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Utopie pragmatique
Pierre Harlaut
les esprits. C’est déjà le cas. Mais on ne peut pas nier qu’il y ait
un effet de mode. Il faut se rendre compte du challenge : on a
les clés depuis 28 jours, il y a 2000 m 2 d’espace occupé, il y a
1,3 tonne de béton coulée dans le parking souterrain pour le
Skate Park, et dans trois mois on rend les clés ! C’est un vrai
coup de force. Et on adhère ou on n’adhère pas, comme pour
toute mode.
Quels sont les apports des ouvertures au public ? Avez-vous identifié
les publics qui osent pousser la porte de Quartier Libre ?
Les gens viennent voir de leurs propres yeux, ils viennent visiter,
ils viennent se détendre. L’espace est complètement réaménagé
et ça attise la curiosité. Il y a des scolaires qui vont venir
aussi… Et pour éviter que les gens viennent et qu’il ne se passe
rien, j’ai souhaité mettre en place des temps d’évènements, réguliers,
ouverts. Ça apporte du bien-être. Et c’est la fameuse graine
qu’on veut semer.
Est-ce qu’il y a des choses qui se profilent déjà un peu ? Des tendances
? Des leviers puissants vers du concret et du pérenne ?
Pour l’autofinancement, oui. Le bar, la salle « évènementiel »,
l’aquaponie et le jardin partagé. Associer un restaurant, pourquoi
pas, pour enrichir le culturel et le social, en lien avec notre
jardin partagé, en vendant les légumes qu’on fait pousser ici,
qu’on maîtrise. En ce qui concerne les prestations qu’on propose
aux clients, on peut faire travailler tous nos résidents pour mener
à bien des prestations entières et d’excellente qualité. Pour
le reste, il est encore tôt : on observe.
C’est presque un programme politique… Le discours est très volontaire,
très construit et argumenté…
La politique fait rentrer dans des cases. Et les gens s’en gargarisent.
Ce n’est pas mon parti pris. Je veux faire autre chose.
Je suis nécessairement engagé, par mon rôle d’entrepreneur
local, sur Reims, sur la région. Mais je m’engage avec des alternatives.
Quartier Libre est l’occasion de transmettre un message
positif et dynamique. C’est une parenthèse d’expression intéressante,
mais qui n’est pas faite pour foutre la merde. Elle propose
et doit servir à tout le monde. On n’a aucune autre ambition
que de faire quelque chose de concret. Et mon propos est en
fait apolitique. Pas de parti pris, pas de préférence, pas de promesse,
pas de mensonge à Quartier Libre. On ouvre les portes
pour accueillir, en toute transparence. On s’impose. Personne
ne nous attendait, personne ne nous a demandés, mais on y va.
Et on espère que les gens viendront aussi.
© Sylvère Hieule
TÉMOIGNAGE
Pierre Harlaut est un pionnier de l’Aquaponie en
France. Il faut dire que nous avons vingt-cinq ans de
retard en la matière. Pierre a découvert cette activité
sur internet, et, fasciné, a commencé à apprendre,
en autodidacte, et à créer ses propres prototypes
amateurs. Bien conscient que la pratique révèle des
limites, et que pour faire de l’aquaponie, il faut du
matériel, des kits et du savoir-faire, Pierre a créé des
outils nouveaux, à la portée de tous : un site internet,
des formations gratuites, un livre disponible sur le net,
des matériaux. Son aventure éthique est rapidement
devenue une aventure humaine.
Comment avez-vous été séduit par Quartier
Libre ?
L’initiative, à la base, est séduisante. C’est un rêve
d’avoir ça sur Reims. On a beaucoup de libertés, tout
en étant structurés. C’est mon frère qui m’a mis en
relation avec Antonin, et j’ai intégré l’aventure deux
semaines après tout le monde. Quartier Libre est, pour
moi, un point de connexion avec la ville, une sorte de
famille que je viens voir à Reims. Car sinon, je suis plutôt
ermite, je reste dans ma campagne. Quartier Libre
est l’ouverture sur le monde qui me manquait.
Sur quoi travailliez-vous à l’instant ?
Ma réponse va être un peu anecdotique, mais j’étais
simplement en train de raccorder une tour ZipGrow
à notre paysage aquaponique. Et je vérifiais son
étanchéité. D’habitude, je pose mes tours selon mon
protocole propre. Là, je dois aussi m’adapter au travail
d’Antonin, et à l’espace partagé avec lui.
L’expérience Quartier Libre vous inspire-t-elle
pour la suite ?
Déjà, j’ai des projets qui ont fleuri avec Antonin.
Des projets autour de l’occupation de nouveaux
espaces, comme les toits par exemple. Aussi, on
aimerait proposer des aménagements d’espaces de
détente dans les entreprises ou des offres paysagistes
aquaponiques, totalement inédites. On veut
ramener le végétal près des gens. J’espère vraiment
qu’il y aura un Quartier Libre 2, dans lequel je pourrai
encore mieux m’organiser et montrer que ce n’est pas
un passe-temps amateur mais un vrai travail, avec de
vraies offres. Une véritable solution pour nos consommations
futures aussi.
w w w . q u a r t i e r l i b r e - r e i m s . c o m