Dagobert et Duchesse, chiens de cirque

FRENCH
EDITION
Dagobert et Duchesse,
chiens de cirque
Tuula Pere • Francesco Orazzini
W
ickWick

Dagobert et Duchesse, chiens de cirque
Histoire de Tuula Pere
Illustrations de Francesco Orazzini
Mise en page de Peter Stone
Traduction française de Joëlle Da Cunha
ISBN 978-952-325-597-5 (ePub)
ISBN 978-952-325-097-0 (Print)
Première édition
Copyright © 2015 Wickwick Ltd
Publié en 2015 par Wickwick Ltd
Helsinki, Finlande
Imprimé dans l’Union européenne
Circus Dogs Roscoe and Rolly, French translation
Story by Tuula Pere
Illustrations by Francesco Orazzini
Layout by Peter Stone
French translation by Joëlle Da Cunha
ISBN 978-952-325-597-5 (ePub)
ISBN 978-952-325-097-0 (Print)
First edition
Copyright © 2015 Wickwick Ltd
Published 2015 by Wickwick Ltd
Helsinki, Finland
Printed in European Union
Originally published in Finland by Wickwick Ltd in 2015
Finnish “Sirkuskoirat Roope ja Rops”, ISBN 978-952-325-058-1 (Print), ISBN 978-952-325-558-6 (ePub)
UK English “Circus Dogs Roscoe and Rolly”, ISBN 978-952-325-057-4 (Print), ISBN 978-952-325-557-9 (ePub)
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FRENCH
EDITION
Dagobert et Duchesse,
chiens de cirque
Tuula Pere • Francesco Orazzini
W
ickWick
Children’s Books from the Heart
1

Par la fente du rideau, Dagobert le vieux chien de cirque jeta un coup d’œil au
chapiteau brillamment éclairé. Les gradins étaient pleins d’une foule joyeuse,
qui attendait avec impatience que le spectacle commence.
Dagobert était content de voir bien des enfants ce soir dans le public car il adorait
montrer ses meilleurs tours surtout aux tout-petits. Malgré son âge, il tenait à faire
partie du spectacle. Et ce qui lui rendait la vie encore plus agréable, c’était d’avoir
un nouvel apprenti, une jeune chienne prénommée Duchesse.
2

Duchesse était là elle aussi,
à renifler l’air rempli
d’odeurs excitantes et à battre l’air
de sa queue minuscule.
3

4
Dagobert et Duchesse formaient une belle équipe. Petit à
petit, ils s’étaient montré leurs tours et Duchesse, qui
était pleine d’énergie, avait repris ceux qui demandaient
de l’agilité. C’était elle qui dorénavant
marchait en équilibre sur la poutre
et traversait avec légèreté les
cerceaux enflammés.

Le vieux Dagobert se contentait des tours plus
calmes, surtout ceux où il pouvait s’installer
confortablement sur un coussin et répondre aux questions
en aboyant doucement. Il avait encore toute sa
tête pour le calcul.
5

Dagobert et Duchesse n’étaient vraiment pas des chiens de race, n’ayant (ni) pedigree
ni prix de concourt. Mais tous deux possédaient quelque chose d’une
valeur bien plus importante : ils avaient tous deux un cœur en or. Il se dégageait
d’eux de la gentillesse et leurs tours qui étaient drôles ravissaient les enfants. Et
cela faisait bien plaisir au directeur du cirque car si les clients étaient satisfaits, cela
voulait dire que les bénéfices augmenteraient.
Dagobert savait bien que le directeur était gentil, quoique, il fallait en convenir,
plutôt pingre. Tous les membres du cirque devaient mériter leurs salaires.
«Personne n’est payé à ne rien faire», déclarait souvent le directeur.
6

7

Le temps s’écoulait et de nouveau, on passa du printemps à l’été, puis à l’automne.
Dagobert grisonnait de plus en plus, ses poils n’étaient plus aussi épais
ni ses dents aussi pointues qu’auparavant.
Dagobert aurait pu se faire à tout cela mais, en plus, il s’aperçut que sa vue
et sa mémoire faiblissaient elles aussi. Il n’arrivait plus à résoudre les
problèmes de calcul mental aussi vite qu’au bon vieux temps.
Et cela le rendait si triste qu’il restait parfois tapi dans les
coulisses, perdu dans ses pensées.
8

Dagobert était terrifié car que diable ferait-il s’il ne pouvait plus assurer le spectacle
au cirque ? C’était à ce monde-là qu’il appartenait, avec les enfants.
9

10
Heureusement que Dagobert pouvait compter sur Duchesse,
petite chienne pleine de vie, pour lui venir en aide. Elle était
en train de devenir un merveilleux partenaire pendant les tours
même si, comme elle était encore jeune, elle avait encore besoin
du soutien d’un partenaire plus chevronné.

De par sa nature, Duchesse apprenait vite et avait de l’énergie.
Mais parfois, on voyait bien par la position de ses
oreilles et de sa queue qu’elle était nerveuse à l’idée de paraître
devant le public. Toutes les fois où cela arrivait, il était bien
commode que le vieux et sage Dagobert lui prodigue son aide et
ses conseils.
11

On approchait très vite de Noël, une période mouvementée pour le cirque car,
tous les soirs, il présentait les meilleurs numéros lors d’un spectacle de fête,
auquel participaient aussi Dagobert et Duchesse.
La jeune Duchesse marchait en équilibre
sur une poutre. Elle adorait les tours
bourrés d’action. Dagobert jouait avec
des cubes et de balles et résolvait des
problèmes avec un boulier car il avait
toujours été très fort en calcul.
12

Toutefois, Dagobert était submergé
par l’inquiétude. Il était en effet
devenu si vieux que son esprit oubliait
même des tours qui lui étaient familiers.
Dans ces moments-là, il restait
perdu au milieu de la piste, plissant
les yeux, ébloui par les lumières.
Cela avait rendu le vieux chien
tout nerveux de se montrer
sous les projecteurs.
13

C
’était à nouveau au tour de Dagobert. Il entama son numéro de bravoure, le
calcul mental. D’habitude, les chiffres, c’était super facile pour lui mais cette
fois-là, il arriva quelque chose de très triste.
Le dresseur de chien fit rapidement passer une
équation après l’autre devant Dagobert. Celui-ci
réussit les deux premières avec facilité et donna la
bonne réponse soit en aboyant, soit en
allant chercher les bons chiffres sur le présentoir.
Le public le félicita en applaudissant très fort.
Puis, tout s’est détraqué.
14

La tête de Dagobert était devenue un carrousel où les questions tournoyaient furieusement
mais sans qu’il ne trouve les bonnes réponses. Finalement, honteux,
Dagobert s’enfuit de la piste, laissant Duchesse finir son numéro toute seule.
15

16
Le spectacle prit fin et la foule commença à
quitter le chapiteau. Le vieux Dagobert avait
disparu après son numéro raté et Duchesse commençait
à s’inquiéter car elle ne trouvait son ami
nulle part.

Finalement, tout le cirque devint plus calme et les artistes rentrèrent dans leurs
roulottes. Derrière une grosse malle, Dagobert s’était caché, l’esprit aussi noir
que le chapiteau vide.
La petite Duchesse n’abandonna pas sa recherche. Une lampe électrique dans la
gueule, elle fouilla tout l’espace du cirque jusqu’à ce qu’elle retrouve son vieil ami
dans sa cachette.
17

Duchesse finit par persuader son ami de venir se reposer dans le chenil et là, à
la lumière de la lampe, ils passèrent une bonne partie de la nuit à essayer de
résoudre le problème de Dagobert.
«Je ne suis plus capable d’apprendre de nouveaux tours et je n’arrive pas
non plus à me rappeler les anciens, soupira Dagobert, résigné.
18

On ne doit jamais abandonner, l’encouragea Duchesse. C’est toimême
qui me l’as appris.
Je sais, je sais. Mais qu’est-ce qu’on peut faire quand on vieillit et
que sa pauvre tête est trop fatiguée pour bien fonctionner», déclara
le vieux chien, découragé.
Il n’y avait aucune solution en vue et éventuellement, le sommeil
prit les deux amis, interrompant leurs réflexions. Un ronflement
régulier s’éleva de la panière, à peine éclairée par la lampe. La
porte s’ouvrit sans bruit et le directeur jeta un coup d’œil, tout en
se caressant la barbe pensivement.
19

Les membres du cirque fêtaient Noël. Au milieu du terrain, ils
avaient installé un gigantesque sapin tout décoré de longues
guirlandes colorées. Il y avait des chansons, des jeux d’anneaux et
un bon repas de Noël. Les animaux du cirque eux aussi reçurent une
meilleure nourriture que d’ordinaire.
Dagobert, lui, n’avait aucun appétit. Il venait d’apprendre qu’un nouveau
numéro allait être présenté lors du spectacle de fin de saison.
Duchesse ferait ses débuts comme artiste principale du numéro de
dressage de chiens et Dagobert n’aurait qu’un petit rôle d’assistant.
20

Ce n’était pas que Dagobert n’était pas heureux pour son amie
car il savait ce que signifiait cette occasion pour sa jeune partenaire.
Mais ce qui attristait le vieux chien, c’est qu’il ne serait plus
le favori des enfants.
21

Le spectacle de fête présenté par le cirque fut encore plus magnifique
qu’auparavant. L’air résonnait de cris de joie. Les enfants acclamaient
et applaudissaient, tout excités. Même les adultes se sentaient à nouveau
jeunes quand ils admiraient les cascades incroyables des artistes.
Duchesse, la nouvelle vedette, se délectait d’être sous les projecteurs. La
jeune chienne savourait chaque instant. Heureux, le vieux Dagobert regardait
le spectacle de son apprentie qui l’accomplit avec grâce et vivacité. Il était
clair que Duchesse avait trouvé sa vocation.
Alors que le spectacle tirait à sa fin, il arriva un événement imprévu. Une femme
folle d’inquiétude se précipita vers la piste et demanda à parler au directeur.
22

23

Le public se tut. Le directeur s’éclaircit la gorge
et s’empara du micro.
«Chers amis, nous avons besoin de l’assistance de tous, dit-il gravement. La fillette
de cette dame a disparu. Nous devons la retrouver.»
Le chapiteau se remplit de bruits et on s’organisa. Les gens se divisèrent et
partirent à la recherche de l’enfant. Ils allaient et par ici, et par là, et dedans et
dehors. Ils faisaient de leur mieux mais l’enfant restait introuvable.
La mère inquiète sillonnait le terrain et faisait constamment le tour du chapiteau.
Finalement, elle éclata en sanglots et appuya sa joue contre le lapin doudou de son
bébé.
24

25

26
Le vieux Dagobert s’approcha sans bruit
de la dame qui pleurait. Gentiment, il
posa la tête sur les genoux de la maman
si triste, sans bouger pendant quelques
minutes. La dame lui caressa doucement
l’échine.

Dagobert regardait le doudou bien usé. Il
était évident que c’était le jouet préféré de
l’enfant. Sa fourrure était râpée et il lui manquait un œil. Il
dégageait l’odeur de la fillette disparue, ce que remarquèrent les
narines sensibles de Dagobert.
Celui-ci se fraya un passage avec détermination à travers la foule en
mouvement. Il savait parfaitement quelle direction prendre. La truffe près
du sol, il continua à flairer. Parfois, l’odeur de l’enfant se faisait plus forte,
parfois elle disparaissait presque parmi toutes les autres odeurs du cirque.
27

Il laissa derrière lui le chapiteau et la foule occupée et arriva
finalement aux portes du cirque. Le néon clignait doucement
dans la pénombre. La billetterie était vide et il n’y avait personne aux
alentours. Et pourtant, le vieux Dagobert était sûr que la fillette n’était pas
loin. Pas d’erreur possible. Il sentait son odeur.
Il fit plusieurs fois le tour de la billetterie. La porte
était fermée. Finalement, il se dressa et appuya
sur la poignée. Dans un coin du bureau, un
petit enfant dormait sur un vieux banc.
28

La fillette se réveilla
en entendant le
bruit de la porte qui
s’ouvrait. Tout d’abord,
elle tressaillit en voyant le
chien. Elle s’était échappée sans
faire de bruit et s’était perdue. Attirée
par la lumière clignotante du néon,
elle s’était retrouvée à la billetterie et
s’était enfermée à l’intérieur sans le faire
exprès.
29

Toujours aussi gentil, Dagobert réussit à calmer l’enfant. Il repéra un manteau
laissé par le guichetier au porte-manteau et en couvrit doucement la petite
fugueuse. Puis il sortit et se mit à aboyer fort. Il ne s’arrêta que lorsque les équipes
de recherche le remarquèrent.
La mère et le directeur
arrivèrent les premiers
à la porte. Ce fut avec un
bonheur et un soulagement
extrêmes que la maman prit son
enfant dans les bras. Dagobert les
regardait, heureux.
30

«Merci, mon bon chien, soupira la maman
en caressant Dagobert. Tu es un vrai héros. Le
cirque peut être vraiment fier de toi.
C’est vrai, déclara le directeur tout content. Je peux vous assurer
que Dagobert, notre héros, aura toujours sa place dans notre cirque.
Les enfants ont besoin de lui».
31

Dagobert était heureux, tout comme son amie Duchesse. Assis l’un à côté de
l’autre aux portes du cirque, ils regardèrent partir les gens.
Les compères étaient ravis de pouvoir continuer à travailler ensemble au cirque.
On pourrait certainement trouver tout plein de tâches à accomplir pour Dagobert
car avec un tel odorat, il pouvait résoudre toutes sortes de problèmes amusants et
étonner le public.
32

Avec l’âge, la vue de Dagobert
avait baissé mais son odorat
était toujours aussi sensible. L’odeur d’un
enfant, en particulier, ça il ne l’oublierait
jamais. Quel que soit son âge.
33

Dagobert, chien de cirque chevronné, se fait vieux. Les tours qu’il effectuait
facilement autrefois deviennent plus difficiles – même le calcul mental,
où il a toujours été très fort. Heureusement que Duchesse, la petite chienne
nouvellement arrivée, apprend vite ! Elle assiste son vieil ami qui craint d’être
expulsé du cirque.
Lors du dernier spectacle de la saison, c’est au tour de Duchesse d’être la star
du spectacle. Un incident inattendu interrompt le spectacle et on a besoin
à nouveau de Dagobert dont le cœur en or et le nez incroyablement sensible
rendent un grand service. «Je peux oublier bien des choses mais jamais l’odeur
d’un enfant», soupire le vieux chien de bonheur.
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