SPECTRUM #1/2017

VIE UNIVERSITAIRE
La révolution des résolutions
Chaque nouvelle année commence avec des défis contre soi-même. Des vœux de privation, ou au
contraire d’excès, sont fait pour s’alléger la conscience et dans l’intention de se surpasser. Aussi redondant
que le cycle de la terre autour du soleil, la détermination se transforme en défaillance et tout
repart en cercle vicieux. CLARISSE AESCHLIMANN
L’uni en mode touriste
Bonne résolution à basse définition
What I had, what I intended & what I got
Le semestre dernier était une catastrophe,
un vrai fiasco ! À commencer par
un retour mal préparé à l’université, où j’ai
passé mon temps à perdre mon temps justement.
Tu ne te rends pas compte comment
il est difficile de se remettre dans le
bain quand tu n’as pas prévu ton horaire
à l’avance : La première semaine de la rentrée
est chargée de tous les cours disponibles
de ton cursus, juste au cas-où. Tu
passes tes cours à compter et recompter
les crédits nécessaires pour passer le semestre
plutôt qu’à écouter ce que disent
les profs. Manque de bol, ce sont tous des
sujets qui ne t’intéressent pas. Donc tu
plaques un cours après l’autre par flemme
ou désintérêt.
Mais il s’agissait de cours obligatoires,
bon sang ! C’est fichu, à moins que… il
n’y a pas moyen de changer de branche,
si ? Mince, le délai pour faire la demande
au Décanat est échu, mais pas celui pour
s’inscrire à d’autres cours plus intéressants,
ha ! Bon, j’ai raté un mois entier de
contenu de ces cours, mais ça va pouvoir
se gérer. Tu parles ! Avec tous les cours que
j’ai abandonnés, bien sûr que j’ai le temps
avec mes misérables 13 crédits à compléter
ce semestre…
Cette année, fini la rigolade ! Je vais me
préparer à fond pour le nouveau semestre.
Je serai plus rigoureux et discipliné qu’un
moine ascète, plus exemplaire qu’un premier
de la classe ! Je vais élaborer tout un
plan avec des objectifs à atteindre chaque
semaine, des résumés des cours précédents
à écrire avant le cours suivant.
Cours que j’aurai déjà choisis à l’avance,
pas comme la dernière fois. Quoi ? À quoi
il ressemble, mon programme ? Tu vas
vouloir me le piquer si je te le montre, tellement
il est bien !
Bon je dis ça, mais mes « activités extra-universitaires
» ont aussi leur place
dans mon programme. On ne va pas exagérer
non plus, je ne suis pas une machine.
Mon plan va bien sûr inclure quelques
heures de distraction, du temps à passer
avec mes amis et pour faire du sport.
Voyons-voir : on recommence les cours fin
février, les délais d’inscription sont jusqu’à
fin mars et il y aura quelques jours de répit
en avril avec Pâques, en mai avec l'Ascension
et en juin avec la Pentecôte. Ça suffira
pour rattraper un retard éventuel sur mes
révisions et travaux à rendre, retard que je
n’aurai certainement pas, tellement mon
semestre est bien organisé.
Comment ai-je pu être de nouveau aussi
irresponsable ?! Et où sont passées mes
heures ? Les semaines s’enchaînent à une
vitesse fulgurante, et mon plan a échoué.
La raison ? Les travaux écrits m’ont débordé,
et je n’ai pas été aussi rapide et efficace
que je l’espérais. Une visite surprise
de mes parents et des soirées spontanées
entre amis m’ont empêché de rattraper
mon retard. Comment ça, c’est de ma
faute aussi ? Ben oui, je ne suis pas surhumain
non plus ! Quand tu as besoin d’une
pause, tu fais une pause. Je ne m’étais tout
simplement pas fixé la durée de mes moments
de détente.
Comme l’a écrit Charles Dickens dans
Les Grandes Espérances, « on n’est jamais
mieux trompé que par soi-même ». Mon
programme ultra-rigide n’était pas si intelligent
que ça pour finir. On ne peut jamais
prévoir l’imprévisible, alors autant
ne rien prévoir du tout. Cette fois-ci, j’ai
retenu ma leçon : j’affronterai le semestre
d’automne prochain au pied levé. Et tant
pis pour les crédits requis, on n’a qu’une
vie, quoi !
© Illustration : Clarisse Aeschlimann
© Foto: zvg
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