SPECTRUM #6/2015

VIE UNIVERSITAIRE
Les notes manuscrites, en voie
de disparition ? Pas si sûr…
Même si la prise de notes à l’ordinateur semble séduire la plupart des étudiants,
le bon vieux stylo n’a pas dit son dernier mot. Dans un apprentissage où l’informatique
est devenue indispensable, quelle place laisser à la prise de note
manuscrite ? Petit détour sur la situation actuelle dans nos amphis.
AUREL DEWARRAT
Oh de toute façon, il y a déjà tout
sur le Powerpoint ». Que celui
ou celle à qui cette réflexion n’a
jamais traversé l’esprit me jette la première
pierre. Durant les cours, il est vrai
que la tentation de checker Facebook ou
de flâner sur autre 9GAG peut être
grande : inattentif moi ? Non… Force est
de constater que les ordinateurs et les
tablettes ont gentiment remplacé les
stylos, au point que le choix entre ces
deux pratiques s’avère plus difficile qu’il
n’y parait.
L’ordinateur, une aubaine
Finie toute l’artillerie que sont les
plumiers et les feuilles volantes, seul un
ordinateur portable suffit désormais. Le
cours commence et muni de nos 10
doigts, plus ou moins habiles, on tape
tout ce qui se dit à une vitesse défiant les
lois de la nature. Ce progrès en réjouit
plus d’un et permet des notes plus complètes.
D’autre part, si on cherche une
information basique, on ne perd plus une
heure à déambuler dans les bibliothè -
ques ; c’est notre cher ami Wikipédia
qui, en quelques secondes, nous renseigne,
au grand dam de nos professeurs
sceptiques. On peut tout de même
dénoncer une certaine paresse des notes
électroniques. En effet, nul besoin de
réflé chir au contenu du cours car notre
cerveau se contente simplement de re -
trans crire la voix de l’enseignant. Triste
constat, puisque la quantité, qui peut
nous donner l’illusion d’une meil leure
compréhension, est préférée à la qualité.
Illustration : Clarisse Aeschlimann
Que propose son rival, le crayon, face à la
déferlante d’informations qui nous
arrivent en pleine figure, en à peine une
heure de cours ?
La résistance du stylo
Premier avantage : un prix défiant toute
concurrence et un poids plume ; la
Pomme peut aller se rhabiller. Plus
sérieusement, les mérites du stylo sont
bien réels : devant l’impossibilité de tout
retranscrire, notre cerveau trie d’abord
les informations. Le texte final est donc
principalement le fruit d’une synthèse
mentale. Ce procédé permet une meil -
leure mémorisation et une préparation à
l’examen, qui lui aussi est écrit. De plus,
le bic et le papier permettent d’éviter les
distractions des réseaux sociaux et des
jeux qu’offrent l’ordinateur. Cependant,
le choix de prendre ses notes à la main
n’est pas non plus aidé par les supports
comme Moodle qui favorise l’utilisation
d’une tablette ou d’un portable.
L’ordinateur, une décision réfléchie ?
Finalement, rien ne sert d’opposer les
fervents défenseurs de la tradition scripturale
et les moines copistes de l’ordinateur.
Ne s’agit-il pas d’une question de
dosage entre les deux ? Le choix se porte
généralement en fonction du type d’étude
: un étudiant en mathématique pri -
vi légiera le papier tandis qu’un étudiant
en histoire optera plutôt pour Word,
devant les tirades de ses professeurs.
Toutefois, l’ordinateur s’impose trop
sou vent comme un choix automatique ;
l’université ne rime pas forcément avec
des notes digitales. Le papier et le stylo
renvoient peut-être une image ringarde à
l’ère du numérique. Malgré cela, les
notes manuscrites ont encore de beaux
jours devant elles et n’attendront pas
votre sympathie pour perdurer. Réflé -
chis sez donc bien avant de troquer votre
vieille plume par un 15 pouces dernier
cri.
4 spectrum 6/2015 DÉCEMBRE/DEZEMBER