Vol. 3 No. 15 • Du 28 octobre au 3 novembre 2009 Haiti: 10gdes / USA: $1.00 / France 1.50 / Canada: $1.50
HAITI
Justice
Vérité
Indépendance
LIBERTE
1583 Albany Ave, Brooklyn, NY 11210 Tel: 718-421-0162 Email: editor@haitiliberte.com Web: www.haitiliberte.com
«ASSAINISSEMENT
DE PORT-AU-PRINCE»
A QUEL PRIX?
Selebrasyon
jounen
entènasyonal
lang kreyòl
la an Ayiti
Page 6
Voir page 4
René Préval
plus que prêt
Pour
l’installation
d’un pouvoir
derrière le trône
Page 7
Devant la Cathédrale de Port-au-Prince, accompagné de la police, sous prétexte
d'assainir la capitale des bulldozers ont été utilisés pour détruire les marchandises
gardées dans des caisses en bois et en fer, puis le tout passé au feu
Le
capitalisme
en crise
a besoin
d’un conflit
militaire
majeur
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RELATIONS HAÏTIANO-DOMINICAINES:
DES PRODROMES DE NOUVELLES VÊPRES!
Voir page 4
Trois des quatre cadavres extraits des fours oú ils ont été carbonisés, furent rapatriés. Le quatrième
totalement calciné n'a pu être récupéré, selon les autorités dominicaines
Quelle sera
la décision
d'Obama sur
la levée du
blocus contre
Cuba?
Page 17
Editorial
HAITI
LIBERTÉ
Les gladiateurs du « héros »
Préval en action
1583 Albany Ave
Brooklyn, NY 11210
Tel: 718-421-0162
Fax: 718-421-3471
3, 2ème Impasse Lavaud
Port-au-Prince, Haiti
Tél: 509-3407-0761
Responsable:
Yves Pierre-Louis
Par Berthony Dupont
Le jeu de coquins que concoctent la présidence et ses
faux-sénateurs du 21 juin de la Plateforme politique
Lespwa renferme des enseignements quasiment inépuisables,
édifiants en tout cas et susceptibles de faire travailler
pour longtemps l’imagination. Cette classe de mercenaires
et de mécréants qui, hier encore complotaient sur le dos des
masses populaires pour les isoler du pouvoir, les voilà déjà
à couteaux tirés. Quel drôle de coup de théâtre au sein des
frères et sœurs siamois ?
En effet, le lundi 19 octobre les troupes de Lespwa,
au sénat, ont accaparé la présidence de toutes les commissions
permanentes au cours d’une séance en catimini au
parlement, puisque un bon nombre de sénateurs n’auraient
même pas été au courant, surtout ceux que la bande à Préval
voulait évincer. Des sénateurs, comme par exemple, Edmonde
Supplice Beauzile, Youri Latortue, Rudy Hériveaux
et Evallière Beauplan qui étaient absents, ont qualifié cette
séance de coup d’« inélégance », de « crétinisme politique
», ou d’ « indécence ». Pour Hérivaux c’est « la gloutonnerie,
la gourmandise et la voracité qui marquent les actions
» des élus de Lespwa. Le sénateur Évallière Beauplan
en pleurant, semble t-il, a fait savoir que « Lespwa a tout
accaparé », en ajoutant « aujourd’hui, il ne faut pas laisser
le Sénat tomber dans la dérive parce que tout simplement
un groupe a choisi de faire un coup d’État en son
sein ». Répandant des larmes de crocodile, tous se sont mis
à dénoncer la goinfrerie politique de Lespwa. Que n’ontils
pas eu le courage de dire la vérité, à savoir que cette
«dérive» n’est que la conséquence de leur inconséquence,
pour avoir accepté que ces sinécuristes du 21 juin 2009
siègent à la chambre haute en tant que sénateurs.
En fait, les poulains de Préval ne chôment pas, menés
par le fameux et redoutable sénateur démagogue Anacacis.
En effet, après avoir occupé les commissions au Parlement,
ils partent maintenant en guerre contre la Première ministre
Michèle Duvivier Pierre-Louis. Ainsi, dans un courrier daté
du 23 octobre 2009, ils l’ont officiellement informée d’une
séance d'interpellation de son gouvernement prévue pour
le jeudi 29 octobre 2009. Et sans aucune gêne, ils ont publiquement
déclaré qu’ils en ont informé le président. A en
croire, le vice-président du Sénat Michel Clérié, de la Fusion
et allié de Lespwa et de la présidence: « Nous étions trois
sénateurs à rencontrer le chef de l'Etat pour lui demander
de commencer à préparer la succession de Michèle Duvivier
Pierre-Louis».
Prise de panique, Madame, avec des mots remplis
d’émotion, s’est adressée à la nation, ce 27 octobre. Oubliant
d’un coup son paraphe sur la liste du collectif NON
publié le 23 septembre 2003, pour boycotter la célébration
du Bicentenaire de l’indépendance du pays, elle a ingénument
parlé de son patriotisme et de son engagement
citoyen qui l’avaient porté à accepter le poste de Premier
ministre. Elle a parlé des Fonds Petro-Caribe dont le montant,
a-t-elle fait savoir, a permis « de créer de nombreux
emplois même temporaires, d'augmenter la production
nationale, de réhabiliter des écoles, centres de santé, tribunaux,
commissariats ». Pour toutes ses grandes réalisations,
elle a sollicité un audit de son administration, car elle
veut partir de la chambre haute, ce 29 octobre, « la tête
haute ».
Mais ce qui l’a beaucoup plus frappée, ce qui l’a beaucoup
plus fait souffrir c’est de voir comment ceux-là mêmes
dont elle était complice des manigances et magouilles de
Préval et de la Communauté Internationale pour faire d’eux
des sénateurs, se retournent aujourd’hui contre elle et veulent
sa destitution apparemment pour sa gestion de 197 millions
de dollars, sans doute une banale affaire pour elle.
Drôle de coup de Jarnac, drôle de coup bas ! Toutefois,
le peuple n’a qu’à rester bien loin de cette contradiction
secondaire, cette lutte interne au sein d’un pouvoir corrompu,
vil instrument entre les mains des pays impérialistes.
Ce n’est pas sans raison que selon le Miami Herald du 26
octobre 2009, la Communauté internationale et les Etats-
Unis en particulier se disent très préoccupés et soutiennent
l’actuel chef du gouvernement haïtien. La bourgeoisie patripoche
également s’est montrée concernée et pour calmer
les esprits revanchards des sénateurs de Lespwa, elle a
scandé par la voix de Reginald Boulos que « cette option
conduira à une instabilité politique ».
Quelles que soient les causes de cette soudaine levée
de boucliers contre la Première ministre de la part des fauxsénateurs
ingrats de Lespwa, il ne s’agit au fond que de
provocations de Préval pour continuer sa politique de renforcement
de l’occupation, une façon claire et nette de contrôler
la situation et… tous ses gladiateurs.
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Berthony Dupont
EDITEUR
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RÉDACTION
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Fanfan Latour
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EN HAITI
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2
Haïti Liberté
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009
A Travers Haiti
Installation d’un nouveau Conseil
électoral provisoire
Par Yves Pierre-Louis
Bilan de l'inondation à Carrefour
Cinq personnes sont mortes, quatre
autres sont portées disparues
; cinq maisons détruites et plus de
cinq cents autres endommagées, tel
est le bilan de l'inondation, glissement
de terrain et éboulement à
Carrefour, une commune située au
Sud de la capitale haïtienne, suite
aux pluies diluviennes qui se sont
abattues mardi soir 12 octobre 2009
dans les zones métropolitaines.
Outre Bizoton, les zones les plus
touchées à Carrefour sont Thor, le
Bois Dioute, Diquini et d'Aquim.
Le lendemain, les habitants
des zones victimes se sont descendus
dans la rue pour protester contre le
comportement des autorités locales et
centrales du pays face à la situation
Le nouveau président du CEP
replâtré, Gaillot Dorsainvil
Après la publication de l'arrêté
présidentiel nommant les neuf
membres du Conseil électoral provisoire,
les dits membres de ce nouveau
Conseil ont officiellement prêté
serment par devant la Cour de cassation
puis ont été installés à leur
poste le mercredi 21 Octobre 2009.
Tout de suite après la cérémonie
d'installation qui s'était
déroulée sous la houlette du ministre
de la Justice et de la Sécurité publique,
Me Joseph Exumé, les conseillers
se sont réunis en assemblée
pour procéder à la formation d'un
nouveau bureau.
C'est ainsi que le représentant
des handicapés, le conseiller
Gaillot Dorsainvil a été élu président,
celui de la fédération nationale des
CASECS, Jean Thélève Pierre Toussaint,
vice-président, le représentant
dont ils sont victimes. Ils ont dénoncé
les maires de Carrefour, particulièrement
Yvon Jérôme et le ministre des
Travaux Publics, Jacques Gabriel qui
n'ont pris aucune disposition pour curer
les lits des ravins de la zone avant la
saison cyclonique.
Le maire de Carrefour, Yvon
Jérôme et le ministre des Travaux publics,
Jacques Gabriel s'étaient rendus
à Bizoton au cours de la journée du
mercredi 21 octobre pour constater les
dégâts. Des engins des travaux publics
sont rapidement arrivés sur les lieux
afin de réaliser les travaux de curage de
la ravine.
Le gouvernement de son côté
a mis à la disposition de chacune des
victimes une somme misérable de 30
mille gourdes pour couvrir quelques
du secteur syndical, Jacques Belzin a
été désigné au poste de trésorier.
Tandis que le représentant
du culte réformé, le pasteur Leonel
Raphaël conserve son poste du secrétaire
général au sein de l'institution
électorale inconstitutionnelle.
Selon le nouveau président
de ce CEP replâtré, Gaillot Dorsainvil,
les élections législatives pourraient
se tenir au cours des quatre
premiers mois de l'année 2010.
Pour ce faire un projet de calendrier
et d'un budget électoraux seront
soumis à l'appréciation de l'Exécutif
très bientôt. Cependant, un scénario,
permettant d'organiser les élections
dans un délai allant de 90 à 120
jours, dès l'entrée en fonction
Suite à la page (18)
frais. L'année dernière, plus de 197
millions de dollars ont été débloqués
par le gouvernement de Michèle Pierre-
Louis pour réparer les dégâts des ouragans
dévastateurs et pallier à tous les
éventuels dégâts de l'année en cours.
Cette somme rondelette a été dépensée
de façon douteuse de l'avis de plus d'un
et pour d'autres, détournée et gaspillée.
Et voilà maintenant la population de
Carrefour envahie par les eaux en crue.
A Léogâne, depuis environ plus d'une
année, le système d'eau potable a été
complètement détruit.
La population réclame du secours
des autorités depuis des mois, et jusqu'à
présent rien n'a été fait. Comme toujours,
elles attendaient que surviennent
des décès avant d’intervenir.
Yves Pierre-Louis
Interpellation du
gouvernement de Michèle
Duvivier Pierre-Louis
Le gouvernement dirigé par la Première ministre,
Michèle Duvivier Pierre-Louis
Cinq sénateurs du grand corps,
Wencesclass Lambert, Jean Hector
Anacacis, John Joël Joseph, Moïse
Jean Charles, Judnel Jean et Yvon
Buissereth, lors d'une séance tenue
en assemblée, le jeudi 22 octobre
dernier, ont décidé d'interpeller le
gouvernement dirigé par la Première
ministre, Michèle Duvivier Pierre-
Louis, depuis environ un an. La séance
d'interpellation devrait se tenir
le jeudi 29 Octobre prochain avec
des motifs clairement définis qui ne
sont autres que l'insatisfaction générale
de la politique économique
et sociale de ce gouvernement et
la gestion catastrophique de plus
197 millions de dollars qui avaient
été débloqués dans le cadre du
programme du fonds d'urgence en
faveur de la population après le
passage des ouragans dévastateurs
d'Août et septembre 2008.
Sous la pression des parlementaires,
le gouvernement de Michèle
Pierre-Louis s'était vu obligé de donner
un rapport rempli de photos sans aucune
précision sur les 197 millions dollars
puisés du fonds Pétrocaribe en vertu
d'un accord bilatéral signé entre Venezuela
et Haïti, lors de l'accession de
René Préval au pouvoir en mai 2006.
Selon la constitution de 1987
toute interpellation d'un gouvernement
doit déboucher sur un vote de confiance
ou une motion de censure. Certains
disent que cette interpellation est une
manoeuvre politique du président René
Préval pour faire tomber ce gouvernement,
vu la mauvaise performance du
gouvernement de Michèle Pierre-Louis.
Le président René Préval qui est en
butte à une impopularité cherche à tout
prix à dégager une majorité structurante
dans la perspective des prochaines
compétitions électorales. Il a déjà mis
en place son propre Conseil électoral, il
a également mis en branle les Collectivités
territoriales dans le cadre d'un projet
mûrement réfléchi pour le renforcement
de sa plateforme politique Lespwa. Il ne
lui reste qu’à mettre hors jeu son équipe
gouvernementale et la remplacer par
d'autres personnalités plus dynamiques
et vouées à sa cause pour neutraliser
ses adversaires incontournables.
Yves Pierre-Louis
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Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009 Haïti Liberté 3
Relations haïtianodominicaines:
Des prodromes de nouvelles Vêpres!
Par Hervé Jean Michel
« Assainissement
de Port-au-Prince»
A quel prix?
Par Hervé Jean Michel
Quatre ressortissants haïtiens vivant
et travaillant en République
Dominicaine, ont été sauvagement
abattus par balles, et, geste odieux
qui rappelle les fours crématoires
de Hitler, les cadavres ont été jetés
dans des fours pour la cuisson du
bois pour la préparation du charbon.
Ce crime affreux commis le mardi
20 octobre 2009, dans la localité
de Boca de Cachòn y Los Pinos del
Edén (Jimani), a coûté la vie à Bénel,
Bénistil, Jolices et Dieumérite, compatriotes
haïtiens ainsi connus. Un
cinquième haïtien qui travaillait aussi
dans la localité, Hébert Bésil quoique
grièvement blessé par balle a eu la
chance d'être admis à l'hôpital.
Selon les informations en provenance
de la République voisine, ils
étaient 18 Haïtiens qui coupaient
du bois pour fabriquer du charbon
dans un champ appartenant à un
certain Luc. Aucune nouvelle n'a été
communiquée sur les rescapés. Le
blessé rescapé a témoigné sur son
lit d'hôpital : « Nous étions 18 dans
le champ, travaillant par groupe de
6. Un bruit suspect a attiré mon attention.
Je courus sans savoir pourquoi».
Face à tant de barbaries, il a
juré de ne jamais remettre les pieds
dans ce pays de malheur. Ce qui
serait un bon précédent, si tous les
Haïtiens décidaient effectivement de
ne plus regarder la terre dominicaine,
cette terre qui a vu couler le sang de
centaines de milliers de damnés Haïtiens.
Comme de coutume, les autorités
dominicaines disent former une
commission d'enquête pour établir
les circonstances dans lesquelles
ces atrocités ont été commises. Elles
disent condamner ces assassinats,
tout en annonçant avoir mis sous
les verrous trois personnes dans le
cadre de leur investigation. Tout le
monde connaît ces propos justificatifs
des Dominicains, à chaque fois
que des Haïtiens sont assassinés en
République Dominicaine. Cette litanie
ne vise qu'à calmer l'ardeur des
esprits prêts à la révolte, face à tant
de méchanceté, de discrimination
et de haine des Dominicains. Cette
façon hypocrite d'encourager les
Dominicains dans leur sale besogne
d'assassinat d'Haïtiens, vise aussi à
dédouaner les autorités haïtiennes
qui, en général, ferment les yeux, les
oreilles et la bouche sur la tragédie
des Haïtiens d'ici et d'ailleurs.
Ces prétendues condamnations,
sans de véritables mesures de
justice, ne visent qu'à encourager la
xénophobie cultivée dans la population
dominicaine par les élites des
deux Républiques constituant l'Ile
d'Haïti. Les avancées économiques
de nos voisins, eu égard au processus
de paupérisation de notre population,
de la mise en application
de politiques visant à accroître la
dépendance du pays, encouragent la
discrimination, la haine et la violence
envers les compatriotes condamnés
à la migration sauvage. Trois (3)
des quatre (4) cadavres extraits des
fours oú ils ont été carbonisés, furent
rapatriés. Le quatrième totalement
calciné n'a pu être récupéré, selon les
autorités dominicaines. Ces atrocités,
malheureusement, vont être considérées
comme un fait divers, un accident
de parcours, parce que ce sont
tout simplement des Haïtiens, des
emmerdeurs, qui ont eu le malheur
de quitter leur pauvre pays.
Qu'ont dit et fait les autorités
haïtiennes? Selon le ministre des
Affaires étrangères d'Haïti, Alrich
Selon le ministre des Affaires
étrangères d'Haïti, Alrich Nicolas,
les atrocités commises contre
ces Haïtiens sont de nature à
compromettre les bonnes relations
entre les deux pays
Nicolas, les atrocités commises contre
ces Haïtiens sont de nature à
compromettre les bonnes relations
entre les deux pays. A son avis,
des explications seront demandées
aux autorités dominicaines par le
gouvernement haïtien. « Une note
de protestation a été produite par
l'ambassade d'Haïti. Cette dernière a
reçu de la chancellerie dominicaine
une note garantissant l'ouverture
d'une enquête».
Voilà donc la réaction du gouvernement
haïtien. Un véritable
témoignage de l'irresponsabilité de
ces prétendus dirigeants qui ont
clairement démontré qu'ils n'ont
nullement la charge de ces citoyens
de l'Haïti en dehors. Ces atrocités
mettent aussi en évidence la mauvaise
foi et la méchanceté de nos
élites économiques, politiques et
intellectuelles. Leur voracité et leur
folie de grandeur les poussent toujours
à haïr ces compatriotes qu'elles
qualifient de quantité négligeable,
d'Haïtiens de seconde zone,
d'analphabètes qui ne doivent rien
bénéficier du pays. Ces élites ont instruit
tous les étrangers du traitement
inhumain qu'ils doivent infliger à ces
damnés de la terre d'Haïti. Chaque
fois que des compatriotes sont assassinés,
maltraités, nos élites se
sentent heureuses.
Les coups d'Etat orchestrés par
l'impérialisme avec la complicité de
ces élites ont toujours engendré des
massacres, des bannissements dans
le but de décimer une population devenue
trop revendicative, troublant
le sommeil des puissants seigneurs
d'ici et d'ailleurs. Ce sont ces élites
qui ont ouvert cette vanne de sang,
invitant ainsi des étrangers à assassiner
ces Haïtiens devenus trop
encombrants. Le commissaire de
Police de la zone de Malpasse, Vanel
Lacroix, a confirmé que ce sont des
militaires dominicains qui ont perpétré
ces assassinats. Le propre du
gouvernement dominicain est de
protéger ses militaires, de les laver
de toute souillure, même quand ils
sont pris la main dans le sac. Le gouvernement
haïtien aussi appuie cette
démarche dominicaine.
Selon l'agence de presse EFE,
un Haïtien connu sous le nom de
Tony Charlys a été décapité par des
Dominicains, durant la même semaine,
dans une municipalité dénommée
Mao, située au Nord-Ouest
de ladite République. Le cadavre a
été écartelé, la tête et les restes ont
été retrouvés dans des endroits différents.
La décapitation est devenue
une forme de terreur-terreur inventée
par les Dominicains pour dissuader
les Haïtiens à ne pas s'aventurer sur
leur territoire. Ces tueries en série,
annoncent-elles que les Dominicains
se préparent à célébrer des vêpres,
pareilles à celles qui ont vu jusqu'à
40.000 Haïtiens tués sous le gouvernement
du dictateur Rafael Leonidas
Trujillo?
Le gouvernement de Sténio
Vincent était heureux d'empocher
en contrepartie la somme de deux
(2) millions de dollars pour étouffer
le génocide, empêchant ainsi de
soulever des précédents diplomatiques.
Les Dominicains savent très
bien que les ambitions nourries par
les gouvernements conservateurs
d'Haïti, sont celles de décimer la population
marginalisée, qui à tout bout
de champ revendique sa part de vie,
sa part de bien-être. Donc ces crimes
sont des services rendus! C'est la
raison qui les poussent à châtier les
Haïtiens, à les considérer comme des
sans-patrie, des êtres sans origine!
Quand on brûle le gagne-pain des malheureux, on les condamne à aller
mourir en République Dominicaine, ou dans des endroits quelconques :
Cayos Lobos, les Iles Turcs and Caicos, ou tout simplement dans la mer
Alors que quatre (4) Haïtiens
viennent d'être assassinés en
République Dominicaine, dans la
nuit du vendredi 23 au samedi 24
Octobre 2009, leurs cadavres calcinés
dans des fours pour la cuisson
du charbon de bois, les autorités
municipales de Port-au-Prince, en
complicité avec le SMCRS et la police
nationale, ont incendié dans la
même veine les marchandises et les
étalages des petits marchands de la
place de la cathédrale de Port-au-
Prince.
Sous prétexte d'assainir la capitale
des bulldozers ont été utilisés
pour détruire des marchandises gardées
dans des caisses en bois et en
fer, puis le tout passé au feu. Voilà
donc le sort fait à ces petits marchands
qui traînent leur misérable existence
dans un endroit crasseux et
poussiéreux d'une capitale devenue
poubelle!
Nul n'aimerait voir un endroit
qui se dit capitale de la première République
Nègre du Nouveau-Monde,
gésir au milieu de tant de malpropreté,
d'encombrements et de laideur!
Mais qui sont les responsables
de cette tragédie d'une ville-capitale
engluée dans l'incurie?
Ne sont-ce pas nos élites qui
ont pillé ce pays, créé à l'intérieur du
même territoire, un pays en dehors et
un pays en dedans?
Ce sont elles qui se sont gavées
des revenus en dollars des denrées
(café, cacao) cultivées par les paysans.
Ce sont ces mêmes paysans
et leurs descendants, frappés par la
paupérisation, qui se sont réfugiés
dans des zones mal famées des villes
de province et de la capitale port-auprincienne,
ou se sont transformés
en boat people, en braceros, hantant
ainsi l'aventure à la recherche d'un
minimum vital.
Ces petits marchands ne sont
pas responsables de leur misérable
situation, ils sont tout simplement
responsables de la bataille nécessaire
pour braver le sort, pour transformer
leur atroce misère en conditions
de vie dignes de l'humain. C'est ce
même sort qui dans la turbulente vie
haïtienne brasse leur existence en les
conduisant dans les rues malpropres
de notre Port-au-Prince. Ces petits
marchands sont comme ces matelots
de Victor Hugo, qui «dans ce morne
horizon se sont évanouis». Ce sont
des têtes perdues, car personne
n'entend leurs cris de détresse.
Dans ce singulier pays d'Haïti,
ce sont les pieds qui supportent et
portent la tête, alors qu'en réalité,
c'est la tête qui doit conduire le corps.
Pendant toute notre histoire, notre
très triste histoire, ce sont les analphabètes,
les appauvris, les exclus
qui supportent la rage de puissance
et de richesses des nantis, des exploiteurs.
Ce sont ces marginalisés,
fumiers de l'histoire, pour reprendre
une expression chère au fascisme
mussolien, qui ont construit la fortune
et l'outrecuidance de nos élites.
Malheureusement, ces personnes
appauvries sont devenues
un poids trop lourd qu'il faut basculer
à tout prix! Malheureusement,
le responsable de communication de
la Mairie de Port-au-Prince, Frenel
Louis, a menti en disant que le feu
n'a pas été mis aux marchandises
des petits marchands. Ce responsable,
face à l'échec du maire Jason,
essaie d'endormir ceux qui restent
toujours en éveil. A défaut de ne rien
faire du tout, alors que le mandat tire
à sa fin, la mairie essaie de mettre
un peu de saupoudrage, histoire de
plaire aux autorités de nomination et
leurs complices.
Les élites haïtiennes n'ont
jamais reconnu leur échec. Elles
transfèrent toujours leur incapacité,
accusant les petits marchands d'être
le problème, alors, qu'en réalité, le
problème est la mauvaise gestion
Voilà donc le sort fait à ces petits marchands qui traînent leur misérable
existence dans un endroit crasseux et poussiéreux d'une capitale
devenue poubelle!
CHAY PA LOU
Community Center
Serving the community for 14 years
• Immigration
• Social Services
• Taxes
98 Veronica Place, Brooklyn, NY 11226
718-756-1586
résultant de leur avarice et de leur
haine d'Haïti. Quand on brûle le
gagne-pain des malheureux, on les
condamne à aller mourir en République
Dominicaine, ou dans des endroits
quelconques : Cayos Lobos, les
Iles Turcs and Caicos, ou tout simplement
dans la mer.
Voilà, aujourd'hui, le constat
d'échec est évident. Malheureusement
nos élites ne prendront jamais
conscience de leur échec historique.
Elles continueront toujours à écraser
Haïti, à la réduire à la dimension de
colonie d'exploitation, digne de la
mise sous tutelle.
Top Enterprise
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4
Haïti Liberté
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009
Twa fèy, Twa rasin O!
L’homme propose… les circonstances disposent
Par Fanfan Latulipe
« Le nez de Cléopâtre : s’il eût été plus
court, toute la face de la terre aurait
changé. »
Blaise Pascal
Depuis mon adolescence, j’entendais
toujours ma grand-mère paternelle
dire: l’homme propose, Dieu dispose.
C’était toujours un peu terrifiant pour
moi parce que quand Grand-mère
utilisait cette formule, cabalistique à
mon goût, il s’y associait souvent un
événement malheureux ou tragique à
vous hérisser tous les poils. Ainsi, telle
personne de ses connaissances, avait
planifié, d’aller visiter ses vieux parents
en province. Un devoir filial noble, pas
vrai ? Le même jour, par une déveine
cordée, cette même personne se faisait
brûler vive, par un orage, blogodow
bow, alors qu’elle s’abritait (ô malheur
!) sous un arbre.
Au fur et à mesure de mon accession
à l’âge de la rationalité, je
disposais de plus en plus d’éléments
qui me proposaient une autre approche
de la «disposition» des
choses dans la vie. J’ai eu fini par
penser, au fil du temps, que pour
toutes ces «dispositions» tragiques
qui doivent arriver, sans doute quotidiennement,
de par le monde, suite
à des «propositions» généreuses,
intéressantes, positives ou autres,
il était trop facile d’en faire toujours
porter la charge au Bon Dieu. Il fallait
quand même lui laisser un répit
et chercher ailleurs.
J’en suis arrivé finalement à une
formulation pas du tout terrifiante, qui
m’a libéré de mes terreurs d’adolescent
et qui m’a réconcilié avec l’existentiel.
En ce qui me concerne, l‘homme «propose»
(la femme aussi), et ce sont les
circonstances qui «disposent». Ainsi,
en remontant le cours de l’histoire, on
peut par exemple s’intéresser au sort
de trois hommes qui ont gravité dans
l’orbite de cette reine d’Egypte, instruite,
cultivée et raffinée que fut Cléopâtre.
D’abord, Ptolémée XIII, à la fois frère et
mari de Cléo. Le bonhomme se proposait
à travers forces magouilles d’évincer
sa sœur et épouse pour occuper tout
l’espace du pouvoir. En politique, c’est
de bonne guerre.
Mais il advint que les circonstances
en décidèrent autrement. En 48
av.J.C, s’amena César, consul de Rome,
qui débarqua en Egypte, fringant, à
la poursuite de son rival Pompée. La
très belle Cléo, au nez très aquilin, se
dit alors: ponpe sote, sa a fòk se pa
m pou l ye. Elle utilisa un stratagème
pour arriver jusqu’à César. Elle se cacha
dans une natte qu’elle fit livrer au
romain. Charmé, conquis par l’esprit,
l’aquilinité nasale et la beauté de la
reine, César s’engagea rapidement à
ses côtés dans une guerre civile qui allait
durer plusieurs mois. Ptolémée XIII
mourut dans ce que l’on a appelé la
«guerre d’Alexandrie». Ce fut donc tout
un ensemble de circonstances, César,
les charmes de Cléo et une guerre civile
de plusieurs mois qui disposèrent des
prétentions machistes-complotistes de
Ptolémée.
En 44, Marc Antoine membre du
second triumvirat romain avec Lépide
et Octave, petit neveu de Jules César,
est nommé consul. Il commence à ouvrir
ses ailes. Il fait assassiner Cicéron.
Maître de l’Orient romain, il répudie Octavie,
la sœur d’Octave (devenu Octavien
depuis 44) et épouse Cléopâtre. C’est
un grand nègre qui lorgne l’Occident romain
sous la férule d’Octavien. Mais les
circonstances vont jouer contre Marco
qui avait fait cadeau de provinces romaines
aux trois enfants qu’il avait eus
de Cléopâtre.
Le Sénat romain en fut indigné
qui déclara la guerre à l’Egypte et qui
s’en remit à Octavien. La flotte de ce
dernier écrasa celle de Marco et de Cléo à
la bataille navale d’Actium, ce qui porta
Marco à se suicider. Les circonstances
disposèrent donc des prétentions de
Marco. Quand Cléo voulut alors séduire
Octavien, s’attirer ses bonnes grâces
et sauver ainsi son pays, ce dernier fit
l’intéressant, l’important et le macoutant.
Il se proposa plutôt d’emmener
Madame à Rome à titre de trophée et
d’esclave. Cléopâtre dut alors choisir
entre le suicide et une humiliante captivité.
Elle disposa de son propre sort,
et aussi de la malignité d’Octavien:
cette femme fière et courageuse, opta
pour la mort. Selon certains, elle se fit
piquer par un serpent venimeux, selon
d’autres elle s’empoisonna.
Un grand bond, pas nécessairement
maoïste, nous amène en 1802.
Bonaparte est en plume de paon, griffes
d’aigle et bec de vautour. Il confie à
Leclerc de rétablir l’esclavage à Saint-
Domingue. L’homme propose, pas vrai
? Vite, les circonstances commencèrent
à montrer leurs canines. Les artilleurs
Pétion et Clerveaux, le génie militaire
de Dessalines, la fulgurante bravoure
de Capois, l’héroïsme des va-nu-pieds
au combat disposèrent de l’arrogance
de Bonaparte et de la cruauté de
Rochambeau. A Vertières, tout chen
kaka, tout chat pise. Tous les chiens
chièrent et tous les chats pissèrent. Ce
fut l’indépendance arrachée de haute
lutte par Dessalines.
On se rappelle qu’en juillet 1802,
la France avait rétabli l’esclavage dans
l’Est de l’île. A la fin de 1804, le général
français Ferrand Ti Frekan, gwo
panpan, publia un décret ignominieux
contre les Haïtiens. Dessalines, à juste
titre, s’en indigna et décida la «Campagne
de 1805 dans l’Est». Bien sûr, il
se proposait de faire savoir à l’insolent
que sa l te santi an, se li menm Desalin
ki t ap boukannen l. Mais, les circonstances
en décidèrent autrement malgré
que les Haïtiens eussent pu emporter
Santo Domingo après un siège de vingt
jours. En effet, une flotte française était
en passe de menacer les côtes d’Haïti,
ce qui força Dessalines à rentrer dans
l’Ouest bride sur le cou.
En 1849, suite à l’insolence de la
France qui reconnaissait formellement
l’indépendance de la Dominicanie, le
président Faustin Soulouque entreprit
sa première «Campagne de l’Est». Il fallait
rabattre le caquet à Jules Bastide,
alors ministre des Relations Extérieures
du gouvernement provisoire français, et
au sénateur Buenaventura Baez, tous
deux signataires du traité de reconnaissance.
Juste après que l’armée haïtienne,
jusque là victorieuse, eût franchi,
à sec, non pas le Rubicon, mais bien la
rivière Ocoa, Soulouque sonna la retraite.
Apparemment, une prise d’armes
était imminente à Port-au-Prince, ce qui
disposa de l’entreprise du bonhomme
Coachi. Lors de la deuxième campagne,
en 1855, tout un lot de circonstances
furent défavorables à l’empereur. Après
avoir proposé une incursion en Dominicanie,
il dut assister à la débandade
de ses troupes à San Thomé. Ce fut la
goutte d’eau qui renversa le vase de
l’entreprise de Soulouque et disposa de
sa témérité.
De bond en bond, nous voici en
compagnie d’Elie Lescot qui déclare la
guerre à l’Allemagne, l’Italie et l’empire
nippon. Le Führer Hitler entre alors
en fureur. Il se fait montrer Haïti sur
la mappemonde et après s’être rendu
compte de la minisculité et de la ridiculité
dimensionnelle du pays, il aurait
déclaré avec toute l’insignifiance,
l’arrogance et la malfaisance que l’on
connaît aux dictateurs :«Je ferai de ce
pays l’écurie de mes chevaux». Mais
le déroulement de la guerre changea le
cours des choses: échec retentissant des
Allemands devant Moscou; en octobre
1941, le général Friedrich Paulus signe
la capitulation de son armée devant
Stalingrad; le 19 janvier 1944 les soldats
russes libèrent Léningrad assiégée
et affamée; Kiev, Odessa, Sébastopol ne
se rendent pas; 1er mai 1945, capitulation
du commandant de la garnison de
Berlin. La veille, alors que les troupes
soviétiques n’étaient qu’à 500 mètres
de son bunker, Hitler s’empoisonne au
cyanure et se tire une balle dans la tête.
Adieu chevaux, écuries, bride, selles,
mors, œillères et étriers. Les circonstances
avaient disposé des fantasmes
et de la folie d’Hitler.
Durant l’époque des cacos, il y
avait ce général Chapizèt (Chapuzet,
en réalité) qui semait la terreur dans le
Nord. Quand il entrait dans un village
ou un bourg, il bousillait et pillait tout
sur son passage. Une fois, s’apprêtant
à franchir la Belle Entrée de Fort Liberté,
il déclara qu’il ne laisserait dans
la ville qu’«un coq et une poulèt».
Mais les circonstances le firent changer
d’avis. Sur son passage, il tomba sur
une grassouillette boubout aux reliefs
saisissants et aguichants. Chapuzet remarquant
les rondeurs de la donzelle,
descendit de cheval pour aller faire son
frekan. La Cléopâtre Fort-libertaire lui fit
remarquer: ou bien je te donne la chose
et tu n’emmerdes personne, ou bien tu
te livres au pillage comme d’habitude.
Chapizèt gade anwo, gade anba, glapit
de joie, lâcha un gloussement lubrique
et répondit: donne-moi la chose. La
ville fut épargnée. Mais le lendemain,
on retrouva Chapizèt mort, la tête tranchée
par un fier-à-bras, l’amant de la
boubout qui n’avait pas apprécié les
fréquencités de Chapizèt.
Nous sommes la nuit du 6 au 7
janvier 1991. Aristide attend de prêter
serment le 7 février 1991. Roger Lafontant,
le diable au corps et tout allumé,
prend d’assaut le Palais national
avec quelques comparses. Dans un discours
retransmis par la télé nationale il
dit avoir fait le coup «de concert avec
la Police et l’Armée». La population
gagne alors les rues en masse. La manman
poul Ertha Trouillot est dans ses
petits souliers et l’ambassadeur Alvins
Bourik Chaje, le gros soulier de la diplomatie
états-unienne, surpris et dépassé
par la massitude des manifestations de
rue se voit contraint de réagir promptement.
Il rencontre le général Abraham
(son subalterne). Les soldats ont ordre
de capturer les putschistes. Chose
faite et vite on embastille les malfrats.
La marée populaire pro-Aristide disposa
donc de Lafontant qui devenu
encombrant pour le complexe Maison
Blanche-Département d’Etat-Ambassade
US fut secrètement liquidé par le
«laboratoire» lors du coup d’Etat.
Plus près de nous il y a eu le coup
d’Etat de l’oligarchie civilo-militaire
vénézuélienne contre Hugo Chávez.
Les «malfecteurs» se proposaient de
remplacer le président légitime par
Pedro Carmona, représentant attitré
du patronat vénézuélien. Pedro cria la
mariée trop belle. Alors que les putschistes
avaient annoncé que Chavez avait
«démissionné», sa fille aînée María Gabriela
faisait parvenir au monde entier
via La Havane le message que son père
– aux mains des militaires et à qui elle
avait parlé – était un «président prisonnier».
Le peuple entre temps avait
gagné les rues en masse. Le gros de
l’armée était resté fidèle à la Constitution,
particulièrement «la brigade de
parachutistes du général Baduel, l’un
des axes essentiels de la puissante
force de chars, d’infanterie blindée et
de chasseurs-bombardiers cantonnée
à Maracay, dans l’Etat d’Aragua»
(Interview de Castro par Ignacio Ramonet.
Le Monde Diplomatique. 12 avril
2007). Carmona le bèkèkè bèkfè fit
donc bec à terre. Le peuple et l’armée
fidèles à Chavez avaient disposé de la
«présidence» éphémère de Carmona,
l’espace d’une nuit en fait, et ramené
le président constitutionnel au palais de
Miraflores.
Finalement, le dernier coup
qui tua le coucou. Vendredi dernier,
je devais me rendre à New York pour
participer à un colloque en hommage
à notre regretté Paul Laraque au York
College. Dès 9 :00AM, j’étais en plume
de paon. Je me proposais de quitter
Philadelphie vers les dix heures. Adye
mezanmi ! Mes deux voitures (pas du
tout deux bogota ou deux dekovil)
tombaient en panne ; je crus, presque,
à une «persécution automobile» ou à
un complot du Ciel. Finalement vers
les cinq heures, je prenais la route san
konnen si m ap rive. Je passai à Brooklyn
juste pour récupérer un «colis» important
(piégé à mon goût) que m’avait
laissé le compatriote Yves Camille, puis
fit voile vers le York College.
Ciel adorable et détestable à la
fois ! Sur le Van Wyck Expressway je
me trouvai prisonnier d’une circulation
pare-chocs contre pare-chocs pendant
près d’une heure. Bien entendu, arrivé
finalement au York tout était déjà
consommé. J’eus seulement le plaisir
de revoir Franck Laraque, frère de
Paul et quelques autres proches des
deux frères. Deux pannes de voiture
et une circulation monstre avaient
disposé de ma participation au colloque.
Je l’ai donc encore réalisé:
l’homme propose, et les circonstances
disposent, seulement les circonstances,
ti papa.
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Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009 Haïti Liberté 5
Kwonik Kreyòl
Selebrasyon jounen
entènasyonal prizonye
yo an Ayiti
Nan vil pwovens yo pa gen bagay sa yo, tout prizonye, fanm kou gason
yon sèl kote…
Dimanch 25 oktòb la se te jounen
prizonye yo nan peyi Dayiti.
Nan lokazyon sa a, prizonye yo
nan divès prizon andedan peyi a
te pwofite okazyon sa a pou yo denonse
movèz kondisyon y ap viv
nan prizon yo. Plizyè ladan yo te
fè konnen, yo malad, yo pa janm
jwenn laswenyay, manje y ap ba yo
pa bon, yo pa ka dòmi, se yonn aprè
lòt y ap dòmi chak swa atè a sou
siman an, yo anpile pil sou pil nan
selil yo, ravèt, sourit, rat ap mache
sou yo. Kèk lòt fè konnen y ap soufri
tout sòt maladi kouwè: gratèl,
malnitrisyon, bouton k ap leve sou
tout kò yo, tibèkiloz, kote yonn ap
kontamine lòt nan selil yo.
Nan Penitansye nasyonal, ki
se pi gwo prizon peyi a, ki chita
nan mitan kapital ayisyen an, se
tèt chaje, yon prizon ki te fèt pou
resevwa 400 prizonye, jounen jodi
a li genyen 4 mil 8 san (4.800)
prizonye, 80 pousan ladan yo nan
sitiyasyon detansyon prevantiv
pwolonje, savledi moun ki pa janm
pase devan yon jij natirèl ki pou
di si yo koupab ou non sou sa yo
repwoche yo a. Menm lè gen kèk
ti travay ki fèt e k ap fèt nan penitansye
nasyonal la, sa pa vle di pou
otan kondisyon yo amelyore nan
prizon sivil sa a.
Nan kapital la, responsab penitansye
yo rive fè kèk separasyon
nan prizon yo ant fanm ak gason,
timoun ak granmoun, men nan vil
pwovens yo pa genyen bagay sa
yo, tout moun yon sèl epi genyen
BOUKAN
101.9 FM • SCA
Radyo Pa Nou
Emisyon KAKOLA
Konbit Ayisyen pou Kore Lit la ann Ayiti
• Nouvèl •
• Analiz •
• Kòmantè •
• Deba •
Pou yon Ayiti Libere
(917) 251-6057
www.RadyoPaNou.com
Mèkredi 9-10 pm
kèk kote se nan komisarya polis la
prizon an ye.
Sòti janvye pou rive oktòb
2009, 62 prizonye mouri andedan
prizon yo nan peyi Dayiti epoutan
an 2008 te genyen 54. Sitiyasyon
sa a montre jou an jou kondisyon
lavi prizonye yo ap degrade nan prizon
yo.
Se nan sans sa a, Rezo Nasyonal
defans dwa moun yo (RNDDH)
te fè sòti yon rapò ki reprezante yon
radyografi sou prizon yo nan peyi
a, kote yo fè konnen kantite moun
ki nan prizon an Ayiti evalye a 8
mil 8 san 98 (8.898). Daprè Rezo
a, prizon yo nan peyi a pa reponn
a okenn nòm entènasyonal, se sa
k fè prizonye yo ap viv nan move
kondisyon nan prizon yo. Rezo a
te pwofite selebrasyon jounen entènasyonal
prizonye yo pou mande
otorite yo nan peyi a pran bon jan
dispozisyon pou rezoud pwoblèm
prizon yo nan peyi Dayiti.
Nan lokazyon jounen entènaysonal
prizonye yo nan peyi
a, responsab penitansye nasyonal
yo te òganize divès aktivite pou
prizonye yo nan diferan sant detansyon
peyi a, yo te pwofite libere
plizyè nan yo ki pa t genyen gwo
chaj sou yo.
Detoutfason, se pa sèlman rejim
kaseral la k ap mache mal, se
tout sistèm lajistis la ki pap mache
nan peyi a. Se tout sistèm lajistis la
ki merite chanje totalman depi nan
tèt rive nan pye l.
Yves Pierre-Louis
Selebrasyon jounen entènasyonal
lang kreyòl la an Ayiti
Nan lokazyon jounen entènasyonal
lang kreyòl la an Ayiti,
mèkredi 28 oktòb 2009 la, divès aktivite
te reyalize nan kèk Fakilte, nan
Inivèsite Leta Dayiti pou sansibilize
etidyan yo nan Inivèsite Leta anpatikilye
e tout popilasyon ayisyen an
sou enpòtans lang kreyòl la nan devlopman
peyi a. Fakilte Lengwistik
Aplike (FLA) nan tèt kole ak Sekreteri
Deta pou alfabetizasyon, (SEA), Sosyete
Animasyon ak Kominikasyon
Sosyal (SAKS) te òganize divès aktivite
nan lokal Fakilte a ki chita nan
ri Difò, nan Pòtoprens nan kad yon
kenzèn kreyolofoni. Pami aktivite sa
yo te genyen: ekspozisyon travay
atis yo, kouwè penti, kouti elatriye.
Pami atis ki te patisipe nan ekspozisyon
an te genyen etidyan nan Inivèsite
Leta a e patisipan yo te montre
yo satisfè anpil sou aktivite kiltirèl sa
a. Jounen lang kreyòl la ane sa a te
selebre sou tèm : « Lang nou ak nou,
kreyòl pou kreyòl.»
Asosyasyon Inivèsitè ak Inivèsitèz
Desalinyèn (ASID) bò kote
pa l te òganize yon seri konferans
deba nan lekòl ak Inivèsite Leta a sou
diferan tèm, sòti 15 pou rive 28 oktòb
2009 la. Tèm yo te debat yo te
varye sou diferan sijè kouwè: Lang
kreyòl ak kilti popilè an Ayiti, Lang
ak patrimwàn, lang kreyòl ak rezistans
nan listwa pèp ayisyen an, Desalin
ak lang kreyòl nan revolisyon
1804 la, lang kreyòl nan pwodiksyon
lakonesans Lang kreyòl ak vodou an
Ayiti elatriye. Nan Fakilte Syanzimèn,
responsab ASID yo te òganize
divès lòt aktivite tankou: sware je
louvri, atelye sou pwojè libète byennè
Desalin nan sosyete Ayisyen
an, diskou sou pwojè libète byennèt
papa Desalin lan, atelye sou lang
kreyòl, pwojeksyon film, sware kiltirèl
ekspozisyon zèv an kreyòl, foto
papa Desalin, foto kont lokipasyon
fòs Loni yo, foto sou kilti popilè a.
Daprè anpil moun, kesyon
kreyòl la se yon pwoblèm, batay ant
klas sosyal yo an Ayiti. Se yon batay
De gwo lengwis Ayisyen ki travay anpil pou devlopman lang kreyòl la,
Ernest Mirville (agoch) ak Yves Dejean
pou byennèt tout moun, tout Ayisyen
konsekan k ap batay pou chanje
sosyete gwo vale piti sa a. Se yon
lang ki ini tout Ayisyen jan konstitisyon
1987 la di l. Depi lane 1979,
depatman edikasyon nasyonal, ki te
tounen ministè edikasyon nasyonal
te fè pibliye yon dekrè-lwa pou reglemante
sistèm òtograf lang kreyòl la.
Depi lè sa a pèp ayisyen an sèvi ak
lang kreyòl la pou mennen yon gwo
batay pou dechouke diktati rasi rejim
kriminèl Divalye yo e pou liberasyon
peyi a. Lang kreyòl la se yon zouti
pou montre plis pase 50 pousan popilasyon
an aprann li ak ekri e se yon
lang tout Ayisyen pale.
Se nan sans sa a depite Kafou
a, Esdras Fabien nan yon lèt ouvèt
li te voye bay prezidan René Préval,
25 septanm pase a, te mande l nan
kad pwopozisyon amandman konstitisyon
1987 la, amande atik 5 lan
pou di : « Kreyòl se sèl lang matènèl e
ofisyèl peyi Dayiti.» Donk batay pou
Powèm pou chante pòv
toupatou depi toutan gen tan
Jounen mondyal kont lamizè - 17 oktob
Milyonven timoun, fanm ak papa pitit
Ki mouri nan mizè, nan grangou, se nou jodi a ki eritye yo.
O sila yo ki yè ankò te vivan, si jodi a, mwen pran lapawòl,
Se pa pou mwen pale sou lanmò nou, se jan lavi nou te ye mwen vle rakonte.
M ap pale pou noumenm, latriye manman
Ki konnen pitit nou kondane pou ret nan lamizè, wa di yo twòp pou tè a.
M ap pale pou pitit nou yo, doulè grangou ap kòde trip yo,
San yon souri lespwa nan figi yo, malgre sa yo vle kontinye renmen.
M ap pale pou milyonven jèn sa yo,
Malgre yo san rezon pou yo kontinye kwè, pou yo kontinye viv,
Y ap chache san yo pa jwenn li yon demen miyò nan monn tèt anba sa a.
M ap pale pou noumenm, pòv ayè ak pòv jounen jodi a,
Ki pèdi nan kat chimen, k ap sove kite yon kote pou yon lòt, nan chache lavi,
Pòv yo meprize, pòv yo rayi.
Travayè san metye, doulè ak fatig travay di ap kraze depi tout tan gen tan,
Travayè de bra pandye ki pap leve ni lou ni lejè.
Milyonven gason, fanm ak timoun
Kè yo kontinye ap bat fò pou lit la,
Lespri yo revòlte kont move lavi ak enjistis yo enpoze yo.
Kouraj yo ekzije dwa pou diyite yo, yon diyite ki pa ka mezire.
M ap pale pou noumenm, timoun, fanm ak gason
Ki pa vle bay madichon, men ki pito renmen, ki pito lapriyè,
Ki pito travay epi met tèt ansanm,
Pou yo gen yon lòt tè, kote youn ap ede lòt, youn reskonsab lòt,
Yon tè, tè pa nou, kote chak moun ap bay tout sa yo genyen nan yo avan yo mouri.
M ap pale pou nou menm, gason, fanm ak timoun,
Depi jodi a, kè nou, men nou, zouti nou grave non nou,
Pou tout tan sou plas libète a.
M ap pale pou nou pou lèzòm anfen, fin pa pran kretyen vivan an konsiderasyon,
E refize nèt al kole lamizè tankou yon malediksyon, tankou yon chatiman,
Tankou yon bagay moun pa kab chanje.
Pè Joseph Wresinski 17 oktòb 1987
lang kreyòl la kraze tout baryè lanse
nan tout fòs viv nasyon an kouwè:
Inivèsite Leta a, Palman ayisyen an,
òganizasyon popilè yo ak mas pèp
la. Se yon batay ki dwe jwenn sipò
tout lòt aparèy ideyolojik yo nan
peyi a kouwè, Legliz, laprès, direktè
opinyon paske kreyòl la fè pati entegran
kilti peyi a. Daprè gwo savan
yo pa genyen yon kilti ki siperyè yon
lòt kilti. Donk lang kreyòl la pa dwe
trete an paran pòv nan moman n ap
viv jounen jodi a.
Yves Pierre-Louis
KAPTE
DETANT
KREYÒL
Chak Dimanch swa
Soti 8tè pou rive 10zè
Sou Radyo Ayiti Entènasyonal
Avèk Marlene & Fils-Aimé
NYS HABETAC @ Brooklyn College
La Fondation Mémoire, Inc.
Society for Haitian Research, Inc.
2009 International Creole Day
The Psychosocial Dynamics of a
Creole-Speaking People:
Educational, Religious and Social Practices
Dinamik sikososyal yon pèp ki pale kreyòl:
Edikasyon, relijyon ak sosyete
Guest Speakers
Dr. Yves Déjean, Rev. William Smarth
Dr. Rozevel Jean-Baptiste, Dr. Hugues St. Fort
Books and Art Exhibit * Espozisyon liv ak penti
Place: Brooklyn College, James Hall (Corner
Campus Rd.)
2900 Bedford Ave., Brooklyn, New York 11210
Date: Saturday, October 31, 2009
Time: 12:00 p.m. – 5:00 p.m.
For additional information and to register, please call:
NYS HABETAC @ 718-951-4668
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Haïti Liberté
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009
Perspectives
René Préval plus que prêt
Pour l’installation d’un pouvoir
derrière le trône
Par Guerby Dujour
Haïti : Système carcéral ou
apprentissage du banditisme ?
Par Jerson PHILIPPE
Il partira inévitablement le 7 février
2011 comme la charte fondamentale
du pays le prescrit. Mais son
ombre demeurera sur le Palais National
et autour du Parlement. C’est
le constat dont on ne peut esquiver
l’essence, face aux tractations politiques
du chef de l’Etat. Tractations
politiques, oui il y en a eues durant
ces derniers mois. Citons par exemple,
le dirigisme électoral pour
imposer des sinécuristes au sénat
de la république. La mise en place
d’un CEP monté en dehors de toutes
normes constitutionnelles et suite à
un ultimatum du président Préval.
Castration mûrement réfléchie
de Fanmi lavalas, le secteur politique
le plus représentatif. Vassalisation
de divers partis politiques pris
au piège de la politique d’ouverture
bidon initiée des le début du mois de
mai 2006. Soutenu par la communauté
internationale et jouissant de
la présence de la force d’occupation
prête à faire feu sur tout ce qui bouge,
René Préval dispose des marges de
manœuvres réelles et suffisantes
pour instaurer un pouvoir derrière
le trône en 2011, compte tenu de
l’incapacité et de la faiblesse de toute
une classe politique prise au piège
de son jusqu’auboutisme par rapport
ã son stupide idéal de renverser,
rien que pour renverser en 2004, un
chef d’état légitime et constitutionnel
dont l’unique péché se situait autour
de sa popularité et de sa rébellion à
la politique néolibérale que les forces
impériales voulaient à tout prix lui
imposer. Ce jusqu’auboutisme, nous
le payons chèrement aujourd’hui.
Car il entraîne la perte totale de
contrôle du pays par les nationaux.
Il fallait entendre les déclarations
d’Evans Paul la semaine dernière
accusant Mr Préval de vieux manoeuvrier
politique qui cherche ã
établir un pouvoir personnel. Même
constat de la part de Himmler Rébu
qui, lui, a souligné que celui-ci ne
reculera devant aucun obstacle pour
assouvir sa soif du pouvoir, donc
des jérémiades, des lamentations à
n’en plus finir qui sont loin de conscientiser
quiconque, vue le passé
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Le président René Préval et son
ex-Premier ministre Jacques E.
Alexis l’actuel secrétaire général
de Lespwa
ténébreux de ces hommes politique
qui se sont faits avoir par la communauté
internationale qui les avait
grossièrement utilisés dans la lutte
anti-Aristide et par Préval qui met
ã nu leur incohérence et la sécheresse
morale ayant toujours caractérisé
leur discours politique. La
récente déclaration du chef de l’Etat
à Marchand-Dessalines à l’occasion
du 17 octobre dernier à propos de
la MINUSTAH qualifiée de force de
coopération et non d’occupation
suivie de celle du représentant diplomatique
des Etats-Unis à Port-auprince,
Kenneth Merten, sont autant
d’indices qui aident ã comprendre
que l’arc de Préval est pourvu de
cordes multiples et solides. Et c’est la
raison pour laquelle il exécute avec
autant d’assurance son plan dont il
est l’unique à mesurer le contenu.
En clair, il a la garantie de ses
supérieurs hiérarchiques internationaux
qui ont déjà d’ailleurs cautionné
toutes les inepties politiques du résident
du Champ-de-Mars. Comme
l’explique si bien la parole sainte:
si Dieu est pour moi qui sera contre
moi. Donc si le blanc le soutient, qui
osera se dresser sur son chemin ? En
tout cas, pas cette classe politique
traitée par dessous les jambes par le
blanc et ce, depuis la mise en place
en 2004 du gouvernement de facto
avec pour guide un Gérard Latortue
venu de la Floride, alors que celui-ci
n’avait pris aucune part active dans
la chute d’Aristide.
Lors, aucun d’entre eux
n’avait osé contester ce choix du
blanc fait à leur détriment. Il faut
reconnaître clairement qu’ils ont été
mis à l’écart et qu’ils ne sont jusque
lã que de simples observateurs. Il y
en a qui sont devenus des maquisards
après les services rendus. Guy
Philippe, n’élit-il pas domicile dans
un trou depuis tantôt cinq ans. Bref,
le blanc ne veut marcher qu’avec
Préval. Il est le seul qui lui inspire
confiance pour avoir appliqué ã la
lettre ses moindres recommandation
sans rechigner. N’a t-il pas
reçu récemment un oscar, disons
mieux un brevet pour la bonne application
du plan néolibéral ayant
balayé des centaines de fonctionnaires
des sociétés d’état dont la
Téléco qui sont allés depuis grossir
le rang des chômeurs ? N’est-il pas
qualifié de héros par le PADF [Fond
panaméricain pour le développement]
? Donc, un super exécutant.
Ainsi, qu’il s’appelle Victor Benoît,
Himmler Rébu, Evans Paul, c’est
en vain qu’ils crient dans le désert.
C’est gratuitement qu’ils dénoncent
les dérives totalitaires de l’équipe de
l’Espoir dont le bilan laisse à désirer
Suite à la page (18)
Le système pénitencier haïtien tel
qu’il est, constitue un obstacle au
bon fonctionnement de la justice et
au respect des droits humains. Les
conditions infrahumaines de détention
sont un crime. Les prisons ne
disposent pas des services les plus
élémentaires: électricité, eau potable,
toilettes, services médicaux, cafeteria.
Sur les 21 centres de détention
existant, 19 fonctionnent dans
des conditions jugées révoltantes. La
prison devrait contribuer à réhabiliter
socialement le prisonnier. Tout
au contraire, elle détruit celui qui
a eu le malheur d’y être exposé.
L’organisation de l'espace carcéral
représente une flagrante violation
des droits du détenu, condamné ou
non. «Elle ne fait qu'augmenter ses
frustrations et le rendre plus pervers
qu'avant son incarcération », témoigne
Patrick, 30 ans, un ex-locataire
du Pénitencier National. La Prison
civile pour femme de Pétion-Ville, le
Commissariat de Port-au-Prince et la
Prison civile de l'Arcahaïe sont les
principaux centres de détentions du
pays. «J'ai connu des centaines de
jeunes arrêtés innocemment dans
les quartiers dits « chauds » à qui
l’on n’avait rien à reprocher. Après
la prison, ils avaient complètement
changé. Non seulement ils fument
beaucoup, mais ils y reviennent
avec des tatouages sur tout le corps
et sont plus agressifs »
C’est ce qu’a précisé Patrick qui
a ajouté qu’il leur fallait beaucoup de
convictions pour ne pas récidiver. Il
se souvient des avances qu'un trafiquant
de drogue lui avait faites avant
d'être relâché. La raison, a-t-il précisé,
est simple. «On ne fait pas de
différence entre détenus. Condamnés
ou non, criminels dangereux ou
auteurs de larcin, ils partagent tous
la même cellule. Les moins agressifs
finissent par être influencés par
d'autres plus violents qui sont de
criminels notoires », a-t-il affirmé.
Comment mettre les justiciables en
confiance quand les délinquants
qui devraient être derrière les barreaux
courent encore les rues et que
d'autres, incarcérés, profitent de la
faiblesse du système pour s'évader?
Les centres pénitenciers sont réputés
pour des évasions massives et spectaculaires.
De 2004 à nos jours, au
moins 20 cas de ce type ont été enregistrés,
laissant en cavale, plus de
3000 détenus pour lesquels jusqu'à
présent aucune mesure n'est prise
pour les remettre à nouveau sous le
contrôle de la justice.
La justice et les prisons haïtiennes
détiennent le record pour ses
cas de « détention préventive prolongée
». Comment mettre fin aux cas
d'évasion à répétition ? Macajoux,
34 ans, est un autre ex-détenu ayant
séjourné dans trois centres carcéraux
différents. Il a lui aussi présenté ce
milieu comme un endroit augmentant
la dangerosité des criminels.
Décrivant la réalité des cellules
qu'il a fréquentées, il soutient
que les espaces dans ces trois établissements
pénitentiaires sont trop
exigus, l'odeur nauséabonde qui se
dégage de ces lieux empêche même
les agents en poste de respirer. En
dépit du fait qu'ils sont placés certaines
fois à des dizaines de mètres
des cellules. Sur 5.339 prisonniers
Les prisons haïtiennes ne disposent pas des services les plus
élémentaires, les conditions infrahumaines de détention sont un crime.
à l’échelle nationale seulement 15%
sont l’objet d’une décision de justice.
4.538 soit 85% sont en attente de
justice ou la plupart est astreint à
ce régime de « détention préventive
prolongée ». Il en ressort de cette dégradation
incommodant du système
judiciaire. Des phénomènes tels
l’insécurité, la violence structurelle
ou conjoncturelle y trouvent leur terreau.
En outre, il a fait savoir que
l'exiguïté des cellules ajoutées au
surpeuplement fait que chaque prisonnier
a le strict espace pour se tenir
debout. « S'il est condamné à une
peine de dix ans, il passera dix années
de sa vie dans ce petit espace.
J'ai vu environ une trentaine de prisonniers
dans ma cellule qui avaient
les pieds enflés», a-t-il témoigné.
«L’on ne reçoit des visites que de ses
proches et rarement des organismes
de droits humains. Le petit terrain
de basket-ball que j'ai vu au Pénitencier
National n'est pas disponible
pour tous les détenus. Il n'y a que les
''majors'' qui peuvent bénéficier du
privilège de le fréquenter. La seule
chose qui nous servait d'animation,
à l'Arcahaïe, était la visite des missionnaires»,
a constaté l’ex détenu.
Les Déportés (DP)
La situation n'est pas différente
pour les déportés en provenance de
l'Amérique du Nord. Cette initiative
machiavélique rentre dans le cadre
de la coopération Nord Sud pour
entretenir une situation d’insécurité
dans le pays. Leur mode de vie est
de loin différent de celui de l'Haïtien
moyen. « On m'a enfermé pendant
un an. Je n'avais aucun droit où
aller », a confié Darly, un repris de
justice, déporté en Haïti par le Canada
après avoir été reconnu coupable
par un tribunal de l'Etat à la feuille
d'érable. Débarquant du premier vol
en provenance de Miami, dangereux
ou pas, ils s’évaporent dans la nature
exonérés du moindre contrôle.
Pour Steven « l'évangile »
représente sa planche de salut «
Mes parents sont chrétiens. Ils sont
arrivés à me convaincre. Le corps
quasiment couvert de tatouages.
Maintenant, je fréquente une église
chrétienne. Grâce à elle, je suis
dans le bon chemin », a-t-il fait
savoir. Mais, Darly a fait savoir que
d'autres continuent dans le trafic de
stupéfiants et des activités louches.
Des fois, ils l'invitent à les rejoindre.
Il aurait pu devenir encore plus
dangereux n’était-ce les conseils
prodigués par ses proches et par des
évangélistes ayant visité la prison
civile de Port-au-Prince pendant son
incarcération.
Le pire de réalités?
«La mission de la DAP consiste
à garder les détenus, condamnés
à temps ou à perpétuité,
à réhabiliter les condamnés en
vue de faciliter leur réinsertion sociale.
Mais l'institution fait face à
un manque criant de moyens »,
a affirmé un responsable, voulant
garder l’anonymat. Dans le
cadre de la mission de la Direction
de l’Administration Pénitentiaire
(DAP), certains détenus auraient dû
bénéficier de l'apprentissage de certaines
professions manuelles. Mais,
selon notre informateur, ce volet de
la mission de cette institution n'est
pas encore opérationnel. Le Code
pénal en vigueur, en ses articles 1
à 10, établit la différence entre les
peines criminelles (pour les crimes)
et les peines correctionnelles (pour
les délits).
Ces dispositions ont aussi
prévu la séparation des criminels de
ceux qui purgent une peine correctionnelle
quand elles déclarent que
les criminels seront condamnés à la
détention ou à la réclusion dans une
maison de force (Art. 7) alors que les
condamnés à une peine correctionnelle
seront emprisonnés à temps
dans un lieu de correction (Art. 9).
Malheureusement, selon le constat
général, tous les condamnés et
même des délinquants en détention
préventive, sont souvent gardés au
même endroit, sans considération du
degré de dangerosité de chaque catégorie.
Ce qui implique qu'un délinquant
enfermé pour un délit mineur
peut, à sa sortie de prison, devenir
plus dangereux. De sorte que certains
centres carcéraux peuvent être
considérés comme une Université du
Banditisme UB.
Entre-temps, des repris de justice
libérés après avoir purgé leurs
peines ou à la faveur des évasions en
cascade constituent de graves menaces
pour l’ensemble du corps social.
Réhabilités, ils auraient pu devenir,
au contraire, des citoyens utiles à
eux-mêmes et à la communauté.
Ainsi donc, la reconquête de
notre souveraineté sur le plan sécuritaire
constitue un pré-requis indispensable.
Aujourd’hui le peuple
haïtien recherche une solidarité
constructive basée sur l’apport et
l’expérience non seulement des peuples
mais aussi des Etats qui en sont
leurs représentants.
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009 Haïti Liberté 7
Perspectives
Haiti se prépare à
résister aux pluies et
aux orages
CEP : le Président de la
République se met en ordre de
bataille pour 2010
Par Patrick Mettelus
Les pluies diluviennes qui
s’abattent sur Haiti depuis mardi
soir ont déjà provoqué plusieurs
morts dans la commune de Carrefour.
Plusieurs maisons se sont
effondrées, des centaines d’autres
sont sous les eaux, des milliers
de personnes sont sinistrées. Une
situation due en grande partie aux
canaux d’évacuation qui n’ont jamais
été débouchés alors qu’une
vague tropicale traverse le pays et la
saison de cyclone n’est pas encore
terminée.
Dans le sud de Port-au-Prince,
plus précisément dans la zone de
Bizoton, les localités de Bois-Dioute,
Bergamote, Mahotière et Charpentier
entre autres sont les plus touchées.
Tous les canaux de conduite
sont obstrués par diverses ordures,
causant ainsi d’importantes inondations
dans ces quartiers surpeuplés
où les constructions anarchiques
sont légion. Les eaux en furie n’ont
pas eu de clémence pour la population
livrée à elle-même.
La situation est chaotique dans
le sud de la capitale d´Haiti. Les maisons
sont pleines de boue et d’eaux
puantes. Comme toujours, la population
a été surprise par la montée
des eaux en dépit de la saison cyclonique.
Les maisons, pour la plupart,
sont construites aux abords des
canaux d’évacuation qui, à la moindre
averse, débordent. La population
en profite pour y déverser ses détritus.
Ces inondations meurtrières ont
mis à jour la situation sanitaire de la
commune, privée de poubelle.
Les autorités municipales semblent
dépassées par les événements.
Elles étaient totalement absentes et
introuvables ce mardi soir. Cela a
soulevé la colère des habitants qui
y ont placé des barricades sur la
route des rails causant ainsi des embouteillages
monstres.
Selon le maire de Carrefour,
Yvon Jérôme, les inondations ont
fait quatre morts et autant de disparus.
«Nous avons fait appel au
Travaux publics pour déblayer et
vider les canaux, annonce-t-il.
Pour l’instant nous demandons aux
personnes situées dans les zones à
risques d’évacuer les lieux.» Les
risques d’inondations, de glissements
de terrain et d’éboulements
sont extrêmement importants pour
les prochaines 72 heures, selon les
responsables du Centre national de
météorologie du pays. Les modèles
de prévision indiquent qu’une onde
tropicale en provenance du Nicaragua
traverse le pays et provoquera
beaucoup de pluies et d’orages. Les
responsables appellent la population
à la prudence et à la vigilance.
La revolucion vive 23 octobre
2009
Le 10ème Forum de
la grande Caraïbe
s'est tenu en Haïti
Le gala de clôture au Karibe du 10e Forum de la grande Caraïbe autour
du thème : «Construisons des partenariats dans la grande Caraïbe».
Par Yves Pierre-Louis
Du 21 au 24 octobre 2009, s'est
tenu à Port-au-Prince, le 10e
Forum de la grande Caraïbe autour
du thème : « Construisons des partenariats
dans la grande Caraïbe». Ces
activités ont été réalisées sous le haut
patronage du ministère du Commerce
et de l'Industrie et de l'Association
des Etats de la Caraïbe. Elles ont bénéficié
du financement de la Banque
interaméricaine de développement
(BID), de la commission économique
européenne, des gouvernements haïtiens
et taiwanais et de diverses autres
institutions partenaires.
A l'ouverture de ce Forum, le
commissaire général, Luc Especa
a profité de l'occasion pour placer
l'organisation de ces activités dans
un contexte bien déterminé. Il s'agit
de contribuer au premier abord,
à refaire l'image d'Haïti auprès
de l'International et à encourager
l'investissement étranger dans
Suite à la page (18)
Par Catherine Charlemagne
Depuis la semaine écoulée, le
pays s’est doté d’un nouveau
Conseil Electoral Provisoire (CEP).
Disons un CEP remanié, renouvelé
et surtout contrôlé par celui qui est
constitutionnellement chargé de le
mettre en place. Comme il est de
coutume depuis plus de vingt ans,
la formation ou le remaniement de
cet organisme d’Etat ne se fait jamais
sans drame et psychodrame
au sein des partis politiques et ce,
quel que soit le gouvernement en
place. Il est vrai, l’exécutif ne fait
rien pour arranger les choses loin
de là. D’ailleurs, n’est-ce pas là
l’objectif. Semer la zizanie parmi les
organisations politiques, histoire
d’avoir les coudées franches avec
un CEP sous son contrôle.
Sinon, comment est-ce possible
que depuis plus de deux
décennies l’un des organismes
publics majeurs, ayant pour fonction
d’organiser des scrutins pluralistes
et honnêtes, ne soit pas
encore opérationnel ? Alors même
que toutes les élections organisées
dans ce pays entre temps sont systématiquement
contestées, allant
même jusqu’à provoquer plusieurs
occupations du pays, n’en déplaise
à notre cher Président. Bref, ce
dernier CEP n’a pas échappé à la
règle.
Il est indéniable que les futurs
scrutins, législatif et présidentiel,
seront tout naturellement contestés
et les élus qui sortiront de ces joutes
seront forcément affaiblis même
s’ils devaient être démocratiquement
élus par leurs électeurs. En
fait, nous nageons pas pour nous
en sortir mais pour nous enfoncer,
tant que ceux, ayant la haute
main sur les institutions, ne comprennent
pas qu’en agissant ainsi,
ils ne travaillent pas pour sortir
le pays de l’instabilité politique et
institutionnelle, ce qui encourage
la présence des forces militaires
étrangères dans le pays, mais à
maintenir le peuple dans sa situation
de sous développement et de
misère, puisque tout est lié.
Pas de stabilité, pas de
sécurité et bien entendu pas
d’investissement pour créer des
emplois stables et durables. Il faut
dire que les responsables des partis
politiques contribuent eux aussi
à cette situation dans laquelle ils
demeurent les premières victimes.
Car, à force de jouer au pyromane,
ils ont fini par se brûler les
doigts. La non institutionnalisation
à ce jour du Conseil Electoral
Provisoire, ils en sont pour beaucoup.
Ils paient leur démagogie et
leur ambition démesurée et surtout
l’instabilité de leur positionnement
idéologique et politique.
En jouant à la girouette avec
tous les gouvernements, sauf avec
celui de l’ex-Président Jean-Bertrand
Aristide, personne, à commencer
par celles qui ont le pouvoir de décision,
ne les prend plus au sérieux.
Quand ils crient au voleur, les gens
de la rue pensent qu’ils s’auto accusent
; tant ils fricotent avec tous
les régimes, même les plus illégitimes
et inconstitutionnels. A la fin,
Les 4 nouveaux conseillers électoraux: de gauche à droite : Telneuve
Pierre Toussaint (représentant ASEC, CASEC), Anténor Guerrier
(représentant Vodou) ; Ribel Pierre (Conseil National des Partis
politiques) ; Enel Désir (Représentant Eglise Catholique)
leurs accusations, leurs cris contre
le pouvoir deviennent des cris dans
un désert. Personne ne les entende
ni ne les croit. D’où la liberté et le
sentiment de puissance qui, en
Les Membres du Nouveau Conseil
Electoral provisoire
quelque sorte, s’emparent du maître
du Palais pour imposer ce qu’il
croit être bon pour lui non pas pour
le pays. L’on est revenu au temps
de l’exécutif tout puissant décidant
de tout, tout seul.
Comme le temps où l’on
confondait les institutions avec
celui qui devait surveiller à leur
bon fonctionnement. Certes, le
sort de l’ancien CEP était scellé.
L’agissement et le comportement de
ses anciens responsables, vis-à-vis
de certains partis politiques entre
autre Lafanmi Lavalas, le condamnaient
à sa disparition. Personne
ne s’imaginait que le CEP qui avait
réalisé les pseudo élections sénatoriales
partielles pouvait être une
nouvelle fois aux commandes pour
les scrutins de l’année prochaine.
Le conserver tel quel, aurait été
plus qu’une provocation pour la
population. Beaucoup moins pour
les patrons politiques qui ont du
mal à se définir face au Palais.
Décriée par ses propres dirigeants,
cette institution ne pouvait
prétendre être en mesure de
continuer la mission qu’on lui
avait confiée. Bref, la société tout
entière s’attendait à ce que le chef
de l’Etat fasse le ménage bien que
toutes les décisions du CEP, concernant
les partis politiques ou les
résultats douteux dans certains
départements, étaient soutenues,
voire amicalement demandées par
la présidence. Mais nous sommes
en politique. Il doit y avoir des
fusibles pour supporter les courts
circuits. La chute du Président du
CEP est donc logique, trop de projecteurs
étaient braqués sur lui.
Mais ce réaménagement a
suscité au sein de la classe politique
les mêmes polémiques inutiles
puisque ne servant à rien.
Penser pouvoir imposer un calendrier
politique au Président de la
République, alors même que vous
n’avez aucune carte en mains,
c’était prendre le risque de se faire
exclure de la compétition. C’est ce
qui s’est passé pour la nomination
des nouveaux membres au sein du
CEP. Le chef de l’Etat avait donné
un délai, une date butoir pour que
les partis politiques confirment ou
désignent d’autres membres après
le scandale interne qui a ébranlé
l’institution. La date étant écoulée,
les Secteurs qui n’ont pas voulu,
ou comme dans leur habitude, voulaient
faire du dilatoire, histoire de
retarder le processus électoral, ont
été tout simplement exclus et se
sont vus remplacés par d’autres
Secteurs jusque-là oubliés. D’où
l’idée de la présidence de faire rentrer
pour la première fois au CEP
des Secteurs clés de la société,
comme les Vodouisants et les Collectivités
territoriales.
Or, ces secteurs qui font leur
rentrée au sein du CEP sont de
loin les plus représentatifs de la
société et capables, du point de
vue politique, d’apporter beaucoup
plus d’électeurs dans la stratégie
présidentielle des futures élections.
Enfin, ces Secteurs sont plus susceptibles
de soutenir et de rallier
les démarches du chef de l’Etat que
des partis politiques déjà inféodés
à leurs leaders respectifs. Ce n’est
pas une surprise, la division qui a
éclaté au sein du Conseil National
des Partis Politiques de Déjean Bélizaire,
après que Osner Fevry ait
court-circuité le Président de cette
Plate-forme pour désigner son
représentant au CEP.
Le pauvre Dejean Bélizaire,
résigné, a donné sa démission au
sein d’une organisation dont son
autorité et son pouvoir en tant que
Président se limitaient à constater
les dégâts. Le grand bénéficiaire
de tout ce charivari reste naturellement
le chef de l’exécutif qui voit
son plan initial se dérouler comme
il l’avait prévu. Affaiblir les partis
politiques, mettre en difficultés les
leaders de ces partis, avoir un CEP
presque sous ses ordres. Il reste
au Président de la République, la
dernière étape de son plan, la
formation d’une nouvelle Plateforme
politique, qui est d’ailleurs
bien avancée, pour se lancer avec
l’on ne sait pas encore qui, dans sa
dernière bataille électorale l’année
prochaine. L’objectif final : gagner
les élections législatives de 2010
afin d’avoir les moyens politiques
pour discuter avec celui qui le remplacera
en 2011 au Palais National.
8
Haïti Liberté
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009
This Week in Haiti
Haitians Impatient with Obama Over TPS
By Francesca Guerrier & Kim Ives
Some 50 Haitians and their
supporters held a spirited
demonstration in front of the
Fontainebleau Hotel in Miami
Beach on Monday, Oct. 26 to
demand that President Obama
immediately grant some 35,000
undocumented Haitians currently
in the US Temporary Protected
Status or TPS.
Obama was at the hotel for a
fundraiser for Democratic Florida
congressmen Alcee Hastings and
Kendrick Meek, who is running
for senator.
The demonstration was organized
by the Haitian American
Grassroots Coalition, Institute of
Justice and Democracy (IJDH),
Florida Immigrant Coalition
(FLIC) and Free Haiti Now, all
groups which had been expecting
Obama to reverse the Bush
administration’s denial of TPS to
Haitians last December.
“We are all frustrated that
more than nine months after
President Obama’s inauguration
Haitians still don’t have TPS despite
the incredibly broad editorial
and political support for it,
including from the three South
Florida Republicans in the US
House of Representatives,” said
Steve Forester, an immigration
lawyer and long-time TPS advocate
who presently represents the
IJDH in Florida. “And we are doubly
surprised that we have not
yet gotten a response to our request
to at least give people the
dignity of the right to work while
the administration continues,
month after month, to review the
propriety of granting TPS, which
to us and every objective observer
is a no-brainer, based on the
four hurricanes and storms that
hit Haiti in a one-month period
a year ago.”
TPS can be granted by executive
order to undocumented
immigrants in the U.S. who are
Demonstrators gathered in front of the Miami Beach’s Fontainebleau
Hotel to protest Obama’s inaction on TPS for Haitians
temporarily unable to return to
their nation because of a natural
disaster, armed conflict, or other
extraordinary circumstances.
Since it was established in 1990,
TPS has been granted to immigrants
from Nicaragua, El Salvador,
Honduras, Burundi, Somalia,
Montserrat, Sierra Leone, Sudan
and Liberia.
Since January, many demonstrations
demanding TPS for
Haitians have been held in Florida
and other states. Over 300 people
from Florida and the Northeast
traveled by bus to Washington,
DC to demonstrate in front of the
White House on Jun. 3, and many
more turned out for a second
demonstration there on Sep. 16.
On Sep. 18, Free Haiti Now,
FLIC and Haitian Women in Miami
(FANM) held a vigil at Virginia
Key Beach on Key Biscayne
to call for TPS and to pay respect
to the many Haitian refugees
who have died at sea. Performing
at the protest were Miami artists
DJ Khaled, Mecca aka Grimo,
and Grindmode. Other celebrities
also supported the action and the
TPS call including M1 from Dead
Prez, Black Dada, Ace Hood, NBA
superstar Hudonis Haslem, and
three artists from the group Poe
Boy: Billy Blue, Brisco and Flo
Rida.
“We need the administration
to grant TPS or at least,
while they are considering it, to
grant work permits on a case by
case basis to TPS-deserving noncriminal
Haitians who desperately
need work permits, drivers
licenses and the ability to feed
their families, pay electricity
bills, and send remittances to
Haiti which can support up to
ten times that number, thereby
increasing Haiti’s security and
our own,” Forester said.
On Oct. 26, the demonstrators
were restricted to a sidewalk
across Collins Avenue from the
Fontainebleau. The area was
heavily guarded by U.S. Secret
Service, Miami Beach police and
private security guards. The police
harassed demonstrators who
sought to take pictures of the protest
from the street.
Further down the sidewalk,
a group of about 100 racist, antiimmigrant
Republicans, Minutemen,
and counter-revolutionary
Cubans protested Obama’s presence
in Miami with absurd signs
like “Go back to Kenya” and “Go
back to Indonesia” and “Obama
= Communism.”
Among those who came out
to the TPS demonstration were
Central American farmworkers
from Homestead, about 25 Haitians
from West Palm Beach, and
FLIC staff members.
In March, former Haitian-
American unionist Patrick Gaspard,
now Obama’s Director for Political
Affairs, traveled to Miami to
soothe and reassure Haitian leaders
that the administration would
soon act on TPS. The reprieve he
brokered has now expired.
“As far as we are concerned,
regarding Haiti, the Obama administration
is maintaining the
same status quo as the Bush immigration
policy,'' Haitian-American
Grassroots Coalition president
Jean-Robert Lafortune told the
Miami Herald.
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Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009 Haïti Liberté 9
Pour Jean-Loup Izambert, journaliste
indépendant et écrivain, qui
publie son septième ouvrage sous le
titre de «Pourquoi la crise»? Aux
éditions Amalthée, la crise du capitalisme
est devenue totale. Contrairement
aux déclarations de certains
économistes et politiciens, il affirme
qu’il n’y aura pas de sortie de crise.
Pour l’auteur de la seule investigation
journalistique sur les origines
de la crise, le système capitaliste
ne peut survivre que par la guerre.
Quelle alternative pour les peuples?
Entretien.
Géostratégie: Vous démontrez
dans votre livre Pourquoi la crise?
Que le capitalisme ne peut plus supporter
la démocratie parlementaire
avec laquelle il s’est développé.
Sommes-nous à un point de rupture
avec ce système et les valeurs de liberté,
d’égalité, de fraternité?
Jean-Loup Izambert: C’est
évident. Pourquoi et quelles données
changent par rapport aux
dernières décennies? Dans ce système
les grands propriétaires privés
de l’économie contrôlent l’économie
et tentent de l’imposer par tous les
moyens comme régime aux peuples
de la planète, y compris par la
guerre. C’est ce qu’ils ont toujours
fait avec la seule préoccupation de
s’enrichir et de faire main basse sur
les richesses des peuples au seul
profit des sociétés transnationales
qu’ils dirigent. Mais parvenu au
stade de l’impérialisme, période actuelle
du développement du capitalisme,
les grands possédants ont besoin
d’un pouvoir politique qui leur
soit totalement dévoué pour protéger
et accroître encore la concentration
des richesses qu’ils cumulent.
Il faut bien comprendre qu’il s’agit
pour eux d’une question de survie,
de rester maîtres du pouvoir et
bien sûr de leurs privilèges. L’une
des contradictions qu’ils doivent
gérer vient justement du fait que
l’accumulation du Capital et la concentration
des richesses qu’ils sont
contraints de perpétuer sous peine
de perdre pouvoir et privilèges, implique
aujourd’hui des centres de
décisions de plus en plus fermés,
dans l’entreprise comme dans la
société. Or, cette tendance à la centralisation
va à l’inverse du mouvement
des sociétés qui pousse vers
plus d’ouverture, de démocratie, de
participation, de culture notamment
avec le développement des sciences
et des techniques.
Géostratégie: Quels faits caractérisent
aujourd’hui cette concentration
des richesses?
J-L.I. : Aujourd’hui 200 sociétés
transnationales contrôlent
plus de 23% du commerce mondial
et 1% des plus riches détient plus
de 57% des richesses produites.
L’augmentation des richesses conduit-elle
à l’enrichissement des peuples?
Non. Au niveau mondial 103
200 personnes, pour la plupart propriétaires
privés de l’économie, détiennent
un patrimoine financier de
plus de 30 millions de dollars, hors
résidence principale et biens de consommation.
Mais, si l’on se réfère
aux statistiques de l’Organisation
des Nations Unies, plus de 80 pays
ont aujourd’hui un revenu par habitant
plus bas qu’il y a dix ans. D’une
part les peuples prennent de plus en
plus conscience qu’ils ne profitent
pas de l’augmentation des richesses
produites, que plus les richesses se
concentrent entre quelques mains
plus la misère s’accroît dans les sociétés
mais également que ce phénomène
touche aujourd’hui le cœur
même de l’Occident capitaliste qui
s’en croyait à l’abri. Selon les chiffres
du fisc étasunien, à la veille de
l’aggravation de la crise 60 millions
de personnes « vivaient » aux Etats-
Unis avec moins de sept dollars par
jour. Bien que dissimulée par les
médias qui appartiennent aux milliardaires,
la situation est analogue
dans la petite Europe de Maastricht
de 20 millions de chômeurs où 80
millions de citoyens – soit quand
même 16% de ses 495 millions
d’habitants – courent un risque de
pauvreté, 17 millions sont répertoriés
comme « très pauvres » et
70 millions d’autres n’ont pas accès
à un logement décent selon les
propres statistiques publiées par la
Commission européenne et d’autres
organismes « européens ». Dans ce
contexte, les grands possédants de
l’économie ont besoin de faire courber
la tête aux peuples pour maintenir
leur système d’exploitation.
Les dirigeants bourgeois
organisent le déficit des
nations
Géostratégie: Comment
le pouvoir politique favorise-t-il
ces grands propriétaires privés de
l’économie?
J-L.I.: De différentes manières.
Cela va du vote de lois en faveur de
la grande bourgeoisie, à une complicité
évidente avec le système
d’évitement fiscal qui appauvrit la
collectivité jusqu’au vote de crédit
pour des guerres régionales dans
lesquelles vous voyez apparaître et
se développer des Sociétés Militaires
Privées (SMP) liées aux armées et
services occidentaux et financés par
les Etats et leurs transnationales.
Les provocations répétées à coups
de campagnes médiatiques contre la
Fédération de Russie, la République
Populaire de Chine, la République
Islamique d’Iran ou d’autres mais
aussi le soutien à des dictatures
comme en Irak après avoir ravagé
le pays par la guerre, dans plusieurs
pays d’Afrique où l’invasion
et l’occupation de l’Afghanistan
sont des illustrations de la tentation
totalitaire du capitalisme.
L’actuelle présidence française, son
Premier ministre et son gouvernement
sont au diapason de ce qui se
passe dans tous les pays capitalistes
sans exception : atteintes répétées
aux libertés, vote de lois en faveur
des grands possédants, réduction
du rôle des assemblées élues – par
exemple, avec la volonté de tenter
de supprimer les communes ou
les départements en France ou en
réduisant le rôle du Parlement -, «
dépénalisation du droit des affaires
» qui a pour conséquence de laisser
faire le pillage de la nation par
les grands propriétaires privés de
l’économie, retrait du rôle de l’Etat
dans ses fonctions essentielles de la
santé, de l’éducation, du logement,
du développement économique et
de l’emploi, engagement dans des
guerres et occupations de pays contre
l’intérêt des peuples.
Géostratégie: La dégradation
de la situation économique ne
dépend t-elle donc pas seulement de
la crise comme les médias de masse
tentent d’en accréditer l’idée?
J-L.I. : Comme je l’ai dit, la
crise est liée à la nature même du
capitalisme. Elle prend une ampleur
que n’a jamais connue le système
alors que le pouvoir politique n’a
cessé de border son lit. Par exemple
l’actuel président français s’était engagé
lors de sa campagne électorale
à mettre en oeuvre une politique de
plein emploi. Mais l’explosion du
chômage et de la misère que nous
connaissons aujourd’hui n’est pas
le fait de la seule crise. Bien avant
que celle-ci ne se manifeste brutalement,
le gouvernement français
UMP, à peine installé, procédait
déjà à la suppression de dizaines
de milliers d’emplois dans la fonction
publique sur plusieurs années
tandis que les dirigeants de grandes
sociétés privées en programmaient
la liquidation de centaines de milliers
d’autres dans tous les secteurs
d’activité. Cette politique au service
de la concentration du Capital n’est
LE CAPITALISME EN
CRISE A BESOIN D'UN
CONFLIT MAJEUR
Le capitalisme est un système criminel qui a fait la prospérité d’une caste
de milliardaires sur la mort de centaines de millions d’êtres humains
que la continuité des précédentes politiques menées par les gouvernements
de droite comme de gauche. En fait le rôle de l’Etat bourgeois se borne à
protéger les intérêts des grands possédants contre l’intérêt général avec pour
conséquence l’aggravation du déficit budgétaire, l’endettement de l’Etat et
une misère grandissante pour le plus grand nombre.
Un exemple : les sociétés transnationales qui auraient dû payer plus
de 33 milliards d’euros d’impôts pour la seule année 2006 en ont réglé 6,1
milliards avec la bénédiction de l’Etat ! Dans le même temps, ces entreprises
qui ne créent pratiquement pas d’emplois, organisent des plans de licenciements,
exportent une partie de leurs bénéfices pour échapper à l’impôt ont
reçu de l’Etat 65 milliards d’euros d’aides de toutes sortes et bénéficié de
milliards d’euros d’exonérations fiscales. Pour vous donner une idée, sur
deux années, cela représente environ 130 milliards d’euros, soit pratiquement
l’équivalent du budget annuel européen pour la période 2007-2013
ou le montant du déficit record du budget de la France fin 2009 contre 56,3
milliards en 2008. La dette publique de la France atteint aujourd’hui des
sommets en se situant, selon l’INSEE, à 1413,6 milliards d’euros pour le
premier trimestre 2009 soit 72,9% du Produit Intérieur Brut (montant des
richesses créées dans un pays sur une année entière). De même, l’Etat et
les dirigeants des grandes sociétés privées doivent des milliards d’euros à
la Sécurité Sociale qui ont déjà été payés par les salariés aux entreprises et
les consommateurs mais ne sont toujours pas reversés à l’organisation de
solidarité nationale par le grand patronat.
Voilà comment le gouvernement organise les déficits. Quand le Président
de la République et les ministres de l’Intérieur qui se succèdent affirment
« qu’il n’y a pas de zone de non droit » en ciblant la jeunesse amputée
d’avenir qui se révolte, ils se moquent ouvertement du monde. Les premières
zones de non droit se situent au sein même de structures de l’Etat
et elles sont le fait de leur politique qui conduit le pays à la ruine ! Ce n’est
qu’un aspect qui explique aussi la violence du système vis-à-vis de toutes
les résistances qu’il rencontre et de celles qui en découlent de manière plus
générale dans les rapports sociaux.
Le général russe Leonid Ivashov a mis en garde à plusieurs reprises
contre la volonté des Etats-Unis de déclencher un conflit militaire majeu.
Géopolitique: La violence est donc liée à la fin du système?
J-L.I. : Oui, un peu comme les derniers sursauts d’une bête blessée à
mort. Elle se manifeste par le rejet brutal de millions d’hommes et de femmes
du système de production, leur mise à l’écart de la vie sociale, du logement,
de la santé, de la culture. Elle se manifeste également par la destruction de
pans entiers de l’économie, de régions et de pays comme en Yougoslavie,
en Irak, en Palestine, en Amérique centrale ou en Afrique où les derniers «
rois-nègres » ne doivent leur trône qu’à la corruption débridée de transnationales
et, parmi d’autres, au pouvoir élyséen. Le capitalisme est un système
criminel qui a fait la prospérité
d’une caste de milliardaires sur la
mort de centaines de millions d’êtres
humains, sur les souffrances les
plus atroces des peuples sur tous les
continents par la famine, la surexploitation,
le colonialisme, la guerre.
Et cela continue. Au moment où
nous parlons, selon les chiffres de
l’Organisation des Nations Unies,
une personne meurt de faim – «
seulement » de faim, épidémies et
guerres non comprises – toutes les
quatre secondes. Dans le même
temps les dirigeants occidentaux en
sont à faire payer les paysans par
les contribuables à coups de primes
pour mettre leurs terres en friches,
à détruire des pêches entières par
des règlements imbéciles décidés
par les bureaucrates de Bruxelles.
Et au moment où nous parlons ce
sont plus de 350 millions d’enfants
de 6 à 17 ans qui sont surexploités
par les transnationales capitalistes
sur tous les continents dans presque
tous les types d’industrie, de l’Asie
aux Etats-Unis. Si ce n’est de la violence
et de l’égoïsme, qu’est-ce donc
le capitalisme ?!
Une exigence de
destruction
Géostratégie : Dans votre
livre vous rapportez le témoignage
de plusieurs intervenants de différents
milieux et pays dont certains
évoquent une crise totale contrairement
aux précédentes. Quels
changements avec les crises précédentes?
J-L.I. : Effectivement la crise
est presque mondiale par le fait
qu’elle touche tout le système capitaliste.
Des pays comme la Fédération
de Russie, la République Populaire
de Chine, Cuba, le Venezuela
révolutionnaire du président Hugo
Chavez, le Brésil, la République démocratique
du Vietnam ou d’autres
comme la République Islamique
d’Iran sont moins touchés car ils
sont, pour des raisons diverses –
historiques, politiques, culturelles,
économiques – moins imbriqués
dans le système capitaliste, ses réseaux
commerciaux, bancaires et
financiers. Jusqu’à présent nous
devions faire face à des crises conjoncturelles
du capitalisme, des périodes
où la concentration du Capital
s’accélérait brusquement en mettant
en difficulté momentanée des monnaies,
des économies, des pays.
Face à cette situation inédite il était
important que je donne la parole à
10
Haïti Liberté
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009
Les grands possédants de l’économie ont besoin de faire courber la tête
aux peuples pour maintenir leur système d’exploitation
des intervenants de différents milieux, tous concernés par la banque, la
finance, l’organisation d’entreprise et de la société.
Quelques français comme le Président du groupe Crédit Agricole Société
Anonyme, un commissaire aux comptes ou un important cabinet d’avocats
d’affaires parisien ont refusé de débattre de la situation et de répondre à des
questions portant sur l’évolution de l’activité de leur secteur professionnel
dans le contexte actuel. La plupart ont joué le jeu et apportent, comme vous
avez pu le lire, une contribution importante à mon travail par leur vécu mais
également par leur propre réflexion et leurs travaux. C’est le cas du président
Etienne Pflimlin du groupe bancaire mutualiste Crédit Mutuel-CIC, de
Pierre-Henry Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest, l’une des plus importantes
sociétés de conseil aux actionnaires, du président Alban d’Amours
du Mouvement des Caisses Desjardins, l’un des plus importants instituts
financiers du Canada de forme coopérative, d’Hervé Sérieyx, haut fonctionnaire,
dirigeant de société, chercheur et conseil en organisation d’entreprise,
de Mark Schacter au Canada qui est conseil international en organisation
d’entreprise, de l’Institut Canadien des Comptables Agréés faute de trouver
un européen qui daigne répondre à de simples questions de droit sur la
transparence de gestion et la validité des comptes des transnationales, du réseau
SWIFT spécialisé dans les transactions internationales, d’un syndicaliste
de la CGT, fin connaisseur du monde bancaire ou encore de magistrats
comme Jean de Maillard, spécialisé dans les nouvelles formes de criminalité
financière, des avocats d’affaires et bien entendu des responsables du mouvement
Coopératif international.
La rencontre de tous ces acteurs de l’entreprise, de la finance, de
la banque, du droit au sein d’un même lieu – un livre -, la transmission
aux lecteurs de leur expérience comme de leurs idées et de leurs propres
travaux, permet de dresser un tableau aussi précis que possible de la situation
actuelle pour mieux comprendre les origines et mettre en exergue les
responsables de la crise. De même cette démarche permet de mon point de
vue de tenter d’esquisser les possibles d’un nouveau mode d’organisation
et de gestion économique et social. Ainsi que l’explique Sherron Watkins,
l’ancienne vice-présidente de la société étasunienne Enron, transnationale
de l’énergie faillie en décembre 2001, la crise du capitalisme est désormais
totale. Elle touche tout le système : économie, finance, groupes de surveillance
du monde des affaires et institutions internationales, politique, morale
et idéologie. La continuité de ce système s’accompagne aujourd’hui d’une
exigence de destruction de tout ce qui entrave la concentration des richesses
par les grands possédants. Ils appellent cela « déréglementation », « privatisation
», « libéralisation » ou « mondialisation » et couvrent la répression,
l’esclavage, le colonialisme et la dépendance des mots de « sécurité », «
liberté », « droits de l’Homme » n’ayant plus que le mensonge, la tromperie
et la falsification pour camoufler la fin de leur système.
Géostratégie: Mais ces pouvoirs sont l’émanation du suffrage universel,
du vote des peuples. Si l’on pousse le raisonnement à son terme, doit-on
en conclure que les peuples occidentaux souhaitent le capitalisme?
J-L.I. : Effectivement, les peuples occidentaux se sont prononcés
jusqu’à aujourd’hui en faveur de représentants du capitalisme, pratiquement
sans rien connaître du reste de la nature de celui-ci ni même envisager où
ce système les conduit à l’heure actuelle. Prenons l’exemple de la France.
En 1981, lors des élections présidentielles puis des élections législatives qui
ont suivi, le peuple français a eu l’occasion de choisir entre la continuité du
système symbolisée par les partis conservateurs et la rupture que proposait à
l’époque le Parti Communiste Français avec le Programme commun de gouvernement
des forces de gauche auquel étaient associés le Parti Socialiste et
les radicaux de gauche. Ce Programme commun de gouvernement était luimême
l’aboutissement d’années d’engagement des communistes français
pour ouvrir une voie nouvelle dans la construction d’une démocratie avancée.
Ce programme venait en effet après plusieurs grandes campagnes nationales
du PCF et l’élaboration et la diffusion du propre programme du PCF
à des millions d’exemplaires sous le titre de « Changer de cap », programme
pour un gouvernement démocratique d’union populaire. Pour la préparation
de celui-ci les militants communistes ont mené à l’époque de grandes
campagnes d’information, de débats, collecté sur plusieurs mois avec « les
cahiers de la misère » le vécu et les espoirs du peuple dans les campagnes,
les quartiers, les usines, les universités. Tout cela a permis d’aider les gens
dans leurs problèmes quotidiens – par exemple en s’opposant aux licenciements
dans des entreprises qui réalisaient des profits ou à empêcher des
saisies-expulsions – tout en débattant avec eux des changements à mettre
en œuvre pour une nouvelle politique nationale.
Au moment du vote, lors des élections présidentielles et des législatives
qui ont suivi, une majorité de votants a cédé aux campagnes médiatiques
anticommunistes et s’est réfugiée dans le giron du Parti Socialiste. Une fois
au pouvoir, celui-ci s’est empressé d’abandonner ses engagements sous la
pression de la bourgeoisie et du gouvernement étasunien qui s’opposait à la
présence de ministres communistes dans le gouvernement français. Toutes
les transformations radicales contenues dans le programme commun de
gouvernement, tout particulièrement les nationalisations des secteurs clés
de l’économie, le développement de la démocratie et toute mesure qui permettait
de rompre avec le système ont ainsi été abandonnées par la « génération
Mitterrand ». Démonstration a été faite une nouvelle fois que sans
parti révolutionnaire, sans mobilisation et soutien à des propositions de rupture
avec le système, il ne peut y avoir de réel changement. Si les mesures
préconisées par le PCF avaient reçu à l’époque un large soutien populaire, le
cours des choses aurait été bien différent, y compris la question européenne.
Du reste, si vous relisez aujourd’hui « Changer de cap », le programme du
PCF, ou même le Programme commun de gouvernement de 1972, vous
constaterez avec le recul du temps et en regard de la situation actuelle le bien
fondé des propositions de l’époque dont certaines ne demandent qu’à être
actualisées. Chacun doit donc assumer ses responsabilités face à l’Histoire.
Le passage à la construction d’une société socialiste ne peut se faire
que sur la base d’un rapport des forces sociales et politiques, favorables
au peuple et ne peut être que le résultat de sa volonté et de sa lutte. Une
trentaine d’années plus tard le peuple français, sans tirer les leçons de ses
expériences, continue de voter tantôt à gauche, tantôt à droite sans avoir
encore conscience qu’il confie en réalité son pouvoir aux mêmes maîtres de
la finance et de l’économie. La politique qu’il vit au quotidien reste par conséquent
la même et rien ne change dans l’entreprise, dans la vie économique
à laquelle il consacre l’essentiel de son existence. Bien entendu, la situation
s’est aggravée au fil des trois décennies qui se sont écoulées depuis 1981
et il commence à payer chèrement sa marche « droite-gauche-droite-gauche
» à coups de chômage, d’impôts, de taxes, d’exclusions, de restrictions, de
lois liberticides et de guerres. Mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même car
c’est en dernier ressort lui qui décide, par ses luttes et ses votes. Souvenonsnous
toutefois que l’Histoire a montré que les révolutions ne sont pas prévues
dans les calendriers électoraux de la bourgeoisie.
La priorité est à l’action sur des propositions
révolutionnaires
Géostratégie : La responsabilité serait-elle uniquement le fait d’un
peuple ignorant de la chose politique et de sa propre histoire ou plus préoccupé
par ses « petits problèmes » que du devenir de la société et de la planète?
Le journaliste indépendant et écrivain Jean-Loup Izambert et son livre
«Pourquoi la crise» publié aux éditions Amalthée…
J-L.I. : Non, bien évidemment. La crise n’incite pas à la réflexion
et à l’action. Les médias qui sont la propriété privée des milliardaires par
banques et sociétés de communication interposées jouent un rôle important
dans la désinformation et l’abrutissement des masses. Le fait qu’un navet
comme le film « Bienvenue chez les Chtis » soit élevé au rang de succès
cinématographique ou que des foules honorent comme un dieu la mort d’un
pantin médiatique comme Michael Jackson qui, en dehors du fait qu’il n’a
rien apporté d’essentiel à la musique, se droguait, couchait avec des petits
enfants et s’était fait tirer et blanchir la peau pour ne plus être noir en dit assez
long sur le niveau culturel d’une frange des sociétés occidentales. Nous
Les Etats-Unis sont en pleine faillite, leur dette financière n’est plus
remboursable et ne peut plus qu’être remise.
sommes bien loin des grands musiciens et chanteurs comme King Oliver,
Sindey Bechet, Count Basie, Louis Armstrong, Ray Charles, Otis Redding ou
d’autres dont les musiques populaires traversent les générations ! Ce n’est
qu’un aspect des conséquences des batailles que se livrent les transnationales
étasuniennes, européennes et japonaises pour le contrôle des grands
moyens de communication, des groupes de presse aux satellites en passant
par les majors du cinéma. Sans doute le peuple sortira-t-il de son hibernation
politique lorsque nous passerons de « Qui veut gagner des millions ? » à «
Qui va partir à la guerre ? »…
Depuis les années quatrevingt,
les dirigeants du PCF ont
commis de lourdes erreurs stratégiques.
Comme s’ils n’avaient pas
compris les leçons du passé, ils continuent
de rechercher des alliances
électorales avec d’autres partis réformistes
au lieu de privilégier des
propositions pour éveiller les consciences,
organiser de grands débats
nationaux sur les questions essentielles
et rassembler dans l’action
avec audace. Lorsqu’un parti ou
un mouvement posera des questions
comme « Comment contrôler
le système bancaire et financier ?
», « Quelle organisation bancaire
et financière pour l’économie ? »,
« Quelles mesures pour la gestion
démocratique des entreprises ? » ou
« Comment rendre à l’assemblée du
peuple sa représentation nationale ?
», questions dont les réponses sont
essentielles pour s’engager dans
une rupture avec le système, alors
la société commencera à s’éveiller.
Et dans l’immédiat, il ne faut pas
compter sur les états-majors syndicaux
qui sont surtout préoccupés
de canaliser le mécontentement afin
d’éviter les grandes colères qui commencent
à gronder.
Il est particulièrement lamentable
de voir des représentants
syndicaux négocier la diminution
du nombre de licenciés dans des entreprises
en pleine santé financière
quand ceux-ci devraient non seulement
appeler à la lutte pour le maintien
et le développement de l’emploi,
exiger des licencieurs l’ouverture
des comptes de l’entreprise et se battre
pour des droits nouveaux afin de
participer à leur gestion. Dites-moi
un peu à quoi servent les comités
d’entreprises quand des salariés découvrent
du jour au lendemain des
plans de licenciements prévus de
longue date ?! Avez-vous remarqué
comment le mouvement radical de
séquestration de responsables de ces
plans de licenciements né à la base
a été enrayé ? Ce type d’action très
intéressant a pratiquement disparu
des journaux télévisés et autres du
jour au le demain. Dans l’immédiat,
entre des partis dits progressistes
sans propositions révolutionnaires
et des syndicats au minimum compatissants,
le pouvoir des « compteurs
de petits pois », pour reprendre
la formule d’Hervé Sérieyx, ne pouvait
pas mieux espérer.
Géostratégie : Est-ce à dire
que la situation est politiquement
bloquée et qu’il sera difficile de sortir
de la crise ?
J-L.I. : L’idée selon laquelle il
pourrait y avoir sortie de crise sans
sortie du système qui l’engendre est
une hérésie. Autant vouloir soigner
une grippe sans tuer son virus. Cette
chimère ne vise, une nouvelle fois,
qu’à berner le peuple en lui faisant
croire que l’avenir sera meilleur s’il
accepte de nouvelles mesures antisociales
comme par exemple le report
de l’âge de la retraite à 65 ans.
Ce n’est que la suite logique du «
travailler plus pour gagner plus »
développé par l’UMP. Il n’y aura
pas de sortie de crise pour la simple
raison que le capitalisme ne peut
plus être aménagé. Vous avez pu
remarquer combien les médias des
puissances financières se font silencieux
tant sur l’origine de la crise,
ses conséquences générales et son
extension dans d’autres pays. Il faut
surtout éviter que les masses prennent
conscience de l’ampleur des
dégâts comme des responsables de
la situation pour mieux les enfermer
dans la fatalité et le renoncement à
la lutte.
Nous ne sommes plus en
démocratie
Géostratégie : Cela signifie-til
que l’appauvrissement continu de
la société va se poursuivre de
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Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009 Haïti Liberté 11
Le capitalisme en crise a besoin d'un conflit majeur
Suite de la page (11)
manière plus brutale au détriment
de l’intérêt général et au seul profit
des grands propriétaires privés de
l’économie ?
J-L.I. : Oui. Nous entrons dans
une nouvelle période où le chômage
s’accroît de manière considérable
et où des millions de citoyens supplémentaires
sont écartés du droit
de vivre dignement de leur travail,
où la collectivité humaine déjà
menacée va encore s’appauvrir tandis
que le clan des grands propriétaires
privés de l’économie va continuer
de s’enrichir. Selon le World
Wealth Report publié par la banque
d’affaires étasunienne Merrill Lynch
et Cap Gemini « la croissance de la
richesse des grandes fortunes financières
privées, devrait être de 7,7%
par an pour atteindre 59100 milliards
de dollars à l’horizon 2012
». Voilà des gens qui sont, eux, dispensés
de l’allongement de la durée
du travail comme de l’effort national
que les gouvernements occidentaux
tentent d’imposer aux peuples pour
leur faire payer une crise dont ils ne
sont pas responsables. Deux options
se présentent : la continuité du système
et la guerre ou la révolution.
La première hypothèse va se
traduire par un renforcement du
caractère autoritaire du pouvoir politique,
dernier stade de l’impérialisme
avant la dictature et la guerre, la
guerre économique conduisant toujours
à la guerre totale. C’est ce à
quoi nous assistons en France comme
dans la plupart des pays capitalistes.
Le pouvoir politique devient
plus autoritaire, toutes les libertés
sont graduellement réduites sous
prétexte de prévention, de sécurité
et d’ordre, les assemblées élues
sont amoindries dans leur pouvoir
de décision et d’intervention, qu’il
s’agisse des collectivités, des comités
d’entreprise et autres. A ce stade, la
bourgeoisie dispose encore des moyens
de diviser le peuple en favorisant
des « faux-nez » d’opposition
comme le Parti Socialiste en France
et en introduisant dans la vie politique
des courants rétrogrades dont
elle sait qu’ils contribueront à jeter le
trouble dans la bataille d’idées. C’est
le cas du mouvement Vert ou prétendument
écologiste qui a germé sur
une conséquence du capitalisme –
la détérioration de l’environnement
humain par les transnationales – et
grandit sur son fumier sans remettre
en cause le système, les causes profondes
de cette détérioration.
Géostratégie : Pourtant le
mouvement écologiste dénonce la
destruction de l’environnement ?
J-L.I. : Bien sûr et le Parti
Socialiste dit vouloir s’opposer à la
politique du Premier ministre de Nicolas
Sarközy de Nagy-Bocsa. Mais
vous pouvez dénoncer tout ce que
vous voulez, cela ne gêne nullement
la bourgeoisie du moment que vous
ne vous en prenez pas à l’essentiel,
à la cause, à l’origine de cette destruction:
son pouvoir politique et
celui des puissances financières, son
système et son mode de gestion des
entreprises et des sociétés humaines.
Le discours de ces écologistes opposés,
par exemple, à la maîtrise et au
développement de l’énergie nucléaire
rappelle ces mentalités arriérées qui
accusaient dans les années 1830 les
premiers trains à vapeur de répandre
la tuberculose dans les campagnes.
Quant à la LCR-NPA*, quelle que
soit ses changements de nom, cette
organisation a toujours contribué
à diviser et affaiblir le mouvement
populaire avec une phraséologie
pseudo-révolutionnaire et elle doit
être combattue comme telle. Elle
est du reste complètement absente
des mobilisations ouvrières contre
la crise.
La question du Front
National
Géostratégie : Et le Front National
?
J-L.I. : Il en va un peu de même
pour le Front National qui dénonce
les puissances financières mais dont
le programme politique n’envisage
aucune mesure économique radicale
pour mettre un terme à leur domination
et contraindre les maîtres de
l’économie à rendre gorge. Contrairement
aux campagnes de ce parti,
ce ne sont pas les immigrés qui sont
responsables du chômage. Je parle
bien entendu de l’immigration qui
vient travailler en France avec une
qualification, s’y former dans le cadre
de contrats avec des entreprises
ou des universités ou y est présente
depuis plusieurs générations et non
de l’immigration clandestine issue
de l’aggravation de la misère qui
déserte son combat national pour
changer l’ordre des choses. Cette
dernière, la plupart du temps inculte,
sans formation, analphabète, parfois
trafiquante au-lieu d’être parquée
dans des camps de rétention
aux frais des contribuables devrait
être reconduite aux frontières sans
atermoiements. Essayez donc comme
français de vous rendre clandestinement,
« sans papiers », dans un
pays d’Afrique ou même en Albanie
pour juger de l’hospitalité qui vous
sera réservée…
Ce qui coûte cher à la France
c’est le grand patronat qui attire et
utilise cette main d’oeuvre bon marché
et inculte pour briser le tissu
social et les avancées démocratiques
qui sont autant d’obstacles à
son enrichissement. Et quand cela
lui est insuffisant, il délocalise les
entreprises, comme le groupe Michelin,
pour faire du chômage en
France et produire à moindre coût
et bien souvent à qualité inférieure
dans des pays à la main d’œuvre
corvéable à merci. Je le rappelle :
350 millions d’enfants sont actuellement
surexploités par les transnationales
à travers le monde ! Je rappelle
également, puisque personne
n’en parle, que le grand patronat
français a reçu près de 65 milliards
d’euros de subventions de l’Etat
tout en bénéficiant de 8,5 milliards
d’euros d’exonérations fiscales, de
25 milliards d’euros au titre d’une
ribambelle de prêts bonifiés et de la
baisse du coût du travail, etc. Dans
le même temps l’Etat ne budgétisait
que 6 milliards d’euros pour le logement
et 5 pour une justice qui se
situe déjà parmi les derniers pays
d’Europe par son budget !…
Ce qui coûte cher à la France,
c’est le grand patronat, le chômage
qu’il fabrique et son organisation
corrompue, le Medef. Le Front National
ne reconnaît pas la lutte des
classes, condition essentielle du
combat pour l’émancipation humaine,
raison pour laquelle il ne
pourra pas mener jusqu’au bout le
combat qu’il prétend mener, ce qui
ne veut pas dire qu’il n’aurait pas
un rôle à jouer. Mais pour prétendre
être « front » et « national » sans
doute faudrait-il qu’il se réfère plus
à l’avenir qu’au passé dans son discours
et ses propositions et que ses
militants n’hésitent pas à se trouver
aux côtés des travailleurs en lutte
pour la défense de leur avenir au lieu
de pratiquer un discours antisyndical
d’un autre âge. Quand le Front
National désignera pour cible le clan
des milliardaires qui pille la France
au lieu des immigrés qui contribuent
à l’enrichir par leur travail, quand
ce parti proposera et appellera à la
lutte pour nationaliser la haute finance,
rendre à la nation ce qui lui
appartient, développer la démocratie
directe, alors celui-ci commencera à
être crédible comme « front national
». Cette logique s’inscrirait d’ailleurs
dans la lignée de ses propositions
pour une «Europe des peuples » par
opposition à « l’Europe des banques
».
Pour l’heure il reste enfermé
dans un discours anticommuniste,
antisyndical, anti-fonctionnaire et
s’accroche aux oripeaux du système
comme l’église catholique – je parle
bien entendu de l’institution et non
de la croyance, même si je suis athée
– et s’oppose ainsi à tout grand rassemblement
national sur des propositions
de rupture. Imaginez la force
que représenteraient le rassemblement
et la mobilisation des organisations
– partis politiques, syndicats,
associations, etc. – agissant de
concert sur des objectifs communs
de rupture, chacun conservant, bien
évidemment, son identité. Un Front
National ouvert, démocratique, aux
propositions novatrices, en prise
avec la société en lutte pourrait jouer
ce rôle de rassembleur. Après chacun
prendra ses responsabilités de
l’accompagner ou non sur les objectifs
en question mais la clarté serait
faite dans la société sur qui défend
réellement l’intérêt général des français.
Pourquoi le Front National ne
soutient-il pas les travailleurs qui
séquestrent les licencieurs dans des
entreprises en bonne santé pour exiger
des droits nouveaux dans les
entreprises ? Visiblement, les propositions
de changement font défaut
et se limitent plutôt aux périodes
électorales qu’au vécu quotidien des
français. Bien entendu le rejet du
Front National par la classe politique
est injustifiable.
Mais pour une part, il porte
la responsabilité de cette situation
en ne désignant pas les vrais responsables
de la crise et en restant
enfermé dans un carcan droitier et
populiste qui l’empêche, pour partie,
de prétendre à devenir national et
populaire. Des dirigeants trop souvent
issus de partis bourgeois ou à
« l’idéologie de reclus » s’identifient
par leur propos et leur image plus
aux forces du passé qu’à une force
porteuse d’avenir et de changement
radical. Même si aucune perspective
de changement réelle n’existe
à l’heure actuelle, la grande bourgeoisie
est très préoccupée par la
réduction de son assise populaire.
Plusieurs faits en attestent comme
ses tentatives répétées de faire voter
plusieurs fois les peuples ou de remplacer
un vote populaire sur des
questions qui engagent toute la nation
par celui du Parlement lorsque
leurs votes ne lui conviennent pas,
la tentative de se fabriquer des circonscriptions
sur mesure, etc. Nous
ne sommes plus en démocratie…
Les forces vives de la nation
absentes du Parlement
Géostratégie : …Parlement
dont les membres sont pourtant élus
par le peuple ?
J-L.I. : Oui, mais les Parlements
ne représentent plus vraiment
les peuples dans les pays occidentaux
et leurs élus nationaux sont
de plus en plus coupés des citoyens.
Je n’évoque même pas le cas du Sénat
français qui est une assemblée
inutile et coûteuse qui devra être
supprimée afin de renforcer les moyens
et l’efficacité de l’assemblée des
représentants de la nation. Si vous
vous intéressez à la composition de
l’Assemblée Nationale française,
vous constaterez que sur les 577
députés, ne figure qu’un seul député
issu de la classe ouvrière, le député
communiste Maxime Gremetz, et un
seul salarié agricole, le député des
Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle
qui est technicien agricole. Quant
aux artisans, la « première entreprise
de France », selon leur slogan,
ne compte que deux élus ! Par contre
vous trouvez vingt-deux « sans
profession déclarée » parmi lesquels
dix-neuf UMP, la plupart fils et filles
de petits bourgeois, quinze permanents
politiques, tous de l’UMP
et du PS, qui faute de faire métier,
ont fait carrière dans la fonction
d’élu et n’ont jamais participé aux
forces vives de la nation, trente-huit
avocats et, toutes catégories confondues,
184 fonctionnaires dont
l’essentiel n’est pas représentatif de
la fonction publique, exception faite
des enseignants qui forment le gros
de cette troupe avec les hauts fonctionnaires.
Dans les faits, ce Parlement
français n’est pas représentatif
de la société française dans sa composition
socioprofessionnelle.
Les forces vives, classe ouvrière
en tête, celles qui font le pays
et connaissent les problèmes du
quotidien, les drames de la vie sont
quasiment absentes du lieu où se décident
les lois ! Où sont les ouvriers,
les marins-pêcheurs, les paysans,
les ingénieurs, cadres et techniciens
? Ceux qui font vivre la France dans
ce qu’elle a d’essentiel, de généreux,
de génie créateur, délèguent en
masse leur voix et leur pouvoir à de
petits bourgeois et à des politiciens
carriéristes qui, une fois élus, ont
tôt fait de les oublier ! De plus, le
mode de scrutin ne permet pas une
véritable représentation du peuple.
L’Assemblée Nationale française est
bien moins démocratique dans sa
composition et son fonctionnement
que la Douma en Fédération de
Russie dans laquelle tous les partis
ayant obtenu un minimum de suffrages,
sont représentés. En France,
lors du premier tour des élections
législatives de juin 2007, l’UMP
s’est attribué 98 députés avec 10,28
millions de suffrages alors qu’il en a
fallu 6,43 millions au Parti Socialiste
pour en obtenir un seul ! Quant
au PCF et au Front National, ils n’en
obtenaient aucun avec un peu plus
de 1,11 millions chacun ! Le propos
n’est pas de savoir si l’on est d’accord
ou pas avec la politique proposée par
ces partis mais de constater que le
mode de scrutin ne permet pas une
représentation équitable des courants
de pensée de notre société. Le
second tour de scrutin avec ses alliances
opportunistes et politiciennes
ne fait qu’aggraver la situation en
excluant des millions d’électeurs de
leurs choix et de la représentation
nationale. Faute de proportionnelle
intégrale, un français sur trois n’est
pas représenté au Parlement.
Géostratégie : S’il n’y a pas
grand-chose à attendre des partis
politiques et des assemblées élues,
comment les citoyens peuvent-ils
modifier le cours des choses ?
J-L.I. : La démocratie est
d’abord ce que les citoyens en font.
Ils peuvent intervenir auprès des
maires des communes, généralement
plus accessibles pour changer
la donne sur des problèmes locaux
mais également auprès des députés
pour des questions qui relèvent de
la politique nationale. Les citoyens
peuvent très bien se grouper et agir
sur des objectifs de rupture avec le
système – par exemple, refuser tout
licenciement dans les entreprises qui
font des profits, s’opposer aux délocalisations,
exiger la construction de
nouveaux logements, l’embauche de
professeurs pour les écoles, de personnels
pour les hôpitaux, les services
postaux, etc. – et obliger leurs
élus à s’engager sur leurs revendications,
à leur rendre des comptes
sur leurs votes dans les assemblées,
ce qui ne se fait pratiquement plus.
Mais les questions fondamentales
du passage à une démocratie politique
avancée et du contrôle des
grands moyens de production, de
financement et d’échange restent
toujours à conquérir. D’une manière
générale, de mon point de vue, les
luttes sociales demeurent encore
bien en retrait dans leur contenu et
leur combativité pour faire front aux
attaques dont le monde du travail
est l’objet.
Mais l’entreprise reste le cœur
des batailles à venir : c’est là que les
salariés doivent agir pour obtenir de
nouveaux droits leur permettant de
participer à la gestion et de bénéficier
des bons résultats auxquels ils
contribuent. Dans les faits comme
l’explique Hervé Sérieyx dans mon
livre, « il s’agit de passer du « personnel-instrument
» au service de
l’organisation à « l’organisationinstrument
» au service des personnes.
» Il s’agit de cheminer d’une
organisation d’entreprise destinée à
gérer la docilité à une organisation
qui suscite chez chacun de ses membres
le désir d’y devenir un acteur
engagé. La route est difficile mais
les partis politiques classés habituellement
comme « progressistes » ont
failli à leur tâche. Il ne suffit pas que
le monde capitaliste s’écroule pour
qu’une nouvelle société prenne le
relais. L’émancipation du peuple sera
l’œuvre du peuple lui-même et à ce
jour l’absence d’un courant révolutionnaire
important fait défaut pour
éclairer les citoyens sur des propositions
de rupture avec le système
finissant. C’est l’outil qui manque
pour favoriser cette transformation
politique et sociale. Le peuple est
égaré, ce qui ne veut pas dire qu’il
n’est pas en attente ou demandeur
de solutions pour changer la vie.
Des premières mesures
d’un gouvernement
révolutionnaire
Géostratégie : Quelles seraient
les premières mesures que
devrait prendre un gouvernement
révolutionnaire ?
J-L.I. : Le pouvoir devra immédiatement
stopper toutes transactions
financières internationales le
temps de procéder immédiatement à
la nationalisation de la Banque de
France et du secteur bancaire et financier,
exception faite des sociétés
coopératives de banque qui présentent
dans leurs principes des critères
de gestion démocratiques. L’un des
premiers objectifs du nouveau pouvoir
devrait également consister
à donner de nouveaux droits aux
sociétés coopératives, tout particulièrement
afin que leurs sociétaires
disposent des moyens réels de faire
respecter les principes de gestion par
les dirigeants quand ce n’est pas le
cas. La banque et la finance sont
le cœur de l’activité économique et
c’est d’abord là que des mesures
nationales et radicales doivent être
prises avant d’envisager par la suite
une action de proposition plus importante
au niveau européen et international,
à l’ONU par exemple ou
par d’autres organisations internationales.
De même, il devra formuler
dans un second temps des propositions
pour changer ces vieux outils
du capitalisme (Fonds Monétaire
International, Banque Mondiale, Organisation
Mondiale du Commerce,
etc.) Sur ces points, le gouvernement
de Vladimir Poutine de la Fédération
de Russie peut permettre d’avancer
rapidement puisqu’il est déjà prêt à
agir, à proposer et à soumettre au
débat des solutions. Il ne faut pas
perdre de vue que les mesures qui
permettraient d’envisager un avenir
meilleur sont également valables
pour tous les peuples. Parler de la «
réglementation de la vie économique
» ou de « réguler les marchés financiers
» comme le président français
et ses homologues occidentaux en
Suite à la page (16)
12
Haïti Liberté
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009
Perspectives
Le moral des
troupes américaines
et britanniques en
Afghanistan s'effrite
Par James Cogan
Ce mois-ci a vu plusieurs reportages
traitant du front afghan
qui laissaient entrevoir combien la
démoralisation gagnait les troupes
américaines et britanniques là-bas
pour tuer et se faire tuer au service
d'une occupation néo-coloniale. Ces
articles indiquent que de nombreux
soldats pensent que cette guerre
n'est pas justifiée et ne mérite pas de
mourir pour elle.
Le 8 octobre, le Times de
Londres a publié les commentaires
d'aumôniers aux armées et de personnels
militaires de deux bataillons
de la 10e division de montagne qui
sont dans le dernier trimestre d'un
déploiement d'un an dans la province
de Wardak, au sud de Kaboul.
Sur 1500 hommes, 19 sont morts
au combat, un s'est suicidé et au
moins 100 ont subi des blessures
graves. Les patrouilles ont sauté au
moins 180 fois sur des engins explosifs
improvisés [IED - improvised
explosive devices] ou des mines.
Plus de 100 autres dispositifs explosifs
ont été détectés avant qu’ils
explosent. Les troupes sont rarement
aux prises directement avec
la guérilla talibane, elles opèrent
parmi une population civile qu'elles
soupçonnent fortement de soutenir
les insurgés contre l'occupation. Le
capitaine Sam Rico, aumônier dans
un bataillon d'artillerie, a déclaré, «
Tous ceux avec qui on parle sont découragés.
Ils sentent qu'ils risquent
leurs vies pour des gains qui sont
difficiles à voir. Ils sont fatigués,
épuisés, ils doutent et ils veulent
juste s'en sortir. » Pour le sergent
Erika Cheney, spécialiste en santé
mentale, « Ils sont fatigués, frustrés,
traumatisés. Un grand nombre
d'entre eux ont peur de partir
[en patrouille], mais le font quand
même. »
Le taux de suicide parmi
les militaires américains
en Afghanistan continue à
augmenter. À la fin de septembre,
il y a eu 117 suicides dans l'armée
et 38 chez les Marines…
Un soldat de 20 ans, le spécialiste
Raquime Mercer, commente,
« Nous sommes perdus. C'est comme
ça que je le sens. Je ne sais pas
vraiment pourquoi on est là. J'ai
besoin d'un objectif bien défini si je
suis censé risquer d'être blessé ou
de mourir ici. La principale question
des soldats est : qu'est-ce qu'on
peut faire pour arrêter cette guerre
? Qui faudrait-il capturer ? Quel
objectif faut-il prendre ? Les soldats
veulent des réponses précises, autre
chose qu'arrêter les talibans, parce
que ça semble quasi-impossible.
C'est difficile d'attraper quelqu'un
qu'on ne voit pas. »
La frustration, la peur et les
pertes parmi les troupes d'occupation
peuvent entraîner une haine et un
désir de vengeance contre le peuple
occupé. C'est ce qui a entraîné
d'innombrables atrocités au cours
des guerres coloniales.
Le spécialiste Éric Petty a
déclaré au Times, « Les soldats sont
en colère parce que des collègues
perdent leur vie en essayant d'aider
une population qui ne les aidera
Suite à la page (18)
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leurs enfants, leurs proches, leurs amis, parrainer un enfant qui se
trouve dans l'impossibilité d'aller à l'école et même canaliser une
institution spécialisée dans le domaine d'aide à l'éducation.
Plus on est civilisé, plus on devient fort, grand sera notre peuple
économiquement,socialement et culturellement, car tant vaut
l'éducation tant vaudra la nation.
Jean-Robert Panier
Fondateur du CCF
Honduras : « Douze syndicalistes
ont été tués depuis le coup d’Etat »
2ème partie et fin
Les travailleurs sont les principales
victimes du coup d’Etat qui
a renversé le président hondurien,
Manuel Zelaya, le 28 juin dernier.
Les syndicats se mobilisent pour
réclamer le retour à la démocratie,
mais beaucoup de militants et de
militantes ont perdu la vie, sont
emprisonnés et torturés. Le gouvernement
de facto contrôle la
presse. Erasto Reyes, un avocat
engagé auprès du mouvement syndical
et l’un des meneurs du Front
national de résistance contre le
coup d’Etat [1], témoigne des exactions
commises. Il appelle à la
solidarité syndicale internationale.
/ Propos recueillis par Samuel
Grumiau, CSI, 12 octobre 2009
Samuel Grumiau : Les syndicats
honduriens peuvent-ils encore
fonctionner depuis lors ?
Erasto Reyes : L’activité de
chaque syndicat s’est réduite en
raison de la peur d’être agressé à
l’occasion d’éventuelles rencontres
syndicales. Tous les dirigeants
syndicaux reçoivent des menaces.
Une bombe a explosé dans les
toilettes du siège du syndicat du
secteur industriel de la boisson,
STIBYS [6], mais elle n’a pas fait
de victimes car l’incident a eu lieu
peu après le départ des militants,
qui s’étaient réunis pour les
funérailles d’un dirigeant syndical
assassiné.
Certains syndicats bravent le
danger, tel STIBYS, qui a même
organisé son congrès en août
dernier. Cela dit, beaucoup de
syndicalistes manquent de temps
pour les activités syndicales car ils
sont aussi impliqués dans le Front
national de résistance contre le
coup d’Etat.
Samuel Grumiau : En dénonçant
les exactions commises depuis le
coup d’Etat, ne craignez-vous pas
pour votre propre sécurité ?
Erasto Reyes: Si, bien sûr. Ceux
qui dénoncent courent beaucoup
de risques, mais nous ne pouvons
rester silencieux face à ce qui se
passe dans notre pays. C’est pour
ça que nous demandons à la CSI
et à toutes ses organisations
affiliées de nous soutenir, de tout
faire pour divulguer les exactions
commises au Honduras, afin que
ça s’arrête.
Samuel Grumiau : Comment
les syndicats nationaux et
internationaux peuvent-ils vous
aider ?
Erasto Reyes : D’abord en
condamnant le coup d’Etat et en
diffusant des informations sur
ce qui se passe actuellement au
Honduras. Ensuite, par l’envoi de
missions syndicales sur le terrain
afin de constater les violations
des droits humains et syndicaux.
Nous souhaitons aussi que les
syndicats fassent pression sur
leurs gouvernements pour qu’ils
n’envoient pas d’observateurs
lors des élections du 29 novembre
(le gouvernement actuel attend
ces observateurs et une aide
Erasto Reyes, un avocat engagé auprès du mouvement syndical et l’un
des dirigeants du Front national de résistance contre le coup d’Etat
financière pour la tenue de ces
élections). Nous avons également
besoin d’aide financière et
matérielle, notamment sur les
plans alimentaire et médical.
Beaucoup de militants souffrent
de fractures suite à la répression,
mais dans les hôpitaux, on ne
trouve même plus de broches pour
ressouder les os.
Samuel Grumiau : La communauté
internationale a largement
dénoncé le coup d’Etat, mais ça
ne semble pas impressionner
beaucoup ses auteurs…
Erasto Reyes : Tout ne va pas
être immédiatement résolu, il
s’agit d’une lutte de longue
haleine, mais nous voulons qu’à
la fin, les auteurs de ces violations
des droits humains et syndicaux
répondent de leurs actes. Nous
espérons que ça servira d’exemple
pour dissuader d’autres atrocités
et coups d’Etat dans le futur. Si les
condamnations internationales
n’ont pas donné de résultat
jusqu’ici, il faut des mesures
plus concrètes, combinées à
un maintien de la pression de
la part du peuple hondurien.
Le mouvement syndical
international pourrait appeler à
des sanctions économiques contre
le gouvernement actuel. Le simple
fait de menacer le Honduras d’être
exclu de l’Accord de libre-échange
d’Amérique centrale pourrait
avoir un effet, car les pertes
économiques seraient énormes.
Samuel Grumiau : Comment
décrire la situation économique
du commun des Honduriens ?
Erasto Reyes : Le Honduras est
l’un des pays les plus pauvres
de la région. Le président
Zelaya avait augmenté le salaire
minimum à 202 euros, mais
c’est encore inférieur de 20% au
revenu nécessaire pour couvrir
les besoins quotidiens d’une
personne. De plus, très peu de
travailleurs touchent ce salaire
minimum. La crise économique
mondiale a également eu un
impact au Honduras : environ
20.000 emplois ont été perdus
depuis le début de l’année. Ca
ne va pas s’arranger car les
entreprises déclarent perdre des
millions depuis le début du coup
d’Etat, entre autres en raison des
blocages de routes et parce que
de nombreuses personnes n’ont
pu se déplacer pour se rendre
sur leur lieu de travail. Dans
les maquilas, des employeurs
sont en train de contraindre les
travailleurs et travailleuses à
prester de très nombreuses heures
supplémentaires pour rattraper le
temps perdu suite à l’état de siège
déclaré par le gouvernement de facto.
Notes
[1] Frente Nacional de Resistencia
Contra el Golpe de Estado, dont
font partie les trois affiliées de la
CSI au Honduras (CUTH, CGT et
CTH)
[2] Consejo Cívico de Organizaciones
Populares Indígenas de Honduras
(COPINH)
[3] L’ALBA est une organisation
politique, sociale et économique
promouvant la coopération entre
les pays de l’Amérique latine et des
Caraïbes
[4] Zones franches d’exportation
[5] Pour plus de détails à ce sujet,
voir le rapport annuel des violations
des droits syndicaux de la CSI
[6] Sindicato de Trabajadores de la
Industria de las Bebida y Similares,
affilié à l’UITA
Confédération Syndicale
Internationale (CSI) 12 octobre
2009
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009 Haïti Liberté 13
Perspectives
Le président français Sarkozy soutient la ligne dure de
Washington contre l’Iran
Par Antoine Lerougetel
Les appels belliqueux du président
français, Nicolas Sarkozy,
à agir contre les installations nucléaires
iraniennes ont été accueillis
avec surprise et satisfaction par les
médias américains. Le soutien de
Sarkozy à la ligne dure de Washington
contre l’Iran fait partie des
efforts plus généraux déployés par
l’impérialisme français pour élargir
sa sphère militaire et géopolitique
mondiale. Ceci inclut les interventions
entreprises au Kazakhstan et
à Djibouti.
Le Washington Post du 1er
octobre a fait savoir que : « La
semaine dernière, à l’occasion de
l’assemblée générale de l’ONU à
New York, [Sarkozy] a durci son
discours en disant que la main tendue
avait été refusée dans ce qui
semblait être un défi à Obama, et
se demandait s’il valait la peine
d’attendre un geste en retour. » Le
Post cite Sarkozy disant sèchement,
« Entre-temps, les centrifugeuses
continuent de tourner. »
Dans un commentaire intitulé
«La pique atomique française
», le Wall Street Journal écrivait le
29 septembre, « Nous n’aurions
jamais cru qu’un jour le président
de France ferait preuve de plus de
détermination que le commandant
en chef des Etats-Unis en réponse
à l’un des plus sérieux défis sécuritaires
au monde. Mais c'est le
cas.»
L’Allemagne et la France sont
respectivement le premier et le quatrième
investisseur les plus actifs en
Iran. Sarkozy, en rupture avec la
tradition nationaliste gaulliste pour
une certaine indépendance par rapport
aux Etats-Unis, est parvenu
à la conclusion que les intérêts du
capitalisme français en Iran et de par
le monde seront infiniment mieux
défendus au moyen d’une étroite collaboration
avec les Etats-Unis. Ceci
signifie une implication active dans
les guerres néo-coloniales menées
par les Etats-Unis pour s’assurer le
contrôle de l’exploitation des ressources
de la région. La décision
prise l’année dernière par la France
de réintégrer le commandement de
l’OTAN en révoquant la décision de
retrait de 1966 de Gaulle, s’inscrit
pleinement dans le processus de
Sarkozy de s’écarter du gaullisme
traditionnel.
La politique étrangère du
président français est motivée par
l’intensification de la concurrence
géostratégique entre grandes puissances
pour les ressources énergétiques
mondiales, tandis que
l’Europe et les Etats-Unis sont de
plus en plus défiés par la Chine. La
crise économique mondiale accélère
ce processus. La principale raison de
cette ruée sont les énormes dépôts
de gaz, de pétrole et autres ressources
stratégiques d’Asie centrale
et du bassin de la Mer Caspienne.
En juillet 2008, un livre blanc
exposant les projets militaires de la
France pour les quinze prochaines
années préconisait une « concentration
sur un axe géographique
prioritaire, allant de l’Atlantique
jusqu’à la Méditerranée, au golfe
Arabo-Persique et à l’océan Indien.
» Le document poursuit, « Cet axe
correspond aux zones où les risques
impliquant les intérêts stratégiques
de la France et de l’Europe sont les
plus élevés. »
Sarkozy a justifié sa position
dure envers l’Iran en suggérant que
si Israël voyait trop peu de détermination
de la part des Etats-Unis, il
pourrait agir tout seul et porter des
frappes aériennes contre les installations
nucléaires iraniennes, une
action qui aurait des conséquences
incommensurables. Pour le moment,
la menace d’un embargo,
notamment sur le pétrole raffiné,
est soulevé dans l’espoir d’obliger
le gouvernement du président Mahmoud
Ahmadinejad à abandonner
le programme nucléaire.
La question de la possibilité
pour l'Iran de développer l'arme nucléaire
est exagérée afin de servir de
prétexte à l'effort de l’impérialisme
américain de créer en Iran un régime
disposé à laisser les groupes
américains exploiter ses réserves
de pétrole et de gaz, comme c’est
présentement le cas dans l’Irak occupé.
La rhétorique anti-Iran de
Sarkozy fait partie de sa campagne
islamophobe d’interdire le port de la
burqa. Ces deux éléments visent à
influencer l’opinion publique française
et à organiser un soutien pour
le militarisme français grandissant.
Un sondage publié au printemps
dernier a révélé que 68 pour cent
de la population française désapprouvaient
l’envoi de troupes en
Afghanistan et seulement 15 pour
cent se sont dit en faveur.
Dans le même temps, l’échec
des Etats-Unis à créer un Irak
stable, cela reste un bourbier militaire
où quelque 120.000 soldats
américains sont déployés, et les
difficultés de plus en plus grandes
à réprimer la résistance afghane,
ont affaibli le gouvernement Obama
et la crédibilité de l’impérialisme
américain. La France, tout comme
les autres rivaux des Etats-Unis, a
bien l'intention de tirer parti de cette
situation.
La visite de Sarkozy au
Kazakhstan
Le 6 octobre, Sarkozy était
en visite au Kazakhstan. Le Monde
écrivait ce jour-là, « L’intérêt du Kazakhstan
pour la France est avant
tout géostratégique. Il veut en faire
son allié privilégié en Asie centrale,
comme le Brésil en Amérique
latine, l’Egypte en Afrique, et
l’Inde en Asie. En pleine guerre
d’Afghanistan, la France veut aussi
sécuriser l’approvisionnement et le
transit des trois mille soldats français
déployés dans ce pays. Elle a
signé à cet effet un accord. »
Les intérêts géostratégiques
auxquels Le Monde fait allusion
comprennent en grande partie la
finance, la défense, le matériel
militaire et la sécurité des approvisionnements
en énergie. Sarkozy
était accompagné de représentants
d’entreprises françaises. Les deux
pays auraient signé 24 contrats d’un
montant total dépassant 6 milliards
de dollars. Comme Le Monde le remarquait
: « Paris veut aussi être
en mesure de contourner la Russie
pour s’approvisionner en hydrocarbures.
Total et GDF Suez ont
ainsi formalisé leur participation
à l’exploitation du champ gazier
Le belliqueux président français, Nicolas Sarkozy (à droite) et le
président des Etats-Unis Barack Obama
de Khvalinskoye, pour un milliard
d’euros. » Ils ont obtenu une participation
de 25 pour cent (1 milliard
d’euros) sur un futur champ gazier
et pétrolier situé en mer Caspienne
qui devrait être développé conjointement
par la firme pétrolière
russe Lukoil et la société d’Etat kazakh
KazMunaiGas. La production
devrait entrer en service en 2016.
Le champ est censé produire jusqu’à
trois mille milliards de mètres cubes
de gaz par an. « Un consortium
dirigé par la firme française Spie-
Capag a signé un protocole d’accord
s’élevant à 1,2 milliard de dollars
pour la construction d’un oléoduc
(Yeskene-Kurik) reliant le champ
pétrolier kazakh de Kashagan au
port d’Aktau sur le littoral de la Mer
Caspienne. »
Le Financial Times écrivait le 6
octobre : « La région devrait jouer
un rôle important pour contrebalancer
la domination de l’OPEC
sur les marchés pétroliers dans les
deux décennies à venir. Kashagan,
l’un des plus gros champs pétroliers
du monde, serait opérationnel
en 2012 pour produire finalement
plus de 1,5 million de barils de pétrole.
» Le groupe nucléaire français
Areva a signé un accord avec
le Kazakhstan qui dispose de vastes
réserves d’uranium et qui transfère
10 pour cent de sa production vers
la France. D’autres accords commerciaux
ont également été signés,
y compris des contrats ayant trait à
l’aéronautique, aux transports et au
matériel militaire pour les forces armées
kazakhes.
Le Kazakhstan n’a pas de
frontière avec l’Afghanistan mais
a une frontière commune avec
deux autres pays d’Asie centrale,
le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, qui
eux sont voisins de l’Afghanistan.
Tous ces pays sont d’importants
alliés dans la guerre des Etats-Unis
et de l’OTAN contre l’Afghanistan
et fournissent aux Etats-Unis des
passages pour l’acheminement de
matériel aux troupes qui y sont
stationnées. « Nous avons besoin
du Kazakhstan pour résoudre la
crise en Afghanistan et en Iran et
pour établir de nouvelles relations
avec nos amis russes dans la lutte
contre les extrémismes, » a dit
Sarkozy après la signature d’un accord
de transit avec le Kazakhstan.
Selon une dépêche du 6 octobre de
l’Associated Press, « Ces accords
fournissent à l’OTAN une importante
alternative au Pakistan où
des convois d’approvisionnement
en route vers l’Afghanistan ont été
attaqués par des insurgés. »
La présence de la Chine dans
la région montre que ce pays dispose
d’un potentiel pour poursuivre
ses propres intérêts aux dépens de
ses rivaux européens et américains.
Le Financial Times du 1er octobre
signale que « Depuis ces dernières
années, la Chine est en train
d'augmenter ses investissements
en Asie centrale, notamment au
Kazakhstan avec lequel elle a une
frontière en commun. Le Kazakhstan
s’efforce de répartir équitablement
ses intérêts géopolitiques entre
les puissances rivales que sont
la Russie, la Chine, les Etats-Unis et
l’Europe, mais la crise économique
la pousse davantage dans les bras
de la Chine. »
Le journal ajoute, « En avril,
la Chine a prêté 10 milliards de
dollars au Kazakhstan pour assurer
de futurs approvisionnements de
pétrole et pour payer l’acquisition
par China National Petroleum
Corp. (CNPC) d’une part équitable
de 50 pour cent de Mangistaumunaigas,
un producteur de pétrole
kazakh indépendant. Le CNPC allonge
également un oléoduc du Kazakhstan
à sa frontière nord-ouest
et construit un nouvel oléoduc pan-
Asie centrale pour acheminer du
gaz à la Chine. »
Le Financial Times cite un
analyste géopolitique disant :
« Compte tenu de l’ampleur de
l’investissement chinois dans ce
pays, il semblerait à présent impossible
pour le Kazakhstan de
prendre une décision de politique
étrangère allant à l’encontre de la
volonté de Beijing. »
La France prend en charge
la formation des troupes
somaliennes à Djibouti
Le secrétaire d’Etat aux Affaires
européennes, Pierre Lellouche,
a effectué du 9 au 11 octobre une
visite de trois jours à Djibouti. Ce
déplacement a mis l’accent sur une
plus forte présence militaire de la
France dans la région et la volonté
de l’Union européenne de s’établir
comme une puissance militaire
mondiale capable de concurrencer
les Etats-Unis. En tant qu’ancienne
colonie française stratégiquement
située sur le golfe d’Aden, emplacement
de la plus importante base militaire
française d’outre-mer, Djibouti
occupe l’extrémité méridionale de la
région du Moyen-Orient riche en pétrole
et en gaz.
La France est également fortement
impliquée dans l’«Opération
Atalante », l’opération de l’UE pour
combattre les actes de piraterie au
large des côtes somaliennes. Un
communiqué officiel publié par la
Diplomatie Française et concernant
la visite de Lellouche à Djibouti dit,
« Ce déplacement, qui coïncide
avec la visite à Djibouti des ambassadeurs
du comité politique et
de sécurité (COPS) de l’Union européenne,
permettra également de
mobiliser nos partenaires sur la
nécessité de prolonger l’«Opération
Atalante » par une contribution de
l’Union européenne au renforcement
de la sécurité dans la région.
Celle-ci passe en premier lieu par la
consolidation de l’Etat en Somalie.
C’est dans ce cadre que s’inscrit
l’initiative française de formation
des forces de sécurité somaliennes,
qui a déjà permis de former
150 soldats somaliens à Djibouti.
Nous agissons aussi pour renforcer
l’action en mer à travers la formation
et l’équipement de garde-côtes
de pays de la région. »
La France assure présentement
la formation d’un bataillon
somalien de 500 hommes dans le
désert djiboutien pour remplir les
fonctions de gardes présidentiels et
renforcer le fragile gouvernement
somalien de transition de Cheikh
Charif Cheikh Ahmed qui est impliqué
dans une guerre civile avec les
milices islamiques. Les Etats-Unis
fournissent des armes aux soldats
par le biais de l’Amisom (la mission
de l’Union africaine en Somalie) et
paient leur solde de 150 dollars US
par mois. Le but de la France est de
faire passer le nombre de gardes à
quelque 3.000 hommes.
Lors d’une conférence des
bailleurs de fonds en avril à Bruxelles,
144,8 millions d’euros ont été
promis pour stabiliser le pays, une
grande partie étant réservée pour
aller aux forces de sécurité. Sarkozy
a déclaré lors d’une réunion des
ambassadeurs le 26 août que « la
France ne laissera pas Al-Qaïda installer
un sanctuaire à notre porte en
Afrique. » Lellouche a invité les ambassadeurs
de l’UE à venir au Camp
Mariam, la base française à Djibouti,
et leur a demandé de contribuer à
la formation de personnels militaires
et d'interprètes. Il les a également
invités à participer à une force
militaire indépendante d’envergure
mondiale pour l’impérialisme européen
: « Pour la première fois, les
Européens peuvent prendre euxmêmes
la décision de s’engager
dans une zone lointaine qui concerne
leurs intérêts. » Le manque
d’opposition partout en Europe de
la part d’organisations telles le Parti
La Gauche en Allemagne et le Nouveau
parti anticapitaliste en France
est souligné par un commentaire du
Monde selon lequel l’intervention de
la France en Somalie n’a « pas fait
l’objet du moindre débat public. »
Ceux qui proclamaient en 2003
avant l’invasion de l’Irak que la «
vieille Europe », à savoir la France
et l’Allemagne, influencerait à la retenue
le militarisme américain, ont
eu tort. En 2003, ils pensaient pouvoir
mieux servir leurs propres intérêts
impérialistes en s’opposant à
la décision américaine de faire cavalier
seul et en réclamant le soutien
officiel de l’ONU pour l’invasion.
Mais, comme le dit le proverbe, les
impérialistes n’ont pas d’alliés permanents,
ils n’ont que des intérêts
permanents.
WSWS 27 octobre 2009
14
Haïti Liberté
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009
Votre Santé avant tout
Moyens naturels de
stimuler quelques
problèmes de la mémoire
Ak Dòk Fanfan
Les facteurs affectant la qualité
de la mémoire sont nombreux,
allant de la nutrition aux effets du
stress. Le Dr George V. Lombardi
professeur de neurologie au Weill
Medical College de l'Université
Cornell, donne les conseils suivants
pouvant améliorer de façon
optimum la concentration et la mémoire.
Ce ne sont pas des conseilsmiracles,
ce sont des recommandations
qui sur le long terme peuvent
s’avérer bénéfiques.
Vous oubliez vos rendezvous?
Dans une étude menée à
la Keele University en Grande
Bretagne, on a découvert que des
volontaires souffrant de douleurs
musculaires éprouvaient également
certains problèmes de mémoire
prospective, ou la capacité de
se rappeler des choses que l'on doit
faire à un moment donné. La raison
serait que la douleur provoque
une réponse dans le cerveau qui le
maintient au présent et l'empêche
donc de se projeter dans le futur.
Cela peut se traduire par l'oubli de
payer ses factures ou de se rendre
à un rendez-vous.
Conseil : Consommer des aliments
riches en magnésium. Celuici
réduira la tension dans les muscles
ou sur les articulations. Cela
devrait libérer le cerveau du moment
présent et se projeter sur les
évènements à venir et à garder en
mémoire. Parmi les aliments riches
en magnésium : les légumes verts,
les grains entiers, les amandes et
les noix, le chocolat, les fruits de
mer. On peut également consommer
un supplément de magnésium
à la dose de 400 à 750 mg par
jour.
Vous ne trouvez plus les
mots justes
Un sommeil perturbé peut
être en cause. Le neurotransmetteur
acétylcholine est responsable
de la vitesse de fonctionnement des
cellules cérébrales. Une production
adéquate d'acétylcholine est donc
nécessaire pour être en mesure de
se rappeler des mots exacts, des
noms et des situations. Mais la
production de ce neurotransmetteur
est compromise par l'insomnie
et les troubles du sommeil.
Conseil : Augmentez votre
apport en phosphatidylsérine, un
acide aminé que l'on trouve naturellement
dans les œufs, le soja,
le riz et les légumes verts. Des
études suggèrent de consommer
quotidiennement de 300 mg à 500
mg phosphatidylsérine sous forme
de supplément. Ce supplément
pourrait corriger une déficience
d'acétylcholine en 12 semaines et
améliorer les déficiences de la mémoire
de ce type.
Vous ne retrouvez plus vos
clefs?
Lorsque l'on est absorbé par
la même routine, jours après jours,
les lobes temporaux du cerveau,
impliqués dans le processus de
mémoire à court terme, finissent
par se mettre à fonctionner plus
lentement et se mettre sous une
forme " d'auto-pilote ", selon des
chercheurs de l'Université Durham
de la Caroline du Nord. Cela
aboutit à des " trous de mémoire
" concernant des évènements récents.
Oublier l'endroit où l'on a
placé ses clefs, où est stationnée
l'auto, etc.
Conseil : Consommer des
aliments riches en acides gras
essentiels Oméga-3, particulièrement
en DHA (1), sous forme
d'aliments (poissons, fruits de
mer) ou sous forme de supplément,
tel que l'huile de Krill ou
de poisson. Une bonne technique
pour améliorer cette déficience de
la mémoire est de changer régulièrement
ses plans, modifier ses
habitudes. Changer de route pour
aller au travail ou vous initier
régulièrement à de nouvelles activités.
Selon les chercheurs de la
Chicago's Bush University Medical
Center, le simple fait de consacrer
15 minutes quotidiennement
à l'apprentissage d'une nouvelle
activité améliorera votre capacité
de mémorisation.
Vous rêvassez lorsque vous
lisez, vous manquez de
concentration
Une diète pauvre en protéines
abaisse le taux de dopamine,
un neurotransmetteur agissant
également comme stimulants du
système nerveux, de la fonction
de l'attention et de la concentration.
Conseil : Tous les aliments
riches en acides aminés tels que la
tyrosine et la phénylalanine sont
des acides aminés précurseurs de
la dopamine. Les amandes, avocats,
bananes, produits laitiers,
fèves lima, graines de giraumont
sont d'excellentes sources
de tyrosine. Il existe également
la possibilité de consommer de la
L-tyrosine sous forme de supplément.
Les personnes sous traitements
à base d'inhibiteurs de
la monoamine oxydase (MAO)
(prescrits dans les cas de dépression)
doivent limiter leur consommation
de tyrosine au minimum
et s'abstenir d'en consommer sous
forme de suppléments.
Un massage réduira la production
de cortisol et stimulera
la production de dopamine. Une
équipe de chercheurs en Italie a
découvert que l'utilisation de la
musicothérapie, ou l'écoute de
certains sons, stimulait également
la production de sérotonine et de
dopamine dans le cerveau.
(1) DHA : acide docosahexaénoique)
est un acide gras
de la famille des Oméga 3 (famille
d’acides gras). On le trouve surtout
dans les poissons gras, comme
le saumon, le thon, le hareng,
la sardine, le maquereau.
« Etre bègue, c’est plus que
bégayer… »
Dr. Kesler Dalmacy
1671 New York Ave.
Brooklyn, New York 11226
Tel: 718-434-5345
Le docteur de la
Communauté Haïtienne
à New York
Dr. Joel
Henriquez Poliard
M.D.
Family and Community
Medicine
Public health and Pedriatics
5000 N.E. Second Ave,
Miami FL, 33137
tel. (305) 751-1105
Tel était le thème de la 12°
journée mondiale du bégaiement…
fixée par l’OMS (Organisme
Mondial de la Santé) au 22
octobre dernier. De nombreux colloques
et manifestations se sont
déroulés à travers le monde.
« Ce handicap, car il faut bien
l’appeler comme cela, fait souffrir
beaucoup de gens, sans que l’on ne
s’en aperçoive… il semble anodin,
souvent pris au second degré, parfois
nié par les parents chez le jeune
enfant et du coup il s’enkyste,
il entraîne trop souvent la dérision,
les moqueries… autant de souffrances
cachées pour le bègue qui
alors se mure ou tente de trouver
la parade »… ainsi s’exprime M.
Jean-Marie GAUTHIER, conseiller
principal d’éducation dans un lycée
professionnel de Basse-Terre (en
Guadeloupe), qui au prix d’exercices
et de beaucoup d’embuches, a pu le
surmonter malgré tout « même si
on n’en reste pas indemne »…
L’APB, association Parole Bégaiement,
a pignon sur rue depuis
plus de quinze ans en France et
en Europe… elle regroupe des
patients, des médecins (neurologues,
psychologues etc…), des
thérapeutes, des psychomotriciens,
des psychothérapeutes, des orthophonistes,
des chercheurs dans
le langage, des parents et de nombreuses
personnes sensibilisés par
le problème qui est aujourd’hui pris
en compte enfin par le ministère
de la santé et le ministère de
l’éducation nationale.
L’APB vulgarise le message
au niveau de l’information, de la
sensibilisation, des méthodes, de
la prévention chez le jeune enfant,
de la formation des thérapeutes,
et de la recherche. Elle regroupe
toutes les énergies et bonnes volontés
pour qu’ensemble on trouve
des solutions, que l’on aide, que
l’on accompagne et que l’on puisse
rompre l’isolement des personnes
qui sont en souffrance au niveau de
leur fluidité de parole. « Et dans un
monde où la communication prime
avant tout, où celui qui parle le plus
fort est entendu… on imagine facilement
combien les troubles de la
parole font souffrir les personnes »
insiste Mme Suzy ROMNEY, membre
active à l’APB en Guadeloupe.
L’APB est en lien avec
toutes les instances à l’étranger
qui s’occupent du bégaiement (en
Amérique du Nord et en Afrique
notamment). Ainsi, l’union faisant
la force, on doit pouvoir accompagner,
mieux comprendre, devancer
et soigner.
L’APB a une antenne en Guadeloupe
et fait un travail dans les
écoles, les crèches, auprès des familles,
des jeunes, des dispensaires,
des médecins scolaires etc… Elle
cherche aujourd’hui à vulgariser le
message dans la Caraïbe et dans ce
but elle organise des rencontres et
sessions de formation spécialisée
dans le bégaiement. Elle souhaite
que des orthophonistes haïtiens
prennent contact avec elle pour
envisager ce qui peut être fait en
Haïti même car des patients de ce
pays l’ont contactée. Sans depuis
la Guadeloupe des liens peuvent-ils
être établis !
Cette année, à l’occasion de
cette 12° journée mondiale, l’APB
braque le projecteur sur la sortie
d’un livre édité par L’Harmattan «
Bégayer, question de parole question
de vie » qui sont des témoignages
regroupés par l’APB et qui
sont autant de repères, balises et
planches de salut. Les personnes
bègues trouveront là beaucoup de
compréhension et un précieux réconfort,
et les parents, thérapeutes
et tous personnels enseignants et
éducatifs avanceront dans la compréhension
du problème.
En Guadeloupe on prévoit
deux rencontres pour vulgariser
le message :
« Mercredi 4 novembre
de 14 h 30 à 17 h à la librairie
« Encres Marines » à Basse-
Terre »
« Samedi 7 novembre de
9 h à 12 h à la librairie « Point
Lire » à Moule »
Ces rencontres d’information
et de partage sont ouvertes à
tous !
www.begaiement.org
A.P.B. Gwadloup : romney.
suzy@orange.fr et tel. 0590 80
30 09
J.-M. Gauthier
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009 Haïti Liberté 15
Le capitalisme en crise a besoin d'un conflit majeur
Suite de la page (12)
passant sous silence la nationalisation
du secteur bancaire et financier ou la
gestion démocratique des entreprises,
en ne s’attaquant pas aux puissances
financières c’est tromper les gens en
discourant sur des promesses que
l’on est décidé à l’avance à ne pas tenir.
Comment peut-on prétendre contrôler
et réglementer l’économie sans
contrôler et réglementer les banques,
le cœur de la vie économique, sans
unifier la « comptabilité financière »
de l’Etat ?!
Géostratégie : Mais la nationalisation
démocratique des banques
est une opération difficile qui prendra
du temps ?
J-L.I. : C’est l’idée que distillent
dans l’opinion les milliardaires
avec leurs médias qui ont pardessus
tout peur de perdre ainsi la maîtrise
de l’économie et leurs privilèges.
Dans les faits cette opération qui ne
présente pas de grande difficulté sur
le plan technique peut aller très vite.
L’individu qui aura 1500 euros sur
son livret d’épargne comme celui
qui possédera 15 millions d’euros
sous forme d’actions, d’obligations
ou autre garderont chacun ce qu’ils
possèdent après la nationalisation.
Ceux qui propagent l’idée inverse
sont uniquement motivés par le fait
d’entretenir la confusion entre nationalisation
et confiscation des biens
privés pour protéger leurs privilèges.
Dans un premier temps, le nouveau
pouvoir devra surtout voter des lois
favorisant la démocratie dans les entreprises
par de nouveaux droits pour
la gestion et l’élection des dirigeants
sur la base de leur formation, de leur
compétence et de leur expérience. Les
sociétés coopératives seront des outils
précieux pour insuffler la démocratie
dans l’économie. Comme vous avez
pu le lire, je mets en valeur dans mon
livre la contribution importante des
sociétés coopératives au mouvement
pour la gestion démocratique des entreprises
en comparant leurs principes
de gestion et leur vécu avec les critères
des sociétés classiques ou capitalistes
si vous préférez. C’est un chantier immense,
ardu et passionnant.
Géostratégie : Qu’est-ce qui
changerait si une telle mesure était
mise en œuvre ?
J-L.I. : Disons que nous ouvririons
la porte de la rupture avec le
capitalisme en donnant aux acteurs
de l’économie, et en premier lieu à
la classe ouvrière et à ses alliés qui
font fructifier le Capital par leur travail,
des ouvriers des chantiers aux
analystes financiers, les moyens de
définir et contrôler la marche des
entreprises auxquelles ils sont associés,
la possibilité de s’intéresser à
Note de presse
Vous êtes invités au lancement du CD
intitulé “Dènye Rèl” de Jeanie Bogart le
samedi 7 novembre 2009, de 1h à 5h pm
à Brooklyn Central Library – Grand Army
Plaza.
Les chanteurs John Steve Brunache, BIC
qui vient directement de Haïti, le guitariste
Marc Mathelier et d’autres invités se
joindront à Jeanie Bogart sur scène pour
rendre cet évènement inoubliable.
Écrits en créole haïtien, les poèmes sur le
CD sont un cri du cœur, l’expression de
tous les jours dans sa plus pure sincérité.
Venez partager un après-midi en poèmes
et en chansons avec les artistes.
Contact:
Jeaniebogart@yahoo.com
(347)809-7810
Central Library, Grand Army Plaza
Second Floor Meeting Room
(718)230-2410
www.brooklynpubliclibrary.org
leur organisation, d’intervenir pour
participer à leur transformation. Ce
serait le début d’un long mouvement
d’émancipation, d’appel aux intelligences,
d’appropriation de l’économie
par tous ses acteurs au profit de
l’intérêt général. Par exemple, concernant
les banques, comme j’en fais
la démonstration dans mon livre avec
l’intervention de spécialistes de la
comptabilité des grandes entreprises,
aucun contrôle effectif de ces établissements
n’est actuellement réellement
possible tant les capitalistes
jouent sur des procédés extrêmement
complexes et subtils pour en établir
les bilans, les faire « contrôler »,
fonder des structures dans des places
off shore, éviter l’impôt, spéculer à
hauts risques avec des produits financiers
ultrasophistiqués. Pourquoi
avoir tant de banques qui offrent
les mêmes produits financiers quand
leur réunion en une seule – exception
faite des banques coopératives où se
trouvent en germe les principes d’une
gestion authentiquement démocratique
-, laissant à chacun ce qu’il possède,
permettrait le contrôle réel du
mouvement des capitaux au profit de
l’intérêt général ? Cette nationalisation
démocratique accompagnée de
la démocratisation des coopératives
permettrait à l’Etat de savoir où et
comment circulent les capitaux, au
profit de qui et de les faire revenir à
l’économie réelle sous contrôle populaire.
Ce serait un véritable poumon
d’oxygène pour la société toute entière
quand on sait qu’au niveau
mondial les pertes annuelles de recettes
fiscales par les gouvernements
du monde provenant du seul évitement
fiscal – fraude et blanchiment
non compris – sont estimées à plus de
255 milliards de dollars.
Géostratégie : Les banques
ont déjà été nationalisées ainsi que
des sociétés transnationales. Pourtant
rien n’a vraiment beaucoup changé à
l’époque?
J-L.I. : C’est exact et c’est la raison
pour laquelle j’insiste sur l’aspect
démocratique que devront avoir les
nationalisations. Il ne s’agit pas de
remplacer des dirigeants de droite par
des dirigeants de gauche à la tête de
ces entreprises pour que ceux-ci les
gèrent de manière identique, comme
des « compteurs de petits pois », sur
la base de seuls critères financiers
de profit maximum immédiat avec
des hiérarchies bardées de pré carré,
des atteintes répétées aux libertés
démocratiques, une opacité de gestion
et de trucage des comptes incompatibles
avec la démocratie. Les
dirigeants auront à mettre en œuvre
immédiatement les décrets et lois du
pouvoir révolutionnaire, donnant de
nouveaux droits aux salariés pour
qu’ils puissent intervenir complètement
dans la gestion, mettre un
terme au détournement d’une partie
des bénéfices par les dirigeants actuels
des entreprises des secteurs clés
de l’économie, démocratiser toutes les
fonctions jusqu’à changer l’entreprise,
faire que l’entreprise soit un outil au
service de ses acteurs et de son environnement
et non l’inverse comme
aujourd’hui. C’est une étape décisive
qui implique une élévation quantitative
et qualitative de la conscience
de ses acteurs mais également de
l’environnement des professionnels
qui l’accompagnent dans sa création
et son développement : commissaires
aux comptes, auditeurs, experts
comptables, etc. Sans cela les nationalisations
resteront lettre morte
et deviendront, comme nous l’avons
connu, des « étatisations ». C’est la
raison pour laquelle ces grandes orientations
du pouvoir pour aller vers
une démocratie avancée doivent
s’accompagner de ce que Pierre-Henri
Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest,
la principale société de conseil
aux actionnaires, appelle « les petits
pas ». Ainsi qu’il l’explique, il faudra
initier des réformes plus modestes et
locales qui vont dans le bon sens.
Géostratégie : Par exemple ?
J-L.I. : Par exemple d’abord décourager
le grégaire et encourager la
diversité d’opinion dans les marchés
en mettant fin aux conflits d’intérêts
des établissements financiers des
groupes, lors des opérations de marché.
Comme le souligne Pierre-Henry
Leroy, « ceci impose de recourir à
des experts vraiment indépendants
et non pas, comme aujourd’hui,
payés et nommés par les intéressés.
Une définition précise des conflits
d’intérêts, des interdictions et des
sanctions s’imposent. » Ou encore
abolir les règlements qui alourdissent
l’épanouissement de l’économie au
profit de l’intérêt général, ce qui est
d’autant plus facilement envisageable
à partir du moment où ses acteurs
disposent des moyens légaux et culturels,
favorisant leur intervention.
La seule issue pacifique
à la crise : une révolution
nationale et radicale
Géostratégie : Mais les économies
étant aujourd’hui très liées
d’un pays à l’autre avec la mondialisation
capitaliste, pensez-vous qu’il
soit possible de tenir tête aux dispositions
européennes, aux règlements
internationaux et aux pressions qui
ne manqueraient pas de s’exercer
sur une seule nation qui s’engagerait
dans cette voie de rupture ?
J-L.I. : Votre question porte
sur un point essentiel : le soutien
du peuple à des réformes radicales.
Un changement social de cette ampleur
ne peut être le fait d’une seule
avant-garde, aussi éclairée soit-elle.
Si celle-ci est nécessaire pour formuler
des propositions, porter le niveau de
conscience à la hauteur des mesures
indispensables, ouvrir le débat sur les
questions essentielles, seul un grand
soutien populaire à celles-ci peut permettre
de rompre avec la situation actuelle,
quelle que soit la voie de transition
choisie par le peuple, électorale ou
non. Le passage de la République du
Venezuela d’un Etat sous domination
étasunienne à un Etat démocratique,
indépendant et progressiste est l’un
des exemples les plus intéressants à
étudier de notre époque. Toutes les
attaques menées contre le gouvernement
révolutionnaire du Venezuela,
de l’intérieur par le grand patronat et
les éléments conservateurs de l’église
catholique et de l’extérieur par les
Etats-Unis et d’autres pays avec certaines
associations plus ou moins
liées aux services étasuniens n’ont pu
empêcher le processus de rupture de
suivre son cours.
Aujourd’hui le pays s’engage sur
la construction d’une société socialiste
en faisant l’apprentissage d’une authentique
démocratie directe. Les secteurs
clés de l’économie ont été nationalisés,
les capitaux qui s’exportaient
dans la poche de gros actionnaires
étasuniens sont aujourd’hui injectés
dans la modernisation des entreprises
et des régions, des dizaines de milliers
de coopératives se sont créées
dans tous les domaines de l’activité
économique et le pays se modernise
au profit de ses citoyens. Ce qui paraissait
impensable à une grande majorité
du peuple se réalise aujourd’hui avec
son soutien actif. Pourquoi cela a-t-il
été possible malgré les accords régionaux,
les règlements internationaux et
les pressions de toutes sortes, jusqu’à
des tentatives de coup d’Etat orchestrées
par les Etats-Unis ? Parce que le
peuple a su se constituer une avantgarde
révolutionnaire exemplaire en
bien des domaines, se rassembler, se
mobiliser et le rester sur ses objectifs
principaux de transformation politique
et sociale radicale. Vous comprenez
face à ces succès, pourquoi
le Venezuela révolutionnaire n’existe
pratiquement pas dans les médias occidentaux.
Le gouvernement français
devrait se souvenir qu’il a plus besoin
du Venezuela que le Venezuela n’a besoin
de la France.
Géostratégie: Est-il possible de
faire une telle révolution nationale et
radicale en France?
J-L.I. : Bien évidemment et
c’est même la seule issue pacifique
pour sortir de la crise et rompre avec
le système actuel. Il est envisageable
d’organiser en France le contrôle de
toute la vie économique, d’opérer
sa « réglementation » en la « débureaucratisant
», de faire retourner
à l’économie les capitaux que les
capitalistes évitent de l’impôt et du
développement des entreprises sans
qu’il leur soit possible de dissimuler
des biens et des revenus. Il n’y a nul
besoin d’un appareil spécial de l’Etat
puisque les salariés et les directeurs
pourraient réaliser eux-mêmes la fusion
immédiate de toutes les banques
capitalistes en quelques semaines, par
exemple sous l’autorité du ministère
des Finances avec des congrès de
travail réunissant les professionnels,
cadres-dirigeants, représentants
des propriétaires du Capital, salariés,
syndicats, associations de consommateurs,
etc. par banque, par région
et nationalement. Il est évident que
ceux qui s’y opposeraient ou feraient
traîner les choses en longueur pour se
livrer à des opérations malhonnêtes
de dernière minute et entraver le processus
de rupture en seraient exclus.
Les avantages de la nationalisation du
secteur bancaire seraient décisifs pour
les PME, les collectivités et le peuple
entier qui pourraient ainsi s’approprier
les richesses qu’il crée et lui échappent.
Un gouvernement qui arriverait
au pouvoir avec la volonté de rompre
avec le capitalisme ne peut être que
nationaliste et radical.
Être nationaliste, cela veut dire
donner la priorité à l’intérêt général de
la communauté de territoire, de langue
et de culture à laquelle on appartient.
Concernant les accords régionaux ou
internationaux que vous évoquiez, la
petite Europe de Maastricht n’est pas
un problème puisque pour ceux qui
en doutaient, l’expérience montre, à
moins d’être complètement aveugle,
qu’elle n’est qu’une organisation au
service des grandes banques et des
gros propriétaires privés de l’économie.
Elle ne pouvait, par conséquent résoudre
aucun problème, quel qu’il soit,
dans les sociétés qui la composent,
qu’il s’agisse d’économie, de social,
de culture, de liberté, de démocratie ou
de droits de l’Homme. Vous remarquerez
du reste que les promesses faites
sur cette construction européenne par
les dirigeants bourgeois et socialistes
sur la fin du chômage, l’ouverture des
marchés, le développement des entreprises,
la solidarité entre les peuples,
les libertés n’ont jamais vu le jour et
que c’est même le contraire qui s’est
produit. Je dresse dans mon livre un
descriptif de la situation de cette petite
Europe en m’appuyant sur des
documents de synthèse de ses propres
organismes peu connus du public.
Il apparaît que celle-ci, dont les dirigeants
sont si prompts à donner des
leçons à d’autres peuples, est en recul
sur tous les fronts. Il faut se préparer
dès maintenant à construire l’Europe
des peuples de Dublin à Vladivostock
qui donnera la priorité aux qualités
et à l’identité de chaque peuple par
la recherche de coopérations mutuellement
avantageuses, mettra un
terme à la bureaucratie de Bruxelles
engendrée par les puissances financières.
Cela veut dire rompre avec
l’actuelle « construction européenne
», avec le traité de Maastricht et ceux
qui ont suivi. Etre radical c’est avoir
conscience que la classe dominante –
la grande bourgeoisie – s’accrochera
au pouvoir et à ses privilèges par tous
les moyens et que seules des mesures
radicales bénéficiant d’un fort soutien
populaire permettront de la contraindre
à respecter les lois nouvelles, de la
renvoyer dans ses foyers et de rompre
avec son système.
Le capitalisme a besoin de
la guerre pour survivre
Géostratégie: La démocratie
est-elle possible dans l’entreprise et
tout particulièrement dans des sociétés
transnationales à l’organisation
complexe?
J-L.I. : Je montre dans mon
livre comment la gestion des sociétés
coopératives se distingue – du moins
dans celles dont les principes de gestion
sont respectés – des entreprises
classiques. Les entreprises coopératives
sont des exemples de gestion
à partir du moment où ses acteurs
font respecter leurs critères de gestion
par les dirigeants qu’ils élisent. Cela
fonctionne dans de grandes banques
comme le Crédit Mutuel en France ou
le Mouvement des caisses Desjardins
au Canada et peut donc très bien se
mettre en place dans des PME. Chacun
doit avoir conscience de la gravité
de la situation car le système a
aujourd’hui besoin de la guerre pour
subsister. Le général russe Leonid
Ivashov a mis en garde à plusieurs
reprises contre la volonté des Etats-
Unis de déclencher un conflit militaire
majeur…
Géostratégie : …Vous voulez
dire une troisième guerre mondiale?
J-L.I. : Je dis « conflit militaire
majeur » c’est-à-dire pouvant entraîner
rapidement plusieurs pays
dans des conflits bien plus graves
que la guerre contre l’Irak ou contre
la République fédérative de Yougoslavie.
C’est du reste ce qu’ont tenté
les Etats-Unis en foulant le droit international
et en tentant de constituer
une alliance de guerre contre l’Irak
en passant outre l’ONU. Les Etats-
Unis sont en pleine faillite, leur dette
financière n’est plus remboursable et
ne peut plus qu’être remise. Comme
le rappelle le général Ivashov dans
mon livre, tout se qui se trouve aux
Etats-Unis – industries, immeubles,
technologies de pointe, etc. – a été
hypothéqué plus de dix fois partout
dans le monde et nous sommes au
bord d’un krach du système financier
international sur le dollar étasunien.
Le général Ivashov, qui est viceprésident
de l’Académie russe des
problèmes géopolitiques, estime que
« les banquiers mondiaux » en faillite
ont besoin d’un événement de force
majeure de proportions mondiales
pour s’en sortir ». Selon son analyse,
« l’importance des événements
à venir est réellement épique. (…)
Les conflits régionaux comme ceux
déclenchés contre la Yougoslavie,
l’Irak et l’Afghanistan ne donnent
que des effets à court terme. Ils ont
besoin de quelque chose de beaucoup
plus important et ce besoin est
urgent ». Les Etats-Unis et leurs sujets
anglo-saxons n’ont pas réussi à
entraîner les pays occidentaux dans
leur croisade contre l’Irak. Ils tentent
aujourd’hui de renouveler leur opération
contre l’Afghanistan et la République
Islamique d’Iran avec l’OTAN et
vont de provocation en provocation
pour tenter de renverser le régime légitime
du peuple Iranien.
A Suivre
Mecanopolis 7 septembre 2009
Ndlr. Jean-Loup Izambert. Issu
de l’enseignement agricole, diplômé
de l’Ecole des hautes études internationales
et de l’Ecole supérieure
de journalisme, Jean-Loup Izambert
pratique un journalisme militant.
Journaliste d’investigation, il est auteur
de plusieurs ouvrages, Le Krach
des 40 banques (Editions du Félin en
1998), Le Crédit Agricole hors la loi
? (2001), Crédit Lyonnais, la mascarade
(2003) et ONU, violations humaines
(2003) tous les trois aux éditions
Carnot et son dernier ouvrage
sous le titre de Pourquoi la crise ?
Aux éditions Amalthée (2009).
LCR-NPA. La Ligue communiste
révolutionnaire (LCR) a été officiellement
dissoute en février 2009 après
40 ans d’existence, pour créer le Nouveau
parti anticapitaliste (NPA).
16
Haïti Liberté
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009
A Travers le MONDE
Quelle sera la décision d'Obama sur
la levée du blocus contre Cuba?
Margaret Chan à Cuba
«Vous avez fait du bon travail dans la santé»
Aujourd'hui, l'Assemblée Générale
de l'ONU approuvera, pour la
19ème fois consécutive, une résolution
qui condamne à mettre fin au
blocus des Etats Unis contre Cuba.
Les yeux de la planète seront fixés,
non sur la résolution, mais sur la
position que va adopter le président
Obama, prix Nobel de la paix en
reconnaissance pour ces intentions
envers l'humanité. Il commettrait
une infamie s'il rééditait encore une
fois son opposition à la levée de
l'embargo, contre l'avis de tous les
autres pays du monde, mis à part
Israël son soutien indéfectible, et
mettrait bien à mal, encore une fois
les espoirs de changements suscités
par son élection. Pour ma part, je
serre les pouces et j'espère.....
Nouvelle condamnation
mondiale ce mercredi contre
le blocus des Etats-Unis
contre Cuba
L
’Assemblée générale des Nations
unies votera mercredi une résolution
sur le blocus des Etats-Unis
contre Cuba, après qu’une trentaine
de présidents et de dirigeants l’ont
condamné devant cette même assemblée.
Ces condamnations se sont
produites il y a un mois à la tribune
de l’assemblée plénière du principal
organe de l’ONU, durant toute une
semaine consacrée au débat général
annuel de la 64e session. Mercredi
prochain, la plus haute instance de
l’organisation examinera, pour la
18e année consécutive, une résolution
intitulée « Nécessité de mettre
fin au blocus économique, commercial
et financier imposé par les Etats-
Unis d’Amérique à Cuba ».
Le président des Etats-Unis,
en tant que chef de l’Exécutif,
détient de vastes pouvoirs qui
lui permettraient de modifier
l’application du blocus.
Durant ce premier mois de
séances de l’Assemblée générale,
plusieurs chefs d’Etat ont qualifié
d’obsolètes les mesures telles que le
blocus nord-américain contre l’île,
mis en place depuis près de 50 ans
; ils en ont sévèrement critiqué les
effets criminels et ils ont rappelé que
plusieurs déclarations officielles ont
été émises ces derniers mois dans le
même sens, à l’occasion de divers
Sommets de chefs d’Etat et de gouvernement
de plusieurs continents.
Le gouvernement révolutionnaire
cubain a fait savoir, depuis de
nombreuses tribunes, que le blocus
des Etats-Unis contre l’île demeure
intact et constitue «un acte
d’agression unilatéral auquel il faut
mettre fin de manière unilatérale».
Prenant la parole devant
l’Assemblée générale de l’ONU, le
ministre cubain des Relations extérieures
Bruno Rodriguez Parrilla a
averti que le gouvernement nordaméricain
n’a pas pris en compte
la réclamation de la communauté
internationale pour que soit mis un
terme au blocus. Ila précisé que les
récentes mesures annoncées par la
Maison Blanche constituent un pas
positif, mais très limité et insuffisant.
Rodriguez a affirmé que le
président des Etats-Unis, en tant
que chef de l’Exécutif, détient de
vastes pouvoirs qui lui permettraient
de modifier l’application du blocus.
Avec une réelle volonté de changement,
Washington pourrait autoriser
l’exportation réciproque de biens et
de services entre Cuba et les Etats-
Unis et renoncer à poursuivre, geler
et confisquer les transferts d’argent
de pays tiers vers des organismes et
ressortissants cubains, a-t-il ajouté.
Il a aussi suggéré que les citoyens
étasuniens puissent bénéficier
d’autorisations pour voyager à
Cuba, «le seul pays au monde qu’on
leur interdit de visiter». Le ministre
a réaffirmé la disposition de Cuba
à normaliser les relations avec les
Etats-Unis et à soutenir un dialogue
respectueux, sur un pied d’égalité,
«sans la moindre atteinte à notre
indépendance, notre souveraineté et
notre autodétermination».
Depuis 1991 le blocus nordaméricain
contre Cuba est l’objet
d’une condamnation croissante de
la part des membres de l’ONU : il a
été condamné l’année dernière par
185 Etats, le chiffre le plus élevé jamais
enregistré durant cette période.
(PL et SE)
Granma
Cuba si Lorraine 27 octobre
2009
"Sans restitution de Zelaya, pas
d’élection" : Nouvelles actions de la
résistance populaire au coup d’Etat
Margaret Chan, directrice générale
de l’Organisation mondiale de la
Santé
Par José A. de la Osa
Foulant pour la première fois le sol
cubain, la directrice générale de
l’Organisation mondiale de la Santé,
Margaret Chan, a déclaré que c’était
pour elle un plaisir de visiter un petit
pays auquel l’OMS accorde une
grande importance, et que ce séjour
lui permettra de «connaître les efforts
et les excellentes expériences du système
de santé cubain, pour en tirer
les leçons». Mme Margaret Chan et
le ministre de la Santé José Ramon
Balaguer. «Je souhaite observer le
travail que vous faites dans des domaines
comme les premiers soins, les
services de santé au niveau communautaire,
l’égalité et l’accès à tous à
la santé… autant de grands thèmes
qui suscitent un vif intérêt de la part
de notre organisation», a signalé
Mme Chan, avant d’ajouter qu’elle
attendait beaucoup de ses visites de
centres hospitaliers et de recherche
cubains.
«C’est aussi pour nous un grand
plaisir de vous avoir parmi nous», a
déclaré le ministre cubain de la Santé
José Ramon Balaguer en accueillant
la directrice de l’OMS. «Votre travail
et les concepts que vous avez développés
en matière de santé méritent
toute notre admiration et notre respect»,
a ajouté le ministre.
Au cours d’une récente conférence
au Danemark, le Dr. Chan,
diplômée en médecine de l’Université
de l’Ontario de l’ouest, au Canada,
avait rappelé : «Comme nous avons
pu le constater, les forces du marché
à elles seules ne résoudront pas les
problèmes sociaux. Le monde doit
s’articuler autour d’un système de
valeurs. Autrement, la situation déjà
dangereuse marquée par d’énormes
déséquilibres en termes de revenus,
d’opportunités et de santé ne peut
qu’empirer».
Faisant allusion au programme
de travail chargé qu’elle aura pendant
son séjour, Mme Chan a déclaré: «Je
m’en serais voulue si je n’avais pas
préparé un agenda aussi chargé pour
cette visite, car je sais que Cuba a fait
du bon travail dans le domaine de la
santé».
A une réponse de Granma sur
la pandémie de grippe A (H1N1),
Mme Chan a précisé qu’il s’agit de la
première pandémie du siècle, la précédente
datant d’il y a environ 40
ans. Elle a indiqué qu’à l’heure actuelle
195 pays ont signalé à l’OMS des
cas confirmés de personnes atteintes
de la maladie. Elle a expliqué que le
H1N1 est un «virus des extrêmes»,
car d’un côté il y a des cas bénins qui
ne requièrent ni traitement antiviral
ni soins médicaux, et de l’autre il existe
un petit pourcentage de patients
qui développent un état clinique très
grave en peu de temps.
Parmi les groupes vulnérables
et qui courent des risques élevés de
complications très sévères (pneumonies),
Mme Chan a mentionné
les femmes enceintes, les enfants de
moins de deux ans, les personnes
souffrant de maladies chroniques du
cœur et les asthmatiques.
Le danger que représente cette
pandémie ne saurait être ignoré. Le
virus A (H1N1) peut tuer. L’OMS
recommande aux gouvernements
d’adopter un train de mesures pour
faire face à la pandémie axées sur
la prévention, les soins, les médicaments
et les vaccins. «J’estime que
le gouvernement cubain fait du bon
travail et je lui en suis très reconnaissante»,
a signalé la directrice de
l’OMS.
Le Dr Chan, qui a été nommée
à la direction de l’OMS en novembre
2006, était accompagnée pour ce
voyage dans l’île du Dr Mirta Roses,
directrice de l’Organisation panaméricaine
de la santé (OPS).
Granma 26 Octobre 2009
Juan Barahona, coordinateur
général du Front de la résistance
populaire au coup d’Etat
Le Front national de résistance au
Coup d’Etat au Honduras a appelé
hier à maintenir la lutte pou la
restitution de l’ordre démocratique et
du président Manuel Zelaya malgré
la répression et l’échec du dialogue.
La décision a été prise pendant
l’habituelle assemblée dominicale
de l’alliance des forces populaires et
politiques, après avoir été soumise
au peuple. Juan Barahona, coordinateur
général du Front a annoncé
que la direction nationale s’était réunie
cette semaine pour analyser la
situation du pays et les actions de la
résistance pour en finir avec le coup
d’Etat de juin dernier.
Il a ajouté qu´un des accords
signé prévoyait que si le président Zelaya
n’était pas restitué d’ici là, il n’y
aurait pas d’élections le 29 novembre
prochain, face au refus majoritaire de
participer du peuple.
Il ajoute que les représentants
des quartiers de la capitale ont analysé
ce samedi les manières de faire
pour refuser la campagne électorale
et le vote par le biais de diverses actions
décidées par la population. Barahona
a signalé que les candidats
indépendants libéraux, du Parti Unification
Démocratique ou de l’Unité
Sociale Démocratique, opposés au
coup d’Etat, se retireront du scrutin si
Zelaya ne revient pas au pouvoir.
Il a indiqué que de nombreuses
initiatives de la résistance sont
prêtes pour empêcher que la dictature
ne donne une apparence légale
à ces élections. Il a informé que « la
direction nationale réaffirme que la
lutte continuera pour obtenir la restitution
de l’ordre constitutionnel et
du président Zelaya, et pour obtenir
également l’Assemblée Nationale
Constituante. A cela nous ne renoncerons
pas. Même avec toute la répression
qui s’est abattue sur nous
les dernières semaines, nous n’allons
pas abandonner la rue. En avant, en
avant, la lutte est permanente » a-t-il
lancé en guise de consigne.Le coordinateur
du Front a assuré que la lutte
ne s’arrêtera qu’une fois substitué le
modèle libéral par un nouveau modèle
plus juste, plus humain, qui garantira
à tous les honduriens une vie digne.
La patrie est à tous, pas à quelques
exploiteurs, pas à 10 familles, qui
nient à la majorité de la population la
satisfaction de leurs besoins.
Barahona a appelé à une nouvelle
manifestation dans la capitale
contre le coup d’Etat en invoquant
le droit constitutionnel de liberté
d’expression.
Tegucigalpa, 25 octobre,
Raimundo Lopez,
Source : Prensa Latina
Traduction : Grégoire Souchay
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Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009 Haïti Liberté 17
Installation
René Préval
Suite de la page (7)
après quatre ans d’exercice du pouvoir.
Quant au peuple, il avale en
silence sa salive amère, sinon il
se verra mater par les hommes de
la MINUSTAH. Allez consulter les
étudiants de la faculté de médecine,
ils vous diront comment ils ont été
sauvagement traités par les occupants.
Préval est alors, selon toute
vraisemblance, cette roue dangereuse
qui tourne et que rien ne peut
jusqu’ici arrêter. Sauf un soulèvement
populaire. Là encore c’est bâtir
des châteaux de carte. Car aucun de
ces anciens leaders gnbistes n’a le
support du peuple qui les déteste et
qui leur en veut. Et c’est là oú réside
toute la force de Préval. La seule personne
qui pourrait remettre le natif
de Marmelade à sa place est bien
l’ex-président Aristide, son mentor,
avec sa famille lavalas. Mais empêché
en Afrique du Sud, ceci semble
Le 10ème Forum
Suite de la page (8)
le pays. Le secrétaire général de
l'Association des Etats américains
(AEC), Louis Fernando Andrade
Falla, quant à lui, a fait savoir que
l'organisation de ce forum en Haïti
est un signal lancé par le gouvernement
haïtien qui a oeuvré
de manière efficace à engager le
pays sur la voie d'un avenir prometteur
en vue d'atteindre la stabilité
économique et sociale. Selon
toute vraisemblance, cette stabilité
dont a fait mention le secrétaire
général de l'AEC n'est pas pour
les masses populaires haïtiennes,
parce qu'on constate clairement
que toutes les actions du gouvernement
de Préval/Pierre-Louis
vont directement dans le sens de
l'International. Un gouvernement
qui applique inconditionnellement
la politique néolibérale est toujours
félicité par les défenseurs de cette
politique.
Le ministre des Affaires
étrangères, Alrich Nicolas de son
côté s'est montré satisfait de la
tenue de ce forum en Haïti. Selon
lui, ces activités ont confirmé en
d'autres termes le retour du pays
sur la scène politique et diplomatique
de la grande Caraïbe et celle de
l'international avec l'organisation
Suite de la page (3)
des conseillers, était prévu par le directeur
général du CEP, Pierre-Louis
Opont.
De l'avis de la Constitution haïtienne
de 1987, les nouveaux élus
entreront en fonction le deuxième
lundi de Janvier 2010 pour débuter
leur première session législative, devant
leur donnant pouvoir de statuer
sur la proposition d'amendement de
la constitution.
L'article 283 de la présente
constitution stipule : « A la première
session de la législature suivante,
les Chambres se réunissent en Assemblée
nationale et statuent sur
l'amendement proposé.» Alors que
l'article 92-2 de cette même constitution
précise : « La première session
va du deuxième lundi de Janvier au
deuxième lundi de mai. La seconde,
du deuxième lundi du mois de juin
au deuxième lundi de septembre.»
Le président du CEP prévoit
d'organiser les élections en avril
2010 pour que les députés et sénateurs
entrent en fonction la deuxième
session ordinaire.
Donc, constitutionnellement
les nouveaux élus ne pourront pas
à se plancher sur la proposition de
l'amendement de la constitution de
1987 émise par la législature précédente.
Les prochaines élections devront
avoir lieu pour 99 députés, 12
sénateurs et les élus des Collectivités
territoriales.
L'instabilité politique instituée
par les grandes puissances impérialistes
et les larbins locaux, suite
au coup d'Etat du 29 février 2004
contre le président Jean Bertrand
Aristide, constitutionnellement élu,
continue de plonger la population
dans la misère et le pays dans le
sous-développement.
Depuis lors les défenseurs
de la démocratie libérale ne sont
jamais parvenus à réaliser de
bonnes élections à temps afin
de maintenir volontairement le
pays sous la tutelle des puissances
impérialistes.
être le cadet de ses soucis.
Laisser à Préval le soin
d’humilier ces hommes politiques,
les fouetter jusqu’au sang; laisser le
privilège au blanc de les renvoyer
comme des chiens dans un jeu de
quilles, seraient pour le moment
l’option préférentielle de l’ancien
chef d’état qui s’enorgueillit de sa
verticalité par rapport à la lutte des
masses pour sortir de l’étreinte de
l’impérialisme avec tout ce qu’il charrie
de crime et d’exploitation. Mieux
vaut être absent que d’être présent
sur le théâtre du crime quand on n’a
pas la capacité nécessaire pour affronter
les bourreaux ni les moyens
pour assister les victimes. En tout
cas, 2011 s’amène à pas de géant et
parait-il que la messe est déjà dite.
Espérons tout simplement qu’on se
trompe. Autrement, pour paraphraser
l’autre, Victoria, ma chérie, la nuit
sera extrêmement longue.
Guerby Dujour, Oct 2009
de diverses conférences internationales.
La grande question qu'on
devrait se poser est : à quoi serviront-elles
ces conférences? Sinon
au renforcement de la mise sous
tutelle de l'Etat haïtien et la poursuite
de l'application de la politique
néolibérale par l'intermédiaire de
ces sous-hommes qui se sont régulièrement
succédés au pouvoir
en Haïti?
Depuis environs deux ans
les principaux dirigeants de ce
pays, qu'ils s'agisse des membres
de l'Exécutif ou de Législatif, utilisent
les ressources du pays de
leur plein gré pour organiser des
conférences, des forums, des débats
internationaux et nationaux
dans le but de satisfaire leur patron
et leur ambition politique à maintenir
le pouvoir contre les masses
populaires. L'ancien président des
Etats-Unis, Abraham Lincoln a
eu à dire : « On peut tromper tout
le peuple une partie du temps;
on peut tromper une partie du
peuple tout le temps; mais on ne
peut tromper tout le peuple tout
le temps.» De toute façon, le pays
se réveillera pour apporter une
réponse à toutes ces manoeuvres
démagogiques à dessein de tromper
le peuple haïtien.
Le maire de la Nouvelle-Orléans
souhaite à Cuba la levée de
l'embargo
Le maire de la Nouvelle-Orléans,
Ray Nagin
Suite de la page (13)
pas. Vous leur donnez toute l'aide
humanitaire qu'ils veulent et ils
vont quand même vous mentir.
Ils vous diront qu'il n'y a pas de
talibans dans la région et dès que
vous vous mettez en route, à 3
mètres de leur maison, vous vous
faites tirer dessus à nouveau. »
Les mêmes sentiments
transparaissent dans un reportage
du Times du 3 octobre sur les
troupes britanniques qui opéraient
autour de Sangin dans la province
d'Helmand au cours des élections
présidentielles en août. L'unité,
le 2e bataillon d'infanterie, avait
perdu 100 combattants, morts
ou gravement blessés, sur 500
depuis le mois d'avril. Les auteurs
notent que le taux de pertes est
comparable à celui des intenses
combats livrés en Europe au cours
des dernières années de la Seconde
Guerre mondiale.
Les patrouilles se font attaquer
à seulement 500 mètres
des murs de la base britannique,
mais, comme dans la province de
Wardak, les troupes d'Helmand
sont rarement en contact visuel
avec les insurgés talibans qui ont
décimé leurs rangs avec des IED,
des mines et des tirs embusqués.
Un caporal commente, « Quand
on est venu ici la première fois, on
se plaignait de ne pas avoir assez
d'action. Comme on regrette ces
mots maintenant — énormément.
» Un autre jeune soldat déclare,
« Je n'imagine pas terminer cette
affectation sans me faire toucher
par un tir. »Le correspondant du
Times notait que « personne ne
s'est jamais porté volontaire pour
une patrouille qu'il n'avait pas à
faire et je n'ai rencontré aucun soldat
ici qui parle de "gagner" ».
Huit ans après le 11-Septembre,
la propagande sur la «
guerre contre le terrorisme » s'est
évaporée. Les soldats sont au front
d'une opération anti-insurrectionnnelle
sanglante qui n'a qu'un
objectif — soutenir le régime fantoche
des États-Unis. La majeure
partie des soldats est constituée
de conscrits économiques. Dans
Le maire de la Nouvelle-Orléans,
Ray Nagin, en visite à Cuba
pour étudier les mesures de préparation
aux ouragans dans ce pays, a
déclaré mercredi que les Etats-Unis
devaient faire des "pas concrets"
vers l'île communiste en allégeant
ou en levant leur embargo. "Nous
devons chacun nous ouvrir (...) et
faire des pas concrets vers Cuba" car
"tout le monde sera gagnant si nous
relâchons ou levons l'embargo" en
vigueur depuis 47 ans contre Cuba,
a déclaré à l'AFP M. Nagin qui espère
la mise en place prochaine
d'une liaison aérienne directe entre
sa ville et la capitale cubaine. Arrivé
vendredi à La Havane pour une visite
de six jours, le maire a dit avoir
été reçu par les ministres de la Culture
et du Tourisme, Abel Prieto et
Manuel Marrero, ainsi que par le
vice-ministre des Affaires étrangères
Dagoberto Rodriguez et le chef de la
Défense civile - chargée notamment
Le moral des troupes
de l'évacuation de la population
lors d'ouragans - le général Ramon
Pardo. "Nous avons beaucoup appris
avec eux", a dit le maire dont
la ville a été dévastée en 2005 par
l'ouragan Katrina. Alors que les
deux pays n'entretiennent pas de relations
diplomatiques depuis 1961,
le département d'Etat a donné son
feu vert à la mission du maire car
Cuba est considéré comme une référence
en termes de préparation
aux ouragans, selon la mairie de la
Nouvelle-Orléans. Signe de l'amorce
d'un dégel depuis l'arrivée à la Maison
blanche de Barack Obama il
y a neuf mois, plusieurs responsables
américains se sont succédés
à La Havane, parmi lesquels un
groupe de congressistes du Caucus
afro-américain, le gouverneur du
Nouveau-Mexique Bill Richardson
et une responsable du Département
d'Etat américain, Bisa Williams.
Le Monde 21 octobre 2009
un contexte où on ne trouve que
des emplois offrant des salaires
de misère et où le chômage augmente
sans cesse, s'engager dans
l'armée est une des rares solutions
permettant à beaucoup de jeunes
d'obtenir un emploi stable et un
revenu décent.
Le caractère illégitime de
ces guerres est incontestablement
un facteur qui influe sur le grand
nombre de vétérans d'Afghanistan
et d'Irak qui reviennent de mission
avec des troubles psychologiques.
Les études révèlent qu'entre 20
et 30 pour cent de tous ceux qui
ont servi dans ces conflits souffrent
de PTSD [Post-Traumatic
Stress Disorder – troubles de stress
post-traumatiques] à un degré ou
un autre. Ces troubles peuvent
pousser des vétérans au suicide,
les affecter jusqu'à les contraindre
à vivre dans la rue, à prendre
des drogues, et à commettre des
crimes pour lesquels ils se retrouvent
en prison.
Il y a actuellement 20.000
ex-soldats britanniques en prison
ou en liberté conditionnelle, un
nombre ahurissant, et la proportion
de vétérans a augmenté de
30 pour cent au cours des cinq
dernières années. Un représentant
du syndicat des conseillers
de probation britannique, Harry
Fletcher, a déclaré au Guardian le
mois dernier, « Il y a des preuves
flagrantes que les soldats n’ont
pas un soutien psychologique
suffisant lorsqu’ils quittent le service.
La prépondérance des troubles
de stress post-traumatiques
et des dépressions est alarmante.
» Selon des statistiques citées par
le journal britannique Mirror, 67
ex-soldats britanniques se sont
suicidés depuis 2001 après leur
retour d'Afghanistan ou d'Irak et
on croit que 31 autres décès pourraient
aussi être des suicides.
Au début du mois, Dylan
Kemp, 28 ans, commando de marine
de l'armée de Sa Majesté, s'est
pendu peu après son retour d'un
déploiement de 7 mois de combats
intenses en Afghanistan. Il
avait été arrêté pour conduite automobile
agressive et aurait frappé
sa compagne. Celle-ci a déclaré
au Mirror, « L'Afghanistan l'a
poussé trop loin. Il disait dans
sa lettre qu'il était sûr que beaucoup
d'autres troufions finiraient
aussi mal que lui. Il était tellement
plein de rage. Ses blessures
mentales ne pouvaient pas être
soignées. »
Le taux de suicide parmi les
militaires américains en service
continue également à augmenter.
À la fin du mois de septembre, il
y a eu 117 suicides dans l'armée
et 38 chez les Marines, et 35 autres
décès sont encore en cours
d'investigation. Les suicides parmi
les Marines, qui constituent
l'essentiel des 17.000 soldats supplémentaires
envoyés en urgence
par le gouvernement Obama en
Afghanistan cette année, ont augmenté
de 20 pour cent cette année.
La majorité des Marines et
des soldats qui ont mis fin à leur
vie ont été déployés dans l'une de
ces deux zones de guerre.
Wsws 22 octobre 2009
18
Haïti Liberté
Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009
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Vol. 3 No. 15 • Du 28 Octobre au 3 Novembre 2009