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N° 1 • Octobre 2016<br />
LE TOFU<br />
TE PARLE<br />
Ton magazine végane !<br />
Dossier<br />
Le véganisme<br />
Capotes<br />
version végane<br />
<strong>#LeCouteauQuiFaitPasBobo</strong><br />
Jihem Doe<br />
#InterviewChoc
SOMMAIRE<br />
35 Voyage aux U.S.A.<br />
Dessin, art, caricature<br />
2<br />
3<br />
L’édito de la rédac’ chef<br />
L’histoire du tofu<br />
Droit des animaux<br />
4<br />
6<br />
9<br />
Les Beagles : une vie de chien dans l’expérimentation<br />
Monter autrement : la face cachée des centres<br />
équestres et les alternatives<br />
Écologie et véganisme : soyons cohérents<br />
10 Végétarien, qu’est-ce qui te retient ?<br />
DOSSIER :<br />
Qu’est-ce que le véganisme<br />
et pourquoi les véganes<br />
sont véganes ? p.14<br />
12 Rôle du plancton et couche d’ozone<br />
Société<br />
22<br />
Capotes véganes : pas besoin de tuer pour<br />
baiser<br />
24 Jihem Doe, l’interview choc<br />
Véganisme et T.C.A. (Troubles du Comportement<br />
29<br />
Alimentaire)<br />
31 Rester zen lors d’un débat sur le véganisme<br />
34 Chez Fleury Michon...<br />
37 Texte : Mort bestiale<br />
38 BD de La Secte Végane<br />
Mode<br />
39 Kim Decary - Love Over Blood<br />
Cuisine<br />
41 4 recettes véganes<br />
43 Pas à pas : burgers véganes 100 % maison<br />
Substituts alimentaires : rempacer les produits<br />
d’origine<br />
45<br />
animale<br />
Sport<br />
50 Pauline, Douce Frugalité<br />
52<br />
Des sportifs véganes de haut niveau et leurs<br />
régimes alimentaires<br />
Lifestyle<br />
55 Rencontre avec Sébastien Kardinal<br />
Culture<br />
57 Le végétarisme et ses ennemis<br />
58 Comment devenir végane facilement ?<br />
Témoignages<br />
62 Ados et véganisme<br />
64 Présentation de la team<br />
1<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
EDITO<br />
Ok. Ça craint sérieusement. Nous sommes le<br />
jeudi 13 octobre, il est 19h24 et je n’ai toujours<br />
pas écrit mon édito.<br />
En fait, j’en ai écrit au moins 12, mais je les<br />
trouve tous complètement nuls et indignes<br />
d’un premier numéro. J’ai envie de vous parler<br />
de tellement de choses. De vous faire passer<br />
tellement de messages. Mais je ne sais<br />
pas par où commencer, c’est flippant, moi qui<br />
trouve toujours les mots très facilement. Sauf<br />
qu’en général, je ne suis qu’une petite bloggeuse,<br />
pas la rédac’ en chef d’un magazine<br />
que je voudrais voir cartonner. Non pas pour<br />
ma gloire personnelle (quoi que, si je pouvais<br />
me retrouver au JT de 20h et expliquer à David<br />
Pujadas ce qu’est réellement le véganisme,<br />
j’avalerais ma hantise des caméras aussi vite<br />
qu’une tartine de houmous !), mais parce que<br />
la situation est urgente.<br />
Nous contacter :<br />
contact@letofuteparle.com<br />
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Site : letofuteparle.com<br />
facebook : letofuteparle<br />
instagram : @letofuteparle<br />
twitter : @letofuteparle<br />
Les animaux ont plus que jamais besoin de<br />
nos voix, et vous, besoin d’être informés. Le<br />
signal d’alarme a été lancé il y a longtemps<br />
et malgré cela le véganisme a la vie dure en<br />
France : les animaux sont toujours et encore<br />
exploités et tués dans des conditions indignes,<br />
la désinformation bat son plein et je<br />
ne parle pas de l’état de la planète. Alors pour<br />
ce premier numéro, pas de discours à la Philip<br />
Wollen, pas de jolies phrases chopées sur<br />
Evene, non, juste ceci : merci d’être ici et de<br />
lire ce magazine. C’est déjà énorme.<br />
Bonne lecture !<br />
Noita.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
2
C’est l’histoire… du TOFU !<br />
3<br />
Nous ne pouvions pas décemment faire ce premier magazine<br />
sans vous parler un peu de notre mascotte, ce cher<br />
tofu !<br />
Alors le tofu, vous devez à peu près voir à quoi ça ressemble.<br />
Il est généralement présenté sous forme d’un pavé<br />
d’une pâte blanchâtre, à la texture un peu molle et spongieuse.<br />
Mais sa conception est souvent mal connue et son<br />
histoire d’autant plus.<br />
La Conception<br />
Il est donc préparé à base de lait de soja caillé – donc<br />
par coagulation – en y ajoutant un agent coagulant qui<br />
peut varier : acides, sels ou enzymes, après traitement<br />
thermique du lait. En gros c’est un peu comme pour faire<br />
du fromage sauf qu’au lieu de violer des vaches, de les exploiter<br />
et de tuer leurs veaux dont on récupère l’estomac<br />
pour en extraire la présure qui sert d’agent coagulant au<br />
fromage, eh bien là on presse des graines de soja pour en<br />
extraire le lait puis on utilise des agents coagulants qui ne<br />
sont pas d’origine animale. Et c’est bien pour ça que c’est<br />
notre mascotte !<br />
Le Goût<br />
Certes, le goût du tofu ne fait généralement pas l’unanimité.<br />
Le tofu nature a un goût très neutre, et sa texture un<br />
peu spongieuse est assez particulière. Donc oui, nature,<br />
c’est spécial. Mais c’est une matière première aussi ; un<br />
peu comme ce mag, on offre de l’information, ce que tu en<br />
fais ne dépend que de toi !<br />
J’ai parfois entendu des carnistes dire “qu’ils n’allaient pas<br />
arrêter la viande pour manger du tofu ; c’est dégueulasse le<br />
tofu”. Euh oui mais ta viande, tu la manges crue, sans assaisonnement<br />
?... Alors oui, faut se mettre un peu aux fourneaux.<br />
Mais on peut trouver plein de recettes dé licieuses<br />
à base de tofu ! Ou même, dans les magasins spécialisés<br />
on peut trouver Profusion de tofus aux goûts différents<br />
(tape “tofu” dans la barre de recherche d’un Monde Vegan,<br />
tu verras). Rien que le tofu fumé, le goût n’a vraiment rien à<br />
voir avec le nature !<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
L’Origine<br />
Sinon pour la petite partie d’histoire, le tofu vient évidemment<br />
de Chine. De quand, c’est un peu plus confus ; ça se<br />
situerait entre le deuxième siècle avant J.C. et le dixième<br />
siècle. Une large fourchette, donc. Mais pour son apparition<br />
en Europe, elle daterait du XIXème siècle avec l’introduction<br />
de cultures de soja en France au XVIIIème siècle.<br />
Voilà, on ne va pas s’étendre sur le sujet ; l’histoire qui importe<br />
le plus maintenant, c’est celle de l’abolition de l’exploitation<br />
animale. Le tofu en est une pierre (il en a même<br />
la forme !), avec le mag nous espérons en être un levier, et<br />
toi lecteur, tu en es l’acteur principal : celui qui peut faire<br />
bouger les choses, celui qui peut choisir de lutter contre<br />
cette exploitation.<br />
Et si tu as l’impression que tu ne peux pas faire grand<br />
chose, rappelle-toi cette citation d’un asiatique tout aussi<br />
célèbre que notre tofu – en un peu moins spongieux et pâteux<br />
peut-être !<br />
“<br />
Si vous avez l’impression<br />
que vous êtes trop<br />
petit pour pouvoir changer<br />
quelque chose, essayez<br />
donc de dormir avec un<br />
moustique et vous verrez<br />
lequel des deux empêche<br />
l’autre de dormir.<br />
Le Dalaï Lama<br />
“<br />
Auteur : Jojo
Les beagles<br />
Une vie de chien dans<br />
l’expérimentation<br />
Il est 7 heures du matin, le réveil sonne. Tu es encore<br />
crevé(e) de ta soirée de la veille, mais tu dois aller au<br />
boulot, ou au lycée, ou n’importe où. Tu te lèves, tu vas<br />
directement à la salle de bain. Un regard dans le miroir,<br />
tu te dis que tu as une sale tête. Tu fonces sous<br />
ta douche. Tu utilises ton<br />
gel douche préféré, celui<br />
qui, selon la pub, va attirer<br />
toutes les filles/mecs autour<br />
de toi. Une fois propre, tu te<br />
sèches, puis tu te laves les<br />
dents. Tu mets du déodorant<br />
pour rester frais pendant<br />
48 h. Tu t’habilles vite<br />
fait, tu mets ce qui passe,<br />
peu importe. Ensuite, tu te<br />
coiffes. Peigne, gel, lisseur,<br />
tu vas peut-être passer une<br />
bonne demi-heure à te faire<br />
un maquillage digne d’une<br />
star, parce que bon, sortir<br />
avec ta tête ensommeillée,<br />
ce n’est pas terrible.<br />
La routine, en somme. La<br />
routine, oui, pour toi. Mais<br />
pendant cette heure que<br />
tu as passée à te rafraîchir,<br />
cette heure où tu t’es fait-e<br />
belle/beau et où tu as pris<br />
soin de toi, des animaux<br />
sont morts, ou ont souffert.<br />
Parce que ton gel douche,<br />
ton maquillage, ou ton déodorant,<br />
avant que tu ne les<br />
appliques sur la peau, ont<br />
été testés pendant un certain<br />
temps sur des animaux<br />
élevés exprès pour ça. Des<br />
animaux sont morts pour<br />
que nous puissions être<br />
beaux, ou belles.<br />
«Des Beagles sont régulièrement rendus<br />
aveugles par des tests de shampoing et<br />
de savon. Pensez-y sous la douche !»<br />
L’expérimentation animale consiste à « utiliser des animaux<br />
comme substituts ou modèles pour mieux comprendre<br />
la physiologie d’un organisme et sa réponse à<br />
divers facteurs ou substances (pour en tester, vérifier<br />
ou évaluer l’innocuité ou la toxicité) et pour tenter de<br />
prévoir ce qui se passe chez l’Homme », selon Wikipédia.<br />
Au-delà des mots se cache une réalité que personne<br />
n’a envie de connaître : des animaux souffrent et<br />
meurent pour nous. Des chiens<br />
sont utilisés, entre autres, pour<br />
vérifier que les dernières tendances<br />
en matière de maquillage<br />
ou de produits ménagers<br />
ne sont pas toxiques pour nos<br />
organismes. Les beagles, par<br />
exemple.<br />
Sur le site internet de l’association<br />
Beagle Freedom Project<br />
se trouve une brève description<br />
de l’utilisation des beagles en<br />
laboratoire : « Les beagles sont<br />
une des races les plus populaires<br />
pour l’usage de laboratoire<br />
en raison de leur personnalité<br />
docile, de confiance, leur<br />
capacité au pardon, ce sont des<br />
chiens agréables et amicaux.<br />
L’industrie de la recherche indique<br />
qu’ils s’adaptent bien à<br />
vivre dans une cage et qu’ils<br />
sont peu coûteux à nourrir. Les<br />
essais pratiqués sur ces chiens<br />
sont généralement pharmaceutiques,<br />
ou concernant les<br />
produits cosmétiques ou ménagers.<br />
» En réalité, au quotidien,<br />
les beagles sont effectivement<br />
des chiens dociles, au<br />
tempérament doux, charmeur,<br />
et sont très attachants. Mais ils<br />
sont également emplis d’énergie,<br />
ce sont de vraies piles<br />
électriques qui ont besoin de se<br />
dépenser plusieurs fois par jour, à un rythme soutenu.<br />
Or, ils ne le peuvent pas en laboratoire. Ils sont aussi de<br />
grands gloutons, capables de manger toute la journée<br />
tout ce qui se trouve à leur portée, pourvu que ça sente<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
4
on. Des gourmands, comme vous ! Joueurs,<br />
intelligents, ils sont également dotés d’un<br />
patrimoine génétique qui est extrêmement<br />
proche du nôtre, ont la taille d’un enfant ainsi<br />
que son poids, ce qui les rend attractifs aux<br />
yeux des laboratoires pharmaceutiques afin<br />
de s’en servir pour tester des produits divers.<br />
En laboratoire, en France ou ailleurs, la vie<br />
d’un beagle se résume à bien peu de choses<br />
: une cage minuscule, ses frères et sœurs à<br />
côté de lui. Parfois (souvent), on leur coupera<br />
les cordes vocales pour ne pas entendre<br />
leurs aboiements et gémissements. Ben oui,<br />
faudrait pas qu’on se rappelle qu’on fait du<br />
mal à un être vivant ! Aussi, ils subissent des<br />
ingestions forcées de médicaments, sans<br />
anesthésie, et de nombreux tests de toxicité<br />
pour vérifier que les produits cosmétiques<br />
sont bien inoffensifs pour l’être humain. On fait également<br />
naître des portées modifiées génétiquement afin<br />
de développer des maladies, pour pouvoir tester ensuite<br />
des médicaments. Chez vous, dans votre canapé,<br />
blotti contre vous pour profiter de votre chaleur corporelle,<br />
votre beagle a une espérance de vie d’environ 15<br />
ans. Là-bas, dans sa cage minuscule où il fait froid, il<br />
aura de la « chance » s’il atteint ses 8 ans, avec tout<br />
le poison qui lui est injecté dans le corps. Il finira sans<br />
doute découpé en morceaux pour être étudié.<br />
Voilà la vie qu’un être vivant a menée, pendant un petit<br />
moment, pour que nous puissions mettre du déodorant<br />
ou avaler une aspirine sans risques pour notre santé.<br />
Comment te sens-tu après avoir lu tout ça ? Retourné<br />
? Dégoûté ? Nous l’avons tous été. Tu connais maintenant<br />
la vérité. Et elle donne envie de vomir. Tu sais ce<br />
que d’autres endurent à longueur de temps pour notre<br />
confort. Si tu te sens mal vis-à-vis de tout ceci, que tu ne<br />
veux plus cautionner l’achat de produits qui entraînent<br />
de la souffrance, sache qu’il existe des solutions toutes<br />
simples, et qui ne font de mal à aucun animal que ce soit.<br />
Si tu es fan de make-up, je ne saurais que te conseiller<br />
d’aller faire un tour sur vegan-mania.com, où tu pourras<br />
trouver quantité de produits super qui te feront plaisir !<br />
Je te conseille également la marque Avril, qui en plus<br />
est bio, et qui propose aussi des produits certifiés sans<br />
cruauté. Jeune homme, le site internet te plaira aussi<br />
: tu pourras y trouver gels douches et autres produits<br />
« spécial hommes ».<br />
Afin de t’y retrouver dans tout ça et pour te faciliter la<br />
L’association LE GRAAL réhabilite des<br />
animaux de laboratoire<br />
Ils ont besoin de vous pour leur offrir une nouvelle vie !<br />
G.R.A.A.L. Défense Animale<br />
vie, tu pourras trouver un logo en forme de lapin.<br />
Ces logos indiquent que le produit que tu t’apprêtes à<br />
acheter est « Cruelty Free », c’est-à-dire qu’il a été fabriqué<br />
« sans cruauté » et qu’il n’a pas été testé sur les<br />
animaux avant de finir entre tes mains. Ce qui ne veut<br />
pas dire qu’il est dangereux pour toi.<br />
Dans tout cet enfer, il existe tout de même une lueur<br />
d’espoir, puisque des gens ont créé plusieurs associations,<br />
tout autour du monde, qui permettent à des<br />
beagles pas trop « abîmés » par leur début de vie d’en<br />
commencer une nouvelle auprès de personnes qui vont<br />
leur donner tout l’amour qu’ils méritent. Parmi les plus<br />
célèbres, on trouve l’association Beagle Freedom Project,<br />
basée aux États-Unis. On trouve aussi notre équivalent<br />
Français, le GRAAL.<br />
Lecteur, te voilà maintenant averti. Tu sais ce qu’il en<br />
coûte et à qui il en coûte quand nous consommons sans<br />
trop réfléchir. Est-ce que notre propre plaisir est plus<br />
important qu’une vie ?<br />
Et si tout ceci te choque profondément, respire un grand<br />
coup, Keep Calm and Go Vegan.<br />
Auteur : BbVeggie<br />
5<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Monter autrement<br />
Note de la rédactrice en chef :<br />
Il est clair que l’équitation et tous les autres sports hippiques comme nous les pratiquons<br />
aujourd’hui ne sont rien d’autre que de l’exploitation. Mais mettre simplement<br />
fin à cette pratique est-il envisageable ? Dans la situation actuelle, les chevaux auraient<br />
de grandes difficultés à survivre sans les Hommes. Ben a été cavalier, grand<br />
amoureux des chevaux, et s’est beaucoup interrogé. Il soulève des points intéressants<br />
auxquels il manque encore malheureusement de réelles solutions.<br />
Végane depuis peu, avant de déclarer l’être ouvertement,<br />
j’ai interpellé quelques blogueurs et youtubeurs<br />
sur des réflexions qui bloquaient mon mouvement<br />
vers le véganisme. L’une de ces questions concernait<br />
les bonnes pratiques qui ont pu voir le jour dans des<br />
centres équestres, et une autre sur la gestion des troupeaux<br />
déjà vivants. J’ai eu plusieurs réponses, des plus<br />
dogmatiques aux plus blasées, mais pas de réelle solution,<br />
pas de début de chemin tracé vers notre but qui est<br />
et qui restera l’arrêt de l’exploitation animale.<br />
Le problème de l’exploitation des chevaux m’a touché<br />
de près ; j’ai été cavalier pendant deux ans, animateur<br />
en colonie de vacances dans le même centre équestre,<br />
et j’ai eu la chance d’apprendre là-bas à monter en<br />
pensant d’abord au cheval : son bien-être, comment ne<br />
pas le blesser et comment se rendre le plus léger possible<br />
en accompagnant son mouvement – le travail allant<br />
jusqu’à ne plus utiliser les pieds et les rênes, mais à<br />
se comprendre entre cavalier et cheval uniquement par<br />
la position des cuisses et le travail de l’assiette.<br />
Puis je suis parti, j’ai changé de ville et découvert<br />
d’autres centres où j’ai vu des cavaliers de 13-14 ans<br />
monter avec éperons (alors que je n’en avais jamais vus<br />
utilisés même pendant les débourrages difficiles) et où<br />
j’ai vu des chevaux enchaînés trois voire quatre cours<br />
d’affilée sans être dessellés et pansés, et en train de<br />
crever de chaud en plein soleil, sans eau à disposition.<br />
J’ai vu des chevaux avoir peur de l’Homme, avoir des<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
6
éactions de recul face à la selle ou lorsque le cavalier<br />
commençait à monter. Les réactions humaines : l’ignorance,<br />
la violence… Les traditions, quoi !<br />
J’avais donc ces deux visions quand j’ai commencé à<br />
discuter avec des véganes plus expérimentés. Je comprenais<br />
leur envie de voir ces mauvaises pratiques disparaître<br />
(comme moi) mais la solution qui a été avancée<br />
de la mise en réserve des grands “mammifrères” (non, il<br />
n’y a pas de faute de frappe) ne me satisfaisait pas. La<br />
mise en réserve implique, dans ma vision (mais je peux<br />
me planter) une tentative de rendre à la vie sauvage les<br />
animaux, donc de minimiser l’intervention humaine. Et<br />
deux arguments me viennent contre cette idée.<br />
Le premier est anthropomorphique, ces animaux ont<br />
gagné un certain nombre de droits au cours de ces années<br />
d’exploitation : protection, assistance médicale,<br />
confort, nourriture abondante toute l’année, etc. Ils se<br />
sont, comme nous, habitués à ce mode de vie captif qui<br />
a détruit leurs réflexes et leurs connaissances d’une vie<br />
sauvage. Et je ne me vois pas leur retirer ces droits !<br />
Le deuxième est que nous partageons avec les chevaux<br />
plusieurs plaisirs. Le mouvement, l’activité physique, la<br />
vitesse, etc. Et nous avons beaucoup à apprendre d’une<br />
collaboration avec eux. Beaucoup d’enfants difficiles,<br />
autistes et handicapés sont vraiment transformés lorsqu’ils<br />
entrent en relation avec des chevaux (il y avait un<br />
IME qui venait régulièrement dans mon ancien centre<br />
et nous avons accueilli un autiste lourd pendant une<br />
colo). J’ai appris énormément sur eux et sur moi-même<br />
par ce vecteur, et je pense que couper ce lien avec les<br />
chevaux, c’est nous couper de cette ouverture vers la<br />
connaissance du bien-être animal.<br />
Et l’abolition de l’exploitation dans tout ça?<br />
Justement, je pense que c’est de l’exploitation que<br />
nous devons parler, entre véganes sensés, dans ces<br />
moults niveaux de gris dont les radicaux ne veulent<br />
pas entendre parler, en nous taxant de welfaristes ou<br />
neo-welfaristes à longueur de temps.<br />
Personnellement, je pense qu’il y a une différence<br />
entre l’exploitation équine dans le cadre de la fabrication<br />
de «Premarin» et dans le cadre d’une vie en centre<br />
équestre.<br />
Et il y a aussi différence de traitement entre centres<br />
équestres.<br />
Il y a aussi les dérives entraînées par la monte en centre,<br />
comme l’envie d’avoir son cheval personnel. Si le cavalier<br />
et le cheval ont beaucoup de chance, l’achat se<br />
fera autour des 10 ans du cavalier, et au bout de 8 ans,<br />
l’entrée dans les études supérieures impliquera que le<br />
cheval reste au pré à longueur d’année pour les 5 ans<br />
qui lui reste à vivre, et je ne parle que du meilleur des<br />
cas. Je ne parle pas du manque de soins vétérinaires ou<br />
des longues agonies dues à des blessures au pré sans<br />
personne pour venir assister. Et je ne m’étendrais pas<br />
non plus sur le business des pensions pour chevaux, la<br />
vente de chevaux de race (il y a un élevage de comtois<br />
dans mon village), et l’exploitation financière que ça représente.<br />
Nous, animaux humains, avons énormément à apprendre<br />
de nos relations avec les animaux non humains.<br />
Tout le harnachement (mors, selle, ...) n’est là que pour<br />
atténuer la peur. Peur de tomber. Peur que le cheval<br />
s’emballe. Peur de ne pas pouvoir s’arrêter. Et nous<br />
commençons, comme dans tout mouvement d’émancipation<br />
(esclavage, homosexualité, féminisme,<br />
etc.), à interagir, à collaborer et finalement à<br />
se comprendre qu’en nous affranchissant de<br />
la peur, et en travaillant ensemble à découvrir<br />
de nouvelles aspirations communes à nos espèces.<br />
Personnellement, j’en ai expérimenté plus<br />
d’une, mais la plus marquante a été le besoin<br />
d’activité physique. J’ai commencé l’équitation<br />
pendant la période de mon BTS, où je perdais<br />
mon temps et noyais ma dépression dans le<br />
Nutella et les pâtes au fromage et piments.<br />
J’étais en surpoids. J’ai donc commencé ma<br />
remise en forme grâce à l’équitation, avec un<br />
cheval qui comme moi passait son temps au<br />
pré à engraisser. On a commencé notre rééducation<br />
ensemble, par des balades à pied avec énormément de<br />
brossage avant et après pour préparer et détendre les<br />
muscles et les tendons. Puis monte à cru, au pas pour<br />
que je puisse intégrer ses mouvements. Le brossage<br />
avant et après ne change pas, c’est la règle au centre.<br />
On a continué comme ça, commencé à perdre du poids<br />
et à s’affûter tous les deux. Et un jour, sans que je lui demande,<br />
il est parti, un petit trot tranquille, puis sentant<br />
7<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Au licol, sans mors, sans selle. OKLM !<br />
que je suivais, un peu de galop. Le lendemain, même<br />
ligne droite, il part, grand galop, je le sens allonger sa<br />
course. Je le stoppe en fin de ligne droite, le fait marcher<br />
un coup pour vérifier qu’il ne boite pas. Et le voyant<br />
piaffer, je remonte et on repart au pas jusqu’à la maison.<br />
Et à partir de ce jour, il n’a plus été compliqué d’aller<br />
le chercher au pré, on devait le freiner en balade et au<br />
manège. De vrais liens ont été créés, naturellement et<br />
sans forcer qui que ce soit.<br />
Ça vous rappelle quelque chose ? Un mec comme moi<br />
qui n’a jamais fait et jamais aimé le sport, avec la peur<br />
de se casser, la peur du jugement des autres car en<br />
surpoids (merci le sport vu par l’éducation nationale),<br />
la peur de la douleur, se retrouve, aujourd’hui, à faire 3h<br />
de sport minimum par semaine et à kiffer ça !<br />
Je pense que nous, véganes, avons une vraie place à<br />
prendre dans la société avec la sensibilité à la souffrance<br />
animale que nous avons, pour créer et transmettre<br />
de bonnes pratiques pour prendre soin des<br />
“mammifrères” (toujours pas de faute de frappe) que<br />
des siècles d’exploitation par nos ancêtres ont rendus<br />
dépendants de notre présence comme le sont nos enfants.<br />
Pour le cas précis des chevaux, je pense à la création<br />
de lieux de vie et d’apprentissage éthiques, contrôlés<br />
par des associations, où la vente et la reproduction de<br />
chevaux serait interdite, et des troupeaux constitués<br />
uniquement de chevaux que leur propriétaire laisse au<br />
pré ou de chevaux saisis pour maltraitance. Vu la situation<br />
près de chez moi (quatre chevaux laissés au pré<br />
dont deux dans un pré sans ombre et deux cas de maltraitance<br />
et abandon en moins d’un an) ces lieux ne seraient<br />
pas compliqués à réaliser.<br />
Avec un apprentissage pour les cavaliers des bonnes<br />
pratiques, en vue de l’amélioration de la santé des chevaux.<br />
Avec une publication annuelle et publique des<br />
comptes pour que tout le monde puisse constater que<br />
les cotisations versées aillent bien dans le soin aux animaux<br />
et pas dans la poche du proprio du centre.<br />
Pour arriver à un arrêt de l’exploitation animale, je pense<br />
que nous devons sensibiliser le plus de monde possible<br />
dans leurs activités et proposer une alternative éthique<br />
sans cruauté envers les animaux, qu’ils soient humains<br />
ou non.<br />
Et toi, quel est ton avis ? Sur ce sujet ou sur un autre, exprime-le,<br />
rejoins-nous sur le réseau social de ton choix<br />
et ouvre le débat.<br />
Auteur : Ben, The Vegan Noob<br />
Sources images :<br />
https://podologie-equine-libre.net/2014/01/29/lasuisse-essaye-de-faire-evoluer-un-peu-les-choses/<br />
http://jarnail.unblog.fr/reconversion-chevaux-sport/<br />
http://www.localriding.com/premarin-horses.html<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
8
Ecologie et véganisme :<br />
soyons cohérents !<br />
Végane “pour la planète, pour les animaux, pour la santé”<br />
Je fais partie de ceux qui sont devenus véganes<br />
d’abord “pour la planète”.<br />
Tout est parti d'une petite expérience que je voulais faire<br />
en voyant comment vivre en réduisant au maximum mon<br />
empreinte carbone pour un temps défini. L'expérience a<br />
été si belle que j'ai continué, et assez rapidement, j’ai étendu<br />
mes raisons aux animaux, naturellement, et à la santé,<br />
pourquoi pas.<br />
Les écolos font souvent attention à réduire leurs déchets,<br />
pour la planète, souvent sans être véganes ou végétariens<br />
: bizarre, quand on connaît l’ampleur des désastres<br />
de l’élevage pour la planète. Les véganes font souvent peu<br />
attention à leur production de déchets, estimant qu'ils en<br />
font déjà suffisamment : bizarre aussi, selon moi.<br />
de les réduire à la base. Sans devenir une prêtresse du "zéro<br />
déchet", je trouve important de réfléchir à cela, de prendre<br />
quelques petites habitudes quotidiennes faciles.<br />
Par exemple, opter pour un sac en tissu pour faire vos<br />
courses et ainsi refuser tout sac en plastique, essayer d'éviter<br />
d'acheter de la nourriture sur-emballée ou dans des contenants<br />
non recyclables (plastiques pour la plupart), penser<br />
à trier vos déchets "basiques” : verres, cartons et plastiques<br />
recyclables dans les poubelles qui leur sont dédiées selon<br />
les règles dans votre ville. Et pourquoi pas utiliser des<br />
mouchoirs en tissu, et des cotons à démaquiller lavables ?<br />
Vous remarquerez petit-à-petit que votre poubelle s'allège,<br />
et que c'est ça de gagné pour la planète, que ce chemin-là<br />
est intéressant aussi, et prête à réflexion.<br />
9<br />
Un déchet dans la nature est mauvais pour la planète, mais<br />
aussi pour sa faune sauvage : les tortues de mer s'as <br />
phyxient avec des sacs plastiques, des oiseaux s'étouffent<br />
en prenant des ordures pour de la nourriture, l'estomac de<br />
nos amis à plumes, poils ou écailles est bien trop rempli<br />
de matières toxiques anthropiques. Et il ne suffit malheureusement<br />
pas de jeter ses emballages à la poubelle pour<br />
être sûr qu'ils ne finissent pas dans la nature : le mieux est<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
Auteur : Miss Boulgour
Végétarien<br />
Qu’est-ce qui te retient?<br />
Tu as probablement choisi d’être végétarien(ne) pour de nobles raisons (éthiques,<br />
environnementales) ou simplement par pur égoïsme (santé), ou plusieurs d’entre<br />
elles ; il n’en reste pas moins que tu avais en tête de faire quelque chose de positif,<br />
reflété par tes choix moraux ou personnels. Mais est-ce réellement un choix<br />
judicieux ?<br />
Végétarien pour les Animaux<br />
Mettons que tu sois végétarien(ne) pour des raisons<br />
éthiques. Peu importe la manière dont tu es parvenu(e) à<br />
faire ce choix, tu t’es dit que tu ne voulais plus participer<br />
au massacre et à l’exploitation des animaux parce que tu<br />
les aimes ; même si la plupart d’entre eux s’en tapent de<br />
manière monumentale. Alors tu as décidé d’arrêter de consommer<br />
de la chair animale, privant l’industrie de ta contribution<br />
à ses odieux méfaits.<br />
On est bien d’accord sur la définition de végétarien(ne) : qui<br />
consomme des sous-produits animaux mais plus de chair<br />
animale (sauf si tu tombes sur un thonier dont les thons<br />
sont mûrs).<br />
Le Lait<br />
Est-ce que tu t’es déjà demandé comment on obtient le<br />
lait maternel avec lequel tu arroses tes céréales et dont on<br />
fait du fromage ? Oui, le lait que tu bois est du lait maternel.<br />
Je ne vais pas t’expliquer comment on fait les bébés mais<br />
le principe reste le même chez tous les mammifères. Un<br />
débit de lait maternel comme on le connaît aujourd’hui demande<br />
une production constante et donc implique qu’une<br />
vache (ou un autre animal), si elle veut rester compétitive,<br />
doit produire du lait maternel en continu. Tu en auras bien<br />
sûr déduit que pour ce faire, elle doit être constamment<br />
enceinte. Si on passe outre l’insémination artificielle, l’alimentation<br />
inadaptée et l’injection massive d’antibiotiques,<br />
on serait en droit de se poser la question : mais ils font<br />
quoi de leurs petits une fois nés ? C’est très vite réglé : si<br />
c’est une femelle, elle aura pour vocation de remplacer sa<br />
mère sous peu. Si c’est un mâle : t’as déjà vu sur la carte<br />
d’un restaurant « tête de veau » ou « blanquette de veau »<br />
? Et une vache, ça tient la cadence combien de temps à ce<br />
rythme ? 8 ans ? 9 ans ? Une fois arrivée au bout, ils en font<br />
des steak hachés « pur bœuf » (oui, l’industrie nous ment…<br />
ça t’étonne ?).<br />
pour vendre leur chair ? Où trouvent-ils les poules pour<br />
les remplacer ? Bien évidemment, avec les œufs qui sont<br />
fécondés on retrouve le même problème que dans l’industrie<br />
laitière : que faire des mâles ? La solution la plus<br />
économique et la plus rentable est de les broyer vivants<br />
et de se servir du résultat pour en faire des aliments pour<br />
animaux, voire de l’engrais.<br />
Je vais pas finir par un topo sur le miel, tu te doutes maintenant<br />
que le sort des abeilles n’est pas plus enviable.<br />
Les veaux sont séparés de leur mère à la naissance.Crédit<br />
Photo : Jo-Anne McArthur / We Animals<br />
Les Oeufs<br />
Tu vas me dire “d’accord mais les poules ce n’est pas la<br />
même chose, elles pondent des œufs sans être fécondées”.<br />
C’est vrai. Mais comment font-ils quand ils tuent les poules<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
Les poussins mâles sont broyés.<br />
Crédit Photo : L214<br />
10
Voilà ce à quoi tu contribues en étant végétarien(ne). Considères-tu<br />
cela comme éthique ? A choisir, je préfère convaincre<br />
quelqu’un d’arrêter les produits laitiers et les œufs<br />
plutôt que la chair parce que la majeure partie de l’industrie<br />
repose sur la production de lait maternel et d’œufs.<br />
Est-ce que tu penses raisonnablement que l’on peut se<br />
revendiquer de lutter contre l’exploitation et la mort d’animaux<br />
en étant végétarien(ne) ? Ne pense pas que le petit<br />
éleveur de campagne est très différent de l’industrie :<br />
les conditions de vie sont différentes, le procédé reste le<br />
même.<br />
Végétarien pour la Planète<br />
T’es plus écologiste que les défenseurs des familles<br />
monoparentales et des orphelins ? Nous sommes d’accord<br />
sur le fait que 14 à 18 % des gaz à effet de serre sont<br />
produits par l’élevage, que la déforestation en est une<br />
conséquence directe et que la pollution due à cette activité<br />
est importante, non ?<br />
Les animaux élevés uniquement pour leur chair sont minoritaires<br />
dans l’industrie puisqu’elle tire plus de bénéfices<br />
de l’exploitation laitière et des œufs. Peux-tu raisonnablement<br />
considérer que le seul fait de ne plus consommer la<br />
seule chair animale est un geste écologique fort ? Si on<br />
établit arbitrairement que la production unique de chair<br />
représente un tiers de l’exploitation animale et de la pollution<br />
occasionnée, ne serait-il pas plus efficace d’agir directement<br />
sur les deux tiers que tu soutiens par ta consommation<br />
?<br />
Les Oeufs<br />
Quant aux œufs, la contrepartie c’est une incidence sur<br />
une tripotée de maladies comme le diabète ou cardio-vasculaires.<br />
Mais c’est comme une bombe à retardement :<br />
quand tu t’en aperçois c’est souvent trop tard.<br />
Informe-toi, y’a beaucoup d’études qui dénoncent les méfaits<br />
de ces aliments, particulièrement hors de France.<br />
C’est pour toutes ces raisons que je te pose la question :<br />
qu’est-ce qui te retient de devenir végane ?<br />
• Ta haine des animaux ?<br />
• Ta volonté de ruiner la planète ?<br />
• Ton addiction ?<br />
Végétarien pour la Santé<br />
Mais l’important pour toi c’est d’être en bonne santé. Effectivement,<br />
c’est un bon point de retirer la chair transformée<br />
qui est un risque supplémentaire de chopper un cancer et<br />
des maladies cardiovasculaires, mais est-ce que le lait et<br />
les œufs c’est bien mieux ? C’est vrai qu’ils sont blindés de<br />
nutriments, tu ne peux pas leur enlever ça ; et c’est normal,<br />
puisqu’ils servent principalement à l’alimentation des petits<br />
des espèces qui les fournissent. Est-ce que tu es bien certain(e)<br />
qu’ils sont bons pour toi ?<br />
Le Lait<br />
Est-ce que tu penses que le lait maternel d’une autre espèce<br />
est indispensable à ta santé ? Une fois que tu as eu<br />
fini de téter ta mère (si tel fut le cas), on t’a fait passer à<br />
de la bouffe solide, non ? Ça ne t’a jamais semblé étrange<br />
qu’on te fasse virtuellement téter la mère d’une autre espèce<br />
quand tu n’en avais plus besoin ? Comment ont fait<br />
nos ancêtres, avant l’élevage, pendant des centaines de<br />
milliers d’années pour ne manquer de rien sans lait maternel<br />
d’une autre espèce ?<br />
L’industrie est là pour te vendre un produit et elle emploiera<br />
tous les moyens nécessaires, quitte à te mentir, et surtout<br />
quand 75 % de la population est intolérante au lactose. Estce<br />
que tu as déjà entendu parler de la caso-morphine, cette<br />
substance qu’on trouve dans tous les laits maternels et<br />
qui crée une accoutumance ? C’est souvent à cause d’elle<br />
d’ailleurs que tu ne peux pas lâcher les produits laitiers.<br />
«A ton age tu ne devrais pas songer à te sevrer et te<br />
mettre aux aliments solides ?»<br />
Mais il faut bien se dire une chose : tout ce que tu tentes<br />
d’éviter maintenant, tu vas devoir y faire face quand tu<br />
deviendras végane plus tard, si tu utilises le végétarisme<br />
comme transition. Les personnes n’auront pas changé, les<br />
restaurants n’auront toujours pas de menu végétalien, tu<br />
seras toujours accro au fromage et tu n’auras pas réellement<br />
contribué à quoi que ce soit.<br />
Alors penche-toi sur la question, prends le temps de faire<br />
quelques recherches et demande-toi quelle est réellement<br />
ton ambition en apportant ces changements dans ta vie<br />
et surtout : est-ce qu’ils ont réellement le résultat désiré ?<br />
Auteur : Von K<br />
Youtube : Von K<br />
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Twitter : @VonKchannel<br />
11<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Rôle du plancton et couche d’ozone<br />
Phytoplancton, cyanobactéries et foraminifères, que<br />
de jolis noms pour des êtres minuscules pourtant indispensables<br />
à la vie, dans l’eau comme sur terre. Bien<br />
qu’on sache que les forêts, dont la plus célèbre est<br />
l’Amazonie, permettent à l’atmosphère d’être enrichie<br />
en O2, d’autres êtres vivants que les arbres sont de véritables<br />
sources d’oxygène.<br />
Les phytoplanctons sont par définition l’ensemble des<br />
organismes végétaux se laissant porter par les courants<br />
Coupe de stromatolithe<br />
aquatiques. Et comme tous les végétaux, ils réalisent la<br />
photosynthèse pour vivre. Grâce à leurs cellules chlorophylliennes,<br />
ils utilisent le CO2 contenu dans leur<br />
milieu pour créer leur propre matière organique. Ils<br />
sont tellement nombreux qu’ils absorbent plus de CO2<br />
que n’importe qui/quoi, même les forêts. Mais ce n’est<br />
pas tout, car de la même façon dont on expire le CO2<br />
en respirant, le phytoplancton rejette de l’oxygène en<br />
photosynthétisant. Il éponge donc non seulement le<br />
gaz à effet de serre, mais est une source d’O2.<br />
Il existe d’autres organismes photosynthétiques n’étant<br />
pas des végétaux mais réalisant le même travail d’oxygénation<br />
de l’atmosphère. Les cyanobactéries vivent<br />
dans l’eau, elles aussi. On les retrouve<br />
dans tous les types d’eaux : chaudes,<br />
froides, salées ou non, sous forme de fines<br />
pellicules gluantes noires ou verdâtres.<br />
Et elles font plus que la photosynthèse :<br />
elles réalisent des stromatolithes. Ce sont<br />
des structures calcaires qu’elles forment<br />
en sécrétant une gelée qui précipite les<br />
bicarbonates contenus dans l’eau en carbonate<br />
de calcium, qui n’est pas soluble.<br />
Le CO2 dissout dans l’eau est utilisé lors<br />
de la précipitation. Les cyanobactéries<br />
ayant besoin de la lumière solaire pour<br />
photosynthétiser, elles se rapprochent<br />
de plus en plus de la surface de l’eau. Sur<br />
leur chemin, la formation du carbonate crée des dômes<br />
en forme de champignon. Ces dômes sont les stromatolithes.<br />
On sait par le passé que ces formations ont été<br />
cruciales pour que l’atmosphère devienne oxydante,<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
12
c’est-à-dire qu’elle contienne du O2.<br />
Il est connu que l’O2 est le gaz utilisé par les animaux,<br />
mais aussi par les végétaux en absence de lumière, lors<br />
de la respiration. Mais l’oxygène a aussi un rôle déterminant<br />
pour le climat. En haute altitude, dans la stratosphère,<br />
les rayons solaires sont plus forts, notamment<br />
le rayonnement ultraviolet, qui fait céder les particules.<br />
Les atomes d’oxygène se ré-associent ensuite,<br />
par trois, d’où la formation de l’O3, l’ozone. La couche<br />
d’ozone est issue de l’impact de ces rayonnements et<br />
de l’action des êtres chlorophylliens. Elle permet de limiter<br />
la puissance des rayons solaires lors du contact<br />
avec le sol, et rend la vie terrestre possible. Il est nécessaire<br />
de protéger cette couche d’O3 et par conséquent<br />
de limiter le rejet de gaz la détruisant, comme les<br />
chlorofluorocarbures désormais retirés des aérosols,<br />
et les hydrochlorofluorocarbures. Le CO2 est aussi un<br />
gaz nocif, car sa présence en grande quantité réchauffe<br />
connaissance des<br />
climats passés ne<br />
serait pas la plus<br />
précise possible.<br />
Ces protozoaires<br />
ont des coquilles<br />
appelées tests,<br />
qui peuvent être<br />
de calcaire, et emprisonnent<br />
le CO2.<br />
Et c’est grâce à<br />
des tests carbone<br />
Foraminifères<br />
(et isotopiques, l’étude des isotopes d’oxygène) que<br />
l’on a connaissance de la température ambiante d’une<br />
époque donnée. Les coquilles des foraminifères morts<br />
se superposent dans les fonds marins. Plus les échantillons<br />
sont prélevés profondément, plus l’époque sera<br />
ancienne. Chaque échantillon contient un taux de carbone<br />
plus ou moins important. Comme on sait que plus<br />
il y a de CO2, plus le climat est chaud, on détermine<br />
ainsi une moyenne de température.<br />
On connaît maintenant l’importance des êtres marins et<br />
aquatiques en général. Non seulement parce qu’ils sont<br />
primordiaux pour l’équilibre des écosystèmes et dans la<br />
chaîne alimentaire, mais aussi parce qu’ils ont un rôle en<br />
tant que régulateurs du climat. Sans eux, la Terre n’aurait<br />
pas été propice à la vie, d’où la nécessité de protéger<br />
les milieux aquatiques du monde.<br />
Cyanobactéries observées au microscope<br />
l’atmosphère, en fonctionnant telle une serre.<br />
Les roches, et certains animaux stockent le CO2, sous<br />
l’eau. On peut parler des foraminifères sans qui notre<br />
Auteur : NiriMitsu<br />
Sources :<br />
http://www.crdp-montpellier.fr/ressources/99/99en0335.html<br />
https://www.aquaportail.com/definition-1229-plancton.html<br />
http://planet-terre.ens-lyon.fr/article/stromatolithes.xml<br />
http://www.cosmovisions.com/foraminiferes.htm<br />
http://www.evolution-biologique.org/histoire-de-la-vie/monde-bacterien/des-bacteries/les-stromatolites.html<br />
http://www.futura-sciences.com/magazines/nature/infos/dossiers/d/botanique-algues-vegetaux-aquatiques-523/page/3/<br />
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/plancton/61371<br />
https://fr.wikipedia.org/wiki/Phytoplancton<br />
http://plancton-du-monde.org/module-formation/phyto_03.html<br />
https://www.aquaportail.com/definition-1226-phytoplancton.html<br />
http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/dico/d/<br />
oceanographie-phytoplancton-3833/<br />
https://www.manicore.com/documentation/serre/ozone.html<br />
http://www.actu-environnement.com/ae/news/gaz-fluores-cfc-hcfcdestruction-couche-ozone-21040.php4<br />
13<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
DOSSIER<br />
Véganisme :<br />
qu’est-ce que c’est et pourquoi<br />
les véganes sont véganes ?<br />
Le monde change sous tes yeux mon petit, mais tu oublies<br />
un détail : ce sont tes petits actes quotidiens qui en sont<br />
responsables.<br />
Et si on voyait d’abord ce que le véganisme<br />
n’est pas ?<br />
Le véganisme est vu par certains comme une idéologie,<br />
une secte ou encore une nouvelle religion. Ce n’est rien<br />
de cela.<br />
Une secte ? Soyons sérieux ! Mais qu’est-ce qu’une<br />
secte ? D’une manière générale, il s’en dégage deux<br />
sortes : d’une part celles dirigées par un “gourou”, personne<br />
souvent atteinte d’une maladie mentale et qui<br />
prend plaisir à te manipuler. Ces personnes ont un<br />
fort besoin d’être aimées, entourées, de se sentir importantes<br />
et influentes, et d’avoir un contrôle total sur<br />
les vies d’un maximum de personnes. Un peu comme<br />
nos belles-mères, à la différence que les gourous sont<br />
des personnes dangereuses. D’ailleurs dis-moi, qui serait<br />
notre gourou ? Aymeric Caron ? Antoine Comiti ?<br />
D’autre part, il y a les sectes qui en veulent à ton argent.<br />
J’avoue que nous, les véganes, nous nous intéressons<br />
beaucoup à ton argent : mais nous souhaitons par-dessus<br />
tout que tu le gardes, et que tu le dépenses mieux,<br />
dans des produits ne finançant ni la souffrance, ni la<br />
mort. L’argent que tu donnes pour un paquet de quinoa<br />
ou pour des fruits va dans la poche de l’agriculteur, et<br />
non dans la caisse de la “grande secte végane”. Ces<br />
deux sortes de sectes ont le même processus d’endoctrinement<br />
: ils connaissent LA vérité absolue sur la vie<br />
et Dieu / les extraterrestres / les illuminatis / les reptiliens<br />
(faites votre choix !), et te retire petit à petit de<br />
toute vie sociale normale. Or, sache que nous ne nous<br />
prenons pas pour des philosophes ou des êtres supé-<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
14
ieurs malgré le discours très moralisateur de certains<br />
d’entre nous (personne n’est parfait), et que plus que<br />
tout, nous te souhaitons au contraire une vie sociale des<br />
plus saines et agréables.<br />
Une idéologie ? D’après Wikipedia, une idéologie est,<br />
au sens large, la science d’un système d’idées imaginées.<br />
L’idéologie s’accompagne de croyances, de notions,<br />
d’opinions, de convictions, et est parfois constituée<br />
en doctrine. Or, le véganisme n’est ni une croyance,<br />
ni une notion, ni une opinion, ni une doctrine. Les arguments<br />
avancés par les véganes sont au pire des faits<br />
(parfois discutables, certes), au mieux l’avancement<br />
d’arguments scientifiques. Le véganisme découle d’une<br />
idéologie qui souhaite redéfinir les relations Hommes/<br />
animaux (nous préférons dire “humains et animaux<br />
non-humains», car les Hommes sont des animaux)<br />
mais aussi Homme/Homme. Le véganisme est la mise<br />
en pratique de cette idéologie.<br />
Quant à la religion… Vraiment, une religion ? Mais<br />
quelle religion ? Celle du Dieu Carotte, et de ses disciples<br />
les douze céréales ? Quinoa obligatoire le vendredi<br />
et sacrifice de houmous à Pâques ? Attention, ici<br />
personne ne se moque de la foi, on ne rit que que de<br />
la comparaison. Plus sérieusement, une religion est un<br />
ensemble de croyances et de dogmes définissant le<br />
rapport de l’Homme avec le sacré ; or il n’y a rien de sacré<br />
ou de divin dans le véganisme. C’est une façon de<br />
vivre basée sur l’antispécisme, les droits et l’égalité de<br />
tous les êtres vivants, et non une spiritualité.<br />
Le véganisme n’est pas non plus, il faut le préciser, un<br />
club, un parti politique, un groupe de rap d’élite, ou une<br />
utopie. On prend les véganes pour un mix de hippies<br />
et d’illuminatis mais déjà Pythagore (oui, celui qui a fait<br />
le théorème avec les rectangles) était végétarien. Il est<br />
d’ailleurs l’un des pionniers du mouvement. On te l’avait<br />
pas sortie celle-là au collège, hein !<br />
Bref, ceci étant dit, prenons un ton plus sérieux. Parce<br />
que le véganisme n’est pas, comme certains aiment le<br />
dire, la plus grosse arnaque du XXIème siècle. S’il y a<br />
une arnaque quelque part, elle est dans ton assiette. Et<br />
elle est énorme. J’insiste : Énorme.<br />
Qu’est-ce qu’un végétarien, un végétalien, ou<br />
un végane ?<br />
Un végétarien ne consomme aucune chair animale<br />
(ni viande, ni poisson). C’est le genre d’individus qui<br />
ne pose pas de problème à Jean-Michel Cohen, parce<br />
qu’ils ne le font pas trop chier vu qu’ils consomment<br />
quand même du lait et des œufs.<br />
Un végétalien ne consomme aucun P.O.A. (Produit<br />
d’Origine Animale), donc ni viande, ni poisson, ni œuf, ni<br />
miel, ni lait). Lui, c’est le genre d’individu un peu bizarre<br />
qu’on ne cerne pas bien parce qu’il a plein de muscles<br />
alors qu’il ne mange que des graines et des épinards.<br />
Quand il dit que c’est grâce son régime alimentaire, on<br />
se fout de sa gueule.<br />
Un végane a un mode alimentaire végétalien, et supprime<br />
totalement de sa vie les P.O.A., que ce soit dans<br />
sa nourriture, ses vêtements, ses produits cosmétiques,<br />
ses meubles, etc. Il n’achète aucun produit ayant été<br />
testé sur des animaux. Il n’achète aucun produit dont la<br />
fabrication est responsable de la mort ou de la disparition<br />
d’animaux, et ce même si ce produit est végétalien<br />
(huile de palme, par exemple). Il est contre l’exploitation<br />
animale sous toutes ses formes, et ne va donc pas<br />
au zoo, ni à la chasse ou à la pêche. Là, ça devient hard.<br />
C’est le genre d’individu très chiant qui pollue ta page<br />
Facebook avec des vidéos qui te montrent la vérité,<br />
des pétitions à signer, ou des articles scientifiques te<br />
démontrant que la viande ou les produits laitiers sont<br />
mauvais pour ta santé.<br />
Antispécisme<br />
Le véganisme n’est pas qu’une question de consommation.<br />
Attention, spoiler : il se situe en haut de la pyramide<br />
de considération ; ce qui veut dire qu’il lutte aussi<br />
contre l’homophobie, le racisme, le sexisme, contre<br />
toute forme de violence, d’oppression et d’exploitation,<br />
qu’elle concerne un humain ou un animal non-humain.<br />
Se battre pour les droits des animaux tout en reniant<br />
ceux des étrangers, des femmes ou des homosexuels<br />
n’a strictement aucun sens. Cajoler des cochons pour<br />
rentrer chez soi et taper sur ses gosses ou insulter le<br />
voisin non plus. En plus de la protection et de la défense<br />
des animaux, il y a celles de tous ceux qui subissent des<br />
préjudices basés sur la peur de l’autre et la méconnaissance.<br />
Par-delà les frontières, les couleurs, la texture<br />
de l’enveloppe extérieure (poils, peau, plumes, écailles,<br />
coquilles, carapaces ou autre), les langues ou encore<br />
les cultures, nous sommes tous issus de la même bactérie.<br />
Nous cohabitons certes à des latitudes et à des<br />
longitudes différentes, mais nous marchons néanmoins<br />
sur le même sol, la même terre et la même planète.<br />
Il ne s’agit pas de dire qu’un Homme est l’égal d’une<br />
poule. C’est un fait, nous sommes plus intelligents que<br />
nos amis à plumes. Mais ça n’est pas une fierté pour<br />
nous, ni une tare pour la poule. Une différence, qu’elle<br />
concerne un être vivant non-humain ou un être humain,<br />
n’est pas un critère à l’exploitation, la maltraitance, au<br />
vol, au viol, au gavage, à la torture et au meurtre. Si<br />
c’était le cas, vous devriez vous méfier : les singes évoluent<br />
et ont aujourd’hui la possibilité de communiquer<br />
avec les Hommes, d’une part grâce au langage des<br />
signes, d’autre part grâce à... la parole ! Ils commencent<br />
à pouvoir causer. Et face à une armée de gorilles légitimement<br />
en colère, dont on a détruit l’environnement<br />
et tué la famille, je doute que l’on ait des chances de<br />
survie.<br />
15<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Pourquoi devient-on végane ?<br />
Qu’est-ce que c’est qu’être végane ?<br />
Le véganisme est un acte politique. C’est une prise de<br />
position forte en faveur des droits des animaux. Les<br />
animaux ne sont pas des meubles, ils sont des êtres vivants<br />
sentients, c’est-à-dire qu’ils ont des sentiments.<br />
Comme nous, les mères et les enfants crient, pleurent,<br />
se débattent au moment de la séparation et de la mise<br />
à mort. Combien d’entre nous ont trouvé drôle la façon<br />
dont se balance l’éléphant de gauche à droite ? Pourtant,<br />
c’est un signe de dépression (d’ailleurs, cet animal,<br />
qui pèse de 2,7 à 6 tonnes, qui vit de 50 à 70 ans et<br />
sait se reconnaître dans un miroir, est végétalien !). Par<br />
conséquent, la consommation de P.O.A. n’étant absolument<br />
pas indispensable à notre survie et même néfaste<br />
à notre santé et à l’environnement, les animaux ont le<br />
droit légitime de vivre et de ne pas être utilisés comme<br />
de la nourriture, des habits, des divertissements, des<br />
médicaments, des jouets, des moyens de transports,<br />
des objets de décoration, des cibles pour les armes,<br />
des cadeaux, du maquillage et j’en passe. La liste est<br />
outrageusement longue. Il y a des P.O.A. jusque dans<br />
votre tube de glue.<br />
Concrètement, dans la vie de tous les jours, être végane<br />
se traduit par deux choses :<br />
En premier lieu, supprimer de sa consommation alimentaire<br />
tout P.O.A. : pas de viande, de poisson,<br />
d’œuf, de produit laitier, de foie gras, etc. Cela semble<br />
très restrictif, on dirait un régime Dukan. Mais ce n’est<br />
qu’une impression. D’où que tu viennes, et par rapport<br />
au nombre d’aliments qu’il existe dans le monde, ton<br />
alimentation est très peu variée. Le véganisme, ce n’est<br />
pas seulement supprimer des aliments de son alimentation,<br />
c’est en ajouter : plus de fruits et de légumes, et<br />
d’espèces plus variées (et ne boude pas là-dessus, tu<br />
n’as plus 8 ans), des céréales, des légumineuses, des<br />
féculents, des noix, des graines, des huiles végétales<br />
variées, des herbes et des épices à l’infini. Ça a l’air dégueu,<br />
mais tout cela se cuisine. Tu ne manges pas ton<br />
steak cru et sans assaisonnement, c’est pareil pour le<br />
tofu. Tu as du mal à t’imaginer te passer de lait de vache,<br />
de chèvre ou d’ânesse ? Pas de problème, il existe de<br />
nombreux laits végétaux : soja, riz, quinoa, avoine,<br />
amande, châtaigne, noisette, coco, chanvre, et d’autres.<br />
Le goût du bacon ? Tofu fumé, ou simplement du Liquid<br />
Smoke (arôme de fumée). Les véganes mangent aussi<br />
des burgers, des pizzas, des lasagnes, etc. De temps en<br />
temps, on aime la bouffe grasse ; et le gras, c’est la vie<br />
(Bisous Karadoc). On sait même faire facilement des<br />
fromages végétaux, du faux foie gras ou des schnitzels<br />
sans souffrance animale.<br />
Farfadette vous a préparé 4 recettes page 42.<br />
Et Bla Blavg vous explique comment remplacer les<br />
P.O.A. en page 45.<br />
En second lieu, c’est aussi supprimer de sa vie quotidienne<br />
tout produit en lien avec les animaux :<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
16
Ne pas porter de laine, cuir, soie, fourrure, plumes, etc.<br />
N’acheter aucun produit ayant été testé sur des animaux.<br />
Ne pas aller au zoo, au cirque, à l’aquarium et<br />
aux corridas. Ne pas chasser ni pêcher (même en remettant<br />
le poisson dans l’eau). Ne plus monter à cheval<br />
de façon traditionnelle. Trop chiant, vive l’emmerde et la<br />
complicated attitude ? Non. La plupart des habits vendus<br />
dans le commerce sont en coton, de plus en plus en<br />
coton bio ou en chanvre, ou en matières synthétiques. Il<br />
y a des faux cuirs, des fausses fourrures, et du tissu. Et<br />
plus un seul magasin ne vend pas au moins quelques<br />
produits cosmétiques et ménagers véganes. Les boutiques<br />
spécialisées pullulent dans les grandes villes et<br />
sur internet. Donc c’est hyper facile.<br />
Qu’est-ce qui nous amène à ces changements ? Cela<br />
dépend de chacun. Il y a autant de façons et de raisons<br />
de devenir végane qu’il y a de recettes de houmous.<br />
Nous aimerions tous que tout le monde devienne végane<br />
pour les animaux et uniquement pour eux, mais<br />
on ne vit pas dans un monde de Bisounours. Certains<br />
le deviennent pour des raisons de santé, d’éthique, ou<br />
d’environnement. Mais bien que certaines personnes<br />
resteront toujours des égoïstes dotés d’un cœur givré,<br />
d’un cerveau irrattrapable et de la splendide incapacité<br />
à se remettre en question, l’expérience montre qu’en<br />
général, les gens finissent par être sensibles à la cause<br />
animale même s’ils sont devenus véganes uniquement<br />
par amour pour leur propre personne.<br />
Être végane ne fait pas non plus de nous des demi-dieux.<br />
On reste des êtres humains capables de faire<br />
brûler nos lasagnes ou de blesser nos amis, de se gourer<br />
à un examen ou de perdre trois points sur le permis<br />
de conduire. Nos gosses sont aussi casse-pieds que<br />
les autres et porter des dreadlocks ou faire sa pâte à<br />
tartiner maison ne signifie pas ne jamais se battre dans<br />
un bar. On chante toujours comme des crécelles au karaoké,<br />
on s’engueule avec nos parents, on déteste (à<br />
tort) les pigeons. Bref, on reste des êtres humains tout<br />
ce qu’il y a de plus banal.<br />
Devenir végane, ce n’est pas se fermer, se priver, s’isoler.<br />
C’est tout le contraire. C’est s’ouvrir à de nouvelles<br />
cultures, de nouveaux aliments, voir le monde et ses<br />
habitants avec un autre regard, plus près de la réalité<br />
cruelle mais aussi plus près du cœur et de tout ce qui<br />
est beau sur Terre.<br />
Véganisme, une question de choix ?<br />
Non, et ce pour deux raisons :<br />
- Tu oublies la victime. Un choix personnel ne peut<br />
engendrer l’exploitation et la mise à mort d’autres êtres<br />
sentients. On en a parlé plus haut, on ne va donc pas y<br />
revenir.<br />
- Tu n’as jamais choisi de manger de la viande. Nous<br />
véganes, on aime se raconter LE jour où on est devenus<br />
véganes et pourquoi. C’est un de nos sujets de conversation<br />
préférés. Et toi, te rappelles-tu du jour précis où<br />
tu as décidé que les vaches, les poules ou les cochons<br />
deviendraient de la bouffe, mais que les lions, les pandas<br />
ou les licornes, il fallait continuer de les protéger ?<br />
Et aussi que les lapins t’en veux désormais plus au jardin<br />
mais plutôt en ragoût ? Ou encore que finalement<br />
un ours polaire, ça doit quand même s’amuser vachement<br />
plus dans un zoo que sur son immense banquise<br />
? Te rappelles-tu avoir eu connaissance des deux faces<br />
de la pièce et d’avoir pu y réfléchir ? Bien sûr que non.<br />
Parce que tu n’as jamais choisi. On te l’a imposé.<br />
Pourquoi le végétarisme n’est pas « mieux que<br />
rien » ?<br />
Le végétarisme est un premier pas vers le véganisme,<br />
pour ceux qui, et les raisons sont légions, ne peuvent<br />
pas devenir véganes du jour au lendemain.<br />
Bien que pendant l’étape du végétarisme, des milliers<br />
d’animaux continuent d’être exploités chaque seconde,<br />
il est tout à fait compréhensible qu’il faille parfois passer<br />
par là. Changer du jour au lendemain n’est pas quelque<br />
chose de facile pour tout le monde. On n’a pas tous les<br />
mêmes bagages face à l’inconnu, le changement, les<br />
critiques, la pression, ou les peurs.<br />
Si le végétarisme part très souvent d’une intention honorable<br />
que l’on salue, cela ne permet malheureusement<br />
pas d’éviter la mort précoce et l’exploitation des<br />
animaux : l’industrie agro-alimentaire vit majoritairement<br />
des oeufs et des produits laitiers, être végétarien<br />
n’aide donc en rien la cause animale ni l’environnement.<br />
Donc à aucun moment et d’aucun point de vue, le végétarisme<br />
ne se bat contre la souffrance et l’exploitation<br />
animale. Ne pas cautionner un mal ne doit en aucun<br />
cas justifier que l’on en cautionne un autre. Jamais.<br />
S’arrêter au végétarisme, c’est justifier que les ressources<br />
de quelqu’un d’autre nous appartiennent, sous<br />
prétexte qu’on lui a sauvé la vie. Ou disons plutôt qu’on a<br />
rallongé de quelques années son temps en enfer. C’est<br />
tout bonnement inacceptable, et permet seulement de<br />
se créer une (petite et fausse) conscience.<br />
Absolument tout le monde est capable d’aller plus loin.<br />
N’écoutez pas ceux qui vous disent que vous ne tiendrez<br />
pas. À quel moment avez-vous perdu toute foi en vous<br />
? Pourquoi pouvez-vous arrêter de fumer, vous battre<br />
contre un cancer, tout lâcher du jour au lendemain pour<br />
aller vivre je ne sais où, mais pas devenir végane, alors<br />
qu’en plus c’est beaucoup plus facile ?<br />
Le végétarisme est donc une étape. En aucun cas il ne<br />
doit servir d’excuse pour retarder le plus possible le<br />
passage au véganisme, et en aucun cas il n’est une fin<br />
en soi.<br />
17<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Les chiffres clé<br />
En 2010<br />
62.7 miliards*<br />
cochons<br />
d’animaux terrestres et oiseaux<br />
ont été tués dans l’ensemble des<br />
industries agro-alimentaires.<br />
1.3<br />
miliards<br />
poulets<br />
55.9<br />
miliards<br />
dindes<br />
645<br />
milions<br />
canards<br />
2.8<br />
miliards<br />
oies<br />
645<br />
milions<br />
Chaque année, on tue plus d’animaux<br />
qu’il y a eu de morts durant toutes les<br />
guerres de l’humanité.<br />
Chaques minutes, on tue...<br />
87 milles poulets<br />
4.2 milles canards<br />
2.3 milles cochons<br />
1.2 milles dindes<br />
moutons<br />
513<br />
milions<br />
chèvres<br />
424<br />
milions<br />
bétail<br />
303<br />
milions<br />
boeufs et vaches<br />
buffles<br />
24<br />
milions<br />
1.9 milles lapins<br />
545 bovins<br />
946 moutons<br />
chevaux<br />
4.6<br />
milions<br />
ânes<br />
2.4<br />
milions<br />
dindes<br />
1.8<br />
milions<br />
mûles<br />
561<br />
milles<br />
* d’après la F.A.O. (Food and Agriculture Organization of the United States),<br />
Il faut 7 à 16 kg de céréales ou de produits végétaux pour produire 1 kg<br />
de viande. Non seulement c’est un gâchis monstrueux, mais en plus cela<br />
enlève la nourriture de la bouche de ceux qui récoltent ces céréales et qui<br />
se voient refuser de les consommer, pour que l’on puisse nourrir le bétail.<br />
Ces gens-là meurent de faim parce que vous préférez une côte de porc à<br />
un burger végane.<br />
Combien de personnes peut-on nourrir<br />
par an et par hectare avec...<br />
Boeuf<br />
Agneau<br />
Riz<br />
Pommes de Terre<br />
1<br />
2<br />
19<br />
Combien sont morts pendant la lecture<br />
de cet article ? Et pendant la lecture du<br />
magazine ? Quelles souffrances ont enduré<br />
ceux qui sont vivants ?<br />
Ces chiffres ne concernent que la<br />
consommation de viande et ne prennent<br />
pas en compte les animaux tués pour le<br />
plaisir (chasse, corrida, combats, etc.),<br />
ceux tués pour leur fourrure, cornes,<br />
plumes et peaux, ceux morts dans des<br />
laboratoires, ceux sacrifiés (Yulin, festival<br />
de la viande canine en Chine : environ<br />
10 000 chiens massacrés ; îles<br />
Féroés : 1500 dauphins chaque année ;<br />
festival de Gadhimai au Népal : 300 000<br />
animaux tous les 5 ans, et ce n’est pas<br />
tout), et ceux pêchés.<br />
22<br />
Il faut une surface de terre de<br />
1,21 hectare pour un omnivore<br />
contre 674 m2 par an pour<br />
nourrir un végane soit :<br />
94%<br />
d’espace<br />
en moins<br />
On pourrait construire des logements<br />
ou planter des forêts<br />
à la place de ces champs.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
18
795 millions<br />
de personnes souffrent de la faim<br />
dans le monde, soit 1 personne sur 9.<br />
66 millions<br />
d’enfants en âge d’aller à l’école<br />
y vont le ventre vide dans les<br />
pays en développement, dont<br />
23 millions rien qu’en Afrique.<br />
3,1 millions<br />
d’enfants de moins de 5 ans<br />
meurent de malnutrition chaque<br />
année, soit près de la moitié (45 %)<br />
des causes de décès.<br />
Parlons d’eau...<br />
Vous réduisez la durée de vos douches<br />
et faites attention à bien fermer le robinet.<br />
C’est tout à votre honneur.<br />
1 kg de viande nécessite<br />
15 500 L d’eau contre<br />
1.800 pour le soja, soit<br />
10 mois de douche quotidienne.<br />
Un omnivore consomme<br />
via son alimentation<br />
8.250 L d’eau par jour<br />
contre 3 600 L pour un<br />
végane. Une paire de<br />
chaussures en cuir : 8<br />
000 L d’eau. Un milliard<br />
de personnes souffrent<br />
de la soif.<br />
19<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Dans la mer, ce n’est pas mieux.<br />
Vous avez entendu parler du rôle de la verdure dans<br />
l’absorption du CO2 ou des abeilles dans la pollinisation,<br />
mais savez-vous que, source d’eau, de chaleur et<br />
d’oxygène, les océans sont indispensables à la vie ?<br />
Je vous invite à aller lire l’article de Niri sur le rôle du<br />
phytoplancton page 12, et vous comprendrez l’enjeu de<br />
la survie des océans. Rapidement, d’après la Fondation<br />
Maud Fontenoy, plus de 50 % de l’oxygène disponible<br />
sur Terre provient de la mer. Souvent invisible à l’œil nu,<br />
le phytoplancton marin libère plus d’oxygène dans l’air<br />
que toutes les forêts du monde. Il fixe autant de CO2<br />
que les végétaux terrestres. Sans le phytoplancton<br />
marin, l’effet de serre serait nettement plus important.<br />
Depuis 1950, 40 à 50 % du phytoplancton a disparu.<br />
Pour reprendre les mots de Paul Watson, fondateur de<br />
Sea Sheperd : “sans océan, nous mourrons,<br />
c’est aussi simple que cela”. Et il n’exagère<br />
pas. Voici un extrait de « Urgence ! » qu’il a présenté à<br />
la COP 21 :<br />
« Imaginez le monde en 2010. Qui voudrait y vivre ?<br />
Voudriez-vous que vos enfants y vivent ?<br />
2020 : 8 milliards d’habitants.<br />
2025 : mort des récifs coralliens.<br />
2035 : effondrement total des pêcheries.<br />
2040 : 10 milliards d’habitants.<br />
2050 : hausse de 4 degrés de la température mondiale.<br />
Hausse du niveau de la mer. Des écosystèmes<br />
radicalement endommagés. Apparition de<br />
nouvelles maladies. Augmentation de la pauvreté<br />
et de la faim. Plus de guerres pour l’appropriation<br />
des ressources. Plus de conflits mondiaux. Réduction<br />
des niveaux d’oxygène. Pollution généralisée.<br />
Restriction des libertés. Détérioration profonde de<br />
la qualité de vie.<br />
Avant 2100 : effondrement écologique. »<br />
Gardez bien en tête que ce n’est pas parce que cela<br />
semble improbable que ce n’est pas vrai. Nous sommes<br />
en 2016, la situation est déjà plus que tendue. La population<br />
augmentant, sans changement maintenant, il<br />
sera trop tard.<br />
Aussi, les baleines, les poissons, les oiseaux marins, les<br />
phoques et toutes les espèces marines contribuent au<br />
maintien de la vie des mers et des océans, or ils sont<br />
pêchés et massacrés à une vitesse plus qu’alarmante<br />
! Les phoques, vous me direz que tout va bien, on a<br />
Greenpeace !<br />
Greenpeace ? Allons ! Des rigolos (on en reparlera<br />
d’ailleurs dans un prochain numéro). Nous ne doutons<br />
pas que beaucoup des membres de Greenpeace sont<br />
pleins de bonne volonté, mais nous les invitons à ouvrir<br />
les yeux sur ce qu’est vraiment cette association, quels<br />
sont ses véritables intérêts et ses méthodes douteuses.<br />
“Grâce” à leur incompétence, leur manque de courage<br />
et le refus de prendre position en faveur du véganisme<br />
(pour des écolos, c’est une incohérence totale) afin de<br />
ne pas perdre d’adhérents, quelques 400 000 phoques<br />
sont encore tués chaque année.<br />
Revenons à nos poissons. La biodiversité océanique<br />
a été réduite de 90 %. Ce ne sont pas les promesses<br />
mensongères doublées de greenwashing de Findus sur<br />
la pêche durable qui vont changer quelque chose. Cela<br />
ne fait que retarder l’inévitable. Il faut stopper net toute<br />
consommation.<br />
Et n’oublions pas la vie. Les poissons meurent par suffocation.<br />
C’est long et c’est douloureux. On parle beaucoup<br />
de l’extinction des animaux terrestres mais ce qu’il<br />
faut retenir, c’est qu’au rythme d’aujourd’hui, les mers<br />
et les océans seront vides d’ici 2050. La surpêche est<br />
une réalité et elle pourrait nous être fatale. De plus, les<br />
techniques de pêches actuelles sont hautement critiquables<br />
(notamment le chalutage de fond) et particulièrement<br />
néfastes pour l’environnement, car détruisant<br />
également l’environnement marin. Et puis surtout, les<br />
poissons, tout le monde s’en fout, c’est tellement moins<br />
mignon qu’un agneau. On ne s’imagine pas qu’un poisson<br />
puisse être sentient, et pourtant, si. On s’offusque<br />
du sort des orques dans les parcs aquatiques mais la<br />
disparition du saumon, tout le monde s’en tamponne les<br />
cacahuètes. En élevage et le tour est joué, on aura nos<br />
toasts à Noël, hip hip hip hourra ! Ça ira très bien avec le<br />
foie gras et les habits de soie.<br />
Dans 34 ans, il n’y aura plus rien. Tu seras certainement<br />
encore vivant. Tu auras peut-être des enfants, voire<br />
des neveux et des nièces. Dans quelles conditions vivront-ils<br />
? Pourront-ils vivre et avoir des enfants, eux<br />
aussi ? Je te pose la question car la réponse est importante<br />
: je le répète : sans océan, nous mourrons, c’est<br />
aussi simple que cela.<br />
Que répondras-tu à tes enfants quand ils te demanderont<br />
: « C’est quoi un dauphin ? Et un tigre ? Et un papillon<br />
? Pourquoi y’en n’a plus ? » Difficile d’y répondre<br />
avec le poids des responsabilités sur les épaules.<br />
Des changements catastrophiques<br />
Jusqu’à il y a encore 200 ans, les animaux sauvages représentaient<br />
98 % de la biomasse. Aujourd’hui, l’homme<br />
et les animaux d’élevage représentent 99 % de la biomasse.<br />
Une espèce (qu’il s’agisse de faune ou de flore)<br />
disparaît toutes les 20 minutes, soit 26 280 espèces<br />
chaque année. 25 % des espèces animales et végétales<br />
pourraient disparaître d’ici le milieu du siècle en raison<br />
des activités humaines. Seules 13 % des terres de notre<br />
planète sont protégées. C’est bien ? Non ! C’est scandaleux.<br />
Elles ne devraient même pas avoir à être protégées.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
20
Selon l’UICN (Union Internationale pour la Conservation<br />
de la Nature), en 2015 :<br />
23 250 espèces de plantes et d’animaux sont menacées<br />
d’extinction. Un chiffre sans doute sous-estimé<br />
: moins de 3 % des 1,9 millions d’espèces ont été<br />
évaluées pour la Liste Rouge UICN.<br />
1,9 millions d’espèces végétales et animales sont<br />
connues, c’est-à-dire décrites et nommées. Selon les<br />
estimations, il en resterait 10 ou 100 millions à découvrir.<br />
vivez en live la 6ème extinction de masse,<br />
qui est la première dont l’Homme est le premier et seul<br />
responsable. Scénario de film catastrophe ou paranoïa,<br />
à vous de juger. Vous avez toutes les infos.<br />
Je finirai par ceci : la compassion que l’Homme éprouve<br />
à l’égard des animaux ne peut qu’enrichir la nature humaine.<br />
L’Homme le plus grand est celui qui sait se faire<br />
le plus petit.<br />
(La suite au prochain numéro)<br />
Lors des 500 dernières années, l’activité humaine aurait<br />
été responsable de l’extinction de 834 espèces.<br />
25 % des mammifères, 13 % des oiseaux et 41 % des<br />
amphibiens seront très fortement menacés d’extinction<br />
dans un futur proche. Le nombre total d’espèces menacées<br />
a augmenté de 5205 à 23 250 depuis 1996.<br />
Pour pallier l’extinction des ces espèces, il nous faut<br />
revoir totalement notre façon de vivre, de manger, de<br />
consommer, et cesser d’acheter ce qui provient de la<br />
chasse et du braconnage.<br />
Mais ca n’est pas tout !<br />
Dégradation et pollution des terres qui se vident de<br />
leurs nutriments, émissions de gaz à effet de serre, déforestation,<br />
pollution de l’eau, déchets, perte de la biodiversité,<br />
faim et soif dans le monde, augmentation du<br />
fossé entre riches et pauvres, massacre des espèces<br />
protégées pour « protéger » le bétail (ex. : le loup, le<br />
lynx et l’ours), pollutions liées aux déjections massives<br />
des animaux d’élevages : selles, méthane (les pets de<br />
vaches), sélection des sous-espèces, détruisant les<br />
autres, et raréfiant le génome de l’espèce en question.<br />
Aussi, mensonges des industries agro-laito-pharmaco<br />
ainsi que des publicités, études et recherches truquées,<br />
propagation des maladies se développant dans les<br />
élevages et se répandant chez les animaux sauvages<br />
par transmission via les parasites (par exemple), accaparement<br />
des terres sauvages pour l’élevage (nourriture<br />
et stockage des animaux), ce qui mène à la déforestation,<br />
la raréfaction de la faune et de la flore sur les<br />
zones touchées. La liste des dégâts causés par le mode<br />
de vie et d’alimentation actuel est catastrophiquement<br />
longue.<br />
Sources<br />
Auteur : @noitasilagel<br />
Tuer des animaux par milliards tue des humains par<br />
millions, coûte des milliards en frais de santé, et détruit<br />
notre écosystème. Vous avez toujours rêvé de faire partie<br />
de l’Histoire, eh bien vous êtes en plein dedans : vous<br />
https://coteboudreau.com/2014/03/12/morts-danimaux-par-annee-et-morts-durant-guerres/<br />
http://www.planetoscope.com/biodiversite/126-disparition-d-especes-dans-le-monde.html<br />
21<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Capotes véganes<br />
On peut baiser sans tuer<br />
Du lait et un désastre sans nom<br />
J’ai été très surprise lorsque, dans un petit magasin de<br />
Munich en Allemagne, je suis tombée sur des préservatifs<br />
se disant véganes. Curieuse, je suis donc allée<br />
chercher sur Internet en quoi les capotes classiques<br />
ne le sont pas. Il y a deux raisons :<br />
Premièrement, lors du processus de fabrication, on<br />
utilise de la caséine, des protéines qui constituent la<br />
majeure partie des composants azotés du lait. Si la<br />
matière première est bien végétale, le produit fini ne<br />
l’est donc pas.<br />
Mais ça ne s’arrête pas là. Vous n’avez pas pu passer<br />
à côté des mots étroitement liés « huile de palme<br />
» et « déforestation, désastre écologique » Tout le<br />
monde ou presque connaît maintenant cette catastrophe<br />
sans nom et nombreux sont les véganes à ne<br />
pas consommer cette huile qui, de plus, est un poison<br />
pour notre santé. Mais il existe un autre désastre<br />
dont on parle beaucoup moins : celui de la récolte du<br />
11 millions de tonnes<br />
C’est la quantité de caoutchouc naturel<br />
produite annuellement<br />
caoutchouc et du latex, qui viennent d’un arbre appelé<br />
Hevea brasiliensis.<br />
Un peu partout, les utilisateurs de caoutchouc vantent<br />
ses mérites : solide, naturel (oui, oui, ils osent !), il a<br />
aussi permis à l’Asie du Sud-Est de s’enrichir, contribuant<br />
au développement de la zone. Ce qu’on ne<br />
vous dit pas, ce sont évidemment les répercussions<br />
sur l’environnement : en Chine, au Vietnam, au Laos,<br />
en Thaïlande, au Cambodge et en Birmanie, les cultivateurs<br />
de caoutchouc ont rasé ou brûlé les forêts,<br />
et planté d’innombrables rangées d’Hevea brasiliensis.<br />
Je lis dans le National Geographic : « Ils sont en<br />
train de muer l’un des écosystèmes les plus diversifiés<br />
du monde en une monoculture aussi uniforme qu’un<br />
champ de blé de la Beauce. Ce qui pourrait menacer<br />
des fonctions écologiques de base dans une zone<br />
comptant des dizaines de millions d’habitants ». Ou<br />
dans Le Monde : « Chaque été, des incendies d’origine<br />
criminelle réduisent en cendres des pans entiers<br />
de la forêt de Sumatra, au profit des industries de<br />
l’huile de palme, du caoutchouc ou du bois. Une catastrophe<br />
climatique et écologique qui ronge le territoire<br />
des Suku Anak Dalam, une tribu semi-nomade<br />
de la jungle […], parce qu’il est plus simple de couper<br />
quand c’est brûlé […] C’est cette réalité qui détruit le<br />
mode de vie des Suku Anak Dalam, une tribu en Indonésie.<br />
“ La forêt est tout pour nous : le lieu de chasse<br />
et le logement.” »<br />
Rien donc de très végane dans (la plupart des) préservatifs<br />
classiques.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
22
Les alternatives véganes<br />
J’ai été assez déroutée, car force est de constater<br />
qu’il n’existe pas de préservatifs faits avec d’autres<br />
matières que le latex. Pour parer à ceci, il est hors<br />
de question pour moi de recommander aux femmes<br />
(et surtout aux plus jeunes) de prendre une pilule<br />
contraceptive, de se faire poser une puce, un stérilet,<br />
afin de lutter en faveur de l’environnement. La plupart<br />
QUELQUES MARQUES INTÉRESSANTES<br />
GLYDE<br />
Approuvée par la Vegan Society et PETA. Pas de<br />
P.O.A., aucun test sur les animaux (ils précisent<br />
que la caséine est remplacée par un extrait de<br />
chardon).<br />
FAIR SQUARED<br />
Approuvée par Peta et d’autres labels dans<br />
d’autres pays (FLO par exemple). Issue du commerce<br />
équitable.<br />
EINHORN<br />
des moyens de contraception féminines sont nocifs<br />
pour la santé en plus de dérégler une bonne partie du<br />
fonctionnement du corps féminin (nous y reviendrons<br />
dans un prochain numéro). De plus, la meilleure des<br />
protections contre les M.S.T. et les grossesses non<br />
désirées, outre l’abstinence, reste la combinaison. À<br />
choisir, je préfère encore les capotes “fair trade”.<br />
l’importance de la protection<br />
Si vos parents refusent de vous procurer des préservatifs<br />
(« et en plus des véganes, t’es tombé(e) sur la<br />
tête ou quoi »), le Green Condom Club livre, gratuitement<br />
et discrètement, des préservatifs par courrier,<br />
partout dans le monde, (Glyde principalement). Il<br />
est possible d’acheter un lot unique ou de s’abonner.<br />
Vous pouvez les faire livrer chez vous, dans un point<br />
relais, chez votre médecin/gynécologue, dans une<br />
boîte postale ou chez une personne de confiance.<br />
En cas d’urgence, la pilule du lendemain doit être<br />
prescrite quel que soit votre âge et sans poser de<br />
question. Si un pharmacien refuse, ou demande une<br />
pièce d’identité, il enfreint la loi. Rappelez-le lui, allez<br />
voir ailleurs et n’hésitez pas à le dénoncer à ses<br />
confrères et/ou la police.<br />
Mais le mieux est évidemment d’éviter d’avoir à en<br />
arriver là. Si le prix des préservatifs est hors budget<br />
ou que vos parents refusent de vous en acheter, n’oubliez<br />
pas que vous êtes deux, partagez donc les frais.<br />
N’hésitez pas non plus à demander un peu d’argent à<br />
une personne de confiance.<br />
S’il vous plaît, ne faites pas l’erreur de croire que «<br />
une fois, ce n’est pas risqué », c’est absolument faux.<br />
De plus, les avortements et la parentalité trop jeune<br />
peuvent être traumatisants, et les M.S.T. courent toujours.<br />
On a banalisé ces problèmes, or ils peuvent<br />
vous gâcher la vie. Protégez-vous, toujours.<br />
Si aucune solution pour vous procurer des préservatifs<br />
véganes ne peut être trouvée, il vaut mieux des<br />
non-véganes que rien du tout.<br />
Auteur : @noitasilagel<br />
Répondent aux critères de sécurité et d’éthique<br />
les plus stricts et partagent une partie des recettes<br />
avec des associations de bienfaisance.<br />
Sources :<br />
www.nationalgeographic.fr<br />
www.lemonde.fr<br />
www.planetoscope.com<br />
Image en-tête : www.flickr.com/riverap1<br />
23<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
#JihemDoe #Véganement #On est ensemble #PourLesAnimaux #Passion-<br />
Hashtag #GoVegan #Merci #PourEUX #ParceQuEUX #Amour #COEUR<br />
#Namaste #TouchePasAMonSteack #CarnisteFragile #MangeDuVertRobert<br />
#InBoulgourWeTrust #LesFemmesEtLesEnfantsDabord #ÇaVaFlooder #JihemDoe<br />
#Véganement #On<br />
ENTRETIEN<br />
est ensemble #PourLesAnimaux<br />
AVEC<br />
#PassionHashtag<br />
#GoVegan #Merci #PourEUX #ParceQuEUX #Amour #COEUR #Namaste<br />
#TouchePasAMonSteack #CarnisteFragile #MangeDuVertRobert #InBoulgourWeTrust<br />
#LesFemmesEtLesEnfantsDabord #ÇaVaFlooder #JihemDoe #Véganement<br />
#On est ensemble #PourLesAnimaux #PassionHashtag #GoVegan<br />
#Merci #PourEUX #ParceQuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack<br />
#CarnisteFragile #MangeDuVertRobert #InBoulgourWeTrust<br />
#LesFemmesEtLesEnfantsDabord #ÇaVaFlooder #JihemDoe #Véganement<br />
#On est ensemble #PourLesAnimaux #PassionHashtag #GoVegan #Merci<br />
#PourEUX #ParceQuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasA-<br />
MonSteack #CarnisteFragile#MangeDuVertRobert#InBoulgourWeTrust#Les-<br />
FemmesEtLesEnfantsDabord #ÇaVaFlooder #JihemDoe #Véganement #On<br />
est ensemble #PourLesAnimaux #PassionHashtag #GoVegan #Merci #PourEUX<br />
#ParceQuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack<br />
#CarnisteFragile #MangeDuVertRobert #InBoulgourWeTrust #LesFemmesEtLesEnfantsDabord<br />
#ÇaVaFlooder #JihemDoe #Véganement #On est ensemble<br />
#PourLesAnimaux #PassionHashtag #GoVegan #Merci #PourEUX<br />
#ParceQuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack #CarnisteFragile<br />
#MangeDuVertRobert #InBoulgourWeTrust #LesFemmesEt-<br />
LesEnfantsDabord #ÇaVaFlooder #JihemDoe #Véganement #On est ensemble<br />
#PourLesAnimaux #PassionHashtag #GoVegan #Merci #PourEUX #Parce-<br />
QuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack #Carniste-<br />
Fragile #MangeDuVertRobert #InBoulgourWeTrust #LesFemmesEtLesEnfantsDabord<br />
#ÇaVaFlooder #JihemDoe #Véganement #On est ensemble<br />
#PourLesAnimaux #PassionHashtag #GoVegan #Merci #PourEUX #Parce-<br />
Qui n’a pas vu passer une vidéo, un tweet ou un post Facebook mentionnant son<br />
QuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack #Carnistenom<br />
? Depuis quelques mois, un visage (ou un bonnet) s’impose sur Youtube.<br />
Fragile #MangeDuVertRobert Je dirais plutôt qu’il en impose. #InBoulgourWeTrust S’il est facile de s’en prendre aux #LesFemmesEtLesEnfantsDabord<br />
connues #ÇaVaFlooder et raconter de la #JihemDoe merde pour faire de #Véganement l’audience, il est bien plus #On compli-<br />
est ensemble<br />
personnalités<br />
#PourLesAnimaux qué d’obtenir #PassionHashtag des clics pour les droits des #GoVegan animaux et surtout #Merci de ne pas #PourEUX faire s’endormir<br />
aussi vite que Rondoudou les spectateurs. Malin, il se sert du coté facile<br />
#Parce-<br />
QuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack #Carnistepour<br />
le mettre au service du véganisme. Qui pourrait le lui reprocher ? JihemDoe<br />
Fragile #MangeDuVertRobert captive grâce aux multiples cordes #InBoulgourWeTrust de son arc : montage vidéo top (du #LesFemmesEtLesEnfantsDabord<br />
yeux #ÇaVaFlooder la plupart des novices #JihemDoe que nous sommes), #Véganement humour, sarcasme, #On ironie, et est ensemble<br />
moins aux<br />
#PourLesAnimaux<br />
surtout une<br />
#PassionHashtag<br />
bonne dose de vérité sans artifice<br />
#GoVegan<br />
dans les oreilles<br />
#Merci<br />
de l’audience,<br />
#PourEUX<br />
qu’il<br />
#Parcepousse<br />
ainsi à la réflexion.<br />
QuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack #Carniste-<br />
Fragile #MangeDuVertRobert Il était impossible pour moi d’imaginer #InBoulgourWeTrust ce premier numéro de LTTP #LesFemmesEtLesEnfantsDabord<br />
d’un #ÇaVaFlooder ceux qui m’a amenée #JihemDoe à oser affirmer définitivement #Véganement mon positionnement. #On est ensemble<br />
sans parler<br />
Il m’a fait le grand plaisir de prendre sur son emploi du temps déjà bien rempli pour<br />
#PourLesAnimaux #PassionHashtag #GoVegan #Merci #PourEUX #Parcerépondre<br />
à mes questions, mais aussi celles plus ou moins sérieuses de la team.<br />
QuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack #Carniste-<br />
Fragile #MangeDuVertRobert #InBoulgourWeTrust #LesFemmesEtLesEnfantsDabord<br />
#ÇaVaFlooder Merci #JihemDoe à lui et bonne lecture #Véganement à vous. #On est ensemble<br />
#PourLesAnimaux #PassionHashtag #GoVegan #Merci #PourEUX #Parce-<br />
QuEUX #Amour #COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack #CarnisteFragile<br />
#MangeDuVertRobert #InBoulgourWeTrust #LesFemmesEtLesEnfantsDabord<br />
#ÇaVaFlooder #JihemDoe #Véganement #On est ensemble #PourLesAnimaux<br />
#PassionHashtag #GoVegan #Merci #PourEUX #ParceQuEUX #Amour<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
24<br />
#COEUR #Namaste #TouchePasAMonSteack #CarnisteFragile #MangeDu-<br />
#JIHEM DOE
# De quoi rêves-tu quand tu fais des cauchemars ?<br />
Que je mange des substituts simili-carnés véganes qui<br />
n’ont rien de simili. J’ai d’ailleurs goûté hier aux crevettes<br />
véganes, c’est bien dégueu comme il faut.<br />
# Quel est ton pire cauchemar ?<br />
Recevoir une distinction honorifique de la part du gouvernement,<br />
quelle qu’elle soit.<br />
# Nous sommes en 2016 et 97 % des français considèrent<br />
toujours les animaux comme des meubles, c’est<br />
sidérant non… ?<br />
Il en était de même concernant certaines ethnies, et quoi<br />
qu’en dise(nt) la ou les lois, on n’est pas à l’abri d’un énième<br />
round. Cela dit, loi(s) ou pas, ça n’empêche pas certains<br />
Hommes d’en traiter d’autres comme tels (#BonjourCapitalisme).<br />
Et comme ce monde est notre reflet, à savoir<br />
profondément spéciste, ça ne m’étonne pas. Aussi, il est<br />
bon de se rappeler qu’il y a encore peu, nous (véganes)<br />
étions ancrés dans ces schémas d’économie de réflexion,<br />
et donc tout aussi spécistes.<br />
# Quels sont selon toi les freins et obstacles au véganisme<br />
en France ?<br />
Je dirais trois choses: la tradition, la tradition de la tradition,<br />
et la peur du changement.<br />
La tradition. J’ai une histoire là-dessus, en référence à<br />
une étude, spéciste, pour changer.<br />
Quatre singes sont dans une pièce avec au milieu quelques<br />
bananes disposées sur le sol. L’un des quatre se précipite<br />
dessus. Avant même d’y parvenir, les trois autres se font<br />
arroser d’eau froide, et manifestent du mécontentement.<br />
On replace un des trois arrosé par un sec. Ce dernier sec a<br />
envie d’aller vers les bananes, mais les trois autres (deux<br />
arrosés et un sec) se mettent à lui crier dessus. Ce dernier<br />
ne comprend pas pourquoi, mais il se plie à leur mécontentement<br />
commun. On remplace encore un arrosé par<br />
un nouveau sec. Même chose, en voulant se diriger vers<br />
les bananes, les trois singes lui hurlent dessus ! Même<br />
le premier sec, alors qu’il ne sait absolument pas pourquoi,<br />
il n’a jamais été arrosé ! Tout ça continue jusqu’à ce<br />
que tous les mouillés soient remplacés par des secs, qui<br />
hurlent à leur tour dès qu’un nouveau sec se dirige vers<br />
les bananes. Au final, plus aucun des singes n’est arrosés<br />
d’eau froide, mais tous hurlent dès qu’un d’entre eux<br />
s’approche des bananes, sans même savoir pourquoi ! Ils<br />
sont inscrits dans un schéma qui pourrait s’apparenter à<br />
de la tradition. Ils font comme ça, parce que c’est comme<br />
ça et que tout le monde fait comme ça. Sans jamais remettre<br />
en cause ce «comme ça».<br />
- La tradition de la tradition. C’est on ne peut plus français.<br />
Et en France, il y a tellement de traditions, il faut en<br />
être fier, il faut les respecter, les honorer. Trop de gens ne<br />
remettent pas des traditions en cause, alors qu’elles sont<br />
aberrantes et vieilles comme le monde... D’ailleurs, la corrida,<br />
ce n’est pas une tradition de fragile ?<br />
- La peur du changement. Ça, ça vaut pour beaucoup<br />
d’entre nous. Ce qui est nouveau nous sort de notre zone<br />
de confort, semble compliqué, parfois impossible à réaliser.<br />
Souvent ça semble douloureux, et finalement dans<br />
le cas qui nous intéresse, c’est pour notre bien et celui<br />
d’autrui.<br />
# Dans une de tes vidéos, tu attaques le nutritionniste<br />
J.M.C. (Jean-Michel Cohen) : « Est-ce que t’irais voir<br />
Stéphane Bern pour des problèmes de sécrétion vaginale<br />
? Non ! Alors pourquoi J.M.C. ? » Peux-tu nous expliquer<br />
pourquoi quelqu’un comme J.M.C. ne peut plus<br />
être pris au sérieux ?<br />
Parce que d’une intervention à l’autre, en fonction de l’audience,<br />
des invités et de l’éventuelle promotion d’un nouveau<br />
livre ou d’un nouveau régime, il retourne COMPLÈ-<br />
TEMENT sa veste. C’est pire que de mentir et de maintenir<br />
sa position, c’est mentir en fonction, c’est un opportuniste.<br />
C’est profondément abject. Et c’est d’ailleurs une<br />
des raisons pour lesquelles il est invité partout, parce qu’il<br />
adapte son discours, et peut donc plaire au plus grand<br />
nombre.<br />
# Un bébé végétalien a récemment frôlé la mort parce<br />
que ses parents étaient très mal informés. Comment<br />
as-tu réagi en apprenant ça ? Ce genre d’accident tragique<br />
est-il lié aux discours des lobbyistes et des personnes<br />
compromises comme J.M.C. ?<br />
C’est autant navrant qu’affligeant. PRENEZ VOTRE B12<br />
BON SANG !!! Je ne pense pas que les parents qui donnent<br />
à leur enfant une alimentation végétalienne soient mal<br />
informés, au contraire. C’est eux qui regardent les ingrédients,<br />
leurs provenances, si c’est bio, etc. Ce sont les plus<br />
informés. Après, ce n’est pas parce qu’il y en a un qui a<br />
frôlé la mort que tous sont sur le fil du rasoir. On place une<br />
lumière médiatique de dingue dessus pendant quelques<br />
temps – comme cette jeune femme végane qui a succombé<br />
en tentant l’ascension de l’Everest – pour seulement<br />
discréditer le végétalisme/véganisme, faire des<br />
clics sur un mouvement qui grimpe et qui peut remettre<br />
en question notre système en profondeur. De belles méthodes<br />
de propagande anti-véganisme comme on en voit<br />
apparaître un peu partout sur la toile. Le végétarisme a<br />
eu droit, à une époque, à la même pub. Aujourd’hui c’est<br />
nous qui ramassons. Et les enfants omnis qui meurent à<br />
cause d’une mauvaise alimentation, y’a des stats ou c’est<br />
comment ? Elle est où la négligence parentale ?<br />
25<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
# Tu t’attaques aussi au philosophe Raphaël Enthoven,<br />
par deux fois, le mettant face à ses propres contradictions<br />
et parles souvent de dissonance cognitive. Quelles<br />
étaient les tiennes avant de devenir végane et comment<br />
les as-tu réglées ?<br />
Les mêmes que tout le monde, les mêmes que je combats<br />
aujourd’hui: la sentience des animaux, les apports<br />
en protéines, «on a toujours fait comme ça», «on a besoin<br />
de viande pour survivre», les carences, la privation, la<br />
frustration, l’application quasi-impossible au jour le jour,<br />
le lien social, etc. Aucune raison valable, donc. J’y ai mis<br />
fin le jour où j’ai ouvert les yeux, le même jour où j’ai décidé<br />
d’agir, sans même savoir par où commencer. C’est<br />
l’action, le choix, la prise de position qui ont tout réglé. Le<br />
reste n’a fait que suivre.<br />
élections ?<br />
Je ne crois pas en la politique, pas plus qu’en la démocratie<br />
(représentative...) dans laquelle nous vivons. Si je<br />
m’imagine, rien qu’une seule seconde, qu’un gus à la tête<br />
du pays qui m’a vu naître va pouvoir me changer la vie,<br />
j’ai tout faux. Certaines valeurs anarchistes et libertaires<br />
m’attirent. Mais je préfère encore la réalisation de soi, par<br />
soi-même. Je n’ai voté qu’une seule fois. Ma première<br />
sera la dernière. Pourquoi jouer un jeu dont on n’accepte<br />
pas les règles et dont les dés sont pipés ? Ça sera sans<br />
moi.<br />
# Es-tu d’accord avec les gens qui disent qu’EELV 1 pratique<br />
une écologie molle et n’aide en rien l’avancée du<br />
véganisme en France ?<br />
# T’es beaucoup plus sexy que Mathieu Sommet et<br />
pourtant après 5 vidéos tu ne cartonnes pas autant que<br />
lui. À ton avis pourquoi les Youtubeurs véganes français<br />
ne buzzent pas comme aux U.S.A. (ex. : Bite Size Vegan)<br />
? Qu’est-ce qu’il faudrait pour<br />
toucher une plus large audience ?<br />
On est au début ici. Mais on va y arriver.<br />
Peut-être aussi que les contenus<br />
sont moins bandants qu’aux États-<br />
Unis. Mais pareil, j’arrive. Aussi les<br />
U.S.A., même si c’est le pays de la<br />
malbouffe, c’est notamment le pays<br />
du healthy food. Cette contradiction<br />
permet une plus large audience. Enfin,<br />
la langue. Ça, tu peux pas test.<br />
Quand tu parles anglais, tu t’exportes<br />
plus facilement. Y’a pas photo.<br />
# Il existe divers courants chez<br />
les véganes : welfaristes, neo-welfaristes,<br />
abolitionnistes. Où te situes-tu,<br />
pourquoi, et quel est ton<br />
point de vue sur les autres mouvements<br />
?<br />
Je suis abolitionniste. La suite arrivera<br />
en vidéo. #Teaser<br />
«D’ailleurs, la corrida,<br />
ce n’est pas une tradition<br />
de fragile ?»<br />
Je ne suis pas la politique. Ça m’en effleure une sans me<br />
faire bouger l’autre. Je ne comprends pas qu’il existe des<br />
« verts » qui consomment des produits issus de l’exploitation<br />
animale (qui a dit dissonance cognitive ?). Comment<br />
ça se fait qu’en tant que végane, je<br />
me sente plus vert qu’un vert ? C’est<br />
étrange comme sensation.<br />
Les idées défendues par Aymeric<br />
Caron dans son livre « Antispéciste<br />
» te parlent-elles plus ?<br />
Il y a du très bon dans le dernier livre<br />
de Caron, du très très bon même. Et<br />
selon moi du moins bon (on parle<br />
de trois pages en tout, c’est léger...).<br />
Je partage cette idée que nous venons<br />
tous d’une matière commune<br />
et qu’avec le temps nous avons ainsi<br />
évolués. Je trouve ça humble et<br />
juste. J’imagine que c’est d’ailleurs<br />
pour ça que son bouquin cartonne.<br />
On aime ou on n’aime pas, mais il<br />
démocratise le véganisme.<br />
Quelles sont selon toi les priorités<br />
actuelles pour les droits des animaux<br />
?<br />
# Thierry Casasnovas refuse de se définir comme «végant»<br />
(on le comprend nous aussi, #QueCestMoche).<br />
Sa vidéo explicative est à faire hérisser les poils : sophismes,<br />
psychologie à deux balles, comparaison des<br />
véganes à la jeunesse hitlérienne, etc.<br />
J’ai dit tout ce que j’avais à dire en trois rounds. Fin du<br />
match. Au suivant.<br />
# Tu es apolitique. Pourquoi ? Quelles sont les valeurs,<br />
points de vue, etc, que tu partages avec le courant anarchiste/libertaire<br />
? Pour qui voteras-tu aux prochaines<br />
La priorité pour les animaux ? Y’en a tellement... Commencer<br />
par l’éducation des plus jeunes, le reste devrait<br />
suivre. Je pense. J’espère. Mais il y a tellement à faire, sur<br />
tellement de fronts. Et l’Homme est le seul responsable. A<br />
lui de démêler les noeuds, aujourd’hui, et vite.<br />
# Tu es aussi antithéiste. Qu’est-ce que c’est exactement<br />
? Qu’est-ce qui te tient loin de la religion ? Selon toi<br />
religion et véganisme sont-ils compatibles et pourquoi<br />
? Et la spiritualité là-dedans, quelle place a-t-elle dans<br />
ta vie ?<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
1 EELV : Parti d’Europe Ecologie les Verts<br />
26
Je suis opposé à l’idée de dieu, au singulier comme au<br />
pluriel. C’est une prise de position quelque peu différente<br />
de l’athéisme, puisque je ne me contente pas de ne pas<br />
y croire, je m’y oppose. A noter que j’ai tout l’amour du<br />
monde pour les religieux, je n’ai rien contre eux. Je combats<br />
les idées, pas les hommes. La logique me semble<br />
être une bonne raison quant à la distance que je tiens<br />
avec la religion. Je suis pourtant né dans une famille<br />
chrétienne, avec ses valeurs et l’idée de la crainte d’un<br />
Tout-puissant. Cette émancipation s’est faite du jour au<br />
lendemain, peu de temps après l’adoption du véganisme,<br />
alors que je cherchais à faire sauter le plus de verrous.<br />
Personne n’a la moindre preuve de l’existence d’une quelconque<br />
entité supérieure et créatrice, et plus la science<br />
avance, plus la religion fait du moonwalk. Pourtant, au<br />
travers de l’éducation parentale, on impose toujours aux<br />
enfants des croyances sans fondement qui risquent de<br />
les enfermer dans des ghettos mentaux. Sans parler du<br />
communautarisme, des mutilations, des privations, etc.<br />
Tout ça n’a aucun sens pour moi, si ce n’est une volonté<br />
de contrôle.<br />
Religion et véganisme me semblent on ne peut plus compatibles.<br />
Plusieurs extraits de textes ont d’ores et déjà été<br />
analysés et vont dans le sens du véganisme. Aussi, avec<br />
l’interprétation, on peut faire dire tout ce qu’on veut à un<br />
texte, tout et son contraire, le meilleur comme le pire.<br />
Quant à la spiritualité... Elle est vitale. Elle regroupe les<br />
choses relatives à l’esprit et qui se détachent du monde<br />
matériel. Bien évidement, elle est selon moi à différencier<br />
de la religion. Tout un programme, donc. Je suis par ailleurs<br />
professeur de Yoga, on peut donc aisément s’imaginer<br />
la place que la spiritualité occupe dans ma vie.<br />
fâme, infect, partout, tout le temps. Sans parler de la<br />
dimension capitaliste et de l’interprétation individuelle<br />
concernant l’exploitation animale. Pour moi, cette «philosophie<br />
de vie» a tout d’une religion. Mais je n’oublie pas<br />
que bien souvent, les «choses de ce monde» ne sont pas<br />
responsables, c’est ce que l’Homme en fait.<br />
A 17 et 19 ans, deux jeunes garçons sont manipulés par<br />
la propagande de Daesh et suivent aveuglément les préceptes<br />
de l’État islamique. Nous sommes visiblement<br />
impuissants devant la prolifération de Daesh via les<br />
médias. Est-ce que ça t’inquiète ? Quel regard portes-tu<br />
face à ces actualités cauchemardesques ?<br />
Ça m’inquiète... Oui et non. Parce que malheureusement,<br />
avec le temps, on s’habitue à tout. Ce qui m’inquiète profondément<br />
en revanche, c’est qu’avec un pass Navigo,<br />
une carte de fidélité Auchan ou un compte Gmail, on en<br />
sait plus sur toi qu’avec une fiche S. Quid de l’efficacité<br />
des moyens déployés ?<br />
Mon regard est le même que le tien, le même que le sien,<br />
le même que celui de bien du monde : je suis dans l’incompréhension<br />
totale. J’ai beau chercher des éléments<br />
de réponse, ça ne percute pas. On peut tous avoir en nous<br />
de la colère, mais de là à la manifester de cette façon...<br />
Quid de la responsabilité de nos gouvernements occidentaux<br />
?<br />
En ce moment, je lis « Plaidoyer pour l’altruisme » de<br />
Mathieu Ricard. Je me rends compte que j’ai encore du<br />
boulot. J’ai l’impression qu’en fait, l’Homme est beaucoup<br />
plus égocentrique, égoïste et mauvais que ce que<br />
je pensais. L’Homme peut-il devenir végane sans être un<br />
minimum altruiste ? La montée de la pratique du bouddhisme<br />
peut-elle amener au véganisme ?<br />
Je pense que l’empathie et la compassion sont deux piliers<br />
de la volonté de justice que réclament les véganes<br />
pour les animaux. De même concernant les causes humaines.<br />
Généralement, nous sommes touchés que par ce qui nous<br />
touche (ça va, je ne me mouille pas trop). Seulement, pour<br />
mettre fin aux divers maux de ce monde, qui finalement<br />
nous touchent tous, il faut écarter ses oeillères, regarder<br />
autre chose que son propre nombril et s’intéresser aux<br />
autres. Les livres, les voyages et les expériences de vie –<br />
entre autres – facilitent l’ouverture au monde.<br />
RETROUVEZ JIHEM DOE<br />
Jihem Doe<br />
jihem.doe<br />
@JihemDoe<br />
jihemdoe<br />
jihem-doe<br />
Mais aussi sur son site : veganised.org<br />
Et concernant le bouddhisme, j’ai vu tellement d’horreurs<br />
en Asie du Sud-Est... À commencer par du sexisme, in-<br />
27<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Les questions de la team<br />
As-tu songé à un court métrage ?<br />
Si c’était qu’un...<br />
Ne feras-tu que des vidéos «réponses» pour «clasher»<br />
les gens qui tiennent des propos erronés sur le véganisme<br />
?<br />
Non, d’autres formats sont dans les tuyaux.<br />
Depuis quand es-tu végane et comment ça t’est venu ?<br />
Depuis 5 ans. J’ai découvert d’abord qu’être végétarien ne<br />
signifiait pas simplement qu’on n’aimait pas la viande ou<br />
qu’on aimait trop les animaux. Il pouvait y avoir du militantisme<br />
derrière. Je me suis pris une grosse claque.<br />
Puis sont venus les discussions, les reportages, les documentaires,<br />
les études, et Gary Yourosfky. Résultat : un aller<br />
simple pour le véganisme, du jour au lendemain, sans<br />
transition.<br />
Comment ça se passe avec ton entourage par rapport<br />
au véganisme et à ton statut de Youtubeur (amis, copine,<br />
famille, collègues, etc.)?<br />
Tout va bien merci, c’est sympa de demander. Pour le véganisme,<br />
quand j’ai plongé dedans, j’étais le seul de tout<br />
mon entourage. Donc, beaucoup de questions, de jugements,<br />
de conflits, de peurs. Puis avec le temps, tout ça<br />
s’est calmé. J’ai même fini par faire de nouvelles recrues<br />
depuis.<br />
Pour les vidéos, je suis bien entouré. Je n’ai rien à craindre<br />
de ce côté-là. Mes proches m’appuient, me conseillent,<br />
m’écoutent. Et puis faut se détendre, ce ne sont que des<br />
vidéos. Le jour où je rentrerai par effraction dans des laboratoires<br />
de tests sur les animaux pour tout défoncer et<br />
les sortir de cet enfer, on pourra commencer à parler de<br />
«comment ça se passe».<br />
Et sinon, pour finir par une note joyeuse… (qu’est-ce<br />
qu’on rigole à LTTP !) Comment ton amour des hashtags<br />
est-il arrivé ?<br />
La relation est elle officielle ?<br />
#BahOuais<br />
Combien as-tu de bonnets ?<br />
Deux, mais l’autre est au sale.<br />
Est-ce que dans Véganement #4 il y avait vraiment du<br />
boulgour sur le feu ou bien c’était juste de l’Ebly ?<br />
Non, du boulgour, et il a cramé. #MerciTiti<br />
Quel effet ça fait de dîner avec @Noitasilagel ? Est-ce<br />
qu’elle est cool ou en fait c’est une vraie pétasse ?<br />
C’est toujours bon de pouvoir rencontrer les gens avec qui<br />
on échange. On n’est pas que des pixels. Sinon, elle est<br />
encore plus vénère que derrière son clavier.<br />
Si on t’aide via Tipeee, est-ce que tu feras des vidéos<br />
intéressantes ?<br />
Tipeee ou pas, je ferai ce que j’ai à faire. Ça prendra peutêtre<br />
plus de temps, avec moins de moyens, mais je le ferai.<br />
J’en profite pour remercier les tipeuses et tipeurs, sincèrement.<br />
Je trouve ça dingue. VOUS ÊTES DE GRANDS<br />
MALADES !<br />
Est-ce que J.M.C. est ton père (pas envie d’attendre<br />
l’épisode 5 pour le savoir) ?<br />
Rien ne prouve le contraire, en effet.<br />
Depuis combien de temps es-tu en couple avec Gurren-<br />
Vegan (lui même en couple avec sa gourde) ? Pas facile<br />
à gérer non ?<br />
#OnEstEnsemble<br />
Où est-ce que tu trouves tes protéines ?<br />
J’ai une réponse mais elle ne va pas te plaire...<br />
J’y suis pour rien, c’est eux qui m’ont choisi, pas l’inverse.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
28
Véganisme et TCA<br />
(Troubles du Comportement Alimentaire)<br />
29<br />
L’être humain est un paradoxe, il est complexe et contradictoire.<br />
Peut-on tous et toutes devenir véganes ? Peut-on<br />
définir le véganisme comme une finalité figée à atteindre<br />
pour avoir le droit de se considérer comme défenseur d’un<br />
mouvement antispéciste ou est-ce plutôt un processus<br />
de réflexion menant à réaliser des actions politiques concrètes<br />
en constante évolution au fur et à mesure de nos<br />
remises en question ? Certaines personnes semblent avoir<br />
plus de facilités que d’autres pour amorcer ce changement<br />
ou du moins se sentiront plus légitimes de défendre la<br />
cause animale en rapport avec leur relation à la nourriture.<br />
C’est pourquoi j’ai envie de parler aujourd’hui de quelque<br />
chose qui me concerne : les TCA, soit ici, l’hyperphagie à<br />
tendance boulimique.<br />
Le spécisme commis par des pulsions alimentaires semble<br />
être différent du spécisme carniste en réponse aux<br />
conditionnements sociaux. Le résultat est à priori le même<br />
mais les contextes sont différents. Les raisons qui poussent<br />
l’être humain à être spéciste se déterminent en deux<br />
catégories (non-exhaustives) : une zone de confort et une<br />
zone de non-choix. La personne dans la zone de confort<br />
ne souhaite pas être perturbée dans ses habitudes, ne<br />
veut pas être bousculée dans son plaisir gustatif alors que<br />
la zone de non-choix est subie par la personne comme<br />
quelque chose qui la dépasse totalement et dont elle se<br />
sent réellement impuissante. Nous sommes souvent conscients<br />
du problème mais nous avons parfois l’incapacité<br />
de mettre en action nos valeurs ; notre sens de l’intégrité<br />
est donc remis en question. Finalement, peut-être serait-ce<br />
un moyen de nous soustraire à nos responsabilités ? S’en<br />
suit la spirale infernale et autodestructrice de la culpabilité<br />
qui nourrit ce cercle de violence qui nous pousse à critiquer<br />
les non-véganes.<br />
Ne l’alimentons plus ! Le véganisme ne se réduit pas qu’à<br />
l’alimentation.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
La critique des non-véganes est la plupart du temps un<br />
tabou, une honte dont on ne voudrait surtout pas parler ;<br />
mais c’est aussi un énorme stress à gérer, cette impression<br />
d’être un imposteur. Cela nous renvoie à notre égo<br />
fragile, à notre sensibilité si exacerbée qu’elle semble avoir<br />
plus d’importance que le meurtre et l’exploitation de milliers<br />
d’autres êtres sentients. Je souffre de dissonance cognitive<br />
tout en étant conscient de ce même mécanisme. Tout<br />
se passe dans un instant de déconnexion où les pulsions<br />
primaires et l’instinct de survie effacent de ma mémoire<br />
les comportements problématiques pour qu’ils deviennent<br />
plus facilement acceptables.<br />
Il est important de mesurer la volonté d’une personne à<br />
changer, car nous ne connaissons pas forcément la personne<br />
qui se trouve en face de nous, on ne connaît pas<br />
sa vie, ses problèmes et il/elle n’a pas forcément envie de<br />
se livrer ou de se faire donner des leçons de morale qui<br />
lui seront inutiles, puisque la personne est en mesure de<br />
comprendre par elle-même les tenants et les aboutissants<br />
de ses actes. Quand bien même il existerait une raison à<br />
ce manque de volonté. Il semble donc préférable de rester<br />
centré sur le sujet principal et non sur le jugement d’une<br />
personne en soulignant sa non-appartenance au mouvement.<br />
Le sentiment d’exclusion dans cette société est très<br />
présent sous diverses formes et ce sentiment peut être<br />
vécu violemment par la personne concernée. Il y a des<br />
souffrances engendrées qui dépendent de nos perceptions<br />
et de l’apparence et puis d’autres qui semblent invisibles<br />
et pourtant, elles sont bien réelles, nous n’avons pas à les<br />
dénier.<br />
Il est aussi important de rappeler qu’on ne peut pas être<br />
parfaitement végane dans une société spéciste. Rien que le<br />
fait d’acheter des produits marqués par “peut contenir des<br />
traces de” prouve que les produits achetés de base végane<br />
impliquent aussi de financer des produits issus de l’exploitation<br />
animale. On finance indirectement une entreprise
qui tue ou qui exploite puisque la production et la distribution<br />
fonctionnent par réseau et qu’il suffit d’une seule étape<br />
qui ne soit pas entièrement végane pour que la question se<br />
pose sur la fiabilité du mouvement. Sommes-nous en train<br />
de nous voiler la face ou le véganisme abolitionniste n’est<br />
finalement qu’un petit pas vers l’abolition ? Si le véganisme<br />
abolitionniste connaît ses limites, serait-il donc préférable<br />
de tenter de l’améliorer et de le faire évoluer plutôt que de<br />
choisir de défendre d’autres idéologies réalisables mais<br />
non pertinentes ? Puisque le but à atteindre ne doit pas être<br />
figé mais est voué à progresser selon nos possibilités, cela<br />
ne doit pas nous empêcher d’y réfléchir dès maintenant.<br />
Ce sont nous, humains et humaines, qui définissons finalement<br />
les frontières de ce qu’est ou non le véganisme et le<br />
“au mieux” peut varier selon les individus. Le véganisme ne<br />
doit pas être anthropocentré et pourtant, il ne doit pas oublier<br />
que l’humain restera limité par ses conditionnements et<br />
ses perceptions, ce qui rend la tâche plus difficile.<br />
Où se place le véganisme abolitionniste dans le cadre d’une<br />
convergence des luttes – soit d’une lutte contre l’antispécisme<br />
en lien avec d’autres luttes intra-espèces notamment<br />
contre la grossophobie ?<br />
Les personnes qui cherchent à faire culpabiliser celles<br />
comprendre le cheminement de l’individu concerné, s’obstiner<br />
est vain. La personne est capable de comprendre. A<br />
chacun et chacune de faire sa part. Chacun de son côté<br />
peut apporter les efforts nécessaires pour une meilleure<br />
communication. Nous n’avons pas la nécessité de tomber<br />
dans l’injonction et l’instrumentalisation de la “pédagogie”.<br />
Nous n’avons pas besoin d’en faire un reproche mais nous<br />
avons la possibilité d’en faire une approche. Nous sommes<br />
libres de choisir, de prendre en compte cette force en la<br />
mettant en application ou en proposant cette vision à l’autre.<br />
Défendre une cause se rapprocherait plutôt du fait d’être<br />
assez à l’écoute pour comprendre ou du moins rester<br />
assez ouvert et attentif à tous les mécanismes qui engendrent<br />
une problématique et prendre connaissance du contexte,<br />
commencer à explorer et proposer une démarche<br />
pour mettre en application des alternatives pour résoudre<br />
le dysfonctionnement.<br />
La plupart du temps, le fait de juger une personne sans le/la<br />
connaître revient à perpétuer soi-même une oppression ou<br />
une discrimination, au lieu d’observer avant d’agir. Cependant,<br />
cette prise en considération peut aussi faire avancer<br />
un raisonnement en prenant en compte une nouvelle vision<br />
de la situation. C’est une opportunité non négligeable<br />
et une ouverture vers l’amélioration et le changement.<br />
Crédit: Peta. Campagnes d’affichage.<br />
«Sauvez les baleines. Perdez votre gras : devenez véganes.»<br />
«Disparu, comme tous les kilos perdus par les gens devenus<br />
véganes»<br />
«Ne payez pas pour deux places. Devenez véganes.»<br />
avec un TCA ne comprennent pas qu’ils/elles nourrissent<br />
l’origine qui pousse la personne à agir ainsi, donc ils/elles<br />
n’aident ni la personne ni la cause animale. Peut-on alors<br />
tenter de défendre diverses causes sans opprimer quelqu’un<br />
de manière collatérale ?<br />
Défendre une cause, justement, ce n’est certainement<br />
pas répondre à tels ou tels critères pour avoir l’image du<br />
militant irréprochable. Ce n’est pas un concours du plus<br />
vertueux, du plus intègre. Ce n’est pas imposer à quelqu’un<br />
de faire comme ceci ou comme cela sans qu’il/elle n’en<br />
comprenne le sens mais c’est avant tout l’informer, lui expliquer<br />
pourquoi, lui donner à réfléchir. Personne ne peut<br />
“<br />
Donne-moi le courage<br />
de changer les choses que<br />
je peux changer, la sérénité<br />
d’accepter celles que je ne<br />
peux pas, et la sagesse d’en<br />
distinguer les deux.<br />
Marc Aurèle<br />
“<br />
Auteur : @Zaiel Crff<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
30
conseils pour rester zen<br />
6lors d’un débat sur le véganisme<br />
Étant partisane de la non-violence, qu’elle soit verbale ou physique, je suis de celles et ceux qui sont<br />
convaincu(e)s qu’un discours informatif et respectueux porte bien plus de fruits qu’un discours<br />
agressif et moralisateur. De celles et ceux qui pensent qu’on peut très bien rester ferme sur ses positions<br />
tout en faisant preuve de bienveillance et de compréhension face à un interlocuteur qui n’a pas<br />
le même avis sur la question.<br />
Ça bien sûr, c’est la théorie. En pratique, c’est loin d’être aussi simple. Il faut parfois faire preuve d’une<br />
grande force mentale pour rester zen face à un carniste de mauvaise foi invoquant le cri de la carotte,<br />
un pote qui commande une entrecôte saignante après avoir regardé Cowspiracy, ou un troll faisant<br />
une distribution gratuite d’insultes sur Twitter. Une épreuve de chaque instant, tellement la tentation<br />
de péter un câble peut être forte face à l’indifférence quasi-générale de notre société pour la cause<br />
animale.<br />
Dans ces cas-là, quand je suis sur le point d’exploser en plein vol, je me rappelle six choses pour garder<br />
calme et espoir dans ce monde de brutes.<br />
31<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
1Il fut un temps où j’ai moi aussi<br />
mangé de la viande et du fromage<br />
2 celui<br />
J’ai été carniste pendant les 24 premières années de ma<br />
vie. 24 ans pendant lesquels je ne me suis pas vraiment<br />
posée la question de savoir comment étaient produit cette<br />
tranche de jambon ou ce sac en cuir. A partir de là, qu’estce<br />
qui me donne le droit de juger les personnes qui n’ont<br />
pas non plus fait l’effort de se renseigner sur les coulisses<br />
de l’élevage industriel ? Qui n’ont aucun végéta*ien/végane<br />
dans leur entourage pour les informer ?<br />
De plus, je suis devenue végétarienne il y a environ quatre<br />
ans un peu par hasard, et végane deux ans plus tard. Le ratio<br />
années végane/années carnistes est donc relativement<br />
bas. Mais bizarrement, j’ai un peu oublié ces « années<br />
d’avant », qui me paraissent désormais bien lointaines.<br />
Occulté aussi le fait que je ne suis pas devenue végane<br />
du jour au lendemain, et que je répétais souvent à mes<br />
proches, comme pour les rassurer : « je suis végétarienne<br />
MAIS je bois du lait et je mange des œufs. Non non, pas<br />
végane, faut pas abuser non plus ».<br />
Et pourtant, malgré cela, je me surprends encore parfois à<br />
penser au sujet d’un végétarien « mais punaise, pourquoi il<br />
devient pas végane ? Il est sensibilisé à la cause pourtant,<br />
bordel. ». Gros syndrome de mémoire courte.<br />
Ne compare pas ton parcours à<br />
des autres<br />
Au début de mon militantisme, j’ai eu tendance à comparer<br />
les autres avec mon propre parcours. Étant devenue<br />
végétarienne très rapidement, je me disais : « Puisque je l’ai<br />
fait, c’est bien que c’est possible, non ? Pourquoi les gens ne<br />
font pas comme moi ?». Du coup, j’éprouvais de la colère, de<br />
la frustration et de la rancœur envers ceux qui, autour de<br />
moi, ne suivaient pas mon exemple.<br />
Et puis j’ai réalisé qu’une personne devenue végane du jour<br />
au lendemain aurait très bien pu avoir la même réflexion à<br />
mon sujet lorsque j’étais végétarienne, moi qui ai mis deux<br />
ans à bannir les produits laitiers de mon frigo (fromage<br />
quand tu nous tiens). Cette personne aurait, elle aussi, pu<br />
se dire : « Attends, si j’ai mis un jour, elle aussi pourrait le<br />
faire, non ? »<br />
Au final, il y a autant de parcours qu’il y a de véganes. On<br />
jugera toujours quelqu’un comme « peut mieux faire », en<br />
oubliant que nous sommes nous-même le « peut mieux<br />
faire » de quelqu’un d’autre. Si vous êtes devenu végane du<br />
jour au lendemain, vous trouverez que quelqu’un qui met<br />
un an, c’est long. Si vous avez mis un an, vous trouverez<br />
que trois ans c’est long. Si vous avez mis trois ans, vous<br />
trouverez que 10 ans c’est long, et ainsi de suite.<br />
Changer ses habitudes peut<br />
prendre du temps...3<br />
Plus le changement est conséquent dans la vie de tous<br />
les jours, plus il risque d’être long à instaurer. Il y a un an,<br />
j’ai entamé une démarche de réduction drastique de mes<br />
déchets plastiques, démarche qui m’apparaissait comme<br />
la continuité du véganisme. Moins de plastique dans<br />
l’océan, c’est préserver la vie marine. J’ai donc troqué mes<br />
bouteilles de shampoings, gels douches et déos par des<br />
cosmétiques solides. Puis, plus récemment, j’ai commencé<br />
à faire mes propres produits ménagers, moi qui<br />
considérais il n’y a pas si longtemps encore cela comme<br />
un truc de bobos parisiens. Ces mois étaient nécessaires<br />
pour que l’idée fasse son cheminement et arrive à maturité.<br />
Si on m’avait dit au premier jour de ma réflexion qu’il<br />
fallait que je change toutes mes habitudes et applique les<br />
conseils de Béa Johnson à la lettre, j’aurais probablement<br />
baissé les bras tout de suite. Le décalage entre mon point<br />
de départ et le but à atteindre me serait apparu comme<br />
une montagne insurmontable.<br />
Pareillement, devenir végane peut nécessiter une période<br />
d’adaptation plus ou moins longue en fonction des individus.<br />
Période durant laquelle une personne apprend à faire<br />
ses courses différemment, se renseigne sur les sources de<br />
protéines végétales, teste de nouvelles recettes et restos,<br />
s’informe sur les produits labellisés cruelty-free, etc. Je me<br />
répète qu’il est normal qu’elle se pose les mêmes questions<br />
que je me suis posées à l’époque. Qu’elle tâtonne et<br />
cherche ses marques avant de poser ses valises sur un<br />
nouveau terrain de jeu.<br />
Il est bien sûr injuste que des millions d’animaux aient<br />
à payer le prix de notre lenteur à sortir de notre zone de<br />
confort. Mais la bonne nouvelle c’est que plus il y aura de<br />
véganes, plus il y aura d’offres véganes. Plus il y aura d’offres<br />
véganes, plus il sera facile et rapide de devenir végane.<br />
Les précurseurs sont toujours ceux qui ont le plus de<br />
difficultés.<br />
...Et nous ne sommes pas tous<br />
égaux face au changement 4<br />
Si j’ai appris une chose durant ces quelques années de<br />
mili tantisme, c’est bien cela : la capacité à changer et à<br />
s’adapter varie considérablement d’une personne à une<br />
autre. Certaines trouvent le changement excitant et l’accueillent<br />
à bras ouverts ; d’autres y sont récalcitrantes et<br />
trouvent leur confort dans l’immobilisme. Certains sauteront<br />
au plafond si on leur dit qu’ils sont mutés à l’étranger,<br />
pour d’autres c’est leur monde qui s’écroule. Bien évidemment,<br />
dans cet exemple délibérément simplifié, il ne s’agit<br />
pas d’un choix éthique, c’est donc beaucoup plus facile.<br />
Cependant, la dynamique sous-jacente reste la même.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
32
Ce n’est ni une question de sexe, d’âge ou de catégorie socio-professionnelle<br />
(même si cela peut jouer), mais plutôt<br />
un trait de caractère ou une aptitude.<br />
Qu’on se le dise : être végane et l’assumer en société,<br />
c’est faire preuve d’une grande force de caractère,<br />
dont tout le monde n’est pas capable. Les potentielles<br />
conséquences qu’entraîne le véganisme sur notre vie sociale<br />
peuvent rebuter plus d’une personne pourtant convaincue<br />
par la portée éthique de ce choix. Si Raoul arrive<br />
peut-être très bien à faire face à la pression sociale et se<br />
foutre des qu’en dira-t-on, ce n’est peut-être pas le cas de<br />
Jeanne, tétanisée à l’idée d’être rejetée par ses pairs. Raoul<br />
aura probablement plus de facilités à s’adapter à la nouvelle<br />
donne, tandis que Jeanne mettra des mois, des années,<br />
voire ne franchira peut-être jamais le pas.<br />
Bien sûr, cela n’explique pas tout (et ne veut pas non plus<br />
dire que Jeanne ne peut pas devenir végane du jour au lendemain),<br />
mais c’est du moins l’un des facteurs d’explications<br />
à garder en tête.<br />
5Ne sous-estime pas la graine<br />
de réflexion<br />
C’est fatiguant, frustrant, usant de répéter les mêmes choses<br />
encore et toujours devant des gens qui s’en foutent.<br />
Je ne compte plus les fois où je me suis dit que le combat<br />
était perdu d’avance ou que j’ai pleuré de découragement.<br />
Mais même dans ces moments de ras-le-bol intense, je<br />
continue à informer, à en parler à qui veut bien écouter. Car<br />
j’ai conscience que ce n’est pas en une soirée que je vais<br />
convaincre quelqu’un de devenir végane, mais j’aurai au<br />
moins planté une graine. Une graine de réflexion qui germera<br />
dans un jour, dix jours, un an, peut-être même jamais,<br />
ou plus tard au contact d’un autre planteur de graines qui<br />
aura utilisé d’autres mots, d’autres leviers, d’autres arguments,<br />
un meilleur timing, ou que sais-je encore.<br />
Gardez en tête cela : dès que nous parlons d’éthique animale,<br />
de véganisme ou d’antispécisme, nous plantons<br />
des graines. Ne sous-estimez jamais cette graine, même<br />
si vous n’en voyez pas immédiatement les fruits. Récemment,<br />
je me suis indignée sur Facebook en constatant<br />
qu’une photo cute (comprendre : un chaton ou un bébé) sur<br />
mon wall obtient facilement 200 likes, alors qu’une vidéo<br />
sur la souffrance qu’endurent les poules pondeuses peine<br />
à atteindre 3 pauvres likes (tous de copains végétariens qui<br />
plus est). À l’inverse, un de mes contacts, qui n’avait encore<br />
jamais commenté une de mes publications, est alors<br />
sorti de son silence pour dire qu’il avait réduit de 70% sa<br />
consommation de viande en lisant mes posts. Combien y<br />
en a-t-il d’autres comme lui dans vos contacts Facebook ?<br />
Dans votre entourage ? Dans la rue ?<br />
Alors continuons à planter des graines. Selon moi, c’est en<br />
restant respectueux que la graine aura le plus de chance<br />
de germer. Alors je m’efforce de garder mon calme, même<br />
si ce n’est pas toujours simple.<br />
Tu ne connais pas le potentiel<br />
d’évolution d’une personne 6<br />
S’il ne faut en retenir qu’un point, c’est celui-ci. Je suis<br />
souvent tombée dans l’écueil du jugement hâtif, sans connaître<br />
une personne. Si je lui parlais du sort des animaux<br />
et qu’elle y montrait peu d’intérêt, je la mettais automatiquement<br />
dans ma tête dans la catégorie “égoïste”, sans<br />
connaître ni son histoire, ni ses difficultés, ni sa situation, et<br />
encore moins son potentiel d’évolution.<br />
Si une personne n’est pas prête à changer maintenant,<br />
cela ne signifie pas qu’elle ne changera jamais. Les<br />
exemples de reconversion improbables de personnes<br />
auparavant au cœur du système – et qui aujourd’hui le<br />
dénoncent – nous prouvent que tout le monde peut évoluer<br />
; nous ne savons tout simplement pas si cela arrivera, ni<br />
quand. A l’instar de Howard Lyman, cet ancien agriculteur<br />
américain devenu végane. Ou ces travailleurs d’abattoirs<br />
se forçant à travailler chaque jour pour tourner des images<br />
en caméra cachée. Sans même aller jusque-là, dans votre<br />
environnement proche se trouvent certainement des personnes<br />
sur qui vous n’auriez pas parié un euro, et qui vous<br />
annoncent un jour qu’elles ont arrêté de manger de la viande.<br />
Quand j’étais petite, je suis allée voir une corrida. On ne m’a<br />
pas forcée, j’ai demandé à ma mère de m’y amener par<br />
“curiosité”. Je me rappelle avoir ressenti un certain malaise<br />
devant ce macabre spectacle. Avoir éprouvé de la peine<br />
pour le taureau mis à mort. Et puis, j’ai mis cela de côté et<br />
n’y ai plus trop pensé. A l’époque, si un militant anti-corrida<br />
s’était tenu à l’entrée de l’arène, il aurait probablement<br />
insulté ma mère et n’aurait certainement pas prédit une<br />
seconde qu’une vingtaine d’années plus tard, sa fille deviendrait<br />
une fervente militante de la cause animale.<br />
Alors que je termine la rédaction de cet article, je tombe sur<br />
cette citation particulièrement à propos, qui sera donc mon<br />
mot de la fin !<br />
“<br />
Soyez toujours le végane<br />
que vous auriez aimé rencontrer<br />
quand vous ne l’étiez pas<br />
encore.<br />
“<br />
Auteur : La Carotte Masquée<br />
www.la-carotte-masquee.com<br />
33<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
CHEZ FLEURY MICHON...<br />
Crédit Photo: Utopies.<br />
Chez Fleury-Michon, on a senti le filon. C’est qu’on n’est<br />
pas con, chez Fleury Michon, et que même s’il n’est pas<br />
bon, on veut le vendre notre cochon !<br />
Alors on a décidé de vous prendre pour des cons, chez Fleury-Michon.<br />
M’enfin, ça n’est pas comme si c’était nouveau.<br />
Et pour vous faire acheter notre jambon, on vous a pondu<br />
une bien jolie publicité. Toute pleine de jolis paysages, de<br />
tendresse, et de mensonges. Comme on a l’habitude, quoi !<br />
C’est émouvant, non ? Ne vous en faites pas, la fratrie est<br />
réunie dans une petite pièce chauffée. On aurait aussi pu ne<br />
pas les séparer du tout de leur mère mais ça, on ne vous le<br />
dira pas, on n’est pas fou, on veut vendre on vous rappelle<br />
! On ne vous parlera pas non plus des cris et des pleurs de<br />
la mère. Ce n’est pas vendeur.<br />
Puis on vous montrera ça :<br />
D’abord on vous présente Roland, qui élève des porcs pour<br />
nous. Est-ce que Roland existe vraiment ou est-ce que<br />
c’est un acteur ? C’est une chose que vous ne saurez jamais.<br />
Il vous explique que les cochons sont élevés sans O.G.M. et<br />
sans antibiotiques. C’est plutôt chouette ça, non ? Aaaaah,<br />
on est top, chez Fleury-Michon. La santé, c’est important !<br />
Les droits des animaux par contre, on s’en fiche un tout petit<br />
peu. En fait, on en a carrément rien à foutre. On va même<br />
vous remettre une petite couche de dissonance cognitive :<br />
Roland va vous dire que « un cochon c’est curieux et joueur<br />
». Il faut bien qu’on vous fasse entrer dans le crâne que<br />
c’est normal de tuer un être vivant, même s’il a les capacités<br />
cognitives d’un enfant de trois ans.<br />
Mais rassurez-vous, on n’est pas des monstres quand<br />
même. Par exemple, au moment de la séparation des petits<br />
d’avec leur mère : « C’est une période pour eux qui peut être<br />
un peu traumatisante » dit Roland. Un peu, seulement ? Il<br />
prend un petit ton, comme ça, on dirait qu’il a mal au cœur.<br />
On vous fera croire que c’est normal qu’une mère doive<br />
allaiter à travers des barreaux. Ils font comme ça dans la<br />
nature aussi, non ? J’aurais dû tester avec ma fille, ça a<br />
vraiment l’air top !<br />
Ah, dernières choses : s’ils reçoivent des antibiotiques, ils<br />
sont écartés de la filière. C’est bien dit, hein ? On est assez<br />
fiers de celle-ci. « Envoyés à l’abattoir », ça ne le faisait<br />
pas trop, nous on est un peu plus poètes, voyez-vous. On<br />
omett ra aussi de vous dire que seulement 1% des cochons<br />
sont élevés en plein air en France. Les 99 % restant, c’est de<br />
l’élevage de masse, autrement dit rien à voir avec ce qu’on<br />
vous décrit dans la vidéo.<br />
Alors comme on aime bien la franchise chez nous, on a<br />
changé notre slogan : « Chez Fleury-Michon, on aime vous<br />
prendre pour des cons. ». Et ça, pas besoin d’aller vérifier.<br />
Auteur : @noitasilagel<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
34
Vegan trip aux !<br />
Ayant pris mon courage à deux mains pour<br />
affronter le pays du hamburger, j’ai tenté le<br />
véganisme des États-Unis. Je me suis rendue<br />
à l’est, dans l’état du Massachusetts.<br />
À ma grande surprise, durant les trois semaines<br />
du voyage, j’ai pu réaliser qu’être<br />
végétalien est plus simple qu’en France sur<br />
certains points. En effet, des produits véganes<br />
sont disponibles en grande surface,<br />
et en plus importante quantité que partout<br />
où j’ai pu aller auparavant. Par exemple, on<br />
trouve différents types de fromages végétaux<br />
: certains à faire fondre, des râpés ou en<br />
tranches, d’autres encore à tartiner. Il existe<br />
en fait une certaine variété de porn food végane,<br />
à l’image du pays.<br />
J’ai été très surprise de voir des pizzas sans<br />
aucun produit d’origine animale au rayon des<br />
surgelés. Il est d’ailleurs plus facile et rapide<br />
de détecter un aliment végétalien, car l’aspect<br />
végane d’un aliment est souvent mis en<br />
avant, grâce à un « V » ou un « Cruelty Free »<br />
sur l’emballage. Je n’ai eu aucune mauvaise<br />
surprise avec ce genre d’indications sur les<br />
produits alimentaires.<br />
J’ai pu remarquer aussi que la nourriture végane,<br />
pour tout ce qui est des similis, est très<br />
réussie, notamment les imitations de produits<br />
laitiers ! J’ai essayé des yaourts de soja<br />
qui étaient bien plus crémeux et consistants<br />
que ceux que j’ai l’habitude de<br />
consommer. Je les ai fait tester<br />
par un non-végane pour<br />
avoir un avis le plus objectif<br />
possible, et il m’a confirmé<br />
que ces yaourts n’avaient rien à<br />
voir avec les desserts français<br />
type crème ressemblant à du<br />
gel. Pareillement pour les fromages,<br />
qui coulent et sentent<br />
fort après un court passage au<br />
micro-ondes. Le résultat est<br />
bluffant !<br />
Dans les magasins nord-américains,<br />
on croise toujours des<br />
desserts presque prêts à enfourner,<br />
dont il manque, selon la recette illustrée<br />
au dos du paquet, les œufs, le lait et<br />
l’huile. Cependant, il est également précisé<br />
que des substituts adéquats conviennent à<br />
la préparation d’un brownie ou de muffins. Je<br />
trouve le concept sympathique, et même s’il<br />
existe aussi en France, il est plus développé<br />
aux USA et pratique pour les personnes<br />
ayant peu de temps pour cuisiner. D’autres<br />
points positifs viennent s’ajouter à ceux-là<br />
comme l’existence de lieux de restauration<br />
35<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
apide végane. Une chaîne de petits restaurants<br />
véganes « The Green Light » vendant<br />
smoothies, sandwiches et desserts est en<br />
train de se développer à Marshfield et ses<br />
alentours. Une de ces boutiques distribue<br />
près de la mer, ce qui est vraiment agréable<br />
pour ceux qui veulent déjeuner sur la plage,<br />
ou se rafraîchir durant les après-midis d’été<br />
états-uniens, chauds et humides. Même les<br />
commerces n’étant pas exclusivement véganes<br />
(les glaciers en majorité) proposent<br />
très fréquemment des alternatives « dairy<br />
free ». Et le fait que<br />
ce soit revendiqué<br />
par des affichages<br />
sur les vitrines est<br />
vraiment plaisant à<br />
voir en plus d’être<br />
pratique. De même,<br />
les plats végétariens<br />
sont souvent<br />
indiqués, ça facilite<br />
les commandes si<br />
on ne se débrouille<br />
que moyennement<br />
en anglais et que<br />
le nom de certains<br />
ingrédients nous<br />
échappe. Ainsi, simplement vérifier qu’il n’y<br />
ait pas d’œufs ou de fromage est plus accessible<br />
d’un point de vue linguistique. Dans<br />
quelques bars, les plats totalement véganes<br />
sont aussi mis en valeur.<br />
Mais s’il y a des points positifs, il y en a aussi<br />
de moins bons. Les consommateurs américains<br />
étant différents des français, les produits<br />
que l’on peut trouver habituellement<br />
chez nous ne sont pas aussi représentés en<br />
grande surface américaine. On peut être déçus<br />
de ne retrouver qu’une seule marque de<br />
yaourts de soja (soit trois parfums) dans un<br />
rayon pourtant énorme. L’immensité de tout<br />
complique également les choses. Car tout<br />
est grand, les maisons, les voitures, les portions<br />
de nourriture … et les distances. Rien<br />
n’est accessible sans avoir à prendre le volant.<br />
Alors pour se rendre dans les magasins<br />
spécialisés, on doit conduire parfois un certain<br />
temps et polluer par la même occasion.<br />
Les américains ont une vision particulière de<br />
l’écologie, mais c’est un autre sujet. L’autre<br />
vrai inconvénient auquel j’ai eu à faire face<br />
est l’information mensongère et le manque<br />
de clarté. Il faut toujours faire attention aux<br />
ingrédients, et même si le packaging d’un<br />
produit crie « veggiiiie », il va falloir lire les<br />
petites lignes d’ingrédients afin de s’assurer<br />
du contenu de ce dernier. Ce terme désigne<br />
souvent un produit végétarien et non végétalien.<br />
Et si les sigles déterminant qu’un produit<br />
est végane ne sont pas clairement inscrits,<br />
il faut vérifier, comme partout ailleurs. Mais<br />
même ce système a ses limites. J’aimerais terminer<br />
par les cosmétiques. Dans les centres<br />
de beauté comme en grandes surfaces, une<br />
grande partie d’entre<br />
eux ne sont pas testés<br />
sur les animaux. Et<br />
en cherchant un peu,<br />
on en trouve plusieurs<br />
certifiés 100% véganes.<br />
Mais j’ai voulu<br />
le confirmer, en choisissant<br />
un produit au<br />
hasard. J’ai été étonnée<br />
de trouver des<br />
éléments issus d’animaux<br />
dans la composition<br />
d’un soin pour<br />
les cheveux soit disant<br />
végane. Il faut donc<br />
prendre garde aux étiquettes.<br />
Globalement, le véganisme semble plus répandu<br />
dans les coins que j’ai visités qu’en<br />
France car même dans des petites villes<br />
telles que Marshfield, on trouve des restaurants<br />
spécifiquement véganes. Il faut avouer<br />
que disposer d’autant de nouveaux produits<br />
véganes est très intéressant, et que les restaurants<br />
veggies manquent cruellement aux<br />
villes secondaires françaises. Mais l’avance<br />
des États-Unis sur ce point est superficielle<br />
et si les commerces véganes continuent de<br />
se développer en France, on les aura vite rattrapés.<br />
Auteur : NiriMitsu<br />
Sources images :<br />
Pizza vegane : flickr - Veganbaking.net<br />
Yaourts véganes : healthfulpursuit.com<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
36
Mort bestiale<br />
Un cri déchira le silence de mort qui régnait dans le bâtiment,<br />
se répercutant sur ses murs d’acier glacé. Un cri,<br />
un râle, une agonie, repris immédiatement en écho par<br />
une dizaine d’autres complaintes aux consonances insupportables.<br />
Puis le silence retomba, tel un linceul jeté<br />
sur un cadavre pourrissant. Je lançais un regard entre<br />
les barreaux, qu’un de mes compagnons d’infortune<br />
me rendit de la cellule en face, livide. Un regard muet,<br />
terrorisé. Nul besoin de mots, nous ne savions que trop<br />
bien ce que le sort nous réservait.<br />
L’odeur pestilentielle de ma cage me donna un hautle-coeur<br />
de dégoût. Quand bien même je moisissais ici<br />
depuis bientôt une journée entière, je ne parvenais pas<br />
à m’y faire ; cet endroit suintait d’une odeur nauséeuse<br />
de mort par tous ses interstices. Depuis que le camion<br />
nous avait déchargés, puis que l’on nous avait traînés à<br />
coup de triques dans ce compartiment, nous étions là,<br />
entassés les uns sur les autres, sans eau ni nourriture,<br />
attendant seulement l’heure de notre mort. Mes camarades<br />
de cellule portaient les stigmates des coups reçus,<br />
certains ayant même été meurtris durement dans<br />
la cohue, tombant les uns sur les autres pour éviter les<br />
coups, se coinçant des membres entres les plaques<br />
de la plate-forme nous faisant descendre du camion.<br />
Quelques lamentations, quelques gémissements de<br />
douleur, ponctuaient de temps en temps le silence pesant<br />
de notre attente.<br />
mort. Puis nous arrivâmes dans une autre salle de ce<br />
bâtiment immense et glacial, où l’on nous “invita” à entrer<br />
dans une nouvelle cage. Celle-ci était minuscule,<br />
étroite, et nous étions vraiment entassés, oppressés, et<br />
stressés par la suite des événements. Mais l’attente ne<br />
dura pas. La cage se mit à vibrer, et à descendre, doucement.<br />
Puis se stabilisa.<br />
Une odeur forte se fit sentir, emplissant mes narines,<br />
puis mes bronches. L’air vint à me manquer, je respirais<br />
à grandes inspirations mais cela ne faisait que me brûler<br />
les poumons. Autour de moi tous criaient et gesticulaient<br />
en tous sens. Alors je criais aussi, du plus fort que<br />
je pus, jusqu’à en perdre connaissance.<br />
Une douleur aiguë me réveilla brusquement. J’étais<br />
pendu, la tête en bas, et mes compagnons – quant à<br />
eux inconscients – étaient dans la même position à<br />
mes côtés, formant une longue chaîne de chair. Et de<br />
sang. Celui-ci s’écoulait à gros bouillons de la carotide<br />
de mon voisin, et je sentis la lame me perforer la chair.<br />
Je me débattis, mais l’homme avait l’habitude, et mon<br />
sang s’écoula bientôt le long de mon cou, dégoulinant<br />
dans ma bouche. Je perdais peu à peu mon énergie,<br />
puis mes forces me quittèrent. Et mon esprit s’éteignit<br />
sur la vision de mon compagnon se faisant trancher net<br />
en deux, de la queue au groin...<br />
Puis notre grille s’ouvrit. Certains s’approchèrent, hésitants,<br />
quand deux hommes entrèrent pour nous faire<br />
sortir, à renfort de coups et de chocs électriques. Nous<br />
courions, nous jetant les uns sur les autres pour éviter<br />
les coups, suivant en toute hâte le chemin de notre<br />
37<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
38
KIM DECARY<br />
Comment t’appelles-tu, d’où viens-tu et quel est ton<br />
parcours dans la vie ?<br />
Kim Décary, j’ai 25 ans, je viens du Québec.<br />
Depuis que je suis toute petite j’ai toujours su que je<br />
voulais être entrepreneure, par contre, j’ai mis beaucoup<br />
de temps à trouver et décider ce que je voulais<br />
faire de ma vie. J’ai d’abord fait mon diplôme en photographie<br />
et ensuite j’ai travaillé comme assistante pour<br />
un grand photographe de Montréal. Après coup, j’ai<br />
déménagé à Québec avec mon copain (car il est rentré<br />
dans l’armée) où j’ai fait de la photo aérienne pendant<br />
un an. Ensuite, j’étais épuisée de toujours être loin de la<br />
maison et de mon horaire chaotique, j’ai donc décidé de<br />
me trouver un autre travail.<br />
J’ai été conseillère en vente de voitures chez Toyota<br />
pendant peu de temps, pour me rendre compte que ce<br />
n’était pas du tout un monde dans lequel je me sentais<br />
bien.<br />
J’ai pris un petit job pendant une autre année pour finalement<br />
me lancer à mon compte. Depuis, j’ai fait des<br />
sites web, j’ai ouvert ma boutique Love Over Blood, je<br />
fais du forex trading et je travaille aussi sur un nouveau<br />
projet végane que j’ai très hâte de lancer.<br />
Pourquoi et comment es-tu devenue végane ?<br />
À l’époque où j’habitais encore à Montréal et que j’étais<br />
assistante photographe, mon copain venait tout juste<br />
de commencer ses cours militaires, alors il n’était pas<br />
souvent à la maison. Mes amies venaient juste de m’annoncer<br />
qu’elles devenaient végétariennes. Ça a été suffisant<br />
pour créer mon étincelle. J’ai passé toute la soirée<br />
du Superbowl 2013 à écouter tous les vidéos à saveur<br />
«Je ne regretterai jamais<br />
d’avoir pris la décision de<br />
faire face à une vérité [...]<br />
car c’est là que pour moi, ma<br />
vie a vraiment commencé à<br />
prendre tout son sens. »<br />
végane sur Netflix. Et c’est vraiment là que j’ai réalisé<br />
que je voulais devenir végétarienne pour commencer et<br />
que je savais que mon but ultime était d’être végane.<br />
Quand j’ai annoncé ça à mon copain, il était vraiment<br />
choqué, disait qu’on ne pourrait plus faire<br />
de sorties, que ça serait l’enfer d’aller manger<br />
ailleurs, etc. Ça a été la seule fois où ça<br />
l’a vraiment fâché. Par la suite, il était ouvert,<br />
il goûtait à tout ce que je cuisinais et<br />
un an plus tard, il a décidé qu’il voulait enfin<br />
écouter tous les documentaires dont je lui<br />
avait tant parlé. Et puis il est devenu végé<br />
le lendemain! Maintenant, nos valeurs ont<br />
vraiment changé. Il quitte l’armée au mois<br />
d’octobre, et nous avons comme but de<br />
voyager, avoir nos business en ligne et faire<br />
grandir le «vegan lifestyle» partout à travers<br />
le monde !<br />
Je ne regretterai jamais d’avoir pris la décision<br />
de faire face à une vérité qu’aupara-<br />
39<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
vant j’avais inconsciemment choisi d’ignorer car c’est là<br />
que pour moi, ma vie a vraiment commencé à prendre<br />
tout son sens. J’ai enfin trouvé ce pour quoi je voulais<br />
me battre, ma passion, ce qui faisait de moi un être<br />
conscient et vibrant. Ça m’a permis d’évoluer spirituellement<br />
et d’être une meilleure version de moi-même.<br />
Pour moi, les animaux et la planète.<br />
Que fabriques-tu, comment et avec quoi ?<br />
Je fabrique des bijoux, colliers et bracelets avec le mot<br />
“vegan” que j’étampe à la main. J’utilise plusieurs matières<br />
dont des cristaux, de la chaîne, du bois, mais ma<br />
matière préférée est la corde de chanvre organique.<br />
Je me laisse inspirer par mon désir personnel, c’està-dire<br />
que je me questionne sur ce que moi j’aimerais<br />
porter et de quelle façon j’aimerais démontrer mon véganisme<br />
au monde qui m’entoure.<br />
Pourquoi et comment as-tu créé Love Over Blood ?<br />
Pourquoi ce nom ?<br />
Encore une fois, ça vient d’un désir personnel d’avoir<br />
un beau bijou personnalisé qui me permet d’exprimer<br />
mon lifestyle végane et comme je ne trouvais rien qui<br />
me correspondait à 100%, j’ai alors décidé de le créer<br />
moi-même. Et plus j’y pensais, plus je me disais qu’ouvrir<br />
ma propre boutique serait une excellente idée. Ça<br />
faisait un bout de temps que je cherchais une façon de<br />
partager mon message, d’aider les véganes à s’exprimer<br />
et à engager les conversations avec les autres. Je<br />
suis donc retournée fouiller dans mes outils pour faire<br />
des bijoux que j’avais depuis mon enfance. J’ai toujours<br />
été super créative et j’adorais créer des bijoux. C’était<br />
donc le mix parfait pour moi, combiner l’art et le végétalisme,<br />
je ne vois pas meilleure façon de faire passer<br />
mon message !<br />
Love Over Blood. C’est tout simplement parce que je<br />
crois que l’amour devrait passer avant tout. La mort des<br />
animaux n’est absolument pas nécessaire pour notre<br />
survie, nous en sommes la preuve vivante. Je crois aussi<br />
que toute autre forme de violence pourrait être infiniment<br />
réduite si on s’y prenait autrement. Si tout le monde<br />
reprenait un vrai contact avec la nature, les animaux et<br />
avec tous nos autres amis terriens, on reviendrait aux<br />
sources et on réaliserait qu’au plus profond de nous,<br />
tout ce que nous voulons c’est être heureux. L’amour est<br />
la forme d’énergie la plus puissante ! Le livre Le Pouvoir<br />
dans la série Le Secret de Rhonda Byrne a été une belle<br />
source d’inspiration pour mon nom d’entreprise.<br />
Qu’est-ce que tu aurais envie de dire aux omnivores<br />
qui nous lisent ?<br />
Pourquoi ne pas essayer le défi végane de 21 jours<br />
(http://ledefivegane21jours.com) ? C’est une très<br />
bonne façon de s’initier à un mode de vie génial ! Personnellement,<br />
devenir végane est un des choix dont je<br />
suis la plus fière d’avoir fait ! J’ai le cœur beaucoup plus<br />
léger et je sais que je participe à un monde beaucoup<br />
plus éthique et écologique.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
40
Recettes<br />
SMOOTHIE BANANE ET PASTÈQUE<br />
Ces proportions conviennent pour environ 80 cl de<br />
smoothie.<br />
Ingrédients :<br />
3 bananes<br />
500 g de pastèque<br />
1 càs de sirop d’agave<br />
quelques feuilles de menthe fraîche<br />
• Coupez les bananes et la pastèque en morceaux.<br />
• Mixez-les ensemble avec le sirop d’agave et les<br />
feuilles de menthe, et éventuellement un peu d’eau<br />
ou de yaourt végétal en fonction de la texture souhaitée.<br />
• Laissez quelques instants au réfrigérateur avant<br />
de déguster.<br />
Astuce : vous pouvez décorer de fraises ou ajouter<br />
toutes sortes de fruits. Cette préparation très rafraîchissante<br />
et pleine de vitamines peut aussi être versée<br />
dans des moules pour en faire des glaces.<br />
POMMES DE TERRE<br />
SAUCE COCO-CURRY<br />
Ces proportions conviennent pour un plat de 600 g<br />
Ingrédients :<br />
4 pommes de terre moyennes<br />
1 tomate<br />
3 échalotes<br />
3 càc d’huile de colza ou de tournesol<br />
10 cl de lait de coco<br />
2 càc de sauce soja salée<br />
2 càc de curry en poudre (ou de pâte de curry<br />
doux)<br />
1/2 càc de gingembre en poudre<br />
1 càc de mélange d’anis, de cumin et de coriandre<br />
en poudre (facultatif)<br />
1 feuille de laurier (facultatif)<br />
2 càc de sirop d’agave (facultatif)<br />
Persil frais (d’autres herbes peuvent convenir :<br />
aneth, basilic, coriandre, etc.)<br />
• Pelez, coupez en dés et cuisez les pommes de<br />
terre à la vapeur ou à l’eau.<br />
• Coupez la tomate en dés, émincez les échalotes,<br />
ciselez les herbes.<br />
• Préparez la sauce coco-curry en mélangeant le lait<br />
de coco, le sirop d’agave, la sauce de soja, le curry,<br />
le gingembre et autres épices. Laisser tremper la<br />
feuille de laurier.<br />
• Dans une poêle, chauffez l’huile et faites revenir<br />
les échalotes. Versez-y ensuite la sauce coco-curry,<br />
les pommes de terre en dés et les morceaux de tomate.<br />
Laissez mijoter 5 à 10 minutes à feu doux en<br />
remuant régulièrement.<br />
• Ajoutez les herbes de votre goût en fin de cuisson.<br />
Astuce : des poivrons, des champignons et des oignons<br />
peuvent remplacer ou accompagner la tomate<br />
et les échalotes. Cette recette est idéale accompagnée<br />
d’une salade de crudités et de tofu rosso en<br />
tranches ou émietté.<br />
41<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
CAROTTES RÂPÉES<br />
AUX RAISINS<br />
Ces proportions conviennent pour une entrée d’environ<br />
200 g, vous pouvez multiplier les doses pour<br />
vous en faire un vrai repas.<br />
Ingrédients :<br />
2 carottes<br />
2 càs de raisins secs<br />
5 cl de crème végétale (riz, avoine, soja, etc.)<br />
2 càc de jus de citron<br />
1 càs de persil émincé<br />
1 càc de sirop d’agave (facultatif)<br />
mélange de graines au choix (amandes, graines de<br />
tournesol, graines de courge, noix, etc.)<br />
sel et poivre<br />
• Pelez et râpez les carottes, émincez le persil.<br />
• Mélangez la crème végétale, le jus de citron, le sel<br />
et le poivre pour obtenir une sauce.<br />
• Mélangez les carottes râpées avec les raisins et<br />
versez la sauce par-dessus, puis les graines et le<br />
persil, et éventuellement du sirop d’agave.<br />
Astuce : vous pouvez utiliser du raisin frais ou réhydrater<br />
les raisins secs, et remplacer le persil par de la<br />
ciboulette, accompagner le tout de tomates... Cette<br />
préparation est à déguster fraîche.<br />
GÂTEAU AU CHOCOLAT<br />
ET À LA NOIX DE COCO<br />
Ces proportions conviennent pour un moule à tarte<br />
d’environ 30 cm de diamètre, pour un gâteau d’environ<br />
900 g et de 2 cm d’épaisseur.<br />
Ingrédients :<br />
150 g de farine de blé<br />
50 g de maïzena<br />
1/2 càc de bicarbonate de soude<br />
125 g de cassonade<br />
50 g de cacao pur en poudre<br />
100 g de noix de coco râpée<br />
10 cl d’huile d’olive<br />
20 cl d’eau<br />
100 g de compote de pommes<br />
2 càc de jus de citron<br />
• Préchauffez votre four sur thermostat 6. Huilez<br />
votre moule à tarte.<br />
• Dans un saladier, mélangez tous les ingrédients<br />
secs, puis ajoutez progressivement l’eau, l’huile, la<br />
compote, le jus de citron, et continuez de mélanger<br />
pour que le résultat soit le plus homogène possible.<br />
• Versez votre préparation dans le moule et enfournez-la<br />
pendant 12 à 18 minutes en surveillant la<br />
cuisson.<br />
• Laissez refroidir, démoulez, découpez et dégustez.<br />
Astuce : cette recette basique peut être perfectionnée<br />
en décorant le gâteau avec de la noix de coco<br />
râpée, du sucre glace, des pépites de chocolat noir<br />
ou des fruits rouges, ou en l’accompagnant d’une<br />
crème anglaise ou d’une chantilly végane.<br />
Auteur : J.Andréoletti<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
42
BURGERS<br />
100 %<br />
MAISON<br />
VÉGANES<br />
DE LA BOMBE<br />
Je vous propose une recette qui va faire l’unanimité, que vous soyez véganes<br />
ou pas encore ! Bien sûr, vous n’êtes pas obligés de faire les pains à burgers<br />
vous-même, on en trouve facilement dans le commerce qui ne contiennent pas<br />
de P.O.A.<br />
Astuce : préparez les steaks en grande quantité et congelez-les pour en avoir<br />
toujours sous la main !<br />
Ingrédients pour 6 petits pains :<br />
• 250 g de farine<br />
• Un sachet de levure sèche instantanée<br />
• Une cuillère à soupe bombée de<br />
fécule de mais<br />
• 25 g de sucre<br />
• Une grosse pincée de sel<br />
• 14 cl d’eau<br />
• 4 cl d’huile<br />
• Un peu de lait de soja pour la dorure<br />
Ingrédients pour 6 steaks :<br />
• Un gros oignon<br />
• Une betterave<br />
• 250 g de haricots rouges en boite<br />
• 150 g de flocons d’avoine<br />
• Épices au choix<br />
Préparation des petits pains<br />
- Dans un saladier, mélanger la farine, la levure, la fécule,<br />
le sucre et le sel.<br />
- Creuser un puits et y ajouter les liquides, mélanger avec<br />
une spatule jusqu’à obtenir une pâte lisse et élastique<br />
(l’opération sera facilitée avec un robot pétrin).<br />
- Verser la pâte sur un plan de travail fariné et former un<br />
boudin avec la pâte.<br />
- Diviser la pâte en six morceaux et former six boules de<br />
pâte.<br />
- Disposer les boules sur une plaque de cuisson et laisser<br />
lever pendant environ 30 minutes. Pendant ce temps, préchauffer<br />
le four à 220°C.<br />
- Badigeonner les pains de lait de soja et enfourner pendant<br />
12 minutes.<br />
Préparation des steaks<br />
- Emincer l’oignon et le faire revenir dans une poêle jusqu’à<br />
ce qu’il soit translucide.<br />
- Dans un saladier ou le bol d’un mixeur, mettre l’oignon<br />
émincé, la betterave coupée en dés, les haricots rouges, les<br />
flocons d’avoine et les épices de votre choix et mixer. Il est<br />
également possible d’utiliser un presse-purée. Il doit être<br />
possible de former des steaks avec la pâte et si celle-ci est<br />
trop liquide, ajouter de la farine.<br />
- Former les six steaks et les placer au congélateur pendant<br />
une dizaine de minutes pour qu’ils se raffermissent.<br />
- Cuire les steaks dans une poêle huilée à feu moyen.<br />
Vous pouvez maintenant composer votre burger avec des<br />
sauces véganes, comme de la moutarde et du ketchup, des<br />
légumes, ou encore du fromage végétal, qui se trouve de<br />
plus en plus facilement en magasin. Bon appétit !<br />
Auteur : @Camille<br />
Pour plus de recettes : www.wheredoyougetyourproteins.blogspot.fr<br />
43<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Les substituts alimentaires<br />
« Comment remplacer les ingrédients avec des P.O.A. (Produits d’origine animale)<br />
contre des ingrédients sans P.O.A. ? » « OK, qu’est-ce que je peux manger<br />
maintenant ? » « Je veux faire une recette, mais par quoi je remplace ça ?»<br />
Les œufs<br />
Les œufs, il y en a partout, dans plein de recettes et dans<br />
des plats traditionnels. Remplacer les œufs peut donc<br />
sembler compliqué… La bonne nouvelle, c’est qu’il existe<br />
plein d’alternatives ! Le principal substitut existant est le<br />
substitut d’œuf trouvable en magasin bio. Dans des recettes<br />
salées, il s’agit d’apporter de la tenue au plat, alors<br />
la fécule de pomme de terre, le tofu nature sont vos amis<br />
! Dans les desserts et autres préparations sucrées, il y a<br />
encore plus de choix :<br />
• Pour remplacer un œuf entier : du substitut d’œuf, de<br />
l’agar-agar, de la banane écrasée, du beurre végétal, de<br />
l’huile de coco, de la compote, du tofu nature, de la fécule<br />
de pomme de terre, etc.<br />
• Pour remplacer des blancs en neige : aussi incroyable<br />
que cela puisse sembler, il est possible de monter du jus<br />
de pois chiche en neige !<br />
• Pour remplacer du jaune d’œuf : de la fécule de pomme<br />
de terre.<br />
• Pour mettre du liant dans des biscuits : remplacer l’œuf<br />
par un yaourt de soja caillé au vinaigre, du tofu soyeux,<br />
de la compote de fruits, de la fécule, de la banane ou encore<br />
de l’arrow-root.<br />
• Pour donner du gonflant à une préparation sucrée ou<br />
salée : utiliser du bicarbonate de soude alimentaire ou de<br />
la poudre à lever.<br />
• Pour donner une texture gélifiée à une terrine : remplacer<br />
par de l’agar-agar.<br />
• Pour obtenir du moelleux : remplacer l’œuf par du tofu<br />
ferme.<br />
Quelques équivalences pour un oeuf<br />
- 1/2 banane écrasée<br />
- 50 g de compote non sucrée<br />
- 50 g de yaourt soja<br />
- 2 c.à.s de fécule + 2 c.à.s d’eau<br />
- 1 c.à.c d’agar-agar + 1 c.à.s d’eau<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
44
Les produits laitiers<br />
Le lait : Les boissons végétales (anciennement dénommées<br />
laits végétaux) sont ultra démocratisées.<br />
Elles sont faites à partir d’oléagineux mixés et d’eau. Il<br />
y en a au soja, à l’avoine, au riz, au lait de coco, au millet,<br />
à la noisette, à l’amande, au sarrasin, au sésame,<br />
au quinoa, à l’épeautre, au chanvre, etc. Ces boissons<br />
existent même en version déshydratées, très pratiques<br />
à conserver et qui peuvent être utilisées en cuisine.<br />
Ces boissons peuvent être aromatisées à la vanille,<br />
au chocolat, etc. Et certaines sont parfois enrichies en<br />
calcium ou vitamine B12. On peut briquer sa boisson<br />
végétale à la maison avec un extracteur spécial ou un<br />
bon blender.<br />
La crème fraîche : Plein de substituts existent comme<br />
la crème de soja, d’avoine, d’amande ou encore de riz.<br />
Le soja se trouve très facilement en magasin classique,<br />
les autres sont trouvables en magasin bio. Il est même<br />
possible d’en faire maison avec de la pomme de terre.<br />
Le fromage : La façon la plus classique de remplacer<br />
le fromage râpé est de saupoudrer de la levure maltée<br />
qui apporte un goût de parmesan aux plats. En magasin<br />
végane, il y existe toutes sortes de faux-mages<br />
(ersatz de fromages) faits à partir d’oléagineux. À la<br />
maison, on peut fabriquer soi-même son faux-mage<br />
avec des noix de cajou par exemple, c’est délicieux !<br />
L’avantage de cette méthode, c’est que l’on peut choisir<br />
ses arômes.<br />
Le beurre : Il peut être remplacé par du beurre végétal<br />
à base de soja ou d’autres plantes, de l’huile de coco,<br />
de l’huile de pépins de raisin, de l’huile d’arachide, de<br />
l’huile d’olive, de l’huile de colza et bien d’autres. Attention<br />
: Certaines huiles ne supportent pas la cuisson<br />
comme les huiles de lin, de noix, de noisettes et<br />
d’argan. Pour les margarines végétales, il faut traquer<br />
l’huile de palme dans la liste des ingrédients, qui peut<br />
se cacher derrière l’appellation huile de palmiste. C’est<br />
important car l’huile de palme n’est pas végane (déforestation,<br />
destruction des habitats des orangs-outans<br />
et des singes eux-mêmes, etc.). Quant au calcium, on<br />
en retrouve dans beaucoup de fruits, légumes, graines<br />
et noix.<br />
Quelques sources de calcium (pour 100 grammes)<br />
Le tofu<br />
683 mg<br />
Le soja<br />
280 mg<br />
Les amandes<br />
269 mg<br />
Le chou frisé<br />
205 mg<br />
Les figues séchées<br />
165 mg<br />
Les pommes de terres<br />
118 mg<br />
45<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Livres à dévorer...<br />
Fromages vegan - Marie Laforêt<br />
Faux-mages véganes - John E. Schlimm<br />
La viande<br />
Les substituts carnés : idéaux quand on quitte la viande, ou<br />
qu’on veut faire plaisir à un omnivore, il faut tout de même en<br />
limiter la consommation car c’est bourré d’additifs et autres<br />
cochonneries. Il existe désormais un vaste choix de substituts<br />
carnés dans les magasins bio et même les supermarchés<br />
: steaks de soja, saucisses végétales et charcuterie végétale.<br />
Substituer la viande dans un plat type plat en sauce : les protéines<br />
de soja texturées, ou les pois chiches et les lentilles<br />
(qui sont d’ailleurs riches en protéines). La viande rouge :<br />
seitan. La viande blanche : tempeh. Le goût du barbecue : la<br />
fumée liquide ou « liquid smoke » qui se trouve dans les supermarchés<br />
véganes, anglais ou américain, permet de donner<br />
ce fameux fumet irrésistible. Il y a aussi le sel fumé, le sel<br />
viking ou « smoked salt »<br />
Go vegan !<br />
Le poisson<br />
Les algues sont un excellent moyen d’avoir ce petit goût iodé.<br />
Wakamé, Dulce, laitue de mer, etc. Elles se vendent sous<br />
forme de paillettes à réhydrater ou au rayon frais des magasins<br />
bio. Un tartare d’algues maison peut être réalisé avec des<br />
cornichons, de l’huile d’olive, des câpres et de la moutarde, du<br />
poisson pané avec du tofu (voire la recette de Marie Lafôret).<br />
Quant aux acides gras oméga-3, c’est très facile : des huiles<br />
végétales ou des graines comme le chanvre et le lin.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
46
La gélatine<br />
Comme les œufs, la gélatine se cache partout, y compris dans les<br />
aliments que l’on ne soupçonne pas en contenir comme les desserts<br />
ou les bonbons. En général, la gélatine provient d’os de porc, de<br />
bœuf ou encore d’arrêtes de poisson. Donc comme toujours, il faut<br />
traquer les étiquettes. En cuisine, pour faire tenir une mousse, rien<br />
de tel que l’agar-agar (attention au dosage), la pectine de fruits,<br />
l’algue carraghénane, ou la farine de caroube.<br />
Le miel<br />
Le plus proche en goût est le sirop d’agave, suivi par le sirop de riz.<br />
Le sirop d’érable a aussi un goût absolument délicieux.<br />
Le sucre blanc<br />
Attention, le sucre blanc n’est pas végane. Des matières animales<br />
sont utilisées pour blanchir, principalement des os broyés. Quelques<br />
alternatives au sucre blanc : la cassonade, le rapadura, le muscovado,<br />
le sucre de coco.<br />
Le chocolat au lait et blanc<br />
Les magasins véganes proposent des chocolats véganes, y compris<br />
du blanc, qui sont vraiment très très ressemblants. Le chocolat noir<br />
est végane la plupart du temps mais attention, parfois il est fait avec<br />
du sucre blanc plutôt que de la cassonade, voire contient de l’huile<br />
de palme.<br />
47<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Pour aller plus loin dans<br />
l’apport de protéines<br />
En associant légumineuses, céréales et oléagineux on<br />
équilibre son alimentation. Il faut les associer car elles<br />
sont complémentaires en fonction des acides aminés qu’ils<br />
contiennent.<br />
Les légumineuses : certaines se présentent en conserve, la<br />
plupart sous forme sèche. Il faut les laisser tremper entre 2<br />
et 12 heures en fonction. Pour qu’elles soient digestes, ajouter<br />
un peu de bicarbonate alimentaire dans l’eau de cuisson,<br />
et bien les rincer avant et après cuisson. Quelques légumineuses<br />
: azuki, fèves, haricots blancs, haricots rouges, haricots<br />
mungo, arachides, pois cassés, pois chiches, flageolets,<br />
lentilles, lupin, soja. Le soja a un taux de protéines deux<br />
fois plus élevé que les autres légumineuses. Il contient aussi<br />
les 8 acides aminés essentiels. On le trouve sous différentes<br />
formes : tofu, tempeh, protéines de soja texturées (P.S.T.),<br />
pâte de miso, edamame, lait de soja, yaourts, sauce tamari<br />
ou encore dans la sauce shoyu.<br />
Le tofu : il est fabriqué à partir de lait de soja chauffé et coagulé<br />
avec de l’algue nigari. De goût neutre, il est idéal pour<br />
cuisiner et s’accommode à toutes les sauces.<br />
Le seitan : fabriqué à partir de gluten de blé, on le trouve<br />
tout prêt mais il peut aussi être fait maison (poudre + eau<br />
nature ou épicée).<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
48
Le tempeh : sorte de saucisson de grains de soja dépourvus<br />
de leur pellicule et fermentés. Son goût varie entre les noix<br />
et le champignon. Sa texture est légèrement croquante.<br />
Les protéines de soja texturées : vendues sèches, il en<br />
existe des tas de sortes différentes. Des petits morceaux de<br />
la taille de lardons jusqu’à la taille d’un steak ! Elles doivent<br />
être réhydratées avec de l’eau chaude, et surtout il faut bien<br />
les assaisonner pour avoir du goût. Ce qui est top c’est que<br />
l’on peut leur donner le goût que l’on veut.<br />
Les lentilles : elles aussi sont bourrées de protéines. Il y<br />
a des lentilles noires, vertes ou orange, mais aussi un mélange<br />
des trois. Plein de plats indiens à base de lentilles et<br />
d’épices sont délicieux et très complets.<br />
Les céréales : blé complet, germe de blé, riz, quinoa,<br />
épeautre, orge, avoine, seigle, millet, sarrasin, amarante (la<br />
préférée de la rédac en chef, top au petit déj !), maïs, etc.<br />
Les oléagineux : noisettes, amandes, châtaignes, noix,<br />
noix de pécan, noix de macadamia, noix de cajou, noix du<br />
Brésil, pignon, sésame, pistaches, graines de tournesol,<br />
graines de courge, graines de lin ou encore de chia, de<br />
chanvre, etc. On les trouve sous forme de graines à croquer,<br />
de flocons, de farine ou de boissons végétales. Il y a aussi<br />
trois fruits oléagineux délicieux : la noix de coco, l’olive et<br />
l’avocat (qui n’aime pas le guacamole maison ?). La levure<br />
maltée : bourrée de vitamines B, de protéines végétales, de<br />
minéraux, elle se saupoudre sur une soupe, de la salade, les<br />
pâtes, les lasagnes, les pizzas, ou s’intègre dans les fauxmages<br />
maison pour un goût plus prononcé.<br />
Sources images :<br />
Pixabay<br />
Tempeh : Flickr - FoodCraftLab 3004713395180<br />
Voilà, vous avez une multitude de cartes en main pour votre<br />
alimentation végane ! Sachez qu’une assiette équilibrée doit<br />
contenir deux tiers de céréales et un tiers de légumineuses<br />
avec le plus possible de légumes crus, voire cuits. Et puis<br />
des fruits, des fruits, des fruits !<br />
Auteur : Bla BlaVG<br />
49<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Pauline<br />
Douce Frugalité<br />
D’où te vient cette passion pour le sport ? Combien<br />
en fais-tu d’heures par semaine ?<br />
J’ai fait pas mal de sports différents étant enfant et<br />
adolescente : judo, équitation et danse, notamment. Je<br />
marchais aussi beaucoup et j’étais douée pour l’athlétisme<br />
à l’école. Après le BAC, je n’ai quasiment pas fait<br />
de sport pendant 8 ans. Au bout de quelques années de<br />
végétalisme, j’avais tellement d’énergie que j’ai repris le<br />
sport : fitness, course à pied et marche. Avec le temps,<br />
j’ai atteint un bon niveau, et tant mieux, car ça me permet<br />
de manger beaucoup. Actuellement, je fais surtout<br />
du vélo de route, j’adore explorer et sortir de chez moi<br />
en dehors de mon travail de bureau.<br />
Cette passion pour le sport vient de l’énergie incroyable<br />
de mon alimentation. Le cyclisme me permet de faire<br />
beaucoup de sport sans m’user. Voilà pourquoi je fais<br />
actuellement beaucoup plus de vélo que de course à<br />
pied. Et sur le réseau social sportif Strava, on se motive<br />
entre nous pour en mettre plein les yeux à nos amis.<br />
Est-ce que ça t’arrive de faire du sport à jeun ?<br />
Comment combines-tu sport et véganisme ?<br />
Je cours toujours à jeun. Quand je vais marcher ou faire<br />
du vélo en montagne, je mange généralement quelque<br />
chose de bien digeste avant, par exemple du melon,<br />
des oranges, un smoothie de taille moyenne. Pendant<br />
les grandes sorties, je mange des dattes ou bien une<br />
barre énergétique végane (Clif Bar). Je mange mon<br />
gros repas après l’effort et le soir.<br />
Plusieurs gars de mon nouveau club de vélo m’ont demandé<br />
à quoi je carburais, ils n’ont pas l’habitude de<br />
voir une débutante suivre leur rythme.<br />
Mon grand repas du midi, c’est généralement des bananes,<br />
des dattes et de la salade. Le soir, je mange un<br />
saladier de féculents avec des légumes cuits et parfois<br />
une poignée de légumineuses.<br />
Comment es-tu passée au frugivorisme, et pourquoi<br />
?<br />
En fait, j’ai voulu devenir frugivore depuis le début en<br />
découvrant Freelee the Banana Girl, car j’adore le goût<br />
sucré, je n’aime pas cuisiner des plats complexes, et j’ai<br />
vite compris que les bons fruits mûrs étaient l’option la<br />
plus saine. Une fois que j’ai remplacé tous les P.O.A. par<br />
des plantes, je me suis lancée dans le frugivorisme. J’ai<br />
eu pas mal de périodes frugivores, j’y consacrais tout<br />
mon argent. Maintenant, je suis plutôt végane à tendance<br />
frugivore, question de budget, et puis il y a des<br />
choses intéressantes dans les aliments cuits. Le plus<br />
important au fond, c’est d’être végane et de le rester,<br />
pour les animaux.<br />
Est-ce que c’est un mode alimentaire qu’on peut<br />
suivre en étant ado ?<br />
Les parents autorisant leurs enfants à avoir une alimentation<br />
différente sont certainement rares. Il n’y a<br />
actuellement pas d’organisme scientifique officiel qui<br />
soutienne le frugivorisme. Mon avis personnel est que<br />
le frugivorisme est génial si l’on a des connaissances<br />
nutritionnelles solides, un budget alimentaire important,<br />
si l’on mange assez et si l’on n’hésite pas à retourner<br />
vers les aliments cuits en cas de problème. Les<br />
aliments cuits sont intéressants, car ils sont concentrés<br />
en calories, nécessaires à la croissance et aux divers<br />
processus du corps.<br />
Bref, ce que je veux dire, c’est que les périodes frugivores<br />
sont géniales, ça donne plein d’énergie. Mais<br />
quand c’est dur de se procurer des fruits de qualité,<br />
il ne faut pas hésiter à revenir vers les plantes cuites :<br />
pommes de terre, riz, légumes verts, quelques légumineuses,<br />
etc.<br />
Beaucoup de monde regarde tes vidéos mais toi, qui<br />
regardes-tu ? Qui sont tes « héros », les gens qui<br />
t’inspirent au quotidien ?<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
50
J’admire le travail de véganes qui consacrent leur temps<br />
à la défense des animaux, tels que Gary Yourofsky,<br />
Emily (Bite Size Vegan), Maxime Ginolin, Jon Venus,<br />
Freelee et d’autres activistes véganes. J’ai adulé dans le<br />
passé des personnes qui ne sont plus véganes désormais,<br />
c’est décevant que certains soient littéralement<br />
obsédés par leur santé et n’en aient rien à faire des animaux<br />
au fond.<br />
Pourquoi faire des vidéos ? Qu’est-ce que ça t’apporte<br />
dans ta vie quotidienne ?<br />
Pauline : J’aime bien faire des vidéos pour informer les<br />
gens et montrer que l’alimentation végétale n’a rien de<br />
tristounet. On peut se faire plaisir et être altruiste. Ce qui<br />
m’importe, c’est le nombre de personnes qui prennent<br />
conscience qu’exploiter les animaux est inutile, une fois<br />
qu’ils ont fait le lien entre leur assiette et l’animal qui<br />
veut vivre.<br />
L’actualité a dernièrement montré beaucoup<br />
d’images choc. Quelles sont celles qui t’ont le plus<br />
touchée ?<br />
Ce sont les images du documentaire Terriens qui m’ont<br />
le plus touchée quand je suis tombée dessus un peu<br />
par hasard en 2008. C’est là que j’ai pris ma responsabilité<br />
en main. Par la suite, j’ai regardé d’autres images<br />
choquantes sur le traitement des animaux. C’est triste<br />
de toujours découvrir davantage de maltraitances. J’ai<br />
toujours détesté les scènes de torture dans les films,<br />
où quelqu’un est immobilisé pendant qu’on lui fait subir<br />
des sévices. La torture des animaux est tout aussi inacceptable<br />
que celle des humains. Une civilisation évoluée<br />
ne devrait pas contraindre d’autres êtres, surtout<br />
quand cela est totalement inutile.<br />
Quand je me suis mise à réduire le volume de mes possessions,<br />
je ne savais même pas que le mot «minimalisme»<br />
existait. Cela a facilité mes nombreux déménagements<br />
et a zénifié mon intérieur. Je n’aime ni les<br />
bibelots ni le désordre. J’aborde d’autres sujets que<br />
l’alimentation, tels que le rejet du matérialisme actuel<br />
qui nuit à l’environnement. J’écris même aux entreprises<br />
qui m’envoient des catalogues pour qu’elles arrêtent de<br />
gaspiller du papier pour rien, en finissant par «Pensez<br />
aux arbres». J’achète beaucoup de vrac et parfois aussi<br />
des produits emballés. Je ne suis pas la plus stricte des<br />
minimalistes. En ne consommant pas de P.O.A., on en<br />
fait déjà énormément pour la planète. Peu de monde<br />
sait que l’élevage cause davantage de CO2 que tous<br />
les transports réunis.<br />
Y a-t-il des sujets que tu n’as pas encore mentionnés<br />
et que tu voudrais aborder à l’avenir ?<br />
Je pourrais faire une série de vidéos thématiques expliquant<br />
pourquoi ne pas consommer tel ou tel produit<br />
animal. Mais c’est beaucoup de travail et d’autres font<br />
cela mieux que moi. En plus, je pense que faire ce genre<br />
de vidéo sans images choc aura peu d’impact, et je ne<br />
souhaite pas mettre d’images d’animaux maltraités sur<br />
ma chaîne. Une fois que les gens sont convaincus, ce<br />
n’est pas la peine qu’ils s’infligent ces images. Donc je<br />
redirige les personnes ignorantes vers les documentaires<br />
Cowspiracy, La santé dans l’assiette et Terriens.<br />
Si les gens sont si ignorants, c’est d’un côté par choix,<br />
car à l’heure d’internet, l’ignorance est un choix. Et d’un<br />
autre côté, ils ignorent la vérité à cause des intérêts financiers.<br />
Quand on creuse, on découvre des horreurs<br />
autour de la ruche aussi. L’immunité des abeilles décline<br />
car l’humain vole ses réserves de nourriture. Les<br />
pesticides ne sont pas la seule cause de la hausse<br />
mortalité des abeilles. J’ai aussi vu une vidéo d’insémination<br />
d’une reine, c’est à vomir. Et puis, ce n’est pas<br />
comme s’il n’existait pas des alternatives au miel : sirop<br />
d’érable, sirop d’agave, sirop de riz, etc. Quand un végane<br />
parle de viol d’abeille ou de vache, les carnistes<br />
disent souvent que ce terme nous décrédibilise, mais<br />
je ne comprends pas leur réaction, on appelle juste un<br />
chat un chat.<br />
C’est génial d’être végane, ça nous permet d’être en<br />
paix avec nos convictions, c’est important de se libérer<br />
de ses contradictions quand on est ado. Et si l’on évite<br />
de manger trop de junk food végane, on peut même<br />
avoir moins d’acné et avoir un poids sain. En ce moment,<br />
plein de restaurants proposent des repas végétaliens,<br />
c’est pratique pour les ados timides dont j’ai fait partie.<br />
Le mot de la fin ?<br />
Je pense qu’il faut miser un maximum sur la nouvelle<br />
génération.<br />
Tu pratiques le minimalisme. Comment as-tu découvert<br />
ça et pourquoi t’y es-tu mise ?<br />
Auteur : @Noitasilagel<br />
51<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Le végétalisme<br />
dans le sport<br />
Quelques noms<br />
« Un végétarien ne peut pas faire de sport », « un régime<br />
végétarien apporte des carences en protéines et<br />
en vitamines », « les véganes n’ont pas assez d’énergie<br />
pour l’effort physique », etc. Je vais m’arrêter là dans le<br />
florilège des phrases que l’on a pu vous rabâcher si vous<br />
êtes végane et sportif. Combien continuent de manger<br />
des œufs ou de boire du lait, en essayant de rester un<br />
minimum en adéquation avec la pensée mais en voulant<br />
faire du sport, et combien arrêtent ? Fort heureusement,<br />
il est tout à fait possible d’être végane et sportif, et les<br />
exemples ne manquent pas.<br />
Le végétarisme et le végétalisme ont avec le sport en<br />
général une très longue histoire. Certains athlètes de<br />
haut et de très haut niveau sont végétaliens sans même<br />
que les médias ou la majeure partie du public le sache !<br />
Et comment parler sport et végétalisme sans citer un<br />
des sprinters les plus connus de l’histoire : Carl Lewis.<br />
Le palmarès de Carl Lewis est des plus impressionnants<br />
: neuf médailles<br />
d’or olympiques et une<br />
médaille d’argent, en<br />
J’ai remarqué que personne n’a<br />
besoin des protéines issues de la<br />
viande pour être un athlète accompli.<br />
En fait, ma meilleure année<br />
en compétition fut celle où j’ai<br />
adopté le régime végétalien. Plus<br />
encore, en continuant ce régime,<br />
mon poids est sous contrôle,<br />
j’aime mon look (ça peut sembler<br />
idiot, mais tout le monde veut aimer<br />
son look), j’aime bien plus<br />
manger et je me sens bien.<br />
Carl Lewis<br />
100 et 200 mètres, saut<br />
en longueur et relai<br />
4x100m. Il a été élu «<br />
Athlète de la décennie<br />
» en 1980 et « Athlète<br />
du siècle » par le Comité<br />
International Olympique.<br />
Il a remporté sa<br />
première médaille d’or<br />
en 1979 et sa dernière<br />
en… 1996 ! Il a été invaincu<br />
de 1983 à 1991.<br />
En bref : il en impose !<br />
L’athlète avoue même<br />
avoir nettement amélioré<br />
ses performances<br />
en devenant végétalien.<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
52
Cette année, trois sportifs végétaliens ont participé aux Jeux Olympiques<br />
Alimentation<br />
Bien souvent, on peut penser<br />
que pour un athlète, le plus<br />
important pour conserver son<br />
énergie est la quantité de protéines.<br />
Pourtant, la plupart des<br />
athlètes végétaliens parlent de<br />
l’importance de conserver, entre<br />
un régime carniste et un régime<br />
végétalien, la même quantité de<br />
calories.<br />
Tony Azevedo<br />
Water Polo<br />
Morgan Mitchell<br />
Athlétisme<br />
L’exemple de Carl Lewis est suffisamment parlant pour<br />
montrer qu’athlète de très haut niveau ne rime pas avec<br />
viande. Il y a aussi Bode Miller, quatre fois champion du<br />
monde et une fois champion olympique de ski alpin, en<br />
descente, super G, géant, ou combiné, et surtout, élevé<br />
depuis sa plus tendre enfance avec un régime végétarien,<br />
dans une ferme bio.<br />
Malheureusement, beaucoup de personnes diront que<br />
ça ne suffit pas, que ce ne sont que des exemples « exceptionnels<br />
», qu’il y en a trop peu pour prouver quoi<br />
que ce soit, et que la Montagne de Game Of Thrones<br />
mange beaucoup de viande parce que c’est indispensable.<br />
Là, normalement, la personne en face de vous<br />
pense tenir l’argument ultime de la non-viabilité du véganisme<br />
dans le sport. Alors vous pourrez dégainer un<br />
autre nom : Patrik Baboumian.<br />
Patrik Baboumian est un colosse germano-arménien<br />
de 37 ans. Végétarien depuis 2006 et végétalien depuis<br />
2011, il a été titré cette même année l’Homme le plus fort<br />
d’Allemagne à la compétition de Strongman. Détenteur<br />
de plusieurs records, notamment celui du soulevé de<br />
tonneau de bière (ce qui est bougrement utile !), ainsi<br />
qu’un record mondial en cours de validation (transporter<br />
550 kg sur 10 mètres sans pause), il est l’exemple<br />
parfait de ce que peut donner le véganisme poussé à<br />
son paroxysme.<br />
Très récemment, la surfeuse végane Tia Blanco a remporté<br />
sa deuxième médaille d’or consécutive aux championnats<br />
du monde de surf.<br />
Cela ne montre pas que les protéines<br />
ne sont pas importantes,<br />
bien au contraire, mais cela démontre<br />
que les protéines sont<br />
très loin d’être les seuls éléments<br />
importants à prendre en<br />
compte, et que ces protéines<br />
peuvent très bien être d’origine végétale.<br />
April Ross<br />
Beach Volley<br />
En 2013, sur son site internet, Patrik Baboumian parlait<br />
de son alimentation. Elle est basée sur 3 facteurs :<br />
les protéines, nécessaires à la fabrication des muscles,<br />
spécialement pour un strongman (il/elle doit être capable<br />
de soulever sur plusieurs mètres plus de 500 kg<br />
quand même !), l’énergie, pour ses sessions d’entraînement,<br />
les calories, pour garder son poids de forme et sa<br />
force physique.<br />
Son alimentation est donc composée de beaucoup de<br />
soja sous diverses formes (lait, poudre protéinée, tofu),<br />
Nous pourrions citer encore d’autres noms connus :<br />
Jim Morris au bodybuilding ou Serena Williams (championne<br />
de tennis américaine que l’on ne présente plus :<br />
38 tournois du grand chelem de tennis remportés) ou<br />
Mike Tyson à la boxe. La liste est longue, trop longue<br />
pour être ignorée, même si elle l’est pour le moment.<br />
Sur Youtube, certains sportifs comme Frank Medrano<br />
ou Gurren Vegan partagent même leurs secrets.<br />
Les animaux les plus forts au monde<br />
sont des herbivores. Les gorilles, les<br />
buffles, les éléphants et moi.<br />
Patrik Baboumian<br />
53<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
ainsi que de haricots et de noix pour les protéines. Pour<br />
l’énergie, il absorbe énormément de carbohydrates<br />
avec beaucoup de fruits et de légumes, de riz, de<br />
pommes de terre, et de céréales, particulièrement de<br />
l’avoine. Enfin, il passe beaucoup de temps un smoothie<br />
à la main afin d’absorber l’immense quantité de calories<br />
nécessaires pour sa morphologie car les fruits sont<br />
pleins d’énergie. C’est aussi le régime, dans des proportions<br />
différentes bien sûr, de Carl Lewis. Beaucoup<br />
de fruits, de légumes, et de céréales.<br />
Afin d’avoir une alimentation équilibrée en fruits et légumes,<br />
vous pouvez trouver près de chez vous des<br />
AMAPs (Association Pour le Maintien d’une Agriculture<br />
Paysanne). Ces associations vous permettent d’avoir<br />
une fois par semaine un sac de fruits et de légumes de<br />
saison, cultivés près de chez vous (de préférence bio),<br />
et en bonne quantité. Les steaks de tofu et de seitan<br />
sont de plus en plus accessibles et peu chers (souvent<br />
moins chers que de la viande), tout comme le sont les<br />
laits végétaux (malheureusement souvent plus chers<br />
que du lait d’origine animale). Quant aux céréales,<br />
elles sont la plupart du temps bon marché. Aussi, il est<br />
de plus en plus possible d’acheter des dattes ou des<br />
bananes (indispensables à tout bon smoothie pour les<br />
sportifs !) en gros et donc moins cher.<br />
Pour finir<br />
En conclusion<br />
On peut dire qu’il est tout à fait possible d’être un sportif<br />
de haut niveau en ayant adopté un mode alimentaire<br />
végétal, mais aussi qu’il est très important de se renseigner<br />
sur la façon de marier les aliments entre eux<br />
afin d’avoir un régime bien équilibré. Le trio protéines,<br />
énergie et calories est bien souvent ce que l’on retrouve<br />
dans les alimentations des sportifs, et la partie végétale<br />
se retrouve surtout dans les protéines et l’énergie. Sachant<br />
que des alternatives végétales sont existantes, et<br />
faciles à trouver pour qui se donne le courage de chercher.<br />
Les magasins bio possèdent quasiment toujours<br />
les alternatives végétales aux sources animales de<br />
nutrition, et avec les qualités nécessaires aux grands<br />
sportifs. De même, les entraîneurs sont de plus en plus<br />
ouverts à l’alimentation végétale, et seront donc source<br />
de nombreux conseils.<br />
A voir sur le sujet :<br />
(liens cliquables)<br />
• Ces sportifs champions du monde, végétariens<br />
ou végétaliens - sur vegactu.com<br />
• Sportifs véganes, végétaliens et végétariens -<br />
http://www.vegan-france.fr/<br />
• Gurren Vegan - Youtube<br />
• Franck Medrano - Youtube<br />
• Carl Lewis « titulaire de neuf médailles d’or en<br />
athlétisme aux Jeux Olympiques »<br />
• Bode Miller « médaillé olympique de ski alpin »<br />
• « Carl Lewis nous parle de son régime vegan »<br />
Auteur : Jujulben<br />
Sources images :<br />
Carl Lewis : static.sportskeeda.com<br />
Patrick Baboumian : clearlyveg.com<br />
Tony Azevedo : alchetron.com<br />
April Ross : www.zimbio.com<br />
Morgan Mitchell : dailytelegraph.com.au<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
54
Rencontre avec<br />
Sébastien Kardinal<br />
Samedi 9 juillet, 11h55. Je relis pour la 50ème fois la carte<br />
du resto Végét’Halles, nerveuse. J’attends Sébastien<br />
Kardinal, qui vient accompagné de sa femme Laura Veganpower,<br />
pâtissière et photographe hors pair dont on<br />
vous parlera sans aucun doute plus tard. Je me demande<br />
ce que je vais bien pouvoir raconter à ce type aussi cultivé<br />
en véganisme (mais pas seulement), moi qui débarque<br />
fraîchement dans le milieu et rentre de 11 jours fatigants de<br />
rando. D’ailleurs après le déjeuner, mon mari ne manque<br />
pas de me dire «Bah dis donc, t’étais vraiment à la ramasse<br />
». Merci chéri, toujours les bons mots pour me réconforter.<br />
Sébastien est passionnant et pourtant j’ai envie de dormir.<br />
J’ai envie d’une sieste de 3 jours. Ou 30. Heureusement,<br />
ses blablas me tiennent éveillée.<br />
Mais qui est Sébastien Kardinal ?<br />
La quarantaine, végétarien depuis 30 ans et végane<br />
depuis 9 ans, il se définit comme épicurien dans l’âme.<br />
« J’ai toujours été un grand amateur des bonnes et<br />
belles choses. Et il y a tant de merveilles pour celui qui<br />
se donne la peine de regarder. » 1 Vous savez comment<br />
c’est. Vous vous faites une idée sur quelqu’un et puis<br />
badaboum, vous êtes déçus. Par exemple Sébastien, je<br />
m’étais imaginé un type raffiné et très poète. Eh bien…<br />
c’est exactement lui. Bim !<br />
ça fait une semaine que je meurs d’impatience de rentrer<br />
chez moi pour tester. Puis les deux tourtereaux nous<br />
quittent et se lancent dans l’élaboration-minute d’une<br />
crème fraîche maison à base de pommes de terre. Je<br />
n’aurais pas dû leur parler de la cancoillotte végane,<br />
j’me dis. Mais ils sont fascinants. J’en profite pour finir<br />
mon succulent rôti de champignons et sa sauce aux<br />
mûres et gingembre. Je me régale.<br />
Nous sommes installés depuis 30 secondes mais j’ai<br />
besoin d’aller aux toilettes. Je m’excuse et Kardinal me<br />
sert un magnifique « Je t’en prie, chez moi on ne juge<br />
pas les gens sur des besoins aussi naturels ». Intérieurement<br />
je n’en peux plus de rire, le stress tombe un peu.<br />
On déjeune et on raconte la rando, comment j’en suis<br />
arrivée à boire du jus de pois chiche froid directement à<br />
la source dans la boite en alu (J’ai beau insister et dire<br />
que ce n’est pas si mauvais, ni lui ni Laura ne souhaitent<br />
tenter l’expérience), et pourquoi on a atterri à Munich<br />
en Allemagne. Sébastien nous parle de la gastronomie<br />
anglaise qui n’est pas si dégueu que ça, au contraire,<br />
c’est une des meilleures du monde. Moi qui croyais que<br />
ça s’arrêtait au porridge et potentiellement aux Jelly<br />
Beans (#PayeTaRéférence). On dévie sur le risotto, je<br />
confesse n’en avoir jamais fait. Je n’aurais pas dû. Kardinal<br />
m’a déballé 2-3 recettes et au moment où j’écris,<br />
1 (Source : http://kardinal.fr/a-propos/)<br />
55<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
J’ai besoin d’un café car la journée va encore être longue.<br />
Ce soir, j’ai deux autres personnalités à rencontrer<br />
chez SuperVegan (tout ça pour vous chers lecteurs !).<br />
Il nous emmène à quelques pas du resto dans un tout<br />
petit bidule où l’odeur du café est irrésistible. Le temps<br />
qu’on soit servis, il m’explique comment il a découvert<br />
le Redbull et pourquoi il adore ça. Il me vend du rêve<br />
et j’ai envie de tester, malgré mes multiples tentatives<br />
précédentes qui ont toujours raté. Mais le charme de<br />
Kardinal a ses limites, car au moment où j’écris, le goût<br />
infâme de ce machin est de retour et a repris le dessus.<br />
Par contre, si je suis une grande amatrice de thé, le café<br />
c’est moins… ma tasse de thé (#PardonnezMoi). Je lui<br />
explique que j’en prends seulement pour me booster,<br />
pas vraiment pour le goût. Il nous commande donc un<br />
café de Colombie, préparé à l’AeroPress. On s’installe<br />
et me voilà embrigadée dans une leçon de dégustation<br />
de café. « Inspire, bloque, avale, expire ». Il me faut<br />
plusieurs essais avant d’arriver à distinguer une ou deux<br />
saveurs différentes. Mais surtout, c’est bon et je le bois<br />
sans sucre. Dingue.<br />
Il est temps de se quitter, on se dit au revoir. On devait<br />
se voir pour une interview et je n’ai pas posé une seule<br />
question. Mais je me suis dit que vous raconter cette<br />
rencontre suffirait tellement elle était sympa.<br />
On a toujours à apprendre des autres, même quand on<br />
a 30 ans. Même quand on est sûr de ne pas pouvoir apprécier<br />
un café. Et parfois on en apprend plus en deux<br />
heures avec la tête dans le cul que si on avait passé la<br />
journée à lire tranquillement.<br />
Une fois rentrée à Munich, j’ai quand même demandé à Sébastien Kardinal s’il avait quelques adresses pour vous<br />
et il en a trois :<br />
51 Rue de Paradis<br />
Paris 10 ème<br />
www.letricycle.fr<br />
11bis Rue Vauquelin<br />
Paris 5 ème<br />
www.oatmealparis.com<br />
55 rue des Archives<br />
Paris 3 ème<br />
www.hankburger.com<br />
Le déjeuner s’est fait au restaurant Végét’halles<br />
www.vegethalles.fr<br />
Et le café, au Matamata Coffee Bar<br />
www.matamatacoffee.com<br />
Merci à Sébastien pour ce déjeuner !<br />
Auteur : @Noitasilagel<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
56
RENAN LARUE<br />
Le Végétarisme et ses Ennemis<br />
Dans son livre, Renan Larue retrace l'histoire<br />
du végétarisme, du véganisme, et de leurs<br />
détracteurs. Il est rempli de ces petites histoires,<br />
évolutions, et querelles depuis l'antiquité,<br />
et parle entre autres de l'opposition entre<br />
pythagoriciens et stoïciens. Saviez-vous<br />
que les Cathares étaient végétariens et quasi<br />
antispécistes (pour eux, tuer une bête "ayant<br />
du sang" était aussi grave que tuer un homme),<br />
et que pour les identifier, les inquisiteurs<br />
leur demandaient de tuer une poule ? S’ils<br />
refusaient, ils étaient eux-mêmes menés<br />
au bûcher... Eh oui, ils refusaient de tuer la<br />
poule !<br />
À la lecture de ces lignes, on découvre, on<br />
voyage, on réfléchit : nous voilà avec toutes<br />
les cartes en main, sans maître à penser ; à<br />
nous de choisir notre chemin. Juste après<br />
avoir terminé ce bouquin, j'ai couru à la librairie<br />
en acheter un exemplaire "à prêter", que<br />
j'ai tout de suite apporté à mon père, qui ne<br />
cessait de lancer et relancer des discussions<br />
infinies sur mon véganisme. Et quelle bonne<br />
surprise lorsqu'il l'a terminé, de l'entendre<br />
dire qu'il me comprenait mieux, en plus de le<br />
voir commencer à réfléchir à des sujets que<br />
la plupart des gens de sa génération n'effleurent<br />
jamais.<br />
Un livre original dans sa façon de présenter<br />
les choses, accessible à ceux qui veulent<br />
apprendre, et mine d'or de savoirs. Renan<br />
Larue a récemment reçu le prix La Bruyère de<br />
l'Académie Française pour "Le végétarisme<br />
et ses ennemis".<br />
Aux éditions des Presses<br />
universitaires de France<br />
(Puf), 324 pages, 19 euros.<br />
Auteur: Miss Boulgour<br />
57<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Comment devenir végane facilement...fail* !<br />
J’avais dans l’idée de faire un article du genre « 10<br />
étapes pour devenir végane » mais cela s’est révélé<br />
complexe. En effet, nous n’avons pas tous les mêmes<br />
clés pour ouvrir les portes, pas tous le même bagage,<br />
pas tous la même santé, pas tous le même mental, pas<br />
tous la même force face aux critiques, pas tous les<br />
mêmes goûts en livres ou sites web, pas tous accès facilement<br />
aux supermarchés, marchés, magasins spécialisés,<br />
pas tous le même budget. La rédaction devenait<br />
difficile. Comment ne pas tomber dans le cliché,<br />
comment mettre dans des cases sans exclure pour<br />
autant la possibilité d’exceptions, faut-il partir du principe<br />
que tous feront une transition ou plutôt de celui<br />
du changement immédiat ? Bref, comment adapter des<br />
conseils généraux à tant de personnes différentes ?<br />
J’ai donc décidé de laisser tomber (pour l’instant !) et<br />
de vous parler plutôt d’un livre qui est vraiment super<br />
pour démarrer.<br />
Il s’appelle « Vivre Végane » et a été écrit par Gwendoline<br />
Yzèbe, journaliste et bloggeuse, auteure du joli<br />
blog Uncourantdevert.com où elle partage recettes,<br />
lectures et expériences personnelles.<br />
Ce livre est un véritable petit bijou. Déjà, il est joli, il<br />
donne envie. Il n’est pas très grand et pas très épais et<br />
se glisse facilement dans un sac. Comme ça on peut<br />
toujours l’avoir sur soi et le consulter en cas de doute.<br />
Mais surtout et malgré un petit 150 pages qui peut paraitre<br />
très limité pour parler de « vision globale sur le véganisme<br />
» comme indiqué sur la couverture, il est plutôt<br />
complet car va à l’essentiel. Et c’est pour moi ici le point<br />
fort, car cela permet à absolument tout le monde de se<br />
lancer en toute confiance avec toutes les clés en main,<br />
d’éviter les fails et de partir sur de très bonnes bases.<br />
Entre autres, vous pourrez trouver dans ce livre :<br />
a Les raisons qui poussent à devenir végane<br />
Des explications simples et claires, avec quelques chiffres. Ici, pas de<br />
photo choc, pas une seule phrase culpabilisante. Seulement les faits,<br />
pour que vous sachiez ce qu’il en est.<br />
a Des conseils pratiques pour commencer un régime végétalien<br />
Comment manger équilibré, comment procéder par étapes, les indispensables<br />
du placard d’un végane, quelques astuces pour faire ses courses<br />
sans suer ni vider son portefeuille et des recettes simples.<br />
a Tout ce qu’il faut savoir pour vivre végane au quotidien<br />
Vêtements et chaussures, produits d’hygiène et ménagers, santé, animaux<br />
de compagnie et même des recettes maisons et une F.A.Q.<br />
a Des annexes<br />
Labels Cruelty Free, associations, bonnes adresses, et quelques livres,<br />
films ou blogs.<br />
Et tout ça pour 13,90 EUR.<br />
N’hésitez donc pas. S’il vous faut un seul livre, c’est celui-ci ! Et si vous<br />
avez la possibilité, achetez-le dans une librairie de votre quartier. On reparlera<br />
de l’importance des petites librairies dans un futur proche !<br />
*Échec (en anglais)<br />
Auteur : @Noitasilagel<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
58
f<br />
Nouvel album<br />
OUVREZ LES CAGES<br />
disponible sur<br />
www.resturner.com<br />
59<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
60
61<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
TÉMOIGNAGES<br />
Si, théoriquement, le véganisme est facile, accessible à tous et transforme positivement nos vies, dans la<br />
pratique tout peut arriver, du bon (très souvent) au mauvais (qu’il ne faut pas ignorer).<br />
Quand j’ai commencé à avoir de l’influence sur Twitter, beaucoup de jeunes personnes m’ont contactée pour<br />
trouver des réponses à leurs malaises, face à des parents refusant leur choix de devenir végane ou des moqueries<br />
à l’école et des difficultés de manger sans P.O.A. sur place. Malheureusement, je n’en ai pas, si ce<br />
n’est qu’il faut être patient car l’heure de l’indépendance arrivera bien assez tôt, et qu’il faut être indulgent<br />
avec des parents qui sont probablement très inquiets. Et du dialogue, du dialogue, encore du dialogue.<br />
J’ai donc décidé que pour ce premier numéro, c’est à eux que je laisserai la parole. Voici les témoignages<br />
d’Ashley et Yasmine, qui malgré les difficultés, veulent rester fidèles à leurs convictions.<br />
ASHLEY, 17 ANS<br />
Je m’appelle Ashley, j’ai bientôt 18 ans et je vis dans le<br />
42 (Loire).<br />
Je suis végétarienne depuis septembre (2015), et j’essaie<br />
de devenir végane depuis plusieurs mois déjà,<br />
mais je continue de consommer du lait ou du beurre à<br />
mon insu lorsque l’on fait la cuisine à ma place, et je<br />
commence à trier tous les produits qui sont testés sur<br />
les animaux ou qui contiennent du cuir, etc.<br />
Des proches qui sont végétariens m’ont amenée au végétarisme.<br />
On en discutait souvent et petit à petit j’ai<br />
pris conscience que l’on m’avait menti toute ma vie. J’ai<br />
réduit ma consommation de viande puis je l’ai totalement<br />
arrêtée. C’est en visitant des pages web et des<br />
comptes Twitter que j’ai découvert le véganisme, j’ai<br />
compris qu’aucun animal ne devrait être exploité, et pas<br />
seulement pour sa viande. Petit à petit les P.O.A. m’ont<br />
dégoûtée, de plus en plus, et j’ai commencé ma transition<br />
au véganisme.<br />
En fait, le tri de la nourriture ne représente pas la plus<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
grande difficulté. Ce qui me dérange, c’est le regard<br />
des gens. Les moqueries notamment, comme quoi<br />
je ne mangeais que de la salade et que je regretterai<br />
bientôt «un bon steak de bœuf». Mais c’est peut-être<br />
le prix des convictions justes. Ensuite, l’inquiétude de<br />
mes parents. Pour la viande, ce n’était pas si grave, mais<br />
ils m’avaient déjà prévenue que je n’avais pas intérêt à<br />
penser au régime végétalien, que c’était dangereux, et<br />
qu’ils voulaient bien faire des efforts mais que je ne devais<br />
pas passer du «côté extrême». Or, impossible de<br />
ne pas se sentir coupable, les images de veaux enlevés<br />
à leur mère et autres me dégoûtaient de mon repas.<br />
Alors désormais ce sont des cris en permanence,<br />
des pleurs : «tu vas voir quand tu seras à l’hôpital avec<br />
des carences», «tu vas avoir de graves problèmes d’os,<br />
encore tu aurais 40 ans, mais tu n’as même pas fini ta<br />
croissance». J’ai beau expliquer qu’ils sont dans le faux,<br />
que les lobbies de l’agro-alimentaire leur mentent, que<br />
le calcium et les protéines se trouvent ailleurs, et même<br />
en plus grande qualité, que cette alimentation est possible<br />
à tout âge, rien à faire. Je suis devenue «une extrémiste»<br />
et on en vient à me menacer de me retirer mon<br />
62
futur appartement ou mon argent si je ne me remets pas<br />
à manger des produits venant d’animaux. Je tiens bon<br />
quand même, j’y vais petit à petit, je leur montre chaque<br />
quantité de fer dans les aliments, des témoignages,<br />
j’explique mais c’est dur de rester calme quand tu apprends<br />
qu’on a mis du fromage ou du lait dans ta purée<br />
ou tes pâtes, histoire de te forcer la main.<br />
C’est difficile, l’ambiance est insupportable, mais j’espère<br />
réussir un jour à leur prouver que je n’ai pas de<br />
problèmes de santé en rapport avec mon alimentation<br />
et que je ne m’en porte que mieux (ce qui est déjà le<br />
cas : avant j’étais toujours fatiguée, énervée, stressée ;<br />
maintenant je me sens pleine d’énergie, c’est sûrement<br />
parce que je mange plus équilibré et plus sain).<br />
Je me dis que je ne renoncerai à mes idées pour rien au<br />
monde, que c’est par de petits gestes que de grands<br />
changements ont pu se produire. Et pour éviter les<br />
grandes crises familiales je passe moins de temps chez<br />
moi, je mange à des horaires différents des leurs, pour<br />
ne pas avoir à croiser leurs regards noirs et pour pouvoir<br />
cuisiner mes propres repas, et y mettre ce que je veux.<br />
En ce qui concerne l’école, la rumeur va assez vite, il suffit<br />
de ne prendre que du riz au self et je dois expliquer<br />
pourquoi, et les gens viennent me parler de cela d’euxmêmes.<br />
Certains m’encouragent ou admirent mon choix<br />
«Tu es courageuse de faire ça, moi je ne pourrais pas,<br />
j’aime trop les yaourts et la viande». J’ai envie de répondre<br />
que tout le monde peut au contraire, mais après<br />
je passe pour une personne qui cherche à imposer<br />
ses idées de manière violente… Certains en discutent<br />
même avec moi, et parfois réduisent leur consommation<br />
de viande d’ailleurs, mais cela reste rare. Après il y<br />
a aussi des moqueries, ou certains m’évitent car ils ne<br />
veulent plus que je vienne au restaurant avec eux car<br />
je leur fais honte, mais en général ça ne se passe pas<br />
trop mal. J’ai l’impression que les adolescents sont plus<br />
ouverts et curieux, ils écoutent et y réfléchissent mais il<br />
vient toujours un moment où ils cherchent à se justifier<br />
et veulent terminer le débat car ils sont mal à l’aise.<br />
Je suis la seule végane de mon entourage. Enfin, mes<br />
parents en connaissaient un qui a eu des problèmes de<br />
santé (mais il l’est devenu alors qu’il était mal renseigné,<br />
à l’époque il n’y avait pas autant d’alternatives à<br />
la viande, donc il mangeait sûrement n’importe quoi et<br />
pas équilibré) et ça leur donne une «preuve» de plus<br />
pour me dissuader. Les seuls que je connaisse, je les<br />
connais grâce à Internet, d’ailleurs sans eux je n’aurais<br />
pas ouvert les yeux.<br />
Ce que je conseillerais à quelqu’un dans mon cas, c’est<br />
de ne pas renoncer, surtout pas. Et même si c’est impossible<br />
de devenir végane dans l’immédiat, ne pas oublier<br />
cette idée et la mettre en vigueur dès que possible.<br />
Ashley<br />
YASMINE, 15 ANS<br />
Je m’appelle Yasmine, j’ai 15 ans.<br />
Mes parents sont divorcés. J’ai d’un côté ma mère qui<br />
est végane et chez qui je ne mange pas de viande, ni de<br />
poisson, ni de lait, etc. Parfois du beurre et des œufs,<br />
ce qui contrarie un peu ma mère. Et de l’autre côté mon<br />
père, chez qui je mange des P.O.A., «comme tout le<br />
monde».<br />
Je trouve ça super d’être végane, j’en ai envie mais c’est<br />
compliqué quand on vit chez ses parents et au lycée. Et<br />
j’aime beaucoup la viande...<br />
Je pense que le véganisme est une chose géniale car je<br />
trouve ça logique et cohérent, d’après tout ce que ma<br />
maman m’a raconté. Elle m’a fait ouvrir les yeux sur la<br />
violence envers les animaux, sur leur vie, sur les répercussions<br />
de la consommation de P.O.A. sur la planète et<br />
aussi sur la santé.<br />
Au lycée, on n’a pas d’alternative : si on ne mange pas<br />
sa viande ou son produit laitier, il ne nous reste pratiquement<br />
rien. Et ça reviendrait à beaucoup plus cher<br />
d’être externe, mon lycée est loin de chez moi et mes<br />
parents travaillent beaucoup. Et il y a aussi la pression<br />
des copains…<br />
Si par exemple on se retrouve tous pour aller déjeuner<br />
et que je les rejoins avec mon repas végane, je vais me<br />
sentir obligée de me justifier et ils me trouveront ridicule,<br />
tout comme je trouvais ma mère ridicule au départ,<br />
lorsqu’elle nous a annoncé qu’elle serait végane. À 15<br />
ans c’est difficile de se démarquer du groupe, on préfère<br />
faire pareil que les autres.<br />
Je n’en parle pas beaucoup mais j’ai déjà eu une discussion<br />
à ce sujet avec un ami, et il a bien écouté mais<br />
ça ne lui a pas fait changer d’avis. Sinon avec mes autres<br />
amis, ça s’arrête après que je leur dise très rapidement<br />
pourquoi ma mère est végane ; parce que vu leur tête ça<br />
ne sert à rien que je continue mon explication.<br />
De tous mes amis, je suis la seule à être sensibilisée, il<br />
n’y a même pas de végétarien(s).<br />
Ouvrez les yeux, on est liés aux animaux, on a besoin<br />
d’eux. Mais on n’a pas besoin de les manger pour vivre.<br />
Yasmine<br />
63<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1
Présentation de la team<br />
BbVeggie - Rédactrice<br />
24 ans, végane, blogueuse & chroniqueuse.Militante pour les droits des animaux<br />
et engagée pour la planète.« May the Force be with You. »<br />
Twitter : @BbVeggieFacebook : BbVeggieBlog : bbveggie.com<br />
Ben, The Vegan Noob - Rédacteur<br />
Éternel noob, 30 ans passés et vois toujours le monde comme si j’en avais 10.<br />
Devenu végane pour avoir encore assez de santé, de vie et de planète pour<br />
aimer ma femme et mes trois enfants jusqu’à ce que les carottes se soulèvent<br />
et bouffent les humains par vengeance !!<br />
Twitter : @The_Vegan_Noob Facebook : TheVeganNoob<br />
Bla blavg - Rédactrice<br />
Végétarienne depuis 5 ans, en transition vers le véganisme. J'adore la campagne,<br />
le calme, la sérénité, les chats, les pandas et les flamants roses.<br />
J'aime par-dessus tout créer, coudre et réparer tout et n'importe quoi. Apprendre<br />
est un but quotidien, notamment en cuisine où je cherche à échapper<br />
à la routine. Quand je vais faire mon marché, je choisis de préférence des légumes que<br />
je ne connais pas et je me lance le défi d'en faire un bon petit plat.<br />
Facebook : Bla Blavg<br />
J. Andréoletti - Rédactrice/relecture/traduction<br />
25 ans et végane depuis début 2013 pour des raisons d’éthique. Et je viens<br />
d’une famille viandarde ! Auparavant, j’aimais beaucoup la viande et les produits<br />
laitiers… Comme quoi, tout est possible et n’importe qui peut trouver<br />
son bonheur dans une alimentation 100 % végétale ! P.S. : ma photo est bidonnée...<br />
je suis encore mieux en vrai !<br />
JujulB - Rédacteur<br />
Activiste depuis des années, je m’engage dans beaucoup de luttes,<br />
principalement environnementales et démocratiques, contre le patriarcat<br />
global. Le véganisme a été naturel dans mon cheminement, mais c’est loin<br />
d’être mon principal et seul engagement ! Mon rêve ? Vivre d’altruisme, de<br />
bière, de musique, et sans avoir de soucis à me faire pour l’avenir de la planète à cause des<br />
politiciens.<br />
Facebook : Julienpolitikos<br />
Mika, la Secte Végane - Illustratrice<br />
Végane depuis le 1er avril 2016 (mes parents ont cru à une blague), je suis<br />
tantôt traductrice, tantôt illustratrice, mais une geek végane avant tout ! Volontairement<br />
expatriée en Espagne depuis quelques années, je traduis des<br />
jeux vidéos pour gagner de quoi mettre du fromage végane sur la table, et<br />
pour le plaisir, je m’occupe de plusieurs blogs de dessin : un sur ma vie personnelle, un sur<br />
le véganisme, un sur la cuisine végane et enfin, un sur le jeu vidéo Dofus. N'hésite pas à me<br />
stalker (et à éventuellement me demander en mariage) si tu es toi-même végane, geek<br />
(+1000 si tu joues à Dofus) et voyageur/voyageuse !<br />
Blog : lasectevegane.wordpress.com/<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
64
Miss Boulgour - Rédactrice<br />
J’aime tellement la vie, qu’il est important pour moi que le maximum d’êtres<br />
vivants en profitent. Un bouquin à la main, un carnet dans la poche, explorant<br />
et encourageant l’avancement du véganisme au fil de mes déplacements et<br />
discussions. En vrai, c’est facile, il suffit d’être bien entouré.<br />
Nico - Community Manager<br />
Entre deux publications sur les réseaux sociaux, je fais de la guitare et des<br />
études en électronique. J’aime le métal, les licornes et les koalas. Je suis<br />
végane depuis 2 ans, pour plein de raisons mais surtout pour sauver les baleines<br />
et les ours polaires.<br />
Twitter : @pinkynico Instagram : @pi_n_ky<br />
NiriMitsu - Rédactrice<br />
Actuellement en L1 de biologie, j’étudie dans le but de me consacrer à la<br />
protection de la biodiversité, ou la confection de produits véganes. Depuis<br />
toute petite, j’aime les animaux et j’ai arrêté d’en manger dès que j’ai compris<br />
que la réalité était loin d’être le monde des Bisounours. Mais j’ai réalisé que<br />
c’était loin d’être suffisant pour la cause animale, je suis donc végane depuis maintenant 2<br />
ans. J’aime beaucoup l’univers japonais, les cosplays, mangas et tout le bazar. Mes passetemps<br />
sont l’écriture et surtout le dessin ! Vous pouvez d’ailleurs retrouver certains de mes<br />
gribouillis et essais culinaires (véganes, bien évidemment) sur Instagram.<br />
Instagram : nirimitsu<br />
Barbara (Noita) - Rédactrice en chef<br />
Mariée et maman de deux enfants, je suis végane depuis 1 an. J’écris depuis<br />
toujours, autant dire que je suis née avec un stylo greffé entre les mains ! La<br />
lecture et l’écriture me permettent de vider mon sac, me remettre en question,<br />
partager aussi mes sentiments : c’est une véritable thérapie. J’aime lire<br />
(notamment Stephen King), cuisiner, marcher, j’aime la nature aussi, évidemment. Je me<br />
promène parfois pieds nus dans l’herbe ou médite dans les parcs ou au bord de l’eau.<br />
Instagram et twitter : @Noitasilagel Blog : eduquestesparents.wordpress.com<br />
Facebook : noitasilagel<br />
Von k - Rédacteur<br />
Membre actif de la secte depuis quelques années, je fais également partie<br />
du conseil d’administration du lobby végane, dont la priorité est de réduire<br />
la population en carençant un maximum de monde tout en aidant à la croissance<br />
de l’industrie des compléments alimentaires. Extrémiste classé S, je<br />
suis actif dans les milieux véganes dans le but de sensibiliser la population à l’horreur des<br />
élevages industriels de carottes et le broyage des melons mâles.<br />
Si tu te retrouves dans ce combat, rejoins-moi :<br />
Youtube : Von K Facebook : VonK.Channel Twitter : @VonKchannel<br />
Hermann - Relecture<br />
34 ans, végétarien depuis 3 ans, végane depuis 1 an et demi. Une prise de<br />
conscience que j’ai eue après le visionnage de la conférence de Gary Yourofsky<br />
(qu’importe ce que les gens pensent en général de lui). Son discours<br />
le plus important de ma vie m’a permis de voir ce que je ne réalisais pas : l’horreur<br />
que vivent les animaux dans nos sociétés. Ma principale occupation ces dernières années<br />
a été le militantisme au travers de photomontages sur mon compte Facebook et aussi<br />
à la participation sur divers évènements véganes pour sensibiliser la population. J’aime<br />
l’échange, qu’il soit verbal ou par écrit.<br />
Facebook : bursa.hermann<br />
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Le Tofu Te Parle - N° 1
Greg - Chargé de communication<br />
Je m’appelle Grégory mais je préfère Greg :-) ! Et je suis le chargé de communication<br />
de ce LTTP :-D ! Je suis actuellement en dernière année d’un<br />
master commerce international et je suis également engagé à 100 % dans la<br />
protection de la planète. Je me bats et je veux me battre à temps plein pour<br />
la cause animale et environnementale. C’est donc tout naturellement que je suis devenu<br />
végane il y a quelques mois. Un regret concernant cette décision ? Ne pas l’avoir fait plus<br />
tôt ! On me définit souvent comme souriant (sourire Hollywood a souvent été mon surnom),<br />
positif (peut-être trop des fois…) et sportif (runner et footballeur).<br />
Vous pourrez vérifier mon engagement sur ma page :<br />
Facebook : GFPAE<br />
Hervé Berbille - Rédacteur<br />
Diplômé ISTAB (Institut des Sciences et Techniques des Aliments de Bordeaux),<br />
carrière dans l’industrie agroalimentaire, directeur recherche &<br />
développement, formation complémentaire en ethnopharmacologie, passionné<br />
du soja et de Philippe Muray, de vin (bio) et de rugby… Spécialiste,<br />
autoproclamé, du soja donc, de nutrition en général…<br />
Aurélia - Rédactrice/Mise en page/Graphisme<br />
28 ans et toutes ses dents. Altermondialiste en quête d’une autre planète.<br />
Militante végane pour la cause animale. Addict aux documentaires Arte.<br />
Ex-marketeuse de produits parfaitement inutiles. J’aspire à vivre le plus respectueusement<br />
des animaux, de la planète et des Hommes, et avance donc<br />
à tâtons sur la voie du minimalisme et du moindre déchet (le zéro déchet est encore loin !).<br />
Blog : la-carotte-masquee.com Twitter: @Madame_Carotte<br />
Facebook: LaCarotteMasquee<br />
Kateya kat - Mise en page/Graphisme<br />
27 ans mais plus pour très longtemps. Pastafariste whovian et bouffeuse de<br />
graines. Des fois je torture des carottes. Par pur sadisme. Et j’adore ça.<br />
Twitter : @KateyaKat<br />
Mais aussi : Jo Jo (Webmaster, graphiste, rédacteur), Isolina Ní Lochlainn (Redactrice),<br />
Zaiel Crff (Rédactrice), Moon LN Dust (Rédactrice), Lymbesque (Rédactrice), Melvin<br />
Faussot (Rédacteur/Traducteur).<br />
Le Tofu Te Parle - N° 1<br />
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