PEEL8_feuilleter
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urant tout l’été Peel a fait voyager ses pages dans les lieux ensoleillés<br />
et culturels : Sur les Quais à Bordeaux, Au Museo Guggenheim à<br />
Bilbao, en hors-bord sur la méditerranée, sur une plage ensoleillée, en terrasse<br />
attablée… Là, tout est autre : on traine sans raison, on lit des bouquins et on y<br />
fait des rencontres faciles. Au moment où nous écrivons ces quelques lignes, votre<br />
magazine Peel est au soleil au festival du Cabaret Vert. Bon, il y a plus sexy que<br />
les Ardennes, mais ici, tout est nature, tout se recycle, tout est bio, sauf peut-être<br />
les corps alcoolisés effondrés dans l’herbe que nous devons régulièrement enjamber<br />
pour approcher des Lives, quoi que... Tout est certes différent d’autres festivals<br />
aux publics d'habitués, il y a une authentique bonhommie simple, mais il manque<br />
tout de même les Live sur la plage et les filles en Bikini. Pas de polémique hein !<br />
Mieux vaut se présenter ici sans atour, tel Eve et Adam au paradis… car au fond,<br />
c’est ce qu’on recherche, le Paradis perdu, celui des fresques de la Renaissance.<br />
Vivre la renaissance, en moins esthétisant, est notre lot quotidien en fin d’été,<br />
particulièrement pour cette rentrée 2016. Pour donner un peu plus d’élégance et<br />
de lumière à ce moment plutôt désespérant, Peel vous invite à effleurer délicatement<br />
de vos doigts le velouté de ses pages où comme toujours de nouvelles surprises<br />
et découvertes vous attendent. Vous pourrez alors vous immerger (à défaut<br />
de piscine) dans les œuvres photographiques de Iacopo Pasqui, dans le Street-art<br />
du Girlpower, dans les mélodies de l’exquise playlist de Prieur de la Marne, dans<br />
la programmation rafraichissante du festival Elektrikiki, et prendre par ailleurs<br />
connaissance d’autres choses qui méritent peut-être aussi un peu d’intérêt, yes, un<br />
peu. Alors bonne lecture de votre Magazine Peel #8 !<br />
Le magazine Peel est édité<br />
par Belleripe SARL.<br />
Tous droits réservés.<br />
Toute reproduction, même<br />
partielle est interdite, sans<br />
autorisation.<br />
Le magazine Peel décline<br />
toute responsabilité pour<br />
les documents remis.<br />
Les textes, illustrations<br />
et photographies publiés<br />
engagent la seule<br />
responsabilité de leurs<br />
auteurs et leur présence<br />
dans le magazine implique<br />
leur libre publication.<br />
Le magazine Peel est disponible<br />
gratuitement dans 150 points<br />
de dépot à Reims.<br />
Magazine à parution<br />
bimestrielle.<br />
ÉDITEUR / Dir. de publication<br />
Benoît Pelletier<br />
rédacteur en chef<br />
arts / musique / édito<br />
Alexis Jama-Bieri<br />
directeur créatif<br />
Benoît Pelletier<br />
RÉALISATION GRAPHIQUE<br />
www.belleripe.fr<br />
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ALEXIS<br />
JAMA-BIERI<br />
dirigeant culturel<br />
Reims<br />
contributeurs<br />
BENOÎT<br />
PELLETIER<br />
directeur créatif<br />
photographe<br />
Reims<br />
PRIEUR<br />
DE LA MARNE<br />
tendresse & musique<br />
Reims<br />
08 / grand peel board<br />
10 / Iacopo Pasqui :<br />
étranges instants<br />
14 / LES AtelierS<br />
d'Olivier Ducastel<br />
et Jacques Martineau<br />
20 / 5 RAISONS D'AIMER…<br />
22 / patrimoines revisités<br />
34 / la lunetterie<br />
champenoise<br />
36 / prieur de la marne<br />
38 / SANY : GIRL POWER<br />
42 / bruno lobbé<br />
44 / brimoncourt<br />
48 / MARIE GUILLEMOT<br />
CYRILLE<br />
PLANSON<br />
Redac-chef<br />
La Scène<br />
Le Piccolo<br />
Théâtre(s) mag<br />
Nantes<br />
NICOLAS<br />
DAMBRE<br />
journaliste & auteur<br />
Paris<br />
JEAN<br />
DELESTRADE<br />
souplesse &<br />
décontraction<br />
Reims<br />
AGATHE CEBE<br />
Rédactrice &<br />
journaliste freelance<br />
REIMS<br />
Jérôme<br />
Descamps<br />
réalisateur<br />
& montreur de films<br />
Reims<br />
Anne De La<br />
Giraudière<br />
Journaliste<br />
REIMS - PARIS<br />
Dominique<br />
Bunel<br />
Chasseur de poncifs<br />
Reims
L’été meurtrier<br />
Une playlist suggérée<br />
par Prieur de la marne<br />
Essa Moca Ta Diferente<br />
Rules of Life<br />
Put Me Thru<br />
soundcloud.com/prieurdelamarne<br />
Chico Buarque<br />
J’appartiens à une génération qui a grandi<br />
avec cette fichue télévision… Enfant j’étais<br />
régulièrement congédié et contraint de passer<br />
devant cet objet des heures durant.<br />
De ces années de torture psychologique,<br />
il me reste le souvenir ému des génériques<br />
de François de Roubaix et cette pub pour<br />
une boisson gazeuse aux agrumes…<br />
Ces jolies filles qui jouaint au beach volley<br />
en bikini à Copacabana… Cet air entêtant<br />
de Chico Buarque. Des pensées érotiques.<br />
Trouver l’amour à la plage…<br />
Pendant que les gens brûlent<br />
Niagara<br />
Vous attendiez « L’Amour à la Plage » ?<br />
Je suis au regret d’assumer beaucoup<br />
plus, et de loin, ce riff de guitare et ces<br />
choeurs sortis de nulle part. « Pendant que<br />
les Champs Brulent » résonne aujourd’hui<br />
encore dans mon cerveau reptilien comme<br />
un manifeste pour la Légèreté. Et dans mon<br />
hémisphère gauche, c’est l’image de cette<br />
désinvolture qui m’a tant séduit chez cette<br />
grande fille aux cheveux rouges qui apparaît<br />
dès les premières notes…<br />
Masters of The Hemisphere<br />
La ville d’Athens (en Georgie aux États-<br />
Unis), peut s’ennorgueillir d’avoir vu<br />
émerger dans les années 90 des groupes<br />
comme Of Montreal et ce groupe d’indie<br />
pop dont personne ne me parle jamais,<br />
exception faite de mon meilleur ami…<br />
Cette ballade électrique est une petite<br />
comptine qui traite de ce garçon qui<br />
ne voulait pas suivre les règles et<br />
de ces méchants patrons qui ne cessaient<br />
de lui répéter « Remets-toi au travail »…<br />
Mon Premier Jour sans toi<br />
Nino Ferrer<br />
Même sentence avec cette superbe chanson<br />
de Nino Ferrer… Je regrette souvent que<br />
cet immense artiste aie choisi de quitter ce<br />
monde en se tirant une balle en plein cœur<br />
au milieu d’un champ en été, juste après le<br />
décès de sa maman… Je me souviens du<br />
« Téléfon » dans un manège où j’essayais<br />
désespérément d’attraper la queue<br />
du Mickey. Mon père prit un malin plaisir à<br />
me faire découvrir cet homme qui était<br />
originaire lui aussi du Lot. En voyant<br />
ce grand échalas aux cheveux blonds,<br />
j’ai immédiatement compris qu’il était<br />
foncièrement bon (Nino Ferrer et non mon<br />
père)… Ces chansons ont ensuite bercé<br />
mon adolescence. Il m’arrive toujours<br />
de l’écouter avec tendresse, en voiture.<br />
Mais cette valse qu’est « mon Premier jour<br />
sans toi » m’est devenu tout simplement<br />
insoutenable…<br />
Anderson .Paak<br />
Vous me voyez digresser et verser bêtement<br />
dans la nostalgie. Il est donc temps que<br />
je me reprenne et que j’avale dans un grand<br />
verre d’eau ces pilules de Spiruline. Voici<br />
le tube incontestable de cet été meurtrier.<br />
Anderson .Paak est une incroyable bête de<br />
scène, avec cette voix sur le fil et le grosse<br />
dans le slip. C’est également un batteur<br />
chevronné. Et puis il y a ce style vestimentaire<br />
tout simplement inimitable. Enfin il y a<br />
ce superbe morceau que je considère d’ores<br />
et déjà comme un classique… Au même titre<br />
que « Happy » de Pharell Williams.<br />
J’exagère ?? Ce doit être la spiruline…<br />
The Past is a Grotesque Animal<br />
Of Montreal<br />
« C’est tellement embarrassant d’avoir<br />
de quelqu’un comme j’ai besoin de toi<br />
présentement… » Cette longue plage de<br />
Of Montreal, sur fond de kraut rock, déballe<br />
une succession d’excuses toutes adressées<br />
à l’être aimé… mais perdu. J’ai si souvent<br />
pleuré la nuit en écoutant cette chanson que<br />
je me suis désormais interdit de l’écouter.<br />
À vie…<br />
un objet(remarquable)<br />
Cette créature ne sort pas directement des ténèbres, mais des réserves de la maison de vente Chativesle.<br />
Il s’agit d’un Pangolin à longue queue (pour être plus précis un Manis tertradactyla) naturalisé dans<br />
les années 50. Vous pourrez en faire l’acquisition parmi d’autres objets remarquables, à l'occasion<br />
d'une vente publique qui se tiendra le 9 octobre. Plus d’infos sur www.chativesle.fr
8 évènements à ne pas rater<br />
en SEPTEMBRE - OCTOBRE<br />
QUOI Mangez la<br />
banane parlez debout.<br />
QUOI Who's Next.<br />
Quand Du 2 au 5<br />
septembre.<br />
Où À Paris, au Parc<br />
des expositions porte<br />
de Versailles.<br />
: Marques, acheteurs,<br />
journalistes et trendsetters<br />
issus de plus<br />
100 nationalités font<br />
ensemble les tendances<br />
à chaque saison pendant<br />
4 jours de rencontres,<br />
d’animations et de<br />
festivités.<br />
© dr<br />
Quand Vernissage<br />
le Samedi 10 septembre<br />
avec un concert<br />
de Julien Bouchard.<br />
Où À Maison vide.<br />
: Exposition de Guillaume<br />
Chiron / Collage<br />
et installation visible<br />
du 11 septembre au<br />
9 octobre de 14h30<br />
à 18h30.<br />
www.maisonvide.fr<br />
© dr<br />
whosnext.com<br />
QUOI L'architecte Finn<br />
Wilkie.<br />
Quand Vernissage<br />
le 9 septembre.<br />
Où Au Lieu Minuscule.<br />
: Architecture<br />
et maquettes.<br />
le-lieu-minuscule.tumblr.com<br />
© dr<br />
QUOI Présentation<br />
de saison 16 / 17<br />
de Césaré, centre<br />
national de création<br />
musical.<br />
Quand Le jeudi 15<br />
septembre à 20h00.<br />
Où Aux Docks Rémois.<br />
: Infos et réservations<br />
au 03 26 88 65 74<br />
ou contact@cesare.fr.<br />
Gratuit sur réservation.<br />
www.cesare-cncm.com<br />
© Possieu Arnaud<br />
Belles endormies, Rêves de guitares<br />
QUOI L'Opendoday.<br />
Quand Le samedi 17<br />
septembre.<br />
QUOI Bière Social<br />
Club #3.<br />
Quand Vendredi 23<br />
septembre 19h > 01h.<br />
Où Lieu tenu secret<br />
(annoncé sue la page<br />
Facebook).<br />
: Aimer la bière au<br />
pays du Champagne,<br />
oui. Un bar éphémère<br />
dans un lieu atypique<br />
pour déguster une<br />
fine sélection de bières<br />
artisanales, avec expo et<br />
des sélecteurs musicaux.<br />
www.bieresocialclub.com<br />
© DR<br />
Où À Saint-Ex, centre<br />
culturel numérique.<br />
: Ateliers participatifs,<br />
installation interactive<br />
et inauguration<br />
du nouveau<br />
baréphémère#20.<br />
www.saintex-reims.com<br />
© DR<br />
QUOI Expo # 3,<br />
Des coups de foudre<br />
et des petits riens.<br />
Quand Du 24/09 au<br />
9/10, visible les samedis<br />
et dimanches de 14h3O<br />
à 18h30.<br />
Où Au centre d'Art<br />
et de Culture à<br />
Auménencourt (51110).<br />
: Exposition avec<br />
Sylvain Lécrivain<br />
et André Parisot.<br />
Association culturelle<br />
la pierre longe.<br />
facebook.com/centreartcultureaumenancourt<br />
© DR<br />
© DR<br />
QUOI Les Noces<br />
Félines #4.<br />
Quand Vendredi 14<br />
et le samedi 15 octobre.<br />
Où Au Palais du Tau.<br />
: Fleurons groove<br />
et patrimoine.<br />
velours-prod.com
atelier<br />
coiffure<br />
CRÉATION / CONCEPTION WWW.BELLERIPE.FR PHOTOGRAPHIE WWW.BENOITPELLETIER.COM<br />
51 rue de Talleyrand - 51100 Reims 03 26 47 49 85<br />
Suivez-nous sur et
par agathe cebe<br />
La Comédie des arts<br />
Dès septembre, l’association FUGITIVE, autour de Sarah Walbaum<br />
et Simon Coquelet, entreprend de vous faire découvrir deux artistes<br />
émergentes à travers des installations éphémères. Inscrites dans le cycle<br />
« Un lieu – Une œuvre », ces installations se conjugueront au grand hall<br />
de la Comédie de Reims, à l’architecture atypique et certainement source<br />
d’inspiration. Du 6 septembre au 16 décembre 2016, découvrez l’univers<br />
de Cécile Carrière, centré sur le corps, ses mouvements et ses flux d’énergie<br />
entre les différents milieux qu’il investit, et du 16 janvier au 2 juin 2017,<br />
entrez dans l’espace singulier et curieux de Julie Faure-Brac, empli de métaphores<br />
et d’allégories qui illustrent notre condition humaine. Cette double<br />
invitation est une initiative dynamique conçue pour conjuguer les plaisirs<br />
artistiques et pour ouvrir le public à un autre regard sur l’art d’aujourd’hui.<br />
www.facebook.com/assofugitive voir aussi cecilecarriere.fr et juliefaurebrac.com<br />
Le retour de l’enfant prodige<br />
Le 27 octobre, la Cartonnerie reçoit Jeanne Added, pour un concert<br />
« à domicile ». La rémoise, après une tournée à grand succès, une<br />
nomination aux Victoires de la Musique, et des apparitions médiatiques<br />
fameuses, revient en ses terres et contrées pour interpréter son premier<br />
album solo à l’aura envoutante et à l’énergie inimitable. Être formée à<br />
Reims a du bon, et Jeanne Added le prouve depuis des années désormais :<br />
venez (re)découvrir l’étendue de ses séduisants talents sur la scène de la<br />
Carto !<br />
Informations et réservations : cartonnerie.fr<br />
© DR<br />
Souriez, vous êtes filmés<br />
En coproduction avec CESARE et la Comédie de Reims, le spectacle<br />
interactif de Laurent Durupt s’installe pour la Nuit Blanche, le 1 er octobre<br />
2016, au collège des Bernardins à Paris. De 21h à 2h, ce spectacle<br />
musical, qui se veut installation, performance et concert, interprétera<br />
une partition inédite, avec l’utilisation dérivée d’objets très actuels<br />
de surveillance vidéo et d’écoute. Ce spectacle original, « PrivEspace »,<br />
viendra également, en 2017, pour le festival Reims Scène d’Europe, enrober<br />
ses spectateurs attentifs dans cet univers curieux et familier dont nous<br />
sommes, nécessairement, les héros quotidiens, en images et en sons.<br />
« La partition dont tu suis le héros » est donc un miroir tendu sur notre individualité<br />
épiée au sein de la société épiant, un spectacle dans lequel chacun<br />
peut se reconnaître.<br />
Aperçu : laurentdurupt.com / Informations : collegedesbernardins.fr<br />
Lâcher de cygnes sauvages<br />
Swans, le groupe formé en 1982 autour du charismatique Michael Gira<br />
vient performer à la Cartonnerie le 15 octobre. Les retours ont toujours<br />
été unanimes : l’expérience scénique de Swans frôle le génie, et nul<br />
doute que leurs talents live doivent être à leur apogée, après cinq ans<br />
de tournée ininterrompue. Echauffé, entraîné, le groupe fera certainement<br />
découvrir leur dernier album, « The Glowing Man », évènement 2016<br />
des mélomanes avertis. Et avant l’incandescente performance de Swans,<br />
vous pourrez savourer la prestation de l’inclassable organiste Anna Von<br />
Hausswolf. Ne manquez pas ce 15 octobre mystique à la Cartonnerie.<br />
Informations et réservations : cartonnerie.fr<br />
© DR
4 questions à<br />
Anne-Sophie Velly,<br />
directrice artistique<br />
du festival<br />
Comment est née l'idée d’Elektrikiki ?<br />
Ça fait 3 ans que nous intervenions sur<br />
Elektricity. Ce festival, créé par Yuksek,<br />
mêlant musique contemporaine pop<br />
& électro, parfois dans des lieux inattendus,<br />
était un rendez-vous de rentrée<br />
fédérateur où les gens se retrouvaient<br />
en musique avant de recommencer une<br />
nouvelle année. Quand on a appris que<br />
le festival Elektricity n’aurait pas lieu à la<br />
rentrée 2016, au lieu de se demander ce<br />
qu’on allait faire, nous avons eu cette idée.<br />
Quel est le concept de ce nouveau<br />
festival ?<br />
Le concept, c’est le rikiki : petite expo,<br />
petits concerts, petites jauges, petites<br />
formules.<br />
C’est un retour à l’intimité en fait.<br />
Avec une identité affirmée, pop électro,<br />
indé.<br />
Comment as-tu réalisé la programmation<br />
?<br />
Au coup de cœur. C’est un réel espace de<br />
liberté, et c’est ce que devrait idéalement<br />
être la programmation des lieux intermédiaires<br />
et indépendants : ne pas être<br />
dans le calcul. J’ai programmé Weekend<br />
Affair sur les conseils de Yuksek qui<br />
a produit leur dernier EP. Lenparrot,<br />
c’est le projet du chanteur de Rhum for<br />
Pauline, que j’avais programmé à la<br />
Cartonnerie pour une soirée Maison<br />
Vide. Je suis fan de son univers et de<br />
sa voix dingue. J’ai découvert Lockhart<br />
en écoutant l’émission de Kumisolo<br />
sur Rinse France. Il a produit le titre<br />
que Fishbach a fait pour la compile<br />
Maison Vide depuis 1902.<br />
V comme Vaillant, Bad Apache<br />
et Herr Pop sont déjà passés à Maison<br />
Vide et les essayer c’est les adopter…<br />
En parallèle de la musique il y aura<br />
une expo au Lieu Minuscule de<br />
Joann Bertrand D’Hy (artiste Nantais)<br />
et un marché de créateur avec<br />
Le Marché Super.<br />
Comment imagines-tu Elektrikiki<br />
dans 10 ans ?<br />
J’imagine plein de mini-concerts<br />
un peu partout en ville, dans des<br />
petits lieux incongrus comme une<br />
cabine téléphonique, un bus, une<br />
chapelle, une cave de champagne,<br />
une serre…<br />
propos recueillis par alexis jama-bieri<br />
ntre fin septembre et début octobre, tandis que les jours diminuent,<br />
les nuits s’allongent et se plaisent à vibrer au rythme d’un festival musical<br />
attendu. Mais cette année, changement de programme.<br />
Du 29 septembre au 2 octobre, Elektrikiki fait sa place. Loin de se substituer<br />
à Elektricity, ce nouvel évènement rémois est plutôt un clin d’œil, à l’initiative<br />
de Maison Vide, toujours pleine de bonnes idées pour ne pas laisser les curieux<br />
et les mélomanes sans nourriture terrestre. Aussi, la programmation s’établit autour<br />
d’une sélection savoureuse signée Anne-Sophie Velly. Entre la pop fraîche de Week-<br />
End Affair (« Duel »), ou électro 80s de Lockhart (« Femme fantôme »), et les DJ Set<br />
de Bad Apache (« Solange la Frange ») et Herr Pop (« Claque-le »), en passant par la<br />
musique théâtrale de V comme Vaillant (« Cœur en plastique »), le festival Elektrikiki<br />
a plutôt tout d’un grand. Deux lieux vous donnent rendez-vous. Un lieu minuscule,<br />
ou plutôt Le Lieu Minuscule, en bon pléonasme, inaugurera Elektrikiki. De 18h à 21h,<br />
venez danser et gagner des goodies lors de la tombola. N’oubliez pas vos 45Tours<br />
pour l’open platine, pour que l’ambiance musicale de cette ouverture soit participative.<br />
Et pour la suite du festival, ce sera précisément à La Suite, pour deux jours<br />
en formule « deux concerts – un DJ set » et le dimanche 2 octobre, avec le désormais<br />
fameux Sunday Market, où vous retrouverez bon nombre de créateurs frais et<br />
sympatiques, dont Le Marché Super. Pour profiter de ces quatre jours élektrik’, vous<br />
avez la possibilité de réserver sans tarder. Alors, organisez-vous comme vous voulez,<br />
mais soyez là et laissez-vous surprendre par Elektrikiki, ce festival préparé aux petits<br />
oignons et avec amour.<br />
elektrikiki<br />
mais pas tant que ça…<br />
Informations et réservations : Elektrikiki.fr
photographie<br />
_ 1999 3 © Iacopo Pasqui _ Courtesy of the Artist<br />
_ Uncommon Time © Iacopo Pasqui _ Courtesy of the Artist
0<br />
photographie<br />
Iacopo<br />
Pasqui :<br />
étranges<br />
instants
photographie<br />
_ 1991 1 © Iacopo Pasqui _ Courtesy of the Artist<br />
_ 1999 2 © Iacopo Pasqui _ Courtesy of the Artist
2<br />
photographie<br />
En 2012 il a été le lauréat du concours « Leica<br />
Talent 24x36 » et le plus jeune auteur contemporain<br />
à figurer dans le livre " Histoire de la photographie<br />
en Italie de 1839 à aujourd'hui " de G.<br />
d'Autilia. En 2014, il est gagnant du projet " SITE<br />
ART OFF " organisé par par Artbridge NY et est<br />
finaliste en 2015 du concours WAM-Milano City<br />
mondiale. Il participe régulièrement à des expositions<br />
individuelles et collectives en Italie, notamment<br />
à ARTEFIERA Bologne avec des auteurs<br />
tels que Ettore Spalletti et Michelangelo Pistoletto.<br />
Son travail a été publié dans divers magazines<br />
et sites web – il a notamment collaboré avec<br />
les magazines L'Espresso et Vice - et est soutenu<br />
par plusieurs fondations intervenant dans l’art.<br />
En 2016, il a publié un livre de photographies de sa<br />
dernière série " 1999 " chez Witty Kiwi. Pour cette<br />
série, Iacopo Pasqui a photographié durant un an<br />
un groupe d'adolescents - Alessio, Chicca, Flavio,<br />
Francesco, Irene et Rebecca - nés en 1999. Motivé<br />
par la curiosité envers les dynamiques sociales<br />
contemporaines et par la nécessité de photographier<br />
les autres, il trouve alors dans ce groupe<br />
de jeunes amis une dimension appropriée pour<br />
son travail, étant donné la proximité et le fossé<br />
des générations. Au fur et à mesure qu’il côtoie<br />
ces jeunes, ses préjugés disparaissent et cette<br />
série devient une recherche sur la poésie<br />
et la pureté de l’adolescence.<br />
Quelle a été ton cheminement vers la photographie ?<br />
J'ai étudié le droit pendant 3 ans jusqu'à ce que je ressente le<br />
besoin de faire de la photographie. Il s’agissait plutôt d'un processus<br />
interne.<br />
Quel est le rôle de la couleur dans tes photos ?<br />
Le même rôle pour moi que la matière et les gens. Ils sont accessibles<br />
à tout le monde. La couleur a un rôle fondamental,<br />
mais pas toujours, mais elle permet de préciser ma vision, pour<br />
rendre les images beaucoup plus réelles ou irréelles, et permettre<br />
au spectateur de voyager sans bouger.<br />
Ton approche est-elle différente pour un paysage ou une personne<br />
?<br />
À mon humble avis, il n'y a pas de règles particulières pour<br />
aborder un portrait ou un paysage. Mon approche est identique.<br />
Je les observe avec les mêmes yeux et je pense que les<br />
difficultés de les dépeindre sont les mêmes et exigent une certaine<br />
empathie avec le sujet. J’essaie alors de capter instinctivement<br />
leur puissance et leur beauté en me laissant guider par<br />
mon intuition.<br />
Comment choisis-tu les sujets ?<br />
Il y a toujours une nécessité interne, une idée, un détail, une<br />
question qui me vient à l'esprit en observant ce qui est autour<br />
de moi, et le choix des sujets se produit généralement dans les<br />
moments les plus étranges et de manière inattendue.<br />
Quel appareil utilises-tu ?<br />
Mes préférences vont aux appareils analogiques pour le format<br />
120 et 35mm, notamment le Mamiya 7 et Leica M, mais j'utilise<br />
en fait tout ce dont je dispose quand je dois prendre une photo,<br />
ce qui inclut, quand je n’ai pas mes appareils préférés avec moi,<br />
le numérique et le téléphone mobile.<br />
Peux-tu nous parler de ta dernière série de photographies 1999 ?<br />
1999 est une série sur 6 adolescents qui vivent près de chez moi.<br />
J'ai commencé à travailler avec eux en février 2015 et pendant<br />
un an je les ai suivis dans leur vie quotidienne. Ce travail est une<br />
recherche sur la poésie et la pureté de cet âge, sur l'innocence et<br />
la façon d'être de ces jeunes gens qui sont, au fond, encore des<br />
enfants. Elle vise à mettre en évidence une réalité qui est compliquée,<br />
et qui en même temps semble normale, à des années<br />
lumières de son environnement.<br />
w w w . i a c o p o p a s q u i . i t
cinéma<br />
LES AtelierS<br />
d'Olivier Ducastel<br />
et Jacques Martineau<br />
cinéastes
4<br />
cinéma<br />
Jacques Martineau est né à Montpellier en 1963,<br />
il étudie à l'École Normale Supérieure et passe<br />
l'agrégation des Lettres. Il est Maître de Conférences<br />
à l'Université de Paris X-Nanterre.<br />
« Si tu voyais où je suis ! » Jacques Martineau répond de manière<br />
alerte au téléphone. « Je nettoie les fientes de pigeon ramier sur<br />
les poutres d’une partie de la maison ». Je lui expose mon projet<br />
d’article sur la fabrique des films, Jacques embraye immédiatement<br />
pour me dire « Rien de bien palpitant ! Mon lit et des rêveries<br />
en vélo ou en voiture ».<br />
Paris. 13 ème étage. Waouhh !!! Un seul axe de regard ne suffit<br />
pas pour une telle immensité, le panoramique s’impose. D’est<br />
en ouest, Paris comme une maquette des Plans-Reliefs.<br />
Appartement soigné, canapé rouge vif, tableaux contemporains,<br />
photographies, formes sculptées, les amis, les connaissances,<br />
artistes eux aussi. Jacques sert un premier café, cafetière Alessi<br />
de Richard Sapper, l’odeur d’arabica éveille nos deux cerveaux.<br />
« Tu me donnes deux minutes ? » Jacques Martineau, grand aux<br />
yeux bleu turquoise, va ranger vite fait sa chambre. C’est son<br />
lieu de travail, c’est l’espace que je viens visiter. Pour Jacques,<br />
l’atelier de création, c’est le lit, les coussins, les fauteuils avec<br />
pouf, le transat. Allongé, les yeux vers le ciel, l’esprit filant au<br />
travers des nuages.<br />
Draps rouges, trois oreillers orange et rouge, murs jaune safran.<br />
À côté un bureau noir et rouge, des étagères remplies de livres,<br />
un séchoir à linge et un large bureau noir ouvragé. Des papiers,<br />
un MacBook Air, c’est l’outil principal.<br />
« Olivier apporte souvent des concepts, je dois les transformer en<br />
histoire. » De la « grande » musique, une image, une pièce de<br />
théâtre tout peut déclencher l’écriture mais quand vient le moment<br />
d’écrire, il faut le silence. Pour parler du travail, il évoque<br />
« Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » – Haruki Murakami<br />
(Ed. Belfond et 10/18).<br />
« Je suis obsessionnel et régulier, je travaille bien de 10h à 12h30<br />
et de 16h30 à 20h, parfois 21h. Après c’est terminé je suis bon à<br />
rien, vidé. Et il faut que je sois certain de pouvoir manger à la<br />
maison, je n’aime pas trop sortir dans ces moments-là. » Jacques<br />
se lève précipitamment, la saucisse fumée bio sur lit de poireaux<br />
mijote doucement pour le repas. Fausse alerte, tout va bien,<br />
la régalade est en vue.<br />
Reprenons. L’histoire se construit dans les méandres du cerveau,<br />
les doigts transcrivent et créent.<br />
« L’écriture c’est rapide, c’est magique, les mots et les idées<br />
s’agencent, c’est un avènement ». Pas de brouillons, de bouts de<br />
papiers, de cahiers, « J’ai une mémoire monstrueuse, tout est<br />
dans ma tête. Ecrire un séquencier sans dialogues, c’est un cauchemar<br />
pour moi, il faut que j’écrive directement, j’ai beaucoup<br />
de mal avec le décorticage, la « continuité », avec tous ces trucs de<br />
scénaristes. Je ne fais pas de plan, je ne fais pas de fiches personnages,<br />
je ne me soucie pas de la cohérence psychologique, pour<br />
moi, la cohérence c’est le comédien. »<br />
Deuxième café, des nappes de lumière trouent le ciel encombré<br />
de nuages sombres et éclairent certains quartiers de la capitale.<br />
Un gigantesque son et lumière où les monuments de Paris sont<br />
autant de points de repères étincelants.<br />
« L’important c’est la régularité, je cale mon écriture sur le premier<br />
jour, si j’écris quatre pages, à raison de 90 pages par scénario, je<br />
peux savoir quand j’aurai terminé. Le temps travaille pour moi,<br />
je peux voir et calculer la progression. Pour la première version,<br />
je ne relis jamais depuis le début, juste le raccord avec la séquence<br />
précédente, il faut avancer, il faut écrire et après on décide si<br />
c’est bien. Le premier jet est toujours joyeux. » Grand sourire de<br />
Jacques, ses yeux pétillent comme ceux d’un enfant, volubile.<br />
« L’autre règle c’est d’arrêter d’écrire quand tu as la prochaine<br />
séquence, il faut s’interdire de continuer, il faut en garder pour<br />
la séance suivante. Et je suis adepte du précepte « La nuit porte<br />
conseil ». Le soir, tu écris une séquence, c’est nul. Le matin tu relis<br />
et tout s’éclaire, tu réécris et ça marche. »<br />
Cuisine. La saucisse aux poireaux embaume, Jacques prépare<br />
un nouveau café. Pendant que la cafetière gronde, il découpe la<br />
saucisse en rondelles, nous nous asseyons devant la petite table<br />
carrée en alu, une nouvelle large fenêtre, une autre perspective,<br />
une autre colline.<br />
Le café est prêt, Jacques s’assoit épanoui et malicieux : « Parfois,<br />
je donne un défi à Olivier : cette scène est écrite pour être un plan<br />
séquence. Parfois, un mouvement de caméra peut conduire une<br />
séquence. »<br />
La collaboration, ce sont des allers-retours incessants entre lui<br />
et Olivier, l’écriture de la version définitive progresse en même
cinéma<br />
temps que le film se prépare (enfin, dans le meilleur des cas,<br />
tous les projets – hélas - n’aboutissent pas). Olivier est aux repérages<br />
et au découpage pendant que Jacques ciselle le scénario<br />
bien que « un film ce n’est pas un scénario ». Jacques évoque<br />
les comédiens avec qui ils ont travaillé : Jacques Bonafé, Marief<br />
Guittier, Sami Bouajila, Virigine Ledoyen et surtout les deux<br />
acteurs de leur nouveau film « Théo & Hugo dans le même bateau<br />
» Geoffroy Couet et François Nambot.<br />
« Donner un texte à un comédien, ça te bouscule, ça te transforme.<br />
Je ne modifie jamais un texte sur le plateau par contre,<br />
des aménagements sont possibles au cours des répétitions. J’ai un<br />
grand souci des dialogues, je suis attentif à la musicalité, à la couleur<br />
des mots, aux petits enjeux littéraires. Parfois, les comédiens<br />
rechignent, mais quand je sais qu’ils peuvent le faire, je les mets<br />
au défi et ils y arrivent. »<br />
Nous regardons quelques photos de la maison normande et des<br />
plages du côté d’Etretat. Jacques raconte que lors d’une promenade<br />
sur les galets il a aperçu une équipe, Agnès Varda était<br />
en plein tournage, retour sur les lieux de son film « Ulysse ».<br />
La grand-mère irrévérencieuse et inventive du cinéma français<br />
connaît bien Jacques et Olivier. Clin d’œil et fraternité et surtout<br />
un encouragement à toujours et encore travailler, sans s’arrêter.
6<br />
cinéma<br />
Olivier Ducastel est né en 1962 à Lyon, il étudie à<br />
Paris III puis à l’IDHEC en réalisation et montage.<br />
Paris. Etage 28. Re-Waouhh !!! Une autre immensité, la colline<br />
de Montmartre bien dessinée. De l’extérieur une tour pas très<br />
esthétique, de l’intérieur une splendeur.<br />
Nous nous asseyons dans des chauffeuses, face à une large baie<br />
vitrée, les nuages de pluie filent, cascade de gris et de blanc pâle.<br />
Olivier, crâne rasé et larges lunettes, arbore souvent un très<br />
large sourire engageant. Il est disert, généreux, attentif. L’appartement<br />
a été investi l’été dernier, mobilier choisi, collection<br />
de plats de Valauris et de « Légo Architecture » (Villa Savoye,<br />
Flat Iron Building, Rockefeller Center, Robin House…). Deux<br />
grandes photos de lutteurs. Sur le buffet bas, quelques objets<br />
dont le Teddy Awards / Prix du Public, Berlin 2016 pour « Théo<br />
& Hugo ».<br />
Le bureau est aussi la bibliothèque, dominante de bleu et canapé<br />
rouge, des photos sur les étagères en bois dont l’actrice<br />
Bette Davis lascive avec un sous-titre « Je me fiche de ce que<br />
pensent les autres », un herbier, une photo du premier film<br />
court d’Olivier « Le goût de plaire », une comédie musicale avec<br />
Anne Alvaro et Christiane Millet et une belle photo de Jacques<br />
Demy et Anouk Aimé dans le passage Pommeraye à Nantes au<br />
moment du tournage du film « Lola ». Olivier a travaillé avec<br />
Jacques Demy, il reste une référence essentielle dans son travail<br />
du cinéma.<br />
« Je pars du principe que les choses importantes restent », donc<br />
pas vraiment de carnets de travail, tout au plus quelques notes<br />
mais c’est le MacBook qui est le plus important des outils. C’est<br />
le réceptacle des photos de repérages, des différentes versions<br />
du scénario et du découpage.<br />
Il y a bien un vieux cahier de la marque Heraklès qui s’intitule<br />
« Cahier des projets », Olivier y écrit une idée de film par<br />
page, 33 pour l’instant, plusieurs vies devant soi pour assouvir<br />
l’envie de raconter des histoires. Il y a aussi une boîte avec des<br />
coupures de journaux, quelques photos pour alimenter l’imaginaire<br />
mais rien de décisif.<br />
Donc, la Version 1 du scénario arrive, Olivier l’imprime et annote<br />
dans la marge. Ensuite ce sera des lectures sur ordinateur<br />
ou tablette.<br />
Dans cette première phase, Olivier perçoit son rôle comme<br />
celui d’« assistant » de Jacques, il met en page, imagine le découpage<br />
de chaque séquence, reprend la chronologie et, au besoin,<br />
organise le travail d’archives ou de documents.<br />
C’est à partir de la V6 que le découpage technique s’affine,<br />
nourri par les repérages qu’Olivier effectue, sans Jacques le plus<br />
souvent. Pour « Théo & Hugo », Il est allé photographier les rues<br />
de Paris concernées par l’errance des deux garçons pour vérifier<br />
les axes, pour imaginer le parcours photographique d’une<br />
séquence à l’autre, pour étudier la question des lumières d’une<br />
rue à l’autre et imaginer les deux corps en mouvement dans<br />
chacun des espaces.<br />
La conversation est ininterrompue avec Jacques, retour dramaturgique,<br />
idée de découpage, récit de repérages… Peu de notes,<br />
tout au plus quelques Post-it. « C’est dans notre tête », ce « notre<br />
tête » montre bien la fusion entre ces deux-là, le film est partagé<br />
d’égal à égal.<br />
Le téléphone sonne, Pôle-Emploi veut faire un point sur la<br />
situation d’Olivier. « Je suis réalisateur et co-directeur du département<br />
réalisation à la Fémis. Non, Fémis. F comme Françoise »<br />
Pôle-Emploi ne connaît manifestement pas l’École nationale<br />
supérieure des métiers de l’image et du son [une des deux<br />
grandes écoles de cinéma en France. Elle a succédé à l’IDHEC<br />
où Olivier a étudié]. « J’y travaille environ dix jours par mois ».<br />
Réalisateur c’est aussi de la transmission et une façon d’organiser<br />
son quotidien pour vivre, la plupart des films ne nourrissent<br />
que très peu leurs auteurs.<br />
Olivier se rassoit sur la chauffeuse grise, un peu soulagé.<br />
Quelques secondes pour changer de casquette et il explique que<br />
c’est lui qui recrute l’équipe technique et lui donne une grande<br />
liberté, gage qu’elle mettra sa créativité au service du film.<br />
Chaque étape est imaginée, cadrée par Olivier, rien n’est laissé<br />
au hasard, par exemple les costumes font l’objet de toute son<br />
attention « je me suis rendu compte que j’étais très directif (rire). »<br />
Un costume c’est le lien direct entre un comédien et son personnage,<br />
dès lors matières, couleur, statut social, fluidité ou rigidité<br />
tout est pesé. « Pour le personnage joué par Virginie Ledoyen<br />
dans « Jeanne et le garçon formidable », j’avais demandé à la<br />
costumière de n’acheter que dans des magasins accessibles à une<br />
standardiste d’entreprise, pas de marque chic. Après le tournage<br />
la costumière m’a avoué que chaque vêtement avait été ajusté au<br />
corps de la comédienne et qu’il y avait un vêtement Agnès b. mais<br />
ça m’allait, le contrat de base était respecté, une standardiste peut<br />
se payer un vêtement chic une fois par an (Rire). »
cinéma<br />
À la fin de la préparation, Jacques et Olivier ne se quittent plus.<br />
Pour le casting, ils proposent aux comédiens des canevas d’improvisation<br />
qui ont à voir avec les séquences à tourner. Le choix<br />
se fera sur les capacités d’invention et la photogénie.<br />
Pour travail à la table avec les comédiens, ils répondent à toutes<br />
les questions, affinent chaque intention de jeu, imaginent les<br />
séquences.<br />
Sur le tournage, Olivier est souvent le « premier de cordée »,<br />
Jacques est à côté pour compléter une indication, préciser une<br />
intention. « On se concerte de moins en moins ». Jacques est toujours<br />
soucieux des dialogues quand Olivier se concentre sur<br />
l’énergie de la séquence. « Nous n’avons pas vraiment de règles en<br />
matière de direction d’acteurs, on est content, on garde, on n’est<br />
pas content, on refait ».<br />
Le grand souci d’Olivier est de « tourner des films sans gâchis »,<br />
il trouve « qu’on nous oblige à tourner plus que ce qu’il faut »,<br />
il est plutôt dans une approche économe de chaque tournage<br />
moins du point de vue économique que du point de vue narratif,<br />
l’image juste, la séquence juste, la bonne dynamique. « Dans<br />
l’absolu, je n’ai pas l’idée de faire beaucoup de prises. Dans Théo,<br />
il y a beaucoup de premières prises. »<br />
Un film comme un espace préparé à accueillir toutes les libertés.<br />
5 rendez-vous précieux<br />
pour Jacques<br />
• Der Ring des Nibelungen, parce qu’on s’y perd avec délices.<br />
• Cosi fan tutte parce que c’est la plus belle et la plus triste<br />
histoire d’amour que je connaisse.<br />
• Manon Lescaut de l’Abbé Prévost parce que c’est la plus belle<br />
et etc. (je ne citerai donc pas toutes les plus belles et etc. que<br />
je connais).<br />
• Un Soulages, noir naturellement, parce que c’est tellement<br />
beau de faire autant avec si peu.<br />
• Les falaises de la Côte d’Albâtre. Ce n’est pas une œuvre, mais<br />
ça me fait bondir le cœur à chaque fois. On peut aussi les voir<br />
chez pas mal d’Impressionnistes…<br />
pour Olivier<br />
• Remèdes désespérés de Thomas Hardy.<br />
• Les années de Annie Ernaux.<br />
• Collages à partir de Polaroïd de David Hockney.<br />
•Sculptures monumentales de Keith Haring.<br />
• The Irving Berling songbook par Ella Fitzgerald.<br />
Filmographie (disponible en DVD ou en VOD)<br />
1998 — Jeanne et le garçon formidable<br />
1999 — Drôle de Félix<br />
2003 — Ma vraie vie à Rouen<br />
2005 — Crustacés et coquillages<br />
2008 — Nés en 68<br />
2010 — L’Arbre et la forêt<br />
2010 — Juste la fin du monde de Jean-luc Lagarce<br />
(Film de télévision adapté de la pièce Juste la fin du monde)<br />
2016 — Théo et Hugo dans le même bateau
8<br />
cinéma
UN LIVRE<br />
5 raisons<br />
d'aimer…<br />
Madeleine project<br />
Clara Beaudoux, éd. du Sous-Sol<br />
Par cyrille planson<br />
Parce que l’auteure sera bientôt à<br />
Reims. Clara Beaudoux, l’auteure de<br />
Madeleine Project, sera dans l’agglomération<br />
rémoise le 28 septembre à<br />
l’invitation de Nova Villa, l’association<br />
organisatrice du festival Méli’môme.<br />
Elle y présentera son livre et l’histoire<br />
de Madeleine le 28 septembre<br />
- à la médiathèque de Cormontreuil<br />
(18h30) - avant d’animer au cours<br />
de cette nouvelle année scolaire,<br />
plusieurs ateliers et temps<br />
de rencontre au sein de collège<br />
de la région de Reims.<br />
Parce que l’histoire de ce livre est<br />
incroyable. Un jour, la journaliste<br />
Clara Beaudoux emménage dans<br />
l’appartement laissé vacant par une<br />
vieille dame décédée un an plus tôt.<br />
Elle s'appelait Madeleine et elle aurait<br />
eu 100 ans en 2015. Madeleine y avait<br />
vécu vingt ans et, faute de descendance,<br />
la cave de son appartement<br />
avait été laissée en état.<br />
« J'y ai découvert, après en avoir<br />
scié le verrou, rangée, empaquetée<br />
dans des cartons, la vie de Madeleine,<br />
objets, photographies, lettres.<br />
Je m'y suis plongée ». En novembre<br />
2015, depuis la cave n°16, sur Twitter,<br />
Clara Beaudoux a réalisé le « live<br />
tweet » de l’inventaire de cette cave.<br />
Comme une plongée dans l’intimité,<br />
les rêves et les douleurs d’une femme<br />
anonyme.<br />
Parce qu’il faut se faire un avis.<br />
Ne sommes-nous pas tous un peu<br />
voyeurs ? L’histoire de Madeleine<br />
est belle parce qu’elle permet à la<br />
journaliste Clara Beaudoux de mener<br />
une enquête rigoureuse à partir des<br />
traces infimes et de devenir la biographe,<br />
émue et engagée, d’une vie<br />
évanouie que nous n’aurions jamais<br />
du connaître. Mais, en s’opposant<br />
à cet oubli qui fait que la trace de<br />
chaque individu ne survit que dans<br />
la mémoire de ses proches, Clara<br />
Beaudoux nous interpelle sur notre<br />
rapport à nos propres existences.<br />
Le monde ultra-médiatisé, celui de la<br />
transparence à outrance, dans lequel<br />
nous vivons interdit-il aussi l’oubli<br />
et le secret, celui de nos amours<br />
comme de nos douleurs ?<br />
Parce que la figure de Madeleine est<br />
terriblement attachante. L’histoire de<br />
Madeleine, dont la jeunesse a été traversée,<br />
et sans doute contrariée, par<br />
la Seconde Guerre Mondiale est saisissante.<br />
On est ému par le parcours<br />
de cette jeune femme qui deviendra<br />
institutrice et qui semble-t-il, ne<br />
croisera plus l’amour après le décès<br />
en 1943 de Loulou, ami amant avec<br />
lequel elle entretint une correspondance<br />
soutenue. Madeleine project<br />
fonctionne en miroir de nos propres<br />
« vies minuscules » pour reprendre<br />
l’expression de Pierre Michon.<br />
La petite histoire en écho de la<br />
grande.<br />
Parce que les réseaux sociaux sont<br />
aussi intelligents. Twitter, ce n’est<br />
pas seulement la dernière photo<br />
de Nabila à la plage, la nouvelle aventure<br />
capillaire d’un obscur footeux<br />
de Ligue 1 ou l’ultime clash « gangsta<br />
rap » entre Roff et Booba. C’est aussi<br />
des projets aussi étonnants que celui<br />
de Clara Beaudoux. Pendant son<br />
live-tweet documentaire, certains<br />
« followers » n’hésitaient pas à zapper<br />
mes pauses déjeuner pour suivre<br />
cette immersion dans cette petite<br />
histoire. Comme en miroir à la découverte<br />
fascinante d’un destin comme<br />
un autre, sans aspérités visibles et<br />
pourtant nourri de toutes les passions<br />
humaines. Le #Madeleineproject<br />
a vraiment ouvert un voie nouvelle.
0<br />
nouveau<br />
salon<br />
4, rue Chabeau<br />
51100 Reims<br />
03 26 50 17 08
_ Sophie Zenon<br />
PATRIMOINES REVISITÉS
2<br />
PATRIMOINES REVISITÉS<br />
Patrimoines<br />
revisités<br />
Du 17 septembre au 31 décembre 2016, Le Cellier<br />
de Reims accueille l’exposition « Patrimoines<br />
revisités ». Sous la direction artistique de Gabriel<br />
Bauret, cinq photographes européens livrent leur<br />
vision, à travers plus de 70 œuvres, des multiples<br />
facettes du patrimoine rémois : historique, archéologique,<br />
religieux, artistique, humain et industriel.<br />
Rencontre avec Gabriel Bauret, commissaire<br />
d’exposition indépendant et auteur de nombreux<br />
ouvrages sur la photographie (Lucien Clergue,<br />
La Photographie publicitaire, Daido Moriyama,<br />
Approche de la photographie).<br />
Commissaire d’exposition spécialisé dans la photographie, quel<br />
a été votre parcours ?<br />
Gabriel Bauret : Après avoir travaillé pour plusieurs magazines<br />
photographiques, j’ai décidé de prendre mon indépendance<br />
pour devenir commissaire d’exposition et monter des projets<br />
diversifiés autour de la photo. J’ai ainsi commencé à organiser<br />
différentes expositions en France et à l’étranger, avec des musées<br />
et institutions, comme la Maison Européenne de la Photographie,<br />
l’Institut du Monde Arabe, les Rencontres Internationales<br />
d’Arles, le Mois de la Photo à Paris, etc. Je suis également chargé<br />
d’un enseignement sur la photographie à l’École nationale des<br />
Arts décoratifs à Paris.<br />
_ Paolo Verzone
PATRIMOINES REVISITÉS<br />
Comment est né ce projet d’exposition ?<br />
G. B. : À l’occasion de l’inscription des Coteaux, Maisons et<br />
Caves de Champagne sur la Liste du patrimoine mondial de<br />
l’Unesco et du 25 e anniversaire du classement de la cathédrale<br />
Notre-Dame, du palais du Tau et de l’ancienne abbaye Saint-<br />
Remi, la ville souhaitait célébrer ce double événement et j’ai<br />
été sollicité par Deborah Copel, directrice des affaires culturelles<br />
de la ville de Reims, pour monter un projet autour du<br />
patrimoine rémois. Plutôt que de réunir des œuvres existantes,<br />
j’ai proposé d’inviter des photographes à travailler sur la ville,<br />
avec l’idée d’enrichir le regard sur la diversité de ce patrimoine,<br />
d’offrir une vision inédite au travers de différentes écritures<br />
photographiques.<br />
Sur quels critères avez-vous choisi les cinq photographes invités<br />
?<br />
G. B. : L’idée était de confronter plusieurs regards, plusieurs<br />
sensibilités et de créer un dialogue par images interposées de<br />
photographes venus de différents horizons et qui ne connaissaient<br />
pas Reims. J’avais déjà travaillé avec Arno Gisinger, photographe<br />
autrichien qui travaille étroitement sur les relations<br />
entre mémoire, histoire et représentation visuelle et Jordi Bernadó,<br />
photographe espagnol, architecte et urbaniste de formation.<br />
Il était important pour moi d’associer un artiste italien,<br />
forcément imprégné de l’idée de patrimoine, et la démarche de<br />
Claudio Sabatino, ancien assistant de Gabriele Basilico et également<br />
architecte de formation, m’intéressait. Je souhaitais aussi<br />
intégrer une sensibilité féminine et l’écriture très poétique de<br />
Sophie Zénon, son travail sur la statuaire, le minéral, s’inscrivait<br />
bien dans le projet. Enfin, je ne voulais pas montrer que<br />
des paysages ou des monuments et j’ai fait appel au portraitiste<br />
italien Paolo Verzone, membre de l’agence Vu, trois fois primé<br />
au World Press Photo, pour réaliser une série de portraits de<br />
personnes qui font vivre le patrimoine au quotidien.<br />
Pourquoi avez-vous intitulé l’exposition « Patrimoines revisités »<br />
au pluriel ?<br />
G. B. : Nous voulions insister sur le fait qu’il n’existe pas une<br />
forme de patrimoine, mais plusieurs. Au-delà des grands monuments<br />
historiques, la notion de patrimoine s’est ouverte à<br />
l’industrie, aux paysages, au geste architectural, aux modes de<br />
vie… Comme le souligne Nathalie Heinich dans La Fabrique<br />
du patrimoine, l’exigence d’ancienneté ou de beauté n’est plus<br />
le seul critère obligatoire. À ce titre, l’inscription des Coteaux,<br />
Maisons et Caves de Champagne mais aussi de la Cité - jardin<br />
du Chemin Vert dans la catégorie des « Paysages culturels évolutifs<br />
vivants » témoigne d’une nouvelle orientation de la mission<br />
Unesco pour préserver la diversité de l’héritage patrimonial.<br />
L’objectif de l’exposition est ainsi d’illustrer les différentes<br />
composantes du patrimoine de la ville et de questionner le<br />
regard porté sur les traces de l’histoire dans le monde présent.<br />
Comment les photographes ont-ils appréhendé la ville ? Quelles<br />
étaient leurs consignes ?<br />
G. B. : Ce n’était pas une commande très directive. Il s’agissait<br />
bien sûr d’illustrer les deux ensembles inscrits sur la Liste du<br />
patrimoine mondial de l’Unesco, la Cathédrale, le palais du<br />
Tau, l'abbaye Saint-Remi et la colline Saint-Nicaise avec ses<br />
anciennes crayères et la cité du Chemin-Vert mais les sujets<br />
sont venus progressivement. Pendant une semaine à l’automne<br />
dernier, les photographes ont arpenté librement la ville, se sont<br />
imprégnés de son riche passé historique, de ses monuments<br />
emblématiques mais aussi des empreintes laissées par 14/18<br />
et la deuxième guerre mondiale, la War Room, Carnegie Hall,<br />
l’Eglise Saint-Nicaise... Après une série de repérages et d’équilibrages,<br />
on a très vite calé les prises de vue pour produire 10 à<br />
15 images par artiste. Fasciné par l’histoire, Arno Gisinger s’est<br />
employé à réactiver la mémoire de plusieurs épisodes qui participent<br />
de la fabrique du patrimoine. Jordi Bernardó et Claudio<br />
Sabbatini se sont attachés au monumental et au paysage urbain.<br />
Sophie Zénon s’est immergée dans les réserves du Palais du
4<br />
PATRIMOINES REVISITÉS<br />
Tau pour réanimer, au sens propre, les statues avec son langage<br />
photographique. Quant à Paolo Verzone, il a confectionné ses<br />
portraits en mettant l’accent sur le lien entre la personne et son<br />
univers professionnel.<br />
Dans quelle mesure les œuvres présentées offrent-elles une nouvelle<br />
vision de ce patrimoine ?<br />
G. B. : Il ne s’agit pas tant d’offrir une nouvelle vision que de<br />
présenter différents points de vue par rapport à une réalité et de<br />
raconter une histoire. Dans la forme, les œuvres ne s’inscrivent<br />
pas dans une veine révolutionnaire ni une dans contemporanéité<br />
exceptionnelle. On se rapproche davantage du courant de<br />
la nouvelle objectivité. À première vue, le travail de Jordi Bernadó<br />
peut sembler purement documentaire mais il a une façon<br />
de saisir des rapprochements inattendus, de s’arrêter sur des<br />
détails incongrus que lui seul sait voir qui produit un décalage<br />
ironique, une réalité inhabituelle. Dans un autre registre, Arno<br />
Gisinger, qui a travaillé avec Georges Didi-Huberman, applique<br />
à la photo les méthodologies très précises de l’historien, sans<br />
rechercher d’effets picturaux ou esthétisants. Il cherche des indices,<br />
des traces d’une histoire qui s’est passée pour déclencher<br />
une réflexion. La photo de la plaque commémorative de Gaulle-<br />
Adenauer scellée dans la cathédrale, en français et en allemand,<br />
rappelle aussi la rencontre Hollande et Merkel à Reims pour le<br />
50e anniversaire de la réconciliation franco-allemande et participe<br />
à cette fabrique du patrimoine.<br />
Comment avez-vous conçu la scénographie ?<br />
G. B. : J’ai choisi de découper l’espace du Cellier en cinq parties<br />
pour bien montrer la diversité des démarches artistiques.<br />
Chaque séquence restitue un point de vue, un regard sur la ville<br />
avec également un travail sur la forme et les différentes façons<br />
de montrer des images, depuis les grands plexiglas rétroéclairés<br />
d’Arno Gisinger aux petits formats sur papier, très intimes, de<br />
Sophie Zénon.<br />
En tant que commissaire d’exposition, quelle réaction attendezvous<br />
du public ?<br />
G. B. : J’aimerais que le public comprenne la démarche, s’intéresse<br />
à ces regards extérieurs qui traduisent une curiosité, un<br />
étonnement, un plaisir aussi. Au-delà du discours, l’exposition<br />
est un miroir que l’on tend aux visiteurs, l’expression d’une<br />
vision d’une même génération d’artistes à un moment donné.<br />
Chaque époque apporte son lot de représentations particulières,<br />
marquées par une certaine esthétique. Ces images illustrent<br />
une manière de voir, aujourd’hui en 2016 et constituent<br />
un témoignage d’une époque.<br />
Y a-t-il des rencontres organisées autour de l’exposition ?<br />
G. B. : Oui, en octobre une rencontre est prévue avec les photographes<br />
Sophie Zénon et Arno Gisinger puis, en septembre,<br />
à l’occasion des Journées du Patrimoine, je viendrai présenter<br />
l’exposition avec François Barré, ancien Président du Centre<br />
Pompidou et des Rencontres Internationales de la photographie<br />
d’Arles, auteur d’un très beau texte écrit pour le catalogue<br />
de l’exposition, publié aux Editions Loco.<br />
Quels sont vos grands projets à venir ?<br />
G. B. : Je m’intéresse beaucoup actuellement à l’écriture nordique<br />
et je prépare une série d’expositions avec différents musées<br />
de Seine-Maritime autour de la photographie scandinave.<br />
D’autre part, je vais présenter en avril 2017 dans le cadre de<br />
la nouvelle formule du Mois de la Photo à Paris qui devient<br />
le Mois de la Photo du Grand Paris, une exposition de photographies<br />
de Cartier-Bresson des années 50 sur le thème de la<br />
Seine. Je travaille aussi sur la deuxième édition de la Biennale<br />
des photographes du monde arabe, organisée conjointement<br />
par l’Institut du Monde Arabe et la Maison Européenne de la<br />
Photographie à Paris.
PATRIMOINES REVISITÉS<br />
ÉVÉNEMENT :<br />
REIMS FÊTE LES 25 ANS<br />
DE l'INSCRIPTION<br />
AU PATRIMOINE MONDIAL<br />
DE L'UNESCO<br />
Une des premières villes<br />
de France en sites Unesco<br />
En 2016, Reims célèbre doublement son<br />
patrimoine : les 25 ans de l'inscription<br />
au Patrimoine mondial de l’Unesco de<br />
la cathédrale Notre-Dame, du palais du<br />
Tau et de l’ancienne abbaye Saint-Remi,<br />
et le premier anniversaire de celle des<br />
Coteaux, Maisons et Caves de Champagne<br />
au titre de « Paysage culturel<br />
évolutif vivant ».<br />
Pour mémoire, la Liste du patrimoine<br />
mondial (1031 site classés à ce jour) vise<br />
à protéger des sites exceptionnels dont<br />
la disparition constituerait un appauvrissement<br />
néfaste pour le monde.<br />
La double inscription dont bénéficie<br />
Reims représente une reconnaissance<br />
prestigieuse pour la cité des Sacres qui<br />
devient ainsi une des premières villes de<br />
France en sites Unesco.<br />
COUP DE PROJECTEUR<br />
SUR LA DIVERSITÉ PATRIMONIALE<br />
Pour accompagner cette distinction,<br />
la ville a choisi d’organiser un vaste<br />
programme d’événements destinés à<br />
valoriser ce patrimoine mondial :<br />
• 16 et 17 septembre 30 e Rallye<br />
international des vendanges.<br />
• 17 et 18 septembre Journées<br />
Européennes du Patrimoine.<br />
• Du 17 septembre au 31 décembre<br />
Patrimoines revisités, exposition<br />
photographique (Le Cellier).<br />
• Du 17 septembre au 14 octobre<br />
Aux sources du patrimoine mondial,<br />
exposition des archives départementales<br />
de la Marne.<br />
• Le 18 septembre à 16h concert<br />
du Chœur Philharmonique International,<br />
artistes Unesco pour la paix.<br />
• LE 25 novembre Journée d’étude<br />
patrimoine mondial.<br />
LE REGARD DE CINQ PHOTOGRAPHES<br />
SUR LE PATRIMOINE RÉMOIS<br />
Sous la direction artistique de Gabriel<br />
Bauret, commissaire d’exposition spécialisé<br />
dans la photographie, cinq photographes<br />
européens, Jordi Bernadó,<br />
Arno Gisinger, Claudio Sabatino, Paolo<br />
Verzone et Sophie Zénon, ont été invités<br />
à livrer leur vision du patrimoine rémois.<br />
« Le choix s’est porté sur la photographie<br />
afin de mettre en œuvre une<br />
mission aux objectifs variés : revisiter<br />
l’architecture, les musées, leurs intérieurs<br />
et leurs objets, ainsi que ceux des<br />
édifices religieux ; relire traces et signes<br />
d’une histoire ancienne et plus moderne,<br />
sans oublier les diverses personnes et<br />
personnalités qui font (re)vivre le patrimoine<br />
au quotidien, souligne Gabriel<br />
Bauret. À Reims, celui-ci ne rime pas<br />
seulement avec des faits historiques<br />
ou religieux et ne se limite pas au bâti<br />
monumental : il s’est également ouvert à<br />
l’industrie, celle des vins de champagne<br />
étroitement associés à l’économie<br />
de la cité. Cinq photographes ont donc,<br />
chacun de leur côté, sillonné la ville<br />
et rencontré les acteurs qui opèrent<br />
sur le patrimoine ».<br />
Résultat : les cinq artistes ont revisité,<br />
à travers plus de 70 œuvres, les différentes<br />
facettes du patrimoine rémois ;<br />
cinq points de vue originaux qui offrent<br />
une relecture des lieux de mémoire.<br />
Un coup de projecteur sur les multiples<br />
visages de la cité des Sacres qui a pour<br />
vocation de permettre aux Rémois, mais<br />
également à tous les touristes français<br />
et internationaux de passage, de s’approprier<br />
le patrimoine de la ville et d’en<br />
apprécier la valeur universelle, reconnue<br />
par la plus grande distinction mondiale.
PATRIMOINES REVISITÉS<br />
_ Arno Gisinger
_ Claudio Sabatino<br />
PATRIMOINES REVISITÉS
8<br />
PATRIMOINES REVISITÉS
PATRIMOINES REVISITÉS<br />
_ Paolo Verzone
0_ Jordi Bernardo<br />
PATRIMOINES REVISITÉS
PATRIMOINES REVISITÉS<br />
_ Sophie Zenon
2_ Jordi Bernardo<br />
PATRIMOINES REVISITÉS
encontre
4<br />
rencontre<br />
Saviez-vous que le 718 est l’indicatif téléphonique<br />
de Brooklyn ?<br />
Reims l’été. Les rues se vident gentiment. C’est souvent le cas<br />
juste après le concert pique-nique. Les rémois partis chercher<br />
le repos sont remplacés par des touristes qui se baladent entre<br />
Saint Remi, la Cathédrale et le Boulingrin. Les terrasses de la<br />
Place du Forum sont encore clairsemées en cette fin d’aprèsmidi<br />
de fin juillet. L’apéro du soir viendra les remplir.<br />
Parallèle à la rue Colbert, la moins bruyante rue du Tambour.<br />
Non loin de Chez Jérôme le cuisinier brocanteur, La Lunetterie<br />
Champenoise est installée depuis presque 7 mois. L’extérieur<br />
en dit déjà beaucoup : le choix des couleurs, du lettrage, du<br />
logo, de la décoration mettent sur la piste de l’attention portée<br />
à l’image. Je pousse la porte. Johann Bourel et Jean-Philippe<br />
Chilz m’accueillent. Sourires aimables et regards déterminés.<br />
Un café, nous nous asseyons pour discuter. Note pour moimême<br />
: pourquoi de jeunes gens comme eux - moins de trente<br />
ans, estimation au jugé - se lancent ils dans l’aventure périlleuse<br />
du commerce ? Et encore plus dans celui de l’optique alors qu’il<br />
fleurit des boutiques à tous les coins de rue. Je ne pose pas la<br />
question. Les premiers échanges m’offrent la réponse. La passion.<br />
Ces deux rémois d’origine<br />
et amis d’enfance ont toujours eu<br />
l’envie de monter quelque chose<br />
ensemble. Johann a travaillé<br />
dans des grandes enseignes de<br />
lunette, Jean-Philippe dans l’événementiel. L’idée a germé autour<br />
de quelques verres, mais ils ont pris le temps de la réflexion<br />
et de bien savoir ce qu’ils voulaient et ne voulaient pas faire.<br />
Puisque ici on prend le temps. Le temps d’accueillir, avec un<br />
café, de préférence sur rendez-vous pour être tranquille. Le<br />
temps de discuter et d’échanger, comprendre qui est le client<br />
pour pouvoir le conseiller au mieux. Prendre le temps de laisser<br />
la porte ouverte. Les clients passent dans la rue s’arrêtent pour<br />
discuter, boire un café ou un verre - une bouteille est toujours<br />
au frais -, pour voir une exposition d’artistes régionaux qui sont<br />
en permanence proposées sur les murs de la boutique.<br />
— la lunetterie —<br />
champenoise<br />
Seconde note rétroactive pour moi-même. La première chose<br />
que je me suis dite en poussant la porte de la boutique : suis-je<br />
bien à la bonne adresse ? Rien ne concorde avec les éléments que<br />
je pensais trouver chez un lunetier. Je veux parler des grandes<br />
vitrines avec des alignements de lunettes. De cette lumière,<br />
de ces couleurs qui m’ont toujours fait penser que j’entrais<br />
chez un pharmacien. Je ne pose pas la question, toujours pas.<br />
Un coup d’œil plus attentif m’apporte la réponse. Je suis bien au<br />
bon endroit. Mais il faut reconnaitre que le coup est réussi : j’ai<br />
plus l’impression d’être dans un atelier de création. Parce que<br />
c’est sur cela que La Lunetterie Champenoise repose, la création.<br />
Le contexte - les meubles ont été créé pour la boutique -, la<br />
présentation des lunettes - comme des pièces uniques et numérotées<br />
qu’elles sont d’ailleurs -, les fournisseurs - des créateurs<br />
que vous ne trouverez pas ailleurs mais nous en parlerons dans<br />
quelques lignes-, bref, la création.<br />
Mais évidemment, le plus important ce sont les lunettes. Et les<br />
deux compères sont intarissables. Ils ont fait le choix de proposer<br />
des lunettes qui favorisent au mieux le fait en France.<br />
Ils ont également fait le choix de favoriser les lunettes de créateurs,<br />
des modèles uniques à des prix abordables. Les collections<br />
de Thierry Lasry notamment, un créateur visionnaire.<br />
« Il s’inspire des années 80 qui sont selon lui une période créative<br />
incroyable, psychédélique, colorée, irrévérencieuse. Il mixe<br />
constamment le Vintage et l’Avant-Gardisme. Il a coeur d’explorer<br />
et de mettre en avant le savoir-faire à la française en terme<br />
de conception et de fabrication. La collection se veut unique,<br />
exceptionnelle, et se renouvelle régulièrement comme une collection<br />
de prêt-à-porter voire même de haute couture. Chaque<br />
année, le designer enrichit sa proposition de nouveaux modèles,<br />
de nouveaux coloris et développe des modèles en séries<br />
très limitées via des collaborations avec de grands noms du design,<br />
de la mode et des arts : Garrett Leight, Fendi, Dr Woo… »<br />
Même crédo pour la collection<br />
Plein Les Mirettes : « c’est au travers<br />
de la sélection des coloris,<br />
des combinaisons de finitions, de<br />
teintes que se révèlent les idées et<br />
l’identité de la maison Plein Les Mirettes, en prenant en considération<br />
la diversité des profils de chacun : le teint de peau, les<br />
nuances de la couleur des yeux, les sourcils. » Des marques<br />
françaises en majorité donc, mais aussi des quelques belles<br />
choses venues d’outre Atlantique avec le travail de Mark Craig,<br />
le fondateur de la collection Activist Eyewear. « C’est un designer<br />
amoureux de sa ville, c’est tout naturellement qu’il est allé<br />
puiser ses inspirations dans sa New-York natale et notamment<br />
l’un de ses quartiers emblématiques : Brooklyn, où est installé le<br />
siège de la collection. Il mêle les idées, les richesses de chacun<br />
afin de proposer le meilleur. A la quantité, Mark privilégie la<br />
qualité. Et pour cette raison, chaque pièce est numérotée : sur<br />
une série de 347 ou de 718 exemplaires, petit clin d’oeil aux<br />
indicatifs téléphoniques de New-York et Brooklyn, chaque référence<br />
est gravée au laser d’un numéro unique. »<br />
La Lunetterie Champenoise est un donc un peu tout ça. Un mélange<br />
de classicisme et d’originalité, mais aussi et surtout, une<br />
envie de casser les codes, de sortir du cadre. En sortant, je me<br />
dis qu’il est temps pour moi de changer mes lunettes.<br />
w w w . l a l u n e t t e r i e c h a m p e n o i s e . f r<br />
2 1 r u e d e t a m b o u r 5 1 1 0 0 r e i m s
intelligent variet’
intelligent variet’<br />
on pseudoyme renvoie à une<br />
figure locale de la Révolution<br />
Française. Prieur de la Marne était un<br />
jacobin convaincu, un conventionnel<br />
ami de Robespierre. Guilhem Simbille<br />
aime ce personnage qu’il s’est forgé au<br />
fil du temps, ce double né dans l’admiration<br />
qu’exerce sur lui Romain Gary,<br />
son œuvre et son « double », Émile<br />
Ajar. Tout est parti d’un jour « de grand<br />
désespoir », explique l’ancien graphiste.<br />
« Un moment de grand désespoir. J’étais<br />
chez moi, pas au meilleur de ma forme.<br />
Des amis avaient installé un logiciel<br />
sur mon ordinateur. J’ai tué le temps<br />
en me l’appropriant et à fouiller dans<br />
les archives de l’INA (Institut national<br />
de l’audiovisuel) pour finalement<br />
mixer quelques évocations de Romy<br />
Schneider et une vieille chanson de<br />
variété italienne, très triste ». Il puise<br />
J’ai donc réalisé une mixtape sur<br />
Mitterrand ».<br />
Il collabore désormais avec les<br />
archivistes de l’INA, qui l’orientent<br />
vers certains extraits de discours ou<br />
de reportages. Pour France culture,<br />
il a récemment réalisé une pièce sur<br />
la construction du Centre Pompidou<br />
au début des années 1970, mêlant<br />
chansons et témoignages des architectes,<br />
de Jacques Chirac et de Georges<br />
Pompidou lui-même. La radio publique<br />
lui a d’ailleurs commandé à partir de ce<br />
mois de septembre une mixtape hebdomadaire<br />
de trois minutes en lien avec<br />
l’actualité de l’élection présidentielle<br />
de 2017. Prieur de la Marne se définit<br />
comme un créateur d’objets sonores ou<br />
d’objets radiophoniques. « Tant qu’il<br />
existera des voitures, il y aura toujours<br />
des autoradios et donc une création<br />
PRIEUR DE LA MARNE<br />
désormais dans les archives et dans la<br />
variété française et internationale pour<br />
créer des pièces sonores inédites et<br />
signifiantes. Ce qu’il fait aujourd’hui ?<br />
« De l’intelligent variet’ », explique-t-il.<br />
« Je reste convaincu que Pierre Henry<br />
et Niagara peuvent exister ensemble<br />
dans un même objet sonore ». Au gré<br />
de « quelques hasards », cet éclectique,<br />
dont la sensibilité le conduit tout autant<br />
vers René Char, que Dali ou le chanteur<br />
Christophe, se voit proposer quelques<br />
commandes sur le même principe de<br />
création sonore. Comme début 2016,<br />
lorsqu’il lui est demandé de créer un<br />
objet sonore pour le jour anniversaire<br />
de la tuerie de Charlie Hebdo.<br />
« Je n’y parvenais pas vraiment, ce<br />
n’était pas facile à mettre en musique.<br />
Mais François Mitterand était mort,<br />
lui aussi, un 8 janvier, 20 ans plus tôt.<br />
pour la radio », sourit-il. Son avenir,<br />
il le voit aussi sur les scènes, d’abord à<br />
l’invitation de festivals (Les nuits<br />
secrètes, Le Cabaret vert…) qu’il<br />
connaît bien, pour avoir été le directeur<br />
artistique d’Elektricity à Reims. À Paris,<br />
on le retrouvera au début de l’automne<br />
au Musée Guimet (le 1 er octobre) puis à<br />
la FIAC. Fidèle à ses amitiés musicales,<br />
il ne manque jamais d’inclure dans<br />
son set un titre de ses « amis rémois »<br />
The Shoes, Angel ou Yuksek. La scène<br />
figure dans ses projets immédiats, car<br />
il semble bien que, là aussi, il saura<br />
inventer. À plus long terme, c’est vers<br />
l’image qu’il aimerait se tourner dans<br />
une collaboration avec un vidéaste qui<br />
pourrait donner une autre dimension à<br />
sa recherche.<br />
s o u n d c l o u d . c o m / p r i e u r d e l a m a r n e
graph' féministe<br />
Sany :<br />
Girl<br />
Power<br />
Prendre position contre les préjugés,<br />
être une femme, voyager<br />
dans le monde, écrire un nom,<br />
vivre une double vie et risquer<br />
tout pour une passion controversée...<br />
Le graff est une forme<br />
de dépendance, une passion,<br />
une évasion. Il donne un sens,<br />
comme l'amour, la religion, le<br />
désir. Le besoin de faire une<br />
marque et de laisser quelque<br />
chose derrière est aussi vieux<br />
que l'humanité elle-même.<br />
Sany, street artiste praguoise, a réalisé<br />
avec Girl Power un documentaire sur<br />
les femmes qui consacrent leur vie<br />
à la subculture graff habituellement<br />
dominée par les hommes. Sany a étudié<br />
la communication marketing. Elle se<br />
consacre au graff depuis près de 15 ans<br />
et est membre de 2 crews de graff purement<br />
féminins : Girl Power et Puff. Elle<br />
participe par ailleurs activement à l'organisation<br />
de manifestations culturelles<br />
à Prague et à l'étranger. À Prague, elle<br />
a produit plusieurs festivals de street<br />
art tels que Martha Cooper Files et Past,<br />
Present, Future. Elle est régulièrement<br />
invitée à des performances et à des<br />
conférences sur le thème du graff dans<br />
toute l'Europe et ses œuvres figurent<br />
dans de nombreuses publications.<br />
Sany a donc fait le tour du monde<br />
durant plus de 7 ans pour rencontrer<br />
ces femmes et en relater le récit<br />
fascinant. La communauté graff est un<br />
monde essentiellement masculin, et ces<br />
hommes partagent souvent le point de<br />
vue que le street art – d’essence illégale<br />
(et dangereux, hein…) - n'est pas<br />
fait pour les femmes. Sany démontre<br />
pourtant le contraire dans Girl Power<br />
en présentant les histoires de femmes<br />
qui ont réussi dans le monde présumé<br />
« masculin » du graff. Elle filme<br />
la double vie de ces femmes, qui ont<br />
la journée un quotidien ordinaire et<br />
« rangé », et qui pénètrent la nuit par<br />
effraction dans des dépôts ferroviaires<br />
bien gardés pour s’exprimer en œuvres<br />
picturales colorées, leurs familles et<br />
leurs proches ignorant souvent tout de<br />
cette seconde existence. Elle propose<br />
ainsi un nouveau regard sur un phénomène<br />
injustement caractérisé comme<br />
du vandalisme par le grand public qui<br />
est dans l’ignorance de la richesse de cet<br />
art et de ses codes, en allant rencontrer<br />
plusieurs artistes pour leur permettre<br />
d’expliquer leurs motivations et leurs<br />
valeurs et pour découvrir leurs œuvres<br />
urbaines à Barcelone (Musa 71), Berlin<br />
(Nina Kramer / Sheron), Cape Town<br />
(Motel 7), Düsseldorf (Puff Girls),<br />
Kaboul (Shamsia Hassani), Milan<br />
(Funky Girls), Moscou (Mary / Okada<br />
/ Quel), New-York (Claw Money / Lady<br />
Pink / Martha Cooper /Miss 17 / MRS<br />
/ Utah), Prague (Sany), Rio de Janeiro<br />
(Anarkia), Sydney (Igasm / Ivey / Lotus<br />
/ Spice / Torn)… Elle démontre ainsi<br />
que le graff, plus qu’une forme d’expression,<br />
est un mode de vie et un moyen<br />
d’émancipation.
8<br />
graph' féministe<br />
Quel a été le 1 er déclic qui t’a conduit à<br />
t’impliquer dans le graff ?<br />
Sany : Lorsque j’allais à l'école primaire,<br />
il y avait de longues lignes de trams et<br />
j’avais remarqué que tous les jours il y<br />
avait de nouveaux graff. J’étais fascinée<br />
et je me demandais qui pouvaient faire<br />
ces choses, quand et à quoi ils ressemblaient.<br />
J’ai alors commencé à chercher<br />
des connexions. Plus tard, à l’âge de<br />
15 ans, au début de ce millénaire, je ne<br />
pouvais pas sortir le soir et j’ai commencé<br />
à concevoir des typographies<br />
de graff sur papier avec une amie, puis<br />
nous avons rencontré une autre fille<br />
avec qui nous avons mis en place le<br />
crew Girl Power. Mais, après un certain<br />
temps les filles ont cessé de venir et je<br />
suis restée seule à Prague.<br />
Quel est le statut des filles sur la scène<br />
graff ?<br />
S : Je n’ai jamais divisé le graff entre les<br />
garçons et les filles, mais c’est le milieu<br />
du graff l’a fait. Voilà pourquoi j’ai commencé<br />
à être si intéressée par le sujet et<br />
que j’ai décidé de soutenir les femmes<br />
dans le graff.<br />
Et quel était-il en République Tchèque ?<br />
S : Auparavant, les garçons volaient mes<br />
peintures et défiguraient délibérément<br />
mes graffs, en y inscrivant " Retournes<br />
dans la cuisine ". Heureusement, cela ne<br />
se produit plus maintenant.<br />
À Prague, j'ai organisé beaucoup d'événements<br />
pour promouvoir la communauté<br />
graff, notamment une exposition<br />
des graffeuses Girl Power ainsi qu'une<br />
exposition de la photographe légendaire<br />
Martha Cooper. J’apporte aussi<br />
mon aide pour d'autres petits projets.<br />
J’ai donc passé une sorte de test et<br />
prouvé que le graff est ma passion et<br />
mon style de vie. Donc, on ne peut pas<br />
dire que ce n'est pas pour les filles.<br />
Est-ce que ça ne vous oblige pas à être<br />
dans une « rivalité » constante et donc<br />
toujours meilleures que les hommes ?<br />
S : Malheureusement, je pense toujours<br />
qu’en tant que fille, il faut prouver<br />
que tu es meilleure que les garçons,<br />
et que tu dois être vraiment exceptionnelle<br />
dans le milieu du graff pour être<br />
acceptée. Cela vaut aussi dans d'autres<br />
domaines où les hommes dominent.<br />
Dans l'ensemble, plus de femmes<br />
graffent aujourd'hui car elles ont eu des<br />
modèles qui leur ont montré qu'il était<br />
possible d’être street-artiste femme.<br />
Toutefois, un livre publié récemment,<br />
intitulé All City Queens et qui met en<br />
valeur le monde du graff féminin a<br />
montré qu'il y a encore très peu de filles<br />
qui font du graff. Peut-être est-ce dû au<br />
caractère illégal du graff qui en fait une<br />
pratique artistique risquée et difficilement<br />
accessible à tout le monde.<br />
Mais il n'y a pas d'importance si vous<br />
êtes une fille ou un garçon. Ce qui<br />
importe le plus, c’est que vous y croyez<br />
et que vous le fassiez avec un dévouement<br />
absolu.<br />
Quand et pourquoi as-tu décidé de réaliser<br />
le documentaire Girl Power ?<br />
S : En 2009, quand j'ai commencé le<br />
tournage, j’étais la seule fille à Prague<br />
à graffer activement. Je savais que,<br />
dans le monde, il y avait déjà beaucoup<br />
de filles qui étaient également<br />
très actives. Beaucoup - Je veux dire<br />
quelques dizaines - par opposition à des<br />
dizaines de milliers d'auteurs de graff<br />
de sexe masculin. Je me suis intéressée<br />
aux motivations des autres femmes<br />
graffeuses et les ai rencontrées afin<br />
de savoir pourquoi elles faisaient une
graph' féministe<br />
chose si dangereuse. Enfin, je voulais<br />
promouvoir les femmes dans le graff,<br />
mais je ne savais pas à quel point cette<br />
décision allait changer ma vie, quelle<br />
serait la durée et la difficulté du projet.<br />
C’était comme une sorte de combat ?<br />
S : Dès le début, nous savions que le<br />
budget total atteindrait plusieurs millions.<br />
Après une année de recherche,<br />
nous avons finalement trouvé un producteur<br />
qui a rapidement fait défection<br />
car il venait de perdre des dizaines<br />
de millions sur un autre projet.<br />
Nous avons ensuite reçu l'appui<br />
du BU2R, un projet urbain qui a<br />
soutenu le film depuis 2012.<br />
Mais nous avions encore 120 heures<br />
de rush à monter. Par chance, nous<br />
avons obtenu une aide du Fonds national<br />
pour le soutien et le développement<br />
du cinéma tchèque et de la Télévision<br />
tchèque. C’est grâce à cette aide que<br />
Girl Power a pu entrer en post-production.<br />
Comment a-t-il changé ta vie ?<br />
S : Avant le film, je vivais 2 vies complètent<br />
séparées l’une de l’autre et je les<br />
alternais au besoin. Pour réaliser Girl<br />
Power j’ai progressivement mis en avant<br />
ma vie d’artiste et des choses qui semblaient<br />
illogiques pour une personne<br />
conventionnelle.<br />
J'ai perdu un emploi de manager très<br />
bien rémunéré, j’ai interrompu mes<br />
études à l'université et je me suis endettée.<br />
Cela a affecté évidemment ma vie<br />
personnelle. Mais je ne le regrette pas.<br />
Je sais que ça en valait le coup, car je<br />
pense que Girl Power peut encourager<br />
beaucoup de femmes à suivre leurs<br />
rêves !
0<br />
LA<br />
CARTONNERIE<br />
R E P R I S E M M X V I<br />
DA<br />
D A D A<br />
D A D A D A D A<br />
D A D A D A D A<br />
D A D A D A D A D A D A D A<br />
A U X C O U L E U R S D E L ’ É T É I N D I E N<br />
J E A N N E A D D E D<br />
BENJAMIN BIOLAY<br />
THE DIVINE COMEDY<br />
K A T E R I N E<br />
W A X T A I L O R<br />
T H Y L A C I N E<br />
D I O N Y S O S<br />
LEE RANALDO I CARPENTER BRUT<br />
UNCLE ACID & THE DEADBEATS<br />
JAMES HUNTER 6 I T R Y O<br />
FFF I PATRICE I TORTOISE<br />
KEREN ANN I NADA SURF<br />
SWANS I UGLY KID JOE<br />
ET TELLEMENT D’AUTRES CHOSES ENCORE<br />
LA CARTONNERIE<br />
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RENCONTRE<br />
BRUNO<br />
LOBBÉ<br />
Bruno Lobé est le nouveau<br />
directeur du Manège depuis<br />
un an. Arrivé d’Orléans,<br />
il attend avec impatience<br />
de présenter sa programmation<br />
au public rémois à partir<br />
du 20 septembre.
2<br />
RENCONTRE<br />
Directeur de théâtre, un rêve d’enfant ?<br />
Pas vraiment. J’ai tenté des études de<br />
droit à Paris, mais j’ai dû assister à 2<br />
mois de cours la première année et<br />
3 semaines la seconde année. La vie<br />
parisienne était plus attirante, je sortais<br />
beaucoup en boîtes, notamment le<br />
Palace. Nous étions en pleines années<br />
80, j’étais un oiseau de nuit. Impossible<br />
de tenir les études et les sorties.<br />
J’ai donc trouvé un boulot de guichetier<br />
à la Sécurité sociale, avant de suivre une<br />
formation de gestion. J’ai ensuite été<br />
embauché par l’entreprise de prêt-àporter<br />
Bidermann, qui travaillait pour<br />
Daniel Hechter, Kenzo ou Lagerfeld.<br />
Maurice Bidermann, qui est le frère de<br />
Régine, m’a embauché non pas sur mes<br />
diplômes mais sur ma personnalité.<br />
L’ambiance était familiale.<br />
Comment en êtes-vous arrivé au monde<br />
du spectacle ?<br />
Par une boîte de recrutement, j’ai été<br />
embauché en 1993 pour devenir chef<br />
comptable de la compagnie du chorégraphe<br />
Angelin Preljocaj. En arrivant<br />
dans leurs locaux, on m’a dit « Tu es<br />
notre nouvel administrateur. » J’ai alors<br />
vraiment découvert la danse contemporaine,<br />
j’ai vu beaucoup de spectacles,<br />
rencontré beaucoup de danseurs…<br />
Cela a été une vraie révélation !<br />
Pour quelle raison ?<br />
La danse permet d’associer beaucoup<br />
d’autres disciplines artistiques :<br />
musique, vidéo… Les chorégraphes<br />
effectuent un travail de création ex<br />
nihilo, contrairement aux metteurs en<br />
scène de théâtre, qui travaillent sur des<br />
textes existants et qui ont souvent déjà<br />
été mis en scène. La danse, cela vient<br />
des tripes !<br />
La compagnie est ensuite partie dans<br />
le sud de la France. Pour des raisons<br />
amoureuses, je ne voulais pas quitter<br />
la région parisienne. J’ai travaillé pour<br />
les premières Rencontres nationales<br />
de danse urbaine à la Villette, à Paris.<br />
Cela m’a permis de sillonner la France<br />
et de découvrir de jeunes danseurs aux<br />
personnalités enthousiasmantes.<br />
J’ai ensuite participé à la préfiguration<br />
du Centre National de la Danse qui<br />
allait ouvrir à Pantin. J’embarquais<br />
des jeunes femmes du ministère des<br />
Finances dans le monde de la danse,<br />
alors qu’elles n’y connaissaient rien et<br />
qu’elles étaient là pour parler argent.<br />
Mais je suis parti le jour où j’ai compris<br />
que je ne faisais plus que de la gestion.<br />
Direction la Rochelle.<br />
À la demande de la chorégraphe<br />
Régine Chopinot, je l’ai rejointe au<br />
Centre Chorégraphique Nationale<br />
de la Rochelle. J’y suis resté sept années.<br />
Sept années passionnantes, car<br />
tournées vers l’artistique. Comme par<br />
exemple pour aider à la création d’une<br />
compagnie de danse contemporaine au<br />
Vietnam.<br />
Puis à Orléans, vous aviez trois<br />
casquettes.<br />
C’était absolument intenable : j’étais<br />
administrateur, secrétaire général<br />
et chargé de la programmation danse<br />
de la Scène nationale d'Orléans.<br />
À quoi sert le secrétaire général d’un<br />
théâtre ?<br />
Il travaille avec le directeur, s’occupe<br />
de la politique de communication,<br />
des questions de billetterie, de l’action<br />
culturelle… tout ce qui n’est pas programmation<br />
et administration.<br />
Le Manège est aussi labellisé Scène<br />
nationale. Qu’est-ce que c’est ?<br />
C’est un label qui remonte à la décentralisation<br />
culturelle initiée par Jack<br />
Lang. Ces lieux diffusent en région<br />
ce qui se fait de mieux en matière<br />
de spectacle vivant contemporain.<br />
Les Scènes nationales diffusent des<br />
œuvres contemporaines, agissent en<br />
réseau, produisent des spectacles,<br />
organisent des actions artistiques<br />
et culturelles afin d’élargir les publics…<br />
À quoi servent ces actions ?<br />
À donner envie aux gens de venir<br />
nous voir et de venir voir les artistes<br />
différemment. Et je mets autant de<br />
vigueur et de créativité dans les actions<br />
artistiques et culturelles que dans la<br />
programmation. Cela passe aussi par<br />
une interview pour se faire connaître et<br />
donner envie de venir. Il faut gommer<br />
le petit côté institutionnel ou sacré du<br />
théâtre. Cela ne sert à rien de proposer<br />
de la création contemporaine aux 200<br />
mêmes personnes ! Je dois d'abord<br />
rencontrer le public, puis qu'il me fasse<br />
confiance, nous pourrons alors goûter<br />
à des univers artistiques un peu plus<br />
particuliers.<br />
Un restaurant va ouvrir au Manège.<br />
Il s’appellera la Verrière, car situé<br />
sous une verrière dans la cour entre le<br />
Manège et le Cirque. C’est l’équipe du<br />
Cabasson, rue Cérès, qui en a la charge.<br />
Ne parlons pas de menu, mais de la<br />
programmation…<br />
C'est moi qui l'ai entièrement conçue.<br />
Dans la continuité de la précédente<br />
programmation, mais avec des différences<br />
à l'intérieur. Continuité parce<br />
que le Manège s'intéresse toujours au<br />
cirque et à la danse. Il y aura davantage<br />
de spectacles de grandes formes avec<br />
une distribution importante, davantage<br />
aussi de spectacles dans différents domaines<br />
artistiques, beaucoup d'artistes<br />
émergents et beaucoup de premières.<br />
Par exemple, la première du spectacle<br />
Les Princesses du Cheptel Aleïkoum.<br />
Car les résidences de créations seront<br />
nombreuses. Les artistes pourront créer<br />
leur spectacle au cirque ou au manège.<br />
Il y aura aussi beaucoup de musique<br />
jouée en direct lors des spectacles.<br />
Deux temps forts rythmeront la saison.<br />
Début novembre Born to be a live,<br />
un temps fort consacré aux jeunes<br />
chorégraphes, et Métacorpus, temps<br />
fort dédié aux grandes marionnettes,<br />
en décembre. Deux équipes artistiques<br />
seront associées aux trois prochaines<br />
saisons: Mié Coquempot et le collectif<br />
Petit Travers. Quatre artistes seront en<br />
compagnonnage durant toute la saison,<br />
et une DJ en résidence, Barbara Butch.<br />
Vous regrettez Orléans ?<br />
Je l’avoue, la Loire me manque un<br />
peu. Mais j’ai reçu un très bon accueil<br />
à Reims. Je n’étais venu que deux ou<br />
trois fois, pourtant je me suis très vite<br />
repéré alors que je suis un handicapé de<br />
l’orientation ! Je n’ai aucune inquiétude<br />
à me faire des connaissances à Reims<br />
et à m’y constituer un réseau social.<br />
Dans le domaine de la culture,<br />
j’ai rencontré les responsables de<br />
l’Opéra, de l’Essad, de la Cartonnerie<br />
ou de Cesare. Cela peut sembler un peu<br />
Bisounours, mais nous avons un vrai<br />
plaisir à nous retrouver. Et il y a d’excellents<br />
restaurants à Reims.<br />
w w w . m a n e g e d e r e i m s . c o m
découverte<br />
Brimoncourt<br />
à Ay :<br />
Patrimoine<br />
industriel arty<br />
En rencontrant pour l’interviewer (Peel#5), Alexandre<br />
Cornot, le fondateur du champagne Brimoncourt au siège<br />
de la marque à Ay, nous avions découvert un endroit<br />
extraordinaire et complètement atypique : un ancienne<br />
imprimerie. Un lieu habité, et aujourd’hui tout autant<br />
occupé par les vestiges du passé (notamment une incroyable<br />
collection de plaques lithographiques en pierre) que par<br />
du stock de champagne ou par les oeuvres d’art du maître<br />
des lieux. Petit portrait en images.
5<br />
découverte
découverte
découverte<br />
Plus d’infos sur le champagne Brimoncourt<br />
et l’univers de la marque www.brimoncourt.com
encontre<br />
Avant d'ouvrir son atelier, Marie Guillemot n'imaginait pas être<br />
fleuriste. Maintenant qu'elle est devenue une créatrice réputée dans<br />
l'art floral, elle ne veut toujours pas faire " fleuriste "… Explications.<br />
En son atelier greffé non loin de la<br />
cathédrale de Reims, elle crée de<br />
multiples compositions qui viendront<br />
ornementer une maison de prestige,<br />
un siège social d'entreprise, un lancement<br />
de produit, une cérémonie, tout<br />
comme nos intérieurs, pour y semer<br />
une parcelle d'exception. Marie Guillemot<br />
aime à composer des bouquets qui<br />
ne font pas " fleuriste ", comprenez des<br />
présentations trop typées, artificiellement<br />
gonflées à coups de feuillages mal<br />
venus. Sa préférence va aux bouquets<br />
qui ont la spontanéité et le naturel d'un<br />
retour de promenade. Promenade à<br />
partager…<br />
plus contemporain. Côté contenant,<br />
on évolue vers des pots ou des vases<br />
surdimensionnés. Auparavant, la taille<br />
du bouquet et de son vase tendaient à<br />
s'équilibrer, à présent, la dimension du<br />
contenant l'emporte souvent.<br />
D'où vient la créativité de vos compositions<br />
?<br />
M. G. : Tout est dans le naturel, c'est<br />
ce qui me guide. Pour le reste, ce sont<br />
mes mains qui travaillent et dictent mes<br />
choix, je ne veux pas d'une démarche<br />
cérébrale pour créer. Et plus mes mains<br />
pratiquent, plus elles m'ouvrent de<br />
possibilités.<br />
pour elle et d'orner le revers de veste<br />
pour lui, l'approche est à présent bien<br />
plus globale. Soit prise en main par une<br />
"wedding planner", soit élaborée par<br />
les futurs mariés, la cérémonie suit une<br />
évolution où la scénarisation et la mise<br />
en scène prennent une place considérable.<br />
Influence américaine peut-être,<br />
il n'est plus rare qu'on me demande des<br />
arches fleuries et des décors très spectaculaires<br />
pour la salle de réception. En<br />
tout cas, ce que je recommande, ce sont<br />
des pièces végétales fortes qui focalisent<br />
l'attention dans la salle de réception,<br />
plutôt que des centres de table tout<br />
riquiqui.<br />
Quelles sont les sources d'inspiration<br />
pour la créatrice en design floral<br />
et végétal que vous êtes ?<br />
Marie Guillemot : Trouver des inspirations,<br />
c'est un exercice constant quand<br />
je me promène dans la nature ou les<br />
jardins, quand je visite des salons et<br />
des expositions. Pour moi, la première<br />
source d'inspiration, c'est le végétal<br />
lui-même, et notamment à travers les<br />
multiples possibilités offertes par les<br />
fournisseurs. Rungis est pour moi un<br />
jardin extraordinaire !<br />
La ligne d'un bouquet évolue au gré des<br />
tendances, comment décrivez-vous<br />
la ligne de ceux que vous composez ?<br />
M. G. : Pour moi, ce qui donne la ligne,<br />
c'est le choix de la fleur et du contenant.<br />
Côté fleur, la tendance est à des choses<br />
très naturelles, comme cueillies au bord<br />
du chemin avec herbes folles et graminées.<br />
Ce qui compte, c'est l'association<br />
des couleurs, on assemble beaucoup de<br />
couleurs tendres, des ivoire et prune,<br />
soulignées de feuillages. Un feuillage<br />
flou renforce l'esprit campagne, un<br />
feuillage plus lisse donne un aspect<br />
Y a-t-il des végétaux que vous vous<br />
interdisez d'utiliser ?<br />
M. G. : Sans rien m'interdire, j'ai une<br />
affection limitée pour certaines fleurs<br />
tropicales qui me paraissent trop<br />
lisses, trop figées, ou encore pour des<br />
"fleurettes" trop galvaudées dans les<br />
bouquets classiques.<br />
La rose est un classique, vous en faîtes<br />
quoi ?<br />
M. G. : Elle est incontournable, je la<br />
travaille beaucoup. Mais je choisis des<br />
rosiéristes qui me fournissent des roses<br />
ayant des qualités particulières, des<br />
qualités mécaniques pour la courbure<br />
de la tige et sa maniabilité, des qualités<br />
d'évolution pour la tenue de la fleur.<br />
option inter ou abstrat :<br />
Fleurs à marier<br />
Pour un événement très fleuri comme un<br />
mariage, comment intervenez-vous ?<br />
M. G. : Fleurir un mariage revêt un enjeu<br />
de plus en plus fort pour les futurs<br />
mariés ; ils veulent être dans le contrôle.<br />
Il ne s'agit plus seulement de composer<br />
une tresse de fleurs dans les cheveux<br />
Les Maisons de champagne qui vous<br />
sollicitent vous demandent-elles des<br />
choses d'exception ?<br />
M. G. : L'exception peut être le décor<br />
dans lequel j'interviens. Le magnifique<br />
Hôtel du Marc de la Maison Vve<br />
Clicquot dont je fleuris les intérieurs<br />
chaque semaine est, de par ses qualités<br />
esthétiques, tout à fait exceptionnel.<br />
Exceptionnel aussi, cet événement<br />
d'une maison de champagne pour le<br />
salon du Luxe à Cannes où j'ai dû associer<br />
les parfums des fleurs aux arômes<br />
des différents champagnes présentés au<br />
cours du cocktail. Gros challenge, très<br />
stimulant !<br />
w w w . m a r i e g u i l l e m o t . f r<br />
6 r u e d e l ' u n i v e r s i t é 5 1 1 0 0 r e i m s
encontre<br />
Des langues étrangères au langage des fleurs<br />
Même tardive, la vocation de Marie Guillemot n'en est pas<br />
moins sincère. Sa conversion au métier de la fleur n'est arrivée<br />
qu'à l'issue d'une carrière de traductrice-interprète au sein de<br />
la Fédération Française Handisport, un parcours qui lui a valu<br />
d'accompagner les athlètes sur plusieurs Jeux Olympiques Handisport.<br />
De la maîtrise des langues à celle du langage des fleurs,<br />
il n'y avait qu'un pas, vite franchi après l'obtention d'un CAP de<br />
fleuriste. Rémoise d'origine, c'est à Reims qu'elle décide alors de<br />
s'installer avec toute sa famille et de se consacrer à sa nouvelle<br />
vocation de créatrice florale, vite rejointe par son mari Jean-<br />
Bernard. Pour autant, son marché n'est pas seulement champenois<br />
et ses créations voyagent avec les entreprises qui lui font<br />
confiance pour des salons et autres événements de prestige. De<br />
grandes maisons de champagne ont recours à elle, mais aussi<br />
des sociétés parisiennes ; elle assure ainsi à l'année l'aménagement<br />
végétal du siège d'une enseigne bien connue dans le remplacement<br />
de pare-brises.<br />
Bouquets en cours<br />
L'atelier Marie Guillemot distille<br />
ses conseils lors de cours<br />
du soir thématiques organisés<br />
au magasin. Décor de Pâques,<br />
centre de table pour un réveillon…<br />
chaque participant repart<br />
avec sa composition réalisée<br />
sur place.<br />
La fleuriste qui<br />
ne voulait<br />
pas faire<br />
" fleuriste "
UN CONNU<br />
frédéric wagner<br />
NOM<br />
Frédéric Wagner.<br />
PROFESSION<br />
Gérant de JouéClub.<br />
ÂGE<br />
47 ans.<br />
PLUS BEAU SOUVENIR<br />
Une croisière en Inde sur le fleuve<br />
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Aller au Pérou.<br />
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