urant tout l’été Peel a fait voyager ses pages dans les lieux ensoleillés
et culturels : Sur les Quais à Bordeaux, Au Museo Guggenheim à
Bilbao, en hors-bord sur la méditerranée, sur une plage ensoleillée, en terrasse
attablée… Là, tout est autre : on traine sans raison, on lit des bouquins et on y
fait des rencontres faciles. Au moment où nous écrivons ces quelques lignes, votre
magazine Peel est au soleil au festival du Cabaret Vert. Bon, il y a plus sexy que
les Ardennes, mais ici, tout est nature, tout se recycle, tout est bio, sauf peut-être
les corps alcoolisés effondrés dans l’herbe que nous devons régulièrement enjamber
pour approcher des Lives, quoi que... Tout est certes différent d’autres festivals
aux publics d'habitués, il y a une authentique bonhommie simple, mais il manque
tout de même les Live sur la plage et les filles en Bikini. Pas de polémique hein !
Mieux vaut se présenter ici sans atour, tel Eve et Adam au paradis… car au fond,
c’est ce qu’on recherche, le Paradis perdu, celui des fresques de la Renaissance.
Vivre la renaissance, en moins esthétisant, est notre lot quotidien en fin d’été,
particulièrement pour cette rentrée 2016. Pour donner un peu plus d’élégance et
de lumière à ce moment plutôt désespérant, Peel vous invite à effleurer délicatement
de vos doigts le velouté de ses pages où comme toujours de nouvelles surprises
et découvertes vous attendent. Vous pourrez alors vous immerger (à défaut
de piscine) dans les œuvres photographiques de Iacopo Pasqui, dans le Street-art
du Girlpower, dans les mélodies de l’exquise playlist de Prieur de la Marne, dans
la programmation rafraichissante du festival Elektrikiki, et prendre par ailleurs
connaissance d’autres choses qui méritent peut-être aussi un peu d’intérêt, yes, un
peu. Alors bonne lecture de votre Magazine Peel #8 !
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ALEXIS
JAMA-BIERI
dirigeant culturel
Reims
contributeurs
BENOÎT
PELLETIER
directeur créatif
photographe
Reims
PRIEUR
DE LA MARNE
tendresse & musique
Reims
08 / grand peel board
10 / Iacopo Pasqui :
étranges instants
14 / LES AtelierS
d'Olivier Ducastel
et Jacques Martineau
20 / 5 RAISONS D'AIMER…
22 / patrimoines revisités
34 / la lunetterie
champenoise
36 / prieur de la marne
38 / SANY : GIRL POWER
42 / bruno lobbé
44 / brimoncourt
48 / MARIE GUILLEMOT
CYRILLE
PLANSON
Redac-chef
La Scène
Le Piccolo
Théâtre(s) mag
Nantes
NICOLAS
DAMBRE
journaliste & auteur
Paris
JEAN
DELESTRADE
souplesse &
décontraction
Reims
AGATHE CEBE
Rédactrice &
journaliste freelance
REIMS
Jérôme
Descamps
réalisateur
& montreur de films
Reims
Anne De La
Giraudière
Journaliste
REIMS - PARIS
Dominique
Bunel
Chasseur de poncifs
Reims
L’été meurtrier
Une playlist suggérée
par Prieur de la marne
Essa Moca Ta Diferente
Rules of Life
Put Me Thru
soundcloud.com/prieurdelamarne
Chico Buarque
J’appartiens à une génération qui a grandi
avec cette fichue télévision… Enfant j’étais
régulièrement congédié et contraint de passer
devant cet objet des heures durant.
De ces années de torture psychologique,
il me reste le souvenir ému des génériques
de François de Roubaix et cette pub pour
une boisson gazeuse aux agrumes…
Ces jolies filles qui jouaint au beach volley
en bikini à Copacabana… Cet air entêtant
de Chico Buarque. Des pensées érotiques.
Trouver l’amour à la plage…
Pendant que les gens brûlent
Niagara
Vous attendiez « L’Amour à la Plage » ?
Je suis au regret d’assumer beaucoup
plus, et de loin, ce riff de guitare et ces
choeurs sortis de nulle part. « Pendant que
les Champs Brulent » résonne aujourd’hui
encore dans mon cerveau reptilien comme
un manifeste pour la Légèreté. Et dans mon
hémisphère gauche, c’est l’image de cette
désinvolture qui m’a tant séduit chez cette
grande fille aux cheveux rouges qui apparaît
dès les premières notes…
Masters of The Hemisphere
La ville d’Athens (en Georgie aux États-
Unis), peut s’ennorgueillir d’avoir vu
émerger dans les années 90 des groupes
comme Of Montreal et ce groupe d’indie
pop dont personne ne me parle jamais,
exception faite de mon meilleur ami…
Cette ballade électrique est une petite
comptine qui traite de ce garçon qui
ne voulait pas suivre les règles et
de ces méchants patrons qui ne cessaient
de lui répéter « Remets-toi au travail »…
Mon Premier Jour sans toi
Nino Ferrer
Même sentence avec cette superbe chanson
de Nino Ferrer… Je regrette souvent que
cet immense artiste aie choisi de quitter ce
monde en se tirant une balle en plein cœur
au milieu d’un champ en été, juste après le
décès de sa maman… Je me souviens du
« Téléfon » dans un manège où j’essayais
désespérément d’attraper la queue
du Mickey. Mon père prit un malin plaisir à
me faire découvrir cet homme qui était
originaire lui aussi du Lot. En voyant
ce grand échalas aux cheveux blonds,
j’ai immédiatement compris qu’il était
foncièrement bon (Nino Ferrer et non mon
père)… Ces chansons ont ensuite bercé
mon adolescence. Il m’arrive toujours
de l’écouter avec tendresse, en voiture.
Mais cette valse qu’est « mon Premier jour
sans toi » m’est devenu tout simplement
insoutenable…
Anderson .Paak
Vous me voyez digresser et verser bêtement
dans la nostalgie. Il est donc temps que
je me reprenne et que j’avale dans un grand
verre d’eau ces pilules de Spiruline. Voici
le tube incontestable de cet été meurtrier.
Anderson .Paak est une incroyable bête de
scène, avec cette voix sur le fil et le grosse
dans le slip. C’est également un batteur
chevronné. Et puis il y a ce style vestimentaire
tout simplement inimitable. Enfin il y a
ce superbe morceau que je considère d’ores
et déjà comme un classique… Au même titre
que « Happy » de Pharell Williams.
J’exagère ?? Ce doit être la spiruline…
The Past is a Grotesque Animal
Of Montreal
« C’est tellement embarrassant d’avoir
de quelqu’un comme j’ai besoin de toi
présentement… » Cette longue plage de
Of Montreal, sur fond de kraut rock, déballe
une succession d’excuses toutes adressées
à l’être aimé… mais perdu. J’ai si souvent
pleuré la nuit en écoutant cette chanson que
je me suis désormais interdit de l’écouter.
À vie…
un objet(remarquable)
Cette créature ne sort pas directement des ténèbres, mais des réserves de la maison de vente Chativesle.
Il s’agit d’un Pangolin à longue queue (pour être plus précis un Manis tertradactyla) naturalisé dans
les années 50. Vous pourrez en faire l’acquisition parmi d’autres objets remarquables, à l'occasion
d'une vente publique qui se tiendra le 9 octobre. Plus d’infos sur www.chativesle.fr
8 évènements à ne pas rater
en SEPTEMBRE - OCTOBRE
QUOI Mangez la
banane parlez debout.
QUOI Who's Next.
Quand Du 2 au 5
septembre.
Où À Paris, au Parc
des expositions porte
de Versailles.
: Marques, acheteurs,
journalistes et trendsetters
issus de plus
100 nationalités font
ensemble les tendances
à chaque saison pendant
4 jours de rencontres,
d’animations et de
festivités.
© dr
Quand Vernissage
le Samedi 10 septembre
avec un concert
de Julien Bouchard.
Où À Maison vide.
: Exposition de Guillaume
Chiron / Collage
et installation visible
du 11 septembre au
9 octobre de 14h30
à 18h30.
www.maisonvide.fr
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whosnext.com
QUOI L'architecte Finn
Wilkie.
Quand Vernissage
le 9 septembre.
Où Au Lieu Minuscule.
: Architecture
et maquettes.
le-lieu-minuscule.tumblr.com
© dr
QUOI Présentation
de saison 16 / 17
de Césaré, centre
national de création
musical.
Quand Le jeudi 15
septembre à 20h00.
Où Aux Docks Rémois.
: Infos et réservations
au 03 26 88 65 74
ou contact@cesare.fr.
Gratuit sur réservation.
www.cesare-cncm.com
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Belles endormies, Rêves de guitares
QUOI L'Opendoday.
Quand Le samedi 17
septembre.
QUOI Bière Social
Club #3.
Quand Vendredi 23
septembre 19h > 01h.
Où Lieu tenu secret
(annoncé sue la page
Facebook).
: Aimer la bière au
pays du Champagne,
oui. Un bar éphémère
dans un lieu atypique
pour déguster une
fine sélection de bières
artisanales, avec expo et
des sélecteurs musicaux.
www.bieresocialclub.com
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Où À Saint-Ex, centre
culturel numérique.
: Ateliers participatifs,
installation interactive
et inauguration
du nouveau
baréphémère#20.
www.saintex-reims.com
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QUOI Expo # 3,
Des coups de foudre
et des petits riens.
Quand Du 24/09 au
9/10, visible les samedis
et dimanches de 14h3O
à 18h30.
Où Au centre d'Art
et de Culture à
Auménencourt (51110).
: Exposition avec
Sylvain Lécrivain
et André Parisot.
Association culturelle
la pierre longe.
facebook.com/centreartcultureaumenancourt
© DR
© DR
QUOI Les Noces
Félines #4.
Quand Vendredi 14
et le samedi 15 octobre.
Où Au Palais du Tau.
: Fleurons groove
et patrimoine.
velours-prod.com
atelier
coiffure
CRÉATION / CONCEPTION WWW.BELLERIPE.FR PHOTOGRAPHIE WWW.BENOITPELLETIER.COM
51 rue de Talleyrand - 51100 Reims 03 26 47 49 85
Suivez-nous sur et
par agathe cebe
La Comédie des arts
Dès septembre, l’association FUGITIVE, autour de Sarah Walbaum
et Simon Coquelet, entreprend de vous faire découvrir deux artistes
émergentes à travers des installations éphémères. Inscrites dans le cycle
« Un lieu – Une œuvre », ces installations se conjugueront au grand hall
de la Comédie de Reims, à l’architecture atypique et certainement source
d’inspiration. Du 6 septembre au 16 décembre 2016, découvrez l’univers
de Cécile Carrière, centré sur le corps, ses mouvements et ses flux d’énergie
entre les différents milieux qu’il investit, et du 16 janvier au 2 juin 2017,
entrez dans l’espace singulier et curieux de Julie Faure-Brac, empli de métaphores
et d’allégories qui illustrent notre condition humaine. Cette double
invitation est une initiative dynamique conçue pour conjuguer les plaisirs
artistiques et pour ouvrir le public à un autre regard sur l’art d’aujourd’hui.
www.facebook.com/assofugitive voir aussi cecilecarriere.fr et juliefaurebrac.com
Le retour de l’enfant prodige
Le 27 octobre, la Cartonnerie reçoit Jeanne Added, pour un concert
« à domicile ». La rémoise, après une tournée à grand succès, une
nomination aux Victoires de la Musique, et des apparitions médiatiques
fameuses, revient en ses terres et contrées pour interpréter son premier
album solo à l’aura envoutante et à l’énergie inimitable. Être formée à
Reims a du bon, et Jeanne Added le prouve depuis des années désormais :
venez (re)découvrir l’étendue de ses séduisants talents sur la scène de la
Carto !
Informations et réservations : cartonnerie.fr
© DR
Souriez, vous êtes filmés
En coproduction avec CESARE et la Comédie de Reims, le spectacle
interactif de Laurent Durupt s’installe pour la Nuit Blanche, le 1 er octobre
2016, au collège des Bernardins à Paris. De 21h à 2h, ce spectacle
musical, qui se veut installation, performance et concert, interprétera
une partition inédite, avec l’utilisation dérivée d’objets très actuels
de surveillance vidéo et d’écoute. Ce spectacle original, « PrivEspace »,
viendra également, en 2017, pour le festival Reims Scène d’Europe, enrober
ses spectateurs attentifs dans cet univers curieux et familier dont nous
sommes, nécessairement, les héros quotidiens, en images et en sons.
« La partition dont tu suis le héros » est donc un miroir tendu sur notre individualité
épiée au sein de la société épiant, un spectacle dans lequel chacun
peut se reconnaître.
Aperçu : laurentdurupt.com / Informations : collegedesbernardins.fr
Lâcher de cygnes sauvages
Swans, le groupe formé en 1982 autour du charismatique Michael Gira
vient performer à la Cartonnerie le 15 octobre. Les retours ont toujours
été unanimes : l’expérience scénique de Swans frôle le génie, et nul
doute que leurs talents live doivent être à leur apogée, après cinq ans
de tournée ininterrompue. Echauffé, entraîné, le groupe fera certainement
découvrir leur dernier album, « The Glowing Man », évènement 2016
des mélomanes avertis. Et avant l’incandescente performance de Swans,
vous pourrez savourer la prestation de l’inclassable organiste Anna Von
Hausswolf. Ne manquez pas ce 15 octobre mystique à la Cartonnerie.
Informations et réservations : cartonnerie.fr
© DR
4 questions à
Anne-Sophie Velly,
directrice artistique
du festival
Comment est née l'idée d’Elektrikiki ?
Ça fait 3 ans que nous intervenions sur
Elektricity. Ce festival, créé par Yuksek,
mêlant musique contemporaine pop
& électro, parfois dans des lieux inattendus,
était un rendez-vous de rentrée
fédérateur où les gens se retrouvaient
en musique avant de recommencer une
nouvelle année. Quand on a appris que
le festival Elektricity n’aurait pas lieu à la
rentrée 2016, au lieu de se demander ce
qu’on allait faire, nous avons eu cette idée.
Quel est le concept de ce nouveau
festival ?
Le concept, c’est le rikiki : petite expo,
petits concerts, petites jauges, petites
formules.
C’est un retour à l’intimité en fait.
Avec une identité affirmée, pop électro,
indé.
Comment as-tu réalisé la programmation
?
Au coup de cœur. C’est un réel espace de
liberté, et c’est ce que devrait idéalement
être la programmation des lieux intermédiaires
et indépendants : ne pas être
dans le calcul. J’ai programmé Weekend
Affair sur les conseils de Yuksek qui
a produit leur dernier EP. Lenparrot,
c’est le projet du chanteur de Rhum for
Pauline, que j’avais programmé à la
Cartonnerie pour une soirée Maison
Vide. Je suis fan de son univers et de
sa voix dingue. J’ai découvert Lockhart
en écoutant l’émission de Kumisolo
sur Rinse France. Il a produit le titre
que Fishbach a fait pour la compile
Maison Vide depuis 1902.
V comme Vaillant, Bad Apache
et Herr Pop sont déjà passés à Maison
Vide et les essayer c’est les adopter…
En parallèle de la musique il y aura
une expo au Lieu Minuscule de
Joann Bertrand D’Hy (artiste Nantais)
et un marché de créateur avec
Le Marché Super.
Comment imagines-tu Elektrikiki
dans 10 ans ?
J’imagine plein de mini-concerts
un peu partout en ville, dans des
petits lieux incongrus comme une
cabine téléphonique, un bus, une
chapelle, une cave de champagne,
une serre…
propos recueillis par alexis jama-bieri
ntre fin septembre et début octobre, tandis que les jours diminuent,
les nuits s’allongent et se plaisent à vibrer au rythme d’un festival musical
attendu. Mais cette année, changement de programme.
Du 29 septembre au 2 octobre, Elektrikiki fait sa place. Loin de se substituer
à Elektricity, ce nouvel évènement rémois est plutôt un clin d’œil, à l’initiative
de Maison Vide, toujours pleine de bonnes idées pour ne pas laisser les curieux
et les mélomanes sans nourriture terrestre. Aussi, la programmation s’établit autour
d’une sélection savoureuse signée Anne-Sophie Velly. Entre la pop fraîche de Week-
End Affair (« Duel »), ou électro 80s de Lockhart (« Femme fantôme »), et les DJ Set
de Bad Apache (« Solange la Frange ») et Herr Pop (« Claque-le »), en passant par la
musique théâtrale de V comme Vaillant (« Cœur en plastique »), le festival Elektrikiki
a plutôt tout d’un grand. Deux lieux vous donnent rendez-vous. Un lieu minuscule,
ou plutôt Le Lieu Minuscule, en bon pléonasme, inaugurera Elektrikiki. De 18h à 21h,
venez danser et gagner des goodies lors de la tombola. N’oubliez pas vos 45Tours
pour l’open platine, pour que l’ambiance musicale de cette ouverture soit participative.
Et pour la suite du festival, ce sera précisément à La Suite, pour deux jours
en formule « deux concerts – un DJ set » et le dimanche 2 octobre, avec le désormais
fameux Sunday Market, où vous retrouverez bon nombre de créateurs frais et
sympatiques, dont Le Marché Super. Pour profiter de ces quatre jours élektrik’, vous
avez la possibilité de réserver sans tarder. Alors, organisez-vous comme vous voulez,
mais soyez là et laissez-vous surprendre par Elektrikiki, ce festival préparé aux petits
oignons et avec amour.
elektrikiki
mais pas tant que ça…
Informations et réservations : Elektrikiki.fr
photographie
_ 1999 3 © Iacopo Pasqui _ Courtesy of the Artist
_ Uncommon Time © Iacopo Pasqui _ Courtesy of the Artist
0
photographie
Iacopo
Pasqui :
étranges
instants
photographie
_ 1991 1 © Iacopo Pasqui _ Courtesy of the Artist
_ 1999 2 © Iacopo Pasqui _ Courtesy of the Artist
2
photographie
En 2012 il a été le lauréat du concours « Leica
Talent 24x36 » et le plus jeune auteur contemporain
à figurer dans le livre " Histoire de la photographie
en Italie de 1839 à aujourd'hui " de G.
d'Autilia. En 2014, il est gagnant du projet " SITE
ART OFF " organisé par par Artbridge NY et est
finaliste en 2015 du concours WAM-Milano City
mondiale. Il participe régulièrement à des expositions
individuelles et collectives en Italie, notamment
à ARTEFIERA Bologne avec des auteurs
tels que Ettore Spalletti et Michelangelo Pistoletto.
Son travail a été publié dans divers magazines
et sites web – il a notamment collaboré avec
les magazines L'Espresso et Vice - et est soutenu
par plusieurs fondations intervenant dans l’art.
En 2016, il a publié un livre de photographies de sa
dernière série " 1999 " chez Witty Kiwi. Pour cette
série, Iacopo Pasqui a photographié durant un an
un groupe d'adolescents - Alessio, Chicca, Flavio,
Francesco, Irene et Rebecca - nés en 1999. Motivé
par la curiosité envers les dynamiques sociales
contemporaines et par la nécessité de photographier
les autres, il trouve alors dans ce groupe
de jeunes amis une dimension appropriée pour
son travail, étant donné la proximité et le fossé
des générations. Au fur et à mesure qu’il côtoie
ces jeunes, ses préjugés disparaissent et cette
série devient une recherche sur la poésie
et la pureté de l’adolescence.
Quelle a été ton cheminement vers la photographie ?
J'ai étudié le droit pendant 3 ans jusqu'à ce que je ressente le
besoin de faire de la photographie. Il s’agissait plutôt d'un processus
interne.
Quel est le rôle de la couleur dans tes photos ?
Le même rôle pour moi que la matière et les gens. Ils sont accessibles
à tout le monde. La couleur a un rôle fondamental,
mais pas toujours, mais elle permet de préciser ma vision, pour
rendre les images beaucoup plus réelles ou irréelles, et permettre
au spectateur de voyager sans bouger.
Ton approche est-elle différente pour un paysage ou une personne
?
À mon humble avis, il n'y a pas de règles particulières pour
aborder un portrait ou un paysage. Mon approche est identique.
Je les observe avec les mêmes yeux et je pense que les
difficultés de les dépeindre sont les mêmes et exigent une certaine
empathie avec le sujet. J’essaie alors de capter instinctivement
leur puissance et leur beauté en me laissant guider par
mon intuition.
Comment choisis-tu les sujets ?
Il y a toujours une nécessité interne, une idée, un détail, une
question qui me vient à l'esprit en observant ce qui est autour
de moi, et le choix des sujets se produit généralement dans les
moments les plus étranges et de manière inattendue.
Quel appareil utilises-tu ?
Mes préférences vont aux appareils analogiques pour le format
120 et 35mm, notamment le Mamiya 7 et Leica M, mais j'utilise
en fait tout ce dont je dispose quand je dois prendre une photo,
ce qui inclut, quand je n’ai pas mes appareils préférés avec moi,
le numérique et le téléphone mobile.
Peux-tu nous parler de ta dernière série de photographies 1999 ?
1999 est une série sur 6 adolescents qui vivent près de chez moi.
J'ai commencé à travailler avec eux en février 2015 et pendant
un an je les ai suivis dans leur vie quotidienne. Ce travail est une
recherche sur la poésie et la pureté de cet âge, sur l'innocence et
la façon d'être de ces jeunes gens qui sont, au fond, encore des
enfants. Elle vise à mettre en évidence une réalité qui est compliquée,
et qui en même temps semble normale, à des années
lumières de son environnement.
w w w . i a c o p o p a s q u i . i t
cinéma
LES AtelierS
d'Olivier Ducastel
et Jacques Martineau
cinéastes
4
cinéma
Jacques Martineau est né à Montpellier en 1963,
il étudie à l'École Normale Supérieure et passe
l'agrégation des Lettres. Il est Maître de Conférences
à l'Université de Paris X-Nanterre.
« Si tu voyais où je suis ! » Jacques Martineau répond de manière
alerte au téléphone. « Je nettoie les fientes de pigeon ramier sur
les poutres d’une partie de la maison ». Je lui expose mon projet
d’article sur la fabrique des films, Jacques embraye immédiatement
pour me dire « Rien de bien palpitant ! Mon lit et des rêveries
en vélo ou en voiture ».
Paris. 13 ème étage. Waouhh !!! Un seul axe de regard ne suffit
pas pour une telle immensité, le panoramique s’impose. D’est
en ouest, Paris comme une maquette des Plans-Reliefs.
Appartement soigné, canapé rouge vif, tableaux contemporains,
photographies, formes sculptées, les amis, les connaissances,
artistes eux aussi. Jacques sert un premier café, cafetière Alessi
de Richard Sapper, l’odeur d’arabica éveille nos deux cerveaux.
« Tu me donnes deux minutes ? » Jacques Martineau, grand aux
yeux bleu turquoise, va ranger vite fait sa chambre. C’est son
lieu de travail, c’est l’espace que je viens visiter. Pour Jacques,
l’atelier de création, c’est le lit, les coussins, les fauteuils avec
pouf, le transat. Allongé, les yeux vers le ciel, l’esprit filant au
travers des nuages.
Draps rouges, trois oreillers orange et rouge, murs jaune safran.
À côté un bureau noir et rouge, des étagères remplies de livres,
un séchoir à linge et un large bureau noir ouvragé. Des papiers,
un MacBook Air, c’est l’outil principal.
« Olivier apporte souvent des concepts, je dois les transformer en
histoire. » De la « grande » musique, une image, une pièce de
théâtre tout peut déclencher l’écriture mais quand vient le moment
d’écrire, il faut le silence. Pour parler du travail, il évoque
« Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » – Haruki Murakami
(Ed. Belfond et 10/18).
« Je suis obsessionnel et régulier, je travaille bien de 10h à 12h30
et de 16h30 à 20h, parfois 21h. Après c’est terminé je suis bon à
rien, vidé. Et il faut que je sois certain de pouvoir manger à la
maison, je n’aime pas trop sortir dans ces moments-là. » Jacques
se lève précipitamment, la saucisse fumée bio sur lit de poireaux
mijote doucement pour le repas. Fausse alerte, tout va bien,
la régalade est en vue.
Reprenons. L’histoire se construit dans les méandres du cerveau,
les doigts transcrivent et créent.
« L’écriture c’est rapide, c’est magique, les mots et les idées
s’agencent, c’est un avènement ». Pas de brouillons, de bouts de
papiers, de cahiers, « J’ai une mémoire monstrueuse, tout est
dans ma tête. Ecrire un séquencier sans dialogues, c’est un cauchemar
pour moi, il faut que j’écrive directement, j’ai beaucoup
de mal avec le décorticage, la « continuité », avec tous ces trucs de
scénaristes. Je ne fais pas de plan, je ne fais pas de fiches personnages,
je ne me soucie pas de la cohérence psychologique, pour
moi, la cohérence c’est le comédien. »
Deuxième café, des nappes de lumière trouent le ciel encombré
de nuages sombres et éclairent certains quartiers de la capitale.
Un gigantesque son et lumière où les monuments de Paris sont
autant de points de repères étincelants.
« L’important c’est la régularité, je cale mon écriture sur le premier
jour, si j’écris quatre pages, à raison de 90 pages par scénario, je
peux savoir quand j’aurai terminé. Le temps travaille pour moi,
je peux voir et calculer la progression. Pour la première version,
je ne relis jamais depuis le début, juste le raccord avec la séquence
précédente, il faut avancer, il faut écrire et après on décide si
c’est bien. Le premier jet est toujours joyeux. » Grand sourire de
Jacques, ses yeux pétillent comme ceux d’un enfant, volubile.
« L’autre règle c’est d’arrêter d’écrire quand tu as la prochaine
séquence, il faut s’interdire de continuer, il faut en garder pour
la séance suivante. Et je suis adepte du précepte « La nuit porte
conseil ». Le soir, tu écris une séquence, c’est nul. Le matin tu relis
et tout s’éclaire, tu réécris et ça marche. »
Cuisine. La saucisse aux poireaux embaume, Jacques prépare
un nouveau café. Pendant que la cafetière gronde, il découpe la
saucisse en rondelles, nous nous asseyons devant la petite table
carrée en alu, une nouvelle large fenêtre, une autre perspective,
une autre colline.
Le café est prêt, Jacques s’assoit épanoui et malicieux : « Parfois,
je donne un défi à Olivier : cette scène est écrite pour être un plan
séquence. Parfois, un mouvement de caméra peut conduire une
séquence. »
La collaboration, ce sont des allers-retours incessants entre lui
et Olivier, l’écriture de la version définitive progresse en même
cinéma
temps que le film se prépare (enfin, dans le meilleur des cas,
tous les projets – hélas - n’aboutissent pas). Olivier est aux repérages
et au découpage pendant que Jacques ciselle le scénario
bien que « un film ce n’est pas un scénario ». Jacques évoque
les comédiens avec qui ils ont travaillé : Jacques Bonafé, Marief
Guittier, Sami Bouajila, Virigine Ledoyen et surtout les deux
acteurs de leur nouveau film « Théo & Hugo dans le même bateau
» Geoffroy Couet et François Nambot.
« Donner un texte à un comédien, ça te bouscule, ça te transforme.
Je ne modifie jamais un texte sur le plateau par contre,
des aménagements sont possibles au cours des répétitions. J’ai un
grand souci des dialogues, je suis attentif à la musicalité, à la couleur
des mots, aux petits enjeux littéraires. Parfois, les comédiens
rechignent, mais quand je sais qu’ils peuvent le faire, je les mets
au défi et ils y arrivent. »
Nous regardons quelques photos de la maison normande et des
plages du côté d’Etretat. Jacques raconte que lors d’une promenade
sur les galets il a aperçu une équipe, Agnès Varda était
en plein tournage, retour sur les lieux de son film « Ulysse ».
La grand-mère irrévérencieuse et inventive du cinéma français
connaît bien Jacques et Olivier. Clin d’œil et fraternité et surtout
un encouragement à toujours et encore travailler, sans s’arrêter.
6
cinéma
Olivier Ducastel est né en 1962 à Lyon, il étudie à
Paris III puis à l’IDHEC en réalisation et montage.
Paris. Etage 28. Re-Waouhh !!! Une autre immensité, la colline
de Montmartre bien dessinée. De l’extérieur une tour pas très
esthétique, de l’intérieur une splendeur.
Nous nous asseyons dans des chauffeuses, face à une large baie
vitrée, les nuages de pluie filent, cascade de gris et de blanc pâle.
Olivier, crâne rasé et larges lunettes, arbore souvent un très
large sourire engageant. Il est disert, généreux, attentif. L’appartement
a été investi l’été dernier, mobilier choisi, collection
de plats de Valauris et de « Légo Architecture » (Villa Savoye,
Flat Iron Building, Rockefeller Center, Robin House…). Deux
grandes photos de lutteurs. Sur le buffet bas, quelques objets
dont le Teddy Awards / Prix du Public, Berlin 2016 pour « Théo
& Hugo ».
Le bureau est aussi la bibliothèque, dominante de bleu et canapé
rouge, des photos sur les étagères en bois dont l’actrice
Bette Davis lascive avec un sous-titre « Je me fiche de ce que
pensent les autres », un herbier, une photo du premier film
court d’Olivier « Le goût de plaire », une comédie musicale avec
Anne Alvaro et Christiane Millet et une belle photo de Jacques
Demy et Anouk Aimé dans le passage Pommeraye à Nantes au
moment du tournage du film « Lola ». Olivier a travaillé avec
Jacques Demy, il reste une référence essentielle dans son travail
du cinéma.
« Je pars du principe que les choses importantes restent », donc
pas vraiment de carnets de travail, tout au plus quelques notes
mais c’est le MacBook qui est le plus important des outils. C’est
le réceptacle des photos de repérages, des différentes versions
du scénario et du découpage.
Il y a bien un vieux cahier de la marque Heraklès qui s’intitule
« Cahier des projets », Olivier y écrit une idée de film par
page, 33 pour l’instant, plusieurs vies devant soi pour assouvir
l’envie de raconter des histoires. Il y a aussi une boîte avec des
coupures de journaux, quelques photos pour alimenter l’imaginaire
mais rien de décisif.
Donc, la Version 1 du scénario arrive, Olivier l’imprime et annote
dans la marge. Ensuite ce sera des lectures sur ordinateur
ou tablette.
Dans cette première phase, Olivier perçoit son rôle comme
celui d’« assistant » de Jacques, il met en page, imagine le découpage
de chaque séquence, reprend la chronologie et, au besoin,
organise le travail d’archives ou de documents.
C’est à partir de la V6 que le découpage technique s’affine,
nourri par les repérages qu’Olivier effectue, sans Jacques le plus
souvent. Pour « Théo & Hugo », Il est allé photographier les rues
de Paris concernées par l’errance des deux garçons pour vérifier
les axes, pour imaginer le parcours photographique d’une
séquence à l’autre, pour étudier la question des lumières d’une
rue à l’autre et imaginer les deux corps en mouvement dans
chacun des espaces.
La conversation est ininterrompue avec Jacques, retour dramaturgique,
idée de découpage, récit de repérages… Peu de notes,
tout au plus quelques Post-it. « C’est dans notre tête », ce « notre
tête » montre bien la fusion entre ces deux-là, le film est partagé
d’égal à égal.
Le téléphone sonne, Pôle-Emploi veut faire un point sur la
situation d’Olivier. « Je suis réalisateur et co-directeur du département
réalisation à la Fémis. Non, Fémis. F comme Françoise »
Pôle-Emploi ne connaît manifestement pas l’École nationale
supérieure des métiers de l’image et du son [une des deux
grandes écoles de cinéma en France. Elle a succédé à l’IDHEC
où Olivier a étudié]. « J’y travaille environ dix jours par mois ».
Réalisateur c’est aussi de la transmission et une façon d’organiser
son quotidien pour vivre, la plupart des films ne nourrissent
que très peu leurs auteurs.
Olivier se rassoit sur la chauffeuse grise, un peu soulagé.
Quelques secondes pour changer de casquette et il explique que
c’est lui qui recrute l’équipe technique et lui donne une grande
liberté, gage qu’elle mettra sa créativité au service du film.
Chaque étape est imaginée, cadrée par Olivier, rien n’est laissé
au hasard, par exemple les costumes font l’objet de toute son
attention « je me suis rendu compte que j’étais très directif (rire). »
Un costume c’est le lien direct entre un comédien et son personnage,
dès lors matières, couleur, statut social, fluidité ou rigidité
tout est pesé. « Pour le personnage joué par Virginie Ledoyen
dans « Jeanne et le garçon formidable », j’avais demandé à la
costumière de n’acheter que dans des magasins accessibles à une
standardiste d’entreprise, pas de marque chic. Après le tournage
la costumière m’a avoué que chaque vêtement avait été ajusté au
corps de la comédienne et qu’il y avait un vêtement Agnès b. mais
ça m’allait, le contrat de base était respecté, une standardiste peut
se payer un vêtement chic une fois par an (Rire). »
cinéma
À la fin de la préparation, Jacques et Olivier ne se quittent plus.
Pour le casting, ils proposent aux comédiens des canevas d’improvisation
qui ont à voir avec les séquences à tourner. Le choix
se fera sur les capacités d’invention et la photogénie.
Pour travail à la table avec les comédiens, ils répondent à toutes
les questions, affinent chaque intention de jeu, imaginent les
séquences.
Sur le tournage, Olivier est souvent le « premier de cordée »,
Jacques est à côté pour compléter une indication, préciser une
intention. « On se concerte de moins en moins ». Jacques est toujours
soucieux des dialogues quand Olivier se concentre sur
l’énergie de la séquence. « Nous n’avons pas vraiment de règles en
matière de direction d’acteurs, on est content, on garde, on n’est
pas content, on refait ».
Le grand souci d’Olivier est de « tourner des films sans gâchis »,
il trouve « qu’on nous oblige à tourner plus que ce qu’il faut »,
il est plutôt dans une approche économe de chaque tournage
moins du point de vue économique que du point de vue narratif,
l’image juste, la séquence juste, la bonne dynamique. « Dans
l’absolu, je n’ai pas l’idée de faire beaucoup de prises. Dans Théo,
il y a beaucoup de premières prises. »
Un film comme un espace préparé à accueillir toutes les libertés.
5 rendez-vous précieux
pour Jacques
• Der Ring des Nibelungen, parce qu’on s’y perd avec délices.
• Cosi fan tutte parce que c’est la plus belle et la plus triste
histoire d’amour que je connaisse.
• Manon Lescaut de l’Abbé Prévost parce que c’est la plus belle
et etc. (je ne citerai donc pas toutes les plus belles et etc. que
je connais).
• Un Soulages, noir naturellement, parce que c’est tellement
beau de faire autant avec si peu.
• Les falaises de la Côte d’Albâtre. Ce n’est pas une œuvre, mais
ça me fait bondir le cœur à chaque fois. On peut aussi les voir
chez pas mal d’Impressionnistes…
pour Olivier
• Remèdes désespérés de Thomas Hardy.
• Les années de Annie Ernaux.
• Collages à partir de Polaroïd de David Hockney.
•Sculptures monumentales de Keith Haring.
• The Irving Berling songbook par Ella Fitzgerald.
Filmographie (disponible en DVD ou en VOD)
1998 — Jeanne et le garçon formidable
1999 — Drôle de Félix
2003 — Ma vraie vie à Rouen
2005 — Crustacés et coquillages
2008 — Nés en 68
2010 — L’Arbre et la forêt
2010 — Juste la fin du monde de Jean-luc Lagarce
(Film de télévision adapté de la pièce Juste la fin du monde)
2016 — Théo et Hugo dans le même bateau
8
cinéma
UN LIVRE
5 raisons
d'aimer…
Madeleine project
Clara Beaudoux, éd. du Sous-Sol
Par cyrille planson
Parce que l’auteure sera bientôt à
Reims. Clara Beaudoux, l’auteure de
Madeleine Project, sera dans l’agglomération
rémoise le 28 septembre à
l’invitation de Nova Villa, l’association
organisatrice du festival Méli’môme.
Elle y présentera son livre et l’histoire
de Madeleine le 28 septembre
- à la médiathèque de Cormontreuil
(18h30) - avant d’animer au cours
de cette nouvelle année scolaire,
plusieurs ateliers et temps
de rencontre au sein de collège
de la région de Reims.
Parce que l’histoire de ce livre est
incroyable. Un jour, la journaliste
Clara Beaudoux emménage dans
l’appartement laissé vacant par une
vieille dame décédée un an plus tôt.
Elle s'appelait Madeleine et elle aurait
eu 100 ans en 2015. Madeleine y avait
vécu vingt ans et, faute de descendance,
la cave de son appartement
avait été laissée en état.
« J'y ai découvert, après en avoir
scié le verrou, rangée, empaquetée
dans des cartons, la vie de Madeleine,
objets, photographies, lettres.
Je m'y suis plongée ». En novembre
2015, depuis la cave n°16, sur Twitter,
Clara Beaudoux a réalisé le « live
tweet » de l’inventaire de cette cave.
Comme une plongée dans l’intimité,
les rêves et les douleurs d’une femme
anonyme.
Parce qu’il faut se faire un avis.
Ne sommes-nous pas tous un peu
voyeurs ? L’histoire de Madeleine
est belle parce qu’elle permet à la
journaliste Clara Beaudoux de mener
une enquête rigoureuse à partir des
traces infimes et de devenir la biographe,
émue et engagée, d’une vie
évanouie que nous n’aurions jamais
du connaître. Mais, en s’opposant
à cet oubli qui fait que la trace de
chaque individu ne survit que dans
la mémoire de ses proches, Clara
Beaudoux nous interpelle sur notre
rapport à nos propres existences.
Le monde ultra-médiatisé, celui de la
transparence à outrance, dans lequel
nous vivons interdit-il aussi l’oubli
et le secret, celui de nos amours
comme de nos douleurs ?
Parce que la figure de Madeleine est
terriblement attachante. L’histoire de
Madeleine, dont la jeunesse a été traversée,
et sans doute contrariée, par
la Seconde Guerre Mondiale est saisissante.
On est ému par le parcours
de cette jeune femme qui deviendra
institutrice et qui semble-t-il, ne
croisera plus l’amour après le décès
en 1943 de Loulou, ami amant avec
lequel elle entretint une correspondance
soutenue. Madeleine project
fonctionne en miroir de nos propres
« vies minuscules » pour reprendre
l’expression de Pierre Michon.
La petite histoire en écho de la
grande.
Parce que les réseaux sociaux sont
aussi intelligents. Twitter, ce n’est
pas seulement la dernière photo
de Nabila à la plage, la nouvelle aventure
capillaire d’un obscur footeux
de Ligue 1 ou l’ultime clash « gangsta
rap » entre Roff et Booba. C’est aussi
des projets aussi étonnants que celui
de Clara Beaudoux. Pendant son
live-tweet documentaire, certains
« followers » n’hésitaient pas à zapper
mes pauses déjeuner pour suivre
cette immersion dans cette petite
histoire. Comme en miroir à la découverte
fascinante d’un destin comme
un autre, sans aspérités visibles et
pourtant nourri de toutes les passions
humaines. Le #Madeleineproject
a vraiment ouvert un voie nouvelle.
0
nouveau
salon
4, rue Chabeau
51100 Reims
03 26 50 17 08
_ Sophie Zenon
PATRIMOINES REVISITÉS
2
PATRIMOINES REVISITÉS
Patrimoines
revisités
Du 17 septembre au 31 décembre 2016, Le Cellier
de Reims accueille l’exposition « Patrimoines
revisités ». Sous la direction artistique de Gabriel
Bauret, cinq photographes européens livrent leur
vision, à travers plus de 70 œuvres, des multiples
facettes du patrimoine rémois : historique, archéologique,
religieux, artistique, humain et industriel.
Rencontre avec Gabriel Bauret, commissaire
d’exposition indépendant et auteur de nombreux
ouvrages sur la photographie (Lucien Clergue,
La Photographie publicitaire, Daido Moriyama,
Approche de la photographie).
Commissaire d’exposition spécialisé dans la photographie, quel
a été votre parcours ?
Gabriel Bauret : Après avoir travaillé pour plusieurs magazines
photographiques, j’ai décidé de prendre mon indépendance
pour devenir commissaire d’exposition et monter des projets
diversifiés autour de la photo. J’ai ainsi commencé à organiser
différentes expositions en France et à l’étranger, avec des musées
et institutions, comme la Maison Européenne de la Photographie,
l’Institut du Monde Arabe, les Rencontres Internationales
d’Arles, le Mois de la Photo à Paris, etc. Je suis également chargé
d’un enseignement sur la photographie à l’École nationale des
Arts décoratifs à Paris.
_ Paolo Verzone
PATRIMOINES REVISITÉS
Comment est né ce projet d’exposition ?
G. B. : À l’occasion de l’inscription des Coteaux, Maisons et
Caves de Champagne sur la Liste du patrimoine mondial de
l’Unesco et du 25 e anniversaire du classement de la cathédrale
Notre-Dame, du palais du Tau et de l’ancienne abbaye Saint-
Remi, la ville souhaitait célébrer ce double événement et j’ai
été sollicité par Deborah Copel, directrice des affaires culturelles
de la ville de Reims, pour monter un projet autour du
patrimoine rémois. Plutôt que de réunir des œuvres existantes,
j’ai proposé d’inviter des photographes à travailler sur la ville,
avec l’idée d’enrichir le regard sur la diversité de ce patrimoine,
d’offrir une vision inédite au travers de différentes écritures
photographiques.
Sur quels critères avez-vous choisi les cinq photographes invités
?
G. B. : L’idée était de confronter plusieurs regards, plusieurs
sensibilités et de créer un dialogue par images interposées de
photographes venus de différents horizons et qui ne connaissaient
pas Reims. J’avais déjà travaillé avec Arno Gisinger, photographe
autrichien qui travaille étroitement sur les relations
entre mémoire, histoire et représentation visuelle et Jordi Bernadó,
photographe espagnol, architecte et urbaniste de formation.
Il était important pour moi d’associer un artiste italien,
forcément imprégné de l’idée de patrimoine, et la démarche de
Claudio Sabatino, ancien assistant de Gabriele Basilico et également
architecte de formation, m’intéressait. Je souhaitais aussi
intégrer une sensibilité féminine et l’écriture très poétique de
Sophie Zénon, son travail sur la statuaire, le minéral, s’inscrivait
bien dans le projet. Enfin, je ne voulais pas montrer que
des paysages ou des monuments et j’ai fait appel au portraitiste
italien Paolo Verzone, membre de l’agence Vu, trois fois primé
au World Press Photo, pour réaliser une série de portraits de
personnes qui font vivre le patrimoine au quotidien.
Pourquoi avez-vous intitulé l’exposition « Patrimoines revisités »
au pluriel ?
G. B. : Nous voulions insister sur le fait qu’il n’existe pas une
forme de patrimoine, mais plusieurs. Au-delà des grands monuments
historiques, la notion de patrimoine s’est ouverte à
l’industrie, aux paysages, au geste architectural, aux modes de
vie… Comme le souligne Nathalie Heinich dans La Fabrique
du patrimoine, l’exigence d’ancienneté ou de beauté n’est plus
le seul critère obligatoire. À ce titre, l’inscription des Coteaux,
Maisons et Caves de Champagne mais aussi de la Cité - jardin
du Chemin Vert dans la catégorie des « Paysages culturels évolutifs
vivants » témoigne d’une nouvelle orientation de la mission
Unesco pour préserver la diversité de l’héritage patrimonial.
L’objectif de l’exposition est ainsi d’illustrer les différentes
composantes du patrimoine de la ville et de questionner le
regard porté sur les traces de l’histoire dans le monde présent.
Comment les photographes ont-ils appréhendé la ville ? Quelles
étaient leurs consignes ?
G. B. : Ce n’était pas une commande très directive. Il s’agissait
bien sûr d’illustrer les deux ensembles inscrits sur la Liste du
patrimoine mondial de l’Unesco, la Cathédrale, le palais du
Tau, l'abbaye Saint-Remi et la colline Saint-Nicaise avec ses
anciennes crayères et la cité du Chemin-Vert mais les sujets
sont venus progressivement. Pendant une semaine à l’automne
dernier, les photographes ont arpenté librement la ville, se sont
imprégnés de son riche passé historique, de ses monuments
emblématiques mais aussi des empreintes laissées par 14/18
et la deuxième guerre mondiale, la War Room, Carnegie Hall,
l’Eglise Saint-Nicaise... Après une série de repérages et d’équilibrages,
on a très vite calé les prises de vue pour produire 10 à
15 images par artiste. Fasciné par l’histoire, Arno Gisinger s’est
employé à réactiver la mémoire de plusieurs épisodes qui participent
de la fabrique du patrimoine. Jordi Bernardó et Claudio
Sabbatini se sont attachés au monumental et au paysage urbain.
Sophie Zénon s’est immergée dans les réserves du Palais du
4
PATRIMOINES REVISITÉS
Tau pour réanimer, au sens propre, les statues avec son langage
photographique. Quant à Paolo Verzone, il a confectionné ses
portraits en mettant l’accent sur le lien entre la personne et son
univers professionnel.
Dans quelle mesure les œuvres présentées offrent-elles une nouvelle
vision de ce patrimoine ?
G. B. : Il ne s’agit pas tant d’offrir une nouvelle vision que de
présenter différents points de vue par rapport à une réalité et de
raconter une histoire. Dans la forme, les œuvres ne s’inscrivent
pas dans une veine révolutionnaire ni une dans contemporanéité
exceptionnelle. On se rapproche davantage du courant de
la nouvelle objectivité. À première vue, le travail de Jordi Bernadó
peut sembler purement documentaire mais il a une façon
de saisir des rapprochements inattendus, de s’arrêter sur des
détails incongrus que lui seul sait voir qui produit un décalage
ironique, une réalité inhabituelle. Dans un autre registre, Arno
Gisinger, qui a travaillé avec Georges Didi-Huberman, applique
à la photo les méthodologies très précises de l’historien, sans
rechercher d’effets picturaux ou esthétisants. Il cherche des indices,
des traces d’une histoire qui s’est passée pour déclencher
une réflexion. La photo de la plaque commémorative de Gaulle-
Adenauer scellée dans la cathédrale, en français et en allemand,
rappelle aussi la rencontre Hollande et Merkel à Reims pour le
50e anniversaire de la réconciliation franco-allemande et participe
à cette fabrique du patrimoine.
Comment avez-vous conçu la scénographie ?
G. B. : J’ai choisi de découper l’espace du Cellier en cinq parties
pour bien montrer la diversité des démarches artistiques.
Chaque séquence restitue un point de vue, un regard sur la ville
avec également un travail sur la forme et les différentes façons
de montrer des images, depuis les grands plexiglas rétroéclairés
d’Arno Gisinger aux petits formats sur papier, très intimes, de
Sophie Zénon.
En tant que commissaire d’exposition, quelle réaction attendezvous
du public ?
G. B. : J’aimerais que le public comprenne la démarche, s’intéresse
à ces regards extérieurs qui traduisent une curiosité, un
étonnement, un plaisir aussi. Au-delà du discours, l’exposition
est un miroir que l’on tend aux visiteurs, l’expression d’une
vision d’une même génération d’artistes à un moment donné.
Chaque époque apporte son lot de représentations particulières,
marquées par une certaine esthétique. Ces images illustrent
une manière de voir, aujourd’hui en 2016 et constituent
un témoignage d’une époque.
Y a-t-il des rencontres organisées autour de l’exposition ?
G. B. : Oui, en octobre une rencontre est prévue avec les photographes
Sophie Zénon et Arno Gisinger puis, en septembre,
à l’occasion des Journées du Patrimoine, je viendrai présenter
l’exposition avec François Barré, ancien Président du Centre
Pompidou et des Rencontres Internationales de la photographie
d’Arles, auteur d’un très beau texte écrit pour le catalogue
de l’exposition, publié aux Editions Loco.
Quels sont vos grands projets à venir ?
G. B. : Je m’intéresse beaucoup actuellement à l’écriture nordique
et je prépare une série d’expositions avec différents musées
de Seine-Maritime autour de la photographie scandinave.
D’autre part, je vais présenter en avril 2017 dans le cadre de
la nouvelle formule du Mois de la Photo à Paris qui devient
le Mois de la Photo du Grand Paris, une exposition de photographies
de Cartier-Bresson des années 50 sur le thème de la
Seine. Je travaille aussi sur la deuxième édition de la Biennale
des photographes du monde arabe, organisée conjointement
par l’Institut du Monde Arabe et la Maison Européenne de la
Photographie à Paris.
PATRIMOINES REVISITÉS
ÉVÉNEMENT :
REIMS FÊTE LES 25 ANS
DE l'INSCRIPTION
AU PATRIMOINE MONDIAL
DE L'UNESCO
Une des premières villes
de France en sites Unesco
En 2016, Reims célèbre doublement son
patrimoine : les 25 ans de l'inscription
au Patrimoine mondial de l’Unesco de
la cathédrale Notre-Dame, du palais du
Tau et de l’ancienne abbaye Saint-Remi,
et le premier anniversaire de celle des
Coteaux, Maisons et Caves de Champagne
au titre de « Paysage culturel
évolutif vivant ».
Pour mémoire, la Liste du patrimoine
mondial (1031 site classés à ce jour) vise
à protéger des sites exceptionnels dont
la disparition constituerait un appauvrissement
néfaste pour le monde.
La double inscription dont bénéficie
Reims représente une reconnaissance
prestigieuse pour la cité des Sacres qui
devient ainsi une des premières villes de
France en sites Unesco.
COUP DE PROJECTEUR
SUR LA DIVERSITÉ PATRIMONIALE
Pour accompagner cette distinction,
la ville a choisi d’organiser un vaste
programme d’événements destinés à
valoriser ce patrimoine mondial :
• 16 et 17 septembre 30 e Rallye
international des vendanges.
• 17 et 18 septembre Journées
Européennes du Patrimoine.
• Du 17 septembre au 31 décembre
Patrimoines revisités, exposition
photographique (Le Cellier).
• Du 17 septembre au 14 octobre
Aux sources du patrimoine mondial,
exposition des archives départementales
de la Marne.
• Le 18 septembre à 16h concert
du Chœur Philharmonique International,
artistes Unesco pour la paix.
• LE 25 novembre Journée d’étude
patrimoine mondial.
LE REGARD DE CINQ PHOTOGRAPHES
SUR LE PATRIMOINE RÉMOIS
Sous la direction artistique de Gabriel
Bauret, commissaire d’exposition spécialisé
dans la photographie, cinq photographes
européens, Jordi Bernadó,
Arno Gisinger, Claudio Sabatino, Paolo
Verzone et Sophie Zénon, ont été invités
à livrer leur vision du patrimoine rémois.
« Le choix s’est porté sur la photographie
afin de mettre en œuvre une
mission aux objectifs variés : revisiter
l’architecture, les musées, leurs intérieurs
et leurs objets, ainsi que ceux des
édifices religieux ; relire traces et signes
d’une histoire ancienne et plus moderne,
sans oublier les diverses personnes et
personnalités qui font (re)vivre le patrimoine
au quotidien, souligne Gabriel
Bauret. À Reims, celui-ci ne rime pas
seulement avec des faits historiques
ou religieux et ne se limite pas au bâti
monumental : il s’est également ouvert à
l’industrie, celle des vins de champagne
étroitement associés à l’économie
de la cité. Cinq photographes ont donc,
chacun de leur côté, sillonné la ville
et rencontré les acteurs qui opèrent
sur le patrimoine ».
Résultat : les cinq artistes ont revisité,
à travers plus de 70 œuvres, les différentes
facettes du patrimoine rémois ;
cinq points de vue originaux qui offrent
une relecture des lieux de mémoire.
Un coup de projecteur sur les multiples
visages de la cité des Sacres qui a pour
vocation de permettre aux Rémois, mais
également à tous les touristes français
et internationaux de passage, de s’approprier
le patrimoine de la ville et d’en
apprécier la valeur universelle, reconnue
par la plus grande distinction mondiale.
PATRIMOINES REVISITÉS
_ Arno Gisinger
_ Claudio Sabatino
PATRIMOINES REVISITÉS
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PATRIMOINES REVISITÉS
PATRIMOINES REVISITÉS
_ Paolo Verzone
0_ Jordi Bernardo
PATRIMOINES REVISITÉS
PATRIMOINES REVISITÉS
_ Sophie Zenon
2_ Jordi Bernardo
PATRIMOINES REVISITÉS
encontre
4
rencontre
Saviez-vous que le 718 est l’indicatif téléphonique
de Brooklyn ?
Reims l’été. Les rues se vident gentiment. C’est souvent le cas
juste après le concert pique-nique. Les rémois partis chercher
le repos sont remplacés par des touristes qui se baladent entre
Saint Remi, la Cathédrale et le Boulingrin. Les terrasses de la
Place du Forum sont encore clairsemées en cette fin d’aprèsmidi
de fin juillet. L’apéro du soir viendra les remplir.
Parallèle à la rue Colbert, la moins bruyante rue du Tambour.
Non loin de Chez Jérôme le cuisinier brocanteur, La Lunetterie
Champenoise est installée depuis presque 7 mois. L’extérieur
en dit déjà beaucoup : le choix des couleurs, du lettrage, du
logo, de la décoration mettent sur la piste de l’attention portée
à l’image. Je pousse la porte. Johann Bourel et Jean-Philippe
Chilz m’accueillent. Sourires aimables et regards déterminés.
Un café, nous nous asseyons pour discuter. Note pour moimême
: pourquoi de jeunes gens comme eux - moins de trente
ans, estimation au jugé - se lancent ils dans l’aventure périlleuse
du commerce ? Et encore plus dans celui de l’optique alors qu’il
fleurit des boutiques à tous les coins de rue. Je ne pose pas la
question. Les premiers échanges m’offrent la réponse. La passion.
Ces deux rémois d’origine
et amis d’enfance ont toujours eu
l’envie de monter quelque chose
ensemble. Johann a travaillé
dans des grandes enseignes de
lunette, Jean-Philippe dans l’événementiel. L’idée a germé autour
de quelques verres, mais ils ont pris le temps de la réflexion
et de bien savoir ce qu’ils voulaient et ne voulaient pas faire.
Puisque ici on prend le temps. Le temps d’accueillir, avec un
café, de préférence sur rendez-vous pour être tranquille. Le
temps de discuter et d’échanger, comprendre qui est le client
pour pouvoir le conseiller au mieux. Prendre le temps de laisser
la porte ouverte. Les clients passent dans la rue s’arrêtent pour
discuter, boire un café ou un verre - une bouteille est toujours
au frais -, pour voir une exposition d’artistes régionaux qui sont
en permanence proposées sur les murs de la boutique.
— la lunetterie —
champenoise
Seconde note rétroactive pour moi-même. La première chose
que je me suis dite en poussant la porte de la boutique : suis-je
bien à la bonne adresse ? Rien ne concorde avec les éléments que
je pensais trouver chez un lunetier. Je veux parler des grandes
vitrines avec des alignements de lunettes. De cette lumière,
de ces couleurs qui m’ont toujours fait penser que j’entrais
chez un pharmacien. Je ne pose pas la question, toujours pas.
Un coup d’œil plus attentif m’apporte la réponse. Je suis bien au
bon endroit. Mais il faut reconnaitre que le coup est réussi : j’ai
plus l’impression d’être dans un atelier de création. Parce que
c’est sur cela que La Lunetterie Champenoise repose, la création.
Le contexte - les meubles ont été créé pour la boutique -, la
présentation des lunettes - comme des pièces uniques et numérotées
qu’elles sont d’ailleurs -, les fournisseurs - des créateurs
que vous ne trouverez pas ailleurs mais nous en parlerons dans
quelques lignes-, bref, la création.
Mais évidemment, le plus important ce sont les lunettes. Et les
deux compères sont intarissables. Ils ont fait le choix de proposer
des lunettes qui favorisent au mieux le fait en France.
Ils ont également fait le choix de favoriser les lunettes de créateurs,
des modèles uniques à des prix abordables. Les collections
de Thierry Lasry notamment, un créateur visionnaire.
« Il s’inspire des années 80 qui sont selon lui une période créative
incroyable, psychédélique, colorée, irrévérencieuse. Il mixe
constamment le Vintage et l’Avant-Gardisme. Il a coeur d’explorer
et de mettre en avant le savoir-faire à la française en terme
de conception et de fabrication. La collection se veut unique,
exceptionnelle, et se renouvelle régulièrement comme une collection
de prêt-à-porter voire même de haute couture. Chaque
année, le designer enrichit sa proposition de nouveaux modèles,
de nouveaux coloris et développe des modèles en séries
très limitées via des collaborations avec de grands noms du design,
de la mode et des arts : Garrett Leight, Fendi, Dr Woo… »
Même crédo pour la collection
Plein Les Mirettes : « c’est au travers
de la sélection des coloris,
des combinaisons de finitions, de
teintes que se révèlent les idées et
l’identité de la maison Plein Les Mirettes, en prenant en considération
la diversité des profils de chacun : le teint de peau, les
nuances de la couleur des yeux, les sourcils. » Des marques
françaises en majorité donc, mais aussi des quelques belles
choses venues d’outre Atlantique avec le travail de Mark Craig,
le fondateur de la collection Activist Eyewear. « C’est un designer
amoureux de sa ville, c’est tout naturellement qu’il est allé
puiser ses inspirations dans sa New-York natale et notamment
l’un de ses quartiers emblématiques : Brooklyn, où est installé le
siège de la collection. Il mêle les idées, les richesses de chacun
afin de proposer le meilleur. A la quantité, Mark privilégie la
qualité. Et pour cette raison, chaque pièce est numérotée : sur
une série de 347 ou de 718 exemplaires, petit clin d’oeil aux
indicatifs téléphoniques de New-York et Brooklyn, chaque référence
est gravée au laser d’un numéro unique. »
La Lunetterie Champenoise est un donc un peu tout ça. Un mélange
de classicisme et d’originalité, mais aussi et surtout, une
envie de casser les codes, de sortir du cadre. En sortant, je me
dis qu’il est temps pour moi de changer mes lunettes.
w w w . l a l u n e t t e r i e c h a m p e n o i s e . f r
2 1 r u e d e t a m b o u r 5 1 1 0 0 r e i m s
intelligent variet’
intelligent variet’
on pseudoyme renvoie à une
figure locale de la Révolution
Française. Prieur de la Marne était un
jacobin convaincu, un conventionnel
ami de Robespierre. Guilhem Simbille
aime ce personnage qu’il s’est forgé au
fil du temps, ce double né dans l’admiration
qu’exerce sur lui Romain Gary,
son œuvre et son « double », Émile
Ajar. Tout est parti d’un jour « de grand
désespoir », explique l’ancien graphiste.
« Un moment de grand désespoir. J’étais
chez moi, pas au meilleur de ma forme.
Des amis avaient installé un logiciel
sur mon ordinateur. J’ai tué le temps
en me l’appropriant et à fouiller dans
les archives de l’INA (Institut national
de l’audiovisuel) pour finalement
mixer quelques évocations de Romy
Schneider et une vieille chanson de
variété italienne, très triste ». Il puise
J’ai donc réalisé une mixtape sur
Mitterrand ».
Il collabore désormais avec les
archivistes de l’INA, qui l’orientent
vers certains extraits de discours ou
de reportages. Pour France culture,
il a récemment réalisé une pièce sur
la construction du Centre Pompidou
au début des années 1970, mêlant
chansons et témoignages des architectes,
de Jacques Chirac et de Georges
Pompidou lui-même. La radio publique
lui a d’ailleurs commandé à partir de ce
mois de septembre une mixtape hebdomadaire
de trois minutes en lien avec
l’actualité de l’élection présidentielle
de 2017. Prieur de la Marne se définit
comme un créateur d’objets sonores ou
d’objets radiophoniques. « Tant qu’il
existera des voitures, il y aura toujours
des autoradios et donc une création
PRIEUR DE LA MARNE
désormais dans les archives et dans la
variété française et internationale pour
créer des pièces sonores inédites et
signifiantes. Ce qu’il fait aujourd’hui ?
« De l’intelligent variet’ », explique-t-il.
« Je reste convaincu que Pierre Henry
et Niagara peuvent exister ensemble
dans un même objet sonore ». Au gré
de « quelques hasards », cet éclectique,
dont la sensibilité le conduit tout autant
vers René Char, que Dali ou le chanteur
Christophe, se voit proposer quelques
commandes sur le même principe de
création sonore. Comme début 2016,
lorsqu’il lui est demandé de créer un
objet sonore pour le jour anniversaire
de la tuerie de Charlie Hebdo.
« Je n’y parvenais pas vraiment, ce
n’était pas facile à mettre en musique.
Mais François Mitterand était mort,
lui aussi, un 8 janvier, 20 ans plus tôt.
pour la radio », sourit-il. Son avenir,
il le voit aussi sur les scènes, d’abord à
l’invitation de festivals (Les nuits
secrètes, Le Cabaret vert…) qu’il
connaît bien, pour avoir été le directeur
artistique d’Elektricity à Reims. À Paris,
on le retrouvera au début de l’automne
au Musée Guimet (le 1 er octobre) puis à
la FIAC. Fidèle à ses amitiés musicales,
il ne manque jamais d’inclure dans
son set un titre de ses « amis rémois »
The Shoes, Angel ou Yuksek. La scène
figure dans ses projets immédiats, car
il semble bien que, là aussi, il saura
inventer. À plus long terme, c’est vers
l’image qu’il aimerait se tourner dans
une collaboration avec un vidéaste qui
pourrait donner une autre dimension à
sa recherche.
s o u n d c l o u d . c o m / p r i e u r d e l a m a r n e
graph' féministe
Sany :
Girl
Power
Prendre position contre les préjugés,
être une femme, voyager
dans le monde, écrire un nom,
vivre une double vie et risquer
tout pour une passion controversée...
Le graff est une forme
de dépendance, une passion,
une évasion. Il donne un sens,
comme l'amour, la religion, le
désir. Le besoin de faire une
marque et de laisser quelque
chose derrière est aussi vieux
que l'humanité elle-même.
Sany, street artiste praguoise, a réalisé
avec Girl Power un documentaire sur
les femmes qui consacrent leur vie
à la subculture graff habituellement
dominée par les hommes. Sany a étudié
la communication marketing. Elle se
consacre au graff depuis près de 15 ans
et est membre de 2 crews de graff purement
féminins : Girl Power et Puff. Elle
participe par ailleurs activement à l'organisation
de manifestations culturelles
à Prague et à l'étranger. À Prague, elle
a produit plusieurs festivals de street
art tels que Martha Cooper Files et Past,
Present, Future. Elle est régulièrement
invitée à des performances et à des
conférences sur le thème du graff dans
toute l'Europe et ses œuvres figurent
dans de nombreuses publications.
Sany a donc fait le tour du monde
durant plus de 7 ans pour rencontrer
ces femmes et en relater le récit
fascinant. La communauté graff est un
monde essentiellement masculin, et ces
hommes partagent souvent le point de
vue que le street art – d’essence illégale
(et dangereux, hein…) - n'est pas
fait pour les femmes. Sany démontre
pourtant le contraire dans Girl Power
en présentant les histoires de femmes
qui ont réussi dans le monde présumé
« masculin » du graff. Elle filme
la double vie de ces femmes, qui ont
la journée un quotidien ordinaire et
« rangé », et qui pénètrent la nuit par
effraction dans des dépôts ferroviaires
bien gardés pour s’exprimer en œuvres
picturales colorées, leurs familles et
leurs proches ignorant souvent tout de
cette seconde existence. Elle propose
ainsi un nouveau regard sur un phénomène
injustement caractérisé comme
du vandalisme par le grand public qui
est dans l’ignorance de la richesse de cet
art et de ses codes, en allant rencontrer
plusieurs artistes pour leur permettre
d’expliquer leurs motivations et leurs
valeurs et pour découvrir leurs œuvres
urbaines à Barcelone (Musa 71), Berlin
(Nina Kramer / Sheron), Cape Town
(Motel 7), Düsseldorf (Puff Girls),
Kaboul (Shamsia Hassani), Milan
(Funky Girls), Moscou (Mary / Okada
/ Quel), New-York (Claw Money / Lady
Pink / Martha Cooper /Miss 17 / MRS
/ Utah), Prague (Sany), Rio de Janeiro
(Anarkia), Sydney (Igasm / Ivey / Lotus
/ Spice / Torn)… Elle démontre ainsi
que le graff, plus qu’une forme d’expression,
est un mode de vie et un moyen
d’émancipation.
8
graph' féministe
Quel a été le 1 er déclic qui t’a conduit à
t’impliquer dans le graff ?
Sany : Lorsque j’allais à l'école primaire,
il y avait de longues lignes de trams et
j’avais remarqué que tous les jours il y
avait de nouveaux graff. J’étais fascinée
et je me demandais qui pouvaient faire
ces choses, quand et à quoi ils ressemblaient.
J’ai alors commencé à chercher
des connexions. Plus tard, à l’âge de
15 ans, au début de ce millénaire, je ne
pouvais pas sortir le soir et j’ai commencé
à concevoir des typographies
de graff sur papier avec une amie, puis
nous avons rencontré une autre fille
avec qui nous avons mis en place le
crew Girl Power. Mais, après un certain
temps les filles ont cessé de venir et je
suis restée seule à Prague.
Quel est le statut des filles sur la scène
graff ?
S : Je n’ai jamais divisé le graff entre les
garçons et les filles, mais c’est le milieu
du graff l’a fait. Voilà pourquoi j’ai commencé
à être si intéressée par le sujet et
que j’ai décidé de soutenir les femmes
dans le graff.
Et quel était-il en République Tchèque ?
S : Auparavant, les garçons volaient mes
peintures et défiguraient délibérément
mes graffs, en y inscrivant " Retournes
dans la cuisine ". Heureusement, cela ne
se produit plus maintenant.
À Prague, j'ai organisé beaucoup d'événements
pour promouvoir la communauté
graff, notamment une exposition
des graffeuses Girl Power ainsi qu'une
exposition de la photographe légendaire
Martha Cooper. J’apporte aussi
mon aide pour d'autres petits projets.
J’ai donc passé une sorte de test et
prouvé que le graff est ma passion et
mon style de vie. Donc, on ne peut pas
dire que ce n'est pas pour les filles.
Est-ce que ça ne vous oblige pas à être
dans une « rivalité » constante et donc
toujours meilleures que les hommes ?
S : Malheureusement, je pense toujours
qu’en tant que fille, il faut prouver
que tu es meilleure que les garçons,
et que tu dois être vraiment exceptionnelle
dans le milieu du graff pour être
acceptée. Cela vaut aussi dans d'autres
domaines où les hommes dominent.
Dans l'ensemble, plus de femmes
graffent aujourd'hui car elles ont eu des
modèles qui leur ont montré qu'il était
possible d’être street-artiste femme.
Toutefois, un livre publié récemment,
intitulé All City Queens et qui met en
valeur le monde du graff féminin a
montré qu'il y a encore très peu de filles
qui font du graff. Peut-être est-ce dû au
caractère illégal du graff qui en fait une
pratique artistique risquée et difficilement
accessible à tout le monde.
Mais il n'y a pas d'importance si vous
êtes une fille ou un garçon. Ce qui
importe le plus, c’est que vous y croyez
et que vous le fassiez avec un dévouement
absolu.
Quand et pourquoi as-tu décidé de réaliser
le documentaire Girl Power ?
S : En 2009, quand j'ai commencé le
tournage, j’étais la seule fille à Prague
à graffer activement. Je savais que,
dans le monde, il y avait déjà beaucoup
de filles qui étaient également
très actives. Beaucoup - Je veux dire
quelques dizaines - par opposition à des
dizaines de milliers d'auteurs de graff
de sexe masculin. Je me suis intéressée
aux motivations des autres femmes
graffeuses et les ai rencontrées afin
de savoir pourquoi elles faisaient une
graph' féministe
chose si dangereuse. Enfin, je voulais
promouvoir les femmes dans le graff,
mais je ne savais pas à quel point cette
décision allait changer ma vie, quelle
serait la durée et la difficulté du projet.
C’était comme une sorte de combat ?
S : Dès le début, nous savions que le
budget total atteindrait plusieurs millions.
Après une année de recherche,
nous avons finalement trouvé un producteur
qui a rapidement fait défection
car il venait de perdre des dizaines
de millions sur un autre projet.
Nous avons ensuite reçu l'appui
du BU2R, un projet urbain qui a
soutenu le film depuis 2012.
Mais nous avions encore 120 heures
de rush à monter. Par chance, nous
avons obtenu une aide du Fonds national
pour le soutien et le développement
du cinéma tchèque et de la Télévision
tchèque. C’est grâce à cette aide que
Girl Power a pu entrer en post-production.
Comment a-t-il changé ta vie ?
S : Avant le film, je vivais 2 vies complètent
séparées l’une de l’autre et je les
alternais au besoin. Pour réaliser Girl
Power j’ai progressivement mis en avant
ma vie d’artiste et des choses qui semblaient
illogiques pour une personne
conventionnelle.
J'ai perdu un emploi de manager très
bien rémunéré, j’ai interrompu mes
études à l'université et je me suis endettée.
Cela a affecté évidemment ma vie
personnelle. Mais je ne le regrette pas.
Je sais que ça en valait le coup, car je
pense que Girl Power peut encourager
beaucoup de femmes à suivre leurs
rêves !
0
LA
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THE DIVINE COMEDY
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T H Y L A C I N E
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RENCONTRE
BRUNO
LOBBÉ
Bruno Lobé est le nouveau
directeur du Manège depuis
un an. Arrivé d’Orléans,
il attend avec impatience
de présenter sa programmation
au public rémois à partir
du 20 septembre.
2
RENCONTRE
Directeur de théâtre, un rêve d’enfant ?
Pas vraiment. J’ai tenté des études de
droit à Paris, mais j’ai dû assister à 2
mois de cours la première année et
3 semaines la seconde année. La vie
parisienne était plus attirante, je sortais
beaucoup en boîtes, notamment le
Palace. Nous étions en pleines années
80, j’étais un oiseau de nuit. Impossible
de tenir les études et les sorties.
J’ai donc trouvé un boulot de guichetier
à la Sécurité sociale, avant de suivre une
formation de gestion. J’ai ensuite été
embauché par l’entreprise de prêt-àporter
Bidermann, qui travaillait pour
Daniel Hechter, Kenzo ou Lagerfeld.
Maurice Bidermann, qui est le frère de
Régine, m’a embauché non pas sur mes
diplômes mais sur ma personnalité.
L’ambiance était familiale.
Comment en êtes-vous arrivé au monde
du spectacle ?
Par une boîte de recrutement, j’ai été
embauché en 1993 pour devenir chef
comptable de la compagnie du chorégraphe
Angelin Preljocaj. En arrivant
dans leurs locaux, on m’a dit « Tu es
notre nouvel administrateur. » J’ai alors
vraiment découvert la danse contemporaine,
j’ai vu beaucoup de spectacles,
rencontré beaucoup de danseurs…
Cela a été une vraie révélation !
Pour quelle raison ?
La danse permet d’associer beaucoup
d’autres disciplines artistiques :
musique, vidéo… Les chorégraphes
effectuent un travail de création ex
nihilo, contrairement aux metteurs en
scène de théâtre, qui travaillent sur des
textes existants et qui ont souvent déjà
été mis en scène. La danse, cela vient
des tripes !
La compagnie est ensuite partie dans
le sud de la France. Pour des raisons
amoureuses, je ne voulais pas quitter
la région parisienne. J’ai travaillé pour
les premières Rencontres nationales
de danse urbaine à la Villette, à Paris.
Cela m’a permis de sillonner la France
et de découvrir de jeunes danseurs aux
personnalités enthousiasmantes.
J’ai ensuite participé à la préfiguration
du Centre National de la Danse qui
allait ouvrir à Pantin. J’embarquais
des jeunes femmes du ministère des
Finances dans le monde de la danse,
alors qu’elles n’y connaissaient rien et
qu’elles étaient là pour parler argent.
Mais je suis parti le jour où j’ai compris
que je ne faisais plus que de la gestion.
Direction la Rochelle.
À la demande de la chorégraphe
Régine Chopinot, je l’ai rejointe au
Centre Chorégraphique Nationale
de la Rochelle. J’y suis resté sept années.
Sept années passionnantes, car
tournées vers l’artistique. Comme par
exemple pour aider à la création d’une
compagnie de danse contemporaine au
Vietnam.
Puis à Orléans, vous aviez trois
casquettes.
C’était absolument intenable : j’étais
administrateur, secrétaire général
et chargé de la programmation danse
de la Scène nationale d'Orléans.
À quoi sert le secrétaire général d’un
théâtre ?
Il travaille avec le directeur, s’occupe
de la politique de communication,
des questions de billetterie, de l’action
culturelle… tout ce qui n’est pas programmation
et administration.
Le Manège est aussi labellisé Scène
nationale. Qu’est-ce que c’est ?
C’est un label qui remonte à la décentralisation
culturelle initiée par Jack
Lang. Ces lieux diffusent en région
ce qui se fait de mieux en matière
de spectacle vivant contemporain.
Les Scènes nationales diffusent des
œuvres contemporaines, agissent en
réseau, produisent des spectacles,
organisent des actions artistiques
et culturelles afin d’élargir les publics…
À quoi servent ces actions ?
À donner envie aux gens de venir
nous voir et de venir voir les artistes
différemment. Et je mets autant de
vigueur et de créativité dans les actions
artistiques et culturelles que dans la
programmation. Cela passe aussi par
une interview pour se faire connaître et
donner envie de venir. Il faut gommer
le petit côté institutionnel ou sacré du
théâtre. Cela ne sert à rien de proposer
de la création contemporaine aux 200
mêmes personnes ! Je dois d'abord
rencontrer le public, puis qu'il me fasse
confiance, nous pourrons alors goûter
à des univers artistiques un peu plus
particuliers.
Un restaurant va ouvrir au Manège.
Il s’appellera la Verrière, car situé
sous une verrière dans la cour entre le
Manège et le Cirque. C’est l’équipe du
Cabasson, rue Cérès, qui en a la charge.
Ne parlons pas de menu, mais de la
programmation…
C'est moi qui l'ai entièrement conçue.
Dans la continuité de la précédente
programmation, mais avec des différences
à l'intérieur. Continuité parce
que le Manège s'intéresse toujours au
cirque et à la danse. Il y aura davantage
de spectacles de grandes formes avec
une distribution importante, davantage
aussi de spectacles dans différents domaines
artistiques, beaucoup d'artistes
émergents et beaucoup de premières.
Par exemple, la première du spectacle
Les Princesses du Cheptel Aleïkoum.
Car les résidences de créations seront
nombreuses. Les artistes pourront créer
leur spectacle au cirque ou au manège.
Il y aura aussi beaucoup de musique
jouée en direct lors des spectacles.
Deux temps forts rythmeront la saison.
Début novembre Born to be a live,
un temps fort consacré aux jeunes
chorégraphes, et Métacorpus, temps
fort dédié aux grandes marionnettes,
en décembre. Deux équipes artistiques
seront associées aux trois prochaines
saisons: Mié Coquempot et le collectif
Petit Travers. Quatre artistes seront en
compagnonnage durant toute la saison,
et une DJ en résidence, Barbara Butch.
Vous regrettez Orléans ?
Je l’avoue, la Loire me manque un
peu. Mais j’ai reçu un très bon accueil
à Reims. Je n’étais venu que deux ou
trois fois, pourtant je me suis très vite
repéré alors que je suis un handicapé de
l’orientation ! Je n’ai aucune inquiétude
à me faire des connaissances à Reims
et à m’y constituer un réseau social.
Dans le domaine de la culture,
j’ai rencontré les responsables de
l’Opéra, de l’Essad, de la Cartonnerie
ou de Cesare. Cela peut sembler un peu
Bisounours, mais nous avons un vrai
plaisir à nous retrouver. Et il y a d’excellents
restaurants à Reims.
w w w . m a n e g e d e r e i m s . c o m
découverte
Brimoncourt
à Ay :
Patrimoine
industriel arty
En rencontrant pour l’interviewer (Peel#5), Alexandre
Cornot, le fondateur du champagne Brimoncourt au siège
de la marque à Ay, nous avions découvert un endroit
extraordinaire et complètement atypique : un ancienne
imprimerie. Un lieu habité, et aujourd’hui tout autant
occupé par les vestiges du passé (notamment une incroyable
collection de plaques lithographiques en pierre) que par
du stock de champagne ou par les oeuvres d’art du maître
des lieux. Petit portrait en images.
5
découverte
découverte
découverte
Plus d’infos sur le champagne Brimoncourt
et l’univers de la marque www.brimoncourt.com
encontre
Avant d'ouvrir son atelier, Marie Guillemot n'imaginait pas être
fleuriste. Maintenant qu'elle est devenue une créatrice réputée dans
l'art floral, elle ne veut toujours pas faire " fleuriste "… Explications.
En son atelier greffé non loin de la
cathédrale de Reims, elle crée de
multiples compositions qui viendront
ornementer une maison de prestige,
un siège social d'entreprise, un lancement
de produit, une cérémonie, tout
comme nos intérieurs, pour y semer
une parcelle d'exception. Marie Guillemot
aime à composer des bouquets qui
ne font pas " fleuriste ", comprenez des
présentations trop typées, artificiellement
gonflées à coups de feuillages mal
venus. Sa préférence va aux bouquets
qui ont la spontanéité et le naturel d'un
retour de promenade. Promenade à
partager…
plus contemporain. Côté contenant,
on évolue vers des pots ou des vases
surdimensionnés. Auparavant, la taille
du bouquet et de son vase tendaient à
s'équilibrer, à présent, la dimension du
contenant l'emporte souvent.
D'où vient la créativité de vos compositions
?
M. G. : Tout est dans le naturel, c'est
ce qui me guide. Pour le reste, ce sont
mes mains qui travaillent et dictent mes
choix, je ne veux pas d'une démarche
cérébrale pour créer. Et plus mes mains
pratiquent, plus elles m'ouvrent de
possibilités.
pour elle et d'orner le revers de veste
pour lui, l'approche est à présent bien
plus globale. Soit prise en main par une
"wedding planner", soit élaborée par
les futurs mariés, la cérémonie suit une
évolution où la scénarisation et la mise
en scène prennent une place considérable.
Influence américaine peut-être,
il n'est plus rare qu'on me demande des
arches fleuries et des décors très spectaculaires
pour la salle de réception. En
tout cas, ce que je recommande, ce sont
des pièces végétales fortes qui focalisent
l'attention dans la salle de réception,
plutôt que des centres de table tout
riquiqui.
Quelles sont les sources d'inspiration
pour la créatrice en design floral
et végétal que vous êtes ?
Marie Guillemot : Trouver des inspirations,
c'est un exercice constant quand
je me promène dans la nature ou les
jardins, quand je visite des salons et
des expositions. Pour moi, la première
source d'inspiration, c'est le végétal
lui-même, et notamment à travers les
multiples possibilités offertes par les
fournisseurs. Rungis est pour moi un
jardin extraordinaire !
La ligne d'un bouquet évolue au gré des
tendances, comment décrivez-vous
la ligne de ceux que vous composez ?
M. G. : Pour moi, ce qui donne la ligne,
c'est le choix de la fleur et du contenant.
Côté fleur, la tendance est à des choses
très naturelles, comme cueillies au bord
du chemin avec herbes folles et graminées.
Ce qui compte, c'est l'association
des couleurs, on assemble beaucoup de
couleurs tendres, des ivoire et prune,
soulignées de feuillages. Un feuillage
flou renforce l'esprit campagne, un
feuillage plus lisse donne un aspect
Y a-t-il des végétaux que vous vous
interdisez d'utiliser ?
M. G. : Sans rien m'interdire, j'ai une
affection limitée pour certaines fleurs
tropicales qui me paraissent trop
lisses, trop figées, ou encore pour des
"fleurettes" trop galvaudées dans les
bouquets classiques.
La rose est un classique, vous en faîtes
quoi ?
M. G. : Elle est incontournable, je la
travaille beaucoup. Mais je choisis des
rosiéristes qui me fournissent des roses
ayant des qualités particulières, des
qualités mécaniques pour la courbure
de la tige et sa maniabilité, des qualités
d'évolution pour la tenue de la fleur.
option inter ou abstrat :
Fleurs à marier
Pour un événement très fleuri comme un
mariage, comment intervenez-vous ?
M. G. : Fleurir un mariage revêt un enjeu
de plus en plus fort pour les futurs
mariés ; ils veulent être dans le contrôle.
Il ne s'agit plus seulement de composer
une tresse de fleurs dans les cheveux
Les Maisons de champagne qui vous
sollicitent vous demandent-elles des
choses d'exception ?
M. G. : L'exception peut être le décor
dans lequel j'interviens. Le magnifique
Hôtel du Marc de la Maison Vve
Clicquot dont je fleuris les intérieurs
chaque semaine est, de par ses qualités
esthétiques, tout à fait exceptionnel.
Exceptionnel aussi, cet événement
d'une maison de champagne pour le
salon du Luxe à Cannes où j'ai dû associer
les parfums des fleurs aux arômes
des différents champagnes présentés au
cours du cocktail. Gros challenge, très
stimulant !
w w w . m a r i e g u i l l e m o t . f r
6 r u e d e l ' u n i v e r s i t é 5 1 1 0 0 r e i m s
encontre
Des langues étrangères au langage des fleurs
Même tardive, la vocation de Marie Guillemot n'en est pas
moins sincère. Sa conversion au métier de la fleur n'est arrivée
qu'à l'issue d'une carrière de traductrice-interprète au sein de
la Fédération Française Handisport, un parcours qui lui a valu
d'accompagner les athlètes sur plusieurs Jeux Olympiques Handisport.
De la maîtrise des langues à celle du langage des fleurs,
il n'y avait qu'un pas, vite franchi après l'obtention d'un CAP de
fleuriste. Rémoise d'origine, c'est à Reims qu'elle décide alors de
s'installer avec toute sa famille et de se consacrer à sa nouvelle
vocation de créatrice florale, vite rejointe par son mari Jean-
Bernard. Pour autant, son marché n'est pas seulement champenois
et ses créations voyagent avec les entreprises qui lui font
confiance pour des salons et autres événements de prestige. De
grandes maisons de champagne ont recours à elle, mais aussi
des sociétés parisiennes ; elle assure ainsi à l'année l'aménagement
végétal du siège d'une enseigne bien connue dans le remplacement
de pare-brises.
Bouquets en cours
L'atelier Marie Guillemot distille
ses conseils lors de cours
du soir thématiques organisés
au magasin. Décor de Pâques,
centre de table pour un réveillon…
chaque participant repart
avec sa composition réalisée
sur place.
La fleuriste qui
ne voulait
pas faire
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