STATISTIQUES
rappeds_v11_16032015
rappeds_v11_16032015
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
3. Indicateurs thématiques Questions de santé et pathologies Santé mentale<br />
Épisode dépressif caractérisé déclaré<br />
Contexte<br />
Les troubles dépressifs représentent la troisième<br />
charge de morbidité, en années vécues<br />
avec une invalidité, selon l’OMS. Les études<br />
montrent que 80 % des personnes qui mettent fin<br />
à leurs jours présentent plusieurs symptômes de<br />
la dépression 1 . Le diagnostic et la prise en charge<br />
précoces des troubles dépressifs permettent de<br />
diminuer les répercussions de ces pathologies sur<br />
la vie de l’individu et de ses proches. Toutefois, ils<br />
se heurtent principalement à deux limites :<br />
• la difficulté, pour les médecins généralistes, à<br />
diagnostiquer ces pathologies à la symptomatologie<br />
complexe ; or, d’après toutes les enquêtes<br />
conduites en population générale, ceux-ci sont<br />
les professionnels les plus consultés par les personnes<br />
dépressives ;<br />
• l’insuffisant recours aux soins des personnes<br />
concernées, qui ne consultent parfois que lorsque<br />
la détresse psychologique et les symptômes<br />
deviennent invalidants.<br />
Indicateurs<br />
uu<br />
Proportion de personnes ayant eu<br />
un épisode dépressif caractérisé<br />
L’épisode dépressif retenu ici est un trouble<br />
survenu dans les 12 derniers mois identifié par<br />
des entretiens diagnostiques structurés sur les<br />
critères du DSM 2 IV (CIDI-SF 3 ) comme épisode<br />
dépressif léger, moyen ou sévère et ayant eu un<br />
retentissement sur le fonctionnement social de la<br />
personne.<br />
La prévalence des épisodes dépressifs se<br />
révèle stable entre 2005 et 2010, 7,8 % chez les<br />
15-75 ans et, parmi ceux-ci, la prévalence des<br />
épisodes sévères l’est également : 3,0 % dans<br />
le Baromètre santé 2005, 2,6 % dans l’enquête<br />
Anadep 2005 et 2,8 % dans le Baromètre santé<br />
2010. En 2010, environ 10 % des femmes et<br />
6 % des hommes âgés de 15 à 75 ans ont souffert<br />
d’un épisode dépressif caractérisé (EDC) dans<br />
l’année ayant précédé l’enquête. L’analyse par<br />
sexe et classe d’âge montre que la prévalence<br />
est relativement stable dans toutes les classes<br />
d’âges sauf chez les hommes de 35-54 ans où<br />
elle est passée de 5,4 % en 2005 à 7,3 % en<br />
2010 (p < 0,05) (tableau 1). L’inactivité et le<br />
chômage restent les facteurs sociodémographiques<br />
associés à une prévalence plus importante<br />
de l’EDC (tableau 2), alors que les niveaux<br />
de diplôme ou de revenu ne sont pas associés à<br />
la survenue d’un EDC. Parmi les autres facteurs,<br />
le fait de vivre seul, d’avoir subi des violences<br />
au cours des 12 derniers mois ou des violences<br />
sexuelles au cours de la vie, sont fortement associés<br />
au risque d’EDC.<br />
uu<br />
Proportion de personnes ayant eu<br />
un épisode dépressif caractérisé sans<br />
recours aux soins parmi les personnes<br />
ayant eu un épisode dépressif caractérisé<br />
On considère qu’une personne présentant un<br />
épisode dépressif n’a pas recours aux soins si<br />
elle n’a pas utilisé les services d’un organisme,<br />
n’a pas rencontré de professionnel de santé pour<br />
des raisons de santé mentale et si elle n’a pas<br />
suivi de psychothérapie dans la période où elle a<br />
souffert d’épisode dépressif.<br />
Parmi les personnes résidant en France<br />
métropolitaine, âgées de 15 à 75 ans et ayant<br />
eu un EDC dans les 12 derniers mois, la part des<br />
personnes n’ayant pas déclaré de recours aux<br />
soins est de 39 % selon le Baromètre santé 2010<br />
(tableau 3). Ce pourcentage apparaît en très nette<br />
baisse par rapport à 2005 (63 %). Il est probable<br />
que la campagne nationale sur la dépression<br />
lancée en 2007, et qui invitait précisément la<br />
population à se tourner vers un professionnel<br />
en cas de survenue d’un épisode dépressif, ait<br />
contribué à cette meilleure proportion de recours<br />
au soin pour faire face à la souffrance psychique.<br />
Alors que seulement 20 % des personnes ayant<br />
eu un EDC dans les 12 derniers mois avaient<br />
consulté un médecin généraliste pour cette raison<br />
en 2005, ils étaient près de la moitié (47 %)<br />
en 2010.<br />
Les hommes présentant un épisode dépressif<br />
ont moins souvent recours aux soins que les<br />
femmes. Par ailleurs, cette absence de prise en<br />
charge concerne davantage les plus jeunes (15-<br />
19 ans) et les ouvriers. En revanche, les retraités<br />
recourent plus souvent aux soins que la moyenne.<br />
Précisons qu’entre 2001 et 2003, la France<br />
se situait dans une position moyenne parmi six<br />
pays d’Europe occidentale (Belgique, France,<br />
Italie, Pays-Bas, Espagne, Allemagne) pour ce<br />
qui est du non-recours aux soins des personnes<br />
ayant des troubles de l’humeur (dont la dépression<br />
fait partie).<br />
}}} Organisme responsable de la production<br />
de la fiche : INPES<br />
1. OMS, 2002, Rapport mondial sur la violence et la santé.<br />
2. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders.<br />
3. Composite International Diagnostic Interview – Short-Form.<br />
Synthèse<br />
En population générale, la prévalence de l’épisode dépressif caractérisé déclaré est stable entre 2005 et 2010, concernant environ 8 % des 15-75 ans au cours des 12 derniers mois<br />
(10 % des femmes et 6 % des hommes) selon le Baromètre santé 2010. En revanche, la part de personnes ayant des troubles dépressifs mais qui n’ont pas eu recours aux services<br />
d’un organisme, n’ont pas consulté de professionnel de santé ni suivi une psychothérapie, a franchement baissé puisqu’elle est passée de 63 % en 2005 à 39 % en 2010. Il est<br />
probable que la campagne nationale sur la dépression lancée en 2007 ait largement contribué à cette meilleure proportion de recours au soin pour faire face à la souffrance psychique.<br />
Les hommes y recourent toutefois moins que les femmes, ainsi que les plus jeunes (15 à 19 ans) et certaines catégories sociales (les ouvriers).<br />
254<br />
L’état de santé de la population en France - Rapport 2015<br />
Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques