strong>rgement du Darpa challenge, auquel il emprunte <strong>la</strong> représentation<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> géométrie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalétique routière par un fichier <strong>de</strong> définition du réseau<br />
routier. Pour une <strong>la</strong>rge part, le véhicule se dép<strong>la</strong>ce donc en aveugle sur une carte<br />
numérique <strong>de</strong> <strong>la</strong> géométrie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalisation. Tout rési<strong>de</strong> alors dans <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> cartographie numérique, dans <strong>la</strong> précision <strong>de</strong> <strong>la</strong> localisation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en<br />
correspondance réel - virtuel.<br />
Toutefois, le Challenge du Futur a introduit <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> notation simples mettant<br />
du « piquant » à l’épreuve et créant une ému<strong>la</strong>tion entre les participants. Par<br />
exemple :<br />
• Sortie <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> roulement : moins 10 points.<br />
• Respect d’un arrêt stop avec arrêt à moins d’un mètre du marquage (plus dix<br />
points), roues avant sur <strong>la</strong> ligne stop (moins 5 points), roues arrières dépassant<br />
le marquage (zéro point).<br />
• Détection et reconnaissance d’un feu <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion. En fait, le feu est<br />
automatiquement rouge à l’arrivée du véhicule autonome qui doit marquer<br />
l’arrêt. <strong>Le</strong> feu commute au vert au bout d’un temps inconnu et on mesure le<br />
temps <strong>de</strong> réaction du véhicule à démarrer.<br />
Véhicule <strong>de</strong> Hunan University (c<strong>la</strong>ssée 1 ère ) et <strong>de</strong> X’ian Jiao Tong University (3 e )
120 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
ET LA FRANCE ET L’EUROPE DANS TOUT CELA ?<br />
Il n’y a pas besoin d’être Jules Verne pour prédire que le 21 e <strong>siècle</strong> et même, plus<br />
simplement, les vingt prochaines années vont voir se multiplier les épreuves <strong>de</strong> ce<br />
genre.<br />
Il y a moins d’un <strong>siècle</strong>, au moment où le transport hippomobile a cédé <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce en<br />
moins <strong>de</strong> trente ans à l’automobile, <strong>la</strong> France avait été capable <strong>de</strong> se projeter dans<br />
l’avenir. Sans abandonner les hippodromes et les courses <strong>de</strong> chevaux pour le p<strong>la</strong>isir,<br />
<strong>la</strong> France avait su se positionner <strong>de</strong> <strong>la</strong> meilleure façon en <strong>la</strong>nçant les 24 heures du<br />
Mans et <strong>de</strong> nombreux autres rallyes.<br />
Rien <strong>de</strong> tel aujourd’hui, en pleine crise économique et financière : le Conseil<br />
Général <strong>de</strong>s Yvelines a voté à l’unanimité le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction d’un circuit<br />
<strong>de</strong> Formule 1 pour 380 millions d’euros sur un terrain d’une centaine d’hectares près<br />
<strong>de</strong>s Mureaux. Cet investissement, qui a pour objectif <strong>de</strong> maintenir un Grand Prix <strong>de</strong><br />
Formule 1 en France, servirait moins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures par an.<br />
<strong>Le</strong> projet <strong>de</strong> circuit <strong>de</strong> F1 près <strong>de</strong>s Mureaux, 78.<br />
Il faut rapprocher les 380 millions <strong>de</strong> coût estimé, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs<br />
attribués aux vainqueurs du Darpa challenge.<br />
<strong>Le</strong> vingt et unième <strong>siècle</strong> sera celui <strong>de</strong> l’intelligence embarquée, du véhicule<br />
écologique et économique.<br />
<strong>Le</strong>s scientifiques et les chercheurs du domaine le savent, mais leur voix n’est pas<br />
entendue.<br />
<strong>Le</strong> problème n’est même pas d’ordre financier. Trouver quelques millions d’euros<br />
au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> France est possible et encore plus facile au niveau européen.<br />
De très nombreux projets <strong>de</strong> recherche financés au niveau national ou européen<br />
dépassent ces budgets - et beaucoup aboutissent à <strong>de</strong>s résultats mo<strong>de</strong>stes ou nuls,<br />
parce que c’est ainsi en recherche.<br />
<strong>Le</strong> problème est que l’organisation d’une compétition <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s robots ne rentre<br />
pas dans les appels d’offre <strong>de</strong> l’Agence Nationale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Recherche (ANR) ou dans le<br />
Programme Cadre <strong>de</strong> Recherche et Développement (PCRD) <strong>de</strong> l’Europe.
P<strong>la</strong>idoyer pour un Grand Prix <strong>de</strong> France <strong>de</strong>s cybercars 121<br />
Toutefois, l’idée a été présentée par C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Laurgeau en avril 2009 à Ostrava, lors<br />
<strong>de</strong> son audition <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> commission du Conseil Economique et Social <strong>de</strong> l’Europe<br />
(CESE), chargée <strong>de</strong> se prononcer sur <strong>la</strong> proposition <strong>de</strong> Directive du Parlement et du<br />
Conseil <strong>de</strong> l’Europe, sur le déploiement <strong>de</strong>s ITS (887 final -2008/0263(COD)). La<br />
suggestion a été retenue et exprimée <strong>de</strong> manière c<strong>la</strong>ire au paragraphe 4.9 <strong>de</strong><br />
l’Opinion du CESE sur le déploiement <strong>de</strong>s ITS (CESE 872/09) : « Promotion du<br />
développement <strong>de</strong>s véhicules intelligents au travers <strong>de</strong> l’organisation <strong>de</strong> compétition<br />
entre les meilleurs <strong>de</strong>s véhicules intelligents en Europe ».<br />
La solution ne peut venir que <strong>de</strong> l’engagement fort d’un politique <strong>de</strong> haut niveau ou<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irvoyance d’un mécène.<br />
Espérons que l’un d’eux lira ces lignes et sera convaincu.
CONCLUSION<br />
LES DEBUTS DIFFICILES DE L’AUTOMOBILE<br />
(Extrait <strong>de</strong> http://fr.wikipedia.org/wiki/Locomotive_Act).<br />
En Gran<strong>de</strong>-Bretagne, dans les années 1860, les machines automobiles à vapeur<br />
commençaient à être <strong>de</strong> plus en plus utilisées pour le transport et l'agriculture. De<br />
ce fait, elles menaçaient <strong>la</strong> sécurité du public. On pensait que ces engins al<strong>la</strong>ient<br />
provoquer <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts mortels, effrayer les chevaux, bloquer les voies étroites et<br />
perturber <strong>la</strong> tranquillité nocturne. <strong>Le</strong> coût <strong>de</strong> l'entretien <strong>de</strong>s routes était aussi un<br />
argument pour taxer ce nouveau type <strong>de</strong> véhicule pouvant atteindre une <strong>la</strong>rgeur <strong>de</strong><br />
9 pieds et un poids <strong>de</strong> 14 tonnes, car on pensait que propulsés à <strong>la</strong> « gran<strong>de</strong><br />
vitesse » <strong>de</strong> 10 miles par heure (16 Km/h), ils al<strong>la</strong>ient dégra<strong>de</strong>r <strong>la</strong> route.<br />
Cependant, il fut démontré que <strong>la</strong> <strong>la</strong>rgeur <strong>de</strong>s roues et l'absence d'impact <strong>de</strong>s sabots<br />
<strong>de</strong>s chevaux causaient moins <strong>de</strong> dommages aux routes que les calèches.<br />
Il fallut une quarantaine d’années et plusieurs lois pour débloquer l’industrie<br />
automobile.<br />
La loi Locomotives on Highways Act 1861 limite le poids <strong>de</strong>s véhicules à 12<br />
tonnes, impose une limite <strong>de</strong> vitesse <strong>de</strong> 10 mph (16 Km/h) et <strong>de</strong> 5 mph (8 Km/h)<br />
dans les villes.<br />
La loi Locomotive Act 1865 (Red F<strong>la</strong>g Act) limite <strong>la</strong> vitesse à 4 mph (6 Km/h) sur<br />
les routes et 2 mph (3 Km/h) dans les villes et stipule que les véhicules<br />
autopropulsés doivent être conduits par un équipage <strong>de</strong> trois personnes : un<br />
conducteur, un chauffeur et un homme à pied muni d'un drapeau rouge, marchant à<br />
60 yards (55 m) <strong>de</strong>vant chaque véhicule. L'homme avec un drapeau rouge ou une<br />
<strong>la</strong>nterne impose <strong>la</strong> vitesse et doit avertir les cavaliers et les véhicules hippomobiles<br />
<strong>de</strong> l'approche d'une machine automotrice.<br />
La loi Highways and Locomotives (Amendment) Act 1878 supprime l’obligation<br />
du drapeau rouge, réduit <strong>la</strong> distance entre le piéton et le véhicule à 20 yards (18<br />
m), mais oblige les véhicules à s'arrêter quand un cheval est en vue.<br />
En 1895, certains conducteurs <strong>de</strong>s premiers véhicules à vapeur légers pensèrent<br />
pouvoir être assimilés à <strong>de</strong>s chariots sans chevaux et donc dispensés d'être<br />
précédés d'un piéton. <strong>Le</strong> cas fut traité par une cour <strong>de</strong> justice qui les déc<strong>la</strong>ra<br />
« locomotives routières » car ils pouvaient tracter une remorque. Cependant, le<br />
contrevenant ne fut condamné qu'à une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1 shilling. La réaction à cet<br />
événement fut un appel pour l'abrogation <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi.<br />
Sous <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>s passionnés <strong>de</strong> l'automobile, dont le fabricant <strong>de</strong> Coventry<br />
Harry J. Lawson, le gouvernement introduisit le Locomotives on Highways Act<br />
1896, connu sous le nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi Emancipation Act, qui définit une nouvelle<br />
catégorie <strong>de</strong> véhicules légers <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 tonnes à vi<strong>de</strong>. Ces véhicules furent<br />
exemptés <strong>de</strong> <strong>la</strong> règle <strong>de</strong>s trois membres d'équipage, et autorisés à rouler à 14 mph<br />
(22 Km/h).
124 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
L'assouplissement <strong>de</strong>s restrictions d'utilisation ouvrit <strong>la</strong> voie au développement <strong>de</strong><br />
l'industrie automobile britannique.<br />
Près d'un <strong>siècle</strong> et <strong>de</strong>mi plus tard, le journaliste automobile et auteur L.J.K.<br />
Setright émit l'hypothèse que les lois furent mises en p<strong>la</strong>ce pour empêcher le<br />
développement automobile dans le Royaume-Uni, en raison <strong>de</strong>s intérêts financiers<br />
que certains membres du gouvernement et d'autres personnalités avaient dans le<br />
développement <strong>de</strong> l'industrie ferroviaire.<br />
En France, en 1882, Clemenceau voyant passer sur les Champs-Élysées les<br />
premières <strong>voiture</strong>s automobiles aurait dit : « Dangereuses, puantes, inconfortables,<br />
ridicules, assurément vouées à l’oubli rapi<strong>de</strong> ». Non seulement le grand homme se<br />
trompait, mais par <strong>la</strong> suite, il al<strong>la</strong>it avec son ami C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Monet, se passionner pour<br />
l’automobile et <strong>la</strong> vitesse.<br />
Plus récemment, qui peut prétendre avoir prévu <strong>la</strong> chute du mur <strong>de</strong> Berlin ? Qui<br />
avait prévu l’explosion <strong>de</strong> <strong>la</strong> bulle Internet dans les années 2000 ? Qui avait prévu<br />
l’énorme crise financière <strong>de</strong> 2008 ?<br />
Pourtant ces événements paraissent p<strong>la</strong>usibles et même prédictibles a posteriori.<br />
Ce petit retour sur l’histoire, qui nous fait sourire aujourd’hui, doit aussi nous<br />
interpeller.<br />
Il montre qu’il n’est pas facile <strong>de</strong> se projeter dans le futur. Pendant toute <strong>la</strong> première<br />
moitié du <strong>siècle</strong> <strong>de</strong>rnier, on continua à trouver <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s hippomobiles dans toute<br />
<strong>la</strong> France et même à Paris. Toutes les industries <strong>de</strong> l’époque re<strong>la</strong>tives au transport<br />
terrestre à base <strong>de</strong> véhicules tractés par <strong>la</strong> force animale se trouvèrent en crise et en<br />
quelques dizaines d’années, l’automobile s’imposa - une page était tournée.<br />
En ce début <strong>de</strong> vingt et unième <strong>siècle</strong>, les constructeurs automobiles sont inquiets à<br />
juste titre. Seraient-ils dans <strong>la</strong> même posture que les fabricants <strong>de</strong> diligence un <strong>siècle</strong><br />
plus tôt ? <strong>Le</strong> gouvernement a réuni en janvier 2009 ce qu’on a appelé les « états<br />
généraux <strong>de</strong> l’automobile ». <strong>Le</strong> fait d’utiliser cette expression sous-entend que nous<br />
vivons ou allons vivre une révolution. Dans <strong>la</strong> tourmente <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise financière<br />
mondiale, les gouvernements <strong>de</strong>s pays industrialisés sont intervenus pour sauver le<br />
système bancaire et l’industrie automobile. Cette <strong>de</strong>rnière est <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies<br />
un puissant moteur <strong>de</strong> l’économie en France et en Europe, employant <strong>de</strong>s millions<br />
<strong>de</strong> sa<strong>la</strong>riés. Toutefois, elle est appelée à se remettre en cause, à se réformer, à choisir<br />
<strong>de</strong>s solutions d’avenir et non à attendre une sortie <strong>de</strong> crise en espérant repartir<br />
comme avant.<br />
Que pouvons-nous attendre du futur proche ? Que va-t-il se passer au cours <strong>de</strong>s<br />
prochaines décennies ?<br />
LA CONDUITE AUTOMATISEE POUR LES NULS EN QUATRE LEÇONS<br />
Lorsque les hommes sont passés en quelques décennies <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> hippomobile à<br />
<strong>la</strong> <strong>voiture</strong> automobile, <strong>la</strong> principale innovation a été le remp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> l’énergie<br />
animale par une énergie mécanique pour mouvoir une <strong>voiture</strong>.
Conclusion 125<br />
À l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s, le cocher pouvait diriger le cheval à hue (droite) ou à dia<br />
(gauche), en exerçant une traction sur le mors que <strong>la</strong> bri<strong>de</strong> maintenait dans <strong>la</strong><br />
mâchoire du cheval. L’interface homme-animal était bimodale, à <strong>la</strong> fois sonore et un<br />
couple.<br />
Pour obtenir le même résultat avec une <strong>voiture</strong> motorisée, le moteur étant totalement<br />
sourd, l’interface sonore a été éliminée et, après quelques tâtonnements, les hommes<br />
ont proposé un vo<strong>la</strong>nt pour communiquer via une crémaillère, un couple aux <strong>de</strong>ux<br />
roues directrices. On avait résolu le problème du contrôle <strong>la</strong>téral.<br />
Contrôle <strong>la</strong>téral<br />
<strong>Le</strong> contrôle <strong>la</strong>téral est un contrôle en position qui, par suite <strong>de</strong> rotations successives,<br />
maintient <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> sur sa voie <strong>de</strong> roulement. <strong>Le</strong> fait que <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> hippomobile ou<br />
automobile ne puisse se trans<strong>la</strong>ter par rapport à sa trajectoire que grâce aux rotations<br />
traduit <strong>la</strong> non-holonomie du véhicule.<br />
Contrôle longitudinal<br />
Pour accélérer, le cocher disposait d’un fouet pour communiquer avec le cheval et<br />
pour ralentir, il pouvait le retenir en tirant simultanément sur les gui<strong>de</strong>s ou bien<br />
freiner les roues dans les <strong>de</strong>scentes pour alléger les efforts du cheval. Ces <strong>de</strong>ux<br />
actionneurs ont été remp<strong>la</strong>cés respectivement par l’accélérateur et le frein. Ils<br />
permettent <strong>de</strong> contrôler <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> dép<strong>la</strong>cement du véhicule sur sa voie. Observons
126 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
qu’il y a bien <strong>de</strong>ux actionneurs - autrement dit qu’il y a dissymétrie autour du point<br />
d’équilibre selon que l’on accélère ou qu’on décélère.<br />
Finalement, on est bien passé <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> hippomobile à l’automobile, le cocher a<br />
changé <strong>de</strong> nom, il s’est appelé conducteur, mais il est resté présent. La <strong>voiture</strong> était<br />
<strong>de</strong>venue automobile en acquérant son autonomie énergétique, mais aujourd’hui, elle<br />
n’a toujours pas son autonomie décisionnelle et voi<strong>la</strong> pourquoi nous ne l’appelons<br />
pas encore « robot mobile ». Mais ce<strong>la</strong> ne saurait tar<strong>de</strong>r.<br />
Commençons par <strong>la</strong>isser le conducteur dans <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> et voyons en quelques leçons<br />
comment nous pouvons l’assister et progressivement le remp<strong>la</strong>cer.<br />
<strong>Le</strong>çon 1 : La p<strong>la</strong>nification. Se dép<strong>la</strong>cer avec un véhicule, c’est d’abord répondre à<br />
<strong>de</strong>s questions simples : où suis-je ? Où vais-je ? Quelle route vais-je suivre ?<br />
La localisation satellitaire et le routage cartographique répon<strong>de</strong>nt à ces questions<br />
simples.<br />
<strong>Le</strong>çon 2 : <strong>Le</strong> contrôle longitudinal. Conduire une <strong>voiture</strong>, c’est lui communiquer<br />
une vitesse adéquate qui tienne compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> géométrie <strong>de</strong> <strong>la</strong> route et <strong>de</strong> l’état du<br />
trafic. Dans cette leçon N°2, le conducteur est bien présent, mais il ne contrôle que<br />
le vo<strong>la</strong>nt. Par ailleurs, le trafic est nul et <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> est d’abord seule sur <strong>la</strong> route.<br />
Imaginons tout d’abord une route sans virage et sans montée ou <strong>de</strong>scente. <strong>Le</strong><br />
régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse c<strong>la</strong>ssique utilisé à <strong>de</strong>s millions d’exemp<strong>la</strong>ires dans le mon<strong>de</strong><br />
répond sans difficulté à ce problème. Si maintenant <strong>la</strong> route présente <strong>de</strong>s montées,<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>scentes, <strong>de</strong>s virages, <strong>de</strong>s rétrécissements, ou <strong>de</strong>s intersections avec d’autres<br />
routes, <strong>de</strong>ux améliorations doivent être apportées au régu<strong>la</strong>teur. Tout d’abord, le<br />
régu<strong>la</strong>teur ne doit plus se limiter au seul frein moteur pour ralentir, mais doit être<br />
capable d’actionner les freins pour abaisser rapi<strong>de</strong>ment <strong>la</strong> vitesse dans l’hypothèse<br />
d’une forte déclivité. Par ailleurs, <strong>la</strong> consigne <strong>de</strong> vitesse ne peut rester constante à<br />
90Kmh par exemple. En effet, celle-ci doit être abaissée dans les virages pour<br />
prendre en compte les accélérations <strong>la</strong>térales. Ceci est parfaitement possible en<br />
utilisant un régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse dynamique alimenté par le signal <strong>de</strong> géolocalisation<br />
et une cartographie enrichie. On constate que le régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse dynamique qui<br />
n’est pas proposé par les constructeurs est l’un <strong>de</strong>s ADAS le plus naturel et le plus<br />
utile. Il est vrai que sa diffusion rendrait obsolètes les innombrables radars <strong>de</strong><br />
répression p<strong>la</strong>cés sur nos routes.<br />
À ce sta<strong>de</strong>, nous pouvons même gérer <strong>la</strong> présence d’autres véhicules sur <strong>la</strong> chaussée<br />
grâce au régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse adaptatif qui choisira <strong>la</strong> bonne distance <strong>de</strong> sécurité par<br />
rapport au véhicule précé<strong>de</strong>nt. Notre conducteur humain peut dès lors effectuer <strong>de</strong><br />
longues distances en se servant uniquement du vo<strong>la</strong>nt pour assurer le contrôle<br />
<strong>la</strong>téral.<br />
<strong>Le</strong>çon 3 : <strong>Le</strong> contrôle <strong>la</strong>téral. Notre conducteur reste présent dans le véhicule, mais<br />
nous modifions sa tâche. Il peut freiner et accélérer pour assurer le contrôle<br />
longitudinal, mais il ne touche plus au vo<strong>la</strong>nt. Nous savons qu’il existe plusieurs<br />
solutions techniques pour assurer le contrôle <strong>la</strong>téral d’un véhicule et que certaines<br />
sont déjà commercialisées sous les appel<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> « Lane Keeping » ou « Lane<br />
Departure Warning ».
Conclusion 127<br />
<strong>Le</strong>çon 4 : La conduite automatique supervisée. Si l’on active simultanément les<br />
trois fonctions <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nification, <strong>de</strong> contrôle longitudinal et <strong>de</strong> contrôle <strong>la</strong>téral, le<br />
véhicule est totalement pris en charge du point <strong>de</strong> départ au point d’arrivée et <strong>la</strong><br />
tâche du conducteur est limitée à <strong>la</strong> supervision.<br />
Alors bien sûr « tout n’est pas résolu » diront les esprits chagrins. Nous avons passé<br />
sous silence les manœuvres <strong>de</strong> dépassement, les encombrements, les traversées<br />
d’intersections, les contournements <strong>de</strong> ronds-points, les feux <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion, les<br />
stops, les piétons, les <strong>de</strong>ux roues. Mais nous avons isolé <strong>de</strong> vastes champs potentiels<br />
<strong>de</strong> déploiement <strong>de</strong> <strong>la</strong> conduite automatisée supervisée. <strong>Le</strong>s technologies présentées<br />
n’ont rien d’utopique, elles existent et sont même commercialisées séparément. La<br />
conduite automatique supervisée telle qu’elle est définie à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> notre quatrième<br />
leçon est parfaitement compatible avec <strong>la</strong> loi. <strong>Le</strong> conducteur s’est offert un robotchauffeur,<br />
mais reste toujours responsable <strong>de</strong> son véhicule. Il peut reprendre à tout<br />
moment le contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> conduite. <strong>Le</strong> robot respectueux lui <strong>la</strong>isse <strong>la</strong> priorité.<br />
Pour ce qui est <strong>de</strong>s nombreux points durs énumérés en amont, nous avons déjà <strong>de</strong>s<br />
solutions à <strong>la</strong> plupart d’entre eux. La conduite coopérative avec échange<br />
d’informations entre l’infrastructure et les véhicules ou bien entre les véhicules euxmêmes<br />
offre <strong>de</strong>s solutions à <strong>de</strong> nombreux problèmes. <strong>Le</strong>s véhicules peuvent<br />
respecter parfaitement les arrêts aux feux rouges ou aux panneaux stop ou ralentir en<br />
zone piétonne en recevant <strong>de</strong>s messages <strong>de</strong> l’infrastructure. <strong>Le</strong>s manœuvres <strong>de</strong><br />
dépassement ont déjà trouvé <strong>de</strong>s solutions dans les <strong>la</strong>boratoires <strong>de</strong> recherche même<br />
si ce<strong>la</strong> reste délicat. La perception et l’analyse <strong>de</strong> l’environnement proche du<br />
véhicule avec i<strong>de</strong>ntification et localisation <strong>de</strong>s obstacles fixes ou mobiles sont les<br />
problèmes les plus difficiles à résoudre. Remonter en conduite automatique l’avenue<br />
<strong>de</strong>s Champs-Élysées, contourner l’Arc <strong>de</strong> Triomphe et re<strong>de</strong>scendre les Champs à<br />
une heure <strong>de</strong> pointe constitue un beau challenge. Invraisemb<strong>la</strong>ble il y a dix ans, il ne<br />
paraît plus inaccessible.<br />
On peut dès lors se poser quelques questions légitimes : pourquoi certains sont-ils<br />
incrédules ou réticents ? Pourquoi aucun constructeur ne propose encore un véhicule<br />
avec conduite automatique supervisée ?<br />
Certains sceptiques disent, un peu comme Clemenceau, que ce<strong>la</strong> est ridicule, que ce<br />
n’est pas intéressant et que <strong>la</strong> conduite d’une <strong>voiture</strong> c<strong>la</strong>ssique procure un réel<br />
p<strong>la</strong>isir. <strong>Le</strong> p<strong>la</strong>isir est réel et peut toujours l’être quand on roule à basse vitesse en<br />
zone rurale en appréciant les paysages, mais qui prend du p<strong>la</strong>isir à rouler à 5KmH<br />
dans les embouteil<strong>la</strong>ges ou à 130KmH sur autoroute pendant <strong>de</strong>s heures ?<br />
Quant à <strong>la</strong> question : pourquoi aucun constructeur ne propose un véhicule avec<br />
conduite automatique supervisée , on peut répondre que ce<strong>la</strong> ne <strong>de</strong>vrait pas tar<strong>de</strong>r.<br />
Tous les composants sont déjà commercialisés séparément. La question est plutôt :<br />
qui sera le premier ? On aimerait que ce<strong>la</strong> soit un constructeur français mais le passé<br />
nous a plutôt habitué à voir les innovations <strong>de</strong> ce type apparaître chez les véhicules<br />
haut <strong>de</strong> gamme allemands ou japonais.
128 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
REGARDS SUR LE FUTUR<br />
L’exercice <strong>de</strong> prédiction est toujours à haut risque. Il sera facile pour ceux qui liront<br />
ces pages dans quelques dizaines d’années <strong>de</strong> voir que nous nous sommes trompés,<br />
tout comme les débuts difficiles <strong>de</strong> l’automobile en Gran<strong>de</strong>-Bretagne nous font<br />
sourire aujourd’hui. Mais qui avait prévu Internet ou le téléphone mobile il y a trente<br />
ans ? Alors, <strong>la</strong>nçons-nous à l’eau dans <strong>la</strong> prospective.<br />
Commençons par <strong>de</strong>s prédictions hautement probables.<br />
La congestion <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s métropoles est telle que plusieurs ont déjà pris <strong>de</strong>s<br />
initiatives pour limiter les dép<strong>la</strong>cements vers les centres villes. Prenons l’exemple <strong>de</strong><br />
Stockholm qui, <strong>de</strong>puis six ans, a positionné 18 barrières sur les accès au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
ville. Ces barrières <strong>de</strong> péage constituent <strong>la</strong> version mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> l’octroi en usage<br />
dans les <strong>siècle</strong>s passés. Chaque barrière est équipée <strong>de</strong> caméras <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong>s<br />
p<strong>la</strong>ques d’immatricu<strong>la</strong>tion. Chaque entrée ou sortie <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville est détectée et<br />
facturée selon un barème qui dépend <strong>de</strong> l’heure (variant <strong>de</strong> 1 à 2 euros avec un<br />
maximum <strong>de</strong> six euros par jour), les passages aux heures <strong>de</strong> nuit étant gratuits. <strong>Le</strong><br />
paiement sur p<strong>la</strong>ce n’est pas possible et <strong>la</strong> facturation automatisée est adressée<br />
mensuellement.<br />
<strong>Le</strong>s villes <strong>de</strong> Singapour et Londres utilisent également <strong>de</strong>s solutions comparables. Il<br />
paraît hautement probable que Paris et d’autres gran<strong>de</strong>s villes françaises adopteront<br />
rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s solutions simi<strong>la</strong>ires.<br />
Dans le cas <strong>de</strong> Stockholm, <strong>la</strong> congestion estimée par le nombre d’entrées sorties a<br />
baissé <strong>de</strong> 29%. Cette métho<strong>de</strong> efficace <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> pollution et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
congestion pose toutefois le problème <strong>de</strong> l’équité entre les citoyens. Pour certains,<br />
quelques dizaines d’euros par mois sont négligeables alors que <strong>de</strong> telles sommes<br />
sont dissuasives pour <strong>de</strong>s personnes à revenus mo<strong>de</strong>stes.<br />
Observons que <strong>la</strong> technologie utilisée pour assurer le péage est <strong>la</strong> vision artificielle.<br />
La diffusion à gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong> cette technologie constitue une sérieuse référence<br />
sur <strong>la</strong> fiabilité et <strong>la</strong> robustesse <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> lecture automatique. Toutefois,<br />
cette technique impose un équipement <strong>de</strong> l’infrastructure en portiques pour<br />
supporter les caméras, autrement dit un coût pour les pouvoirs publics ou le<br />
gestionnaire <strong>de</strong> l’infrastructure.<br />
Or, il existe une autre technologie aussi efficace et encore plus flexible dont le coût<br />
peut être payé par l’usager : il s’agit du positionnement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> navigation<br />
satellitaire. Si chaque véhicule est équipé en série d’une boîte noire (On Board Unit<br />
ou OBU), il est possible <strong>de</strong> supprimer toutes les barrières <strong>de</strong> péages sur le réseau<br />
autoroutier et <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s barrières virtuelles totalement dématérialisées dans<br />
l’espace et dans le temps. La flexibilité <strong>de</strong> tarification <strong>de</strong>vient totale. <strong>Le</strong>s dirigeants<br />
politiques seront certainement intéressés par cette possibilité <strong>de</strong> rentrée fiscale.<br />
Prenons les paris : <strong>la</strong> première mesure sera prise avant cinq ans et <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> dans<br />
les dix prochaines années.
Conclusion 129<br />
L’incertitu<strong>de</strong> sur les prévisions augmente car les pouvoirs publics ont déjà trouvé un<br />
« gisement financier » en disséminant <strong>de</strong> manière massive les radars <strong>de</strong> vitesse et les<br />
caméras <strong>de</strong> franchissement <strong>de</strong> feux rouges. Il reste les arrêts aux panneaux stop, les<br />
franchissements <strong>de</strong> lignes continues qui ne sont pas encore exploités. Soyons<br />
objectifs et reconnaissons que le déploiement <strong>de</strong>s 3000 radars <strong>de</strong> vitesse a<br />
effectivement sauvé plusieurs milliers <strong>de</strong> vies humaines, mais comme toujours il<br />
faut savoir gar<strong>de</strong>r raison. <strong>Le</strong>s citoyens acceptent et comprennent les mesures prises,<br />
sauf quand ils sentent que tel ou tel radar n’est plus là pour sécuriser mais pour<br />
collecter <strong>de</strong> l’argent. Ainsi en zone rurale, on peut rouler sur <strong>de</strong>s routes avec <strong>de</strong><br />
nombreux virages à faible rayon <strong>de</strong> courbure, avec <strong>de</strong>s vitesses limites autorisées à<br />
90 Km/h alors que ce<strong>la</strong> est déjà dangereux à 60 Km/h, alors qu’en zone périurbaine,<br />
sur <strong>de</strong>s lignes droites bien dégagées, on rencontre un panneau à 50 Km/h précédant<br />
<strong>de</strong> peu un radar <strong>de</strong> vitesse. <strong>Le</strong>s milliers <strong>de</strong> panneaux <strong>de</strong> limite <strong>de</strong> vitesse sur le<br />
territoire ne sont pas tous positionnés selon <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> dangerosité.<br />
Il existe bien une solution technologique hautement efficace pour garantir <strong>la</strong> sécurité<br />
et le respect <strong>de</strong>s vitesses. Au lieu <strong>de</strong> multiplier <strong>la</strong> répression en p<strong>la</strong>çant <strong>de</strong>s milliers<br />
<strong>de</strong> radars sur les routes, il faut progressivement équiper le parc automobile <strong>de</strong><br />
régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vitesse dont les consignes <strong>de</strong> vitesse à respecter seront transmises au<br />
véhicule par l’infrastructure elle-même, soit par communication <strong>de</strong> type DSRC<br />
infrastructure-véhicule, soit par les systèmes d’informations géographiques et <strong>la</strong><br />
localisation satellitaire. Cette solution pourrait être favorisée par <strong>de</strong>s mesures<br />
fiscales ou par <strong>de</strong>s bonifications accordées par les compagnies d’assurance. Cette
130 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
première étape significative vers <strong>la</strong> conduite automatisée aura lieu, mais peut-être<br />
faudra-t-il attendre quinze ou vingt ans. Notons que certains navigateurs noma<strong>de</strong>s<br />
proposent déjà l’alerte visuelle ou sonore au conducteur en cas <strong>de</strong> dépassement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
vitesse limite autorisée en mesurant <strong>la</strong> vitesse à l’ai<strong>de</strong> du GPS et en consultant <strong>la</strong><br />
base <strong>de</strong> données <strong>de</strong>s panneaux <strong>de</strong> limitation. Toutefois, le conducteur doit rester<br />
attentif et il préférera <strong>de</strong> loin un régu<strong>la</strong>teur adaptatif.<br />
L’éthylotest anti-démarrage fera certainement son apparition dans les toutes<br />
prochaines années, d’abord sur les autobus <strong>de</strong> transport en commun, puis dans les<br />
poids lourds et peut-être sur tous les véhicules. L’alcool au vo<strong>la</strong>nt reste une <strong>de</strong>s<br />
principales causes d’acci<strong>de</strong>nts et l’éthylotest anti-démarrage est le moyen <strong>de</strong> lutte le<br />
plus efficace.<br />
La technologie RFID <strong>de</strong> communication sans fil permet <strong>de</strong> sécuriser les piétons et<br />
particulièrement les enfants et les personnes âgées avec <strong>de</strong>s dispositifs simples.<br />
Donnons <strong>de</strong>s exemples :<br />
• Une maîtresse d’école peut augmenter le temps du signal vert dans un feu<br />
tricolore pour sécuriser <strong>la</strong> traversée <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée à ses élèves en faisant<br />
passer un tag-RFID sur le contrôleur <strong>de</strong> feu.<br />
• En zone rurale, les cars <strong>de</strong> ramassage sco<strong>la</strong>ire s’arrêtent auprès <strong>de</strong>s bornes<br />
d’arrêt et <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong>s enfants. Par temps <strong>de</strong> brouil<strong>la</strong>rd, ceux-ci parfois en<br />
retard courent dangereusement pour rattraper le bus. Pour sécuriser ce type <strong>de</strong><br />
situation, chaque enfant peut porter un transpon<strong>de</strong>ur qui active le signal<br />
lumineux au niveau <strong>de</strong> l’arrêt et alerte ainsi le conducteur.<br />
<strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> navigation noma<strong>de</strong>s ou embarqués dans les véhicules se sont<br />
beaucoup développés ces <strong>de</strong>rnières années. On <strong>de</strong>vrait observer un déploiement<br />
simi<strong>la</strong>ire pour les cyclistes et les piétons. Ce<strong>la</strong> suppose <strong>de</strong> collecter les cartes<br />
numériques <strong>de</strong>s pistes cyc<strong>la</strong>bles et <strong>de</strong>s sentiers piétonniers. <strong>Le</strong>s personnes âgées ou<br />
handicapées pourront disposer d’un compagnon pour les localiser et les gui<strong>de</strong>r dans<br />
un environnement urbain ou rural, tout en étant reliées par téléphone mobile à leurs<br />
proches ou à un personnel soignant.<br />
<strong>Le</strong> même navigateur pourra être utilisé aussi bien dans les véhicules, à bicyclette ou<br />
en randonnée puisque <strong>la</strong> différenciation n’est que logicielle. Ceci renforce le concept<br />
d’UPICA que nous avons imaginé et défini et qui, sous cette forme ou une autre, se<br />
déploiera à coup sûr, faisant tout à <strong>la</strong> fois, carte bancaire, porte-monnaie<br />
électronique, navigateur, smart phone, calcu<strong>la</strong>teur, clé d’accès électronique etc.<br />
En ce qui concerne les gran<strong>de</strong>s orientations sur les dizaines d’années à venir, il faut<br />
être conscient <strong>de</strong>s importances re<strong>la</strong>tives <strong>de</strong>s problèmes. On sait que le déploiement<br />
<strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> transports intelligents et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> automatisée est<br />
techniquement possible et se fera naturellement, plus ou moins vite au gré <strong>de</strong>s<br />
événements.<br />
Mais les principales préoccupations sont l’énergie et le réchauffement climatique<br />
résultant <strong>de</strong> l’émission <strong>de</strong>s gaz à effet <strong>de</strong> serre. Pris à <strong>la</strong> gorge par <strong>la</strong> crise financière<br />
et économique, les gouvernements s’activent pour résoudre ces problèmes en
Conclusion 131<br />
finançant d’importants projets <strong>de</strong> recherche sur le véhicule électrique, les<br />
biocarburants, l’hydrogène, <strong>la</strong> pile à combustible.<br />
Aidés par un retour sur l’histoire du vingtième <strong>siècle</strong>, les gouvernements prennent<br />
conscience du fait que l’automobile a été trop privilégiée au détriment <strong>de</strong>s transports<br />
publics. Des investissements importants <strong>de</strong>vraient être faits pour créer <strong>de</strong>s nouvelles<br />
lignes <strong>de</strong> transports <strong>de</strong> masse autour <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s villes. <strong>Le</strong> train reste en effet le<br />
moyen qui permet les plus grands débits <strong>de</strong> passagers, avec toutefois un<br />
inconvénient récurrent qui est son manque <strong>de</strong> flexibilité spatiale.<br />
<strong>Le</strong>s réseaux maillés <strong>de</strong> Transports Automatisés Personnalisés apportent une solution<br />
en irrigant <strong>de</strong>s zones urbaines autour <strong>de</strong>s gares d’arrêt <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> masse. On<br />
s’étonne a posteriori que ces solutions n’aient pas été mises en œuvre au moment <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> création <strong>de</strong>s villes nouvelles autour <strong>de</strong> Paris telles que Cergy Pontoise, Evry, Saint<br />
Quentin en Yvelines, Créteil… Cette technologie qui offre un service personnalisé<br />
point-à-point constitue un ascenseur horizontal urbain qui mérite d’être expérimenté.<br />
<strong>Le</strong> p<strong>la</strong>teau Vélizy, Satory, Sac<strong>la</strong>y constitue un champ expérimental <strong>de</strong> choix.<br />
L’autopartage <strong>de</strong>vrait croître <strong>de</strong> manière importante dans les années à venir,<br />
essentiellement en zone urbaine et pour toutes les personnes ayant accès à <strong>de</strong>s<br />
transports publics <strong>de</strong> qualité. La possession d’une <strong>voiture</strong> n’est plus indispensable, le<br />
citadin n’achète plus un véhicule, mais le service que peut rendre ce véhicule. Ce<br />
nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie social suppose que le service soit disponible facilement, à<br />
toute heure et dans un voisinage acceptable pour l’usager.<br />
Nous avons déjà évoqué le fait qu’un taxi était en fait une solution d’autopartage<br />
dans lequel le conducteur était lié au véhicule. Nous avons souligné l’aberration<br />
dans <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s taxis qui fait <strong>de</strong> Paris <strong>la</strong> capitale <strong>la</strong> plus mal <strong>de</strong>sservie et <strong>la</strong> plus<br />
chère en taxis.<br />
<strong>Le</strong>s nouvelles lois sur l’auto-entreprenariat vont inciter <strong>de</strong>s particuliers à s’installer<br />
avec <strong>de</strong>s statuts <strong>de</strong> transporteurs. Des sites Web <strong>de</strong> mise en re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s offreurs <strong>de</strong><br />
moyens <strong>de</strong> transport avec les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs vont conduire à <strong>de</strong>s flottes <strong>de</strong> taxis « low<br />
cost.» comme ce<strong>la</strong> a été observé pour les compagnies aériennes. Comment réagiront<br />
les pouvoirs publics ? Il est étonnant que, dans une économie libérale, on maintienne<br />
<strong>de</strong>s quotas pour protéger certaines professions. Cette attitu<strong>de</strong> incohérente avec <strong>la</strong><br />
logique du système conduit à une impasse. Pour l’intérêt global du pays, il faudrait<br />
au contraire multiplier le nombre <strong>de</strong> taxis afin <strong>de</strong> les rendre plus accessibles, d’en<br />
abaisser les prix en allégeant pour eux le coût <strong>de</strong>s carburants. <strong>Le</strong> bénéfice pour <strong>la</strong><br />
collectivité en énergie, pollution et congestion dépasserait <strong>la</strong>rgement le coût <strong>de</strong> ces<br />
ai<strong>de</strong>s.<br />
Enfin, <strong>la</strong> question qui est toujours posée par le public lors <strong>de</strong>s conférences sur ces<br />
sujets : quand existera-t- il <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s qui marchent toute seules ?<br />
Nous n’en savons rien. Ce<strong>la</strong> existe déjà et a été expérimenté à <strong>de</strong> nombreuses<br />
reprises, mais <strong>la</strong> vraie question que se posent les gens est quand pourrais-je en avoir<br />
une ?
132 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Disons qu’il paraît tout à fait invraisemb<strong>la</strong>ble que dans cinquante ans, les hommes<br />
continuent à actionner <strong>de</strong>s pédales <strong>de</strong> frein et d’accélérateur et à tourner un vo<strong>la</strong>nt,<br />
mais nous ne connaissons pas le cheminement vers cette situation.<br />
Il est p<strong>la</strong>usible <strong>de</strong> penser qu’une différenciation darwinienne <strong>de</strong>vrait être observée<br />
avec d’un côté, <strong>de</strong>s véhicules électriques, petits, non polluants, hautement<br />
automatisés, à re<strong>la</strong>tivement faible autonomie pour les environnements urbains et<br />
d’un autre côté <strong>de</strong>s véhicules conventionnels ou hybri<strong>de</strong>s avec <strong>de</strong> nouveaux<br />
carburants (bioéthanol, gaz, voir hydrogène) pour les grands espaces ruraux. <strong>Le</strong>s<br />
technologies <strong>de</strong> géolocalisation et <strong>de</strong> routage d’une part et les technologies <strong>de</strong><br />
communications V2V et V2I2V d’autre part, <strong>de</strong>vraient se déployer à travers <strong>de</strong> très<br />
nombreuses applications spécifiques.<br />
<strong>Le</strong>s premiers déploiements <strong>de</strong> conduite automatisée pourraient être observés sur les<br />
autoroutes en dédiant une voie <strong>de</strong> roulement légèrement instrumentée. <strong>Le</strong>s poids<br />
lourds pourraient être les premiers bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> conduite automatique en<br />
convoi pour augmenter les débits. <strong>Le</strong>s pays émergents avec leurs grands espaces<br />
pourraient être les premiers à franchir le pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> route automatisée.
BIBLIOGRAPHIE<br />
Il n’existe pas ou peu <strong>de</strong> livres sur les systèmes <strong>de</strong> transport intelligents en <strong>la</strong>ngue<br />
française et même ang<strong>la</strong>ise.<br />
Signalons toutefois <strong>de</strong>ux petits fascicules <strong>de</strong> présentation déjà anciens:<br />
Intelligent Transport Systems and Services, en ang<strong>la</strong>is diffusé par ERTICO en 2002.<br />
Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’auto communicante, en français par Laurent Meil<strong>la</strong>ud en juin 2003 chez<br />
Tiers Com.<br />
En revanche, on trouve une abondante documentation sur Internet et notamment<br />
dans l’encyclopédie vivante Wikipédia.<br />
http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil en français ou<br />
http://en.wikipedia.org/wiki/Main_Page en ang<strong>la</strong>is.<br />
Wikipédia est l’encyclopédie vivante <strong>la</strong> plus riche (il y a plus <strong>de</strong> 3 millions <strong>de</strong> sujets<br />
traités dans <strong>la</strong> version ang<strong>la</strong>ise et 850 000 en français), mais il en existe d’autres plus<br />
mo<strong>de</strong>stes et parfois bien faites comme :<br />
Commentcamarche.net<br />
Techno Science.net<br />
Sur Google, il suffit <strong>de</strong> taper : « wikipedia - Sujet » avec Sujet = le sujet souhaité.<br />
De nombreux sujets sur le Wikipédia en français sont <strong>de</strong>s traductions <strong>de</strong> leurs<br />
homologues sur l’encyclopédie en <strong>la</strong>ngue ang<strong>la</strong>ise.<br />
Signalons le site « transport-intelligent.net » édité par <strong>la</strong> Mission Transports<br />
Intelligents du Ministère <strong>de</strong> l’Ecologie, <strong>de</strong> l’Energie, du Développement Durable et<br />
<strong>de</strong> l’Aménagement du Territoire. Ce site est bien ciblé sur le sujet et contient <strong>de</strong><br />
nombreux pointeurs. http://www.transport-intelligent.net/<br />
Concernant les statistiques et les rapports <strong>de</strong> synthèse, les organismes nationaux<br />
(CERTU, MEEDAT), européens (EC site Europe - ETSC-CESE …) ou mondiaux<br />
(OMS) fournissent <strong>de</strong> nombreux documents sur les problèmes économiques et<br />
sociétaux mais peu sur les aspects techniques.<br />
Introduction<br />
Chapitre 1 - Données Fondamentales 32pp - Rapport <strong>de</strong> l’OMS<br />
3rd Road Safety PIN Report 2010 on the horizon - 92 pp - <strong>de</strong> l’ETSC European<br />
Transport Safety Council
134 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Chapitre 1 : <strong>Le</strong>s nouvelles technologies dans le véhicule<br />
Sur Wikipédia :<br />
Global Positioning System<br />
Rubrique Transport du site <strong>de</strong> Techno Science<br />
Chapitre 2 : <strong>Le</strong>s systèmes d’assistance à <strong>la</strong> conduite<br />
Sur Wikipédia :<br />
Radar <strong>de</strong> contrôle routier<br />
EuroNCAP, pour les tests <strong>de</strong> sécurité<br />
Ethylotest, pour l’alcool au vo<strong>la</strong>nt<br />
eCall, pour l’appel d’urgence mais l’article n’est pas très documenté<br />
La somnolence au vo<strong>la</strong>nt : http://www.somnolence.be/in<strong>de</strong>x.html<br />
eCall par PSA : http://www.psa-peugeot-citroen.com/e-Call/accueil_fr.htm#<br />
eCall par Renault : Gérard Ségarra. «Telematics at the rescue of road safety ».<br />
http://www.esafetyoffice.com/download/re<strong>la</strong>ted_projects/TlmtQ_Rescue_Road_Saf<br />
ety.pdf<br />
Chapitre 3 : <strong>Le</strong>s nouvelles technologies sur les infrastructures<br />
Sur Wikipédia :<br />
Passe Navigo<br />
Carte à puce<br />
Système <strong>de</strong> transport intelligent pour un survey<br />
Communication en champ proche<br />
Smart phone<br />
Assistant personnel<br />
<strong>Le</strong>cture automatique <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ques numérologiques<br />
Automatic number p<strong>la</strong>te recognition<br />
Arrêté du 27 octobre 2003 portant création du système <strong>de</strong> contrôle sanction<br />
automatisé :<br />
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000247427<br />
&dateTexte=<br />
Impact du contrôle sanction automatisé sur <strong>la</strong> sécurité routière (2003 – 2005).<br />
Rapport ONISR, mars 2006.
Bibliographie 135<br />
Document pdf :<br />
http://www2.securiteroutiere.gouv.fr/cnsr/2_documents_page_travaux/306_rapport_<br />
csa.pdf<br />
Chapitre 4 : <strong>Le</strong>s systèmes d’information routière et d’ai<strong>de</strong> au<br />
dép<strong>la</strong>cement<br />
Document <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> ETSI TR 102 638 V1.1.1 (2009-06) sur Intelligent Transport<br />
Systems (ITS);Vehicu<strong>la</strong>r Communications; Basic Set of Applications; Definitions<br />
Sur Wikipédia :<br />
Floating Car Data : En ang<strong>la</strong>is et en français. L’article français a conservé le titre au<br />
lieu d’utiliser « Véhicule traceur »<br />
Système informatisé <strong>de</strong> recueil <strong>de</strong> données<br />
Centre national d'information routière<br />
Traffic Message Channel<br />
<strong>Le</strong> projet Com2React – Rapport final<br />
A. <strong>de</strong> La Fortelle, C. Laurgeau, P. Muhlethaler, Y. Toor. « Com2React: V2V<br />
Communication For Cooperative Local Traffic Management »<br />
Chapitre 5 : <strong>Le</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mobilité<br />
Sur Wikipédia :<br />
Autopartage<br />
Covoiturage<br />
Commerce électronique<br />
Gestion du trafic routier<br />
Visioconférence<br />
Télétravail<br />
Personal rapid transit<br />
PREDIM (predim.org): P<strong>la</strong>te-Forme <strong>de</strong> Recherche et d’Expérimentation pour le<br />
Développement <strong>de</strong> l’Information Multimodale<br />
L’autopartage en France et en Europe en 2008, État <strong>de</strong>s lieux et perspectives. » R.<br />
C<strong>la</strong>vel, M. Mariotto, B. Arsac - Certu, les rapports d’étu<strong>de</strong>. Déc. 2008.<br />
Document pdf : http://<strong>la</strong>ra.inist.fr/bitstream/2332/1440/1/CERTU-RE_08-27.pdf
136 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
Chapitre 6 : <strong>Le</strong>s communications dans les systèmes <strong>de</strong> transport<br />
intelligents<br />
Géo-positionnement et mobilités - Livre dans <strong>la</strong> collection CHANTIERS <strong>de</strong><br />
l’Université <strong>de</strong> Technologie <strong>de</strong> Belfort Montbéliard<br />
Comité <strong>de</strong> normalisation ISO sur les ITS : TC204<br />
Sur Wikipédia:<br />
WIFI<br />
802.11p<br />
DSRC<br />
Blue Tooth<br />
CAN bus<br />
TPEG<br />
Chapitre 7 : P<strong>la</strong>idoyer pour un Grand Prix <strong>de</strong> France <strong>de</strong>s cybercars<br />
Darpa Grand Challenge<br />
http://www.gcdc.net/ (Site du Grand Cooperative Driving Challenge)
Bibliographie 137<br />
Quelques informations supplémentaires utiles<br />
En plus <strong>de</strong>s manifestations nationales ou européennes, il existe <strong>de</strong>ux grands congrès<br />
annuels au niveau mondial traitant <strong>de</strong>s ITS.<br />
• ITS World Congress and Exhibition. (itsworldcongress.com)<br />
Cette manifestation annuelle est <strong>la</strong> plus importante au mon<strong>de</strong> sur le sujet. La<br />
première édition s’est tenue à Paris en 1994. <strong>Le</strong> congrès se dép<strong>la</strong>ce chaque année<br />
entre les régions Europe, Asie Pacifique et Amérique. La 16 e édition en 2009 s’est<br />
tenue à Stockholm en septembre et <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Pusan en Corée accueillera l’édition<br />
2010. ITS World réunit entre 5000 et 7000 personnes et comprend une exposition<br />
sur les nouveaux produits et services dans le domaine, <strong>de</strong>s démonstrations <strong>de</strong>s<br />
nouvelles technologies et le congrès lui-même.<br />
• IV (pour Intelligent Vehicle) est le congrès annuel <strong>de</strong> IEEE sur le même sujet.<br />
Il rassemble autour <strong>de</strong> 400 personnes, le plus souvent <strong>de</strong>s chercheurs universitaires.<br />
Il a un profil plus académique et ne traite que les aspects scientifiques et technique<br />
<strong>de</strong>s ITS. Il présente souvent <strong>de</strong> belles démonstrations sur table, mais attire peu ou<br />
pas le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s affaires.<br />
<strong>Le</strong>s trois gran<strong>de</strong>s régions Europe, Asie Pacifique et Amérique ont une ITS<br />
Association pour promouvoir les ITS.<br />
• ITS Europe est en fait i<strong>de</strong>ntifié à ERTICO (European Road Transport<br />
Telematics Implementation Co-ordination) http://www.ertico.com/ qui est un<br />
réseau <strong>de</strong> partenaires publics et privés développant les systèmes <strong>de</strong> transports<br />
intelligents en Europe.<br />
• ITS Japan: http://www.its-jp.org/english/ est l’association japonaise <strong>de</strong>s ITS.<br />
• ITS America http://www.itsa.org/<br />
Chaque pays a ensuite son association ITS et même parfois certaines régions comme<br />
c’est le cas en France avec ITS Bretagne.<br />
• ITS France (atec-itsfrance.net) qui partage son site avec l’ATEC (Association<br />
pour le développement <strong>de</strong>s Transports, <strong>de</strong> l’Environnement et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Circu<strong>la</strong>tion).<br />
• ITS Bretagne (itsbretagne.net) organise un congrès bi annuel à Saint Brieuc.<br />
<strong>Le</strong> site http://www.atec-itsfrance.net dans <strong>la</strong> rubrique « les liens utiles » rassemble<br />
<strong>de</strong> très nombreux pointeurs sur les nombreux organismes <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong><br />
formation, sur les industriels <strong>de</strong> l’offre et les organismes français ou étrangers ayant<br />
une activité en re<strong>la</strong>tion avec les ITS.<br />
<strong>Le</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité en France qui ont <strong>de</strong>s activités en lien avec les ITS sont :<br />
• MOVEO<br />
• Systematic<br />
• Automobile haut <strong>de</strong> gamme<br />
• Véhicule du futur
138 <strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transport intelligents<br />
• Mobilité et Transports Avancés<br />
• Advancity<br />
Illustrations :<br />
Nous remercions en particulier : 2GetThere, 3M, ATS, Autocruise, IBEO,<br />
Intempora, Nissan, PSA, RATP, RENAULT, SAGEM, Sensys Network, Siemens,<br />
TNO, VALEO, Volvo, Yamaha pour les images permettant d’illustrer le livre.<br />
Celles-ci sont souvent <strong>de</strong>s photos prises sur <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> démonstration ou<br />
d’exposition ou dans les <strong>la</strong>boratoires ou sites d’essais ou encore provenant <strong>de</strong>s sites<br />
Internet.
DEUXIEME PARTIE<br />
<strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> Robotique a vingt ans<br />
1989 - 2009
INTRODUCTION<br />
La secon<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ce livre est rédigée à l’occasion du vingtième anniversaire du<br />
Centre <strong>de</strong> Robotique <strong>de</strong> Mines-ParisTech.<br />
Elle est organisée en trois chapitres.<br />
Nous présentons d’abord nos outils <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> tous les jours, c'est-à-dire les<br />
moyens matériels et logiciels que nous avons rassemblé pour conduire nos<br />
recherches.<br />
Il s’agit principalement :<br />
• Des véhicules instrumentés sur lesquels nous effectuons nos campagnes <strong>de</strong><br />
recueil <strong>de</strong> données et nous testons en vraie gran<strong>de</strong>ur nos algorithmes,<br />
• De <strong>la</strong> salle <strong>de</strong> réalité virtuelle,<br />
• De <strong>la</strong> chaîne <strong>de</strong> prototypage rapi<strong>de</strong> pour les réalisations <strong>de</strong> pièces complexes<br />
nécessaires pour <strong>la</strong> construction <strong>de</strong> robots mobiles,<br />
• Des logiciels spécifiques utilisés pour les travaux <strong>de</strong> recherches, en particulier<br />
RT MAPS, SIVIC, SAM et les bibliothèques <strong>de</strong> composants RT MAPS.<br />
<strong>Le</strong> second chapitre rassemble une partie <strong>de</strong>s résultats obtenus par le Centre <strong>de</strong><br />
Robotique jusqu’en 2004. Nous nous limitons aux travaux en re<strong>la</strong>tion avec les<br />
Systèmes <strong>de</strong> Transports Intelligents et ne mentionnons pas les travaux conduits par<br />
exemple dans <strong>la</strong> robotique et l’imagerie médicale ou encore concernant <strong>la</strong> télérobotique<br />
en milieu nucléaire.<br />
<strong>Le</strong> chapitre trois rassemble les actions <strong>de</strong> recherche récemment achevées ainsi que <strong>la</strong><br />
présentation <strong>de</strong>s travaux encore en cours.<br />
Pour cette <strong>de</strong>rnière partie, j’ai bénéficié <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> mes collègues en charge <strong>de</strong> ces<br />
actions, je tiens à les remercier chaleureusement.<br />
• Alexis Paljic : Réalité virtuelle et systèmes <strong>de</strong> transports intelligents.<br />
• Arnaud <strong>de</strong> La Fortelle : <strong>Le</strong>s premiers démonstrateurs sur les communications<br />
V2I2V2V : REACT et COM2REACT.<br />
• Brigitte d’Andréa Novel : <strong>Le</strong>s Systèmes <strong>de</strong> contrôle avancés.<br />
• Bruno Steux : AROS & CoreBots.<br />
• Fabien Moutar<strong>de</strong> : Techniques d’apprentissage pour <strong>la</strong> vision <strong>intelligente</strong>.<br />
• Fawzi Nashashibi : Have-It.<br />
• François Goulette : Résultats récents en systèmes <strong>de</strong> cartographie mobile.<br />
• Gwénaël Gaté : La perception multicapteurs : <strong>Le</strong> projet LOVE.<br />
• Joël Senpauroca : La chaîne <strong>de</strong> prototypage rapi<strong>de</strong>.
142 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
• Philippe Fuchs : La salle immersive.<br />
• Samer Ammoun : Systèmes coopératifs : le carrefour intelligent.<br />
• Sébastien Boisgérault : Conception et prototypage <strong>de</strong>s interfaces homme<br />
système pour l’automobile.<br />
• Thierry Ernst et Arnaud <strong>de</strong> La Fortelle : Géonet - Convergence <strong>de</strong>s<br />
communications véhicu<strong>la</strong>ires et Internet.
CHAPITRE 1<br />
LES MOYENS MATERIELS ET LOGICIELS SPECIFIQUES<br />
DU CAOR<br />
LE PROTOTYPE LARA<br />
<strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> Robotique <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong>s Mines <strong>de</strong> Paris a acquis et instrumenté dès<br />
1998 un véhicule Renault Espace pour vali<strong>de</strong>r en situation réelle ses travaux sur <strong>la</strong><br />
perception avancée et <strong>la</strong> fusion multi capteurs. Ce véhicule prototype, baptisé<br />
LARA, acronyme <strong>de</strong> « LA Route Automatisée », présente plusieurs innovations<br />
dont :<br />
• <strong>Le</strong> tableau <strong>de</strong> bord numérique.<br />
• <strong>Le</strong> système <strong>de</strong> perception multi capteurs.<br />
• <strong>Le</strong> système informatique embarqué RT MAPS.<br />
Tableau <strong>de</strong> bord numérique<br />
<strong>Le</strong> véhicule Lara<br />
Il s’agit d’anticiper sur le passage au tout numérique dans <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>main et <strong>de</strong><br />
montrer l’intérêt pour les constructeurs et les usagers <strong>de</strong> cette nouvelle technologie.<br />
Pour les constructeurs, <strong>la</strong> généralisation du bus CAN dans les <strong>voiture</strong>s autorise <strong>la</strong><br />
conception du tableau <strong>de</strong> bord par une technologie du tout numérique. <strong>Le</strong> principal<br />
avantage est l’assemb<strong>la</strong>ge final du tableau <strong>de</strong> bord qui, en technologie c<strong>la</strong>ssique,
144 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
était difficile à robotiser. L’ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nche <strong>de</strong> bord et du tableau <strong>de</strong> bord<br />
numérique peut être réalisé désormais comme un tout et il suffit d’une connexion sur<br />
le bus CAN pour le rendre opérationnel.<br />
Pour les usagers, le démonstrateur du Centre <strong>de</strong> Robotique présente également<br />
plusieurs nouveautés. <strong>Le</strong>s rétroviseurs <strong>la</strong>téraux ont été supprimés au profit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
caméras avec <strong>de</strong>s écrans <strong>de</strong> recopie inversés à l’intérieur du véhicule. <strong>Le</strong> principal<br />
avantage est <strong>la</strong> suppression totale <strong>de</strong> l’angle mort.<br />
Caméra <strong>la</strong>térale gauche<br />
Caméra dans <strong>la</strong> lunette arrière<br />
Écran <strong>de</strong> visualisation pour les<br />
passagers<br />
Tableau <strong>de</strong> bord numérique<br />
<strong>Le</strong> rétroviseur central a également été remp<strong>la</strong>cé par une caméra située sur <strong>la</strong> lunette<br />
arrière du véhicule. La p<strong>la</strong>ce utilisée traditionnellement par le rétroviseur <strong>de</strong>vient<br />
utilisable et a été exploitée pour installer un écran télescopique, visible par les<br />
passagers à l’arrière. Un écran visible uniquement du passager <strong>de</strong> droite donne accès<br />
à Internet, au courrier électronique ou à <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> DVD. <strong>Le</strong> tableau <strong>de</strong> bord<br />
principal est remp<strong>la</strong>cé par l’écran p<strong>la</strong>t le plus grand. Ce <strong>de</strong>rnier est alimenté par<br />
toutes les informations circu<strong>la</strong>nt sur le bus CAN, le système <strong>de</strong> navigation, <strong>la</strong><br />
signalétique embarquée et les images vidéo. <strong>Le</strong> contenu et <strong>la</strong> présentation du tableau<br />
<strong>de</strong> bord sont entièrement programmables et flexibles. <strong>Le</strong>s icônes, les couleurs, les<br />
fonds d’écrans peuvent être chargés à volonté comme sur un PC.<br />
<strong>Le</strong> Système <strong>de</strong> perception multicapteurs<br />
<strong>Le</strong> véhicule est configuré pour accueillir <strong>de</strong> nombreux capteurs et en particulier <strong>de</strong>s<br />
caméras vidéo, un ou plusieurs radars, un ou plusieurs télémètres <strong>la</strong>ser à ba<strong>la</strong>yage,
<strong>Le</strong>s moyens matériels et logiciels spécifiques du CAOR 145<br />
une centrale inertielle, un GPS avec un atelier logiciel ouvert <strong>de</strong> cartographie<br />
numérique, <strong>de</strong>s ultrasons, <strong>de</strong>s odomètres, un capteur d'angle vo<strong>la</strong>nt etc.<br />
Caméra vidéo<br />
Télémètre à ba<strong>la</strong>yage <strong>la</strong>ser Ibeo<br />
Radar Autocruise<br />
Centrale inertielle Crosbow<br />
GPS et cartographie ADASE RP<br />
Odomètres et Capteur d'angle vo<strong>la</strong>nt<br />
LA FLOTTE DES CITROËN C3 COMMUNICANTES<br />
Nous avions acquis et instrumenté le véhicule Renault Espace Lara en 1998 pour<br />
développer <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> perception et <strong>de</strong> contrôle. Dans le contexte d’un
146 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
<strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong> recherche en robotique, <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> était perçue comme un robot mobile<br />
dont nous cherchions à accroître l’autonomie.<br />
Il faut se rappeler le contexte <strong>de</strong>s années 2000 avec <strong>la</strong> bulle Internet, le déploiement<br />
massif <strong>de</strong> <strong>la</strong> téléphonie mobile GSM, l’apparition du GPRS en 2002, <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong><br />
l’ADSL et <strong>de</strong> WIFI.<br />
<strong>Le</strong> déploiement massif <strong>de</strong>s communications que nous vivions dans <strong>la</strong> société <strong>de</strong>s<br />
personnes nous a interpellé et nous avons rapi<strong>de</strong>ment compris que l’usage <strong>de</strong>s<br />
nouveaux moyens <strong>de</strong> communication entre les véhicules (V2V) et entre les<br />
véhicules et l’infrastructure (V2I ou I2V) rece<strong>la</strong>ient <strong>de</strong>s gisements <strong>de</strong> progrès tant<br />
pour améliorer <strong>la</strong> sécurité que pour abaisser <strong>la</strong> congestion. Ainsi naissait le concept<br />
<strong>de</strong> systèmes coopératifs.<br />
Pour conduire une <strong>voiture</strong>, il faut pouvoir « lire » <strong>la</strong> route, autrement dit <strong>la</strong> percevoir<br />
visuellement avec sa géométrie et sa signalétique. La communication I2V <strong>de</strong><br />
l’infrastructure vers les véhicules permet précisément et <strong>de</strong> manière sûre <strong>de</strong><br />
transmettre <strong>de</strong>s informations sur <strong>la</strong> courbure ou le <strong>de</strong>vers <strong>de</strong> <strong>la</strong> route, sur un stop où<br />
il faut s’arrêter, sur une limite <strong>de</strong> vitesse à respecter, sur un péage à acquitter. La<br />
communication I2V peut se faire le plus souvent à courte portée en DSRC, WIFI ou<br />
IR. En revanche, les communications V2I nécessiteront le plus souvent <strong>de</strong>s longues<br />
portées car le véhicule qui relève une information pertinente pour les autres usagers<br />
ou le gestionnaire <strong>de</strong> trafic <strong>de</strong>vra <strong>la</strong> transmettre à un serveur éloigné.<br />
La flotte <strong>de</strong>s quatre Citroën C3 <strong>de</strong> <strong>la</strong> JRU LARA<br />
Pour comprendre simplement l’intérêt <strong>de</strong>s communications V2V, il suffit <strong>de</strong> faire<br />
l’analogie avec les phéromones chimiques utilisées par les insectes sociaux comme<br />
les fourmis qui balisent leurs pistes par <strong>de</strong>s hormones <strong>de</strong> trace qui sont <strong>de</strong>s<br />
hydrocarbures non vo<strong>la</strong>tiles. Ce balisage leur permet <strong>de</strong> s’éloigner <strong>de</strong> manière<br />
considérable <strong>de</strong> <strong>la</strong> fourmilière et <strong>de</strong> retrouver leur chemin. Par analogie, chaque<br />
<strong>voiture</strong> peut publier dans sa « bulle d’environnement » sa position GPS, sa vitesse et<br />
sa direction. Si chaque <strong>voiture</strong> fait <strong>de</strong> même, chacune peut établir une carte locale <strong>de</strong><br />
son environnement, qu’elle publie à nouveau. Ainsi, chaque <strong>voiture</strong> qui a un horizon<br />
<strong>de</strong> communication <strong>de</strong> quelques centaines <strong>de</strong> mètres peut, par reconstruction, étendre<br />
sa visibilité sur <strong>de</strong> longues distances à condition qu’il n’y ait pas <strong>de</strong> trou.
<strong>Le</strong>s moyens matériels et logiciels spécifiques du CAOR 147<br />
En nous dotant d’une flotte <strong>de</strong> quatre véhicules Citroën C3 que nous avons équipés<br />
en communications V2V et V2I, nous avons été pionniers en France et<br />
probablement en Europe. Nous avons étendu <strong>la</strong> robotique aux systèmes robotiques<br />
mobiles autonomes et communicants. Nous matérialisons ainsi <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> systèmes<br />
coopératifs.<br />
<strong>Le</strong>s quatre véhicules ont fait l’objet d’un équipement homogène et interchangeable<br />
tant au niveau matériel qu’au niveau logiciel.<br />
Ces équipements ont été utilisés lors <strong>de</strong>s projets européens REACT et C2REACT.<br />
Équipements spécifiques <strong>de</strong>s Citroën C3<br />
Chaque véhicule est équipé d’un calcu<strong>la</strong>teur embarqué Motoro<strong>la</strong> MW800, d’un GPS<br />
Trimble, d’une unité <strong>de</strong> communication longue distance GSM/GPRS Motoro<strong>la</strong> G24,<br />
d’un module d’émission réception WIFI 4G Cube et d’un écran Motoro<strong>la</strong>.
148 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
LA SALLE DE REALITE VIRTUELLE 3I 2<br />
<strong>Le</strong> nom (3I 2 ) donné à <strong>la</strong> salle « 3 I carré », fait référence à l’Immersion et<br />
l’Interaction <strong>de</strong> l’utilisateur qui peuvent se faire à 3 niveaux : sensori-moteur,<br />
cognitif et fonctionnel.<br />
Un système immersif est une instal<strong>la</strong>tion permettant <strong>de</strong> simuler en temps réel un<br />
mon<strong>de</strong> virtuel pour un -ou plusieurs- utilisateurs. On parle <strong>de</strong> système immersif car<br />
on « immerge » un utilisateur dans un environnement virtuel 3D avec lequel il peut<br />
interagir en temps réel.<br />
Ce type <strong>de</strong> système se compose <strong>de</strong> :<br />
• un ou plusieurs écrans <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s dimensions,<br />
• un système d’affichage permettant une vision stéréoscopique,<br />
• un système <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> l’utilisateur,<br />
• un ou plusieurs PC pour <strong>la</strong> génération d’images.
<strong>Le</strong>s moyens matériels et logiciels spécifiques du CAOR 149<br />
Compte tenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce limitée dont nous disposions, l’écran <strong>de</strong> visualisation retenu<br />
a une taille <strong>de</strong> 3.10m <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge pour 1.80m <strong>de</strong> hauteur, ce qui permet quand même <strong>de</strong><br />
représenter <strong>de</strong>s <strong>voiture</strong>s à l’échelle 1.<br />
La projection <strong>de</strong>s images stéréoscopiques est faite par l’arrière <strong>de</strong> l’écran et exploite<br />
une technologie active. <strong>Le</strong> projecteur, dont <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong> ba<strong>la</strong>yage verticale est <strong>de</strong><br />
120 Hz, envoie alternativement l’image gauche puis l’image droite <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène<br />
virtuelle sur l’écran avec une résolution <strong>de</strong> 1920*1080 pixels. L’utilisateur est p<strong>la</strong>cé<br />
<strong>de</strong>vant l’écran et porte <strong>de</strong>s lunettes à obturation électronique - on parle <strong>de</strong><br />
stéréoscopie active - qui travaillent aussi à <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong> 120Hz <strong>de</strong> manière<br />
synchrone avec le projecteur. À tout moment, un verre est opaque alors que l’autre<br />
est transparent. L’utilisateur perçoit alors <strong>la</strong> scène en relief à <strong>la</strong> fréquence <strong>de</strong> 60 HZ.<br />
<strong>Le</strong>s scènes projetées peuvent être <strong>de</strong>s flux vidéo stéréoscopiques pris avec <strong>de</strong>s<br />
caméras spéciales. <strong>Le</strong> plus souvent il s’agit d’images <strong>de</strong> synthèse fabriquées avec<br />
<strong>de</strong>s logiciels spécialisés. Dès lors que le logiciel connaît <strong>la</strong> scène en trois<br />
dimensions, il est possible <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>ux images pour les yeux gauche et droit <strong>de</strong><br />
l’observateur afin qu’il perçoive les trois dimensions. <strong>Le</strong> calcul se fait toutefois pour<br />
un seul point <strong>de</strong> l’espace d’observation. Dès lors, l’observateur doit rester en ce<br />
point précis pour bien bénéficier <strong>de</strong>s images en relief, sauf si l’on dispose d’un<br />
système <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> sa position auquel cas les calculs <strong>de</strong> disparités pourront être faits<br />
en boucles <strong>de</strong> façon à ce que l’utilisateur puisse se dép<strong>la</strong>cer dans <strong>la</strong> salle tout en<br />
restant toujours immergé en 3D.<br />
<strong>Le</strong> mouvement <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> l’utilisateur est <strong>la</strong> partie <strong>de</strong> son corps <strong>la</strong> plus importante<br />
à suivre afin <strong>de</strong> conserver une perception 3D <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène virtuelle. Toutefois, il faut<br />
aussi connaître <strong>la</strong> configuration d’au moins une main <strong>de</strong> l’utilisateur pour lui
150 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
permettre d’interagir avec <strong>la</strong> scène (préhension et manipu<strong>la</strong>tion d’objets,<br />
dép<strong>la</strong>cement dans <strong>la</strong> scène, etc.).<br />
Nous avons retenu le système ARTTrack2, qui offre une bonne qualité <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong><br />
mouvement en termes <strong>de</strong> précision, <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> <strong>la</strong>tence, <strong>de</strong> fiabilité et <strong>de</strong> fréquence<br />
<strong>de</strong> suivi. Ce système a également été choisi car il est utilisé par nos partenaires<br />
industriels, dans un objectif <strong>de</strong> compatibilité <strong>de</strong>s travaux.<br />
<strong>Le</strong> dispositif est basé sur <strong>de</strong>ux caméras infrarouges qui localisent par triangu<strong>la</strong>tion <strong>la</strong><br />
position <strong>de</strong> marqueurs (ensembles <strong>de</strong> billes réfléchissantes) p<strong>la</strong>cés sur l’élément à<br />
suivre (lunettes, objet, mains).<br />
Caméra <strong>de</strong> suivi ART<br />
Objets à suivre dotés <strong>de</strong> réflecteurs<br />
Un système permettant un rendu sonore spatialisé a été installé pour augmenter le<br />
réalisme <strong>de</strong>s applications qui font intervenir le son (simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> conduite,<br />
simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s sons du véhicule etc.).<br />
Notre activité <strong>de</strong> recherche en réalité virtuelle a pour vocation d’étudier <strong>de</strong> nouveaux<br />
problèmes, induits par l’immersion et l’interaction d’une personne dans un<br />
environnement virtuel :<br />
• comportement <strong>de</strong> l’homme dans ce type d’environnement ;<br />
• configurations d’immersions et d'interaction mono ou multi-utilisateurs, multisensorielles<br />
et multi-modales ;<br />
• création informatique <strong>de</strong> cet environnement virtuel.<br />
Ces travaux concernent donc <strong>de</strong>s domaines aussi variés que les sciences humaines<br />
(l'ergonomie, <strong>la</strong> psychologie, <strong>la</strong> physiologie, <strong>la</strong> cognition, etc.), les sciences <strong>de</strong><br />
l’ingénieur (<strong>la</strong> modélisation temps réel, l’infographie, l'haptique, les techniques<br />
d’interaction, l’acoustique, les systèmes distribués et col<strong>la</strong>boratifs, etc.).<br />
Nous avons conduit <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s dans divers domaines applicatifs (télé robotique,<br />
aéroports, santé.)<br />
En ce qui concerne le domaine <strong>de</strong>s Systèmes <strong>de</strong> Transport Intelligents, citons :
<strong>Le</strong>s moyens matériels et logiciels spécifiques du CAOR 151<br />
• simu<strong>la</strong>tion dynamique <strong>de</strong> véhicules sur route ;<br />
• expérimentation et visualisation <strong>de</strong>s algorithmes d’assistance à <strong>la</strong> conduite ;<br />
• scénarii sur les systèmes <strong>de</strong> transport intelligents ;<br />
• démonstration <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion d’éc<strong>la</strong>irage <strong>de</strong> phares ;<br />
• visualisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconstruction 3D <strong>de</strong> scènes urbaines et <strong>de</strong> circuits routiers ;<br />
• développement <strong>de</strong> main à trois doigts à retour haptique pour <strong>la</strong> conception <strong>de</strong>s<br />
boutons <strong>de</strong> tableau <strong>de</strong> bord avec simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensation <strong>de</strong> toucher.<br />
• etc.<br />
Interaction avec l’image tridimensionnelle d’un véhicule<br />
LES MOYENS DE PROTOTYPAGE RAPIDE<br />
La recherche appliquée aux systèmes <strong>de</strong> transports intelligents utilise <strong>de</strong>s flux<br />
d’informations issus <strong>de</strong> capteurs particuliers (scanner, caméra, centrale inertielle,<br />
inclinomètre, etc.). La mise en œuvre <strong>de</strong> ces composants exige <strong>de</strong>s procédures<br />
d’instal<strong>la</strong>tion, à <strong>la</strong> fois mécanique et électrique, précises et fiables.<br />
Pour chaque capteur, il convient <strong>de</strong> bien spécifier son intégration dans le véhicule ;<br />
parfois, le même type <strong>de</strong> capteur est installé en plusieurs exemp<strong>la</strong>ires (caméra,<br />
odomètre, etc.) ou bien, l’éventail <strong>de</strong>s recherches le justifiant, <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’un<br />
d’eux doit pouvoir être modifiable (scanner, caméra, etc.).<br />
Mais dans tous les cas un positionnement précis et connu est requis. Afin <strong>de</strong><br />
maîtriser les travaux d’intégration <strong>de</strong> tous ces matériels, nous utilisons <strong>de</strong>s outils
152 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
logiciels <strong>de</strong> conception mécanique (modélisation 3D), électronique (conception et<br />
simu<strong>la</strong>tion) et électrique (câb<strong>la</strong>ge).<br />
<strong>Le</strong>s logiciels <strong>de</strong> conception électronique permettent, par exemple, <strong>de</strong> réaliser, sur<br />
mesure, les circuits d’interface entre capteur et ordinateur. <strong>Le</strong>s sources d’énergie <strong>de</strong><br />
tous ces équipements font aussi l’objet <strong>de</strong> réalisations électroniques spécifiques ;<br />
dans le cadre du projet REACT, il a été développé un superviseur <strong>de</strong> batterie dont <strong>la</strong><br />
finalité est <strong>de</strong> garantir le fonctionnement continu <strong>de</strong>s moyens d’acquisition <strong>de</strong>s<br />
données et éventuellement <strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s a<strong>la</strong>rmes spécifiques. Ce genre <strong>de</strong><br />
réalisation s’effectue, en très gran<strong>de</strong> partie, avec nos moyens propres et <strong>la</strong> mise au<br />
point est conduite au sein <strong>de</strong> notre <strong>la</strong>boratoire d’électronique.<br />
<strong>Le</strong>s outils <strong>de</strong> conception mécanique 3D permettent une modélisation du véhicule et<br />
<strong>de</strong>s matériels afin <strong>de</strong> mieux maîtriser le processus d’intégration en respectant les<br />
contraintes dimensionnelles et <strong>de</strong> positionnement.<br />
Modèle 3D d'un Scanner Sick<br />
Embase d'un scanner orientable<br />
selon trois <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> liberté<br />
Mais ces outils sont aussi utilisés pour concevoir <strong>de</strong>s pièces ou <strong>de</strong> petits sousensembles<br />
nécessaires à <strong>la</strong> mise en œuvre mécanique <strong>de</strong> capteurs. Nos moyens<br />
propres nous permettent <strong>de</strong> réaliser ces pièces grâce à notre atelier <strong>de</strong> mécanique<br />
(tour, fraiseuse, etc.) et aussi grâce à <strong>la</strong> machine <strong>de</strong> prototypage rapi<strong>de</strong>.<br />
La machine <strong>de</strong> prototypage rapi<strong>de</strong>, est intimement liée aux outils <strong>de</strong> conception<br />
mécanique 3D tels CATIA ou SpaceC<strong>la</strong>im. À l’écran, dans un espace virtuel 3D, on<br />
conçoit chaque pièce avec ses contraintes dimensionnelles, puis on réalise<br />
l’assemb<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s pièces concourant à une fonction mécanique précise. De plus en<br />
plus souvent, <strong>la</strong> fonction à réaliser requiert une électronique, qu’il s’agit alors<br />
d’intégrer intimement à <strong>la</strong> mécanique, le tout étant « un équipement mécatronique ».<br />
Nos outils nous permettent non seulement <strong>de</strong> concevoir mais aussi <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r les<br />
concepts et le fonctionnement <strong>de</strong> ces sous-ensembles. La machine <strong>de</strong> prototypage<br />
rapi<strong>de</strong> permet <strong>de</strong> produire une version physique <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong> dispositif, soit pour<br />
en affiner <strong>la</strong> mise au point (interaction avec le reste <strong>de</strong> l’équipement), soit pour en
<strong>Le</strong>s moyens matériels et logiciels spécifiques du CAOR 153<br />
produire <strong>la</strong> version définitive. <strong>Le</strong> prototypage rapi<strong>de</strong> est abondamment utilisé pour <strong>la</strong><br />
réalisation <strong>de</strong>s nombreuses pièces <strong>de</strong> nos robots qui sont conçus et réalisés <strong>de</strong><br />
manière spécifique. Avec cette machine, il « suffit » <strong>de</strong> cliquer sur « imprimer »<br />
dans le logiciel <strong>de</strong> CAO 3D pour obtenir (au bout <strong>de</strong> quelques heures) une pièce en<br />
p<strong>la</strong>stique (projection d’un modèle virtuel dans <strong>la</strong> réalité physique). Cette machine, et<br />
plus généralement tous ces outils, nous assurent tout d’abord une autonomie <strong>de</strong><br />
moyens mais aussi et surtout une gran<strong>de</strong> flexibilité et réactivité qui nous permettent<br />
<strong>de</strong> nous ajuster rapi<strong>de</strong>ment et au mieux aux besoins <strong>de</strong>s doctorants et <strong>de</strong>s chercheurs<br />
du centre <strong>de</strong> robotique.<br />
LA PLATE-FORME RT MAPS<br />
Cette technologie matérielle et logicielle a été développée au Centre <strong>de</strong> Robotique à<br />
partir <strong>de</strong> 1997 et a <strong>la</strong>rgement contribué aux réalisations et aux succès du <strong>la</strong>boratoire.<br />
Elle a été distinguée lors du Concours National <strong>de</strong> l'Innovation en 2000 et a<br />
remporté le Trophée <strong>Le</strong>onardo en 2003. Elle est utilisée par tous les doctorants,<br />
chercheurs et ingénieurs du Centre <strong>de</strong> Robotique. <strong>Le</strong> logiciel a été industrialisé et<br />
commercialisé par <strong>la</strong> Société Intempora (www.intempora.com).<br />
RT MAPS, acronyme <strong>de</strong> Mines Automotive Prototyping System, est à <strong>la</strong> fois un<br />
atelier logiciel et une méthodologie <strong>de</strong> travail pour conduire <strong>de</strong>s projets innovants<br />
sur les systèmes embarqués temps réel. Notamment ceux exploitant <strong>de</strong>s capteurs à<br />
haut débit comme <strong>de</strong>s capteurs vidéo mono ou stéréoscopique, <strong>de</strong>s entrées audio,<br />
<strong>de</strong>s radars, <strong>de</strong>s télémètres, <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> localisation (GPS, centrale inertielle,<br />
odomètres etc.) associés à <strong>de</strong>s systèmes d’informations géographiques.<br />
Actuellement, il est utilisé par les chercheurs du Centre <strong>de</strong> Robotique pour <strong>la</strong><br />
conduite <strong>de</strong> leurs recherches (une quinzaine <strong>de</strong> doctorants).<br />
Premier système matériel - logiciel RT MAPS réalisé lors du projet européen<br />
CARSENSE en 2000
154 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
Dans le domaine industriel, ses principales références sont Renault, PSA, Thalès,<br />
AirBus, VALEO, EADS, Eurocopter, le CEA, INRETS, INRIA, le LAAS,<br />
l’Université d’Orsay, l'INSA <strong>de</strong> Lyon, l'UTC <strong>de</strong> Compiègne et, à l’étranger, le<br />
SWRI au Texas, Volkswagen en Allemagne, ICHIKOH Industries au Japon, les<br />
universités <strong>de</strong> Sabenci en Turquie, <strong>de</strong> Queens<strong>la</strong>nd University en Australie et <strong>de</strong> Jiao<br />
Tong à Shanghai en Chine.<br />
La société Intempora, qui l’a industrialisé et le commercialise, a conservé le nom<br />
initial mais changé l’acronyme en Real Time Multisensors Advanced Prototyping<br />
System.<br />
<strong>Le</strong> concept <strong>de</strong> BDDS (Bases <strong>de</strong> Données Datées et Synchronisées) et <strong>de</strong><br />
ENU (Enregistreur Numérique Universel).<br />
<strong>Le</strong>s systèmes <strong>de</strong> transports terrestre, aérien, maritime, spatiaux sont tous<br />
potentiellement en voie <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s systèmes robotiques mobiles autonomes. Dès<br />
lors, ils disposeront <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> perception multi capteurs à haut<br />
débit et multi actionneurs.<br />
<strong>Le</strong> passage au tout numérique pose le problème <strong>de</strong> l’acquisition directe<br />
d’informations numériques à très haut débit avec <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s variables, ou à<br />
apparition aléatoire, en assurant leur datation et leur synchronisation. <strong>Le</strong>s contraintes<br />
technologiques actuelles se situent au niveau <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> données via les bus et<br />
<strong>de</strong>s mémoires <strong>de</strong> masse.<br />
La technologie RT MAPS tire le meilleur profit <strong>de</strong>s technologies matérielles actuelles<br />
en s’appuyant sur les noyaux <strong>de</strong> Windows, Linux ou QNX.<br />
Par exemple, sur le véhicule prototype du programme européen CARSENSE, <strong>de</strong>s<br />
BDDS ont été créées, associées à 3 flux vidéo, 2 radars <strong>la</strong>rge et courte portée, un<br />
télémètre <strong>la</strong>ser et <strong>de</strong>ux bus CAN.<br />
L’atelier logiciel comprend une interface <strong>de</strong> développement entièrement graphique.<br />
L’interface du studio <strong>de</strong> développement.
<strong>Le</strong>s moyens matériels et logiciels spécifiques du CAOR 155<br />
Pour poursuivre <strong>la</strong> métaphore <strong>de</strong> l’atelier artisanal, l’interface du studio <strong>de</strong><br />
développement se présente sous forme d’une fenêtre divisée en trois zones :<br />
• La zone A représente l’établi proprement dit (work-bench) sur lequel on<br />
p<strong>la</strong>cera l’ouvrage à réaliser c'est-à-dire le programme,<br />
• La zone B est un zoom puissant capable <strong>de</strong> se dép<strong>la</strong>cer dans l’atelier<br />
(workshop) pour étendre <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> l’établi,<br />
• La zone C est le magasin avec ses étagères (tools-shelves) dans lesquelles les<br />
outils logiciels génériques sont stockés.<br />
Il y en a actuellement plusieurs centaines disponibles. <strong>Le</strong>s outils sont p<strong>la</strong>cés sur<br />
l’établi et connectés par <strong>de</strong>s liaisons donnant au développeur un environnement<br />
puissant <strong>de</strong> programmation graphique qui accroît <strong>de</strong> manière importante sa<br />
productivité.<br />
L’atelier logiciel RT MAPS est un logiciel «glu» modu<strong>la</strong>ire et ouvert capable <strong>de</strong><br />
s’interfacer avec d’autres logiciels. C’est ainsi qu’il communique avec <strong>de</strong>s logiciels<br />
tels que Mat<strong>la</strong>b, Simulink, Excel, ADASE RP… Précisément RT MAPS est bien<br />
pourvu en outils <strong>de</strong> manipu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong> visualisation <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données, ainsi qu’en<br />
perception notamment en traitement d’images. La bibliothèque <strong>de</strong> contrôle<br />
comman<strong>de</strong> bénéficie <strong>de</strong>s liens avec Sci<strong>la</strong>b et Scicos. <strong>Le</strong>s programmes développés<br />
sous l’environnement RT MAPS peuvent être compilés et exécutés directement sur un<br />
processeur cible embarqué.<br />
Photo Intempora<br />
Dans <strong>la</strong> figure ci-<strong>de</strong>ssus, l’établi A a été rempli d’un réseaux d’outils logiciels<br />
interconnectés : ce<strong>la</strong> montre l’immersion du logiciel entre les capteurs à gauche<br />
(caméras, télémètre <strong>la</strong>ser, centrale inertielle, GPS etc.) et les outils <strong>de</strong> visualisation,<br />
<strong>de</strong> stockage ou directement les actionneurs.<br />
Pour comprendre un peu mieux <strong>la</strong> structuration en couches <strong>de</strong> l’atelier logiciel et en<br />
observant <strong>la</strong> figure suivante, on remonte du système d’exploitation (Windows,<br />
Linux), vers le moteur RT MAPS, <strong>la</strong> couche <strong>de</strong>s composants standards ou développés<br />
pour l’application et enfin l’interface homme – système, vue par l’utilisateur.
156 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
Structure en couches <strong>de</strong> l’atelier logiciel avec le SDK et le studio (photo<br />
Intempora).<br />
<strong>Le</strong> logiciel permet évi<strong>de</strong>mment <strong>la</strong> relecture <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> données datées et<br />
synchronisées et leur visualisation à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> composants logiciels constituant le<br />
VNU (Visualiseur Numérique Universel).<br />
Exemple <strong>de</strong> session <strong>de</strong> rejeu dans <strong>la</strong>quelle on teste un algorithme <strong>de</strong> détection <strong>de</strong>s<br />
voies <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tions : relecture <strong>de</strong> BDDS, traitement en temps réel et affichage<br />
multifenêtrage <strong>de</strong>s résultats.
<strong>Le</strong>s moyens matériels et logiciels spécifiques du CAOR 157<br />
LA PLATE-FORME SIVIC<br />
RT MAPS est une p<strong>la</strong>te-forme logicielle <strong>de</strong>stinée à être utilisée :<br />
• Dans le véhicule pour faire <strong>de</strong>s campagnes d’acquisition <strong>de</strong> données selon <strong>de</strong>s<br />
scénarios souhaités ou pour tester directement <strong>de</strong>s algorithmes <strong>de</strong> perception,<br />
<strong>de</strong> contrôle ou <strong>de</strong> communication.<br />
• Au bureau pour développer les algorithmes <strong>de</strong> perception ou d’action et les<br />
tester sur les bases <strong>de</strong> données acquises.<br />
Toutefois, pour tester un scénario, il faut disposer d’un véhicule instrumenté et d’un<br />
personnel compétent pour effectuer les campagnes d’expérimentation. Dans <strong>la</strong><br />
recherche universitaire, peu d’équipes disposent <strong>de</strong> ces moyens humains et<br />
matériels. Même lorsque l’on dispose <strong>de</strong> ces moyens, le nombre <strong>de</strong> conditions<br />
expérimentales à tester peut être très grand. Dès lors, <strong>de</strong>ux solutions se présentent :<br />
• Création <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données in<strong>de</strong>xées et partage avec d’autres équipes <strong>de</strong><br />
recherche. C’est <strong>la</strong> solution que nous avons développée dans SAM (pour<br />
Serveur d’Acquisition Map - voir <strong>la</strong> présentation plus loin).<br />
• Création d’une suite logicielle pour simuler l’infrastructure, les véhicules, les<br />
capteurs, c’est l’approche SIVIC.<br />
Dès 2002, nous avons trouvé Racer (http://www.racer.nl/), un logiciel libre <strong>de</strong><br />
simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> véhicule et l’avons interfacé avec RT MAPS. Racer est un simu<strong>la</strong>teur<br />
dynamique <strong>de</strong> <strong>voiture</strong> basé sur les modèles physiques, avec un bon rendu graphique.<br />
Nous avons développé un modèle <strong>de</strong> caméra virtuelle p<strong>la</strong>cée sur le véhicule, et porté<br />
un algorithme <strong>de</strong> détection <strong>de</strong> ligne <strong>de</strong> marquage au sol ainsi qu’un algorithme <strong>de</strong><br />
contrôle <strong>la</strong>téral. L’idée d’une chaîne complète avec un simu<strong>la</strong>teur infrastructure -<br />
véhicule connecté à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme RT MAPS était née, et méritait d’être exploitée.<br />
Un groupe <strong>de</strong> travail fut créé pour exploiter ce gisement <strong>de</strong> productivité. Racer était<br />
développé en Hol<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, et fut abandonné au profit d’un logiciel, conçu et développé<br />
par le groupe <strong>de</strong> travail et principalement par Dominique Gruyer du LIVIC.<br />
Après plusieurs années <strong>de</strong> développement, le logiciel a atteint un haut niveau <strong>de</strong><br />
qualité et a pris le nom <strong>de</strong> SIVIC, acronyme <strong>de</strong> « Simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Véhicules,<br />
d’Infrastructure et <strong>de</strong> Capteurs virtuels ». SiVIC TM a été développé au <strong>la</strong>boratoire<br />
LIVIC (INRETS/LCPC) et a donné lieu en octobre 2008 à <strong>la</strong> création d’une start-up<br />
CIVITEC pour industrialiser, développer et diffuser le logiciel.<br />
<strong>Le</strong> logiciel <strong>de</strong> prototypage SIVIC fournit les fonctionnalités suivantes :<br />
• Simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l'environnement routier.<br />
• Simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s capteurs embarqués.<br />
• Simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s actionneurs.<br />
• Simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> communication embarqués et <strong>de</strong> l’infrastructure.<br />
• Modélisation physico réaliste <strong>de</strong>s mobiles (véhicule, moto, piéton, etc.).
158 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
La p<strong>la</strong>te-forme logicielle permet le prototypage et l'évaluation <strong>de</strong>s systèmes d’ai<strong>de</strong> à<br />
<strong>la</strong> conduite (perception locale, perception étendue, contrôle du véhicule,<br />
communications entre les véhicules et entre le véhicule et l’infrastructure).<br />
SiVIC TM : P<strong>la</strong>te-forme <strong>de</strong> Simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Véhicules, d’Infrastructure et <strong>de</strong> Capteurs<br />
virtuels (photo Civitec)<br />
SiVIC a déjà été utilisé avec succès dans <strong>de</strong> nombreux projets <strong>de</strong> recherche<br />
français ou européens tels que ARCOS, LOVe, Isi-PADAS, eMotive, Have-It et<br />
SAFESPOT. <strong>Le</strong>s nombreux problèmes résolus témoignent <strong>de</strong> l’apport du tan<strong>de</strong>m<br />
SiVIC - RT Maps dans les phases amonts du cycle <strong>de</strong> conception <strong>de</strong>s systèmes<br />
d’ai<strong>de</strong>s à <strong>la</strong> conduite.<br />
En effet, le coup<strong>la</strong>ge SiVIC - RT Maps permet <strong>de</strong> développer complètement et très<br />
efficacement <strong>de</strong>s applications <strong>de</strong> type SIL (Software In the Loop) comprenant <strong>de</strong>s<br />
prototypes <strong>de</strong> véhicules virtuels avec leurs capteurs extéroceptifs et proprioceptifs<br />
embarqués. L'information en temps réel, provenant <strong>de</strong>s véhicules et <strong>de</strong>s capteurs,<br />
fournis par SiVIC est transmise à RT Maps. Dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-forme RT Maps, ces<br />
données peuvent être utilisées en entrée <strong>de</strong>s algorithmes <strong>de</strong> perception et <strong>de</strong><br />
contrôle-comman<strong>de</strong>. De <strong>la</strong> même manière, <strong>de</strong>s consignes peuvent être envoyées<br />
<strong>de</strong>puis RT Maps vers un véhicule virtuel dans SiVIC TM afin <strong>de</strong> le contrôler. Cette<br />
chaîne <strong>de</strong> conception <strong>de</strong> systèmes coopératifs (perception - traitement -<br />
communication - action) est très efficace puisque les algorithmes développés dans<br />
RT Maps peuvent ensuite être directement transférés en tant que micros-logiciels sur<br />
<strong>de</strong>s dispositifs matériels réels. Pour ce<strong>la</strong>, le modèle <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion se doit d’être le<br />
plus proche possible <strong>de</strong>s objets réels (véhicule réel, capteur réel).<br />
La p<strong>la</strong>te-forme permet <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sensibilité et d’améliorer <strong>la</strong><br />
robustesse <strong>de</strong>s algorithmes <strong>de</strong> perception et <strong>de</strong> contrôle-comman<strong>de</strong>. La réalisation<br />
d’essais et l'évaluation dans <strong>de</strong>s conditions extrêmes – <strong>de</strong>s approches innovantes<br />
entrant dans <strong>la</strong> conception <strong>de</strong>s ADAS - peuvent être explorées sans le recours à <strong>la</strong><br />
mise en œuvre <strong>de</strong> moyens d’essais coûteux et complexes.
<strong>Le</strong>s moyens matériels et logiciels spécifiques du CAOR 159<br />
SiVIC TM constitue aussi un environnement <strong>de</strong> travail agréable et efficace pour<br />
présenter les objectifs <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> façon professionnelle, décrivant c<strong>la</strong>irement à<br />
<strong>la</strong> fois les métho<strong>de</strong>s utilisées et les solutions adoptées pour <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s<br />
problèmes dans divers domaines.<br />
Démonstration <strong>de</strong> conduite automatisée par coup<strong>la</strong>ge entre SIVIC et RT MAPS sur le<br />
stand <strong>de</strong> ITS France lors du congrès ITS World à Stockholm en septembre 2009<br />
(photo Intempora).<br />
SAM ET CAORTO<br />
SAM (Serveur d’Acquisition Maps)<br />
La suite logicielle RT MAPS permet d'acquérir, d'enregistrer et <strong>de</strong> rejouer <strong>de</strong>s bases<br />
<strong>de</strong> données multi capteurs. Ces bases <strong>de</strong> données contiennent le plus souvent <strong>de</strong>s<br />
séquences d'images, <strong>de</strong>s fichiers son, <strong>de</strong>s fichiers contenant <strong>de</strong>s données issues <strong>de</strong><br />
capteurs divers choisis par l'utilisateur et en fonction <strong>de</strong> l'application. <strong>Le</strong>s séquences<br />
acquises pour <strong>la</strong> recherche sont essentiellement formées <strong>de</strong> données issues <strong>de</strong><br />
capteurs couramment utilisés dans l'automobile, soit pour <strong>la</strong> détection <strong>de</strong><br />
l'environnement soit pour relever les paramètres d'état du véhicule porteur. Il s’agit<br />
<strong>de</strong> caméras, télémètres <strong>la</strong>ser, radars, ultrasons, GPS, gyromètres, bus CAN, centrales<br />
inertielles, etc.<br />
Ce<strong>la</strong> explique que les bases <strong>de</strong> données présentent <strong>de</strong>s contenus <strong>de</strong> tailles différentes<br />
et <strong>de</strong> « syntaxes » différentes et variées. Stocker et archiver tous ces enregistrements<br />
nécessite un espace disque important, mais aussi un effort d'in<strong>de</strong>xation et <strong>de</strong><br />
référencement efficace et dédié.<br />
<strong>Le</strong>s utilisateurs <strong>de</strong> RT MAPS, au sein du <strong>la</strong>boratoire, se contentent généralement <strong>de</strong><br />
sauvegar<strong>de</strong>r leurs séquences personnelles (i.e. celles qu’ils ont acquises eux-mêmes
160 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
pour leurs travaux <strong>de</strong> recherche) sur leurs propres ordinateurs. Ainsi, quand un autre<br />
chercheur a besoin d’une séquence particulière, il est amené à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à chacun si<br />
il n’a pas ce type <strong>de</strong> séquence, ou alors à refaire une campagne expérimentale pour<br />
disposer <strong>de</strong> l’enregistrement souhaité, ce qui peut être, dans les <strong>de</strong>ux cas, long et<br />
fastidieux.<br />
<strong>Le</strong> Serveur d’Acquisition RT MAPS (SAM) a été créé afin <strong>de</strong> répondre à ces besoins.<br />
Telle une bibliothèque ou plutôt une médiathèque, le serveur SAM présente un<br />
espace énorme dans lequel sont archivées et stockées <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> bases <strong>de</strong><br />
données RT MAPS. Celles-ci sont c<strong>la</strong>ssées selon l'auteur <strong>de</strong> l'acquisition, <strong>la</strong> date, le<br />
contenu (c'est-à-dire les capteurs qui nourrissent chaque base), mais aussi le thème<br />
(c'est-à-dire le type d'environnement acquis, <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> l’enregistrement, les<br />
conditions météorologiques etc.). Comme pour tout serveur d’archivage,<br />
l’utilisateur, après enregistrement, peut y rechercher <strong>de</strong>s séquences selon divers<br />
critères et en ajouter <strong>de</strong> nouvelles, l’accès y étant facilité via l’utilisation d’un site<br />
intranet dédié et développé spécifiquement.<br />
CAORTO : l’Outil cartographique du CAOR<br />
Un capteur cartographique (i.e. une base <strong>de</strong> données cartographique couplée à un<br />
système <strong>de</strong> localisation GPS) peut fournir à un système d’ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> conduite<br />
automobile un grand nombre d’informations statiques re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> route, à<br />
l’environnement et à l’infrastructure proche ou « à venir ». On utilise l’expression<br />
« horizon électronique » pour qualifier les données re<strong>la</strong>tives aux informations à<br />
venir.<br />
Malheureusement, les grands fournisseurs internationaux <strong>de</strong> données<br />
cartographiques Nokia (anciennement Navteq) et TomTom (anciennement<br />
TeleAt<strong>la</strong>s) ne proposent pas leurs données aux <strong>la</strong>boratoires <strong>de</strong> recherche sous forme<br />
<strong>de</strong> package (API + base <strong>de</strong> données) simple d’utilisation, évolutif (en termes <strong>de</strong><br />
fonctionnalités dont on aimerait disposer) et peu onéreux.<br />
<strong>Le</strong> projet OpenStreetMap créé en 2004 par Steve Coast permet <strong>de</strong> contourner ces<br />
difficultés en offrant un wiki <strong>de</strong> <strong>la</strong> cartographie où tout le mon<strong>de</strong> peut ajouter <strong>de</strong>s<br />
informations géo-localisées (<strong>de</strong>s routes, <strong>de</strong>s zones etc.) dans une base <strong>de</strong> données<br />
communautaire. http://www.openstreetmap.org/<br />
Depuis 2004, OpenStreetMap est en constante évolution et s’est enrichi <strong>de</strong><br />
nombreuses données. L’intérêt <strong>de</strong> ce projet en Europe n’est plus à démontrer et c’est<br />
ainsi que, par exemple, <strong>la</strong> société néer<strong>la</strong>ndaise Automotive Navigation Data, qui est<br />
un fournisseur local <strong>de</strong> cartographie aux Pays-Bas, a gracieusement fourni sa<br />
cartographie <strong>de</strong>s Pays-Bas. La qualité <strong>de</strong>s données issues d’OpenStreetMap par<br />
rapport à celles <strong>de</strong> Navteq ou <strong>de</strong> TeleAt<strong>la</strong>s est re<strong>la</strong>tivement équivalente. En effet,<br />
leur façon <strong>de</strong> collecter les données est re<strong>la</strong>tivement équivalente (tous géo-localisent<br />
les routes du mon<strong>de</strong> entier en les parcourant munis d’un récepteur GPS et en<br />
reportant ces informations dans leur base). A ce jour, OpenStreetMap couvre les<br />
gran<strong>de</strong>s villes d’Europe et d’Amérique du nord ainsi que le réseau routier constitué<br />
<strong>de</strong>s autoroutes reliant ces villes.
<strong>Le</strong>s moyens matériels et logiciels spécifiques du CAOR 161<br />
L’idée même <strong>de</strong> créer au sein du <strong>la</strong>boratoire son propre capteur cartographique basé<br />
sur ces données en libre accès est donc tout à fait pertinente. En effet, outre le fait <strong>de</strong><br />
s’affranchir <strong>de</strong>s problèmes d’acquisition <strong>de</strong>s données brutes <strong>de</strong> Navteq ou TeleAt<strong>la</strong>s,<br />
ou <strong>de</strong> l’utilisation parfois délicate <strong>de</strong> leurs API d’utilisation, l’avantage majeur d’un<br />
tel développement est <strong>de</strong> pouvoir définir son propre format <strong>de</strong> stockage <strong>de</strong>s données<br />
géographiques avec sa propre API d’utilisation et donc <strong>de</strong> pouvoir créer les<br />
fonctionnalités d’accès aux données à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Enfin, créer son propre capteur<br />
cartographique permettrait une intégration complètement transparente dans divers<br />
logiciel, et notamment au sein <strong>de</strong> RT MAPS (notre logiciel <strong>de</strong> prototypage). C’est<br />
ainsi qu’est né le projet <strong>de</strong> CAORTO : <strong>la</strong> cartographie du CAOR.<br />
La CAORTO, basée sur les données en libre accès d’OpenStreetMap, est donc à <strong>la</strong><br />
fois un ensemble <strong>de</strong> données cartographiques structurées, et un ensemble <strong>de</strong><br />
fonctionnalités permettant d’effectuer <strong>de</strong>s requêtes et <strong>de</strong> retrouver <strong>de</strong>s informations<br />
<strong>de</strong> façon très rapi<strong>de</strong>. Complètement intégrée au logiciel RT MAPS, elle a déjà servi<br />
dans <strong>de</strong> nombreux projets et travaux <strong>de</strong> thèses, en aidant à résoudre divers<br />
problèmes d’ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> conduite automobile et <strong>de</strong> sécurité (notamment <strong>de</strong>s problèmes<br />
<strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s limitations <strong>de</strong> vitesse, <strong>de</strong> stockage <strong>de</strong> nouvelles données telles<br />
que l’adhérence <strong>de</strong>s routes etc.). Enfin, le fait même d’avoir accès à tous les niveaux<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> CAORTO (stockage <strong>de</strong>s données, développement <strong>de</strong>s fonctionnalités d’accès<br />
et utilisation) nous permet d’envisager <strong>de</strong>s projets répondant à <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s plus<br />
exigeantes.<br />
Par exemple, l’outil CAORTO va servir dans le projet PUMAS pour définir les<br />
PUMAS points, les PUMAS boîtes aux lettres.<br />
Centre <strong>de</strong> Rouen sous OpenStreetMap
CHAPITRE 2<br />
PRESENTATION DE QUELQUES RESULTATS PASSES<br />
LA SIGNALETIQUE EMBARQUEE<br />
La signalisation routière comprend <strong>la</strong> signalisation horizontale et <strong>la</strong> signalisation<br />
verticale.<br />
La signalisation horizontale correspond à l’ensemble <strong>de</strong>s marquages au sol comme<br />
les lignes continues ou discontinues, les passages piétonniers, les flèches <strong>de</strong><br />
rabattement, etc.<br />
La signalisation verticale correspond à l’ensemble <strong>de</strong>s panneaux <strong>de</strong> signalisation<br />
p<strong>la</strong>cés sur le côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> route comme les limitations <strong>de</strong> vitesse, les panneaux stop, les<br />
annonces <strong>de</strong> virages, <strong>de</strong> croisement, etc. Il en existe un très grand nombre.<br />
Actuellement, c’est chaque conducteur qui perçoit visuellement <strong>la</strong> signalisation<br />
routière et l’utilise pour adapter sa conduite. De nombreux acci<strong>de</strong>nts sont liés au<br />
non-respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalisation routière. Ils sont le résultat d’erreurs humaines<br />
(fatigue, inattention du conducteur, panneau masqué par <strong>la</strong> végétation ou <strong>la</strong><br />
publicité, mauvaise interprétation, etc.).<br />
Nous nous sommes posé <strong>la</strong> question suivante : <strong>la</strong> technique permet-elle aujourd’hui<br />
à un véhicule <strong>de</strong> lire directement <strong>la</strong> signalisation ? Si oui, nous proposons <strong>de</strong><br />
nommer « Signalétique embarquée » le système qui permet <strong>de</strong> percevoir <strong>la</strong><br />
signalisation routière et <strong>de</strong> <strong>la</strong> présenter visuellement sur le tableau <strong>de</strong> bord <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
<strong>voiture</strong>.<br />
Nous pouvons imaginer <strong>de</strong>ux approches techniques pour résoudre ce problème.<br />
La première consiste à établir une communication <strong>de</strong> l’infrastructure vers le<br />
véhicule. <strong>Le</strong>s panneaux <strong>de</strong> signalisation <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s émetteurs actifs codés et<br />
informent le véhicule <strong>de</strong> leur présence. Cette solution est concevable techniquement<br />
mais peu réaliste du point <strong>de</strong> vue économique car elle suppose l’équipement <strong>de</strong> toute<br />
l’infrastructure routière soit plusieurs millions <strong>de</strong> panneaux sur le réseau français<br />
ainsi que l’équipement <strong>de</strong>s véhicules.<br />
La secon<strong>de</strong> solution consiste à exploiter les potentialités du système <strong>de</strong> localisation<br />
GPS ou bientôt Galileo et <strong>de</strong> <strong>la</strong> cartographie numérique (SIG pour Systèmes<br />
d’Informations Géographiques). Cette approche n’a pas été exploitée à ce jour et<br />
nous avons voulu l’explorer.<br />
Nous allons présenter <strong>de</strong>ux générations <strong>de</strong> signalétique embarquée <strong>de</strong> complexité<br />
croissante que nous appellerons respectivement, signalétique embarquée statique et<br />
signalétique embarquée dynamique ou contextuelle.<br />
La signalétique embarquée statique<br />
La France possè<strong>de</strong> un réseau routier d’environ un million <strong>de</strong> kilomètres. Imaginons<br />
que tous les <strong>de</strong>ux cents mètres, on mette un point <strong>de</strong> marquage sur les routes avec
164 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
pour attributs sa longitu<strong>de</strong>, sa <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> et son altitu<strong>de</strong> codées sur seize bits : ce<strong>la</strong> fait<br />
pour chaque point, six octets, donc trente octets par kilomètre soit un total <strong>de</strong> trente<br />
méga octets pour stocker toute <strong>la</strong> carte routière <strong>de</strong> France. Ceci est très peu<br />
puisqu'un CD ROM peut contenir aujourd’hui environ 640 Mo. Il est donc possible<br />
d'y ajouter <strong>de</strong> très nombreuses informations et en particulier toute <strong>la</strong> signalisation<br />
routière. De nombreux kilomètres peuvent être parcourus en rase campagne sans<br />
trouver <strong>de</strong> panneau <strong>de</strong> signalisation alors qu’en milieu urbain, on peut en trouver<br />
plusieurs sur un kilomètre. On peut estimer sans trop <strong>de</strong> risques que le stockage sur<br />
un support CD ROM <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> signalisation routière française ne prendra pas plus<br />
<strong>de</strong> trente autres Mo. Naturellement, <strong>la</strong> production d’une telle base <strong>de</strong> données et son<br />
actualisation <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un travail considérable <strong>de</strong> collecte et <strong>de</strong> vérification <strong>de</strong>s<br />
informations. Mais les données existent déjà au sein <strong>de</strong>s services publics en charge<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion du réseau routier. Au niveau d’une démonstration <strong>de</strong> faisabilité, nous<br />
avons choisi un circuit en environnement urbain que nous avons parcouru dans un<br />
premier temps en relevant les coordonnées <strong>de</strong>s panneaux <strong>de</strong> signalisation. Ces<br />
coordonnées ont été mémorisées sur disque dur et lors <strong>de</strong>s passages ultérieurs du<br />
véhicule dans un voisinage <strong>de</strong>s points enregistrés, les icônes <strong>de</strong>s panneaux<br />
correspondants étaient affichés sur le tableau <strong>de</strong> bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>voiture</strong>.<br />
Annonce d’un passage piétonnier sur le tableau <strong>de</strong> bord numérique du véhicule<br />
LARA <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong>s Mines <strong>de</strong> Paris lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> première démonstration <strong>de</strong><br />
signalétique embarquée en 2001.<br />
La faisabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalétique embarquée statique est donc démontrée mais<br />
comment apprécier sa pertinence ? Observons tout d’abord, que <strong>de</strong>puis nos premiers<br />
travaux, <strong>de</strong> nombreux acteurs, constructeurs automobiles, éditeurs <strong>de</strong> systèmes<br />
d’informations géographiques, gestionnaires <strong>de</strong> routes etc. se sont intéressés à ce<br />
concept. Nous pensons qu’à <strong>la</strong> suite du déploiement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />
navigation dans les véhicules commercialisés aujourd’hui, <strong>la</strong> nouvelle génération <strong>de</strong><br />
systèmes <strong>de</strong> navigation routière proposera <strong>la</strong> signalétique embarquée statique.
Présentation <strong>de</strong> quelques résultats passés 165<br />
<strong>Le</strong> nouveau système d’assistance à <strong>la</strong> conduite présente à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong>s avantages et <strong>de</strong>s<br />
inconvénients.<br />
Parmi les principaux avantages, il y a <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> passer d’une signalétique<br />
purement événementielle à une signalétique rémanente. Par exemple, le panneau qui<br />
indique l’entrée dans une agglomération et <strong>la</strong> limitation <strong>de</strong> vitesse à 50 Km/h n’est<br />
perçu qu’une seule fois alors que l’information qu’il délivre reste va<strong>la</strong>ble jusqu’à ce<br />
que l’on rencontre le panneau annonçant <strong>la</strong> sortie d’agglomération annu<strong>la</strong>nt le<br />
premier. Avec <strong>la</strong> signalétique embarquée, ce n’est pas un événement que l’on<br />
signale mais l’existence d’un état ayant une certaine durée. Un autre atout<br />
considérable est <strong>la</strong> possibilité offerte par <strong>la</strong> technologie <strong>de</strong> se substituer<br />
partiellement ou totalement à un conducteur défail<strong>la</strong>nt. <strong>Le</strong> système d’assistance<br />
active pourra par exemple freiner à l’approche d’un stop que le conducteur n’aurait<br />
pas respecté, ou limiter <strong>la</strong> vitesse du véhicule d’autorité dans une zone urbaine.<br />
Deux objections au moins sont faites à ce système, <strong>la</strong> première concerne <strong>la</strong> mise à<br />
jour <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> données. Il est c<strong>la</strong>ir que si <strong>la</strong> signalétique à bord se met en p<strong>la</strong>ce<br />
comme nous le pensons, <strong>la</strong> double signalisation sur <strong>la</strong> route et à bord du véhicule<br />
coexistera pendant <strong>de</strong> nombreuses années. <strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux signalisations doivent donc être<br />
cohérentes. S’il est vrai que <strong>la</strong> signalétique électronique peut présenter <strong>de</strong>s<br />
omissions, ce<strong>la</strong> est aussi arrivé pour <strong>la</strong> signalétique physique. <strong>Le</strong> conducteur doit<br />
rester vigi<strong>la</strong>nt et responsable dans toutes les situations. Sur le long terme au<br />
contraire, <strong>la</strong> flexibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalétique embarquée et son actualisation aisée<br />
<strong>de</strong>viendront un atout. <strong>Le</strong>s bases <strong>de</strong> données seront modifiées et adaptées facilement<br />
par les autorités gestionnaires du réseau en fonction <strong>de</strong>s travaux d’entretien, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
météo, d’événements fortuits (manifestation sportive, grève, etc.). L’usager pourra<br />
télécharger les bases <strong>de</strong> données actualisées via <strong>la</strong> nouvelle génération <strong>de</strong><br />
communication UMTS ou par communication sans fil avec l’infrastructure. On peut,<br />
en se projetant dans trente ou quarante ans, imaginer que <strong>la</strong> signalisation routière<br />
matérielle aura disparu et qu’une signalétique purement immatérielle et aisément<br />
modifiable en fonction <strong>de</strong>s lieux, <strong>de</strong>s jours, <strong>de</strong>s heures, <strong>de</strong> <strong>la</strong> météo sera déployée<br />
pour contribuer à une gestion plus <strong>intelligente</strong> et flexible <strong>de</strong>s transports.<br />
La secon<strong>de</strong> objection faite est <strong>la</strong> surcharge mentale du conducteur qu’implique <strong>la</strong><br />
lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalétique à bord. Sous réserve d’étu<strong>de</strong>s ergonomiques, <strong>la</strong> fusion <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> signalétique embarquée sur l’écran du système <strong>de</strong> navigation ou mieux encore sur<br />
un écran tête haute <strong>de</strong>vrait en rendre <strong>la</strong> lecture aisée.<br />
La signalétique embarquée contextuelle ou dynamique<br />
Pour expliquer cette nouvelle génération <strong>de</strong> signalétique à bord, nous allons établir<br />
une analogie avec les systèmes <strong>de</strong> navigation pour lesquels on peut aussi i<strong>de</strong>ntifier<br />
<strong>de</strong>ux niveaux : le navigateur statique et le navigateur dynamique.<br />
Comment fonctionne un navigateur statique ? Nous avons déjà expliqué<br />
succinctement comment était organisé un SIG (système d’informatique<br />
géographique) <strong>de</strong> type carte routière. La représentation du réseau routier est faite par<br />
un graphe et les <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> départ et d’arrivée d’un trajet sont <strong>de</strong>s nœuds du<br />
graphe. Tout parcours à p<strong>la</strong>nifier revient à effectuer un cheminement dans un graphe<br />
selon certains critères, par exemple imposer certains points <strong>de</strong> passage, choisir
166 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
d’utiliser les autoroutes ou encore minimiser <strong>la</strong> distance parcourue ou <strong>la</strong> durée du<br />
trajet. <strong>Le</strong>s algorithmes qui trouvent les chemins sont appelés <strong>de</strong>s routeurs. On peut<br />
en disposer pour p<strong>la</strong>nifier un voyage et ils délivrent une feuille <strong>de</strong> route avec calcul<br />
<strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> passage et <strong>de</strong>s coûts. Pour obtenir un navigateur statique, il faut ajouter<br />
un système <strong>de</strong> localisation. <strong>Le</strong> seul disponible aujourd’hui est le GPS (Global<br />
Positionning System) qui délivre via une antenne et un bloc calcu<strong>la</strong>teur les<br />
coordonnées longitu<strong>de</strong>, <strong>la</strong>titu<strong>de</strong> et altitu<strong>de</strong> du point où il se trouve sous réserve <strong>de</strong><br />
recevoir au moins quatre signaux en provenance <strong>de</strong> quatre <strong>de</strong>s 24 satellites en orbite.<br />
Dès lors, une procédure <strong>de</strong> mise en correspondance <strong>de</strong> <strong>la</strong> position délivrée par le<br />
GPS avec <strong>la</strong> base <strong>de</strong> données cartographique (procédure appelée « map matching »)<br />
permet <strong>de</strong> localiser en temps réel le véhicule sur le réseau routier. <strong>Le</strong>s positions<br />
successives du véhicule qui se dép<strong>la</strong>ce permettent <strong>de</strong> connaître le sens du<br />
dép<strong>la</strong>cement sur <strong>la</strong> route et <strong>la</strong> vitesse (connue par ailleurs par le tachymètre<br />
traditionnel). Il est possible dès lors d’effectuer un guidage visuel ou sonore du<br />
véhicule sur <strong>la</strong> trajectoire précalculée par le routeur. Cette technologie qui<br />
commence seulement à être commercialisée en France, alors qu’elle est <strong>la</strong>rgement<br />
diffusée au Japon ou aux USA, correspond à ce que nous appelons un navigateur<br />
statique. <strong>Le</strong> qualificatif statique s’explique par le fait que le système ne prend en<br />
compte que <strong>la</strong> géométrie routière et les dép<strong>la</strong>cements du véhicule sans tenir compte<br />
du trafic.<br />
Il est donc concevable que l’algorithme <strong>de</strong> routage propose un trajet intéressant du<br />
point <strong>de</strong> vue géométrique parce qu’il est court alors qu’il s’agit d’une proposition<br />
très mauvaise, car l’usager va se trouver pendant un long moment dans un<br />
embouteil<strong>la</strong>ge. Dès lors, nous appellerons navigateur dynamique ou contextuel un<br />
système qui prend en compte le trafic et en particulier les segments <strong>de</strong> routes<br />
congestionnés. La prise en compte du trafic consiste simplement au niveau du<br />
routeur à mettre une pénalité forte sur les segments <strong>de</strong> routes congestionnés, ce qui<br />
amène le logiciel à rechercher <strong>de</strong>s itinéraires <strong>de</strong> contournement. La véritable<br />
difficulté est <strong>de</strong> détecter <strong>la</strong> congestion et <strong>de</strong> diffuser en temps réel l’information pour<br />
que les véhicules équipés puissent effectuer un re-routage dynamique vers leurs<br />
<strong>de</strong>stinations.<br />
C’est donc en nous appuyant sur cette analogie que nous appelons signalétique<br />
embarquée dynamique <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> génération <strong>de</strong> signalisation à bord que nous avons<br />
développée et qui prend en compte le contexte dans lequel se trouve le véhicule.<br />
Dans <strong>la</strong> présentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> signalétique embarquée statique, le système d’assistance à<br />
<strong>la</strong> conduite (ou co-pilote électronique) ne dispose que <strong>de</strong> l’information<br />
cartographique qui permet déjà d’afficher <strong>la</strong> signalisation routière directement sur le<br />
tableau <strong>de</strong> bord. Mais il peut encore faire plus, si on va rechercher dans <strong>la</strong> base <strong>de</strong><br />
données les informations pertinentes en aval du point courant où se trouve le<br />
véhicule. On appelle « horizon électronique » cette possibilité d’aller faire <strong>de</strong>s<br />
requêtes en aval dans <strong>la</strong> cartographie numérique, pour annoncer au conducteur un<br />
virage en épingle à cheveux non visible sur <strong>la</strong> droite ou encore l’approche d’un<br />
carrefour dangereux. L’appel<strong>la</strong>tion co-pilote électronique se justifie dès lors <strong>de</strong><br />
mieux en mieux.
Présentation <strong>de</strong> quelques résultats passés 167<br />
Nous allons franchir encore un pas supplémentaire en ajoutant au GPS et à <strong>la</strong><br />
cartographie <strong>de</strong>s informations provenant d’autres capteurs.<br />
Ainsi, le système <strong>de</strong> signalétique embarquée tient compte maintenant du contexte <strong>de</strong><br />
conduite dans lequel se trouve le véhicule et nous pouvons utiliser le qualificatif <strong>de</strong><br />
signalétique embarquée dynamique.<br />
Nous présentons une première version simple qui n'utilise comme capteur qu'une<br />
caméra embarquée et pas <strong>de</strong> GPS pour <strong>la</strong> localisation. La caméra détecte les actions<br />
<strong>de</strong> freinage et les clignotants du véhicule précé<strong>de</strong>nt et en fait une recopie sur le<br />
tableau <strong>de</strong> bord.<br />
Nous allons présenter <strong>de</strong>s scénarii plus complexes sur lesquels nous avons validé ce<br />
nouveau concept. <strong>Le</strong> premier concerne l’approche d’une intersection avec une route<br />
secondaire qui présente un panneau stop.<br />
Annonce d’une intersection avec panneau stop grâce à <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> l’horizon<br />
électronique et surveil<strong>la</strong>nce par vision du véhicule à l’arrêt.
168 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
<strong>Le</strong> GPS et <strong>la</strong> cartographie permettent d’annoncer l’intersection et le panneau stop<br />
qui se trouvent à 55 mètres sur l’image. Mais cette information peut être exploitée<br />
pour accroître notre sécurité en activant le système <strong>de</strong> vision embarqué qui,<br />
connaissant <strong>la</strong> position approximative du stop dans l’image, va effectuer une<br />
recherche <strong>de</strong> véhicule qui serait sur <strong>la</strong> route secondaire en position <strong>de</strong> franchir le<br />
stop. Ce véhicule est détecté et <strong>la</strong> signalétique embarquée passe à l’orange pendant<br />
que l’algorithme <strong>de</strong> vision effectue un tracking <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce du véhicule dans le<br />
voisinage du stop.<br />
Annonce d’une intersection avec panneau stop grâce à <strong>la</strong> technique <strong>de</strong> l’horizon<br />
électronique et surveil<strong>la</strong>nce par vision du véhicule à l’arrêt.<br />
Alors que notre véhicule ne se trouve plus qu’à 24 mètres <strong>de</strong> l’intersection, le<br />
véhicule arrêté au stop s’est avancé sur <strong>la</strong> chaussée au-<strong>de</strong>là du marquage. Ce<br />
mouvement a été détecté par le système <strong>de</strong> vision et <strong>la</strong> signalisation à bord du<br />
véhicule est passée au rouge. Cette fusion entre les informations délivrées par le<br />
GPS, <strong>la</strong> cartographie et <strong>la</strong> vision artificielle permet donc <strong>de</strong> faire un pas<br />
supplémentaire dans l’assistance sécuritaire à <strong>la</strong> conduite.<br />
Nous allons présenter un autre scénario un peu plus compliqué et qui met en œuvre<br />
<strong>de</strong>s informations supplémentaires, en particulier un radar pour détecter les véhicules<br />
et le bus CAN qui délivre l’information <strong>de</strong> vitesse.<br />
<strong>Le</strong>s trois images suivantes appartiennent à une même séquence vidéo du scénario et<br />
correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s temps successifs. Notre véhicule s’apprête à rattraper un<br />
véhicule plus lent. <strong>Le</strong> véhicule rattrapé est détecté ici par le radar à l’avant <strong>de</strong> notre<br />
véhicule, mais il pourrait l'être aussi par <strong>la</strong> caméra embarquée à l’avant du véhicule.<br />
En interrogeant l’horizon électronique, le GPS et <strong>la</strong> cartographie permettent <strong>de</strong><br />
connaître l’existence d’une intersection non visible <strong>de</strong> notre véhicule et située en<br />
aval à 170 mètres environ.
Présentation <strong>de</strong> quelques résultats passés 169<br />
L’éventualité que le véhicule précé<strong>de</strong>nt tourne à <strong>la</strong> prochaine intersection est une<br />
hypothèse qui est prise en compte par le système qui activera <strong>de</strong>s algorithmes <strong>de</strong><br />
vision spécialisés dans <strong>la</strong> détection <strong>de</strong>s feux clignotants et <strong>de</strong>s feux stop.<br />
Dans un premier temps, le clignotant droit est détecté sur <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> image. <strong>Le</strong>s feux<br />
stop qui s’allument au moment du freinage du véhicule précé<strong>de</strong>nt sont détectés à<br />
leur tour. La vitesse <strong>de</strong> notre véhicule lue sur le bus CAN est affichée. La distance<br />
<strong>de</strong> sécurité déterminée par le radar est respectée et le signal vert est activé sur le<br />
tableau <strong>de</strong> bord <strong>de</strong> notre <strong>voiture</strong>.
170 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
La <strong>de</strong>rnière image correspond au rejeu du même scénario, mais nous avons simulé<br />
cette fois-ci une vitesse trop élevée <strong>de</strong> notre véhicule (91 Km/h) et une distance <strong>de</strong><br />
sécurité trop faible. <strong>Le</strong> système <strong>de</strong> signalétique embarquée active alors un signal<br />
rouge sur le tableau <strong>de</strong> bord du véhicule.
Présentation <strong>de</strong> quelques résultats passés 171<br />
CONTROLE LATERAL<br />
À l’occasion du Congrès IEE Intelligent Vehicles 2002 qui se tenait en France à<br />
Versailles, le Centre <strong>de</strong> Robotique <strong>de</strong> l'Ecole <strong>de</strong>s Mines a présenté sur le circuit <strong>de</strong><br />
Satory plusieurs démonstrations sur les travaux conduits par les chercheurs et<br />
doctorants du Centre, en particulier <strong>la</strong> signalétique embarquée, <strong>la</strong> détection<br />
d'obstacles par fusion <strong>de</strong> données, <strong>la</strong> communication véhicule-infrastructure, et <strong>la</strong><br />
conduite automatique par asservissement visuel.<br />
Cette <strong>de</strong>rnière démonstration a été l'attraction appréciée <strong>de</strong>s congressistes<br />
(industriels et chercheurs) puisque nous n'avons pu satisfaire <strong>la</strong> centaine <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs qui souhaitaient faire le tour du circuit dans notre "cybercar". Notre<br />
véhicule que nous avons appelé " Lara " (pour LA Route Automatisée), rou<strong>la</strong>it à<br />
plus <strong>de</strong> 100km/heure dans les lignes droites et prenait <strong>de</strong>s virages serrés à 40-<br />
50 Km/heure. La démonstration a été filmée tant par France2 que TF1. Elle est<br />
passée au journal <strong>de</strong> 20H du jeudi 20 juin pour France 2 et au 20H du vendredi 21<br />
juin pour TF1.<br />
La figure ci-<strong>de</strong>ssus détaille les principaux équipements matériels (caméra,<br />
processeur <strong>de</strong> traitement d'image, carte d'asservissement <strong>de</strong> l'angle du vo<strong>la</strong>nt, bouton<br />
d'arrêt d’urgence) et le diagramme sous RT MAPS représentant l'algorithme utilisé.<br />
Extrait <strong>de</strong> l’article signé <strong>de</strong> Richard Bishop, Responsable au DOT (Department of<br />
Transport) du programme américain PATH dans <strong>la</strong> revue IV suite au Congrès<br />
IV2002.<br />
“La prestigieuse Ecole <strong>de</strong>s Mines <strong>de</strong> Paris est une école d’élite qui existe <strong>de</strong>puis<br />
l’époque où l’ingénierie était principalement centrée sur les travaux du génie<br />
minier. <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> Robotique <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong>s Mines a été un pionnier dans <strong>la</strong><br />
recherche sur les véhicules intelligents. La <strong>voiture</strong> <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong>s Mines est<br />
équipée d’une caméra noir et b<strong>la</strong>nc, d’un radar et d’actionneurs pour <strong>la</strong> direction,
172 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
les freins et l’accélérateur. <strong>Le</strong>s données <strong>de</strong>s capteurs sont fusionnées pour<br />
implémenter une détection <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie <strong>de</strong> roulement, le contrôle <strong>la</strong>téral, <strong>la</strong><br />
visualisation <strong>de</strong>s panneaux <strong>de</strong> signalisation et <strong>la</strong> détection <strong>de</strong>s véhicules<br />
précé<strong>de</strong>nts. Pour ce qui est <strong>de</strong> <strong>la</strong> conduite automatique, <strong>la</strong> <strong>voiture</strong> a<br />
particulièrement bien négocié les virages serrés du circuit d’essais et le système a<br />
également été capable <strong>de</strong> gérer un changement <strong>de</strong> file (à vitesse réduite toutefois).<br />
De plus, le véhicule <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong>s Mines procure au conducteur une visibilité<br />
complète, grâce aux rétroviseurs <strong>la</strong>téraux et arrière qui ont été supprimés et<br />
remp<strong>la</strong>cés par <strong>de</strong>s caméras, dont les images vidéo incrustées dans le tableau <strong>de</strong><br />
bord éliminent les angles morts ».<br />
UN REGULATEUR DE VITESSE INTELLIGENT<br />
<strong>Le</strong>s régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vitesse sont <strong>la</strong>rgement répandus et ce <strong>de</strong>puis longtemps aux USA.<br />
Ils commencent à être diffusés en Europe. Ces systèmes permettent <strong>de</strong> maintenir<br />
constante <strong>la</strong> vitesse du véhicule, par exemple à 130 Km/h sur autoroute, allégeant<br />
ainsi <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce du conducteur et libérant ses pieds <strong>de</strong>s pédales <strong>de</strong> frein et<br />
d'accélération. Cependant, ces régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vitesse sont aveugles, et dans<br />
l'hypothèse où le véhicule en rattrape un plus lent, c'est au conducteur <strong>de</strong> freiner<br />
pour maintenir <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> sécurité et éviter le choc arrière.<br />
Certains constructeurs automobiles proposent déjà sur les véhicules haut <strong>de</strong> gamme<br />
<strong>de</strong>s régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vitesse adaptatifs (ACC pour Adaptative Cruise Control en<br />
ang<strong>la</strong>is) qui utilisent un radar pour détecter le véhicule précé<strong>de</strong>nt et maintenir<br />
automatiquement <strong>la</strong> distance <strong>de</strong> sécurité. Ces dispositifs, dont l'usage est limité à <strong>la</strong><br />
conduite sur autoroute, présentent encore quelques restrictions résultant <strong>de</strong> l'angle<br />
limité <strong>de</strong> détection du radar qui peut, dans un virage, prendre pour cible un véhicule<br />
se trouvant sur une autre voie et freiner brusquement.<br />
<strong>Le</strong> système Fa<strong>de</strong>, développé en partenariat avec Renault, vise à pallier les<br />
insuffisances actuelles. Fa<strong>de</strong>, acronyme <strong>de</strong> Fonction d’Analyse et <strong>de</strong> Détection <strong>de</strong><br />
l’Environnement, est un logiciel qui s’appuie sur un moteur d’inférence <strong>de</strong> réseaux<br />
bayesiens pour détecter les obstacles. Il apporte <strong>de</strong>s progrès significatifs par rapport<br />
aux régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vitesse adaptatifs que les grands constructeurs automobiles<br />
commencent à commercialiser. Il offre un champ <strong>de</strong> détection plus <strong>la</strong>rge, une<br />
meilleure précision <strong>la</strong>térale que le radar et détecte correctement les véhicules sur les<br />
voies <strong>la</strong>térales.
Présentation <strong>de</strong> quelques résultats passés 173<br />
À gauche, les cibles détectées par le radar. À droite, les cibles détectées par Fa<strong>de</strong>.<br />
<strong>Le</strong> champ <strong>de</strong> détection du capteur est <strong>la</strong>rgement augmenté.<br />
<strong>Le</strong> radar détecte correctement les véhicules arrivant sur les voies <strong>la</strong>térales (image<br />
<strong>de</strong> droite). <strong>Le</strong> radar en est incapable (image <strong>de</strong> gauche).<br />
L'algorithme FADE effectue une fusion <strong>de</strong> résultats entre plusieurs algorithmes qui<br />
travaillent en temps réel et en parallèle. Ce sont d'un côté quatre capteurs <strong>de</strong> vision:<br />
• Un détecteur <strong>de</strong> symétrie (une <strong>voiture</strong> vue <strong>de</strong> l’arrière présente en effet un p<strong>la</strong>n<br />
<strong>de</strong> symétrie).<br />
• Un détecteur d’ombre (<strong>de</strong> jour, on trouve toujours une ombre projetée au sol<br />
entre les roues arrière d’une <strong>voiture</strong> que l’on suit),<br />
• Un détecteur <strong>de</strong> lignes verticales et horizontales qui marquent les côtés, le toit<br />
et <strong>la</strong> lunette arrière du véhicule,<br />
• Un détecteur <strong>de</strong> feux arrière rouges.
174 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
<strong>Le</strong> détecteur <strong>de</strong> symétrie est présenté ci-<strong>de</strong>ssous :<br />
LA BOITE NOIRE<br />
La « boîte noire » (ou enregistreur <strong>de</strong> vol) est associée à l’aéronautique : elle<br />
enregistre pendant un vol un très grand nombre <strong>de</strong> paramètres techniques, y compris<br />
les conversations dans le « cockpit », permettant ainsi a posteriori <strong>de</strong> trouver les<br />
causes d’un possible acci<strong>de</strong>nt.<br />
Dans le domaine automobile, on utilise aussi le terme <strong>de</strong> boîte noire ou<br />
d’enregistreur <strong>de</strong> données d’acci<strong>de</strong>nts. Plusieurs fabricants ont déjà développé <strong>de</strong><br />
tels systèmes électroniques enregistrant en permanence les principaux paramètres<br />
d’un véhicule qui sont théoriquement sous contrôle du conducteur : vitesse,<br />
accélération, décélération, direction, freinage, clignotants ou éc<strong>la</strong>irage.<br />
En cas d’acci<strong>de</strong>nt, le système a mémorisé les 30 <strong>de</strong>rnières secon<strong>de</strong>s et poursuit<br />
l’enregistrement et <strong>la</strong> mémorisation <strong>de</strong>s données pendant les 15 secon<strong>de</strong>s suivantes.<br />
Ce sont alors quelque 45 secon<strong>de</strong>s conservées dans <strong>la</strong> mémoire protégée <strong>de</strong> <strong>la</strong> boîte<br />
noire qui peuvent être analysées pour comprendre et expliquer ce qui s’est passé au<br />
moment <strong>de</strong> l’acci<strong>de</strong>nt.<br />
C’est cette fonction qui intéresse les pouvoirs publics car elle <strong>de</strong>vrait permettre aux<br />
forces <strong>de</strong> l’ordre d’éluci<strong>de</strong>r plus facilement les causes <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts mortels.<br />
Pour recueillir et conserver les données, <strong>la</strong> boîte noire est munie <strong>de</strong> capteurs internes<br />
(accéléromètres, compas) dont les indications sont complétées par les informations<br />
propres du véhicule (vitesse, freinage, clignotants, éc<strong>la</strong>irage etc .). La mémorisation<br />
<strong>de</strong>s données est effectuée sur <strong>de</strong>s cartes mémoires MMC qui les protégent contre<br />
toute manipu<strong>la</strong>tion. Elles peuvent être transférées vers un PC via une liaison RS-
Présentation <strong>de</strong> quelques résultats passés 175<br />
232, USB ou IEEE1394 pour être analysées. Une pile interne permet <strong>de</strong> les<br />
conserver en mémoire pendant plusieurs années et <strong>la</strong> confi<strong>de</strong>ntialité est assurée par<br />
le scellement <strong>de</strong> <strong>la</strong> boîte.<br />
Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> société, il est important <strong>de</strong> pouvoir a posteriori éluci<strong>de</strong>r les<br />
acci<strong>de</strong>nts mortels et <strong>la</strong> boîte noire peut y contribuer comme dans le domaine aérien.<br />
Toutefois, on peut facilement imaginer une utilisation détournée qui consisterait à se<br />
servir <strong>de</strong>s données pour contrôler le comportement <strong>de</strong>s conducteurs. La vitesse et le<br />
temps <strong>de</strong> conduite seraient très facilement vérifiables.<br />
<strong>Le</strong>s pouvoirs publics reprendraient l’exemple <strong>de</strong>s routiers qui doivent subir le<br />
contrôle permanent <strong>de</strong> leur tachymètre. Après l’équipement du réseau routier en<br />
radars automatiques, ce pas supplémentaire aurait <strong>de</strong>s implications sociétales et<br />
politiques fortes.<br />
On observera toutefois - et c’est surprenant - que les boîtes noires, même dans<br />
l’aéronautique, ne comportent pas d’enregistrement vidéo, ce qui constituerait<br />
pourtant une fonction très riche permettant <strong>de</strong> comprendre le déroulement d’un<br />
acci<strong>de</strong>nt.<br />
Notre contribution est précisément d’apporter cette fonction supplémentaire en<br />
proposant une boîte noire enregistrant, outre les paramètres intrinsèques du véhicule<br />
(vitesse, actions sur les freins, clignotants, angle vo<strong>la</strong>nt etc.), les coordonnées GPS<br />
permettant <strong>la</strong> localisation, un canal audio, et un ou plusieurs canaux vidéo ….<br />
La technologie RT MAPS qui permet <strong>la</strong> création <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données datées et<br />
synchronisées convient pour réaliser une boîte noire <strong>de</strong> nouvelle génération, ;<br />
Toutefois, il faut l’adapter à ce fonctionnement inhabituel. En mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
fonctionnement normal, c’est l’opérateur qui sélectionne les données à enregistrer et<br />
qui déci<strong>de</strong> du début et <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l’enregistrement. Dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> boîte noire, on<br />
ne cherche pas à enregistrer et à mémoriser les données sur tout le parcours, mais on<br />
doit être en mesure à tout moment <strong>de</strong> pouvoir reproduire les 30 <strong>de</strong>rnières secon<strong>de</strong>s.<br />
Pour ce<strong>la</strong>, on crée trois fichiers <strong>de</strong> 10 secon<strong>de</strong>s (ou plus généralement N secon<strong>de</strong>s)<br />
qui constituent <strong>de</strong>s registres tournants et qui fonctionnent en mo<strong>de</strong> FIFO (First In,<br />
First Out). Chaque nouveau fichier qui se ferme chasse le plus ancien et prend <strong>la</strong><br />
troisième position. Ceci représente le fonctionnement normal, que le véhicule roule<br />
ou soit arrêté. Par contre, si un acci<strong>de</strong>nt survient, il faut clore le fichier en cours<br />
d’enregistrement et en ouvrir un nouveau qui enregistrera pendant P secon<strong>de</strong>s <strong>la</strong><br />
pério<strong>de</strong> post-acci<strong>de</strong>nt. L’événement qui, automatiquement, activera <strong>la</strong> session <strong>de</strong><br />
clôture <strong>de</strong> <strong>la</strong> boîte noire sera par exemple le signal <strong>de</strong>s accéléromètres <strong>de</strong><br />
déclenchement <strong>de</strong> l’air bag.<br />
La fonctionnalité boîte noire a été implémentée par <strong>la</strong> Société INTEMPORA et est<br />
illustrée dans un acci<strong>de</strong>nt simulé sur les pistes <strong>de</strong> Satory, avec du matériel mis à<br />
disposition par le LIVIC (Laboratoire sur les Interactions Véhicules Infrastructures<br />
Conducteur).
176 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
Boîte noire avec restitution <strong>de</strong>s 30 <strong>de</strong>rnières secon<strong>de</strong>s.<br />
LE DETECTEUR DE PIETONS<br />
D’une manière générale, les outils techniques d’analyse et <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong><br />
l’environnement <strong>de</strong> conduite diffusent lentement dans les systèmes <strong>de</strong> transports<br />
intelligents. Toutefois, <strong>de</strong>s efforts importants sont faits pour <strong>la</strong> détection et <strong>la</strong><br />
localisation <strong>de</strong>s véhicules, pour permettre <strong>de</strong>s applications ciblées comme le<br />
régu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> vitesse adaptatif ou encore le stop and go.<br />
La détection et <strong>la</strong> localisation <strong>de</strong>s usagers vulnérables et plus particulièrement <strong>de</strong>s<br />
piétons et <strong>de</strong>s cyclistes présente une spécificité et un intérêt pour accroître <strong>la</strong><br />
sécurité.<br />
Au même titre qu’un véhicule, le piéton constitue dans un environnement <strong>de</strong><br />
conduite une cible qu’il faut détecter, reconnaître en tant que piéton, localiser et<br />
éventuellement suivre dans son dép<strong>la</strong>cement.<br />
<strong>Le</strong>s solutions industrialisées et commercialisées actuellement pour détecter les<br />
véhicules utilisent le radar qui permet à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> détecter <strong>la</strong> position et <strong>la</strong> vitesse<br />
<strong>de</strong>s véhicules. On trouve cette technologie dans les régu<strong>la</strong>teurs <strong>de</strong> vitesse à contrôle<br />
<strong>de</strong> distance. Bien que <strong>la</strong> vision soit moins onéreuse que le radar et possè<strong>de</strong> un champ<br />
d’analyse plus grand, elle n’est pas proposée par les constructeurs pour ces<br />
applications. <strong>Le</strong>s raisons en sont que <strong>la</strong> vision monocu<strong>la</strong>ire permet <strong>la</strong> détection<br />
angu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’obstacle, mais que <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> distance à l’obstacle suppose<br />
l’hypothèse d’une route p<strong>la</strong>ne et <strong>la</strong> détection <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> contact <strong>de</strong> l’obstacle avec<br />
le sol. Par ailleurs, <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> cible, obtenue aisément par radar<br />
Doppler, est plus difficilement accessible par <strong>la</strong> vision monocu<strong>la</strong>ire.<br />
Pour détecter les piétons, nous avons été conduits à développer une métho<strong>de</strong><br />
spécifique.<br />
Observons tout d’abord qu’il y a <strong>de</strong>ux c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> problèmes dans <strong>la</strong> détection <strong>de</strong><br />
piétons : le cas où <strong>la</strong> caméra est localisée en un endroit fixe et observe <strong>la</strong> scène où se<br />
dép<strong>la</strong>cent les piétons et le cas où <strong>la</strong> caméra est elle-même embarquée dans un<br />
véhicule en mouvement et observe les piétons. Nous qualifions respectivement ces<br />
<strong>de</strong>ux configurations d’analyse statique et d’analyse dynamique.
Présentation <strong>de</strong> quelques résultats passés 177<br />
Détection <strong>de</strong> piéton à partir d’une caméra mobile embarquée. (On observe dans<br />
l’image le reflet du tableau <strong>de</strong> bord dans le pare-brise)<br />
Il est c<strong>la</strong>ir que le second problème est plus difficile à résoudre que le premier.<br />
L’analyse statique a déjà fait l’objet <strong>de</strong> nombreux travaux. C’est un cas <strong>de</strong> figure<br />
que l’on rencontre lorsqu’on veut détecter les passants sur un passage piétonnier ou<br />
dans un lieu public (couloir <strong>de</strong> métro, aéroport, gare, salle d’accueil). <strong>Le</strong>s<br />
applications peuvent concerner <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s lieux ou <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> signalétique<br />
<strong>intelligente</strong>.<br />
A priori, si on sait résoudre l’analyse dynamique, on saura traiter l’analyse statique<br />
qui apparaît comme un cas plus simple où <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> caméra est nulle.<br />
Dans <strong>la</strong> détection <strong>de</strong> piétons en analyse statique, on fait jouer un rôle privilégié à<br />
l’image du champ observé sans piétons qu’on qualifie d’image <strong>de</strong> référence. La<br />
détection <strong>de</strong> piétons se fait par différence entre l’image courante et l’image <strong>de</strong><br />
référence, différence qui fait apparaître l’objet recherché s’il existe. Cette métho<strong>de</strong><br />
est utilisée par exemple dans l’analyse <strong>de</strong>s files d’attente <strong>de</strong> <strong>voiture</strong>s à une<br />
intersection ou <strong>la</strong> détection automatique d’inci<strong>de</strong>nt comme un véhicule immobilisé<br />
sur une voie dans un tunnel.<br />
L’image <strong>de</strong> référence n’existe plus si <strong>la</strong> caméra d’observation p<strong>la</strong>cée en frontal<br />
<strong>de</strong>rrière le pare-brise d’une <strong>voiture</strong> se dép<strong>la</strong>ce elle-même - c’est ce cas que nous<br />
traitons.<br />
Sans entrer dans les détails <strong>de</strong>s algorithmes qui font l’objet <strong>de</strong> publications, nous<br />
allons expliquer <strong>de</strong> manière didactique le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong>. Elle comprend<br />
quatre modules:
178 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
1. Un c<strong>la</strong>ssificateur binaire qui, après apprentissage et sur présentation d’une<br />
imagette rectangu<strong>la</strong>ire susceptible <strong>de</strong> contenir un piéton, répond par oui ou<br />
par non avec un taux <strong>de</strong> probabilité.<br />
2. Un détecteur <strong>de</strong> jambes : lorsqu’un piéton marche, son image présente une<br />
suite <strong>de</strong> lignes obliques qui sont mises en évi<strong>de</strong>nce par un algorithme <strong>de</strong><br />
détection <strong>de</strong> contours.<br />
3. Un estimateur <strong>de</strong> mouvement qui détecte les zones <strong>de</strong> l’image où un<br />
mouvement est observable.<br />
4. Un détecteur c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong> contours verticaux.<br />
<strong>Le</strong>s algorithmes 2-3-4 sont assez c<strong>la</strong>ssiques et exploitent les particu<strong>la</strong>rités <strong>de</strong>s<br />
piétons. Ils servent notamment à initialiser les cibles piétonnes potentielles.<br />
<strong>Le</strong> c<strong>la</strong>ssificateur binaire constitue <strong>la</strong> partie <strong>la</strong> plus innovante <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong>. Nous<br />
allons expliquer son fonctionnement. Il présente <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail : le mo<strong>de</strong><br />
apprentissage et le mo<strong>de</strong> exécution.<br />
<strong>Le</strong> mo<strong>de</strong> exécution est le plus simple puisque dans ce mo<strong>de</strong>, pour déci<strong>de</strong>r, le<br />
c<strong>la</strong>ssificateur prend en compte un ensemble <strong>de</strong> paramètres résultats du mo<strong>de</strong><br />
apprentissage. Il reçoit en entrée une imagette qu’il met dans un format standard et<br />
répond <strong>de</strong> manière binaire positivement ou négativement à <strong>la</strong> présence d’un piéton<br />
dans l’image. En fait, ce n’est pas un c<strong>la</strong>ssificateur, mais N c<strong>la</strong>ssificateurs qui votent<br />
et qui disposent d’un poids dans <strong>la</strong> décision finale.<br />
<strong>Le</strong> mo<strong>de</strong> apprentissage est plus complexe. Son but est <strong>de</strong> construire le fichier <strong>de</strong><br />
paramètres qui va être utilisé dans le mo<strong>de</strong> exécution et qui représente<br />
« l’expérience » ou le « savoir-faire » du détecteur. Ce savoir-faire est basé sur<br />
l’apprentissage et par conséquent sur un grand nombre d’images qui ont été<br />
présentées au système et qui contiennent ou non un piéton. Ces milliers<br />
d’échantillons sont rangés dans <strong>de</strong>ux répertoires dits « positif » et « négatif ».<br />
Pour reconnaître un piéton, on recherche <strong>de</strong> manière directe dans les images <strong>de</strong>s<br />
« configurations <strong>de</strong> pixels » ou, après traitement, « <strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> données » qui<br />
soient présentes dans <strong>de</strong>s images contenant <strong>de</strong>s piétons et absentes dans <strong>de</strong>s images<br />
ne contenant pas <strong>de</strong> piétons. Si une seule configuration <strong>de</strong> pixels répondait <strong>de</strong><br />
manière certaine à <strong>la</strong> question, le problème serait résolu. Malheureusement, il n’en<br />
est pas ainsi et <strong>la</strong> réponse est en fait une probabilité. La recherche d’une<br />
configuration <strong>de</strong> pixels dans une image revient en fait à appliquer un filtre linéaire<br />
sur l’image, le filtre étant un masque associé à <strong>la</strong> configuration <strong>de</strong> pixels. Si le taux<br />
<strong>de</strong> bonnes réponses du filtre sur l’ensemble d’apprentissage est supérieur à 0.5, il est<br />
retenu comme c<strong>la</strong>ssificateur potentiel et sera considéré comme c<strong>la</strong>ssificateur faible<br />
ou fort selon que son taux est inférieur ou supérieur à 0.75.<br />
Dès lors, l’apprentissage consiste en une double exploration : une exploration<br />
consistant à augmenter le nombre d’échantillons <strong>de</strong> <strong>la</strong> base d’apprentissage (ce qui<br />
revient à prendre en compte <strong>la</strong> variabilité <strong>de</strong>s contextes et à accroître <strong>la</strong> robustesse<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong>), et une exploration consistant à augmenter le nombre <strong>de</strong>
Présentation <strong>de</strong> quelques résultats passés 179<br />
c<strong>la</strong>ssificateurs élémentaires, à les mettre en compétition et à ne retenir que les plus<br />
efficaces.<br />
<strong>Le</strong> processus est initialisé en générant <strong>de</strong> manière aléatoire plusieurs filtres qui<br />
donnent les premiers résultats et sont c<strong>la</strong>ssés selon leurs performances. Chaque filtre<br />
donne naissance à trois autres filtres par un processus <strong>de</strong> « mutation génétique», ces<br />
<strong>de</strong>rniers étant à leur tour mis à l’épreuve, puis retenus (ou éliminés), selon qu’ils<br />
sont (ou pas) plus performants que <strong>la</strong> génération <strong>de</strong>s filtres « parents ».<br />
C’est l’opérateur humain qui déci<strong>de</strong> du nombre <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssificateurs élémentaires et <strong>de</strong><br />
l’ensemble d’apprentissage.<br />
La phase d’apprentissage impose <strong>de</strong> disposer d’un grand nombre d’échantillons qui<br />
sont en fait les images <strong>de</strong> séquences vidéo filmées dans le type d’environnement où<br />
l’on souhaite mettre en œuvre le détecteur <strong>de</strong> piétons. <strong>Le</strong>s imagettes <strong>de</strong> <strong>la</strong> base<br />
d’apprentissage sont fabriquées par l’opérateur pour les premières puis générées<br />
automatiquement pour les autres. Comme il faut répondre positivement ou<br />
négativement à chacune <strong>de</strong>s imagettes <strong>de</strong> <strong>la</strong> base d’apprentissage, <strong>de</strong>s outils<br />
d’assistance ont été développés pour semi automatiser cette phase qui pourrait<br />
apparaître besogneuse autrement.<br />
Observons que l’opérateur n’est jamais intervenu pour expliquer au système ce<br />
qu’était un piéton, il a simplement présenté <strong>de</strong>s échantillons « piétons » et « nonpiétons<br />
» au système et celui-ci a trouvé seul les « configurations <strong>de</strong> pixels»<br />
appelées c<strong>la</strong>ssificateurs élémentaires qui lui permettent <strong>de</strong> reconnaître un piéton. En<br />
conséquence, le système n’est pas seulement un détecteur <strong>de</strong> piétons, mais un<br />
détecteur <strong>de</strong> « n’importe quoi » dès lors qu’on lui présente une base d’apprentissage<br />
<strong>de</strong> « n’importe quoi» et <strong>de</strong> « non n’importe quoi».<br />
Détection <strong>de</strong> piétons <strong>de</strong> jour en ville par caméra embarquée.
180 <strong>Le</strong> Centre <strong>de</strong> robotique a vingt ans<br />
Détection <strong>de</strong> piétons <strong>de</strong> nuit en rase campagne par caméra embarquée.<br />
LA BANDE DE ROULEMENT VIRTUELLE<br />
La ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> roulement est un dispositif sécuritaire mis en p<strong>la</strong>ce par les gestionnaires<br />
<strong>de</strong> voiries pour éviter les sorties <strong>de</strong> routes. <strong>Le</strong>s statistiques montrent en effet que <strong>de</strong><br />
nombreux acci<strong>de</strong>nts ont lieu sans tiers alors que, pour <strong>de</strong>s raisons inconnues, le<br />
véhicule quitte sa voie <strong>de</strong> roulement et s’en va sur le bas-côté. Très souvent, ces<br />
acci<strong>de</strong>nts arrivent en ligne droite sans raison apparente, si ce n’est un manque<br />
d’attention du conducteur ou un début <strong>de</strong> somnolence lié à <strong>la</strong> monotonie ou à <strong>la</strong><br />
fatigue.<br />
En p<strong>la</strong>çant <strong>de</strong>s délimiteurs <strong>de</strong> voie sous forme <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s rugueuses intermittentes,<br />
les pouvoirs publics estiment que l’on diminue <strong>de</strong> 20 à 30% ce type d’acci<strong>de</strong>nt. <strong>Le</strong>s<br />
avantages <strong>de</strong> ces ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> roulement au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité sont donc réels et<br />
significatifs, mais il y a aussi quelques inconvénients. En premier lieu, il y a un coût<br />
<strong>de</strong> réalisation et <strong>de</strong> maintenance ; en second lieu, ces ban<strong>de</strong>s sont bruyantes non<br