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création
Un vent nippon souffle sur les
créations de Jean-Noël Gabriel.
Coiffeur et compétiteur,
le Rémois a récemment remporté
le concours organisé
par la marque japonaise Shu
Uemura. Avec, au bout du
peigne, une immersion dans
le Tokyo de la mode et
un shooting pour son modèle en
vue d’une campagne de communication
internationale. Rencontre
avec un pro du cheveu
aussi simple que talentueux.
Dans la vibe
Après « Tokyo Chic » en 2015, le thème
du concours 2016 lancé par la marque
Shu Uemura, « Tokyo Vibe », a inspiré
quelques-uns des plus grands coiffeurs
à travers le monde. Jean-Noël Gabriel
a trusté la première marche du podium
et a pu aller réaliser sa coiffure primée
à Tokyo. Une occasion unique de faire
valoir son travail internationalement et
d’être associé au shooting photo de la
campagne de communication mondiale
qui affiche son modèle-studio.
Compétiteur né
Etes-vous un habitué des compétitions
dans la coiffure ?
J.-N. G. : Pas vraiment, c’est la seconde
fois que j’étais en sélection pour ce
concours Shu Uemura. L’an dernier, je
m’étais énormément préparé pour finalement
manquer la dernière marche.
Mon idée d’alors était peut-être un peu
trop compliquée. Cette fois, je suis allé
au concours en toute décontraction
et avec pas mal d’improvisation. Et ça
a matché ! Aux côtés de deux autres
gagnants pour la Grande-Bretagne et
le Canada, j’ai donc été invité à passer
quatre jours dans la capitale japonaise.
Au programme, un shooting pro et un
parcours touristique dans Tokyo.
Banzaï !
Quelle était votre idée de création pour
impressionner le jury ?
J.-N. G. : Depuis le départ, mon projet
était de travailler sur des cheveux
clairs en blond platine. Je voulais une
exagération de volume en donnant
une matière très aérienne, mousseuse,
cotonneuse, avec un effet crêpé. Pour le
côté « vibe », j’ai travaillé un mouvement
léger et noueux qui a fait son
effet apparemment. Pour le shooting à
Tokyo, j’ai dû réinterpréter ce que j’avais
fait à Paris avec, cette fois, un mannequin
russe qui, ayant la particularité
d’être albinos, avait des cheveux d’un
clair extrême. Nous avons réalisé avec
elle une photo studio et une autre dans
une maison traditionnelle japonaise.
Là, le travail est un peu différent de la
présentation en concours, plus technique,
plus sophistiqué, le visuel devant
être davantage publicitaire.
À travers les demandes qu’expriment
vos clientes, percevez-vous les
influences prescrites par la mode, les
magazines, les célébrités… ?
J.-N. G. : C’est bien sûr inévitable. Les
people vus dans les magazines, les
égéries des marques et, depuis moins
longtemps, les youtubeuses sont des
influenceurs importants, surtout pour
les plus jeunes clientes. Elles sont avides
de nouveauté, ce qui nécessite de rester
en éveil sur toutes les tendances. Bien
sûr, je suis cela à travers les salons,
les shows et les défilés, également sur
Internet et les réseaux sociaux, mais ma
première source d’information, c’est la
rue. C’est là que je flaire les tendances
et ce que j’observe m’inspire. J’adore
observer et, à ce titre, j’en ai eu plein les
yeux au Japon… Des looks déjantés,
excentriques et toujours élégants, mais
côté coiffure, des choses assez sobres
finalement. Tout cela nourrit mes
connaissances et mes idées,
j’y ajouterais une source complémentaire,
qui est de visionner des
films d’époque ; j’y trouve d’anciennes
coiffures qui sont formidables et ne
demandent qu’à être réinterprétées.
Pas de choucroute à la carte
Vos créations sont prisées par de
nombreuses femmes pour le jour de leur
mariage. C’est une responsabilité importante
pour vous…
C’est d’abord un plaisir que mon travail
soit reconnu pour des moments qui
comptent dans la vie des clientes. Je me
suis fait une spécialité des chignons qui
permettent une coiffure sophistiquée,
chic, tout en gardant de la spontanéité.
La coiffure « choucroutée » n’a pas lieu
d’être, l’heure est à des constructions
qui, tout en étant solides, préservent
une certaine simplicité et beaucoup
de naturel. Une autre spécialité que
j’aime beaucoup, c’est de travailler des
coiffures pour les soirées à thème…
Années folles ou années disco, ça m’inspire
beaucoup.
De l’art bien peigné
Salon ou galerie d’art ? Jean-Noël
Gabriel et Marie-Line, son associée,
aiment à fouiner parmi les tendances
artistiques et à repérer de jeunes
créateurs. « Nous ne voulions pas, à
l’Atelier JNG, des murs uniquement
couverts de photos de modèles, confie
Jean-Noël, nous avions envie d’exposer
des artistes de la région, des gens dont
nous apprécions le travail, en peinture,
en photo, en graff… » Iemza, BMZ,
Anthony Suply, leurs œuvres exposées
sont autant d’occasions de commenter,
d’échanger avec les clientes et de bousculer
quelques idées reçues…
a t e l i e r j n g
5 1 r u e d e t a l l e y r a n d
texte
Dominique Bunel
portrait
Benoît Pelletier
Shu, maître japonais dans l’art de la beauté
Bon d’accord, Shu Uemura, c’est une marque, mais c’est d’abord un esprit. Celui de son créateur,
un légendaire artiste maquilleur, maître-artisan japonais porté par le goût de l’esthétisme, pionnier
des années 1960. Pour explorer de nouveaux contours de la beauté, Shu Uemura conjugue
ses talents artistiques, son intérêt pour la science et son amour des ingrédients naturels ; ainsi,
quand il crée ses soins cheveux, des huiles précieuses font partie de la recette, comme celles de
rosier muscat, d'argan ou de camélia… L’essence d’un jardin extraordinaire !