Haiti Liberte 28 Janvier 2015
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Perspectives<br />
Washington se révolte contre Obama !<br />
Par Thierry Meyssan<br />
La crise qui traverse l’appareil d’État<br />
états-unien menace directement la<br />
survie de l’Empire. Ce n’est désormais<br />
plus simplement l’avis de Thierry<br />
Meyssan, mais le sujet qui fait trembler<br />
la classe dirigeante à Washington<br />
au point que le président honoraire<br />
du Council on Foreign Relations<br />
réclame la démission des principaux<br />
conseillers du président Obama et la<br />
nomination d’une nouvelle équipe. Ce<br />
conflit n’a rien à voir avec l’opposition<br />
démocrates/républicains, ni même<br />
avec celle des colombes/faucons. Ce<br />
qui est en cause, c’est le leadership<br />
aux États-Unis et à l’Otan.<br />
Depuis plusieurs mois, je souligne<br />
qu’il n’y a plus de politique<br />
étrangère à Washington, mais deux<br />
factions qui s’opposent en toutes choses<br />
et conduisent séparément des politiques<br />
contradictoires et incompatibles<br />
[1].<br />
Le paroxysme de cette situation<br />
a été atteint en Syrie où la Maison-<br />
Blanche a d’abord organisé la mue<br />
de Daesh et l’a envoyé nettoyer ethniquement<br />
l’Irak, puis l’a combattu<br />
alors même que la CIA continue de le<br />
soutenir. Cette incohérence a progressivement<br />
gagné les Alliés. Ainsi, la<br />
France s’est-elle jointe à la coalition<br />
anti-Daesh alors que certains de ses légionnaires<br />
font partie de l’encadrement<br />
de Daesh [2]. Lorsque le secrétaire<br />
à la Défense, Chuck Hagel, a<br />
demandé une clarification écrite, non<br />
seulement il n’a pas reçu de réponse,<br />
mais il a été renvoyé [3].<br />
Le désordre s’est bientôt<br />
étendu à l’Otan, une alliance créée pour<br />
combattre l’URSS et maintenue contre<br />
la Russie, lorsque le président turc,<br />
Recep Tayyip Erdoğan, a signé de gigantesques<br />
accords économiques avec<br />
Vladimir Poutine [4].<br />
Sortant de son silence, le<br />
président honoraire du Council on Foreign<br />
Relations [5], Leslie H. Gelb, a<br />
tiré la sonnette d’alarme [6]. Selon lui,<br />
« l’équipe Obama n’a pas les instincts<br />
de base et le jugement nécessaires pour<br />
conduire la politique de sécurité nationale<br />
dans les deux prochaines années<br />
». Et de poursuivre, au nom de<br />
la classe dirigeante états-unienne dans<br />
son ensemble : « Le président Obama<br />
doit remplacer son équipe par des personnalités<br />
fortes et des stratèges expérimentés.<br />
Il doit également placer de<br />
nouvelles personnes comme conseillers<br />
principaux des secrétaires à la Défense<br />
et d’État. Et il doit enfin mettre en place<br />
des consultations régulières avec Bob<br />
Corker, le président de la Commission<br />
des relations étrangères, et John Mc-<br />
Cain [7], le président de la Commission<br />
des Forces armées. »<br />
Jamais depuis sa création, en<br />
1921, le Council on Foreign Relations<br />
n’avait pris une telle position. C’est que<br />
les divisions au sein de l’appareil d’État<br />
conduisent directement les États-Unis à<br />
leur perte.<br />
Énumérant les principaux conseillers<br />
qui, selon lui, doivent partir, M.<br />
Gelb cite quatre personnes très proches<br />
intellectuellement et affectivement du<br />
président : Susan Rice (conseillère de<br />
sécurité nationale), Dennis McDonough<br />
(directeur de cabinet de la Maison-<br />
Blanche), Benjamin Rhodes (chargé<br />
de communication) et Valérie Jarrett<br />
(conseillère de politique étrangère). La<br />
classe dirigeante à Washington leur reproche<br />
de ne jamais faire de propositions<br />
originales au président, et encore<br />
moins de le contredire, mais de toujours<br />
le conforter dans ses préjugés.<br />
Seule personnalité à trouver<br />
grâce aux yeux du Council on Foreign<br />
Relations, Anthony Blinken, nouveau<br />
n°2 du secrétariat d’État, un « faucon<br />
libéral ».<br />
Le Council on Foreign Relations<br />
étant un organe bipartisan, M. Gelb propose<br />
que le président Obama s’entoure<br />
de quatre démocrates et de quatre républicains<br />
correspondant au profil qu’il<br />
a décrit. D’abord les démocrates Thomas<br />
Pickering (ancien ambassadeur aux<br />
Nations unies), Winston Lord (ancien<br />
assistant d’Henry Kissinger), Frank<br />
Wisner (officieusement un des patrons<br />
de la CIA et accessoirement le beaupère<br />
de Nicolas Sarkozy) et Michèle<br />
Flournoy (la présidente du Center for a<br />
New American Security) [8]. Puis, les<br />
républicains Robert Zoellick (ancien patron<br />
de la Banque mondiale) [9], Richard<br />
Armitage (ancien assistant de Colin<br />
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Le cabinet de Barack Obama © SS&SS<br />
Powell) [10], Robert Kimmitt (probable<br />
prochain patron de la Banque mondiale),<br />
et Richard Burt (ancien négociateur<br />
sur la réduction des armes nucléaires).<br />
Au secrétariat à la Défense, M.<br />
Gelb propose le rabbin Dov Zakheim<br />
pour gérer les réductions budgétaires<br />
[11], l’amiral Mike Mullen (ancien chef<br />
d’état-major interarmes) et le général<br />
Jack Keane (ancien chef d’état-major<br />
de l’Armée de Terre). E n f i n ,<br />
M. Gelb propose que la stratégie de<br />
sécurité nationale soit élaborée en concertation<br />
avec quatre « sages » : Henry<br />
Kissinger [12], Brent Scowcroft, Zbigniew<br />
Brzezinski [13], et James Baker<br />
[14].<br />
En examinant de plus près cette<br />
liste, on comprend que le Council on<br />
Foreign Relations n’a pas souhaité<br />
trancher entre les deux groupes qui<br />
s’opposent au sein de l’administration<br />
Obama, mais qu’il entend remettre de<br />
l’ordre dans le système par en haut.<br />
À ce sujet, il n’est pas indifférent dans<br />
un pays jusqu’ici dirigé par des WASPs<br />
(White Anglo-Saxon Protestant) de<br />
constater que deux des conseillers dont<br />
on exige le renvoi sont des femmes<br />
noires, tandis que quatorze des quinze<br />
noms entrants sont des mâles blancs,<br />
soit protestants, soit ashkénazes. La remise<br />
en ordre politique est donc aussi<br />
une reprise en main ethnique et religieuse.<br />
Notes<br />
[1] Lire par exemple : « Obama<br />
a-t-il encore une politique militaire ? »,<br />
par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire,<br />
1er décembre 2014.<br />
[2] « D’"anciens" militaires français<br />
parmi les jihadistes de Daesh », Réseau<br />
Voltaire, 21 janvier <strong>2015</strong>.<br />
[3] « Contre qui le Pentagone se<br />
bat-il en Syrie ? », Réseau Voltaire, 1er<br />
novembre 2014.<br />
[4] « Comment Vladimir<br />
Suite à la page (19)<br />
<strong>2015</strong> et la marée montante<br />
des guerres !<br />
Par Bill Van Auken<br />
Dans son discours mardi soir, sur<br />
l’état de l’Union, le président<br />
Barack Obama a affirmé qu’après une<br />
décennie et demi du nouveau siècle, les<br />
Etats-Unis ont « tourné la page » sur<br />
13 années de guerre ininterrompue, et<br />
qu’ils ont appris les « coûteuses leçons<br />
» de leurs interventions en Irak et en<br />
Afghanistan.<br />
Cette déclaration a aussi peu<br />
à voir avec la réalité que ses affirmations<br />
délirantes et mensongères que<br />
l’« ombre de la crise est passée » pour<br />
l’économie américaine, que grâce à son<br />
« industrie en pleine effervescence »,<br />
l’Amérique est « sortie de la récession<br />
» avec une « reprise » touchant de «<br />
plus en plus de vies » et des salaires<br />
« enregistrant finalement une nouvelle<br />
hausse. »<br />
Les affirmations surannées<br />
d’Obama sur le reflux de la guerre<br />
furent démenties par son propre discours.<br />
Il a sommé le Congrès de lui accorder<br />
une autorisation illimitée pour<br />
l'usage de la force militaire (Authorization<br />
for Use of Military Force, AUMF)<br />
couvrant la nouvelle guerre que la Maison<br />
Blanche a lancée il y cinq mois en<br />
Irak et en Syrie.<br />
Le président a fait la remarque<br />
douteuse que les services de renseignement<br />
américains ne pratiquaient plus<br />
la torture, alors même que les tortionnaires<br />
qui ont agi sous le gouvernement<br />
Bush s’étaient vus garantir une<br />
totale impunité. Aussitôt après, il s'est<br />
vanté de son utilisation « correctement<br />
encadrée » des frappes de drone, basées<br />
sur des « listes de mort » établies lors de<br />
réunions à la Maison Blanche, connues<br />
sous le nom de « mardis de la terreur ».<br />
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Le président Barack Obama<br />
Une récente analyse de ces assassinats<br />
ciblés a montré qu’au cours de tentatives<br />
de meurtre visant 41 individus<br />
au Pakistan, les drones américains ont<br />
massacré 1.147 personnes.<br />
Reprenant les thèmes de son<br />
prédécesseur, George W. Bush, l’ancien<br />
champion « de l’espoir et du changement<br />
» a déclaré : « Nous continuerons<br />
de traquer les terroristes et de démanteler<br />
leurs réseaux, et nous nous réservons<br />
le droit d’agir unilatéralement<br />
comme nous l’avons fait sans relâche<br />
depuis que j’ai pris mes fonctions pour<br />
débusquer les terroristes qui constituent<br />
une menace directe pour nous et nos<br />
alliés. » En clair, l’impérialisme américain<br />
s’arroge toujours le droit d'attaquer<br />
n'importe qui, n’importe où dans le<br />
monde, peu importe la loi !<br />
Une des toutes premières paroles<br />
d'Obama – que « pour la première fois<br />
depuis le 11 Septembre, notre combat<br />
en Afghanistan est terminé » – étaient<br />
un mensonge. Avec près de 15.000<br />
hommes dans le pays, les forces américaines<br />
effectuent toujours des descentes<br />
pour liquider des adversaires du régime<br />
pro-américain à Kaboul. Le haut commandant<br />
américain en Afghanistan a<br />
annoncé qu’il gardait en réserve la possibilité<br />
de « prolonger la mission » des<br />
forces d’occupation américaines.<br />
Vu la situation mondiale,<br />
l’affirmation d’Obama qu'il tourne la<br />
page signifie non pas une avancée vers<br />
une nouvelle ère de paix, mais plutôt<br />
une régression vers les tensions mondiales<br />
qui ont plongé l’humanité dans<br />
une guerre mondiale cataclysmique il y<br />
a un siècle. Sur presque tous les continents,<br />
l’impérialisme américain lance<br />
des interventions militaires qui risquent<br />
de déclencher une nouvelle guerre<br />
mondiale. Les premières semaines de<br />
<strong>2015</strong> n'ont fait qu'intensifier ces menaces.<br />
Alors que des combats reprennent<br />
en Ukraine orientale entre le régime<br />
pro-américain à Kiev et ses adversaires<br />
pro-russes, le Pentagone a<br />
annoncé l’envoi de troupes en Ukraine<br />
pour former et conseiller la nouvelle<br />
Garde nationale, une force dominée par<br />
les milices fascistes. Obama a rejeté les<br />
propositions de la Russie en vue d’un<br />
règlement pacifique de ce conflit qui,<br />
depuis avril, a coûté la vie à près 5.000<br />
personnes, les qualifiant de « plan<br />
d’occupation russe. »<br />
Dans son discours, Obama s’est<br />
réjoui des ravages produits en Russie<br />
par les sanctions imposées par les<br />
Etats-Unis, l’Union européenne et<br />
l’OTAN. Il s'est félicité du fait que « la<br />
Russie est isolée et son économie est<br />
en lambeaux. » Washington est résolu<br />
que la guerre doit continuer en Ukraine<br />
afin d’infliger une défaite géopolitique<br />
décisive à la Russie. Ils voient en cela<br />
une étape clé dans le but d’asseoir leur<br />
hégémonie sur le continent eurasien<br />
– même au risque de déclencher une<br />
guerre nucléaire.<br />
En Asie, l’impérialisme américain attise<br />
délibérément les tensions avec la<br />
Suite à la page (19)<br />
14 <strong>Haiti</strong> Liberté/<strong>Haiti</strong>an Times<br />
Vol. 8 • No. 29 • du <strong>28</strong> janvier au 3 février <strong>2015</strong>