Conservation de la nature Canada Magazine été 2016

ÉTÉ 2016
CIELS ÉTOILÉS
Bénéfiques
nuits
magiques
Les paysages célestes dépourvus de pollution
lumineuse sont essentiels aux écosystèmes

Conservation de la nature Canada
ÉTÉ 2016
Conservation de la nature Canada
36, avenue Eglinton Ouest, bureau 400
Toronto (Ontario) Canada M4R 1A1
magazine@conservationdelanature.ca
Tél. : 416 932-3202
Sans frais : 1 800 465-0029
Conservation de la nature Canada (CNC) est le
chef de file au pays en matière de conservation
des terres, œuvrant à la protection de nos milieux
naturels les plus importants et des espèces qu’ils
abritent. Depuis 1962, CNC et ses partenaires ont
contribué à la protection de 2,8 millions d’acres
(plus de 1,1 million d’hectares) de terres, d’un
océan à l’autre.
Le magazine de Conservation de la nature Canada
est distribué aux donateurs et sympathisants de CNC.
MC
Marque de commerce de la Société canadienne
pour la conservation de la nature
FSC® n'est pas responsable des calculs concernant l’économie
des ressources réalisée en choisissant ce papier.
COUVERTURE
Aire de conservation des prairies
patrimoniales Old Man on His Back,
Saskatchewan.
Photo de Alan Dyer
CETTE PAGE
Gaff Point, Nouvelle-Écosse.
Photo de Mike Dembeck
Imprimé sur du papier Rolland Opaque fait
à 30 % de fibres post-consommation, certifié
Écologo et Procédé sans chlore. Ce papier est
fabriqué au Canada par Rolland, qui utilise le
biogaz comme source d’énergie. L’impression est
effectuée au Canada, avec des encres végétales
par Warrens Waterless Printing. La publication
de ce magazine a sauvegardé 19 arbres et
69 837 litres d’eau*.
Graphisme par Evermaven.
*CALCULATEUR TKTKTKTKTKTKT : WWW.ROLLANDINC.COM/FR
2 ÉTÉ 2016 conservationdelanature.ca

Sommaire
Conservation de la nature Canada ÉTÉ 2016
Nuits d’été
TKTKTKTKTKTKT
Comme bien des enfants, j’ai passé un
nombre incalculable d’heures en voiture
lors de vacances familiales. Habituellement,
nous roulions vers l’est pour visiter la
famille de ma mère en Gaspésie, au Québec. Un
été, nous avons toutefois pris la direction opposée
pour rejoindre la région de Winnipeg. Un soir, chez
nos cousins, alors que nous étions allongés sur
la terrasse arrière à admirer le ciel en silence,
notre jeune cousin Colin a demandé : « Qu’est-ce
qu’on regarde au juste? »
Colin voyait-il la Voie lactée pour la première
fois, ou est-ce que ce paysage céleste lui était
familier? Pour mon frère et moi qui avions grandi
en banlieue de Toronto, ce ciel étoilé était captivant.
Comme le souligne Peter McMahon dans notre
article vedette : « la pollution lumineuse […] a
augmenté à tel point que la plupart des enfants
d’aujourd’hui ne verront jamais un ciel assez
obscur pour y observer la Voie lactée. » Le
journaliste scientifique explique, entre autres,
comment un ciel obscur contribue à la préservation
des habitats et des espèces.
Cet été, nous vous encourageons à visiter des
lieux protégés par CNC, que ce soit Old Man on
His Back — une réserve naturelle de ciel étoilé
du sud-ouest de la Saskatchewan — ou l’une des
nombreuses autres situées à travers le pays.
Pourquoi ne pas emporter votre Magazine CNC
et nous envoyer une photo de vous en pleine
lecture… et en pleine nature! Voici notre adresse :
magazine@conservationdelanature.ca.
Je vous souhaite un été rempli d’aventures et
de nature!
CBT
Christine Beevis Trickett,
Directrice de la rédaction
P.-S. – Merci à ceux et celles qui nous ont fait part de
leurs commentaires concernant notre première édition.
Nous espérons que vous continuerez à prendre plaisir
à lire notre magazine.
8
16 4
14 Hourra pour
les oiseaux!
Nous soulignons le 100 e anniversaire
d’une convention d’une importance
vitale pour les oiseaux migrateurs.
16 La réserve naturelle
Alfred-Kelly
Un paysage majestueux au cœur des
Laurentides, au Québec.
17 Les indispensables de
Catherine McKenna
Ce que la ministre de l’Environnement
et du Changement climatique apporte
pour ses excursions familiales.
18 Article vedette :
À ciel ouvert
Les paysages célestes dépourvus de
pollution lumineuse sont essentiels
aux écosystèmes.
12 L’oreillard de
Townsend
Un syndrome menace cette chauvesouris
que CNC garde à l’œil.
14 CNC à l’œuvre
Des nouvelles en provenance du
Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-
Édouard et du sud du Manitoba.
16 John Risley :
naturellement en
affaires
Il combine son sens aigu des affaires
à sa passion pour la nature.
18 Une vie vouée à la
conservation
CNC souligne le travail d’un géant de la
conservation : Bill Freedman.
conservationdelanature.ca
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D’UN OCÉAN
À L’AUTRE
1
Le canard
branchu
1
2
La chasse commerciale et
la destruction de forêts de
feuillus ont par le passé
contribué au déclin du canard
branchu, presque disparu à la
fin du 19 e siècle. Depuis, des
efforts de conservation ont
permis à ses populations de
retrouver un niveau stable,
voire croissant. Contrairement
à la plupart des oiseaux
aquatiques, le canard branchu
niche dans des cavités d’arbres.
Ses griffes acérées lui
permettent aussi de se percher.
On le retrouve dans les aires
boisées situées près des marais,
des étangs, des tourbières et
des cours d’eau.
Hourra pour
les oiseaux!
Cette année marque le 100 e anniversaire de la
Convention concernant les oiseaux migrateurs
aux États-Unis et au Canada, une initiative ayant
porté ses fruits en Amérique du Nord.
Le Canada est une terre d’une beauté inégalée, où une multitude de milieux humides,
de lacs et de forêts subsistent encore. Quantité d’oiseaux dépendent de ces habitats
pour nicher et se nourrir. On estime d’ailleurs que c’est au Canada que se reproduit
près de 70 % de la sauvagine d’Amérique du Nord.
Au début du 20 e siècle, plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques étaient toutefois
en voie de disparition, menacées par la chasse commerciale et la perte d’habitat. Le
courlis esquimau, à une époque l’oiseau de rivage le plus abondant d’Amérique du
Nord, est aujourd’hui « potentiellement disparu ».
Plusieurs lois provinciales ont établi des saisons pour la chasse et des limites
de prises pour la sauvagine. C’est toutefois la Convention concernant les oiseaux
migrateurs aux États-Unis et au Canada de 1916 qui constitue la pierre angulaire
de la protection des oiseaux en Amérique du Nord.
Pour souligner le 100 e anniversaire de cette entente, voici quelques exemples
d’espèces ayant évité la disparition.
4 ÉTÉ 2016 conservationdelanature.ca

2
3
4
La grande
aigrette
Le cygne
trompette
Le bécasseau
semipalmé
ILLUSTRATION : JACQUI OAKLEY
Le magnifique plumage
blanc de la grande aigrette
l’a presque menée à
l’extinction, au début du
20 e siècle. L’espèce s’est
remise sur pattes dès que
la chasse aux plumes a été
interdite vers 1910. En saison
de reproduction, la grande
aigrette vit en colonie et
niche dans les arbres situés
sur des îles du sud du
Manitoba, de l’Ontario, du
Québec ainsi que de l’autre
côté de la frontière, dans la
plupart des États américains.
Ressemblant au grand
héron, elle est toutefois plus
petite et dotée de pattes
noires et d’un bec orangé.
Le cygne trompette, l’oiseau
aquatique le plus grand
d’Amérique du Nord, se
reproduit dans les milieux
humides du nord-ouest
du continent et du Midwest
américain. Vers la fin du
19 e siècle, l’espèce a frôlé
l’extinction, car ses plumes
servaient à la confection
d’accessoires de mode et de
plumes d’écriture, et sa peau
à la fabrication de houppes
à poudrer. Grâce à des
mesures de conservation
ciblant son habitat de
reproduction, l’espèce n’était
plus en péril dès le début
du 21 e siècle.
À la fin du 19 e siècle, le
bécasseau constituait une
bonne source de nourriture,
ce qui en faisait une espèce
menacée par la chasse. Au
fil du temps, sa population
s’est rétablie, mais elle vit
depuis peu un nouveau
déclin. Ce petit oiseau niche
dans l’Arctique et migre
annuellement vers son aire
d’hivernage, situé en
Amérique du Sud. Au
Nouveau-Brunswick, CNC
a protégé une importante
halte migratoire pour le
bécasseau semipalmé à
Johnson’s Mills, sur la
baie de Fundy.
4
TROIS
FOIS
PLUS!
3
La loi américaine dite North American
Wetlands Conservation Act (NAWCA),
adoptée en 1989, visait à protéger les
milieux humides pour la sauvagine,
les oiseaux, les poissons et les autres
espèces dépendant de ces habitats.
Elle a donné accès à des fonds pour
la conservation des habitats des
oiseaux migrateurs au Canada, aux
États-Unis et au Mexique.
CNC reçoit ainsi chaque année des
fonds pour mettre en œuvre des projets
visant d’importants habitats d’oiseaux.
Ces 15 dernières années, l’organisme
a pu conserver 350 000 acres (142 000
hectares) grâce à ce financement.
Afin de pouvoir profiter de ce
financement, CNC doit recueillir des
fonds jumelés américains. Chaque don
en provenance des États-Unis effectué
à CNC, ou à notre partenaire American
Friends of Nature Conservancy of
Canada, peut être compensé à raison
de 3 pour 1. Ainsi, chaque don de
10 000 $ permet jusqu’à 40 000 $
d’investissement dans la conservation.
conservationdelanature.ca
ÉTÉ 2016 5

SUR LES
SENTIERS
Ceux qui visitent cette propriété de CNC
y trouvent 16 kilomètres de sentiers,
dont certains ont près de 100 ans!
La réserve naturelle
Alfred-Kelly
Avec ses longs sentiers et ses panoramas splendides, cette réserve
permet aux citadins d’oublier la frénésie urbaine!
Le paysage des falaises de Prévost et
de Piedmont s’apparente à un gigantesque
panneau réclame naturel qui
aurait été stratégiquement planté près de
l’autoroute des Laurentides. Grandiose, on
croirait qu’il annonce aux automobilistes que
le monde urbain est bel et bien derrière eux!
Atteignant par endroits une centaine de
mètres de dénivelé, ce grand « mur » parsemé
de végétation s’étire sur plus de 1 kilomètre. À
ses pieds, un talus d’éboulis se termine par une
vallée paisible. Avec une géographie si variée, il
n’est pas étonnant d’y retrouver un éventail de
milieux naturels abritant une riche diversité
d’espèces fauniques et floristiques.
Panoramas inoubliables sur la région,
accès au bien nommé lac Paradis, escaliers en
pierre facilitant l’accès, voilà ce qui attend les
marcheurs. En hiver, raquetteurs et skieurs
de fond fréquentent également la réserve.
L’escalade de glace (réservée aux experts) est
aussi pratiquée sur quelques parois.
Certains sentiers de la réserve sont
presque centenaires. Alfred Kelly a lui-même
contribué au développement du réseau, mais
aussi des groupes de skieurs de fond ainsi que
Herman Smith-Johannsen, mieux connu sous
le nom de Jack Rabbit. Ce pionnier du ski de
fond à l’échelle du Canada a aussi été rendu
célèbre en s’éteignant à l’âge de 111 ans!
UN TRAVAIL D’ÉQUIPE FRUCTUEUX
Partageant une vision commune, les municipalités
de Piedmont et Prévost, les Amis de la
réserve Alfred-Kelly, Protection des oiseaux
du Québec (POQ) et le Comité régional pour
la protection des falaises ont mis sur pied
un comité piloté par CNC. Celui-ci examine
les décisions portant sur la gestion du
territoire, en plus de contribuer aux activités
de préservation de cette aire naturelle
exceptionnelle et à la sauvegarde des espèces
qu’elle abrite.
ESPÈCES À OBSERVER
Repaire de prédilection pour les rapaces, la
réserve naturelle Alfred-Kelly abrite 22 des
27 espèces d’oiseaux de proie répertoriées
au Québec. Un couple « vedette » de faucons
pèlerins (voir notre numéro du printemps
2016) y a été observé chaque année depuis
LAC PARADIS : COMITÉ RÉGIONAL POUR LA PROTECTION DES FALAISES.
6 ÉTÉ 2016 conservationdelanature.ca

1
LES
INDISPENSABLES
ALFRED KELLY
Ornithologue chevronné et
passionné, Alfred Kelly a par
sa générosité et son
engagement soutenu laissé
sa marque dans le paysage
des Laurentides. Membre
de longue date de Protection
des oiseaux du Québec
(POQ), il possédait une
résidence secondaire au pied
des falaises de Piedmont.
Monsieur Kelly a assuré la
protection de ce coin de
pays en léguant sa résidence
et ses terres à POQ. Nommer
la réserve naturelle en son
honneur était donc… tout
naturel!
5
2
FAUCON PÈLERIN : JEAN-FRANÇOIS PLOUFFE. LES INDISPENSABLES : JUAN LUNA. CATHERINE MCKENNA : AVEC L’AUTORISATION D’ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE CANADA.
2010, et ce, 50 ans après que l’espèce ait
disparu des environs. Des espèces végétales
aussi singulières que leur nom (clématite
verticillée et arabette à fruits réfléchis) ont
également été observées sur ce précieux
territoire des Laurentides.
COMMENT S’Y RENDRE
De Montréal : emprunter l’autoroute des
Laurentides (A-15 N) jusqu’à la sortie 55. À la
rue Morin (0,5 km après la sortie), tourner
à droite pour rejoindre la rue Principale à
prendre vers la droite. Tourner à gauche sur la
rue de la Station. Après avoir traversé la route
117, vous apercevrez la gare de Prévost et son
stationnement. L’entrée de la réserve est tout
près. D’Ottawa : l’A-50 E permet de rejoindre
l’A-15 N à la hauteur de Mirabel.
SENTIERS
Longueur totale : 16 km
Niveau de difficulté : Intermédiaire
Terrain : Sol compact, mal drainé par endroits
Province : Québec
Localités les plus près : Prévost et Piedmont
Description : Sentiers de largeur variable et
escarpements. Présence d’un lac, de milieux
humides, de la forêt laurentienne et d’un
imposant barrage de castor. A
TÉLÉCHARGEZ LA CARTE DES SENTIERS
Visitez conservationdelanture.ca/alfredkelly-sentiers
conservationdelanature.ca
CNC est un fier partenaire d’Environnement et Changement climatique
Canada grâce au Programme de conservation des zones naturelles.
Plaisir en famille
Pour la ministre de l’Environnement et du Changement
climatique, Catherine McKenna, une bonne partie de
l’été se passe en pleine nature avec sa famille. Voici ce
qu’elle apporte pour s’assurer que ses enfants s’amusent
pendant leurs excursions.
1. UN RECUEIL DE BLAGUES Se raconter
des histoires drôles est une bonne façon de
passer le temps, et c’est encore plus utile
si cela permet à mes enfants d’améliorer
leur français!
2. UN GUIDE D’IDENTIFICATION DES
EMPREINTES Mes enfants peuvent
m’enseigner quelles espèces animales
sont passées avant nous grâce à ce livre.
3. DES JUMELLES Mes trois enfants
cherchent souvent à voir des oiseaux ou
des animaux pendant que nous pagayons
vers nos sites de campement.
4
3
4. UN BÂTON LUMINEUX AVEC SIFFLET
Nous sommes des campeurs qui aimons
sortir des sentiers battus. J’apprends donc à
mes enfants qu’il est aussi important d’être
prudents que de s’amuser!
5. DES BILLES DÉCORATIVES Mes filles ont un
certain talent avec les couleurs; elles peuvent
passer des heures à fabriquer des bracelets! A
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Plusieurs parcs et aires naturelles protégées du
Canada offrent aux visiteurs des points de vue
spectaculaires sur la voûte céleste constellée.
TKTKTKTKTKTKT
8 ÉTÉ 2016 conservationdelanature.ca

ALGONQUIN, ONTARIO : ETHAN MELEG.
À ciel
ouvert
Les paysages célestes dépourvus de pollution lumineuse
sont essentiels aux écosystèmes.
PAR Peter McMahon,
Journaliste scientifique spécialisé en astronomie
Chris Beckett sait reconnaître
les sites de choix pour
l’observation des étoiles. Ce féru
d’astronomie, originaire de Regina, en
Saskatchewan, a été président du comité
national d’observation pour la Société
royale d’astronomie du Canada (SRAC) et
a parcouru le pays avec ses conférences
sur les plus beaux ciels nocturnes.
Par un après-midi ensoleillé d’août, sur
l’autoroute 13 qui traverse le sud de la
Saskatchewan, Chris Beckett s’est retrouvé
sur un plateau — sommets du Montana à
l’horizon — puis au creux d’une vaste dépression.
« Cet endroit est idéal », remarqua-t-il,
« on croirait qu’il a été créé pour les astronomes.
» Il se trouvait alors au centre
d’accueil de l’aire de conservation des prairies
patrimoniales de Old Man on His Back (OMB),
un des projets phares de Conservation de la
nature Canada (CNC) en Saskatchewan. Cette
prairie intacte de 13 135 acres (5 316 hectares)
héberge des espèces en péril telles que
le renard véloce, jadis disparu du pays, ainsi
que la buse rouilleuse.
Grâce à une collaboration entre les anciens
propriétaires du domaine, Peter et Sharon
Butala, cette étendue de prairie mixte
semi-aride typique est dorénavant protégée de
tout projet d’aménagement. Depuis peu, les
adeptes de l’astronomie comme Chris Beckett
réalisent que des projets comme celui d’OMB
protègent non seulement la flore et la faune,
mais également le ciel nocturne. Or, de
nouvelles recherches démontrent qu’un ciel
obscur est bénéfique pour la faune.
TKTKTKTKTKTKT
conservationdelanature.ca
ÉTÉ 2016 9

La tête dans les étoiles
Ces dernières décennies, la pollution lumineuse,
c’est-à-dire l’illumination artificielle du ciel par
la lumière des lampadaires, des industries et
des véhicules, a augmenté à tel point que la
plupart des enfants d’aujourd’hui ne pourront
jamais observer la Voie lactée. En plus de
nuire à la visibilité des étoiles, il est prouvé
que la pollution lumineuse bouleverse les
rythmes naturels des êtres vivants, depuis les
insectes jusqu’aux humains.
« La pollution lumineuse émise par les
gratte-ciel et les tours de télécommunications
peut désorienter les oiseaux, ce qui cause des
collisions », affirme Dan Kraus, directeur
principal du développement des programmes
en conservation à CNC et scientifique pour la
conservation Weston. Il constate que plusieurs
espèces d’oiseaux migrent de nuit, guidés par
les étoiles. « Plusieurs espèces aviaires sont
en déclin à cause de la perte d’habitats et
de la mortalité accrue lors des migrations,
principalement due à des obstacles créés
par les humains », explique-t-il.
Dans le sud de l’Ontario, là où la pollution
lumineuse complique de plus en plus la
migration des oiseaux, CNC a restauré plus de
1 500 acres (600 hectares) dans des zones
servant de haltes pour des centaines d’espèces.
Parmi celles-ci se trouvent les îles de la partie
ouest du lac Érié (dont l’île Pelée) et la plaine
sablonneuse du sud de Norfolk, soit deux
points névralgiques de la biodiversité sur la
rive nord du lac Érié.
Pour certaines espèces, la pollution
lumineuse perturbe des processus vitaux
comme le sommeil, l’alimentation, la migration
et le cycle de reproduction. Par exemple, le
nécrophore d’Amérique, un coléoptère, est
disparu du Canada et d’une vaste portion de
son aire de répartition historique. Une des
théories expliquant cette disparition suppose
que la pollution lumineuse aurait eu un impact
négatif sur son cycle de vie.
Heureusement, les terres protégées par CNC sont
souvent situées dans des zones de forte biodiversité,
typiquement rurales et éloignées, donc moins éclairées
que les zones situées près des grands centres urbains.
« Pour d’autres espèces, comme la
salamandre, des études ont démontré que
la lumière artificielle réduirait le temps passé
par les adultes à chercher activement de
la nourriture et augmenterait le temps qu’elles
prennent pour retrouver leur abri pour s’y
cacher », explique Jennifer McCarter, biologiste
de la conservation, spécialiste des amphibiens
et des reptiles à CNC en Ontario. « La
lumière artificielle aide sans doute aussi les
prédateurs à chasser la salamandre durant la
nuit », ajoute-t-elle.
La lumière artificielle influence également
le chant nuptial des grenouilles, dévie les
tortues tout juste écloses loin de l’océan éclairé
par la Lune, et attire un grand nombre de
papillons de nuit vers les lampadaires, ce qui
réduit les sources de nourriture des chauvessouris
et des oiseaux.
« Heureusement, précise madame McCarter,
les terres protégées par CNC sont souvent
situées dans des zones de forte biodiversité,
typiquement rurales et éloignées, donc moins
éclairées que les zones situées près des grands
centres urbains. » À cet égard, le souci de
conserver la nature et celui de préserver un
ciel obscur vont de pair.
Beauté obscure
Ce double avantage a également été constaté à
l’aire de conservation des prairies patrimoniales
OMB. En 2015, la SRAC lui a en effet attribué
une mention d’honneur pour la préservation du
ciel nocturne. Cette année, OMB célèbre ses
20 ans en tant que site de conservation.
« Vu l’omniprésence de l’éclairage extérieur,
les gens de la ville installent souvent des lampes
de jardin lorsqu’ils déménagent à la campagne »,
affirme Robert Dick, président de l’initiative
Light Pollution Abatement de la SRAC. « Créer
des réserves de ciel étoilé dans les parcs
nationaux et les aires de conservation aide à
protéger ces environnements quasi vierges afin
d’y maintenir un écosystème équilibré. »
La nuit tombe sur la prairie et la Voie
lactée se confond avec l’immensité du ciel
étoilé. Les vestiges de lumière parasite
s’estompent sur l’herbe. À l’horizon, Chris
Beckett peut voir les étoiles, et une aurore
boréale qui entame sa danse.
OLD MAN ON HIS BACK, SASKATCHEWAN : ALAN DYER.
10 ÉTÉ 2016 conservationdelanature.ca

Les aires de conservation du Canada sont des
lieux privilégiés d’où il est encore possible de
contempler la Voie lactée. Leur faible niveau
de pollution lumineuse contribue à l’équilibre
des écosystèmes.
OMB célèbre son 20 e anniversaire cette année!
conservationdelanature.ca/omb
Réserves de ciel étoilé, parcs et autres sites au Canada
Réserve de ciel étoilé reconnue par la SRAC*
•
Réserve de ciel nocturne reconnue par la SRAC
Urban Star Park (« Parc étoilé urbain ») reconnu par la SRAC
•
Autre site
Aire naturelle de CNC
* Société royale d’astronomie du Canada
RÉDUISEZ L’INTENSITÉ LUMINEUSE
À la campagne comme en ville, vous pouvez
contribuer à réduire la pollution lumineuse :
Éteignez! La manière la plus simple est bien sûr
d’éteindre. À l’intérieur et à l’extérieur, au bureau
et à la maison!
Lumière en couleur Le jaune et le rouge ont moins
d’impact sur la faune (et n’attirent pas les insectes
sur votre balcon!).
CARTE : CNC. PHOTO : ALAN DYER.
Aux premières loges du cosmos
Plus à l’ouest, sur les contreforts des Rocheuses
albertaines, le parc national des Lacs-Waterton
offre une vue splendide des montagnes parmi
les plus spectaculaires en Amérique du Nord.
La SRAC songe d’ailleurs à lui attribuer le
statut de réserve de ciel étoilé. Le terrain
d’élevage vallonné jouxtant le parc est l’un des
projets de conservation les plus importants de
CNC en Alberta.
« La fragmentation des habitats par les
humains est la plus grande menace pour la
nature », affirme Anne Stevick, chargée de
projets à CNC pour l’est de Waterton. Cet
endroit est un habitat idéal pour l’orignal, le
wapiti, le cerf de Virginie, le cougar, le loup, le
grizzly et l’ours noir. En plus d’être néfaste pour
les espèces de petite taille, la pollution lumineuse
peut aussi affecter les superprédateurs en
réduisant la diversité dans un endroit donné, ce
qui bouleverse toute la chaîne alimentaire.
Grâce à un don généreux de la W. Garfield
Weston Foundation, environ 32 000 acres
(12 950 hectares) de terres ont été épargnés
d’une possible vente à des promoteurs. Dans
plusieurs cas, des ventes et ententes conclues
avec des éleveurs de la région ont même
permis de poursuivre l’élevage dans cet
endroit, tout en prévenant l’introduction de
routes, de véhicules et de sources lumineuses,
qui perturberaient les rythmes de la nature.
« Cet endroit est formidable, dit madame
Stevick. En prévenant l’aménagement du
terrain, nous pouvons offrir un espace dont
bénéficiera le public sans que les espèces qui y
habitent soient dérangées. »
Pour ceux qui ont la chance d’être aux
premières loges de l’univers dans de tels
endroits, il s’agit de l’occasion rêvée d’observer
le cosmos dans toute sa splendeur. Pour la faune
et la flore, il s’agit d’un espace de vie complètement
naturel, le jour... comme la nuit! A
Doux clair-obscur Réduisez l’intensité de la
lumière qui se dirige hors de la maison le soir,
à l’aide de toiles ou de rideaux.
Visez juste! Dirigez les luminaires extérieurs vers
le sol, pour réduire leur reflet vers le ciel.
Une question de gradation Contrôlez l’intensité
lumineuse selon vos besoins grâce à des gradateurs.
Restez à l’affût, même dans le noir L’International
Dark-Sky Association offre plusieurs ressources
pour savoir comment réduire la pollution lumineuse.
Visitez darksky.org (en anglais seulement)
conservationdelanature.ca
ÉTÉ 2016 11

PROFIL
D’ESPÈCE
L’oreillard de
Townsend
Une
menace
imminente venue
de l’Est et une
diminution de sa
population fait de
cette chauve-souris
une espèce à
surveiller de près.
MINDEN PICTURES
12 ÉTÉ 2016 conservationdelanature.ca

C’
était une chaude nuit d’été de juillet 2015, sur un sentier de la
propriété Sage and Sparrow dans la vallée de l’Okanagan, en
Colombie-Britannique. Des bénévoles et des membres du personnel
de CNC marchaient, éclairés par quelques lampes de poche. Cori
Lausen, une biologiste spécialiste des chauves-souris, tenait son détecteur
d’ultrasons, un outil indispensable pour identifier les cris des différentes
espèces. Le cri de l’oreillard de Townsend retentit soudain dans le détecteur.
Les membres du groupe comprirent alors qu’ils n’étaient pas seuls…
PRATIQUES, CES OREILLES
Nommée d’après le naturaliste américain John Kirk Townsend, cette chauve-souris
habite les cavernes et les forêts de l’ouest de l’Amérique du Nord. Au Canada, on la
retrouve dans le sud de la Colombie-Britannique. Son système de localisation acoustique
(écholocalisation) lui permet de trouver sa nourriture ainsi que des lieux pour se
reposer. Grâce à ses grandes oreilles (38 millimètres en moyenne!), l’oreillard de
Townsend capte des ondes à plus basse fréquence que les chauve-souris à petites
oreilles, ce qui l’avantage.
UNE REPRODUCTION PLUTÔT PARTICULIÈRE
Le cycle de reproduction de l’oreillard de Townsend s’étale sur une année, débutant et
se terminant à l’été. Bien que la période d’accouplement soit de novembre à février, la
femelle ne conçoit qu’au printemps. Cette fécondation, dite différée, permet l’accouplement
au moment où l’adulte est au sommet de sa forme et retarde la mise bas
jusqu’au début de l’été, lorsque les conditions de survie et les sources de nourritures
sont optimales.
Les femelles forment des colonies de maternité dans les cavernes, les mines ou les
édifices abandonnés. Elles y vivent du début du printemps jusqu’à l’été, et chacune d’elles
met au monde un seul bébé. Pendant cette période, les mâles vivent en solitaire ou en
petits groupes.
Ce faible taux de naissance, en plus d’autres facteurs comme la faible population de
l’espèce et sa vulnérabilité en période de repos, met l’oreillard de Townsend en péril.
FICHE DESCRIPTIVE
NOM SCIENTIFIQUE
Corynorhinus townsendii
TAILLE ET POIDS
8,3 à 11,3 cm / 9 à 14 g
Envergure des ailes – 30 à 34 cm
POPULATION AU CANADA
Aucune estimation n’est disponible pour
la plupart des espèces de chauves-souris.
En Colombie-Britannique, le nombre
d’observations est estimé à une centaine.
TENDANCE DE LA POPULATION
Les tendances des populations de
chauves-souris seront mesurables dans
les prochaines années, alors que plus
de gens rejoindront le programme
de surveillance North American Bat
Monitoring program.
STATUT COSEPAC
Cette espèce n’a pas encore été évaluée.
MINDEN PICTURES
BIEN AU CHAUD DANS LA CAVERNE
Sur l’île de Vancouver, les cavernes de la réserve naturelle de Chase Woods abritent
plusieurs espèces de chauves-souris, dont l’oreillard de Townsend. En conservant
ces terres, CNC aide à assurer aux chauves-souris un lieu sécuritaire pour le repos,
l’hibernation et la mise bas.
En 2010, près de Nelson (Colombie-Britannique), CNC a aidé à bloquer l’accès à la
mine Queen Victoria, afin de protéger les chauves-souris hibernantes des intrus. La
protection de leurs lieux de repos contribue à contrer la propagation du syndrome du
museau blanc, une infection fongique mortelle pour elles. D’après les scientifiques, le
syndrome se propagerait vers l’ouest à une vitesse de 300 kilomètres par année.
STATUT ACTUEL
Trois espèces de chauves-souris se sont récemment vu attribuer une évaluation
d’urgence par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en
raison de la forte diminution de leurs populations. La pipistrelle de l’Est, la petite
chauve-souris brune et la chauve-souris nordique sont toutes considérées comme en
voie de disparition au Canada, le syndrome du museau blanc représentant une grave
menace pour la survie de ces espèces.A
SYNDROME DU
MUSEAU BLANC
À ce jour, le syndrome du museau blanc
a causé la mort de près de 7 millions de
chauves-souris au Canada et aux États-Unis.
Découvert pour la première fois dans l’est du
Canada à l’hiver 2009-2010, ce syndrome a
affecté des populations de chauves-souris en
Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick
et en Nouvelle-Écosse. Récemment, une
petite chauve-souris brune atteinte du
syndrome a été retrouvée à l’ouest des
Rocheuses dans l’État de Washington. Cela
pourrait représenter une progression
importante de l’infection.
conservationdelanature.ca
ÉTÉ 2016 13

CNC
À L’ŒUVRE
3
UNE FÊTE AU NOUVEAU-BRUNSWICK!
Célébrez le 10 e anniversaire de la désignation ZPM de
l’estuaire de la Musquash en juillet! Pour plus d’information
conservationdelanature.ca/musquash
1
2
Estuaire de la Musquash
1
BAIE DE FUNDY, NOUVEAU-BRUNSWICK
N.-B.
Étant l’un des derniers estuaires encore
fonctionnels de la baie de Fundy, l’estuaire de
la rivière Musquash abrite une multitude
d’habitats, comme des vasières, des marais salés et des forêts côtières.
Cette région compte des espèces terrestres telles que l’orignal, l’ours
noir et le lynx roux, des espèces marines comme le phoque commun et
le canard de mer, ainsi que des volées d’oiseaux migrateurs en transit.
Cet été seront célébrés les 10 ans de l’estuaire en tant que zone
de protection marine (ZPM), la seule du Nouveau-Brunswick. Cette
réalisation découle d’une initiative lancée en 1999, alors que des
résidents locaux ont fait appel à Conservation de la nature Canada
(CNC) pour en assurer la protection.
Parmi ces résidents se trouvait Andrew Simpson, un homme d’affaires
qui s’est impliqué dans la création du sentier Five Fathom Hole Trail de
CNC, situé à Musquash, en acceptant que le sentier traverse les terres de
son entreprise. Avant son décès, en 2016, il a fait don à CNC de 570 acres
(230 hectares) qu’il possédait sur l’estuaire de la Musquash.
Mabel Fitz-Randolph, une autre résidente d’exception, a longtemps
soutenu CNC et a contribué à la protection de 739 acres (299 hectares)
dans la région. En sa mémoire, sa famille a fait don à CNC d’une portion
du terrain familial, qui s’ajoute aux parcelles déjà protégées.
Depuis 2001, CNC et ses partenaires ont protégé près de 88 % des
habitats naturels de l’estuaire de la rivière Musquash, et ce, grâce au
soutien de propriétaires fonciers souhaitant contribuer à sa protection.
Grâce à ces nouveaux dons, la zone conservée sera agrandie de
manière considérable.
TKTKTKTKTKTKT
ESTUAIRE DE LA MUSQUASH, N.-B. : MIKE DEMBECK. DENISE ROY ET LAUREL BERNARD DE CNC, À MUSQUASH : CNC.
14 ÉTÉ 2016 conservationdelanature.ca

2
Île d’Holman
SUMMERSIDE, Î.-P.-É.
CNC contribue à
accélérer la mise en
œuvre d’un projet de
conservation dans le
Grand Nord canadien
Le 8 juin dernier, CNC a eu le plaisir
d’annoncer que Shell Canada lui cédait
ses droits d’exploration pour plus de
8 600 kilomètres carrés près du détroit
de Lancaster. CNC a par la suite cédé
ces droits au gouvernement du Canada,
afin d’appuyer la création d’une vaste
aire marine nationale de conservation.
Pour plus détails sur ce projet
passionnant, consultez notre
prochain numéro.
conservationdelanature.ca/
Lancaster
ÎLE D’HOLMAN : SEAN LANDSMAN. FORT ELLICE, MAN. : CNC. PRAIRIE À HERBES HAUTES, MAN. : KAROL ET DON DABBS.
Î.-P.-É.
Peu de vestiges subsistent du premier centre de villégiature de l’Île-du-
Prince-Édouard, construit sur l’île d’Holman dans les années 1870. Cette
île de 90 acres (36 hectares), près de Summerside, offre des terres de choix pour l’alimentation de plusieurs
oiseaux, dont le bécasseau maubèche, une espèce en voie de disparition. Accessible à pied, à marée basse,
l’île Holman est une destination prisée pour les sports de rame et pour la chasse aux coquillages.
CNC souhaite restaurer cet « hôtel pour oiseaux », en y menant d’abord un inventaire des oiseaux de
rivage (été 2016). Le personnel installera aussi des panneaux pour renseigner les visiteurs sur l’importance
culturelle et écologique de l’île d’Holman.
À ce jour, 94 % des îles situées près des côtes de l’Île-du-Prince-Édouard demeurent intactes. CNC
souhaite continuer à participer à la sauvegarde de ces sites de nidification essentiels.
3
Programme éducatif
en plein air
FORT ELLICE, MANITOBA
Pour une deuxième année,
les étudiants en gestion
de la faune du Birtle
Collegiate ont participé
MAN.
à un projet mené par
CNC sur sa propriété de
4 767 acres (1 929 hectares)
de Fort Ellice, près de
St-Lazare (Manitoba).
Les jeunes ont collaboré
avec CNC et Matrix Solutions Inc. pour
effectuer la surveillance des sentiers par
caméra, procéder à des relevés hivernaux de
pistes et pour réaliser la modélisation d’habitats.
Le résultat est une vue d’ensemble sur les
habitudes de la faune de divers habitats : dunes,
prairies mixtes, savane à chênes, zones
humides, hautes terres et forêts riveraines,
ainsi que sur l’efficacité à long terme des
pratiques d’intendance de CNC. A
Pleins feux sur
les partenaires
de CNC
Un partenariat entre CNC et
Le Groupe Investors est tout
naturel, puisque tous deux
s’intéressent aux partenariats
durables, à l’essor des collectivités
et sont animés par le besoin
de faire une différence à travers
le Canada.
L’entreprise a contribué au
succès de la campagne Une force
pour la nature de CNC (2007 à
2012), une des plus importantes
campagnes pancanadiennes pour
la conservation des habitats. Le
Groupe Investors a aussi fait la
promotion de CNC dans son
calendrier et dans son concours
annuel de photos.
Le Groupe Investors est fier de
soutenir Conservation de la nature
Canada dans ses efforts de
conservation des aires naturelles
partout au pays. Nous sommes
heureux de nous joindre à CNC pour
faire fructifier cet héritage, afin que
nos enfants et nos petits-enfants
puissent continuer à profiter de nos
milieux naturels diversifiés.
John Wiltshire,
vice-président principal,
Marketing
conservationdelanature.ca
ÉTÉ 2016 15

UNE FORCE POUR
LA NATURE
Naturellement
en affaires
John Risley a su combiner son sens aigu des affaires et son amour de la nature,
afin de léguer à ses enfants et petits-enfants un patrimoine naturel durable.
AARON MCKENZIE FRAZER
16 ÉTÉ 2016 conservationdelanature.ca

MIKE DEMBECK
Originaire d’Halifax, l’homme d’affaires et entrepreneur John
Risley s’est tout naturellement intéressé à la conservation.
« J’ai grandi au sein d’une famille qui adorait le plein air »,
affirme-t-il. « Nous visitions souvent Green Bay et Petite Rivière, que
le peintre J. E. H. MacDonald, du Groupe des Sept, fréquentait dans
les années 1920. Nous faisions également le trajet jusqu’au détroit de
Northumberland. Nous avons beaucoup exploré la Nouvelle-Écosse. »
En 1970, John Risley a acquis une propriété près de Kingsburg, sur la côte sud
néo-écossaise. Quand, en 2000, la Kingsburg Coastal Conservancy a sollicité son
soutien pour la conservation de Gaff Point, un autre endroit apprécié par les
résidents des environs et situé à proximité, il allait de soi qu’il les appuie. Le site,
divisé à l’époque en 23 lots répartis sur plus de 124 acres (50 hectares), avait des
propriétaires dans quatre pays!
John Risley se mit à la recherche d’une organisation pour assurer la conservation
de ce territoire, puisque la présence à long terme de la Kingsburg Coastal Conservancy
n’était pas garantie. C’est dans ce contexte qu’il a songé à Conservation de la
nature Canada (CNC).
Aujourd’hui, Gaff Point demeure un magnifique promontoire doté de falaises
impressionnantes, d’une forêt de conifères et d’étendues herbeuses. Depuis sa
participation à la conservation de Gaff Point, monsieur Risley a fait bénéficier CNC de
son solide sens des affaires à plusieurs reprises. Il a entre autres occupé le poste de
coprésident de la campagne de financement Une force pour la nature, de 2007 à 2012.
« Je suis d’avis que le Canada est un endroit très particulier. Les Canadiens n’aiment
pas se vanter. Pourtant, la nature sauvage du Canada est spectaculaire et unique. Nous
avons la responsabilité de nous assurer que cette beauté naturelle demeure intacte. »
En ce qui concerne la sensibilisation du public, John Risley estime que les choses
ont considérablement changé au cours des 20 dernières années. Il souligne que le
concept de responsabilité sociale des entreprises prend de l’ampleur et que ces
dernières sont dorénavant plus conscientes de leur empreinte écologique.
« En tant qu’êtres humains, nous avons une meilleure compréhension de notre
impact sur l’environnement. Il est important que nous nous efforcions de conserver
ce dernier en bon état pour nos enfants et nos petits-enfants. Nous présumions
autrefois qu’il y aurait toujours des espaces sauvages, mais nous savons désormais
que ce n’est pas le cas. »
Selon John Risley, CNC occupe une position de choix pour aider les Canadiens
à déterminer comment ils peuvent contribuer à la protection de l’environnement. Il
souligne également que la notion de patrimoine naturel durable, au cœur du travail
de l’organisme, est unique.
« Une campagne axée sur la pérennité d’un élément est très différente de celle
visant la construction d’un hôpital ou d’une école. CNC a le mandat unique de
protéger des espaces naturels à long terme. »
« En tant que plus important organisme de conservation des milieux naturels du
Canada, CNC doit son succès à sa structure de gouvernance habilement élaborée
ainsi qu’à son mandat bien défini », affirme monsieur Risley.
« J’ai fait plusieurs présentations au nom de CNC à des gens qui n’en connaissaient
pas l’existence. Je leur dis : “ Vous chercherez longtemps un organisme dont
la gestion est plus professionnelle. Ses pratiques sont louables et l’organisme est
digne de confiance ”. J’ai collaboré avec plusieurs organismes de bienfaisance. Je
suis heureux d’être en mesure de leur offrir de mon temps et de prêter mon nom
à leur cause, mais je suis particulièrement fier d’être associé à CNC, déclare-t-il.
Les gens qui y travaillent sont extraordinaires et le mandat est fantastique. » A
Devenez une
Force pour la nature
Il existe plusieurs façons de contribuer
au travail de Conservation de la nature
Canada. Nous vous invitons à devenir
vous-même une force pour la nature et
à laisser un patrimoine naturel sain aux
générations de demain.
conservationdelanature.ca/aidez
Un coup de main
pour la nature
Le programme Bénévoles pour la conservation
de Conservation de la nature
Canada permet à des citoyens de tout
âge de participer à la protection de nos
milieux naturels et des espèces qu’ils
abritent. Il s’agit d’une expérience de
terrain unique, concrète et éducative,
dans certaines des plus belles aires
naturelles du pays.
benevolesconservation.ca
« Je suis particulièrement
fier d’être associé à CNC.
Les gens qui y travaillent
sont extraordinaires et
le mandat est fantastique.
Gaff Point, Nouvelle-Écosse.
conservationdelanature.ca
ÉTÉ 2016 17

GRANDEUR
NATURE
Une vie
vouée à la
conservation
Par Linda Stephenson, vice-présidente régionale en Atlantique
«
Histrionicus histrionicus, à onze
heures », avait murmuré Bill
Freedman (surnommé « Dr Bill »)
pour attirer mon attention sur deux arlequins
plongeurs près du littoral de Prospect High Head
(Nouvelle-Écosse). C’était l’une de ses aires
naturelles de prédilection, ainsi qu’une des salles
de classe à ciel ouvert où il m’enseignait les
merveilles de la nature. Ce jour-là, il avait décelé
plusieurs pistes d’animaux et m’avait montré de
rares spécimens de la flore arctique-alpine.
Dr Bill a été l’un des premiers à m’accueillir
dans mon nouvel emploi à CNC, à l’automne 1998.
Au cours des 17 années qui ont suivi, nous nous
sommes parlé chaque semaine; sauf lorsqu’il était
parti à l’aventure au Pérou, au Labrador ou dans
l’Arctique, ou à tout autre endroit où un vent de
curiosité l’emportait!
Ma vie a été bouleversée le 26 septembre 2015,
quand George-Anne Merrill m’a annoncé : « Linda...
Bill s’est éteint vers 9 h, alors que la journée
commençait ». Un cancer avait emporté son mari
bien-aimé; Jonathan et Rachael, leur père adoré;
et Luthien, âgée de 6 jours, le grand-père qu’elle ne
connaîtrait jamais.
Au cours de sa carrière, Dr Bill a rédigé plus
d’une centaine d’articles scientifiques. Il a reçu en
2006 le prix Or des Prix canadiens de l’environnement
(catégorie Prix d’action communautaire
pour la conservation), décerné par la Canadian
Geographic Society. En 2007, sa carrière exceptionnelle
a été soulignée par un prix du Conseil
universitaire des directeurs de biologie du Canada.
Le pays a donc perdu un brillant scientifique,
un auteur prolifique et un défenseur de la nature
hors pair. L’Université Dalhousie a perdu un
éducateur renommé et un professeur émérite.
L’équipe de CNC a quant à elle perdu un ancien
président de son conseil d’administration national,
doublé d’un bénévole dévoué et loyal. Quant à
moi, j’ai perdu un mentor et un ami.
Ma vie a changé le 26 septembre 2015, mais
mon travail se poursuit. La dernière fois que j’ai vu
Dr Bill, il m’a tenu la main et m’a dit de continuer à
faire du bon travail. Bill, je t’en fais la promesse. A
Le 24 avril 2016 a eu lieu une célébration de
la vie de Dr Bill Freedman à Halifax. Dès le
lendemain, Prospect High Head a officiellement été
renommée « Réserve naturelle Dr Bill Freedman ».
ILLUSTRATION : JOEL KIMMEL
18 ÉTÉ 2016 conservationdelanature.ca

NOTRE
VRAIE
NATURE
Notre pays compte une multitude de milieux naturels parmi les plus
exceptionnels au monde. C’est ce qui fait du Canada ce qu’il est,
et c’est pourquoi nous œuvrons depuis plus de 50 ans à protéger
ces espaces naturels irremplaçables et la faune qu’ils abritent.
Joignez-vous à nous pour la protection du patrimoine
naturel canadien à conservationdelanature.ca

DE VOS
NOUVELLES
1964
Anniversaire de mariage en photos!
À la fin de mes études à l’Université de Waterloo (Ont.) en 1964,
mon épouse et moi avons entrepris un voyage de camping de
22 000 kilomètres à travers le Canada et les États-Unis (3 provinces
et 33 États!). En 2014, nous nous sommes envolés vers Las Vegas
pour célébrer le 50 e anniversaire de ce voyage, et pour refaire
notre parcours traversant la vallée de la Mort et certains parcs
nationaux de la Californie, de l’Oregon, de l'État de Washington,
de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Nous avons apporté
50 photos datant de 1964 pour recréer les mêmes images, 50 ans
plus tard. Mis à part notre apparence très différente, la plupart
des clichés ressemblaient à ceux de 1964! Tristement, le lieu le plus
méconnaissable (à l’exception de Freemont Street à Las Vegas)
était le glacier d’Athabasca, dans le champ de glace Columbia.
~ Paul Koch est un donateur de CNC depuis 1993.
2014
Bonne fête!
Pour le premier anniversaire de Kian, ses
parents ont demandé aux invités de faire
un don en son nom plutôt que d’offrir un
cadeau. J’ai tout de suite su que j’encouragerais
un organisme voué à la protection de
l’environnement. Il est important pour moi
que Kian grandisse là où les milieux naturels
et les espèces sont protégés et foisonnants.
~ En 2016, Zara Rafferty, une amie
de la famille de Kian, a fait un don
pour souligner son premier anniversaire
de naissance!
Bons baisers
À notre mariage, mon mari et
moi avons demandé aux invités
de faire un don en argent pour
que nous échangions un baiser
(au lieu du traditionnel tintement
de verre!). Nous avions choisi d’encourager CNC, car
j’avais travaillé avec l’organisme à Calgary pendant trois
étés, de 2004 à 2006. Cette expérience m’a permis de
nouer de profondes amitiés et de définir le parcours de
carrière qui m’a menée où je suis aujourd’hui. CNC
occupera toujours une place importante dans mon cœur.
~ Christine McDonald, ex-stagiaire de CNC.
Partagez vos histoires avec nous! magazine@conservationdelanature.ca
CONSERVATION DE LA NATURE CANADA
55, avenue du Mont-Royal Ouest, bureau 1000, Montréal (Québec) H2T 2S6