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VALAISAN<br />
fait que Markus Neff soit présent en<br />
permanence est quelque chose d’unique.<br />
Car même si l’établissement reste fermé<br />
quelques semaines après la saison touristique,<br />
ce n’est pas pour autant que <strong>le</strong><br />
chef s’évade vers quelque pays lointain.<br />
La plupart du temps, il va rendre visite à<br />
sa famil<strong>le</strong> à Bludenz, en Autriche. Maintenant,<br />
il profite de ses «vacances» pour<br />
transformer certaines de ses 13 chambres.<br />
«Même pour <strong>le</strong>s artisans, c’est un long<br />
trajet. Et c’est cher.» Alors là aussi, il met<br />
la main à la pâte. Les matériaux sont déjà<br />
entreposés devant la maison à colombages<br />
brun-blanc. Alors que d’autres<br />
grands chefs sortent <strong>le</strong>ur sac de golf, de<br />
sport ou <strong>le</strong>ur weekender pour <strong>le</strong>urs vacances,<br />
Markus Neff préfère de loin<br />
prendre sa scie et son fi<strong>le</strong>t de pêche et<br />
se rendre au Bärenfal<strong>le</strong>. Un sentier forestier<br />
mène à ce havre de paix déjà recouvert<br />
de neige dès octobre. Les aiguil<strong>le</strong>s<br />
de mélèze couvrent <strong>le</strong> manteau blanc<br />
d’une couche d’or, on se croirait dans une<br />
forêt enchantée. La maison en pain<br />
d’épice au bout du chemin semb<strong>le</strong> el<strong>le</strong><br />
aussi sortir tout droit d’un livre de contes<br />
de fées. Markus Neff y retrouve Günther<br />
Schaden, son ami de longue date. Ce dernier<br />
l’accueil<strong>le</strong> avec une bouteil<strong>le</strong> de Petite<br />
Arvine, chambrée à bonne température.<br />
Avant toute chose, on boit un verre<br />
de blanc. Tradition valaisanne oblige. Puis<br />
<strong>le</strong>s hommes s’assoient confortab<strong>le</strong>ment<br />
sur un banc en bois. Mais bientôt Markus<br />
Neff ressent de nouveau l’envie de bouger.<br />
Il va chercher sa besace, en sort un<br />
morceau de fromage de montagne et du<br />
pain aux graines maison tel qu’on n’en<br />
trouve qu’au F<strong>le</strong>tschhorn. Paro<strong>le</strong> d’honneur!<br />
On attrape ensuite une truite et,<br />
après l’avoir tuée et préparée selon <strong>le</strong>s<br />
règ<strong>le</strong>s de l’art, on la cuit au feu de bois.<br />
La préparation sert en même temps de<br />
cours de cuisine pour <strong>le</strong> petit-fils de Günther,<br />
Anatol, qui lui aussi passe aujourd’hui<br />
la journée au Bärenfal<strong>le</strong>. «On<br />
fait cuire la truite dans du vin blanc. El<strong>le</strong><br />
aimait bien nager quand el<strong>le</strong> était vivante.<br />
Alors, retire <strong>le</strong> pouce du goulot,<br />
nous sommes ici en <strong>Valais</strong>», nous recommande<br />
<strong>le</strong> chef d’un sourire. Dix minutes<br />
plus tard, <strong>le</strong> festin est terminé. Pour qu’il<br />
y ait suffisamment de bois prêt pour la<br />
prochaine grillade, <strong>le</strong>s deux amis scient<br />
une grosse branche. «A bientôt», dit Günther<br />
en donnant une tape à son ami sur<br />
l’épau<strong>le</strong>. Sa mine en dit long: il aimerait<br />
que Markus passe plus souvent <strong>le</strong> voir.<br />
Au Spielboden, son deuxième restaurant<br />
perché en haut des pistes de ski, Markus<br />
Neff cou<strong>le</strong> parfois de douces heures.<br />
«Pour moi, <strong>le</strong> trajet en télécabine offre à<br />
chaque fois quelque chose de nouveau<br />
à voir. Je suis simp<strong>le</strong>ment assis et j’apprécie<br />
la vue. Magnifique!» Arrivé tout en<br />
haut, au bout de vingt minutes, fini de rêvasser.<br />
Markus Neff saute sur sa pel<strong>le</strong> et<br />
déblaie <strong>le</strong> terrain. Là-haut, à 2500 m,<br />
dans son refuge alpin ultrachic, il ne se<br />
mê<strong>le</strong> pas du travail de l’équipe. Quand il<br />
lui arrive parfois de faire une apparition<br />
en cuisine, «c’est pour faire la plonge»<br />
nous dit-il. Un chef noté 18 points qui fait<br />
la vaissel<strong>le</strong>? «C’est pour moi une détente<br />
tota<strong>le</strong>. Regardez la vue qu’on a d’ici!»<br />
C’est vrai que de la fenêtre au-dessus de<br />
l’évier, on a une vue grandiose sur <strong>le</strong>s<br />
montagnes. Et <strong>le</strong> fait qu’on ne voit pas<br />
d’ici <strong>le</strong> F<strong>le</strong>tschhorn fait sûrement du bien<br />
à Markus Neff…<br />
La bonne nouvel<strong>le</strong> pour finir: à partir du<br />
12 décembre, <strong>le</strong> F<strong>le</strong>tschhorn rouvrira de<br />
nouveau ses portes, et <strong>le</strong> chef sera alors<br />
– comme toujours – derrière ses fourneaux<br />
pour la saison d’hiver.<br />
Plus d’infos sur: www.f<strong>le</strong>tschhorn.ch<br />
Cet épais recueil de photographies est sans<br />
doute <strong>le</strong> plus court chemin pour arriver<br />
jusqu’au F<strong>le</strong>tschhorn: «Markus Neff. Küche<br />
zwischen Berg und Tal», Paul Imhof (texte),<br />
Andri Pol (photos), AT-Verlag.<br />
«Je suis simp<strong>le</strong>ment<br />
assis et<br />
j’apprécie la<br />
vue.<br />
Magnifique!<br />
Je ne m’en<br />
lasse jamais!»<br />
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